Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-09-22
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 70622 Nombre total de vues : 70622
Description : 22 septembre 1889 22 septembre 1889
Description : 1889/09/22 (Numéro 7934). 1889/09/22 (Numéro 7934).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k706754g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
'Dimanche 22 Septembre itis
ÊBITIOM QUOTIDIENNE
PARIS ETRnnttES
El DÊPAKTEilEHTS (ONION POSTALBj
lin an 55 » 66 »
Six mois. ... 28 50 34 »
Trois mois. . . 15 » 18 »
'^gafeomieuicuÉs partent des A" et 13 de chaque moli
UN NUMÉRO { glff rt - emeat - 9 ; H C l nt "
BUREAUX : Paris, 10, rue dès Saints- Pères
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
N* 7934 ~'£ditfoB;qaotidieafc«
Dîmanjehè 22 Septembre iftg©
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNB
PARIS ÉTRANGER
et départements (union fostili)
Un an 30 » 36 »
Six mois. . . . 16 » 19 »
Trois mois. . . 8 50 10 »
Les abonnements partent de» t<> et îs do chaque mot*
L'HMERS ne répond pas des manuscrits qui loi sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CE11F et G 18 , 6, place do la Bourse
FHÂNGB
PARIS, 2i SEPTEMBRE 1889
M. Carnot inaugure solennellement
aujourd'hui le Triomphe de la Répu
blique, place de la Nation, ancienne
place du Trône. Le ministère espère-
t-il, par cette coïncidence, enflammer
d'une noble ardeur les électeurs répu
blicains et décider ainsi la défaite des
conservateurs et des boulangistes ? Il
pourrait se tromper.
D u reste, |on n'aurait pas de discours
de M. Garnot ; seuls, MM. Tirard et
Ghautemps prendraient la parole ;
comme éloquence, ce sera maigre.
On attend maintenant le scrutin de
demain; les positions sont prises et ne
se modifieront certainement pas dans
les vingt-quatre heures. Nous avons
déjà dit combien la campagne nous
avait paru insuffisante et parfois mê
me maladroite ; ce n'est pas le moment
d'y revenir; il ne faut maintenant
songer qu'à tirer parti de la position,
quelle qu'elle soit. Le devoir s'impose
de voter contre les tenants du régime
actuel.
D'ailleurs, nos ministres, même
dans ces derniers jours où ils de
vraient montrer quelque réserve, sem
blent s'attacher à prouver aux catho
liques qu'ils ne peuvent attendre d'eux
aucune justice. Hier, nous signalions
des suspensions de traitement dans le
diocèse de Bordeaux; en voici une
autre dans le diocèse • de Rodez. Ces
hommes sont des ennemis, il faut les
traiter comme tels.
~ On trouvera plus loin une lettre
qui se rapporte aux documents de la
Haute-Cour publiés par les journaux
boulangistes. On sait que M. Terrail-
Mermeix, rédacteur en chef de la Co
carde et candidat au VIP arrondisse
ment, a été pour ce fait frappé d'une
condamnation qui le rendrait inéligi
ble si elle était définitive; mais il a fait
appel. Or, l'auteur du détournement
se fait connaître, et cela change la si
tuation de M. Mermeix,qui, d'après la
lettre de M. Warion, n'est plus le
complice d'un détournement de piè
ces, mais seulement un journaliste
ayant publié trop tôt un document:
coût, 500 fr. d'amende.
Un fait assez curieux nous frappe
dans les listes de candidats publiées
par divers journaux otficieux, notam
ment par le Temps ; ils n'inscrivent
pas à leur rang le général Boulanger,
ni MM. Rochefort et Dillon, sous pré
texte qu'ils sont inéligibles ; ils se
bornent à les mentionner dans une
note. Serait-ce pour préparer un coup
d'Etat de M. Constans, qui voudrait, si
une majorité se prononçait pour les
condamnés de L la Haute-Cour, qu'on
considérât les bulletins comme nuls ?
Une correspondance de Y Indépendance
belge annonce que des ordres ont été
déjà donnés dans ce sens. Cela peut
n'être qu'un ballon d'essai.
Nous protestions hier contre la glo
rification, à Rome, du guet-apens du
20 septembre; nous ne connaissions
pas encore certains détails significa
tifs. Il y a eu, parallèlement aux ma
nifestations officielles, des manifesta
tions révolutionnaires,où la haine con
tre l'Eglise s'est donné libre cours,
avec la tolérance de M. Crispi et de
ses agents. Voilà comment le gouver
nement spoliateur fait respecter à Rome
l'Eglise et le Pape 1
La situation n'a pas changé entre
l'Espagne et le Maroc. Le gouverne
ment espagnol se montre résolu à
exiger une juste satisfaction pour ses
griefs, mais on conteste que les griefs
soient bien fondés, et des nouvelles
du Maroc mêma disent que le sultan,
loin de songer à une « guerre sainte »,
se montre bienveillant pour les Euro
péens.
On remarquera une citation du
Heichsbote, journal conservateur alle
mand, qui prête à l'empereur Guil
laume des paroles assez curieuses au
sujet de l'enseignement de l'histoire.
Certes le prince prussien a grande
ment raison dans son sévère juge
ment sur la Révolution, mais il ne
faut pas oublier que la Révolution pro
cède de la Réforme : Luther et les au
tres prétendus réformateurs du sei
zième siècle sont les précurseurs et les
préparateurs de nos révolutionnaires.
La Gazette de Cologne publie une
lettre collective qui aurait été adres
sée aux fidèles par l'épiscopat prus
sien, réuni à Fulda. Nous en atten
drons la publication par la presse ca
tholique allemande, avant d'en don
ner des extraits.
Disons néanmoins que, dans cette
lettre, les évêques, réunis autour de la
tombe de saint Boniface, constatent
l'aurore dé jours meilleurs pour l'E
glise. Ils se plaignent de la polémique
confessionnelle dont les ennemis se
servent contre l'Eglise, et relèvent
qu'à l'encontre de cette polémique
1 Eglise demande à ses enfants d'évi
ter tout ce qui peut exciter les pas
sions.
Finalement l'épiscopat recommande
aux fidèles de rendre le bien pour le
mal.
L'article où nous avons rappelé les
engagements que le général Boulan
ger avait pris à Tours sur la question
religieuse et qu'il vient de renouveler,
a mécontenté la Gazette de France,
toujours facile, d'ailleurs, au mécon
tentement. Elle constate, en mau
gréant et soulignant, que, sans accor
der pleine confiance aux promesses
du général, et tout en demandant plus,
nous y trouvons du bon. Dame ! il y
en a, surtout pour le temps présent ;
et la Gazette ne nous fera pas regret
ter d'avoir dit : « Le progi'amme de
« Tours, bien que très incomplet et
« très vague, vaut mieux assurément
« que les actes des opportunistes et
« des radicaux. »
N'est-ce pas vrai, et n'avons-nous
pas mis les choses à leur point en
ajoutant : « Mais ce sont paroles de
« prétendant, et si d'autres disent :
.« Voilà ce qu'il fera,nous disons seule-
« ment, nous : Voilà ce qu'il pro-
« met ! »
La Gazette , qui tous les jours, par
plusieurs articles et quantité de cita
tions savamment soulignées, réduit
en poudre M. Boulanger, trouvant que
cette vérité n'était pas bonne à dire,
nous reproche de l'avoir dite. Voici le
morceau :
La réserve si discrètement formulée dans
les dernières lignes de cette citation n'est
pas superflue, et nous ajouterons qu'elle
n'est pas suffisante.
L'Univers pouvait d'ores et déjà, appli
quer à M. Boulanger la méthode dont il se
sert contre les opportunistes.
Le général, lui aussi, n'a pas seulement
des paroles et des promesses à son actif, il
a aussi des actes à son passif :
Il a la loi des curés sac au dos.
Il a ses votes contre tous les adoucisse
ments proposés dans cette loi.
• II a ses abstentions significatives et ses
votes contre le maintien du budget des cul
tes.
Voilà, des actes qui nous paraissent am
plement suffire à l'interprétation du pro
gramme de Tours.
Cette façon de comprendre la tion religieuse » et le < respect absolu de
toutes les croyances » nous paraît autori
ser plus que de la « défiance ».
Comme nous voulions rester dans la
justice et dans la vérité, notre réserve,
quoi qu'en dise la Gazette , était suf
fisante ; ses lecteurs eux-mêmes l'eus
sent reconnu si elle avait reproduit
le programme de Tours.
Après avoir supprimé ce que le gé
néral a promis de bon, la Gazette rap
pelle ce qu'il a fait de mauvais et le
renvoie dos à dos avec les opportu
nistes.
Il y a là un peu trop de parti pris.
Que le général ait été dans une large
' mesure le complice des opportunistes
et des radicaux, qu'il ait à son actif de
mauvais votes et de suspectes ou signi
ficatives abstentions, quel journal,
sauf peut-être la Gazette, l'a dit plus
souvent et plus sévèrement que l'Uni
vers ? Mais de ca qu'il ne faut pas ou
blier ce passé, s'ensuit-il qu'on doive
écarter le programme d'il y a six mois
et les déclarations d'aujourd'hui ? S'en
suit-il, particulièrement, qu'on doive
manquer de justice au point de ne pas
reconnaître que ces déclarations et
ce programme valent mieux que les
actes antérieurs et le «langage actuel
des hommes du gouvernement?
Dites, si cela vous plaît et vous sou
lage, impétueuse Gazette , que le géné
ral ne pourra ni même ne voudra te
nir ses promesses. Nous n'objecterons
rien. Ce que vous affirmez, en souhai
tant, on peut le croire, que les événe
ments vous donnent raison, nous le
craignons fort et ne cessons de le
montrer. Mais nos craintes ne sau
raient nous porter, comme vos pas
sions politiques, à ne pas reconnaître
que M. Boulanger parle mieux au
jourd'hui que les chefs de la bande op-
portuno-radicale, restés fidèles au pro
gramme et aux pratiques de M. Gam-
betta.
Certes, nous ne croyons pas qu'en
faisant aux catholiques ces avances
M. Boulanger cède à l'amour des prin
cipes et à un sentiment de sincère
respect pour l'Eglise. Non, c'est l'acte
d'un homme politique qui, voyant de
notre côté une force, cherche à se la
rendre favorable. Ce calcul n'est pas
condamnable et, au lieu Jde nous en
plaindre, nous devons en prendre acte
et tâcher d'en tirer profit.
Manifestement la Gazette craint que
ce rappel du programme de Tours ne
profite à quelques candidats boulan
gistes. La chose est, en effet, possible.
Nous n'y voyons pas un mal. Mieux
vaut le boulangiste reconnaissant nos
droits que le ferryste ou le clèmenciste
les niant.
Seuls, d'après la Gâzette, les roya
listes, purs de toute alliance,et de tout
alliage, méritent confiance, et les ca
tholiques font fausse route en accep-
taut d'autres candidats. Nous com
prendrions un tel langage si l'on
voyait partout des candidats carrément
royalistes et non moins carrément
catholiques. Hélas ! nous n'en sommes
pas là. Parmi les aspirants au mandat
législatif s'en trouve-t-il vingt de cette
sorte, vingt qui ne pactisent ni avec
l'impérialisme, ni avec le boulangisme,
vingt qui osent crier Vive le roi ! et
Vive l'Eglise? Nous devons donc en
accepter d'autres et préférer, fussent-
ils boulangistes, ceux qui condamnent
la persécution à ceux qui la glorifient.
Eugène Veuillot.
Nous saurons dans quarante-huit
heures si le boulangisme a conservé
toute la force qu'il avait il y a six
mois.
Ce que nous entendons par « bou
langisme », — est-il besoin de le dire
une fois de plus? — c'est l'état d'es
prit qui a porté, qui porte un grand
nombre de Français, voulant, à tout
prix, se débarrasser du régiire actuel,
à suivre officiellement, ou à seconder
officieusement, l'homme qui paraît le
mieux en mesure de culbuter ce régi
me infâme.
Eh bien, nous ne voyons nullement
pourquoi le boulangisme aurait perdu
de sa force : la raison d'être du bou
langisme étant de plus en plus forte.
Le boulangisme est né du mépris,
du dégoût qu'inspiraient les person
nes da nos gouvernants, de l'indigna
tion, de l'horreur que soulevaient
leurs actes, et du malaise, de l'écœu
rement qui résultaient d'une pareille
situation. Qui expliquera autrement
le boulangisme ?
Dans cet état d'esprit, on se serait
évidemment tourné vers un prince,
soit Bonaparte soit Bourbon, si un
prince, ayant, réussi à se mettre bien
en vue, avait semblé tout prêt à cein
dre la couronne. Il n'a point paru a,a
peuple qu'il en fût ainsi. Lë prince
viendra plus tard, sans doute. En
attendant, M. Boulanger bénéficie des
dispositions du suffrage universel. On
peut s'en réjouir, on peut s'en plain
dre; mais il faut le reconnaître.
II en a bénéficié ; il doit en bénéfi
cier encore. Depuis la naissance du
boulangisme, le mépris, le dégoût, l'in
dignation, l'horreur, le malaise, l'é
cœurement n'ont fait que croître.
Aucun prince ne s'est rapproché du
trône. Il serait donc absolument illo
gique, et même à peu près incompré
hensible, que le boulangisme eût bais
sé durant les six derniers mois.
Le suffrage universel n'est pas tou
jours logique, il est vrai. C'est ce qui
doit donner quelques inquiétudes aux
boulangistes.
C'est ce qui donne, outre la poigne
et la malhonnêteté de M. Constans,
quelque espoir encore aux partisans
du régime actuel.
Mais, comme ils n'osent point dire,
malgré tout leur cynisme, qu'ils comp
tent, quand même, triompher demain
parce que le suffrage populaire s'est
montré plus d'une fois versatile, et.
parce que M. Constans est capable de
toutes les fraudes, ils mettent en avant
une troisième raison, qui n'est point
nouvelle, d'ailleurs.
Ils soutiennent, avec effronterie,
que le mouvement boulangiste n'a
jamais été qu'un mouvement factice,
conçu, créé, développé de toutes pièces
parquelques intrigants, àla prodigieu
se habileté desquels ils rendent hom
mage. Ces intrigants de génie ont fait
croire à la France, calme et heu
reuse, qu'elle avait pris en dégoût
la République parlementaire, et ils lui
ont persuadé de choisir, pour sym
bole vivant de son horreur qu'ils ve
naient de lui révéler, le « brave géné
ral », auquel, sans eux, elle n'aurait
pas pense le moins du monde.
MM. les partisans du régime actuel
devraient bien nous dire quels sont les
hommes qu'ils estiment, dans l'entou
rage de M. Boulanger, capables d'un
pareil tour de force, capables de ce mi
racle inouï.
Il n'y a pas encore longtemps, lors
qu'on leur posait cette question, les
partisans du régime actuel nommaient
tout de suite M. Thiébaud. Ils ne pou
vaient nommer que lui ; mais, enfin,
ils pommaient quelqu'un. C'était M.
Thiébaud, à les en croire, qui avait
inventé, tout seul, en intrigant poli
tique incomparable, M. le général
Boulanger. Quel homme, que ce Thié
baud, quelle intelligence !
Hélas! M. Thiébaud s'est acharné,
depuis quelques mois, à prouver qu'on
lui avait trop fait,d'honneur, qu'il n'é
tait pas aussi fort qu'on le prétendait.
Sa dernière aventure complète la dé
monstration.-Il faut se rendre, il faut
le reconnaître : s'il n'y avait eu que
M. Thiébaud pour inventer le boulan
gisme, le boulangisme n'existerait
pas.
Personne n'a créé le boulangisme ;
le boulangisme s'est créé de lui-même ;
donc, ce n'est pas un mouvement fac
tice.
— Bah! s'est dit M. Constans, factice
ou non, que m'importe! Tous les
moyens me sont bons pour le com
battre, et je le vaincrai !
C'est ce que nous allons voir !
Pierre Veuillot.
Nous lisons dans la Patrie :
On nous écrit de Cussac (Aveyron) que
le traitement de l'abbé Catusse vient d'être
supprimé pour attitude politique hostile au
gouvernement. Or, c'est dans une simple
conversation que l'abbé Catusse a impru
demment dit « que le devoir du clergé était
d'obéir aux évêques, et non au gouverne
ment de la République ».
Il est bon de noter tous ces actes
d'arbitraire pour le jour où il sera né
cessaire d'exiger des actes de répara
tion.
Nous tenons d'ailleurs que le lan
gage de M. l'abbé Catusse était celui
d'un bon prêtre, et non d'un impru
dent.
Pour mieux marquer le caractère
antireligieux et antifrançais de la fête
révolutionnaire par laquelle on vient
de célébrer à Rome l'anniversaire du
20 septembre, il suffira de reproduire
le manifeste ci-après :
Italiens 1
Sur la brèche de Porta Pia, nous devons
nous donner rendez-vous maintenant et
toujours, au retour de ses anniversaires.
Là, quelque chose de grand nous attendl
Ce sont les ombres de nos chers morts,
le souvenir de l'interminable martyrologe
consacré tout entier à l'unité de la patrie
avec Rome sa capitale.
Et ces chers morts, s'adressant à nous,
nous disent sans trêve : Sonnez à toute vo
lée les cloches de la concorde, parce que
c'est seulement dans la concorde que vous
serez forts, invincibles. La sagesse du siè
cle à venir ensevelira la tiare sur cette
même brèche qui, désormais, garde avec
sécurité cette voie Nomentane par où, au
VII e siècle, s'en vinrent ici à Rome, comme
le fléau de l'Italie, ; les hordes du roi Char-
losj félicitées par Léon III, afin d'instituer
le domaine temporel des papes.
Ce n'est pas des fleurs menteuses, des
fleurs hypocrites qu'il faut ici, mais l'affer
missement dans les fortes et patriotiques
résolutions.
Donnée au siège social, Roo&c, le 17 sep
tembre 1889.
La comaiission cxcculioe :
Menotti Garibaldi, président.» —
Pietro Del Vecohio, — Francesco
Bonalini. — Agostini Ottaviano.
— Brizzi Enrieo. — CasoratiAr-
turo Lorenzo. — Gerasa Ettore.
— Fusi Angelo. — Gentilucci
Pio. — Lunetti Uldwico. —
Mari Gesarê. — Platania Sebas-
tiano. — Ramazzotti Antonio,
commissaires. — Piano Ro-
mano, secrétaire.
D'autre part, le roi Humberta en
voyé au syndic de Rome le télégram
me que voici.;
g C'est un anniversaire inoubliable. Votre
confiance dans la concorde des Italiens, en
cas de danger, est, pour moi, une certitude
qu'il n'y a plus aujourd'hui de danger pour
notre unité, et que, s'il y en avait, tous les
Italiens feraient leur devoir, toute distinc
tion de .partis ne pouvant pas exister dans
des cœurs loyaux vis-à-vis de l'étranger.
Il n'est pas besoin de lire de bien
près entre les lignes, pour deviner qui
visent ces manifestations. La papauté
est certainement l'objet principal de
ces démonstrations impies. Mais la
France y est également menacée.
Or, une dépêche publiée par plu
sieurs journaux nous fait savoir que
le sénateur français Labiche assista i
à la cérémonie et qu'il était à côté du
syndic, du moins pendant que celui-ci
prononçait son discours devant la
brèche de la porta, Pia et lisait le télé
gramme du roi.
Si le fait est vrai, M. Labiche com
prendra sans doute qu'il a le devoir de
fournir quelques explications.
La même dépêche ajoute que « par
mi les nombreuses associations, on
remarquait celle des ex-condamnés
politiques du gouvernement papal,
dont la bannière porte une louve fou
lant aux pieds la tiare, ainsi que l'as
sociation dite de Giordano Bruno, qui
avait fait afficher dans la matinée un
manifeste déclarant qu'il lui tardait
de voir flotter le drapeau italien sur la
coupole de Saint-Pierre. »
Gela aussi est tristement significatif.
Les catholiques n'en seront que plus
excités à prier, selon les prescriptions
Chef si indignement outragé dans tous
ses droits.
L 'Osservatore Romano a déjà plu
sieurs fois protesté contre la publica
tion de nouvelles fausses et à tendan
ces perfides qui semblent être la spé
cialité de certains journaux, comme
le Daily Chronicle , la Correspondance
de l'Est et la Correspondance politique
de Vienne. Quelques journaux de Paris
se font les échos complaisants de ces
manœuvres, qui sont faciles à recon
naître à leur tendance gallophobe et
compromettante pour le Saint-Siège.
Les correspondants romains qui se
chargent ainsi de répandre des nou
velles, non seulement sujettes à cau
tion, mais d'un caractère hostile à la
religion et à la France devraient pren
dre garde que ni l'une ni l'autre de
ces attitudes ne leur convient.
f A plusieurs reprises, soit à l'occa
sion des discussions sur l'Irlande, soit
au sujet des négociations entre la
Russie et le Saint-Siège, soit à propos
des relations entre la France et le Va
tican, les correspondants des susdits
journaux ont lancé une série de nou
velles qui semblaient avoir pour but
d'influencer par leurs jugements les
décisions du Saint-Siège. Les événe
ments ont régulièrement donné tort à
leurs nouvelles prématurées et fantai
sistes ; il n'en faut pas moins stigma
tiser cette manœuvre peu honorable.
sur les cœurs de ses sujets; mais que
Dieu seul savait ramener les cœurs
égarés par des épreuves diverses.L'em-
pereur aurait ensuite parlé de ses im
pressions lors de son voyage au Pôle
Nord, et exprimé combien il avait été
édifié par la piété des marins, qui éle
vaient leurs regards vers Dieu au
milieu des nombreux dangers de leur
état.
Puis, abordant la question de l'en
seignement, l'empereur aurait déclaré
que l'instruction moderne négligeait
trop les deux points les plus impor
tants : la religion et l'histoire natio
nale, et que l'on ne cultivait pas assez
l'histoire moderne :
C'est bel et bien, aurait continué l'em
pereur, de connaître l'histoire ancienne et
les classiques; mais il me semble qu'il se
rait plus utile d'étudier l'histoire allemande,
notamment celle depuis la réforme jusqu'à
nos jours; cette étude profiterait à nos
mœurs nationales et à la compréhension de
la situation actuelle. Si les tendances ré
volutionnaires de la démocratie socialiste
ont tant tourné les cœure et les esprits,
c'est parce que l'esprit qui règne et dans les
universités et dans l'enseignement primaire
n'a pas v.oulu assez exposer aux élèves les
errements et les horreurs de la Révolution
et les efforts faits par la nation pour arri
ver à la délivrance de la patrie.
Finalement l'empereur aurait ex
primé l'espoir de voir bientôt remé
dier à cet état de choses.
Ce que l'empereur n'a pas remar
qué, c'est qu'en recommandant l'étude
de l'histoire allemande depuis la Ré
forme, il indiquait la Réforme elle-
même comme étant la cause du mou
vement révolutionnaire qui devait en
sortir logiquement.
Le Reichsbote, organe ultra-conserva
teur protestant, de Berlin, relate une
conversation que l'empereur aurait eue
à Hanovre, après un service divin mi
litaire, avec les aumôniers militaires.
L'empereur aurait dit qu'il attendait
de l'action da l'Eglise et de l'école
chrétienne l'influence la plus salutaire
Un rapport adressé au ministre des
beaux-arts et publié par le Journal of
ficiel nous renseigne sur le caractère
de la décoration sculpturale au moyen
de laquelle on se propose de représen
ter au Panthéon les quatre époques de
l'histoire de France. Nous citons :
La sous-commission précise ainsi les
idées que doivent traduire chacun des qua
tre groupes :
1° Le groupe du moyen âge représentera
la foi religieuse et son action dans les di
verses manifestations de la pensée et de
l'activité humaine (art, poésie, héroïsme mi
litaire);
2° Le groupe de la Renaissance repré
sentera l'art et la littérature au seizième
siècle, mais en indiquant que l 'art (dans
ses trois parties : architecture, sculpture,
peinture, surtout les deux premières) est
la plus éclatante manifestation de ce
temps;
3° Le groupe du dix-septième siècle re
présentera la littérature (philosophie mo
rale, poésie dramatique, éloquence), qui
est alors la gloire de notre pays et l'école
de l'Europe;
4° Le groupe du dix-huitième siècle re
présentera la philosophie } c'est-à-dire la
pensée française préparant, par la recher
che abstraite et la science, un état social
fondé sur la liberté et la justice.
Ces quatre grandes divisions de notre
histoire offraient une abondante variété
d'aspects,dont chacun avait son intérêt pro
pre; mais cette richesse même imposait l'o
bligation de tout ramener à quatre idées
maîtresses, aussi simples que. compréhen-
sives, et capables de résumer dans une
vaste synthèse les idées secondaires que
dégage l'analyse. La sous-commission a
pensé que ces idées maltresses étaient la
foi, l 'art, la littérature et la philosophie.
Elle n'avait pas à s'occuper d'un siècle, le
nôtre, qui n'est pas encore terminé et qui
trouvera sa glorification dans les monu
ments de l'avenir ; mais si, comme on peut
le dire dès maintenant, c'est la science qui
doit être l'honneur du siècle dé Cuvier,
d'Ampère, d'Arago, de Le Verrier, de Clau
de Bernard et de Pasteur, le Panthéon of
frira une histoire singulièrement glorieuse
et complète de la France jusqu'à la Révo
lution en attendant l'ouverture du vingtième
siècle.
Nous ne savons ce que vaudra la
décoration au point de vue artistique;
mais au point de vue des idées qu'on
veut célébrer, il est certain dès à pré
sent que ce sera un outrage à la foi
traditionnelle de la France, à son his
toire, au simple bon sens.
Ainsi l'on prétend dans le dix-neu
vième siècle glorifier, avec la philoso
phie qui a voulu ruiner, toute idée re
ligieuse, l'avènement d'un état social
fondé sur la liberté et la justice. Or,
c'est là un double mensonge, car
avant le dix-huitième siècle la_ so
ciété française ne manquait ni de
liberté ni dé justice, et quant à ce que
nous voyons depuis, il suffit de regar
der autour de soi pour voir qu'il y a
de nos jours toute une catégorie de
citoyens, qui, par cela seul qu'ils font
profession de la foi catholique, se
voient refuser toute justice et toute
liberté.
Auguste Roussel.
Le Journal des Débats publie une dé
pêche de Vienne où nous lisons :
Le synode des vieux-catholiques se tient
à Warnsdorf ; le seul intérêt de cette réu
nion est que l'évêque de Salisbury y a as
sisté officiellement, et que, à l'issue de la
messe d'ouverture, il a donné l'absolution,
en habits pontificaux. L'Eglise anglaise a
toujours eu des sympathies pour les vieux-
catholiques, mais elle ne la leur avait ja
mais témoignée avec autant d'éclat. Un
des prédicateurs du Synode s'est cru auto
risé à dire que la présence de l'évêque
scellait la complète union de l'Eglise anglo-
catholique et des vieux-catholiques, et cette
parole n'a pas été relevée. Un pasteur pro
testant avait été invité également.
Le fait se passe de commentaire. II
est on ne peut plus significatif, et il
démontre une fois de plus que toutes
les révoltes ont un point commun
par où elles se tiennent inévitable
ment.
Réponses épiscopales
Mgr Marchai, archevêque de Bour*
ges, écrit à M. Thévenet :
Monsieur lo ministre,
J'ai l'honneur de vous accuser réception
de la circulaire, en date du 4 de ce mois,
par laquelle vous avez jugé à propos de me
prier * de faire comprendre à tous les prêtres
de mon diocèse, quel que soit leur rang
dans la hiérarchie ecclésiastique, qu'il leur
est interdit de manifester des préférences
politiques dans l'exercice des fonctions sa
cerdotales et d'abuser d'une manière quel
conque du crédit ou de l'autorité que peut
leur donner leur caractère. »
Si vous avez voulu demander, monsieur
le ministre, que les prêtres de mon dio
cèse s'abstiennent de mêler la politique &
l'exercice de leur ministère, votre circulaire
n'était aucunement motivée. Mon clergé
sait parfaitement que sa mission n'est poiut
politique et qu'elle n'a pour objet que le
salut des âmes. Quels que soient les faits
qui vous ont été signalés, je n'en connais
aucun dans mon diocèse qui soit de nature
à expliquer la circulaire du 4 septembre.
• Mais il semble que vous avez voulu da
vantage, et tout le monde l'a compris en
lisant votre lettre et en lui voyant donner
une si prompte et si complète publicité.
Non seulement vous demandez, M. le mi
nistre, que les prêtres comprennent qa'il
leur est interdit de manifester des préfé
rences politiques dans l'exercice de leurs
fonctions ; mais vous ajoutez qu'il leur est
interdit d'abuser d'une manière quelconque
du crédit ou de l'autorité que peut leur
donner leur caractère.
Ici il n'est plus question de fonctions sa
cerdotales, et l'interdiction s'étend à la vie
privée du prêtre, à ses relations personnel
les, à ses actes en tant que citoyen. Vou-
driez-voos qu'il fût dépouillé de l'autorité
et du crédit que lui donne son caractère ?
Ce serait demander l'impossible. Puisque
le caractère du prêtre lui donne Itant de
crédit et d'autorité, ne serait-il pas plus
sage de tenir compte des sentiments d'un
grand nombre d'électeurs pour les prêtres
qu'ils interrogent ou qu'ils écoutent comme
les guides de leur conscience ?
Il est vrai, M. le ministre, vous interdi
sez au clergé seulement l'abus de son crédit
et de son autorité; il lui est donc permis
d'en user, et en, effet, nul ne saurait le lui
défendre. Mais où commence l'abus ? l'u
sage ne paraîtrait-il pa3 une manière quel
conque d'abuser ?
Cependant, monsieur le ministre, si le
clergé peut s'abstenir dans les questions
purement politiques, il ne peut le faire et il
ne le fera jamais quand c'est le règne de
Dieu qui est attaqué,quand c'est la ruine de
la religion en France qui est poursuivie.
Or, nul ne l'ignore, la question politique
est au second plan, et le clergé ne songe
pas à descendre sur ce terrain ; la question
est religieuse, elle domine tout, et le cler
gé ne désertera pas la cause de bieu, qui
est celle de l'Eglise et de la patrie. Gom
ment lui demander de rester neutre quand
ce qui est menacé, hélas! déjà ébranlé,
presque détruit, c'est l'état religieux, l'é
cole chrétienne, la sainteté du mariage, la
liberté des pauvres et des mourants dans
les hôpitaux, le recrutement sacerdotal ? A
cette prétentionjl opposera le nonpossumus
des apôtres.
Ce devoir, monsieur le ministre, le clergé
le remplira avec sagesse, avec prudence et
mesure, sans sortir du domaine de la con
science chrétienne et sans se préoccuper ni
de la constitution, ni de la forme du gou
vernement, ni d'aucune de ces questions
politiques sur lesquelles tout Français ce
pendant a le droit, et souvent le devoir,
d'avoir un avis, mais dont la solution n'ap
partient pas à notre ministère.
Je dois ajouter, monsieur le ministre,
que je me suis abstenu de transmettre la
circulaire du 4 septembre à mon clergé. La
publicité qui lui a été donnée immédiate
ment et les conditions de cette publicité
rendaient inutile toute autre communica
tion. Mais surtout je ne pouvais permettre,
par une communication pure et simple, da
croire que j'acceptais la pensée et les ter
mes de la circulaire ; j'aurais dû l'accompa
gner d'observations qu'il m'a paru plus con
venable de vous soumettre, monsieur le mi
nistre, et que je désirerais n'être point obli
gé de publier.
Veuillex agréer, je vous prie, monsieur
le ministre, l'expression de ma haute et res
pectueuse considération.
•{• J oseph,
Archevêque de Bourges.
Mgr de Gabrières, évêque de Mont
pellier, écrit à M- Thévenet :
Montpellier, le 19 septembre 1889,
Monsieur le ministre,
J'étais absent quand est arrivée & l'évê-
ché la circulaire que Votre Excellence a cru
devoir nous écrire à l'occasion des élections.
C'est ce qui vous explique le retard que
j'ai mis à vous en accuser réception. Je re
grette, permettez-moi de vous le dire, que
vous ayez pris, vis-à-vis de l'épiscopat fran
çais tout entier, un ton de menace et de
raideur, dénaturé à l'affliger profondément,
et qui môme aurait pu le blesser et l'ai
grir, s'il ne voulaitj pas réaliser, autant que
possible, la divine parole, en s'obstinant à
espérer, in s pem contra spem, — que le gou
vernement rendra, quelque jour, pleine
justice à son dévouement sincère et à son
patriotisme éclairé.
Croyez-moi, monsieur le ministre, nous
n'aimons pas la guerre pour elle-même, et
quelles que soient les préférences politi
ques que npus puissions avoir reçues comme
héritage, ou que nous ayons adoptées à la
suite de nos études sur le tempérament de
notre pays, nous ne conspirons pas pour le
triomphe d'une cause purement civile ( et
étrangère à nos devoirs. Nous usons d'un
droit évident, , que les institutions républi
caines nous assurent, en faisant compren
dre aux fidèles; sous une forme absolument
modérée, et en évitant soigneusement de
prononcer aucun nom, qu'ils ont le devoir
rigoureux de voter, et de ne voter que-
ÊBITIOM QUOTIDIENNE
PARIS ETRnnttES
El DÊPAKTEilEHTS (ONION POSTALBj
lin an 55 » 66 »
Six mois. ... 28 50 34 »
Trois mois. . . 15 » 18 »
'^gafeomieuicuÉs partent des A" et 13 de chaque moli
UN NUMÉRO { glff rt - emeat - 9 ; H C l nt "
BUREAUX : Paris, 10, rue dès Saints- Pères
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
N* 7934 ~'£ditfoB;qaotidieafc«
Dîmanjehè 22 Septembre iftg©
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNB
PARIS ÉTRANGER
et départements (union fostili)
Un an 30 » 36 »
Six mois. . . . 16 » 19 »
Trois mois. . . 8 50 10 »
Les abonnements partent de» t<> et îs do chaque mot*
L'HMERS ne répond pas des manuscrits qui loi sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CE11F et G 18 , 6, place do la Bourse
FHÂNGB
PARIS, 2i SEPTEMBRE 1889
M. Carnot inaugure solennellement
aujourd'hui le Triomphe de la Répu
blique, place de la Nation, ancienne
place du Trône. Le ministère espère-
t-il, par cette coïncidence, enflammer
d'une noble ardeur les électeurs répu
blicains et décider ainsi la défaite des
conservateurs et des boulangistes ? Il
pourrait se tromper.
D u reste, |on n'aurait pas de discours
de M. Garnot ; seuls, MM. Tirard et
Ghautemps prendraient la parole ;
comme éloquence, ce sera maigre.
On attend maintenant le scrutin de
demain; les positions sont prises et ne
se modifieront certainement pas dans
les vingt-quatre heures. Nous avons
déjà dit combien la campagne nous
avait paru insuffisante et parfois mê
me maladroite ; ce n'est pas le moment
d'y revenir; il ne faut maintenant
songer qu'à tirer parti de la position,
quelle qu'elle soit. Le devoir s'impose
de voter contre les tenants du régime
actuel.
D'ailleurs, nos ministres, même
dans ces derniers jours où ils de
vraient montrer quelque réserve, sem
blent s'attacher à prouver aux catho
liques qu'ils ne peuvent attendre d'eux
aucune justice. Hier, nous signalions
des suspensions de traitement dans le
diocèse de Bordeaux; en voici une
autre dans le diocèse • de Rodez. Ces
hommes sont des ennemis, il faut les
traiter comme tels.
~ On trouvera plus loin une lettre
qui se rapporte aux documents de la
Haute-Cour publiés par les journaux
boulangistes. On sait que M. Terrail-
Mermeix, rédacteur en chef de la Co
carde et candidat au VIP arrondisse
ment, a été pour ce fait frappé d'une
condamnation qui le rendrait inéligi
ble si elle était définitive; mais il a fait
appel. Or, l'auteur du détournement
se fait connaître, et cela change la si
tuation de M. Mermeix,qui, d'après la
lettre de M. Warion, n'est plus le
complice d'un détournement de piè
ces, mais seulement un journaliste
ayant publié trop tôt un document:
coût, 500 fr. d'amende.
Un fait assez curieux nous frappe
dans les listes de candidats publiées
par divers journaux otficieux, notam
ment par le Temps ; ils n'inscrivent
pas à leur rang le général Boulanger,
ni MM. Rochefort et Dillon, sous pré
texte qu'ils sont inéligibles ; ils se
bornent à les mentionner dans une
note. Serait-ce pour préparer un coup
d'Etat de M. Constans, qui voudrait, si
une majorité se prononçait pour les
condamnés de L la Haute-Cour, qu'on
considérât les bulletins comme nuls ?
Une correspondance de Y Indépendance
belge annonce que des ordres ont été
déjà donnés dans ce sens. Cela peut
n'être qu'un ballon d'essai.
Nous protestions hier contre la glo
rification, à Rome, du guet-apens du
20 septembre; nous ne connaissions
pas encore certains détails significa
tifs. Il y a eu, parallèlement aux ma
nifestations officielles, des manifesta
tions révolutionnaires,où la haine con
tre l'Eglise s'est donné libre cours,
avec la tolérance de M. Crispi et de
ses agents. Voilà comment le gouver
nement spoliateur fait respecter à Rome
l'Eglise et le Pape 1
La situation n'a pas changé entre
l'Espagne et le Maroc. Le gouverne
ment espagnol se montre résolu à
exiger une juste satisfaction pour ses
griefs, mais on conteste que les griefs
soient bien fondés, et des nouvelles
du Maroc mêma disent que le sultan,
loin de songer à une « guerre sainte »,
se montre bienveillant pour les Euro
péens.
On remarquera une citation du
Heichsbote, journal conservateur alle
mand, qui prête à l'empereur Guil
laume des paroles assez curieuses au
sujet de l'enseignement de l'histoire.
Certes le prince prussien a grande
ment raison dans son sévère juge
ment sur la Révolution, mais il ne
faut pas oublier que la Révolution pro
cède de la Réforme : Luther et les au
tres prétendus réformateurs du sei
zième siècle sont les précurseurs et les
préparateurs de nos révolutionnaires.
La Gazette de Cologne publie une
lettre collective qui aurait été adres
sée aux fidèles par l'épiscopat prus
sien, réuni à Fulda. Nous en atten
drons la publication par la presse ca
tholique allemande, avant d'en don
ner des extraits.
Disons néanmoins que, dans cette
lettre, les évêques, réunis autour de la
tombe de saint Boniface, constatent
l'aurore dé jours meilleurs pour l'E
glise. Ils se plaignent de la polémique
confessionnelle dont les ennemis se
servent contre l'Eglise, et relèvent
qu'à l'encontre de cette polémique
1 Eglise demande à ses enfants d'évi
ter tout ce qui peut exciter les pas
sions.
Finalement l'épiscopat recommande
aux fidèles de rendre le bien pour le
mal.
L'article où nous avons rappelé les
engagements que le général Boulan
ger avait pris à Tours sur la question
religieuse et qu'il vient de renouveler,
a mécontenté la Gazette de France,
toujours facile, d'ailleurs, au mécon
tentement. Elle constate, en mau
gréant et soulignant, que, sans accor
der pleine confiance aux promesses
du général, et tout en demandant plus,
nous y trouvons du bon. Dame ! il y
en a, surtout pour le temps présent ;
et la Gazette ne nous fera pas regret
ter d'avoir dit : « Le progi'amme de
« Tours, bien que très incomplet et
« très vague, vaut mieux assurément
« que les actes des opportunistes et
« des radicaux. »
N'est-ce pas vrai, et n'avons-nous
pas mis les choses à leur point en
ajoutant : « Mais ce sont paroles de
« prétendant, et si d'autres disent :
.« Voilà ce qu'il fera,nous disons seule-
« ment, nous : Voilà ce qu'il pro-
« met ! »
La Gazette , qui tous les jours, par
plusieurs articles et quantité de cita
tions savamment soulignées, réduit
en poudre M. Boulanger, trouvant que
cette vérité n'était pas bonne à dire,
nous reproche de l'avoir dite. Voici le
morceau :
La réserve si discrètement formulée dans
les dernières lignes de cette citation n'est
pas superflue, et nous ajouterons qu'elle
n'est pas suffisante.
L'Univers pouvait d'ores et déjà, appli
quer à M. Boulanger la méthode dont il se
sert contre les opportunistes.
Le général, lui aussi, n'a pas seulement
des paroles et des promesses à son actif, il
a aussi des actes à son passif :
Il a la loi des curés sac au dos.
Il a ses votes contre tous les adoucisse
ments proposés dans cette loi.
• II a ses abstentions significatives et ses
votes contre le maintien du budget des cul
tes.
Voilà, des actes qui nous paraissent am
plement suffire à l'interprétation du pro
gramme de Tours.
Cette façon de comprendre la
toutes les croyances » nous paraît autori
ser plus que de la « défiance ».
Comme nous voulions rester dans la
justice et dans la vérité, notre réserve,
quoi qu'en dise la Gazette , était suf
fisante ; ses lecteurs eux-mêmes l'eus
sent reconnu si elle avait reproduit
le programme de Tours.
Après avoir supprimé ce que le gé
néral a promis de bon, la Gazette rap
pelle ce qu'il a fait de mauvais et le
renvoie dos à dos avec les opportu
nistes.
Il y a là un peu trop de parti pris.
Que le général ait été dans une large
' mesure le complice des opportunistes
et des radicaux, qu'il ait à son actif de
mauvais votes et de suspectes ou signi
ficatives abstentions, quel journal,
sauf peut-être la Gazette, l'a dit plus
souvent et plus sévèrement que l'Uni
vers ? Mais de ca qu'il ne faut pas ou
blier ce passé, s'ensuit-il qu'on doive
écarter le programme d'il y a six mois
et les déclarations d'aujourd'hui ? S'en
suit-il, particulièrement, qu'on doive
manquer de justice au point de ne pas
reconnaître que ces déclarations et
ce programme valent mieux que les
actes antérieurs et le «langage actuel
des hommes du gouvernement?
Dites, si cela vous plaît et vous sou
lage, impétueuse Gazette , que le géné
ral ne pourra ni même ne voudra te
nir ses promesses. Nous n'objecterons
rien. Ce que vous affirmez, en souhai
tant, on peut le croire, que les événe
ments vous donnent raison, nous le
craignons fort et ne cessons de le
montrer. Mais nos craintes ne sau
raient nous porter, comme vos pas
sions politiques, à ne pas reconnaître
que M. Boulanger parle mieux au
jourd'hui que les chefs de la bande op-
portuno-radicale, restés fidèles au pro
gramme et aux pratiques de M. Gam-
betta.
Certes, nous ne croyons pas qu'en
faisant aux catholiques ces avances
M. Boulanger cède à l'amour des prin
cipes et à un sentiment de sincère
respect pour l'Eglise. Non, c'est l'acte
d'un homme politique qui, voyant de
notre côté une force, cherche à se la
rendre favorable. Ce calcul n'est pas
condamnable et, au lieu Jde nous en
plaindre, nous devons en prendre acte
et tâcher d'en tirer profit.
Manifestement la Gazette craint que
ce rappel du programme de Tours ne
profite à quelques candidats boulan
gistes. La chose est, en effet, possible.
Nous n'y voyons pas un mal. Mieux
vaut le boulangiste reconnaissant nos
droits que le ferryste ou le clèmenciste
les niant.
Seuls, d'après la Gâzette, les roya
listes, purs de toute alliance,et de tout
alliage, méritent confiance, et les ca
tholiques font fausse route en accep-
taut d'autres candidats. Nous com
prendrions un tel langage si l'on
voyait partout des candidats carrément
royalistes et non moins carrément
catholiques. Hélas ! nous n'en sommes
pas là. Parmi les aspirants au mandat
législatif s'en trouve-t-il vingt de cette
sorte, vingt qui ne pactisent ni avec
l'impérialisme, ni avec le boulangisme,
vingt qui osent crier Vive le roi ! et
Vive l'Eglise? Nous devons donc en
accepter d'autres et préférer, fussent-
ils boulangistes, ceux qui condamnent
la persécution à ceux qui la glorifient.
Eugène Veuillot.
Nous saurons dans quarante-huit
heures si le boulangisme a conservé
toute la force qu'il avait il y a six
mois.
Ce que nous entendons par « bou
langisme », — est-il besoin de le dire
une fois de plus? — c'est l'état d'es
prit qui a porté, qui porte un grand
nombre de Français, voulant, à tout
prix, se débarrasser du régiire actuel,
à suivre officiellement, ou à seconder
officieusement, l'homme qui paraît le
mieux en mesure de culbuter ce régi
me infâme.
Eh bien, nous ne voyons nullement
pourquoi le boulangisme aurait perdu
de sa force : la raison d'être du bou
langisme étant de plus en plus forte.
Le boulangisme est né du mépris,
du dégoût qu'inspiraient les person
nes da nos gouvernants, de l'indigna
tion, de l'horreur que soulevaient
leurs actes, et du malaise, de l'écœu
rement qui résultaient d'une pareille
situation. Qui expliquera autrement
le boulangisme ?
Dans cet état d'esprit, on se serait
évidemment tourné vers un prince,
soit Bonaparte soit Bourbon, si un
prince, ayant, réussi à se mettre bien
en vue, avait semblé tout prêt à cein
dre la couronne. Il n'a point paru a,a
peuple qu'il en fût ainsi. Lë prince
viendra plus tard, sans doute. En
attendant, M. Boulanger bénéficie des
dispositions du suffrage universel. On
peut s'en réjouir, on peut s'en plain
dre; mais il faut le reconnaître.
II en a bénéficié ; il doit en bénéfi
cier encore. Depuis la naissance du
boulangisme, le mépris, le dégoût, l'in
dignation, l'horreur, le malaise, l'é
cœurement n'ont fait que croître.
Aucun prince ne s'est rapproché du
trône. Il serait donc absolument illo
gique, et même à peu près incompré
hensible, que le boulangisme eût bais
sé durant les six derniers mois.
Le suffrage universel n'est pas tou
jours logique, il est vrai. C'est ce qui
doit donner quelques inquiétudes aux
boulangistes.
C'est ce qui donne, outre la poigne
et la malhonnêteté de M. Constans,
quelque espoir encore aux partisans
du régime actuel.
Mais, comme ils n'osent point dire,
malgré tout leur cynisme, qu'ils comp
tent, quand même, triompher demain
parce que le suffrage populaire s'est
montré plus d'une fois versatile, et.
parce que M. Constans est capable de
toutes les fraudes, ils mettent en avant
une troisième raison, qui n'est point
nouvelle, d'ailleurs.
Ils soutiennent, avec effronterie,
que le mouvement boulangiste n'a
jamais été qu'un mouvement factice,
conçu, créé, développé de toutes pièces
parquelques intrigants, àla prodigieu
se habileté desquels ils rendent hom
mage. Ces intrigants de génie ont fait
croire à la France, calme et heu
reuse, qu'elle avait pris en dégoût
la République parlementaire, et ils lui
ont persuadé de choisir, pour sym
bole vivant de son horreur qu'ils ve
naient de lui révéler, le « brave géné
ral », auquel, sans eux, elle n'aurait
pas pense le moins du monde.
MM. les partisans du régime actuel
devraient bien nous dire quels sont les
hommes qu'ils estiment, dans l'entou
rage de M. Boulanger, capables d'un
pareil tour de force, capables de ce mi
racle inouï.
Il n'y a pas encore longtemps, lors
qu'on leur posait cette question, les
partisans du régime actuel nommaient
tout de suite M. Thiébaud. Ils ne pou
vaient nommer que lui ; mais, enfin,
ils pommaient quelqu'un. C'était M.
Thiébaud, à les en croire, qui avait
inventé, tout seul, en intrigant poli
tique incomparable, M. le général
Boulanger. Quel homme, que ce Thié
baud, quelle intelligence !
Hélas! M. Thiébaud s'est acharné,
depuis quelques mois, à prouver qu'on
lui avait trop fait,d'honneur, qu'il n'é
tait pas aussi fort qu'on le prétendait.
Sa dernière aventure complète la dé
monstration.-Il faut se rendre, il faut
le reconnaître : s'il n'y avait eu que
M. Thiébaud pour inventer le boulan
gisme, le boulangisme n'existerait
pas.
Personne n'a créé le boulangisme ;
le boulangisme s'est créé de lui-même ;
donc, ce n'est pas un mouvement fac
tice.
— Bah! s'est dit M. Constans, factice
ou non, que m'importe! Tous les
moyens me sont bons pour le com
battre, et je le vaincrai !
C'est ce que nous allons voir !
Pierre Veuillot.
Nous lisons dans la Patrie :
On nous écrit de Cussac (Aveyron) que
le traitement de l'abbé Catusse vient d'être
supprimé pour attitude politique hostile au
gouvernement. Or, c'est dans une simple
conversation que l'abbé Catusse a impru
demment dit « que le devoir du clergé était
d'obéir aux évêques, et non au gouverne
ment de la République ».
Il est bon de noter tous ces actes
d'arbitraire pour le jour où il sera né
cessaire d'exiger des actes de répara
tion.
Nous tenons d'ailleurs que le lan
gage de M. l'abbé Catusse était celui
d'un bon prêtre, et non d'un impru
dent.
Pour mieux marquer le caractère
antireligieux et antifrançais de la fête
révolutionnaire par laquelle on vient
de célébrer à Rome l'anniversaire du
20 septembre, il suffira de reproduire
le manifeste ci-après :
Italiens 1
Sur la brèche de Porta Pia, nous devons
nous donner rendez-vous maintenant et
toujours, au retour de ses anniversaires.
Là, quelque chose de grand nous attendl
Ce sont les ombres de nos chers morts,
le souvenir de l'interminable martyrologe
consacré tout entier à l'unité de la patrie
avec Rome sa capitale.
Et ces chers morts, s'adressant à nous,
nous disent sans trêve : Sonnez à toute vo
lée les cloches de la concorde, parce que
c'est seulement dans la concorde que vous
serez forts, invincibles. La sagesse du siè
cle à venir ensevelira la tiare sur cette
même brèche qui, désormais, garde avec
sécurité cette voie Nomentane par où, au
VII e siècle, s'en vinrent ici à Rome, comme
le fléau de l'Italie, ; les hordes du roi Char-
losj félicitées par Léon III, afin d'instituer
le domaine temporel des papes.
Ce n'est pas des fleurs menteuses, des
fleurs hypocrites qu'il faut ici, mais l'affer
missement dans les fortes et patriotiques
résolutions.
Donnée au siège social, Roo&c, le 17 sep
tembre 1889.
La comaiission cxcculioe :
Menotti Garibaldi, président.» —
Pietro Del Vecohio, — Francesco
Bonalini. — Agostini Ottaviano.
— Brizzi Enrieo. — CasoratiAr-
turo Lorenzo. — Gerasa Ettore.
— Fusi Angelo. — Gentilucci
Pio. — Lunetti Uldwico. —
Mari Gesarê. — Platania Sebas-
tiano. — Ramazzotti Antonio,
commissaires. — Piano Ro-
mano, secrétaire.
D'autre part, le roi Humberta en
voyé au syndic de Rome le télégram
me que voici.;
g C'est un anniversaire inoubliable. Votre
confiance dans la concorde des Italiens, en
cas de danger, est, pour moi, une certitude
qu'il n'y a plus aujourd'hui de danger pour
notre unité, et que, s'il y en avait, tous les
Italiens feraient leur devoir, toute distinc
tion de .partis ne pouvant pas exister dans
des cœurs loyaux vis-à-vis de l'étranger.
Il n'est pas besoin de lire de bien
près entre les lignes, pour deviner qui
visent ces manifestations. La papauté
est certainement l'objet principal de
ces démonstrations impies. Mais la
France y est également menacée.
Or, une dépêche publiée par plu
sieurs journaux nous fait savoir que
le sénateur français Labiche assista i
à la cérémonie et qu'il était à côté du
syndic, du moins pendant que celui-ci
prononçait son discours devant la
brèche de la porta, Pia et lisait le télé
gramme du roi.
Si le fait est vrai, M. Labiche com
prendra sans doute qu'il a le devoir de
fournir quelques explications.
La même dépêche ajoute que « par
mi les nombreuses associations, on
remarquait celle des ex-condamnés
politiques du gouvernement papal,
dont la bannière porte une louve fou
lant aux pieds la tiare, ainsi que l'as
sociation dite de Giordano Bruno, qui
avait fait afficher dans la matinée un
manifeste déclarant qu'il lui tardait
de voir flotter le drapeau italien sur la
coupole de Saint-Pierre. »
Gela aussi est tristement significatif.
Les catholiques n'en seront que plus
excités à prier, selon les prescriptions
Chef si indignement outragé dans tous
ses droits.
L 'Osservatore Romano a déjà plu
sieurs fois protesté contre la publica
tion de nouvelles fausses et à tendan
ces perfides qui semblent être la spé
cialité de certains journaux, comme
le Daily Chronicle , la Correspondance
de l'Est et la Correspondance politique
de Vienne. Quelques journaux de Paris
se font les échos complaisants de ces
manœuvres, qui sont faciles à recon
naître à leur tendance gallophobe et
compromettante pour le Saint-Siège.
Les correspondants romains qui se
chargent ainsi de répandre des nou
velles, non seulement sujettes à cau
tion, mais d'un caractère hostile à la
religion et à la France devraient pren
dre garde que ni l'une ni l'autre de
ces attitudes ne leur convient.
f A plusieurs reprises, soit à l'occa
sion des discussions sur l'Irlande, soit
au sujet des négociations entre la
Russie et le Saint-Siège, soit à propos
des relations entre la France et le Va
tican, les correspondants des susdits
journaux ont lancé une série de nou
velles qui semblaient avoir pour but
d'influencer par leurs jugements les
décisions du Saint-Siège. Les événe
ments ont régulièrement donné tort à
leurs nouvelles prématurées et fantai
sistes ; il n'en faut pas moins stigma
tiser cette manœuvre peu honorable.
sur les cœurs de ses sujets; mais que
Dieu seul savait ramener les cœurs
égarés par des épreuves diverses.L'em-
pereur aurait ensuite parlé de ses im
pressions lors de son voyage au Pôle
Nord, et exprimé combien il avait été
édifié par la piété des marins, qui éle
vaient leurs regards vers Dieu au
milieu des nombreux dangers de leur
état.
Puis, abordant la question de l'en
seignement, l'empereur aurait déclaré
que l'instruction moderne négligeait
trop les deux points les plus impor
tants : la religion et l'histoire natio
nale, et que l'on ne cultivait pas assez
l'histoire moderne :
C'est bel et bien, aurait continué l'em
pereur, de connaître l'histoire ancienne et
les classiques; mais il me semble qu'il se
rait plus utile d'étudier l'histoire allemande,
notamment celle depuis la réforme jusqu'à
nos jours; cette étude profiterait à nos
mœurs nationales et à la compréhension de
la situation actuelle. Si les tendances ré
volutionnaires de la démocratie socialiste
ont tant tourné les cœure et les esprits,
c'est parce que l'esprit qui règne et dans les
universités et dans l'enseignement primaire
n'a pas v.oulu assez exposer aux élèves les
errements et les horreurs de la Révolution
et les efforts faits par la nation pour arri
ver à la délivrance de la patrie.
Finalement l'empereur aurait ex
primé l'espoir de voir bientôt remé
dier à cet état de choses.
Ce que l'empereur n'a pas remar
qué, c'est qu'en recommandant l'étude
de l'histoire allemande depuis la Ré
forme, il indiquait la Réforme elle-
même comme étant la cause du mou
vement révolutionnaire qui devait en
sortir logiquement.
Le Reichsbote, organe ultra-conserva
teur protestant, de Berlin, relate une
conversation que l'empereur aurait eue
à Hanovre, après un service divin mi
litaire, avec les aumôniers militaires.
L'empereur aurait dit qu'il attendait
de l'action da l'Eglise et de l'école
chrétienne l'influence la plus salutaire
Un rapport adressé au ministre des
beaux-arts et publié par le Journal of
ficiel nous renseigne sur le caractère
de la décoration sculpturale au moyen
de laquelle on se propose de représen
ter au Panthéon les quatre époques de
l'histoire de France. Nous citons :
La sous-commission précise ainsi les
idées que doivent traduire chacun des qua
tre groupes :
1° Le groupe du moyen âge représentera
la foi religieuse et son action dans les di
verses manifestations de la pensée et de
l'activité humaine (art, poésie, héroïsme mi
litaire);
2° Le groupe de la Renaissance repré
sentera l'art et la littérature au seizième
siècle, mais en indiquant que l 'art (dans
ses trois parties : architecture, sculpture,
peinture, surtout les deux premières) est
la plus éclatante manifestation de ce
temps;
3° Le groupe du dix-septième siècle re
présentera la littérature (philosophie mo
rale, poésie dramatique, éloquence), qui
est alors la gloire de notre pays et l'école
de l'Europe;
4° Le groupe du dix-huitième siècle re
présentera la philosophie } c'est-à-dire la
pensée française préparant, par la recher
che abstraite et la science, un état social
fondé sur la liberté et la justice.
Ces quatre grandes divisions de notre
histoire offraient une abondante variété
d'aspects,dont chacun avait son intérêt pro
pre; mais cette richesse même imposait l'o
bligation de tout ramener à quatre idées
maîtresses, aussi simples que. compréhen-
sives, et capables de résumer dans une
vaste synthèse les idées secondaires que
dégage l'analyse. La sous-commission a
pensé que ces idées maltresses étaient la
foi, l 'art, la littérature et la philosophie.
Elle n'avait pas à s'occuper d'un siècle, le
nôtre, qui n'est pas encore terminé et qui
trouvera sa glorification dans les monu
ments de l'avenir ; mais si, comme on peut
le dire dès maintenant, c'est la science qui
doit être l'honneur du siècle dé Cuvier,
d'Ampère, d'Arago, de Le Verrier, de Clau
de Bernard et de Pasteur, le Panthéon of
frira une histoire singulièrement glorieuse
et complète de la France jusqu'à la Révo
lution en attendant l'ouverture du vingtième
siècle.
Nous ne savons ce que vaudra la
décoration au point de vue artistique;
mais au point de vue des idées qu'on
veut célébrer, il est certain dès à pré
sent que ce sera un outrage à la foi
traditionnelle de la France, à son his
toire, au simple bon sens.
Ainsi l'on prétend dans le dix-neu
vième siècle glorifier, avec la philoso
phie qui a voulu ruiner, toute idée re
ligieuse, l'avènement d'un état social
fondé sur la liberté et la justice. Or,
c'est là un double mensonge, car
avant le dix-huitième siècle la_ so
ciété française ne manquait ni de
liberté ni dé justice, et quant à ce que
nous voyons depuis, il suffit de regar
der autour de soi pour voir qu'il y a
de nos jours toute une catégorie de
citoyens, qui, par cela seul qu'ils font
profession de la foi catholique, se
voient refuser toute justice et toute
liberté.
Auguste Roussel.
Le Journal des Débats publie une dé
pêche de Vienne où nous lisons :
Le synode des vieux-catholiques se tient
à Warnsdorf ; le seul intérêt de cette réu
nion est que l'évêque de Salisbury y a as
sisté officiellement, et que, à l'issue de la
messe d'ouverture, il a donné l'absolution,
en habits pontificaux. L'Eglise anglaise a
toujours eu des sympathies pour les vieux-
catholiques, mais elle ne la leur avait ja
mais témoignée avec autant d'éclat. Un
des prédicateurs du Synode s'est cru auto
risé à dire que la présence de l'évêque
scellait la complète union de l'Eglise anglo-
catholique et des vieux-catholiques, et cette
parole n'a pas été relevée. Un pasteur pro
testant avait été invité également.
Le fait se passe de commentaire. II
est on ne peut plus significatif, et il
démontre une fois de plus que toutes
les révoltes ont un point commun
par où elles se tiennent inévitable
ment.
Réponses épiscopales
Mgr Marchai, archevêque de Bour*
ges, écrit à M. Thévenet :
Monsieur lo ministre,
J'ai l'honneur de vous accuser réception
de la circulaire, en date du 4 de ce mois,
par laquelle vous avez jugé à propos de me
prier * de faire comprendre à tous les prêtres
de mon diocèse, quel que soit leur rang
dans la hiérarchie ecclésiastique, qu'il leur
est interdit de manifester des préférences
politiques dans l'exercice des fonctions sa
cerdotales et d'abuser d'une manière quel
conque du crédit ou de l'autorité que peut
leur donner leur caractère. »
Si vous avez voulu demander, monsieur
le ministre, que les prêtres de mon dio
cèse s'abstiennent de mêler la politique &
l'exercice de leur ministère, votre circulaire
n'était aucunement motivée. Mon clergé
sait parfaitement que sa mission n'est poiut
politique et qu'elle n'a pour objet que le
salut des âmes. Quels que soient les faits
qui vous ont été signalés, je n'en connais
aucun dans mon diocèse qui soit de nature
à expliquer la circulaire du 4 septembre.
• Mais il semble que vous avez voulu da
vantage, et tout le monde l'a compris en
lisant votre lettre et en lui voyant donner
une si prompte et si complète publicité.
Non seulement vous demandez, M. le mi
nistre, que les prêtres comprennent qa'il
leur est interdit de manifester des préfé
rences politiques dans l'exercice de leurs
fonctions ; mais vous ajoutez qu'il leur est
interdit d'abuser d'une manière quelconque
du crédit ou de l'autorité que peut leur
donner leur caractère.
Ici il n'est plus question de fonctions sa
cerdotales, et l'interdiction s'étend à la vie
privée du prêtre, à ses relations personnel
les, à ses actes en tant que citoyen. Vou-
driez-voos qu'il fût dépouillé de l'autorité
et du crédit que lui donne son caractère ?
Ce serait demander l'impossible. Puisque
le caractère du prêtre lui donne Itant de
crédit et d'autorité, ne serait-il pas plus
sage de tenir compte des sentiments d'un
grand nombre d'électeurs pour les prêtres
qu'ils interrogent ou qu'ils écoutent comme
les guides de leur conscience ?
Il est vrai, M. le ministre, vous interdi
sez au clergé seulement l'abus de son crédit
et de son autorité; il lui est donc permis
d'en user, et en, effet, nul ne saurait le lui
défendre. Mais où commence l'abus ? l'u
sage ne paraîtrait-il pa3 une manière quel
conque d'abuser ?
Cependant, monsieur le ministre, si le
clergé peut s'abstenir dans les questions
purement politiques, il ne peut le faire et il
ne le fera jamais quand c'est le règne de
Dieu qui est attaqué,quand c'est la ruine de
la religion en France qui est poursuivie.
Or, nul ne l'ignore, la question politique
est au second plan, et le clergé ne songe
pas à descendre sur ce terrain ; la question
est religieuse, elle domine tout, et le cler
gé ne désertera pas la cause de bieu, qui
est celle de l'Eglise et de la patrie. Gom
ment lui demander de rester neutre quand
ce qui est menacé, hélas! déjà ébranlé,
presque détruit, c'est l'état religieux, l'é
cole chrétienne, la sainteté du mariage, la
liberté des pauvres et des mourants dans
les hôpitaux, le recrutement sacerdotal ? A
cette prétentionjl opposera le nonpossumus
des apôtres.
Ce devoir, monsieur le ministre, le clergé
le remplira avec sagesse, avec prudence et
mesure, sans sortir du domaine de la con
science chrétienne et sans se préoccuper ni
de la constitution, ni de la forme du gou
vernement, ni d'aucune de ces questions
politiques sur lesquelles tout Français ce
pendant a le droit, et souvent le devoir,
d'avoir un avis, mais dont la solution n'ap
partient pas à notre ministère.
Je dois ajouter, monsieur le ministre,
que je me suis abstenu de transmettre la
circulaire du 4 septembre à mon clergé. La
publicité qui lui a été donnée immédiate
ment et les conditions de cette publicité
rendaient inutile toute autre communica
tion. Mais surtout je ne pouvais permettre,
par une communication pure et simple, da
croire que j'acceptais la pensée et les ter
mes de la circulaire ; j'aurais dû l'accompa
gner d'observations qu'il m'a paru plus con
venable de vous soumettre, monsieur le mi
nistre, et que je désirerais n'être point obli
gé de publier.
Veuillex agréer, je vous prie, monsieur
le ministre, l'expression de ma haute et res
pectueuse considération.
•{• J oseph,
Archevêque de Bourges.
Mgr de Gabrières, évêque de Mont
pellier, écrit à M- Thévenet :
Montpellier, le 19 septembre 1889,
Monsieur le ministre,
J'étais absent quand est arrivée & l'évê-
ché la circulaire que Votre Excellence a cru
devoir nous écrire à l'occasion des élections.
C'est ce qui vous explique le retard que
j'ai mis à vous en accuser réception. Je re
grette, permettez-moi de vous le dire, que
vous ayez pris, vis-à-vis de l'épiscopat fran
çais tout entier, un ton de menace et de
raideur, dénaturé à l'affliger profondément,
et qui môme aurait pu le blesser et l'ai
grir, s'il ne voulaitj pas réaliser, autant que
possible, la divine parole, en s'obstinant à
espérer, in s pem contra spem, — que le gou
vernement rendra, quelque jour, pleine
justice à son dévouement sincère et à son
patriotisme éclairé.
Croyez-moi, monsieur le ministre, nous
n'aimons pas la guerre pour elle-même, et
quelles que soient les préférences politi
ques que npus puissions avoir reçues comme
héritage, ou que nous ayons adoptées à la
suite de nos études sur le tempérament de
notre pays, nous ne conspirons pas pour le
triomphe d'une cause purement civile ( et
étrangère à nos devoirs. Nous usons d'un
droit évident, , que les institutions républi
caines nous assurent, en faisant compren
dre aux fidèles; sous une forme absolument
modérée, et en évitant soigneusement de
prononcer aucun nom, qu'ils ont le devoir
rigoureux de voter, et de ne voter que-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 80.49%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 80.49%.
- Collections numériques similaires Association catholique de la jeunesse française Association catholique de la jeunesse française /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Association catholique de la jeunesse française" or dc.contributor adj "Association catholique de la jeunesse française")
- Auteurs similaires Association catholique de la jeunesse française Association catholique de la jeunesse française /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Association catholique de la jeunesse française" or dc.contributor adj "Association catholique de la jeunesse française")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k706754g/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k706754g/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k706754g/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k706754g/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k706754g
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k706754g
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k706754g/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest