Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-12-13
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 décembre 1889 13 décembre 1889
Description : 1889/12/13 (Numéro 8015). 1889/12/13 (Numéro 8015).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k706835g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Vendredi 43 Décembre 18B9
N* 8015 — Edition quotidienne
Vendredi 43 Décembre 1889
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
FARTS
RStFABTDiraTI
Un an. ï î . . 55 »
Six mo??» . , , 23 50
Trois mois. . . 15 »
ETRA"5ER
(union postais)
66 B
34 a
18 a
"^abonnements partent des f» et 16 do eboquo mois
UN NUMÉRO ( Elpartemekte:
15 cent.
20 —
BUREAUX: Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s'abonne & Rome, Place du Gesà, S
Ua an. - » « .
Sixmo.j. .
..Trois mois. . .
PARIS
ET BÉPABTEUENTS
30 »
16 »
8 50
ÉTRANGER
(tTNION POSIAi*)
36 •
19 »
10 »
Les abonnements partent des 1" et 16 de chaque meM
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qni loi sont adressas
'ANNONCES
MM; Ch. LÀGRÀNGE, CERF et C'°, 6, place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 12 DECEMBRE 1^89:
Aujourd'hui, avant la séance, la
Chambre des députés nommera dans
ses bureaux la commission de 33
membres à laquelle devront être ren
voyés tous les projets de' loi et propo
sitions concernant la : défense natio
nale. Il serait bien désirable que nos
députés, faisant abstraction des pas
sions politiques, choisissent des com
missaires compétents; mais on ne peut
guères l'espérer des membres de la
majorité, toujours disposés à sacrifier
même la défense du pays à leurs hai
nes. On l'a bien vu dans le vote de la
dernière loi militaire, et sous ce rap-
Îiort il est à croire que la nouvelle ma-
orité républicaine continuera l'an
cienne.
En séance, on reprendra les invali
dations.
D'une note qui nous est communi
quée par le secrétariat des droites, et
qu'on trouvera plus loin, il ressort que
le comité des onze, nommé dans la
réunion plénière des droites, s'est oc
cupé de la demande de crédit de M.
Constans pour les fonds secrets. Le
comité des onze, tout disposé à voter
les crédits nécessaires pour la garan
tie de la sûreté générale, n'entend pas
fournir des fonds, surtout à un minis
tre aussi.peu scrupuleux que M. Cons
tans, pour la propagande électorale et
d'autres dépenses non moins louches.
En conséquence, la droite se pronon
cera contre les fonds secrets, qui n'en
seront pas moins votés par une majo
rité reconnaissante.
Les grandes commissions parlemen
taires permanentes sont décidément
écartées ; la commission saisie de l'exa
men de la question, après avoir re
poussé une création qu'elle jugeait
dangereuse, s'est occupée des modifi
cations à apporter au règlement. Un
rapport a été préparé dont on annonce
le dépôt pour aujourd'hui. Une des
principales modifications est celle qui
supprime^ les deuxièmes délibérations.
Ï1 serait fâcheux qu'elle soit votée, car
c'est surtout avec une Chambre comme
celle que nous avons, où des proposi
tions sont adoptées dans un moment
d'entraînement,qu'une deuxième déli
bération est nécessaire.
Il a été souvent question d'une lé
gislation internationale dés travail
leurs ; la question va se poser, non
seulement en France, mais aussi en
Allemagne, en Angleterre, en Hollande
et en Italie. Conformément à ce qui a
été décidé au dernier congrès interna
tional des travailleurs tenu à Paris,
des résolutions réclamant une législa
tion internationale du travail et indi
quant, d'une manière identique, les
points sur lesquels elle devrait porter, ;
seront présentées par des députés so- !
cialistes aux parlements des divers
pays désignés. En France, le citoyen ;
Ferroul, député de l'Aude," a- déjà pris 1
l'initiative.
Certainement, cette tentative, au
moins prématurée, n'aboutira pas;
mais il serait difficile de n'y |pas voir ;
l'indice d'un mouvement important
qui se produit au sein de là classe ou- :
vrière.
-- ... - • . i . h»- . .:
Nous donnons plus loin divers docu
ments relatifs à la révolution brési
lienne ; ils ne nous semblent pas de
nature à relever le caractère de ce
pronunciamiento militaire et révolu
tionnaire, qui tient parfois de l'opé
rette. Avec des origines semblables,
ce mouvement arrivera difficilement
à produire de bons résultats et à cons
tituer un solide gouvernement.
D'une dépêche de Y Agence Ilavas il
ressort que M. Tisza a cédé pour l'af
faire de la nationalité de Kossuth : il a
reconnu la nécessité de reviser la loi
sur l'indigénat et promis un projet de
loi. Les concessions, surtout lors
qu'elles ont été d'abord refusées, mè
nent parfois bien loin. Il n'est pas à
croire que celle-ci calmé pour long
temps les adversaires du ministre
hongrois.
Dans la discussion au Reichstag du
budget des cultes, M. Windthorst a
déclaré que le Centre n'avait rien de
commun avec le « Cartel », et que les
députés catholiques, au moment dés
élections, « feraient tout leur possible
pour empêcher qu'il réussisse». Cette
déclaration, faite au nom du Centre
par son grand orateur, a naturelle
ment produit une grande émotion.
Si la grève sembla évitée en Alle
magne, il n'en est pas de même en
Angleterre, où l'on appréhende tou
jours une grève générale des ouvriers
des usines à gaz. Des négociations se
poursuivent pour amener un arrange
ment, mais il ne semble pas qu'elles
soient en voie d'aboutir.
La Modération
Faut-il adhérer à la république?
C'est une question qui s'est posée ou
plutôt qu'on a posée le lendemain du
6 octobre. Et franchement je ne sais
trop pourquoi. Le moment me semble
singulièrement choisi. Est-ce parce
que l'on n'a pas eu dans les élections
un succès escompté d'avance et le plus
mal préparé possible? Est-ce parce
que le boulangisme, qui a été incon
testablement un germe de division de
plus parmi les conservateurs, a échoué
assez misérablement? Est-ce parce
que la pression gouvernementale, ne
cherchant pas même à sauver les ap
parences, ne s'est-jamais fait sentir
«,vec cette désinvolture et cette impu
dence qui ne reculent devant rien, ni
devant la suppression ou l'addition de
bulletins dans l'urne fatidique, ni
même devant le vote des morts, etc. ?
Est-ce parce que le souverain et
malheureux suffrage universel s'est vu
manipulé, à l'égal d'un mannequin
qu'on fait sauter à volonté, par le pres
tidigitateur Constant, comme ■ pour
infliger le démenti le plus énergique,
l'année même du fameux centenaire,
à toutes les théories libérales dont
on a fait .l'apothéose... en paroles?
Est-ce parce que, à l'aide de procédés
ressemblant fort aux anciennes en
treprises de crochetages, on est ar
rivé à mettre du côté de la Répu
blique une majorité de trois cent
mille électeurs, y compris cette armée
de mandarins qui s'appellent fonc
tionnaires en France ? Est-ûe parce
que la laïcisation va son train, que la
loi militaire entre en pratique; que les
curés sont cassés aux gages avec une
nouvelle frénésie, et que les républi
cains invalident des députés conserva
teurs tout uniment parce qu'ils ont
été élus dans des circonscriptions qui
faisaient partie du parc réservé aux
seuls républicains ? Ce n'est pourtant
vraiment pas le cas.
Tous ceux qui poussent à cette
roue, n'y mettent pas ce sans-façon
quelque peu brutal. Des hommes de
valeur semblent prendre vent, et com
me du côté d'une douzaine de centres-
gauchers et de quelques journaux
bourgeois, qui ont peur des radicaux,
il souffle un air moins âpre, ils croient
cause gagnée et ils modulent aux
oreilles de la droite un chant de mo
dération. Parmi ces derniers, nous
trouvons M. de Gontaut-Biron, un
homme considérable par son passé,
un diplomate sérieux, qui a su habi
lement soutenir l'honneur de la France
à Berlin dans des moments difficiles.
Il a peur que la droite ne se montre
rebelle à certaines avance, et il lui
donne des conseils qui, en dépit de la
diplomatie, paraissent les uns naïfs,
les autres prématurés.
« Je l'avouerai sans détour, dit-il, au
« risque de scandaliser quelques-uns
« de nos plus ardents amis, je ne m'ex-
« plique pas leur crainte de voir les
« républicains modérés faire des avan-
« ces sérieuses à la droite. — J'appuie
« comme eux sur le mot sérieuses —
« par exemple,de s'engager à ne pasin-
« valider l'élection des députés conser-
« vateurs, à revenir sur les clauses des
« lois d'enseignement et des lois reli-
« gieuses qui ont blessé si profondé-
« ment les libéraux et les catholiques;
« je m'explique encore moins leur
« âpre et ferme espérance que la ré-
« publique continuera les errements
« détestables des législatures précé-
« dentes, de manière à en renouveler
« les disputes et à tomber dans une
« anarchie plus profonde encore que
« celle dont la Chambre de 18S5 a
« donné le triste spectacle. On vou-
« drait donc reprendre la politique
« suivie par la droite jusqu'à pré-
« sent?»
Soit ! la politique de la droite ne l'a
pas, en effet, conduite à grand' chose.
Mais est-ce bien sa faute? Est-ce
parce qu'elle a manqué de modération?
N'a-t-elle pas, au contraire, fait mille
tentatives simplement pour arrêter la
république sur la pente de l'abîme ?
Pourtant franchement la droite mo
narchique n'était pas tenue d'empê
cher la république de se noyer ? De
tempsen temps, des démarches ont
été faites pour amener une certaine
détente et ces démarches, qui donc
les^ a faites ? Est-ce que la droite
a jamais fait d'opposition systéma
tique? Sous ce rapport, même on peut
dire qu'elle a manqué de tactique, et
qu'elle a eu des scrupules intempes
tifs. Elle a voté parfois avec les radi
caux, mais jamais il n'y a eu d'entente
avec eux. Elle s'est rencontrée dans
ses votes aussi bien avec les opportu
nistes qu'avec les radicaux. Il n'y a
pas, je crois, un seul cas où la droite
ait cherché, sans les raisons les plus
graves, à renverser un ministre.
Toutes les fois qu'elle a voté contre
le gouvernement ; n'avait-elle pas les
motifs les plus sérieux de le faire ? On
ne citera pas une loi, pas une motion
quelque peu conservatrice, présentée
par un ministère, quel qu'il fut, qui
n'ait été votée par la droite. La seule
loi qui n'ait pas une attache absolu
ment révolutionnaire, la loi sur les
syndicats, qui dut la faire passer si
non la droite? Il n'y a pas une me
sure passable proposée par le gouver
nement qui n ait été accueillie par la
droite ; il n'y a pas jusqu'à cette affaire
du Tonkin, entreprise mal conçue,
mal exécutée, qui n'ait trouvé, au
moins dans une certaine partie de
la droite, un concours utile parce que,
à leurs yeux, le drapeau de la France
était engagé et parce que, en fin de
compte, notre action dans ces régions
lointaines doit profiter à la civilisa
tion chrétienne.
Je ne pense pas pourtant que les
plus modérés des modérés veulent
faire un crime à la droite d'avoir voté
contre les lois scolaires, municipales,
militaires et autres, que repousse toute
conscience catholique. Assurément
l'attitude de la droite n'a pas toujours
été parfaite ; elle à parfois manqué
d'habileté, d'esprit de suite dans sa
conduite ; elle a donné précisément
dans tous les panneaux de la modéra
tion, elle a failli se mettre à la suite
de Rouvier.'Mais, au moins, qu'on ne
lui fasse pas le reproche qu'élle a le
moins mérité, celui d'avoir manqué
de modération.Elle n'en a eu que trop,
un peu à tort et à travers. Voilà pour
quoi je trouve, sous ce rapport, les
conseils de M. de Gontaut-Biron abso
lument naïfs.
Sous d'autres rapports je les trouve
singulièrement prématurés. Je crois
que le diplomate s'alarme un peu
vite.Il n'y a guère Jieu de craindre que
la droite repousse les avances sérieu
ses qni lui sont faites. Qui donc les fait
ces avances, lesquelles d'ailleurs sont
loin d'atteindre même le minimum der
mandé par M. de Gontaut-Biron. Léon
Say, un des rares députés qui, dans le
temps, ont voté contre les prières pu
bliques, inscrites dans la Constitution,
Léon Say, et une demi-douzaine d'a
colytes.On ne peut pas même compter
sur le grand flandrin qui a nom M.
Ribot lequel passe pourtant pour la
modération ou l'abstention, mais qui,
par extraordinaire, menace ici de ne
pas s'abstenir. "
Les autres, et sous le nom des au
tres il faut entendre presque tous,
aussi bien les opportunistes que les :
radicaux, n'admettent aucune modéra- ;
tion ni pacification, si ce n'est sur le
terrain des faits accomplis ; ils exigent
la soumisssion, la soumission absolue
atout ce qui s'est fait jusqu'à cette
heure, sous le couvert de la Républi
que, la reconnaissance des lois scolai
res. à laïcisation continue, de la loi
militaire, etc., etc. Cela fait, ils se
ront généreux et daigneront rece
voir in digno corpore nostro les dé-,
pûtes de la droite qui viendront
un cierge à la main faire amende
honorable devant l'autel de la laïcisa
tion. Ils consentent à tendre la main
aux pénitents par-dessus les ruines
amoncelées, à condition qu'on n'y tou
chera pas.
Alors de. quelle pacification nous'
parle-t-on? N'est-ce pas de celle dont
il est écrit dans Tacite : cum solutadi-
nem fecerint, pacem appellant. Quand
il n'y a plus de mal à faire ils veulent
bien s'arrêter. Il y a bien encore le
budget des cultes, mais les énergu-
mènes du parti seuls veulent le pren
dre en bloc. Les habiles aiment mieux
torturer l'Eglise en lui jetant un mor
ceau de pain, que de la laisser totale
ment dénuée, mais libre. Mais ce
budget, qui est la detta la plus légi
time et la plus sacrée, ils le rognent
chaque année, et ils espèrent ainsi
amener tout doucettement l'Eglise à
périr d'inanition. Ne sont-ils pas plus
dangereux et plus à craindre que les
autres ?
Eh bien! ce sont ces derniers qui
jouent, espère-t-on, ou doivent jouer
la comédie de l'apaisement, car enfin;
on ne pëut pas tenir compte du seul
Léon Say, et des quelques recrues qui
se rangent autour de lui. Et encore
envoyant son insuccès, M. Léon Say
ne lâcherait-il pas tout? Il n'en serait
pas àsonétrenne. C'est donc l'oppor
tunisme à qui on prête les goûts de la
modération. Mais, en attendant, il
invalide les conservateurs, et valide
les excès électoraux des républicains
avec une rare impudence. Après cela
il lui sera loisible de parler d'apaise
ment, cum solitudinem fecerint pacem
appellant.
Vraiment on est tenté de croire que
M. de Gontaut-Biron a failli cette fois
à l'art diplomatique et que s'il tenait
son article, il ne le lâcherait pas en
face de la laïcisation continue, de
l'exécution de la loi militaire, des in
validations d'une injustice criante et
des curés réduits à la misère. Il doit
dire de ses sages conseils ce que Bos-
suet a fini par dire de la fameuse dé
claration du clergé de France : A beat
quo libuerit i
Puisqu'on est en train de donner
des conseils à la droite, pourquoi ne
donnerais-je pas aussi le mien ? C'est
peut-être bien de la prétention. Mais,
enfin, il y a un proverbe qui dit qu'on
a souvent besoin d'un plus petit que
soi. On dit qu'il ne faut pas sacrifier
ses convictions politiques; je suis
bien de cet avis. Mais pour les garder,
et même travailler à leur triomphe, ils
n'est pas nécessaire de déployer tou
jours son drapeau. Quand la droite
tendait la perche à M. Rouvier, se mon
trait favorable au boulangisme,et for
mait le plus gros appoint de l'union
conservatrice, il me semble qu'elle ne
pratiquait pas mal l'abnégation. Mon
conseil ne lui demande même pas de
tels sacrifices.
Il y a une combinaison, qu'elle n'a
pas encore formée sérieusement et qui
exigerait de sa part moins d'abnéga
tion que le boulangisme par exemple,
et même l'union dite conservatrice,
ce serait d'appliquer en toute sincérité
une parole 'de l'Evangile, qui est vraie
pour tout le monde, même pour les
députés : Cherchez d'abord le royaume
de Dieu, et le reste vous viendra par
surcroit. Il est vrai que ce serait le
parti catholique. Mais pourquoi ne
ipas en essayer? Elle n'aura jamais
travaillé plus sûrement au triomphe
divin de ses convictions politiques,
puisque l'Evangile l'affirma : Le reste
viendra par surcroît. .
Thivrier,... nous ne disons pas mon
sieur, cette appellation bourgeoise le
blesserait sans doute, Thivrier conti
nue, chaque fois qu'il entre au Palais-
Bourbon, de mettre une blouse de toile
bleue sur ses vêtements de drap noir.
Le plus ridicule, c'est que Thivrier,
mal a son aise dans .sa blouse, à. la
quelle il se figure que tout le monde
fait toujours attention, ne l'endosse
chaque fois qu'avec un nouvel effort
moral, de sorte qu'il voit dans cette
cérémonie quotidienne, compliquée de
lutte intérieure, une preuve de son
courage héroïque, ce qui le rend tout
ensemble fier et penaud. Il s'est donné
devant, les électeurs de Montluçon, et
par serment, une mission sociale, qui
est de porter la blouse à la Chambre.
Il n'y a que lui qui la porte, qui ose la
porter. G'est sa gloire, mais cela le
gêne.
Ce qui paraît assèz ridicule aussi,
c'est que Thivrier s'imagine lutter
contre un préjugé bourgeois, tandis
qu'il lutte simplement contre un pré
jugé ouvrier. Ce n'est pas le bourgeois,
en effet, c'est l'ouvrier qui s'empresse
de faire quelque toilette, qui.s'endi-
manche, quand il sort de chez lui, de
l'usine, de là fabrique, ou de-l'atelier,
enfin du lieu ordinaire de son travail
manuel, pour aller dans une réunion
quelconque, fréquentée par diverses
classes de citoyens. La blouse de Thi
vrier, qui.laisse le bourgeois fortin-
différent, flatte l'ouvrier peut-être,
mais certainement elle le choque.
Thivrier ne s'en rend pas compte.
Il s'en rendrait compte, d'ailleurs, que
cependant il n'oserait sans doute point
quitter sa blouse. Il est rivé à sa blouse.
Chaque jour elle le gêne, elle lui pèse
davantage. Chaque jour il se sent
plus incapable de la quitter. Que di
rait le peuple?... Thivrier, mainte
nant, n'ôterait point sa blouse même
pour monter à la tribune. Seulement,
y montera-t-il ?
Si M. Floquet n'intervient pas offi
ciellement ou officieusement, il est
donc probable que Thivrier gardera
toujours sa blouse et le silence. Et il
arrivera qu'on ne pensera plus le moins
du monde à lui dans, la Chambre,
mais, qu'au dehors le peuple ouvrier
finira, unanimement, par le considé
rer comme' lin simple farceur. On
verra le peuple en blouse ne s'occuper
guère de Thivrier que pour se moquer
de sa blouse. C'est qu'il ne suffit pas
de porter le drapeau socialiste sous
forme de blouse, il faut encore savoir
le défendre. Or Thivrier n'en parait
point capable, du tout. Non seule
ment, il ne le défend pas à la tribune,
ce qui est une désertion ; mais il ne le
défend même point par ses votes, ce
qui est une trahison.
A ce sujet, le citoyen ouvrier so
cialiste Ileppenheimer lui adresse au
jourd'hui de sanglants reproches. Il
l'accuse d'avoir déserté, trahi la cause,
dans la question des allumettes. Et ce
n'est pas tout ; Heppenheimer dit en
core :
Si nous en croyons aussi l 'Officiel, vous
auriez validé certains réactionnaires et;
boulangistes — c'est tout un — convaincus
d'avoir abusé de la misère des électeurs
pour acheter leurs votes. Cela ne me paraît
le fait ni d'un honnête homme, ni d'un so
cialiste.
Pour conclure, Heppenheimer pro
pose à Thivrier, d'un air de défi, de
s'en expliquer avec lui devant les « ca
marades ». Et voici ; les conditions
qu'il met à l'entrevue :
1° Elle aura lieu dans la grande salle de
la Bourse du travail;
2" Pour y être .admis, on devra être por
teur d'une lettre signée du secrétaire de
l'une des chambres syndicales de la Seine
et munie du timbre de cette chambre.
Nous aurons ainsi un publie exclusivement ;
composé de travailleurs ;
3° Il vous sera permis, à vous, de dépo
ser votre blouse au vestiaire ; à moi de
mettre sur mon tricot dé travail un paletot,
cela pour que je sois un peu plus propre
par respect pour mes camarades. Du reste,
vous le savez, la blouse ne fait ni l'homme
ni le socialiste.
Thivrier relèvera-t-il le gant ? Il va
peut-être déclarer qu'un homme en
blouse ne relève pas les gants, dont il
n'a que faire. Cette excuse paraîtra
mauvaise. D'autre part, la prudence
conseille à Thivrier de ne point accep
ter le défi d'Heppenheimer, qui sem
ble n'être pas un contradicteur com
mode, et qui pourrait bien l'embar
rasser terriblement. Thivrier doit être
perplexe.
An ! Thivrier, Thivrier, si vous avez
cru qu'il vous suffirait de mettre une
blouse à la Chambre pour que les « ca
marades » vous laissassent tranquille,
vous vous êtes blousé l
' ■ Pierre Veuillot.
La persécution
Deux curés de canton, sept desser
vants et un vicaire du diocèse d'Ajac-
cio viennent d'être iniquement pri
vés de leur traitement par ukase ad
ministratif.
Voici leurs noms :
Peretii, curé de Zicavo ; Bianconi, curé
de Colenzana ; Alfonsi, desservant de Ti-
volaggio ; Mattei, desservant de Chiglioni;
Acquaviva, desservant de Colosimo ; Bio-
sini, desservant d'Aregno; Orsolani, des
servant d'OEchiatano ; Pierini , desservant
de Poggiole-Muro ; Orsini, desservant de
Novella; Seta, vicaire de Ste-Marie-Siché.
Nos lecteurs peuvent voir ainsi que
la rage de persécution ne s'arrête pas
chez nos gouvernants. C'est une rai
son pour que ne s'arrête pas non plus
la générosité des catholiques appelés
à soulager _lss victimes d'un pareil
arbitraire.
C'est à cette fin, on ne saurait l'ou
blier, qu'a, été fondée l'Œuvre du De
nier du Culte au lendemain des pre
mières suppressions de traitement.
Nous la recommandons de nouveau, et
plus vivement que jamais, au zèle de
tous ceux qui lui ont déjà permis de
faire tant de bien dans les divers dio
cèses de France où s'est abattue la
persécution, qu'on étend encore.
Les offrandes pour l'OEuvre du De
nier du Culte peuvent être adressées :
soit aux bureaux de l'Univers, soit au
secrétaire général de l'OEuvre, M. le
comte G. de Beaurepaire, 5, rue dé la
Chaise, à Paris.
M. Jean de Bonnefon, auteur d'un
livre que vient de condamner la Con
grégation de l'Index, nous adresse la
lettre suivante :
71, rue Jouiïroy.
. Paris, le 11 décembre.
Monsieur le directeur,
Vous avez publié dans : votre très honoré
et très catholique journal le décret qui
frappe mon œuvre : le Pape de demain. A
la lecture de ce document et sans avoir
reçu aucune communication des supérieurs
eoolésiastiques, je demande à votre haute
impartialité de déclarer que purement et
simplement je me soumets sans réserve à
la décision rendue.
Je me permets, monsieur le directeur, de
me dire votre très obéissant et respectueux,
serviteur.
Jean de Bonnefon.
L'acte de soumission sans réserve
que M. Jean de Bonnefon nous prie
de faire connaître au public, et dont
nous le félicitons, lui était commandé
par sa conscience. Il y trouvera sans
nul doute la grâce de comprendre que
le livre condamné était une œuvre
de passion, qu'il s'empressera, espé
rons-le, de faire oublier par des écrits
[s'inspirant de tout autres sentiments.
Un incident assez caractéristique a
marqué la séance d'hier > au > conseil
municipal. M. Levraud posait une
question relative à. l'ouverture des
cours d'enseignement populaire supé
rieur, qui sont, on se le rappelle, une
création de nos édiles révolutionnaires,
et l'interpellant se plaignait du préfet
qui, à l'en croire,, aurait refusé de
contresigner l'affiche du programme
des cours, parce que ladite affiche au
rait été sur papier blanc. Or, le motif
de la réserve du préfet n'était point du
tout celui-là. :
Voici, en effet, ce que nous lisons
dans la réponse de M. le préfet delà
Seine:. ■
M. le préfet de la Seine. — J'eusse
préféré que la question de M. Levraud ne
fût pas posée, car il n'est point dans mes
intentions de faire une critique ou une ré
clame publique à propos de cet enseigne
ment.
Ainsi, il a été présenté à ma signature
une affiche où le programme des cours se
trouve inscrit ; on désirait assurer à ce
programme, grâce à ma signature, le béné
fice de l'affiche officielle, de l'affiche blan
che.
votai ce que je lis dans ce pro-
gia-ssB:- : .ï
. Trano ^.-.dation des croyances. Le _ bou-
dhisme en Orient, le christianisme en Occident.
Sources multiples du dogme chrétien.'—
Le culte de l'Homme-Dieu, dernier terme de
l'anthropomorphisme grec. — Apothéose du
téminin : la Mère de Dieu. —La morale antique
et la morale chrétienne. — La vie monastique.
— La fin d'un monde. — Lois morales de l'his
toire. ;. ï ' ■
Il nfa, semblé, messieurs, que ce cours
de haute et indépendante philosophie .pour
vait être fait sans aucun inconvénient. Je
nè m'oppose point îi ce que l'on discute les
croyances, les idées religieuses, à ce que
l'on en montre la genèse, à. cé que l'on
fasse entrevoir leur fin. Je ne suis pas en
effet le représentant de telle ou telle philo
sophie, je suis simplement un magistrat,_et
un magistrat chargé de la haute_direction
de l'enseignement primaire. Rien de plus,
Je n'ai même pas qualité pour m'occuper
do l'enseignement supérieur.
Il m'a semblé que le nom du préfet de la
Seine, mis au pied de cette affiche, lui eû.t
donné une sorte de consécration, ou, si le
terme vous parait trop ambitieux, d'attache
officielle.
Il m'a paru que le mérite de ce cours ré
sidait dans son indépendance même,et qu'il
n'avait pas à recevoir du préfet de la Seine,
magistrat chargé seulement des intérêts de
l'enseignement primaire, une sorte de re
commandation. ^
Ceux de nos concitoyens qui peuvent
sentir leurs convictions froissées par l'énonr
cé de ces programmes a'auront pas à pro
tester contre mon immixtion dans l'organi
sation de cet enseignement.
J'ai donc vu beaucoup d'inconvéniènts à
y donner ma signature; je n'y ai pas vu
d'avantages.
On m'a dit : Mais on peut supprimer les
programmes, et vous vons borneriez à
signer l'annonce des cours. J'ai compris
que les programmes ne seraient pas long
temps séparés des cours et que le public
me rendrait responsable du tout. Aussi
ai-je cru de bonne politique de ne pas don
ner ma signature.
Mais, me dit M. Levraud, il ne manque
pas de cours qui bénéficient de l'affiche
blanche.
Je le sais. Mais aussi est-il rien de plus
inoffensif que le cours de pisciculture, par
exemple? ou que les cours d'arithmétique,
de dessin, de comptabilité, etc., recommanr
dés par les maires ? Le timbre n'y regarde
pas de trop près.
Mais j'ai refusé de signer l'affiche annon
çant les cours en question et en donnant
le programme, simplement parce que je
ne veux pas en prendre la responsabilité.
Il faut bien avouer que la réserve oû
déclare vouloir se tenir M. le préfet de
la Seine est le minimum de ce qu'on
serait en droit d'attendre, en face
d'un enseignement comme celui dont
il a rappelé le programme. Pour pep-
sonne, en effet, il ne saurait, faire de
doute, d'après le simple énoncé de ce
programme, que les.maîtres qui le dé
velopperont le feront dans un sens
absolument outrageant» pour la reli
gion catholique ; or, les catholiques
figurent en grande majorité parmi les
contribuables, et il est au moins
étrange qu'on se serve de leurs con
tributions pour subventionner un en
seignement qui est un outrage à leur
foi. Tout gouvernement soucieux de
son .dévoir ou simplement impartial
comprendrait que de telles licences
ne sauraient être tolérées de là part du
conseil municipal. Mais l'on sait à mer
veille que notre gouvernement est peu
plé de sectaires d'accord sur le fond avec
les énergumènes du conseil munici
pal et pour qui l'affaire qui nous oc
cupe est purement une question d'op
portunité. Aussi M. Levraud a-t-il pu
reprendre :
M. Levraud. — M. le préfet de la
Seine vient de déclarer qu'il n'était pas sys
tématiquement hostile à ces cours créés par
le conseil. J'en prends acte. Mais je pense
que, s'il n'y a pas d'hostilité chez lui,il s'en
trouve peut-être ailleurs, dans, son admi
nistration. Qaoi qu'il en soit, M. le préfet de
la Seine se"trompe s'il s'imagine quo nous
voulions user du papier blanc pour donner
à nos affiches un caractère officiel. Le pa
tronage que nous voulions exprimer, c'était
celui du. conseil municipal, .et non celui de
l'administration.
Nous n'aurions même jamais pensé à
cette assimilation, que M. ' le préfet base
sur la couleur du papier, s'il n'eu avait
parlé lui-même.
Il s'effraye de la nature du programme.
. Je crois, M. le préfet, que précisément ce
programme montre que l'enseignement
qu'on se propose.de donner n'entend élever
aucune polémique;, c'est, au.contraire, un
enseignement, qui, ne s'appuyant que sur
des faits avérés, historiques, veut simple
ment considérer la genèse des idées philo
sophiques et religieuses. C'est là tout le
contraire d'une polémique.
Je ne puis qu'exprimer le regret, d'avoir
à enregistrer le refus de M. le préfet de
contresigner les affiches, et je crois bien
que, si le cours avait été conçu dans un au
tre ordre d'idées, il aurait accepté d'en
signer les affiches.
Nous ne pouvons obliger M. lé préfet à
signer; mais je demande au conseil de faire
exécuter sa délibération en adoptant le pro
jet de résolution suivant :
« Le conseil, . .
« Invite M. le préfet de la Seine à exécu
ter la délibératiou du conseil municipal en
date du 1" juillet 1889, relative à l'ouver
ture de deux cours d'enseignement popu
laire supérieur à l'hôtel de ville. :
« Signé": Levraud. »
M. le préfèt de la Seine. — Dans
ces termes, je n'ai aucune objection à
faire.
Le conseil adopte la proposition déposée
par M. Levraud.
Ainsi; tout ce que l'administration
acoorde aux justes susceptibilités des
catholiques^ à propos de l'enseigne
ment blasphématoire dont il s'agit,
c'est de se refuser à l'annonce sur
affiches blanches-; mais celte ques
tion de forme, dont nous ne mécon
naissons pas d'ailleurs.l'importance,
que devient-elle à côté de la question
de fond? En somme, par affiches blan
ches ou par affiches de couleurs, les
catholiques n'en seront pas moins pu
bliquement outragés dans leur foi,
avec la protection formelle du conseil
municipal et la complicité indirecte
du gouvernement.
C'est un nouvel acte de persécution
qui s'ajoute au dossier déjà si gros des
attentats accumulés contre les catho
liques. J .
Ceux-ci ne l'oublieront pas. ■.
A uguste R oussel.
Nous recevons de Carcassonne la
dépêche suivante :
Carcassonne, 12 décembre, 11 h. 35 du malin.
L'assemblée régionale de l'OEuvre des
Cercles catholiques ouvriers s'est ouverte
aujourd'hui à Carcassonne, sous lé patro
nage. de Mgr l'évêque et la présidence de
M. de la Guilliounière.
Trois ..cents personnes assistaient à la
première séance, qui a été fort intéressante.
M. Léon ilarmel et M. l'abbé Garnier
arrivent ce soir.
Làpeyre.
liés Trappistes au Canada
La Gazette de Montréal publiait na
guère l'appréciation suivante de
l'œuvre agricole et des succès rem
portés dans la tenue de leur ferme
par les trappistes d'Oka.
N* 8015 — Edition quotidienne
Vendredi 43 Décembre 1889
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
FARTS
RStFABTDiraTI
Un an. ï î . . 55 »
Six mo??» . , , 23 50
Trois mois. . . 15 »
ETRA"5ER
(union postais)
66 B
34 a
18 a
"^abonnements partent des f» et 16 do eboquo mois
UN NUMÉRO ( Elpartemekte:
15 cent.
20 —
BUREAUX: Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s'abonne & Rome, Place du Gesà, S
Ua an. - » « .
Sixmo.j. .
..Trois mois. . .
PARIS
ET BÉPABTEUENTS
30 »
16 »
8 50
ÉTRANGER
(tTNION POSIAi*)
36 •
19 »
10 »
Les abonnements partent des 1" et 16 de chaque meM
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qni loi sont adressas
'ANNONCES
MM; Ch. LÀGRÀNGE, CERF et C'°, 6, place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 12 DECEMBRE 1^89:
Aujourd'hui, avant la séance, la
Chambre des députés nommera dans
ses bureaux la commission de 33
membres à laquelle devront être ren
voyés tous les projets de' loi et propo
sitions concernant la : défense natio
nale. Il serait bien désirable que nos
députés, faisant abstraction des pas
sions politiques, choisissent des com
missaires compétents; mais on ne peut
guères l'espérer des membres de la
majorité, toujours disposés à sacrifier
même la défense du pays à leurs hai
nes. On l'a bien vu dans le vote de la
dernière loi militaire, et sous ce rap-
Îiort il est à croire que la nouvelle ma-
orité républicaine continuera l'an
cienne.
En séance, on reprendra les invali
dations.
D'une note qui nous est communi
quée par le secrétariat des droites, et
qu'on trouvera plus loin, il ressort que
le comité des onze, nommé dans la
réunion plénière des droites, s'est oc
cupé de la demande de crédit de M.
Constans pour les fonds secrets. Le
comité des onze, tout disposé à voter
les crédits nécessaires pour la garan
tie de la sûreté générale, n'entend pas
fournir des fonds, surtout à un minis
tre aussi.peu scrupuleux que M. Cons
tans, pour la propagande électorale et
d'autres dépenses non moins louches.
En conséquence, la droite se pronon
cera contre les fonds secrets, qui n'en
seront pas moins votés par une majo
rité reconnaissante.
Les grandes commissions parlemen
taires permanentes sont décidément
écartées ; la commission saisie de l'exa
men de la question, après avoir re
poussé une création qu'elle jugeait
dangereuse, s'est occupée des modifi
cations à apporter au règlement. Un
rapport a été préparé dont on annonce
le dépôt pour aujourd'hui. Une des
principales modifications est celle qui
supprime^ les deuxièmes délibérations.
Ï1 serait fâcheux qu'elle soit votée, car
c'est surtout avec une Chambre comme
celle que nous avons, où des proposi
tions sont adoptées dans un moment
d'entraînement,qu'une deuxième déli
bération est nécessaire.
Il a été souvent question d'une lé
gislation internationale dés travail
leurs ; la question va se poser, non
seulement en France, mais aussi en
Allemagne, en Angleterre, en Hollande
et en Italie. Conformément à ce qui a
été décidé au dernier congrès interna
tional des travailleurs tenu à Paris,
des résolutions réclamant une législa
tion internationale du travail et indi
quant, d'une manière identique, les
points sur lesquels elle devrait porter, ;
seront présentées par des députés so- !
cialistes aux parlements des divers
pays désignés. En France, le citoyen ;
Ferroul, député de l'Aude," a- déjà pris 1
l'initiative.
Certainement, cette tentative, au
moins prématurée, n'aboutira pas;
mais il serait difficile de n'y |pas voir ;
l'indice d'un mouvement important
qui se produit au sein de là classe ou- :
vrière.
-- ... - • . i . h»- . .:
Nous donnons plus loin divers docu
ments relatifs à la révolution brési
lienne ; ils ne nous semblent pas de
nature à relever le caractère de ce
pronunciamiento militaire et révolu
tionnaire, qui tient parfois de l'opé
rette. Avec des origines semblables,
ce mouvement arrivera difficilement
à produire de bons résultats et à cons
tituer un solide gouvernement.
D'une dépêche de Y Agence Ilavas il
ressort que M. Tisza a cédé pour l'af
faire de la nationalité de Kossuth : il a
reconnu la nécessité de reviser la loi
sur l'indigénat et promis un projet de
loi. Les concessions, surtout lors
qu'elles ont été d'abord refusées, mè
nent parfois bien loin. Il n'est pas à
croire que celle-ci calmé pour long
temps les adversaires du ministre
hongrois.
Dans la discussion au Reichstag du
budget des cultes, M. Windthorst a
déclaré que le Centre n'avait rien de
commun avec le « Cartel », et que les
députés catholiques, au moment dés
élections, « feraient tout leur possible
pour empêcher qu'il réussisse». Cette
déclaration, faite au nom du Centre
par son grand orateur, a naturelle
ment produit une grande émotion.
Si la grève sembla évitée en Alle
magne, il n'en est pas de même en
Angleterre, où l'on appréhende tou
jours une grève générale des ouvriers
des usines à gaz. Des négociations se
poursuivent pour amener un arrange
ment, mais il ne semble pas qu'elles
soient en voie d'aboutir.
La Modération
Faut-il adhérer à la république?
C'est une question qui s'est posée ou
plutôt qu'on a posée le lendemain du
6 octobre. Et franchement je ne sais
trop pourquoi. Le moment me semble
singulièrement choisi. Est-ce parce
que l'on n'a pas eu dans les élections
un succès escompté d'avance et le plus
mal préparé possible? Est-ce parce
que le boulangisme, qui a été incon
testablement un germe de division de
plus parmi les conservateurs, a échoué
assez misérablement? Est-ce parce
que la pression gouvernementale, ne
cherchant pas même à sauver les ap
parences, ne s'est-jamais fait sentir
«,vec cette désinvolture et cette impu
dence qui ne reculent devant rien, ni
devant la suppression ou l'addition de
bulletins dans l'urne fatidique, ni
même devant le vote des morts, etc. ?
Est-ce parce que le souverain et
malheureux suffrage universel s'est vu
manipulé, à l'égal d'un mannequin
qu'on fait sauter à volonté, par le pres
tidigitateur Constant, comme ■ pour
infliger le démenti le plus énergique,
l'année même du fameux centenaire,
à toutes les théories libérales dont
on a fait .l'apothéose... en paroles?
Est-ce parce que, à l'aide de procédés
ressemblant fort aux anciennes en
treprises de crochetages, on est ar
rivé à mettre du côté de la Répu
blique une majorité de trois cent
mille électeurs, y compris cette armée
de mandarins qui s'appellent fonc
tionnaires en France ? Est-ûe parce
que la laïcisation va son train, que la
loi militaire entre en pratique; que les
curés sont cassés aux gages avec une
nouvelle frénésie, et que les républi
cains invalident des députés conserva
teurs tout uniment parce qu'ils ont
été élus dans des circonscriptions qui
faisaient partie du parc réservé aux
seuls républicains ? Ce n'est pourtant
vraiment pas le cas.
Tous ceux qui poussent à cette
roue, n'y mettent pas ce sans-façon
quelque peu brutal. Des hommes de
valeur semblent prendre vent, et com
me du côté d'une douzaine de centres-
gauchers et de quelques journaux
bourgeois, qui ont peur des radicaux,
il souffle un air moins âpre, ils croient
cause gagnée et ils modulent aux
oreilles de la droite un chant de mo
dération. Parmi ces derniers, nous
trouvons M. de Gontaut-Biron, un
homme considérable par son passé,
un diplomate sérieux, qui a su habi
lement soutenir l'honneur de la France
à Berlin dans des moments difficiles.
Il a peur que la droite ne se montre
rebelle à certaines avance, et il lui
donne des conseils qui, en dépit de la
diplomatie, paraissent les uns naïfs,
les autres prématurés.
« Je l'avouerai sans détour, dit-il, au
« risque de scandaliser quelques-uns
« de nos plus ardents amis, je ne m'ex-
« plique pas leur crainte de voir les
« républicains modérés faire des avan-
« ces sérieuses à la droite. — J'appuie
« comme eux sur le mot sérieuses —
« par exemple,de s'engager à ne pasin-
« valider l'élection des députés conser-
« vateurs, à revenir sur les clauses des
« lois d'enseignement et des lois reli-
« gieuses qui ont blessé si profondé-
« ment les libéraux et les catholiques;
« je m'explique encore moins leur
« âpre et ferme espérance que la ré-
« publique continuera les errements
« détestables des législatures précé-
« dentes, de manière à en renouveler
« les disputes et à tomber dans une
« anarchie plus profonde encore que
« celle dont la Chambre de 18S5 a
« donné le triste spectacle. On vou-
« drait donc reprendre la politique
« suivie par la droite jusqu'à pré-
« sent?»
Soit ! la politique de la droite ne l'a
pas, en effet, conduite à grand' chose.
Mais est-ce bien sa faute? Est-ce
parce qu'elle a manqué de modération?
N'a-t-elle pas, au contraire, fait mille
tentatives simplement pour arrêter la
république sur la pente de l'abîme ?
Pourtant franchement la droite mo
narchique n'était pas tenue d'empê
cher la république de se noyer ? De
tempsen temps, des démarches ont
été faites pour amener une certaine
détente et ces démarches, qui donc
les^ a faites ? Est-ce que la droite
a jamais fait d'opposition systéma
tique? Sous ce rapport, même on peut
dire qu'elle a manqué de tactique, et
qu'elle a eu des scrupules intempes
tifs. Elle a voté parfois avec les radi
caux, mais jamais il n'y a eu d'entente
avec eux. Elle s'est rencontrée dans
ses votes aussi bien avec les opportu
nistes qu'avec les radicaux. Il n'y a
pas, je crois, un seul cas où la droite
ait cherché, sans les raisons les plus
graves, à renverser un ministre.
Toutes les fois qu'elle a voté contre
le gouvernement ; n'avait-elle pas les
motifs les plus sérieux de le faire ? On
ne citera pas une loi, pas une motion
quelque peu conservatrice, présentée
par un ministère, quel qu'il fut, qui
n'ait été votée par la droite. La seule
loi qui n'ait pas une attache absolu
ment révolutionnaire, la loi sur les
syndicats, qui dut la faire passer si
non la droite? Il n'y a pas une me
sure passable proposée par le gouver
nement qui n ait été accueillie par la
droite ; il n'y a pas jusqu'à cette affaire
du Tonkin, entreprise mal conçue,
mal exécutée, qui n'ait trouvé, au
moins dans une certaine partie de
la droite, un concours utile parce que,
à leurs yeux, le drapeau de la France
était engagé et parce que, en fin de
compte, notre action dans ces régions
lointaines doit profiter à la civilisa
tion chrétienne.
Je ne pense pas pourtant que les
plus modérés des modérés veulent
faire un crime à la droite d'avoir voté
contre les lois scolaires, municipales,
militaires et autres, que repousse toute
conscience catholique. Assurément
l'attitude de la droite n'a pas toujours
été parfaite ; elle à parfois manqué
d'habileté, d'esprit de suite dans sa
conduite ; elle a donné précisément
dans tous les panneaux de la modéra
tion, elle a failli se mettre à la suite
de Rouvier.'Mais, au moins, qu'on ne
lui fasse pas le reproche qu'élle a le
moins mérité, celui d'avoir manqué
de modération.Elle n'en a eu que trop,
un peu à tort et à travers. Voilà pour
quoi je trouve, sous ce rapport, les
conseils de M. de Gontaut-Biron abso
lument naïfs.
Sous d'autres rapports je les trouve
singulièrement prématurés. Je crois
que le diplomate s'alarme un peu
vite.Il n'y a guère Jieu de craindre que
la droite repousse les avances sérieu
ses qni lui sont faites. Qui donc les fait
ces avances, lesquelles d'ailleurs sont
loin d'atteindre même le minimum der
mandé par M. de Gontaut-Biron. Léon
Say, un des rares députés qui, dans le
temps, ont voté contre les prières pu
bliques, inscrites dans la Constitution,
Léon Say, et une demi-douzaine d'a
colytes.On ne peut pas même compter
sur le grand flandrin qui a nom M.
Ribot lequel passe pourtant pour la
modération ou l'abstention, mais qui,
par extraordinaire, menace ici de ne
pas s'abstenir. "
Les autres, et sous le nom des au
tres il faut entendre presque tous,
aussi bien les opportunistes que les :
radicaux, n'admettent aucune modéra- ;
tion ni pacification, si ce n'est sur le
terrain des faits accomplis ; ils exigent
la soumisssion, la soumission absolue
atout ce qui s'est fait jusqu'à cette
heure, sous le couvert de la Républi
que, la reconnaissance des lois scolai
res. à laïcisation continue, de la loi
militaire, etc., etc. Cela fait, ils se
ront généreux et daigneront rece
voir in digno corpore nostro les dé-,
pûtes de la droite qui viendront
un cierge à la main faire amende
honorable devant l'autel de la laïcisa
tion. Ils consentent à tendre la main
aux pénitents par-dessus les ruines
amoncelées, à condition qu'on n'y tou
chera pas.
Alors de. quelle pacification nous'
parle-t-on? N'est-ce pas de celle dont
il est écrit dans Tacite : cum solutadi-
nem fecerint, pacem appellant. Quand
il n'y a plus de mal à faire ils veulent
bien s'arrêter. Il y a bien encore le
budget des cultes, mais les énergu-
mènes du parti seuls veulent le pren
dre en bloc. Les habiles aiment mieux
torturer l'Eglise en lui jetant un mor
ceau de pain, que de la laisser totale
ment dénuée, mais libre. Mais ce
budget, qui est la detta la plus légi
time et la plus sacrée, ils le rognent
chaque année, et ils espèrent ainsi
amener tout doucettement l'Eglise à
périr d'inanition. Ne sont-ils pas plus
dangereux et plus à craindre que les
autres ?
Eh bien! ce sont ces derniers qui
jouent, espère-t-on, ou doivent jouer
la comédie de l'apaisement, car enfin;
on ne pëut pas tenir compte du seul
Léon Say, et des quelques recrues qui
se rangent autour de lui. Et encore
envoyant son insuccès, M. Léon Say
ne lâcherait-il pas tout? Il n'en serait
pas àsonétrenne. C'est donc l'oppor
tunisme à qui on prête les goûts de la
modération. Mais, en attendant, il
invalide les conservateurs, et valide
les excès électoraux des républicains
avec une rare impudence. Après cela
il lui sera loisible de parler d'apaise
ment, cum solitudinem fecerint pacem
appellant.
Vraiment on est tenté de croire que
M. de Gontaut-Biron a failli cette fois
à l'art diplomatique et que s'il tenait
son article, il ne le lâcherait pas en
face de la laïcisation continue, de
l'exécution de la loi militaire, des in
validations d'une injustice criante et
des curés réduits à la misère. Il doit
dire de ses sages conseils ce que Bos-
suet a fini par dire de la fameuse dé
claration du clergé de France : A beat
quo libuerit i
Puisqu'on est en train de donner
des conseils à la droite, pourquoi ne
donnerais-je pas aussi le mien ? C'est
peut-être bien de la prétention. Mais,
enfin, il y a un proverbe qui dit qu'on
a souvent besoin d'un plus petit que
soi. On dit qu'il ne faut pas sacrifier
ses convictions politiques; je suis
bien de cet avis. Mais pour les garder,
et même travailler à leur triomphe, ils
n'est pas nécessaire de déployer tou
jours son drapeau. Quand la droite
tendait la perche à M. Rouvier, se mon
trait favorable au boulangisme,et for
mait le plus gros appoint de l'union
conservatrice, il me semble qu'elle ne
pratiquait pas mal l'abnégation. Mon
conseil ne lui demande même pas de
tels sacrifices.
Il y a une combinaison, qu'elle n'a
pas encore formée sérieusement et qui
exigerait de sa part moins d'abnéga
tion que le boulangisme par exemple,
et même l'union dite conservatrice,
ce serait d'appliquer en toute sincérité
une parole 'de l'Evangile, qui est vraie
pour tout le monde, même pour les
députés : Cherchez d'abord le royaume
de Dieu, et le reste vous viendra par
surcroit. Il est vrai que ce serait le
parti catholique. Mais pourquoi ne
ipas en essayer? Elle n'aura jamais
travaillé plus sûrement au triomphe
divin de ses convictions politiques,
puisque l'Evangile l'affirma : Le reste
viendra par surcroît. .
Thivrier,... nous ne disons pas mon
sieur, cette appellation bourgeoise le
blesserait sans doute, Thivrier conti
nue, chaque fois qu'il entre au Palais-
Bourbon, de mettre une blouse de toile
bleue sur ses vêtements de drap noir.
Le plus ridicule, c'est que Thivrier,
mal a son aise dans .sa blouse, à. la
quelle il se figure que tout le monde
fait toujours attention, ne l'endosse
chaque fois qu'avec un nouvel effort
moral, de sorte qu'il voit dans cette
cérémonie quotidienne, compliquée de
lutte intérieure, une preuve de son
courage héroïque, ce qui le rend tout
ensemble fier et penaud. Il s'est donné
devant, les électeurs de Montluçon, et
par serment, une mission sociale, qui
est de porter la blouse à la Chambre.
Il n'y a que lui qui la porte, qui ose la
porter. G'est sa gloire, mais cela le
gêne.
Ce qui paraît assèz ridicule aussi,
c'est que Thivrier s'imagine lutter
contre un préjugé bourgeois, tandis
qu'il lutte simplement contre un pré
jugé ouvrier. Ce n'est pas le bourgeois,
en effet, c'est l'ouvrier qui s'empresse
de faire quelque toilette, qui.s'endi-
manche, quand il sort de chez lui, de
l'usine, de là fabrique, ou de-l'atelier,
enfin du lieu ordinaire de son travail
manuel, pour aller dans une réunion
quelconque, fréquentée par diverses
classes de citoyens. La blouse de Thi
vrier, qui.laisse le bourgeois fortin-
différent, flatte l'ouvrier peut-être,
mais certainement elle le choque.
Thivrier ne s'en rend pas compte.
Il s'en rendrait compte, d'ailleurs, que
cependant il n'oserait sans doute point
quitter sa blouse. Il est rivé à sa blouse.
Chaque jour elle le gêne, elle lui pèse
davantage. Chaque jour il se sent
plus incapable de la quitter. Que di
rait le peuple?... Thivrier, mainte
nant, n'ôterait point sa blouse même
pour monter à la tribune. Seulement,
y montera-t-il ?
Si M. Floquet n'intervient pas offi
ciellement ou officieusement, il est
donc probable que Thivrier gardera
toujours sa blouse et le silence. Et il
arrivera qu'on ne pensera plus le moins
du monde à lui dans, la Chambre,
mais, qu'au dehors le peuple ouvrier
finira, unanimement, par le considé
rer comme' lin simple farceur. On
verra le peuple en blouse ne s'occuper
guère de Thivrier que pour se moquer
de sa blouse. C'est qu'il ne suffit pas
de porter le drapeau socialiste sous
forme de blouse, il faut encore savoir
le défendre. Or Thivrier n'en parait
point capable, du tout. Non seule
ment, il ne le défend pas à la tribune,
ce qui est une désertion ; mais il ne le
défend même point par ses votes, ce
qui est une trahison.
A ce sujet, le citoyen ouvrier so
cialiste Ileppenheimer lui adresse au
jourd'hui de sanglants reproches. Il
l'accuse d'avoir déserté, trahi la cause,
dans la question des allumettes. Et ce
n'est pas tout ; Heppenheimer dit en
core :
Si nous en croyons aussi l 'Officiel, vous
auriez validé certains réactionnaires et;
boulangistes — c'est tout un — convaincus
d'avoir abusé de la misère des électeurs
pour acheter leurs votes. Cela ne me paraît
le fait ni d'un honnête homme, ni d'un so
cialiste.
Pour conclure, Heppenheimer pro
pose à Thivrier, d'un air de défi, de
s'en expliquer avec lui devant les « ca
marades ». Et voici ; les conditions
qu'il met à l'entrevue :
1° Elle aura lieu dans la grande salle de
la Bourse du travail;
2" Pour y être .admis, on devra être por
teur d'une lettre signée du secrétaire de
l'une des chambres syndicales de la Seine
et munie du timbre de cette chambre.
Nous aurons ainsi un publie exclusivement ;
composé de travailleurs ;
3° Il vous sera permis, à vous, de dépo
ser votre blouse au vestiaire ; à moi de
mettre sur mon tricot dé travail un paletot,
cela pour que je sois un peu plus propre
par respect pour mes camarades. Du reste,
vous le savez, la blouse ne fait ni l'homme
ni le socialiste.
Thivrier relèvera-t-il le gant ? Il va
peut-être déclarer qu'un homme en
blouse ne relève pas les gants, dont il
n'a que faire. Cette excuse paraîtra
mauvaise. D'autre part, la prudence
conseille à Thivrier de ne point accep
ter le défi d'Heppenheimer, qui sem
ble n'être pas un contradicteur com
mode, et qui pourrait bien l'embar
rasser terriblement. Thivrier doit être
perplexe.
An ! Thivrier, Thivrier, si vous avez
cru qu'il vous suffirait de mettre une
blouse à la Chambre pour que les « ca
marades » vous laissassent tranquille,
vous vous êtes blousé l
' ■ Pierre Veuillot.
La persécution
Deux curés de canton, sept desser
vants et un vicaire du diocèse d'Ajac-
cio viennent d'être iniquement pri
vés de leur traitement par ukase ad
ministratif.
Voici leurs noms :
Peretii, curé de Zicavo ; Bianconi, curé
de Colenzana ; Alfonsi, desservant de Ti-
volaggio ; Mattei, desservant de Chiglioni;
Acquaviva, desservant de Colosimo ; Bio-
sini, desservant d'Aregno; Orsolani, des
servant d'OEchiatano ; Pierini , desservant
de Poggiole-Muro ; Orsini, desservant de
Novella; Seta, vicaire de Ste-Marie-Siché.
Nos lecteurs peuvent voir ainsi que
la rage de persécution ne s'arrête pas
chez nos gouvernants. C'est une rai
son pour que ne s'arrête pas non plus
la générosité des catholiques appelés
à soulager _lss victimes d'un pareil
arbitraire.
C'est à cette fin, on ne saurait l'ou
blier, qu'a, été fondée l'Œuvre du De
nier du Culte au lendemain des pre
mières suppressions de traitement.
Nous la recommandons de nouveau, et
plus vivement que jamais, au zèle de
tous ceux qui lui ont déjà permis de
faire tant de bien dans les divers dio
cèses de France où s'est abattue la
persécution, qu'on étend encore.
Les offrandes pour l'OEuvre du De
nier du Culte peuvent être adressées :
soit aux bureaux de l'Univers, soit au
secrétaire général de l'OEuvre, M. le
comte G. de Beaurepaire, 5, rue dé la
Chaise, à Paris.
M. Jean de Bonnefon, auteur d'un
livre que vient de condamner la Con
grégation de l'Index, nous adresse la
lettre suivante :
71, rue Jouiïroy.
. Paris, le 11 décembre.
Monsieur le directeur,
Vous avez publié dans : votre très honoré
et très catholique journal le décret qui
frappe mon œuvre : le Pape de demain. A
la lecture de ce document et sans avoir
reçu aucune communication des supérieurs
eoolésiastiques, je demande à votre haute
impartialité de déclarer que purement et
simplement je me soumets sans réserve à
la décision rendue.
Je me permets, monsieur le directeur, de
me dire votre très obéissant et respectueux,
serviteur.
Jean de Bonnefon.
L'acte de soumission sans réserve
que M. Jean de Bonnefon nous prie
de faire connaître au public, et dont
nous le félicitons, lui était commandé
par sa conscience. Il y trouvera sans
nul doute la grâce de comprendre que
le livre condamné était une œuvre
de passion, qu'il s'empressera, espé
rons-le, de faire oublier par des écrits
[s'inspirant de tout autres sentiments.
Un incident assez caractéristique a
marqué la séance d'hier > au > conseil
municipal. M. Levraud posait une
question relative à. l'ouverture des
cours d'enseignement populaire supé
rieur, qui sont, on se le rappelle, une
création de nos édiles révolutionnaires,
et l'interpellant se plaignait du préfet
qui, à l'en croire,, aurait refusé de
contresigner l'affiche du programme
des cours, parce que ladite affiche au
rait été sur papier blanc. Or, le motif
de la réserve du préfet n'était point du
tout celui-là. :
Voici, en effet, ce que nous lisons
dans la réponse de M. le préfet delà
Seine:. ■
M. le préfet de la Seine. — J'eusse
préféré que la question de M. Levraud ne
fût pas posée, car il n'est point dans mes
intentions de faire une critique ou une ré
clame publique à propos de cet enseigne
ment.
Ainsi, il a été présenté à ma signature
une affiche où le programme des cours se
trouve inscrit ; on désirait assurer à ce
programme, grâce à ma signature, le béné
fice de l'affiche officielle, de l'affiche blan
che.
votai ce que je lis dans ce pro-
gia-ssB:- : .ï
. Trano ^.-.dation des croyances. Le _ bou-
dhisme en Orient, le christianisme en Occident.
Sources multiples du dogme chrétien.'—
Le culte de l'Homme-Dieu, dernier terme de
l'anthropomorphisme grec. — Apothéose du
téminin : la Mère de Dieu. —La morale antique
et la morale chrétienne. — La vie monastique.
— La fin d'un monde. — Lois morales de l'his
toire. ;. ï ' ■
Il nfa, semblé, messieurs, que ce cours
de haute et indépendante philosophie .pour
vait être fait sans aucun inconvénient. Je
nè m'oppose point îi ce que l'on discute les
croyances, les idées religieuses, à ce que
l'on en montre la genèse, à. cé que l'on
fasse entrevoir leur fin. Je ne suis pas en
effet le représentant de telle ou telle philo
sophie, je suis simplement un magistrat,_et
un magistrat chargé de la haute_direction
de l'enseignement primaire. Rien de plus,
Je n'ai même pas qualité pour m'occuper
do l'enseignement supérieur.
Il m'a semblé que le nom du préfet de la
Seine, mis au pied de cette affiche, lui eû.t
donné une sorte de consécration, ou, si le
terme vous parait trop ambitieux, d'attache
officielle.
Il m'a paru que le mérite de ce cours ré
sidait dans son indépendance même,et qu'il
n'avait pas à recevoir du préfet de la Seine,
magistrat chargé seulement des intérêts de
l'enseignement primaire, une sorte de re
commandation. ^
Ceux de nos concitoyens qui peuvent
sentir leurs convictions froissées par l'énonr
cé de ces programmes a'auront pas à pro
tester contre mon immixtion dans l'organi
sation de cet enseignement.
J'ai donc vu beaucoup d'inconvéniènts à
y donner ma signature; je n'y ai pas vu
d'avantages.
On m'a dit : Mais on peut supprimer les
programmes, et vous vons borneriez à
signer l'annonce des cours. J'ai compris
que les programmes ne seraient pas long
temps séparés des cours et que le public
me rendrait responsable du tout. Aussi
ai-je cru de bonne politique de ne pas don
ner ma signature.
Mais, me dit M. Levraud, il ne manque
pas de cours qui bénéficient de l'affiche
blanche.
Je le sais. Mais aussi est-il rien de plus
inoffensif que le cours de pisciculture, par
exemple? ou que les cours d'arithmétique,
de dessin, de comptabilité, etc., recommanr
dés par les maires ? Le timbre n'y regarde
pas de trop près.
Mais j'ai refusé de signer l'affiche annon
çant les cours en question et en donnant
le programme, simplement parce que je
ne veux pas en prendre la responsabilité.
Il faut bien avouer que la réserve oû
déclare vouloir se tenir M. le préfet de
la Seine est le minimum de ce qu'on
serait en droit d'attendre, en face
d'un enseignement comme celui dont
il a rappelé le programme. Pour pep-
sonne, en effet, il ne saurait, faire de
doute, d'après le simple énoncé de ce
programme, que les.maîtres qui le dé
velopperont le feront dans un sens
absolument outrageant» pour la reli
gion catholique ; or, les catholiques
figurent en grande majorité parmi les
contribuables, et il est au moins
étrange qu'on se serve de leurs con
tributions pour subventionner un en
seignement qui est un outrage à leur
foi. Tout gouvernement soucieux de
son .dévoir ou simplement impartial
comprendrait que de telles licences
ne sauraient être tolérées de là part du
conseil municipal. Mais l'on sait à mer
veille que notre gouvernement est peu
plé de sectaires d'accord sur le fond avec
les énergumènes du conseil munici
pal et pour qui l'affaire qui nous oc
cupe est purement une question d'op
portunité. Aussi M. Levraud a-t-il pu
reprendre :
M. Levraud. — M. le préfet de la
Seine vient de déclarer qu'il n'était pas sys
tématiquement hostile à ces cours créés par
le conseil. J'en prends acte. Mais je pense
que, s'il n'y a pas d'hostilité chez lui,il s'en
trouve peut-être ailleurs, dans, son admi
nistration. Qaoi qu'il en soit, M. le préfet de
la Seine se"trompe s'il s'imagine quo nous
voulions user du papier blanc pour donner
à nos affiches un caractère officiel. Le pa
tronage que nous voulions exprimer, c'était
celui du. conseil municipal, .et non celui de
l'administration.
Nous n'aurions même jamais pensé à
cette assimilation, que M. ' le préfet base
sur la couleur du papier, s'il n'eu avait
parlé lui-même.
Il s'effraye de la nature du programme.
. Je crois, M. le préfet, que précisément ce
programme montre que l'enseignement
qu'on se propose.de donner n'entend élever
aucune polémique;, c'est, au.contraire, un
enseignement, qui, ne s'appuyant que sur
des faits avérés, historiques, veut simple
ment considérer la genèse des idées philo
sophiques et religieuses. C'est là tout le
contraire d'une polémique.
Je ne puis qu'exprimer le regret, d'avoir
à enregistrer le refus de M. le préfet de
contresigner les affiches, et je crois bien
que, si le cours avait été conçu dans un au
tre ordre d'idées, il aurait accepté d'en
signer les affiches.
Nous ne pouvons obliger M. lé préfet à
signer; mais je demande au conseil de faire
exécuter sa délibération en adoptant le pro
jet de résolution suivant :
« Le conseil, . .
« Invite M. le préfet de la Seine à exécu
ter la délibératiou du conseil municipal en
date du 1" juillet 1889, relative à l'ouver
ture de deux cours d'enseignement popu
laire supérieur à l'hôtel de ville. :
« Signé": Levraud. »
M. le préfèt de la Seine. — Dans
ces termes, je n'ai aucune objection à
faire.
Le conseil adopte la proposition déposée
par M. Levraud.
Ainsi; tout ce que l'administration
acoorde aux justes susceptibilités des
catholiques^ à propos de l'enseigne
ment blasphématoire dont il s'agit,
c'est de se refuser à l'annonce sur
affiches blanches-; mais celte ques
tion de forme, dont nous ne mécon
naissons pas d'ailleurs.l'importance,
que devient-elle à côté de la question
de fond? En somme, par affiches blan
ches ou par affiches de couleurs, les
catholiques n'en seront pas moins pu
bliquement outragés dans leur foi,
avec la protection formelle du conseil
municipal et la complicité indirecte
du gouvernement.
C'est un nouvel acte de persécution
qui s'ajoute au dossier déjà si gros des
attentats accumulés contre les catho
liques. J .
Ceux-ci ne l'oublieront pas. ■.
A uguste R oussel.
Nous recevons de Carcassonne la
dépêche suivante :
Carcassonne, 12 décembre, 11 h. 35 du malin.
L'assemblée régionale de l'OEuvre des
Cercles catholiques ouvriers s'est ouverte
aujourd'hui à Carcassonne, sous lé patro
nage. de Mgr l'évêque et la présidence de
M. de la Guilliounière.
Trois ..cents personnes assistaient à la
première séance, qui a été fort intéressante.
M. Léon ilarmel et M. l'abbé Garnier
arrivent ce soir.
Làpeyre.
liés Trappistes au Canada
La Gazette de Montréal publiait na
guère l'appréciation suivante de
l'œuvre agricole et des succès rem
portés dans la tenue de leur ferme
par les trappistes d'Oka.
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