Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-12-04
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 décembre 1889 04 décembre 1889
Description : 1889/12/04 (Numéro 8006). 1889/12/04 (Numéro 8006).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k706826h
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 4 Décembre 1889
N* 8006 P Edition quotidienne
Mercredi 4 Décembre 1889
ÉDITION QUOTISIEHNB
Su an. , .
Sixmoû. .
Trois mois.
paris
KrBfcMsuofHsnr
... 55 »
. . 23 50
. . 15 »
ÉTRASSER :
(UHÎON POtlAUS
63 »
34 ■
18 ■
partent des 1" et f 6 de ebsqae mol*
UN NUMÉRO { pépartementa: 20
BUREAUX : Paris, 10, me des Saints-Père»
■l On «'abonne i Rome, -3laoe da Gesù, 6
9 S
ÉDITION BESÎI-GUOXIBIENNB
, paris étranger
et b&aktsuiim (cniod postal*)
Un an. , „ „ . . 30 » _ 33 ».
Sixmo^. ... 16 » 19 •
Trois mois. . . 3 50 10 »
les abonnements partent des ï" et te de chaque mai*
l'UNlYIRS se répond pas des manuscrits qui lai sont adressât
ANNONCES
IIM. Ch. LÀGRANGE, CERF et C le j 6, place de IaBonrîa
FRANGE
PARIS, 3 DECEMBRE 1889
M. Portalis, du XÏX° Siècle , ne doit
être qu'à moitié satisfait : son heureux
concurrent, M.i Loreau, n'a pas été
invalidé • le partage s'est fait sur les
Conclusions de la commission ; seule
ment un député radical a demandé une
enquête qui à été votée; cela.laisse
de l'espoir à M. Portalis, depuis si long
temps candidatm&l.heureui. L'élection
de^M. de Montdlemiîert dans le Nord
à été validée ainsi que celle de M. de
Montsaulnin dans le Cher. On conti
nuera aujourd'hui..
La Chambre, en. outre, a entendu
deux questions : l'une de M." de R&mel
eur la société de Bessèges et Terre-
noire en déconfiture, l'autre de M;
Hubbard sur la révolution du Brésil.
ÏJn député radical, M. Lachize, a dé
posé une demande d'interpellation, au
êuj et dei l'annulation nu vote pat îè
conseil municipal de Paris d'un crédit
pour les grévistes ; on .l'a ajourné à un
mois»
Y aura-t-il aujourd'hui à la Chambré
quelque incident ? On annonce la dé-,
pôtde deux demandes de crédit: l'une,
fcafr M. Constans, da 70,000 francs pour
les fonds secrets, l'autre par M. Rou-
vier, da 10 millions pour constituer le
monopole au profit de l'Etat de la fa
brication des allumettes; Le premier
crédit -serait facilement voté, mais, le
jjfeôond ? M. Rouvier compte bien des
adversaires.
• Nou3 avons enregistré la constitu
tion par M. Léon Say d'un groupe qui,
sous une étiquette commerciale et
industrielle, était en réalité libre
échangiste ; ia. réponse ne s'est pas
f'ait : attendre ; quelques membres de
l'ancienne Chambre ont reconstitué le
groupe protectionniste qui y existait.
Cela fait deux groupes de plus, et l'on
attend toujours la grande réunion
plénière de la majorité. .
- Plus tôt ou plus tard, les groupes
politiques se reconstitueront à l'exem
ple des groupes d'affaires èt d'inté
rêts, ■ •
| M. Gladstone vient de prononcer un
intéressant .discours, dans lequel on
veut voir, sans doute avec raison^ son
programme de gouvernement lors
que, avec la pfrochameiChambre des
ëomînunesjil prendra le pouvoir. Dans
ce discours, prononcé hier à la fédéra
tion nationale libérale de Manchester,
jl « a rappelé qu'une des traditionnelles
fonctions de. l'opposition libérale est
de rappeler à l'attention du gouverne
ment conservateur les peuples oppri
més, et il a fait, en term'es mesurés
d'ailleurs, la critique de la politique de
lord Salisbury à l'égard de la Crète et
des Arméniens, que l'Angleterre n'a
pas assez vivement soutenus à son gré
contre là Turquie. Abordant .ensuite
les questions intérieures, il a prédit le
Succès de son' parti aux prochaines
élections et en a tracé, rapidement le.
futur programme électoral, qui com
prendra, entre autres réformes, l'ex-
tenèion de l'autonomie administrative
des comtés, l'application du home rule
a l'Irlande d'abord, à l'Ecosse et au
pays de Galles ensuite, et, enfin, la ré
forme de la.Chambre des .pairs. »
Nouvel incident au Parlement hon
grois. Attaqué par l'extrême gauche au
sujet;deg paroles qu'il aurait pronon
cées au sujet de l'exposition du Cente
naire, M. Tisza les. a désavouées ai
expliquées. Comme la gauche pro
testait, il lui à jeté un défi, lui disant
qu'il « regrettait de. ne pouvoir offrir
à se? adversaires une perspective pro
chaine de sa démission. » En est-il
bien assuré!
. La, Lanterne nou3 répond. Quelle
étrange idée elle s,e fait du Concordat !
Rien ne serait plus facile que d'en
avoir une notion exacte. Le Concordat
est un document de droit public as
sez célèbre, qui a «té .commenté, dis
cuté, élucidé dans maints ouvrages et
articles de journaux. Il se rattache à
des circonstances historiques assez
mémorables, qu'on trouve exposées
dans tous les livres d'histoire contem
poraine. On n'est plus tout a fait libre
après cela, même sous le régime de là
liberté de penser et de la liberté de la
presse, de concevoir le Concordat à sa
manière.
Si l'on en croit les sources autori
sées, le Concordat a été un acte de
pacification religieuse, par lequel le
gouvernement français a rendu à la
religion catholique la liberté, moyen
nant certaines concessions du Saint-
Siège. Et en cela, quelles qu'aient été
les raisons du premier consul -Bona
parte, elles ne changent rien au ca
ractère juridique de l'acte.. Il est ce
qu'il est par lui-même.
Pour la Lanterne, le Concordat, c'est
tout simplement u;ne convention qui
donne à l'Etat «le droit de surveiller les
agissements de l'Eglise et de lui ,im-
S'oser le respect des lois... droit absolu,
roit qu'il pourrait exercer sans bourse
délier, mais que, par un excès de dé-
honnaireté, il a consenti à acheter,
moyennant une somme qui, aujour
d'hui, se monte annuellement à cin
quante millions. »
C'est un point de vue tout différent.
La Lanterne ne se soucie ni de l'his
toire ni du droit ; elle s'en rapporte à
la pratique actuelle. Sa manière d'en
tendre le Concordat est, sans contre*
dit, celle du gouvernement et du parti
républicain. Si elle était celle de la rai-;
son et du droit j dn peut affirmer
que l'Eglise n'aurait jamais conclu
avec l'Etat français le traité d'où les
gouvernants et les législateurs actuels
prétendent tirer le droit de persécuter
la religion. - - ■-
Il est certain que le Saint-Siège, en
échange da ia liberté qui était rendue
à l'Eglise, a reconnu en 1801-1® gou
vernement de fait de. la République
française, et a engage teirit le clergé
français à le reconnaître avec lui et à
se soumettre à son pouvoir. C'est une
clause que tous. les gouvernements
qui ont succédé au régime du Consu
lat, à commencer parl'Empire, se sont
dpprdpriêâ successivement et dont la
république actuelle,, nous le recon
naissons, a. la droit de sa prévaloir,
pourvu toutefois; qu'on prenne garde
qu'il ne s'agit dans l'article 6 du Con
cordat que d'une ^soumission de fait,
envers le gouvernement établi.. C'est
®n vertu de cet article et du. huitième
que l'on chante encore aujourd'hui,
tous les dimanches, dans toutes les
églises de France, le Domine salvam fac
Rempublicam, comme au temps du
premier consul Bonaparte;
Mais c'est là, quela Lanterne le re
marque bien, une concession du Saint-
Siège au gouvernement de la Répu
blique, qui succédait à la dynastie des
Bourbons.,
La pensée fondamentale du Concor
dat est dans ^article 1 ,? , lequel déclare
que « la religion catholique* apostoli
que et romaine sera librement exercée
ën France ». Lé traité est conclu entre
Sa Sainteté Pie VII et le gouvernement,
français, « tant pour le bien de la reli
gion que pouf le maintien de la tran
quillité intérieure », comme l'indique
expressément le préambulè même de
l'acte. C'est l'article l" qùi est la rai
son d'être, l'essence même du Concor
dat. Ce texte seul , prouve combien est
absurde l'interprétation de là Lanterne,
qui considère le traité conclu entre
Rome et la France comme un acte par
lequell'Eglise a vendu sa liberté pour
le budget de cultes. - L'Eglise a reçu,
au contraire, du Concordat la liberté
quë la Révolution lui avait ôtée,avec.la;
confirmation de l'engagement pris par
l'Assemblée de 1789 de payer au clergé
le revenu des biens qui lui étaient
enlevés.
Mais la lanterne n'a pas sur la pro
priété des idées plus exactes que sur;
le Concordat.'« Les biens du clergé!
dit-èlle. Mais est-ce que le clergé
a jamais été propriétaire? » La Lan-,
terne, bien entendu, ne le croit pas.
Peut-elle admettre qu'il y ait des droits
pour le clergé ? Elle ferait mieux de
poser en principe, .avec toute la secte
révolutionnaire, que le clergé est hors
la loi, qu'on , rie lui doit rien que le
mépris et la persécution. Son tort est
de'vouloir raisonner. Elle s'y perd. Les
orateurs révolutionnaires de l'Assem
blée nationale, partisans dé la confis
cation des biens ecclésiastiques, di
saient tout haut que cette mesure
n'attentait pas au principe de la pro
priété, vu que le clergé n'était pas
propriétaire. Qu'était-il besoin de
preuve? La Lanterne en a trouvé une,
et la voici : « Le caractère essentiel de
la propriété, c'estd'êtreindividuelle; or
la propriété ecclésiastique était dénuée
de- ce caractère, puisqu'elle n'était
qu'une possession corporative ». u ;
• Pour justifier la Révolution, la Lan
terne détruit le Code- civil. S'il est vrai
que le caractère essentiel de la pro-~
priété c'est d'être individuelle, il n'y
a presque aucune propriété dans notre
droit. Ace compte, ni la famille, ni
l'Etat, ni aucun établissement public
ou privé, ni aucune société financière,
industrielle et commerciale ne sont
et ne peuvent être propriétaires. Dans
le mariage, la propriété n'est pas indi
viduelle, puisque les époux sont co
propriétaires de la communauté; donc
il n'y a pas de propriété de familles.
L'Etat,est le contraire de l'individu;
par conséquent, il est incapable d'être
propriétaire. Les communes, les dé
partements, les bureaux de bienfai
sance, etc., ne sont pas des individus ;
dès lors, ils sont exclus de la propriété.
Les sociétés financières ou commer
ciales, la Banque de France, les com
pagnies dé chemins d8 fer, sont des
collectivités ; elles non plus n'ont pas
une vraie propriété. A ce compte, il
n'y aurait dé propriétaires que les in
dividus et même, parmi les individus,
que les seuls célibataires. Voilà certes
une étrange théorie !
Il faut en arriver là, pour refuser
au clergé le droit d'être propriétaire,
au même titra, que toute autre collec
tivité ou association! depuis la famille
jusqu'à l'Etat. Sous l'ancien régime,
l'Eglise était vraiment propriétaire en
France des biens dont la Révolution l'a
dépouillée; par conséquent, elle est
vraiment créancière aujourd'hui, vis-
à-vis de l'Etat moderne, du budget des
cultes, qui n'est que la compensation
des biens dont elle a été dessaisie. Son
droit de créance, nous le répétons à
la Lanterne , est inscrit dans la loi du
2 novembre 1789; le Concordat n'a
fait que le reconnaître et le confir
mer, <■
Arthur Loth.
Trois validations hier. Nous ne som*
mes pas encore au bout. La première
a occupé la plus grande partie de là
séance. M. Loreau, élu dans le Loiret,
à OHen, avait à 4 se défendre de nom
breuses accusations, dont les princi
pales étaient un placard contre M.
? Portalis et la renvoi d'ouvriers soup
çonnés de n'avoir-pas voté, dans le
sens qu'on leur avait indiqué. Le pla
card rappelait l'arrestation de M. Por
talis en 1870 et dénonçait celui-ci
comme ayant encouru une condam
nation infamante. L'histoire du plat
card est curieuse : c'est un journal
républicain qui l'a fait imprimer ; le
Républicain as Gien, qui depuis long
temps est en lutte violente avec M.
Portalis. Ce placard, qui n'a du reste
jamais été affiché, n'était pas l'œuvre
de M. Loreau ni de ses amis.. Cela
prouve que M. Portalis est en butte à
des animosités , profondes, et qu'à
Gien, des républicains préfèrent voir
triompher un conservateur plutôt que
lui- M; Loreau n'est responsable de
rien à cet égafd. Il s'est justifié avec
sangfroid, avec dignité, sur cê point
et sur l'autre, et il a mis ses contra
dicteurs au défi de prouver qu'un
seul de ses ouvriers a été renvoyé
pour fait électoral. On a discuté'
longuement à propos d'une brochure
de M. Portalis, laquelle fit un peu de
bruit il y a sept ou huit ans. Ce de?-
nier a soutenu en effet, à propos du
mariage et de la propriété, des théo
ries qu'il semble aujourd'hui vou
loir adoucir. La validation de M. Lo
reau semblait assurée, lorsque M. de
Lanessan a réclamé une enquête. La
mise aux voix 'de cette propostion a
provoqué un débat agité. Pourquoi
MM. Floquet et de Lanessan ont-ils
absolument tenu à çe que l'on votât
d'abord sur les coeclusions du rapport
et snsuite sur l'enquête, puisque dans
les autres cas c'est celle-ci d'abord qui
a été misé aux voix? Il y a eu juste
autant de votants pour que contre la
, validation. On a décidé l'enquête.
L'élection de M. de Montalembert a
été validée sans débats.
- Celle de M. le comte de Montsaul
nin a été attaquée-par MM. Ducou-
dray et Pajot, avec une passion qui a
produit, .un effet tout différent de ce
lui,.qu'ils attendaiènt. L'honorable dé
puté du. Cher n'a même pas eu besoin
de se défendre ; c'est le rapporteur,
M; Chevandier, .un républicain,, qui
s'est chargé de réfuter la série des allé
gations fausses, et en termes qui sont
un hommage à la loyauté de M. de
Montsaulnin. A une;très forte majo
rité, la Chambre a validé l'élection. :
Au commencement et au cours de
la séance,ideux échanges d'explica
tions ont eu. lieu. D'abord M. de Ra-
mel a questionné le ministre de la
justice sur la situation de la société
des forges de Bessèges où la faillite a
englouti des ouvriers. M. Thévenet a
répondu qu'une, instruction judiciaire
est ouverte. M. Hubbard à interrogé le
ministre des affaires étrangères au
sujet du nouveau gouvernement qui
vient de s'établir au Brésil. M. Spuller
i à "donné lecture de dépêches envoyées
i par lui à notre agent et autorisant
celui-ci à entrer en relation avec la
république avant la reconnaissance
i officielle. M. Spuller s'est un peu em
brouillé dans * ses périphrases diplo
matiques, et il a fait rire tout haut.
• Une demande d'interpellation sur
le décret annulant des souscriptions
du conseil municipal de Paris en fa
veur des grévistes a été . renvoyée à
unmois.
: EUGÈNE TAVERNisa.
La Défense nè répliqué rien à no3
dernières observations, mais elle dit à
propos de la lettre de R. P. Dela-
porte :
1 Le R. P. Delàp'orte demande s'il ne faut
pas voir; dans l'opposition que rencontre
ia formation dndit parti catholique, le ré
sultat d'an mot d'ordre qui, « lai assure-t-
« on, aurait été donné-ah parti monarchi-
« ■que Qui ça, on?Si le R. P. Delaporte
a la preuve de ce qu'il avance, il doit la
fournir; s'il a parlé sans preuves, le pro
cédé est-aussi léger que l'insinuation est
grave.
i Nous n'ajouterons qu'un mot, dont nous
prions l'Univers de nous donner acte: si
son correspondant,le R. P. Delaporte, four
nit cette preuve, ce sera une révélation
pour nous. -
Nous donnons acte bien volontiers
à la Défenje de ce qu'elle déclare igno
rer, pour son compte, l'existence d'un
mot d'ordre qui aurait été donné au
parti monarchique en ce qui concerne
l'organisation du parti catholique.
Cela l'aidera peut-être à compren
dre qu'en accusant l'autre jour, sans
ombre de preuve, les partisans de l'or
ganisation d'un parti catholique de
bouleverser toutes les notions de hié
rarchie et de discipline, elle usait d'un
procédé « aussi léger que l'insinuation
était grave. »
Auguste Roussel.
La République Française nous donne
la consultation d'un anonyme sur
« l'ingérence du clergé » dans les élec
tion. Naturellement, le collaborateur
masqué du joiirnal opportuniste tient
pour établis tous les faits dont des dé
nonciateurs suspects ont voulu gros
sir certains dossiers électoraux, a ses
yeux, il est « incontestable que le
clergé a donné, comme on dit d'un ré
giment, presque partout, avec beau
coup d'ardeur et d'imprudence même».
Néanmoins l'anonyme veut bien re
connaître qu'on ne saurait refuser
certains droits au clergé en matière
électorale.
Citons-le :
Ce qni semble manquer en pareille ma
tière, tant pour la conduits à tenir à
propos de la révision des pouvoirs qa'en
vue de l'avenir, c'est uns jurisprudence
fixe. Certains voudraient que les curés
n'eussent aucune liberté, aucune action
électorale, et qu'ils dussent, muets, déposer
leur bulletin dans l'arne, sans même faire
■ connaître leurs préférences et les raisons
de leur choix. C'est aller loin. S'il devait en
être ainsi, il serait plus simple d'assimiler
le prêtre au soldat sous les drapeaux et de
lui retirer le droit d'électeur, opinion qui a
eu des partisans parmi les catholiques mê
mes, appliquant la parole évangélique :
« Mon royaume n'est pas de ce monde ».
Mais il ne saurait être question de ceci.
Le prêtre reste citoyen actif ; comme tel, il
serait illogique, à mon gré, de lui refuser
le droit des autres citoyens,qui est de pren
dre part aux luttes électorales, de dire et
pour qui et pourquoi ils votent. Je n'estime
donc pas que les propos politiques tenus
par un enré soient, par cela seul que celui
qui les pranonce est un prêtre, des propos
coupables.
: Bien entendu, cette concession faite,
le collaborateur anonyme de la Répu
blique Française se reprend à vouloir en
diminuer l'importance.
Nôu? continuons à citer tout ce
morceau:
Mais l'exercice du ùrcit de citoyen peut
recevoir,, dans la pratique, des ' tempéra
ments. Tout le monde, là-dessus, est d'ac
cord ; et, à la droite de là Chambre aussi
bien qu'à la gauche, je ne crois pas qu'il
se pourrait trouver un membre pour accep
ter qu'un préfet, ses bureaux fermés, allât
dans les réunions publiques faire métier
d'orateur. Les représentants du gouverne
ment ont bien le droit et, à mon avis, le
devoir, étant consultés, de dire que tel ou
tel candidat représente ou non la politique
du pouvoir qu'ils servent. Mais ce droit et
ce devoir s'exercent selon dès règles faciles
à préciser et dont la Chambre surveille le
fonctionnemént. Il doit y avoir de même
des règles pour l'exercice des droits de ci
toyen de la part du prêtre. Il y a une ju
risprudence à établir, jarisprudenc3 qui me
paraît assez aisée à déterminer.
La théorie de la curie romaine, c'est
que le catholicisme est indifférent aux for
mes politiques. République ou monarchie
lui sont égales par définition ; et, en fait, la
Papauté doit préférer les cantons républi
cains de la Suisse-catholique aux royautés
hérétiques ou aux royautés chrétiennes qui
ont été en conflit avec elle. Pas un évêque
n'a encouragé son clergé i refuser de prier
pour la république. :Je sais bien que cer
tains curés traduisent rempublicam par
« chose publique », à la façon des latinis
tes du dix-septième siècle,qui en agissaient
ainsi en s'adressant à Louis XIV. Je sais
aussi que quelques-uns, à la prière offi
cielle, ajoutent des restrictions mentales. .
Mais ce ne sont pas des pratiques avouées.
Le clergé catholique a le devoir d'accep
ter ce qu'on .appelait, au temps de Louis-
Philippe, « l'ordre de choses », et ne le nie
pas. Seulement il peut avoir; sur la façon
de conduire les affaires du pays, ses idées
particulières et indépendantes, mais à deux
conditions. La première c'est que le prêtre
étant, ce qui ressort de l'esprit et de la
lettre du Concordat, salarié peur remplir un
emploi public, ne peut -pas pousser l'indé
pendance de son opinion jusqu'au conseil
de rébellion révolutionnaire.
La seconde, c'est que là politique lui eat '
absolument interdite dans les occasions et
les lieux où il est revêtu de son caractère
sacré, où il parle non comme homme, mais
comme « représentant da Jésus-Christ et
desapôtres ».
Il y aurait bien à dire sur tout ce
qui précède. En particulier, il est in
dispensable de protester une fois dé
plus contré , la qualification de « sala
rié» donnée au prêtre qui n'est rien de
tel, de par l'esprit et la lettre du Con
cordat. De plus, en admettant même
pour un instant l'assimilation entre le
préfet qui, ses bureaux fermés, fait
métier d'orateur politique, et le prêtre
qui parle en chaire de questions qui,
par la faute du pouvoir, touchent à là
politique encore qu'elles aient un ca
ractère religieux, combien il serait
facile de démontrer que les préfets,
depuis longtemps, font précisément
çe que l'anonyme déclare inaccepta
ble! Est-ce qu'ils se sont privés de faire
des tournées électorales, de parler en
public, etc. ? Et dès lors, au point de
vue même où. se place l'anonyme, l'in
tervention du clergé n'est-elle pas
pleinement justifiée?
Mais nous pourrons revenir s'il y a
lieu sur ce débat. Pour aujourd'hui,
nous nous contenterons de citer en
core la conclusion de notre.auteur,qui
dit à propos des prétendues exagéra
tions de langage imputées au clergé
dans les dernières élections :
Le bon sens, lajastice, la prudence —
aussi bien pour l'Eglise que pour l'Etat —
exigent qu'elles ne se produisent plus. Et,
pour cela, je voudrais qu'en quelque occa
sion, dût-on la faire naître, l'épiscopat lai-
même fût mis en demeure et en mesure de
se prononcer pour la jurisprudence que j'ai
essayé d'indiquer et qai, en somme,est plu
tôt dénaturé à rassurer les catholiques qu'à
les inquiéter.
On voit où tend une proposition de
ce genre et l'on conçoit mal que qui
la met en avant n'ait pas cru devoir
en prendre la responsabilité.
Auguste Roussel.
. les
Elections législatives à la Réunion
Quoique la majorité, complaisante
aux siens, ait validé sans discussion
l'élection de M.de Mahy,nous croyons
que nos lecteurs ne verront pas sans
intérêt la correspondance suivante,
que nous recevons d'un électeur delà
Réunion en position d'être bien infor-.
mé, et dont le caractère impose toute
confiance : *
SaÎHt-Paul, 21 octobre 1889.
Monsieur le directeur,
Grâce à l'action et à l'influence des ca
tholiques dans notre belle colonie, si reli
gieuse, nous sommes parvenus dans la cir
conscription du Vent de l'Ile à faire passer
un candidat républicain modéré, M. Leroy,
qui avait fait des promesses et avait donné
des gages Via cause religieuse et conser
vatrice contre un candidat radical, M. Bru-
•net. .
Nous aurions obtenu un résultat sem
blable dans ia partie Sous-lô-Vent pour le
candidat républicain modéré, M. Le Vi
goureux, franchement catholique, qui, lui
aussi, nous avait donné les plus sérieuses
garanties, si une pression administrative
éhontée - et scandaleuse, accompagnée des
plus odieux mensonges de la part des par
tisans de M. de Mahy,qui n'ont pas craint
d'invoquer et de ressusciter les vieux spec
tres du drapeau blanc, du livret et de l'es
clavage, n'avait donné l'avantage à ce der
nier, à ce sectaire qui, par ses votes anti
religieux a fait tant de tort à notre colonie
si catholique.
Vous pouvez, monsieur le directeur, af
firmer ces faits dans votre estimable jour
nal ; ils sont de notoriété publique.
Recevez, monsieur le direoteur, l'assu
rance de mes civilités distinguées.
U n E lecteur. .
De cette correspondance, nous rap
procherons la note suivante que nous
trouvons dans le Créole , un journal
républicain peu suspect de tendances
cléricales :
U ne exécution a saint-benoît . Il ne
s'agit pas ici d'un grand coupable qui paya
de sa tête la dette qu'il a contractée vis-à-
vis de la société 1 Non, ce sont deux pau
vres religieuses, deux braves et digoes
femmes, deux filles de Marie, de cet ordre
créole qui fait tant d'honneur à notre pays,
qui ont reçu le 31 octobre l'ordre impératif
d'avoir à quitter le 1" novembre, avant le
lever du soleil, l'établissement communal
dont elles s'occupent, l'une depuis vingt
ans et l'autrè depuis dix huit ans.
Quel est donc le crime qu'ont commis
ces dignes et respectées religieuses ?
Quel est le crime certain, indiscutable,
qui a amené l'administration à,appliquer,
sans enquête une peine aussi sévère à ces
religieuses qui n'ont èu jamais qu'une
préoccupation, soigner les malheureux et
partager avec de plus malheureux le peu
qu'elles possèdent?
L'on ne condamne pas un criminel sans
l'entendre, à plus forte raison des religieu
ses sans les questionner sur le crime qu'on
leur attribue. ,.i■■ ■■
Mais quel est donc leur crime ?
.Elles ont fait de la propagande électo
rale II!
Voilà la plainte du moins qui a été por
tée contre elles. Pauvres femmes sans dé
fense!
Au moins quand elles ont quitté l'école,
une foule attristé.e les a accompagnées en
versant des pleurs, leur prouvant, son atta
chement èt sa reconnaissance. Mais .une en
quête s'impose ici, la population de Béth-
léem et de Saint-Bsnolt, témoin depuis si
longtemps de la vie pleine de vertus et de
résignation de ces dignes religieuses, la
réclame avec instance. Nou3 la demandons
à l'administration,et nous sommes sûrs que
son esprit de'justice et d'impartialité écou
tera la prière de toute une population.
Nous affirmons que* les religieuses da
Bethléem n'ont pas fait de propagande ;
mais si l'on nous prouve le contraire, il im
porte que aous sachions contre qui elles
en ont fait, et à qui nous devons adresser
nos remerciements pour une mesure aussi
sévèra. ". _ .
On ne comprend même plus chez
nos administrateurs coloniaux, dési
reux de faire du zèle, ce que compre
naient MM. Gambetca et Paul Bert
lorsqu'ils déclaraient, le premier, que
« l'antircléricalisme n'était pas un
article d'exportation », le second, qu'il
« n'emportait pas l'article 7 dans ses
bagages ».
Correspondance romaine
Rome, 30 novembre 1889,
Notre Saint-Père le Pape a reça
avant hier en audience solennelle le
nouvel ambassadeur d'Espagne près
le Saint-Siège, qui lui a remis ses let
tres de crédit. Son Excellence, qui
portait le grand costume de l'ordre de
Calatrava, a eu l'honneur ensuite de
présenter à Sa Sainteté tout le per
sonnel de son ambassade. Hier le Sou
verain Pontife a reçu encore en au
dience solennelle distincte LeursExcel-
lences M. da Silva Ferrao de Carvalho
Martens et M. le comte Wagner, qui
lui ont présenté leurs nouvelles lettres
de crédit en qualité, le premier, d'am
bassadeur de Portugal, et le second,
de ministre plénipotentiaire de la prin
cipauté de Monaco. Sa Sainteté a reçu
ensuite le grand-duc de Saxe-Weimar
Eisenach, qui était accompagné de
dei*x officiers de sa maison militaire.
Son Altesse Royale a été accueillie au
Vatican avec les honneurs souverains.
Avant-hier a eu lieu la distribution
solennelle des prix aux élèves qui fré
quentent les cours de l'université pon
tificale de l'Apollinaire. La cérémonie
était présidée par S. Em. le cardinal
Parocchi, vicaire de Sa Sainteté, et un
grand nombre d'évêques, de prélats ©t
d'autres personnages distingués s'é
taient fait un plaisir et un honneur d'y
assister. On y a distribué plus de 230
médailles et on y a proc
amé, dans
les facultés de théologie, de droit civil
et canonique et de philosophie, 67
docteurs, 88 licenciés et 95 bache
liers. En outre, 9 élèves ont obtenu 1® »
diplôme d'honneur dans l'institut
Léon XIII. La distribution des prix
finie, Son Eminence est allée visiter, *
en compagnie des évÊques, des pré
lats, etc., le cabinet de physique et,
d'histoire naturelle, que la. munifi
cence du Souverain Pontife vient ^en
richir dé très intéressants objets.
C'était hier le tour de la, Propa->
gande. Là, la distribution des prix a ,
été présidée par S. Em. le cardinal
Simeoni, préfet de cette grande insti- '
tution catholique. On y a distribué
70 médailles et proclamé 8 docteurs,
43 licenciés et 34 bacheliers en théolo
gie, et 9 docteurs, 12 licenciés et 121
bacheliers en philosophie.
Le nouveau syndic de Rome, après
avoir prêté serment entre les mains
du préfet, reçu les assurances de se
cours du ministre Crispi, et présenté
ses hommages au roi HUmbert et à la
reine Marguerite, songe déjà à se dé
mettre, parce qu'il ne peut pas parve
nir à former une junte municipale.
Les nouveaux assesseurs nommés avec
grand'peine, quelques-uns seulement
après un troisième tour de scrutin,
refusent d'accepter la charge de diri
ger les diverses administrations dé
pendantes de la municipalité, et leur
refus menace d'entraîner la démission
du nouveau syndic, qui ne sait où
donner de la tête, ni où trouver de
l'argent pour étayer la baraque, qui
craque de toutes parts et menace de
s'effondrer. -
Les ambassadeurs shoans sont en
fin partis chargés de présents pour
eux-mêmes et pour le roi Ménéîick,
auquel ils apportent un trône tout en ;
bois sculpté, haut de sept mètres, sur
lequel Sa Majesté éthiopienne, qui,
est en train de guerroyer contre les
peuplades qui refusent de reconnaître
sa suzeraineté, n'est pas encore près
de s'asseoir.
M. Mariani, ambassadeur de la Répu-,
blique française près le Quirinal,est ar- ;
rivé hier. Les journaux à la solde du f
Premier italien disent qu'il est chargé .
par M. Spuller de féliciter M. Crispi sur
le discours du trône. Il ne manquerait;
plus que cela! Et pourquoi donc? parca
que le roi Humbert y annonce le pro
jet d'abolir le tarif différentiel ? La belle ,
affaire ! Ce n'est certainement pas pour
les beaux yeux de la France que-cette (
mesure sera prise, mais parce qu'il y
va de l'intérêt vital de l'Italie, dont les »
caisses sont & sec et le commerce et
l'industrie aux abois. M - Mariani serait-
il chargé de féliciter M. Crispi des,
assurances de paix que contient le dis
cours royal? Mais si la paix existe et.
sa maintient, c'est parce que ni. la i
France ni la Russie ne veulent la
guerre. Si l'Italie et ses alliés, toujours
à la recherche de nouveaux soutiens,
étaient sûrs de la victoire, il y a beau
temps qu'ils auraient commencé la
guerre ou imposé le désarmement. Le
Fracassa^ l'ami d® la maison Crispi,
chez lequel il faut toujours chercher la
vraie pensée du maître, ne disait-il
pas l'autre jour : :
. Les impôts pour l'armée sont leurds,
mais seraient-ils moins dars à payer si, au
lieu de servir à nos soldats, ils devaient as- ,
soùvir l'avidité des envahisseurs étrangers?
Ainsi vont les choses, et elles continueront
à aller de même jusqu'au jour où l'irrésis -
tible volonté dç l'Europe imposera le dé
sarmement aux provocateurs, qu'ils soient
revêtus de la peau des ours du Nord, ou
qu'ils folâtrent, les poches gonflées par
l'Exposition, sur les rives de la Seine.
Depuis quelques jours, la presse
crispinienne couvre la France de
fleurs; les journaux les plus gallopho-
bes nous font toute sorte de mamours,
on porte jusqu'aux nues un article
conciliateur du Temps, et la Riforma
triomphe déjà de «"la lente, mais dé
sormais sûre évolution de l'esprit pu
blic français ». On est déjà si sûr de
notre amitié et on croit y avoir tant
de droits,qu'à la seule pensée que nous
pourrions encore résister à tant de
gracieuses avances on nous accuse
déjà d'ingratitude. Mais il faut espé
rer que les Français, en général par
trop bons enfants, ne se laisseront pas
cette fois séduire par quelques flatte
ries menteuses et intéressées. Soyons
amis, nous dit-on, et que tout soit ou
blié. Amis, oui, mais jusqu'à la bourse
exclusivement. Quant à oublier le
passé, ce serait une folie. Il doit, au
contraire, nous être une leçon pour
l'avenir. •
M. Crispi ne sait où donner de la
tête, c'est pour cela qu'il se tourne
vers nous. Ne pouvant pas demander
d'impôts nouveaux à la Chambre ac
tuelle, il faut qu'il procède à bref délai
aux élections générales, et, pour se les
rendra favorables,il a besoin de la fan
tasmagorie des finances relevées, des
barrières commerciales abaissées et
des bons rapports repris avec la
France. Puis une fois la Chambre se
lon son cœur nommée et sa situation
fortifiée, il reviendra à ses premières
amours, c'est-à-dire à son ancienne
haine pour la France, et nous mon
trera les dents. Pas de marché de
dupe. Une politique de condescen
dance envers l'alliée de l'Allemagne
serait un véritable crime de lèse-pa
trie. Pas de concessions tant que l'ai-
N* 8006 P Edition quotidienne
Mercredi 4 Décembre 1889
ÉDITION QUOTISIEHNB
Su an. , .
Sixmoû. .
Trois mois.
paris
KrBfcMsuofHsnr
... 55 »
. . 23 50
. . 15 »
ÉTRASSER :
(UHÎON POtlAUS
63 »
34 ■
18 ■
partent des 1" et f 6 de ebsqae mol*
UN NUMÉRO { pépartementa: 20
BUREAUX : Paris, 10, me des Saints-Père»
■l On «'abonne i Rome, -3laoe da Gesù, 6
9 S
ÉDITION BESÎI-GUOXIBIENNB
, paris étranger
et b&aktsuiim (cniod postal*)
Un an. , „ „ . . 30 » _ 33 ».
Sixmo^. ... 16 » 19 •
Trois mois. . . 3 50 10 »
les abonnements partent des ï" et te de chaque mai*
l'UNlYIRS se répond pas des manuscrits qui lai sont adressât
ANNONCES
IIM. Ch. LÀGRANGE, CERF et C le j 6, place de IaBonrîa
FRANGE
PARIS, 3 DECEMBRE 1889
M. Portalis, du XÏX° Siècle , ne doit
être qu'à moitié satisfait : son heureux
concurrent, M.i Loreau, n'a pas été
invalidé • le partage s'est fait sur les
Conclusions de la commission ; seule
ment un député radical a demandé une
enquête qui à été votée; cela.laisse
de l'espoir à M. Portalis, depuis si long
temps candidatm&l.heureui. L'élection
de^M. de Montdlemiîert dans le Nord
à été validée ainsi que celle de M. de
Montsaulnin dans le Cher. On conti
nuera aujourd'hui..
La Chambre, en. outre, a entendu
deux questions : l'une de M." de R&mel
eur la société de Bessèges et Terre-
noire en déconfiture, l'autre de M;
Hubbard sur la révolution du Brésil.
ÏJn député radical, M. Lachize, a dé
posé une demande d'interpellation, au
êuj et dei l'annulation nu vote pat îè
conseil municipal de Paris d'un crédit
pour les grévistes ; on .l'a ajourné à un
mois»
Y aura-t-il aujourd'hui à la Chambré
quelque incident ? On annonce la dé-,
pôtde deux demandes de crédit: l'une,
fcafr M. Constans, da 70,000 francs pour
les fonds secrets, l'autre par M. Rou-
vier, da 10 millions pour constituer le
monopole au profit de l'Etat de la fa
brication des allumettes; Le premier
crédit -serait facilement voté, mais, le
jjfeôond ? M. Rouvier compte bien des
adversaires.
• Nou3 avons enregistré la constitu
tion par M. Léon Say d'un groupe qui,
sous une étiquette commerciale et
industrielle, était en réalité libre
échangiste ; ia. réponse ne s'est pas
f'ait : attendre ; quelques membres de
l'ancienne Chambre ont reconstitué le
groupe protectionniste qui y existait.
Cela fait deux groupes de plus, et l'on
attend toujours la grande réunion
plénière de la majorité. .
- Plus tôt ou plus tard, les groupes
politiques se reconstitueront à l'exem
ple des groupes d'affaires èt d'inté
rêts, ■ •
| M. Gladstone vient de prononcer un
intéressant .discours, dans lequel on
veut voir, sans doute avec raison^ son
programme de gouvernement lors
que, avec la pfrochameiChambre des
ëomînunesjil prendra le pouvoir. Dans
ce discours, prononcé hier à la fédéra
tion nationale libérale de Manchester,
jl « a rappelé qu'une des traditionnelles
fonctions de. l'opposition libérale est
de rappeler à l'attention du gouverne
ment conservateur les peuples oppri
més, et il a fait, en term'es mesurés
d'ailleurs, la critique de la politique de
lord Salisbury à l'égard de la Crète et
des Arméniens, que l'Angleterre n'a
pas assez vivement soutenus à son gré
contre là Turquie. Abordant .ensuite
les questions intérieures, il a prédit le
Succès de son' parti aux prochaines
élections et en a tracé, rapidement le.
futur programme électoral, qui com
prendra, entre autres réformes, l'ex-
tenèion de l'autonomie administrative
des comtés, l'application du home rule
a l'Irlande d'abord, à l'Ecosse et au
pays de Galles ensuite, et, enfin, la ré
forme de la.Chambre des .pairs. »
Nouvel incident au Parlement hon
grois. Attaqué par l'extrême gauche au
sujet;deg paroles qu'il aurait pronon
cées au sujet de l'exposition du Cente
naire, M. Tisza les. a désavouées ai
expliquées. Comme la gauche pro
testait, il lui à jeté un défi, lui disant
qu'il « regrettait de. ne pouvoir offrir
à se? adversaires une perspective pro
chaine de sa démission. » En est-il
bien assuré!
. La, Lanterne nou3 répond. Quelle
étrange idée elle s,e fait du Concordat !
Rien ne serait plus facile que d'en
avoir une notion exacte. Le Concordat
est un document de droit public as
sez célèbre, qui a «té .commenté, dis
cuté, élucidé dans maints ouvrages et
articles de journaux. Il se rattache à
des circonstances historiques assez
mémorables, qu'on trouve exposées
dans tous les livres d'histoire contem
poraine. On n'est plus tout a fait libre
après cela, même sous le régime de là
liberté de penser et de la liberté de la
presse, de concevoir le Concordat à sa
manière.
Si l'on en croit les sources autori
sées, le Concordat a été un acte de
pacification religieuse, par lequel le
gouvernement français a rendu à la
religion catholique la liberté, moyen
nant certaines concessions du Saint-
Siège. Et en cela, quelles qu'aient été
les raisons du premier consul -Bona
parte, elles ne changent rien au ca
ractère juridique de l'acte.. Il est ce
qu'il est par lui-même.
Pour la Lanterne, le Concordat, c'est
tout simplement u;ne convention qui
donne à l'Etat «le droit de surveiller les
agissements de l'Eglise et de lui ,im-
S'oser le respect des lois... droit absolu,
roit qu'il pourrait exercer sans bourse
délier, mais que, par un excès de dé-
honnaireté, il a consenti à acheter,
moyennant une somme qui, aujour
d'hui, se monte annuellement à cin
quante millions. »
C'est un point de vue tout différent.
La Lanterne ne se soucie ni de l'his
toire ni du droit ; elle s'en rapporte à
la pratique actuelle. Sa manière d'en
tendre le Concordat est, sans contre*
dit, celle du gouvernement et du parti
républicain. Si elle était celle de la rai-;
son et du droit j dn peut affirmer
que l'Eglise n'aurait jamais conclu
avec l'Etat français le traité d'où les
gouvernants et les législateurs actuels
prétendent tirer le droit de persécuter
la religion. - - ■-
Il est certain que le Saint-Siège, en
échange da ia liberté qui était rendue
à l'Eglise, a reconnu en 1801-1® gou
vernement de fait de. la République
française, et a engage teirit le clergé
français à le reconnaître avec lui et à
se soumettre à son pouvoir. C'est une
clause que tous. les gouvernements
qui ont succédé au régime du Consu
lat, à commencer parl'Empire, se sont
dpprdpriêâ successivement et dont la
république actuelle,, nous le recon
naissons, a. la droit de sa prévaloir,
pourvu toutefois; qu'on prenne garde
qu'il ne s'agit dans l'article 6 du Con
cordat que d'une ^soumission de fait,
envers le gouvernement établi.. C'est
®n vertu de cet article et du. huitième
que l'on chante encore aujourd'hui,
tous les dimanches, dans toutes les
églises de France, le Domine salvam fac
Rempublicam, comme au temps du
premier consul Bonaparte;
Mais c'est là, quela Lanterne le re
marque bien, une concession du Saint-
Siège au gouvernement de la Répu
blique, qui succédait à la dynastie des
Bourbons.,
La pensée fondamentale du Concor
dat est dans ^article 1 ,? , lequel déclare
que « la religion catholique* apostoli
que et romaine sera librement exercée
ën France ». Lé traité est conclu entre
Sa Sainteté Pie VII et le gouvernement,
français, « tant pour le bien de la reli
gion que pouf le maintien de la tran
quillité intérieure », comme l'indique
expressément le préambulè même de
l'acte. C'est l'article l" qùi est la rai
son d'être, l'essence même du Concor
dat. Ce texte seul , prouve combien est
absurde l'interprétation de là Lanterne,
qui considère le traité conclu entre
Rome et la France comme un acte par
lequell'Eglise a vendu sa liberté pour
le budget de cultes. - L'Eglise a reçu,
au contraire, du Concordat la liberté
quë la Révolution lui avait ôtée,avec.la;
confirmation de l'engagement pris par
l'Assemblée de 1789 de payer au clergé
le revenu des biens qui lui étaient
enlevés.
Mais la lanterne n'a pas sur la pro
priété des idées plus exactes que sur;
le Concordat.'« Les biens du clergé!
dit-èlle. Mais est-ce que le clergé
a jamais été propriétaire? » La Lan-,
terne, bien entendu, ne le croit pas.
Peut-elle admettre qu'il y ait des droits
pour le clergé ? Elle ferait mieux de
poser en principe, .avec toute la secte
révolutionnaire, que le clergé est hors
la loi, qu'on , rie lui doit rien que le
mépris et la persécution. Son tort est
de'vouloir raisonner. Elle s'y perd. Les
orateurs révolutionnaires de l'Assem
blée nationale, partisans dé la confis
cation des biens ecclésiastiques, di
saient tout haut que cette mesure
n'attentait pas au principe de la pro
priété, vu que le clergé n'était pas
propriétaire. Qu'était-il besoin de
preuve? La Lanterne en a trouvé une,
et la voici : « Le caractère essentiel de
la propriété, c'estd'êtreindividuelle; or
la propriété ecclésiastique était dénuée
de- ce caractère, puisqu'elle n'était
qu'une possession corporative ». u ;
• Pour justifier la Révolution, la Lan
terne détruit le Code- civil. S'il est vrai
que le caractère essentiel de la pro-~
priété c'est d'être individuelle, il n'y
a presque aucune propriété dans notre
droit. Ace compte, ni la famille, ni
l'Etat, ni aucun établissement public
ou privé, ni aucune société financière,
industrielle et commerciale ne sont
et ne peuvent être propriétaires. Dans
le mariage, la propriété n'est pas indi
viduelle, puisque les époux sont co
propriétaires de la communauté; donc
il n'y a pas de propriété de familles.
L'Etat,est le contraire de l'individu;
par conséquent, il est incapable d'être
propriétaire. Les communes, les dé
partements, les bureaux de bienfai
sance, etc., ne sont pas des individus ;
dès lors, ils sont exclus de la propriété.
Les sociétés financières ou commer
ciales, la Banque de France, les com
pagnies dé chemins d8 fer, sont des
collectivités ; elles non plus n'ont pas
une vraie propriété. A ce compte, il
n'y aurait dé propriétaires que les in
dividus et même, parmi les individus,
que les seuls célibataires. Voilà certes
une étrange théorie !
Il faut en arriver là, pour refuser
au clergé le droit d'être propriétaire,
au même titra, que toute autre collec
tivité ou association! depuis la famille
jusqu'à l'Etat. Sous l'ancien régime,
l'Eglise était vraiment propriétaire en
France des biens dont la Révolution l'a
dépouillée; par conséquent, elle est
vraiment créancière aujourd'hui, vis-
à-vis de l'Etat moderne, du budget des
cultes, qui n'est que la compensation
des biens dont elle a été dessaisie. Son
droit de créance, nous le répétons à
la Lanterne , est inscrit dans la loi du
2 novembre 1789; le Concordat n'a
fait que le reconnaître et le confir
mer, <■
Arthur Loth.
Trois validations hier. Nous ne som*
mes pas encore au bout. La première
a occupé la plus grande partie de là
séance. M. Loreau, élu dans le Loiret,
à OHen, avait à 4 se défendre de nom
breuses accusations, dont les princi
pales étaient un placard contre M.
? Portalis et la renvoi d'ouvriers soup
çonnés de n'avoir-pas voté, dans le
sens qu'on leur avait indiqué. Le pla
card rappelait l'arrestation de M. Por
talis en 1870 et dénonçait celui-ci
comme ayant encouru une condam
nation infamante. L'histoire du plat
card est curieuse : c'est un journal
républicain qui l'a fait imprimer ; le
Républicain as Gien, qui depuis long
temps est en lutte violente avec M.
Portalis. Ce placard, qui n'a du reste
jamais été affiché, n'était pas l'œuvre
de M. Loreau ni de ses amis.. Cela
prouve que M. Portalis est en butte à
des animosités , profondes, et qu'à
Gien, des républicains préfèrent voir
triompher un conservateur plutôt que
lui- M; Loreau n'est responsable de
rien à cet égafd. Il s'est justifié avec
sangfroid, avec dignité, sur cê point
et sur l'autre, et il a mis ses contra
dicteurs au défi de prouver qu'un
seul de ses ouvriers a été renvoyé
pour fait électoral. On a discuté'
longuement à propos d'une brochure
de M. Portalis, laquelle fit un peu de
bruit il y a sept ou huit ans. Ce de?-
nier a soutenu en effet, à propos du
mariage et de la propriété, des théo
ries qu'il semble aujourd'hui vou
loir adoucir. La validation de M. Lo
reau semblait assurée, lorsque M. de
Lanessan a réclamé une enquête. La
mise aux voix 'de cette propostion a
provoqué un débat agité. Pourquoi
MM. Floquet et de Lanessan ont-ils
absolument tenu à çe que l'on votât
d'abord sur les coeclusions du rapport
et snsuite sur l'enquête, puisque dans
les autres cas c'est celle-ci d'abord qui
a été misé aux voix? Il y a eu juste
autant de votants pour que contre la
, validation. On a décidé l'enquête.
L'élection de M. de Montalembert a
été validée sans débats.
- Celle de M. le comte de Montsaul
nin a été attaquée-par MM. Ducou-
dray et Pajot, avec une passion qui a
produit, .un effet tout différent de ce
lui,.qu'ils attendaiènt. L'honorable dé
puté du. Cher n'a même pas eu besoin
de se défendre ; c'est le rapporteur,
M; Chevandier, .un républicain,, qui
s'est chargé de réfuter la série des allé
gations fausses, et en termes qui sont
un hommage à la loyauté de M. de
Montsaulnin. A une;très forte majo
rité, la Chambre a validé l'élection. :
Au commencement et au cours de
la séance,ideux échanges d'explica
tions ont eu. lieu. D'abord M. de Ra-
mel a questionné le ministre de la
justice sur la situation de la société
des forges de Bessèges où la faillite a
englouti des ouvriers. M. Thévenet a
répondu qu'une, instruction judiciaire
est ouverte. M. Hubbard à interrogé le
ministre des affaires étrangères au
sujet du nouveau gouvernement qui
vient de s'établir au Brésil. M. Spuller
i à "donné lecture de dépêches envoyées
i par lui à notre agent et autorisant
celui-ci à entrer en relation avec la
république avant la reconnaissance
i officielle. M. Spuller s'est un peu em
brouillé dans * ses périphrases diplo
matiques, et il a fait rire tout haut.
• Une demande d'interpellation sur
le décret annulant des souscriptions
du conseil municipal de Paris en fa
veur des grévistes a été . renvoyée à
unmois.
: EUGÈNE TAVERNisa.
La Défense nè répliqué rien à no3
dernières observations, mais elle dit à
propos de la lettre de R. P. Dela-
porte :
1 Le R. P. Delàp'orte demande s'il ne faut
pas voir; dans l'opposition que rencontre
ia formation dndit parti catholique, le ré
sultat d'an mot d'ordre qui, « lai assure-t-
« on, aurait été donné-ah parti monarchi-
« ■que Qui ça, on?Si le R. P. Delaporte
a la preuve de ce qu'il avance, il doit la
fournir; s'il a parlé sans preuves, le pro
cédé est-aussi léger que l'insinuation est
grave.
i Nous n'ajouterons qu'un mot, dont nous
prions l'Univers de nous donner acte: si
son correspondant,le R. P. Delaporte, four
nit cette preuve, ce sera une révélation
pour nous. -
Nous donnons acte bien volontiers
à la Défenje de ce qu'elle déclare igno
rer, pour son compte, l'existence d'un
mot d'ordre qui aurait été donné au
parti monarchique en ce qui concerne
l'organisation du parti catholique.
Cela l'aidera peut-être à compren
dre qu'en accusant l'autre jour, sans
ombre de preuve, les partisans de l'or
ganisation d'un parti catholique de
bouleverser toutes les notions de hié
rarchie et de discipline, elle usait d'un
procédé « aussi léger que l'insinuation
était grave. »
Auguste Roussel.
La République Française nous donne
la consultation d'un anonyme sur
« l'ingérence du clergé » dans les élec
tion. Naturellement, le collaborateur
masqué du joiirnal opportuniste tient
pour établis tous les faits dont des dé
nonciateurs suspects ont voulu gros
sir certains dossiers électoraux, a ses
yeux, il est « incontestable que le
clergé a donné, comme on dit d'un ré
giment, presque partout, avec beau
coup d'ardeur et d'imprudence même».
Néanmoins l'anonyme veut bien re
connaître qu'on ne saurait refuser
certains droits au clergé en matière
électorale.
Citons-le :
Ce qni semble manquer en pareille ma
tière, tant pour la conduits à tenir à
propos de la révision des pouvoirs qa'en
vue de l'avenir, c'est uns jurisprudence
fixe. Certains voudraient que les curés
n'eussent aucune liberté, aucune action
électorale, et qu'ils dussent, muets, déposer
leur bulletin dans l'arne, sans même faire
■ connaître leurs préférences et les raisons
de leur choix. C'est aller loin. S'il devait en
être ainsi, il serait plus simple d'assimiler
le prêtre au soldat sous les drapeaux et de
lui retirer le droit d'électeur, opinion qui a
eu des partisans parmi les catholiques mê
mes, appliquant la parole évangélique :
« Mon royaume n'est pas de ce monde ».
Mais il ne saurait être question de ceci.
Le prêtre reste citoyen actif ; comme tel, il
serait illogique, à mon gré, de lui refuser
le droit des autres citoyens,qui est de pren
dre part aux luttes électorales, de dire et
pour qui et pourquoi ils votent. Je n'estime
donc pas que les propos politiques tenus
par un enré soient, par cela seul que celui
qui les pranonce est un prêtre, des propos
coupables.
: Bien entendu, cette concession faite,
le collaborateur anonyme de la Répu
blique Française se reprend à vouloir en
diminuer l'importance.
Nôu? continuons à citer tout ce
morceau:
Mais l'exercice du ùrcit de citoyen peut
recevoir,, dans la pratique, des ' tempéra
ments. Tout le monde, là-dessus, est d'ac
cord ; et, à la droite de là Chambre aussi
bien qu'à la gauche, je ne crois pas qu'il
se pourrait trouver un membre pour accep
ter qu'un préfet, ses bureaux fermés, allât
dans les réunions publiques faire métier
d'orateur. Les représentants du gouverne
ment ont bien le droit et, à mon avis, le
devoir, étant consultés, de dire que tel ou
tel candidat représente ou non la politique
du pouvoir qu'ils servent. Mais ce droit et
ce devoir s'exercent selon dès règles faciles
à préciser et dont la Chambre surveille le
fonctionnemént. Il doit y avoir de même
des règles pour l'exercice des droits de ci
toyen de la part du prêtre. Il y a une ju
risprudence à établir, jarisprudenc3 qui me
paraît assez aisée à déterminer.
La théorie de la curie romaine, c'est
que le catholicisme est indifférent aux for
mes politiques. République ou monarchie
lui sont égales par définition ; et, en fait, la
Papauté doit préférer les cantons républi
cains de la Suisse-catholique aux royautés
hérétiques ou aux royautés chrétiennes qui
ont été en conflit avec elle. Pas un évêque
n'a encouragé son clergé i refuser de prier
pour la république. :Je sais bien que cer
tains curés traduisent rempublicam par
« chose publique », à la façon des latinis
tes du dix-septième siècle,qui en agissaient
ainsi en s'adressant à Louis XIV. Je sais
aussi que quelques-uns, à la prière offi
cielle, ajoutent des restrictions mentales. .
Mais ce ne sont pas des pratiques avouées.
Le clergé catholique a le devoir d'accep
ter ce qu'on .appelait, au temps de Louis-
Philippe, « l'ordre de choses », et ne le nie
pas. Seulement il peut avoir; sur la façon
de conduire les affaires du pays, ses idées
particulières et indépendantes, mais à deux
conditions. La première c'est que le prêtre
étant, ce qui ressort de l'esprit et de la
lettre du Concordat, salarié peur remplir un
emploi public, ne peut -pas pousser l'indé
pendance de son opinion jusqu'au conseil
de rébellion révolutionnaire.
La seconde, c'est que là politique lui eat '
absolument interdite dans les occasions et
les lieux où il est revêtu de son caractère
sacré, où il parle non comme homme, mais
comme « représentant da Jésus-Christ et
desapôtres ».
Il y aurait bien à dire sur tout ce
qui précède. En particulier, il est in
dispensable de protester une fois dé
plus contré , la qualification de « sala
rié» donnée au prêtre qui n'est rien de
tel, de par l'esprit et la lettre du Con
cordat. De plus, en admettant même
pour un instant l'assimilation entre le
préfet qui, ses bureaux fermés, fait
métier d'orateur politique, et le prêtre
qui parle en chaire de questions qui,
par la faute du pouvoir, touchent à là
politique encore qu'elles aient un ca
ractère religieux, combien il serait
facile de démontrer que les préfets,
depuis longtemps, font précisément
çe que l'anonyme déclare inaccepta
ble! Est-ce qu'ils se sont privés de faire
des tournées électorales, de parler en
public, etc. ? Et dès lors, au point de
vue même où. se place l'anonyme, l'in
tervention du clergé n'est-elle pas
pleinement justifiée?
Mais nous pourrons revenir s'il y a
lieu sur ce débat. Pour aujourd'hui,
nous nous contenterons de citer en
core la conclusion de notre.auteur,qui
dit à propos des prétendues exagéra
tions de langage imputées au clergé
dans les dernières élections :
Le bon sens, lajastice, la prudence —
aussi bien pour l'Eglise que pour l'Etat —
exigent qu'elles ne se produisent plus. Et,
pour cela, je voudrais qu'en quelque occa
sion, dût-on la faire naître, l'épiscopat lai-
même fût mis en demeure et en mesure de
se prononcer pour la jurisprudence que j'ai
essayé d'indiquer et qai, en somme,est plu
tôt dénaturé à rassurer les catholiques qu'à
les inquiéter.
On voit où tend une proposition de
ce genre et l'on conçoit mal que qui
la met en avant n'ait pas cru devoir
en prendre la responsabilité.
Auguste Roussel.
. les
Elections législatives à la Réunion
Quoique la majorité, complaisante
aux siens, ait validé sans discussion
l'élection de M.de Mahy,nous croyons
que nos lecteurs ne verront pas sans
intérêt la correspondance suivante,
que nous recevons d'un électeur delà
Réunion en position d'être bien infor-.
mé, et dont le caractère impose toute
confiance : *
SaÎHt-Paul, 21 octobre 1889.
Monsieur le directeur,
Grâce à l'action et à l'influence des ca
tholiques dans notre belle colonie, si reli
gieuse, nous sommes parvenus dans la cir
conscription du Vent de l'Ile à faire passer
un candidat républicain modéré, M. Leroy,
qui avait fait des promesses et avait donné
des gages Via cause religieuse et conser
vatrice contre un candidat radical, M. Bru-
•net. .
Nous aurions obtenu un résultat sem
blable dans ia partie Sous-lô-Vent pour le
candidat républicain modéré, M. Le Vi
goureux, franchement catholique, qui, lui
aussi, nous avait donné les plus sérieuses
garanties, si une pression administrative
éhontée - et scandaleuse, accompagnée des
plus odieux mensonges de la part des par
tisans de M. de Mahy,qui n'ont pas craint
d'invoquer et de ressusciter les vieux spec
tres du drapeau blanc, du livret et de l'es
clavage, n'avait donné l'avantage à ce der
nier, à ce sectaire qui, par ses votes anti
religieux a fait tant de tort à notre colonie
si catholique.
Vous pouvez, monsieur le directeur, af
firmer ces faits dans votre estimable jour
nal ; ils sont de notoriété publique.
Recevez, monsieur le direoteur, l'assu
rance de mes civilités distinguées.
U n E lecteur. .
De cette correspondance, nous rap
procherons la note suivante que nous
trouvons dans le Créole , un journal
républicain peu suspect de tendances
cléricales :
U ne exécution a saint-benoît . Il ne
s'agit pas ici d'un grand coupable qui paya
de sa tête la dette qu'il a contractée vis-à-
vis de la société 1 Non, ce sont deux pau
vres religieuses, deux braves et digoes
femmes, deux filles de Marie, de cet ordre
créole qui fait tant d'honneur à notre pays,
qui ont reçu le 31 octobre l'ordre impératif
d'avoir à quitter le 1" novembre, avant le
lever du soleil, l'établissement communal
dont elles s'occupent, l'une depuis vingt
ans et l'autrè depuis dix huit ans.
Quel est donc le crime qu'ont commis
ces dignes et respectées religieuses ?
Quel est le crime certain, indiscutable,
qui a amené l'administration à,appliquer,
sans enquête une peine aussi sévère à ces
religieuses qui n'ont èu jamais qu'une
préoccupation, soigner les malheureux et
partager avec de plus malheureux le peu
qu'elles possèdent?
L'on ne condamne pas un criminel sans
l'entendre, à plus forte raison des religieu
ses sans les questionner sur le crime qu'on
leur attribue. ,.i■■ ■■
Mais quel est donc leur crime ?
.Elles ont fait de la propagande électo
rale II!
Voilà la plainte du moins qui a été por
tée contre elles. Pauvres femmes sans dé
fense!
Au moins quand elles ont quitté l'école,
une foule attristé.e les a accompagnées en
versant des pleurs, leur prouvant, son atta
chement èt sa reconnaissance. Mais .une en
quête s'impose ici, la population de Béth-
léem et de Saint-Bsnolt, témoin depuis si
longtemps de la vie pleine de vertus et de
résignation de ces dignes religieuses, la
réclame avec instance. Nou3 la demandons
à l'administration,et nous sommes sûrs que
son esprit de'justice et d'impartialité écou
tera la prière de toute une population.
Nous affirmons que* les religieuses da
Bethléem n'ont pas fait de propagande ;
mais si l'on nous prouve le contraire, il im
porte que aous sachions contre qui elles
en ont fait, et à qui nous devons adresser
nos remerciements pour une mesure aussi
sévèra. ". _ .
On ne comprend même plus chez
nos administrateurs coloniaux, dési
reux de faire du zèle, ce que compre
naient MM. Gambetca et Paul Bert
lorsqu'ils déclaraient, le premier, que
« l'antircléricalisme n'était pas un
article d'exportation », le second, qu'il
« n'emportait pas l'article 7 dans ses
bagages ».
Correspondance romaine
Rome, 30 novembre 1889,
Notre Saint-Père le Pape a reça
avant hier en audience solennelle le
nouvel ambassadeur d'Espagne près
le Saint-Siège, qui lui a remis ses let
tres de crédit. Son Excellence, qui
portait le grand costume de l'ordre de
Calatrava, a eu l'honneur ensuite de
présenter à Sa Sainteté tout le per
sonnel de son ambassade. Hier le Sou
verain Pontife a reçu encore en au
dience solennelle distincte LeursExcel-
lences M. da Silva Ferrao de Carvalho
Martens et M. le comte Wagner, qui
lui ont présenté leurs nouvelles lettres
de crédit en qualité, le premier, d'am
bassadeur de Portugal, et le second,
de ministre plénipotentiaire de la prin
cipauté de Monaco. Sa Sainteté a reçu
ensuite le grand-duc de Saxe-Weimar
Eisenach, qui était accompagné de
dei*x officiers de sa maison militaire.
Son Altesse Royale a été accueillie au
Vatican avec les honneurs souverains.
Avant-hier a eu lieu la distribution
solennelle des prix aux élèves qui fré
quentent les cours de l'université pon
tificale de l'Apollinaire. La cérémonie
était présidée par S. Em. le cardinal
Parocchi, vicaire de Sa Sainteté, et un
grand nombre d'évêques, de prélats ©t
d'autres personnages distingués s'é
taient fait un plaisir et un honneur d'y
assister. On y a distribué plus de 230
médailles et on y a proc
amé, dans
les facultés de théologie, de droit civil
et canonique et de philosophie, 67
docteurs, 88 licenciés et 95 bache
liers. En outre, 9 élèves ont obtenu 1® »
diplôme d'honneur dans l'institut
Léon XIII. La distribution des prix
finie, Son Eminence est allée visiter, *
en compagnie des évÊques, des pré
lats, etc., le cabinet de physique et,
d'histoire naturelle, que la. munifi
cence du Souverain Pontife vient ^en
richir dé très intéressants objets.
C'était hier le tour de la, Propa->
gande. Là, la distribution des prix a ,
été présidée par S. Em. le cardinal
Simeoni, préfet de cette grande insti- '
tution catholique. On y a distribué
70 médailles et proclamé 8 docteurs,
43 licenciés et 34 bacheliers en théolo
gie, et 9 docteurs, 12 licenciés et 121
bacheliers en philosophie.
Le nouveau syndic de Rome, après
avoir prêté serment entre les mains
du préfet, reçu les assurances de se
cours du ministre Crispi, et présenté
ses hommages au roi HUmbert et à la
reine Marguerite, songe déjà à se dé
mettre, parce qu'il ne peut pas parve
nir à former une junte municipale.
Les nouveaux assesseurs nommés avec
grand'peine, quelques-uns seulement
après un troisième tour de scrutin,
refusent d'accepter la charge de diri
ger les diverses administrations dé
pendantes de la municipalité, et leur
refus menace d'entraîner la démission
du nouveau syndic, qui ne sait où
donner de la tête, ni où trouver de
l'argent pour étayer la baraque, qui
craque de toutes parts et menace de
s'effondrer. -
Les ambassadeurs shoans sont en
fin partis chargés de présents pour
eux-mêmes et pour le roi Ménéîick,
auquel ils apportent un trône tout en ;
bois sculpté, haut de sept mètres, sur
lequel Sa Majesté éthiopienne, qui,
est en train de guerroyer contre les
peuplades qui refusent de reconnaître
sa suzeraineté, n'est pas encore près
de s'asseoir.
M. Mariani, ambassadeur de la Répu-,
blique française près le Quirinal,est ar- ;
rivé hier. Les journaux à la solde du f
Premier italien disent qu'il est chargé .
par M. Spuller de féliciter M. Crispi sur
le discours du trône. Il ne manquerait;
plus que cela! Et pourquoi donc? parca
que le roi Humbert y annonce le pro
jet d'abolir le tarif différentiel ? La belle ,
affaire ! Ce n'est certainement pas pour
les beaux yeux de la France que-cette (
mesure sera prise, mais parce qu'il y
va de l'intérêt vital de l'Italie, dont les »
caisses sont & sec et le commerce et
l'industrie aux abois. M - Mariani serait-
il chargé de féliciter M. Crispi des,
assurances de paix que contient le dis
cours royal? Mais si la paix existe et.
sa maintient, c'est parce que ni. la i
France ni la Russie ne veulent la
guerre. Si l'Italie et ses alliés, toujours
à la recherche de nouveaux soutiens,
étaient sûrs de la victoire, il y a beau
temps qu'ils auraient commencé la
guerre ou imposé le désarmement. Le
Fracassa^ l'ami d® la maison Crispi,
chez lequel il faut toujours chercher la
vraie pensée du maître, ne disait-il
pas l'autre jour : :
. Les impôts pour l'armée sont leurds,
mais seraient-ils moins dars à payer si, au
lieu de servir à nos soldats, ils devaient as- ,
soùvir l'avidité des envahisseurs étrangers?
Ainsi vont les choses, et elles continueront
à aller de même jusqu'au jour où l'irrésis -
tible volonté dç l'Europe imposera le dé
sarmement aux provocateurs, qu'ils soient
revêtus de la peau des ours du Nord, ou
qu'ils folâtrent, les poches gonflées par
l'Exposition, sur les rives de la Seine.
Depuis quelques jours, la presse
crispinienne couvre la France de
fleurs; les journaux les plus gallopho-
bes nous font toute sorte de mamours,
on porte jusqu'aux nues un article
conciliateur du Temps, et la Riforma
triomphe déjà de «"la lente, mais dé
sormais sûre évolution de l'esprit pu
blic français ». On est déjà si sûr de
notre amitié et on croit y avoir tant
de droits,qu'à la seule pensée que nous
pourrions encore résister à tant de
gracieuses avances on nous accuse
déjà d'ingratitude. Mais il faut espé
rer que les Français, en général par
trop bons enfants, ne se laisseront pas
cette fois séduire par quelques flatte
ries menteuses et intéressées. Soyons
amis, nous dit-on, et que tout soit ou
blié. Amis, oui, mais jusqu'à la bourse
exclusivement. Quant à oublier le
passé, ce serait une folie. Il doit, au
contraire, nous être une leçon pour
l'avenir. •
M. Crispi ne sait où donner de la
tête, c'est pour cela qu'il se tourne
vers nous. Ne pouvant pas demander
d'impôts nouveaux à la Chambre ac
tuelle, il faut qu'il procède à bref délai
aux élections générales, et, pour se les
rendra favorables,il a besoin de la fan
tasmagorie des finances relevées, des
barrières commerciales abaissées et
des bons rapports repris avec la
France. Puis une fois la Chambre se
lon son cœur nommée et sa situation
fortifiée, il reviendra à ses premières
amours, c'est-à-dire à son ancienne
haine pour la France, et nous mon
trera les dents. Pas de marché de
dupe. Une politique de condescen
dance envers l'alliée de l'Allemagne
serait un véritable crime de lèse-pa
trie. Pas de concessions tant que l'ai-
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