Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-10-24
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 octobre 1889 24 octobre 1889
Description : 1889/10/24 (Numéro 7966). 1889/10/24 (Numéro 7966).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 24 Octobre i8g§
fi* 7966 — ffflUon qulMteamt
Jeudi 24 Octobre
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS
IX DÉPARTEMENTS
Un an 55 s
Sixmo». . . • 28 50
Trois mois. . . 15 »
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C l0 , 6, place de la Bourse
FRAAC!
PARIS, 23 OCTOBRE 1819
C'est demain seulement que le con
seil des ministres fixera d'une ma
nière définitive le jour de la réunion
des Chambres; M. le président Carnot
signerait immédiatement le décret de
convocation. On annonce toujours que
la date choisie est le 12 novembre.
En attendant cette réunion, les com
pétitions se produisent pour la prési
dence de la Chambre ; c'est un poste
important par l'action qu'il donne sur
les débats à un homme adroit, et fort
envié à cause des avantages qui y
sont attachés. M. Floquet, dont le pas
sage à la présidence a laissé de bons
souvenirs, surtout lorsqu'on le com
pare à l'incapable Méline, semblait
d'abord tout indiqué; mais les radi
caux ont perdu bien des sièges, et les
opportunistes voudraient un prési
dent à eux ; il ne leur sera peut-être
Eas facile de le trouver; aucun de leurs
ommes ne s'impose, et M. Méline a
trop prouvé son impuissance. M. Léon
Sây, dont il avait été un moment
question, semble pour l'instant n'avoir
aucune chance ; est-il même candi
dat?
Comme nous le prévoyions, l'affaire
du colonel Vincent fait du bruit. Si
les journaux oportunistes et radicaux,
fort embarrassés pour justifier la ven
geance tardive de M. de Preycinet,
annoncent à peine le fait, tous les
journaux indépendants protestent. Ils
font observer que, si le colonel Vin
cent était coupable, on devait le frap
per immédiatement et ne pas attendre
le résultat des élections. Dans des
actes semblables, M. de Freycinet, ce
néfaste collaborateur de M. Gambetta
en 1870, donne sa mesure.
Nous publions plus loin deux docu
ments relatifs au boulangisme: le pre
mier, le moinsimportant, est une con
versation du général Boulanger avec
un reporter du Matin ; M. Arthur Meyer
y est fort maltraité, etles conservateurs
ne sont pas ménagés ; le général sem
ble vouloir rejeter sur eux les fautes
commises, et qui ne sont pas toutes de
leur fait ; ea ne sont pas les monar
chistes, par exemple, qui ont empê
ché le général,soit d'affronter la Haute-
Cour dès le début des poursuites, soit
de revenir hardiment purger sa con
tumace avant ou après le premier
scrutin.
Le deuxième document est plus
grave : il nous donne sur les journées
des 27et 28janvier des renseignements
curieux et au moins très vraisembla
bles ; il semble bien que ce soit un té
moin oculaire,voire un des acteurs,qui
parle. Un fait singulier se dégage:
c'est que le général, poursuivi et con
damné pour attentat, s'est toujours
montré, soit faute de décision, soit par
scrupule,opposé à tout coup d'Etat. MM.
Déroulède et Thiébaud, pour ne nom
mer que ceux-là, poussaient à l'action,
et ce sont justement ceux que la jus
tice républicaine n'a pas poursuivis.
Pendant que l'empereur Guillaume
voyage, la dernière session du Reichs-
iag s ouvre ; nous avons le discours
impérial; il n'est pas d'un bien vif
intérêt ; le seul point à signaler, c'est
"* 1 — J -■— ««i no/»îfî_
w „
européenne est à peu près assurée.
Mais pour combien de temps ?
Un nouvel article â sensation a parti
à Londres ; cette fois, c'est la PallMail
Gazette qui l'a publié. L'auteur, un
vieux diplomate très mêlé aux affaires,
dit-on, et très versé dans les secrets
des chancelleries, s'occupe des dan
gers que court la paix européenne, et
ses réflexions sont médiocrement
rassurantes. Toutefois, il conclut au
maintien de la paix... pour le moment.
La saison étant fort avancée, une
guerre est en effet fort improbable
pour cette année.
Si la grève cesse dans le Pas-de-
Calais, elle gagne le département] du
Nord et s'aggrave en Belgique. Il y a
là un signe des temps qui s'impose à
l'attention même des plus optimistes.
■ 9 VAU * v»*» wq •— —
capital sont l'indice d'une situation
assez troublée pour constituer un dan
ger social permanent. Les journaux
qui, feignant de ne pas comprendre
les hauts enseignements du Souve
rain Pontife aux membres du pèleri
nage ouvrier, ont attaqué le « Pape
socialiste », ne peuvent pas, quoi
qu'ils en aient, fermer suffisamment
les yeux pour ne pas apercevoir le
danger. Que les conseils tombés du
haut de la chairede Pierre soient com
pris et suivis, aussi bien paF les capi
talistes que par Iss ouvriers, et ees
dangers, immédiatement atténués, ne
tarderont pas à disparaître. Une fois
de plus, l'Eglise aura sauvé la société
en la christianisant.
Les adversaires du ministre Tisza ne
considèrent pas comme battus; voici
que les radicaux lancent contre le
baron de Feiervary, ministre de la dé
fense, une demande de mise en accu
sation, sous le prétexte, quelque peu
ridicule, qu'il aurait trahi la Hongrie.
Cette demande sera certainement re
poussée, d'autant que l'opposition con
servatrice ne pourra pas l'appuyer;
mais elle témoigne du diapason des
esprits et elle entretient l'agitation.
Le discours du Saint-Père aux ou
vriers français sera certainement l'un
des actes les plus considérables d'un
pontificat déjà si fécond en grands
enseignements. Ce discours, qui dès
le premier jour, et sur une simple
analyse télégraphique, a si vivement
attiré l'attention, va faire son chemin
dans les esprits et donner une impul
sion vigoureuse et féconde aux études
sociales. Les catholiques français pro
fiteront particulièrement de ces ins
tructions auxquelles l'Œuvre des Cer
cles catholiques d'ouvriers et les
travaux de quelques économistes chré
tiens les ont heureusement préparés.
Quelques journaux affectent de ne
voir, dans le magnifique et vigoureux
discours de Léon XIII, qu'une pieuse
sement des devoirs religieux la digni
té et la sécurité de leur vie. Assuré
ment cet enseignement s'y trouve, et
jamais il n'a été mieux donné. Mais le
Pape ne s'en tient pas à rappeler cette
vérité, à répéter ces conseils ; il in
dique, en outre, d'une façon à la fois
générale et suffisamment précise,
quelle voie il faut suivre pour attein
dre le but.
Nous demandons, dit-il, qu'on fasse
« revivre, au moins quant à la subs-
« tance, dans leur vertu bienfaisante
« et multiple, et sous telle forme que
« peuvent le permettre les nouvelles
« conditions des temps, ces corpora-
« tions d'arts et métiers qui jadis,
« informées de la pensée chrétienne,
« et s'inspirant de la maternelle solli-
« citude de l'Eglise, pourvoyaient aux
« besoins matériels et religieux des ou-
« vriers, leur facilitaient le travail,
« prenaient soin de leurs épargnes et
« de leurs économies, défendaient
« leurs droits et appuyaient dans la
« mesure voulue leurs légitimes re-
« vendications. »
Ces lignes, pour n'avoir pa3 la pré
cision d'un texte du code, pour n'être
pas un ordre dans lequel il faut stric
tement se renfermer, n'en contien
nent pas moins des instructions prati
ques. Elles nous marquent le terrain
où il convient de s'établir si l'on veut
travailler fructueusement. Sur ce ter
rain,le monde verra renaître et se con
solider l'harmonie et l'union entre le
capital et le travail, entre patrons et
ouvriers. Et n'est-ce pas de cette har
monie, de cette union que dépendent
« à la fois le bien-être privé, la paix
|' « et la tranquillité publique ? »
Ni les classes dites dirigeantes, sou
vent oublieuses de leur mandat so*
cial, ni les détenteurs du pouvoir ne
doivent négliger de concourir à ce
grand travail. Il appartient aux pre
mières de donner l'exemple, en met
tant un frein au désir insatiable « des
« richesses, du luxe et des plaisirs
« qui, en bas comme en haut, ne cesse
« de se propager de plus en plus ». Le
riche ne doit pas oublier « qu'il a été
« créé pour être le trésorier de Dieu
u sur la terre », office qui ne consiste
pas précisément à danser dans des
lieux publics, ou même dans de bril
lants salons, au profit des « sinistrés ».
Èt de même que les riches, qui vivent
d© leurs revenus, sont tenus de secou
rir largement les pauvres, les indus
triels se départiraient « des règles de
« l'équité et de la justice en visant à
« des profits et à des gains rapides et
« disproportionnés ».
Quant aux détenteurs ^u pouvoir,
ils ne doivent- ni prétendre a tout ré
gler, ni croire qu'on pUl5S0 conjurer
les périls de la société par la seule
force des juges et des soldats; mais
il leur appartient d'user de l'autorité
dont ils disposent pour seconder la
libre action de l'Eglise, « moyennant
« des règlements et des mesures sages
« et équitables, qui garantiss'ent les
« intérêts des classes laborieuses, pro-
« tègent le jeune âge, la faiblesse et
(f la mission toute domestique de la
« femme., le droit et le devoir du repos
« du dimanche #.
Voilà, certes, des enseignements
pratiques et entrant dans le vif des
questions agitées aujourd'hui. Aussi,
tandis que ïes uns veulent voir
dans le discours du Pape que de bons
conseils d'un caractère général, d'au
tres y 4énoncent du « socialisme
chrétien ».
Parce que le mot socialisme est 4 e '
venu l'expression d'idées subversives,
il ne faut pas croire qu'on fera reculer
la vérité en le lui appliquant. Non, le
Pape ne fait pas 4? socialisme; il rap
pelle à tous, en nobles termes et avep
sa suprême autorité, le devoir social,
qui est le devoir chrétien.
EuaèNB V euillot.
Si l'historique que publie Figaro
est exact (nous en -donnons plus loin
des extraits), on doit admettre que le
général Boulanger a toujours été ré
solu à ne pas essayer unc&up de force.
Pour quelle raison? Les narrateurs
sernblefit l'i^norer ? et l'on peut se de
mander si le général lui-même la con
naît. Ce n'est point la timidité, ce
n'est pas la crainte du bruit : de l'aveu
de ses adversaires comme de ses amis,
le général est brave, et les années
qu'il a passées au milieu d'un vacar
me formidable ont dû rendre ses
nerfs insensibles. Ce n'est pas le pres
tige de la représentation nationale qui
aurait pu retenir longtemps ses ar
deurs conquérantes ; on sait comment
il parlait du régime parlementaire et
des députés en exercice. Il aurait
donc toujours été dominé par un de
ees scrupules d'autant plus forts
qu'ils sont moins raisonnés, qui
s'implantent dans les natures les plus
hardies et les paralysent au mo
ment décisif. C'est possible; ce n'est
pas très rare. Le tempérament du gé
néral paraît tout à fait accessible à
Cette influence singulière. Le général
a poursuivi obstinément un but indé
fini en cédant àdes impulsions vagues.
Il peut s'être mis en tête de ne jamais
faire de coup d'Etat et avoir tenu
mordicus à cette résolution, sans par
venir à l'expliquer. On voit cette con
tradiction chez les hommes qui ont
les aptitudes nécessaires pour entrer
en communication avec la foule ;
comme la foule, ils s'agitent puissam
ment, avec beaucoup de hasard, et su
bordonnant tout à un détail auquel ils
refusent de réfléchir.
Donc, le général Boulanger a tou
jours repoussé l'idée de bousculer la
loi.
• Cette constatation nouvelle achève
de ridiculiser la Haute-Cour, qui a pré
cisément voulu punir l'attentat et lei
complot qui n'ont pas existé.
Une autre conclusion s'impose en
core. Le récit que nous signalons et
qui doit avoir une suite, met en évi
dence le rôle agressif joué par MM. Dé
roulède et Thiébaud. Ce sont eux qui
voulaient envahir la Chambre et, com
me disait M. Thiébaud,donner le «coup
de pouce ». Il est très probable, au
point de vue du succès, qu'ils avaient
raison ; car le 27 janvier au soir, le
ministère et le parti gouvernemental
s'abandonnaient, regardant inactifs
l'armée boulangiste grandir immensé
ment. Une vigoureuse poussée de la
, foule aurait sans doute été suffisante
pour mettre en fuite les oppor
tunistes et les radicaux ; ou du
moins la résistance eût été faible.C'est
ce jour-là que la république ferryste a
été menacée; et les hommes qui ont
tout fait pour la perdre, ce sont sur
tout MM. Déroulède et Thiébaud. Ils
ont, d'ailleurs, revendiqué carrément
leurresponsabilité.Etpourtant ils n'ont
pas été poursuivis. Le gouvernement,
qui connaissait le rôle des principaux
acteurs, s'est acharné contre ceux qui
ont refusé de le jeter parterre, et il, a
laissé en paix ses ennemis les plus
dangereux. Pourquoi ? Une seule ex
plication est admissible ; c'est que le
ministère et ses conseillers ne vou
laient à aucun prix d'un débat contra
dictoire devant la Haute-Cour; il
prévoyait que le général Boulanger,
menacé d'arrestation , prendrait la
fuite et que la cour jugerait sans
débats. Si MM. Déroulède et Thiébaud,
les vrais coupables au sens du gou
vernement, n'ont pas été impliqués
dans les poursuites, c'est qu'on les sa
vait disposés à résister par tous les
moyens, à se défendra publiquement,
à montrer ce régime politique épuisé,
désespéré, déshonoré, abandonné. Si
le général Boulanger n'était pas tombé
dans le piège, s'il n'avait pas quitté
Paris, le procès n'irait pas eu lieu
sans doute, et l'armée boulangiste se
rait allée à la bataille électorale avec
des forces irrésistibles.
EuQtîŒ T averniee.
Nous n'avons pas voulu enregistrer
les adhésions données par les jour
naux catholiques de province à l'ini
tiative et au programme (au moins
dans ses grandes lignes) de M. le
comte de Mun; toutefois nous croyons
devoir f§iro une exception pour deux
journaux dont l'acïhésion est d'autant
plus significative qu'ils se publient à
Lyon et que, tout dévoués qu'ils soient
à la défense de l'Eglise, ils ont l'un et
l'autre une couleur politique con
nue î
Voici d'abord l'adhésion fortement
motivée du Nouvelliste de Lyon :
M. de Mun, partout, va au fond des
choses.
Son programme est le fruit de longues
observations. Quelques-unes des réformes
qu'il indique- soulèveront sans doute des
objections auxquelles la force de l'habi
tude et le respect de la routine ne seront
pas étrangers : mais il y a dans ce détail
des intérêts moraux et matériels des classes
ouvrières plus qu'il n'en faut pour fournir
HB vs-Ste programme d'études. Il y a là sur
tout le meilleur de tous les terrains pour
une campagne électorale.
Le programme de M. de Mun est surtout
libéral.
l|on seulement il combat l'o^nipotenpe
de l'Etat et sa déclare pour la decentralisa-
tian administrative, au profit des départe
ments et des communes, mais encore il ré
clame pour les particuliers et pour les asso
ciations des libertés qu'elles sont loin de
posséder aujourd'hui. ' " '
Il veut, entre autres réformes, que les as?
sociations puissent régulièrement fgp,d?? et
entretenir des institution;*' d'enseignement
et d'assistance. ,
C'est ainsi que le patrimoine des pauvres
s'était formé dans l'ancienne France avant
d'être détruit par la Révolution.
L'4 n gleterre et l'Amérique ont gardé ces
mêmes traditions, elles s'en applaudissent,
et leur exemple prouve combien ces libertés
sont eificaces pour utiliser toutes les bonnes
volontés, pour révéler et pour réaliser des
progrès incontestables, pour diminuer les
dépenses publiques, pour répandre partout
en un mot une vie que l'action exclusive de
l'Etat étouffe beaucoup trop chez nous.
Nous sommes convaincus à bon droit
que l'industrie et le commerce ne peuvent
prospérer que s'ils sont libres et que si
chacun y cherche son intérêt privé. Il n'en
doit pas être autrement pour les institu
tions d'assistance, où chacun, fût-ce même
en état d'association, doit être libre de
chercher l'emploi de son dévouement et de
sa charité.
Que l'Etat se consacre plutôt aux entre
prises que les forces individuelles ne peu
vent pas atteindre, mais qu'il n'exclue pas
le concours des initiatives privées partout
où celles-ci peuvent agir. Qu'il se contente
de les aider pour le bien, de les suppléer
si elles ne se déploient pas.
Ce sera peut-être le bouleversement de
notre système de centralisation qui date du
déclin de l'ancien régime et qui a été défi
nitivement implanté par la Révolution ;
mais ce sera certainement un grand pas
vers la liberté et un immense progrès dans
la véritable éducation morale et civique de
la France.
Tous les partis politiques vont peu à peu
se déclassant. Il y en a un que nous voyons
grandir et qui doit bientôt attirer tout à lui.
C'est celui qui est amené à se grouper au
tour du comte de Mun, devenu le défenseur
des ouvriers et des petits aussi bien qu'il
s'en était fait d'abord l'apôtre.
On sent partout une grande évolution
sociale qui se dessine lentement.
Eatre le peuple et l'Eglise une réconcilia
tion est nécessaire.
Elle se prépare, et elle marchera quelque
jour à grands pas, quand la foule inquiète
et malade aura vu dans quels rangs se
trouvent ceux qui l'aiment par le cœur et
qui la servent autrement que par ambition
et par flatterie.
C'est à ceux-là que M. de Mun montre
la route, avec la foi qui ne sait pas douter,
avec le dévouement qui se prodigue, avec
le désintéressement qui désarme à la lon ;
gue toutes les préventions.
Le Salut public , après avoir résumé
et commenté le programme de M. le
comte de Mun, conclut ainsi :
Nous ne voyons pas pourquoi ua pro •
gramme comme celui de M. de Mun, ré
duit à ses points principaux, ne- devien
drait pas la fiai-forma définitive des élec
teurs conservateurs. Quand un candidat se
présenterait, on n'aurait qu'à lui deman
der s'il est pour le programme ou contre.
Dans le premier cas, et en admettant natu
rellement que le candidat fût honnête, ce
qui est le point capital, on voterait pour
lui ; dans le second, on en chercherait un
autre.
II y a assez longtemps que les candidats
s'imposent aux électeurs, il serait peut-être
bon que les rôles fussent changés, la pyra
mide replacée sur sa base, et que ce fus
sent les électeurs qui choisissent leurs man
dataires.
C'est à ce titre que nous saluons le pro
gramme de M. de Mun. Il -y a peut-être
là le germe d'une vraie réforme. Dieu
veuille que ce germe puisse grandir et
finir par porter des fruits! Que ce serait
donc bon de sortir des papotages du
parlementarisme pour entrer dans la vie
pratique !
Il nous semble que, comme plate
forme électorale, le programme de M.
de Mun, dans ses parties essentielles,
yaudrait mieux que les banalités dans
lesquelles se sont cantonnés au$ élec
teurs du 23 septemhre trop de candi
dats conservateurs. Qui osera affirmer
que la banalité de leur programme
n'a pas nui à certains et causé leur
défaite en laissant froids les élec
teurs ?
On sait le bruit causé par '.l'article
d 'Outidanos dans le Contemporary Re-
view. L'article attribué à M. Gladstone
n'a pas été désavoué par le chef du
parti libéral
Voici aujourd'hui un autre article
d'un journal de Londres qui fait quel
que bruit en Europe.
Il a été publié lundi soir par la Pall
Mail Gazette sous le titpe. « Le danger
de*la paix de l'Europe ». L'article n'est
pas signé. Mais d'après le sous titre il
aurait été écrit « par un vieux diplo
mate ». Kfous savons que la Pall Mail
Gazette ne déteste point les articles à
sensation ? mais à moins de supposer
chez son rédacteur un aplomb rare, il est
difficile de ne pas être frappé de la
concordance et 4e ^"paisemhl&nce dè
ses renseignements,
L'article commence par établi» q Ue
nous avons été très près de la guer
re. Le danger verdit de l'entou
re ïïtiiitatrê ^e l'empereur Guillau
me, qui jugeait qu'à attendre encore
l'Allemagne avait tout à perdre en
facç 4'e n ^eiïiis aujourd'hui encore
moins bien armés, moins bien or
ganisés qu'elle.
M- de Bismarck, lui, serait assez
hostile à la guerre ; il y est surtout
résolurent opposé tant qu'on ne sera
pas assuré de la neutralité bienveil
lante de la Russie. Tous ses efforts ont
donc tendu en ces derniers temps à
regagner }§s sympathies russes, ici
nous citons s
Le grand-chancelier aurait employé
toute son éloquence auprès du czar pour
obtenir sa neutralité, mais il aurait com
plètement échoué. C'est en vain qu'il a
tenté d'amener le monarque russe à entrer
en arrangement avec la triple alliance. Le
prince qui, pendant plusieurs mois, avait,
en termes pressants, engagé l'Autriche à
s'annexer définitivement la Bosnie et l'Her
zégovine, lut à Alexandre III un mémoire
dans lequel il cherchait à prouver que ja
mais sa politique n'avait été contraire à la
Russie, et <|ue le véritable intérêt de cette
puissance était de se joindre à la triple al
liance, de consentir à ce que l'Autriche
s'étendit jusqu'à Salonique, et de prendre
elle même, comme compensation, Constan-
tinople avec tout ce qui lui plairait de l'em
pire ottoman.
Le czar avait écouté en silence ; quand
Bismarck eut fini, il répondit : « Je persé
vérerai dans ma réserve ; je ne puis entrer
dans cette combinaison. »
— Le czar, aurait dit ensuite le prince
de Bismarck, est insondable, immuable
comme un roc.
L'information est d'une importance
et d'une précision auxquelles un jour
naliste ordinaire ne saurait prétendre.
Aussi le « vieux diplomate « affirme-t-il
qu'il a reçu ce récit de l'entrevue du
Czar et du prince de Bismarck d'une
source dont il garantit l'authenticité.
Cela dit reprenons notre analyse. On
a donc échoué auprès du czar. Alors le
parti de la guerre en Allemagne a
cherché à lancer la Russie dans une
grosse aventure orientale. Ils verraient
même avec plaisir une guerre austro-
russe si une pareille guerre pouvait
absorber les forces de la Russie. Mais ils
savent,d'après le « vieux diplomate»,
que tel n'est point le cas et que, même
occupée avec l'Autriche, la Russie res
terait formidable. C'est donc la ré
serve du czar, c'est donc l'attitude de
la Russie qui seule aujourd'hui garde
la paix de l'Europe.
Car les plans de l'Allemagne et de
l'Italie sont faits. L'Italie sera l'agent
provocateur et l'Allemagne suivra.
Citons encore :
Suivant le plan du parti de la guerre à
Berlin, l'Italie devait être poussée à atta
quer la France. Cela n'aurait pas été diffi
cile : M. Crispi est un parvenu dont la tête
a été complètement tournée par son al
liance avec le prince de Bismarck. C'est un
vulgaire prétentieux, une sorte de Joé
Chamberlain enragé (le député anglais) qui,
comme homme d'Etat, est à peu près into
lérable. Le comte Gorti a été tué par
Crispi, et il n'est pas la seule victime du
morbus Crispi, qui fait des ravages au Qui-
rinal.
Ce portrait en quatre lignes de
M. Crispi est-il assez joli et assez vrai?
Et le « vieux diplomate » prétend que
M. Crispi est furieux et inquiet. Il ne
serait pas entré dans les projets de
Bismarck si on ne lui avait pas promis
la guerre pour cette année. En effet
l'Italie est écrasée sous le poids de ses
armements. Et l'on ne tient pas l'An
gleterre pour longtemps, car tout an
nonce qu'aux prochaines élections
lord Salisbury sera renversé. V Ou
tidanos reprendra le Fareign office.
La conclusion du «vieuxdiplomate»
c'est que l'attitude de la Russie empê
chera la triple alliance d'attaquer la
France, et que l'attitude de la France
empêchera l'Allemagne d'attaquer la
Russie. Il n'y avait peut-être pas be
soin de renseignements spéciaux pour
trouver cette conclusion,
L. N emours G odré.
Voici le texte de l'adresse au Saint-
Père lue par S. Em. le cardinal Lan-
génieux, archevêque de Reims, au nom
du pèlerinage ouvrier :
Très Saint Père,
J'ai l'insigne honneur de présenter à
Votre Sainteté le premier groupe du pèle
rinage des onvriers français, ' qui viennent
apporter à vos pieds, avec le témoignage
de leur foi et de leur amour, la respec
tueuse expression de leur réconnaissance
et de leur filiale confiance en votre pater
nelle et toute-puissante protection.
Sachant, parce qu'ils sont chrétiens et
avec un soin jaloux, des classes ouvrières,
qu'elle a ennobli le travail et l'a rendu
méritoire devant Dieu (i), ils ont entendu,
aveo une grande joie, Votre Béatitude leur
dire, il y a deux ans, que cette même Egli
se, dans le passé, alors que sa voix était
mieux écoutée et plus obéie, venait en aide
aux travailleurs autrement que par les lar
gesses de sa charité, qu'elle avait créé et
encouragé ces grandes institutions corpo
ratives qui ont si puissamment aidé au
progrès des arts et des métiers, et procuré
au^ ouvriers eux-mêmes une plus grande
somme d'aisanoe et de bien-être; que estte
sollicitude, elle l'avait inspirée autour d'elle
à tous ceux qui jouissaient d'une influence
sociale, en sorte qu'elle se manifestait dans
les statuts et règlements des cités, dans le»
orgmauces et les lois des pn .
- "ué l'Eglise a fait autrefois, Votre
Sainteté l'a affirmé, elle veut le faire en
core aujourd'hui. Avec quel élan de recon
naissance nos chers ouvriers n'ont-ils pas
accueilli votre parole, Très Saint Père,
lorsque vous ajoutiez : « Nous ne cesserons
de faire pour l'amélioration de votre sort
tout ce qae Notre charge et Notre cœur de
Père pourraient nous suggérer » (2).
Et, en effet, il y a quelques mois à peine,
Votre Béatitude daignait louer le projet de
pourvoir, par une législation commune aux
nations industrielles de l'Europe, à la pro
tection de la classe ouvrière contre les
maux dont elle souffre en ce qui tient le
plus au cœur de l'homme chrétien : son
foyer.
Merci, Très-Saint-Père, au nom de la
graude famille ouvrière ! Ceux qui ont
souci dn sort des travailleurs vont donc
unir leurs efforts, dans le but de mettre
l'enfance à l'abri des fatigues prématurées
et des périls de l'atelier, de rendre les mè
res de famille à leur ménage et à leur fonc
tion, de protéger les ouvriers contre un
labeur excessif, en empêchant la prolon
gation du travail journalier au delà des
heures équitables, de garantir le repos dn
dimanche, espér-ant combattre ainsi, d'une
manière efficace, la peste morale qui se
(1) Allocution de Sa Sainteté aux ouvriers
ijançais, 1887.
(2) Loc. oit, r
glissa dans les veines de la société hu
maine (3).
Oui, Très Saint-Père, nous osons le ré
péter, une peste morale envahit le monde
du travail ; elle attaque, à la fois, » la mo
ralité, la justice, la dignité humaine, la vie
domestique de l'ouvrier », ces quatre biens
que Votre Sainteté a déclaré ne pouvoir
jamais être ni menacés ni compromis (4) ;
— et chaque jour nous apporte une dé
monstration plus évidente da jugement
porté autrefois par Votre Béatitude sur les
écoles modernes de l'économie sociale, les
quelles, « infectées d'incrédulité, considè
rent le travail comme le but suprême da
l'homme à l'état de machine plus ou moins
précieuse, selon qu'il est apte à plus ou
moins de. production » (5).
C'est le résultat logique de l'organisation
actuelle da notre société, qui ne repose
plus sur les assises de la foi. Ët le mal aug
mente encore par les charges que font pe
ser sur l'industrie les agissements progres
sifs de la spéculation usuraire, non moins
que l'accroissement constant des impôts,
portés forcément à l'excès chez les nations
toujours armées les unes contre les au
tres.
En face de celte situation qu'elles n'ont
pas faite, qu'elles sont obligées de subir,
que les violences ne feraient qu'aggraver,
les classes ouvrières, ne pouvant ni porter
efficacement secours à leurs membres, ni
être effectivement représentées dans les con
seils de la nation, faute d'associations sem
blables à celles que Votre* Sainteté a si ma
gnifiquement louées, resteraient seules»
abandonnées à elles-mêmes, à la fois im
puissantes et révoltées, si elles n 'avaient
recours à l'Eglise, dont le pouvoir sacré a
toujours pesé d'un poids suprême dans la
république chrétienne, même de notre
temps, puisque, sous le Pontificat de Votre
Sainteté, nous en avons eu de si mémora
bles et si consolants exemples.
Aussi, Très Saint-Père, tandis que les
uns, sous l'influence des idées égoïstes qui
régissent aujourd'hui le monde, cherchent
dans l'antagonisme entre patrons et ouvriers
le remède aux maux dont ils souffrent et
ne croient pouvoir conquérir une part de
leurs droits que par un bouleversement de
la société, — tandis que d'autres espèrent
encore par des efforts individuels, généreux
et persévérants, mettre fin au malaise ac
tuel, — les ouvriers qui sont aux pieds de
Votre Sainteté,et tous ceux qu'ils représen
tent, se soumettent, en tant que chrétiens,
pour obéir à Dieu, aux pénibles conséquen
ces de leur humble situation.
Comprenant que leurs souffrances ne
tiennent pas principalement au mauvais
vouloir des individus, mais aux causes pro
fondes qui ont désorganisé la société, ils
repoussent toute suggestion de haine con
tre les personnes et d'atteinte à la propriété,
toute insinuation de révolte contre l'auto
rité, tout recours au* moyens violents pour
améliore? lsnr sort; mais ils en apnolient à
la justice des pouvoirs publics, auxquels il
appartient de sauvegarder les intérêts des
citoyens et particulièrement des [petits et
des faibles,qui ont le plus besoin de protec
tion ; — et, regardant encore plus loin et
plus haut, vers ce sommet lumineux d'où
découle toute vérité, d'où est descendu®
toute civilisation, ils élèvent respectueuse
ment la voix et les- mains vers vous, Très
Saint-Père, en qui ils vénèrent l'autorité
et la paternité de Dieu, répétant le cri sup
pliant des apôtres au divin Maître : Domina
salm nos, f erimvi.
Leur ooûli^ce ne sera point trompée. Ils
sav 1Ia en qui ils ont cru. C'est en celui
qui a daigné prendre en main les intérêts,
non seulement des nations, mais des clas
ses ouvrières, les plus nombreuses victimes
de la violation du droit des gens et "Su
militarisme contemporain, lorsqu'il a rap
pelé aux puissances et aux peuples, dans
l'allocution consistoriale du 11 février der
nier, que « l'Eglise a adouci et humanisé
les barbares, ea leur communiquant les
lois de justice comme règle des relations
mutuelles entre nations, et en faisant une
obligation aux petits et aux grands, à ceux
qui obéissent comme à ceux qui comman
dent, de ne jamais entrer en lutte pour una
cause injuste ».
Vos enfants, Très Saint-Père, ont à uceur
de vous rendre grâces de ce que vaes avez
bien voulu proclamer ces principes tnté-
laires ; et, remplis d'une filiale confl^ice
ils osent supplier Votre Sainteté de ne point
se laisser, malgré les difficultés spéciales à.
notre temps, de rappeler au monde le res
pect des lois de la justice et du droit dans
les rapports nécessaires des hommes entre
eux, .afin de garantir à l'ouvrier, dont la
travail est la seule ressource, la stabilité
de son foyer, la facilité de nourrir sa fa
mille, de l'élever chrétiennement et de faira
quelque épargne pour les mauvais jours,.
_ Daigne donc Votre Sainteté, elle-tï&me
si éprouvée par l'injustice des hommes,
associer 1 humble cause 'le ses enfants à la
si august> ( si chère à nos cœurs, et
répand^ ia o 0 ndance des bénédictions cô
toies sur les ouvriers français, leurs famil
les, leur travail et leurs œuvres.
La France du travail à Rome
On nous écrit de Rome :
Je vous ai dit hier l'émerveillement et
l'enthousiasme de nos pèlerins pendant
l'audience de Sa Sainteté. Les voûtes da
la salle des Béatifications frémissent encore
des acclamations qui ont salué le Pape et
qui ont apporté à son cœur des consola
tions pleines d'espérance. Comme je vous
l'ai d- 5 jè. dit, le Pape n'a, dirait on, qu'une
préoccupation : c'est de satisfaire les pèle
rins français. Hier il a fait annoncer qu'il
dirait la messe expressément pour eux, et,
à chaque instant, il s'inquiète des détails
qui touchent aux cérémonies. Ce matin à 7
heures les pèlerins arrivaient de toutes parts.
Ils se groupent ainsi sur la place Sainte-
Marthe près de la sacristie: premier groupe,
le vaillant bataillon des sept cents hommes
du diocèse de Cambrai, puis les diocèse s
(3) Conf. Lettre de S. Exe. Mgr Jacobini à M.
Decnrtins. — 1" mai 1889.
(4) Allocution da Sa Sainteté aux ouvriers
français. —• 1887.,
(Si) Lettre pastorale de S. Em. le cardinal
Pecei, archevôquQ de Pérouse, sur la Civilisation
f '
fi* 7966 — ffflUon qulMteamt
Jeudi 24 Octobre
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS
IX DÉPARTEMENTS
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Sixmo». . . • 28 50
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C l0 , 6, place de la Bourse
FRAAC!
PARIS, 23 OCTOBRE 1819
C'est demain seulement que le con
seil des ministres fixera d'une ma
nière définitive le jour de la réunion
des Chambres; M. le président Carnot
signerait immédiatement le décret de
convocation. On annonce toujours que
la date choisie est le 12 novembre.
En attendant cette réunion, les com
pétitions se produisent pour la prési
dence de la Chambre ; c'est un poste
important par l'action qu'il donne sur
les débats à un homme adroit, et fort
envié à cause des avantages qui y
sont attachés. M. Floquet, dont le pas
sage à la présidence a laissé de bons
souvenirs, surtout lorsqu'on le com
pare à l'incapable Méline, semblait
d'abord tout indiqué; mais les radi
caux ont perdu bien des sièges, et les
opportunistes voudraient un prési
dent à eux ; il ne leur sera peut-être
Eas facile de le trouver; aucun de leurs
ommes ne s'impose, et M. Méline a
trop prouvé son impuissance. M. Léon
Sây, dont il avait été un moment
question, semble pour l'instant n'avoir
aucune chance ; est-il même candi
dat?
Comme nous le prévoyions, l'affaire
du colonel Vincent fait du bruit. Si
les journaux oportunistes et radicaux,
fort embarrassés pour justifier la ven
geance tardive de M. de Preycinet,
annoncent à peine le fait, tous les
journaux indépendants protestent. Ils
font observer que, si le colonel Vin
cent était coupable, on devait le frap
per immédiatement et ne pas attendre
le résultat des élections. Dans des
actes semblables, M. de Freycinet, ce
néfaste collaborateur de M. Gambetta
en 1870, donne sa mesure.
Nous publions plus loin deux docu
ments relatifs au boulangisme: le pre
mier, le moinsimportant, est une con
versation du général Boulanger avec
un reporter du Matin ; M. Arthur Meyer
y est fort maltraité, etles conservateurs
ne sont pas ménagés ; le général sem
ble vouloir rejeter sur eux les fautes
commises, et qui ne sont pas toutes de
leur fait ; ea ne sont pas les monar
chistes, par exemple, qui ont empê
ché le général,soit d'affronter la Haute-
Cour dès le début des poursuites, soit
de revenir hardiment purger sa con
tumace avant ou après le premier
scrutin.
Le deuxième document est plus
grave : il nous donne sur les journées
des 27et 28janvier des renseignements
curieux et au moins très vraisembla
bles ; il semble bien que ce soit un té
moin oculaire,voire un des acteurs,qui
parle. Un fait singulier se dégage:
c'est que le général, poursuivi et con
damné pour attentat, s'est toujours
montré, soit faute de décision, soit par
scrupule,opposé à tout coup d'Etat. MM.
Déroulède et Thiébaud, pour ne nom
mer que ceux-là, poussaient à l'action,
et ce sont justement ceux que la jus
tice républicaine n'a pas poursuivis.
Pendant que l'empereur Guillaume
voyage, la dernière session du Reichs-
iag s ouvre ; nous avons le discours
impérial; il n'est pas d'un bien vif
intérêt ; le seul point à signaler, c'est
"* 1 — J -■— ««i no/»îfî_
w „
européenne est à peu près assurée.
Mais pour combien de temps ?
Un nouvel article â sensation a parti
à Londres ; cette fois, c'est la PallMail
Gazette qui l'a publié. L'auteur, un
vieux diplomate très mêlé aux affaires,
dit-on, et très versé dans les secrets
des chancelleries, s'occupe des dan
gers que court la paix européenne, et
ses réflexions sont médiocrement
rassurantes. Toutefois, il conclut au
maintien de la paix... pour le moment.
La saison étant fort avancée, une
guerre est en effet fort improbable
pour cette année.
Si la grève cesse dans le Pas-de-
Calais, elle gagne le département] du
Nord et s'aggrave en Belgique. Il y a
là un signe des temps qui s'impose à
l'attention même des plus optimistes.
■ 9 VAU * v»*» wq •— —
capital sont l'indice d'une situation
assez troublée pour constituer un dan
ger social permanent. Les journaux
qui, feignant de ne pas comprendre
les hauts enseignements du Souve
rain Pontife aux membres du pèleri
nage ouvrier, ont attaqué le « Pape
socialiste », ne peuvent pas, quoi
qu'ils en aient, fermer suffisamment
les yeux pour ne pas apercevoir le
danger. Que les conseils tombés du
haut de la chairede Pierre soient com
pris et suivis, aussi bien paF les capi
talistes que par Iss ouvriers, et ees
dangers, immédiatement atténués, ne
tarderont pas à disparaître. Une fois
de plus, l'Eglise aura sauvé la société
en la christianisant.
Les adversaires du ministre Tisza ne
considèrent pas comme battus; voici
que les radicaux lancent contre le
baron de Feiervary, ministre de la dé
fense, une demande de mise en accu
sation, sous le prétexte, quelque peu
ridicule, qu'il aurait trahi la Hongrie.
Cette demande sera certainement re
poussée, d'autant que l'opposition con
servatrice ne pourra pas l'appuyer;
mais elle témoigne du diapason des
esprits et elle entretient l'agitation.
Le discours du Saint-Père aux ou
vriers français sera certainement l'un
des actes les plus considérables d'un
pontificat déjà si fécond en grands
enseignements. Ce discours, qui dès
le premier jour, et sur une simple
analyse télégraphique, a si vivement
attiré l'attention, va faire son chemin
dans les esprits et donner une impul
sion vigoureuse et féconde aux études
sociales. Les catholiques français pro
fiteront particulièrement de ces ins
tructions auxquelles l'Œuvre des Cer
cles catholiques d'ouvriers et les
travaux de quelques économistes chré
tiens les ont heureusement préparés.
Quelques journaux affectent de ne
voir, dans le magnifique et vigoureux
discours de Léon XIII, qu'une pieuse
sement des devoirs religieux la digni
té et la sécurité de leur vie. Assuré
ment cet enseignement s'y trouve, et
jamais il n'a été mieux donné. Mais le
Pape ne s'en tient pas à rappeler cette
vérité, à répéter ces conseils ; il in
dique, en outre, d'une façon à la fois
générale et suffisamment précise,
quelle voie il faut suivre pour attein
dre le but.
Nous demandons, dit-il, qu'on fasse
« revivre, au moins quant à la subs-
« tance, dans leur vertu bienfaisante
« et multiple, et sous telle forme que
« peuvent le permettre les nouvelles
« conditions des temps, ces corpora-
« tions d'arts et métiers qui jadis,
« informées de la pensée chrétienne,
« et s'inspirant de la maternelle solli-
« citude de l'Eglise, pourvoyaient aux
« besoins matériels et religieux des ou-
« vriers, leur facilitaient le travail,
« prenaient soin de leurs épargnes et
« de leurs économies, défendaient
« leurs droits et appuyaient dans la
« mesure voulue leurs légitimes re-
« vendications. »
Ces lignes, pour n'avoir pa3 la pré
cision d'un texte du code, pour n'être
pas un ordre dans lequel il faut stric
tement se renfermer, n'en contien
nent pas moins des instructions prati
ques. Elles nous marquent le terrain
où il convient de s'établir si l'on veut
travailler fructueusement. Sur ce ter
rain,le monde verra renaître et se con
solider l'harmonie et l'union entre le
capital et le travail, entre patrons et
ouvriers. Et n'est-ce pas de cette har
monie, de cette union que dépendent
« à la fois le bien-être privé, la paix
|' « et la tranquillité publique ? »
Ni les classes dites dirigeantes, sou
vent oublieuses de leur mandat so*
cial, ni les détenteurs du pouvoir ne
doivent négliger de concourir à ce
grand travail. Il appartient aux pre
mières de donner l'exemple, en met
tant un frein au désir insatiable « des
« richesses, du luxe et des plaisirs
« qui, en bas comme en haut, ne cesse
« de se propager de plus en plus ». Le
riche ne doit pas oublier « qu'il a été
« créé pour être le trésorier de Dieu
u sur la terre », office qui ne consiste
pas précisément à danser dans des
lieux publics, ou même dans de bril
lants salons, au profit des « sinistrés ».
Èt de même que les riches, qui vivent
d© leurs revenus, sont tenus de secou
rir largement les pauvres, les indus
triels se départiraient « des règles de
« l'équité et de la justice en visant à
« des profits et à des gains rapides et
« disproportionnés ».
Quant aux détenteurs ^u pouvoir,
ils ne doivent- ni prétendre a tout ré
gler, ni croire qu'on pUl5S0 conjurer
les périls de la société par la seule
force des juges et des soldats; mais
il leur appartient d'user de l'autorité
dont ils disposent pour seconder la
libre action de l'Eglise, « moyennant
« des règlements et des mesures sages
« et équitables, qui garantiss'ent les
« intérêts des classes laborieuses, pro-
« tègent le jeune âge, la faiblesse et
(f la mission toute domestique de la
« femme., le droit et le devoir du repos
« du dimanche #.
Voilà, certes, des enseignements
pratiques et entrant dans le vif des
questions agitées aujourd'hui. Aussi,
tandis que ïes uns veulent voir
dans le discours du Pape que de bons
conseils d'un caractère général, d'au
tres y 4énoncent du « socialisme
chrétien ».
Parce que le mot socialisme est 4 e '
venu l'expression d'idées subversives,
il ne faut pas croire qu'on fera reculer
la vérité en le lui appliquant. Non, le
Pape ne fait pas 4? socialisme; il rap
pelle à tous, en nobles termes et avep
sa suprême autorité, le devoir social,
qui est le devoir chrétien.
EuaèNB V euillot.
Si l'historique que publie Figaro
est exact (nous en -donnons plus loin
des extraits), on doit admettre que le
général Boulanger a toujours été ré
solu à ne pas essayer unc&up de force.
Pour quelle raison? Les narrateurs
sernblefit l'i^norer ? et l'on peut se de
mander si le général lui-même la con
naît. Ce n'est point la timidité, ce
n'est pas la crainte du bruit : de l'aveu
de ses adversaires comme de ses amis,
le général est brave, et les années
qu'il a passées au milieu d'un vacar
me formidable ont dû rendre ses
nerfs insensibles. Ce n'est pas le pres
tige de la représentation nationale qui
aurait pu retenir longtemps ses ar
deurs conquérantes ; on sait comment
il parlait du régime parlementaire et
des députés en exercice. Il aurait
donc toujours été dominé par un de
ees scrupules d'autant plus forts
qu'ils sont moins raisonnés, qui
s'implantent dans les natures les plus
hardies et les paralysent au mo
ment décisif. C'est possible; ce n'est
pas très rare. Le tempérament du gé
néral paraît tout à fait accessible à
Cette influence singulière. Le général
a poursuivi obstinément un but indé
fini en cédant àdes impulsions vagues.
Il peut s'être mis en tête de ne jamais
faire de coup d'Etat et avoir tenu
mordicus à cette résolution, sans par
venir à l'expliquer. On voit cette con
tradiction chez les hommes qui ont
les aptitudes nécessaires pour entrer
en communication avec la foule ;
comme la foule, ils s'agitent puissam
ment, avec beaucoup de hasard, et su
bordonnant tout à un détail auquel ils
refusent de réfléchir.
Donc, le général Boulanger a tou
jours repoussé l'idée de bousculer la
loi.
• Cette constatation nouvelle achève
de ridiculiser la Haute-Cour, qui a pré
cisément voulu punir l'attentat et lei
complot qui n'ont pas existé.
Une autre conclusion s'impose en
core. Le récit que nous signalons et
qui doit avoir une suite, met en évi
dence le rôle agressif joué par MM. Dé
roulède et Thiébaud. Ce sont eux qui
voulaient envahir la Chambre et, com
me disait M. Thiébaud,donner le «coup
de pouce ». Il est très probable, au
point de vue du succès, qu'ils avaient
raison ; car le 27 janvier au soir, le
ministère et le parti gouvernemental
s'abandonnaient, regardant inactifs
l'armée boulangiste grandir immensé
ment. Une vigoureuse poussée de la
, foule aurait sans doute été suffisante
pour mettre en fuite les oppor
tunistes et les radicaux ; ou du
moins la résistance eût été faible.C'est
ce jour-là que la république ferryste a
été menacée; et les hommes qui ont
tout fait pour la perdre, ce sont sur
tout MM. Déroulède et Thiébaud. Ils
ont, d'ailleurs, revendiqué carrément
leurresponsabilité.Etpourtant ils n'ont
pas été poursuivis. Le gouvernement,
qui connaissait le rôle des principaux
acteurs, s'est acharné contre ceux qui
ont refusé de le jeter parterre, et il, a
laissé en paix ses ennemis les plus
dangereux. Pourquoi ? Une seule ex
plication est admissible ; c'est que le
ministère et ses conseillers ne vou
laient à aucun prix d'un débat contra
dictoire devant la Haute-Cour; il
prévoyait que le général Boulanger,
menacé d'arrestation , prendrait la
fuite et que la cour jugerait sans
débats. Si MM. Déroulède et Thiébaud,
les vrais coupables au sens du gou
vernement, n'ont pas été impliqués
dans les poursuites, c'est qu'on les sa
vait disposés à résister par tous les
moyens, à se défendra publiquement,
à montrer ce régime politique épuisé,
désespéré, déshonoré, abandonné. Si
le général Boulanger n'était pas tombé
dans le piège, s'il n'avait pas quitté
Paris, le procès n'irait pas eu lieu
sans doute, et l'armée boulangiste se
rait allée à la bataille électorale avec
des forces irrésistibles.
EuQtîŒ T averniee.
Nous n'avons pas voulu enregistrer
les adhésions données par les jour
naux catholiques de province à l'ini
tiative et au programme (au moins
dans ses grandes lignes) de M. le
comte de Mun; toutefois nous croyons
devoir f§iro une exception pour deux
journaux dont l'acïhésion est d'autant
plus significative qu'ils se publient à
Lyon et que, tout dévoués qu'ils soient
à la défense de l'Eglise, ils ont l'un et
l'autre une couleur politique con
nue î
Voici d'abord l'adhésion fortement
motivée du Nouvelliste de Lyon :
M. de Mun, partout, va au fond des
choses.
Son programme est le fruit de longues
observations. Quelques-unes des réformes
qu'il indique- soulèveront sans doute des
objections auxquelles la force de l'habi
tude et le respect de la routine ne seront
pas étrangers : mais il y a dans ce détail
des intérêts moraux et matériels des classes
ouvrières plus qu'il n'en faut pour fournir
HB vs-Ste programme d'études. Il y a là sur
tout le meilleur de tous les terrains pour
une campagne électorale.
Le programme de M. de Mun est surtout
libéral.
l|on seulement il combat l'o^nipotenpe
de l'Etat et sa déclare pour la decentralisa-
tian administrative, au profit des départe
ments et des communes, mais encore il ré
clame pour les particuliers et pour les asso
ciations des libertés qu'elles sont loin de
posséder aujourd'hui. ' " '
Il veut, entre autres réformes, que les as?
sociations puissent régulièrement fgp,d?? et
entretenir des institution;*' d'enseignement
et d'assistance. ,
C'est ainsi que le patrimoine des pauvres
s'était formé dans l'ancienne France avant
d'être détruit par la Révolution.
L'4 n gleterre et l'Amérique ont gardé ces
mêmes traditions, elles s'en applaudissent,
et leur exemple prouve combien ces libertés
sont eificaces pour utiliser toutes les bonnes
volontés, pour révéler et pour réaliser des
progrès incontestables, pour diminuer les
dépenses publiques, pour répandre partout
en un mot une vie que l'action exclusive de
l'Etat étouffe beaucoup trop chez nous.
Nous sommes convaincus à bon droit
que l'industrie et le commerce ne peuvent
prospérer que s'ils sont libres et que si
chacun y cherche son intérêt privé. Il n'en
doit pas être autrement pour les institu
tions d'assistance, où chacun, fût-ce même
en état d'association, doit être libre de
chercher l'emploi de son dévouement et de
sa charité.
Que l'Etat se consacre plutôt aux entre
prises que les forces individuelles ne peu
vent pas atteindre, mais qu'il n'exclue pas
le concours des initiatives privées partout
où celles-ci peuvent agir. Qu'il se contente
de les aider pour le bien, de les suppléer
si elles ne se déploient pas.
Ce sera peut-être le bouleversement de
notre système de centralisation qui date du
déclin de l'ancien régime et qui a été défi
nitivement implanté par la Révolution ;
mais ce sera certainement un grand pas
vers la liberté et un immense progrès dans
la véritable éducation morale et civique de
la France.
Tous les partis politiques vont peu à peu
se déclassant. Il y en a un que nous voyons
grandir et qui doit bientôt attirer tout à lui.
C'est celui qui est amené à se grouper au
tour du comte de Mun, devenu le défenseur
des ouvriers et des petits aussi bien qu'il
s'en était fait d'abord l'apôtre.
On sent partout une grande évolution
sociale qui se dessine lentement.
Eatre le peuple et l'Eglise une réconcilia
tion est nécessaire.
Elle se prépare, et elle marchera quelque
jour à grands pas, quand la foule inquiète
et malade aura vu dans quels rangs se
trouvent ceux qui l'aiment par le cœur et
qui la servent autrement que par ambition
et par flatterie.
C'est à ceux-là que M. de Mun montre
la route, avec la foi qui ne sait pas douter,
avec le dévouement qui se prodigue, avec
le désintéressement qui désarme à la lon ;
gue toutes les préventions.
Le Salut public , après avoir résumé
et commenté le programme de M. le
comte de Mun, conclut ainsi :
Nous ne voyons pas pourquoi ua pro •
gramme comme celui de M. de Mun, ré
duit à ses points principaux, ne- devien
drait pas la fiai-forma définitive des élec
teurs conservateurs. Quand un candidat se
présenterait, on n'aurait qu'à lui deman
der s'il est pour le programme ou contre.
Dans le premier cas, et en admettant natu
rellement que le candidat fût honnête, ce
qui est le point capital, on voterait pour
lui ; dans le second, on en chercherait un
autre.
II y a assez longtemps que les candidats
s'imposent aux électeurs, il serait peut-être
bon que les rôles fussent changés, la pyra
mide replacée sur sa base, et que ce fus
sent les électeurs qui choisissent leurs man
dataires.
C'est à ce titre que nous saluons le pro
gramme de M. de Mun. Il -y a peut-être
là le germe d'une vraie réforme. Dieu
veuille que ce germe puisse grandir et
finir par porter des fruits! Que ce serait
donc bon de sortir des papotages du
parlementarisme pour entrer dans la vie
pratique !
Il nous semble que, comme plate
forme électorale, le programme de M.
de Mun, dans ses parties essentielles,
yaudrait mieux que les banalités dans
lesquelles se sont cantonnés au$ élec
teurs du 23 septemhre trop de candi
dats conservateurs. Qui osera affirmer
que la banalité de leur programme
n'a pas nui à certains et causé leur
défaite en laissant froids les élec
teurs ?
On sait le bruit causé par '.l'article
d 'Outidanos dans le Contemporary Re-
view. L'article attribué à M. Gladstone
n'a pas été désavoué par le chef du
parti libéral
Voici aujourd'hui un autre article
d'un journal de Londres qui fait quel
que bruit en Europe.
Il a été publié lundi soir par la Pall
Mail Gazette sous le titpe. « Le danger
de*la paix de l'Europe ». L'article n'est
pas signé. Mais d'après le sous titre il
aurait été écrit « par un vieux diplo
mate ». Kfous savons que la Pall Mail
Gazette ne déteste point les articles à
sensation ? mais à moins de supposer
chez son rédacteur un aplomb rare, il est
difficile de ne pas être frappé de la
concordance et 4e ^"paisemhl&nce dè
ses renseignements,
L'article commence par établi» q Ue
nous avons été très près de la guer
re. Le danger verdit de l'entou
re ïïtiiitatrê ^e l'empereur Guillau
me, qui jugeait qu'à attendre encore
l'Allemagne avait tout à perdre en
facç 4'e n ^eiïiis aujourd'hui encore
moins bien armés, moins bien or
ganisés qu'elle.
M- de Bismarck, lui, serait assez
hostile à la guerre ; il y est surtout
résolurent opposé tant qu'on ne sera
pas assuré de la neutralité bienveil
lante de la Russie. Tous ses efforts ont
donc tendu en ces derniers temps à
regagner }§s sympathies russes, ici
nous citons s
Le grand-chancelier aurait employé
toute son éloquence auprès du czar pour
obtenir sa neutralité, mais il aurait com
plètement échoué. C'est en vain qu'il a
tenté d'amener le monarque russe à entrer
en arrangement avec la triple alliance. Le
prince qui, pendant plusieurs mois, avait,
en termes pressants, engagé l'Autriche à
s'annexer définitivement la Bosnie et l'Her
zégovine, lut à Alexandre III un mémoire
dans lequel il cherchait à prouver que ja
mais sa politique n'avait été contraire à la
Russie, et <|ue le véritable intérêt de cette
puissance était de se joindre à la triple al
liance, de consentir à ce que l'Autriche
s'étendit jusqu'à Salonique, et de prendre
elle même, comme compensation, Constan-
tinople avec tout ce qui lui plairait de l'em
pire ottoman.
Le czar avait écouté en silence ; quand
Bismarck eut fini, il répondit : « Je persé
vérerai dans ma réserve ; je ne puis entrer
dans cette combinaison. »
— Le czar, aurait dit ensuite le prince
de Bismarck, est insondable, immuable
comme un roc.
L'information est d'une importance
et d'une précision auxquelles un jour
naliste ordinaire ne saurait prétendre.
Aussi le « vieux diplomate « affirme-t-il
qu'il a reçu ce récit de l'entrevue du
Czar et du prince de Bismarck d'une
source dont il garantit l'authenticité.
Cela dit reprenons notre analyse. On
a donc échoué auprès du czar. Alors le
parti de la guerre en Allemagne a
cherché à lancer la Russie dans une
grosse aventure orientale. Ils verraient
même avec plaisir une guerre austro-
russe si une pareille guerre pouvait
absorber les forces de la Russie. Mais ils
savent,d'après le « vieux diplomate»,
que tel n'est point le cas et que, même
occupée avec l'Autriche, la Russie res
terait formidable. C'est donc la ré
serve du czar, c'est donc l'attitude de
la Russie qui seule aujourd'hui garde
la paix de l'Europe.
Car les plans de l'Allemagne et de
l'Italie sont faits. L'Italie sera l'agent
provocateur et l'Allemagne suivra.
Citons encore :
Suivant le plan du parti de la guerre à
Berlin, l'Italie devait être poussée à atta
quer la France. Cela n'aurait pas été diffi
cile : M. Crispi est un parvenu dont la tête
a été complètement tournée par son al
liance avec le prince de Bismarck. C'est un
vulgaire prétentieux, une sorte de Joé
Chamberlain enragé (le député anglais) qui,
comme homme d'Etat, est à peu près into
lérable. Le comte Gorti a été tué par
Crispi, et il n'est pas la seule victime du
morbus Crispi, qui fait des ravages au Qui-
rinal.
Ce portrait en quatre lignes de
M. Crispi est-il assez joli et assez vrai?
Et le « vieux diplomate » prétend que
M. Crispi est furieux et inquiet. Il ne
serait pas entré dans les projets de
Bismarck si on ne lui avait pas promis
la guerre pour cette année. En effet
l'Italie est écrasée sous le poids de ses
armements. Et l'on ne tient pas l'An
gleterre pour longtemps, car tout an
nonce qu'aux prochaines élections
lord Salisbury sera renversé. V Ou
tidanos reprendra le Fareign office.
La conclusion du «vieuxdiplomate»
c'est que l'attitude de la Russie empê
chera la triple alliance d'attaquer la
France, et que l'attitude de la France
empêchera l'Allemagne d'attaquer la
Russie. Il n'y avait peut-être pas be
soin de renseignements spéciaux pour
trouver cette conclusion,
L. N emours G odré.
Voici le texte de l'adresse au Saint-
Père lue par S. Em. le cardinal Lan-
génieux, archevêque de Reims, au nom
du pèlerinage ouvrier :
Très Saint Père,
J'ai l'insigne honneur de présenter à
Votre Sainteté le premier groupe du pèle
rinage des onvriers français, ' qui viennent
apporter à vos pieds, avec le témoignage
de leur foi et de leur amour, la respec
tueuse expression de leur réconnaissance
et de leur filiale confiance en votre pater
nelle et toute-puissante protection.
Sachant, parce qu'ils sont chrétiens et
avec un soin jaloux, des classes ouvrières,
qu'elle a ennobli le travail et l'a rendu
méritoire devant Dieu (i), ils ont entendu,
aveo une grande joie, Votre Béatitude leur
dire, il y a deux ans, que cette même Egli
se, dans le passé, alors que sa voix était
mieux écoutée et plus obéie, venait en aide
aux travailleurs autrement que par les lar
gesses de sa charité, qu'elle avait créé et
encouragé ces grandes institutions corpo
ratives qui ont si puissamment aidé au
progrès des arts et des métiers, et procuré
au^ ouvriers eux-mêmes une plus grande
somme d'aisanoe et de bien-être; que estte
sollicitude, elle l'avait inspirée autour d'elle
à tous ceux qui jouissaient d'une influence
sociale, en sorte qu'elle se manifestait dans
les statuts et règlements des cités, dans le»
orgmauces et les lois des pn .
- "ué l'Eglise a fait autrefois, Votre
Sainteté l'a affirmé, elle veut le faire en
core aujourd'hui. Avec quel élan de recon
naissance nos chers ouvriers n'ont-ils pas
accueilli votre parole, Très Saint Père,
lorsque vous ajoutiez : « Nous ne cesserons
de faire pour l'amélioration de votre sort
tout ce qae Notre charge et Notre cœur de
Père pourraient nous suggérer » (2).
Et, en effet, il y a quelques mois à peine,
Votre Béatitude daignait louer le projet de
pourvoir, par une législation commune aux
nations industrielles de l'Europe, à la pro
tection de la classe ouvrière contre les
maux dont elle souffre en ce qui tient le
plus au cœur de l'homme chrétien : son
foyer.
Merci, Très-Saint-Père, au nom de la
graude famille ouvrière ! Ceux qui ont
souci dn sort des travailleurs vont donc
unir leurs efforts, dans le but de mettre
l'enfance à l'abri des fatigues prématurées
et des périls de l'atelier, de rendre les mè
res de famille à leur ménage et à leur fonc
tion, de protéger les ouvriers contre un
labeur excessif, en empêchant la prolon
gation du travail journalier au delà des
heures équitables, de garantir le repos dn
dimanche, espér-ant combattre ainsi, d'une
manière efficace, la peste morale qui se
(1) Allocution de Sa Sainteté aux ouvriers
ijançais, 1887.
(2) Loc. oit, r
glissa dans les veines de la société hu
maine (3).
Oui, Très Saint-Père, nous osons le ré
péter, une peste morale envahit le monde
du travail ; elle attaque, à la fois, » la mo
ralité, la justice, la dignité humaine, la vie
domestique de l'ouvrier », ces quatre biens
que Votre Sainteté a déclaré ne pouvoir
jamais être ni menacés ni compromis (4) ;
— et chaque jour nous apporte une dé
monstration plus évidente da jugement
porté autrefois par Votre Béatitude sur les
écoles modernes de l'économie sociale, les
quelles, « infectées d'incrédulité, considè
rent le travail comme le but suprême da
l'homme à l'état de machine plus ou moins
précieuse, selon qu'il est apte à plus ou
moins de. production » (5).
C'est le résultat logique de l'organisation
actuelle da notre société, qui ne repose
plus sur les assises de la foi. Ët le mal aug
mente encore par les charges que font pe
ser sur l'industrie les agissements progres
sifs de la spéculation usuraire, non moins
que l'accroissement constant des impôts,
portés forcément à l'excès chez les nations
toujours armées les unes contre les au
tres.
En face de celte situation qu'elles n'ont
pas faite, qu'elles sont obligées de subir,
que les violences ne feraient qu'aggraver,
les classes ouvrières, ne pouvant ni porter
efficacement secours à leurs membres, ni
être effectivement représentées dans les con
seils de la nation, faute d'associations sem
blables à celles que Votre* Sainteté a si ma
gnifiquement louées, resteraient seules»
abandonnées à elles-mêmes, à la fois im
puissantes et révoltées, si elles n 'avaient
recours à l'Eglise, dont le pouvoir sacré a
toujours pesé d'un poids suprême dans la
république chrétienne, même de notre
temps, puisque, sous le Pontificat de Votre
Sainteté, nous en avons eu de si mémora
bles et si consolants exemples.
Aussi, Très Saint-Père, tandis que les
uns, sous l'influence des idées égoïstes qui
régissent aujourd'hui le monde, cherchent
dans l'antagonisme entre patrons et ouvriers
le remède aux maux dont ils souffrent et
ne croient pouvoir conquérir une part de
leurs droits que par un bouleversement de
la société, — tandis que d'autres espèrent
encore par des efforts individuels, généreux
et persévérants, mettre fin au malaise ac
tuel, — les ouvriers qui sont aux pieds de
Votre Sainteté,et tous ceux qu'ils représen
tent, se soumettent, en tant que chrétiens,
pour obéir à Dieu, aux pénibles conséquen
ces de leur humble situation.
Comprenant que leurs souffrances ne
tiennent pas principalement au mauvais
vouloir des individus, mais aux causes pro
fondes qui ont désorganisé la société, ils
repoussent toute suggestion de haine con
tre les personnes et d'atteinte à la propriété,
toute insinuation de révolte contre l'auto
rité, tout recours au* moyens violents pour
améliore? lsnr sort; mais ils en apnolient à
la justice des pouvoirs publics, auxquels il
appartient de sauvegarder les intérêts des
citoyens et particulièrement des [petits et
des faibles,qui ont le plus besoin de protec
tion ; — et, regardant encore plus loin et
plus haut, vers ce sommet lumineux d'où
découle toute vérité, d'où est descendu®
toute civilisation, ils élèvent respectueuse
ment la voix et les- mains vers vous, Très
Saint-Père, en qui ils vénèrent l'autorité
et la paternité de Dieu, répétant le cri sup
pliant des apôtres au divin Maître : Domina
salm nos, f erimvi.
Leur ooûli^ce ne sera point trompée. Ils
sav 1Ia en qui ils ont cru. C'est en celui
qui a daigné prendre en main les intérêts,
non seulement des nations, mais des clas
ses ouvrières, les plus nombreuses victimes
de la violation du droit des gens et "Su
militarisme contemporain, lorsqu'il a rap
pelé aux puissances et aux peuples, dans
l'allocution consistoriale du 11 février der
nier, que « l'Eglise a adouci et humanisé
les barbares, ea leur communiquant les
lois de justice comme règle des relations
mutuelles entre nations, et en faisant une
obligation aux petits et aux grands, à ceux
qui obéissent comme à ceux qui comman
dent, de ne jamais entrer en lutte pour una
cause injuste ».
Vos enfants, Très Saint-Père, ont à uceur
de vous rendre grâces de ce que vaes avez
bien voulu proclamer ces principes tnté-
laires ; et, remplis d'une filiale confl^ice
ils osent supplier Votre Sainteté de ne point
se laisser, malgré les difficultés spéciales à.
notre temps, de rappeler au monde le res
pect des lois de la justice et du droit dans
les rapports nécessaires des hommes entre
eux, .afin de garantir à l'ouvrier, dont la
travail est la seule ressource, la stabilité
de son foyer, la facilité de nourrir sa fa
mille, de l'élever chrétiennement et de faira
quelque épargne pour les mauvais jours,.
_ Daigne donc Votre Sainteté, elle-tï&me
si éprouvée par l'injustice des hommes,
associer 1 humble cause 'le ses enfants à la
si august> ( si chère à nos cœurs, et
répand^ ia o 0 ndance des bénédictions cô
toies sur les ouvriers français, leurs famil
les, leur travail et leurs œuvres.
La France du travail à Rome
On nous écrit de Rome :
Je vous ai dit hier l'émerveillement et
l'enthousiasme de nos pèlerins pendant
l'audience de Sa Sainteté. Les voûtes da
la salle des Béatifications frémissent encore
des acclamations qui ont salué le Pape et
qui ont apporté à son cœur des consola
tions pleines d'espérance. Comme je vous
l'ai d- 5 jè. dit, le Pape n'a, dirait on, qu'une
préoccupation : c'est de satisfaire les pèle
rins français. Hier il a fait annoncer qu'il
dirait la messe expressément pour eux, et,
à chaque instant, il s'inquiète des détails
qui touchent aux cérémonies. Ce matin à 7
heures les pèlerins arrivaient de toutes parts.
Ils se groupent ainsi sur la place Sainte-
Marthe près de la sacristie: premier groupe,
le vaillant bataillon des sept cents hommes
du diocèse de Cambrai, puis les diocèse s
(3) Conf. Lettre de S. Exe. Mgr Jacobini à M.
Decnrtins. — 1" mai 1889.
(4) Allocution da Sa Sainteté aux ouvriers
français. —• 1887.,
(Si) Lettre pastorale de S. Em. le cardinal
Pecei, archevôquQ de Pérouse, sur la Civilisation
f '
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