Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-12-11
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 décembre 1889 11 décembre 1889
Description : 1889/12/11 (Numéro 8013). 1889/12/11 (Numéro 8013).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k706833q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 44 Décembre 1889
ÉDITION QUOTIDIENNE
PAÏTIS ÉTRASSE3
U DÈPARTEHEHTa " (ONION POSTA»)
On an. .... 55 » 68 . »
Sis moi?. ... 23 60 34 » .
Trois mois. . . 15 » 13 a
N* 8013 ~ Edition çuotidienns
Mercredi 44 Décembre 1889
W8WMgaBa»»B>»MMWai
ÉDITION SEMI-QUOTTDÏENNÏÏ
^«falBBeaieBti partent dos 1" et 18 do ehucjao mois
r Paris ... . . .. 15 cent.
UN NUMÉRO | Départements. 20 —
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Père»
Un an. ' ...
Sixmo^s. /
Trois mois.
...PARES
.ÇtBÉPABMWNT»
, » 30 »
, . 18 »
. 8 50
ÉTRANGER
{TOilOît POSXAll)
33 b
19 a
10 »
On s'abonne & Rome, pJaoe dn Gesù, S
mmzmmm&mtwimâ&mmsEBm
tfcs abonncicents parient des ot 18 de cbaqtse JueS
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
• • ANNONCES
MM. Ch. LÀGMNGE, CERF et C 1 », 6, place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 10 DECEMBRE lf89
Le citoyen Joffrin est donc député ;
ii s'est trouvé une majorité do 293
voix contre 233 pour repousser l'amen
dement du citoyen Gluseret, un répu
blicain cependant, qui demandait l'an
nulation des opérations électorales de
Glignancourt, et pour valider le sieur
Joffrin, non élu. Auparavant 350 dé
putés contre 117 avaient rejeté un
amendement de M. Déroulède décla
rant élu le général Boulanger. La dis
cussion a été très vive ; y ont pris
successivement part : MM. Laguerre,
Lévêque, Laisant, Brisson, Ernest Ro-
che , Reinach , le docteur Desprez ,
Maujan qui a proclamé la supériorité
de la république sur la volonté du
peuple, Pelletan, Déroulède, Cluseret.
Séance aujourd'hui pour continuer
la vérification des pouvoirs, qui na se
termine pas vite.
Au Sénat, on à reciilé à vingt et un
ans la limite d'âge pour l'école poly-
techique, entendu une question de M.
Le Breton au sujet du renouvellement
des traités de commerce et l'interpel
lation de M. Lacombe relative au rôle
des médecins en cas d'enquête judi
ciaire ; cette interpellation s'est termi
née par le vote d'un ordre, du. jour
motivé que proposait M- Lacombe et
qu'acceptait le ministre Thévenet.
La question des iniques suspensions
de traitement, dont M. Thevenet se
montre prodigue, va être portée à la
tribune du Sénat. M. le marquis de
l'Angle-Beaumânoir a demandé à in
terpeller le ministre' de la justice et
des cultes au sujet dç la suspension
de traitement de prêtres du diocèse de.
Saint-Brieuc. La , discussion a été
ixêé âiaMïrr
Les ouvriers des charbon nages w.est-
phaliens ont consenti a retarder la
grève générale jusqu'à dimanche pro
chain, mais ils cesseront le travail si,
d'ici là, les compagnies n'ont pas re
pris les ouvriers qui avaient été con
gédiés à la suite de la dernière grève.
On espère que la grève sera évitéa..
Sans attendre la convocation des
électeurs pour nommer les membres
du nouveau Reiehstag-,.les socialistes
allemands ont lancé leur appel à leurs
coreligionnaires,politiques; dans cette
pièce, que nous reproduisons plus loin,
lis sa montrent - modérés-j-leur-appel-
ja'en sera sans doute que ,mieux, en-,
tendu, if est incontestable jqu'à. cha.-
que élection, malgré laiovdingée con
tre eux, les socialistes onT fait" des
progrès s'ènsïblésT"' .
- Même des journaux favorables à l'n-
niié italienne s'effrayent duprogrès des ;
idées révolutionnaire#,,Aipsi une dé-"
pêche .du Journal'peut suspecter de préventions clérica
les, signale là rapidité avec laquelle le
Parlement italien expédie la / loi/con
tré les œuvrespiès,'qui^é'st une sécun.
îarisatiori et une spoliation. Lorsqu'il,
futj pour la première fois, question de
cette fondes protestations se' produisi
rent j usqpi« dans--les .ranga.-unitaires..
Aujourd'hui les . articles,- même les
plus mauvais, sônt votés sans discus
sion;-* •
On a fait appel" au concours de la
Révolution pour parfaire l'unité; c'est
une dangereuse alliée avec laquelle il
faudra un jour compter, et un mo
ment viendra où le roi Humbert pour
ra regretter les services de M. Grispi,
aussi bien dans les qfaéstioris intérieu
res que dans "les questions exté
rieures.
* ■ » j-v ? ".*•■; -h Jr " rr njit :T'* ù J.
Les renseignements arrivent, sur, la
révolution du Brésil ;• s'ils font com
prendre., ;çomm;ërit\ s'est produite fa
chiite si brusque de Xempereur dora
Pedro, ils ne témoignent pas d'une
haute intelligence] politique ni d'une
grande fermeté chez l'amperenï.et ses
conseillers ; pas pluà qu'ils ne prou
vent chez les révolutionnaires triom
phants .des doctriile3 gouvernemen
tales; c'est un vulgaire pronuricià-
miento qu'un peu de.résolution et de
prévoyance aurait empêché. Seul le
ministre de la marine, qui a failli être
assassiné, a essayé dé lutter,. , ' /
Nous serions fort.surpris si ce coup
d'Etat militaire relevait le Brésil. Ce
n'est pas, du reste dans l'intérêt du
pays, mais pour satisfaire leur ambi
tion, qu'ont opéré les hommes qui se
sont emparés du pouvoir.
P. S. • — La Koelnische Volkseùûng
de Cologne publie la dépêche suivan
te, adressée par le gouverneur géné
ral de la "Westphalie au préfet de
Bortmund:
Les propriétaires des charbonnages de
votre district ont déclaré qu'ils étaient dis
posés à lever l'interdit dont ils avaient frap
pé des ouvriers ayant pris-' part à la der
nière grève. On demandera la mémo main
levée. atix autres charbonnages, et l'on ne
doute pas de leur consentement.
Sigaé : S tudt. '
La Koelnische Volhzeitung exprime
l'espoir qu'à la suite de cette conces
sion les ouvriers renonceront à la
grève générale annoncée.
Le suffrage universel est un. drôle»
de souverain. Il se laisse charger de
chaînes par ses subordonnés. Il ac-?
cepte que ceux-ci (au moment où"
leurs fonctions expirent), prennent
des mesures contre lui et se réservent
les moyens de s'imposer à son choix,
pompeusement déclaré libre. Il con
sent que l'on pratique sur lui des opé
rations à intimider des vivisecteurs.
Comme il se trouve très mal d'avoir
une nature impersonnelle, comme
il essaie parfois de se saisir et
de se donner une espèce de figure en
s'incarnant aux trois quarts dans un
homme, les serviteurs dévoués et res
pectueux le contraignent à diviser la
manifestation de sa volonté. On le
découpe; et on ne recolle ses mor
ceaux qu'après qu'il a poussé des sons
inarticulés que les auditeurs interprè
tent à leur guise. Alors, il est informé
que pendant quatre ans il n'a plus
que le droit de se taire. Jadis Rous
seau décidait que si le peuple veut
se faire du mal, c'est-à-dire, abdiquer
pour s'épargner .au moins d'être ridi
cule, personne n'a le droit de l'en em
pêcher; hier, les mandataires ont dé
cidé qu'il n'a même plus cette faculté
et qu'il est obligé de proclamer éter
nellement la république : elle est au-
dessus da lui, c'est réglé. Au régime
de la carte forcée, sinon traité d'imbé
cile, ce pauvre diable de souverain.
Villeroy qui, a-t-on prétendu, disait à
Louis XV enfant : « Sire, il est l'heure
que votre majesté désire qu'il soit »
était un courtisan beaucoup plus
digne que ces mandataires qui , ré
digent ces textes législatifs : — Le
suffrage universel est notre maître ;
et c'est pourquoi il ne peut légitime
ment vouloir que ce qui nous plaît ! —
Ces oracles ont été rendus hier ; non
d'une façon implicite, mais en termes
positifs. L'élection de. l'ineffable Jof
frin a fourni le sujet de ce haut ensei
gnement. Tout un groupe' de juristës
et de casuistes révolutionnaires" a, sué
pour élaborer la sentence. . ?
M. Laguerre a.ouvert la discussion,
li a pris la parole au milieu d'une salle
comble et d'avance agitée. Il a pro
noncé un assez long discours dont la
première partie offre un incontestable
caractère d© netteté et de logique et
où l'orateur boulangiste, bien" que
toujours raide et sec, a gardé un ton s
modéré. Ayant signalé l'anomalie qui
consiste à proclamer élu celui des
candidats qui a obtenu la minorité,
et non pas seulement parmiîôsînscrits,'
-mais parmi ; les. votants,,.il a com
menté la loi Mûr ies candidatures mul
tiples. H a rappslé les promesses faites 5
au Sénat par le 'ministre'"de Ta jus-'
tice, lequel a carrément assuré que*
l'innovation se bornait à interdire la
multiplicité. M; Boulanger ne s'étant
présenté que-dans une seule, circons
cription était,, à cet égard, dans une
situation normale. On a refusé pour
tant de viser ses papiers, c'est-à-dire
sa déclarations ,Q ; ui? Le préfet. Alors
, c'est le.préfet qui. autorise les citoyens
'àsolliciter "les suffrages et/par suite,
donné ; d'es brevets d'éligibilité? Par- «
faitenient. 1 Le préfet concourt & l'œu-1
yre des .mandataires,laquelle' est d'à-.
bord de paralyser le souverain. M. La- '
gueïre n'a pas résisté au plaisir de se
couer la misérable haute cour. Tancé >
par M. Floquetpouravoir flétri la «basse
justicepolitiqùè" il s'est tiré d'affaire
en saluant-ironiquement la « haute
j ustice « instituée pour une « manœu
vre électorale'», encore un mot. que
•M.- Fioquet ,n'a pu digérer. M. La-;
guerre s'est peu à peu livré à sa ten
dance agressive, et il a vivement qua
lifié là loi sur les candidatures et. le,
système adopté, pour valider systéma
tiquement. lps opportunistes et les
radicaux. Il a donné lecture d'une
circulaire du ministre des travaux
publics enjoignant aux fonctionnaires'
d'exercer la pression,.drapeau déployé.!
Le ministre s'est vanté-de cet . exploit,
et le centre, pour , qui, en fait de scru
tin comme en. fait d'école, neutralité
signifie, intervention cynique, -s'est,
pâmé da' ;joie. A plusieurs reprises, ^
des.Colloques tumultueux pnt ; éclaté'
entra ministériels et boulangistes,-
.ceux-là déniant aux autres le titre de
républicains. : : • . : -, . .
Le rapporteur, M., Lévêque, à la voix
sourde et à l'argumentation pénible,
a fatigué tout le monde en dissertant
sur l'inégibilité. Il a soutenu que le;
préfet, qui peut intimider les élec
teurs en jetant l'interdit sur tel ou;
tei candidat, n'empiète pas sur les at
tributions de la Chambre toujours
souveraine da par la constitution.
Car la Chambre est souveraine,;
comme la nation, comme l'adminis
tration, comme la lune. Il n'y a plus;
que des souverains, mais ils sont em--
pêtrés I
M. Laisant, qui fut jadis l'un des
orateurs écoutés du parti républicain, ;
a provoqué des explosions de colère,
en frappant sur les juges de la Haute-:
Cour.Ii a déclaré que «le droit d'insur-'
rection est ouvert », il a invoqué, lui
aussi, la souveraineté du suffrage uni-;
versel. Il s'est attiré de nombreuses
observations de M. Fioquet, très oc
cupé à sourire ou à gronder mais se
trompant continuellement d'occasion.
M. Laisant a eu un bon n +Gt en si
gnalant une nouvelle catégorie d'élus:
« l'élu administratif. » Il a riposté ver
tement à M. Fioquet, qui l'accusait
d'inconvenance; et, descendant de la
tribune, épuisé, il a maintenu son
défi et sa menace.
M. Brisson, qui cherche depuis long
temps les grandes circonstances pGur
reconquérir du prestige, a reparu
comme le jour du voto sur les candi
datures multiples. Cette fois, il n'a
plus rencontré le même succès. Il avait
bien commencé à vociférer en trémo
los ses platitudes furibondes (car lors
qu'il n'a pas l'air d'un croque-mort
poussif, il prend l'aspect d'un hurleur
de mélodrame) ; il avait affirmé le
droit de la Chambre de valider le grand
turc pour écarter le général Boulan
ger; il avait salué la républi-i i-que
triomphan-an-ante; mais un embarras
du gosier surmené, un lapsus qui a
fait rimer la circonscription de Glignan
court avec un mot comme « vaincu »,
par exemple, a excité des rires fous.
Au comble de la colère, M. Brisson est
devenu muet.
; Pour assister au début de l'impor
tant M. Reinach, la majorité a refusé
de prononcer la clôture qui était for
tement réclamée. Encore une décep
tion, mais moins gaie. M. Reinach
n'obtiendra pas à la tribune la gloire
qu'il a vainement espérée du journal.
Sa demi-douzaine de souvenirs clas
siques, dont il a d'ailleurs si terrible
ment abusé, ne supporte pas l'audition.
Sa banalité joue des tours pendables à
sa gravité. Il est infiniment trop
« concours de Sorbonne » et « confé
rence Molé ». Ses sempiternelles
«justes lois » ont fait craindre la
réapparition de Coriolan, de Catilina
et des autres figurants qu'il a tant
fait manœuvrer contre le boulan-
gisme. C'est une chute; et.M. Fioquet
a paru désireux de ne pas 1 amortir.
M. le docteur Besprès, hostile à la
validation du citoyen Joffrin, s'est at
tiré de la part des boulangistes des
applaudissements qu'il a repoussés
avec des gestes d'effroi.
M. Ernest Roche, à l'accent méri
dional, à la voix chaude, a soutenu la
même thèse et non sans élégance.
.....M- Maujan a crié comme un sourd
pour;sauver la république. -C'est lui
qui a ditqu'ellè est au-dessus du suf
frage universel. Là majorité, d'abord
ahurie, a . couvert d'applaudissements
l'ancien officier d'ordonnance da gé
néral Thibaudin. Une allusion aux
« camelots » a déchaîné les fureurs.
Debout dans l'hémicycle, M. Dérou
lède semblait vouloir se précipiter sur
M. Maujan. On s'est bousculé au mi
lieu du tumulte. Enfin, on s'est calmé
faute d'haleine.
. M. Pelletan, anti-boulangiste com
me M. Després, a comme lui demandé
l'annulation, mais les radicaux étaient
divisés. •
• M. Deroulède a fulminé contre les
prescripteurs, pour l'instant valideurs
enragés. Sa stature, sa voix ,S6S gestes,
sa parole abondante et chaleureuse
produisent de l'effet. Il a du souffle et
une- vigueur qui semble inépuisable.
Il a fait, malgré le président et la ma
jorité, le panégyrique du général" et a
terminé en dénonçant la « dictature
de l'argent.
~ Un amendement très crâne, de M. D e -
roulède, êt tendant à proclamer M. Bôu-
langer;élu à été repoussé par 350 voix
contre 117. Un amendement de M. Clu
seret, tendaîità l'annulation du scru
tin, n'a été. rejeté que par 60 voix (293
contre 233). Les boulangistes ont pro
testé line dernière fois, pour ce débat,
par,le cri de : « Vive le suffrage uni
versel 1 » ,
On a prononcé la validation* de l'é
lection de M» Joffrin. A ce moment,
dans une tribune publique, deux au
diteurs ontpris la parole et dit à haute
voix : « ; Au nom des électeurs de
Montmartre, nous protestons î » Cette
intervention inattendue a jeté la stu
peur. M. Fioquet, abasourdi, regardait
le plafond, pendant que M. Le Hérissé
applaudissait les orateurs inconnus:
« Parfaitement! Ils ont raison! »
On a fait évacuer la tribune conta
minée, et la séance a été levée.
Si maintenant le suffrage universel
S'efforce encore de savoir en quoi con
siste sa souveraineté, c'est qu'il a de
la persévérance.
• E ugène T àvkrnieb.
L'attention des Chambres va enfin
être appelée sur l'intolérable situation
faite au clergé par les suppressions
répétées de traitements ecclésiastiques.
M. de l'Angle-Beaumauoir a prévenu
hier M. le garde des sceaux, au début
de la séance du Sénat, qu'il l'interpel
lerait sur une iniquité de ce genre
dont un _ ecclésiastique du dio
cèse de Saint-Brieuc a été victime.
Lé garde des sceaux a accepté l'inter
pellation pour lundi. Nous verrons si
le ministre peut expliquer cet abus de
pouvoir autrement que par une nou
velle déclaration de guerre au clergé.
Hier , c'est l'interpellation de M.
Lacombe, ajournée plusieurs fois, qui
est venue devant le Sénq,t. Il s'agis
sait, si l'on peut employer cette ex
pression dans une question de méde
cins , d'une interpellation non pas
curative, mais préventive. Les. faits,
on s'en souvient, étaient ceux-ci : Une
jeune fille, au service d'un fermier de
M. Lacombe, disparaît un soir; on re
trouve trois jours après son cadavre à
quelques centaines de mètres de l'ha
bitation; on apprend en même temps
qu'elle a été suivie par quatre jeunes
gens jusqu'au moment de sa dis
parition, On arrête les jeunes gens
en attendant que l'autopsie du ca
davre puisse donner à la. justice
quelque éclaircissement de nature
à les compromettre; mais cette au
topsie ne peut avoir lieu, parce que
tous les médecins de l'arrondissement
se sont donné le mot pour refuser
leur concours à la justice : l'indem
nité à laquelle ils ont droit en pareil
cas, disent-ils, est dérisoire, « infé
rieure même à l'indemnité d'un équar-
risseur ». Six jours après on se décide
à recourir aux bons offices d'un mé
decin-major, il était trop tard. On dut
relâcher, faute de preuves, les quatre
jeunes gens arrêtés, et l'on ne péné
trera sans doute jamais le mystère de
Marcillac.
M. Lacombe n'ose blâmer ouverte
ment les médecins de s'être concertés
pour refuser leur concours à la pro
chaine réquisition, puisqu'ils ne
voyaient' d'autre moyen d'attirer l'at
tention sur leur cas, mais il place la
question sur un autre terrain : il rap
pelle que les médecins ont été traduits
en simple police pour avoir refusé de
procéder à l'autopsie, et il constate
que la justice ne peut requérir le con
cours d'un médecin qu'en cas de fla
grant délit. Un ordre du jour en ce
sens a été adopté, après avoir été ac
cepté par le gouvernement.
M. Lebreton a adressé une question
au ministre du commerce, sur l'expi
ration en 1892 des traités de commerce
et leur dénonciation au mois de fé
vrier 1891 ; il demande que. l'on con
sulte les syndicats agricoles avant que
le Parlement statue sur les parties in
dustrielles de ces traités.
M. Tirard a répondu que le conseil
supérieur de l'agriculture sera convo
qué dè3 vendredi prochain, mais qu'en
réalité les questions agricoles et indus
trielles étant connexes; la Chambre ne
saurait les étudier séparément.
.Le Sénat a abordé en dernier lieu la
discussion du projet de.loi ayant pour
objet d'assurer le développement de la
colonisation en Algérie à l'aide de res
sources domaniales.
■.Le gouvernement étant d'accord
avec la commission sur- tous les points
du projet de loi, les quatre premiers
articles ont été adoptés sans débat et la
suite de la discussion renvoyée à au
jourd'hui.
An commencement de la séance
avait été adopté le projet de loi de l'a
miral Peyron sur le service militaire
des élèves de l'Ecole polytechnique et
la surlimite d'âge.
J. M.
Il va sans" dire que -les journaux
boulangistes flétrissent , avec la plus
vive indignation le vote par lequel la
Chambre a validé M. Joffrin.
Mais.il y en a d'autres, qui ne sont
pas précisément boulangistes, bu qui
même ne le sont point du . tout, et qui
ne sont guère moins véhéments.
M. Andrieux écrit dans la Petite
République:
Le coup d'Etat d'hier est plus criminel
que celui de 1851, "parce qu'il est fait direc
tement" contre le peuple. . ' •=* ;
Aujourd'hui, il n'y aura pas d'insurrec
tion, et aucun des représentants du peuple
na briguera sur les barricades les honneurs
du Panthéon. . . ......
Mais le droit k l'insurrection n'en est
pas moins la conséquence légitime " de 'ce
qui s'est fait hier au Palais Bourbon.
Contre ce droit, il n'y a pas de prescrip-
tion. ■- - . ■
M. Andrieux, tout en se défendant
avec vivacité d'être "boulangiste, est
suspect, et même convaincu, de
grande complaisance envers ce parti-
là. Il n'en est . pa3 ainsi pour la Lan
terne, qui, depuis près de deux ans,
combat rageusement le boulangisme.
Or, voici ce que dit la Lanterne :
; En validant M. Joffrin, la Chambre
s'est donné le tort de substituer à l'élection
des députés parlé peuple leur nomination
par la Chambre.
C'est la Chambre qui a nommé M. Jof- :
fria. Nous le regrettons pour elle et pour
lui. ■ ; .
Ce précédent fâcheux va donner aux bou
langistes-^ qui ne savaient plus à quel
grief se raccrocher — un prétexte, on peut
même dire uns raison de critique.
M. Joffrin n'y gagnera point en autorité;
la Chambra n'y gagnera point en force ni
en prestige. On aura simplement fait brèr
che aux principes.
Voilà ce qu'ont rapporté & la Chambre
et au gouvernement les « justes lois » de
M. Reinach.
D'autres journaux, et notamment la
Justice , parlent dans le même sens.
Il est certain que la validation de
M. Joffrin est quelque chose d'inouï,
et que jamais rien de pareil ne s'était
vu. Le sentiment de la justice n'a eu,
d'ailleurs, aucune influence dans l'af
faire. On ne voulait pas fournir à M.
Boulanger une occasion de reparaître,
voilà tout. Autrement, l'on eût écouté
la voix du bon sens, gui disait : M.
Boulanger est élu, mais il n'est pas
éligible; M. Joffrin est éligible, mais il
n'est pas élu.
Nous extrayons ce qui suit du
compte rendu officiel in extenso de la
séance du Sénat d'hier :.
M. le président. — J'ai reçu de M.
le marquis de l'Angle-Beaumanoir la lettré
suivante : .
« Paris, le 8 décembre 1889.
« Conformément aux dispositions de l'ar
ticle 83 du règlement du Sénat, j'ai l'hon
neur de vous faire connaître mon intention
d'interpeller S. Exe. M. le garde des sceaux,*;
ministre de la justice et des cultes, à pro
pos de la suppression ordonnée par lui du
traitement d'un ecclésiastique du diocèse
de Saint-Brieuc et de Tréguier.
« Je suis, monsieur le président, de
Votre Excèllence, le très respectueux ser
viteur.»
M. le garde des sceaux, d'acoord avec
M. le marquis de l'Angle-Beaumanoir, de
mande que l'interpellation soit fixée aux
premiers jours de la semaine prochaine. ■ »
M. Thévenet, garde des sceaux, mi
nistre de la justice et des cultes. — Je de- t
mande que l'interpellation soit fixée à*
lundi.
M. le président, — M. de l'Angle-
Beaumanoir, vous êtes d'accord avec M. le
garde des sceaux pour lundi J...
M. le marquis de l'Angle-Beau-;
manoir. — Parfaitement, monsieur le pré
sident, et je remercie M. le garda ; des
sceaux. '■
M. le président. — La discussion da
l'interpellation sera mise à l'ordre du jeur
de lundi. ;
Nous espérons que l'exemple donné
au Sénat par M. le marquis de l'Angle-;
Béâuïnanoir sera suivi à la Chambre
par quelqu'un de nos députés catho
liques. Ce n'est pas,en effet, de la sup
pression d'un seul traitement qu'il
s'agit, et nous signalions l'autre jour
dans TArdèche une véritable héca
tombe de ces humbles prêtres, spoliés
ainsi par ukase préfectoral pour de
prétendus délits dont on les charge
sans enquête, sans débat contradic
toire, sans jugement.
Nous disons qu'il s'agit ici d'une vé
ritable spoliation, car ni au point de
vue administratif, ni au point de vue
judiciaire, on ne saurait donner la
moindre apparence de légalité à de
pareilles mesures. Par contre, il serait
aisé d'établir qu'elles sont édictées en
violation directe du Concordat et c'est
là un point très grave — qu'on ne sau
rait négliger — de la discussion que
va provoquer l'interpellation de M."le
marquis de l'Angle-Beaumanoir. ,
Il sera bon, en outre, à cette occa
sion, de faire, ressortir l'insolence et
sôuvént même ia 6 grossièreté dû. lan
gage dont se servent les pachas pré
fectoraux pour notifier aux prêtres
frappés la spoliation dont ils sont vic
times. Nous en avons déjà donné plu
sieurs exemples. En voici un autre :
Le préfet de l'Ariège, en notifiant
la suppression de leur traitement à
MM. de Bermon, curé de Verdun, ; 76
ans; Buscail, curé de Mijanès, 35 ans;
Dedieu, curéd'Illat, 30 ans; Franqui,
curé de Mérens, 39 ans ; Sabatié, curé
de Pradiëres, 41 ans, ajoutait :
M. le ministre des .cultes,.. renseigné sur
votre attitude, a décidé que le traitement
qui vous était servi par le" gouvernement
que vous avez ouvértement et déloyale^
ment combattu, vous serait supprimé à par
tir du 25 novembre dernier. v " r - '
La durée da la peine disciplinaire qui
vous est infligée sera calculée sur la gra4
vité des fautes commises et - des. écarts ..de
conduite constatés. \
■; Les sentiments que vous manifesterez à
l'avenir peurront vous faire pardonner vo
tre ingérence! abusive dans 'les questions
étrangères aux fonctions sacerdotales et
détermineront le gouvernement à, l'indul
gence . ou à la"sévérité. " v
* • Signé : bb M alherbe.
^ Une pareille signature au bas d'un
semblable factum en dit long sur les
ravages faits en France dàns tous les
rangs de la société par la secte révo
lutionnaire. Un Malherbe au service
d'une république persécutrice, met
tant dans ses papiers une lettre de ce
genre, n'aura pas à s'en honorer de
vant, la postérité. •• •/
A uguste R oussel
Nous recevons de Rome la dépêche
suivante :
Rome, 10 décembre, 11 h. 15.
. Le conseiller de la nonciature nouvelle
ment nommé, est Mgr Zaleski, Polonais,
'qûi accompagna Mgr Agliardiaux Indes et
Mgr Ruffo-Scilla à Londres.
Nous avons promis à nos lecteurs
un article sur les Œuvres oratoires et
pastorales de Mgr . Freppel, évêque
d'Angers, publiées en dix. beaux , vo
lumes in-octavo par la librairie Roger
et Ghernoviz, 7, rue des Grands-Au-
gustins, Paris.
Nous n'avons pas oublié cette pro
messe ; mais le temps nous a manqué
jusqu'ici pour la tenir. .
En attendant qu'elle soit tenue, nous
ne. voulons point laisser passer le
temps de l'A vent sans rappeler- cette
grande publication. Mgr Freppel est-
un maître de la parole et de la doctri
ne. Ses GElivres pastorales sont un mo
dèle d'éloquence sacrée, où la piété et
le goût des belles-lettres trouvent am
ple satisfaction. '
Chronique
Oa lit dans le Petit National ;
îlier, au moment eù M. Fioquet. proclamait;
les résultats du dernier scrutin et déclarait élu
le sieur Joffrin, des protestations ont éclaté
dans les tribuBes publiques.,
. Des cris ont.accueilli ce résultât scandaleux.
..ï- A bas Joffrin ! "
Vive le suffrage uniyeraàl î "'.
Un délégué des groupes de Montmartre a ré- -
sumé la situation : '
. — Vive Boulanger 1 l'élu
^M.'Fioquet, très.pompeux, a fait évacuer la
tribune* M. Guillaumou, questeur, semblait
affolé.l
Deux jeunes gens arrêtés au hasard, dans le
tas, ont été menés au poste du Palais-Bourbon
et, de là, dirigés sur la questure.
Inutile dè dire que ces arrestations c'au ront pas de. suite. "" r
A propos de la retraite prochaine de M,
Barbier, président do la cour de cassation,
nous lisons dans la Liberté :
"Evidemment, comme toujours, on verra en
lutte, pour cette situation supérieure, là politi
que et la hiérarchie. Si nous avioss un vœu à
formulèr, c'est que, dans les circonstances ac
tuelles, la politique eût la sagesse de s'effacer
et de céder la pas à la hiérarchie, c'est-à-dire
aux services rendus par les hommes éminents
da la carrière, à l'expériince, à la compétence,
à la haute science du droit, aa mérite épreuvé.
A rheurfe'ôù. nous 'sommes, lorsqu'il est si
nécessaire d'apaiser les "passions, les agitations
et les défianoes que tant de faits récents ont
mises én jeu, il ne faut pas que la présidence
de la cour suprême, du pouvoir magistral ^ui
est appelé à fixer souverainement l'interpréta
tion du droit, soit une question de parti. 11 im
porte, au- contraire, qu'elle reste inflexiblement
sur lé terrain hiérarchique et technique,, et
qu'on n'en fasse pas le refuge de quelque
ambition déçue sur le terrain des luttes poli
tiques. ' ' " "
* C'est pins que jamais le cas de- se rappelef 1S
mot célèbre : « La cour existe pour rendre des
arrêta et non pas des servicês ». Maxime da
vérité et de raison, dont celui qui est à la téta
d'une juridiotion aussi haute doit être la vivante
expression.
La Liberté a raison ; mais nous serions
bien surpris si le gouvernement * sectaire
qui nous opprime cédait à de pareilles
considérations.
; Le XIX" Siècle publie la dépèche sui
vante.: ;
Saint-Pétersbourg, 9 décembre.
•'Le prince Louis-Napoléon, qui- -vient d'entrer
dans ^ l'armée russe comme lieutenant-celonel
du 44? dragens, lequel est cantonné dans la
Caucase, a déclaré dans un entretien particulier,
à son passage ici, qu'il avait quitté l'armée ita
lienne parce c[u'il avait : acquis la conviction
que M. Crispi préparait la guerre contre la
France.
^ La chçise est si- vraisemblable qu'on
s'étonne que le. prince Louis Napoléon s'en
soit avisé si tard. • ; ■
1 ^ II-y vivait hier soirée de /contrat à l'hôtel
d'Uzès, : : anx-Ctfamps-EIykéè's, pour le pro-
çhain mariage de M. le duc de Luynes avec
Mlle d'Uzès, et les journaux du boulevard
énumèrènt, avec description des diverses
toilettes, toutes les personnes qui se trou
vaient à cette soirée. '
Le Gaulois y joint la liste, : en trois co
lonnes, des cadeaux efferts.à Mlle. d'Uzès.
On y remarque le général. Beulanger, qui
offre.une.libellule en diamants; M? Georges
Laguerre, qui 'offre une glace à main en cr,
et M. Arthur Meyer qui offre un bibelot.
■ Les'-noms des - autres donateurs appar
tiennent au monde nobiliaire ou de la haute
financée -Sfaiçj la lista ;des cadeaux prin
ciers : VJ" 5 ' ;
.Monseigneur lé' comte de Paris: un faucon
nier en-argckt sur sacla de lapis, avec les'armes
des-Luy.nes „ : et des d'Uzès ën pierres précieuses
tricolores.'€# chef-d'œuvre, sorti des ateliers da
M. Froment-Meurica, rappelle gracieusement la
charge du premier duc de Luynes à la cour da
L"oms_ l Xni;; ,,; -' ■ ■ •• •• ,
Mme'la eômlesse de Pari»'! un bracelet formS
de fleurs de lis en pierrès tricolores ;
•Monseigneur le' duc ■ d'Orléans : uçe'épicglâ
pour cravate formant un P, flanqué de fleurs da
lis tricolores; ■ . . . .v-
Princesse Marguerite d'Orléans : cachet ea
cristal fumé avec lis en diamants ; ? ;
Princesse da Joinville, éventail dé Chaplin;
-S.A.*. lé'prince' de Bulgarie ; torte-cigares
avçc chifTre .en diamants'. ■ ' "
• -—' Le Gaulois a donné comme amusant
le détail çu's voici-:
: Détail amusant : Mlle d'Uzès, très entourés
et très gracieuse aveo "tous, racontait en riaut
que' déjà on était venu l'interviewer dans la
matinée. -
— Qui ça?
/. -•Un reporter du Kew-Tork Herald. Vous
lirez cela. £'est bien la chose à laquelle je m'at
tendais le moins^-
Voilà un " trait .de" modernité qui peint
bien la société contemporaine.
Hier a eu lieu au siège de la Société des
études coloniales et maritimes, -18, rue
Daunon, la séance d'ouverture du congrès
colonial.
L'assistance était, très nombreuse. Au
bureau avaient pris place : MM Isaac, sé
nateur de la Guadeloupe, président du co
mité. d'initiative ; Le Myre de Vilers, la
comte.Golonna Ceccaldi, Bouquet de la
>Grye,;ie baron Michel, le capitaine Binger;
Foncin, inspecteur général do l'Université ;
le baron de Cambourg, Détroyat. "
. Dans la salle, on remarquait ; les géné*
raux Rolland, Parmentièr, Thqry; MM. de
Heredia, Lisbonne, Levasseur,de Lamothe,
Higginson, Gauthiot, Soller^ Ghessé, Re-
voil-
M. Isaac a appelé l'attention des mem
bres du /Congrès sur l'importanee d.ss ques
tions contenues dans le programme élaboré
par la commission d'initiative. II a ajouté,
en. faisant allusion à la conférence de
Bruxelles,que l'étnde de ces questions s'im
posait plus que jamais en France, et il a
constaté , que, si l'on reprochait aux Fran
çais de manquer d'initiative et d'activité au
point de vue colonial, c'est que l'on na
s'occupait pas assez dans ce pays des colo
nies et de leurs intérêts, ;
L'assemblée a procédé ensuite 5. la no
mination du bureau définitif.
Ont été. nommés : président, M. Levas
seur, da.l'Institut; vice-présidents: MM.
Bouquet, de la Qrye, Boutmy, de l'Insti
tut l'amiral Vallon, le général Virgile.
M.. Levasseur a remercié le congrès da
l'avoir appelé! présider ses travaux et il a,
proposé de nommer président d'honneur
M. le .vicè-amiral Thomasset, président de
la société des études coloniales et mariti
mes. Cette proposition-a-été adoptée par
acclamations. *■ ■ -
; Les .travaux des . diverses sections du
congrès.commsnceront aujsurd'hui.
1 Le rédacteur des « biViets du matin » du
Temps raconte ça qui suit ;
ÉDITION QUOTIDIENNE
PAÏTIS ÉTRASSE3
U DÈPARTEHEHTa " (ONION POSTA»)
On an. .... 55 » 68 . »
Sis moi?. ... 23 60 34 » .
Trois mois. . . 15 » 13 a
N* 8013 ~ Edition çuotidienns
Mercredi 44 Décembre 1889
W8WMgaBa»»B>»MMWai
ÉDITION SEMI-QUOTTDÏENNÏÏ
^«falBBeaieBti partent dos 1" et 18 do ehucjao mois
r Paris ... . . .. 15 cent.
UN NUMÉRO | Départements. 20 —
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Père»
Un an. ' ...
Sixmo^s. /
Trois mois.
...PARES
.ÇtBÉPABMWNT»
, » 30 »
, . 18 »
. 8 50
ÉTRANGER
{TOilOît POSXAll)
33 b
19 a
10 »
On s'abonne & Rome, pJaoe dn Gesù, S
mmzmmm&mtwimâ&mmsEBm
tfcs abonncicents parient des ot 18 de cbaqtse JueS
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
• • ANNONCES
MM. Ch. LÀGMNGE, CERF et C 1 », 6, place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 10 DECEMBRE lf89
Le citoyen Joffrin est donc député ;
ii s'est trouvé une majorité do 293
voix contre 233 pour repousser l'amen
dement du citoyen Gluseret, un répu
blicain cependant, qui demandait l'an
nulation des opérations électorales de
Glignancourt, et pour valider le sieur
Joffrin, non élu. Auparavant 350 dé
putés contre 117 avaient rejeté un
amendement de M. Déroulède décla
rant élu le général Boulanger. La dis
cussion a été très vive ; y ont pris
successivement part : MM. Laguerre,
Lévêque, Laisant, Brisson, Ernest Ro-
che , Reinach , le docteur Desprez ,
Maujan qui a proclamé la supériorité
de la république sur la volonté du
peuple, Pelletan, Déroulède, Cluseret.
Séance aujourd'hui pour continuer
la vérification des pouvoirs, qui na se
termine pas vite.
Au Sénat, on à reciilé à vingt et un
ans la limite d'âge pour l'école poly-
techique, entendu une question de M.
Le Breton au sujet du renouvellement
des traités de commerce et l'interpel
lation de M. Lacombe relative au rôle
des médecins en cas d'enquête judi
ciaire ; cette interpellation s'est termi
née par le vote d'un ordre, du. jour
motivé que proposait M- Lacombe et
qu'acceptait le ministre Thévenet.
La question des iniques suspensions
de traitement, dont M. Thevenet se
montre prodigue, va être portée à la
tribune du Sénat. M. le marquis de
l'Angle-Beaumânoir a demandé à in
terpeller le ministre' de la justice et
des cultes au sujet dç la suspension
de traitement de prêtres du diocèse de.
Saint-Brieuc. La , discussion a été
ixêé âiaMïrr
Les ouvriers des charbon nages w.est-
phaliens ont consenti a retarder la
grève générale jusqu'à dimanche pro
chain, mais ils cesseront le travail si,
d'ici là, les compagnies n'ont pas re
pris les ouvriers qui avaient été con
gédiés à la suite de la dernière grève.
On espère que la grève sera évitéa..
Sans attendre la convocation des
électeurs pour nommer les membres
du nouveau Reiehstag-,.les socialistes
allemands ont lancé leur appel à leurs
coreligionnaires,politiques; dans cette
pièce, que nous reproduisons plus loin,
lis sa montrent - modérés-j-leur-appel-
ja'en sera sans doute que ,mieux, en-,
tendu, if est incontestable jqu'à. cha.-
que élection, malgré laiovdingée con
tre eux, les socialistes onT fait" des
progrès s'ènsïblésT"' .
- Même des journaux favorables à l'n-
niié italienne s'effrayent duprogrès des ;
idées révolutionnaire#,,Aipsi une dé-"
pêche .du Journal'
les, signale là rapidité avec laquelle le
Parlement italien expédie la / loi/con
tré les œuvrespiès,'qui^é'st une sécun.
îarisatiori et une spoliation. Lorsqu'il,
futj pour la première fois, question de
cette fondes protestations se' produisi
rent j usqpi« dans--les .ranga.-unitaires..
Aujourd'hui les . articles,- même les
plus mauvais, sônt votés sans discus
sion;-* •
On a fait appel" au concours de la
Révolution pour parfaire l'unité; c'est
une dangereuse alliée avec laquelle il
faudra un jour compter, et un mo
ment viendra où le roi Humbert pour
ra regretter les services de M. Grispi,
aussi bien dans les qfaéstioris intérieu
res que dans "les questions exté
rieures.
* ■ » j-v ? ".*•■; -h Jr " rr njit :T'* ù J.
Les renseignements arrivent, sur, la
révolution du Brésil ;• s'ils font com
prendre., ;çomm;ërit\ s'est produite fa
chiite si brusque de Xempereur dora
Pedro, ils ne témoignent pas d'une
haute intelligence] politique ni d'une
grande fermeté chez l'amperenï.et ses
conseillers ; pas pluà qu'ils ne prou
vent chez les révolutionnaires triom
phants .des doctriile3 gouvernemen
tales; c'est un vulgaire pronuricià-
miento qu'un peu de.résolution et de
prévoyance aurait empêché. Seul le
ministre de la marine, qui a failli être
assassiné, a essayé dé lutter,. , ' /
Nous serions fort.surpris si ce coup
d'Etat militaire relevait le Brésil. Ce
n'est pas, du reste dans l'intérêt du
pays, mais pour satisfaire leur ambi
tion, qu'ont opéré les hommes qui se
sont emparés du pouvoir.
P. S. • — La Koelnische Volkseùûng
de Cologne publie la dépêche suivan
te, adressée par le gouverneur géné
ral de la "Westphalie au préfet de
Bortmund:
Les propriétaires des charbonnages de
votre district ont déclaré qu'ils étaient dis
posés à lever l'interdit dont ils avaient frap
pé des ouvriers ayant pris-' part à la der
nière grève. On demandera la mémo main
levée. atix autres charbonnages, et l'on ne
doute pas de leur consentement.
Sigaé : S tudt. '
La Koelnische Volhzeitung exprime
l'espoir qu'à la suite de cette conces
sion les ouvriers renonceront à la
grève générale annoncée.
Le suffrage universel est un. drôle»
de souverain. Il se laisse charger de
chaînes par ses subordonnés. Il ac-?
cepte que ceux-ci (au moment où"
leurs fonctions expirent), prennent
des mesures contre lui et se réservent
les moyens de s'imposer à son choix,
pompeusement déclaré libre. Il con
sent que l'on pratique sur lui des opé
rations à intimider des vivisecteurs.
Comme il se trouve très mal d'avoir
une nature impersonnelle, comme
il essaie parfois de se saisir et
de se donner une espèce de figure en
s'incarnant aux trois quarts dans un
homme, les serviteurs dévoués et res
pectueux le contraignent à diviser la
manifestation de sa volonté. On le
découpe; et on ne recolle ses mor
ceaux qu'après qu'il a poussé des sons
inarticulés que les auditeurs interprè
tent à leur guise. Alors, il est informé
que pendant quatre ans il n'a plus
que le droit de se taire. Jadis Rous
seau décidait que si le peuple veut
se faire du mal, c'est-à-dire, abdiquer
pour s'épargner .au moins d'être ridi
cule, personne n'a le droit de l'en em
pêcher; hier, les mandataires ont dé
cidé qu'il n'a même plus cette faculté
et qu'il est obligé de proclamer éter
nellement la république : elle est au-
dessus da lui, c'est réglé. Au régime
de la carte forcée, sinon traité d'imbé
cile, ce pauvre diable de souverain.
Villeroy qui, a-t-on prétendu, disait à
Louis XV enfant : « Sire, il est l'heure
que votre majesté désire qu'il soit »
était un courtisan beaucoup plus
digne que ces mandataires qui , ré
digent ces textes législatifs : — Le
suffrage universel est notre maître ;
et c'est pourquoi il ne peut légitime
ment vouloir que ce qui nous plaît ! —
Ces oracles ont été rendus hier ; non
d'une façon implicite, mais en termes
positifs. L'élection de. l'ineffable Jof
frin a fourni le sujet de ce haut ensei
gnement. Tout un groupe' de juristës
et de casuistes révolutionnaires" a, sué
pour élaborer la sentence. . ?
M. Laguerre a.ouvert la discussion,
li a pris la parole au milieu d'une salle
comble et d'avance agitée. Il a pro
noncé un assez long discours dont la
première partie offre un incontestable
caractère d© netteté et de logique et
où l'orateur boulangiste, bien" que
toujours raide et sec, a gardé un ton s
modéré. Ayant signalé l'anomalie qui
consiste à proclamer élu celui des
candidats qui a obtenu la minorité,
et non pas seulement parmiîôsînscrits,'
-mais parmi ; les. votants,,.il a com
menté la loi Mûr ies candidatures mul
tiples. H a rappslé les promesses faites 5
au Sénat par le 'ministre'"de Ta jus-'
tice, lequel a carrément assuré que*
l'innovation se bornait à interdire la
multiplicité. M; Boulanger ne s'étant
présenté que-dans une seule, circons
cription était,, à cet égard, dans une
situation normale. On a refusé pour
tant de viser ses papiers, c'est-à-dire
sa déclarations ,Q ; ui? Le préfet. Alors
, c'est le.préfet qui. autorise les citoyens
'àsolliciter "les suffrages et/par suite,
donné ; d'es brevets d'éligibilité? Par- «
faitenient. 1 Le préfet concourt & l'œu-1
yre des .mandataires,laquelle' est d'à-.
bord de paralyser le souverain. M. La- '
gueïre n'a pas résisté au plaisir de se
couer la misérable haute cour. Tancé >
par M. Floquetpouravoir flétri la «basse
justicepolitiqùè" il s'est tiré d'affaire
en saluant-ironiquement la « haute
j ustice « instituée pour une « manœu
vre électorale'», encore un mot. que
•M.- Fioquet ,n'a pu digérer. M. La-;
guerre s'est peu à peu livré à sa ten
dance agressive, et il a vivement qua
lifié là loi sur les candidatures et. le,
système adopté, pour valider systéma
tiquement. lps opportunistes et les
radicaux. Il a donné lecture d'une
circulaire du ministre des travaux
publics enjoignant aux fonctionnaires'
d'exercer la pression,.drapeau déployé.!
Le ministre s'est vanté-de cet . exploit,
et le centre, pour , qui, en fait de scru
tin comme en. fait d'école, neutralité
signifie, intervention cynique, -s'est,
pâmé da' ;joie. A plusieurs reprises, ^
des.Colloques tumultueux pnt ; éclaté'
entra ministériels et boulangistes,-
.ceux-là déniant aux autres le titre de
républicains. : : • . : -, . .
Le rapporteur, M., Lévêque, à la voix
sourde et à l'argumentation pénible,
a fatigué tout le monde en dissertant
sur l'inégibilité. Il a soutenu que le;
préfet, qui peut intimider les élec
teurs en jetant l'interdit sur tel ou;
tei candidat, n'empiète pas sur les at
tributions de la Chambre toujours
souveraine da par la constitution.
Car la Chambre est souveraine,;
comme la nation, comme l'adminis
tration, comme la lune. Il n'y a plus;
que des souverains, mais ils sont em--
pêtrés I
M. Laisant, qui fut jadis l'un des
orateurs écoutés du parti républicain, ;
a provoqué des explosions de colère,
en frappant sur les juges de la Haute-:
Cour.Ii a déclaré que «le droit d'insur-'
rection est ouvert », il a invoqué, lui
aussi, la souveraineté du suffrage uni-;
versel. Il s'est attiré de nombreuses
observations de M. Fioquet, très oc
cupé à sourire ou à gronder mais se
trompant continuellement d'occasion.
M. Laisant a eu un bon n +Gt en si
gnalant une nouvelle catégorie d'élus:
« l'élu administratif. » Il a riposté ver
tement à M. Fioquet, qui l'accusait
d'inconvenance; et, descendant de la
tribune, épuisé, il a maintenu son
défi et sa menace.
M. Brisson, qui cherche depuis long
temps les grandes circonstances pGur
reconquérir du prestige, a reparu
comme le jour du voto sur les candi
datures multiples. Cette fois, il n'a
plus rencontré le même succès. Il avait
bien commencé à vociférer en trémo
los ses platitudes furibondes (car lors
qu'il n'a pas l'air d'un croque-mort
poussif, il prend l'aspect d'un hurleur
de mélodrame) ; il avait affirmé le
droit de la Chambre de valider le grand
turc pour écarter le général Boulan
ger; il avait salué la républi-i i-que
triomphan-an-ante; mais un embarras
du gosier surmené, un lapsus qui a
fait rimer la circonscription de Glignan
court avec un mot comme « vaincu »,
par exemple, a excité des rires fous.
Au comble de la colère, M. Brisson est
devenu muet.
; Pour assister au début de l'impor
tant M. Reinach, la majorité a refusé
de prononcer la clôture qui était for
tement réclamée. Encore une décep
tion, mais moins gaie. M. Reinach
n'obtiendra pas à la tribune la gloire
qu'il a vainement espérée du journal.
Sa demi-douzaine de souvenirs clas
siques, dont il a d'ailleurs si terrible
ment abusé, ne supporte pas l'audition.
Sa banalité joue des tours pendables à
sa gravité. Il est infiniment trop
« concours de Sorbonne » et « confé
rence Molé ». Ses sempiternelles
«justes lois » ont fait craindre la
réapparition de Coriolan, de Catilina
et des autres figurants qu'il a tant
fait manœuvrer contre le boulan-
gisme. C'est une chute; et.M. Fioquet
a paru désireux de ne pas 1 amortir.
M. le docteur Besprès, hostile à la
validation du citoyen Joffrin, s'est at
tiré de la part des boulangistes des
applaudissements qu'il a repoussés
avec des gestes d'effroi.
M. Ernest Roche, à l'accent méri
dional, à la voix chaude, a soutenu la
même thèse et non sans élégance.
.....M- Maujan a crié comme un sourd
pour;sauver la république. -C'est lui
qui a ditqu'ellè est au-dessus du suf
frage universel. Là majorité, d'abord
ahurie, a . couvert d'applaudissements
l'ancien officier d'ordonnance da gé
néral Thibaudin. Une allusion aux
« camelots » a déchaîné les fureurs.
Debout dans l'hémicycle, M. Dérou
lède semblait vouloir se précipiter sur
M. Maujan. On s'est bousculé au mi
lieu du tumulte. Enfin, on s'est calmé
faute d'haleine.
. M. Pelletan, anti-boulangiste com
me M. Després, a comme lui demandé
l'annulation, mais les radicaux étaient
divisés. •
• M. Deroulède a fulminé contre les
prescripteurs, pour l'instant valideurs
enragés. Sa stature, sa voix ,S6S gestes,
sa parole abondante et chaleureuse
produisent de l'effet. Il a du souffle et
une- vigueur qui semble inépuisable.
Il a fait, malgré le président et la ma
jorité, le panégyrique du général" et a
terminé en dénonçant la « dictature
de l'argent.
~ Un amendement très crâne, de M. D e -
roulède, êt tendant à proclamer M. Bôu-
langer;élu à été repoussé par 350 voix
contre 117. Un amendement de M. Clu
seret, tendaîità l'annulation du scru
tin, n'a été. rejeté que par 60 voix (293
contre 233). Les boulangistes ont pro
testé line dernière fois, pour ce débat,
par,le cri de : « Vive le suffrage uni
versel 1 » ,
On a prononcé la validation* de l'é
lection de M» Joffrin. A ce moment,
dans une tribune publique, deux au
diteurs ontpris la parole et dit à haute
voix : « ; Au nom des électeurs de
Montmartre, nous protestons î » Cette
intervention inattendue a jeté la stu
peur. M. Fioquet, abasourdi, regardait
le plafond, pendant que M. Le Hérissé
applaudissait les orateurs inconnus:
« Parfaitement! Ils ont raison! »
On a fait évacuer la tribune conta
minée, et la séance a été levée.
Si maintenant le suffrage universel
S'efforce encore de savoir en quoi con
siste sa souveraineté, c'est qu'il a de
la persévérance.
• E ugène T àvkrnieb.
L'attention des Chambres va enfin
être appelée sur l'intolérable situation
faite au clergé par les suppressions
répétées de traitements ecclésiastiques.
M. de l'Angle-Beaumauoir a prévenu
hier M. le garde des sceaux, au début
de la séance du Sénat, qu'il l'interpel
lerait sur une iniquité de ce genre
dont un _ ecclésiastique du dio
cèse de Saint-Brieuc a été victime.
Lé garde des sceaux a accepté l'inter
pellation pour lundi. Nous verrons si
le ministre peut expliquer cet abus de
pouvoir autrement que par une nou
velle déclaration de guerre au clergé.
Hier , c'est l'interpellation de M.
Lacombe, ajournée plusieurs fois, qui
est venue devant le Sénq,t. Il s'agis
sait, si l'on peut employer cette ex
pression dans une question de méde
cins , d'une interpellation non pas
curative, mais préventive. Les. faits,
on s'en souvient, étaient ceux-ci : Une
jeune fille, au service d'un fermier de
M. Lacombe, disparaît un soir; on re
trouve trois jours après son cadavre à
quelques centaines de mètres de l'ha
bitation; on apprend en même temps
qu'elle a été suivie par quatre jeunes
gens jusqu'au moment de sa dis
parition, On arrête les jeunes gens
en attendant que l'autopsie du ca
davre puisse donner à la. justice
quelque éclaircissement de nature
à les compromettre; mais cette au
topsie ne peut avoir lieu, parce que
tous les médecins de l'arrondissement
se sont donné le mot pour refuser
leur concours à la justice : l'indem
nité à laquelle ils ont droit en pareil
cas, disent-ils, est dérisoire, « infé
rieure même à l'indemnité d'un équar-
risseur ». Six jours après on se décide
à recourir aux bons offices d'un mé
decin-major, il était trop tard. On dut
relâcher, faute de preuves, les quatre
jeunes gens arrêtés, et l'on ne péné
trera sans doute jamais le mystère de
Marcillac.
M. Lacombe n'ose blâmer ouverte
ment les médecins de s'être concertés
pour refuser leur concours à la pro
chaine réquisition, puisqu'ils ne
voyaient' d'autre moyen d'attirer l'at
tention sur leur cas, mais il place la
question sur un autre terrain : il rap
pelle que les médecins ont été traduits
en simple police pour avoir refusé de
procéder à l'autopsie, et il constate
que la justice ne peut requérir le con
cours d'un médecin qu'en cas de fla
grant délit. Un ordre du jour en ce
sens a été adopté, après avoir été ac
cepté par le gouvernement.
M. Lebreton a adressé une question
au ministre du commerce, sur l'expi
ration en 1892 des traités de commerce
et leur dénonciation au mois de fé
vrier 1891 ; il demande que. l'on con
sulte les syndicats agricoles avant que
le Parlement statue sur les parties in
dustrielles de ces traités.
M. Tirard a répondu que le conseil
supérieur de l'agriculture sera convo
qué dè3 vendredi prochain, mais qu'en
réalité les questions agricoles et indus
trielles étant connexes; la Chambre ne
saurait les étudier séparément.
.Le Sénat a abordé en dernier lieu la
discussion du projet de.loi ayant pour
objet d'assurer le développement de la
colonisation en Algérie à l'aide de res
sources domaniales.
■.Le gouvernement étant d'accord
avec la commission sur- tous les points
du projet de loi, les quatre premiers
articles ont été adoptés sans débat et la
suite de la discussion renvoyée à au
jourd'hui.
An commencement de la séance
avait été adopté le projet de loi de l'a
miral Peyron sur le service militaire
des élèves de l'Ecole polytechnique et
la surlimite d'âge.
J. M.
Il va sans" dire que -les journaux
boulangistes flétrissent , avec la plus
vive indignation le vote par lequel la
Chambre a validé M. Joffrin.
Mais.il y en a d'autres, qui ne sont
pas précisément boulangistes, bu qui
même ne le sont point du . tout, et qui
ne sont guère moins véhéments.
M. Andrieux écrit dans la Petite
République:
Le coup d'Etat d'hier est plus criminel
que celui de 1851, "parce qu'il est fait direc
tement" contre le peuple. . ' •=* ;
Aujourd'hui, il n'y aura pas d'insurrec
tion, et aucun des représentants du peuple
na briguera sur les barricades les honneurs
du Panthéon. . . ......
Mais le droit k l'insurrection n'en est
pas moins la conséquence légitime " de 'ce
qui s'est fait hier au Palais Bourbon.
Contre ce droit, il n'y a pas de prescrip-
tion. ■- - . ■
M. Andrieux, tout en se défendant
avec vivacité d'être "boulangiste, est
suspect, et même convaincu, de
grande complaisance envers ce parti-
là. Il n'en est . pa3 ainsi pour la Lan
terne, qui, depuis près de deux ans,
combat rageusement le boulangisme.
Or, voici ce que dit la Lanterne :
; En validant M. Joffrin, la Chambre
s'est donné le tort de substituer à l'élection
des députés parlé peuple leur nomination
par la Chambre.
C'est la Chambre qui a nommé M. Jof- :
fria. Nous le regrettons pour elle et pour
lui. ■ ; .
Ce précédent fâcheux va donner aux bou
langistes-^ qui ne savaient plus à quel
grief se raccrocher — un prétexte, on peut
même dire uns raison de critique.
M. Joffrin n'y gagnera point en autorité;
la Chambra n'y gagnera point en force ni
en prestige. On aura simplement fait brèr
che aux principes.
Voilà ce qu'ont rapporté & la Chambre
et au gouvernement les « justes lois » de
M. Reinach.
D'autres journaux, et notamment la
Justice , parlent dans le même sens.
Il est certain que la validation de
M. Joffrin est quelque chose d'inouï,
et que jamais rien de pareil ne s'était
vu. Le sentiment de la justice n'a eu,
d'ailleurs, aucune influence dans l'af
faire. On ne voulait pas fournir à M.
Boulanger une occasion de reparaître,
voilà tout. Autrement, l'on eût écouté
la voix du bon sens, gui disait : M.
Boulanger est élu, mais il n'est pas
éligible; M. Joffrin est éligible, mais il
n'est pas élu.
Nous extrayons ce qui suit du
compte rendu officiel in extenso de la
séance du Sénat d'hier :.
M. le président. — J'ai reçu de M.
le marquis de l'Angle-Beaumanoir la lettré
suivante : .
« Paris, le 8 décembre 1889.
« Conformément aux dispositions de l'ar
ticle 83 du règlement du Sénat, j'ai l'hon
neur de vous faire connaître mon intention
d'interpeller S. Exe. M. le garde des sceaux,*;
ministre de la justice et des cultes, à pro
pos de la suppression ordonnée par lui du
traitement d'un ecclésiastique du diocèse
de Saint-Brieuc et de Tréguier.
« Je suis, monsieur le président, de
Votre Excèllence, le très respectueux ser
viteur.»
M. le garde des sceaux, d'acoord avec
M. le marquis de l'Angle-Beaumanoir, de
mande que l'interpellation soit fixée aux
premiers jours de la semaine prochaine. ■ »
M. Thévenet, garde des sceaux, mi
nistre de la justice et des cultes. — Je de- t
mande que l'interpellation soit fixée à*
lundi.
M. le président, — M. de l'Angle-
Beaumanoir, vous êtes d'accord avec M. le
garde des sceaux pour lundi J...
M. le marquis de l'Angle-Beau-;
manoir. — Parfaitement, monsieur le pré
sident, et je remercie M. le garda ; des
sceaux. '■
M. le président. — La discussion da
l'interpellation sera mise à l'ordre du jeur
de lundi. ;
Nous espérons que l'exemple donné
au Sénat par M. le marquis de l'Angle-;
Béâuïnanoir sera suivi à la Chambre
par quelqu'un de nos députés catho
liques. Ce n'est pas,en effet, de la sup
pression d'un seul traitement qu'il
s'agit, et nous signalions l'autre jour
dans TArdèche une véritable héca
tombe de ces humbles prêtres, spoliés
ainsi par ukase préfectoral pour de
prétendus délits dont on les charge
sans enquête, sans débat contradic
toire, sans jugement.
Nous disons qu'il s'agit ici d'une vé
ritable spoliation, car ni au point de
vue administratif, ni au point de vue
judiciaire, on ne saurait donner la
moindre apparence de légalité à de
pareilles mesures. Par contre, il serait
aisé d'établir qu'elles sont édictées en
violation directe du Concordat et c'est
là un point très grave — qu'on ne sau
rait négliger — de la discussion que
va provoquer l'interpellation de M."le
marquis de l'Angle-Beaumanoir. ,
Il sera bon, en outre, à cette occa
sion, de faire, ressortir l'insolence et
sôuvént même ia 6 grossièreté dû. lan
gage dont se servent les pachas pré
fectoraux pour notifier aux prêtres
frappés la spoliation dont ils sont vic
times. Nous en avons déjà donné plu
sieurs exemples. En voici un autre :
Le préfet de l'Ariège, en notifiant
la suppression de leur traitement à
MM. de Bermon, curé de Verdun, ; 76
ans; Buscail, curé de Mijanès, 35 ans;
Dedieu, curéd'Illat, 30 ans; Franqui,
curé de Mérens, 39 ans ; Sabatié, curé
de Pradiëres, 41 ans, ajoutait :
M. le ministre des .cultes,.. renseigné sur
votre attitude, a décidé que le traitement
qui vous était servi par le" gouvernement
que vous avez ouvértement et déloyale^
ment combattu, vous serait supprimé à par
tir du 25 novembre dernier. v " r - '
La durée da la peine disciplinaire qui
vous est infligée sera calculée sur la gra4
vité des fautes commises et - des. écarts ..de
conduite constatés. \
■; Les sentiments que vous manifesterez à
l'avenir peurront vous faire pardonner vo
tre ingérence! abusive dans 'les questions
étrangères aux fonctions sacerdotales et
détermineront le gouvernement à, l'indul
gence . ou à la"sévérité. " v
* • Signé : bb M alherbe.
^ Une pareille signature au bas d'un
semblable factum en dit long sur les
ravages faits en France dàns tous les
rangs de la société par la secte révo
lutionnaire. Un Malherbe au service
d'une république persécutrice, met
tant dans ses papiers une lettre de ce
genre, n'aura pas à s'en honorer de
vant, la postérité. •• •/
A uguste R oussel
Nous recevons de Rome la dépêche
suivante :
Rome, 10 décembre, 11 h. 15.
. Le conseiller de la nonciature nouvelle
ment nommé, est Mgr Zaleski, Polonais,
'qûi accompagna Mgr Agliardiaux Indes et
Mgr Ruffo-Scilla à Londres.
Nous avons promis à nos lecteurs
un article sur les Œuvres oratoires et
pastorales de Mgr . Freppel, évêque
d'Angers, publiées en dix. beaux , vo
lumes in-octavo par la librairie Roger
et Ghernoviz, 7, rue des Grands-Au-
gustins, Paris.
Nous n'avons pas oublié cette pro
messe ; mais le temps nous a manqué
jusqu'ici pour la tenir. .
En attendant qu'elle soit tenue, nous
ne. voulons point laisser passer le
temps de l'A vent sans rappeler- cette
grande publication. Mgr Freppel est-
un maître de la parole et de la doctri
ne. Ses GElivres pastorales sont un mo
dèle d'éloquence sacrée, où la piété et
le goût des belles-lettres trouvent am
ple satisfaction. '
Chronique
Oa lit dans le Petit National ;
îlier, au moment eù M. Fioquet. proclamait;
les résultats du dernier scrutin et déclarait élu
le sieur Joffrin, des protestations ont éclaté
dans les tribuBes publiques.,
. Des cris ont.accueilli ce résultât scandaleux.
..ï- A bas Joffrin ! "
Vive le suffrage uniyeraàl î "'.
Un délégué des groupes de Montmartre a ré- -
sumé la situation : '
. — Vive Boulanger 1 l'élu
^M.'Fioquet, très.pompeux, a fait évacuer la
tribune* M. Guillaumou, questeur, semblait
affolé.l
Deux jeunes gens arrêtés au hasard, dans le
tas, ont été menés au poste du Palais-Bourbon
et, de là, dirigés sur la questure.
Inutile dè dire que ces arrestations c'au
A propos de la retraite prochaine de M,
Barbier, président do la cour de cassation,
nous lisons dans la Liberté :
"Evidemment, comme toujours, on verra en
lutte, pour cette situation supérieure, là politi
que et la hiérarchie. Si nous avioss un vœu à
formulèr, c'est que, dans les circonstances ac
tuelles, la politique eût la sagesse de s'effacer
et de céder la pas à la hiérarchie, c'est-à-dire
aux services rendus par les hommes éminents
da la carrière, à l'expériince, à la compétence,
à la haute science du droit, aa mérite épreuvé.
A rheurfe'ôù. nous 'sommes, lorsqu'il est si
nécessaire d'apaiser les "passions, les agitations
et les défianoes que tant de faits récents ont
mises én jeu, il ne faut pas que la présidence
de la cour suprême, du pouvoir magistral ^ui
est appelé à fixer souverainement l'interpréta
tion du droit, soit une question de parti. 11 im
porte, au- contraire, qu'elle reste inflexiblement
sur lé terrain hiérarchique et technique,, et
qu'on n'en fasse pas le refuge de quelque
ambition déçue sur le terrain des luttes poli
tiques. ' ' " "
* C'est pins que jamais le cas de- se rappelef 1S
mot célèbre : « La cour existe pour rendre des
arrêta et non pas des servicês ». Maxime da
vérité et de raison, dont celui qui est à la téta
d'une juridiotion aussi haute doit être la vivante
expression.
La Liberté a raison ; mais nous serions
bien surpris si le gouvernement * sectaire
qui nous opprime cédait à de pareilles
considérations.
; Le XIX" Siècle publie la dépèche sui
vante.: ;
Saint-Pétersbourg, 9 décembre.
•'Le prince Louis-Napoléon, qui- -vient d'entrer
dans ^ l'armée russe comme lieutenant-celonel
du 44? dragens, lequel est cantonné dans la
Caucase, a déclaré dans un entretien particulier,
à son passage ici, qu'il avait quitté l'armée ita
lienne parce c[u'il avait : acquis la conviction
que M. Crispi préparait la guerre contre la
France.
^ La chçise est si- vraisemblable qu'on
s'étonne que le. prince Louis Napoléon s'en
soit avisé si tard. • ; ■
1 ^ II-y vivait hier soirée de /contrat à l'hôtel
d'Uzès, : : anx-Ctfamps-EIykéè's, pour le pro-
çhain mariage de M. le duc de Luynes avec
Mlle d'Uzès, et les journaux du boulevard
énumèrènt, avec description des diverses
toilettes, toutes les personnes qui se trou
vaient à cette soirée. '
Le Gaulois y joint la liste, : en trois co
lonnes, des cadeaux efferts.à Mlle. d'Uzès.
On y remarque le général. Beulanger, qui
offre.une.libellule en diamants; M? Georges
Laguerre, qui 'offre une glace à main en cr,
et M. Arthur Meyer qui offre un bibelot.
■ Les'-noms des - autres donateurs appar
tiennent au monde nobiliaire ou de la haute
financée -Sfaiçj la lista ;des cadeaux prin
ciers : VJ" 5 ' ;
.Monseigneur lé' comte de Paris: un faucon
nier en-argckt sur sacla de lapis, avec les'armes
des-Luy.nes „ : et des d'Uzès ën pierres précieuses
tricolores.'€# chef-d'œuvre, sorti des ateliers da
M. Froment-Meurica, rappelle gracieusement la
charge du premier duc de Luynes à la cour da
L"oms_ l Xni;; ,,; -' ■ ■ •• •• ,
Mme'la eômlesse de Pari»'! un bracelet formS
de fleurs de lis en pierrès tricolores ;
•Monseigneur le' duc ■ d'Orléans : uçe'épicglâ
pour cravate formant un P, flanqué de fleurs da
lis tricolores; ■ . . . .v-
Princesse Marguerite d'Orléans : cachet ea
cristal fumé avec lis en diamants ; ? ;
Princesse da Joinville, éventail dé Chaplin;
-S.A.*. lé'prince' de Bulgarie ; torte-cigares
avçc chifTre .en diamants'. ■ ' "
• -—' Le Gaulois a donné comme amusant
le détail çu's voici-:
: Détail amusant : Mlle d'Uzès, très entourés
et très gracieuse aveo "tous, racontait en riaut
que' déjà on était venu l'interviewer dans la
matinée. -
— Qui ça?
/. -•Un reporter du Kew-Tork Herald. Vous
lirez cela. £'est bien la chose à laquelle je m'at
tendais le moins^-
Voilà un " trait .de" modernité qui peint
bien la société contemporaine.
Hier a eu lieu au siège de la Société des
études coloniales et maritimes, -18, rue
Daunon, la séance d'ouverture du congrès
colonial.
L'assistance était, très nombreuse. Au
bureau avaient pris place : MM Isaac, sé
nateur de la Guadeloupe, président du co
mité. d'initiative ; Le Myre de Vilers, la
comte.Golonna Ceccaldi, Bouquet de la
>Grye,;ie baron Michel, le capitaine Binger;
Foncin, inspecteur général do l'Université ;
le baron de Cambourg, Détroyat. "
. Dans la salle, on remarquait ; les géné*
raux Rolland, Parmentièr, Thqry; MM. de
Heredia, Lisbonne, Levasseur,de Lamothe,
Higginson, Gauthiot, Soller^ Ghessé, Re-
voil-
M. Isaac a appelé l'attention des mem
bres du /Congrès sur l'importanee d.ss ques
tions contenues dans le programme élaboré
par la commission d'initiative. II a ajouté,
en. faisant allusion à la conférence de
Bruxelles,que l'étnde de ces questions s'im
posait plus que jamais en France, et il a
constaté , que, si l'on reprochait aux Fran
çais de manquer d'initiative et d'activité au
point de vue colonial, c'est que l'on na
s'occupait pas assez dans ce pays des colo
nies et de leurs intérêts, ;
L'assemblée a procédé ensuite 5. la no
mination du bureau définitif.
Ont été. nommés : président, M. Levas
seur, da.l'Institut; vice-présidents: MM.
Bouquet, de la Qrye, Boutmy, de l'Insti
tut l'amiral Vallon, le général Virgile.
M.. Levasseur a remercié le congrès da
l'avoir appelé! présider ses travaux et il a,
proposé de nommer président d'honneur
M. le .vicè-amiral Thomasset, président de
la société des études coloniales et mariti
mes. Cette proposition-a-été adoptée par
acclamations. *■ ■ -
; Les .travaux des . diverses sections du
congrès.commsnceront aujsurd'hui.
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