Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1892-07-23
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 juillet 1892 23 juillet 1892
Description : 1892/07/23 (Numéro 8849). 1892/07/23 (Numéro 8849).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k707770x
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi 23 Juillet 1892
N° 8849. — Edition quotidienne
Samedi 23 Juillet 1892
ÉDITION
On an . . .
Six mois . .
Trois mois.
QUOTID IENNE
ÉTRANGER
{UNION POSTAL*)
66 »
84 » 1 '
18 »
paris
ET DÉPARTEMENTS
. . 55 »
. . 28 50
. . 15 . »
Les abonnements parten t des 1 « et 16 de chaque moig
TIT>T 'NTT"M"R"T?f> ( PflFiS . ... ..... 1 B CCIlt.
NUMERO { Départéménta ... 20 -
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On «'abonne à Rome, place du Gesù, 8 .
ÉDITION SEMI-QUO TIDIENNE
PARIS ' ÉTRANGER
IT DÉPARTEMENTS * (UNION POSTAil)
Un an SO » 36 »
Six mois. .... 16 » 19 »
Trois mois. ... 8 50 10 »
Les abonnements partent des 1« et 16 de chaque mois
- i'MYERS ce répond pas des manuscrits pi lui sont adressés
ANNON.CE8-
MM. LAGRANGE, CERF et G 1 *, 6, place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 22 JUILLET 1892
La grande question du jour est l'at
titude prise par le conseil municipal
à l'occasion de la loi augmentant le
nombre et la solde des agents de po
lice. On ne croit guère à la démission
en masse des conseillers municipaux,
du reste bientôt soumis à réélection,
et même des journaux radicaux se
montrent assez durs pour nos conseil
lers autonomistes* les accusant de
faire plus de tapage que de besogne.
Ce matin, le Journal Officiel n'a pas
encore promulgué la loi sur les agents
de police, mais on annonce que le
préfet de police aurait écrit au conseil
municipal de Paris, pour l'inviter à
statuer, avant la clôture de la session,
sur le crédit relatif à l'augmentation
de l'effectif et des traitements des gar
diens de la paix.
Dans quelques jours auront lieu les
élections pour les conseils généraux ;
il faut reconnaître que la campagne
électorale n'est pas bien vive. Généra
lement, du reste, on n'attache pas
assez d'importance aux élections dé
partementales, bien moins suivies que
les élections législatives et même mu
nicipales. C'est peut-être une faute,
car les conseils généraux et d'arron
dissement, si restreintes que soient
leur9 attributions par suite de notre
centralisation à outrance, peuvent en
core faire le mal ou empêcher le
bien.
Les partis se réservent sans doute
pour les élections législatives de l'an
née prochaine.
Lorsque nous avons publié les dé
pêches qui nous résumaient les lettres
singulièrement tardives des capitai
nes Lugard et Williams, nous disions
qu'il était impossible de les accepter
comme l'expression de la vérité au
sujet des événements de l'Ouganda.
Il paraît que, même dans les régions
officielles en Angleterre, on a jugé de
même, car on annonce que ces
« lettres n'ayant] pas paru suffisam
ment nettes au gouvernement anglais,
surtout en ce qui concerne l'origine
des .troubles, lord Salisbury a décidé
d'envoyer dans l'Ouganda un commis
saire chargé de faire une enquête ».
Une assez grande émotion s'est pro
duite en Bulgarie, à la suite des con
damnations prononcées dans l'affaire
de l'assassinat du ministre Beltcheff ;
il ne faudrait cependant pas prendre
au pied de la lettre les nouvelles don-
dées par les-dépêches des agences té
légraphiques, ni surtout les commen
taires des journaux. On sait que jour
naux et agences s'emballent facile
ment dès qu'il s'agit de la région des
Balkans et surtout de la Bulgarie. La
vérité, c'est qu'il existe une certaine
émotion, mais l'opinion n'est ni aussi
unanime, ni aussi montée contre le
gouvernement qu'on se plait à le ré
péter.
En Allemagne, il se produit actuel
lement, au sujet de l'exposition inter
nationale de Berlin, singulièrement
compromise depuis que celle de Paris
est décidée pour 1900, un fait assez
curieux. Pendant que les hommes po
litiques, les réunions publiques, les
corps constitués se montrent favora
bles à l'idée d'une exposition dont la
date serait avancée, les plus directe
ment intéressés, les industriels, les fa
bricants, les commerçants,se tiennent
sur une réssrye significative.
On verra, d'après les depeches rela
tive» à la question du Maroc, que
nous publion3 à part à cause de leur
importance et de leur nombre, que l é
chée du ministère anglais n'est plus
contesté, même en Angleterre.^ se
borne maintenant à essayer de l'expli
quer à l'honneur de la « vieille An
gleterre ».
Encore un détail à propos de la der
nière fête nationale ; mais nous com
ptons bien, après l'avoir noté, ne
plus rien dire sur ce sujet jusqu'au
14 juillet prochain.
Il paraît — le Temps le raconte —
que dans la nuit du 13 au 14, à Pa
miers, une proclamation très violente
a été placardée sur les murs des mai
sons et sur les arbres des promena
des. La proclamation, signée par le
« groupe de l'avant-garde, de Lon
dres » (que vient faire Londres en ce
manifeste de Pamiers?) débutait par
ces mots :
Camarades ! La prise de la Bastille fut
une victoire populaire ! La plèbe courbée
releva la tôle, et l'on put croire à l'avène
ment d'une société toute de liberté et de
justice I
Quelle désillusion !
Elle se terminait de la façon sui
vante :
Que d'autres pavoisent et illuminent leurs
fenêtres ! Nous invoquons, nous, la guerre
sociale, la seule juste, la seule logique.
Si vous êtes avec les maîtres contre les
esclaves, avec les repus contre les affamés,
avec les parasites contre les travailleurs ; si
vous fermez l'oreille aux plaintes des pau
vres, sans asiles, sans pain; aux sanglots
des mères, applaudissez aux harangues offi
cies et fêtez la prise de la Pastille,
Pour nous, nous ne la fêlons point, parce
que nous ne sommes pas délivrés.
Cette proclamation paraît faire écho
à la lettre, citée récemment, du groupe
ouvrier de Saint-Nazaire : « les tra
vailleurs » et surtout les socialistes
de cette ville déclaraient, on s'en
souvient, qu'il leur était impossible de
prendre part aux réjouissances du
14 juillet, « anniversaire bourgeois » ;
c'est en effet pour la bourgeoisie, di
saient-ils, que la révolution s'est faite,
et nullement pour le peuple.
Le Temps , organe de la bourgeoisie
libérale et libre-penseuse,' qui seule a
jusqu'ici profité des « conquêtes » de
1789, a frémi d'horreur en lisant l'au
tre jour la lettre de Saint-Nazaire et
en apercevant hier la proclamation de
Pamiers.
L'état social dont nous souffrons de
puis un siècle est excellent pour lui
et ses pareils ; ses pareils et lui ju
gent d'une suprême impertinence
l'audace de ceux qui, se trouvant
moins satisfaits, élèvent la voix pour
leur demander des réformes ou pour
les menacer d'un bouleversement nou
veau.
Les révolutionnaires bourgeois
avaient cru pouvoir impunément ar
racher au peuple les consolations et
les secours de la religion, et garder
en même temps pour éux seuls tous
les profits de la Révolution.
Le peuple, qui ne sait plus, ayant
perdu la foi, poursuivre sans violence
la satisfaction de ses revendications lé
gitimes,ni même borner aux légitimes
ses revendications, menace d'ensevelir
quelque jour toute .cette bourgeoisie
révolutionnaire et libre-penseuse sous
les décombres de l'état social qu'elle
avait construit à son avantage. Le peu
ple sera coupable, assurément et ses
vengeances seront souvent des crimes;
quant à cette bourgeoisie antireli
gieuse, pour employer une expression
vulgaire, mais énergique, elle nel'aiira
point volé!
Ah! si les incroyants, dont le
Temps est l'organe, pouvaient op
poser la loi religieuse comme une
barrière inébranlable aux revendica
tions populaires, bien vite ils oublie
raient leurs haines anticléricales et
leurs théories libre-peaseuses. Mais
cette arme, ne peut être bien maniée
que par ceux qui en usent avec foi et
amour ; ils sentent qu'elle est trop
forte pour eux et qu'ils se blesseraient
eux-mêmes à vouloir la tourner contre
leurs ennemis. L'Evangile ne com
mande pas seulement aux malheu
reux la patience et le calme, même
dans les plus légitimes revendica
tions ; il ordonne aux riches, avec plus
de vigueur encore, de pratiquer en
vers les pauvres la justice et la cha
rité.
Ces libre-penseur3, fidèles aux doc
trines de Voltaire, s'arrangeraient en
core de la charité, parce que, dans
leur esprit étroit et mesquin, ils rava
lent la plu3 noble des vertus aux
souscriptions, publiées en bonne place
dans les journaux, et aux menues au
mônes, distribuées au cours des pro
menades, quand le froid ne retient pas
la main dans la poche.
Mais ne leur parlez point de la jus
tice : les pauvres posséder quelques
droits en dehors de ceux qu'ils veu
lent bien lui octroyer, voilà une chose
qui n'entrera jamais dans leur intel
ligence.
Quant aux catholiques, ils n'ont pas
à craindre le peuple ; leur devoir est
seulement de montrer aux ouvriers
déçus, tels que les auteurs des deux
récents manifestes, que la Révolu
tion ne pouvait tourner à leur profit,
parce qu'elle s'est faite surtout contre
l'Eglise.
F rançois V buillot.
La France est un journal comme on
en voit peu. Républicaine, elle ne re
lève cependant d'aucune coterie. Cette
situation lui permet de juger avec in
dépendance des choses et des hom
mes. Aussi l'entendons-nous parler
tout autrement, d'ordinaire, que la
plupart des organes 4e la gauche.
Tandis, par exemple, qu'ils affectent
vis-à*vis des constitutionnels une par
faite assurance, que vient démentir,
des conservateurs pourrait fort bien
être fatale, plus tôt qu'on ne s'y at
tend, aux opportunistes comme aux
radicaux.
Cette déclaration, elle l'a déjà faite
à diverses reprises ; elle la renouvelle
aujourd'hui, en ces termes 5
« Après leur adhésion absolue à la
forme républicaine, les conservateurs
sont susceptibles, dans un bref délai,
de gagner beaucoup de terrain et de
mettre en échec la majorité actuelle. »
N'allez point vous imaginer que la
France juge ainsi parce qu'élis est fa
vorable à l'action conservatricê,
qu'elle croit ce qu'elle espère. La
courte phrase qui suit celle que nous
venons de reproduire, suffira pour
vous fixer sur les sentiments de la
France. Donc, — vous l'avez lu, —
elle voit les conservateurs en passe
de l'emporter sur les opportunistes et
radicaux. Quelle impression en res
sent-elle ? Vous allez le savoir tout de
suite. Immédiatement', en effet, elle
ajoute :
« D'où vient ce danger? »
Ainsi, pour la France, le succès possi
ble des constitutionnels, c'est un dan
ger. Par conséquent, lorsqu'elle dé
clare s'attendre à ce succès, elle ne
nous apporte point un témoignage de
complaisance, un encouragement ba
nal. Ce n'est pas ur ami qui s'illu
sionne; c'est un ennemi qui parle. Ce
qu'il dit en a plus de poids.
La Finance explique ensuite pour
quoi elle craint le succès des constitu
tionnels et la défaite des partis for
mant aujourd'hui la majorité. C'est
parce que la tactique nouvelle des
premiers lui semble fort habile et
parfaitement conforme à ce que ré
clament les circonstances, tandis
qu'elle^ n'en saurait dire autant de
la tactique où s'obstinent les seconds,
La tactique des conservateurs qui
acceptent le pouvoir établi est-elle
bien, entièrement, celle que nous ex
pose la France ? On pourrait, croyons-
nous, entrer en contestation sur ce
point. Mais c ! est ce que nous ne vou
lons pas faire, du moins aujourd'hui.
Nous ne discutons pas l'article de la
France ; nous le signalons.
Par exemple, nous sommes absolu
ment du même avis que ce journal
quand il reproche aux partis'; de
fauche, comme une faute capitale,
e n'avoir point modifié leur méthode
de cambat. Depuis l'entrée des con
servateurs dans la République, la
lutte a changé de terrain et de condi
tions ; les partis de gauche persistent
néanmoins à conserver le même or
dre de bataille, à se servir des mêmes
armes. Ils se croient toujours en 1877.
Il leur en cuira, dit la France. Nous
l'espérons bien.
P ierre V buillot.
Il est à noter que le ton général des
candidats républicains, opportunistes
et radicaux, aux élections prochaines,
est généralement plus modéré que
de coutume. Il n'est question, dans la
plupart des professions de foi, que de
république ouverte, de politique large
et libérale, de la nécessité pour tous
les braves gens de s'entendre.
Si cette modération de langage était
partout la réponse sincère aux avan
ces des catholiques qui suivent la po
litique pontificale, nous n'aurions qu'à
nous réjouir d'un si beau résultat.
Mais nous ne sommes point assez
irréfléchis pour nous imaginer que
cette politique peut triompher du jour
au lendemain et que nos adversaires
vont se rendre immédiatement à nos
arguments et à nos affirmations.
Et il est bien à prévoir que quelques
habiles, parmi les opportunistes et
radicaux, sans se soucier autrement
de la pacification nécessaire au pays et
sans songer le moins du monde à
changer quoi que ce soit à leur politi
que, ont trouvé bon de profiter des
circonstances pour s'efforcer d'obte
nir des voix catholiques.
Il est donc de prudence élémentaire
pour les électeurs de bien examiner à
l'avance s'ils se trouvent en présence
d'une pure manœuvre électorale, au
quel cas ils doivent s'abstenir ou lut
ter contre l'auteur de cette manœuvre ;
ou bien si sincèrement c'est à une
bonne volonté, à une bonne foi in
discutable qu'ils ont affaire, ce qui
leur permet alors de voter pour le
candidat sincèrement modéré.
. Nous sommes fixés suffisamment, il
faut l'espérer, sur la valeur de la plu-
f>art des promesses électorales, et
'expérience doit nous rendre circons
pects.
Soyons larges, mais ne soyons pas
dupes.
■S. Q.
Nous avons publié, dans un de nos
derniers numéros, une note où M. A. de
Badts de Cugnac demandait qu'on
voulût bien lui indiquer la provenance
et la date précise des paroles suivantes
attribuées à Pie IX, et que Y Echo de la
Somme citait de manière à leur donner
le caractère d'un document officiel :
Rassurez Henri de France, èn lui di
sant qu'aucune intrigue ne m'arrachera un
blâme oontre sa politique ; que je l'honere
et le remercie d'avoir jusqu'à ce jour si no
blement tnaintenu et affirmé ses droits, et
conservé intact le dèpj&t' sçcré des vrais
principes de la royauté chrétienne.
La Gazette répond ainsi à la de
mande de M. de Badts de Cugnac:
Nous pouvons satisfaire, sans tarder, la
curiosité de M. de Badts de Cugnac.
Les paroles de Pie IX, adressées ail
comte dé Vanssay opt étp reprqduitos paj:
M. de Vanssay, lut-méme dans la Gazette de
France du §5 juin dernier, en réponse h
certaines accusations du Figaro.
Nous sommes surpris que M. de Badts
de Cugnac n'ait pas lu celte lettre de M. le
comte de Vanssay, puisqu'il « suit de près
tout ce qui touche à la question monarchi
que », L' Univers a dû bien sûr reproduire
lfes paroles du Bape Pie IX, qui ofl'rent dsn§
)p§ çjfçoijçtano'es àct'upllgs" qn intérêt cap}-
l>U4<
Ces lignes ne donnent pas à M. de
Cugnac tout le renseignement qu'il
demandait.
Sans prétendre suppléer au silence
de la Gazette , nous ferons remarquer
que les paroles dont il s'agit doivent
dater d'une vingtaine d'années,
qu'elles sortent non d'un document,
mais de la mémoire de M. le comte
(Je Yanssay, qui, si nous ne nous
trompons, les a seul entendues et vien
de les publier pour la première fois.
M, de Vanssay est d'ailleurs de ceux
qu'il faut croire sur parole; et puis,
on ne peut douter que Pie IX n'eût
beaucoup d'estime pour Henri V et ne
rendît hommage à ses principes
Quant à ses droits, le Pape dut trou
ver bon qu'il les affirmât, mais jamais
il n'a rien fait ni rien dit officielle
ment pour les soutenir. Sa politique,
sous ce rapport, a été, au fond, ce
qu'est aujourd'hui celle de Léon XIII.
Le Grenoblois, qui se publie à Gre
noble, a reçu et publie la lettre sui
vante de Mgr Pava, où Sa Grandeur
explique d'une manière très nette le
retrait de son catéchisme électoral :
Saint-Pierre-de-Chartreuse
le 18 juillet 1892.
Monsieur le Rédaoteur en chef
du Grenoblois,
J'ignore les attaques dont je suis l'objet
à propos du retrait de mon catéohisme
électoral. Votre journal me l'apprend et
votre lettre m'arrive.
La question est bien simple. Le Saint-
Père a vu que la franc-maçonnerie, qui op
prime le pouvoir en France, veut absolu
ment et radicaleihent y détruire le chris
tianisme, et que la secte prend occasion de
tout pour forcer la main à nos ministres
et les 'contraindre & frapper sur le clergé.
Les oaléohismes éleotoraux ont paru au
Saint-Père devoir être une de ces occa
sions pour les projets de la secte, et il m'a
fait savoir indirectement et verbalement
son désir de me voir retirer ledit caté
chisme : j'ai obéi.
Comme il n'est pas nécessaire que je
mette cette leçon dans mon catéohisme et
que je puis, en temps opportun, la placer
dans la Semaine Religieuse ou ailleurs, au
point de vue du bien il n'y a pas de sacrl
fice,et cela pacifie.
D'ailleurs, la majorité de l'épiscopat
français s'est abstenue de nou3 suivre et a
montré par là sa manière de voir. Elle est
celle du Pape.
Ceux qui ont parlé et ajouté une leçon à
leur catéohisme, ont traité là aussi d'écoles
et de mariage civil et de divorce. Ils ne
peuvent pas aussi facilement que moi se
retirer de la lutte, de ce côté-là. J'ignore
absolument s'ils ont été priés par le Saint-
Père d'agir comme moi.
Je me suis fait, en tout cas, un devoir de
les informer qu'on obéissant au Pape je ne
croyais ni ne voulais cesser de combattre
l'ennemi, l'ordre maçonnique.
Je ne veux pas combattre le pouvoir,
mais les francs-maçons. Et si en frappant
sur ceux-oi, dont la haine oontre le catholi
cisme est inextinguible, je viens à frapper
sur quelque, représentant du pouvoir, oe
n'est pas ma faute. En entrant au ministère
ou dans quelque fonction, un fonctionnaire
doit laisser à la porte ses défroques et sa
haine de sectaire, sinon nous avons le droit
de le regarder comme oublieux de son de
voir et traître à la patrie. Si le présent se
tait, l'avenir parlera.
Du lieu élevé où il est placé, Léon XIII
a plus de lumière que nous, plus de grâces
d'en haut aussi. Il est docteur, il est père,
il est notre Christ. Le Ciel nous dit : Écali
iez-le. Ecoutons-le donc, nous ne saurions
nous tromper en l'éooutant. Et si le succès
apparent ne couronne pas notre obéissance,
croyons-le bien, Dieu a toujours béni et bé
nira toujours les enfants assez pieux pour
ne jamais mépriser les avis de leurs père et
mère, surtout si ce sont des vieillards.
Malheur à notre presse ! Elle manque
souvent des éléments nécessaires pour ju
ger les questions qu'elle traite, et cepen
dant elle se prononce hardiment. Elle a
tort.
Merci, monsieur le rédacteur en chef.
Vous avez bien jugé et bien éorit.
f A mand- J oseph,
Evêque de Grenoble.
' Sous ce titre : « Où s'arrêtera-t-on ? »
nous lisons dons la Gazette de France:
Un de nos lecteurs de la Vendée nous
mande que, « daiia le dernier catéchisme
du diocèse, les lignes condamnant le di
vorce ont été supprimées, »
Comme nous ne pouvons penser que
oette suppression est due à l'initiative épis-
copale, nous devons croire qu'elle a été"
imposée à Mgr l'évêque de Luçon par l'au
torité civile.
Mais qlors cette questipn se pose : Qft
s'arrêtera i'ingérenoe de l'Etat républicain
dans l'enseignement religieux ?
Qu'on le remarque bien, il ne s'agit plus
en l'espèce de ce qu'en appelle un « caté
chisme électoral », des devoirs généraux
des électeurs chrétiens, d'une matière à la
quelle, aveo beaucoup de mauvaise foj, op
peut attribuer iin caraptfcrp plug ' Qft rpctina
politique. '
Non, il a'agit d'une question purement
religieuse, de l'indissolubilité du mariage.
Aujourd'hui on interdit, par exemple,
aux évôques de condamner le divorce que
la loi Naquet autorise ; demain, on pourra
leur défendre d'enseigner que le mariage
crée des liens indissolubles. .
Qr, si l'on Rermet à l'État d'éliminer du
catéchisme toute vérité religieuse qui con
tredit aux principes de là Révolution, aux
doptrjnes q e la République, sous prétexte
que cette vérité offense une loi révolutjqjiT
naire, uneloi républicaine, que resterait-il
à la liberté de l'enseignement reliai®' 1 v °
Ce qu'il jW*ii'EUtfranc-maçon'athée,
déchrislianisateur, de lui laisser, en vertu
da « d r QU supérieqr de oantrôle » dont le
Temps nous parlait hier.
Alors, le Pape ne sera plus à Rome, il
habitera, à Paris, dans quelque hôtel minis
tériel, et se nommera Jules Ferry, ou Fal-
lières, ou Ricard, ou etc.
Toutes ces réflexions seraient fort
justes, si le fait qu'elles commentent
était exact. Mais la Gazette de France a
été mal renseignée ; il n'a rien été
supprimé dans le dernier catéchisme
du diocèse,qui est le même, d'ailleurs,
depuis le commencement de ce siècle,
dans le (tfQcèse de Luçon,
" Avons-nous besoin d'ajouter que le
pieux et savant évêque de Luçon,
Mgr Catteau, élevé à l'école de Mgr
Pasiris, qui le premier distingua ses
grands mérites, ne sacrifiera jamais
à l'ingérence gouvernementale les
droits dont l'Eglise lui a confié la
garde!
Souscription
Pour les églises et les œuvres de Mgr Meurin,
archevêque'évêque de port-louis,
Ile Maurice (ancienne Ile-de-France)
Dévastées par le cyclone du 29 avril 1892
Nous avons raconté les navrants ra
vages causés à l'île Maurice par ce
terrible cyclone. Blessé lui-même,
mais comptant sur la Providence e"
sur la charité catholique, le vaillan
évêque missionnaire s'est tout de suite
embarqué pour l'Europe, 'pour la
France, où il a espéré qu'il trouverait
des secours et des prêtres pour son
diocèse, si prospère hier, si éprouvé
aujourd'hui.
Mgr Meurin a passé à Ceylan, puis
à Rome. Il traverse en ce momen"
Paris, où il reviendra après un cour
voyage.
S. Em. le cardinal Richard a pro
mis à Mgr Meurin son-généreux et
fraternèl concours. Nous ne doutons
pas que les catholiques français vou
dront secourir le diocèse de Maurice,
que tant de souvenirs, tant de liens
unissent encore à la France.
Mgr Meurin aurait besoin de plus
d'un million pour ses églises renver
sées, ses orphelinats détruits, ses écô
les endommagées. Il est loin de
compte! Mais la charité, qui peu'
comme la foi « transporter les mon
tagnes », sait aussi franchir les océans
et opérer d'autres merveilles. Nous
n'oublierons pas que, lors des désas
très de la dernière guerre, la petite île
Maurice nous a envoyé un million et
demi pour nos blessés.
Voici les sommes qui ont été offertes
à Mgr Meurin pendant son court pas
sage à Ceylan :
« Un pauvre archevêque à un
pauvre archevêque « Mgr
Bonjean à Mgr Meurin.. . ^ 125
Léo Wilde . 25
Sir A. Havelock, gouverneur
de Ceylan 625
Docteur de Ambantote. . ... 25
Alves 250
Divers. 200
M* Jonque.. 12 50
B. Pereire 12 50
Eglise de Pettah. 250
id. de Borella 25
id. de Catahéna 87 50
id. de Modéré (Nord).... 25
id. de Modéré (Sud) et s
Saint-Jacques 500
Eglise de la Grande-Passe. . . 25
Ecole des frères chrétiennes. . 150
Une congrégation de la Sainte-
Viergé 75
Roche Victoria 75
Jones. 3
Peter 2 50
Une pauvre femme 1 25
Une dame Cingalaise (Une
bague anoienne or et saphir).
Total 2 494 25
En outre, sur le vapeur le Golcmia,
ae :
Mgr Meurin a reçu '
Mgr Zalewski, délégué aposto
lique du Saint-Siège
M. Broughton
Total.. .
250
50
300
Voici maintenant les sommes que
Mgr Meurin a commencé à recevoir
depuis qu'il est en Europe, et aux
quelles nous ajouterons dans une pro
chaine liste les envois qui continue-
rontà être faits à YUnivers :
Mgr Kirby, recteur du collège
irlandais (Rome). . < .. . . .
Mgr d'Armailhap, supérieur dé
Saint-Louis des Français . .
Rév. P. N. . .
Rév. P. Roulaux .
M. de Séligny .
Mlle V
Un oouvent de bénédictines, ,
Le curé Duboulog. . . . . . .'
Berlin.
Anonyme
Le oonseil de la Propagation de
la Foi. . . . s
M. le curé-doyen Cagnot. . . .
A; Amand . . ... . . : . . .
Les élèves de Noire-Dame d§
Sainte-Croix du Mans,' 1 M
congrégation
Antomn Pagès.
Une pauvre Alsacienne. ....
Ville Dosne.
Ville Dagon de Lars
Q.-L. Belleo, notaire à Bignai\ t
La mission des Alsaoien^.^o!..
ralas.
f\ _ * •
^uete entre Alsaciens - Lor-
TELlïlS ••••*«••■>■•«•
L'abbé Cousin, chanoine hono
raire à Saint-Dïzier
Anonyme
Mme Blanche de Crémazy. . .
Anonyme
La supérieure générale des re
ligieuses du Sacré-Cœur. . .
Hervé de Rauville .......
G. de S. . .
A. de la Beaumelle
Brive ;
M. de Ch
A. R.
100
25
100
500
60
10Q
100
15
5
2
10.000
10
15
20
5Q
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L'antisémitisme
et la question magyare
Total 12.405 25
Total général.
15.276 50
Le jour même où les Français célé-,
braient — sans enthousiasme, que jus
tice leur soit rendue — la fête de la
Liberté, le Reichstag hongrois, qui se
pique pourtant aussi de libéralisme,
donnait un blanc-seing au ministère
pour développer, à rencontre des na
tionalités non magyares, la persécu
tion dont le cabinet de Pesth fait le.
pivot de la politique intérieure.C'est le
14 juillet, en effet, que, devant cette
assemblée toujours bruyante, sont
venus les débats que devaient faire
naître la démarche des 9 Roumains de
Hongrie auprès de l'empereur et les
événements assez graves qui en ont
été la conséquence.
On se rappelle l'histoire de cette'
malheureuse députation roumaine
qui, en mai dernier, se vit refuser à
Viènne l'entrée du palais impérial,
en-dépit du poids de ses doléances et
de la réputation paternelle de la monar
chie austro - hongroise. Ils étaient
trois cents, prêtres, paysans, bour
geois, venus de loin, remplis d'une
foi naïve en la bonté et en la justice
de l'empereur, donnant ce spectacle
touchant d'une sorte de pèlerinage
monarchique en plein XIX 0 siècle, de
mandant humblement à conter leurs
malheurs. L'entourage officiel leur fit*
fermer la porte ; la presse officielle
se moqua d'eux, et la tolérance non
moins officielle souffrit qu'à leur re
tour la maison du docteur Ra-
tin, chef de la députation, fût sac
cagée par la populace magyare (1).
— C'est ainsi que la maison d'Au
triche tient la balance égale entre
ses peuples, etencouraga le loyalisme
chez ses sujets qui ne sont ni Alle
mands ni Hongrois.
Le contre-coup de cette démarche
s'est fait pourtant sentir en deçà des
frontières et au delà, à tel point que
les Magyars, qui se contenteraient vo- ;
lontiers de la persécution sous le
boisseau, commencent à s'indigner
contre la lumière dont on inonde leurs
exploits. Le docteur Ratia, qui échappa
avec peine à l'agression dirigée à
Torde contre sa personne, songea à
passer la frontière avant de réparer
sa maison. Il se réfugia dans la Rou
manie indépendante, où les plus chau<-
des démonstrations lui furent prodi
guées. Il eut ovations à Jassy, ovations
à Bucharest. Dans la première de ces
villes, la population se porta sur le
consulat d'Autriche-Hongrie, et eût
probablement fait à l'immeuble le
sort de la maison de Torde, sans l'in
tervention de la force armée.
Entce temps, arrive la nouvelle que
les Magyares ont recommencé à Arad
leurs sauvages démonstrations contre
les malheureux Roumains de Hongrie. 1
Ceux-ci ont été insultés, maltraités;
on a bousculé même des femmes, le
séminaire roumain a été assailli (2).
La police impériale assiste à ces ex
ploits avec la sérénité de celle de
M. Loubet dans nos églises. Là-des- »
su3,^ toute la presse de la Roumanie
indépendante, sans distinction d'opi
nions, prend fait et cause pour les
opprimés :
Le vandalisme hongrois à Torde el les
soônes d'Arad, dit YQôzor, ont échauffé les
esprits. Toutes les divergences politiques
se sont tues ; vingt-deux journaux ne s'oc
cupent que de ces faits monstrueux. On
appelle les Magyars Huns sauvages ; on
ajoute qu'ils n'ont pas perdu leur barbarie
de fils d'Attila, quoique depuis mille ans,
ils vivent au milieu de peuples civilisés. La
presse offioielle elle-même se mêle à ca
oonoert, sur la note disorète. Mais le parti
indépendant, et à plus forte raison les ra
dicaux s'enflamment. On veut obliger le roi
de Roumanie à une protestation et on in
vite toutes les nationalités de l'Autriche \
une guerre contre les Asiatiques (sic).
Le même journal — un dp^ organes
les plus sensés et les pl^ s modérés du
parti slave — ajoute, \
Les Hohenaollern, qui ocoupent le trône
de Roumanie, n'ont pas encore assez de
racine dans le pays pour s'en tenir à la pro
tection du consulat autrichien. Ils seront
forcés de déolarer qu'ils se joignent à l'opi
nion publique et qu'ils reconnaissent leurs
frères de race. Cette néoessité est d'autant
plus inéluctable que la olasse intelligente
s'est mise à la tète du mouvement... On ne
oeut pag dire encore comment se compor
tera le gouvernement roumain, entre la na
tion qui exige qu'on aide ses frères, et les
exigences politiques qui ont placé ce gou
vernement sous l'influence do la triple al
liance! *
Tels sont iôs faits qui ont provoqué
a discussion du 14 juillet au Parle
ment de Pesth. Il faut les connaître
pour apprécier le compte rendu de
Y Agence Havas. Rien ne ressemble
plus, d'ailleurs, à ces séances de notre
(1) Voici le récit de cette scène; d'après le
Narodnitch lis lu, du 20 juin :
« On nous écrit de Torde, le 13 courant, que
« le docteur est revenu hier, dans une voiture
« à quatre chevaux et fermée. Le soir, une pa
ie pulace magyare, qu'on peut évaluer à trois
« mille personnes, se rassemble devant sa .
« maison, armée de piques, et l'assiège. Les
« persiennes ont été brisées. L'assaut a duré
<< deux heures. La maison a été Saccagée ; on
« eût dit que l'incendie avait passé là. Dans la
« cour, il y avait vingt ouvriers roumains qui
« n'osèrent rien faire. Les gendarmes n'empê-
« chèrent rien. Ratin est parti aveo sa famille
« ce malin,» eto. etc...
(2) Nous empruntons tous ces détails et ceux
qui suivent à des journaux de nationalités et
de nuances différentes, le Narodnitoh listu,
VObior d'Agrero, eto.
N° 8849. — Edition quotidienne
Samedi 23 Juillet 1892
ÉDITION
On an . . .
Six mois . .
Trois mois.
QUOTID IENNE
ÉTRANGER
{UNION POSTAL*)
66 »
84 » 1 '
18 »
paris
ET DÉPARTEMENTS
. . 55 »
. . 28 50
. . 15 . »
Les abonnements parten t des 1 « et 16 de chaque moig
TIT>T 'NTT"M"R"T?f> ( PflFiS . ... ..... 1 B CCIlt.
NUMERO { Départéménta ... 20 -
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On «'abonne à Rome, place du Gesù, 8 .
ÉDITION SEMI-QUO TIDIENNE
PARIS ' ÉTRANGER
IT DÉPARTEMENTS * (UNION POSTAil)
Un an SO » 36 »
Six mois. .... 16 » 19 »
Trois mois. ... 8 50 10 »
Les abonnements partent des 1« et 16 de chaque mois
- i'MYERS ce répond pas des manuscrits pi lui sont adressés
ANNON.CE8-
MM. LAGRANGE, CERF et G 1 *, 6, place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 22 JUILLET 1892
La grande question du jour est l'at
titude prise par le conseil municipal
à l'occasion de la loi augmentant le
nombre et la solde des agents de po
lice. On ne croit guère à la démission
en masse des conseillers municipaux,
du reste bientôt soumis à réélection,
et même des journaux radicaux se
montrent assez durs pour nos conseil
lers autonomistes* les accusant de
faire plus de tapage que de besogne.
Ce matin, le Journal Officiel n'a pas
encore promulgué la loi sur les agents
de police, mais on annonce que le
préfet de police aurait écrit au conseil
municipal de Paris, pour l'inviter à
statuer, avant la clôture de la session,
sur le crédit relatif à l'augmentation
de l'effectif et des traitements des gar
diens de la paix.
Dans quelques jours auront lieu les
élections pour les conseils généraux ;
il faut reconnaître que la campagne
électorale n'est pas bien vive. Généra
lement, du reste, on n'attache pas
assez d'importance aux élections dé
partementales, bien moins suivies que
les élections législatives et même mu
nicipales. C'est peut-être une faute,
car les conseils généraux et d'arron
dissement, si restreintes que soient
leur9 attributions par suite de notre
centralisation à outrance, peuvent en
core faire le mal ou empêcher le
bien.
Les partis se réservent sans doute
pour les élections législatives de l'an
née prochaine.
Lorsque nous avons publié les dé
pêches qui nous résumaient les lettres
singulièrement tardives des capitai
nes Lugard et Williams, nous disions
qu'il était impossible de les accepter
comme l'expression de la vérité au
sujet des événements de l'Ouganda.
Il paraît que, même dans les régions
officielles en Angleterre, on a jugé de
même, car on annonce que ces
« lettres n'ayant] pas paru suffisam
ment nettes au gouvernement anglais,
surtout en ce qui concerne l'origine
des .troubles, lord Salisbury a décidé
d'envoyer dans l'Ouganda un commis
saire chargé de faire une enquête ».
Une assez grande émotion s'est pro
duite en Bulgarie, à la suite des con
damnations prononcées dans l'affaire
de l'assassinat du ministre Beltcheff ;
il ne faudrait cependant pas prendre
au pied de la lettre les nouvelles don-
dées par les-dépêches des agences té
légraphiques, ni surtout les commen
taires des journaux. On sait que jour
naux et agences s'emballent facile
ment dès qu'il s'agit de la région des
Balkans et surtout de la Bulgarie. La
vérité, c'est qu'il existe une certaine
émotion, mais l'opinion n'est ni aussi
unanime, ni aussi montée contre le
gouvernement qu'on se plait à le ré
péter.
En Allemagne, il se produit actuel
lement, au sujet de l'exposition inter
nationale de Berlin, singulièrement
compromise depuis que celle de Paris
est décidée pour 1900, un fait assez
curieux. Pendant que les hommes po
litiques, les réunions publiques, les
corps constitués se montrent favora
bles à l'idée d'une exposition dont la
date serait avancée, les plus directe
ment intéressés, les industriels, les fa
bricants, les commerçants,se tiennent
sur une réssrye significative.
On verra, d'après les depeches rela
tive» à la question du Maroc, que
nous publion3 à part à cause de leur
importance et de leur nombre, que l é
chée du ministère anglais n'est plus
contesté, même en Angleterre.^ se
borne maintenant à essayer de l'expli
quer à l'honneur de la « vieille An
gleterre ».
Encore un détail à propos de la der
nière fête nationale ; mais nous com
ptons bien, après l'avoir noté, ne
plus rien dire sur ce sujet jusqu'au
14 juillet prochain.
Il paraît — le Temps le raconte —
que dans la nuit du 13 au 14, à Pa
miers, une proclamation très violente
a été placardée sur les murs des mai
sons et sur les arbres des promena
des. La proclamation, signée par le
« groupe de l'avant-garde, de Lon
dres » (que vient faire Londres en ce
manifeste de Pamiers?) débutait par
ces mots :
Camarades ! La prise de la Bastille fut
une victoire populaire ! La plèbe courbée
releva la tôle, et l'on put croire à l'avène
ment d'une société toute de liberté et de
justice I
Quelle désillusion !
Elle se terminait de la façon sui
vante :
Que d'autres pavoisent et illuminent leurs
fenêtres ! Nous invoquons, nous, la guerre
sociale, la seule juste, la seule logique.
Si vous êtes avec les maîtres contre les
esclaves, avec les repus contre les affamés,
avec les parasites contre les travailleurs ; si
vous fermez l'oreille aux plaintes des pau
vres, sans asiles, sans pain; aux sanglots
des mères, applaudissez aux harangues offi
cies et fêtez la prise de la Pastille,
Pour nous, nous ne la fêlons point, parce
que nous ne sommes pas délivrés.
Cette proclamation paraît faire écho
à la lettre, citée récemment, du groupe
ouvrier de Saint-Nazaire : « les tra
vailleurs » et surtout les socialistes
de cette ville déclaraient, on s'en
souvient, qu'il leur était impossible de
prendre part aux réjouissances du
14 juillet, « anniversaire bourgeois » ;
c'est en effet pour la bourgeoisie, di
saient-ils, que la révolution s'est faite,
et nullement pour le peuple.
Le Temps , organe de la bourgeoisie
libérale et libre-penseuse,' qui seule a
jusqu'ici profité des « conquêtes » de
1789, a frémi d'horreur en lisant l'au
tre jour la lettre de Saint-Nazaire et
en apercevant hier la proclamation de
Pamiers.
L'état social dont nous souffrons de
puis un siècle est excellent pour lui
et ses pareils ; ses pareils et lui ju
gent d'une suprême impertinence
l'audace de ceux qui, se trouvant
moins satisfaits, élèvent la voix pour
leur demander des réformes ou pour
les menacer d'un bouleversement nou
veau.
Les révolutionnaires bourgeois
avaient cru pouvoir impunément ar
racher au peuple les consolations et
les secours de la religion, et garder
en même temps pour éux seuls tous
les profits de la Révolution.
Le peuple, qui ne sait plus, ayant
perdu la foi, poursuivre sans violence
la satisfaction de ses revendications lé
gitimes,ni même borner aux légitimes
ses revendications, menace d'ensevelir
quelque jour toute .cette bourgeoisie
révolutionnaire et libre-penseuse sous
les décombres de l'état social qu'elle
avait construit à son avantage. Le peu
ple sera coupable, assurément et ses
vengeances seront souvent des crimes;
quant à cette bourgeoisie antireli
gieuse, pour employer une expression
vulgaire, mais énergique, elle nel'aiira
point volé!
Ah! si les incroyants, dont le
Temps est l'organe, pouvaient op
poser la loi religieuse comme une
barrière inébranlable aux revendica
tions populaires, bien vite ils oublie
raient leurs haines anticléricales et
leurs théories libre-peaseuses. Mais
cette arme, ne peut être bien maniée
que par ceux qui en usent avec foi et
amour ; ils sentent qu'elle est trop
forte pour eux et qu'ils se blesseraient
eux-mêmes à vouloir la tourner contre
leurs ennemis. L'Evangile ne com
mande pas seulement aux malheu
reux la patience et le calme, même
dans les plus légitimes revendica
tions ; il ordonne aux riches, avec plus
de vigueur encore, de pratiquer en
vers les pauvres la justice et la cha
rité.
Ces libre-penseur3, fidèles aux doc
trines de Voltaire, s'arrangeraient en
core de la charité, parce que, dans
leur esprit étroit et mesquin, ils rava
lent la plu3 noble des vertus aux
souscriptions, publiées en bonne place
dans les journaux, et aux menues au
mônes, distribuées au cours des pro
menades, quand le froid ne retient pas
la main dans la poche.
Mais ne leur parlez point de la jus
tice : les pauvres posséder quelques
droits en dehors de ceux qu'ils veu
lent bien lui octroyer, voilà une chose
qui n'entrera jamais dans leur intel
ligence.
Quant aux catholiques, ils n'ont pas
à craindre le peuple ; leur devoir est
seulement de montrer aux ouvriers
déçus, tels que les auteurs des deux
récents manifestes, que la Révolu
tion ne pouvait tourner à leur profit,
parce qu'elle s'est faite surtout contre
l'Eglise.
F rançois V buillot.
La France est un journal comme on
en voit peu. Républicaine, elle ne re
lève cependant d'aucune coterie. Cette
situation lui permet de juger avec in
dépendance des choses et des hom
mes. Aussi l'entendons-nous parler
tout autrement, d'ordinaire, que la
plupart des organes 4e la gauche.
Tandis, par exemple, qu'ils affectent
vis-à*vis des constitutionnels une par
faite assurance, que vient démentir,
des conservateurs pourrait fort bien
être fatale, plus tôt qu'on ne s'y at
tend, aux opportunistes comme aux
radicaux.
Cette déclaration, elle l'a déjà faite
à diverses reprises ; elle la renouvelle
aujourd'hui, en ces termes 5
« Après leur adhésion absolue à la
forme républicaine, les conservateurs
sont susceptibles, dans un bref délai,
de gagner beaucoup de terrain et de
mettre en échec la majorité actuelle. »
N'allez point vous imaginer que la
France juge ainsi parce qu'élis est fa
vorable à l'action conservatricê,
qu'elle croit ce qu'elle espère. La
courte phrase qui suit celle que nous
venons de reproduire, suffira pour
vous fixer sur les sentiments de la
France. Donc, — vous l'avez lu, —
elle voit les conservateurs en passe
de l'emporter sur les opportunistes et
radicaux. Quelle impression en res
sent-elle ? Vous allez le savoir tout de
suite. Immédiatement', en effet, elle
ajoute :
« D'où vient ce danger? »
Ainsi, pour la France, le succès possi
ble des constitutionnels, c'est un dan
ger. Par conséquent, lorsqu'elle dé
clare s'attendre à ce succès, elle ne
nous apporte point un témoignage de
complaisance, un encouragement ba
nal. Ce n'est pas ur ami qui s'illu
sionne; c'est un ennemi qui parle. Ce
qu'il dit en a plus de poids.
La Finance explique ensuite pour
quoi elle craint le succès des constitu
tionnels et la défaite des partis for
mant aujourd'hui la majorité. C'est
parce que la tactique nouvelle des
premiers lui semble fort habile et
parfaitement conforme à ce que ré
clament les circonstances, tandis
qu'elle^ n'en saurait dire autant de
la tactique où s'obstinent les seconds,
La tactique des conservateurs qui
acceptent le pouvoir établi est-elle
bien, entièrement, celle que nous ex
pose la France ? On pourrait, croyons-
nous, entrer en contestation sur ce
point. Mais c ! est ce que nous ne vou
lons pas faire, du moins aujourd'hui.
Nous ne discutons pas l'article de la
France ; nous le signalons.
Par exemple, nous sommes absolu
ment du même avis que ce journal
quand il reproche aux partis'; de
fauche, comme une faute capitale,
e n'avoir point modifié leur méthode
de cambat. Depuis l'entrée des con
servateurs dans la République, la
lutte a changé de terrain et de condi
tions ; les partis de gauche persistent
néanmoins à conserver le même or
dre de bataille, à se servir des mêmes
armes. Ils se croient toujours en 1877.
Il leur en cuira, dit la France. Nous
l'espérons bien.
P ierre V buillot.
Il est à noter que le ton général des
candidats républicains, opportunistes
et radicaux, aux élections prochaines,
est généralement plus modéré que
de coutume. Il n'est question, dans la
plupart des professions de foi, que de
république ouverte, de politique large
et libérale, de la nécessité pour tous
les braves gens de s'entendre.
Si cette modération de langage était
partout la réponse sincère aux avan
ces des catholiques qui suivent la po
litique pontificale, nous n'aurions qu'à
nous réjouir d'un si beau résultat.
Mais nous ne sommes point assez
irréfléchis pour nous imaginer que
cette politique peut triompher du jour
au lendemain et que nos adversaires
vont se rendre immédiatement à nos
arguments et à nos affirmations.
Et il est bien à prévoir que quelques
habiles, parmi les opportunistes et
radicaux, sans se soucier autrement
de la pacification nécessaire au pays et
sans songer le moins du monde à
changer quoi que ce soit à leur politi
que, ont trouvé bon de profiter des
circonstances pour s'efforcer d'obte
nir des voix catholiques.
Il est donc de prudence élémentaire
pour les électeurs de bien examiner à
l'avance s'ils se trouvent en présence
d'une pure manœuvre électorale, au
quel cas ils doivent s'abstenir ou lut
ter contre l'auteur de cette manœuvre ;
ou bien si sincèrement c'est à une
bonne volonté, à une bonne foi in
discutable qu'ils ont affaire, ce qui
leur permet alors de voter pour le
candidat sincèrement modéré.
. Nous sommes fixés suffisamment, il
faut l'espérer, sur la valeur de la plu-
f>art des promesses électorales, et
'expérience doit nous rendre circons
pects.
Soyons larges, mais ne soyons pas
dupes.
■S. Q.
Nous avons publié, dans un de nos
derniers numéros, une note où M. A. de
Badts de Cugnac demandait qu'on
voulût bien lui indiquer la provenance
et la date précise des paroles suivantes
attribuées à Pie IX, et que Y Echo de la
Somme citait de manière à leur donner
le caractère d'un document officiel :
Rassurez Henri de France, èn lui di
sant qu'aucune intrigue ne m'arrachera un
blâme oontre sa politique ; que je l'honere
et le remercie d'avoir jusqu'à ce jour si no
blement tnaintenu et affirmé ses droits, et
conservé intact le dèpj&t' sçcré des vrais
principes de la royauté chrétienne.
La Gazette répond ainsi à la de
mande de M. de Badts de Cugnac:
Nous pouvons satisfaire, sans tarder, la
curiosité de M. de Badts de Cugnac.
Les paroles de Pie IX, adressées ail
comte dé Vanssay opt étp reprqduitos paj:
M. de Vanssay, lut-méme dans la Gazette de
France du §5 juin dernier, en réponse h
certaines accusations du Figaro.
Nous sommes surpris que M. de Badts
de Cugnac n'ait pas lu celte lettre de M. le
comte de Vanssay, puisqu'il « suit de près
tout ce qui touche à la question monarchi
que », L' Univers a dû bien sûr reproduire
lfes paroles du Bape Pie IX, qui ofl'rent dsn§
)p§ çjfçoijçtano'es àct'upllgs" qn intérêt cap}-
l>U4<
Ces lignes ne donnent pas à M. de
Cugnac tout le renseignement qu'il
demandait.
Sans prétendre suppléer au silence
de la Gazette , nous ferons remarquer
que les paroles dont il s'agit doivent
dater d'une vingtaine d'années,
qu'elles sortent non d'un document,
mais de la mémoire de M. le comte
(Je Yanssay, qui, si nous ne nous
trompons, les a seul entendues et vien
de les publier pour la première fois.
M, de Vanssay est d'ailleurs de ceux
qu'il faut croire sur parole; et puis,
on ne peut douter que Pie IX n'eût
beaucoup d'estime pour Henri V et ne
rendît hommage à ses principes
Quant à ses droits, le Pape dut trou
ver bon qu'il les affirmât, mais jamais
il n'a rien fait ni rien dit officielle
ment pour les soutenir. Sa politique,
sous ce rapport, a été, au fond, ce
qu'est aujourd'hui celle de Léon XIII.
Le Grenoblois, qui se publie à Gre
noble, a reçu et publie la lettre sui
vante de Mgr Pava, où Sa Grandeur
explique d'une manière très nette le
retrait de son catéchisme électoral :
Saint-Pierre-de-Chartreuse
le 18 juillet 1892.
Monsieur le Rédaoteur en chef
du Grenoblois,
J'ignore les attaques dont je suis l'objet
à propos du retrait de mon catéohisme
électoral. Votre journal me l'apprend et
votre lettre m'arrive.
La question est bien simple. Le Saint-
Père a vu que la franc-maçonnerie, qui op
prime le pouvoir en France, veut absolu
ment et radicaleihent y détruire le chris
tianisme, et que la secte prend occasion de
tout pour forcer la main à nos ministres
et les 'contraindre & frapper sur le clergé.
Les oaléohismes éleotoraux ont paru au
Saint-Père devoir être une de ces occa
sions pour les projets de la secte, et il m'a
fait savoir indirectement et verbalement
son désir de me voir retirer ledit caté
chisme : j'ai obéi.
Comme il n'est pas nécessaire que je
mette cette leçon dans mon catéohisme et
que je puis, en temps opportun, la placer
dans la Semaine Religieuse ou ailleurs, au
point de vue du bien il n'y a pas de sacrl
fice,et cela pacifie.
D'ailleurs, la majorité de l'épiscopat
français s'est abstenue de nou3 suivre et a
montré par là sa manière de voir. Elle est
celle du Pape.
Ceux qui ont parlé et ajouté une leçon à
leur catéohisme, ont traité là aussi d'écoles
et de mariage civil et de divorce. Ils ne
peuvent pas aussi facilement que moi se
retirer de la lutte, de ce côté-là. J'ignore
absolument s'ils ont été priés par le Saint-
Père d'agir comme moi.
Je me suis fait, en tout cas, un devoir de
les informer qu'on obéissant au Pape je ne
croyais ni ne voulais cesser de combattre
l'ennemi, l'ordre maçonnique.
Je ne veux pas combattre le pouvoir,
mais les francs-maçons. Et si en frappant
sur ceux-oi, dont la haine oontre le catholi
cisme est inextinguible, je viens à frapper
sur quelque, représentant du pouvoir, oe
n'est pas ma faute. En entrant au ministère
ou dans quelque fonction, un fonctionnaire
doit laisser à la porte ses défroques et sa
haine de sectaire, sinon nous avons le droit
de le regarder comme oublieux de son de
voir et traître à la patrie. Si le présent se
tait, l'avenir parlera.
Du lieu élevé où il est placé, Léon XIII
a plus de lumière que nous, plus de grâces
d'en haut aussi. Il est docteur, il est père,
il est notre Christ. Le Ciel nous dit : Écali
iez-le. Ecoutons-le donc, nous ne saurions
nous tromper en l'éooutant. Et si le succès
apparent ne couronne pas notre obéissance,
croyons-le bien, Dieu a toujours béni et bé
nira toujours les enfants assez pieux pour
ne jamais mépriser les avis de leurs père et
mère, surtout si ce sont des vieillards.
Malheur à notre presse ! Elle manque
souvent des éléments nécessaires pour ju
ger les questions qu'elle traite, et cepen
dant elle se prononce hardiment. Elle a
tort.
Merci, monsieur le rédacteur en chef.
Vous avez bien jugé et bien éorit.
f A mand- J oseph,
Evêque de Grenoble.
' Sous ce titre : « Où s'arrêtera-t-on ? »
nous lisons dons la Gazette de France:
Un de nos lecteurs de la Vendée nous
mande que, « daiia le dernier catéchisme
du diocèse, les lignes condamnant le di
vorce ont été supprimées, »
Comme nous ne pouvons penser que
oette suppression est due à l'initiative épis-
copale, nous devons croire qu'elle a été"
imposée à Mgr l'évêque de Luçon par l'au
torité civile.
Mais qlors cette questipn se pose : Qft
s'arrêtera i'ingérenoe de l'Etat républicain
dans l'enseignement religieux ?
Qu'on le remarque bien, il ne s'agit plus
en l'espèce de ce qu'en appelle un « caté
chisme électoral », des devoirs généraux
des électeurs chrétiens, d'une matière à la
quelle, aveo beaucoup de mauvaise foj, op
peut attribuer iin caraptfcrp plug ' Qft rpctina
politique. '
Non, il a'agit d'une question purement
religieuse, de l'indissolubilité du mariage.
Aujourd'hui on interdit, par exemple,
aux évôques de condamner le divorce que
la loi Naquet autorise ; demain, on pourra
leur défendre d'enseigner que le mariage
crée des liens indissolubles. .
Qr, si l'on Rermet à l'État d'éliminer du
catéchisme toute vérité religieuse qui con
tredit aux principes de là Révolution, aux
doptrjnes q e la République, sous prétexte
que cette vérité offense une loi révolutjqjiT
naire, uneloi républicaine, que resterait-il
à la liberté de l'enseignement reliai®' 1 v °
Ce qu'il jW*ii'EUtfranc-maçon'athée,
déchrislianisateur, de lui laisser, en vertu
da « d r QU supérieqr de oantrôle » dont le
Temps nous parlait hier.
Alors, le Pape ne sera plus à Rome, il
habitera, à Paris, dans quelque hôtel minis
tériel, et se nommera Jules Ferry, ou Fal-
lières, ou Ricard, ou etc.
Toutes ces réflexions seraient fort
justes, si le fait qu'elles commentent
était exact. Mais la Gazette de France a
été mal renseignée ; il n'a rien été
supprimé dans le dernier catéchisme
du diocèse,qui est le même, d'ailleurs,
depuis le commencement de ce siècle,
dans le (tfQcèse de Luçon,
" Avons-nous besoin d'ajouter que le
pieux et savant évêque de Luçon,
Mgr Catteau, élevé à l'école de Mgr
Pasiris, qui le premier distingua ses
grands mérites, ne sacrifiera jamais
à l'ingérence gouvernementale les
droits dont l'Eglise lui a confié la
garde!
Souscription
Pour les églises et les œuvres de Mgr Meurin,
archevêque'évêque de port-louis,
Ile Maurice (ancienne Ile-de-France)
Dévastées par le cyclone du 29 avril 1892
Nous avons raconté les navrants ra
vages causés à l'île Maurice par ce
terrible cyclone. Blessé lui-même,
mais comptant sur la Providence e"
sur la charité catholique, le vaillan
évêque missionnaire s'est tout de suite
embarqué pour l'Europe, 'pour la
France, où il a espéré qu'il trouverait
des secours et des prêtres pour son
diocèse, si prospère hier, si éprouvé
aujourd'hui.
Mgr Meurin a passé à Ceylan, puis
à Rome. Il traverse en ce momen"
Paris, où il reviendra après un cour
voyage.
S. Em. le cardinal Richard a pro
mis à Mgr Meurin son-généreux et
fraternèl concours. Nous ne doutons
pas que les catholiques français vou
dront secourir le diocèse de Maurice,
que tant de souvenirs, tant de liens
unissent encore à la France.
Mgr Meurin aurait besoin de plus
d'un million pour ses églises renver
sées, ses orphelinats détruits, ses écô
les endommagées. Il est loin de
compte! Mais la charité, qui peu'
comme la foi « transporter les mon
tagnes », sait aussi franchir les océans
et opérer d'autres merveilles. Nous
n'oublierons pas que, lors des désas
très de la dernière guerre, la petite île
Maurice nous a envoyé un million et
demi pour nos blessés.
Voici les sommes qui ont été offertes
à Mgr Meurin pendant son court pas
sage à Ceylan :
« Un pauvre archevêque à un
pauvre archevêque « Mgr
Bonjean à Mgr Meurin.. . ^ 125
Léo Wilde . 25
Sir A. Havelock, gouverneur
de Ceylan 625
Docteur de Ambantote. . ... 25
Alves 250
Divers. 200
M* Jonque.. 12 50
B. Pereire 12 50
Eglise de Pettah. 250
id. de Borella 25
id. de Catahéna 87 50
id. de Modéré (Nord).... 25
id. de Modéré (Sud) et s
Saint-Jacques 500
Eglise de la Grande-Passe. . . 25
Ecole des frères chrétiennes. . 150
Une congrégation de la Sainte-
Viergé 75
Roche Victoria 75
Jones. 3
Peter 2 50
Une pauvre femme 1 25
Une dame Cingalaise (Une
bague anoienne or et saphir).
Total 2 494 25
En outre, sur le vapeur le Golcmia,
ae :
Mgr Meurin a reçu '
Mgr Zalewski, délégué aposto
lique du Saint-Siège
M. Broughton
Total.. .
250
50
300
Voici maintenant les sommes que
Mgr Meurin a commencé à recevoir
depuis qu'il est en Europe, et aux
quelles nous ajouterons dans une pro
chaine liste les envois qui continue-
rontà être faits à YUnivers :
Mgr Kirby, recteur du collège
irlandais (Rome). . < .. . . .
Mgr d'Armailhap, supérieur dé
Saint-Louis des Français . .
Rév. P. N. . .
Rév. P. Roulaux .
M. de Séligny .
Mlle V
Un oouvent de bénédictines, ,
Le curé Duboulog. . . . . . .'
Berlin.
Anonyme
Le oonseil de la Propagation de
la Foi. . . . s
M. le curé-doyen Cagnot. . . .
A; Amand . . ... . . : . . .
Les élèves de Noire-Dame d§
Sainte-Croix du Mans,' 1 M
congrégation
Antomn Pagès.
Une pauvre Alsacienne. ....
Ville Dosne.
Ville Dagon de Lars
Q.-L. Belleo, notaire à Bignai\ t
La mission des Alsaoien^.^o!..
ralas.
f\ _ * •
^uete entre Alsaciens - Lor-
TELlïlS ••••*«••■>■•«•
L'abbé Cousin, chanoine hono
raire à Saint-Dïzier
Anonyme
Mme Blanche de Crémazy. . .
Anonyme
La supérieure générale des re
ligieuses du Sacré-Cœur. . .
Hervé de Rauville .......
G. de S. . .
A. de la Beaumelle
Brive ;
M. de Ch
A. R.
100
25
100
500
60
10Q
100
15
5
2
10.000
10
15
20
5Q
100
20
10
100
60
40
10
20
20
1.000
25
5
5
5
5
10
85
L'antisémitisme
et la question magyare
Total 12.405 25
Total général.
15.276 50
Le jour même où les Français célé-,
braient — sans enthousiasme, que jus
tice leur soit rendue — la fête de la
Liberté, le Reichstag hongrois, qui se
pique pourtant aussi de libéralisme,
donnait un blanc-seing au ministère
pour développer, à rencontre des na
tionalités non magyares, la persécu
tion dont le cabinet de Pesth fait le.
pivot de la politique intérieure.C'est le
14 juillet, en effet, que, devant cette
assemblée toujours bruyante, sont
venus les débats que devaient faire
naître la démarche des 9 Roumains de
Hongrie auprès de l'empereur et les
événements assez graves qui en ont
été la conséquence.
On se rappelle l'histoire de cette'
malheureuse députation roumaine
qui, en mai dernier, se vit refuser à
Viènne l'entrée du palais impérial,
en-dépit du poids de ses doléances et
de la réputation paternelle de la monar
chie austro - hongroise. Ils étaient
trois cents, prêtres, paysans, bour
geois, venus de loin, remplis d'une
foi naïve en la bonté et en la justice
de l'empereur, donnant ce spectacle
touchant d'une sorte de pèlerinage
monarchique en plein XIX 0 siècle, de
mandant humblement à conter leurs
malheurs. L'entourage officiel leur fit*
fermer la porte ; la presse officielle
se moqua d'eux, et la tolérance non
moins officielle souffrit qu'à leur re
tour la maison du docteur Ra-
tin, chef de la députation, fût sac
cagée par la populace magyare (1).
— C'est ainsi que la maison d'Au
triche tient la balance égale entre
ses peuples, etencouraga le loyalisme
chez ses sujets qui ne sont ni Alle
mands ni Hongrois.
Le contre-coup de cette démarche
s'est fait pourtant sentir en deçà des
frontières et au delà, à tel point que
les Magyars, qui se contenteraient vo- ;
lontiers de la persécution sous le
boisseau, commencent à s'indigner
contre la lumière dont on inonde leurs
exploits. Le docteur Ratia, qui échappa
avec peine à l'agression dirigée à
Torde contre sa personne, songea à
passer la frontière avant de réparer
sa maison. Il se réfugia dans la Rou
manie indépendante, où les plus chau<-
des démonstrations lui furent prodi
guées. Il eut ovations à Jassy, ovations
à Bucharest. Dans la première de ces
villes, la population se porta sur le
consulat d'Autriche-Hongrie, et eût
probablement fait à l'immeuble le
sort de la maison de Torde, sans l'in
tervention de la force armée.
Entce temps, arrive la nouvelle que
les Magyares ont recommencé à Arad
leurs sauvages démonstrations contre
les malheureux Roumains de Hongrie. 1
Ceux-ci ont été insultés, maltraités;
on a bousculé même des femmes, le
séminaire roumain a été assailli (2).
La police impériale assiste à ces ex
ploits avec la sérénité de celle de
M. Loubet dans nos églises. Là-des- »
su3,^ toute la presse de la Roumanie
indépendante, sans distinction d'opi
nions, prend fait et cause pour les
opprimés :
Le vandalisme hongrois à Torde el les
soônes d'Arad, dit YQôzor, ont échauffé les
esprits. Toutes les divergences politiques
se sont tues ; vingt-deux journaux ne s'oc
cupent que de ces faits monstrueux. On
appelle les Magyars Huns sauvages ; on
ajoute qu'ils n'ont pas perdu leur barbarie
de fils d'Attila, quoique depuis mille ans,
ils vivent au milieu de peuples civilisés. La
presse offioielle elle-même se mêle à ca
oonoert, sur la note disorète. Mais le parti
indépendant, et à plus forte raison les ra
dicaux s'enflamment. On veut obliger le roi
de Roumanie à une protestation et on in
vite toutes les nationalités de l'Autriche \
une guerre contre les Asiatiques (sic).
Le même journal — un dp^ organes
les plus sensés et les pl^ s modérés du
parti slave — ajoute, \
Les Hohenaollern, qui ocoupent le trône
de Roumanie, n'ont pas encore assez de
racine dans le pays pour s'en tenir à la pro
tection du consulat autrichien. Ils seront
forcés de déolarer qu'ils se joignent à l'opi
nion publique et qu'ils reconnaissent leurs
frères de race. Cette néoessité est d'autant
plus inéluctable que la olasse intelligente
s'est mise à la tète du mouvement... On ne
oeut pag dire encore comment se compor
tera le gouvernement roumain, entre la na
tion qui exige qu'on aide ses frères, et les
exigences politiques qui ont placé ce gou
vernement sous l'influence do la triple al
liance! *
Tels sont iôs faits qui ont provoqué
a discussion du 14 juillet au Parle
ment de Pesth. Il faut les connaître
pour apprécier le compte rendu de
Y Agence Havas. Rien ne ressemble
plus, d'ailleurs, à ces séances de notre
(1) Voici le récit de cette scène; d'après le
Narodnitch lis lu, du 20 juin :
« On nous écrit de Torde, le 13 courant, que
« le docteur est revenu hier, dans une voiture
« à quatre chevaux et fermée. Le soir, une pa
ie pulace magyare, qu'on peut évaluer à trois
« mille personnes, se rassemble devant sa .
« maison, armée de piques, et l'assiège. Les
« persiennes ont été brisées. L'assaut a duré
<< deux heures. La maison a été Saccagée ; on
« eût dit que l'incendie avait passé là. Dans la
« cour, il y avait vingt ouvriers roumains qui
« n'osèrent rien faire. Les gendarmes n'empê-
« chèrent rien. Ratin est parti aveo sa famille
« ce malin,» eto. etc...
(2) Nous empruntons tous ces détails et ceux
qui suivent à des journaux de nationalités et
de nuances différentes, le Narodnitoh listu,
VObior d'Agrero, eto.
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