Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-10-29
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 octobre 1889 29 octobre 1889
Description : 1889/10/29 (Numéro 7971). 1889/10/29 (Numéro 7971).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mardi 29 Octobre 1889
N° 1ô7l — Edition quotidienne
Mardi 29 ûctobïô 1889
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNB
ÉDITION QUOTIDIENNE
Ifa an. . .
Six moi?. .
Trois mois.
paris
ÏT BÈPAHTB5IESTS
. . 55 »
. . 23 50
. . 15 »
ETRAÎTSER
(OE'.ON P0SIAL5)
66 »
34 »
13 *
^^abonnements partent des 1" et 1S de cliaqno mois
/ Pjiris
UN NUMERO | Départements.
15 cent.
20 -
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
Un an. i
Six mois» .
Trois mois.
PARIS
SI DÉPARTEMENT»
, . 30 »
, ; 16 »
. . 3 50
étranger
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l'flNIYERS 11e répond pas des manuscrits qni lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et .C", 6, place de la Bourse
On s'abonne & Rome, Place du Gesù, 8
■wewiaeiaa
isa««g»«»es«gg
FRAJfCS
PARIS, 23 OCTOBRE 1889
Serait-ce donc M. Floquet qui re
prendrait la présidence de la Cham
bre ? Une campagne assez vive se fait
en sa faveur. On comprend, du reste,
qu'il bénéficie des déplorables souve
nirs laissés par l'incapable Méline. Au
près de son successeur, M. Floquet, si
prétentieux et si insuffisant comme
président du conseil, devient un prê-
malgré le mauvais vouloir du gouver
nement italien qui a eu peur de dix
mille ouvriers catholiques français,
réunis simultanément à Rome ; mal
gré les mystères électoraux qui ont
forcé de modifier les projets arrêtés
trois ou quatre fois, et on sait combien
ces changements successifs dégoûtent
les indifférents, la promesse de M.
Hermel a été réalisée. Les hommes de
foi et d'énergie qui ont résolu et en
trepris ce grand pèlerinage ne se sont
point laissé décourager. On est parti à
l'heure tardivement fixée; et les dé
parts se succèdent, et les dix mille qui
avaient été promis à Léon XlII, il y a
deux ans, passeront successivement
devant lui, et à chaque convoi son
était parti, il reviendrait. Ce n'est pas
sans des raisons qui échappent aux
habiles que la Providence a conduit à
Rome Pierre, le premier pape, et y a
comme amoncelé les sanctuaires et
les souvenirs chrétiens.
Si pendant ces six semaines, les
usurpateurs de Rome voulaient bien
prêter l'oreille, ils entendraient les ac
clamations de nos ouvriers, qui crient
de toute la forcei dë leurs poumons :
« Vive Léon XIII, Pontife et Roi ! Vive
notre Père ! » Ils comprendraient que
ces dix mille qui s'échelonnent sur les
routes d'Italie, ne sont qu'une avant-
garde,et que le moment n'est peut-être
pas si éloigné qu'on voudrait le faire
croire, où l'Europe chrétienne, pre-
gent; mais elles n'en sont pas moins si
gnificatives,et elles montrent combien
les catholiques auraient tort de désar
mer. Que M. Deschanel se le tienne
poux dit, ils n'iront pas à la république
dans les conditions qu'il indique, et
certainement lui-même en est con
vaincu.
simultanément à Rome.
Le voilà en train de s'accomplir ce
velle, si nous en croyons une feuille
radicale de l'Est, refusa toute candida
ture et se prononce pour M. Floquet. ,, . , . „
Le plan des opportunistes peut être de P , r \ na g 0 " e France du travail; et
se débarrasser de la concurrence de j a 1 heure ou le signor Crispi,
celui-ci pour le pouvoir,en lui rendant "" !aAn,1r£! " nA ,mnru1pnr>ft
* 1 1 /Ia In rr"\ _
gens, l'adressera à ceux qui ont spolié
le Pape : A bas les voleurs !
le poste de la présidence de la Cham
bre et la charmante résidence du quai
d'Orsay.
On commente fort, après d'autres
déclarations, nn article de M. de Gon-
taud-Biron, l'ancien député et ambas
sadeur qui, constatant dans le Corres
pondant la défaite des monarchistes,
conclut à un nouvel essai loyal de la
république. Les avances de M. de
Gontaud-Biron sont assez mal accueil
lies par les journaux opportunistes,
sans en excepter ceux qui posent pour
. la modération. Ils ne veulent pas d'un
« essai loyal », il leur faut une accep
tation pure et simple de la républi
que. Volontiers, ils répéteraient la fa-
, meuse apostrophe du général Bona-
" parte à M. de Cobentzel. Et encore, ils
n'accepteraient cette acceptation pure
et simple qu'à condition de ne rien
• donner en échange aux monarchistes
repentants; ceux ci se rallieraient,mais
. .il ne leur serait fait aucune conces
sion.
dans un discours d'une impudence "dé
parvenu insolent, déclarait à Palerme
que Rome italienne est intangible, que
Rome a existé avant la Papauté, qu'elle
existera bien sans elle. À cette heure
là même les premiers trains quit
taient là France, et tandis que le pre
mier ministre du roi d'Italie affichait
son dédain pour la Papauté qui n'est
plus que tolérée à Rome, près de trois
mille pèlerins s'acheminaient vers
cette Rome, non pas la Rome que
regrette Crispi, la Rome morte, mais
la Rome vivante, se montrant à nous
telle qu'elle est sortie des mains de la
Papauté, la Rome fixée providentielle
ment pour être le siège du vicaire de
Jésus-Christ.
Ah ! On l'a vu cette Rome, telle que
la désire Crispi, telle que veulent la
faire les spoliateurs de la Papauté ! Si
les Papes n'avaient pas été là pour en
conserver les vieux souvenirs, que
resterait-il de cette Rome ? quelques
bergers en occuperaient le vaste em
placement, et les moutons et les chèvres
brouteraient les herbages qui auraient
dru sur le fumier amoncelé
poussé dru sur
Comme témoignage nouveau des par les siècles de la corruption romai-
sentiments peu conciliants qui rè- ne, de cette corruption qui avait si
gnent même chez les modérés de la profondément pénétré la société qu'il
majorité, nous avons une lettre de M. fallut les barbares baptisés pour régé-
Paul Deschanel. Le jeune député d'Eu- nérer une civilisation usée,agonisante
re-et-Loir se vante, peut-être plus que dans la boue,
de raison, d'avoir voté la loi militaire Rome a existé avant le Pape ! c'est
et la loi sur l'enseignement, qu'on ne vrai, mais quelle Rome
modifiera pas. II dit superbement que
ïa république n'ira pas à la droite,
r mais que celle-ci doit venir à la répu-
bliçfue. Pourquoi, superbe Deschanel,
' la droite viendrait-elle ainsi à résipis
cence si elle n'obtient rien pour les
principes à la défense desquels elle
s'est vouée? Ce serait une duperie.
. On trouvera plus loin le résumé
-d'une conversation de M. le général
Boulanger avec M. Ducret, du Petit
\ National. Il résulterait de cette conver-'
sation que le général n'est nullement
découragé. Un peu plus, il se félicite
rait d'un échec qui a mis fin à toute
" équivoque; on sait maintenant com» !
bien est grand son amour pour la ré
publique. Est-ce que M. Ducret, répu
blicain ardent, n'aurait pas ici quelque
peu forcé la note ?
Quoi qu'il en soit,le général ne perd
Eas courage; il compte que le groupe
oulangiste aura une grande action.
Du reste, il se propose de réunir pro
chainement à Jersey les membres dudit
groupe. Combien seront-ils qui répon
dront encore à l'appel du général ?
i L'agitation séparatiste, ou plutôt au
tonomiste, s'affirme en Autriche sur
les points les plus différents : en Bo
liême, en Tvrol, en Croatie. Il y a là
■ un mouvement qui a évidemment des
jbases sérieuses dans le pays et avec
* lequel il faudra compter tôt ou tard,
On annonce une entrevue de M. le
comte Kalnocky avec le prince de Bis
marck- L'homme d'Etat autrichien se
rendrait à la résidence du grand chan
celier prussien. Ce voyage serait sur
tout motivé par le récent voyage du
czar à Berlin. On est préoccupé à
"Vienne de l'entrevue princier© ; on se
demande si l'accord ne se serait pas
fait entre les deux empereurs aux dé
pens de l'Autriche, qui se verrait aban
donnée par l'Allemagne pour tout ce
.qui touche à la presqu'île des Bal
kans.
. lia Rome aux
monuments grandioses, si l'on veut,
monuments construits par des millions
d'esclaves, dont les corps décharnés
allaient engraisser les murènes des pa
rviens. Et ce qui reste de ces monu
ments, c'est le christianisme, qui l'a
arraché aux barbarès et l'a sauvé.
Eh c'est cette Rome là que l'on vou
drait ressusciter 1 On voudrait pas
ser sur les dix-huit siècles de la ci
vilisation chrétienne, sur les dix-
huit siècles de vie catholique, pour
aller renouer la chaîne de l'histoire au
point où la laissaient les Néron, les-
Domitiens, les Garacalla, etc... Julien'
l'apostat a tenté cette besogne avant
Crispi et tant d'autres, et il a échoué.
Cette Rome, nous ne le nions pas,
avait ses monuments gigantesques
et luxueux. Mais la plupart de ces
monuments ne sont que l'expression
de la bassesse et de l'avilissement
populaire. A qui, en effet, sont élevés
ces temples et ces arcs de triomphe ?
A des monstres qu'un caprice des
prétoriens avait fait Césars, puis dieux.
Ils sont l'expression de la servitude
universelle : servitude en bas comme
en haut; car ce3 thermes, ces cirques
ont été construits' pour gagner les
bonnes grâces du peuple ! Et c'est cette
Rome-là que veut continuer la Révo
lution avec ses constructions de pa
pier mâché de la via nazionale, qui
s'écroulent avant d'être élevées !
Je vois dans ce que font en ce mo
ment les ouvriers français une élo
quente protestation contre le retour
au paganisme. Ils viennent se
grouper autour de celui qui est
le Vicaire de Jésus-Christ, c'est-
à-dire du Dieu fait homme pour ra
cheter l'humanité entière et mettre
sur toute lèvre humaine ces paroles :
Notre père qui êtes aux deux. C'est à un
vieillard prisonnier de la Révolution
u'ils viennent demander la garantie
la liberté de leur âme et de leur
Le Rappel publie sur la crémation
des morts un article, où se révèle la
pensée intime des propagateurs de ce
mode païen de sépulture.
Les premiers se bornaient à allé
guer des considérations d'hygiène ; ils
affirmaient que les morts faisaient
mourir les vivants. Cependant comme
les statistiques officielles n'ont pas
encore enregistré ce genre de décès,
on ne prenait pas trop au sérieux les
hygiénistes, et la crémation ne par
venait pas à entrer dans les mœurs,
malgré le four crématoire du Père-
Lachaise.
Le Rappel s'échauffe pour le four.
L'inhumation lui paraît horrible, abo
minable, monstrueuse. C'est le con
traire qui avait été cru jusqu'ici; mais
nous sommes dans le progrès, surtout
depuis l'Exposition. Comme nouvel et
dernier argument en faveur du four à
gril, le Rappel dit : « Avec le système
crématoire, l'intervention du clergé à
la dernière heure est supprimée. »
Voilà le fin mot! Et, en effet, avec le
four, les rites de la sépulture chré
tienne n'ont plus d'objet : on n'as
perge pas le feu avec l'eau bénite.
« Quand il n'y aurait, conclut le
Rappel , que cet avantage là pour la
crémation, je crois que déjà tous ceux
qui veulent se priver des services du
prêtre à leur dernière heure, devront
recourir à ce mode à la fois convena
ble, salubre et laïque de destruction
finale. Ce sera déjà, pour la créma
tion, un commencement sérieux de
clientèle. »
Nul doute que la libre-pensée ne
cherche à étendre cette clientèle.
Puisque la crémation a pour but prin
cipal d'écarter le prêtre, attendons-
nous à un nouveau genre de pêrsécu-
tion.Après l'école obligatoire,le service
militaire obligatoire et tant d'autres
choses obligatoires, nous aurons aussi,
il y a longtemps que nous le pressen
tons, le four obligatoire. Quel progrès !
Nous avons reçu hier, trop tard
pour pouvoir la donner, la dépêche
suivante :
Rome, 27 octobre.
Hier soir, belle solennité pour la béné
diction de la statue du bienheureux Ur
bain II par S. Em. le cardinal Langénieux.
Beau discours de Mgr Pujol.
Aujourd'hui messe du Pape à la chapelle
Sixtine.
Mille pèlerins de Lyon, Grenoble, Bour
ges, Annonay et Bastia y assistaient.
Ensuite, pendant une heure, le Pape a
traversé les files des ouvriers rangés dans
les salles voisines, où chacun pouvait par
ler au Saint-Père et lui baiser la main
L'enthousiasme, vraiment indescriptible,
se traduisait en acclamations immenses
Le pèlerinage du travail est visiblement
favorisé par Notre-Seigneur Jésus-Christ,
Les pèlerins sont comblés dë bontés par
Sa Sainteté Léon XIII, et le temps
splendide.
est
Divers journaux publient la note sui
vante :
On écrit de Saint-Denis (Réunion) que le
P. Binger, vicaire à Saint-Jacqnes-le-Ma-
jeur, est rayé du cadre du clergé colonial.
Le P. Binger a prononcé, le jour de la
Pentecôte, un sermon attentatoire aux-droits
de l'autorité temporëlle.
A Saint-Louis (Sénégal), M. le curéKan-
del est rayé des cadres du clergé.
Les renseignements nous faisant en
core défaut sur les motifs de cette dou
ble mesure de rigueur, nous nous bor
nons aujourd'hui à l'enregistrer.
A Home
Le voilà donc en mouvement ce pè
lerinage des dix mille au tombeau des
saints apôtres et aux pieds de l'auguste
prisonnier du Vatican. Les premiers
trains viennent de rentrer en France,
emportant du Vatican, du Saint-Père
et de tous les sanctuaires de Rome des
souvenirs ineffaçables. Les trains vont
s'échelonner pendant tout le mois de
novembre, et verseront dans Rome,
pour se rencontrer tous à un moment
donné dans la basilique de Saint-Pierre
et autour du vieillard que les catho
liques appellent notre Père, .des cen
taines et des centaines de pèlerins,
représentant la grande classe ouvrière
4e France.
Oui, malgré les difficultés de toute
nature, qui ont entravé l'exécution du
pèlerinage ; malgré cet esprit tenta
teur de l'Exposition qui, par ses at
traits mondains, a vidé bien des bour
ses et fait commettre bien des folies;
dignité d'hommes et de chrétiens, et
le Pape les appelle : mes enfants.
Ils sont les privilégiés dans la mai
son du père de famille, ils ont place
au premier rang autour du Souverain
Pontife. Ils sqnt vraiment, qu'on nous
passé I® Biott les gâtés du Père. Et
dans les ang 'Cî?ses qui lui viennent
d'ailleurs, c'est pour lui une consola
tion bien douce que ds sentir près de
son cœur ces hommes de foi et de
travail rangés là comme pour le pro
téger et le défendre, parce qu'ils
comprennent que ce -vieillard, pour
suivi par la Révolution avec une
haine satannique, possède seul la
clef de la question sociale, le secret
pour rapprocher les différentes classes
ae la société et ne faire de tous qu'un
cœur et qu'une âme.
Et c'est ce vieillard que Crispi ver
rait avec indifférence quitter Rome,
comptant que la capitale de la
grande Italie remplacera avantageu
sement la capitale du monde chrétien.
Mais que serait Rome privée de la
Papauté, son incomparable grandeur,
auprès de Paris ou de Berlin, même
aux yeux de la Révolution ?
Mais le Pape n'est pas parti, et s'il
Si nous avions eu des illusions sur
les dispositions des républicains, mê
me les plus modérés, nous les aurions
perdues depuis longtemps. Ils sont en
core plus grisés de leur victoire que
les radicaux, qui au moins restent
dans leur rôle en refusant toute con
cession aux conservateurs. Nos lec
teurs connaissent les déclarations de
M. Ribot ; voici ce qu'un autre mo
déré, M. Paul Deschanel, écrit :
Le Patriote, après avoir cité ces paroles
de M. Ribot à Saint-Omer : « Personne,
parmi les républicains, ae demandera qu'on
abroge les principes essentiels de notre lé-
molafinn onnlsirn ni rm'nn fnnfthfi à YAcru-
gislation scolaire, ni qn'on touche à l'éga^
lité telle qu'elle a été consacrée par la nou
velle loi militaire^, ajoute: « Nous ne dou
tons pas qne tous las députés d'Eure-et-Loir,
sans exception, ne s'associent aux déclara
tions de M. Ribot. »
En ce qui me concerne, mon cher con
frère, vous avez raison de n'en point dou
ter, car j ? ai voté avec; mes trois collègues
la loi militaire, et je suis l'un des deux dé
putés d'Eare-3t-Loir qui ont voté là loi sco
laire.
V qus ave? également raison de dire qu'il
ne saurait être question ni de marché ni de
négociations avec les hommes qài, hier en
core, combattaient de tontes leurs forces
la république. Je partage absolument votre
opinion là-dessus, et je n'ai rien dit qui
puisse laisser soupçonner le contraire.
J'$j tgnjj à. Çhâteaadun, le 18 octobre, le
langage que tous ies sépublicains de gou
vernement, à commencer par Gambetta,
n'ont cessé de tenir depuis 1871, et que te
nait Mer encore, à Epineuse, M. Spuller,
ministre des affaire? étrangères. Rien de
plus, rien de moins.
Il ne s'agit pis pour nous d'amer à. droite :
c'est à la droite de venir à la république.
La Francs du travail à Rome
On nous écrit de Rome, le 26 octo
bre 1889 :
Hier malin, 25, la messe a été dite à
Sainte-Marie-Majeure, par M. l'abbé Nitel
Ion, l'ami des ouvriers, que tout le monde
à Lyon, connaît et vénère.
Les visites ont continué dans la journée
avec un ordre et une piété admirables. Il
n'y a qu'un instant,un Romain nous disait :
.« Vraiment, la conduite des ouvriers fran
çais nous frappe d'admiration. »
La soirée a été marquée par une visite et
un discours du Bon Père aux ouvriers logés
à la Propagande, et- de M. Félix Harmel
aux ouvriers logés à Sainte-Marthe.
Dans ce dernier local, Mgr Potron, de
l'ordre des franciscains (P. Marie de Brest ),
évêque titulaire de Jéricho, a servi les pè
lerins à chaque étage. Remercié par M. Fé
lix Harmel, il a mis dans sa réponse tous
les accents de son grand cœur de soldat et
d'apôtre. ,
La matinée d'aujourd'hui nous réservait
de bien douces émotions.
Dès sept heures, tous les groupes étaient
réunis sous le magnifique portique de là
basilique de Saint-Pierre. Les bannières
étaient arborées comme au jour d'une ba
taille. Au signal donné, l'armée pacifique
s'ébranle, rangée sur quatre longues files.
Elle s'avance jusqu'au centre de laG onfies-
sion,qu'elle enveloppe en se dirigeant pro-
cessionnellement fit au chant du cantique
« Espérance de la France » vers l'autel de
l'abside.
Ce spectacle remplit tous les cœurs d'en
thousiasme, et nous ne pouvons redire ici
les grandes pensées qu'il a fait naître, et
les larmes qu'il fait couler
Au fond de l'abside, les porte-bannières
se séparent par moitié et vont monter leur
garde d'honneur de chaque côté del'antel,
A l'arrivée de Son Eudnence, les ban
nières s'élèvent et saluent l'illustre Pontife,
qu'on peut appeler véritablement le « car
dinal de la question sociale ».
Pendant la messe, le Credo a été chanté
par tous les pèlerins réunis. La chapelle
papale nous a donné ensuite quelques mor
ceaux de son répertoire choisi. Ç est tous
jours aveu une nouvelle impression que
l 'on entend ces chants si variés, et dont le
rythme musical est si bien adapté au sç*s
dès paroles.
Tous les pèlerins ont communié de là
main de S. Em. le cardinal ou de Mgr Ja-
cobini, archevêque de Tyr.
Le grand cantique d'action de grâces, le
Te Deum, a retenti encore une fois sous les
voûtes de l'immense basilique, sortant vir
brant d'émotion de la poitrine de nos ou
vriers, dont il traduisait si bien les senti
ments.
Ensuite ostension solennelle des reliques
insignes, comme le dimanche précédent.
A la chapelle du Crucifix, par un privi
lège exceptionnel, lss pèlerins, rangés sur
deux rangs, ont pu vénérer tout à leur aise
les reliques suivantes : une parcelle de la
vraie croix, celle même que Constantin
portait sur sa poitrine ; des reliques de
saint Damase ; des che\eux de la très sainte
Vierge; un morceau du manteau et de la
ceinture de saint Joseph ; un bras de saint
Paul; un doigt de saint Pierre; deux
épines de la couronne de Notre-Seigneur ;
les chefs de saint Luc, de sainte Pétrp.nille
et de saint (Sébastien; un os de sainte Anne ;
une jambe de saint Lazare et de saint Sé
vère ; du sang des stigmates de saint Fran
çois d'Assises; des reliques de saint Philippe
de Néri, de saint Laurent et d es quatre
saints Papes du nom dp Léon.
Chacun se retire fortifié au contact de ces
restes sacrés qui, rappelant les grands
combats pour la cause de Jésus-Christ,
font passer dans les âmes comme un frémis
sement des martyrs.
à l'état d'esclaves des patrons et des prê-
très I »
Voilà, le thème.
On en pressent les développements.
Eh bien ! je viens de lire le discours du
Saint-Père aux ouvriers français, et, je le
déclare, j'ai beau fouiller dans le réper
toire des discours républicains et socia-
istes, je n'y trouve rien qui approche de ce
langage si noble, si grand, et qui marque
plus clairement la solution de la question
sociale.
C'est que le Saint-Père ne se borne pas
à indiquer leurs droits aux ouvriers : il leur
indique aussi leurs devoirs.
Et il les indique aussi aux patrons, mieux
que ne l'ont jamais fait les prétendus amis
du peuple.
Si le Saiut-Père dit aux ouvriers :
« Sachez vous résigner ! », il dit aussi
aux patrons :
t Sachez vous dévouer !
« Tâchez de restreindre vos bénéfices, eu
faveur de ceux qui sont l'instrument de vo
tre fortune.
« Tâchez de les protéger, les aimer, les
traiter en bons pères de famille.
« Du revenu de ce travail, qui est une
sanctification, sachez faire un bon usage.
, « Et, si vous exigez quelques vertus de
vos ouvriers, ne leur donnez pas l'exemple
de tous les vices.
« Cessez d'étaler un luxe qui semble une
insulté à leur misère ; cessez d'afficher un
scepticisme ou une incrédulité qui tombent
sur les âmes de vos subordonnés et en font
des désespérés et des révoltés.
« Ea somme, aimez-vous, secourez-vous
les uns les autres. »
C'est le vieux jeu, c'est l'antique boni
ment, vont s'écrier ceux qui ne craignent
rien tant que de voir l'Eglise reprendre son
autorité morale sur les masses, qu'ils trom
pent et qu'ils égarent.
C'est peut-être le vieux jeu, eû effet.
Mais ce vieux jeu est lè bon. Et si patrons
et travailleurs voulaient suivre demain les
paternels enseignements de Léon XIII, la
question sociale serait résolue.
A la plaça de ces deux camps ennemis,
se haïssant, se méprisant, sa combattant,
y aurait un grand peuple de frères. '
Du reste, nous voudrions bien savoir ce
qu'on propose de meilleur que cet ensei
gnement?
Ce ne sont certainement pas les solutions
qui ont manqué au problème.
Qa'ont-elles produit? Et le problème ne
reste-t-il pas tout entier à résoudre?
On s'est beaucoup agité, on s'est beau
coup battu, on a beaucoup souffert.
Et, au total, ou n'a pas fait un pas vers
la solution.
Et la question s'impose toujours, plus que
jamais, à l'attention des esprits sérieux.
« Nous ne voulons pas être les esclaves
de l'Eglise. »
Des mots !
C'est l'Eglise qui a rompu les chaînes des
esclaves et qui, la première, a proclamé
'égalité dans le monde païen.
C'est elle qui veut encore affranchir le
travailleur eu disant au maître : « N'oublie
pas que celui-ci est ton frère, et que tu dois
le traiter comme tel.
Mais, pour atteindre ce but,il faut que,
es uns et les autres, vous vous incliniez
devant Celui qui est notre Maître à tous,
devant Dieu. »
Un joug bien léger à supporter en som
me, bien plus léger que celui que font pe
ser sur le patron et l'ouvrier l'athéisme et
Révolution. L'athéisme dit aux pre-
De travailler à rapprocher les patrons
des ouvriers;
A resserrer par l'estime ot la sympathie
mutuelles les liens qui les unissent ;
A rendre communs leurs inlérèts et leurs
devoirs;
A développer chez l'ouvrier, chez le petit,
chez l'humble, le sentiment de sa dignité
et de sa force ;
A supprimer, autant que faire il se peut,
dans les relations de tous les jours, les iné
galités de rang et de fortune 1
Si c'est là ce qu'on appelle l'oppression
cléricale, nous la préférons cent fuis à 'a
liberté et à la démocratie opportunités,
dont le premier terme, avant le fcrulin. est
celui-ci :
« Vote pour moi, ou crève de faim ! »
Et dont le dernier est, après le sarutîn :
« Maintenant que tu as voté pour moi,
tu peux crever de faim I »
M. Adrien Dubé, qui publie, dans
l 'Etoile de la Vendée, les déclarations
pontificales sur la question sociale,
conclut ainsi en s'adressant au parti
conservateur:
Allons à tous les froissés, à tous les dé
sillusionnés, à tous ceux que la Révolution
a trompés, à tous ceux que la république
des francs-maçons a blessés dans leurs li
bertés, dans leurs intérêts matériels, payons
de notre personne, allons-y chrétienne
ment, généreusement. Au lieu de nous di
viser parfois sur des questions de personnes
ou d'influence locale, travaillons généreu
sement à la solution de cette question so
ciale que la Révolution a faite si aiguë, si
irritante, et donuons-nous tous rendez-vous
sur ce terrain commun oh le Souverain
Pontife nous invite à travailler : la cha
rité.
Le Courrier de la Vienne, l' Echo du
Velay, le Messager de l 'Allier repro
duisent en s'y associant les principaux
articles publiés par d'autres journaux
catholiques sur le discours du Pape.
Le Discours du Pape
M. J. Ribès-Méry écrit dans le Pa
trio te de Tam-et-Garome
D'avance je sais bien ce que diront ceux
qui ne se sont jamais servis des ouvriers
' ■ -- ...i. — :.i .
Nous savons qu'il ne faut pas atta
cher une trop grande importance à que pour eu faire un marchepied.*
des déclarations de cette nature, bien « Prenez garde! l 'Eglise veut mettre la
vite oubliées si les çirconçtaiices l'exi- main sur vous, Elle veut vous réduire
la
miers : « Il n'y a rien au delà de ce monde.
Exploite donc l'ouvrier, qui est une ma
chine, et hâte-toi de jouir du fruit de ton
exploitation ! »
Aux ouvriers la Révolution; dit ;
« Coalise-toi contre les exploiteurs ; voue-
eur une haine éternelle : il n'y a rien au
dessus de la force,, les droits doivent pr^
mer les devoirs. »
Et les deux forces se heurtent sans
cesse.
Et l'abîme se creuse plus profondément.
Et la grande question sociale est posée.
« Aimez-vous les uns les autres : încli-
nez-vous saus l'autorité de Dieu, le maître
souverain... »
Ou aura beau ricaner dans le camp des
incrédules.
On aura beau protester dans celui des
exploiteurs.
Si patrons et ouvriers entendaient cetie
grande voix, la question sociale serait ré
solue.
Il est juste de reconnaître que du même
coup le règne d'un tas de farceurs et d'ex
ploiteurs serait fini.
Or, les farceurs et les exploiteurs ne veu
lent pas abdiquer.
Voilà pourquoi nous les entendrons sûre
ment crier aux ouvriers :
« Prenez garde ! ou veut vous asservir j
Les paroles du Saint-Père n'en auront
pas moins, dans le monde entier, uu im
mense retentissement.
Et c'est cela surtout que nous avons
voulu constater.
Dans le Clairon du Lot, M. Paul Du
ché publie un article, dont nous ex
trayons ce qui suit :
Nous engageons amis et adversaires à
lire le d'scours que le Pape vient d'adresser
aux ouvriers français.
Les premiers y retremperont leur foi et
leur courage.
Les seconds y apprendront, s'ils ne le
savent déjà, que la solution de cette ques
tion soeiale,qu'ils inscrivent avec.autant de
pompe que d'hypocrisie en tête de leurs
programmes ondoyants et divers, est beau
coup moins éloignée d'eux qu'ils ne se don
nent l'air de le croire.
Comme le dit très justement notre con
frère Ribès-Méry, « si pairons et ouvriers
entendaient cette grande voix, la question
serait résolue p.
Il est, en effet, certain qu'il y a cent fois
plus de démocratie, de libéralisme et de
véritable amour du peuple dans le langage
de Léon XIII qu'il n'y en a jamais eu dans
tous les discours, tous les programmes,
toutes les affiches électorales des farceurs
de l'opportunisme ou du radicalisme offi
ciels.
Qu'ôn rapproche de cette prétendue dé
mocratie, qui n'est qu'une révoltante do
mination, lo programme chrétien et vrai
ment socialiste dans la noble acception du
mot exposé par Léon XIII !
Que demande le Pape aux catholiques?
La philosophie du Catéchisme
IV
LA FRATERNITE
Quand on sait comment Hobbes et
Darwin entendent l'égalité, il est facile
de deviner sous quelle forme ils conçoi
vent la fraternité. La fraternité parmi
les hommes se manifeste à peu près
de la même laçon que chez les anthro
pophages, lesquels se témoignent leur
sympathie réciproque en se dévorant
les uns les autres. Homo homini lupus :
telle-est la formule qui résume et qui
caractérise ce singulier système de
solidarité sociale. .
Les philosophes communistes ou
humanitaires, eux, sont des êtres sen
timentaux et d'une tendresse vérita
blement larmoyante. Non seulement
ils proclament que tous les hommes
sont frères, mais ils veulent une fra
ternité,si absorbante et si étroite qu'elle
supprime comme/par enchantement
la famille et la patrie. Ils ne mentent
donc pas le même reproche : par mal
heur, ils en méritent un autre.
Et d'abord, quand on voit la franc-
maçonnerie à l'œuvre, il est permis de
sa demander si ladite philanthropie
est factice ou sincère, si elle vient du
cœur ou si elle a sa source dans de
pures abstractions. De plus, la frater
nité ainsi compriso paraît au moins
aussi irréalisable que la construction
de la quadrature du cercle, puisque
pour la réaliser il faudrait étouffer les
instincts les plus spontanés et les plus
légitimés de l'humaine nature. Enfin
la solidarité devient un objet de luxa
et sans le moindre emploi dans une
société paradisiaque dont tous les
membres se trouvent également pour
vus de dix mille francs de rente.
Mais il ne faut pa3 envenimer ^ plai
sir les plaies déjà si venéneuses de la
métaphysique. Nous réconnaissons
volontiers qu'il existe, entre les néga
tions féroces de Hobbes et les nébuleu
ses rêveries de Saint-Simon, une doc
trine intermédiaire qui restitue au hou
sens une partie de ses droits. C'est la
doctrine dite spiritualiste. Malheureu
sement son spiritualisme nous paraît
insuffisant et peut-être mêm.îs déri
soire : c'est précisément pour cette
raison que nous croyons nécessaire de
le remplacer par un autre.
Les disciples de Victor Cousin ad
mettent que la charité est un devoir,
ainsi que'la justice. Seulement ils né
gligent d'expliquer pourquoi. Il est
vrai que l'explication en question de-,
vient plus introuvable que la pierre
philosophale quand on ôte à l'hommci
son origine divine, quand on réduit
Dieu à une abstraction, quand on sup
prime (ou peu s'en iaut)la vie future»
Ils ne nous apprennent, pas non T'Uis
où la fraternité commence, où la fra
ternité finit. Ou plutôt, si : les éclecti
ques (qui, par parenthèse, ne justifient
guère l'étymologie de leur nom) nous
renseignent à cet égard, mais le ren
seignement est foncièrement négatif.
Les" devoirs de l'homme se divisent en
deux groupes : les devoirs qui corres
pondent à ia justice, et les devoirs qui
correspondent à la charité. Les pre
miers sont stricts, et les seconds sont
larqes,
Én bon français, et quand a a ap
pelle un chat un chai et les métaphysi
ciens des farceurs, ces qualificatifs
euphémiques ou bien ne signifient
rien, ou ils signifient que la justice est
obligatoire, tandis que la charité est
simplement facultative. Ainsi, il nous
est interdit da dévaliser nous-mêmes,
nos semblables 3 nous avons par-
N° 1ô7l — Edition quotidienne
Mardi 29 ûctobïô 1889
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNB
ÉDITION QUOTIDIENNE
Ifa an. . .
Six moi?. .
Trois mois.
paris
ÏT BÈPAHTB5IESTS
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ETRAÎTSER
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UN NUMERO | Départements.
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ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et .C", 6, place de la Bourse
On s'abonne & Rome, Place du Gesù, 8
■wewiaeiaa
isa««g»«»es«gg
FRAJfCS
PARIS, 23 OCTOBRE 1889
Serait-ce donc M. Floquet qui re
prendrait la présidence de la Cham
bre ? Une campagne assez vive se fait
en sa faveur. On comprend, du reste,
qu'il bénéficie des déplorables souve
nirs laissés par l'incapable Méline. Au
près de son successeur, M. Floquet, si
prétentieux et si insuffisant comme
président du conseil, devient un prê-
malgré le mauvais vouloir du gouver
nement italien qui a eu peur de dix
mille ouvriers catholiques français,
réunis simultanément à Rome ; mal
gré les mystères électoraux qui ont
forcé de modifier les projets arrêtés
trois ou quatre fois, et on sait combien
ces changements successifs dégoûtent
les indifférents, la promesse de M.
Hermel a été réalisée. Les hommes de
foi et d'énergie qui ont résolu et en
trepris ce grand pèlerinage ne se sont
point laissé décourager. On est parti à
l'heure tardivement fixée; et les dé
parts se succèdent, et les dix mille qui
avaient été promis à Léon XlII, il y a
deux ans, passeront successivement
devant lui, et à chaque convoi son
était parti, il reviendrait. Ce n'est pas
sans des raisons qui échappent aux
habiles que la Providence a conduit à
Rome Pierre, le premier pape, et y a
comme amoncelé les sanctuaires et
les souvenirs chrétiens.
Si pendant ces six semaines, les
usurpateurs de Rome voulaient bien
prêter l'oreille, ils entendraient les ac
clamations de nos ouvriers, qui crient
de toute la forcei dë leurs poumons :
« Vive Léon XIII, Pontife et Roi ! Vive
notre Père ! » Ils comprendraient que
ces dix mille qui s'échelonnent sur les
routes d'Italie, ne sont qu'une avant-
garde,et que le moment n'est peut-être
pas si éloigné qu'on voudrait le faire
croire, où l'Europe chrétienne, pre-
gent; mais elles n'en sont pas moins si
gnificatives,et elles montrent combien
les catholiques auraient tort de désar
mer. Que M. Deschanel se le tienne
poux dit, ils n'iront pas à la république
dans les conditions qu'il indique, et
certainement lui-même en est con
vaincu.
simultanément à Rome.
Le voilà en train de s'accomplir ce
velle, si nous en croyons une feuille
radicale de l'Est, refusa toute candida
ture et se prononce pour M. Floquet. ,, . , . „
Le plan des opportunistes peut être de P , r \ na g 0 " e France du travail; et
se débarrasser de la concurrence de j a 1 heure ou le signor Crispi,
celui-ci pour le pouvoir,en lui rendant "" !aAn,1r£! " nA ,mnru1pnr>ft
* 1 1 /Ia In rr"\ _
gens, l'adressera à ceux qui ont spolié
le Pape : A bas les voleurs !
le poste de la présidence de la Cham
bre et la charmante résidence du quai
d'Orsay.
On commente fort, après d'autres
déclarations, nn article de M. de Gon-
taud-Biron, l'ancien député et ambas
sadeur qui, constatant dans le Corres
pondant la défaite des monarchistes,
conclut à un nouvel essai loyal de la
république. Les avances de M. de
Gontaud-Biron sont assez mal accueil
lies par les journaux opportunistes,
sans en excepter ceux qui posent pour
. la modération. Ils ne veulent pas d'un
« essai loyal », il leur faut une accep
tation pure et simple de la républi
que. Volontiers, ils répéteraient la fa-
, meuse apostrophe du général Bona-
" parte à M. de Cobentzel. Et encore, ils
n'accepteraient cette acceptation pure
et simple qu'à condition de ne rien
• donner en échange aux monarchistes
repentants; ceux ci se rallieraient,mais
. .il ne leur serait fait aucune conces
sion.
dans un discours d'une impudence "dé
parvenu insolent, déclarait à Palerme
que Rome italienne est intangible, que
Rome a existé avant la Papauté, qu'elle
existera bien sans elle. À cette heure
là même les premiers trains quit
taient là France, et tandis que le pre
mier ministre du roi d'Italie affichait
son dédain pour la Papauté qui n'est
plus que tolérée à Rome, près de trois
mille pèlerins s'acheminaient vers
cette Rome, non pas la Rome que
regrette Crispi, la Rome morte, mais
la Rome vivante, se montrant à nous
telle qu'elle est sortie des mains de la
Papauté, la Rome fixée providentielle
ment pour être le siège du vicaire de
Jésus-Christ.
Ah ! On l'a vu cette Rome, telle que
la désire Crispi, telle que veulent la
faire les spoliateurs de la Papauté ! Si
les Papes n'avaient pas été là pour en
conserver les vieux souvenirs, que
resterait-il de cette Rome ? quelques
bergers en occuperaient le vaste em
placement, et les moutons et les chèvres
brouteraient les herbages qui auraient
dru sur le fumier amoncelé
poussé dru sur
Comme témoignage nouveau des par les siècles de la corruption romai-
sentiments peu conciliants qui rè- ne, de cette corruption qui avait si
gnent même chez les modérés de la profondément pénétré la société qu'il
majorité, nous avons une lettre de M. fallut les barbares baptisés pour régé-
Paul Deschanel. Le jeune député d'Eu- nérer une civilisation usée,agonisante
re-et-Loir se vante, peut-être plus que dans la boue,
de raison, d'avoir voté la loi militaire Rome a existé avant le Pape ! c'est
et la loi sur l'enseignement, qu'on ne vrai, mais quelle Rome
modifiera pas. II dit superbement que
ïa république n'ira pas à la droite,
r mais que celle-ci doit venir à la répu-
bliçfue. Pourquoi, superbe Deschanel,
' la droite viendrait-elle ainsi à résipis
cence si elle n'obtient rien pour les
principes à la défense desquels elle
s'est vouée? Ce serait une duperie.
. On trouvera plus loin le résumé
-d'une conversation de M. le général
Boulanger avec M. Ducret, du Petit
\ National. Il résulterait de cette conver-'
sation que le général n'est nullement
découragé. Un peu plus, il se félicite
rait d'un échec qui a mis fin à toute
" équivoque; on sait maintenant com» !
bien est grand son amour pour la ré
publique. Est-ce que M. Ducret, répu
blicain ardent, n'aurait pas ici quelque
peu forcé la note ?
Quoi qu'il en soit,le général ne perd
Eas courage; il compte que le groupe
oulangiste aura une grande action.
Du reste, il se propose de réunir pro
chainement à Jersey les membres dudit
groupe. Combien seront-ils qui répon
dront encore à l'appel du général ?
i L'agitation séparatiste, ou plutôt au
tonomiste, s'affirme en Autriche sur
les points les plus différents : en Bo
liême, en Tvrol, en Croatie. Il y a là
■ un mouvement qui a évidemment des
jbases sérieuses dans le pays et avec
* lequel il faudra compter tôt ou tard,
On annonce une entrevue de M. le
comte Kalnocky avec le prince de Bis
marck- L'homme d'Etat autrichien se
rendrait à la résidence du grand chan
celier prussien. Ce voyage serait sur
tout motivé par le récent voyage du
czar à Berlin. On est préoccupé à
"Vienne de l'entrevue princier© ; on se
demande si l'accord ne se serait pas
fait entre les deux empereurs aux dé
pens de l'Autriche, qui se verrait aban
donnée par l'Allemagne pour tout ce
.qui touche à la presqu'île des Bal
kans.
. lia Rome aux
monuments grandioses, si l'on veut,
monuments construits par des millions
d'esclaves, dont les corps décharnés
allaient engraisser les murènes des pa
rviens. Et ce qui reste de ces monu
ments, c'est le christianisme, qui l'a
arraché aux barbarès et l'a sauvé.
Eh c'est cette Rome là que l'on vou
drait ressusciter 1 On voudrait pas
ser sur les dix-huit siècles de la ci
vilisation chrétienne, sur les dix-
huit siècles de vie catholique, pour
aller renouer la chaîne de l'histoire au
point où la laissaient les Néron, les-
Domitiens, les Garacalla, etc... Julien'
l'apostat a tenté cette besogne avant
Crispi et tant d'autres, et il a échoué.
Cette Rome, nous ne le nions pas,
avait ses monuments gigantesques
et luxueux. Mais la plupart de ces
monuments ne sont que l'expression
de la bassesse et de l'avilissement
populaire. A qui, en effet, sont élevés
ces temples et ces arcs de triomphe ?
A des monstres qu'un caprice des
prétoriens avait fait Césars, puis dieux.
Ils sont l'expression de la servitude
universelle : servitude en bas comme
en haut; car ce3 thermes, ces cirques
ont été construits' pour gagner les
bonnes grâces du peuple ! Et c'est cette
Rome-là que veut continuer la Révo
lution avec ses constructions de pa
pier mâché de la via nazionale, qui
s'écroulent avant d'être élevées !
Je vois dans ce que font en ce mo
ment les ouvriers français une élo
quente protestation contre le retour
au paganisme. Ils viennent se
grouper autour de celui qui est
le Vicaire de Jésus-Christ, c'est-
à-dire du Dieu fait homme pour ra
cheter l'humanité entière et mettre
sur toute lèvre humaine ces paroles :
Notre père qui êtes aux deux. C'est à un
vieillard prisonnier de la Révolution
u'ils viennent demander la garantie
la liberté de leur âme et de leur
Le Rappel publie sur la crémation
des morts un article, où se révèle la
pensée intime des propagateurs de ce
mode païen de sépulture.
Les premiers se bornaient à allé
guer des considérations d'hygiène ; ils
affirmaient que les morts faisaient
mourir les vivants. Cependant comme
les statistiques officielles n'ont pas
encore enregistré ce genre de décès,
on ne prenait pas trop au sérieux les
hygiénistes, et la crémation ne par
venait pas à entrer dans les mœurs,
malgré le four crématoire du Père-
Lachaise.
Le Rappel s'échauffe pour le four.
L'inhumation lui paraît horrible, abo
minable, monstrueuse. C'est le con
traire qui avait été cru jusqu'ici; mais
nous sommes dans le progrès, surtout
depuis l'Exposition. Comme nouvel et
dernier argument en faveur du four à
gril, le Rappel dit : « Avec le système
crématoire, l'intervention du clergé à
la dernière heure est supprimée. »
Voilà le fin mot! Et, en effet, avec le
four, les rites de la sépulture chré
tienne n'ont plus d'objet : on n'as
perge pas le feu avec l'eau bénite.
« Quand il n'y aurait, conclut le
Rappel , que cet avantage là pour la
crémation, je crois que déjà tous ceux
qui veulent se priver des services du
prêtre à leur dernière heure, devront
recourir à ce mode à la fois convena
ble, salubre et laïque de destruction
finale. Ce sera déjà, pour la créma
tion, un commencement sérieux de
clientèle. »
Nul doute que la libre-pensée ne
cherche à étendre cette clientèle.
Puisque la crémation a pour but prin
cipal d'écarter le prêtre, attendons-
nous à un nouveau genre de pêrsécu-
tion.Après l'école obligatoire,le service
militaire obligatoire et tant d'autres
choses obligatoires, nous aurons aussi,
il y a longtemps que nous le pressen
tons, le four obligatoire. Quel progrès !
Nous avons reçu hier, trop tard
pour pouvoir la donner, la dépêche
suivante :
Rome, 27 octobre.
Hier soir, belle solennité pour la béné
diction de la statue du bienheureux Ur
bain II par S. Em. le cardinal Langénieux.
Beau discours de Mgr Pujol.
Aujourd'hui messe du Pape à la chapelle
Sixtine.
Mille pèlerins de Lyon, Grenoble, Bour
ges, Annonay et Bastia y assistaient.
Ensuite, pendant une heure, le Pape a
traversé les files des ouvriers rangés dans
les salles voisines, où chacun pouvait par
ler au Saint-Père et lui baiser la main
L'enthousiasme, vraiment indescriptible,
se traduisait en acclamations immenses
Le pèlerinage du travail est visiblement
favorisé par Notre-Seigneur Jésus-Christ,
Les pèlerins sont comblés dë bontés par
Sa Sainteté Léon XIII, et le temps
splendide.
est
Divers journaux publient la note sui
vante :
On écrit de Saint-Denis (Réunion) que le
P. Binger, vicaire à Saint-Jacqnes-le-Ma-
jeur, est rayé du cadre du clergé colonial.
Le P. Binger a prononcé, le jour de la
Pentecôte, un sermon attentatoire aux-droits
de l'autorité temporëlle.
A Saint-Louis (Sénégal), M. le curéKan-
del est rayé des cadres du clergé.
Les renseignements nous faisant en
core défaut sur les motifs de cette dou
ble mesure de rigueur, nous nous bor
nons aujourd'hui à l'enregistrer.
A Home
Le voilà donc en mouvement ce pè
lerinage des dix mille au tombeau des
saints apôtres et aux pieds de l'auguste
prisonnier du Vatican. Les premiers
trains viennent de rentrer en France,
emportant du Vatican, du Saint-Père
et de tous les sanctuaires de Rome des
souvenirs ineffaçables. Les trains vont
s'échelonner pendant tout le mois de
novembre, et verseront dans Rome,
pour se rencontrer tous à un moment
donné dans la basilique de Saint-Pierre
et autour du vieillard que les catho
liques appellent notre Père, .des cen
taines et des centaines de pèlerins,
représentant la grande classe ouvrière
4e France.
Oui, malgré les difficultés de toute
nature, qui ont entravé l'exécution du
pèlerinage ; malgré cet esprit tenta
teur de l'Exposition qui, par ses at
traits mondains, a vidé bien des bour
ses et fait commettre bien des folies;
dignité d'hommes et de chrétiens, et
le Pape les appelle : mes enfants.
Ils sont les privilégiés dans la mai
son du père de famille, ils ont place
au premier rang autour du Souverain
Pontife. Ils sqnt vraiment, qu'on nous
passé I® Biott les gâtés du Père. Et
dans les ang 'Cî?ses qui lui viennent
d'ailleurs, c'est pour lui une consola
tion bien douce que ds sentir près de
son cœur ces hommes de foi et de
travail rangés là comme pour le pro
téger et le défendre, parce qu'ils
comprennent que ce -vieillard, pour
suivi par la Révolution avec une
haine satannique, possède seul la
clef de la question sociale, le secret
pour rapprocher les différentes classes
ae la société et ne faire de tous qu'un
cœur et qu'une âme.
Et c'est ce vieillard que Crispi ver
rait avec indifférence quitter Rome,
comptant que la capitale de la
grande Italie remplacera avantageu
sement la capitale du monde chrétien.
Mais que serait Rome privée de la
Papauté, son incomparable grandeur,
auprès de Paris ou de Berlin, même
aux yeux de la Révolution ?
Mais le Pape n'est pas parti, et s'il
Si nous avions eu des illusions sur
les dispositions des républicains, mê
me les plus modérés, nous les aurions
perdues depuis longtemps. Ils sont en
core plus grisés de leur victoire que
les radicaux, qui au moins restent
dans leur rôle en refusant toute con
cession aux conservateurs. Nos lec
teurs connaissent les déclarations de
M. Ribot ; voici ce qu'un autre mo
déré, M. Paul Deschanel, écrit :
Le Patriote, après avoir cité ces paroles
de M. Ribot à Saint-Omer : « Personne,
parmi les républicains, ae demandera qu'on
abroge les principes essentiels de notre lé-
molafinn onnlsirn ni rm'nn fnnfthfi à YAcru-
gislation scolaire, ni qn'on touche à l'éga^
lité telle qu'elle a été consacrée par la nou
velle loi militaire^, ajoute: « Nous ne dou
tons pas qne tous las députés d'Eure-et-Loir,
sans exception, ne s'associent aux déclara
tions de M. Ribot. »
En ce qui me concerne, mon cher con
frère, vous avez raison de n'en point dou
ter, car j ? ai voté avec; mes trois collègues
la loi militaire, et je suis l'un des deux dé
putés d'Eare-3t-Loir qui ont voté là loi sco
laire.
V qus ave? également raison de dire qu'il
ne saurait être question ni de marché ni de
négociations avec les hommes qài, hier en
core, combattaient de tontes leurs forces
la république. Je partage absolument votre
opinion là-dessus, et je n'ai rien dit qui
puisse laisser soupçonner le contraire.
J'$j tgnjj à. Çhâteaadun, le 18 octobre, le
langage que tous ies sépublicains de gou
vernement, à commencer par Gambetta,
n'ont cessé de tenir depuis 1871, et que te
nait Mer encore, à Epineuse, M. Spuller,
ministre des affaire? étrangères. Rien de
plus, rien de moins.
Il ne s'agit pis pour nous d'amer à. droite :
c'est à la droite de venir à la république.
La Francs du travail à Rome
On nous écrit de Rome, le 26 octo
bre 1889 :
Hier malin, 25, la messe a été dite à
Sainte-Marie-Majeure, par M. l'abbé Nitel
Ion, l'ami des ouvriers, que tout le monde
à Lyon, connaît et vénère.
Les visites ont continué dans la journée
avec un ordre et une piété admirables. Il
n'y a qu'un instant,un Romain nous disait :
.« Vraiment, la conduite des ouvriers fran
çais nous frappe d'admiration. »
La soirée a été marquée par une visite et
un discours du Bon Père aux ouvriers logés
à la Propagande, et- de M. Félix Harmel
aux ouvriers logés à Sainte-Marthe.
Dans ce dernier local, Mgr Potron, de
l'ordre des franciscains (P. Marie de Brest ),
évêque titulaire de Jéricho, a servi les pè
lerins à chaque étage. Remercié par M. Fé
lix Harmel, il a mis dans sa réponse tous
les accents de son grand cœur de soldat et
d'apôtre. ,
La matinée d'aujourd'hui nous réservait
de bien douces émotions.
Dès sept heures, tous les groupes étaient
réunis sous le magnifique portique de là
basilique de Saint-Pierre. Les bannières
étaient arborées comme au jour d'une ba
taille. Au signal donné, l'armée pacifique
s'ébranle, rangée sur quatre longues files.
Elle s'avance jusqu'au centre de laG onfies-
sion,qu'elle enveloppe en se dirigeant pro-
cessionnellement fit au chant du cantique
« Espérance de la France » vers l'autel de
l'abside.
Ce spectacle remplit tous les cœurs d'en
thousiasme, et nous ne pouvons redire ici
les grandes pensées qu'il a fait naître, et
les larmes qu'il fait couler
Au fond de l'abside, les porte-bannières
se séparent par moitié et vont monter leur
garde d'honneur de chaque côté del'antel,
A l'arrivée de Son Eudnence, les ban
nières s'élèvent et saluent l'illustre Pontife,
qu'on peut appeler véritablement le « car
dinal de la question sociale ».
Pendant la messe, le Credo a été chanté
par tous les pèlerins réunis. La chapelle
papale nous a donné ensuite quelques mor
ceaux de son répertoire choisi. Ç est tous
jours aveu une nouvelle impression que
l 'on entend ces chants si variés, et dont le
rythme musical est si bien adapté au sç*s
dès paroles.
Tous les pèlerins ont communié de là
main de S. Em. le cardinal ou de Mgr Ja-
cobini, archevêque de Tyr.
Le grand cantique d'action de grâces, le
Te Deum, a retenti encore une fois sous les
voûtes de l'immense basilique, sortant vir
brant d'émotion de la poitrine de nos ou
vriers, dont il traduisait si bien les senti
ments.
Ensuite ostension solennelle des reliques
insignes, comme le dimanche précédent.
A la chapelle du Crucifix, par un privi
lège exceptionnel, lss pèlerins, rangés sur
deux rangs, ont pu vénérer tout à leur aise
les reliques suivantes : une parcelle de la
vraie croix, celle même que Constantin
portait sur sa poitrine ; des reliques de
saint Damase ; des che\eux de la très sainte
Vierge; un morceau du manteau et de la
ceinture de saint Joseph ; un bras de saint
Paul; un doigt de saint Pierre; deux
épines de la couronne de Notre-Seigneur ;
les chefs de saint Luc, de sainte Pétrp.nille
et de saint (Sébastien; un os de sainte Anne ;
une jambe de saint Lazare et de saint Sé
vère ; du sang des stigmates de saint Fran
çois d'Assises; des reliques de saint Philippe
de Néri, de saint Laurent et d es quatre
saints Papes du nom dp Léon.
Chacun se retire fortifié au contact de ces
restes sacrés qui, rappelant les grands
combats pour la cause de Jésus-Christ,
font passer dans les âmes comme un frémis
sement des martyrs.
à l'état d'esclaves des patrons et des prê-
très I »
Voilà, le thème.
On en pressent les développements.
Eh bien ! je viens de lire le discours du
Saint-Père aux ouvriers français, et, je le
déclare, j'ai beau fouiller dans le réper
toire des discours républicains et socia-
istes, je n'y trouve rien qui approche de ce
langage si noble, si grand, et qui marque
plus clairement la solution de la question
sociale.
C'est que le Saint-Père ne se borne pas
à indiquer leurs droits aux ouvriers : il leur
indique aussi leurs devoirs.
Et il les indique aussi aux patrons, mieux
que ne l'ont jamais fait les prétendus amis
du peuple.
Si le Saiut-Père dit aux ouvriers :
« Sachez vous résigner ! », il dit aussi
aux patrons :
t Sachez vous dévouer !
« Tâchez de restreindre vos bénéfices, eu
faveur de ceux qui sont l'instrument de vo
tre fortune.
« Tâchez de les protéger, les aimer, les
traiter en bons pères de famille.
« Du revenu de ce travail, qui est une
sanctification, sachez faire un bon usage.
, « Et, si vous exigez quelques vertus de
vos ouvriers, ne leur donnez pas l'exemple
de tous les vices.
« Cessez d'étaler un luxe qui semble une
insulté à leur misère ; cessez d'afficher un
scepticisme ou une incrédulité qui tombent
sur les âmes de vos subordonnés et en font
des désespérés et des révoltés.
« Ea somme, aimez-vous, secourez-vous
les uns les autres. »
C'est le vieux jeu, c'est l'antique boni
ment, vont s'écrier ceux qui ne craignent
rien tant que de voir l'Eglise reprendre son
autorité morale sur les masses, qu'ils trom
pent et qu'ils égarent.
C'est peut-être le vieux jeu, eû effet.
Mais ce vieux jeu est lè bon. Et si patrons
et travailleurs voulaient suivre demain les
paternels enseignements de Léon XIII, la
question sociale serait résolue.
A la plaça de ces deux camps ennemis,
se haïssant, se méprisant, sa combattant,
y aurait un grand peuple de frères. '
Du reste, nous voudrions bien savoir ce
qu'on propose de meilleur que cet ensei
gnement?
Ce ne sont certainement pas les solutions
qui ont manqué au problème.
Qa'ont-elles produit? Et le problème ne
reste-t-il pas tout entier à résoudre?
On s'est beaucoup agité, on s'est beau
coup battu, on a beaucoup souffert.
Et, au total, ou n'a pas fait un pas vers
la solution.
Et la question s'impose toujours, plus que
jamais, à l'attention des esprits sérieux.
« Nous ne voulons pas être les esclaves
de l'Eglise. »
Des mots !
C'est l'Eglise qui a rompu les chaînes des
esclaves et qui, la première, a proclamé
'égalité dans le monde païen.
C'est elle qui veut encore affranchir le
travailleur eu disant au maître : « N'oublie
pas que celui-ci est ton frère, et que tu dois
le traiter comme tel.
Mais, pour atteindre ce but,il faut que,
es uns et les autres, vous vous incliniez
devant Celui qui est notre Maître à tous,
devant Dieu. »
Un joug bien léger à supporter en som
me, bien plus léger que celui que font pe
ser sur le patron et l'ouvrier l'athéisme et
Révolution. L'athéisme dit aux pre-
De travailler à rapprocher les patrons
des ouvriers;
A resserrer par l'estime ot la sympathie
mutuelles les liens qui les unissent ;
A rendre communs leurs inlérèts et leurs
devoirs;
A développer chez l'ouvrier, chez le petit,
chez l'humble, le sentiment de sa dignité
et de sa force ;
A supprimer, autant que faire il se peut,
dans les relations de tous les jours, les iné
galités de rang et de fortune 1
Si c'est là ce qu'on appelle l'oppression
cléricale, nous la préférons cent fuis à 'a
liberté et à la démocratie opportunités,
dont le premier terme, avant le fcrulin. est
celui-ci :
« Vote pour moi, ou crève de faim ! »
Et dont le dernier est, après le sarutîn :
« Maintenant que tu as voté pour moi,
tu peux crever de faim I »
M. Adrien Dubé, qui publie, dans
l 'Etoile de la Vendée, les déclarations
pontificales sur la question sociale,
conclut ainsi en s'adressant au parti
conservateur:
Allons à tous les froissés, à tous les dé
sillusionnés, à tous ceux que la Révolution
a trompés, à tous ceux que la république
des francs-maçons a blessés dans leurs li
bertés, dans leurs intérêts matériels, payons
de notre personne, allons-y chrétienne
ment, généreusement. Au lieu de nous di
viser parfois sur des questions de personnes
ou d'influence locale, travaillons généreu
sement à la solution de cette question so
ciale que la Révolution a faite si aiguë, si
irritante, et donuons-nous tous rendez-vous
sur ce terrain commun oh le Souverain
Pontife nous invite à travailler : la cha
rité.
Le Courrier de la Vienne, l' Echo du
Velay, le Messager de l 'Allier repro
duisent en s'y associant les principaux
articles publiés par d'autres journaux
catholiques sur le discours du Pape.
Le Discours du Pape
M. J. Ribès-Méry écrit dans le Pa
trio te de Tam-et-Garome
D'avance je sais bien ce que diront ceux
qui ne se sont jamais servis des ouvriers
' ■ -- ...i. — :.i .
Nous savons qu'il ne faut pas atta
cher une trop grande importance à que pour eu faire un marchepied.*
des déclarations de cette nature, bien « Prenez garde! l 'Eglise veut mettre la
vite oubliées si les çirconçtaiices l'exi- main sur vous, Elle veut vous réduire
la
miers : « Il n'y a rien au delà de ce monde.
Exploite donc l'ouvrier, qui est une ma
chine, et hâte-toi de jouir du fruit de ton
exploitation ! »
Aux ouvriers la Révolution; dit ;
« Coalise-toi contre les exploiteurs ; voue-
eur une haine éternelle : il n'y a rien au
dessus de la force,, les droits doivent pr^
mer les devoirs. »
Et les deux forces se heurtent sans
cesse.
Et l'abîme se creuse plus profondément.
Et la grande question sociale est posée.
« Aimez-vous les uns les autres : încli-
nez-vous saus l'autorité de Dieu, le maître
souverain... »
Ou aura beau ricaner dans le camp des
incrédules.
On aura beau protester dans celui des
exploiteurs.
Si patrons et ouvriers entendaient cetie
grande voix, la question sociale serait ré
solue.
Il est juste de reconnaître que du même
coup le règne d'un tas de farceurs et d'ex
ploiteurs serait fini.
Or, les farceurs et les exploiteurs ne veu
lent pas abdiquer.
Voilà pourquoi nous les entendrons sûre
ment crier aux ouvriers :
« Prenez garde ! ou veut vous asservir j
Les paroles du Saint-Père n'en auront
pas moins, dans le monde entier, uu im
mense retentissement.
Et c'est cela surtout que nous avons
voulu constater.
Dans le Clairon du Lot, M. Paul Du
ché publie un article, dont nous ex
trayons ce qui suit :
Nous engageons amis et adversaires à
lire le d'scours que le Pape vient d'adresser
aux ouvriers français.
Les premiers y retremperont leur foi et
leur courage.
Les seconds y apprendront, s'ils ne le
savent déjà, que la solution de cette ques
tion soeiale,qu'ils inscrivent avec.autant de
pompe que d'hypocrisie en tête de leurs
programmes ondoyants et divers, est beau
coup moins éloignée d'eux qu'ils ne se don
nent l'air de le croire.
Comme le dit très justement notre con
frère Ribès-Méry, « si pairons et ouvriers
entendaient cette grande voix, la question
serait résolue p.
Il est, en effet, certain qu'il y a cent fois
plus de démocratie, de libéralisme et de
véritable amour du peuple dans le langage
de Léon XIII qu'il n'y en a jamais eu dans
tous les discours, tous les programmes,
toutes les affiches électorales des farceurs
de l'opportunisme ou du radicalisme offi
ciels.
Qu'ôn rapproche de cette prétendue dé
mocratie, qui n'est qu'une révoltante do
mination, lo programme chrétien et vrai
ment socialiste dans la noble acception du
mot exposé par Léon XIII !
Que demande le Pape aux catholiques?
La philosophie du Catéchisme
IV
LA FRATERNITE
Quand on sait comment Hobbes et
Darwin entendent l'égalité, il est facile
de deviner sous quelle forme ils conçoi
vent la fraternité. La fraternité parmi
les hommes se manifeste à peu près
de la même laçon que chez les anthro
pophages, lesquels se témoignent leur
sympathie réciproque en se dévorant
les uns les autres. Homo homini lupus :
telle-est la formule qui résume et qui
caractérise ce singulier système de
solidarité sociale. .
Les philosophes communistes ou
humanitaires, eux, sont des êtres sen
timentaux et d'une tendresse vérita
blement larmoyante. Non seulement
ils proclament que tous les hommes
sont frères, mais ils veulent une fra
ternité,si absorbante et si étroite qu'elle
supprime comme/par enchantement
la famille et la patrie. Ils ne mentent
donc pas le même reproche : par mal
heur, ils en méritent un autre.
Et d'abord, quand on voit la franc-
maçonnerie à l'œuvre, il est permis de
sa demander si ladite philanthropie
est factice ou sincère, si elle vient du
cœur ou si elle a sa source dans de
pures abstractions. De plus, la frater
nité ainsi compriso paraît au moins
aussi irréalisable que la construction
de la quadrature du cercle, puisque
pour la réaliser il faudrait étouffer les
instincts les plus spontanés et les plus
légitimés de l'humaine nature. Enfin
la solidarité devient un objet de luxa
et sans le moindre emploi dans une
société paradisiaque dont tous les
membres se trouvent également pour
vus de dix mille francs de rente.
Mais il ne faut pa3 envenimer ^ plai
sir les plaies déjà si venéneuses de la
métaphysique. Nous réconnaissons
volontiers qu'il existe, entre les néga
tions féroces de Hobbes et les nébuleu
ses rêveries de Saint-Simon, une doc
trine intermédiaire qui restitue au hou
sens une partie de ses droits. C'est la
doctrine dite spiritualiste. Malheureu
sement son spiritualisme nous paraît
insuffisant et peut-être mêm.îs déri
soire : c'est précisément pour cette
raison que nous croyons nécessaire de
le remplacer par un autre.
Les disciples de Victor Cousin ad
mettent que la charité est un devoir,
ainsi que'la justice. Seulement ils né
gligent d'expliquer pourquoi. Il est
vrai que l'explication en question de-,
vient plus introuvable que la pierre
philosophale quand on ôte à l'hommci
son origine divine, quand on réduit
Dieu à une abstraction, quand on sup
prime (ou peu s'en iaut)la vie future»
Ils ne nous apprennent, pas non T'Uis
où la fraternité commence, où la fra
ternité finit. Ou plutôt, si : les éclecti
ques (qui, par parenthèse, ne justifient
guère l'étymologie de leur nom) nous
renseignent à cet égard, mais le ren
seignement est foncièrement négatif.
Les" devoirs de l'homme se divisent en
deux groupes : les devoirs qui corres
pondent à ia justice, et les devoirs qui
correspondent à la charité. Les pre
miers sont stricts, et les seconds sont
larqes,
Én bon français, et quand a a ap
pelle un chat un chai et les métaphysi
ciens des farceurs, ces qualificatifs
euphémiques ou bien ne signifient
rien, ou ils signifient que la justice est
obligatoire, tandis que la charité est
simplement facultative. Ainsi, il nous
est interdit da dévaliser nous-mêmes,
nos semblables 3 nous avons par-
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