Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-09-02
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 septembre 1889 02 septembre 1889
Description : 1889/09/02 (Numéro 7914). 1889/09/02 (Numéro 7914).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 2 Septembre 1889
N 1 7914 — Édition qaotidisaa®
Lundi Si Septembre 1889
gaiTlOW QPOy.X PIEMMB
PAHIg ÉTRANGER
II DÉPARTSilE^rt (UNION POSTALE)
B h au. .... 55 » 63 »
Sis mois. ... 28 50 34 »
Trois mois. . . 15 » 18 »
""^abonnements partent des 1" et 18 de chaque mois
ÉDITION SEMI-QUOTIBIENNE
UN NUMÉRO { Départements!
15 cent.
20 -
BUREAUX : Paris, 10, me des Saints-Pères
PARIS
XT DÉPAItTEUENTi
Un an. .... 30 »
Six mois. ... 16 »
Trois mois. . . 8 50
étranger
{CMON POSTAL!)
36 ■
19 »
10 »
On s'abonne & Rome, place do Gesù, S
Les abonnements partent des 1" et 16 do ch&nne neir
L 'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui loi sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CEIIF et .C 1 ', 6 r place de la Bourse
PARIS, 1" SEPTEMBRE 1839
Toute la presse donne son attention
au manifeste de Monsieur le.-Comte de
Paris. Les commentaires à son sujet
sont des plus divers et l'on s'en ren
dra compte par les citations de jour
naux que nous publions plus loin.
Généralement, pourtant, il est inter-
Srêté dans le sens que nous lui avons
onné nous-mêmes,c'est-à-dire comme
une consécration du programme de
l'Union conservatrice. Un certain nom
bre de feuilles révolutionnaires s'atta
quent plus particulièrement aux dé
clarations religieuses du prince et
c'est assurément ce qui lui fait le plus
d'honneur.
C'est aujourd'hui que s'ouvre offi
ciellement la période de 21 jours qui
doit précéder les élections et pendant
laquelles les candidats ont toute liberté
d'afficher sur les murs leurs procla
mations sans payer l'impôt du timbre.
Seuls le général Boulanger, MM. Ro-
chefort et Dillon ne pourront point
faire placarder d'affiches; mais cette
interdiction n'aura vraisemblablement
pas grande influence sur le résultat
final du scrutin.
On prétend que M. Crispi serait
dans l'intention de demander des ex
plications au gouvernement français
sur les faits et gestes des démagogues
italiens, visiteurs de l'Exposition qui,
depuis deux ou trois jours traversent
la France à grand orchestre, multi
pliant en diverses villes des manifes
tations qui, généralement, se termi
nent par le cri, à bas Crispi 1 Certes,
nous n'aimons pas M. Crispi, mais les
Italiens qui lui sont plus particulière
ment hostiles n'ont qu'à le lui faire
savoir en Italie même. Nous l'avons
déjà dit, nous n'avons que faire en
France des rodomontades d'individus
à la solde de la franc-maçonnerie qui
viennent ici insulter, sous couvert de
politique, nos croyances, avec la com
plicité des révolutionnaires français
qui les accueillent. Ceux-ci seront fa
cilement désavoués -, mais serait-il
vrai qu'un sous-préfet, l'autre jour, à
Toulon ou ailleurs s'est mêlé à eux ?
La chose vaut la peine d'être éclair-
cie.
Le Nord se demande si la visite de
l'empereur d'A.utriclie Hongrie à Ber
lin a eu pour résultat une modification
essentielle dans les relations entre
l'Allemagne et l'Autriche, et si la tri
ple alliance qui, au début, était pure
ment défensive et, pour ainsi dire, né
gative, aurait cessé d'être une société
à responsabilité limitée, pour se trans
former en une coalition agissante et
menaçante. La façon dont les parti
sans autrichiens de cette alliance in
terprètent les engagements récipro
ques qui auraient été pris à Berlin pour
rait faire croire à cette transformation.
Mais le Nord veut croire qu'il fau
drait autre chose « que les assertions
fanatiques antirusses de Vienne et de
Budapest pour démontrer que le prince
de Bismarck a définitivement accepté
cette modification du programme pri
mitif de l'alliance austro-allemande. »
Une dépêche de Vienne signale ce
fait qu'à 1 occasion du voyage de l'em-
Îiereur et des prochaines manœuvres,
e gouvernement a pris une décision
dont on parle beaucoup dans le monde
diplomatique, parce qu'elle rompt avec
une habitude traditionnelle et qu'elle
parait avoir un caractère politique qui
a son importance dans les circonstan
ces actuelles.
En effet, pour la première fois, une
distinction a été faite dans les invita
tions des attachés militaires ; ceux des
puissances de la triple alliance, Alle
magne et Italie, suivront, à l'exclusion
des attachés des autres puissances,
toutes les grandes manœuvres de
Bohême, Galicie et de Hongrie, tandis
que ces derniers ne pourront se ren
dre qu'à celles de Bohême, qui n'ont
qu'un intérêt secondaire, comparées à
celles de Galicie et de Hongrie, de la
frontière russe et du nombre considé
rable de troupes qui seront engagées.
En dehors de ce fait, on n'a pas été
sans remarquer que, pour la pre
mière fois, également, le voyage ds
l'empereur en Galicie aura, cette an
née, un éclat tout particulier, et que
sur tout son parcours s'organisent, en
l'honneur de l'empereur, des manifes
tations bruyantes, dont on s'était
abstenu pendant les voyages précé
dents, alors que les relations avec la
Russie avaient un autre caractère.
Les nouvelles des grèves en Angle
terre ne sont pas bonnes. En réponse
aux propositions formulées par les
propriétaires des quais de décharge
ment et accepsées par les grévistes,
les directeurs dès docks ont déclaré
qu'ils avaient le regret de ne pouvoir
accepter ces propositions, qui renfer
maient quelques concessions, mais
qu'ils prendraient en considération
toutes les plaintes de leurs ouvriers.
Il y a eu dernièrement, parait-il, à
Kischeneff, un steeple-chase militaire
auquel ont pris part un grand nombre
d'officiers de cavalerie régulière russe
et des Cosaques. Au banquet qui sui
vit les courses, le général de division
parla du grand rôle que jouera la ca
valerie dans la prochaine guerre. Il
rappela les hauts faits hippiques de
plusieurs officiers russes, et, entre
autres, celui de cet offieier qui fit ré
cemment le voyage de Paris à cheval.
Puis, à ce que raconte le Petit Parisien,
il aurait dit : « Ce que cet officier a
accompli, notre cavalerie doit le faire
un jour, nous devons traverser l'Alle
magne entière comme un torrent, et
en huit jours aller serrer dans nos bras
nos frères, les officiers français. C'est
pour cet avenir que nous devons tra
vailler. »
Nous laissons, bien entendu, au Pe
tit Parisien, la responsabilité de cette
information.
Le manifeste de Monsieur le comte
de Paris a cette bonne fortune d'être
attaqué, surtout pour ses déclarations
religieuses,par la presse libérale, libre-
penseuse et révolutionnaire. « Le but,
s'écrie l'Estafette, de M. Ferry, c'est le
retour à la monarchie théocratique
dans toute sa beauté. Le prétendant
s'adresse en effet aux « catholiques »
pour leur promettre, au nom de la
monarchie, toutes les garanties que la
« religion », c'est-à-dire, en fait, le
cléricalisme, peut souhaiter. »
« Nous ne nous étonnons certes
pas, dit de son côté le Temps, que
Monsieur le comte de Paris pro
mette la paix religieuse : il y a long
temps déjà que nous nous efforçons
de 1 obtenir de ceux de nos amis qui
se sont laissé entraîner trop loin dans
la campagne de représailles que les
circonstances leur avaient fait croire
nécessaire. Mais nous reprochons à
Monsieur le comte de Paris précisé
ment ce que nous avons toujours re
proché aux fauteurs d'intolérance, aux
sectaires, aux fanatiques à rebours, à
savoir de partager la France en deux
camps : ici les élus, là les réprouvés.
Triste langage, triste politique, qui ne
sont qu'un épisode dans l'histoire
d'une république, mais qui, dans une
monarchie, répondent trop complète
ment à l'esprit du régime pour n'y pas
créer un péril plus sérieux et plus du
rable. Quelque libéral que puisse être
le monarque, la monarchie, è l'heure
actuelle, forcée de prendre un point
d'appui sur toutes les forces réaction
naires, sera cléricale ou ne sera pas.
Et, si tout commande l'apaisement dans
les rapports de l'Etat et de l'Eglise, rien
n'indique, en revanche, que le pays ait
faim et soif de cléricalisme. » — « Il
faut noter, rugit le journal Paris , il faut
noter dans le document princier un
appel cynique aux passions religieu
ses. Le Comte de Paris s'adresse aux
catholiques, aux chrétiens ; il les con
vie à marcher à l'assaut de la Répu
blique. Il leur promet que son gouver
nement assurera aux ministres de la
religion l'indépendance dont ils ont
besoin pour l'accomplissement de leur
mission. On sait quel est le véritable
sens de cette phraséologie cléricale.
L'indépendance des ministres de la reli
gion cela veut dire la domination de l'E
glise. Ce passage du manifeste ne
nous apprend d'ailleurs rien de nou
veau. Personne n'ignore que Monsieur
le Comte de Paris est un prince cléri
cal, qu'il a rompu avec les traditions
de, la monarchie de Juillet, avec les
principes de la Révolution auxquels
son père lui avait ordonné de rester
fidèle, que son gouvernement serait
asservi à l'Eglise, que son premier acte
serait de détruire l'œuvre de liberté ac
complie depuis dix ans et de rendre
aux congrétations l'enseignement du
peuple. Philippe VII veut bien nous le
confirmer lui même. Nous ne sau
rions trop le remercier de sa fran
chise. » — « Elle est bien peu ten
tante, en vérité, s'écrie finalement
la France , cette monarchie dont les
principes arriérés ne sont qu'un con
tinuel défi à la démocratie et une re
vendication audacieuse du droit cléri
cal. Nos lecteurs savent si nous pous
sons loin la tolérance et si nous ména
geons les scrupules religieux de tous
les cultes indistinctement; mais, en
vérité, ne trouver de qualification à
adresser aux électeurs de 1889 que
celle de « catholique » ët de «chré
tien », c'est dépasser la mesure de la
liberté électorale. Il faudra donc rap
peler au Comte de Paris, qui ne voit
rien et qui semble ignorer tout de son
temps, bien plus encore que le comte
de Chambord dont il n'a ni le prestige
ni la grandeur, que cette même année
1889 se dresse dès aujourd'hui dans
l'histoire comme la protestation de la
liberté universelle moderne contre les
prétentions des catholiques universels
romains. »
Si nous avons mis à part cet ensem
ble de déclarations, réclamations, pro
clamations et vociférations, c'est qu'il
ne saurait être inutile de montrer ce
que nous pouvons attendre des soi-
disant libéraux et, par contre, la né
cessité de plus en plus grande d'affir
mer le droit des catholiques en face
des héritiers de . 89 qui prétendent
tout simplement nous mettre hors la
loi. Ainsi, au dire de la France , nous
en serions à ce point que qualifier
aujourd'hui les électeurs de « catholi
ques », de « chrétiens », c'est « dépas
ser la mesure de la liberté électo
rale »!
Ce qui dépasse véritablement la me
sure, c'est 1 outrecuidance tyrannique
de ces écrivains libéraux qui, dans un
pays en très grande majorité catholi
que,prétendent écarter comme une su-
perfétation tout programme où il se
rait tenu compte des intérêts religieux
et des droits du catholique français à
ce point de vue. Ce qui est insuppor
table, c'est d'entendre un journal com
me le Temps , qui passe pour modéré,
protester contre le langage du prince
réclamant l'indépendance du prêtre,
comme si cette réclamation si juste
était une persécution, une promesse
d'ukase séparant la France en deux
camps, où seraient les élus et les ré
prouvés.
Le Temps oublie ou feint d'igno
rer que ce partage ne se fait pas
humainement. Mais il n'en est pas
moins vrai que, dès cette terre, les
catholiques ont le droit, étant la ma
jorité, de n'être pas confondus avec les
ennemis de la ; société, dont ils sont,
au contraire, les plus solides soutiens
et défenseurs. Or, s'il est une vérité
indéniable, c'est que les révolution
naires au pouvoir, ont traité, eux vé
ritablement, les catholiques comme
des réprouvés à qui l'on conteste mê
me les libertés de droit commun. N'en
déplaise aux gens de Y Estafette, du
Temps, de la France et du Paris, c'est
par le souci de ces revendication que
se recommande surtout le manifeste
de Monsieur le comte de Paris, et ce
qui en fait le meilleur éloge c'est qu'il
ait soulevé ce genre de contradiction.
Auguste Roussel.
Les nouvelles de la grande grève de
Londres étaient bonnes hier. S. E. le car
dinal Manning, accompagné de l'aldermand
sir Andrew Lusk, faisant fonction de "lord
maire, et du colonel Smith, de la police de
la Cité, était allé au bureau central de
l'administration des docks.
Le comité des docks présidé par M. Nor-
wrod accueillit favorablement les visiteurs.
Le cardinal Manning rappela que son père
et son frère avaient été présidents d'une
des compagnies des docks, et que cette
circonstance expliquait dans une certaine
mesure sa démarche. Il signala la gravité
croissante de la crise, les effets redoutables
que la grève produisait sur les affaires à
Londres et demanda si le sacrifice à faire
sur un dividende problématique n'était pas
préférable à la continuation d'un état de
choses qui pouvait" encore s'aggraver et
.conduire à des résultats déplorables.
Sir Andrew Lusk le lord maire intéri
maire prit ensuite la parole et dit que les
compagnies des docks n'avaient pas le
droit de « prendre une attitude isolée (indé
fendable) et qu'elles seraient incapables de
maintenir jusqu'au bout, et qui jusqu'à la
concession inévitable causait un grand tort
aux affaires, de grandes privations parmi
les pauvres et une irritation considérable
dans le public.
M. Nouwood au nom du comité des Docks
remercia le cardinal et sir Andrew Lusk
de leurs bonnes intentions de médiation
entre les grévistes et les compagnies des
docks. Il exposa ensuite les raisons qui dic-
taientValtitnde du comité etprotesta du dé
sir qu'avait le comité d'accéder aux deman
des des ouvriers en ce qu'elles avaient de
raisonnable. Mais il dit que le comité ne
pouvait tenir compte d'exigences impossi
bles, va l'état financier des compagnies.
Néanmoins il ajoute que la démarche du
cardinal Manning et da sir Andrew Lusk
pèsera beaucoup auprès du comité qui la
prendra en sérieuse considération.
La Pall Mail Gasette, d'aprè3 laquelle
nous résumons cette démarche du cardinal
Manning et de sir Andrew Lusk, disait hier
que la situation s'éclaircissait, qu'un arran
gement définitif allait être conclu. Donc les
nouvelles étaient bonnes hier.
Aujourd'hui les nouvelles sont mauvaises
et nous apprennent que tout est remis en
question.
Le comité des docks refuse de se rendre
aux demandes des délégués des grévistes
et, hier soir, dans une réunion plus enthou
siaste que jamais, les grévistes ont déclaré
qu'ils ne céderaient pas tant qu'on n'aurait
pas accepté les demandes formulées par
leurs délégués, et que la grève conti
nuerait.
Voilà où en sont les choses ; un dange
reux vent de grève souffle de l'autre côté
de la Manche, et on voit que dans cette
crise les autorités, chez nos voisins, mon
trent plus de patience qu'ils n'en montre
raient en Irlande ; car il est certain que la
grève des docks prend un caractère dange
reux*
A propos d'Iriande, ajoutons que la
grève des briquetiers de Dublin est com
plètement réglée, les entrepreneurs et les
patrons ayant définitivement accepté la
transaction proposée par Mgr Walst, ar
chevêque de Dublin, et ses deux coharbi -
très.
t Par la grâcs de Dieu »
M. Paul Viollet, membre de l'Insti
tut, nous adresse la lettre suivante :
Limoges, 29 août 1889.
Monsieur le rédacteur en chef,
L'Univers du 14 août 1889 a entretenu
ses lecteurs d'une communication que j'ai
faite récemment à l'Académie des Inscrip
tions sur Les premiers rois par la grâce de
Dieu. L' Univers reproduit une analyse très
inexacte de mon travail, où je lis à peu
près textuellement ce qui suit :
Pour M. Viollet, il n'y a dans la formule :
par la grâce de Dieu aucune allusion au droit
divin, en vertu duquel les monarques seraient
investis par Dieu lui-même d'un pouvoir abso-
du... Les mots par la grâce de Dieu contenaient
vraisemblablement uns allusion aux rapports
pleins de déférence des rois avec l'Eglise et à
leur sacre opéré par les prélats.
A ce compte-rendu, l' Univers ajoute le
commentaire suivant :
M. Paul Viollet est-il bien sûr que la formule
qui fait l'objet de son étude ne contienne au
cune allusion au droit divin, entendu en ce sens
que l'autorité — il ne s'agit pas de pouvoir ab
solu — des princes leur vient de Dieu. Il est
taoile de prouver, au contraire, que cette for
mule ne comporte aucune autre explication sa
tisfaisante.
Vous serez, je n'en doute p6s, surpris
d'apprendre que l'explication de la formule
que propose l'Univers est précisément celle
que j'ai donnée. Je pense avoir établi, entre
autres choses,qu'à l'origine ces mots graiia
Dei n'avaient pas d'autre sens que celui que
leur attache avec raison, votre collabora
teur. Ils ne sont, à aucun degré, une allu
sion au droit héréditaire.
La communication que j'ai faite à l'Insti
tut est aujourd'hui publiée sans aucun chan
gement (j'ai lu sur bonnes feuilles) dans mon
Histoire des institutions politiques et admi
nistratives de la France, Paris, Larose,
t. I, (pp. 271 — 281, Le roi par la grâce de
Dieu— Puissance de l'idée du droit). Et
vous pourrez facilement vérifier vous-même
l'exactitude de la présente rectification. Je
ne me permettrais pas de vous l'adres
ser, si l'Univers ne m'avait fait, à plusieurs
reprises, depuis quelques mois, l'honneur
de s'occuper de mes travaux. Il en a tou
jours parlé, malheureusement pour moi,
avec une regrettable inexactitude. L'erreur
commise n'est pas ici imputable à votre
Collaborateur qui déclare lui-même repro
duire an compte rendu. Ce n'est certaine
ment pas le compte rendu publié par l'Aca
démie.
Recevez, monsieur le rédacteur en chef,
l'assurance de ma considération très distin
gué,
P aul V iollet,
Membre de l'Institut.
Si notre mémoire ne nous abuse
pas, c'est au Temps que nous avons
emprunté le compte rendu reproduit
dans la Chronique de l'Univers du 14
août, et qui motive la réclamation de
M. Paul Viollet. Nous ne l'avons pas
contrôlé il est vrai, mais nous n'en
avions pas les moyens, et "les compte-
rendus, publiés par le Temps passant
généralement pour exacts — nous
allions dire officieux — il ne nous est
pas venu à l'idée qu'il pouvait avoir
quelque peu travesti la pensée du tra
vail dont il rendait compte.
Quoiqu'il en soit, nous serions pres
que tentés de dire : Félix culpa, puis
que cette erreur nous vaut une lettre
de M. Paul Viollet, qui abonde dans le
sens de nos observations. Rien ne pou
vait nous être plus agréable que cette
rectification et, puisque M. Paul Viol
let se plaint d'autres inexactitudes
de l'Univers à son endroit, nous nous
mettons volontiers à sa disposition
pour les rectifier, si ces réclamations
sont aussi fondées que celle à laquelle
nous sommes heureux de donner au
jourd'hui l'hospitalité.
Augustp Roussel.
tiné à faire connaître à nos lecteurs
la brochure romaine sur le pouvoir
temporel dont nous avons déjà parlé.
L'abondance des matières nous force
à remettre d'un jour le commence
ment de la publication du résumé des
Le Manifeste et la Presse
Nous avons déjà publié quelques
extraits des journaux du matin qui,
les premiers, ont donné leur apprécia
tion du manifeste. Nous continuons
cette revue, qui n'est pas sans utilité,
en commençant par les journaux
catholiques et monarchistes.
Voici ce que dit le Monde à propos
de la phrase où Monsieur le Comte de
Paris recommande aux monarchistes
de ne pas traiter en ennemis ceux qui
combattent les mêmes adversaires:
Voilà la phrase du Manifeste qui sera
sa&s doute le plus fâcheusement commen
tée. Elle peut et nous croyons qu'élis
doit être entendue dans un sens très lé
gitime.
Les adversaires que nous combattons ne
sont pas uniquement, ni principalement,
combattus par nous parce qa'ils sont par
tisans de telle forme gouvernementale.
Nous les tenons surtout pour ennemis |mr©B
que, par leurs idées et par leurs pratiques,
ils font la guerre à la religion, opprimant à
cet effet la liberté et. nuisantaux intérêts de
la patrie. C'est pourquoi un boulangiste ou
un jérômiste qui inventerait l'article 7, s'il
n'existait pas, est à nos yeux un adversaire,
tout de môme que M. Jules Ferry. Qui
conque est un sectaire approuvant les Jois
et les actes da la république parlementaire
contre l'éducation chrétienne, contre la li
berté du culte catholique, contre les reli
gieux et les prêtres, qu'il habite le camp
soit républicain, soit boulangiste, soit bo
napartiste, fait partie de l'armée ennemie ;
il est du nombre des adversaires que nous
devons combattre, que nous voulons com*
battre et que nous combattrons.
Par contre, dans les commentaires
de la Gazette de France , cette phrase
est entièrement passée sous silence.
Ce que fait uniquement ressortir l'or
gane royaliste, c'est la phrase de Mon
sieur le comte de Paris disant aux mo
narchistes : « Là où vous avez des can
didats, soutenez-les énergiquement. »
On pourrait s'étonner que nous mettions
surtout en relief cette déclaration, tellement
elle est naturelle dans la bouche de celai
qui représente la monarchie légitime.
Mais les choses en étaient arrivées à ce
point de confusion qu'il était devenu indis
pensable d'entendre le roi lui-même re
commander aux royalistes de soutenir
énergiquement les candidats monarchi
ques.
Tout le monde apprendra ainsi que le
comité des Douze, loin de représenter la
politique de Monsieur lecomte de Paris, va
à l'encontre de sa -volonté la plus expresse
quand ce comité combat, — plus que cela
— quand il élimine des candidats monar
chiques au profit des candidats bonapar»
tistes ou boulangistes.
Rien n'était donc plus utile que de bien
trancher cette question capitale.
.... Les conservateurs, les catholiques
ont un devoir à remplir, puisque Dieu re
met entre leurs mains le rétablissement de
l'ordre ; ce devoir, le Comte de Paris le
leur trace : défendre énergiquement les
candidatures monarchiques partout où e!-
les se présentent ; combattre le radicalisme
et l'athéisme,
• : Le devoir des monarchistes, à leur tour,
est de susciter partout des candidatures.
Les monarchistes savent aujourd'hui que
le roi veut qu'on les appuie énergiquement.
Or, cette déclaration est une invitation for
melle à ce qu'elles se multiplient sur toute
la surface du territoire électoral.
On lit dans la Croix ;
Nous n'entrons pas dans la discussion
politique de ce grave document. Nous y
remarquons un fait considérable :
Monsieur le Comte de Paris ne demande
pas seulement la revision et le coup da
balai que réclament tous les bons Français.
II fait encore un appel formel aux catholi
ques 1 il dénonce l'iniquité des lois persé
cutrices, de la loi scolaire, de la loi militaire
ot des lois contraires à la liberté de la reli
gion et de ses ministres.
Le prince a compris qu'il n'y avait plus
moyen de se taire, et que sa parole, pouj.
rsa
FEUILLETON DE L'UNIVERS
DU 2 SEPTEMBRE 1389
REVUE AGRICOLE
Congrès international d'agriculture ; le crédit
agricole ; l'indemnité an fermier sortant. —
L écurie horizontale système Baaserie.
conftrïîs internationa! e>'agriculture
Le congrès international d'agriculture
6'est ouvert le 4 juillet, sous la présidence
de M. Môline, président delà Chambre des
députés, et s'est terminé le il juillet. De
nombreuses questions y ont été traitées ; il
nous est impossible de leur donner à toutes
même une simple mention ; nous nous oc
cuperons seulement des plus importentes :
le crédit agricole et l'indemnité au fermier
sortant.
Le crédit agricole
Pour servir de base à la discussion, M.
Léon Say a donné leoture d'un rapport
très important dont nous devons nous bor
ner à indiquer les principaux points. Il éta
blit tout d'abord que l'idée du Crédit agri
cole, telle qu'elle existe dans l'esprit du
public et même des législateurs, est une
utopie ; et en cela il a parfaitement rai- '
son ; — puis il distingue entre l'emprunt
destiné à liquider des pertes et celui qui
est contracté peur faire des affaires : le
premier conduit presque infailliblement à
la ruine, tandis que le second peut être
avantageux. Cette distinction est incontes
table, et nous l'avons établie nous-même
dans un précédent article.
Pourquoi le capital ne se dirige-t-il pas
vers l'agriculture, comme vers le commerce
ou l'industrie ? Pourquoi l'épargne se
porte-t-elle de préférence vers les entre
prises financières, lors même qu'elles of
frent peu de garanties sérieuses ? M. Léon
Say en voit la cause dans le défaut d'exac
titude des agriculteurs pour leurs paye
ments et dans le privilège du propriétaire,
qu'il faudrait atténuer ou faire dispa
raître.
En général, les cultivateurs n'ont pas le
goût de la précision, pas plus pour leurs
payements que pour leurs travaux : payer
à quelques mois près à l'époqae convenue
leur semble parfaitement suffisant. Cette
habitude, si différente des usages du com
merce et de l'industrie, peut certainement
contribuer à fermer au papier agricole les
guichets des banques, mais ce n'est pas la
principale cause. Un crédit de 30, 00 ou 90
jours au plus est suffisant peur les besoins
du commerce et de l'industrie, alors qu'il
est trop court même pour les opérations
agricoles les plus rapides.
Quand un industriel ou un commerçant
ont besoin de crédit à long terme, ils ne
peuvent l'obtenir qu'en fournissant des ga
ranties réelles, comme hypothèques en dé
pôts de litres, et l'expérience montre que
des crédits trop larges sans garanties sé- 1
rieuses conduisent à la ruine le commer
çant et le banquier. Il n'en peut être autre
ment pour l'agriculteur.
Sans doute, le privilège du propriétaire
est un obstacle à ce que le fermie? trouve
du crédit ailleurs et puisse donner comme
gage, à un autre, les valeurs qui garnis
sent sa ferme ; mais ce n'est pas une raison
pour restreindre et surtout pour faire dispa
raître le privilège du propriétaire qui est la
véritable base du crédit agricole.
Si le cultivateur trouve aisément un pro
priétaire qui lui confie une ferme et qui lni
accorde six mois ou un an de crédit pour
payer les premiers fermages, c'est au pri
vilège du bailleur qu'il le doit. Si le pro
priétaire, dans le cas d'une mauvaise ré
colte ou d'une perte de bétail, attend ses
fermages pendant six mois ou un an et
même plus au delà du terme convenu, c'est
à cause de son privilège.
Supprimer ou restreindre le privilège du
propriétaire, c'est amoindrir le crédit le
plus nécessaire au fermier, surtout au fer
mier pauvre. Pour se passer du crédit de
son propriétaire, il faut que le fermier pos
sède un capital qui le mette en mesure
de payer ses fermages à leur échéance,
même dans les mauvaises années, et très
peu de fermiers aujourd'hui sont dans cette
heureuse situation.
Après avoir examiné la question au
point de vue da capitaliste, M. Léon Say
la considère au point de vue de l'emprun
teur,et il constate que le bénéfice de l'agri
culture atteignant au plus deux et demi
pour cent, il lui est impossible d'emprunter
môme au taux réduit de trois pour cent,
qui n'est que la moitié du taux commer
cial. C'est en effet la principale raison qui
entrave le développement du crédit agricole
et qui empêche d'employer un capital plus
important en agriculture : le propriétaire
et le fermier qui ont un certain capital à
leur disposition se gardent bien de l'enga
gerdans dès opérations agricoles: ils achè
tent des valeurs de Bourse.
La conclusion de M. Léon Say est que,
pour le moment, il faut se borner à empê
cher le premier mal, e'est-à-dire la création
d'une grande banque de prêts agricoles,et en
cela il a parfaitement raison.
Ni M. Say ri! le congrès n'ont cru devoir
rechercher les causes de l'infériorité énor
me des bénéfices de l'agriculture, compa
rativement à ceux de l'industrie et du com-
mèree; cette question a cependant une
grande importance. Nous ne pouvons la
traiter ici incidemment ; nous nous borne
rons à dire sommairement que le peu de
profits réalisé par l'agriculture provient
d'une part des charges énormes qui la grè
vent, alors qu'elle profite très peu des dé
penses publiques, et d'une autre part de
l'impossibilité où se trouve l'immense ma
jorité des cultivateurs de changer de pro
fession.
Les voles du congrès relativement à la
question qui nous occupe peuvent être
résumés de la manière suivante : Le crédit
dont jouit l'agriculture est insuffisant. —
Les facilités de crédit ne peuvent être pré
judiciables aux agriculteurs. — 11 serait
inutile de prendre des mesures législatives
pour autoriser le nantissement sans dépla
cement du gage, pour accorder un privi
lège au préteur sur la récolte et les instru
ments sans préjudicier aux droits du pro
priétaire et sans étendre le privilège au
fournisseur d'engrais. — Le gouvernement
ne doit point intervenir pour fournir son
concours financier ou sa surveillance à des
établissements spéciaux de crédit agri
cole.
Nous ne pouvons adhérer sans réserves
à tous ces votes du congrès. Il est certain
que l'agriculture pourrait employer utile
ment un capital très supérieur à celui dont
elle dispose, et si elle ne le fait pas, ce
n'est pas parce que les capitalistes refusent
de faire du crédit aux agriculteurs, c'est
parce que les agriculteurs ne le demandent
pas, et ils ne le demandent pas parce que
leurs bénéfices sont trop incertains et trop
minimes pour payer le crédit au cours du
jour.
Toutes les mesures législatives desti
nées à faciliter le erédit resteront sans ef
fet tant que l'agriculture sera écrasée d'im
pôts, et surtout tant que le gouvernement,
les communes et les grandes compagnies
continueront à opérer le drainage des ca
pitaux.
Qn ne saurait trop le répéter : les em
prunts publics sont une ruine parce qu'ils
détruisent le capital, en font payer un gros
intérêt aux dépens des impôts, c'est-à dire
des produits, et en outre parce qu'ils suré
lèvent artificiellement le taux de la rente
du capital, ce qui rend impossible la pro
duction à bon marché.
L'indemnité au fermier sortant
On se préoccupe beaucoup en ce moment
d'assurer au fermier sortant le droit à une
indemnité pour les améliorations qu'il peut
avoir faites pendant la durée de son bail.
Le congrès international a consacré deux
séances à celte importante question et,après
une discussion très vive, il a émis le visu
qu'un droit à une indemnité soit attribué
au fermier sortant,à raison de la plus-value
donnée par ses améliorations culturales
aux terres qu'il tient à ferme ; — et que le
fermier ne puisse renoncer à ce droit par
une clause de son bail, les bases et condi
tions du règlement de l'indemnité pouvant
seules être fixées par la convention des
parties.
Personne ne doit s'enrichir aux dépens
d'autrui ; il n'est donc pas juste que le pro
priétaire profite gratuitement des améliora
tions réalisées aux dépens delà bourse de
son fermier. C'est un principe incontesta
ble. Mais à côté de ce principe il y en a
un autre non moins certain : c'est que celui
qui détient le bien d'autrui, comme fer
mier, locataire ou à tout antre titre,n'a point
le droit de changer l'état des choses et
d'imposer au propriétaire des dépenses
qu'il n'a pas consenties.
Quand un locataire bâtit sur le terrain
qu'il a loué, le propriétaire a le droit de
lui dire à la fin du bail : « Vos construc-
« tions me sont inutiles, détruisez-les et re-
< mettez les choses dans l'état où vous les
« avez trouvées. » Le même principe s'ap
plique aux améliorations agricoles, avec
cette différence qu'il est souvent plus diffi
cile de les détruire que de démolir une
construction.
C'est au fermier de ne pas engager témé
rairement son capital dans les terres qu'il
tient à loyer, et de s'entendre avec la pro
priétaire avant d'entreprendre des anlélio
N 1 7914 — Édition qaotidisaa®
Lundi Si Septembre 1889
gaiTlOW QPOy.X PIEMMB
PAHIg ÉTRANGER
II DÉPARTSilE^rt (UNION POSTALE)
B h au. .... 55 » 63 »
Sis mois. ... 28 50 34 »
Trois mois. . . 15 » 18 »
""^abonnements partent des 1" et 18 de chaque mois
ÉDITION SEMI-QUOTIBIENNE
UN NUMÉRO { Départements!
15 cent.
20 -
BUREAUX : Paris, 10, me des Saints-Pères
PARIS
XT DÉPAItTEUENTi
Un an. .... 30 »
Six mois. ... 16 »
Trois mois. . . 8 50
étranger
{CMON POSTAL!)
36 ■
19 »
10 »
On s'abonne & Rome, place do Gesù, S
Les abonnements partent des 1" et 16 do ch&nne neir
L 'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui loi sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CEIIF et .C 1 ', 6 r place de la Bourse
PARIS, 1" SEPTEMBRE 1839
Toute la presse donne son attention
au manifeste de Monsieur le.-Comte de
Paris. Les commentaires à son sujet
sont des plus divers et l'on s'en ren
dra compte par les citations de jour
naux que nous publions plus loin.
Généralement, pourtant, il est inter-
Srêté dans le sens que nous lui avons
onné nous-mêmes,c'est-à-dire comme
une consécration du programme de
l'Union conservatrice. Un certain nom
bre de feuilles révolutionnaires s'atta
quent plus particulièrement aux dé
clarations religieuses du prince et
c'est assurément ce qui lui fait le plus
d'honneur.
C'est aujourd'hui que s'ouvre offi
ciellement la période de 21 jours qui
doit précéder les élections et pendant
laquelles les candidats ont toute liberté
d'afficher sur les murs leurs procla
mations sans payer l'impôt du timbre.
Seuls le général Boulanger, MM. Ro-
chefort et Dillon ne pourront point
faire placarder d'affiches; mais cette
interdiction n'aura vraisemblablement
pas grande influence sur le résultat
final du scrutin.
On prétend que M. Crispi serait
dans l'intention de demander des ex
plications au gouvernement français
sur les faits et gestes des démagogues
italiens, visiteurs de l'Exposition qui,
depuis deux ou trois jours traversent
la France à grand orchestre, multi
pliant en diverses villes des manifes
tations qui, généralement, se termi
nent par le cri, à bas Crispi 1 Certes,
nous n'aimons pas M. Crispi, mais les
Italiens qui lui sont plus particulière
ment hostiles n'ont qu'à le lui faire
savoir en Italie même. Nous l'avons
déjà dit, nous n'avons que faire en
France des rodomontades d'individus
à la solde de la franc-maçonnerie qui
viennent ici insulter, sous couvert de
politique, nos croyances, avec la com
plicité des révolutionnaires français
qui les accueillent. Ceux-ci seront fa
cilement désavoués -, mais serait-il
vrai qu'un sous-préfet, l'autre jour, à
Toulon ou ailleurs s'est mêlé à eux ?
La chose vaut la peine d'être éclair-
cie.
Le Nord se demande si la visite de
l'empereur d'A.utriclie Hongrie à Ber
lin a eu pour résultat une modification
essentielle dans les relations entre
l'Allemagne et l'Autriche, et si la tri
ple alliance qui, au début, était pure
ment défensive et, pour ainsi dire, né
gative, aurait cessé d'être une société
à responsabilité limitée, pour se trans
former en une coalition agissante et
menaçante. La façon dont les parti
sans autrichiens de cette alliance in
terprètent les engagements récipro
ques qui auraient été pris à Berlin pour
rait faire croire à cette transformation.
Mais le Nord veut croire qu'il fau
drait autre chose « que les assertions
fanatiques antirusses de Vienne et de
Budapest pour démontrer que le prince
de Bismarck a définitivement accepté
cette modification du programme pri
mitif de l'alliance austro-allemande. »
Une dépêche de Vienne signale ce
fait qu'à 1 occasion du voyage de l'em-
Îiereur et des prochaines manœuvres,
e gouvernement a pris une décision
dont on parle beaucoup dans le monde
diplomatique, parce qu'elle rompt avec
une habitude traditionnelle et qu'elle
parait avoir un caractère politique qui
a son importance dans les circonstan
ces actuelles.
En effet, pour la première fois, une
distinction a été faite dans les invita
tions des attachés militaires ; ceux des
puissances de la triple alliance, Alle
magne et Italie, suivront, à l'exclusion
des attachés des autres puissances,
toutes les grandes manœuvres de
Bohême, Galicie et de Hongrie, tandis
que ces derniers ne pourront se ren
dre qu'à celles de Bohême, qui n'ont
qu'un intérêt secondaire, comparées à
celles de Galicie et de Hongrie, de la
frontière russe et du nombre considé
rable de troupes qui seront engagées.
En dehors de ce fait, on n'a pas été
sans remarquer que, pour la pre
mière fois, également, le voyage ds
l'empereur en Galicie aura, cette an
née, un éclat tout particulier, et que
sur tout son parcours s'organisent, en
l'honneur de l'empereur, des manifes
tations bruyantes, dont on s'était
abstenu pendant les voyages précé
dents, alors que les relations avec la
Russie avaient un autre caractère.
Les nouvelles des grèves en Angle
terre ne sont pas bonnes. En réponse
aux propositions formulées par les
propriétaires des quais de décharge
ment et accepsées par les grévistes,
les directeurs dès docks ont déclaré
qu'ils avaient le regret de ne pouvoir
accepter ces propositions, qui renfer
maient quelques concessions, mais
qu'ils prendraient en considération
toutes les plaintes de leurs ouvriers.
Il y a eu dernièrement, parait-il, à
Kischeneff, un steeple-chase militaire
auquel ont pris part un grand nombre
d'officiers de cavalerie régulière russe
et des Cosaques. Au banquet qui sui
vit les courses, le général de division
parla du grand rôle que jouera la ca
valerie dans la prochaine guerre. Il
rappela les hauts faits hippiques de
plusieurs officiers russes, et, entre
autres, celui de cet offieier qui fit ré
cemment le voyage de Paris à cheval.
Puis, à ce que raconte le Petit Parisien,
il aurait dit : « Ce que cet officier a
accompli, notre cavalerie doit le faire
un jour, nous devons traverser l'Alle
magne entière comme un torrent, et
en huit jours aller serrer dans nos bras
nos frères, les officiers français. C'est
pour cet avenir que nous devons tra
vailler. »
Nous laissons, bien entendu, au Pe
tit Parisien, la responsabilité de cette
information.
Le manifeste de Monsieur le comte
de Paris a cette bonne fortune d'être
attaqué, surtout pour ses déclarations
religieuses,par la presse libérale, libre-
penseuse et révolutionnaire. « Le but,
s'écrie l'Estafette, de M. Ferry, c'est le
retour à la monarchie théocratique
dans toute sa beauté. Le prétendant
s'adresse en effet aux « catholiques »
pour leur promettre, au nom de la
monarchie, toutes les garanties que la
« religion », c'est-à-dire, en fait, le
cléricalisme, peut souhaiter. »
« Nous ne nous étonnons certes
pas, dit de son côté le Temps, que
Monsieur le comte de Paris pro
mette la paix religieuse : il y a long
temps déjà que nous nous efforçons
de 1 obtenir de ceux de nos amis qui
se sont laissé entraîner trop loin dans
la campagne de représailles que les
circonstances leur avaient fait croire
nécessaire. Mais nous reprochons à
Monsieur le comte de Paris précisé
ment ce que nous avons toujours re
proché aux fauteurs d'intolérance, aux
sectaires, aux fanatiques à rebours, à
savoir de partager la France en deux
camps : ici les élus, là les réprouvés.
Triste langage, triste politique, qui ne
sont qu'un épisode dans l'histoire
d'une république, mais qui, dans une
monarchie, répondent trop complète
ment à l'esprit du régime pour n'y pas
créer un péril plus sérieux et plus du
rable. Quelque libéral que puisse être
le monarque, la monarchie, è l'heure
actuelle, forcée de prendre un point
d'appui sur toutes les forces réaction
naires, sera cléricale ou ne sera pas.
Et, si tout commande l'apaisement dans
les rapports de l'Etat et de l'Eglise, rien
n'indique, en revanche, que le pays ait
faim et soif de cléricalisme. » — « Il
faut noter, rugit le journal Paris , il faut
noter dans le document princier un
appel cynique aux passions religieu
ses. Le Comte de Paris s'adresse aux
catholiques, aux chrétiens ; il les con
vie à marcher à l'assaut de la Répu
blique. Il leur promet que son gouver
nement assurera aux ministres de la
religion l'indépendance dont ils ont
besoin pour l'accomplissement de leur
mission. On sait quel est le véritable
sens de cette phraséologie cléricale.
L'indépendance des ministres de la reli
gion cela veut dire la domination de l'E
glise. Ce passage du manifeste ne
nous apprend d'ailleurs rien de nou
veau. Personne n'ignore que Monsieur
le Comte de Paris est un prince cléri
cal, qu'il a rompu avec les traditions
de, la monarchie de Juillet, avec les
principes de la Révolution auxquels
son père lui avait ordonné de rester
fidèle, que son gouvernement serait
asservi à l'Eglise, que son premier acte
serait de détruire l'œuvre de liberté ac
complie depuis dix ans et de rendre
aux congrétations l'enseignement du
peuple. Philippe VII veut bien nous le
confirmer lui même. Nous ne sau
rions trop le remercier de sa fran
chise. » — « Elle est bien peu ten
tante, en vérité, s'écrie finalement
la France , cette monarchie dont les
principes arriérés ne sont qu'un con
tinuel défi à la démocratie et une re
vendication audacieuse du droit cléri
cal. Nos lecteurs savent si nous pous
sons loin la tolérance et si nous ména
geons les scrupules religieux de tous
les cultes indistinctement; mais, en
vérité, ne trouver de qualification à
adresser aux électeurs de 1889 que
celle de « catholique » ët de «chré
tien », c'est dépasser la mesure de la
liberté électorale. Il faudra donc rap
peler au Comte de Paris, qui ne voit
rien et qui semble ignorer tout de son
temps, bien plus encore que le comte
de Chambord dont il n'a ni le prestige
ni la grandeur, que cette même année
1889 se dresse dès aujourd'hui dans
l'histoire comme la protestation de la
liberté universelle moderne contre les
prétentions des catholiques universels
romains. »
Si nous avons mis à part cet ensem
ble de déclarations, réclamations, pro
clamations et vociférations, c'est qu'il
ne saurait être inutile de montrer ce
que nous pouvons attendre des soi-
disant libéraux et, par contre, la né
cessité de plus en plus grande d'affir
mer le droit des catholiques en face
des héritiers de . 89 qui prétendent
tout simplement nous mettre hors la
loi. Ainsi, au dire de la France , nous
en serions à ce point que qualifier
aujourd'hui les électeurs de « catholi
ques », de « chrétiens », c'est « dépas
ser la mesure de la liberté électo
rale »!
Ce qui dépasse véritablement la me
sure, c'est 1 outrecuidance tyrannique
de ces écrivains libéraux qui, dans un
pays en très grande majorité catholi
que,prétendent écarter comme une su-
perfétation tout programme où il se
rait tenu compte des intérêts religieux
et des droits du catholique français à
ce point de vue. Ce qui est insuppor
table, c'est d'entendre un journal com
me le Temps , qui passe pour modéré,
protester contre le langage du prince
réclamant l'indépendance du prêtre,
comme si cette réclamation si juste
était une persécution, une promesse
d'ukase séparant la France en deux
camps, où seraient les élus et les ré
prouvés.
Le Temps oublie ou feint d'igno
rer que ce partage ne se fait pas
humainement. Mais il n'en est pas
moins vrai que, dès cette terre, les
catholiques ont le droit, étant la ma
jorité, de n'être pas confondus avec les
ennemis de la ; société, dont ils sont,
au contraire, les plus solides soutiens
et défenseurs. Or, s'il est une vérité
indéniable, c'est que les révolution
naires au pouvoir, ont traité, eux vé
ritablement, les catholiques comme
des réprouvés à qui l'on conteste mê
me les libertés de droit commun. N'en
déplaise aux gens de Y Estafette, du
Temps, de la France et du Paris, c'est
par le souci de ces revendication que
se recommande surtout le manifeste
de Monsieur le comte de Paris, et ce
qui en fait le meilleur éloge c'est qu'il
ait soulevé ce genre de contradiction.
Auguste Roussel.
Les nouvelles de la grande grève de
Londres étaient bonnes hier. S. E. le car
dinal Manning, accompagné de l'aldermand
sir Andrew Lusk, faisant fonction de "lord
maire, et du colonel Smith, de la police de
la Cité, était allé au bureau central de
l'administration des docks.
Le comité des docks présidé par M. Nor-
wrod accueillit favorablement les visiteurs.
Le cardinal Manning rappela que son père
et son frère avaient été présidents d'une
des compagnies des docks, et que cette
circonstance expliquait dans une certaine
mesure sa démarche. Il signala la gravité
croissante de la crise, les effets redoutables
que la grève produisait sur les affaires à
Londres et demanda si le sacrifice à faire
sur un dividende problématique n'était pas
préférable à la continuation d'un état de
choses qui pouvait" encore s'aggraver et
.conduire à des résultats déplorables.
Sir Andrew Lusk le lord maire intéri
maire prit ensuite la parole et dit que les
compagnies des docks n'avaient pas le
droit de « prendre une attitude isolée (indé
fendable) et qu'elles seraient incapables de
maintenir jusqu'au bout, et qui jusqu'à la
concession inévitable causait un grand tort
aux affaires, de grandes privations parmi
les pauvres et une irritation considérable
dans le public.
M. Nouwood au nom du comité des Docks
remercia le cardinal et sir Andrew Lusk
de leurs bonnes intentions de médiation
entre les grévistes et les compagnies des
docks. Il exposa ensuite les raisons qui dic-
taientValtitnde du comité etprotesta du dé
sir qu'avait le comité d'accéder aux deman
des des ouvriers en ce qu'elles avaient de
raisonnable. Mais il dit que le comité ne
pouvait tenir compte d'exigences impossi
bles, va l'état financier des compagnies.
Néanmoins il ajoute que la démarche du
cardinal Manning et da sir Andrew Lusk
pèsera beaucoup auprès du comité qui la
prendra en sérieuse considération.
La Pall Mail Gasette, d'aprè3 laquelle
nous résumons cette démarche du cardinal
Manning et de sir Andrew Lusk, disait hier
que la situation s'éclaircissait, qu'un arran
gement définitif allait être conclu. Donc les
nouvelles étaient bonnes hier.
Aujourd'hui les nouvelles sont mauvaises
et nous apprennent que tout est remis en
question.
Le comité des docks refuse de se rendre
aux demandes des délégués des grévistes
et, hier soir, dans une réunion plus enthou
siaste que jamais, les grévistes ont déclaré
qu'ils ne céderaient pas tant qu'on n'aurait
pas accepté les demandes formulées par
leurs délégués, et que la grève conti
nuerait.
Voilà où en sont les choses ; un dange
reux vent de grève souffle de l'autre côté
de la Manche, et on voit que dans cette
crise les autorités, chez nos voisins, mon
trent plus de patience qu'ils n'en montre
raient en Irlande ; car il est certain que la
grève des docks prend un caractère dange
reux*
A propos d'Iriande, ajoutons que la
grève des briquetiers de Dublin est com
plètement réglée, les entrepreneurs et les
patrons ayant définitivement accepté la
transaction proposée par Mgr Walst, ar
chevêque de Dublin, et ses deux coharbi -
très.
t Par la grâcs de Dieu »
M. Paul Viollet, membre de l'Insti
tut, nous adresse la lettre suivante :
Limoges, 29 août 1889.
Monsieur le rédacteur en chef,
L'Univers du 14 août 1889 a entretenu
ses lecteurs d'une communication que j'ai
faite récemment à l'Académie des Inscrip
tions sur Les premiers rois par la grâce de
Dieu. L' Univers reproduit une analyse très
inexacte de mon travail, où je lis à peu
près textuellement ce qui suit :
Pour M. Viollet, il n'y a dans la formule :
par la grâce de Dieu aucune allusion au droit
divin, en vertu duquel les monarques seraient
investis par Dieu lui-même d'un pouvoir abso-
du... Les mots par la grâce de Dieu contenaient
vraisemblablement uns allusion aux rapports
pleins de déférence des rois avec l'Eglise et à
leur sacre opéré par les prélats.
A ce compte-rendu, l' Univers ajoute le
commentaire suivant :
M. Paul Viollet est-il bien sûr que la formule
qui fait l'objet de son étude ne contienne au
cune allusion au droit divin, entendu en ce sens
que l'autorité — il ne s'agit pas de pouvoir ab
solu — des princes leur vient de Dieu. Il est
taoile de prouver, au contraire, que cette for
mule ne comporte aucune autre explication sa
tisfaisante.
Vous serez, je n'en doute p6s, surpris
d'apprendre que l'explication de la formule
que propose l'Univers est précisément celle
que j'ai donnée. Je pense avoir établi, entre
autres choses,qu'à l'origine ces mots graiia
Dei n'avaient pas d'autre sens que celui que
leur attache avec raison, votre collabora
teur. Ils ne sont, à aucun degré, une allu
sion au droit héréditaire.
La communication que j'ai faite à l'Insti
tut est aujourd'hui publiée sans aucun chan
gement (j'ai lu sur bonnes feuilles) dans mon
Histoire des institutions politiques et admi
nistratives de la France, Paris, Larose,
t. I, (pp. 271 — 281, Le roi par la grâce de
Dieu— Puissance de l'idée du droit). Et
vous pourrez facilement vérifier vous-même
l'exactitude de la présente rectification. Je
ne me permettrais pas de vous l'adres
ser, si l'Univers ne m'avait fait, à plusieurs
reprises, depuis quelques mois, l'honneur
de s'occuper de mes travaux. Il en a tou
jours parlé, malheureusement pour moi,
avec une regrettable inexactitude. L'erreur
commise n'est pas ici imputable à votre
Collaborateur qui déclare lui-même repro
duire an compte rendu. Ce n'est certaine
ment pas le compte rendu publié par l'Aca
démie.
Recevez, monsieur le rédacteur en chef,
l'assurance de ma considération très distin
gué,
P aul V iollet,
Membre de l'Institut.
Si notre mémoire ne nous abuse
pas, c'est au Temps que nous avons
emprunté le compte rendu reproduit
dans la Chronique de l'Univers du 14
août, et qui motive la réclamation de
M. Paul Viollet. Nous ne l'avons pas
contrôlé il est vrai, mais nous n'en
avions pas les moyens, et "les compte-
rendus, publiés par le Temps passant
généralement pour exacts — nous
allions dire officieux — il ne nous est
pas venu à l'idée qu'il pouvait avoir
quelque peu travesti la pensée du tra
vail dont il rendait compte.
Quoiqu'il en soit, nous serions pres
que tentés de dire : Félix culpa, puis
que cette erreur nous vaut une lettre
de M. Paul Viollet, qui abonde dans le
sens de nos observations. Rien ne pou
vait nous être plus agréable que cette
rectification et, puisque M. Paul Viol
let se plaint d'autres inexactitudes
de l'Univers à son endroit, nous nous
mettons volontiers à sa disposition
pour les rectifier, si ces réclamations
sont aussi fondées que celle à laquelle
nous sommes heureux de donner au
jourd'hui l'hospitalité.
Augustp Roussel.
tiné à faire connaître à nos lecteurs
la brochure romaine sur le pouvoir
temporel dont nous avons déjà parlé.
L'abondance des matières nous force
à remettre d'un jour le commence
ment de la publication du résumé des
Le Manifeste et la Presse
Nous avons déjà publié quelques
extraits des journaux du matin qui,
les premiers, ont donné leur apprécia
tion du manifeste. Nous continuons
cette revue, qui n'est pas sans utilité,
en commençant par les journaux
catholiques et monarchistes.
Voici ce que dit le Monde à propos
de la phrase où Monsieur le Comte de
Paris recommande aux monarchistes
de ne pas traiter en ennemis ceux qui
combattent les mêmes adversaires:
Voilà la phrase du Manifeste qui sera
sa&s doute le plus fâcheusement commen
tée. Elle peut et nous croyons qu'élis
doit être entendue dans un sens très lé
gitime.
Les adversaires que nous combattons ne
sont pas uniquement, ni principalement,
combattus par nous parce qa'ils sont par
tisans de telle forme gouvernementale.
Nous les tenons surtout pour ennemis |mr©B
que, par leurs idées et par leurs pratiques,
ils font la guerre à la religion, opprimant à
cet effet la liberté et. nuisantaux intérêts de
la patrie. C'est pourquoi un boulangiste ou
un jérômiste qui inventerait l'article 7, s'il
n'existait pas, est à nos yeux un adversaire,
tout de môme que M. Jules Ferry. Qui
conque est un sectaire approuvant les Jois
et les actes da la république parlementaire
contre l'éducation chrétienne, contre la li
berté du culte catholique, contre les reli
gieux et les prêtres, qu'il habite le camp
soit républicain, soit boulangiste, soit bo
napartiste, fait partie de l'armée ennemie ;
il est du nombre des adversaires que nous
devons combattre, que nous voulons com*
battre et que nous combattrons.
Par contre, dans les commentaires
de la Gazette de France , cette phrase
est entièrement passée sous silence.
Ce que fait uniquement ressortir l'or
gane royaliste, c'est la phrase de Mon
sieur le comte de Paris disant aux mo
narchistes : « Là où vous avez des can
didats, soutenez-les énergiquement. »
On pourrait s'étonner que nous mettions
surtout en relief cette déclaration, tellement
elle est naturelle dans la bouche de celai
qui représente la monarchie légitime.
Mais les choses en étaient arrivées à ce
point de confusion qu'il était devenu indis
pensable d'entendre le roi lui-même re
commander aux royalistes de soutenir
énergiquement les candidats monarchi
ques.
Tout le monde apprendra ainsi que le
comité des Douze, loin de représenter la
politique de Monsieur lecomte de Paris, va
à l'encontre de sa -volonté la plus expresse
quand ce comité combat, — plus que cela
— quand il élimine des candidats monar
chiques au profit des candidats bonapar»
tistes ou boulangistes.
Rien n'était donc plus utile que de bien
trancher cette question capitale.
.... Les conservateurs, les catholiques
ont un devoir à remplir, puisque Dieu re
met entre leurs mains le rétablissement de
l'ordre ; ce devoir, le Comte de Paris le
leur trace : défendre énergiquement les
candidatures monarchiques partout où e!-
les se présentent ; combattre le radicalisme
et l'athéisme,
• : Le devoir des monarchistes, à leur tour,
est de susciter partout des candidatures.
Les monarchistes savent aujourd'hui que
le roi veut qu'on les appuie énergiquement.
Or, cette déclaration est une invitation for
melle à ce qu'elles se multiplient sur toute
la surface du territoire électoral.
On lit dans la Croix ;
Nous n'entrons pas dans la discussion
politique de ce grave document. Nous y
remarquons un fait considérable :
Monsieur le Comte de Paris ne demande
pas seulement la revision et le coup da
balai que réclament tous les bons Français.
II fait encore un appel formel aux catholi
ques 1 il dénonce l'iniquité des lois persé
cutrices, de la loi scolaire, de la loi militaire
ot des lois contraires à la liberté de la reli
gion et de ses ministres.
Le prince a compris qu'il n'y avait plus
moyen de se taire, et que sa parole, pouj.
rsa
FEUILLETON DE L'UNIVERS
DU 2 SEPTEMBRE 1389
REVUE AGRICOLE
Congrès international d'agriculture ; le crédit
agricole ; l'indemnité an fermier sortant. —
L écurie horizontale système Baaserie.
conftrïîs internationa! e>'agriculture
Le congrès international d'agriculture
6'est ouvert le 4 juillet, sous la présidence
de M. Môline, président delà Chambre des
députés, et s'est terminé le il juillet. De
nombreuses questions y ont été traitées ; il
nous est impossible de leur donner à toutes
même une simple mention ; nous nous oc
cuperons seulement des plus importentes :
le crédit agricole et l'indemnité au fermier
sortant.
Le crédit agricole
Pour servir de base à la discussion, M.
Léon Say a donné leoture d'un rapport
très important dont nous devons nous bor
ner à indiquer les principaux points. Il éta
blit tout d'abord que l'idée du Crédit agri
cole, telle qu'elle existe dans l'esprit du
public et même des législateurs, est une
utopie ; et en cela il a parfaitement rai- '
son ; — puis il distingue entre l'emprunt
destiné à liquider des pertes et celui qui
est contracté peur faire des affaires : le
premier conduit presque infailliblement à
la ruine, tandis que le second peut être
avantageux. Cette distinction est incontes
table, et nous l'avons établie nous-même
dans un précédent article.
Pourquoi le capital ne se dirige-t-il pas
vers l'agriculture, comme vers le commerce
ou l'industrie ? Pourquoi l'épargne se
porte-t-elle de préférence vers les entre
prises financières, lors même qu'elles of
frent peu de garanties sérieuses ? M. Léon
Say en voit la cause dans le défaut d'exac
titude des agriculteurs pour leurs paye
ments et dans le privilège du propriétaire,
qu'il faudrait atténuer ou faire dispa
raître.
En général, les cultivateurs n'ont pas le
goût de la précision, pas plus pour leurs
payements que pour leurs travaux : payer
à quelques mois près à l'époqae convenue
leur semble parfaitement suffisant. Cette
habitude, si différente des usages du com
merce et de l'industrie, peut certainement
contribuer à fermer au papier agricole les
guichets des banques, mais ce n'est pas la
principale cause. Un crédit de 30, 00 ou 90
jours au plus est suffisant peur les besoins
du commerce et de l'industrie, alors qu'il
est trop court même pour les opérations
agricoles les plus rapides.
Quand un industriel ou un commerçant
ont besoin de crédit à long terme, ils ne
peuvent l'obtenir qu'en fournissant des ga
ranties réelles, comme hypothèques en dé
pôts de litres, et l'expérience montre que
des crédits trop larges sans garanties sé- 1
rieuses conduisent à la ruine le commer
çant et le banquier. Il n'en peut être autre
ment pour l'agriculteur.
Sans doute, le privilège du propriétaire
est un obstacle à ce que le fermie? trouve
du crédit ailleurs et puisse donner comme
gage, à un autre, les valeurs qui garnis
sent sa ferme ; mais ce n'est pas une raison
pour restreindre et surtout pour faire dispa
raître le privilège du propriétaire qui est la
véritable base du crédit agricole.
Si le cultivateur trouve aisément un pro
priétaire qui lui confie une ferme et qui lni
accorde six mois ou un an de crédit pour
payer les premiers fermages, c'est au pri
vilège du bailleur qu'il le doit. Si le pro
priétaire, dans le cas d'une mauvaise ré
colte ou d'une perte de bétail, attend ses
fermages pendant six mois ou un an et
même plus au delà du terme convenu, c'est
à cause de son privilège.
Supprimer ou restreindre le privilège du
propriétaire, c'est amoindrir le crédit le
plus nécessaire au fermier, surtout au fer
mier pauvre. Pour se passer du crédit de
son propriétaire, il faut que le fermier pos
sède un capital qui le mette en mesure
de payer ses fermages à leur échéance,
même dans les mauvaises années, et très
peu de fermiers aujourd'hui sont dans cette
heureuse situation.
Après avoir examiné la question au
point de vue da capitaliste, M. Léon Say
la considère au point de vue de l'emprun
teur,et il constate que le bénéfice de l'agri
culture atteignant au plus deux et demi
pour cent, il lui est impossible d'emprunter
môme au taux réduit de trois pour cent,
qui n'est que la moitié du taux commer
cial. C'est en effet la principale raison qui
entrave le développement du crédit agricole
et qui empêche d'employer un capital plus
important en agriculture : le propriétaire
et le fermier qui ont un certain capital à
leur disposition se gardent bien de l'enga
gerdans dès opérations agricoles: ils achè
tent des valeurs de Bourse.
La conclusion de M. Léon Say est que,
pour le moment, il faut se borner à empê
cher le premier mal, e'est-à-dire la création
d'une grande banque de prêts agricoles,et en
cela il a parfaitement raison.
Ni M. Say ri! le congrès n'ont cru devoir
rechercher les causes de l'infériorité énor
me des bénéfices de l'agriculture, compa
rativement à ceux de l'industrie et du com-
mèree; cette question a cependant une
grande importance. Nous ne pouvons la
traiter ici incidemment ; nous nous borne
rons à dire sommairement que le peu de
profits réalisé par l'agriculture provient
d'une part des charges énormes qui la grè
vent, alors qu'elle profite très peu des dé
penses publiques, et d'une autre part de
l'impossibilité où se trouve l'immense ma
jorité des cultivateurs de changer de pro
fession.
Les voles du congrès relativement à la
question qui nous occupe peuvent être
résumés de la manière suivante : Le crédit
dont jouit l'agriculture est insuffisant. —
Les facilités de crédit ne peuvent être pré
judiciables aux agriculteurs. — 11 serait
inutile de prendre des mesures législatives
pour autoriser le nantissement sans dépla
cement du gage, pour accorder un privi
lège au préteur sur la récolte et les instru
ments sans préjudicier aux droits du pro
priétaire et sans étendre le privilège au
fournisseur d'engrais. — Le gouvernement
ne doit point intervenir pour fournir son
concours financier ou sa surveillance à des
établissements spéciaux de crédit agri
cole.
Nous ne pouvons adhérer sans réserves
à tous ces votes du congrès. Il est certain
que l'agriculture pourrait employer utile
ment un capital très supérieur à celui dont
elle dispose, et si elle ne le fait pas, ce
n'est pas parce que les capitalistes refusent
de faire du crédit aux agriculteurs, c'est
parce que les agriculteurs ne le demandent
pas, et ils ne le demandent pas parce que
leurs bénéfices sont trop incertains et trop
minimes pour payer le crédit au cours du
jour.
Toutes les mesures législatives desti
nées à faciliter le erédit resteront sans ef
fet tant que l'agriculture sera écrasée d'im
pôts, et surtout tant que le gouvernement,
les communes et les grandes compagnies
continueront à opérer le drainage des ca
pitaux.
Qn ne saurait trop le répéter : les em
prunts publics sont une ruine parce qu'ils
détruisent le capital, en font payer un gros
intérêt aux dépens des impôts, c'est-à dire
des produits, et en outre parce qu'ils suré
lèvent artificiellement le taux de la rente
du capital, ce qui rend impossible la pro
duction à bon marché.
L'indemnité au fermier sortant
On se préoccupe beaucoup en ce moment
d'assurer au fermier sortant le droit à une
indemnité pour les améliorations qu'il peut
avoir faites pendant la durée de son bail.
Le congrès international a consacré deux
séances à celte importante question et,après
une discussion très vive, il a émis le visu
qu'un droit à une indemnité soit attribué
au fermier sortant,à raison de la plus-value
donnée par ses améliorations culturales
aux terres qu'il tient à ferme ; — et que le
fermier ne puisse renoncer à ce droit par
une clause de son bail, les bases et condi
tions du règlement de l'indemnité pouvant
seules être fixées par la convention des
parties.
Personne ne doit s'enrichir aux dépens
d'autrui ; il n'est donc pas juste que le pro
priétaire profite gratuitement des améliora
tions réalisées aux dépens delà bourse de
son fermier. C'est un principe incontesta
ble. Mais à côté de ce principe il y en a
un autre non moins certain : c'est que celui
qui détient le bien d'autrui, comme fer
mier, locataire ou à tout antre titre,n'a point
le droit de changer l'état des choses et
d'imposer au propriétaire des dépenses
qu'il n'a pas consenties.
Quand un locataire bâtit sur le terrain
qu'il a loué, le propriétaire a le droit de
lui dire à la fin du bail : « Vos construc-
« tions me sont inutiles, détruisez-les et re-
< mettez les choses dans l'état où vous les
« avez trouvées. » Le même principe s'ap
plique aux améliorations agricoles, avec
cette différence qu'il est souvent plus diffi
cile de les détruire que de démolir une
construction.
C'est au fermier de ne pas engager témé
rairement son capital dans les terres qu'il
tient à loyer, et de s'entendre avec la pro
priétaire avant d'entreprendre des anlélio
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