Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-09-26
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 septembre 1889 26 septembre 1889
Description : 1889/09/26 (Numéro 7938). 1889/09/26 (Numéro 7938).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 26 Septembre mil
H* 703$ ^ Miioa qaetîdiônss
Jeudi 26 Septembre
ÉDITION QUOTI DIENNE
,, fARtS ÉTRA*S£E
•\ Eî D&iSTSSÎSSîa (DKION rOSIALa)
lin an 55 » 66 »
Six mois. . . . 28 50 34 »
Trois mois. . . 15 » 18 »
^jSBbonnemeata partent des 1" et 18 de chaque msli
tîî> *tlïtâftb { Départements: Il T 1
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION EESII-QUOTIDIENNE
S'
Un an, . r . . .
Six mois. . . .
Trois mois. . .
PARIS
CI DÉPARTEMENTS
30 »
16 »
8 50
ÉTRANGER
(ONION POSTAL»)
35 »
19 »
10 *>
Les abonnements partout des i" et 18 de chaîna suoU
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressas
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C", 6, place de la Bourse
imnHiMtfiTirr u TT t -
PARIS, 2? SEPTEMBRE 1889
On commence déjà à se préoccuper
de la convocation des Chambres et
même du futur ministère La Républi-
f ^efr'ànedîsé, à laquelle les succès re
latifs des opportunistes, en ce moment
plus nombreux que les radicaux, ren
dent son importance passée, déclare :
i" Que les Chambres ne se féiiniront
pas avant lè milieu de novembre ; 2'
Que le,iitinistère. donnera sa dépais-
sicli. Èllë lie dit pas côiEmëni ledit
ministère sera remplacé. Ce qu'on
peut dire, c'est qu'il sera difficile de
trouver plus mal.
Les opportunistes sont fort navrés
de la défaite de M. Jules Ferry, et les
radicaux de celle de M. Goblet. C'é
taient, en effet, chacun dans son parti,
f'.ëtix grands nommes, deux grands
hommes relatifs bien entendu; il n'y
en a plus guère d'autres dans les
-rangs républicains. On se préoccupe
donc de leur trouver un i siège de dé
puté; avec 177 ballottages, cela ne
doit pas flvQ difficile. On trou.vsraplus
îb'iii quelques renseignements sur les
bruits qui courent déjà à ce sujet.
Que va-t-on faire pour les condam
nés de la Haute-Cour, non éligibles,
oomme l'en sait? Pour Mi Rocnefprt,
comme pour M. Dillon, aucune diffi
culté ; il y a lieu à ballottage, les voix
des deux candidats étant annulées ; le
concurrent de M.Dillon n'a pas réuni le
quart des électeurs inscrits. Mais pour
le général Boulanger on devrait pro
clamer élu le citoyen Joffrin, et ce se
rait raide.
Que fera la commission de recen
sement 1
La venue annoncée de la reine Na
thalie continue à fort préoccuper à
Belgrade, d'autant que le roi Milan
s'agite beaucoup. Une dépêche du
Temps signale la situation comme fort
grave.
C'est la loi !
Il «st très dangereux de se payer de
mois. Que la perversion des mots
amène la rupture des choses, ou que
la corruption des choses amène la
perversion des mots, il en résulte fa
talement l'obscurcissement de la vraie
notion des principes, et un préjugé
qui paralyse et arrête trop souvent le
mouvement légitime et même obli
gatoire de résistance, sinon active,
du moins passive à certaines mesures,
qui sont condamnées par la loi di
vine. Ainsi, on donne le nom de loi à
des règlements humains, pris dans
certaines formes constitutionnelles,
mais qui n'ont aucun des caractères
de la loi : règlements passagers,, ils
n'ont de la loi ni la fixité de principes,
ni la simplicité de formes, ni la conti
nuité d'action.
La loi est un règlement stable, im
posé 4>ar le supérieur pour le bien
commun de la société. La loi est es
sentiellement faite en vue du. bien
public. Or, y a-t-il bien public, quand
ce qu'on a décrété est opposé à la loi
de Dieu, législateur suprême, et aux
droits confiés par lui à la société
qu'il a fondée et constituée lui-même
directement et qui s'appelle l'Eglise ?
Néanmoins de l'aveu et du consen
tement de tous, on leur concède ce
titre de loi. Je sais bien qu'on ne les
approuve pas pour cela, et que c'est
seulement une manière de les désigner.
Mais ce n'en est pàs moins fâcheux et
malheureux, parce que ce mot Idt
inspire toujours un sentiment res
pectueux, paï* la raison . qu'on sup-
pose que la loi est conforme a Ce
qui est juste et droit, rectum. Quand
elle dévie du droit, quand elle n'est
pas Conforme à la loi supérieure, elle
perd ce caractère sacré de loi, et il ne'
faudrait pas le lui donner sans l'ac
compagner d'une épithète caractéris
tique. Les résolutions iniques et arbi
traires, leurs auteurs ont tout intérêt
à leur donner ce nom de loi, mais les
hommes à principes, qui veulent que
la chose réponde au mot, ne doivent
pas l'accepter piïreiiieiit ôt simple
ment, parce qu'au fond on ne l'accepte
pas impunément. Sur la valeur des
mots, ndé ënnfetais spnt autrement
habiles, autrement exigeantsCatholiques, Quand en face des écoles
athées de l'État, qu'on a appelées éco
les publicfriasi il fondé un ensei
gnement qui s'est tout naturellement
appelé enseignement libre,_ les enne
mis de l'Eglise ont immédiatement
compris l'IraptirtafiCe de ce mot, et ils
ont nettenieni arraché cette étiquette;
vraie pourtant, d'eiisoignëmëilt libre à
l'enseignement dégagé des entravés
mauvaises de l'Etat, l'enseignement
qui est congréganiste, religieux, con
fessionnel. Ils ont parfaitement eora-
prià qùë Cfo titré, d'enseigneiîiènt libre
mettait immédiatement lë làiir dans
un état d'infériorité, et ils ont îorëé
l'enseignement en réalité libre, libre
de toute attache gouvernementale ou
franc-maçonniquej à prendre le nom
plus modestç d'enseignementpfivé, c6
qui ne signifie pas grand' chose, sinon
qu'on a voulu le mettre en opposition
avec l'enseignement officiel, qui s'affu
ble du nom d'enseignement public,
comme si l'autre n'était pas égale
ment ouvert à tous.
Pour en revenir à c'est la loi ! de
puis douze ans, la République a pris
à l'Eglise, gses droits et sa liberté,
contre la famille, et même contre la
propriété, une série de mesures sou
vent contradictoires, en tous cas ini
ques et contraires à tout principe de
justice, et parce que ces factums ont
été plus ou moins délibérés dans dés
Chambres plus ou moins élues, qu'on
appelle Chambre des députés et Sénat,
on les appelle lois. C'est ainsi que nous
avons la loi athée d'enseignement,
qui chasse de l'école dite publique,
non-seulement l'enseignement reli
gieux, mais toute une catégorie de
citoyens français qui, d'ailleurs, sont
munis de tous les parchemins etpa-
fiiers officiels, lesquels leur ouvriraient
'école, si Dieu, qui n'a pas de diplôme,
paraît-il, ne devait pas y entrer avec
eux. Il y a là seulement une ample
collection de résolutions iniques.
Et puis, on a la loi municipale, et
enfin la loi militaire. Celle-ci, c'est
le dernier hoquet expectoré contre
l'Eglise par la Chambre qui vient de
mourir. Mais entre le point de départ,
qui date de 1880 et même avant, des
mesures prises contre l'enseignement
chrétien, et le point d'arrivée, la loi
militaire qùi porte un coup si terrible
au recrutement du clergé, combien
d'autres mesures non moins arbitrai
res et non moins iniques revêtues de
cette étiquette mensongère de loi ! Il
est rare que,surles questions même les
plus étrangères à l'Eglise,on ne trouve
pas, à propos d'une loi quelconque,
le moyen de glisser au moins un petit
article contre l'Eglise ou contre ce
qui tient à l'Eglise. Pour tous ces fiers
républicains, l'Eglise, c'est l'ennemi.
Je comprends que ces hommes qui
codifient leur haine contre tout ce
qu'ils désignent sous le nom de
cléricalisme, je comprends qu'ils tien
nent, eux, à couvrir du manteau de
la loi leurs élucubrations, qui ne sont
pas moiné antisociales qu'antireligieu
ses; ils savent la puissance de ce mot:
la loi! Mais précisément pouf i £ Elênie
raisdû, Isa catholiques, les homme^
qui sont convaincus ({a S la loi hu
maine n'est loi qu'autant qu'elle û'es-
pas contraire à la loi divine, ne det
vraient pas si facilement se laisser in
fluencer par ce mot. Et pourtant, ils
le sont plus ou moins.
Ce Eîot là, ils, le respectent en effet,
même quand ii couvre es qui est le
plus contraire à la loi de Dieu, aux
droits et aux libertés que l'Eglise tient
et dii droit "naturel et du droit
divin positif. Quëï & été au fond
l'obstacle le plus efficace à la résis
tance active si nécessaire aux lois
seoîâi£es?£?ans dopte, l'effacement des
caractères, l'indifférence, la lâcheté et
aussi la peur y sont pour leur 1 part.
Msis ors faiblesses-là, on ne les avoue
pas, elles sclnt dans l'intériour de la
maison; le mur derrière îequsl on se
dérobe facilement, c'est le mur de
l'd M. p'esÈ la loi; sans doute, c'est
regrettable, iriàio enfin c'est la loi.
Après tout, c'est la loi! Ët ofl s'incline.
Voilà comment beaucoup d'hommes,
qui paraissaient intraitables la veille,
ont couvert leur retraite, le lendemain
Èxi des Scélératesses scolaires. Et
depuis lors, céS prétendues lois s'ap
pliquent et même elles s aggravent
tous? les jours. C 'est la loi!
Éh biëfl non, se n'est pas la loi ;
la loi; c'ê'st cé qiii è£t conformé 5îl
dfdit ; et Jendroit il, a son expféêâion
dans la loi aivirle; $ino'ri, il n'y a pas
de loi qui tienne. C'est ua driiip' de
force et pas autre chose. On s'y'sou-
iflst comme on subit le martyre et
pas autrement, 11 ne faut jamais qua
lifier ces abus de la farde dit. nom de
loi, saiis y joindre une épithèteimprime à ce factiini sefe vrai carac
tère. On dit : il a commis liËë in
fraction à la loi. Mais c'est ce que
vous appelez la loi qui est une in
fraction audroit et à la liberté.
Il faudrait sans cesse le dire et le re
dire pour empêcher la loi de prescrire
contre le droit.
^ En voici encore une, la dernière V<3-
tée, qui va être incessament mise en
application, celle qu'on appelle la loi
militaire, cette chose difforme et in
cohérente qui sacrifie peut-être la sé
curité de la France à la satisfaction
de nuire àl'Eglise. Evidemment quand
nos évêques protestent contre cette
loi scélérate, si justement stigmatisée
■par M. Buffet, quand ils observent
que cette loi renferme des dispositions
contraires à la loi naturelle, à la loi
divine et aux lois ecclésiatiques, ils
ne lui reconnaissent pas le caractère
auguste de loi. Elle est condamnée
dans la trente deuxième proposition
du Syllabus. Quand l'heure de l'appli
cation de cette loi inique aura sonné,
ce ne sont pas nos évêques qui se re
plieront devant ce mot : c'est la loi ! La
protestation sera maintenant ; on su
bira la violence, mais on ne l'appellera
pas la loi.
M. l'abbé Chapon, connu d'un pu
blic restreint pour de petits écrits
bilieux où il a voulu glorifier certains
de nos adversaires et nous écraser, a
publié dermèrement tout un volume
sous ce titre prétentieux : Mgr Du-
panloup et la liberté.— Sa vraie doctrine.
Ces mots : sa vraie doctrine , s'appli
quent à Mgr Dupanloup, et non à la
liberté.
M. Chapon, étant, comme écrivain,
de nature batailleuse et maussade
n'a pu entasser ce faix d'extraits insuf
fisants et de chétifs commentaires
sans y mêler des objurgations et al
lusions à notre adresse. Nous voulions
laisser tomber cela. Deux ou trois de
nos amis, lecteurs intrépides, ayant lu
le dit volume, prétendent que nous y
devons répondre, afin d'empêcher
l'école dont relève M. Chapon de
yoir dans notre silence une sorte d'a
dhésion.
Y répondre?non, stifterat en ce qui
nou^tcuche directement. L'hêîire n'est
pas propice à ces polémiques ; et puis,-
il n'est nullement nécessaire de répon
dre à tout le monde. jNous ferons ce
qui convient en disant que M. l'abbé
Chapon, par ses extraits, ne donne pas
plus toute la « vraie doctrine » de Mgr
Dupanloup que l'excellent et très loyal
M. Auguste Nicolas n'a donné celle du
P. Lacordaire dans l'écrit où, avec
force textes, il en a fait l'adversaire
décîaréldu catholicisme libéral.
Les travaux de ce genre n'ont ja
mais eu grande portée, et le livre de
M. l'abbé Chapon ne fera pas excep
tion* Si Mgr Dupanloup, polémiste
brillant et bruyant, s'inspirant sur
tout des circonstances et de sa pas
sionna eu ce qu'on peut appeler une
doctrine , il faut en chercher le carac
tère et la conclusion dans ce qu'il a
fait, dit; écrit, encouragé, approuvé
au sujet du Concile. Il est là tout en
tier. Les textes qu'a laborieusement
colligés M. Chapon ne peuvent valoir
de tels documents, de telles preuves.
Quant aux commentaires qu'il y a
joints et à ses traits directs ou indi
rects contre nous, à quoi bon s'y arrê
ter?
Eugène Veïïillot.
M. Sarcey, gui a la prose facile,
écrit dans plusieurs journaux. Il s'oc
cupe du théâtre, le lundi, au Temps;
les autres jours de la semaine, il ré
dige des chroniques, oû il parle de ce
qu'il sait et de ce qu'il ne sait point,
pcilî? le XIX' Siècle, la France, l'Esta
fette, etc., eta., etc... Il faut recon-
naitrô j d'ailleurs, que M. Sarcey trouve
presque toujours, même quand il dé
raisonne et bat la campagne, le moyen
d'être assez intéressant. Il est grotes
que plus souvent qu'à son tour; seu
lement, il n'ennuie point. C'est un don
fort appréciable. M._ Sarcey, d'habi
tude sst P as médiocrement fier.
Mais aujourd'hui, M. Sarcey ne
s'occupe nulle®® n ^ ds savoir s il est
ennuyeux ou non, «otesque ou pomt.
Il est trop navré pour ceia. ^ qi est-
ce qui navre M. Sarcey? L'écheJ
M. Ferry, peut-être? Vous avez de
viné. M. Sarcey pousse des gémisse
ments qui ont une colonne de long.
Où les pousse-t-il ? Le Temps• ne re
çoit sa prose qu'à jour fixe, et la con-
fine'au rez-de-chaussée, « dans l'antre
que le feuilleton se creuse au bas des
grands journaux ». Le XIX" Siècle est
anti-opportuniste ; la France est bou-
langiste. Mais l' Estafette est là, qui
aime Jules Ferry, et déplus appartient
au blackboulé des Vosges. C'est donc
à Y Estafette que, voulant se soulager un
peu, M. Sarcey a recours. Il y clame
son désespoir.
; Ah ! commence-t-il par dire, « si
je n'écrivais pas dans ce journal, que
vous rédigez en chef, mon cher Jules
Ferry, comme j'aimerais à décharger
mon cœur! » Et, incontinent, M.-Sar-
cey décharge son cœur sur un espace
de cent vingt lignes.
Pour décharger son cœur, il ne s'y
prend point d'une façon banale. Il ne
se contente pas de pleurer, il fait
le moulinet avec un encensoir. Vous
êtes, déclare-t-il à son rédacteur
en chef, « vous êtes, de tous les hom-
« mes politiques en ce temps, celui
« pour qui j'ai la plus franche admi-
« ration et la sympathie la plus vive.
« Vous avez du caractère.... Vous
« savez ce que vous voulez Vous
« êtes un de nos meilleurs orateurs...
« Vous êtes un robuste et un vaillant...
« Vous nous avez donné la Tunisie...,
« le Tonkin », etc., etc., etc. M. Sar
cey ne dit pas tout. Il oublie les plus
beaux titres de gloiro du blackboulé
des Vosges. Il devrait ajouter encore :
Personne au monde ne laïcise comme
vous ! Vous n'avez point votre pareil
pour violer un domicile sans défense,
et mettre à la porte de chez lui un re
ligieux qui ne peut résister. Si, en
Ffsnce, pays catholique, il y a déjà
des milliers d'enfants qui arrivent à
l'âge d'hommê.s&ns connaître le nom
de Dieu, c'est à vous Çtt'ils le dorf^nt.
Etc., etc., etc...
Et avec de pareils titres, M. Jules
Ferry resterait éloigné de la Chambre !
Allons donc ! Ce n'est point possible !
« Tout n'est pas fini !» M. Sarcey n r è
peut l'admettre. Il le déclare au vaincu,
qu'il appellerait volontiers un « glo
rieux vaincu », un « vaincu provi
soire »!Ilya, lui dit-il, «beaucoup de
« gens sages, instruits, bons patriotes
« et républicains modérés, qui recon-
« naissent en vous un guide... Ils sont
« malheureusement' disséminés un
« peu partout. Sainte-Beuve voulait
« qu'il y eût un diocèse de la libre-
« pensée ; s'il y avait un diocèse de la
« droite raison, vous y seriez nommé
« à l'unanimité des voix! » M. Sarcey
n'en doute aucunement. Il estime, en
effet, que tous les gens « instruits, sa
ges, » etc., doivent penser comme lui.
Le diocèse de la droite raison n'existe
pas. C'est heureux pour M. Sarcey qui
aurait la douloureuse surprise de s'y
voir refuser tout net une place. Il faut,
par conséquent, trouver, non dans les
nuages, mais sur terre, une circons
cription, réelle, dont les électeurs
veuillent bien relever M. Jules Ferry.
On la trouvera. Nous allons nous met
tre à l'œuvre, s'écrie M. Sarcey.
« Nous démolirons les absurdes
«préjugés, les stupides et hon-
« teuses calomnies que l'on a ac-
« cumulées sur votre tête; c'est af-
« faire de temps, de patience et de
« talent. «Voilà donc M. Ferry sauvé!
En effet, du moment que M. Sarcey,
généreux, met son talent au service
du blackboulé des Vosges, celui-ci est
certain de la revanche. •
Ce ne sera même pas une affaire de
beaucoup de temps. Car, raisonne M.
Sarcey, « on a dit souvent que la
roche tarpéienne était près du Capi-
tole. » Oh oui ! souvent ! « Il serait
tout aussi juste de dire que le Capitole,
lui aussi, est près de la roche tar-
i; °nne. » Comme calcul de distance,
P*'""" , ' ■ Mement c'est exact ; mais,
mcontegi^ ^ préclpité de la
lorsqu on vient u«-- », no int, en gé-
roche tarpeienns, en n*° .
néral, les membres dafiâ tîn eu». 41
permette de remonter facilerrisftt au
Capitole !
M. Sarcey raisonne mieux, il faut le
reconnaître, lorsqu'il déclare que,_ si
« le suffrage universel est peu éclairé,
est brutal, il est capricieux », et qu'il
en conclut à la possibilité du retour
de M. Ferry. Le suffrage universel, en
effet, étant peu éclairé, brutal et ca
pricieux, M. Jules Ferry a des chan
ces sérieuses de reparaître. Mais, c'est
égal, il aura reçu tout de même un
rude soufflet !
Pierre Veuillot.
tenais déjà de si fortes majorités, vous ra
tifiez mes actes dans le passé, et vous m'en
couragez pour l'avenir à défendre avec un©
nouvelle ardeur les intérêts de la religion
et du pays. Dieu veuille que nos communs
efforts soient couronnés de snccès ! Pour
moi, je serai toujours heureux et fier de
parler en votre nom ; car c'est à la fois un
honneur et une force da pouvoir faire en
tendre, dans une Chambre française, la vois
de la catholique Bretagne. -
, Agréez, messieurs, l'assurance de mon
affectueux dévouement.
t C h. E mile F mppel,
évôque d'Angers, député
du Finistère.
Réponses épiscopales
Mgr Servonnet, évêque de Digne, a
adressé à M. le ministre des cultes la
lettre suivante :
Monsieur Is ministre,
J'ai l'honneur de vous accuser réception,
quoique vous ne l'ayez pas demandé, de la-
lettre que vous m'avez adressée, comme
aux autres membres de l'épiscopat, le 4 de
ce mois.
Lorsque cette lettre me fat remise,Je
présidais la retraite annuelle de mon ctergé,
auquel je venais de faire les recommanda
tions les plus expresses sur l'attitude plei
ne de réserve et de prudence qu'il devait
avoir pendant la période électorale.
Je l'ai invité à. ne prendre aucune part
dans la lutte des partis, et, tout en usant
de ses droits et en remplissant ses devoirs
civiques, à se borner, dans l'exercics de :
son ministère, à prier et à faire prier pour
le bien religieux, moral et matériel de no-'
tre cher pays, comme aussi pour ceux qui
sont fchargés de le gouverner, ut tranquil-
lam vitam agamus, selon le langage de nos
saints livres.
Les membres du clergé de Digne m'ont
paru écouter ces conseils et cette direction
avec docilité et même avec sympathie^ et
j'ai lieu de compter entièrement sur l'ex
cellent esprit qui les anime, soit en ce mo
ment, soit en toutes autres circoffstances.
Veuillez agréer, etc.
Mgr Freppel vient d'adresser la
lettre suivante à ses électeurs :
Aux électeurs de la 3 e circonscription
de Brest
, Angers, le 24 septembre 1889.
Messieurs,
Je ne veux pas tarder à vous remercier
de la marque de confiance que vous venez
de m'accorder pour la quatrième fois. Vos
suffrages me touchent d'autant pins vive
ment que, resté loin de la circonscription
pendant toute la période électorale, je m'en
remettais entièrement à votre choix libre
et spontané. En me donnant 2,000 voix de
plus qu'aux élections précédentes, où j'ob-
■ .0»-
Le Journal des débats assure qu& « la
Bourse a salué par une hausse accen
tuée le scrutin du 22 septembre». A
l'en croire, « le monde de la finance
s'est senti soulagé d'un grand poids
parce qu'il avait conscience que la
triomphe des coalisés aurait été le si
gnal d'une prochaine catastrophe »; et
le Journal des Débats , que le résultat
des élections a rendu plus républicain
encore et .plus opposé aux conserva
teurs, conclut triomphalement que
« la seule annonce de leur défaite suf
fît pour rassurer les intérêts et .rendre
ç 0 ^fiance aux gens de travail ».
P art ) nous disons dans
Le bruit de la mort ds M. do Bismarck a-
couru hier'à )& Course, Çt.3 même circulé
eoepro pendant la soirée..
sei-ait-iîc pas ce bruit-,,autant et
plus encore I e succès des répu
blicains, qui aufaii déterminé la
hausse dont le Journal des Jicbats se
félicite? Et quand le monde d& 1 ar
gent trouverait plus de satisfaction S
être en république qu'en monarchie,,'
qu'est-ce que cela prouverait contre
cèlle-ci et pour celle-là ? Messieurs d©
la Bourse ne seront peut-être pas tou
jours aussi eontents que la France
n'ait pour la gouverner et la repré
senter en Europe, que les Constans,
les Thévenet. les Rouvier et les Bris-
son.
On lit dans la République française,
à laquelle le succès relatif des oppor
tunistes, qui ont distancé les radicaux,
semble devoir donner Une situation
prépondérante :
La nouvelle Chambre n'était pas encore
nommée que plusieurs journaux ont parlé
FEUILLETON DE h'UNIVERS
DD 26 SEPTEMBRE 1889
ET
Le Tombeau de son Fondateur
FOUILLES DE 1888-1889
Parmi les œuvres des rois d'Egypte, une
des plus célèbres eet le Labyrinthe, dont
les auteurs anciens, en particulier Strabon
et Hérodote, nous ont conservé le souve
nir. « Nous avons ici, daps le Labyrinthe,
dit Strabon (XVII, 1, .37), une œuvre égale
aux pyramides, et à côté, le tombeau du
roi qui a construit le Labyrinthe. » L'ad
miration d'Hérodote est encore plus ex
pressive : « J'ai vu le Labyrinthe, dit-il (II,
148) et je l'ai trouvé plus grand encore que
sa renommée. On rassemblerait tous les
é difices et toutes les constructions des Grecs
qu'on les trouverait inférieurs comme tra
vail et comme dépenses à ca Labyrinthe ;
et pourtant le temple d'Ephèse est re
marquable, ainsi que celui de Samos.
Les pyramides m'avaient paru plus grandes
que leur renommée, et une seul® d'entre
elles équivaut à beaucoup des plus grandes
constructions grecques; mais le Labyrin
the surpasse même les pyramides. » L'é-
tonnement que causait aux Grecs la vue du
labyrinthe était fondée. Jusqu 'à ces der
nières années, on ne savait trop quelle était
l'histoire du Labyrinthe, ce qu'il y avait do
vrai ou de faux dans les récits qui nous
avaient été transmis à ce sujet. Les re
cherches faites sur les lieux dans ces der
nières années nous ont appris sur ce sujet
bien des choses intéressantes, qu'il sera
sans doute agréable aux lecteurs de l'Um-
vers de connaître. - , ■
I. '
Le nom grec de Labyrinthe est unetrans
formation ou plutôt une déformation des
mots égyptiens Lope-ro-hounit, qui signi
fient monument était, en effet, situé à l'est du
lao Mceris. Il avait servi de palais au roi
qui l'avait lait construire et, après la mort
de son fondateur, il était devenu un tem
ple.
Le site du Labyrinihe a été retrouvé, il y
aune cinquante d'années, par un savant
allemand, le docteur Richard Lepsius, qui
est mort récemment directeur du musée de
Berlin. Hérodote et Strabon en avaient
décrit exactement l'emplacement. Strabon,
entre autres, dit : « Après avoir franchi la
première entrée du canal, à trente ou qua
rante stades de distance, on trouve un pla
teau avec ua village et un grand palais
composé d'autant de palais qu'il y avait au
trefois de nomes ou de districts en Egypte...
A l'extrémité de cet édifice, qoi occupe
plus d'un stade de superficie, s'élève le
tombeau; c'est une pyramide de forme
quadrangulaire,dont chaque côté a environ
quatre plèihres de long et autant de haut. »
C'ost grâce à cette description que le site
du labyrinthe a pu être retrouvé.
A quelques lieues aa sud da Caire, dans
le Fayoum, s'élève une pyramide de bri
ques en ruine, à un endroit appelé Hawara,
où l'on remarque, sur une vaste étendue
de terrain nivelé, de nombreuses fonda
tions de constructions en briques. C'est là
que Lepsius supposa que s'était élevé le
Labyrinthe. En -1888, un savant anglais,
connu par ses nombreuses fouilles en
Egypte, M. Flinders Peirie, a repris les
recherches de Lepsius. En arrivant à Ha
wara, il a conçu d'abord des doutes sur
l'exactitude des identifications du savant
allemand,parce qu'il a constaté que les rui
nes qu'on remarque à la surface du sol
sont celles d'un grand village de l'époque
de la domination romaine en Egypte. Ce
pendant, en poursuivant ses fouilles, il a
pu se convaincre que c'était bien en ce lieu
qu'avait été construit le fameux Lope-ro-
hounit, de sorte qu'aujourd'hui le site du
Labyrinthe doit être regardé comme défi
nitivement fixé.
Le Labyrinthe s'élevait sur un petit pla
teau qui fait face à l'ancienne ville de Scho-
dou, capitale du Nome, appelée par les Grecs
Crocodilopolis ou la ville desjcrocodires. D'a
près les mesures prises par Lepsius, me
sures qui diffèrent de celles données par les
auteurs anciens et sur lesquelles nous re
viendrons plus loin, l'emplacement du La
byrinthe formait un vaste massif quadrangu-
laire d'environ 200 mètres de long sur 170
de large. La façade de l'édifice qui regar
dait le lac Mœris était en calcaire blanc ;
le reste des constructions était en granit,
d'après le témoignage des auteurs anciens.
Quand on avait pénétré dans l'enceinte,
on était comme perdu au milieu d'une mul
titude de petites chambres semblables où il
était impossible de se reconnaître et de se
retrouver, d'où le' sens ' figuré que nous
avons attaché dans notre langne au mot de
labyrinthe. Toutes ces chambres étaient
carrées, petites, recouvertes d'un seul bloc
de pierre qui en formait le toit et, de
plus, obscures. Elles étaient reliées les
unes aux autres par de petits corridors qui
s'enchevêtraient de telle sorte qu'un guide
seul, dit Strabon, pouvait en indiquer la
sortie à l'étranger qui y pénétrait. Hérodote
assure que les chambres étaient au nombre
de trois mille, dont moitié sous terre. Les
murs et les plafonds étaient couverts d'hié
roglyphes et de [bas-reliefs,
La petitesse des chambres s'explique par
les exigences du mode de construction usité
dans le pays ; leur obscurité, par la néces
sité de préserver ainsi le matériel|du culte
des atteintes des insectes, des mouches et
du soleil.
Il est à croire, en effet, qu'une partie
de ces nombreux petits appartements ser
vaient à conserver les objets du culte : vê
tements sacerdotaux et vêtements des dieux,
instruments de musique destinés aux céré
monies sacrées, objets divers consacrés
aux dieux, etc. Pline nous apprend qu'on
y enfermait aussi les emblèmes des divini
tés égyptiennes et les statues des rois dé
funts.
Au centre du massif, il y avait douze
grandes salles hypostyles, rangées deux
par deux, et dont les portes s'ouvraient six
au nord et six au midi. A l'angle septen
trional du plateau s'élevait la pyramide en
briques crues, revêtue de pierres sculptées,
qui servait de tombeau au fondateur et qui
a permis de retrouver le site du Labyrin
the.
Tous les détails que nous venons de don
ner ne nous sont connus que par les au
teurs grecs et romains.
Naturellement il n'a pas été possible aux
modernes d'en vérifier l'exactitude, parce
que le Lope-no-hounit est détrait depuis
.des siècles.
II
Voici quel a été le résultat des fouilles
faites sur place par M. Petrie en 1888, Les
ruines qui émergeaient h la surface du sol
et qui avaient été examinées par M. Lep
sius, étaient les débris des maisons bâties
à l'époque de la domination romaine en
Egypte. Elles avaient été construites sur
des fondements formés d'une masse com
pacte de restes do beau calcaire blanc, res
tes qu'on reconnaît au premier coup d'œil
comme ayant appartenu à quelque grand
édifice, et qui rappellent ce qn'ont raconté
les an.teurs anciens, que la façade du La
byrinthe, tournée vers le lac Mœris, était
bâtie en pierres blanches dont l'éclat riva
lisait avec celui du marbre de Paros.
M. Petrie, continuant ses fouilles au-des:
sous de cette première couche, découvrit
des fondations plus anciennes, préparées
avec le plus grand soin et avec plus d'art
même qu'à l'époque oè régnaient les Ram-
sès.
Ces fondations sont formées, en certains
endroits, de morceaux de pierre fortement
liés de manière à former une masse solide,
et, ailleurs, de couches de sable. C'était là,
à n'en pas douter, les fondations du La
byrinthe.
Après avoir fait celte première trouvaille,
M. Petrie continua ses travaux jusqu'aux
angles des fondements qu'il avait décou
verts, pour mesurer la superficie du célèbre
édifice. Il constata de la sorte que le La
byrinthe devait avoir couvert une aire de
quarante à cinquante acres (arpents) an
glais d'étendue. Quelques fragments du pa
vement primitif se trouvaient encore çà et
là en place. On creusa des puits au milieu
de ces ruines ; les sondages fureiit sans ré
sultat ; on ne découvrit ni la moindre ins
cription ni la moindre sculpture ; on re
nonça donc à pousser plus loin des recher
ches qui devenaient visiblement inutiles. •
M. Pétrie avait d'ailleurs résolu les pro
blèmes archéologiques qu'il s'était proposé
d'élucider. Il s'était convaincu que le doc
teur Lepsius avait retrouvé le véritable
site du Labyrinthe, mais que cet explora
teur s'était trompé sur l'identification des
ruines : il avait cru que les chambres en
pierre qu'il avait découvertes étaient des
restes encore subsistants du Labyrinthe ;
M. Petrie s'e3t assuré que ces chambres
étaient d'une date postérieure à la cons
truction de l'édifice primitif ; elles ressem
blent à plusieurs tombeaux de l'époque ro
maine qu'on voit dans le voisinage. On
peut. donc regarder aujourd'hui comme
établi que, du Labyrinthe, il ne reste plus
que les fondations, qui permettent encore
d'en mesurer la grandeur. L'édifice lui-
même, si renommé dans l'antiquité, a dis
para, parce qu'il a servi de carrière aux
maçons qui ont bâti, avec ses débris, la
ville moderne de Médinet-el-Fayoum.
■ ; -III ■ "
La plupart des .pyramides et des tom
beaux célèbres de l'Egypte ont été violés
et profanés depuis des siècles, par la cupi
dité et l'avarice, soit des conquérants, soil
des simples particuliers qui ont voulu dé-
H* 703$ ^ Miioa qaetîdiônss
Jeudi 26 Septembre
ÉDITION QUOTI DIENNE
,, fARtS ÉTRA*S£E
•\ Eî D&iSTSSÎSSîa (DKION rOSIALa)
lin an 55 » 66 »
Six mois. . . . 28 50 34 »
Trois mois. . . 15 » 18 »
^jSBbonnemeata partent des 1" et 18 de chaque msli
tîî> *tlïtâftb { Départements: Il T 1
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION EESII-QUOTIDIENNE
S'
Un an, . r . . .
Six mois. . . .
Trois mois. . .
PARIS
CI DÉPARTEMENTS
30 »
16 »
8 50
ÉTRANGER
(ONION POSTAL»)
35 »
19 »
10 *>
Les abonnements partout des i" et 18 de chaîna suoU
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressas
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C", 6, place de la Bourse
imnHiMtfiTirr u TT t -
PARIS, 2? SEPTEMBRE 1889
On commence déjà à se préoccuper
de la convocation des Chambres et
même du futur ministère La Républi-
f ^efr'ànedîsé, à laquelle les succès re
latifs des opportunistes, en ce moment
plus nombreux que les radicaux, ren
dent son importance passée, déclare :
i" Que les Chambres ne se féiiniront
pas avant lè milieu de novembre ; 2'
Que le,iitinistère. donnera sa dépais-
sicli. Èllë lie dit pas côiEmëni ledit
ministère sera remplacé. Ce qu'on
peut dire, c'est qu'il sera difficile de
trouver plus mal.
Les opportunistes sont fort navrés
de la défaite de M. Jules Ferry, et les
radicaux de celle de M. Goblet. C'é
taient, en effet, chacun dans son parti,
f'.ëtix grands nommes, deux grands
hommes relatifs bien entendu; il n'y
en a plus guère d'autres dans les
-rangs républicains. On se préoccupe
donc de leur trouver un i siège de dé
puté; avec 177 ballottages, cela ne
doit pas flvQ difficile. On trou.vsraplus
îb'iii quelques renseignements sur les
bruits qui courent déjà à ce sujet.
Que va-t-on faire pour les condam
nés de la Haute-Cour, non éligibles,
oomme l'en sait? Pour Mi Rocnefprt,
comme pour M. Dillon, aucune diffi
culté ; il y a lieu à ballottage, les voix
des deux candidats étant annulées ; le
concurrent de M.Dillon n'a pas réuni le
quart des électeurs inscrits. Mais pour
le général Boulanger on devrait pro
clamer élu le citoyen Joffrin, et ce se
rait raide.
Que fera la commission de recen
sement 1
La venue annoncée de la reine Na
thalie continue à fort préoccuper à
Belgrade, d'autant que le roi Milan
s'agite beaucoup. Une dépêche du
Temps signale la situation comme fort
grave.
C'est la loi !
Il «st très dangereux de se payer de
mois. Que la perversion des mots
amène la rupture des choses, ou que
la corruption des choses amène la
perversion des mots, il en résulte fa
talement l'obscurcissement de la vraie
notion des principes, et un préjugé
qui paralyse et arrête trop souvent le
mouvement légitime et même obli
gatoire de résistance, sinon active,
du moins passive à certaines mesures,
qui sont condamnées par la loi di
vine. Ainsi, on donne le nom de loi à
des règlements humains, pris dans
certaines formes constitutionnelles,
mais qui n'ont aucun des caractères
de la loi : règlements passagers,, ils
n'ont de la loi ni la fixité de principes,
ni la simplicité de formes, ni la conti
nuité d'action.
La loi est un règlement stable, im
posé 4>ar le supérieur pour le bien
commun de la société. La loi est es
sentiellement faite en vue du. bien
public. Or, y a-t-il bien public, quand
ce qu'on a décrété est opposé à la loi
de Dieu, législateur suprême, et aux
droits confiés par lui à la société
qu'il a fondée et constituée lui-même
directement et qui s'appelle l'Eglise ?
Néanmoins de l'aveu et du consen
tement de tous, on leur concède ce
titre de loi. Je sais bien qu'on ne les
approuve pas pour cela, et que c'est
seulement une manière de les désigner.
Mais ce n'en est pàs moins fâcheux et
malheureux, parce que ce mot Idt
inspire toujours un sentiment res
pectueux, paï* la raison . qu'on sup-
pose que la loi est conforme a Ce
qui est juste et droit, rectum. Quand
elle dévie du droit, quand elle n'est
pas Conforme à la loi supérieure, elle
perd ce caractère sacré de loi, et il ne'
faudrait pas le lui donner sans l'ac
compagner d'une épithète caractéris
tique. Les résolutions iniques et arbi
traires, leurs auteurs ont tout intérêt
à leur donner ce nom de loi, mais les
hommes à principes, qui veulent que
la chose réponde au mot, ne doivent
pas l'accepter piïreiiieiit ôt simple
ment, parce qu'au fond on ne l'accepte
pas impunément. Sur la valeur des
mots, ndé ënnfetais spnt autrement
habiles, autrement exigeants
athées de l'État, qu'on a appelées éco
les publicfriasi il fondé un ensei
gnement qui s'est tout naturellement
appelé enseignement libre,_ les enne
mis de l'Eglise ont immédiatement
compris l'IraptirtafiCe de ce mot, et ils
ont nettenieni arraché cette étiquette;
vraie pourtant, d'eiisoignëmëilt libre à
l'enseignement dégagé des entravés
mauvaises de l'Etat, l'enseignement
qui est congréganiste, religieux, con
fessionnel. Ils ont parfaitement eora-
prià qùë Cfo titré, d'enseigneiîiènt libre
mettait immédiatement lë làiir dans
un état d'infériorité, et ils ont îorëé
l'enseignement en réalité libre, libre
de toute attache gouvernementale ou
franc-maçonniquej à prendre le nom
plus modestç d'enseignementpfivé, c6
qui ne signifie pas grand' chose, sinon
qu'on a voulu le mettre en opposition
avec l'enseignement officiel, qui s'affu
ble du nom d'enseignement public,
comme si l'autre n'était pas égale
ment ouvert à tous.
Pour en revenir à c'est la loi ! de
puis douze ans, la République a pris
à l'Eglise, gses droits et sa liberté,
contre la famille, et même contre la
propriété, une série de mesures sou
vent contradictoires, en tous cas ini
ques et contraires à tout principe de
justice, et parce que ces factums ont
été plus ou moins délibérés dans dés
Chambres plus ou moins élues, qu'on
appelle Chambre des députés et Sénat,
on les appelle lois. C'est ainsi que nous
avons la loi athée d'enseignement,
qui chasse de l'école dite publique,
non-seulement l'enseignement reli
gieux, mais toute une catégorie de
citoyens français qui, d'ailleurs, sont
munis de tous les parchemins etpa-
fiiers officiels, lesquels leur ouvriraient
'école, si Dieu, qui n'a pas de diplôme,
paraît-il, ne devait pas y entrer avec
eux. Il y a là seulement une ample
collection de résolutions iniques.
Et puis, on a la loi municipale, et
enfin la loi militaire. Celle-ci, c'est
le dernier hoquet expectoré contre
l'Eglise par la Chambre qui vient de
mourir. Mais entre le point de départ,
qui date de 1880 et même avant, des
mesures prises contre l'enseignement
chrétien, et le point d'arrivée, la loi
militaire qùi porte un coup si terrible
au recrutement du clergé, combien
d'autres mesures non moins arbitrai
res et non moins iniques revêtues de
cette étiquette mensongère de loi ! Il
est rare que,surles questions même les
plus étrangères à l'Eglise,on ne trouve
pas, à propos d'une loi quelconque,
le moyen de glisser au moins un petit
article contre l'Eglise ou contre ce
qui tient à l'Eglise. Pour tous ces fiers
républicains, l'Eglise, c'est l'ennemi.
Je comprends que ces hommes qui
codifient leur haine contre tout ce
qu'ils désignent sous le nom de
cléricalisme, je comprends qu'ils tien
nent, eux, à couvrir du manteau de
la loi leurs élucubrations, qui ne sont
pas moiné antisociales qu'antireligieu
ses; ils savent la puissance de ce mot:
la loi! Mais précisément pouf i £ Elênie
raisdû, Isa catholiques, les homme^
qui sont convaincus ({a S la loi hu
maine n'est loi qu'autant qu'elle û'es-
pas contraire à la loi divine, ne det
vraient pas si facilement se laisser in
fluencer par ce mot. Et pourtant, ils
le sont plus ou moins.
Ce Eîot là, ils, le respectent en effet,
même quand ii couvre es qui est le
plus contraire à la loi de Dieu, aux
droits et aux libertés que l'Eglise tient
et dii droit "naturel et du droit
divin positif. Quëï & été au fond
l'obstacle le plus efficace à la résis
tance active si nécessaire aux lois
seoîâi£es?£?ans dopte, l'effacement des
caractères, l'indifférence, la lâcheté et
aussi la peur y sont pour leur 1 part.
Msis ors faiblesses-là, on ne les avoue
pas, elles sclnt dans l'intériour de la
maison; le mur derrière îequsl on se
dérobe facilement, c'est le mur de
l'd M. p'esÈ la loi; sans doute, c'est
regrettable, iriàio enfin c'est la loi.
Après tout, c'est la loi! Ët ofl s'incline.
Voilà comment beaucoup d'hommes,
qui paraissaient intraitables la veille,
ont couvert leur retraite, le lendemain
Èxi des Scélératesses scolaires. Et
depuis lors, céS prétendues lois s'ap
pliquent et même elles s aggravent
tous? les jours. C 'est la loi!
Éh biëfl non, se n'est pas la loi ;
la loi; c'ê'st cé qiii è£t conformé 5îl
dfdit ; et Jendroit il, a son expféêâion
dans la loi aivirle; $ino'ri, il n'y a pas
de loi qui tienne. C'est ua driiip' de
force et pas autre chose. On s'y'sou-
iflst comme on subit le martyre et
pas autrement, 11 ne faut jamais qua
lifier ces abus de la farde dit. nom de
loi, saiis y joindre une épithète
tère. On dit : il a commis liËë in
fraction à la loi. Mais c'est ce que
vous appelez la loi qui est une in
fraction audroit et à la liberté.
Il faudrait sans cesse le dire et le re
dire pour empêcher la loi de prescrire
contre le droit.
^ En voici encore une, la dernière V<3-
tée, qui va être incessament mise en
application, celle qu'on appelle la loi
militaire, cette chose difforme et in
cohérente qui sacrifie peut-être la sé
curité de la France à la satisfaction
de nuire àl'Eglise. Evidemment quand
nos évêques protestent contre cette
loi scélérate, si justement stigmatisée
■par M. Buffet, quand ils observent
que cette loi renferme des dispositions
contraires à la loi naturelle, à la loi
divine et aux lois ecclésiatiques, ils
ne lui reconnaissent pas le caractère
auguste de loi. Elle est condamnée
dans la trente deuxième proposition
du Syllabus. Quand l'heure de l'appli
cation de cette loi inique aura sonné,
ce ne sont pas nos évêques qui se re
plieront devant ce mot : c'est la loi ! La
protestation sera maintenant ; on su
bira la violence, mais on ne l'appellera
pas la loi.
M. l'abbé Chapon, connu d'un pu
blic restreint pour de petits écrits
bilieux où il a voulu glorifier certains
de nos adversaires et nous écraser, a
publié dermèrement tout un volume
sous ce titre prétentieux : Mgr Du-
panloup et la liberté.— Sa vraie doctrine.
Ces mots : sa vraie doctrine , s'appli
quent à Mgr Dupanloup, et non à la
liberté.
M. Chapon, étant, comme écrivain,
de nature batailleuse et maussade
n'a pu entasser ce faix d'extraits insuf
fisants et de chétifs commentaires
sans y mêler des objurgations et al
lusions à notre adresse. Nous voulions
laisser tomber cela. Deux ou trois de
nos amis, lecteurs intrépides, ayant lu
le dit volume, prétendent que nous y
devons répondre, afin d'empêcher
l'école dont relève M. Chapon de
yoir dans notre silence une sorte d'a
dhésion.
Y répondre?non, stifterat en ce qui
nou^tcuche directement. L'hêîire n'est
pas propice à ces polémiques ; et puis,-
il n'est nullement nécessaire de répon
dre à tout le monde. jNous ferons ce
qui convient en disant que M. l'abbé
Chapon, par ses extraits, ne donne pas
plus toute la « vraie doctrine » de Mgr
Dupanloup que l'excellent et très loyal
M. Auguste Nicolas n'a donné celle du
P. Lacordaire dans l'écrit où, avec
force textes, il en a fait l'adversaire
décîaréldu catholicisme libéral.
Les travaux de ce genre n'ont ja
mais eu grande portée, et le livre de
M. l'abbé Chapon ne fera pas excep
tion* Si Mgr Dupanloup, polémiste
brillant et bruyant, s'inspirant sur
tout des circonstances et de sa pas
sionna eu ce qu'on peut appeler une
doctrine , il faut en chercher le carac
tère et la conclusion dans ce qu'il a
fait, dit; écrit, encouragé, approuvé
au sujet du Concile. Il est là tout en
tier. Les textes qu'a laborieusement
colligés M. Chapon ne peuvent valoir
de tels documents, de telles preuves.
Quant aux commentaires qu'il y a
joints et à ses traits directs ou indi
rects contre nous, à quoi bon s'y arrê
ter?
Eugène Veïïillot.
M. Sarcey, gui a la prose facile,
écrit dans plusieurs journaux. Il s'oc
cupe du théâtre, le lundi, au Temps;
les autres jours de la semaine, il ré
dige des chroniques, oû il parle de ce
qu'il sait et de ce qu'il ne sait point,
pcilî? le XIX' Siècle, la France, l'Esta
fette, etc., eta., etc... Il faut recon-
naitrô j d'ailleurs, que M. Sarcey trouve
presque toujours, même quand il dé
raisonne et bat la campagne, le moyen
d'être assez intéressant. Il est grotes
que plus souvent qu'à son tour; seu
lement, il n'ennuie point. C'est un don
fort appréciable. M._ Sarcey, d'habi
tude sst P as médiocrement fier.
Mais aujourd'hui, M. Sarcey ne
s'occupe nulle®® n ^ ds savoir s il est
ennuyeux ou non, «otesque ou pomt.
Il est trop navré pour ceia. ^ qi est-
ce qui navre M. Sarcey? L'écheJ
M. Ferry, peut-être? Vous avez de
viné. M. Sarcey pousse des gémisse
ments qui ont une colonne de long.
Où les pousse-t-il ? Le Temps• ne re
çoit sa prose qu'à jour fixe, et la con-
fine'au rez-de-chaussée, « dans l'antre
que le feuilleton se creuse au bas des
grands journaux ». Le XIX" Siècle est
anti-opportuniste ; la France est bou-
langiste. Mais l' Estafette est là, qui
aime Jules Ferry, et déplus appartient
au blackboulé des Vosges. C'est donc
à Y Estafette que, voulant se soulager un
peu, M. Sarcey a recours. Il y clame
son désespoir.
; Ah ! commence-t-il par dire, « si
je n'écrivais pas dans ce journal, que
vous rédigez en chef, mon cher Jules
Ferry, comme j'aimerais à décharger
mon cœur! » Et, incontinent, M.-Sar-
cey décharge son cœur sur un espace
de cent vingt lignes.
Pour décharger son cœur, il ne s'y
prend point d'une façon banale. Il ne
se contente pas de pleurer, il fait
le moulinet avec un encensoir. Vous
êtes, déclare-t-il à son rédacteur
en chef, « vous êtes, de tous les hom-
« mes politiques en ce temps, celui
« pour qui j'ai la plus franche admi-
« ration et la sympathie la plus vive.
« Vous avez du caractère.... Vous
« savez ce que vous voulez Vous
« êtes un de nos meilleurs orateurs...
« Vous êtes un robuste et un vaillant...
« Vous nous avez donné la Tunisie...,
« le Tonkin », etc., etc., etc. M. Sar
cey ne dit pas tout. Il oublie les plus
beaux titres de gloiro du blackboulé
des Vosges. Il devrait ajouter encore :
Personne au monde ne laïcise comme
vous ! Vous n'avez point votre pareil
pour violer un domicile sans défense,
et mettre à la porte de chez lui un re
ligieux qui ne peut résister. Si, en
Ffsnce, pays catholique, il y a déjà
des milliers d'enfants qui arrivent à
l'âge d'hommê.s&ns connaître le nom
de Dieu, c'est à vous Çtt'ils le dorf^nt.
Etc., etc., etc...
Et avec de pareils titres, M. Jules
Ferry resterait éloigné de la Chambre !
Allons donc ! Ce n'est point possible !
« Tout n'est pas fini !» M. Sarcey n r è
peut l'admettre. Il le déclare au vaincu,
qu'il appellerait volontiers un « glo
rieux vaincu », un « vaincu provi
soire »!Ilya, lui dit-il, «beaucoup de
« gens sages, instruits, bons patriotes
« et républicains modérés, qui recon-
« naissent en vous un guide... Ils sont
« malheureusement' disséminés un
« peu partout. Sainte-Beuve voulait
« qu'il y eût un diocèse de la libre-
« pensée ; s'il y avait un diocèse de la
« droite raison, vous y seriez nommé
« à l'unanimité des voix! » M. Sarcey
n'en doute aucunement. Il estime, en
effet, que tous les gens « instruits, sa
ges, » etc., doivent penser comme lui.
Le diocèse de la droite raison n'existe
pas. C'est heureux pour M. Sarcey qui
aurait la douloureuse surprise de s'y
voir refuser tout net une place. Il faut,
par conséquent, trouver, non dans les
nuages, mais sur terre, une circons
cription, réelle, dont les électeurs
veuillent bien relever M. Jules Ferry.
On la trouvera. Nous allons nous met
tre à l'œuvre, s'écrie M. Sarcey.
« Nous démolirons les absurdes
«préjugés, les stupides et hon-
« teuses calomnies que l'on a ac-
« cumulées sur votre tête; c'est af-
« faire de temps, de patience et de
« talent. «Voilà donc M. Ferry sauvé!
En effet, du moment que M. Sarcey,
généreux, met son talent au service
du blackboulé des Vosges, celui-ci est
certain de la revanche. •
Ce ne sera même pas une affaire de
beaucoup de temps. Car, raisonne M.
Sarcey, « on a dit souvent que la
roche tarpéienne était près du Capi-
tole. » Oh oui ! souvent ! « Il serait
tout aussi juste de dire que le Capitole,
lui aussi, est près de la roche tar-
i; °nne. » Comme calcul de distance,
P*'""" , ' ■ Mement c'est exact ; mais,
mcontegi^ ^ préclpité de la
lorsqu on vient u«-- », no int, en gé-
roche tarpeienns, en n*° .
néral, les membres dafiâ tîn eu». 41
permette de remonter facilerrisftt au
Capitole !
M. Sarcey raisonne mieux, il faut le
reconnaître, lorsqu'il déclare que,_ si
« le suffrage universel est peu éclairé,
est brutal, il est capricieux », et qu'il
en conclut à la possibilité du retour
de M. Ferry. Le suffrage universel, en
effet, étant peu éclairé, brutal et ca
pricieux, M. Jules Ferry a des chan
ces sérieuses de reparaître. Mais, c'est
égal, il aura reçu tout de même un
rude soufflet !
Pierre Veuillot.
tenais déjà de si fortes majorités, vous ra
tifiez mes actes dans le passé, et vous m'en
couragez pour l'avenir à défendre avec un©
nouvelle ardeur les intérêts de la religion
et du pays. Dieu veuille que nos communs
efforts soient couronnés de snccès ! Pour
moi, je serai toujours heureux et fier de
parler en votre nom ; car c'est à la fois un
honneur et une force da pouvoir faire en
tendre, dans une Chambre française, la vois
de la catholique Bretagne. -
, Agréez, messieurs, l'assurance de mon
affectueux dévouement.
t C h. E mile F mppel,
évôque d'Angers, député
du Finistère.
Réponses épiscopales
Mgr Servonnet, évêque de Digne, a
adressé à M. le ministre des cultes la
lettre suivante :
Monsieur Is ministre,
J'ai l'honneur de vous accuser réception,
quoique vous ne l'ayez pas demandé, de la-
lettre que vous m'avez adressée, comme
aux autres membres de l'épiscopat, le 4 de
ce mois.
Lorsque cette lettre me fat remise,Je
présidais la retraite annuelle de mon ctergé,
auquel je venais de faire les recommanda
tions les plus expresses sur l'attitude plei
ne de réserve et de prudence qu'il devait
avoir pendant la période électorale.
Je l'ai invité à. ne prendre aucune part
dans la lutte des partis, et, tout en usant
de ses droits et en remplissant ses devoirs
civiques, à se borner, dans l'exercics de :
son ministère, à prier et à faire prier pour
le bien religieux, moral et matériel de no-'
tre cher pays, comme aussi pour ceux qui
sont fchargés de le gouverner, ut tranquil-
lam vitam agamus, selon le langage de nos
saints livres.
Les membres du clergé de Digne m'ont
paru écouter ces conseils et cette direction
avec docilité et même avec sympathie^ et
j'ai lieu de compter entièrement sur l'ex
cellent esprit qui les anime, soit en ce mo
ment, soit en toutes autres circoffstances.
Veuillez agréer, etc.
Mgr Freppel vient d'adresser la
lettre suivante à ses électeurs :
Aux électeurs de la 3 e circonscription
de Brest
, Angers, le 24 septembre 1889.
Messieurs,
Je ne veux pas tarder à vous remercier
de la marque de confiance que vous venez
de m'accorder pour la quatrième fois. Vos
suffrages me touchent d'autant pins vive
ment que, resté loin de la circonscription
pendant toute la période électorale, je m'en
remettais entièrement à votre choix libre
et spontané. En me donnant 2,000 voix de
plus qu'aux élections précédentes, où j'ob-
■ .0»-
Le Journal des débats assure qu& « la
Bourse a salué par une hausse accen
tuée le scrutin du 22 septembre». A
l'en croire, « le monde de la finance
s'est senti soulagé d'un grand poids
parce qu'il avait conscience que la
triomphe des coalisés aurait été le si
gnal d'une prochaine catastrophe »; et
le Journal des Débats , que le résultat
des élections a rendu plus républicain
encore et .plus opposé aux conserva
teurs, conclut triomphalement que
« la seule annonce de leur défaite suf
fît pour rassurer les intérêts et .rendre
ç 0 ^fiance aux gens de travail ».
P art ) nous disons dans
Le bruit de la mort ds M. do Bismarck a-
couru hier'à )& Course, Çt.3 même circulé
eoepro pendant la soirée..
sei-ait-iîc pas ce bruit-,,autant et
plus encore I e succès des répu
blicains, qui aufaii déterminé la
hausse dont le Journal des Jicbats se
félicite? Et quand le monde d& 1 ar
gent trouverait plus de satisfaction S
être en république qu'en monarchie,,'
qu'est-ce que cela prouverait contre
cèlle-ci et pour celle-là ? Messieurs d©
la Bourse ne seront peut-être pas tou
jours aussi eontents que la France
n'ait pour la gouverner et la repré
senter en Europe, que les Constans,
les Thévenet. les Rouvier et les Bris-
son.
On lit dans la République française,
à laquelle le succès relatif des oppor
tunistes, qui ont distancé les radicaux,
semble devoir donner Une situation
prépondérante :
La nouvelle Chambre n'était pas encore
nommée que plusieurs journaux ont parlé
FEUILLETON DE h'UNIVERS
DD 26 SEPTEMBRE 1889
ET
Le Tombeau de son Fondateur
FOUILLES DE 1888-1889
Parmi les œuvres des rois d'Egypte, une
des plus célèbres eet le Labyrinthe, dont
les auteurs anciens, en particulier Strabon
et Hérodote, nous ont conservé le souve
nir. « Nous avons ici, daps le Labyrinthe,
dit Strabon (XVII, 1, .37), une œuvre égale
aux pyramides, et à côté, le tombeau du
roi qui a construit le Labyrinthe. » L'ad
miration d'Hérodote est encore plus ex
pressive : « J'ai vu le Labyrinthe, dit-il (II,
148) et je l'ai trouvé plus grand encore que
sa renommée. On rassemblerait tous les
é difices et toutes les constructions des Grecs
qu'on les trouverait inférieurs comme tra
vail et comme dépenses à ca Labyrinthe ;
et pourtant le temple d'Ephèse est re
marquable, ainsi que celui de Samos.
Les pyramides m'avaient paru plus grandes
que leur renommée, et une seul® d'entre
elles équivaut à beaucoup des plus grandes
constructions grecques; mais le Labyrin
the surpasse même les pyramides. » L'é-
tonnement que causait aux Grecs la vue du
labyrinthe était fondée. Jusqu 'à ces der
nières années, on ne savait trop quelle était
l'histoire du Labyrinthe, ce qu'il y avait do
vrai ou de faux dans les récits qui nous
avaient été transmis à ce sujet. Les re
cherches faites sur les lieux dans ces der
nières années nous ont appris sur ce sujet
bien des choses intéressantes, qu'il sera
sans doute agréable aux lecteurs de l'Um-
vers de connaître. - , ■
I. '
Le nom grec de Labyrinthe est unetrans
formation ou plutôt une déformation des
mots égyptiens Lope-ro-hounit, qui signi
fient monument était, en effet, situé à l'est du
lao Mceris. Il avait servi de palais au roi
qui l'avait lait construire et, après la mort
de son fondateur, il était devenu un tem
ple.
Le site du Labyrinihe a été retrouvé, il y
aune cinquante d'années, par un savant
allemand, le docteur Richard Lepsius, qui
est mort récemment directeur du musée de
Berlin. Hérodote et Strabon en avaient
décrit exactement l'emplacement. Strabon,
entre autres, dit : « Après avoir franchi la
première entrée du canal, à trente ou qua
rante stades de distance, on trouve un pla
teau avec ua village et un grand palais
composé d'autant de palais qu'il y avait au
trefois de nomes ou de districts en Egypte...
A l'extrémité de cet édifice, qoi occupe
plus d'un stade de superficie, s'élève le
tombeau; c'est une pyramide de forme
quadrangulaire,dont chaque côté a environ
quatre plèihres de long et autant de haut. »
C'ost grâce à cette description que le site
du labyrinthe a pu être retrouvé.
A quelques lieues aa sud da Caire, dans
le Fayoum, s'élève une pyramide de bri
ques en ruine, à un endroit appelé Hawara,
où l'on remarque, sur une vaste étendue
de terrain nivelé, de nombreuses fonda
tions de constructions en briques. C'est là
que Lepsius supposa que s'était élevé le
Labyrinthe. En -1888, un savant anglais,
connu par ses nombreuses fouilles en
Egypte, M. Flinders Peirie, a repris les
recherches de Lepsius. En arrivant à Ha
wara, il a conçu d'abord des doutes sur
l'exactitude des identifications du savant
allemand,parce qu'il a constaté que les rui
nes qu'on remarque à la surface du sol
sont celles d'un grand village de l'époque
de la domination romaine en Egypte. Ce
pendant, en poursuivant ses fouilles, il a
pu se convaincre que c'était bien en ce lieu
qu'avait été construit le fameux Lope-ro-
hounit, de sorte qu'aujourd'hui le site du
Labyrinthe doit être regardé comme défi
nitivement fixé.
Le Labyrinthe s'élevait sur un petit pla
teau qui fait face à l'ancienne ville de Scho-
dou, capitale du Nome, appelée par les Grecs
Crocodilopolis ou la ville desjcrocodires. D'a
près les mesures prises par Lepsius, me
sures qui diffèrent de celles données par les
auteurs anciens et sur lesquelles nous re
viendrons plus loin, l'emplacement du La
byrinthe formait un vaste massif quadrangu-
laire d'environ 200 mètres de long sur 170
de large. La façade de l'édifice qui regar
dait le lac Mœris était en calcaire blanc ;
le reste des constructions était en granit,
d'après le témoignage des auteurs anciens.
Quand on avait pénétré dans l'enceinte,
on était comme perdu au milieu d'une mul
titude de petites chambres semblables où il
était impossible de se reconnaître et de se
retrouver, d'où le' sens ' figuré que nous
avons attaché dans notre langne au mot de
labyrinthe. Toutes ces chambres étaient
carrées, petites, recouvertes d'un seul bloc
de pierre qui en formait le toit et, de
plus, obscures. Elles étaient reliées les
unes aux autres par de petits corridors qui
s'enchevêtraient de telle sorte qu'un guide
seul, dit Strabon, pouvait en indiquer la
sortie à l'étranger qui y pénétrait. Hérodote
assure que les chambres étaient au nombre
de trois mille, dont moitié sous terre. Les
murs et les plafonds étaient couverts d'hié
roglyphes et de [bas-reliefs,
La petitesse des chambres s'explique par
les exigences du mode de construction usité
dans le pays ; leur obscurité, par la néces
sité de préserver ainsi le matériel|du culte
des atteintes des insectes, des mouches et
du soleil.
Il est à croire, en effet, qu'une partie
de ces nombreux petits appartements ser
vaient à conserver les objets du culte : vê
tements sacerdotaux et vêtements des dieux,
instruments de musique destinés aux céré
monies sacrées, objets divers consacrés
aux dieux, etc. Pline nous apprend qu'on
y enfermait aussi les emblèmes des divini
tés égyptiennes et les statues des rois dé
funts.
Au centre du massif, il y avait douze
grandes salles hypostyles, rangées deux
par deux, et dont les portes s'ouvraient six
au nord et six au midi. A l'angle septen
trional du plateau s'élevait la pyramide en
briques crues, revêtue de pierres sculptées,
qui servait de tombeau au fondateur et qui
a permis de retrouver le site du Labyrin
the.
Tous les détails que nous venons de don
ner ne nous sont connus que par les au
teurs grecs et romains.
Naturellement il n'a pas été possible aux
modernes d'en vérifier l'exactitude, parce
que le Lope-no-hounit est détrait depuis
.des siècles.
II
Voici quel a été le résultat des fouilles
faites sur place par M. Petrie en 1888, Les
ruines qui émergeaient h la surface du sol
et qui avaient été examinées par M. Lep
sius, étaient les débris des maisons bâties
à l'époque de la domination romaine en
Egypte. Elles avaient été construites sur
des fondements formés d'une masse com
pacte de restes do beau calcaire blanc, res
tes qu'on reconnaît au premier coup d'œil
comme ayant appartenu à quelque grand
édifice, et qui rappellent ce qn'ont raconté
les an.teurs anciens, que la façade du La
byrinthe, tournée vers le lac Mœris, était
bâtie en pierres blanches dont l'éclat riva
lisait avec celui du marbre de Paros.
M. Petrie, continuant ses fouilles au-des:
sous de cette première couche, découvrit
des fondations plus anciennes, préparées
avec le plus grand soin et avec plus d'art
même qu'à l'époque oè régnaient les Ram-
sès.
Ces fondations sont formées, en certains
endroits, de morceaux de pierre fortement
liés de manière à former une masse solide,
et, ailleurs, de couches de sable. C'était là,
à n'en pas douter, les fondations du La
byrinthe.
Après avoir fait celte première trouvaille,
M. Petrie continua ses travaux jusqu'aux
angles des fondements qu'il avait décou
verts, pour mesurer la superficie du célèbre
édifice. Il constata de la sorte que le La
byrinthe devait avoir couvert une aire de
quarante à cinquante acres (arpents) an
glais d'étendue. Quelques fragments du pa
vement primitif se trouvaient encore çà et
là en place. On creusa des puits au milieu
de ces ruines ; les sondages fureiit sans ré
sultat ; on ne découvrit ni la moindre ins
cription ni la moindre sculpture ; on re
nonça donc à pousser plus loin des recher
ches qui devenaient visiblement inutiles. •
M. Pétrie avait d'ailleurs résolu les pro
blèmes archéologiques qu'il s'était proposé
d'élucider. Il s'était convaincu que le doc
teur Lepsius avait retrouvé le véritable
site du Labyrinthe, mais que cet explora
teur s'était trompé sur l'identification des
ruines : il avait cru que les chambres en
pierre qu'il avait découvertes étaient des
restes encore subsistants du Labyrinthe ;
M. Petrie s'e3t assuré que ces chambres
étaient d'une date postérieure à la cons
truction de l'édifice primitif ; elles ressem
blent à plusieurs tombeaux de l'époque ro
maine qu'on voit dans le voisinage. On
peut. donc regarder aujourd'hui comme
établi que, du Labyrinthe, il ne reste plus
que les fondations, qui permettent encore
d'en mesurer la grandeur. L'édifice lui-
même, si renommé dans l'antiquité, a dis
para, parce qu'il a servi de carrière aux
maçons qui ont bâti, avec ses débris, la
ville moderne de Médinet-el-Fayoum.
■ ; -III ■ "
La plupart des .pyramides et des tom
beaux célèbres de l'Egypte ont été violés
et profanés depuis des siècles, par la cupi
dité et l'avarice, soit des conquérants, soil
des simples particuliers qui ont voulu dé-
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