Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1892-01-14
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 janvier 1892 14 janvier 1892
Description : 1892/01/14 (Numéro 8761). 1892/01/14 (Numéro 8761).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 14 Janvier 1892
H* 8761 — Edition Quotidiens
Jeudi 14 Janvier 1892
mmKmmtaiÊmmmmaÊmimiÊÊmmÊÊÊÊmm
ÉDITION
paris
et départements
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l'HYlBS ce répond pas des umscrits p loi soit étais
ANNONCE8
MM. LAGRANGE, CERF et C'°, 6, plaoa de la Bourse •
FRANCE
PARIS, 13 JANVIER 1892
Les deux séances d'ouverture de la
session ordinaire au Sénat et à la
Chambre des députés n'ont offert au
cun intérêt. Le président d'âge au Sé
nat, M. Kiener, a fait dans son allo
cution l'éloge des sénateurs morts.
M. Pierre Blanc, le « vieil Allobroge »,
s'est lancé dans des effusions répu-
caines que la gauche a daigné ap
plaudir. Les députés ont procédé en
suite à l'élection du bureau ; ont été
élus : président, M. Floquet par
260 voix seulement sur 387. votants;
vice-présidents, MM. de Mahy, Casi-
rrii r-Périer, Peytral et Viette, ce der
nier par 221 voix contre M. Cavai-
gnac ; secrétaires, MM. de la Batut,
de Bar, de Villebois-Mareuil (ces deux
derniers de la droite), Hervieu et
Saint-Germain ; il reste trois secré
taires à nommer; questeurs, MM. Bi-
zarelli, Guillaumou et Royer.
Seul, le Sénat se réunit aujourd'hui.
Il doit nommer son bureau ; il aura un
questeur à élire en remplacement de
l'amiral Peyron ; les groupes républi
cains se sont occupés hier du choix à
faire ; le centre gauche présentait
M. le général Grévy; la gauche et
l'union républicaines, M. le général
Deffis ; l'union démocratique de
M. Ranc, M. Gombescure. Le général
Deffis a été désigné, mais l'union dé
mocratique se réserverait de voter au
premier tour de scrutin pour M. Gom
bescure, quitte à se rallier au second
au général Deffis, dont l'élection reste
assurée.
On annonce que M. Ranc réclame
une place de secrétaire pour son
union démocratique; la demande ren
contre de l'opposition.
Sur le conseil des ministres tenu
hier, l'officieuse Agence Havas ne nous
a communiqué qu'une note des moins
explicites; mais divers journaux,
parmi lesquels le Journal des Débats,
annoncent que & le conseil s'est oc
cupé du projet sur les associations,
dont le gouvernement a pris l'engage
ment d'effectuer le dépôt lors des der
niers débats sur l'attitude du clergé.
Ce projet serait déposé à bref délai'
sur le bureau de la Chambre ». Que
nous donnera le gouvernement? Nous
serions bien agréablement surpris
s'il présentait une loi de véritable li
berté.
On'aura sans doute remarqué aux
Dernières Dépêches d'hier les rensei
gnements relatifs à l'attitude du sul
tan du Maroc dans la question du
Touat Le sultan, qui a échoué dans
ses tentatives sur le Touat et qui n'ar
rive pas à maintenir l'ordre parmi les
tribus de son empire, prétendrait ce
pendant que la France reconnaisse
son autorité sur les oasis du Touat. Le
ministre français a fait une réponse
évasive. Il est à croire que quelque
puissance pousse le gouvernement
marocain dans la circonstance. Serait-
il bien difficile de trouver laquelle?
Gomme on l'annonçait, le Reichs-
tag allemand a repris ses séances.
Les députés se sont voté une rému
nération ; mais cela est sans impor
tance. L'intérêt de la journée a été
dans une discussion où il a été fort
question de M. de Bismarck, glorifié
f>ar les uns et violemment attaqué par
es autres. On est allé si loin que le
président a dû prononcer des rappels
à l'ordre.
En voyant que la personnalité de
l'ex-grand chancelier soulève encore
des orages, sans même qu'il soit pré
sent, on comprend mieux qu'il ne se
considère pas comme fini.
On essaye quelquefois de distinguer
la république actuelle de la franc-ma
çonnerie. Dans les rangs du parti ré
publicain il ne manque pas de modé
rés pour protester contre l'assimila
tion. Surtout, ils ne veulent pas en
tendre dire que la franc-maçonnerie
est la directrice de la politique,
l'âme du gouvernement.
N'insistons pas. Il suffit de compa
rer le programme bien connu de la
franc-maçonnerie avec les actes du ré
gime actuel. La franc-maçonnerie vise
à la destruction du catholicisme par la
sécularisation de la société. Si le but
n'est pas encore atteint, les moyens
sont mis activement en œuvre. Toute
la politique de la présente république
converge à la laïcisation. C'est l'esprit
du parti d'éliminer la religion de la
société. L'œuvre est fort avancée de
puis quinze ans, tellement qu'il n'y a
plus que le lien, déjà bien relâché, du
Goneordat à briser pour réaliser le
programme.
Un des plus libre-penseurs du
parti, M. Sigismorid Lacroix, consi
dère la notion de la laïcité sociale
comme définitivement établie aujour
d'hui en France. Et certes, il a le
droit d'en féliciter la république, qui
s'est efforcée de l'implanter dans les
esprits, en même temps qu'elle tra
vaillait a la réaliser dans les faits. Or,
cette notion, « devenue aujourd'hui
générale en France, de la société
laïque, de la société éliminant du rè
glement des rapports des citoyens en
tre eux la préoccupation des idées
religieuses, de la société considérant
la religion comme affaire privée qui
ne relève que de la conscience de
chacun, et qui, dès lors n'intéresse
en rien la collectivité », cette notion,
lé rédacteur du Radical la déclare
inhérente à l'état de choses républi
cain, et il en conclut à l'inévitable
séparation de l'Eglise et de l'Etat.
Et voici son raisonnement : « Du
moment que l'idée de Dieu et d»
tout ce qui s'ensuit est sortie, d'après
l'opinion générale, du domaine col
lectif pour rentrer dans le domaine
individuel, une Eglise liée à l'Etat ne
se conçoit plus : religion , culte ,
église, propagande religieuse, tout
cela échappe à l'action de l'Etat, qui
accorde à toutes les opinions et à
toutes les manifestations d'opinions
la même liberté,ou qui leur impose à
toutes les mêmes restrictions, qui les
soumet toutes au même droit com
mun. »
Ge n'est pas la logique qui manque
aux déductions du journaliste radical.
Il n'est que trop certain qu'on va à la
séparation de l'Eglise et de l'Etat. La
politique de ces quinze dernières an-
ftées l'a préparée; le régime actuel lui
est favorable. Et combien le dénoue
ment qui semble fatal n'aura-t-il pas
eu de complices ! Ge sera, on peut le
dire, la consommation et le triomphe
de la Révolution.
Par la .séparation de l'Eglise et de
l'Etat, nos adversaires, ne l'oublions
fias, n' entendent point ce régime de
iberté réciproque qui a été, qui est
encore le rêve du catholicisme libé
ral, et qu'on a traduit par cette for
mule : L'Eglise libre daris l'Etat libre ;
non, ce n'est pas à cette douce utopie
que les événements nous conduisent :
la séparation de l'Eglise et de l'Etat à
laquelle nous marchons par la laïcisar
tion, c'est la répudiation publique de
l'idée religieuse,l'apostasie sociale vis-
à-vis dé Dieu et de Jésus-Christ.
Il ne s'agit pas seulement ici de l'a
brogation du Concordat. On pourrait
concevoir pour l'Eglise une situation
sortable en dehors du Concordat de
1801.11 lui suffirait de la liberté pour vi
vre.Le Concordat, il est bien des catho
liques zélés aujourd'hui qui en aban
donneraient les avantages pour recou
vrer l'indépendance de l'Eglise. Mais
comme le Concordat est l'œuvre du
Souveïain Pontife, à qui seul il appar
tient d'en décider le maintien ou la
cessation, les catholiques n'ont pas
d'autre conduite à tenir aujourd'hui
vis-à-vis de lui que de n'en désirer
ni d'en craindre l'abrogation. Avec
un gouvernement loyal, avec des ad
versaires de bonne foi, le lien con
cordataire pourrait être rompu sans
détriment absolu pour la religion,"
sans même qu'il en résultât cette sé
paration de l'Eglise et de l'Etat qui
doit être, dans l'esprit de la franc-
maçonnerie dominante, la sécularisa
tion absolue de la société, l'asservis
sement complet de la religion.
La séparation de l'Eglise et de l'Etat
dont nous sommes menacés par le dé
veloppement logique du programme
républicain, c'est la proscription de
l'Eglise, c'est son exclusion absolue
de la société. Peut-être y mettra-t-on
des formes. Nos adversaires, si peu
qu'il reste encore d'opportunisme
chez eux, auront la bonté de nous
dire qu'ils n'ont pas d'autre intention
que de placer l'Eglise sous le droit
commun. Mais ce droit commun, qui
remplacera le Concordat, est incompa
tible avec les droits absolus, avec les
libertés nécessaires de l'Eglise, si bien
qu'il équivaut pour elle à la suppres
sion, à la mort. Les fauteurs de la sé
paration le savent.
Et lorsqu'ils annoncent cette me
sure comme le terme inévitable au
quel tendent à la fois les aspirations
de l'esprit public et les actes du régime
actuel, ils nous .prédisent simplement
que nous allons à la persécution avec
leur république. A nous donc d'aviser
au meilleur moyen de combattre cette
tendance et de prévenir un dénoue
ment qui menace de sortir de la situa
tion.
A rthur L oth.
Mgr l'évêque de Séez nous fait l'hon
neur de nous communiquer la lettre
suivante, qu'il a adressée à M. Dugué
de la Fauconnerie, député de l'Orne :
Monsieur le député,
On vient de me communiquer une lettre
intitulée : Un sauvage à son curé , et signée
de votre nom.
Ce curé, vous ne le nierez pas, c'est tout
le clergé de mon diocèse, dont vous ne
pouvez me séparer. C'est pourquoi, je
vous demande la permission de répondre à
votre lettre, en mon nom et au nom de
tout mon clergé.
, Je ne vous suivrai] pas dans tous les dé
tails,^ce serait trop long et inopportun;
mais il est des considérations, des conseils,
des avis que vous voulez bien nous donner
et que je ne puis passer sous silence : ma
conscience m'en fait un devoir.
Je dois cependant vous rendre justice.
Vous vous servez contre nous de toutes les
armes de votre riche arsenal, avec une
véritable habileté. Vous nous dites : « Il
« faut vivre comme je vis dans le monde
« des politiciens pour voir le péril qui vous
« menace et que je veux vous signaler. »
Si nous n'avons pas, comme vous, l'hon
neur d'être admis dans les cercles intimes
dont vous parlez, nous avons les actes de
vos politiciens qui nous permettent de les
juger à leur juste valeur; et vous ne par
viendrez que difficilement à nous prouver
qu'ils ne nous sont pas perfidement hos
tiles.
Gela est plus que suffisant pour nous
éclairer.
Vous avez tour à. tour, monsieur le dé
puté, recours à la menace, aux sages et
prudents conseils.
« Prenez garde I nous dites-vous, si vous
ne vous soumettez pas, on va dénoncer le
Concordat. »
Vous poussez môme la condescendance
jusqu'à préparer vous-même l'éloquent dis:
cours que devra nous adresser, du haut de
■la tfibune, le chef du gouvernement Mais
pourquoi donc vous mettre ainsi en frais de
menaces? Il n'apparlient ni à vous, ni à
personne, de traiter la question du Concor
dat. C'est affaire entre les deux parties con
tractantes, le gouvernement de la France et
le Saint-Siège.
Permettez-moi encore une simple ré
flexion. Les paroles que vous prêtez au
chef de l'Etat ne lui font pas honneur, car
elles ne prouveraient que son dédain de la
justice et du droit ; et je veux espérer,
dans l'intérêt de mon pays, que nous ne
les entendrons jamais. Pour nous convain
cre, vous avez recours à un autre moyen
qui nous blesse plus intimement encore.
Prenez garde ! nous dites-vous. Plus de
Concordat, il ne vous restera que la mendi
cité (le mot s'y trouve) ; vous devenez des
mendiants. Fasse Dieu que vos menaces ne
se réalisent jamais ! mais s'il nous fallait
subir un jour cette cruelle épreuve, nous
aurions le courage d'imiter les Apôtres,
qui ne craignaient pas, en face de leurs
juges, de proclamer sans peur qu'il vaut
mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, sans
se préocouper du lendemain.
Enoore une question, monsieur le député.
Je ne vous reconnais pas le droit d'exciter
mon olergé contre une classe de la société
qui, à mon avis, n'est pas la moins hono
rable. Le prêtre se doit au château comme
à la chaumière. Si ce n'est pas ainsi que
vous considérez son ministère, vous qui
vous croyez autorisé à lui donner des con
seils, je vous plains.
Vous allez plus loin encore : vous trou
vez étrange que nous n'acoeptions pas de
gaieté de cœur la loi scolaire que, dai^s 1b
temps, j'ai stigmatisée de mon mieux, ce
qui m'a valu une condamnation dont je
m'honore.
Vous êtes catholique : comment ne
voyez-vous pas que votre lettre blesse en
plein cœur tous les catholiques?
Vous a-i-on enlevé la chaire ? dites-vous
plus loin, le presbytère? Véglise 1 Ajoutez
donc, avec l'humeur bon enfant qu'on vous
prête : N'avez-vous pas le pot au feu?
Si c'est ainsi que vous comprenez le mi
nistère sacerdotal, il vous reste beaucoup à
étudier avant de pouvoir l'apprécier à. sa
juste valeur.
Quand le Maître envoyait ses disciples à
la conquête du monde, il leur tenait un au
tre langage : « Allez, leur disait-il, ensei
gnez toutes les nations ; prêchez sur les
montagnes ; que les vallons retentissent dè
votre voix ». Et vous, monsieur, vous trou
vez bon qu'on nous ferme la porte des
écoles, l'entrée des hôpitaux, qu'on en
ohasse nos religieux et nos religieuses, et
qu'on les ruine par une loi fiscale tellement
odieuse qu'on n'ose à peine l'appliquer.
Vous vous censolez de voir nos sémina
ristes à la caserne, nous promettant, à leur
retour, des gars solides. Peut-on pousser
plus loin l'irenie, j'allais dire le cynisme?
Nous aimons à espérer, sans doute, que
nos vaillants séminaristes sauront surmon
ter sans défaillance et avec honneur cette
cruelle épreuve; mais nous ne pouvons par
tager votre optimisme de les voir nous re
venir meilleurs : ce serait contraire au bon
sens et faire preuve d'une ignorance cou
pable de la triste situation qui leur est faite.
Quoi qu'il en soit, si nous sommes obligés
de subir la loi, nous avons le droit de flétrir
l'intention de ceux qui l'ont provoquée ; et
qu'on ne m'accuse pas ici d'exagération,
ils s'en sont vantés eux-mêmes : vider nos
séminaires et tarir dans sa source les voca
tions sacerdotates, c'est-à-dire attaquer la
religion dans sa base en la privant de ses
ministres, tel est leur but.
Vous nous engagez à accepter la Répu
blique : nous ne nous y refusons pas, car
elle ne nous effraye pas ; mais à une condi
tion : c'est que la République sous rende
les libertés légitimes qu'elle nous a extor
quées, qu'elle respecte nos droits de catho
liques et de Français : car jamais nous
n'accepterions un gouvernement, soit mo
narchique soit impérialiste, s'il devait sui
vre les mêmes errements ; nous ne pour
rions l'accepter sans prévariquer. Nous
sommes citoyens français au même titre
que ceux qui nous persécutent ; nous avons
le droit de le proclamer bien haut, comme
autrefois saint' Paul devant ses juges :
civis Romanus surn. En conséquence, nous
protestons contre les lois exceptionnelles
qui nous frappent; et nous réclamons les
libertés auxquelles nous avons droit.
Je m'arrête, monsieur le député. Les
conseils qu'il vous plaît de donner à votre
curé, en terminant votre lettre, me sem
blent tellement déplacés, pour ne pas dire
autre chose, que je ne puis pas convena
blement me permettre de les relever.
Agréez, je vous prie, monsieur le député,
mes sentiments distingués,
f François-Marie,
Evêque de Séez.
A propos des subventions accor
dées tout récemment encore par le
conseil municipal à des établissements
d'instruction primaire libres, on s'est
demandé comment ces allocations
pouvaient se concilier avec les déci
sions rendues par le eoiiseil d'Etat,
notamment à l'occasion d'un recours
formé par la ville de Nantes. On se
rappelle, en effet, que le conseil mu
nicipal de Nantes, croyant pouvoir
s'autoriser de l'exemple du conseil
municipal de Paris, avait lui aussi
voté des subsides pour des établisse
ments d'instruction primaire libres,
dirigées par les frères.
Lorsque cet argument a été porté
au conseil municipal de Paris par des
membres de la droite, le préfet de la
Seine s'est vainement efforcé d'établir
que les subventions de la ville de Pa
ris n'avaient pas le même caractère
que celles de la ville de Nantes, les
deux cas étant absolument identiques
quant au principe et la différence n'exis
tant que dans le caractère,- laïque à
Paris, religieux à Nantes, des écoles
auxquelles étaient attribuées les allo
cations. Mais il faut^ croire qu'aux
yeux des politiciens qui nous gouver-^
nent, cette différence est capitale, car
le conseil municipal de Paris conti
nue de faire, avec la bienveillante tolé- '
rance de l'administration, cèqu'on in-r
terdit au conseil municipal de Nantes
comme une illégalité.
Voulant avoir le cœur net de cette
situation, un contribuable parisien a
eu la bonne pensée, on se le rappelle,
de déférer au conseil d'Etat les délibé
rations du conseil municipal de Paris.
Mais, si le conseil d'Etat s'est trouvé
{>rêt à juger rapidement et à rejeter
e recours des Nantais,il ne semble pas
s'occuper avec la même ardeur du rer
cours parisien, dont on attend vaine
ment la solution depuis plusieurs
mois.
Pourtant, ainsi que l'observa le
Journal des Débats , il y aurait eu in
térêt à ce que la question fût tran
chée avant le vote du nouveau budget.
Il n'est, pas malaisé, d'ailleurs, de de
viner le pourquoi des hésitations du
conseil d'Etat. A moins de se déjuger*
il faut qu'il se prononce contre la lé*
galité des agissements du conseil mu
nicipal de Paris, comme il l'a. fait
contre les résolutions du conseil mu
nicipal'de Nantes. Et, si tard qu'il y
vienne, il lui faudra bien se pro
noncer et faire savoir si l'égalité
existe réellement devant la loi ; si
pour la transgresser il suffit d'être
libre-penseur, ou s'il suffit d'être ca
tholique pour n'en pouvoir béné
ficier.
A uguste R oussel.
Les Aveux
Un professeur au Collège de France,
M. James Darmesteter, va publier un
livre destiné à démontrer que le
«' Prophétisme », c'est-à-dire l'en
semble des doctrines proclamées par
les prophètes d'Israël, est. un dps élé
ments essentiels des Religions de l'A
venir. Sous ce titre, la Berne Bléue
insère la préface de l'ouvrage an->
noncé.
Cette préface contient une théorie
confuse et des assertions hasardées
ou contradictoires, mais on y voit
aussi autre chose : un jugement très
clair et des appréciations catégoriques
au sujet de la science incrédule, dite
moderne. Voici comment M. Darmes
teter ponstate l'impuissance de cette
école à résoudre les problèmes qui
passionnent l'humanité :
La science arme l'homme, mais - , ne le di
rige pas : elle éclaire pour lui le monde jus
qu'aux derniers confins des étoiles, elle
laisse la nuit dans son cœur ; elle est invin
cible et indifférente, neutre, immorale.
Laissons la science pratique, qui claire
ment n'est qu'un instrument, et, comme
tout instrument, neutre entre le bien et
le mal, selon la main qui la manie ;
qui travaille pour le démon comme pour
Dieu, découvre la mélinite comme la vac
cine, arme la guerre comme la paix, fait
périr et fait vivre, change la quantité de
bien et de mal, non leur proportion. Mais
l'autre science, la vraie, la grande, celle
qui ne travaille point pour une récompense,
mais e3tsa fin à elle-même, celle qui élargit
l'âme à là taille de. Dieu, qui l'ennoblit de
toute la beauté de l'univer3, la pacifie du si
lence des infinis, que dira-t-elle à l'homme qui
vient lui demander son mot d'ordre pour la
FEUILLETON DE L 'UNIVERS
du 14 janvier 1892
CAUSERIE SCIENTIFIQUE
lnseetîclde
«Enjuin 1888, raconte M. Decaux aux
membres de l'académie des sciences, en
traversant des ohamps de betteraves à So-
lesmes (Nord), je fus frappé de trouver
au milieu des champs de céréales et de betr
teraves à moitié détruits par les larves du
Melolontha vulgaris (hanneton), une magni
fique récolte de betteraves, complètement
indemne. Je remarquai alors à la surface du
sol, un certain nombre de bouts de chif
fons d'un aspect noirâtre ; ces chiffons pro
venaient de la compagnie du chemin de fer
du Nord, où ils avaient servi au nettoyage
des locomotives, de la lampisterie, etc. Le
pétrole ou autres composés hydrocarbures
dont ils étaient imprégnés avait préservé
ies récoltes contre les insectes vivant en
terre. »
En juin 1891, M. Decaux constata les
mômes effets sur des terres fumées de la
sorte en 1888 et 1889. Les propriétaires af
firmaient qu'ils n'avaient pas eu à souffrir
du mans depuis trois ans, dans les terres
engraissées avec des chiffons pétrolés.
Même observation dans un champ magni
fique, sur le territoire de Briastre (Nord), à
deux pas d'une culture infestée par Yllete-
rodera Schachlii.
Les chiffons imprégnés de pétrole et
•d'autres hydrocarbures auraient donc une
action destructive prolongée (trois ans au
bhsb
moins) sur les vers blancs, les vers gris,
Ylleterodera, etc.
M. Decaux n'hésite pas à signaler ces ob
servations aux syndicats constitués pour la
préservation des vignes contre le phyl
loxéra. Celui-ci a les mêmes habitudes que
VHelerodera ; comme lui, il suce les radi
celles des plantes. Faut-il en conclure, aveo
le correspondant de l'académie, que ce qui
tue l'un tuera l'autre ?
L'expérience est à tenter. Il reste en
core 1,200,000 hectares de vignes épar
gnés par le terrible insecte. Ne pourrait-on
essayer de les préserver en les fumant avec
des chiffons hydrocarburés, qu'on renou
vellerait tous les trois ans ?
La dépense serait minime ; il me semble
que les vignerons, ceux surtout qui voient
approcher le redoutable fléau, perdraient
peu à risquer l'expérience.
M. Decaux recommande l'emploi des
chiffons de laine, qui agiraient en outre
comme engrais puissant sur la vigne.
Rhumatismes
0 mornes rhumatisants et vous, pante
lants arthritiques, que donneriez-vous pour
être soulagés de vos maux, tant des aigus
que des chroniques? Qui de vous, dans une
belle crise articulaire, n'a pas supplié Dieu
de changer cette abominable torture en une
bonne rage de dent, contre laquelle vous
avez au moins l'art et la main du dentiste?
Mais que faire, contre cet hôte encom
brant et capricieux qui a nom rhumatisme?
On peut l'amadouer quelquefois, adoucir
ses mœurs barbares, l'endormir pour un
temps ; quant à le tuer ou à le chasser, c'est
un rêve.
Le docteur Le Roux jure qu'il a enfin dé
couvert la véritable cause de la diathèse
rhumatismale. Il est doux de le croire, plus
doux encore d'avoir confiance en son trai
tement car, je n'ai pas besoin de vous dire
qu'ayant découvert la cause du mal, il avait
mis la main sur le remède. Suivant M. Le
Roux, le rhumatisme est dû à l'envahisse
ment de l'intestin par des masses zoogléï-
ques, connues sous le nom de glaires intes
tinales.
On croyait que ces glaires étaient un ex
sudât de la muqueuse intestinale, un mucus
plus ou moins concret, dont la sécrétion
plus ou moins abondante était un effet et
non une cause de maladie. A côté de ces
glaires, la médecine avait remarqué depuis
longtemps des lamelles membraneuses.
Quelques unes de ces membranes affectent
même, quoique rarement, la forme tubu-
laire. On croyait donc qu'elles provenaient
d'une desquamation partielle ou totale d'une
portion de l'intestin. Robin, dans son
Traité des humeurs , en rapporte de curieux
exemples.
Mais M. Le Reux, arthritique dès l'en
fance, s'est voué par profession et par in
térêt personnel, à l'étude des manipulations
de la diathèse rhumatismale.
lia observé pendant cinquante années;
il a démêlé la connexité de certains acci
dents morbides avec la production dans
l'intestin des substances glaireuses. 11 a
appris à les expulser ; à les recueillir et à en
observer les formes. Il s'est sauvé la vie.
Les glaires intestinales varient de gran
deur dans la proportion de 1 à 20. Leur
disposition est celle d'ailettes membraneu
ses disposées autour d'un tronc très grêle
d'apparence tubuleuse. Quand on les a ex
pulsées des intestins, on voit des façons de
paquets de couleur ambrée, qui se débobi
nent et se gonflent dans l'eau. Tout indique
que ces paquets sortent de poches tubu-
leuses, plus ou moins allongées. M. Le
Roux appelle ces poches tubes générateurs.
Ces tubes se gonflent considérablement
sous l'influence de l'acide tannique ; l'acide
salicylique, au contraire, les contracte. Par
l'emploi judieieux de ces deux corps ou
d'une solution cuivreuse, M. Le Roux ex
trait de l'intestin les tubes générateurs qui,
pendant des années, avaient résisté à tous
les agents purgatifs
Une amélioration profonde dans l'état
général résulte de cette élimination des
tubes générateurs des glaires.
A l'examen microscopique, ces glaires,
formées d'une masse de microcoques [micro-
coccus glarex) entourés de mucilage et en
tremêlés de bactéries paraissant former
des oolonies.
Ces paquets paraissent être éminemment
toxiques ; leur passage dans l'intestin,
qu'on peut, dans certain cas, constater aveo
précision, se manifeste, en effet, par des
malaises presque instantanés, les uns géné
raux, les autres locaux. Sont-ils toxiques
par eux-mêmes, servent-ils de support à
des espèces nocives ? M. Le Roux pense
que l'action délétère des paquets est due à
ces deux causes à la fois.
Les allures si capricieuses des orises
rhumatismales et des affections qui en dé
pendent s'expliquent facilement si l'on re
marque que les tubes générateurs peuvent
former des magasins d'une capacité plus
ou moins considérables. Ceux-ci, suivant
les cas, déversent leurs produits dans l'in
testin d'une manière à peu près uniforme
et, par cela même, modérée, oubien par à-
coups ; dans ce dernier cas, l'organisme
est impuissant à éliminer le poison avec
une vitesse suffisante ; il agit alors plus
ou moins violemment.
Ses effets varient suivant les individus ;
après le rhumatisme articulaire aigu, c'est
la migraine, les soubresauts, une certaine
variété d'obésité, l'inflammation des glan
des salivaires ; puis la gastralgie, puis,
etc., etc. (voir Molière), enfin l'inflamma
tion chronique et générale des vaisseaux
sanguins amenant comme terme final l'hé
morragie et, en particulier, l'hémorragie
cérébrale.
Et M. Le Roux ne promet la guérison ra
dicale qu'après des années de médication
quotidienne !
m
On a le temps de mourir d'autre chose.
Mais enfin on est soulagé, paraît-il. L'ex
pulsion des tubes générateurs produit une
amélioration générale ; mais il faut les ex
pulser tous peur être guéri, et peut-être
faut-il les empêcher de renaître. C'est la
médecine à perpétuité.
L'observatoire du mont Blanc >
Dans sa note du 27 juillet dernier,
M. Janssen informait l'Académie de son
projet de faire procéder, près du sommet
du mont Blanc, à des travaux de sondage,
en vue de déterminer l'épaisseur de la
glace qui recouvre la roche et l'impor
tance des fondations du futur observa
toire.
Les travaux ont été commencés au mois
d'août. M. Eiffel, le grand homme à la tour,
accepta de diriger les travaux et chargea
M. Imfeld, ingénieur suisse distingué, de
leur exécution.
Ge n'était pas une petite affaire. Les nei
ges du mont Blanc sont autrement immor
telles que les principes de 89 ; elles sont là-
haut depuis que le monde est monde, et
personne n'a jamais eu l'idée d'en mesurer
l'épaisseur.
Qu'y a-t-il sous ce manteau blanc sans
tache ? Cette plateforme de glace inclinée,
longue de 100 mètres de l'est à l'ouest,
large de 10 du sud au nord, qui constitue
le sommet du mont Blanc, recouvre-t-elle
une plateforme de granit, ou, comme le
croit M. Janssen, un « paquet d'aiguilles »?
Quoi qu'il en soit, on attaqua le sommet
du côté de Chamonix, à 12 mètres environ
en courbure du sommet, et on creusa une
galerie horizontale, dirigée du nord au sud,
jusqu'à 23 mètres de profondeur. A ce
moment, le fond de la galerie se trouvait à
peu près sous l'aplomb du sommet. On n'a
vait trouvé que de la neige, de plus en plus
durcie, il est -vrai, mais non constituée en
glace véritable. .
Pour assurer la sécurité des travailleurs,
MM. Janssen et Eiffel jugèrent prudent
de bâtir à rentrée de la galerie une cabane,
enfouie dans la neige et formant tête da.
galerie. C'était un abri en cas de mauvais?
temps, et une protection contre l'envahis
sement du tunnel par les neiges. Cette ca-i
bane devait, en outre, renseigner sur les
mouvements des neiges vers la sommet.
Nous verrons tout à l'heure ce que sont oq
ce que peuvent être ces mouvements.
Ces travaux occupèrent une grande flirs
tie du mois d'août, mais ils furent Malheu
reusement, contrariés par le Mauvais temps.
M. Imfeld fut alors aussi obligé d'abasH
donner les travaux, rappelé chez lui par des
affaires urgentes. Il fut remplacé par l'in
fatigable M. Janssen en personne.
M. Janssen, arrivé sous l'aplomb du
mont Blanc, fit creuser une nouvelle gale
rie, mais celle-ci dans la direction est-
ouest, c'est-à-dire suivant la plus grande
dimension de la plate forme du sommet* il
avait ainsi plus de chances, do rencontrer
une des aiguilles en granit, à supposer qu'il
en existât; il fit même obliquer cette galoi*iet
du côté italien, où se montrent les rocheg
les plus voisines de la cime. Cette seoonde
galerie, comme la première, fut poussée
jusqu'à 23 mètres.
Au cours de ce nouveau travail, les ou
vriers constatèrent un intéressant phéno
mène d'acoustique. La voix s'éteint dans
les galeries. A vingt mètres de distance,
les ouvriers ne pouvaient plus se faire en
tendre. En revanche, le son traverse facile
ment de grandes épaisseurs de neige com
pacte. Le phénomène, en soi, est très facile
à comprendre. La raréfaotion de l'air à
cette hauteur explique la première observa
tion,la conductibilité acoustique des solides
explique la seconde.
Avec ces 46 mètres de galerie, M. Janssen
n'àpas encore trouvé le roc. Il s'en consola
en disant que «la tête du mont Blanc a une
centaine de mètres de longueur et qu'une
H* 8761 — Edition Quotidiens
Jeudi 14 Janvier 1892
mmKmmtaiÊmmmmaÊmimiÊÊmmÊÊÊÊmm
ÉDITION
paris
et départements
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UN NUMÉRO j gSËÛÏii».
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ANNONCE8
MM. LAGRANGE, CERF et C'°, 6, plaoa de la Bourse •
FRANCE
PARIS, 13 JANVIER 1892
Les deux séances d'ouverture de la
session ordinaire au Sénat et à la
Chambre des députés n'ont offert au
cun intérêt. Le président d'âge au Sé
nat, M. Kiener, a fait dans son allo
cution l'éloge des sénateurs morts.
M. Pierre Blanc, le « vieil Allobroge »,
s'est lancé dans des effusions répu-
caines que la gauche a daigné ap
plaudir. Les députés ont procédé en
suite à l'élection du bureau ; ont été
élus : président, M. Floquet par
260 voix seulement sur 387. votants;
vice-présidents, MM. de Mahy, Casi-
rrii r-Périer, Peytral et Viette, ce der
nier par 221 voix contre M. Cavai-
gnac ; secrétaires, MM. de la Batut,
de Bar, de Villebois-Mareuil (ces deux
derniers de la droite), Hervieu et
Saint-Germain ; il reste trois secré
taires à nommer; questeurs, MM. Bi-
zarelli, Guillaumou et Royer.
Seul, le Sénat se réunit aujourd'hui.
Il doit nommer son bureau ; il aura un
questeur à élire en remplacement de
l'amiral Peyron ; les groupes républi
cains se sont occupés hier du choix à
faire ; le centre gauche présentait
M. le général Grévy; la gauche et
l'union républicaines, M. le général
Deffis ; l'union démocratique de
M. Ranc, M. Gombescure. Le général
Deffis a été désigné, mais l'union dé
mocratique se réserverait de voter au
premier tour de scrutin pour M. Gom
bescure, quitte à se rallier au second
au général Deffis, dont l'élection reste
assurée.
On annonce que M. Ranc réclame
une place de secrétaire pour son
union démocratique; la demande ren
contre de l'opposition.
Sur le conseil des ministres tenu
hier, l'officieuse Agence Havas ne nous
a communiqué qu'une note des moins
explicites; mais divers journaux,
parmi lesquels le Journal des Débats,
annoncent que & le conseil s'est oc
cupé du projet sur les associations,
dont le gouvernement a pris l'engage
ment d'effectuer le dépôt lors des der
niers débats sur l'attitude du clergé.
Ce projet serait déposé à bref délai'
sur le bureau de la Chambre ». Que
nous donnera le gouvernement? Nous
serions bien agréablement surpris
s'il présentait une loi de véritable li
berté.
On'aura sans doute remarqué aux
Dernières Dépêches d'hier les rensei
gnements relatifs à l'attitude du sul
tan du Maroc dans la question du
Touat Le sultan, qui a échoué dans
ses tentatives sur le Touat et qui n'ar
rive pas à maintenir l'ordre parmi les
tribus de son empire, prétendrait ce
pendant que la France reconnaisse
son autorité sur les oasis du Touat. Le
ministre français a fait une réponse
évasive. Il est à croire que quelque
puissance pousse le gouvernement
marocain dans la circonstance. Serait-
il bien difficile de trouver laquelle?
Gomme on l'annonçait, le Reichs-
tag allemand a repris ses séances.
Les députés se sont voté une rému
nération ; mais cela est sans impor
tance. L'intérêt de la journée a été
dans une discussion où il a été fort
question de M. de Bismarck, glorifié
f>ar les uns et violemment attaqué par
es autres. On est allé si loin que le
président a dû prononcer des rappels
à l'ordre.
En voyant que la personnalité de
l'ex-grand chancelier soulève encore
des orages, sans même qu'il soit pré
sent, on comprend mieux qu'il ne se
considère pas comme fini.
On essaye quelquefois de distinguer
la république actuelle de la franc-ma
çonnerie. Dans les rangs du parti ré
publicain il ne manque pas de modé
rés pour protester contre l'assimila
tion. Surtout, ils ne veulent pas en
tendre dire que la franc-maçonnerie
est la directrice de la politique,
l'âme du gouvernement.
N'insistons pas. Il suffit de compa
rer le programme bien connu de la
franc-maçonnerie avec les actes du ré
gime actuel. La franc-maçonnerie vise
à la destruction du catholicisme par la
sécularisation de la société. Si le but
n'est pas encore atteint, les moyens
sont mis activement en œuvre. Toute
la politique de la présente république
converge à la laïcisation. C'est l'esprit
du parti d'éliminer la religion de la
société. L'œuvre est fort avancée de
puis quinze ans, tellement qu'il n'y a
plus que le lien, déjà bien relâché, du
Goneordat à briser pour réaliser le
programme.
Un des plus libre-penseurs du
parti, M. Sigismorid Lacroix, consi
dère la notion de la laïcité sociale
comme définitivement établie aujour
d'hui en France. Et certes, il a le
droit d'en féliciter la république, qui
s'est efforcée de l'implanter dans les
esprits, en même temps qu'elle tra
vaillait a la réaliser dans les faits. Or,
cette notion, « devenue aujourd'hui
générale en France, de la société
laïque, de la société éliminant du rè
glement des rapports des citoyens en
tre eux la préoccupation des idées
religieuses, de la société considérant
la religion comme affaire privée qui
ne relève que de la conscience de
chacun, et qui, dès lors n'intéresse
en rien la collectivité », cette notion,
lé rédacteur du Radical la déclare
inhérente à l'état de choses républi
cain, et il en conclut à l'inévitable
séparation de l'Eglise et de l'Etat.
Et voici son raisonnement : « Du
moment que l'idée de Dieu et d»
tout ce qui s'ensuit est sortie, d'après
l'opinion générale, du domaine col
lectif pour rentrer dans le domaine
individuel, une Eglise liée à l'Etat ne
se conçoit plus : religion , culte ,
église, propagande religieuse, tout
cela échappe à l'action de l'Etat, qui
accorde à toutes les opinions et à
toutes les manifestations d'opinions
la même liberté,ou qui leur impose à
toutes les mêmes restrictions, qui les
soumet toutes au même droit com
mun. »
Ge n'est pas la logique qui manque
aux déductions du journaliste radical.
Il n'est que trop certain qu'on va à la
séparation de l'Eglise et de l'Etat. La
politique de ces quinze dernières an-
ftées l'a préparée; le régime actuel lui
est favorable. Et combien le dénoue
ment qui semble fatal n'aura-t-il pas
eu de complices ! Ge sera, on peut le
dire, la consommation et le triomphe
de la Révolution.
Par la .séparation de l'Eglise et de
l'Etat, nos adversaires, ne l'oublions
fias, n' entendent point ce régime de
iberté réciproque qui a été, qui est
encore le rêve du catholicisme libé
ral, et qu'on a traduit par cette for
mule : L'Eglise libre daris l'Etat libre ;
non, ce n'est pas à cette douce utopie
que les événements nous conduisent :
la séparation de l'Eglise et de l'Etat à
laquelle nous marchons par la laïcisar
tion, c'est la répudiation publique de
l'idée religieuse,l'apostasie sociale vis-
à-vis dé Dieu et de Jésus-Christ.
Il ne s'agit pas seulement ici de l'a
brogation du Concordat. On pourrait
concevoir pour l'Eglise une situation
sortable en dehors du Concordat de
1801.11 lui suffirait de la liberté pour vi
vre.Le Concordat, il est bien des catho
liques zélés aujourd'hui qui en aban
donneraient les avantages pour recou
vrer l'indépendance de l'Eglise. Mais
comme le Concordat est l'œuvre du
Souveïain Pontife, à qui seul il appar
tient d'en décider le maintien ou la
cessation, les catholiques n'ont pas
d'autre conduite à tenir aujourd'hui
vis-à-vis de lui que de n'en désirer
ni d'en craindre l'abrogation. Avec
un gouvernement loyal, avec des ad
versaires de bonne foi, le lien con
cordataire pourrait être rompu sans
détriment absolu pour la religion,"
sans même qu'il en résultât cette sé
paration de l'Eglise et de l'Etat qui
doit être, dans l'esprit de la franc-
maçonnerie dominante, la sécularisa
tion absolue de la société, l'asservis
sement complet de la religion.
La séparation de l'Eglise et de l'Etat
dont nous sommes menacés par le dé
veloppement logique du programme
républicain, c'est la proscription de
l'Eglise, c'est son exclusion absolue
de la société. Peut-être y mettra-t-on
des formes. Nos adversaires, si peu
qu'il reste encore d'opportunisme
chez eux, auront la bonté de nous
dire qu'ils n'ont pas d'autre intention
que de placer l'Eglise sous le droit
commun. Mais ce droit commun, qui
remplacera le Concordat, est incompa
tible avec les droits absolus, avec les
libertés nécessaires de l'Eglise, si bien
qu'il équivaut pour elle à la suppres
sion, à la mort. Les fauteurs de la sé
paration le savent.
Et lorsqu'ils annoncent cette me
sure comme le terme inévitable au
quel tendent à la fois les aspirations
de l'esprit public et les actes du régime
actuel, ils nous .prédisent simplement
que nous allons à la persécution avec
leur république. A nous donc d'aviser
au meilleur moyen de combattre cette
tendance et de prévenir un dénoue
ment qui menace de sortir de la situa
tion.
A rthur L oth.
Mgr l'évêque de Séez nous fait l'hon
neur de nous communiquer la lettre
suivante, qu'il a adressée à M. Dugué
de la Fauconnerie, député de l'Orne :
Monsieur le député,
On vient de me communiquer une lettre
intitulée : Un sauvage à son curé , et signée
de votre nom.
Ce curé, vous ne le nierez pas, c'est tout
le clergé de mon diocèse, dont vous ne
pouvez me séparer. C'est pourquoi, je
vous demande la permission de répondre à
votre lettre, en mon nom et au nom de
tout mon clergé.
, Je ne vous suivrai] pas dans tous les dé
tails,^ce serait trop long et inopportun;
mais il est des considérations, des conseils,
des avis que vous voulez bien nous donner
et que je ne puis passer sous silence : ma
conscience m'en fait un devoir.
Je dois cependant vous rendre justice.
Vous vous servez contre nous de toutes les
armes de votre riche arsenal, avec une
véritable habileté. Vous nous dites : « Il
« faut vivre comme je vis dans le monde
« des politiciens pour voir le péril qui vous
« menace et que je veux vous signaler. »
Si nous n'avons pas, comme vous, l'hon
neur d'être admis dans les cercles intimes
dont vous parlez, nous avons les actes de
vos politiciens qui nous permettent de les
juger à leur juste valeur; et vous ne par
viendrez que difficilement à nous prouver
qu'ils ne nous sont pas perfidement hos
tiles.
Gela est plus que suffisant pour nous
éclairer.
Vous avez tour à. tour, monsieur le dé
puté, recours à la menace, aux sages et
prudents conseils.
« Prenez garde I nous dites-vous, si vous
ne vous soumettez pas, on va dénoncer le
Concordat. »
Vous poussez môme la condescendance
jusqu'à préparer vous-même l'éloquent dis:
cours que devra nous adresser, du haut de
■la tfibune, le chef du gouvernement Mais
pourquoi donc vous mettre ainsi en frais de
menaces? Il n'apparlient ni à vous, ni à
personne, de traiter la question du Concor
dat. C'est affaire entre les deux parties con
tractantes, le gouvernement de la France et
le Saint-Siège.
Permettez-moi encore une simple ré
flexion. Les paroles que vous prêtez au
chef de l'Etat ne lui font pas honneur, car
elles ne prouveraient que son dédain de la
justice et du droit ; et je veux espérer,
dans l'intérêt de mon pays, que nous ne
les entendrons jamais. Pour nous convain
cre, vous avez recours à un autre moyen
qui nous blesse plus intimement encore.
Prenez garde ! nous dites-vous. Plus de
Concordat, il ne vous restera que la mendi
cité (le mot s'y trouve) ; vous devenez des
mendiants. Fasse Dieu que vos menaces ne
se réalisent jamais ! mais s'il nous fallait
subir un jour cette cruelle épreuve, nous
aurions le courage d'imiter les Apôtres,
qui ne craignaient pas, en face de leurs
juges, de proclamer sans peur qu'il vaut
mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, sans
se préocouper du lendemain.
Enoore une question, monsieur le député.
Je ne vous reconnais pas le droit d'exciter
mon olergé contre une classe de la société
qui, à mon avis, n'est pas la moins hono
rable. Le prêtre se doit au château comme
à la chaumière. Si ce n'est pas ainsi que
vous considérez son ministère, vous qui
vous croyez autorisé à lui donner des con
seils, je vous plains.
Vous allez plus loin encore : vous trou
vez étrange que nous n'acoeptions pas de
gaieté de cœur la loi scolaire que, dai^s 1b
temps, j'ai stigmatisée de mon mieux, ce
qui m'a valu une condamnation dont je
m'honore.
Vous êtes catholique : comment ne
voyez-vous pas que votre lettre blesse en
plein cœur tous les catholiques?
Vous a-i-on enlevé la chaire ? dites-vous
plus loin, le presbytère? Véglise 1 Ajoutez
donc, avec l'humeur bon enfant qu'on vous
prête : N'avez-vous pas le pot au feu?
Si c'est ainsi que vous comprenez le mi
nistère sacerdotal, il vous reste beaucoup à
étudier avant de pouvoir l'apprécier à. sa
juste valeur.
Quand le Maître envoyait ses disciples à
la conquête du monde, il leur tenait un au
tre langage : « Allez, leur disait-il, ensei
gnez toutes les nations ; prêchez sur les
montagnes ; que les vallons retentissent dè
votre voix ». Et vous, monsieur, vous trou
vez bon qu'on nous ferme la porte des
écoles, l'entrée des hôpitaux, qu'on en
ohasse nos religieux et nos religieuses, et
qu'on les ruine par une loi fiscale tellement
odieuse qu'on n'ose à peine l'appliquer.
Vous vous censolez de voir nos sémina
ristes à la caserne, nous promettant, à leur
retour, des gars solides. Peut-on pousser
plus loin l'irenie, j'allais dire le cynisme?
Nous aimons à espérer, sans doute, que
nos vaillants séminaristes sauront surmon
ter sans défaillance et avec honneur cette
cruelle épreuve; mais nous ne pouvons par
tager votre optimisme de les voir nous re
venir meilleurs : ce serait contraire au bon
sens et faire preuve d'une ignorance cou
pable de la triste situation qui leur est faite.
Quoi qu'il en soit, si nous sommes obligés
de subir la loi, nous avons le droit de flétrir
l'intention de ceux qui l'ont provoquée ; et
qu'on ne m'accuse pas ici d'exagération,
ils s'en sont vantés eux-mêmes : vider nos
séminaires et tarir dans sa source les voca
tions sacerdotates, c'est-à-dire attaquer la
religion dans sa base en la privant de ses
ministres, tel est leur but.
Vous nous engagez à accepter la Répu
blique : nous ne nous y refusons pas, car
elle ne nous effraye pas ; mais à une condi
tion : c'est que la République sous rende
les libertés légitimes qu'elle nous a extor
quées, qu'elle respecte nos droits de catho
liques et de Français : car jamais nous
n'accepterions un gouvernement, soit mo
narchique soit impérialiste, s'il devait sui
vre les mêmes errements ; nous ne pour
rions l'accepter sans prévariquer. Nous
sommes citoyens français au même titre
que ceux qui nous persécutent ; nous avons
le droit de le proclamer bien haut, comme
autrefois saint' Paul devant ses juges :
civis Romanus surn. En conséquence, nous
protestons contre les lois exceptionnelles
qui nous frappent; et nous réclamons les
libertés auxquelles nous avons droit.
Je m'arrête, monsieur le député. Les
conseils qu'il vous plaît de donner à votre
curé, en terminant votre lettre, me sem
blent tellement déplacés, pour ne pas dire
autre chose, que je ne puis pas convena
blement me permettre de les relever.
Agréez, je vous prie, monsieur le député,
mes sentiments distingués,
f François-Marie,
Evêque de Séez.
A propos des subventions accor
dées tout récemment encore par le
conseil municipal à des établissements
d'instruction primaire libres, on s'est
demandé comment ces allocations
pouvaient se concilier avec les déci
sions rendues par le eoiiseil d'Etat,
notamment à l'occasion d'un recours
formé par la ville de Nantes. On se
rappelle, en effet, que le conseil mu
nicipal de Nantes, croyant pouvoir
s'autoriser de l'exemple du conseil
municipal de Paris, avait lui aussi
voté des subsides pour des établisse
ments d'instruction primaire libres,
dirigées par les frères.
Lorsque cet argument a été porté
au conseil municipal de Paris par des
membres de la droite, le préfet de la
Seine s'est vainement efforcé d'établir
que les subventions de la ville de Pa
ris n'avaient pas le même caractère
que celles de la ville de Nantes, les
deux cas étant absolument identiques
quant au principe et la différence n'exis
tant que dans le caractère,- laïque à
Paris, religieux à Nantes, des écoles
auxquelles étaient attribuées les allo
cations. Mais il faut^ croire qu'aux
yeux des politiciens qui nous gouver-^
nent, cette différence est capitale, car
le conseil municipal de Paris conti
nue de faire, avec la bienveillante tolé- '
rance de l'administration, cèqu'on in-r
terdit au conseil municipal de Nantes
comme une illégalité.
Voulant avoir le cœur net de cette
situation, un contribuable parisien a
eu la bonne pensée, on se le rappelle,
de déférer au conseil d'Etat les délibé
rations du conseil municipal de Paris.
Mais, si le conseil d'Etat s'est trouvé
{>rêt à juger rapidement et à rejeter
e recours des Nantais,il ne semble pas
s'occuper avec la même ardeur du rer
cours parisien, dont on attend vaine
ment la solution depuis plusieurs
mois.
Pourtant, ainsi que l'observa le
Journal des Débats , il y aurait eu in
térêt à ce que la question fût tran
chée avant le vote du nouveau budget.
Il n'est, pas malaisé, d'ailleurs, de de
viner le pourquoi des hésitations du
conseil d'Etat. A moins de se déjuger*
il faut qu'il se prononce contre la lé*
galité des agissements du conseil mu
nicipal de Paris, comme il l'a. fait
contre les résolutions du conseil mu
nicipal'de Nantes. Et, si tard qu'il y
vienne, il lui faudra bien se pro
noncer et faire savoir si l'égalité
existe réellement devant la loi ; si
pour la transgresser il suffit d'être
libre-penseur, ou s'il suffit d'être ca
tholique pour n'en pouvoir béné
ficier.
A uguste R oussel.
Les Aveux
Un professeur au Collège de France,
M. James Darmesteter, va publier un
livre destiné à démontrer que le
«' Prophétisme », c'est-à-dire l'en
semble des doctrines proclamées par
les prophètes d'Israël, est. un dps élé
ments essentiels des Religions de l'A
venir. Sous ce titre, la Berne Bléue
insère la préface de l'ouvrage an->
noncé.
Cette préface contient une théorie
confuse et des assertions hasardées
ou contradictoires, mais on y voit
aussi autre chose : un jugement très
clair et des appréciations catégoriques
au sujet de la science incrédule, dite
moderne. Voici comment M. Darmes
teter ponstate l'impuissance de cette
école à résoudre les problèmes qui
passionnent l'humanité :
La science arme l'homme, mais - , ne le di
rige pas : elle éclaire pour lui le monde jus
qu'aux derniers confins des étoiles, elle
laisse la nuit dans son cœur ; elle est invin
cible et indifférente, neutre, immorale.
Laissons la science pratique, qui claire
ment n'est qu'un instrument, et, comme
tout instrument, neutre entre le bien et
le mal, selon la main qui la manie ;
qui travaille pour le démon comme pour
Dieu, découvre la mélinite comme la vac
cine, arme la guerre comme la paix, fait
périr et fait vivre, change la quantité de
bien et de mal, non leur proportion. Mais
l'autre science, la vraie, la grande, celle
qui ne travaille point pour une récompense,
mais e3tsa fin à elle-même, celle qui élargit
l'âme à là taille de. Dieu, qui l'ennoblit de
toute la beauté de l'univer3, la pacifie du si
lence des infinis, que dira-t-elle à l'homme qui
vient lui demander son mot d'ordre pour la
FEUILLETON DE L 'UNIVERS
du 14 janvier 1892
CAUSERIE SCIENTIFIQUE
lnseetîclde
«Enjuin 1888, raconte M. Decaux aux
membres de l'académie des sciences, en
traversant des ohamps de betteraves à So-
lesmes (Nord), je fus frappé de trouver
au milieu des champs de céréales et de betr
teraves à moitié détruits par les larves du
Melolontha vulgaris (hanneton), une magni
fique récolte de betteraves, complètement
indemne. Je remarquai alors à la surface du
sol, un certain nombre de bouts de chif
fons d'un aspect noirâtre ; ces chiffons pro
venaient de la compagnie du chemin de fer
du Nord, où ils avaient servi au nettoyage
des locomotives, de la lampisterie, etc. Le
pétrole ou autres composés hydrocarbures
dont ils étaient imprégnés avait préservé
ies récoltes contre les insectes vivant en
terre. »
En juin 1891, M. Decaux constata les
mômes effets sur des terres fumées de la
sorte en 1888 et 1889. Les propriétaires af
firmaient qu'ils n'avaient pas eu à souffrir
du mans depuis trois ans, dans les terres
engraissées avec des chiffons pétrolés.
Même observation dans un champ magni
fique, sur le territoire de Briastre (Nord), à
deux pas d'une culture infestée par Yllete-
rodera Schachlii.
Les chiffons imprégnés de pétrole et
•d'autres hydrocarbures auraient donc une
action destructive prolongée (trois ans au
bhsb
moins) sur les vers blancs, les vers gris,
Ylleterodera, etc.
M. Decaux n'hésite pas à signaler ces ob
servations aux syndicats constitués pour la
préservation des vignes contre le phyl
loxéra. Celui-ci a les mêmes habitudes que
VHelerodera ; comme lui, il suce les radi
celles des plantes. Faut-il en conclure, aveo
le correspondant de l'académie, que ce qui
tue l'un tuera l'autre ?
L'expérience est à tenter. Il reste en
core 1,200,000 hectares de vignes épar
gnés par le terrible insecte. Ne pourrait-on
essayer de les préserver en les fumant avec
des chiffons hydrocarburés, qu'on renou
vellerait tous les trois ans ?
La dépense serait minime ; il me semble
que les vignerons, ceux surtout qui voient
approcher le redoutable fléau, perdraient
peu à risquer l'expérience.
M. Decaux recommande l'emploi des
chiffons de laine, qui agiraient en outre
comme engrais puissant sur la vigne.
Rhumatismes
0 mornes rhumatisants et vous, pante
lants arthritiques, que donneriez-vous pour
être soulagés de vos maux, tant des aigus
que des chroniques? Qui de vous, dans une
belle crise articulaire, n'a pas supplié Dieu
de changer cette abominable torture en une
bonne rage de dent, contre laquelle vous
avez au moins l'art et la main du dentiste?
Mais que faire, contre cet hôte encom
brant et capricieux qui a nom rhumatisme?
On peut l'amadouer quelquefois, adoucir
ses mœurs barbares, l'endormir pour un
temps ; quant à le tuer ou à le chasser, c'est
un rêve.
Le docteur Le Roux jure qu'il a enfin dé
couvert la véritable cause de la diathèse
rhumatismale. Il est doux de le croire, plus
doux encore d'avoir confiance en son trai
tement car, je n'ai pas besoin de vous dire
qu'ayant découvert la cause du mal, il avait
mis la main sur le remède. Suivant M. Le
Roux, le rhumatisme est dû à l'envahisse
ment de l'intestin par des masses zoogléï-
ques, connues sous le nom de glaires intes
tinales.
On croyait que ces glaires étaient un ex
sudât de la muqueuse intestinale, un mucus
plus ou moins concret, dont la sécrétion
plus ou moins abondante était un effet et
non une cause de maladie. A côté de ces
glaires, la médecine avait remarqué depuis
longtemps des lamelles membraneuses.
Quelques unes de ces membranes affectent
même, quoique rarement, la forme tubu-
laire. On croyait donc qu'elles provenaient
d'une desquamation partielle ou totale d'une
portion de l'intestin. Robin, dans son
Traité des humeurs , en rapporte de curieux
exemples.
Mais M. Le Reux, arthritique dès l'en
fance, s'est voué par profession et par in
térêt personnel, à l'étude des manipulations
de la diathèse rhumatismale.
lia observé pendant cinquante années;
il a démêlé la connexité de certains acci
dents morbides avec la production dans
l'intestin des substances glaireuses. 11 a
appris à les expulser ; à les recueillir et à en
observer les formes. Il s'est sauvé la vie.
Les glaires intestinales varient de gran
deur dans la proportion de 1 à 20. Leur
disposition est celle d'ailettes membraneu
ses disposées autour d'un tronc très grêle
d'apparence tubuleuse. Quand on les a ex
pulsées des intestins, on voit des façons de
paquets de couleur ambrée, qui se débobi
nent et se gonflent dans l'eau. Tout indique
que ces paquets sortent de poches tubu-
leuses, plus ou moins allongées. M. Le
Roux appelle ces poches tubes générateurs.
Ces tubes se gonflent considérablement
sous l'influence de l'acide tannique ; l'acide
salicylique, au contraire, les contracte. Par
l'emploi judieieux de ces deux corps ou
d'une solution cuivreuse, M. Le Roux ex
trait de l'intestin les tubes générateurs qui,
pendant des années, avaient résisté à tous
les agents purgatifs
Une amélioration profonde dans l'état
général résulte de cette élimination des
tubes générateurs des glaires.
A l'examen microscopique, ces glaires,
formées d'une masse de microcoques [micro-
coccus glarex) entourés de mucilage et en
tremêlés de bactéries paraissant former
des oolonies.
Ces paquets paraissent être éminemment
toxiques ; leur passage dans l'intestin,
qu'on peut, dans certain cas, constater aveo
précision, se manifeste, en effet, par des
malaises presque instantanés, les uns géné
raux, les autres locaux. Sont-ils toxiques
par eux-mêmes, servent-ils de support à
des espèces nocives ? M. Le Roux pense
que l'action délétère des paquets est due à
ces deux causes à la fois.
Les allures si capricieuses des orises
rhumatismales et des affections qui en dé
pendent s'expliquent facilement si l'on re
marque que les tubes générateurs peuvent
former des magasins d'une capacité plus
ou moins considérables. Ceux-ci, suivant
les cas, déversent leurs produits dans l'in
testin d'une manière à peu près uniforme
et, par cela même, modérée, oubien par à-
coups ; dans ce dernier cas, l'organisme
est impuissant à éliminer le poison avec
une vitesse suffisante ; il agit alors plus
ou moins violemment.
Ses effets varient suivant les individus ;
après le rhumatisme articulaire aigu, c'est
la migraine, les soubresauts, une certaine
variété d'obésité, l'inflammation des glan
des salivaires ; puis la gastralgie, puis,
etc., etc. (voir Molière), enfin l'inflamma
tion chronique et générale des vaisseaux
sanguins amenant comme terme final l'hé
morragie et, en particulier, l'hémorragie
cérébrale.
Et M. Le Roux ne promet la guérison ra
dicale qu'après des années de médication
quotidienne !
m
On a le temps de mourir d'autre chose.
Mais enfin on est soulagé, paraît-il. L'ex
pulsion des tubes générateurs produit une
amélioration générale ; mais il faut les ex
pulser tous peur être guéri, et peut-être
faut-il les empêcher de renaître. C'est la
médecine à perpétuité.
L'observatoire du mont Blanc >
Dans sa note du 27 juillet dernier,
M. Janssen informait l'Académie de son
projet de faire procéder, près du sommet
du mont Blanc, à des travaux de sondage,
en vue de déterminer l'épaisseur de la
glace qui recouvre la roche et l'impor
tance des fondations du futur observa
toire.
Les travaux ont été commencés au mois
d'août. M. Eiffel, le grand homme à la tour,
accepta de diriger les travaux et chargea
M. Imfeld, ingénieur suisse distingué, de
leur exécution.
Ge n'était pas une petite affaire. Les nei
ges du mont Blanc sont autrement immor
telles que les principes de 89 ; elles sont là-
haut depuis que le monde est monde, et
personne n'a jamais eu l'idée d'en mesurer
l'épaisseur.
Qu'y a-t-il sous ce manteau blanc sans
tache ? Cette plateforme de glace inclinée,
longue de 100 mètres de l'est à l'ouest,
large de 10 du sud au nord, qui constitue
le sommet du mont Blanc, recouvre-t-elle
une plateforme de granit, ou, comme le
croit M. Janssen, un « paquet d'aiguilles »?
Quoi qu'il en soit, on attaqua le sommet
du côté de Chamonix, à 12 mètres environ
en courbure du sommet, et on creusa une
galerie horizontale, dirigée du nord au sud,
jusqu'à 23 mètres de profondeur. A ce
moment, le fond de la galerie se trouvait à
peu près sous l'aplomb du sommet. On n'a
vait trouvé que de la neige, de plus en plus
durcie, il est -vrai, mais non constituée en
glace véritable. .
Pour assurer la sécurité des travailleurs,
MM. Janssen et Eiffel jugèrent prudent
de bâtir à rentrée de la galerie une cabane,
enfouie dans la neige et formant tête da.
galerie. C'était un abri en cas de mauvais?
temps, et une protection contre l'envahis
sement du tunnel par les neiges. Cette ca-i
bane devait, en outre, renseigner sur les
mouvements des neiges vers la sommet.
Nous verrons tout à l'heure ce que sont oq
ce que peuvent être ces mouvements.
Ces travaux occupèrent une grande flirs
tie du mois d'août, mais ils furent Malheu
reusement, contrariés par le Mauvais temps.
M. Imfeld fut alors aussi obligé d'abasH
donner les travaux, rappelé chez lui par des
affaires urgentes. Il fut remplacé par l'in
fatigable M. Janssen en personne.
M. Janssen, arrivé sous l'aplomb du
mont Blanc, fit creuser une nouvelle gale
rie, mais celle-ci dans la direction est-
ouest, c'est-à-dire suivant la plus grande
dimension de la plate forme du sommet* il
avait ainsi plus de chances, do rencontrer
une des aiguilles en granit, à supposer qu'il
en existât; il fit même obliquer cette galoi*iet
du côté italien, où se montrent les rocheg
les plus voisines de la cime. Cette seoonde
galerie, comme la première, fut poussée
jusqu'à 23 mètres.
Au cours de ce nouveau travail, les ou
vriers constatèrent un intéressant phéno
mène d'acoustique. La voix s'éteint dans
les galeries. A vingt mètres de distance,
les ouvriers ne pouvaient plus se faire en
tendre. En revanche, le son traverse facile
ment de grandes épaisseurs de neige com
pacte. Le phénomène, en soi, est très facile
à comprendre. La raréfaotion de l'air à
cette hauteur explique la première observa
tion,la conductibilité acoustique des solides
explique la seconde.
Avec ces 46 mètres de galerie, M. Janssen
n'àpas encore trouvé le roc. Il s'en consola
en disant que «la tête du mont Blanc a une
centaine de mètres de longueur et qu'une
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