Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-09-23
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 septembre 1889 23 septembre 1889
Description : 1889/09/23 (Numéro 7935). 1889/09/23 (Numéro 7935).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 23 Septembre I8SI
K* Ï035 -«" gdiiiioQ. qaetldlôasi
Lundi 23 Septembre ÏB89
ÉDITION QUOTIDIENNE
Ih an. . .
Six mois. .
Trois mois.
PARIS
IT DÉPABTEStEXTS
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. . 28 50
. . 15 »
ETRÂtTur ER
(union postale)
63 >
34 »
18 »
%tk«iaiestcikta partent do» t" et u de cliaqao mois
Ttvr ,,T.«iiT >n ( Paris 15 cent.
UN MMÉRO | Départements. 20 —
BUREAUX : PariB, 10, tuo des Saints-Pères
ÉDITION SEMI-QGOTUJIENNB
PARIS ÉTRANGER
ÏT PÉPARÎEMENTS (ONION P0STA11S
Un an. .... 30 » 36 »
Six mois. ... 16 » 19 »
Trois mois. . . 8 50 10 »
On s'abonne & Rome, place du Gesù, 8
Tes uboaceuients partent des t" ot 16 do chaque moM
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C i0 , 6, place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 28 SEPTEMBRE 1889
On voit, sans grande animation, à
en juger d'après ce que nous avons pu
voir ; le temps, du reste, n'est pas fa
vorable aux manifestations ; il pleut,
et l'on sait que le Parisien n'aime pas
la pluie. On connaît le mot de Ver-
gniaud, auquel on annonçait pour le
lendemain un mouvement décisif
contre la Gironde ; il ouvrit la fenêtre,
montra à ses amis le temps qui était
pluvieux, et leur dit : Il pleut ; il n'y
aura rien. Et, en effet, la journée du
lendemain fut tranquille ; mais cela
ne reculait que de peu de jours la
chute méritée de la Gironde.
Si nous en croyons les journaux
boulangistes, les mesures militaires
les plus sérieuses auraient été prises,
sur l'ordre du ministère, par le gou
verneur de Paris, le général Saussier.
De cela nous ne blâmerons pas l'auto
rité militaire, ni même le ministère ;
mieux vaut prévenir un mouvemënt
que do le réprimer.
Il est vrai que les boulangistes ac
cusent M. Gonstans d'avoir prescrit
ces mesures da précaution avec l'ar-
rière-pensée de provoquer une mani
festation boulangiste, qui serait ré
primée avec la dernière rigueur et
fournirait au ministre l'occasion de
se poser en sauveur de la République.
On est, paraît-il, décidé à considérer
comme nulles les voix données '.aux
condamnés de la Haute-Cour. M. Cons-
ians l'aurait prescrit. Gela explique
l'attitude des journaux officieux, qui
n'ont pas inscrit le général; Boulanger
et MM. Dillon et Rochefort parmi
?ss candidats. C'est même pour pré
paie cette atteinte au suffrage uni
versel que le ministre de l'intérieur
a révoqué le maire radical de Mont
martre, M. Bin, qui ne s'y serait pas
prêté ; le portrait du général Boulanger,
alors ministre de la guerre, n'a été
.qu'un prétexte.
Nous ne comprenons pas trop la
conduite de M. Constans. Si, à la nou
velle Chambre, la majorité est gouver
nementale, elle annulera l'élection des
condamnas de la Haute-Cour ; si ^ 1 op
position triomphe, elle validera l'élec
tion, sans s'arrêter aux décision^ des
commissions de recensement, qui ne
sont pas obligatoires pour elle.
Jusqu'à la dernière heure, le minis
tère aura témoigné de ses mauvaises
dispositions pour l'Eglise ; on enregis
tre encore c© matin de nouvelles sup
pressions de traitement. Les journaux
républicains, sans en excepter les plus
modérés, trouvent cela' tout naturel,
et ils annoncent en même temps des
poursuites contre certains membres
du clergé.
Une" semblable conduite nous mon
tre ce qu'on doit craindre, en cas de
succès du gouvernement. C'est la jus
tification de la conduite des catholi^
ânes qui, à défaut de candidats à eux,
reportent leurs voix sur des candidats
de* ^opposition, même peu satisfai
sants.
Avant l'inauguration du Triomphe
de la Répuiïigw, nous disions que la
fête serait m&g™ au point de vue de
l'éloquence. prévisions se sont
pleinement réalL^éê-s; Ni M. Tirard ni
le citoyen Ghaute^s ne pouvaient
enthousiasmer, et a < s fète a ete p*us
que froide. Ce n'est pa^ M- Carnet qui
aurait réchauffé Fenthousùasme.
En fait, comme manœuvre électo
rale de la dernière iieure, l'inaugura
tion ne semble pas avoir réussi. Elle
n'assure nullement le triomphe de la
République... opportuniste.
La reine Nathalie viendra-t-elle à
Belgrade? Quand et dans quelles con
ditions? Quels seraient les résultats de
sa vende? Voilà les questions qu'on se
pose et o ui préoccupent à Vienne pom
me à Coustantinople et à Samt-Pe-
tersbourg. H faudrait si peu de chose
pour allu m er dans I ôs B çillcs -xxs un in-
cendie, dont il ne serait peut-être pas
facile de biec. délimiter 1© champ d ac-
On trouvera plus loin des dépêches
du Temps , qui donnent des renseigne
ments curieux sur les agissements du
yoi Milan.
P.-S. — Si la tranquillité est com
plète à Paris, il n'en est pas partout
de jnême en province. Voici, en té
moignage, la dépêche que nous com
munique à la dernière heure l'officieu
se Agence Havas :
Avignon, 21 septembre.
Oa â enfoncé ca soir les portes du comi
té boulangiste et brûté les bulletins et le
mobilier. fin groupe s'est ;rendu au cercle
boulangiste, où il a brisé la devanture avec
des chaises, puis a éteint le gsz.
« A propos d'un .évêque, « tel est le
titre d'un article publié par la Jus
tice pour montrer çaa certains répu
blicains se flatteraient en vain d obte
nir jamais un « clergé mational », cette
dénomination étant prise en ce sens
mie ledit « clergé national » serait un
clergé asservi aux capriçes du gou
vernement, « rebelle Jaux institutions
dn Syllabus et aux décrets de la Pa
pauté ».
Sous ce rapport, la Justice a pleine
ment raison. Si l'histoire, en d'autres
temps, a pu nous montrer-des évêques
courtisans du pouvoir au point de ne
pas reculer devant la perspective d'un
schisme pour donner raison à ce pou
voir contre l'autorité spirituelle du
Pape, rien de pareil n'est à redouter
de nos jours, où l'épiscopat, le clergé,
les fidèles sont si étroitement unis
dans la tendresse et le respect que
tous professent unanimement pour le
Souverain-Pontife.
Bien entendu, ce n'est pas sur ces
raisons-là que la Justice motive ses
conclusions. Jugeant apparemment
de ce qui se passe dans l'Eglise par ce
qu'on observe chez les républicains ou
les radicaux de la veille deviennent si
facilement une fois pourvus, les op
portunistes du lendemain, elle prétend
donner de l'impossibilité d'avoir un
« clergé national » une explication
suffisante en disant :
. Consultez les anciens ministres des cul
tes, ils vous diront tous dans l'intimité que
l'Eglise est peuplée de représentants qui
acceptent avec docilité la République et lui
font des promesses de dévouement sans
frein quand l'avancement est au bout et
quand il s'agit d'augmenter le galon dont
nul ne saurait trcp prendre. Mais tous vous
diront aussi que, dès que le galon a aug
menté, ces protestations de dévouement dis
paraissent comme un fen de paille.
Un jour, un évêque connu, très remuant
et très influent, allait trouver son ministre
pour lui demander d'élever à la dignité
épiscopale un des prêtres ,de son diocèse.
« Autant celui-là qu'un autre, lui répondit le
ministre. Tous se valent. Il est ultramon-
tain de la veille. Un autre le serait du len
demain ».
C'est précisément ce qui fait, avec beau
coup d'autres considérations du même
genre, l'absurdité du régime dont nous a
dotés Bonaparte. Régime amphibie dont la
république aurait dû mettre son honneur à
nous débarrasser depuis longtemps.
Ces observations me viennent à l'esprit,
à propos d'une lettre d'évêque que je lis
dans les journaux du soir et qui est une
réponse à la circulaire de M. Thévenet,
dont nous avons déjà parlé. Cette lettre est
convenable et polie. Elle est même modeste
et conforme à ce que le ministre de la jus
tice pouvait désirer.
< J'ai toujours recommandé à mes prê
tres, dit le prélat, de ne jamais prendre
aucune ..part dans Ja latte des partis. Je
leur ai renouvelé cette recommandation
pendant les retraites ecclésiastiques qui
viennent de se terminer. »
Port bien. Celui-là n'écrit pas de la même
encore que les autres. Il y met des formes
et de l'adresse, il ne se laisse pas aller à
une aigreur, et à une vivacité qui ne peu
vent lui servir à rien. Il est de la bonne
école diplomatique .
Mais si M. Thevenet veut le mettre à
l'épreuve, qu'il lui trouve seulement un
petit archevêché, lé plus modeste, et vous
le verrez fonctionner.
Ce vénérable ecclésiastique n'est pas, en
effet, moins catholique et moins orthodoxe
que les autres. Il ne songe pas, je sup
pose, à jeter le froc aux orties et se con
vertir à la doctrine de M. Hyacinthe Loy-
son. Il est da son Eglise et il veut mourir
dans le giron où il a reçu les ordres.
Eh bien! comment ferait-il alors pour
admettre la liberté selon la République et
pour brûler le Syllabus que les conciles ont
décrété? Comment romprait-il avec les dog
mes auxquels il a juré une fidélité sans
bornes et qui lui commandent d'obéir au
cathéohisme, c'est-à-dire au contraire de la
Déclaration des Droits de l'homme et du
citoyen?
Qu'on se garde donc d'avoir de fausses
joies, dans les régions où l'on escompte la
fermeté d'exécution du Concordat. L'Eglise
et son enseignement ; sont immuables au
milieu des variations humaines. Notre poli
tique n'a rien à y voir, et pour le pouvoir
civil, l'autorité religieuse est insaisissable.
Qu'on renonce à la chimère du clergé na
tional ; nous avons déjà le parti du même
nom, et comme on dit en langue vulgaire,
la moitié de cela suffit. — S. Pichon.
Telles sont, sur la nature des rela
tions qui doivent exister entre le pou
voir civil et épiscopal les hautes vne s
de MM. Pelletan et Glémenceau. Nous
ne parlons pas du ton sur lequel M. Pi
chon nous les expose. Mais puisqu'il
parle de convenance et de politesse,
peut-être eût-il pu montrer dans la
circonstance qu'il en. savait faire
usage. Est-il convenable, en effet, est-
il poli, quand on parle de la religion
qui prêche l'abnégation, l'humilité, le
désintéressement et dont l'histoire
prouve qu'elle a toujours opposé ces
vertus à toutes les séductions et à
toutes les promesses, est-il convena
ble et poli de prêter d'une façon géné
rale à ses représentants des habiletés
et des calculs indignes d'un simple
homme d'honneur ?
Cependant nous devons dire que la
Justice est un modèle de politique et de
conveu5* ÛCe si on la compare au Rappel
ou M. Vacqiierie signale grossièremt
l'apparition d'un a oiseau rare » à pro
pos de la lettre écrite p&? Mgr l'évêque
de La Rochelle au Garde des Sceaux,
Voici, dit-il, un évêque qui n'essaie pas
de conspirer contre la République.
M. Etienne évêque de La Rochelle, en
réponse à la circulaire du garde des sceaux
vient en effet de lui adresser la lettre sui
vante dans laquelle il n'est pas question de
faire insurger les prêtres contre le gouver
nement qui les paie.
Le Rappel voudrait-il nous dire où
il a vu des évêques essayant de cons
pirer contre la République? Voudrait-
il nous citer les extraits de leurs let<
très où il serait question de f&ire
insurger les prêtres contre le gouver
nement? ,Nous laissas de CQté l'argu
ment tiré de ce que le gouvernement
« paierait » les curés, attendu que
le Rappel lui-même n'en peut ignorer
l'inanité. Nous savons bien que les
républicains et le gouvernement lui-
même répètent à l'envi cette fausseté.
Mais il n'en est pas moins vrai que les
prêtres sont les créanciers, non les
débiteurs de l'Etat, celui-ci étant obli
gé de leur servir le budget des cultes
à titre de rente, comme faible compen
sation de ce qui jadis a été enlevé à
l'Eglise.
Et maintenant, veut-on savoir ce
que pense d'articles comme ceux du
Rappel et de la Justice, le parti des ré
publicains qui se disent modérés?
Voici ce que nous lisons dans le Jour
nal des Débats :
Si de3 catholiques avouent que l'on peut
pratiquer sa religion dans un Etat dont le
le chef n'est point héréditaire, et que l'ac
cord peut régner entre l'Eglise et un-gou
vernement républicain, on les rebute rude
ment et on les avertit que, pour entrer
dans la république, ils ont une petite for
malité à remplir, qu'ils doivent avant toutes
choses, abjurer leur croyance, et, s'ils por
tent un froc ou une soutane, le jeter promp-
tement aux orties.
C'est là, en effet, la formule exacte de la
république fermée, de la république qui
n'est que la citadelle d'un parti, toujours
menaçant et sans cesse menacé. Mais, en
vérité, la république serait fort à plaindre
et nous augurerions fort mal de son avenir
si elle était réellement en présence des
deux incompatibilités redoutables que la
Justice signale avec tant de complaisance.
Nous refusons de croire, quant à nous,
qu'elle soit réduite à cette condition qui
rendrait son existence si précaire, et c'est
pourquoi nous persistons à poursuivre ces
chimères que nous avons le ferme espoir
de voir devenir des réolités.
Le Journal des Débats a raison de
croire que l'accord peut régner entre
l'Eglise et un gouvernement républi
cain, et il ne dénature pas non plus
la pensée des catholiques quand il
leur prête l'opinion que « l'on peut
pratiquer sa religion dans un Etat
dont le chef n'est point héréditaire ».
Mais s'il a raison en cela contre la Jus
tice, pourquoi se donne-t-il tort à lui-
même, quand il blâme, comme l'autre
jour, l'intervention des évêques, alors
que cette intervention, il le reconnais
sait, ne se 'manifestait qu'à propos de
questions religieuses. Il iaut bien sa
voir que cette intervention, en pareil
cas, est l'exercice légitime de la liber
té qui doit être laissée aux catholiques
de pratiquer leur religion sous une ré
publique comme sous une monarchie.
C'est donc au gouvernement républi
cain, non à l'épiscopat, que le Jour
nal des Débats doit s'en prendre si l'on
ne vient pas à bout de sceller l'accord
dont il s'agit. Quand la Justice pro
clame à juste titre cet accord impos
sible, du moment qu'on y met comme
condition l'abandon par le clergé des
doctrines immuables de l'Eglise, si,
en pratique, le Journal des Débats ré
clame cet abandon, qu'il trouve par
ailleurs injuste de réclamer théori
quement où est, au fond, la diffé
rence?
Auguste Roussel.
LE
« Triomphe de la République »
C'est d'un monument en plâtre qu'il
s'agit. On l'a inauguré hier, jour an
niversaire de la proclamation de la
République, date pleine de souvenirs
glorieux, parait-il, et de promesses
réconfortantes.
L'œuvre artistique a déjà fait quel
que bruit. Le conseil municipal de Pa
ns l'a couronnée avec enthousiasme.
Elle porte en effet la marque du talent,
toutefois elle est bizarre. Deux lions
caparaçonnés de tapisseries, conduits
par un génie pourvu d'une torche,
sont attelés à un char, mais ils n'ont
pas l'air de rien traîner. Dans la char,
une sphère trop petite, surtout pour
un attelage d'une telle vigueur. Sur
la sphère, une femme à l'aspect sur
pris et craintif, en dépit du bonnet
phrygien. Autour, des figures qui re
présentent le Travail, la Justice, la Paix,,
le tout chargé des allégories classiques,
palmes, balances, cornes d'abondance.
L'originalité de la composition réside
dans la femme jqui symbolise la Ré
publique. Le sculpteur, M. Dalou, a
choisi un type tout différent des viragos
qui s'étalent sur nos places publiques.
Pour la première fois, la rude commère
des ïambes a été laissée de côté. Cette
République a pris les traits d'une jolie
fille des champs, solide, mais gra
cieuse et douce. Par l'attitude elle est
encore plus étonnante : elle se tient
presque sur un seul pied, l'autre frô
lant la sphère. Les bras écartés, le col
tendu, elle a peine à garder l'aplomb,
On dirait qu'elle cherche un balancier
et qu'elle va s'en faire un du faisceau
qu'elle serre de la main gauche. On la
prendrait pour une de ces équilibrâtes
qui dans les cirques marchent sur une
boule. Il est vrai qu'elle ressemble
aussi à une somnambule. Pas rassurée
du tout, ia République triomphante.
Est-ce le triomphe de l'allégorie. ?,
L'épaisse femme nue qui personnifie
la paix (à moins que ce ne soit la Jus
tice) est contournée, a moitié pliée
comme si elle était en train de s'as^
seoir.
Dans un discours boursouflé, M.
Çhautemps, président du conseil mu- !
nicipai ; citant M- Ulysse Parent, a
indiqué le gens delà composition. Ce
serait, d'après ces messieurs, l'idée
démocratique, « seule capable d'inspi
rer les chefs-d'œuvre qui auront cette
fois toute la sévérité, toute la portée
morale d'un enseignement » ; ce que
n'a pu faire « l'idée religieuse avec
« ses symboles,qui traduisent les idées
« d'une métaphysique toujours obs-
« cure » ni « l'idée aristocratique avec
« ses délicatesses, ses raffinements,
« ses voluptés, ses licences, quelque-
« fois sa grandeur. » Evidemment la
métaphysique de M. Ghautemps n'est
pas obscure, puisqu'elle n'existe pas.
Pourquoi M. Dalou a-t-il réalisé une
merveille ? Parce qu'en plus du « gé
nie » il a « la foi », non seulement la
foi de son art, mais la foi de la Répu
blique. Ce n'est donc pas assez d'avoir
façonné une espèce ae rite religieux
au moyen des pompes funèbres : voici
que la foi est remise en honneur. Ils
en arriveront auxsacrements,ces pon
tifes qui sont eux-mêmes assommés de
leur rhétorique.
M.Tirard, qui, lui, garde sa ferveur
pour les amplifications de camelotte,
a sorti ses trémolos nasillards. Mal
gré la tonalité triomphale, fixée pour
tous les morceaux, il a gémi sur les
« épreuves », sur les « assauts » que
subit la République, sur les « divi
sions », sur « les luttes impies » ; na
turellement il a terminé en expri
mant l'espoir du succès et de la con
corde.
A plusieurs reprises, on a crié:«Vive
Carnot!» Le Temps assure que l'enthou
siasme débordait.Lenoblejournal com
promet l'autorité de ses informations.
Sur les estrades,les invités étaient très
peu nombreux. Autour de M. Carnot,
cinq ministres, trois ou quatre géné
raux, une quinzaine de chefs maro
cains ; le roi du Congo, à la physio
nomie intelligente et grave et qui
semblait fort à l'aise. Le ciel était
gris, le vent froid. La pluie s'est mise
de la partie. Sans le défilé des troupes,
c'eût été lamentable. Les officiers supé
rieurs saluaient de l'épée la gentille
acrobate somnambule.
Un autre défilé a eu lieu, et le Temps
n'ose pas à en parler. Des délégations
d'arrondissement, fanfares en tête,
les inévitables gymnastes, d'extraor
dinaires personnages en claque, en
frac et en bottes. On a ri tout haut
de cette exhibition, qui rappelait par
faitement la caricature des Pompiers
de Nanterre.
Et si, pendant que M. Tirard enflait
la voix et développait le geste pour
distribuer les balivernes officielles, le
Temps avait observé le sourire méphi
stophélique de M. de Freycinét !
E ugène Tavernieb.
La Lanterne a publié les dépêches sui
vantes:
Chambéry, 20 septembre.
Par décision du 17 courant, le ministre
de la justice et dos cultes a privé M. Mi-
quet,' desservant de Montsapey, de l'indem
nité attachée à sou titre.
Cette mesure est motivée par ce fait que
M. Miquet a porté et a lu en chaire, le 28
juillet dernier, à l'occasion du renouvelle
ment partiel du conseil général de la Sa
voie, un journal reproduisant la lettre pas
torale de l'évêque d'Angers sur les élec
tions, lettre que le ministre de la justice et
des cultes a formellement désapprouvée à
la tribune de la Chambre des députés, le
jour où elle a paru.
Rodez, 20 septembre.
Le ministre des cultes vient de suppri
mer le traitement de cinq curés de diverses
paroisses da département, qui avaient pris
part à la lutte électorale et avaient mani
festé leur hostilité.
Une instruction judiciaire est ouverte
contre M. Raynal, curé de Compolib.at, qui
traita publiquement les radicaux de pour
ris et de tarés.
D'autre part, le Temps publiait hier
soir la note officieuse que voici :
A la suite des mandements et des lettres
de certains évêques, un certain nombre de
curés desservants des communes des dio
cèses de ces évêques se sont livrés à des
manifestations à l'occasion de la période
électorale.
L'attention du ministre des cultes s'est
portée sur les actes qui lui étaient signalés.
Ceux qui avaient le caractère de délits de
droit commun ont été signalés aux par
quets, qui examineront s'il y a lieu d'exer-,
cer des poursuites correctionnelles.
Pour les autres manifestations, telles que
violences politiques en chaire, qui ne relè
vent que du droit commun, le ministre des
cultes a frappé les ecclésiastiques qui s'en
sont rendus coupables de suspension de
traitement.
Jusqu'ici, dix suspensions environ ont été
prononcées, dont trois dans l'Aveyron, une
dans l'Ardèche, une dans l'Ariège, une dans
la Gironde et une dans la Savoie. Suivant
l'usage, oes suspensions sont aocompagnées
de demandes de déplacement adressées
aux évêques desquels dépendent les ecclé
siastiques en question.
C'est la vengeance de M. Thévenet ;
mais elle sera courte et il s'illusionne
singulièrement s'il pense que les prêtres
ne sauront pas affronter la gêne ou mê
me la misère plutôt que de trahir le de
voir que leur fonction même leur im
pose?
Réponses épisoopales
Nous avons dit que Mgr l'évêque de
Nîmes avait adhéré à la lettre de Mgr
l'archevêque d'Avignon au ministre
4es cultes
Voici cette lettre d'adhésion :
Monseigneur,
Je trouve dans les journaux, où tous me3
prêtres pourront la lire, la réponse si sage
eL si ferme que Votre Grandeur vient
d'adresser à S. E. M. le ministre des cultes,
au sujet de sa circulaire touchant les élec
tions. Je n'ai rien do plus empressé que d'y
adhérer pleinement, ainsi que doit le faire
un sufTragant aux actes émanés de son mé
tropolitain.
Il me paraît, Monseigneur, que vous
avez admirablement défini les droits et les
devoirs du clergé, les limites dans lesquel
les son action doit se contenir et les périls
auxquels on nous expose on ouvrant la
porte aux délations qui ne manqueront pas
de se produire après la lutte électorale.
J'avais cru devoir m'en rapporter,
touchant ces questions délicates et diffici
les, aux instructions si précises et si claires
que Mgr Besson nous avait adressées, à
diverses reprises, et que l'on suit, parmi
nous, avec tout le religieux respect qui
s'attache et s'attachera toujours aux actes
d'un si grand prélat.
Mais, il m'est doux, Monseigneur, en
m'unissant à vous, de vous montrer une
fois de plus de quels sentiments d'humble
déférence et de profond respect est animé
le dernier de vos suffragants.
Veuillez. . agréer, Monseigneur, mes
hommages les plus empressés en Notre-
Seigneur.
f Jr.AN -Ai .FREn,
évêque de Nîmes.
Mgr Trégaro, évêque de Séez, vient
d'adresser au Matin la lettre suivante v
Séez, 20 septembre 1889.
A monsieur le directeur du « Mutin »
Monsieur. — Je lis dans votre journal le
Malin du 18 courant, entre autres choses,
qu'iV n'est pas téméraire de penser que la
campagne de l'cvêché de Séez est dirigée par
1e chef de l'union des droites...
Je proteste contre cette insinuation, qui
est absolument téméraire, car, je l'affirme,
elle est absolument fausse. J'en appelle à
l'honorable M. de Mackau lui-même. Ja
mais il n'a été question de politique entre
nous, et il n'a eu connaissance de mes deux
dernières lettres que par la voie publique,
comme tous mes autres diocésains.
C'est la première fois que j'entends dire,
et l'honneur de l'invention en revient à vo
tre journal, que mon clergé m'appelle fami
lièrement Mgr de Mackau. N'allez pas croi
re, au moins, que je proteste contre cette
appréciation, dont je ne saurais qu'être fier
si elle n'était da pure invention.
Confiant dans votre loyauté, je vous prie,
monsieur le directeur, de vouloir bien in
sérer cette lettre dans le premier numéro
de votre journal, et d'agréer l'hommage de
mes sentiments distingués.
t François-Marie , évêque de Séez.
P. S. — Ci-joint un timbré pour le nu
méro de votre journal qui doit reproduire
la lettre ci-dessus.
Le Matin , bien inspiré, eût dû se
borner à dire, comme il le fait en tête
de la lettre de Mgr Trégaro, qu'il avait
eu « l'honneur » de la recevoir. Mais
il n'a pu se tenir d'y joindre des com
mentaires impertinents. Le meilleur
châtiment qu'on en puisse tirer, c'est
de les reproduire. Voici :
Nous professons un trop grand respect
de la dignité épiscopale pour entrer en po
lémique avec Mgr de Séez. Nous ne jouis
sons d'aucune immunité, ecclésiastique ou
autre. Aussi n'aurions-nous garde d'accu
ser un évêque d'affirmer le contraire de la
vérité.
Nou3 agréons donc, sans discussion,
cette assertion, qu'entre l'évêque de Séez
et son diocésain, M. de Mackau, « il n'a
jamais été question de politique». Nous
acceptons de même l'appel « à l'honorable
M. de Mackau lui-même ».' Si Monsei
gneur le veut, nous sommes prêts à croire
que M. de Mackau n'a pas pris connais
sance du tout des documents épiscopaux
destinés spécialement à recommander sa
candidature, et qu'il les eût volontiers, si
besoin en était, sousorits des mots : pas vu,
le candidat.
Nous nous plaisons enfin à penser que
pas un curé du diocèse de Séez ne s'est
permis d'interpeller son pasteur sous le
sobriquet de Mgr de Mackau. Ce sont
d'aimables plaisanteries dont ils font part à
d'autres.
Ces concessions faites,nous nons permet
trons une simple rectification de compte
entre monseigneur et nous. Mgr de Séez
lit rarement le Matin, cela se voit, car il
nous adresse un timbre de dix centimes et
un autre de cinq centimes, total quinze cen
times, pour prix du numéro contenant sa
réponse. Il ne sait pas que notre journal
coûte dix centimes à Paris et en province.
Nous aurions scrupule de priver d'un sou
les pauvres de .Monseigneur et les élec
teurs de M. dp Mackau. Nous nods em
pressons donc da faire retourner par no
tre administrateur à l'évêché de Séez oe
timbre de cinq centimes qui ne nous appar
tient pas.
Tel est l'esprit qui brille dans les
régions du Matin. Il importait d3 ne
pas le mettre sous le boisseau.
Sous ce titre : «Avis à Montmartre
et à Belleville », on lit dans les jour
naux boulangistes :
Nous avisons nos amis de Montmartre et
de Belleville que la préfecture de la Seine
n'a pas fait figurer les noms du général
Boulanger et de Henri Rochefort sur lès
feuilles qui sont mises à la disposition des
électeurs pour le dépouillement du scru
tin.
Nous engageons donc tous nos amis de
Clignancourt et de Belleville à ajouter à la
main sur ces feuilles les noms des deux
proscrits.
Qu'un ne se laisse pas intimider. Le gé
néra Boulanger et Rochefort sont éligibles.
Le peuple a le droit de voter pour qui il
veut. Il est souverain.
Voici les pronostics de la Petite Ré
publique pour l'élection d'aujourd'hui:
Révisionnistes de gauche ou de
droite élus au premier tour.. ;...
Opportunistes élus
Radicaux élus
Membres du centre gauche élus
Ballottages.
214
.85
49
14
212
Total.
'574
Les colonies ne sont pas comprises
dans les pronostics ci-dessus.
S'il faut en croire Y Intransigeant,
des mesures extraordinaires auraient
été prises pour la journée du voté à
Paris :
Des mouvements considérables de trou»
pes ont eu lieu et tous les régiments sus
pects de sympathie pour la population pa
risienne ont été remplacés par d'autres, ve
nus de province.
C'est ainsi que le 28° dragons est arrivé
hier matin à la caserne Dupleix et remplace
le 16*, envoyé à Châlons-sur-Marne. Un
autre régiment, le 27 e dragons, est installé
depuis l'avant-dernière nuit au quai d'Or
say, en remplacement du 14 e , parti éga
lement pour Châlons. Le 131® de. ligne
remplace, à la caserne de la Pépinière, le
7(3° do ligne envoyé à Orléans. Les 102° et
104' de ligne, au fort de Romainvillé; le l 5 '
du génie, le T d'artillerie et le 3° cuiras
siers, à Versailles ; les cuirassiers de Meaux,
Provins, Senlis et môme Maubeuge sont
prêts à se mettre en marche sur la capitale
au premier signal.
A Paris toutes les troupes sont- consi
gnées.
Le 49 e de ligue, caserné à lia Nouvelle-
France ; le 24 s , caserné à la s Tour-Mau-
bourg, ainsi que le 28" de ligne, à l'Ecole-
Militaire, ont reçu, hier soir," une distri
bution de cartouches en plus de celles que
les hommes possèdent régulièrement.
Voilà pour l'armée..Passons maintenant
à la police.
Des quatre brigades centrales, les 1 1B et
2° devront se porter aux postes centraux
des dix-huitième et vingtième arrondisse*
ments; 1a 3° sera répartie dans les arron
dissements où « l'on pourrait craindre des
troubles »; la, 4° restera consignée à la Cité,
à la disposition de M. Gaillot.
Les agents des brigades politiques, ainsi
que ceux des brigades des recherchas et
des jeux, seront envoyés dans les sections
de vote'O'V,auront lieu, les élections des
principaux membres du comité républicain
national.
, Il ne serait pas étonnant qué ces indivi
dus reçussent l'ordre, dans le'casoùlea
candidats ministériels seraient battus, da
provoquer un . tumulte à la faveur duquel
on enlèverait les urnes. Nos amis sont pré
venus. Qu'ils prennent leurs mesuros en
conséquence.
La garde républicaine à cheval sera dis
persée sur plusieurs* points de Paris: dé
pôts des omnibus, gares de marchandises,
Elysée, hôtel de ville, ministère. de Tinté*
rieur, etc., etc. Le 5 e escadron,, en majo
rité composé de Corses et sur lequel le»
préfet compte beaucoup, resterai chevaux
sellés, à la caserne de la Cité.
La garde républicaine à pied, ainsi quei
la gendarmerie, ont, d'autre part, reçu l'or
dre de faire, à partir de six heures, de fré
quentes patrouilles.
Enfin, ordre a été donné aux officiers da
paix de commander de service, de sept
heures du matin à sept heures du soir, da
façon à les empêcher de voter, tous les
agens soupçonnés de boulangisme et à les
porter de préférence sur les points princi-»
paux, de façon à surveiller leur zèle.
Ce qui est certain, c'est que toutes
les troupes sont consignées.
M. Andrieux, depuis quelques jours,
a fait aux électeurs du neuvième
arrondissement, une série ds commu
nications, toutes fort désagréables pour
le gouvernement. On en jugera par un
extrait de la dernière, que voici :
Souffrirez vous plus longtemps que des
politiciens sans principe, arrivés au pou
voir sous le masque de la liberté, fassent
litière de toutes les libertés individuelles
ou publiques ?
Souffrirez-vous que la candidature offi
cielle soit insolemment rétablie par ceux-
là mêmes qui la combattaient sous l'empira
et sous le 16 mai ?
Tolérerez-vous l'oppression du snffraga
universel, et les deniers publics, fruit da
votre travail et de votre épargne, employés
à corrompre les électeurs, pour favoriser
des candidats? Tolérerez-vous que l'arméa
des fonctionnaires, détournée de ses de*
voir-s, soit embauchée pour une lutte sana
précédents contra la velonté nàtionale ?
Ne protesterez-vous pas contre les domi
ciles perquisitionnés, le secret des. lettres
violé, les télégrammes interceptés/ les con
versations téléphoniques surprises, les for
mes protectrices de la justice supprimées,
les juridictions d'exception rétablies, l'in
solence de l'arbitraire pertout, et le respect
du droit nulle part? •
Laisseres-voas à la tête du gouverne
ment de ce noble pays des ministres pu~
bliquement accusés,' notoirement convainc
eus d'escroqueries, de vol et de concussion,'
qui ne s'abstiennent de traduire leurs ac
cusateurs devant les juges que parce qu'ils
tremblent d'être confondus par les témoi
gnages?
Ces hommes, personne ne le$ méprisa
plus que moi, parce que personne ne les
connaît mieux que moi,
Le premier j'ai poussé dans une réu
nion publique ce cri qui soulage la cons
cience :
A BAS LES VOLEURS!
Et dans l'une_des dernières séances de la
Chambre, je l'ai jeté àla face des ministres
et de leurs complices, moins comme un ou«
trage que comme un défi !
Ce cri : A bas les voleurs', je \z répèle
aujourd'hui, car il donne à ma candidature
sa véritable signification.
■_ Je suis le candidat de la protestation na
tionale; je veux ô,!..ï-a l'instrument de la
délivrance I
: Andrieux,
K* Ï035 -«" gdiiiioQ. qaetldlôasi
Lundi 23 Septembre ÏB89
ÉDITION QUOTIDIENNE
Ih an. . .
Six mois. .
Trois mois.
PARIS
IT DÉPABTEStEXTS
. . 55 i»
. . 28 50
. . 15 »
ETRÂtTur ER
(union postale)
63 >
34 »
18 »
%tk«iaiestcikta partent do» t" et u de cliaqao mois
Ttvr ,,T.«iiT >n ( Paris 15 cent.
UN MMÉRO | Départements. 20 —
BUREAUX : PariB, 10, tuo des Saints-Pères
ÉDITION SEMI-QGOTUJIENNB
PARIS ÉTRANGER
ÏT PÉPARÎEMENTS (ONION P0STA11S
Un an. .... 30 » 36 »
Six mois. ... 16 » 19 »
Trois mois. . . 8 50 10 »
On s'abonne & Rome, place du Gesù, 8
Tes uboaceuients partent des t" ot 16 do chaque moM
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C i0 , 6, place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 28 SEPTEMBRE 1889
On voit, sans grande animation, à
en juger d'après ce que nous avons pu
voir ; le temps, du reste, n'est pas fa
vorable aux manifestations ; il pleut,
et l'on sait que le Parisien n'aime pas
la pluie. On connaît le mot de Ver-
gniaud, auquel on annonçait pour le
lendemain un mouvement décisif
contre la Gironde ; il ouvrit la fenêtre,
montra à ses amis le temps qui était
pluvieux, et leur dit : Il pleut ; il n'y
aura rien. Et, en effet, la journée du
lendemain fut tranquille ; mais cela
ne reculait que de peu de jours la
chute méritée de la Gironde.
Si nous en croyons les journaux
boulangistes, les mesures militaires
les plus sérieuses auraient été prises,
sur l'ordre du ministère, par le gou
verneur de Paris, le général Saussier.
De cela nous ne blâmerons pas l'auto
rité militaire, ni même le ministère ;
mieux vaut prévenir un mouvemënt
que do le réprimer.
Il est vrai que les boulangistes ac
cusent M. Gonstans d'avoir prescrit
ces mesures da précaution avec l'ar-
rière-pensée de provoquer une mani
festation boulangiste, qui serait ré
primée avec la dernière rigueur et
fournirait au ministre l'occasion de
se poser en sauveur de la République.
On est, paraît-il, décidé à considérer
comme nulles les voix données '.aux
condamnés de la Haute-Cour. M. Cons-
ians l'aurait prescrit. Gela explique
l'attitude des journaux officieux, qui
n'ont pas inscrit le général; Boulanger
et MM. Dillon et Rochefort parmi
?ss candidats. C'est même pour pré
paie cette atteinte au suffrage uni
versel que le ministre de l'intérieur
a révoqué le maire radical de Mont
martre, M. Bin, qui ne s'y serait pas
prêté ; le portrait du général Boulanger,
alors ministre de la guerre, n'a été
.qu'un prétexte.
Nous ne comprenons pas trop la
conduite de M. Constans. Si, à la nou
velle Chambre, la majorité est gouver
nementale, elle annulera l'élection des
condamnas de la Haute-Cour ; si ^ 1 op
position triomphe, elle validera l'élec
tion, sans s'arrêter aux décision^ des
commissions de recensement, qui ne
sont pas obligatoires pour elle.
Jusqu'à la dernière heure, le minis
tère aura témoigné de ses mauvaises
dispositions pour l'Eglise ; on enregis
tre encore c© matin de nouvelles sup
pressions de traitement. Les journaux
républicains, sans en excepter les plus
modérés, trouvent cela' tout naturel,
et ils annoncent en même temps des
poursuites contre certains membres
du clergé.
Une" semblable conduite nous mon
tre ce qu'on doit craindre, en cas de
succès du gouvernement. C'est la jus
tification de la conduite des catholi^
ânes qui, à défaut de candidats à eux,
reportent leurs voix sur des candidats
de* ^opposition, même peu satisfai
sants.
Avant l'inauguration du Triomphe
de la Répuiïigw, nous disions que la
fête serait m&g™ au point de vue de
l'éloquence. prévisions se sont
pleinement réalL^éê-s; Ni M. Tirard ni
le citoyen Ghaute^s ne pouvaient
enthousiasmer, et a < s fète a ete p*us
que froide. Ce n'est pa^ M- Carnet qui
aurait réchauffé Fenthousùasme.
En fait, comme manœuvre électo
rale de la dernière iieure, l'inaugura
tion ne semble pas avoir réussi. Elle
n'assure nullement le triomphe de la
République... opportuniste.
La reine Nathalie viendra-t-elle à
Belgrade? Quand et dans quelles con
ditions? Quels seraient les résultats de
sa vende? Voilà les questions qu'on se
pose et o ui préoccupent à Vienne pom
me à Coustantinople et à Samt-Pe-
tersbourg. H faudrait si peu de chose
pour allu m er dans I ôs B çillcs -xxs un in-
cendie, dont il ne serait peut-être pas
facile de biec. délimiter 1© champ d ac-
On trouvera plus loin des dépêches
du Temps , qui donnent des renseigne
ments curieux sur les agissements du
yoi Milan.
P.-S. — Si la tranquillité est com
plète à Paris, il n'en est pas partout
de jnême en province. Voici, en té
moignage, la dépêche que nous com
munique à la dernière heure l'officieu
se Agence Havas :
Avignon, 21 septembre.
Oa â enfoncé ca soir les portes du comi
té boulangiste et brûté les bulletins et le
mobilier. fin groupe s'est ;rendu au cercle
boulangiste, où il a brisé la devanture avec
des chaises, puis a éteint le gsz.
« A propos d'un .évêque, « tel est le
titre d'un article publié par la Jus
tice pour montrer çaa certains répu
blicains se flatteraient en vain d obte
nir jamais un « clergé mational », cette
dénomination étant prise en ce sens
mie ledit « clergé national » serait un
clergé asservi aux capriçes du gou
vernement, « rebelle Jaux institutions
dn Syllabus et aux décrets de la Pa
pauté ».
Sous ce rapport, la Justice a pleine
ment raison. Si l'histoire, en d'autres
temps, a pu nous montrer-des évêques
courtisans du pouvoir au point de ne
pas reculer devant la perspective d'un
schisme pour donner raison à ce pou
voir contre l'autorité spirituelle du
Pape, rien de pareil n'est à redouter
de nos jours, où l'épiscopat, le clergé,
les fidèles sont si étroitement unis
dans la tendresse et le respect que
tous professent unanimement pour le
Souverain-Pontife.
Bien entendu, ce n'est pas sur ces
raisons-là que la Justice motive ses
conclusions. Jugeant apparemment
de ce qui se passe dans l'Eglise par ce
qu'on observe chez les républicains ou
les radicaux de la veille deviennent si
facilement une fois pourvus, les op
portunistes du lendemain, elle prétend
donner de l'impossibilité d'avoir un
« clergé national » une explication
suffisante en disant :
. Consultez les anciens ministres des cul
tes, ils vous diront tous dans l'intimité que
l'Eglise est peuplée de représentants qui
acceptent avec docilité la République et lui
font des promesses de dévouement sans
frein quand l'avancement est au bout et
quand il s'agit d'augmenter le galon dont
nul ne saurait trcp prendre. Mais tous vous
diront aussi que, dès que le galon a aug
menté, ces protestations de dévouement dis
paraissent comme un fen de paille.
Un jour, un évêque connu, très remuant
et très influent, allait trouver son ministre
pour lui demander d'élever à la dignité
épiscopale un des prêtres ,de son diocèse.
« Autant celui-là qu'un autre, lui répondit le
ministre. Tous se valent. Il est ultramon-
tain de la veille. Un autre le serait du len
demain ».
C'est précisément ce qui fait, avec beau
coup d'autres considérations du même
genre, l'absurdité du régime dont nous a
dotés Bonaparte. Régime amphibie dont la
république aurait dû mettre son honneur à
nous débarrasser depuis longtemps.
Ces observations me viennent à l'esprit,
à propos d'une lettre d'évêque que je lis
dans les journaux du soir et qui est une
réponse à la circulaire de M. Thévenet,
dont nous avons déjà parlé. Cette lettre est
convenable et polie. Elle est même modeste
et conforme à ce que le ministre de la jus
tice pouvait désirer.
< J'ai toujours recommandé à mes prê
tres, dit le prélat, de ne jamais prendre
aucune ..part dans Ja latte des partis. Je
leur ai renouvelé cette recommandation
pendant les retraites ecclésiastiques qui
viennent de se terminer. »
Port bien. Celui-là n'écrit pas de la même
encore que les autres. Il y met des formes
et de l'adresse, il ne se laisse pas aller à
une aigreur, et à une vivacité qui ne peu
vent lui servir à rien. Il est de la bonne
école diplomatique .
Mais si M. Thevenet veut le mettre à
l'épreuve, qu'il lui trouve seulement un
petit archevêché, lé plus modeste, et vous
le verrez fonctionner.
Ce vénérable ecclésiastique n'est pas, en
effet, moins catholique et moins orthodoxe
que les autres. Il ne songe pas, je sup
pose, à jeter le froc aux orties et se con
vertir à la doctrine de M. Hyacinthe Loy-
son. Il est da son Eglise et il veut mourir
dans le giron où il a reçu les ordres.
Eh bien! comment ferait-il alors pour
admettre la liberté selon la République et
pour brûler le Syllabus que les conciles ont
décrété? Comment romprait-il avec les dog
mes auxquels il a juré une fidélité sans
bornes et qui lui commandent d'obéir au
cathéohisme, c'est-à-dire au contraire de la
Déclaration des Droits de l'homme et du
citoyen?
Qu'on se garde donc d'avoir de fausses
joies, dans les régions où l'on escompte la
fermeté d'exécution du Concordat. L'Eglise
et son enseignement ; sont immuables au
milieu des variations humaines. Notre poli
tique n'a rien à y voir, et pour le pouvoir
civil, l'autorité religieuse est insaisissable.
Qu'on renonce à la chimère du clergé na
tional ; nous avons déjà le parti du même
nom, et comme on dit en langue vulgaire,
la moitié de cela suffit. — S. Pichon.
Telles sont, sur la nature des rela
tions qui doivent exister entre le pou
voir civil et épiscopal les hautes vne s
de MM. Pelletan et Glémenceau. Nous
ne parlons pas du ton sur lequel M. Pi
chon nous les expose. Mais puisqu'il
parle de convenance et de politesse,
peut-être eût-il pu montrer dans la
circonstance qu'il en. savait faire
usage. Est-il convenable, en effet, est-
il poli, quand on parle de la religion
qui prêche l'abnégation, l'humilité, le
désintéressement et dont l'histoire
prouve qu'elle a toujours opposé ces
vertus à toutes les séductions et à
toutes les promesses, est-il convena
ble et poli de prêter d'une façon géné
rale à ses représentants des habiletés
et des calculs indignes d'un simple
homme d'honneur ?
Cependant nous devons dire que la
Justice est un modèle de politique et de
conveu5* ÛCe si on la compare au Rappel
ou M. Vacqiierie signale grossièremt
l'apparition d'un a oiseau rare » à pro
pos de la lettre écrite p&? Mgr l'évêque
de La Rochelle au Garde des Sceaux,
Voici, dit-il, un évêque qui n'essaie pas
de conspirer contre la République.
M. Etienne évêque de La Rochelle, en
réponse à la circulaire du garde des sceaux
vient en effet de lui adresser la lettre sui
vante dans laquelle il n'est pas question de
faire insurger les prêtres contre le gouver
nement qui les paie.
Le Rappel voudrait-il nous dire où
il a vu des évêques essayant de cons
pirer contre la République? Voudrait-
il nous citer les extraits de leurs let<
très où il serait question de f&ire
insurger les prêtres contre le gouver
nement? ,Nous laissas de CQté l'argu
ment tiré de ce que le gouvernement
« paierait » les curés, attendu que
le Rappel lui-même n'en peut ignorer
l'inanité. Nous savons bien que les
républicains et le gouvernement lui-
même répètent à l'envi cette fausseté.
Mais il n'en est pas moins vrai que les
prêtres sont les créanciers, non les
débiteurs de l'Etat, celui-ci étant obli
gé de leur servir le budget des cultes
à titre de rente, comme faible compen
sation de ce qui jadis a été enlevé à
l'Eglise.
Et maintenant, veut-on savoir ce
que pense d'articles comme ceux du
Rappel et de la Justice, le parti des ré
publicains qui se disent modérés?
Voici ce que nous lisons dans le Jour
nal des Débats :
Si de3 catholiques avouent que l'on peut
pratiquer sa religion dans un Etat dont le
le chef n'est point héréditaire, et que l'ac
cord peut régner entre l'Eglise et un-gou
vernement républicain, on les rebute rude
ment et on les avertit que, pour entrer
dans la république, ils ont une petite for
malité à remplir, qu'ils doivent avant toutes
choses, abjurer leur croyance, et, s'ils por
tent un froc ou une soutane, le jeter promp-
tement aux orties.
C'est là, en effet, la formule exacte de la
république fermée, de la république qui
n'est que la citadelle d'un parti, toujours
menaçant et sans cesse menacé. Mais, en
vérité, la république serait fort à plaindre
et nous augurerions fort mal de son avenir
si elle était réellement en présence des
deux incompatibilités redoutables que la
Justice signale avec tant de complaisance.
Nous refusons de croire, quant à nous,
qu'elle soit réduite à cette condition qui
rendrait son existence si précaire, et c'est
pourquoi nous persistons à poursuivre ces
chimères que nous avons le ferme espoir
de voir devenir des réolités.
Le Journal des Débats a raison de
croire que l'accord peut régner entre
l'Eglise et un gouvernement républi
cain, et il ne dénature pas non plus
la pensée des catholiques quand il
leur prête l'opinion que « l'on peut
pratiquer sa religion dans un Etat
dont le chef n'est point héréditaire ».
Mais s'il a raison en cela contre la Jus
tice, pourquoi se donne-t-il tort à lui-
même, quand il blâme, comme l'autre
jour, l'intervention des évêques, alors
que cette intervention, il le reconnais
sait, ne se 'manifestait qu'à propos de
questions religieuses. Il iaut bien sa
voir que cette intervention, en pareil
cas, est l'exercice légitime de la liber
té qui doit être laissée aux catholiques
de pratiquer leur religion sous une ré
publique comme sous une monarchie.
C'est donc au gouvernement républi
cain, non à l'épiscopat, que le Jour
nal des Débats doit s'en prendre si l'on
ne vient pas à bout de sceller l'accord
dont il s'agit. Quand la Justice pro
clame à juste titre cet accord impos
sible, du moment qu'on y met comme
condition l'abandon par le clergé des
doctrines immuables de l'Eglise, si,
en pratique, le Journal des Débats ré
clame cet abandon, qu'il trouve par
ailleurs injuste de réclamer théori
quement où est, au fond, la diffé
rence?
Auguste Roussel.
LE
« Triomphe de la République »
C'est d'un monument en plâtre qu'il
s'agit. On l'a inauguré hier, jour an
niversaire de la proclamation de la
République, date pleine de souvenirs
glorieux, parait-il, et de promesses
réconfortantes.
L'œuvre artistique a déjà fait quel
que bruit. Le conseil municipal de Pa
ns l'a couronnée avec enthousiasme.
Elle porte en effet la marque du talent,
toutefois elle est bizarre. Deux lions
caparaçonnés de tapisseries, conduits
par un génie pourvu d'une torche,
sont attelés à un char, mais ils n'ont
pas l'air de rien traîner. Dans la char,
une sphère trop petite, surtout pour
un attelage d'une telle vigueur. Sur
la sphère, une femme à l'aspect sur
pris et craintif, en dépit du bonnet
phrygien. Autour, des figures qui re
présentent le Travail, la Justice, la Paix,,
le tout chargé des allégories classiques,
palmes, balances, cornes d'abondance.
L'originalité de la composition réside
dans la femme jqui symbolise la Ré
publique. Le sculpteur, M. Dalou, a
choisi un type tout différent des viragos
qui s'étalent sur nos places publiques.
Pour la première fois, la rude commère
des ïambes a été laissée de côté. Cette
République a pris les traits d'une jolie
fille des champs, solide, mais gra
cieuse et douce. Par l'attitude elle est
encore plus étonnante : elle se tient
presque sur un seul pied, l'autre frô
lant la sphère. Les bras écartés, le col
tendu, elle a peine à garder l'aplomb,
On dirait qu'elle cherche un balancier
et qu'elle va s'en faire un du faisceau
qu'elle serre de la main gauche. On la
prendrait pour une de ces équilibrâtes
qui dans les cirques marchent sur une
boule. Il est vrai qu'elle ressemble
aussi à une somnambule. Pas rassurée
du tout, ia République triomphante.
Est-ce le triomphe de l'allégorie. ?,
L'épaisse femme nue qui personnifie
la paix (à moins que ce ne soit la Jus
tice) est contournée, a moitié pliée
comme si elle était en train de s'as^
seoir.
Dans un discours boursouflé, M.
Çhautemps, président du conseil mu- !
nicipai ; citant M- Ulysse Parent, a
indiqué le gens delà composition. Ce
serait, d'après ces messieurs, l'idée
démocratique, « seule capable d'inspi
rer les chefs-d'œuvre qui auront cette
fois toute la sévérité, toute la portée
morale d'un enseignement » ; ce que
n'a pu faire « l'idée religieuse avec
« ses symboles,qui traduisent les idées
« d'une métaphysique toujours obs-
« cure » ni « l'idée aristocratique avec
« ses délicatesses, ses raffinements,
« ses voluptés, ses licences, quelque-
« fois sa grandeur. » Evidemment la
métaphysique de M. Ghautemps n'est
pas obscure, puisqu'elle n'existe pas.
Pourquoi M. Dalou a-t-il réalisé une
merveille ? Parce qu'en plus du « gé
nie » il a « la foi », non seulement la
foi de son art, mais la foi de la Répu
blique. Ce n'est donc pas assez d'avoir
façonné une espèce ae rite religieux
au moyen des pompes funèbres : voici
que la foi est remise en honneur. Ils
en arriveront auxsacrements,ces pon
tifes qui sont eux-mêmes assommés de
leur rhétorique.
M.Tirard, qui, lui, garde sa ferveur
pour les amplifications de camelotte,
a sorti ses trémolos nasillards. Mal
gré la tonalité triomphale, fixée pour
tous les morceaux, il a gémi sur les
« épreuves », sur les « assauts » que
subit la République, sur les « divi
sions », sur « les luttes impies » ; na
turellement il a terminé en expri
mant l'espoir du succès et de la con
corde.
A plusieurs reprises, on a crié:«Vive
Carnot!» Le Temps assure que l'enthou
siasme débordait.Lenoblejournal com
promet l'autorité de ses informations.
Sur les estrades,les invités étaient très
peu nombreux. Autour de M. Carnot,
cinq ministres, trois ou quatre géné
raux, une quinzaine de chefs maro
cains ; le roi du Congo, à la physio
nomie intelligente et grave et qui
semblait fort à l'aise. Le ciel était
gris, le vent froid. La pluie s'est mise
de la partie. Sans le défilé des troupes,
c'eût été lamentable. Les officiers supé
rieurs saluaient de l'épée la gentille
acrobate somnambule.
Un autre défilé a eu lieu, et le Temps
n'ose pas à en parler. Des délégations
d'arrondissement, fanfares en tête,
les inévitables gymnastes, d'extraor
dinaires personnages en claque, en
frac et en bottes. On a ri tout haut
de cette exhibition, qui rappelait par
faitement la caricature des Pompiers
de Nanterre.
Et si, pendant que M. Tirard enflait
la voix et développait le geste pour
distribuer les balivernes officielles, le
Temps avait observé le sourire méphi
stophélique de M. de Freycinét !
E ugène Tavernieb.
La Lanterne a publié les dépêches sui
vantes:
Chambéry, 20 septembre.
Par décision du 17 courant, le ministre
de la justice et dos cultes a privé M. Mi-
quet,' desservant de Montsapey, de l'indem
nité attachée à sou titre.
Cette mesure est motivée par ce fait que
M. Miquet a porté et a lu en chaire, le 28
juillet dernier, à l'occasion du renouvelle
ment partiel du conseil général de la Sa
voie, un journal reproduisant la lettre pas
torale de l'évêque d'Angers sur les élec
tions, lettre que le ministre de la justice et
des cultes a formellement désapprouvée à
la tribune de la Chambre des députés, le
jour où elle a paru.
Rodez, 20 septembre.
Le ministre des cultes vient de suppri
mer le traitement de cinq curés de diverses
paroisses da département, qui avaient pris
part à la lutte électorale et avaient mani
festé leur hostilité.
Une instruction judiciaire est ouverte
contre M. Raynal, curé de Compolib.at, qui
traita publiquement les radicaux de pour
ris et de tarés.
D'autre part, le Temps publiait hier
soir la note officieuse que voici :
A la suite des mandements et des lettres
de certains évêques, un certain nombre de
curés desservants des communes des dio
cèses de ces évêques se sont livrés à des
manifestations à l'occasion de la période
électorale.
L'attention du ministre des cultes s'est
portée sur les actes qui lui étaient signalés.
Ceux qui avaient le caractère de délits de
droit commun ont été signalés aux par
quets, qui examineront s'il y a lieu d'exer-,
cer des poursuites correctionnelles.
Pour les autres manifestations, telles que
violences politiques en chaire, qui ne relè
vent que du droit commun, le ministre des
cultes a frappé les ecclésiastiques qui s'en
sont rendus coupables de suspension de
traitement.
Jusqu'ici, dix suspensions environ ont été
prononcées, dont trois dans l'Aveyron, une
dans l'Ardèche, une dans l'Ariège, une dans
la Gironde et une dans la Savoie. Suivant
l'usage, oes suspensions sont aocompagnées
de demandes de déplacement adressées
aux évêques desquels dépendent les ecclé
siastiques en question.
C'est la vengeance de M. Thévenet ;
mais elle sera courte et il s'illusionne
singulièrement s'il pense que les prêtres
ne sauront pas affronter la gêne ou mê
me la misère plutôt que de trahir le de
voir que leur fonction même leur im
pose?
Réponses épisoopales
Nous avons dit que Mgr l'évêque de
Nîmes avait adhéré à la lettre de Mgr
l'archevêque d'Avignon au ministre
4es cultes
Voici cette lettre d'adhésion :
Monseigneur,
Je trouve dans les journaux, où tous me3
prêtres pourront la lire, la réponse si sage
eL si ferme que Votre Grandeur vient
d'adresser à S. E. M. le ministre des cultes,
au sujet de sa circulaire touchant les élec
tions. Je n'ai rien do plus empressé que d'y
adhérer pleinement, ainsi que doit le faire
un sufTragant aux actes émanés de son mé
tropolitain.
Il me paraît, Monseigneur, que vous
avez admirablement défini les droits et les
devoirs du clergé, les limites dans lesquel
les son action doit se contenir et les périls
auxquels on nous expose on ouvrant la
porte aux délations qui ne manqueront pas
de se produire après la lutte électorale.
J'avais cru devoir m'en rapporter,
touchant ces questions délicates et diffici
les, aux instructions si précises et si claires
que Mgr Besson nous avait adressées, à
diverses reprises, et que l'on suit, parmi
nous, avec tout le religieux respect qui
s'attache et s'attachera toujours aux actes
d'un si grand prélat.
Mais, il m'est doux, Monseigneur, en
m'unissant à vous, de vous montrer une
fois de plus de quels sentiments d'humble
déférence et de profond respect est animé
le dernier de vos suffragants.
Veuillez. . agréer, Monseigneur, mes
hommages les plus empressés en Notre-
Seigneur.
f Jr.AN -Ai .FREn,
évêque de Nîmes.
Mgr Trégaro, évêque de Séez, vient
d'adresser au Matin la lettre suivante v
Séez, 20 septembre 1889.
A monsieur le directeur du « Mutin »
Monsieur. — Je lis dans votre journal le
Malin du 18 courant, entre autres choses,
qu'iV n'est pas téméraire de penser que la
campagne de l'cvêché de Séez est dirigée par
1e chef de l'union des droites...
Je proteste contre cette insinuation, qui
est absolument téméraire, car, je l'affirme,
elle est absolument fausse. J'en appelle à
l'honorable M. de Mackau lui-même. Ja
mais il n'a été question de politique entre
nous, et il n'a eu connaissance de mes deux
dernières lettres que par la voie publique,
comme tous mes autres diocésains.
C'est la première fois que j'entends dire,
et l'honneur de l'invention en revient à vo
tre journal, que mon clergé m'appelle fami
lièrement Mgr de Mackau. N'allez pas croi
re, au moins, que je proteste contre cette
appréciation, dont je ne saurais qu'être fier
si elle n'était da pure invention.
Confiant dans votre loyauté, je vous prie,
monsieur le directeur, de vouloir bien in
sérer cette lettre dans le premier numéro
de votre journal, et d'agréer l'hommage de
mes sentiments distingués.
t François-Marie , évêque de Séez.
P. S. — Ci-joint un timbré pour le nu
méro de votre journal qui doit reproduire
la lettre ci-dessus.
Le Matin , bien inspiré, eût dû se
borner à dire, comme il le fait en tête
de la lettre de Mgr Trégaro, qu'il avait
eu « l'honneur » de la recevoir. Mais
il n'a pu se tenir d'y joindre des com
mentaires impertinents. Le meilleur
châtiment qu'on en puisse tirer, c'est
de les reproduire. Voici :
Nous professons un trop grand respect
de la dignité épiscopale pour entrer en po
lémique avec Mgr de Séez. Nous ne jouis
sons d'aucune immunité, ecclésiastique ou
autre. Aussi n'aurions-nous garde d'accu
ser un évêque d'affirmer le contraire de la
vérité.
Nou3 agréons donc, sans discussion,
cette assertion, qu'entre l'évêque de Séez
et son diocésain, M. de Mackau, « il n'a
jamais été question de politique». Nous
acceptons de même l'appel « à l'honorable
M. de Mackau lui-même ».' Si Monsei
gneur le veut, nous sommes prêts à croire
que M. de Mackau n'a pas pris connais
sance du tout des documents épiscopaux
destinés spécialement à recommander sa
candidature, et qu'il les eût volontiers, si
besoin en était, sousorits des mots : pas vu,
le candidat.
Nous nous plaisons enfin à penser que
pas un curé du diocèse de Séez ne s'est
permis d'interpeller son pasteur sous le
sobriquet de Mgr de Mackau. Ce sont
d'aimables plaisanteries dont ils font part à
d'autres.
Ces concessions faites,nous nons permet
trons une simple rectification de compte
entre monseigneur et nous. Mgr de Séez
lit rarement le Matin, cela se voit, car il
nous adresse un timbre de dix centimes et
un autre de cinq centimes, total quinze cen
times, pour prix du numéro contenant sa
réponse. Il ne sait pas que notre journal
coûte dix centimes à Paris et en province.
Nous aurions scrupule de priver d'un sou
les pauvres de .Monseigneur et les élec
teurs de M. dp Mackau. Nous nods em
pressons donc da faire retourner par no
tre administrateur à l'évêché de Séez oe
timbre de cinq centimes qui ne nous appar
tient pas.
Tel est l'esprit qui brille dans les
régions du Matin. Il importait d3 ne
pas le mettre sous le boisseau.
Sous ce titre : «Avis à Montmartre
et à Belleville », on lit dans les jour
naux boulangistes :
Nous avisons nos amis de Montmartre et
de Belleville que la préfecture de la Seine
n'a pas fait figurer les noms du général
Boulanger et de Henri Rochefort sur lès
feuilles qui sont mises à la disposition des
électeurs pour le dépouillement du scru
tin.
Nous engageons donc tous nos amis de
Clignancourt et de Belleville à ajouter à la
main sur ces feuilles les noms des deux
proscrits.
Qu'un ne se laisse pas intimider. Le gé
néra Boulanger et Rochefort sont éligibles.
Le peuple a le droit de voter pour qui il
veut. Il est souverain.
Voici les pronostics de la Petite Ré
publique pour l'élection d'aujourd'hui:
Révisionnistes de gauche ou de
droite élus au premier tour.. ;...
Opportunistes élus
Radicaux élus
Membres du centre gauche élus
Ballottages.
214
.85
49
14
212
Total.
'574
Les colonies ne sont pas comprises
dans les pronostics ci-dessus.
S'il faut en croire Y Intransigeant,
des mesures extraordinaires auraient
été prises pour la journée du voté à
Paris :
Des mouvements considérables de trou»
pes ont eu lieu et tous les régiments sus
pects de sympathie pour la population pa
risienne ont été remplacés par d'autres, ve
nus de province.
C'est ainsi que le 28° dragons est arrivé
hier matin à la caserne Dupleix et remplace
le 16*, envoyé à Châlons-sur-Marne. Un
autre régiment, le 27 e dragons, est installé
depuis l'avant-dernière nuit au quai d'Or
say, en remplacement du 14 e , parti éga
lement pour Châlons. Le 131® de. ligne
remplace, à la caserne de la Pépinière, le
7(3° do ligne envoyé à Orléans. Les 102° et
104' de ligne, au fort de Romainvillé; le l 5 '
du génie, le T d'artillerie et le 3° cuiras
siers, à Versailles ; les cuirassiers de Meaux,
Provins, Senlis et môme Maubeuge sont
prêts à se mettre en marche sur la capitale
au premier signal.
A Paris toutes les troupes sont- consi
gnées.
Le 49 e de ligue, caserné à lia Nouvelle-
France ; le 24 s , caserné à la s Tour-Mau-
bourg, ainsi que le 28" de ligne, à l'Ecole-
Militaire, ont reçu, hier soir," une distri
bution de cartouches en plus de celles que
les hommes possèdent régulièrement.
Voilà pour l'armée..Passons maintenant
à la police.
Des quatre brigades centrales, les 1 1B et
2° devront se porter aux postes centraux
des dix-huitième et vingtième arrondisse*
ments; 1a 3° sera répartie dans les arron
dissements où « l'on pourrait craindre des
troubles »; la, 4° restera consignée à la Cité,
à la disposition de M. Gaillot.
Les agents des brigades politiques, ainsi
que ceux des brigades des recherchas et
des jeux, seront envoyés dans les sections
de vote'O'V,auront lieu, les élections des
principaux membres du comité républicain
national.
, Il ne serait pas étonnant qué ces indivi
dus reçussent l'ordre, dans le'casoùlea
candidats ministériels seraient battus, da
provoquer un . tumulte à la faveur duquel
on enlèverait les urnes. Nos amis sont pré
venus. Qu'ils prennent leurs mesuros en
conséquence.
La garde républicaine à cheval sera dis
persée sur plusieurs* points de Paris: dé
pôts des omnibus, gares de marchandises,
Elysée, hôtel de ville, ministère. de Tinté*
rieur, etc., etc. Le 5 e escadron,, en majo
rité composé de Corses et sur lequel le»
préfet compte beaucoup, resterai chevaux
sellés, à la caserne de la Cité.
La garde républicaine à pied, ainsi quei
la gendarmerie, ont, d'autre part, reçu l'or
dre de faire, à partir de six heures, de fré
quentes patrouilles.
Enfin, ordre a été donné aux officiers da
paix de commander de service, de sept
heures du matin à sept heures du soir, da
façon à les empêcher de voter, tous les
agens soupçonnés de boulangisme et à les
porter de préférence sur les points princi-»
paux, de façon à surveiller leur zèle.
Ce qui est certain, c'est que toutes
les troupes sont consignées.
M. Andrieux, depuis quelques jours,
a fait aux électeurs du neuvième
arrondissement, une série ds commu
nications, toutes fort désagréables pour
le gouvernement. On en jugera par un
extrait de la dernière, que voici :
Souffrirez vous plus longtemps que des
politiciens sans principe, arrivés au pou
voir sous le masque de la liberté, fassent
litière de toutes les libertés individuelles
ou publiques ?
Souffrirez-vous que la candidature offi
cielle soit insolemment rétablie par ceux-
là mêmes qui la combattaient sous l'empira
et sous le 16 mai ?
Tolérerez-vous l'oppression du snffraga
universel, et les deniers publics, fruit da
votre travail et de votre épargne, employés
à corrompre les électeurs, pour favoriser
des candidats? Tolérerez-vous que l'arméa
des fonctionnaires, détournée de ses de*
voir-s, soit embauchée pour une lutte sana
précédents contra la velonté nàtionale ?
Ne protesterez-vous pas contre les domi
ciles perquisitionnés, le secret des. lettres
violé, les télégrammes interceptés/ les con
versations téléphoniques surprises, les for
mes protectrices de la justice supprimées,
les juridictions d'exception rétablies, l'in
solence de l'arbitraire pertout, et le respect
du droit nulle part? •
Laisseres-voas à la tête du gouverne
ment de ce noble pays des ministres pu~
bliquement accusés,' notoirement convainc
eus d'escroqueries, de vol et de concussion,'
qui ne s'abstiennent de traduire leurs ac
cusateurs devant les juges que parce qu'ils
tremblent d'être confondus par les témoi
gnages?
Ces hommes, personne ne le$ méprisa
plus que moi, parce que personne ne les
connaît mieux que moi,
Le premier j'ai poussé dans une réu
nion publique ce cri qui soulage la cons
cience :
A BAS LES VOLEURS!
Et dans l'une_des dernières séances de la
Chambre, je l'ai jeté àla face des ministres
et de leurs complices, moins comme un ou«
trage que comme un défi !
Ce cri : A bas les voleurs', je \z répèle
aujourd'hui, car il donne à ma candidature
sa véritable signification.
■_ Je suis le candidat de la protestation na
tionale; je veux ô,!..ï-a l'instrument de la
délivrance I
: Andrieux,
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