Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-12-09
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 décembre 1889 09 décembre 1889
Description : 1889/12/09 (Numéro 8011). 1889/12/09 (Numéro 8011).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k706831z
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 0 Décembre 1889
N* 8011 es Edition quotidienne
Lundi 0 Décembre 1889
mm
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEmi-aUOTIDIENNB
Un an. ... .
Six moi?, . . ,
Trois mois. . .
PARIS
bt dfiparrehent»
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ETRAKSER
(union fosiaus)
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^abonnement* partent do» *« et 16 do chaquemol»
UN NUMÉRO { Bé^tementg: 11°^
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
Ou s'abonna à Rome, ïlaca da Gesà. S
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étranger
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- L'DîilYElIS no répond pas des manuscrits qui lui sont adressés ^ ,
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C 1 ", 6, place de la Bourse
•*< w"T
FRANCE
PARIS, 8 DECEMBRE 1889
L'interpellation de M. Chiché, le dé
puté boulangiste, pouvant gêner M.
Constans dans le placement des dé
putés remerciés par les électeurs, il
s'est trouvé une majorité pour en ren
voyer la discussion à un mois. Avant
ce délai, les anciens députés qui as
siègent lo cabinet de M. Constans et
des autres ministres seront pourvus.
Une séance, si bien commencée, ne
pouvait que bien finir : la majorité,
après avoir validé, sans débat, trois
élections dont deux de républicains, a
invalidé, sous prétexte de « pression
cléricale », l'élection de M. le comte
Multedo en Corse et de M. Neyrand
dans la Loire. Et cependant M. Flou-
rens avait déclaré avec raison que
l'élection de M. le comte Multedo était
aussi régulière que possible.
Le citoyen Joffrin attend toujours sa
validation, mais les décisions de la
majorité hier doivent lui. donner des
espérances, . L'élection de Glignan-
court ne sera discutée sans doute que
mardi ; déjà plusieurs députés sont
inscrits pour et contre les conclusions
du rapport do M. Lévêque.. Voilà une
question toute simple pour laquelle on
aura bien attendu. ' ■
Le Journal officiel publie ce matin
le décret nommant M. l'abbé Jauffret,
chanoine de Marseille, au siège épis-
copal de Bayonne. II reste encore d'au
tres diocèses, à pourvoir, notamment
celui de Saint-Dié dont la vacance
remonte assez.loin.
Labruyantainterpellation.deM.Bara.
s'est terminée par un échec pour les
libéraux etra^icanx-coalisés^-un-ordre*
du jour approuvant-la. conduite dès
ministres a été voté à une forte ma
jorité. Il faut espérer que la comédie
est finie ei'la question bien "enterrée;
Personne n'aura. ét£ dupe de l 'indir
gnation jouée de MM.Bara et Janson
auxquels faisaient si volontiers écho
nos feuilles républicaines. :
On attend pour, aujourd'hui én Al
lemagne, non sans appréhension^ une
nouvelle grève' qui, mieux préparée et
mieux organisée, serait plus sérieuse
que la précédente. Les- futurs gré
vistes disent tout haut que cette fois-
ils forceront les administrations .mi
nières à-capituler;^.-h a
L'empereur du Brésil ; est arrivé à
Lisbonne, èt des dépêches ! *tious don
nent des détailssûrson' J attitudéet«es
paroles. Cès détails. n£'. : âbnt ! 'pas'ptfu'r
wn v lavmiiikaia «a. f _ •
reusement cette par.olë se.vérifia tle
plus en plus. '
TXT' i,J,
HQ13
•' ' 6 ,$Y£àiiA.'i s h mïï
Lpf sé&ti'ce°'1il'hier; prouve.-quëy^t-.ïâ 1
majorité. a.ctùeïïe"ëst càpâjblé dé jouer;
de temps: - à- 'autre dans;-lesqûestiôns;
indifférentes.la, çomédie. de. la modéra
tion,elle est peu soucieuse clë sabônne
renommée v et 'décidée ^satisfaire ses
haines de sèètaireS/ =?'■<.-1 •<■•.>■■■
Résumons cette belle journée ; On a
validé ~ trois'députés.- -MM^^Faurà-
(droite), député du Gers, dont la ma
il orité défië ies. ; ës 6àmotaggs, ( pjjis deux
frères et amis, MM. Cosmas Dûmenès
et Franconie de lâ'Guyane. Puis on a
invalidé à grands renforts de dénon
ciations -et.de. sottes ■h i istoires., 1 M., le
comté Multedoy - député _d'Àjàcciô -et
M. Ch'arlës T^éyrànd; député de Saint-
EUe)ônft. v ;" ! j;'! r-î -, : ritf. .?« a ,
x t.vi » zpi i~&a ir. ai.
Mais avant cette jolie cuisine élec
torale on avait lestement et haut la
main enterré, c'est-à-dire, ajourné à
un mois un honnête projet d'interpel
lation de M. Chiché qui entendait
demander'compte au ministère, des
nominations scandaleuses faites tous
les jours dans toutes les administra
tions, au mépris des droits des fonc
tionnaires réguliers , en faveur des
opportunistes invalidés par le suffrage
universel. •
On sait que depuis les élections
Y Officiel ne cesse de publier des nomi
nations de ce genre. Quand des hom
mes comme Germain Casse et tant de
personnages de cette envergure sont
congédiés par les électeurs, ils devien
nent ipso facto aux yeux des ministres
de M. Garnot dignes d'être gouver
neurs des colonies, présidents de cours
d'appel, receveurs ou simples percep
teurs. Au point de vue de la bonne
administration des affaires, de la jus
tice et des finances, c'est un danger.
Aû point de vue de la moralité publi
que, c'est un scandale. Mais la majo
rité dit » :Nous et à nos amis,il faut des
places, beaucoup de places. Tant pis
pour ceux qui se scandalisent. Le
temps de la vertumanie, comme disait
Gambetta, est passé i » Et elle a crié:
« à un mois. »
L'invalidation de M. le comte Mul
tedo et de M. Neyrand est dans un
autre genre un défi à l'opinion pu
blique. Laissons les histoires. Ces mes
sieurs ont été élus dans des arrondisse
ments catholiques parce que le clergé
leur était favorable; Mais si lé clergé
a le droit de voter il aie droit d'avoir
des candidats et d'en dire du bien. Tel
n'est pas l'avis de M. Arène, ni de M.
Jumeî ni d'une bandé de républicains
honnêtes qui trouvent très juste que
M. ConstanSj aidé par d'habiles recen
seurs, escamote des majorités, mais
qui s'indignènt si un membre du
clergé parle sans tendresse d'un can
didat antireligieux. . . -
Il faut espérer que M. le comte
Multedo fera casser par * ses électeurs
l'inique * jugement ^des^-amis de Mi-
Arène. Nous comptons que M. Ney-
raud . aurai le. même succès.. On ne lui
pardonne pas à lui d'avoir été élu uni
quement çonime catholique par une
population ouvrière. C'est là, en effet,
un grave symptôme pour les élections
prochaines. Les ouvriers ne rejettent
pas, encore la République ; mais ils
commencent à rejeter les républicains
et ; c'est un commencement/plein de
promesses.,
Une théorie de la neutralité
Une récente discussion devant lè
Conseil fédéral, à Berne, a.été l'occà-
sion d'un® déclaration rassurante. Il
est resté acçjuis que l'incident Volge-
iriuth ..n'a laissé aucun nuagè datis les
relations dé la Suisse, et de l 'Allemar
gné. La crainte ayant même été émise
dbiine 'réaction, trop grande en sens
dop'tr^ire, c'est-à-dire d'un excès de
qôrdi'alité qui donne le soupçon d'ùnè
enientôVentré' îes deùx Etats, ' à ' des
conditions et en vue d'éventualités sur
lesquelles l'ojoinion né pourrait faire
encore (ju© deâ,conjecture^,.les décla
rations du gouvernement ] fédéral ont
été de nature 'à dissiper ces nouveaux
doutes. Les .relations, sont à tous
égards.ç©: qu'elles, étaient ayant l'inci
dent. ;Ces. .conditions permettent ~de
traiter de la neutralité de la Suisse
:sàns/.±iamdre;;..ni risquer d'avoir un
débat irritant.
§[ D'un autre côté,- et par uns coïnci
dence vraiment heureuse, il se trouve
que le même sujet avait été traité en
Suisse, non point en forme officielle;
ni. même officieuse, mais, ex-professo et
n®n sans éclat, quelque temps avant
l'incident suisse-allemand, par Un per
sonnage que sa fonction désignait à
cet effet : le professeur de droit pu
blic fédéral et de droit international
de l'université de Berne, le professeur
Charles Hilty. La consultation de M.
Hilty, revue et complétée, fut, aussitôt
après l'incident, publiée en brochure,
dans les trois langues de la Suisse et
non distribuée, mais répandue et mise
en évidence avec une profusion sans
doute calculée.
Au reste, elle pourrait se recom
mander toute seule par son propre
mérite : c'est une bonne et solide
étude de droit des gens et d'histoire.
Elle était tout d'abord opportune
en répondant au mouvement immé
diat et spontané de l'opinion pour la
résistance et à l'idée, qui jaillit aussi
tôt, d'une alliance française. Dès les
premiers mots il était déclaré :
... que la neutralité perpétuelle . d'an
état ne l'empêche pas absolument de con
clure une alliance, et qu'il peut abandon
ner momentanément sa neutralité dans le
seul but, bien entendu, de la défendre con
tre une agression, et de la reprendre en
suite après l'avoir ainsi défendue.
La conclusion répondait à l'exorde;
le dernier paragraphe semblait le cou
plet d'un chant de guerre : « La li-
« berté, y est-il dit, est la seule chose
« au monde pour laquelle il vaille la
« peine de combattre. » Voilà qui est
bien. C'est, pour commencer et pour
finir, la net® héroïque et sonore des
tinée à s'assurer la popularité.
Un peu d'attention et la patience de
tout lire montrent bientôt que cet en
thousiasme s'accorde avec des idées
pratiques. On comprend alors que la
liberté seule rie vaut pas exclusive
ment la peine de combattre, les com
pensations territoriales ont aussi né
cessairement .leur poids, leur utilité
sur le terrain du droit des gens. Cette
première vérité pratique est corroborée
par une seconde qui ne saurait logi
quement en être séparée, à savoir que
l'alliance qui doit être la prix de ces
compensations, de ces « garanties
territoriales.,»., et le. moyen, d'ailleurs,
de les obtenir, doit être conclue en
dehors de toutes considérations senti
mentales, de toutes « sympathies po-
« litiques que,dans telle ou telle partie
« du pays, l'on pourrait éprouver
« pour lun ou l'autre des belligé-
« rants. »
, L'Etat quelconque réellement cou
pable d'atteinte à la neutralité doit
comprendre, au contraire que ce se
rait « un crime contre le droit des
« gens qu'aucun® nécessité militaire
« ne saurait excuser et dont la con-
« séquence serait, sans parler des in-
« dèmnités et garanties que nous
« réclamerions,, un ressentiment du-
« rable de notre part ».
Cette dernière considération: est
assez naturelle. : Celui des Etats limi
trophes de la Suisse qui serait vaiucu
dans les conditions où l'on vient de
prévoir, qu'il . serait démembré et
frappé d'une ..contribution de guerre
au profit de la Confédération n'aurait
pas le droit d'opposer d'inutiles objec
tions de sentiment. Cette doctrine est
résumée par M. Hiltry en une conclu
sion claire et .concise :
Il faut que, dans ïe cas où nous aurions
affaire h un Etat beaucoup plus puissant,
nos autorités aient la ferme propos de s'al
lier, sur-le-champ, avec son adversaire,
abandonnant ainsi notre neutralité,, mais,
bien entendu, dans le dessein de la ré
tablir après la paix, en l'assurant par des
garanties territoriales que l'ennemi aurait
à nous fournir. Il va de soi que cette al
liance ne se justifierait que par une lésion
grave,'etc.... ' : " ' ! -
Cette lésion grave se. produira-t-elle
jamais ? L'Etat qui s'est rendu cou
pable .aura-t-il perdu déjà quelque
bataille ? La Confédération sera-t-elle
obligée de s'associer en conséquence
à la gloire du plus fort? Les circons
tances, àù. contraire, l'amèneront-elles
à prendre parti le premier jour de la
guerre? Si les événements dont nul
n'est le maître l'appellent à partager
la victoire de l'un ou l'autre des belli
gérants, l'accroissement de grandeur
qu'elle en recevra sera, dans tous les
cas, bien conforme à la loi de son évo
lution historique :
C'-est une histoire singulière que celle dé
la neutralité suisse ; elle montre assez bien
que la simple neutralité, la neutralité per
pétuelle comme maxime politique, la neu
tralité garantie, le protectorat et enfin la
perte de l'indépendance sont des degrés
successifs que les peuples peuvent doscen-
dre un à un, mais aussi parfois remonter.
En troia siècles, de 1515 à 1815, la Confé
dération les a tous descendus; puis elle est
remontée au rang. d'Etat vraiment indépen
dant,, où nous espérons qu'elle saura se
mainienir.
Ici commence un développement
historique certainement curieux et
intéressant. Le professeur Hilty rap
pelle l'ancienne gloire militaire de la
Suisse qui était bien tout le contraire
d'un Etat neutre. « C'est dans la guerre
« qu'elle est née et qu'elle a grandi au
« delà dé ce qu'on espérait d'abord ;
« et même elle a joué ..parfois dans la
« politique européenne le rôle d'une
« grande puissance ' militaire, dont
« l'alliance, toujours recherchée, était
« souvent décisive. » Suit un exposé
qui résume l'histoire de la Suisse dans
l'histoire des formes successives de la
neutralité.
On apprend comment de l'une de
ces formes on passe à l'autre soit par
décadence, soit par progrès jusqu'à
parvenir enfin à cette « neutralité na
turelle et libre » qui n'est, de fait, rien
autre chose que la neutralité, volon
taire (quand elles veulent) de toutes
les grandes puissances indépendantes.
Nous ne saurions ici — et ce serait
d'ailleurs sans utilité — entrer dans
les développements de ce chapitre,
que M. Hilty termine par ces mots si
gnificatifs: « A bon entendeur salut ! »
G. Bois.
wu. 1 jn*
Le Journal officiel publie àvec les '
formules ordinaires dont nous ne ces
serons de signaler l'inconvenance, le
décret ci-après :
Le président de la République française,
Sur le rapport du garde des sceaux, mi
nistre de la justice et des cultes,
Décrète :
Art. 1". — M. Jauffret (François-An
toine), chanoine du diocèse de Marseille,
est nommé à i'évêché de Bayonne, vacant
par le décès de M. Fleury-Hottot. ::
Art. 2. — Lè garde des sceaux, ministre
de' la justice et des cultes; est chargé de
l'exécution du présent décret..
Fait à Paris, le 7 décembre 1889. -
" :■ 1 CARNOT, .
Par le présidant da la République : .
Le garde des sceaux,
ministre de la j ustice et des cultes, {
T hévenet.
M. l'abbé JauïEret,. né. en 1833, a
cinquante-six ans.
Elevé au séminaire de Marseille,"il
termina ses études théologiques à la
faculté de théologie d'Aix, où il prit
le grade de docteur. Appelé, par son
savoir et ses aptitudes spéciales à la
direction da l'Ecole Belzunce à Mar
seille, il resta pendant dix-sept ans à
la tête de ce collège ecclésiastique,
dont il accrut encore la renommée.
Mais, il y a deux ans, par suite des
fatigues survenues après une grave
maladie, il dut donner sa démission.
C'est alors- qu'il fut nommé chanoine
dè la cathédrale. "
Nous appelons L'attention toute par-.
ticulière de nos lecteurs sur le remar- !
quable rapport que nous publions,
d'autre part, et qui a été présenté au
dernier congrès catholique de Lille par
M. Féron-Vrau sur la corporation
chrétienne de Saint-Nicolas. ■ •
C'est un nouvel exemple des progrès
obtenus par l'action des catholiques
lillois en vue de l'union des patrons et
ouvriers sur le terrain corporatif.
M. Ranc qui fut jadis employé à la
sûreté générale, écrit à propos de "la
demande faite par M. Constans au su
jet du rétablissement des fonds se
crets.
Il y a lieu d'espérer que l'affaire passera
sans une grande difficulté.
C'est un singulier préjugé démocratique
que de s'imaginer que la République est
un gouvernement à part, qui n'est pas sou
mis aux mêmes conditions de* droit de dé
fense que les. ; autres gouvernements. .Avec
cette doctrine-là on arrive quelquefois au
bord du fossé ; heureux quand ; on n'y fait
pas la culbute.
Par contre, voici ce que dit M. Àn-
drieux (jui, çomme ancien préfet de
police, a bien, aussi sa compétence en
la matière. :>•
" Le ministre de, l'intérieur emploie cha
que année une partie da crédit à subven
tionner la presse.
Le ministre, en échange de ses faveurs,
impose parfois à certains entrepreneurs de
publicité officieuse la collaboration d'hom
mes politiques grassement rétribués, qu'on
appelle des « canaris », ... „ ,, , . .
Par ces ingénieuses combinaisons, le mi
nistre s'attache à la fois des journaux prêts
à chanter ses louanges et des députés dont
les bulletins ne,risqueront plus .de s'égarer
parmi ceux de l'opposition.
Les sommes restées libres, après les
subventions accordées à la presse et les
prélèvements faits par le ministre, sont
employées à salarier, les agents secrets de la
police politique. ■
La police secrète espionne les actes et
■les paroles des députés, des sénateurs, des
fonctionnaires, des journalistes, des mem
bres des comités et généralement de tous
les citoyens qui ne se désintéressent ï>as de
la vie publique.- •
Pour cette œuvre de surveillance occulte
et de dénonciation les instruments.les plus
divers sont utilisés., t _. .
Cet espÎQnnàgeJqui s'exerce ■par la cor
ruption est-il Bé'oessaire à. la sécurité de
l'Etat?"
Je ne le crois pas ; surtout dans'une ré
publique oh les indiscrétions de la presse
suffisent à éclairer le gouvernement sur les
dispositions des partis et eh les libertés de
réunion, de discussion, d'association ont
pour effet naturel de supprimer les conspi
rations et les sociétés secrètes.
Il sera' curieux, d'après cette note,
de voir quels sont les journaux.qui, se
montreront les plus ardents à "soutenir
la proposition-Constans.
Il faut savoir reconnaître et même,
au besoin, proclamer ses erreurs. Don
nons aujourd'hui ce bon exemple aux
journaux républicains, qui ne le sui
vront pas. r . '
Nous nous sommes trompé'sur ; le
compte de M. le ministre de.la guerre.
Nous avons été injuste envers M.-de
Freycinet.
■ Parlant ' des dispenses et facilités
qu'il accordait avec tant de bonne
grâce aux élèves de l'Ecole ^normale,
nous avons fait observer gue M. 'de
Freycinet, s'il, daignait obéir aux lois
de l'équité la plus élémentaire, devrait
accorder les mêmes avantages aux ; sé
minaristes ; mais, . ajoutions-noùs, il
s'en gardera bien. _ ,
Nous avions tort d'ajouter ce dernier
membre de phrasB. ; . -
La Gazette de Cologne , journal bien
renseigné,. : assuré, en effet, que- les
élèves des séminaires ont obtenu
toutes les dispenses qui ont été solli
citées pour eux. '
« Toutes!..;» Vous hésitez à le
croire. Vous n'hésiterez plus quand
nous aurons complété l'information
de la Gazette de Cologne. Oui, toutes
les dispenses qu'ils sollicitaient ont été
accordées aux élèves des séminaires...
Israélites.
Il va sans dire qu'il n'est pas ques
tion des séminaires catholiques. •
M. le comte de Mun, tant en son
nom qu'au nom de plusieurs de ses
collègues, a déposé hier une série de
projets de loi dont une note commu
niquée aux journaux résume ainsi les
principales dispositions : ? ■ --
Le comte Albert de Mun a déposé, au
jourd'hui, deux propositions de loi': l'une
sur la réglementation du travail industriel, ;
l'autre sur la protection des petites pro
priétés rurales. -
Ces propositions sont signées avec M, v da
Mun par M.M. Thellier de Pônchoville, Le
Cour-Grandmaison, de Ramel et lo ço:nte
de MontalemberL <•.
La proposition sur la réglementation, dû
travail industriel est précédée d'tm-fcxposé
des motifs développé' dans lequel-les au
teurs du projet ont indiqué leurs vues gé
nérales sur- cette .'grave. question et - dans
lequel ils annoncent qu'il sera .complété-pàt;.
deux autres propositions-sur les conseils
d'arbitrage «t les conseils de •prudhommes.
- La première da ces deux propositions,
déjà présentée à la dernière 'législature,>a
été déposée"de. nouveau aujourd'hui-par
M..Le."-Cour avèc la: signature dé-M. de
Mun et des., autres, députés auteurs de :1a
pEopQsitjoa sur la réglementation, du. tra
vail. -• .
D'autre parVM. Thellier de Ppnéhçville
a déposé, dès jeudi dernier,-toujours avec,
les mêmes signatures et celle de M. Le
Gavrian, une proposition sur la protection
des salaires contre lés saisies, j*-;' —." -
, Cet ensemble de projets: constitue, le3
réformés'ijue ces messieurs se proposent
quant à .présent .de demander - au Parle
ment.', \ ;
Ils annoncent'en out're i'intentioh de dé
poser d'autrss propositions relatives aux
caisses-d'accidents et-de'retraite. -----
■Le , projet surja, réglementation..du tra
vail demande l'interdiction du travail de
nuit" pour les fammes, celle du travail du
dimanche avec, arrêt dans la journée du
samedi pour les ouvriers des deux sexes,
la fixation- à 58 heures ■ par secnaino de, Ja
durée
vriers ides
du travail également pour les ou
ïes deux sexes, l'établissement d'âne
statistique du trayaU-«t.' ; Ses ■ salaires et la
création 'd'un borptf spécial'-' d'inspéeteursi;
recrutés dans des conditions particulières;
La proposition relative ".aux."petites proV
priétés rurales a pour objet d'ea empêcher
la destruction, qui s'accroît par suite, dek
charges hypothécaires dans des proportions
effrayantes et de sauvegarder , lé toit et' ,1e
champ du-petit cultivateur _- -
Elle déclare insaisissables les petites .pro-,
priétés jusqu'à la valeur de 5,000 francs, y
compris ;ia maison d'habitation, les bêtes
de trait-nécessaires, les instruments ara
toires et les semences.
' M." de Mun a déposé,- «n- même temps,
une proposition' déjà présentée à la der
rière législature surla modification des ar
ticles. 826 et, 832 du. code civil relatifs ,àu
partage dés/successiqns et à la composition
des lots.
M. Thellier de Pnncheville a déposé
avec lui accorder au ! fermier en cas de plus-value.
Nous reviendrons sur l'ensemble de
ces projets quand nous en aurons lé
texte.v '', * '
A propos du duel
<* f ■ . *" - '-<•£*? -• *-
Le projet de loi sur le duel que M.
Clus'erét vient de déposer à la Cham
bre inspire à M. Andrieux le curieux
article que voici :
Avant d'avoir accompagé des journalistes
sur le terrain, j'étais émerveillé à la.leclure
des procès-verbaux et je ne pouvais conte;
nir mon admiration pour ces escrimeurs
qui- paraient-les caups -avec tant .d'adresse
qu'après cinquante minutes de combat et
dix-sept reprisesle,sangn'avaitpoint encore
coulé.'; •' : - n-
- Depuis j'ai perdu mes illusions.. .. _
Je vois encore deux adversaires se mer
naçant de la pointe et du regard, sans que
ni l'un ni l'autre se hasardât à fairë le pre-
mierpas.
- Au bout de cinq minutes leurs bras ten«
Hii m "ii 1 1
BB
FpUILLETOÎl; DE. 'L' UNIVERS V :
- h • Du t) BÉCEMBBBr4889.L.,'i' . , ' ■
La corporation chrétienne
. " DE SAINT-NISOLAS (i) "
: - ........ RAPPORT ;,, > . ,
Présenté à . M Commission de s Œuvres so.-
ciales dù Congrès des catholiques du Nord
et du Pas-de-Calais, çn 1889, *
• _ ~ y ' '■ - — !■ ' i-' 1 i l'iî't'i»; -j ' • ' \
' ■ ■->.{: par .. •,
M. G. F éron -VKAU "
Messieurs,'
C'est bien déjà une véritable corporation,
après quatre années seulement d'existence,
dont je me propose de vous présenter ici
le tableau, avec sa confrérie, avec toutes
les utiles institutions crééës en vue de réta
blir dans une grande famille profession
nelle la paix et l'harmonie sociales.
Près de cent années se sont écoulées de
puis la suppression violente, à Lille comme
dans tout le reste de la France, de ces ins
titutions salutaires auxquelles les travail
leurs ont di, pendant plusieurs siècles, la
tranquillité et le bonheur.. L'ouvrier' trou
vait alors dans là corporation'de son mé
tier, le maintien de son foyer, l'appui né
cessaire à sa famille, un secours dans tous
ses besoins, dans toutes les circonstances
difficiles de-son existence; c'était, en un
mot, tout son horizon, le cad re de toutes
fl) Fondée à Lille le 11 mai 1885, pour les
ustries du lin et du coton (filaturs, tissage,
filterie
ses affections, l'occasion 'de toutes ses
joies.. i :
En i789, Lille comptait -encore quarante-
six corporations, entre lesquelles se parta
geaient toutes les catégories de travail
leurs, maîtres, compagnons,... apprentis.
Tout a été détruit.- La loi des 14-17 juin
1791 les a brisées, et en a interdit lo réta
blissement. L'artiole 416 du code pénal est
venu sanctionner cette funeste interdiction*
H s'est écoulé près d'un siècle avant qu'une
loi nouvelle fît disparaître ces obstacles lé
gaux, tristes fruits de la Révolntion, et, en
permettant la création de syndicats profes
sionnels, préparât un meilleur avenir pour
nos institutions chrétiennes.
On ne s'explique que trop bien toutes les
misères physiques et morales qui se sont
amoncelées sur les classes ouvrières durant
cette longue péritde. Affaiblies par l'émiet-
tement social qui résultait fatalement de
l'absence de, toute association, livrées à.
l'ignorance, souffrant de l'abandon des
classes dirigeantes, accablées par les né
cessités d'an travail tantôt instable, tantôt
sans trêve ni repes pour tous les membres
de la famille, elles furent entraînées à la
haine contre les patrons et à l'envie contre
le capital, puis, dominées par des préjugés
sans nombre, elles se livrèrent aux fausses
doctrines et aux menées impies des sociétés
secrètes.
Tontes ces causes de souffrances feront
encore longtemps hélas ! sentir leur in
fluence, alors surtout que grand nombre
de patrons, même chrétiens, ignorent ou
méconnaissent l'étendue, et môme peut-
être la réalité de leurs devoirs profession
nels.
Il est juste cependant de dire que le
mal a été moins profond à Lille et dans le
nord.de la France qa'en beaucoup d'autres
régions, grâce très certainement à la foi
qui est restée dans les cœurs et à la per
sistance des mœurs chrétiennes ; les
croyances sommeillent souvent, mais il est
aisé de les réveiller, même sans attendre
l'heure redoutable qui décide du bonheur
ou du malheur éternels.
Nous l'avons vu à l'époque, éloignée
déjà, de l'établissement à Lille de l'œuvre
des Cercles catholiques d'ouvriers. A partir
de 1873, on put onvrir successivement cinq
cercles où affluèrent les ouvriers, et nous
résumerons facilement toute l'histoire de
ces cercles en disant qu'on y a élaboré
d'une façon chrétienne, toute pratique et
efficace, les conditions de la réconciliation
sociale, pour une élite ouvrière restée trop
peu nombreuse, uniquement faute d'empla
cement.
Dès 1878, on y a travaillé au rétablisse
ment des fêtes patronales des métiers et
corps d'état. Les souvenirs du passé se ra
vivèrent, la messe du saint patron redevint
facilement en honneur, et ce fut déjà un
bon résultat que d'avoir restauré la pensée
de Dieu dans l'atelier et fait comprendre à
de nombreux travailleurs, surpris de se
retrouver côte à côte en face de l'autel et
autour de la chaire chrétienne, l'honneur
et la dignité de la coédition ouvrière, celle
qu'a choisie Notre-Seignear Jésus-Christ
pendant sa vie terrestre.
Plusieurs années furent dépensées dans
ces premiers efforts trop timides, il faut le
reconnaître. On sentait qu'il fallait se pla
cer sur le terrain professionnel. Nous célé
brions les fêtes des saints patrons du tra
vail, mais c'était tout. Nous recevions aussi
de beaucoup de patrons sympathiques,mais
qui n'étaient pas avec nous, un concours
pécuniaire, notamment lors de la fête du
Broquelet, pour célébrer solennellement la
messe de saint Nicolas. Car saint Nicolas,
dont les enfants attendent toujours avec
impatience la fête du 6 décembre, a encore
une autre fête beaucoup moins connue,
celle de 1 a translation de ses reliques; le
9 mai, qui sert à fixer la date de la fête
du Broquelet (2). Saint Nicolas était autre
fois — les archives des corporations lil
loises le disent — « le patron des corps
des grossiers, merciers, boutonniers, fil-
tiers, galonhiers, des dentellières et des
enfants. » Il est aujourd'hui devenu le par
tron des fileurs, tisserands et filtiers dé lin
et de coton, si nombreux à Lille.
Nous en étions à cette situation en 1884,
année qui nous présente plusieurs dates
mémorables.
C'est le 21 mars 1884 que fut votée au
Parlement français, on se le rappelle, la
bienfaisante loi des syndicats profession-
nels. .......
Un mois plus tard, la 20 avril, Notre
Saint Père le Pape Léoa XIII adressait au
monde catholique son admirable encyclique
Humanum genus, inspirée par la pensée d'ar
racher les classes ouvrières à. la puissance
des sectes de la franc-maçonnerie.
Voici ce que nous y lisons : « Une insti
tution due à la sagesse de nos pères et
momentanément interrompue par le cours
des temps pourrait, à l'époque où nous
sommes, redevenir le type et la forme de
créations analogues. Neus voulons parler
de nos corporations ouvrières, destinées à
protéger, sous la tutelle de la religion, les
intérêts du travail et les mœurs des tra
vailleurs. Si la pierre de touche d'une lon
gue expérience avait fait apprécier \ nos
ancêtres l'utilité de ces associations, notre
âge en retirerait peut-être, de plus grands
(2) La fête du Broquelet est à Lille, de temps
immémorial, la fête de toutes les industries du
lin et du coton ; le mot broquelet parait signifier
petite broche.
fruits, tant elles offrent de précieuses Res
sources pour combattre. avec succès et
peur écraser la puissance des sectes.-Ceux
qui-n'échappent à la misère qu'au prix du
abeur de leurs mains, en même temps ijue,
par leur condition-, ils sont souverainement
dignes de la charitable assistance de leurs
semblables, sont aussi les plus exposés à
être trompés par les séductions et les ruses
des apôtres du mensonge. Il faut donc leur
venir en aide avec une très grande habileté
et leur ouvrir les rangs d'associations hon
nêtes,pour les empêcher d'être .enrôlés dans
les mauvaises.
« En conséquence, et. pour le salut du
peuple, Nous souhaitons ardemment de
voir se rétablir, sous les auspices et le pa
tronage des évêques, ces ■ corporations ap
propriées aux besoins des temps 'pré
sents.
« Ce n'est pas pour Nous unè joie médio
cre que d'avoir vu déjà se constituer én
plusieurs lieux des associations de ce gen-.
re, ainsi que des sociétés de. patrons ; le
but des unes et des autres étant de venir
en aide à l'honorable classe des prolétai
res,-d'assurer à leurs familles et à leurs en
fants le bienfait d'un patronage tutélaire,
de leur fournir les moyens de garder, avec
de bonnes mœurs, la connaissance de la
piété. »
L'appel du Saint-Père produisit un pro
fond effet sur nos âmes. Nous étions pris à
l'improviste. La corporation -nous avait
bien apparu comme l'idéal de nos aspira
tions, mais comment la réaliser ? Nous n'a
vions devant nous que des éléments épar-,
pillés, quelques ouvriers et quelques hom
mes de bonnes volonté ; nous n'avions pas
de programme.
Mais le Pape avait parlé, nous obéîmes.
Trois semaines après, à la fête du Broque»
let, nous nous réunîmes en assemblée" so-
lennëllé : la fondation de la corporation
était décidée èn principe.
> Nous mîoaes_ près^d'une année à élaborér
nos ^statuts et nôtre plan de conduite. Les
statuts furent déposés & la mairie le 2 avril
18S5, et le 11 mai suivant nous eûmes no
tre première assemblée générale de la cor
poration, bien réellement fondée cette fois
sous le patronage de saint Nicolas.
Nous ayons continué d'être puissamment
soutenus par les-hauts encouragements du
Saint-Père, en toutes les circonstances fa
vorables. Trois grands pèlerinages fran«
çais, exclusivement empruntés au monde
du travail, en 1885, 1887 et 1889, fournirent
à Sa Sainteté Léon XIII l'occasion de re
nouveler solennellement les affirmations de
son encyclique de 1884. Je voudrais m'ar
rêter à* chacune de ces grandes et solen
nelles étapes qui mirent en contact le cœur
magnanime de Léon XIII et celui des ou
vriers français, réunis autour de lui le 20
octobre dernier. La réponse admirable du
Souverain Pontife à l'adresse du cardinal
Langénieux, parlant au nom des ouvriers
français, demeurera comme le monument
impérissable de la bonté et de la sollicitude
du Pape envers les classes ouvrières. Nos
pèlerins du,Nord eurent l'insigne privilège
d'entendre-ce discours,qui trace à tous leur
conduite : aux classes dirigeantes, aux dé
tenteurs dù pouvoir, aux patrons et surtout
aux ouvriers. Il y a.là,pour les uns et pour
les autres, une source d'enseignement et
un terrain précis de conciliation, et il n'est
pas douteux, que nous n'en -ressentions
bientôt-les précieuses- et fécondes consé
quences..,. , ;
Revenons i' 1884. L'association des pa
trons chrétiens du nord de la. France na
quit aa Château-Blanc, le 8 septembre, et
Lille ne manqua pas d'y trouver pour ses
patrons un précieux appui. Les liens de
N* 8011 es Edition quotidienne
Lundi 0 Décembre 1889
mm
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEmi-aUOTIDIENNB
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PARIS
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- L'DîilYElIS no répond pas des manuscrits qui lui sont adressés ^ ,
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C 1 ", 6, place de la Bourse
•*< w"T
FRANCE
PARIS, 8 DECEMBRE 1889
L'interpellation de M. Chiché, le dé
puté boulangiste, pouvant gêner M.
Constans dans le placement des dé
putés remerciés par les électeurs, il
s'est trouvé une majorité pour en ren
voyer la discussion à un mois. Avant
ce délai, les anciens députés qui as
siègent lo cabinet de M. Constans et
des autres ministres seront pourvus.
Une séance, si bien commencée, ne
pouvait que bien finir : la majorité,
après avoir validé, sans débat, trois
élections dont deux de républicains, a
invalidé, sous prétexte de « pression
cléricale », l'élection de M. le comte
Multedo en Corse et de M. Neyrand
dans la Loire. Et cependant M. Flou-
rens avait déclaré avec raison que
l'élection de M. le comte Multedo était
aussi régulière que possible.
Le citoyen Joffrin attend toujours sa
validation, mais les décisions de la
majorité hier doivent lui. donner des
espérances, . L'élection de Glignan-
court ne sera discutée sans doute que
mardi ; déjà plusieurs députés sont
inscrits pour et contre les conclusions
du rapport do M. Lévêque.. Voilà une
question toute simple pour laquelle on
aura bien attendu. ' ■
Le Journal officiel publie ce matin
le décret nommant M. l'abbé Jauffret,
chanoine de Marseille, au siège épis-
copal de Bayonne. II reste encore d'au
tres diocèses, à pourvoir, notamment
celui de Saint-Dié dont la vacance
remonte assez.loin.
Labruyantainterpellation.deM.Bara.
s'est terminée par un échec pour les
libéraux etra^icanx-coalisés^-un-ordre*
du jour approuvant-la. conduite dès
ministres a été voté à une forte ma
jorité. Il faut espérer que la comédie
est finie ei'la question bien "enterrée;
Personne n'aura. ét£ dupe de l 'indir
gnation jouée de MM.Bara et Janson
auxquels faisaient si volontiers écho
nos feuilles républicaines. :
On attend pour, aujourd'hui én Al
lemagne, non sans appréhension^ une
nouvelle grève' qui, mieux préparée et
mieux organisée, serait plus sérieuse
que la précédente. Les- futurs gré
vistes disent tout haut que cette fois-
ils forceront les administrations .mi
nières à-capituler;^.-h a
L'empereur du Brésil ; est arrivé à
Lisbonne, èt des dépêches ! *tious don
nent des détailssûrson' J attitudéet«es
paroles. Cès détails. n£'. : âbnt ! 'pas'ptfu'r
wn v lavmiiikaia «a. f _ •
reusement cette par.olë se.vérifia tle
plus en plus. '
TXT' i,J,
HQ13
•' ' 6 ,$Y£àiiA.'i s h mïï
Lpf sé&ti'ce°'1il'hier; prouve.-quëy^t-.ïâ 1
majorité. a.ctùeïïe"ëst càpâjblé dé jouer;
de temps: - à- 'autre dans;-lesqûestiôns;
indifférentes.la, çomédie. de. la modéra
tion,elle est peu soucieuse clë sabônne
renommée v et 'décidée ^satisfaire ses
haines de sèètaireS/ =?'■<.-1 •<■•.>■■■
Résumons cette belle journée ; On a
validé ~ trois'députés.- -MM^^Faurà-
(droite), député du Gers, dont la ma
il orité défië ies. ; ës 6àmotaggs, ( pjjis deux
frères et amis, MM. Cosmas Dûmenès
et Franconie de lâ'Guyane. Puis on a
invalidé à grands renforts de dénon
ciations -et.de. sottes ■h i istoires., 1 M., le
comté Multedoy - député _d'Àjàcciô -et
M. Ch'arlës T^éyrànd; député de Saint-
EUe)ônft. v ;" ! j;'! r-î -, : ritf. .?« a ,
x t.vi » zpi i~&a ir. ai.
Mais avant cette jolie cuisine élec
torale on avait lestement et haut la
main enterré, c'est-à-dire, ajourné à
un mois un honnête projet d'interpel
lation de M. Chiché qui entendait
demander'compte au ministère, des
nominations scandaleuses faites tous
les jours dans toutes les administra
tions, au mépris des droits des fonc
tionnaires réguliers , en faveur des
opportunistes invalidés par le suffrage
universel. •
On sait que depuis les élections
Y Officiel ne cesse de publier des nomi
nations de ce genre. Quand des hom
mes comme Germain Casse et tant de
personnages de cette envergure sont
congédiés par les électeurs, ils devien
nent ipso facto aux yeux des ministres
de M. Garnot dignes d'être gouver
neurs des colonies, présidents de cours
d'appel, receveurs ou simples percep
teurs. Au point de vue de la bonne
administration des affaires, de la jus
tice et des finances, c'est un danger.
Aû point de vue de la moralité publi
que, c'est un scandale. Mais la majo
rité dit » :Nous et à nos amis,il faut des
places, beaucoup de places. Tant pis
pour ceux qui se scandalisent. Le
temps de la vertumanie, comme disait
Gambetta, est passé i » Et elle a crié:
« à un mois. »
L'invalidation de M. le comte Mul
tedo et de M. Neyrand est dans un
autre genre un défi à l'opinion pu
blique. Laissons les histoires. Ces mes
sieurs ont été élus dans des arrondisse
ments catholiques parce que le clergé
leur était favorable; Mais si lé clergé
a le droit de voter il aie droit d'avoir
des candidats et d'en dire du bien. Tel
n'est pas l'avis de M. Arène, ni de M.
Jumeî ni d'une bandé de républicains
honnêtes qui trouvent très juste que
M. ConstanSj aidé par d'habiles recen
seurs, escamote des majorités, mais
qui s'indignènt si un membre du
clergé parle sans tendresse d'un can
didat antireligieux. . . -
Il faut espérer que M. le comte
Multedo fera casser par * ses électeurs
l'inique * jugement ^des^-amis de Mi-
Arène. Nous comptons que M. Ney-
raud . aurai le. même succès.. On ne lui
pardonne pas à lui d'avoir été élu uni
quement çonime catholique par une
population ouvrière. C'est là, en effet,
un grave symptôme pour les élections
prochaines. Les ouvriers ne rejettent
pas, encore la République ; mais ils
commencent à rejeter les républicains
et ; c'est un commencement/plein de
promesses.,
Une théorie de la neutralité
Une récente discussion devant lè
Conseil fédéral, à Berne, a.été l'occà-
sion d'un® déclaration rassurante. Il
est resté acçjuis que l'incident Volge-
iriuth ..n'a laissé aucun nuagè datis les
relations dé la Suisse, et de l 'Allemar
gné. La crainte ayant même été émise
dbiine 'réaction, trop grande en sens
dop'tr^ire, c'est-à-dire d'un excès de
qôrdi'alité qui donne le soupçon d'ùnè
enientôVentré' îes deùx Etats, ' à ' des
conditions et en vue d'éventualités sur
lesquelles l'ojoinion né pourrait faire
encore (ju© deâ,conjecture^,.les décla
rations du gouvernement ] fédéral ont
été de nature 'à dissiper ces nouveaux
doutes. Les .relations, sont à tous
égards.ç©: qu'elles, étaient ayant l'inci
dent. ;Ces. .conditions permettent ~de
traiter de la neutralité de la Suisse
:sàns/.±iamdre;;..ni risquer d'avoir un
débat irritant.
§[ D'un autre côté,- et par uns coïnci
dence vraiment heureuse, il se trouve
que le même sujet avait été traité en
Suisse, non point en forme officielle;
ni. même officieuse, mais, ex-professo et
n®n sans éclat, quelque temps avant
l'incident suisse-allemand, par Un per
sonnage que sa fonction désignait à
cet effet : le professeur de droit pu
blic fédéral et de droit international
de l'université de Berne, le professeur
Charles Hilty. La consultation de M.
Hilty, revue et complétée, fut, aussitôt
après l'incident, publiée en brochure,
dans les trois langues de la Suisse et
non distribuée, mais répandue et mise
en évidence avec une profusion sans
doute calculée.
Au reste, elle pourrait se recom
mander toute seule par son propre
mérite : c'est une bonne et solide
étude de droit des gens et d'histoire.
Elle était tout d'abord opportune
en répondant au mouvement immé
diat et spontané de l'opinion pour la
résistance et à l'idée, qui jaillit aussi
tôt, d'une alliance française. Dès les
premiers mots il était déclaré :
... que la neutralité perpétuelle . d'an
état ne l'empêche pas absolument de con
clure une alliance, et qu'il peut abandon
ner momentanément sa neutralité dans le
seul but, bien entendu, de la défendre con
tre une agression, et de la reprendre en
suite après l'avoir ainsi défendue.
La conclusion répondait à l'exorde;
le dernier paragraphe semblait le cou
plet d'un chant de guerre : « La li-
« berté, y est-il dit, est la seule chose
« au monde pour laquelle il vaille la
« peine de combattre. » Voilà qui est
bien. C'est, pour commencer et pour
finir, la net® héroïque et sonore des
tinée à s'assurer la popularité.
Un peu d'attention et la patience de
tout lire montrent bientôt que cet en
thousiasme s'accorde avec des idées
pratiques. On comprend alors que la
liberté seule rie vaut pas exclusive
ment la peine de combattre, les com
pensations territoriales ont aussi né
cessairement .leur poids, leur utilité
sur le terrain du droit des gens. Cette
première vérité pratique est corroborée
par une seconde qui ne saurait logi
quement en être séparée, à savoir que
l'alliance qui doit être la prix de ces
compensations, de ces « garanties
territoriales.,»., et le. moyen, d'ailleurs,
de les obtenir, doit être conclue en
dehors de toutes considérations senti
mentales, de toutes « sympathies po-
« litiques que,dans telle ou telle partie
« du pays, l'on pourrait éprouver
« pour lun ou l'autre des belligé-
« rants. »
, L'Etat quelconque réellement cou
pable d'atteinte à la neutralité doit
comprendre, au contraire que ce se
rait « un crime contre le droit des
« gens qu'aucun® nécessité militaire
« ne saurait excuser et dont la con-
« séquence serait, sans parler des in-
« dèmnités et garanties que nous
« réclamerions,, un ressentiment du-
« rable de notre part ».
Cette dernière considération: est
assez naturelle. : Celui des Etats limi
trophes de la Suisse qui serait vaiucu
dans les conditions où l'on vient de
prévoir, qu'il . serait démembré et
frappé d'une ..contribution de guerre
au profit de la Confédération n'aurait
pas le droit d'opposer d'inutiles objec
tions de sentiment. Cette doctrine est
résumée par M. Hiltry en une conclu
sion claire et .concise :
Il faut que, dans ïe cas où nous aurions
affaire h un Etat beaucoup plus puissant,
nos autorités aient la ferme propos de s'al
lier, sur-le-champ, avec son adversaire,
abandonnant ainsi notre neutralité,, mais,
bien entendu, dans le dessein de la ré
tablir après la paix, en l'assurant par des
garanties territoriales que l'ennemi aurait
à nous fournir. Il va de soi que cette al
liance ne se justifierait que par une lésion
grave,'etc.... ' : " ' ! -
Cette lésion grave se. produira-t-elle
jamais ? L'Etat qui s'est rendu cou
pable .aura-t-il perdu déjà quelque
bataille ? La Confédération sera-t-elle
obligée de s'associer en conséquence
à la gloire du plus fort? Les circons
tances, àù. contraire, l'amèneront-elles
à prendre parti le premier jour de la
guerre? Si les événements dont nul
n'est le maître l'appellent à partager
la victoire de l'un ou l'autre des belli
gérants, l'accroissement de grandeur
qu'elle en recevra sera, dans tous les
cas, bien conforme à la loi de son évo
lution historique :
C'-est une histoire singulière que celle dé
la neutralité suisse ; elle montre assez bien
que la simple neutralité, la neutralité per
pétuelle comme maxime politique, la neu
tralité garantie, le protectorat et enfin la
perte de l'indépendance sont des degrés
successifs que les peuples peuvent doscen-
dre un à un, mais aussi parfois remonter.
En troia siècles, de 1515 à 1815, la Confé
dération les a tous descendus; puis elle est
remontée au rang. d'Etat vraiment indépen
dant,, où nous espérons qu'elle saura se
mainienir.
Ici commence un développement
historique certainement curieux et
intéressant. Le professeur Hilty rap
pelle l'ancienne gloire militaire de la
Suisse qui était bien tout le contraire
d'un Etat neutre. « C'est dans la guerre
« qu'elle est née et qu'elle a grandi au
« delà dé ce qu'on espérait d'abord ;
« et même elle a joué ..parfois dans la
« politique européenne le rôle d'une
« grande puissance ' militaire, dont
« l'alliance, toujours recherchée, était
« souvent décisive. » Suit un exposé
qui résume l'histoire de la Suisse dans
l'histoire des formes successives de la
neutralité.
On apprend comment de l'une de
ces formes on passe à l'autre soit par
décadence, soit par progrès jusqu'à
parvenir enfin à cette « neutralité na
turelle et libre » qui n'est, de fait, rien
autre chose que la neutralité, volon
taire (quand elles veulent) de toutes
les grandes puissances indépendantes.
Nous ne saurions ici — et ce serait
d'ailleurs sans utilité — entrer dans
les développements de ce chapitre,
que M. Hilty termine par ces mots si
gnificatifs: « A bon entendeur salut ! »
G. Bois.
wu. 1 jn*
Le Journal officiel publie àvec les '
formules ordinaires dont nous ne ces
serons de signaler l'inconvenance, le
décret ci-après :
Le président de la République française,
Sur le rapport du garde des sceaux, mi
nistre de la justice et des cultes,
Décrète :
Art. 1". — M. Jauffret (François-An
toine), chanoine du diocèse de Marseille,
est nommé à i'évêché de Bayonne, vacant
par le décès de M. Fleury-Hottot. ::
Art. 2. — Lè garde des sceaux, ministre
de' la justice et des cultes; est chargé de
l'exécution du présent décret..
Fait à Paris, le 7 décembre 1889. -
" :■ 1 CARNOT, .
Par le présidant da la République : .
Le garde des sceaux,
ministre de la j ustice et des cultes, {
T hévenet.
M. l'abbé JauïEret,. né. en 1833, a
cinquante-six ans.
Elevé au séminaire de Marseille,"il
termina ses études théologiques à la
faculté de théologie d'Aix, où il prit
le grade de docteur. Appelé, par son
savoir et ses aptitudes spéciales à la
direction da l'Ecole Belzunce à Mar
seille, il resta pendant dix-sept ans à
la tête de ce collège ecclésiastique,
dont il accrut encore la renommée.
Mais, il y a deux ans, par suite des
fatigues survenues après une grave
maladie, il dut donner sa démission.
C'est alors- qu'il fut nommé chanoine
dè la cathédrale. "
Nous appelons L'attention toute par-.
ticulière de nos lecteurs sur le remar- !
quable rapport que nous publions,
d'autre part, et qui a été présenté au
dernier congrès catholique de Lille par
M. Féron-Vrau sur la corporation
chrétienne de Saint-Nicolas. ■ •
C'est un nouvel exemple des progrès
obtenus par l'action des catholiques
lillois en vue de l'union des patrons et
ouvriers sur le terrain corporatif.
M. Ranc qui fut jadis employé à la
sûreté générale, écrit à propos de "la
demande faite par M. Constans au su
jet du rétablissement des fonds se
crets.
Il y a lieu d'espérer que l'affaire passera
sans une grande difficulté.
C'est un singulier préjugé démocratique
que de s'imaginer que la République est
un gouvernement à part, qui n'est pas sou
mis aux mêmes conditions de* droit de dé
fense que les. ; autres gouvernements. .Avec
cette doctrine-là on arrive quelquefois au
bord du fossé ; heureux quand ; on n'y fait
pas la culbute.
Par contre, voici ce que dit M. Àn-
drieux (jui, çomme ancien préfet de
police, a bien, aussi sa compétence en
la matière. :>•
" Le ministre de, l'intérieur emploie cha
que année une partie da crédit à subven
tionner la presse.
Le ministre, en échange de ses faveurs,
impose parfois à certains entrepreneurs de
publicité officieuse la collaboration d'hom
mes politiques grassement rétribués, qu'on
appelle des « canaris », ... „ ,, , . .
Par ces ingénieuses combinaisons, le mi
nistre s'attache à la fois des journaux prêts
à chanter ses louanges et des députés dont
les bulletins ne,risqueront plus .de s'égarer
parmi ceux de l'opposition.
Les sommes restées libres, après les
subventions accordées à la presse et les
prélèvements faits par le ministre, sont
employées à salarier, les agents secrets de la
police politique. ■
La police secrète espionne les actes et
■les paroles des députés, des sénateurs, des
fonctionnaires, des journalistes, des mem
bres des comités et généralement de tous
les citoyens qui ne se désintéressent ï>as de
la vie publique.- •
Pour cette œuvre de surveillance occulte
et de dénonciation les instruments.les plus
divers sont utilisés., t _. .
Cet espÎQnnàgeJqui s'exerce ■par la cor
ruption est-il Bé'oessaire à. la sécurité de
l'Etat?"
Je ne le crois pas ; surtout dans'une ré
publique oh les indiscrétions de la presse
suffisent à éclairer le gouvernement sur les
dispositions des partis et eh les libertés de
réunion, de discussion, d'association ont
pour effet naturel de supprimer les conspi
rations et les sociétés secrètes.
Il sera' curieux, d'après cette note,
de voir quels sont les journaux.qui, se
montreront les plus ardents à "soutenir
la proposition-Constans.
Il faut savoir reconnaître et même,
au besoin, proclamer ses erreurs. Don
nons aujourd'hui ce bon exemple aux
journaux républicains, qui ne le sui
vront pas. r . '
Nous nous sommes trompé'sur ; le
compte de M. le ministre de.la guerre.
Nous avons été injuste envers M.-de
Freycinet.
■ Parlant ' des dispenses et facilités
qu'il accordait avec tant de bonne
grâce aux élèves de l'Ecole ^normale,
nous avons fait observer gue M. 'de
Freycinet, s'il, daignait obéir aux lois
de l'équité la plus élémentaire, devrait
accorder les mêmes avantages aux ; sé
minaristes ; mais, . ajoutions-noùs, il
s'en gardera bien. _ ,
Nous avions tort d'ajouter ce dernier
membre de phrasB. ; . -
La Gazette de Cologne , journal bien
renseigné,. : assuré, en effet, que- les
élèves des séminaires ont obtenu
toutes les dispenses qui ont été solli
citées pour eux. '
« Toutes!..;» Vous hésitez à le
croire. Vous n'hésiterez plus quand
nous aurons complété l'information
de la Gazette de Cologne. Oui, toutes
les dispenses qu'ils sollicitaient ont été
accordées aux élèves des séminaires...
Israélites.
Il va sans dire qu'il n'est pas ques
tion des séminaires catholiques. •
M. le comte de Mun, tant en son
nom qu'au nom de plusieurs de ses
collègues, a déposé hier une série de
projets de loi dont une note commu
niquée aux journaux résume ainsi les
principales dispositions : ? ■ --
Le comte Albert de Mun a déposé, au
jourd'hui, deux propositions de loi': l'une
sur la réglementation du travail industriel, ;
l'autre sur la protection des petites pro
priétés rurales. -
Ces propositions sont signées avec M, v da
Mun par M.M. Thellier de Pônchoville, Le
Cour-Grandmaison, de Ramel et lo ço:nte
de MontalemberL <•.
La proposition sur la réglementation, dû
travail industriel est précédée d'tm-fcxposé
des motifs développé' dans lequel-les au
teurs du projet ont indiqué leurs vues gé
nérales sur- cette .'grave. question et - dans
lequel ils annoncent qu'il sera .complété-pàt;.
deux autres propositions-sur les conseils
d'arbitrage «t les conseils de •prudhommes.
- La première da ces deux propositions,
déjà présentée à la dernière 'législature,>a
été déposée"de. nouveau aujourd'hui-par
M..Le."-Cour avèc la: signature dé-M. de
Mun et des., autres, députés auteurs de :1a
pEopQsitjoa sur la réglementation, du. tra
vail. -• .
D'autre parVM. Thellier de Ppnéhçville
a déposé, dès jeudi dernier,-toujours avec,
les mêmes signatures et celle de M. Le
Gavrian, une proposition sur la protection
des salaires contre lés saisies, j*-;' —." -
, Cet ensemble de projets: constitue, le3
réformés'ijue ces messieurs se proposent
quant à .présent .de demander - au Parle
ment.', \ ;
Ils annoncent'en out're i'intentioh de dé
poser d'autrss propositions relatives aux
caisses-d'accidents et-de'retraite. -----
■Le , projet surja, réglementation..du tra
vail demande l'interdiction du travail de
nuit" pour les fammes, celle du travail du
dimanche avec, arrêt dans la journée du
samedi pour les ouvriers des deux sexes,
la fixation- à 58 heures ■ par secnaino de, Ja
durée
vriers ides
du travail également pour les ou
ïes deux sexes, l'établissement d'âne
statistique du trayaU-«t.' ; Ses ■ salaires et la
création 'd'un borptf spécial'-' d'inspéeteursi;
recrutés dans des conditions particulières;
La proposition relative ".aux."petites proV
priétés rurales a pour objet d'ea empêcher
la destruction, qui s'accroît par suite, dek
charges hypothécaires dans des proportions
effrayantes et de sauvegarder , lé toit et' ,1e
champ du-petit cultivateur _- -
Elle déclare insaisissables les petites .pro-,
priétés jusqu'à la valeur de 5,000 francs, y
compris ;ia maison d'habitation, les bêtes
de trait-nécessaires, les instruments ara
toires et les semences.
' M." de Mun a déposé,- «n- même temps,
une proposition' déjà présentée à la der
rière législature surla modification des ar
ticles. 826 et, 832 du. code civil relatifs ,àu
partage dés/successiqns et à la composition
des lots.
M. Thellier de Pnncheville a déposé
avec lui
Nous reviendrons sur l'ensemble de
ces projets quand nous en aurons lé
texte.v '', * '
A propos du duel
<* f ■ . *" - '-<•£*? -• *-
Le projet de loi sur le duel que M.
Clus'erét vient de déposer à la Cham
bre inspire à M. Andrieux le curieux
article que voici :
Avant d'avoir accompagé des journalistes
sur le terrain, j'étais émerveillé à la.leclure
des procès-verbaux et je ne pouvais conte;
nir mon admiration pour ces escrimeurs
qui- paraient-les caups -avec tant .d'adresse
qu'après cinquante minutes de combat et
dix-sept reprisesle,sangn'avaitpoint encore
coulé.'; •' : - n-
- Depuis j'ai perdu mes illusions.. .. _
Je vois encore deux adversaires se mer
naçant de la pointe et du regard, sans que
ni l'un ni l'autre se hasardât à fairë le pre-
mierpas.
- Au bout de cinq minutes leurs bras ten«
Hii m "ii 1 1
BB
FpUILLETOÎl; DE. 'L' UNIVERS V :
- h • Du t) BÉCEMBBBr4889.L.,'i' . , ' ■
La corporation chrétienne
. " DE SAINT-NISOLAS (i) "
: - ........ RAPPORT ;,, > . ,
Présenté à . M Commission de s Œuvres so.-
ciales dù Congrès des catholiques du Nord
et du Pas-de-Calais, çn 1889, *
• _ ~ y ' '■ - — !■ ' i-' 1 i l'iî't'i»; -j ' • ' \
' ■ ■->.{: par .. •,
M. G. F éron -VKAU "
Messieurs,'
C'est bien déjà une véritable corporation,
après quatre années seulement d'existence,
dont je me propose de vous présenter ici
le tableau, avec sa confrérie, avec toutes
les utiles institutions crééës en vue de réta
blir dans une grande famille profession
nelle la paix et l'harmonie sociales.
Près de cent années se sont écoulées de
puis la suppression violente, à Lille comme
dans tout le reste de la France, de ces ins
titutions salutaires auxquelles les travail
leurs ont di, pendant plusieurs siècles, la
tranquillité et le bonheur.. L'ouvrier' trou
vait alors dans là corporation'de son mé
tier, le maintien de son foyer, l'appui né
cessaire à sa famille, un secours dans tous
ses besoins, dans toutes les circonstances
difficiles de-son existence; c'était, en un
mot, tout son horizon, le cad re de toutes
fl) Fondée à Lille le 11 mai 1885, pour les
ustries du lin et du coton (filaturs, tissage,
filterie
ses affections, l'occasion 'de toutes ses
joies.. i :
En i789, Lille comptait -encore quarante-
six corporations, entre lesquelles se parta
geaient toutes les catégories de travail
leurs, maîtres, compagnons,... apprentis.
Tout a été détruit.- La loi des 14-17 juin
1791 les a brisées, et en a interdit lo réta
blissement. L'artiole 416 du code pénal est
venu sanctionner cette funeste interdiction*
H s'est écoulé près d'un siècle avant qu'une
loi nouvelle fît disparaître ces obstacles lé
gaux, tristes fruits de la Révolntion, et, en
permettant la création de syndicats profes
sionnels, préparât un meilleur avenir pour
nos institutions chrétiennes.
On ne s'explique que trop bien toutes les
misères physiques et morales qui se sont
amoncelées sur les classes ouvrières durant
cette longue péritde. Affaiblies par l'émiet-
tement social qui résultait fatalement de
l'absence de, toute association, livrées à.
l'ignorance, souffrant de l'abandon des
classes dirigeantes, accablées par les né
cessités d'an travail tantôt instable, tantôt
sans trêve ni repes pour tous les membres
de la famille, elles furent entraînées à la
haine contre les patrons et à l'envie contre
le capital, puis, dominées par des préjugés
sans nombre, elles se livrèrent aux fausses
doctrines et aux menées impies des sociétés
secrètes.
Tontes ces causes de souffrances feront
encore longtemps hélas ! sentir leur in
fluence, alors surtout que grand nombre
de patrons, même chrétiens, ignorent ou
méconnaissent l'étendue, et môme peut-
être la réalité de leurs devoirs profession
nels.
Il est juste cependant de dire que le
mal a été moins profond à Lille et dans le
nord.de la France qa'en beaucoup d'autres
régions, grâce très certainement à la foi
qui est restée dans les cœurs et à la per
sistance des mœurs chrétiennes ; les
croyances sommeillent souvent, mais il est
aisé de les réveiller, même sans attendre
l'heure redoutable qui décide du bonheur
ou du malheur éternels.
Nous l'avons vu à l'époque, éloignée
déjà, de l'établissement à Lille de l'œuvre
des Cercles catholiques d'ouvriers. A partir
de 1873, on put onvrir successivement cinq
cercles où affluèrent les ouvriers, et nous
résumerons facilement toute l'histoire de
ces cercles en disant qu'on y a élaboré
d'une façon chrétienne, toute pratique et
efficace, les conditions de la réconciliation
sociale, pour une élite ouvrière restée trop
peu nombreuse, uniquement faute d'empla
cement.
Dès 1878, on y a travaillé au rétablisse
ment des fêtes patronales des métiers et
corps d'état. Les souvenirs du passé se ra
vivèrent, la messe du saint patron redevint
facilement en honneur, et ce fut déjà un
bon résultat que d'avoir restauré la pensée
de Dieu dans l'atelier et fait comprendre à
de nombreux travailleurs, surpris de se
retrouver côte à côte en face de l'autel et
autour de la chaire chrétienne, l'honneur
et la dignité de la coédition ouvrière, celle
qu'a choisie Notre-Seignear Jésus-Christ
pendant sa vie terrestre.
Plusieurs années furent dépensées dans
ces premiers efforts trop timides, il faut le
reconnaître. On sentait qu'il fallait se pla
cer sur le terrain professionnel. Nous célé
brions les fêtes des saints patrons du tra
vail, mais c'était tout. Nous recevions aussi
de beaucoup de patrons sympathiques,mais
qui n'étaient pas avec nous, un concours
pécuniaire, notamment lors de la fête du
Broquelet, pour célébrer solennellement la
messe de saint Nicolas. Car saint Nicolas,
dont les enfants attendent toujours avec
impatience la fête du 6 décembre, a encore
une autre fête beaucoup moins connue,
celle de 1 a translation de ses reliques; le
9 mai, qui sert à fixer la date de la fête
du Broquelet (2). Saint Nicolas était autre
fois — les archives des corporations lil
loises le disent — « le patron des corps
des grossiers, merciers, boutonniers, fil-
tiers, galonhiers, des dentellières et des
enfants. » Il est aujourd'hui devenu le par
tron des fileurs, tisserands et filtiers dé lin
et de coton, si nombreux à Lille.
Nous en étions à cette situation en 1884,
année qui nous présente plusieurs dates
mémorables.
C'est le 21 mars 1884 que fut votée au
Parlement français, on se le rappelle, la
bienfaisante loi des syndicats profession-
nels. .......
Un mois plus tard, la 20 avril, Notre
Saint Père le Pape Léoa XIII adressait au
monde catholique son admirable encyclique
Humanum genus, inspirée par la pensée d'ar
racher les classes ouvrières à. la puissance
des sectes de la franc-maçonnerie.
Voici ce que nous y lisons : « Une insti
tution due à la sagesse de nos pères et
momentanément interrompue par le cours
des temps pourrait, à l'époque où nous
sommes, redevenir le type et la forme de
créations analogues. Neus voulons parler
de nos corporations ouvrières, destinées à
protéger, sous la tutelle de la religion, les
intérêts du travail et les mœurs des tra
vailleurs. Si la pierre de touche d'une lon
gue expérience avait fait apprécier \ nos
ancêtres l'utilité de ces associations, notre
âge en retirerait peut-être, de plus grands
(2) La fête du Broquelet est à Lille, de temps
immémorial, la fête de toutes les industries du
lin et du coton ; le mot broquelet parait signifier
petite broche.
fruits, tant elles offrent de précieuses Res
sources pour combattre. avec succès et
peur écraser la puissance des sectes.-Ceux
qui-n'échappent à la misère qu'au prix du
abeur de leurs mains, en même temps ijue,
par leur condition-, ils sont souverainement
dignes de la charitable assistance de leurs
semblables, sont aussi les plus exposés à
être trompés par les séductions et les ruses
des apôtres du mensonge. Il faut donc leur
venir en aide avec une très grande habileté
et leur ouvrir les rangs d'associations hon
nêtes,pour les empêcher d'être .enrôlés dans
les mauvaises.
« En conséquence, et. pour le salut du
peuple, Nous souhaitons ardemment de
voir se rétablir, sous les auspices et le pa
tronage des évêques, ces ■ corporations ap
propriées aux besoins des temps 'pré
sents.
« Ce n'est pas pour Nous unè joie médio
cre que d'avoir vu déjà se constituer én
plusieurs lieux des associations de ce gen-.
re, ainsi que des sociétés de. patrons ; le
but des unes et des autres étant de venir
en aide à l'honorable classe des prolétai
res,-d'assurer à leurs familles et à leurs en
fants le bienfait d'un patronage tutélaire,
de leur fournir les moyens de garder, avec
de bonnes mœurs, la connaissance de la
piété. »
L'appel du Saint-Père produisit un pro
fond effet sur nos âmes. Nous étions pris à
l'improviste. La corporation -nous avait
bien apparu comme l'idéal de nos aspira
tions, mais comment la réaliser ? Nous n'a
vions devant nous que des éléments épar-,
pillés, quelques ouvriers et quelques hom
mes de bonnes volonté ; nous n'avions pas
de programme.
Mais le Pape avait parlé, nous obéîmes.
Trois semaines après, à la fête du Broque»
let, nous nous réunîmes en assemblée" so-
lennëllé : la fondation de la corporation
était décidée èn principe.
> Nous mîoaes_ près^d'une année à élaborér
nos ^statuts et nôtre plan de conduite. Les
statuts furent déposés & la mairie le 2 avril
18S5, et le 11 mai suivant nous eûmes no
tre première assemblée générale de la cor
poration, bien réellement fondée cette fois
sous le patronage de saint Nicolas.
Nous ayons continué d'être puissamment
soutenus par les-hauts encouragements du
Saint-Père, en toutes les circonstances fa
vorables. Trois grands pèlerinages fran«
çais, exclusivement empruntés au monde
du travail, en 1885, 1887 et 1889, fournirent
à Sa Sainteté Léon XIII l'occasion de re
nouveler solennellement les affirmations de
son encyclique de 1884. Je voudrais m'ar
rêter à* chacune de ces grandes et solen
nelles étapes qui mirent en contact le cœur
magnanime de Léon XIII et celui des ou
vriers français, réunis autour de lui le 20
octobre dernier. La réponse admirable du
Souverain Pontife à l'adresse du cardinal
Langénieux, parlant au nom des ouvriers
français, demeurera comme le monument
impérissable de la bonté et de la sollicitude
du Pape envers les classes ouvrières. Nos
pèlerins du,Nord eurent l'insigne privilège
d'entendre-ce discours,qui trace à tous leur
conduite : aux classes dirigeantes, aux dé
tenteurs dù pouvoir, aux patrons et surtout
aux ouvriers. Il y a.là,pour les uns et pour
les autres, une source d'enseignement et
un terrain précis de conciliation, et il n'est
pas douteux, que nous n'en -ressentions
bientôt-les précieuses- et fécondes consé
quences..,. , ;
Revenons i' 1884. L'association des pa
trons chrétiens du nord de la. France na
quit aa Château-Blanc, le 8 septembre, et
Lille ne manqua pas d'y trouver pour ses
patrons un précieux appui. Les liens de
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