Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-09-01
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1889 01 septembre 1889
Description : 1889/09/01 (Numéro 7913). 1889/09/01 (Numéro 7913).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Dimanche i M Septembre î&éi*
iKSS®W
K 1 Î913 « £(M|Ioa çaôtidfenaê
Dimanche i 8 ' Septembre 1889
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
fin an. , .
Six mois. .
Trois mois.
PARIS
■T DÉPARTEMENT*
..•55 »
. . 28 50
. . 15 »
ÉTRANGER
(union rosiALï)
'63 ■.■ • ■
34 s
18 s
bonnement» partent des t" et tG de chaque mol«
UN NUMÉRO { Départements!
15 cent.
20 —
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
tîn an. . .
Six mois. .
Trois mois.
PAIUS
El DEPARTEMENTS
, . 30 »
. 16 »
. 8 50
étranger
(OSION POSTAIS)
36 »
19 »
10 »
On s'abonne à Rome, place da Gesù. 8
Les cbonnemejjts partent des t" et 16 da.cheqne i»o*
L 'UNIVERS nerépond' pas des manuscrits qni lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C 18 , place de la Bourse
astïs
' F rancs
PARIS, 31 AOUT 1889
La campagne électorale s'annonce
comme devant être très vive et nous
ne saurions nous en plaindre, parce
qu'on doit en conclura que tout le
monde se rend compte de l'impor
tance du vote à conquérir. .Le gou
vernement, d'ailleurs, va employer
tous les moyens pour triompher,et ce
sont sans doute ces moyens que si
gnale et recommande à ses préfets M.
Constans, dans deux circulaires qu'il
vient de leur envoyer et qui, d'aprè3
le Temps , « ne seront pas publiées ».
Le temps , qui accuse si naïvement
les préoccupations qu 'a le ministre de
l'intérieur ae cacher son jeu, eût peut-
être dû écrire que ces circulaires ne
sont pas destinées à être publiées, car
il est fort probable qu'avant peu de,
jours quelque indiscrétion opportune
leur donnera cette publicité tant re
doutée. .
Les journaux opportunistes et radi
caux antiboulangistes s'appliquent à
faire ressortir la disposition du dé
cret de convocation, qui dit qu'au dé
pouillement du scrutin « entreront
seuls en compte les bulletins des can
didats qui se seront conformés aux
dispositions de la loi du 17 juillet 1889
et dont, la liste nominative complète
séra transmise par le préfet aux mai
res des 3ommunes composant l'arron
dissement ou la circonscription, deux
jours au moins avant le scrutin ».
Cette disposition vise évidemment.les;
bulletins au. nom du général Boulan-i
ger et des autres candidats non. éligir
bles» Mais les journaux boulangistes
Répondent que cela ne les embarras
se guères, la Chambre, qui est juge
des validations, étant toujours maî
tresse de rectifier le résultat où l'on es
camoterait de la sorte des milliers de
bulletins au nom d'un candidat.On ne
saurait contester qu'à cet égard il y a
des précédents^
■ Nous publions plus loin le discours
du trône de la reine d'Angleterre lu à
la clôture des séances du Parlement.
Le document'est tèrne et,s'il offre quel
que intérêt, c'est par certaine lacune
qu'on y remarque. Il est a noter, en
eiXet, que dans ce discours,le récent
voyage en Angleterre - de l'empereur
d'Allemagne est complètement passé
sous silence.!,Ce silence est- très com
menté. -, : ;
Les grèves continuent enÀngleterr8.
Un fait intéressant à signaler, c'est
que S. Em. le cardinal Manning et
l'alderman Lusk; « représentant du
lord-maire, ont -eu hier une entrevue
avec les directeurs des docks, dans Je
but d'aplanir 1® différend existant
entre les directeurs et les grévistes. Le
résultat de cette entrevue n'est pas
encore connu.
Le Conseil fédéral suisse a voté des
poursuites pénales contre les auteurs
et les propagateurs du manifeste anar
chiste répandu clandestinement dans
les villes suisses,, les 17,18 et 25 août
dernier.
M. Stockman, membre du Conseil
nationalj ayant été nommé procureur
général de la Confédération, les per
sonnes arrêtées ont été mises à sa dis
position. Le tribunal fédéral a été in
vité à procéder immédiatement à l'ins
truction de leur.procès.
On mande de Bruxelles que le roi
des Belges, souverain de l'Etat indé
pendant du Congo, vient de créer un
conseil supérieur dont le siège est à
Bruxelles. Ce conseil est, à la fois, une
cour supérieure de justice et une sorte
de conseil d'Etat. Au point de vjxe ju
diciaire, il remplit l'office de cour de
cassation, et connaît des pourvois di
rigés contre les jugements rendus en
dernier ressort en matière civile et
commerciale par les tribunaux de l'E-.
tàt indépendant ; il est appelé, en ou
tre, .à connaître de l'appel des juge
ments rendus sur premier appel par
le tribunal de Vona, lorsque la valeur
du litige excède 25,000 francs. Dans la
sphère de ces secondes attributions, le
conseil supérieur délibère et donne
son avis sur .les questions dont il est
saisi par le roi souverain.
Le conseil supérieur est composé
d'un président, de conseillers, d'audi
teurs et d'un secrétaire, tous nommés
par le roi souverain.. Les nominations
sont faites par décret du 21 août der
nier, et le président du conseil est M.
E. Pirnez, ministre d'Etat, libéral.
Ce qui montre que, quand il accuse
ses sentiments personnels, le roi se
montre peu favorable aux conserva
teurs. Le fait est sans do.ute stricte
ment constitutionnel ; mais, au point
de vue des convenances, il est dif
ficile à justifier.
Répondant à un journal de Paris,
qui avait prétendu savoir da source
autorisée que l'Allemagne avait l'in
tention de faire de la Crète une pro
vince autonome placée sous la suzQ-
ràineté de l'empire allemand, et que
le gouvernement de Berlin ne voyait
pas d'autre moyen pour pacifier cette
île, la Post déclare qu'aux yeux des
lecteurs allemands ces nouvelles, de
source française, paraîtront n'avoir
d'autre but que d'éveiller dans l'esprit
du sultan des sentiments de méfiance
à l'égard de la politique allemande.
C'est là uhe interprétation allemande,
et, partant, suspecte.-
r . Quel qu'en doive être le résultat, les
élections prochaines auront — tout le
monde le comprend — une influence
considérable : sur l'avenir de notre
pays. Monsieur le comte de Paris, qui
aspire à faire régner avec lui les idées
qu'il représente, ne pouvait donc se
dispenser de déclarer publiquement
ce qu'il attend du scrutin futur, et,
pour cela, de dire aux électeurs com
ment il envisage la situation présente.
Tel est l'objet du manifeste que nous,
publions ci-après.
Ce document est très-clair. En deux
mots, il signifie que les monarchistes
doivent voter pour des candidats de
leur opinion, toutes les fois qu'ils en
auront la facilité; mais qu'à défaut de
candidature monarchique, ils doivent
se montrer favorables aux candidats
adversaires du régime actuel. Ainsi,
pour prendre des exemples, dans le
septième arrondissement, les monar
chistes devront voter pour M. Cochin
de préférence à M. Mermeix,qui, sans
cela, aurait droit à leur concours; de
même, dans le huitième, M. Edouard
Hervé devra être préféré à M. Marius
Martin ou à M.Binder, qui, au cas où'
le premier tour de scrutin les favori
serait, bénéficieraient, au second, dés
voix de M. Hervé. Ainsi encore, à Nan
tes, M. de Cazenove de Pradines sera
le candidat préféré des monarchistes;
mais s'il n'obtenait pas, au premier
tour, plus de voix .que M. Gàudin, il
aurait le devoir d'aider celui-ci à triom
pher. C'ést, on le voit, la consécration
solennelle du programmé de l'Union
conservatrice, combattu par certains
organes monarchistes comme dange
reux pour la cause qu'ils servent» De
cela, on ne saurait douter un seul ins
tant. .. ■
Qu'en faut-il penser au point de vue
de la tactique électorale? Ici nous
sommes amenés à faire une distinc
tion. Si Monsieur le comte de Paris a
surtout en vue la prompte disparition
du régime actuel, il est incontestable
que la tactique est bonne qui, dans
tous les cas, doit grouper en un fais
ceau tous les adversaires de ce régime
pour, les jeter en masse contre l'en
nemi commun. Mais s'il s'agit du
moyen le plus efficace pour ramener
prompte ment la monarchie, nous n'o
serions dire que le manifeste de Mon
sieur le Comte de Paris soit; en ce
point, conforme aux intérêts de la
cause. Ce que nous disions à ce pro
pos de la circulaire.de M. Edouard
Hervé reste vrai du manifeste, dont la
circulaire semblé avoir été la préface,
l$s idées et le langage du prince ca
drant tout à fait avec les idées et le
langage de l'académicien.
: Pour M. Edouard Hervé, cette ren
contre est assurément un grand hon-
neur ; reste à savoir si, pour la cause
royaliste, : il n'y a pas quelque affai
blissement dans le programme qui
remet au peuple le soin de choisir, à
quelque jour lointain, le gouverne
ment dé ses préférences. Il est vrai
que, dès à présent, Monsieur le comte
de Paris fait valoir éloquemment les
motifs très pressants qui militent en
faveur de la monarchie ; mais il n'en
reste pas moins que, par voie d'une
Assemblée constituante ou par plé
biscite — là-dessus, le manifeste man
que un peu de précision — c'est le
peuple uniquement a qui l'on remet
le soin de décider, dans un avenir
plus, ou moins éloigné, entre la mo
narchie, l'empire ou la république.
Faut-il attendre jusque-là pour tra
vailler aux réformes que la situation
réclamé impérieusement? Ce que Mon
sieur le comte de Paris préconise, ce-
qu'il demande aux électeurs d'établir
sur les débris du gouvernement des
sectaires, enfin jeté à bas, c'est un ré
gime « qui rétablisse la paix reli
gieuse, qui'apporte à nos institutions
la stabilité, à notre société démocrati
que le calme dans l'exercice de là
liberté. » A un tel programme, on ne
peut qu'applaudir sans réserve, mais
pourquoi en remettre l'exécution jus
qu'après la revision prochaine ? Non
obstant tous délais ou arguties cons
titutionnels, c'est sans retard, c'est
sur l'heure que la France opprimée ré
clame la délivrance, . C'est à ce dessein
que les électeurs feront leur choix, et
c'est l'œuvre urgente qu'ils attendront
de la prochaine Chambre. Dans l'état
d'esprit où les convulsions politiques,
depuis un demi-siècle, ont mis la
France, nous ne croyons guères nous
tromper en disant que, pour tout le
reste, elle professe 'généralement une
souveraine indifférence.
Auguste Roussel.
Manifeste
de monsieur le comte tle paris
En vue des prochaines élections,
Monsieur le comte de Paris s'adresse
aux Français en ces termes :
Français^
Une latte décisive est engagée. Il s'agit
d'arracher le pouvoir à la factiou qui vous
opprime, qui a compromis la fortune pu
blique et violé vos libertés les plus chères.
Que les bons citoyens marchent d'accord
vers ce but. Rien ne doit les diviser.
Conservateurs^ restez unis. Vous surtout,
partisans de la monarchie, que la cause,
dont je suis la représentant a ressemblés
autour de moi, donnez l'exempfa de la con
corde et du patriotisme. Là où vous avez
des candidats, soutenez les énergiquement.
Ailleurs, inspirez-vous -des nécessités de la
lutte et ne traitez pas en ennemis-ceux qui
combattent les mêmes adversaires que
vous.
Vos nouveaux mandataires auront une
grande tâche à remplir. Après avoir, par
des actes- réparateurs, porté remède aux
maux les plus pressants, ils rendront au
pays lé droit de disposer de lui-môme.
En 1884, le parti républicain* au mépris
de son principe et de ses engagements, a
effacé des lois constitutionnelles la dispo
sition qui réservait l'avenir. Il a prétendu
emprisonner la France dans la république
et lui fermer toute voie légale pour en ser
tir.
Une revision nouvelle mettra un terme à
cette servitude, rendra la parole à. la nation
et préparera ainsi l'avènement d'un régime
qui rétablisse la paix religieuse, qui ap
porte à nos institutions la stabilité, à notre
société démocratique le calme dans l'exer
cice de la liberté. '
Lorsque l'heure sëra Venue, vous vous
rappellerez ce que la monarchie a été dans
le passé. Je vous ai dit ce qu'elle serait
dans l'avenir.
Catholiques, chrét.ens, pourriez-vous hé
siter? Quel gouvernement vous donnerait
plus de garanties que la monarchie pour
l'éducation de vos enfants et le respect de
vos consciences? Quel gouvernement sau
rait mieux honorer la religion sans la com
promettre et assurer à ses ministres l'indé
pendance dont ils ont besoin pour l'accom
plissement de leur mission?
Impérialistes, je no vous demanderai pas
de renier vos souvenirs; mais refuseriez-
vous votre appui à la monarchie, forte de
l'assentiment national, le jour où il serait
établi que seule elle est le salut ?
Vous qui, de bonne foi, avez cherché ît
fonder une république honnête, une répu
blique conservatrice, vous ne continuerez
pas à défendre indéfiniment contre l'expé
rience une forme de gouvernement con^
damnée par ses résultats.
Vous tons enfin, qui voulez le relève
ment de la France au dedans et au dehors,
vous le demanderez vainement & des gou
vernements d'un jour. La monarchie seule
vous le donnera.
Ce sera l'œuvre de demain. Celle d'au
jourd'hui, vous allez l'accomplir. Votez
sans craindre les menaces d'un pouvoir
qui ne durera plus assez pour les exécuter.
Ayez confiance : Dieu remet dans Vos
mains les destinées de la patrie.
Philippe , comte de Paris.
Sheen House, le 23 août 1889.
Les journaux du matin qui ont pu
avoir, dans la soirée d'hier, communi
cation du manifeste de Monsieur le
comte de Paris en donnent dès aujour
d'hui de brèves appréciations. Notons-
en quelques-unes.
. On lit dans l'Autorité : ,
C'est la confirmation absolue ,de la po
litique que l'Autorité n'a cessé de pré
coniser, pour laquelle elle laite chaque
jour. . ,
Monseigneur le comte de Paris ne s'en
ferme ni dans des doctrines surannées, ni
dans une tactique préhistorique. En pensée
et en action, il est de son temps.
Il ne rejette aucun des moyens qui peu
vent et doivent être employés dans la
guerre contre la présente république. Il fait
appel à tous les Français. ■•■■■ _t j
Il combat et il pacifie,des deux mains.,
Aux imprécations, aux cris de rage qui
vont s'élever dans toute la bande gouver
nementale, de Ferry à joffrin, on reconnaî
tra combien les paroles de Monseigneur le
comte de Paris frappent juste , et pénètrent
profondément dans le pays..
Appréciation de M. Magnard dans
,1e Figaro > .
Le manifeste de Monsieur le comte de'
Paris confirme, avec une rare élévationjde
langage, le plan que nous connaissions, sur *
le rôle de la Cb ambre de demain, et sur le,-
renvoi des questions irritantes à une autre
Chambre, qui sera la Constituante et qui!
donnera vraisemblablement le signal du
grand gâchis.'
.Monsieur le . Comte de Paris n'a qu'une
petite phrase, d'ailleurs décisive et polie, à
l'adresse du boulangisme. Il ne pouvait pas
en dire plus long évidemment, mais je
crois que lès boulangistes le trouveront'
froid, d'autant qu'un peu plus loin la poli
tesse est atténuée par une certaine phrase,
bien vraie d'ailleurs,- sur les gouvernements
d'un jour. •
Le Gaulois est beaucoup plus chaud.
C'est M. Arthur Meyer en personne
qui écrit :
On vient de lire les éloquentes paroles du
chef de la Maison de France. '
Pour la première fois, Monsieur le comte
de Paris s'adresse directement aux Fran
çais, voulant faire entendre ainsi à tous les '
« braves citoyens » qu'il lés comprend tous,
sans distinction, dans le même amour.
Un publiciste demandait, il y a quelques
jours, un feu plus de lumière.
La lumière tombe de haut, rayonnante,
intense, éclairant tous les dsutes, dissipant
toutes les équivoques, commandant toutes
les obéissances.
Ces paroles si loyales, si sincères, seront
écoutées avec respect môme par nos adver
saires.
Quant aux royalistes, dorénavant la voie
leur est tracée.
A la veille du combat que nous allons
entreprendre pour l'honneur, pour la li
berté, pour la vie de la France, cet appel
est un encouragement pour tous.
Il est aussi une récompense pour ceux
qui, depuis deux ans, au risque d'éveiller
des susceptibilités, ombrageuses, n'ont pas
craint de rompre, comme nous, avec la po
litique de l'intransigeance pour défendre
les principes d'une monarchie moderne, dé
mocratique, ouverte à tous. Il est une ré
compense pour ceux qui ont prêché les al
liances nécessaires, qui ont indiqué les
étapes successives, qui ont cherché à dé
montrer la nécessité de la réconciliatioa de
la France avec son Roi.
: Sans rien abdiquer de ses droits, Celui
qui n'en attend la restitution que d-e la con
sultation nationale peut s'adresser aux im
périalistes, aux républicains, aux boulan
gistes. Impérialistes, républicains, boulan
'gistes pourront d® môme répondre à ce
généreux , appel, sans rien, renier de leurs
anciennes préférences.
Ils ne serviront ainsi que la Franoe.
Le Journal des Débats se borne à
dire :
Nous donnons plus loin un manifeste que
M. le comte de Paris adresse aux élec
teurs. Il contient une violente déclaration
de guerre au parti républicain actuellement
au pouvoir, un appel à la concentration de
tous les adversaires du régime actuel sur
le terrain de la revision, et enfin. une affir
mation nouvelle de l'excellence du principe
monarchique.
Le nouveau journal boulangistè, la
République se montre très-irritée.
Monsieur le comte de Paris vient d'a
dresser à ses bons électeurs un pressant
'manifeste.
; Impérialistes et centre-droit, centre-
gauche même, il Gonyie toutes les opposi-
'tiens au suprême combat.
Nous seuls avons l'honneur d'être oubliés
par lui dans cet appel, nous ces républi
cains quand même, qui plus ardents que le
comte de Paris et ses fidèles dans nos
haines contre l'opportunisme tout-puissant
ne voyons de solutions possibles à nos
maux que dans la République. .
Nous ne renouvellerons pas & propos de
tee document, banal dans sa brièveté, les
^critiques qu'ont éveillées ses aînés ; cette
ignorance des courants' populaires; cette
évocation maladroite des passions reli
gieuses ont perdu depuis longtemps le
comte de Paris devant le. suffrage univer
sel.
Nous sommes l'avenir !
Il est le passé I
La meilleure des monarchies, qu'il ne
l'oublie pas, avec son cortège de révolu
tions et de réactions inévitables ne vaut pas
aux.yeux du dernier des électeurs la plus
:médiocre des républiques.
Vive la République ! .
Vive Boulanger I
Il nous parait que la République n'a
p8s très bien lu le manifeste, ni sur
tout la phrase où il est dit aux monar
chistes : « ne traitez pas en ennemis
ceux qui combattent les mêmes ad
versaires que vous. »
Une citation du Siècle nous montrera
que les républicains ne sont pas très
rassurés sur le résultat des élections.
Voici ce que dit, entre autres choses,
le journal qui passe pour refléter quel
que peu les idées de l'Elysée :
Il n'y a plus une minute à perdre dans
les circonscriptions où la démocratie n'a pas
encore désigné ses candidats. Il ne doit
plus y avoir de repos jusqu'au 22 septem
bre pour les candidats républicains qui
sont déjà désignés.
Nos adversaires, ne l'oublions pas, ont
sur= nous d'incomparables avantages ; ils
sont beaucoup plus riches, plus disciplinés;
ils ont dans chaque commune le clergé, les
congrégations, les marguilliers, qui forment
une armée de propagandistes d'autant plus
redoutable qu'elle agit dans l'ombre et dans
le silène», qu'on ne la voit pas et qu'on ne
l'entend pas. Ils ont ce qui nous manque
souvent, une obéissance presque absolue
aux instructions de leurs comités. Enfin la
plupart de leurs, candidats ont sir les nô
tres le bénéfice d'être des hommes nou
veaux qu'on ne connaît pas, qui n'ont pu se
faire des ennemis et qui, dé plus, ont tra
vaillé le corps électoral sur place pendant
que les députés républicains étaient à Paris
remplir leurs obligations parlementaires.
La propagande républicaine a d'autres
raisons d'être très active dans les quelques
semaines qui lui restent : c'est que nous
sommes en présence d'un, changement de
mode de scrutin qui, dans beaucoup d'ar
rondissements, va produire des dificultés
locales. Des candidatures' multiples ont
surgi dans tin grand nombre de circons
criptions; il faut espérer que l'union se fera
partout au second tour.devant le péril com
mun. 11 n'en est pas moins certain que,
dans nombre d'endroits, l'électeur va être,
désorienté et, dans le doute, être tenté
de s'abstenir au premier tour. Ce serait
une bien grosse faute, car dans quelques
arrondissements la victoire tient à deux ou
trois centaines de voix, et une surprise
peut amener le triomphe du candidat- mo
narchiste,
La chose est d'autant plus à craindre
qu'une union presque-parfaite existe djras
le camp de la coalition révisionniste. Sauf
quelques rares départements de l'ouest,
où bonapartistes et : royalistes sont aux
prises, le comité des droites a réussi par
tout à n'avoir qu'une seule candidature
réactionnaire par collège électoral. C'est là
une grande facilité pour la propagande et
pour l'action personnelle du candidat. Les
candidats républicains qui sont en- lutte
ont beau prendre l'engagement de se désis
ter en faveur du plus favorisé et d'éviter
les luttes de personnes, ils ne peuvent pas
toujours être maîtres des journaux qui les
soutiennent. .. .
On lit dans le Soleil :
Nous savons de bonne source que M. le
miaistre de l'instruction publique a donné
& ses chefs de service l'ordre suivant :
Vous vous trouverez huit jours au moins
avant le scrutin à voire poste pour faire
acte de citoyen , et vous transmettrez ces
ordres à vos subordonnés.
Par suite de cette note, tous les profes
seurs de l'enseignement secondaire et de
l'enseignement supérieur seront obligés de
rentrer à leur poste huit jours avant les
élections, perdant ainsi une semaine de
leurs courtes vacances.
« Faire acte de citoyen », ce n'est donc
plus seulement voter; la petite propagande
électorale fera donc maintenant partie des
devoirs sacrés et des immortels principes?
La vérité
au sujet de la question romaine
C'est, nnusLl'avoixs dit* Je titre d'une
importante brochure que vient de
publier à Rome la librairie de la Pro
pagande. IlOsservatore Romano, pour
en indiquer le but, publie les quelques
lignes dont l'auteur a fait précéder
son travail.
En voici la traduction :
La question romaine, depuis tant d'au-
nées qu'on la proclame closè, continue de
partager en Italie les esprits et les cœurs
comme au premier jour. Ceux qui sont
aujourd'hui au pouvoir s'obstinent à ne pas
s'écarter d'une ligne de la solution qu'ils
en ont donnée. Les catholiques sont non
moins fermes à en vouloir une revision qui
rende au Pontife romain, avec la souverai
neté temporelle, son indépendance politi
que. >
Entre lés uns et les autres il y a une ca
tégorie extraordinairement nombreuse d'I
taliens, catholiques de religion, et brûlant
d'un sentiment patriotique, qui déplorent le
dissentiment actuel, ne se faisant pas d'il
lusion sur sa gravité, et néanmoins ne
voyant pas clairement de quelle façon il
peut et doit se terminer.
C'est à ces bons Italiens que s'adressent
les présentes pages. ;
Beaucoup d'entre eux ont lu avec avidité
un récent opuscule où l'on cherchait à re
présenter l'état actuel de la question ro • ;
maine conformément à la réalité des cho
ses. Les présentes pages sont destinées à
remplir dans ce cadra les parties qui lui
| manquaient et à en redresser les lignes er
ronées,car la réalité des choses ne fait con
naître la vérité que quand on la montra en
tière et sous son vrai jour.
UOsservatore Romano ajoute :
C'est avec ce dessein que l'auteur a mis
la main îi l'œuvre.
Il commence par parler de la conciliation
pour démontrer que ce n'est pas le Pape,
mais le gouvernement italien qui ne l'a pas
voulue. Il poursuit en raisonnant sur les
protestations du Pape, et sur la nécessité
du pouvoir temporel, soit aux yeux des ca
tholiques qui s'attachent à l'enseignement
d« l'Eglise, soit aux yeux de la raison. Il
expose ensuite les motifs pour lesquels le
Pape ne se tait ni ne peut se taire sur les
spoliations de ses Etats, et, montrant sur
quoi le Pape et les catholiques font repo
ser leurs espérances, il raffermit ces espé
rances par les enseignements de i'histoire.
Il passe ensuite -à prouver comment la
souveraineté da -Pape peut trè3 bien_s'ac
corder avec l'unité politique de l'Italie ; et
après avoir démontré que le peuple italien
est loin d'être hostile à. cette souveraineté,
il en arrive finalement à examiner quelle
pourrait être la forme du gouvernement
pontifical restauré.
Après ce résumé de l'opuscule, l'Os-
servatore Romano termine par ces ré
flexions :
Par ce court résumé,nos lecteurs peuveûî
se faire une idée de l'importance de cette
publication, qui mérite d'être lue et sérieu
sement pesée par tous ceux qui s'appliquent
à l'étude des questions qui tiennent, le
monde en éveil; et celle de la situation du
Pape- est de toutes la principale. Aussi
c'est notre avis que l'opuscule est destiné à
un grand succès, et que peut-être il aura
l'honneur d'être traduit dans les langues
étrangères.
Quand nous aurons en notre posses
sion l'opuscule dont il s'agit, nous ne
tarderons pas à en faire connaître la
partie qui paraîtra certainement la
plus neuve, à savoir celle qui doit nous
apprendre comment la souveraineté
du Pape peut très bien s'accorder avec
l'unité politique de l'Italie.
P. S. — Nous recevons, au moment
de mettre sous presse, la brochure
dont parle \'Osservatore Romano: Elle
se divise en XI chapitres, dont voici
les titres :
I. *— La conciliation. Qui ne la veut pas.
II. — Les protestations da Pape. Criti
ques et conseils en sens contraire.
III. — La nécessité da pouvoir temporel •
aux yeùx des catholiques^ conformément à
l'enseignement de l'Eglise.
IV. —^• La nécessité du pouvoir temporel
du Saint-Siège aux yeux de la raison.
V. — Pourqaoi le Pape ne se tait pas.
VI. — Les espérances du Pape -et des
catholiques.
VII. — Les prophéties historiques. "
VIII. — La souveraineté temporelle des-
Papes et l'unité politique de l'Italie.
IX. — La restauration de la souverai
neté pontificale et la volonté du peuple ita
lien.
X. — Les destinées de Rome.
I XI. — Le Pape souverain.
Conclusion.
Dès demain nous commencerons
le résumé, par chapitre de cette publi
cation.
cèsa qu'à l'école des Carmes, à Paris, M.
Cléret fut ordoneé prêtre en 1860, nommé
professeur au petit séminaire diocésain de
Saint-Lô, et bientôt vicaire à Lessay, puis
aumônier de marine, dont il a rempli les
fonctions douze années durant.
Pendant le siège de Paris, il était au fort
de Rosny en compagnie de l'amiral Saisset
et des Bharins, détachés de ce côté à la dé
fense de la capitale. Il a été décoré à cette
époque pour sa belle conduite.
En 1880, il rentra dans le ministère pa»
roissial et fut nommé curé des Pieux (ar- '
rondissement de Cherbourg). En 1882, Mgr
Germain, évêque de Coutances, l'appela h
l'importanie cure de Notre-Dame de Saint-
Lô, et le nomma chanoine honoraire. De
puis sept années Mgr Cléret exerce dans la
ville, chef-lieu du département de la Man
che; au milieu de l'estime la plus grande et
de l'affection de tous, son ministère de sanc
tification des âmes et de dévouement. Le
décret du 28 août répond aux désirs formu
lés depuis longtemps par le clergé et les
fidèles.
Mgr Cléret, nous écrit-on^ est un prêtre
d'ane rare distinction, instruit, spirituel,
pieux et ferme. Son savoir est considérable,
soii expérienoe des hommes et des choses
consommée. Mgr Cléret est de plus un
orateur et un écrivain remarquables.
La Semaine religieuse du diocèse de
Laval publie le décret qui nomme à ce
siège M. l'abbé Cléret, curé de Notre-
Dame de Saint-Lô, puis elle ajoute :
Ce décret apporte une grande .joie au
diocèse de Laval si cruellement éprouvé de
puis plusieurs années. La première pensée
de tous est de remercier le ciel : celui qui
nous est envoyé est un prêtre du plus grand
mérite, orné des vertus du pasteur selon le
cœur de Dieu. Tous ensemble nous prie
rons aussi pour qne le Seigneur accorde à
son élu des grâces nombreuses.
Le diocèse appelle de ses vœux l'heureux
jour où il verra son évêque et recevra ses
premières bénédictions. En attendant, prê
tres et fidèles adressent à Mgr Cléret l'hom
mage de leur vénération filiale et de leur
plus respectueux dévouement.
Mgr Jules Cléret est né à Carentan, dio
cèse de Goutances, le 29 décembre 1S35.
Après des études classiques et théologiques
extrêmement brillantes tant dans sou dio-
Les Menses éplscoples
On lit dans \a. Semaine religieuse des
diocèses de Bayonne, Tarbes et Aire :
En attendant la nomination du succes
seur de Mgr Fleury-Hottot, M. Doux, sous.-,
préfet de Bayonne, a ;été nommé adminis
trateur de la mensé épiscopale, autrement
dit des biens appartenant à l'évêçhé.
MM. Inchauspé et Lasserre, vicaires gé
néraux, ont été nommés par le chapitre de
la cathédrale vicaires capitulaires, pour la.
gestion des affaires du diocèse pendant la
vacance du siège épiscopal de Bayonne.
— D'autre part, la Semaine de Rayon
ne disait il y a quelques jours :
Les scellés apposés sur les bureaux de
l'évêohé et sur les appartements' de Mgr
l'évêque n'ont pas été levés encore. Il pa
rait que, préalablement à cette levée de
scellés, l'administrateur que le gouverne
ment se permet de désigner pour la mense
épiscopale doit prêter serment en . justice.
Or, le tribunal est en vacances, et sa pre
mière audience de vacation ne doit avoir
lien que demain. <
C'est donc demain que M. le sous-préfet
Doux jurera... Mais, au fait, que jurera-
t-il? Que peut bien jurer un laïque qui,
contre les lois de l'Église, s'immisce dans
l'administration des biens ecclésiastiques?
De s'acquitter honnêtement d'une besogna
injuste ? -
Nous recevons, à la dernière heure,
communication d'une lettre adressée
par S. Em. le cardinal Lavîgerie à
tous les comités anti-esclavagistes.
Nous la publierons demain.
—♦ ■' . '—-
L'Assemblée de Bochum
xxxvi e assemblée générale catholique
allemand# ir
•: IV '
' \ Bochum, le 29 août 1889.
Un Requiem solennel, célébré pour les
membres défunts des Congrès antérieurs,
a été, comme de coutume, célébré le second
jour, en l'église de Notre-Dame. L'affluence
est toujours des plus considérables. Parmi
les nouveaux hôtes on remarque Mgr
Ephreni Rhimani, archevêque d'Edesse, et
Mgr Euch, vicaire apostolique dans le Da
nemark. Mgr l'évêque de . Paderborn,
presque monagénaire, ne peut pas assister
aux séances, vu sein grand âge, et le nouvel
évêque diocésain n'est pas encore préconisé;'
ce qui explique ces deux abstentions, 1 déjà
commentées d'une façon malveillante par
la Gazette de Cologne.
La seconde réunion non publique s'est
occupée de toute une série de motions dont
la plupart ont été adoptées et votées. .
Gss motions se rapportent : 1° à l'esten-
sion de l'œuvre de Saint-Boniface.si impor
tante pour l'instruction religieuse des en
fants nés dans' des contrées non catholi
ques ; car d'une statistique officielle il ré
sulte que 54,900 enfants catholiques alle
mands fréquentent des écoles protestantes ;
2° à l'œuvre de la Terré-Sainte, dont on re
commande également l'extension ; 3° à
l'œuvre de Saint-Joseph des Allemands à
Paris, Londres, la Havre, Lyon, Marseille,
Bruxelles, Liège, et Verviers, grâce à la
quelle de nombreux enfants de langue al
lemande reçoivent l'instruction religieuse
et scolaire ; 4° & l'œuvre de Saint-Raphaël,
qui veille dans les ports d'embarquement
et de débarquement an bien-être religieux,
moral et matériel, des milliers d'émigrés
allemands qui, chaque année, quittent leèr
patrie pour en chercher une autre au delà
des mers ; 5° à l'œuvre de Gœrres pour la
diffusion, et la propagation d'une bonne et
saine littérature chrétienne et pour la cul
ture de la science catholique. .
Ea faveur de cette dernière œuvre, si
importante, M. de Windtkorst a pris la pa
role pour rappeler les mérites déjà acquis
par elle. Il en loue l'esprit et plaide sa dif
fusion, car grâce à l'œuvre de Gœrres des
jeunes talents catholiques peuvent se frayer
le chemin. •
Finalement on adopte la motion de M.
l'abbbé Dasbach, le très méritant rédacteur
en chef de la Trieriscke Landeszeitung , de
Trêves.
Cette motion se rapporte au danger do
cette sorte de presse qui souffle le froid
et le chaud et porte un grave préjudice
moral et matériel à la presse vraiment ca
tholique.
M. de Windtkorst appuie cette motion
aveo beaucoup de verve ; il dit que l'hon
neur et l'intérêt des catholiques devraient
iKSS®W
K 1 Î913 « £(M|Ioa çaôtidfenaê
Dimanche i 8 ' Septembre 1889
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
fin an. , .
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PARIS
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19 »
10 »
On s'abonne à Rome, place da Gesù. 8
Les cbonnemejjts partent des t" et 16 da.cheqne i»o*
L 'UNIVERS nerépond' pas des manuscrits qni lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C 18 , place de la Bourse
astïs
' F rancs
PARIS, 31 AOUT 1889
La campagne électorale s'annonce
comme devant être très vive et nous
ne saurions nous en plaindre, parce
qu'on doit en conclura que tout le
monde se rend compte de l'impor
tance du vote à conquérir. .Le gou
vernement, d'ailleurs, va employer
tous les moyens pour triompher,et ce
sont sans doute ces moyens que si
gnale et recommande à ses préfets M.
Constans, dans deux circulaires qu'il
vient de leur envoyer et qui, d'aprè3
le Temps , « ne seront pas publiées ».
Le temps , qui accuse si naïvement
les préoccupations qu 'a le ministre de
l'intérieur ae cacher son jeu, eût peut-
être dû écrire que ces circulaires ne
sont pas destinées à être publiées, car
il est fort probable qu'avant peu de,
jours quelque indiscrétion opportune
leur donnera cette publicité tant re
doutée. .
Les journaux opportunistes et radi
caux antiboulangistes s'appliquent à
faire ressortir la disposition du dé
cret de convocation, qui dit qu'au dé
pouillement du scrutin « entreront
seuls en compte les bulletins des can
didats qui se seront conformés aux
dispositions de la loi du 17 juillet 1889
et dont, la liste nominative complète
séra transmise par le préfet aux mai
res des 3ommunes composant l'arron
dissement ou la circonscription, deux
jours au moins avant le scrutin ».
Cette disposition vise évidemment.les;
bulletins au. nom du général Boulan-i
ger et des autres candidats non. éligir
bles» Mais les journaux boulangistes
Répondent que cela ne les embarras
se guères, la Chambre, qui est juge
des validations, étant toujours maî
tresse de rectifier le résultat où l'on es
camoterait de la sorte des milliers de
bulletins au nom d'un candidat.On ne
saurait contester qu'à cet égard il y a
des précédents^
■ Nous publions plus loin le discours
du trône de la reine d'Angleterre lu à
la clôture des séances du Parlement.
Le document'est tèrne et,s'il offre quel
que intérêt, c'est par certaine lacune
qu'on y remarque. Il est a noter, en
eiXet, que dans ce discours,le récent
voyage en Angleterre - de l'empereur
d'Allemagne est complètement passé
sous silence.!,Ce silence est- très com
menté. -, : ;
Les grèves continuent enÀngleterr8.
Un fait intéressant à signaler, c'est
que S. Em. le cardinal Manning et
l'alderman Lusk; « représentant du
lord-maire, ont -eu hier une entrevue
avec les directeurs des docks, dans Je
but d'aplanir 1® différend existant
entre les directeurs et les grévistes. Le
résultat de cette entrevue n'est pas
encore connu.
Le Conseil fédéral suisse a voté des
poursuites pénales contre les auteurs
et les propagateurs du manifeste anar
chiste répandu clandestinement dans
les villes suisses,, les 17,18 et 25 août
dernier.
M. Stockman, membre du Conseil
nationalj ayant été nommé procureur
général de la Confédération, les per
sonnes arrêtées ont été mises à sa dis
position. Le tribunal fédéral a été in
vité à procéder immédiatement à l'ins
truction de leur.procès.
On mande de Bruxelles que le roi
des Belges, souverain de l'Etat indé
pendant du Congo, vient de créer un
conseil supérieur dont le siège est à
Bruxelles. Ce conseil est, à la fois, une
cour supérieure de justice et une sorte
de conseil d'Etat. Au point de vjxe ju
diciaire, il remplit l'office de cour de
cassation, et connaît des pourvois di
rigés contre les jugements rendus en
dernier ressort en matière civile et
commerciale par les tribunaux de l'E-.
tàt indépendant ; il est appelé, en ou
tre, .à connaître de l'appel des juge
ments rendus sur premier appel par
le tribunal de Vona, lorsque la valeur
du litige excède 25,000 francs. Dans la
sphère de ces secondes attributions, le
conseil supérieur délibère et donne
son avis sur .les questions dont il est
saisi par le roi souverain.
Le conseil supérieur est composé
d'un président, de conseillers, d'audi
teurs et d'un secrétaire, tous nommés
par le roi souverain.. Les nominations
sont faites par décret du 21 août der
nier, et le président du conseil est M.
E. Pirnez, ministre d'Etat, libéral.
Ce qui montre que, quand il accuse
ses sentiments personnels, le roi se
montre peu favorable aux conserva
teurs. Le fait est sans do.ute stricte
ment constitutionnel ; mais, au point
de vue des convenances, il est dif
ficile à justifier.
Répondant à un journal de Paris,
qui avait prétendu savoir da source
autorisée que l'Allemagne avait l'in
tention de faire de la Crète une pro
vince autonome placée sous la suzQ-
ràineté de l'empire allemand, et que
le gouvernement de Berlin ne voyait
pas d'autre moyen pour pacifier cette
île, la Post déclare qu'aux yeux des
lecteurs allemands ces nouvelles, de
source française, paraîtront n'avoir
d'autre but que d'éveiller dans l'esprit
du sultan des sentiments de méfiance
à l'égard de la politique allemande.
C'est là uhe interprétation allemande,
et, partant, suspecte.-
r . Quel qu'en doive être le résultat, les
élections prochaines auront — tout le
monde le comprend — une influence
considérable : sur l'avenir de notre
pays. Monsieur le comte de Paris, qui
aspire à faire régner avec lui les idées
qu'il représente, ne pouvait donc se
dispenser de déclarer publiquement
ce qu'il attend du scrutin futur, et,
pour cela, de dire aux électeurs com
ment il envisage la situation présente.
Tel est l'objet du manifeste que nous,
publions ci-après.
Ce document est très-clair. En deux
mots, il signifie que les monarchistes
doivent voter pour des candidats de
leur opinion, toutes les fois qu'ils en
auront la facilité; mais qu'à défaut de
candidature monarchique, ils doivent
se montrer favorables aux candidats
adversaires du régime actuel. Ainsi,
pour prendre des exemples, dans le
septième arrondissement, les monar
chistes devront voter pour M. Cochin
de préférence à M. Mermeix,qui, sans
cela, aurait droit à leur concours; de
même, dans le huitième, M. Edouard
Hervé devra être préféré à M. Marius
Martin ou à M.Binder, qui, au cas où'
le premier tour de scrutin les favori
serait, bénéficieraient, au second, dés
voix de M. Hervé. Ainsi encore, à Nan
tes, M. de Cazenove de Pradines sera
le candidat préféré des monarchistes;
mais s'il n'obtenait pas, au premier
tour, plus de voix .que M. Gàudin, il
aurait le devoir d'aider celui-ci à triom
pher. C'ést, on le voit, la consécration
solennelle du programmé de l'Union
conservatrice, combattu par certains
organes monarchistes comme dange
reux pour la cause qu'ils servent» De
cela, on ne saurait douter un seul ins
tant. .. ■
Qu'en faut-il penser au point de vue
de la tactique électorale? Ici nous
sommes amenés à faire une distinc
tion. Si Monsieur le comte de Paris a
surtout en vue la prompte disparition
du régime actuel, il est incontestable
que la tactique est bonne qui, dans
tous les cas, doit grouper en un fais
ceau tous les adversaires de ce régime
pour, les jeter en masse contre l'en
nemi commun. Mais s'il s'agit du
moyen le plus efficace pour ramener
prompte ment la monarchie, nous n'o
serions dire que le manifeste de Mon
sieur le Comte de Paris soit; en ce
point, conforme aux intérêts de la
cause. Ce que nous disions à ce pro
pos de la circulaire.de M. Edouard
Hervé reste vrai du manifeste, dont la
circulaire semblé avoir été la préface,
l$s idées et le langage du prince ca
drant tout à fait avec les idées et le
langage de l'académicien.
: Pour M. Edouard Hervé, cette ren
contre est assurément un grand hon-
neur ; reste à savoir si, pour la cause
royaliste, : il n'y a pas quelque affai
blissement dans le programme qui
remet au peuple le soin de choisir, à
quelque jour lointain, le gouverne
ment dé ses préférences. Il est vrai
que, dès à présent, Monsieur le comte
de Paris fait valoir éloquemment les
motifs très pressants qui militent en
faveur de la monarchie ; mais il n'en
reste pas moins que, par voie d'une
Assemblée constituante ou par plé
biscite — là-dessus, le manifeste man
que un peu de précision — c'est le
peuple uniquement a qui l'on remet
le soin de décider, dans un avenir
plus, ou moins éloigné, entre la mo
narchie, l'empire ou la république.
Faut-il attendre jusque-là pour tra
vailler aux réformes que la situation
réclamé impérieusement? Ce que Mon
sieur le comte de Paris préconise, ce-
qu'il demande aux électeurs d'établir
sur les débris du gouvernement des
sectaires, enfin jeté à bas, c'est un ré
gime « qui rétablisse la paix reli
gieuse, qui'apporte à nos institutions
la stabilité, à notre société démocrati
que le calme dans l'exercice de là
liberté. » A un tel programme, on ne
peut qu'applaudir sans réserve, mais
pourquoi en remettre l'exécution jus
qu'après la revision prochaine ? Non
obstant tous délais ou arguties cons
titutionnels, c'est sans retard, c'est
sur l'heure que la France opprimée ré
clame la délivrance, . C'est à ce dessein
que les électeurs feront leur choix, et
c'est l'œuvre urgente qu'ils attendront
de la prochaine Chambre. Dans l'état
d'esprit où les convulsions politiques,
depuis un demi-siècle, ont mis la
France, nous ne croyons guères nous
tromper en disant que, pour tout le
reste, elle professe 'généralement une
souveraine indifférence.
Auguste Roussel.
Manifeste
de monsieur le comte tle paris
En vue des prochaines élections,
Monsieur le comte de Paris s'adresse
aux Français en ces termes :
Français^
Une latte décisive est engagée. Il s'agit
d'arracher le pouvoir à la factiou qui vous
opprime, qui a compromis la fortune pu
blique et violé vos libertés les plus chères.
Que les bons citoyens marchent d'accord
vers ce but. Rien ne doit les diviser.
Conservateurs^ restez unis. Vous surtout,
partisans de la monarchie, que la cause,
dont je suis la représentant a ressemblés
autour de moi, donnez l'exempfa de la con
corde et du patriotisme. Là où vous avez
des candidats, soutenez les énergiquement.
Ailleurs, inspirez-vous -des nécessités de la
lutte et ne traitez pas en ennemis-ceux qui
combattent les mêmes adversaires que
vous.
Vos nouveaux mandataires auront une
grande tâche à remplir. Après avoir, par
des actes- réparateurs, porté remède aux
maux les plus pressants, ils rendront au
pays lé droit de disposer de lui-môme.
En 1884, le parti républicain* au mépris
de son principe et de ses engagements, a
effacé des lois constitutionnelles la dispo
sition qui réservait l'avenir. Il a prétendu
emprisonner la France dans la république
et lui fermer toute voie légale pour en ser
tir.
Une revision nouvelle mettra un terme à
cette servitude, rendra la parole à. la nation
et préparera ainsi l'avènement d'un régime
qui rétablisse la paix religieuse, qui ap
porte à nos institutions la stabilité, à notre
société démocratique le calme dans l'exer
cice de la liberté. '
Lorsque l'heure sëra Venue, vous vous
rappellerez ce que la monarchie a été dans
le passé. Je vous ai dit ce qu'elle serait
dans l'avenir.
Catholiques, chrét.ens, pourriez-vous hé
siter? Quel gouvernement vous donnerait
plus de garanties que la monarchie pour
l'éducation de vos enfants et le respect de
vos consciences? Quel gouvernement sau
rait mieux honorer la religion sans la com
promettre et assurer à ses ministres l'indé
pendance dont ils ont besoin pour l'accom
plissement de leur mission?
Impérialistes, je no vous demanderai pas
de renier vos souvenirs; mais refuseriez-
vous votre appui à la monarchie, forte de
l'assentiment national, le jour où il serait
établi que seule elle est le salut ?
Vous qui, de bonne foi, avez cherché ît
fonder une république honnête, une répu
blique conservatrice, vous ne continuerez
pas à défendre indéfiniment contre l'expé
rience une forme de gouvernement con^
damnée par ses résultats.
Vous tons enfin, qui voulez le relève
ment de la France au dedans et au dehors,
vous le demanderez vainement & des gou
vernements d'un jour. La monarchie seule
vous le donnera.
Ce sera l'œuvre de demain. Celle d'au
jourd'hui, vous allez l'accomplir. Votez
sans craindre les menaces d'un pouvoir
qui ne durera plus assez pour les exécuter.
Ayez confiance : Dieu remet dans Vos
mains les destinées de la patrie.
Philippe , comte de Paris.
Sheen House, le 23 août 1889.
Les journaux du matin qui ont pu
avoir, dans la soirée d'hier, communi
cation du manifeste de Monsieur le
comte de Paris en donnent dès aujour
d'hui de brèves appréciations. Notons-
en quelques-unes.
. On lit dans l'Autorité : ,
C'est la confirmation absolue ,de la po
litique que l'Autorité n'a cessé de pré
coniser, pour laquelle elle laite chaque
jour. . ,
Monseigneur le comte de Paris ne s'en
ferme ni dans des doctrines surannées, ni
dans une tactique préhistorique. En pensée
et en action, il est de son temps.
Il ne rejette aucun des moyens qui peu
vent et doivent être employés dans la
guerre contre la présente république. Il fait
appel à tous les Français. ■•■■■ _t j
Il combat et il pacifie,des deux mains.,
Aux imprécations, aux cris de rage qui
vont s'élever dans toute la bande gouver
nementale, de Ferry à joffrin, on reconnaî
tra combien les paroles de Monseigneur le
comte de Paris frappent juste , et pénètrent
profondément dans le pays..
Appréciation de M. Magnard dans
,1e Figaro > .
Le manifeste de Monsieur le comte de'
Paris confirme, avec une rare élévationjde
langage, le plan que nous connaissions, sur *
le rôle de la Cb ambre de demain, et sur le,-
renvoi des questions irritantes à une autre
Chambre, qui sera la Constituante et qui!
donnera vraisemblablement le signal du
grand gâchis.'
.Monsieur le . Comte de Paris n'a qu'une
petite phrase, d'ailleurs décisive et polie, à
l'adresse du boulangisme. Il ne pouvait pas
en dire plus long évidemment, mais je
crois que lès boulangistes le trouveront'
froid, d'autant qu'un peu plus loin la poli
tesse est atténuée par une certaine phrase,
bien vraie d'ailleurs,- sur les gouvernements
d'un jour. •
Le Gaulois est beaucoup plus chaud.
C'est M. Arthur Meyer en personne
qui écrit :
On vient de lire les éloquentes paroles du
chef de la Maison de France. '
Pour la première fois, Monsieur le comte
de Paris s'adresse directement aux Fran
çais, voulant faire entendre ainsi à tous les '
« braves citoyens » qu'il lés comprend tous,
sans distinction, dans le même amour.
Un publiciste demandait, il y a quelques
jours, un feu plus de lumière.
La lumière tombe de haut, rayonnante,
intense, éclairant tous les dsutes, dissipant
toutes les équivoques, commandant toutes
les obéissances.
Ces paroles si loyales, si sincères, seront
écoutées avec respect môme par nos adver
saires.
Quant aux royalistes, dorénavant la voie
leur est tracée.
A la veille du combat que nous allons
entreprendre pour l'honneur, pour la li
berté, pour la vie de la France, cet appel
est un encouragement pour tous.
Il est aussi une récompense pour ceux
qui, depuis deux ans, au risque d'éveiller
des susceptibilités, ombrageuses, n'ont pas
craint de rompre, comme nous, avec la po
litique de l'intransigeance pour défendre
les principes d'une monarchie moderne, dé
mocratique, ouverte à tous. Il est une ré
compense pour ceux qui ont prêché les al
liances nécessaires, qui ont indiqué les
étapes successives, qui ont cherché à dé
montrer la nécessité de la réconciliatioa de
la France avec son Roi.
: Sans rien abdiquer de ses droits, Celui
qui n'en attend la restitution que d-e la con
sultation nationale peut s'adresser aux im
périalistes, aux républicains, aux boulan
gistes. Impérialistes, républicains, boulan
'gistes pourront d® môme répondre à ce
généreux , appel, sans rien, renier de leurs
anciennes préférences.
Ils ne serviront ainsi que la Franoe.
Le Journal des Débats se borne à
dire :
Nous donnons plus loin un manifeste que
M. le comte de Paris adresse aux élec
teurs. Il contient une violente déclaration
de guerre au parti républicain actuellement
au pouvoir, un appel à la concentration de
tous les adversaires du régime actuel sur
le terrain de la revision, et enfin. une affir
mation nouvelle de l'excellence du principe
monarchique.
Le nouveau journal boulangistè, la
République se montre très-irritée.
Monsieur le comte de Paris vient d'a
dresser à ses bons électeurs un pressant
'manifeste.
; Impérialistes et centre-droit, centre-
gauche même, il Gonyie toutes les opposi-
'tiens au suprême combat.
Nous seuls avons l'honneur d'être oubliés
par lui dans cet appel, nous ces républi
cains quand même, qui plus ardents que le
comte de Paris et ses fidèles dans nos
haines contre l'opportunisme tout-puissant
ne voyons de solutions possibles à nos
maux que dans la République. .
Nous ne renouvellerons pas & propos de
tee document, banal dans sa brièveté, les
^critiques qu'ont éveillées ses aînés ; cette
ignorance des courants' populaires; cette
évocation maladroite des passions reli
gieuses ont perdu depuis longtemps le
comte de Paris devant le. suffrage univer
sel.
Nous sommes l'avenir !
Il est le passé I
La meilleure des monarchies, qu'il ne
l'oublie pas, avec son cortège de révolu
tions et de réactions inévitables ne vaut pas
aux.yeux du dernier des électeurs la plus
:médiocre des républiques.
Vive la République ! .
Vive Boulanger I
Il nous parait que la République n'a
p8s très bien lu le manifeste, ni sur
tout la phrase où il est dit aux monar
chistes : « ne traitez pas en ennemis
ceux qui combattent les mêmes ad
versaires que vous. »
Une citation du Siècle nous montrera
que les républicains ne sont pas très
rassurés sur le résultat des élections.
Voici ce que dit, entre autres choses,
le journal qui passe pour refléter quel
que peu les idées de l'Elysée :
Il n'y a plus une minute à perdre dans
les circonscriptions où la démocratie n'a pas
encore désigné ses candidats. Il ne doit
plus y avoir de repos jusqu'au 22 septem
bre pour les candidats républicains qui
sont déjà désignés.
Nos adversaires, ne l'oublions pas, ont
sur= nous d'incomparables avantages ; ils
sont beaucoup plus riches, plus disciplinés;
ils ont dans chaque commune le clergé, les
congrégations, les marguilliers, qui forment
une armée de propagandistes d'autant plus
redoutable qu'elle agit dans l'ombre et dans
le silène», qu'on ne la voit pas et qu'on ne
l'entend pas. Ils ont ce qui nous manque
souvent, une obéissance presque absolue
aux instructions de leurs comités. Enfin la
plupart de leurs, candidats ont sir les nô
tres le bénéfice d'être des hommes nou
veaux qu'on ne connaît pas, qui n'ont pu se
faire des ennemis et qui, dé plus, ont tra
vaillé le corps électoral sur place pendant
que les députés républicains étaient à Paris
remplir leurs obligations parlementaires.
La propagande républicaine a d'autres
raisons d'être très active dans les quelques
semaines qui lui restent : c'est que nous
sommes en présence d'un, changement de
mode de scrutin qui, dans beaucoup d'ar
rondissements, va produire des dificultés
locales. Des candidatures' multiples ont
surgi dans tin grand nombre de circons
criptions; il faut espérer que l'union se fera
partout au second tour.devant le péril com
mun. 11 n'en est pas moins certain que,
dans nombre d'endroits, l'électeur va être,
désorienté et, dans le doute, être tenté
de s'abstenir au premier tour. Ce serait
une bien grosse faute, car dans quelques
arrondissements la victoire tient à deux ou
trois centaines de voix, et une surprise
peut amener le triomphe du candidat- mo
narchiste,
La chose est d'autant plus à craindre
qu'une union presque-parfaite existe djras
le camp de la coalition révisionniste. Sauf
quelques rares départements de l'ouest,
où bonapartistes et : royalistes sont aux
prises, le comité des droites a réussi par
tout à n'avoir qu'une seule candidature
réactionnaire par collège électoral. C'est là
une grande facilité pour la propagande et
pour l'action personnelle du candidat. Les
candidats républicains qui sont en- lutte
ont beau prendre l'engagement de se désis
ter en faveur du plus favorisé et d'éviter
les luttes de personnes, ils ne peuvent pas
toujours être maîtres des journaux qui les
soutiennent. .. .
On lit dans le Soleil :
Nous savons de bonne source que M. le
miaistre de l'instruction publique a donné
& ses chefs de service l'ordre suivant :
Vous vous trouverez huit jours au moins
avant le scrutin à voire poste pour faire
acte de citoyen , et vous transmettrez ces
ordres à vos subordonnés.
Par suite de cette note, tous les profes
seurs de l'enseignement secondaire et de
l'enseignement supérieur seront obligés de
rentrer à leur poste huit jours avant les
élections, perdant ainsi une semaine de
leurs courtes vacances.
« Faire acte de citoyen », ce n'est donc
plus seulement voter; la petite propagande
électorale fera donc maintenant partie des
devoirs sacrés et des immortels principes?
La vérité
au sujet de la question romaine
C'est, nnusLl'avoixs dit* Je titre d'une
importante brochure que vient de
publier à Rome la librairie de la Pro
pagande. IlOsservatore Romano, pour
en indiquer le but, publie les quelques
lignes dont l'auteur a fait précéder
son travail.
En voici la traduction :
La question romaine, depuis tant d'au-
nées qu'on la proclame closè, continue de
partager en Italie les esprits et les cœurs
comme au premier jour. Ceux qui sont
aujourd'hui au pouvoir s'obstinent à ne pas
s'écarter d'une ligne de la solution qu'ils
en ont donnée. Les catholiques sont non
moins fermes à en vouloir une revision qui
rende au Pontife romain, avec la souverai
neté temporelle, son indépendance politi
que. >
Entre lés uns et les autres il y a une ca
tégorie extraordinairement nombreuse d'I
taliens, catholiques de religion, et brûlant
d'un sentiment patriotique, qui déplorent le
dissentiment actuel, ne se faisant pas d'il
lusion sur sa gravité, et néanmoins ne
voyant pas clairement de quelle façon il
peut et doit se terminer.
C'est à ces bons Italiens que s'adressent
les présentes pages. ;
Beaucoup d'entre eux ont lu avec avidité
un récent opuscule où l'on cherchait à re
présenter l'état actuel de la question ro • ;
maine conformément à la réalité des cho
ses. Les présentes pages sont destinées à
remplir dans ce cadra les parties qui lui
| manquaient et à en redresser les lignes er
ronées,car la réalité des choses ne fait con
naître la vérité que quand on la montra en
tière et sous son vrai jour.
UOsservatore Romano ajoute :
C'est avec ce dessein que l'auteur a mis
la main îi l'œuvre.
Il commence par parler de la conciliation
pour démontrer que ce n'est pas le Pape,
mais le gouvernement italien qui ne l'a pas
voulue. Il poursuit en raisonnant sur les
protestations du Pape, et sur la nécessité
du pouvoir temporel, soit aux yeux des ca
tholiques qui s'attachent à l'enseignement
d« l'Eglise, soit aux yeux de la raison. Il
expose ensuite les motifs pour lesquels le
Pape ne se tait ni ne peut se taire sur les
spoliations de ses Etats, et, montrant sur
quoi le Pape et les catholiques font repo
ser leurs espérances, il raffermit ces espé
rances par les enseignements de i'histoire.
Il passe ensuite -à prouver comment la
souveraineté da -Pape peut trè3 bien_s'ac
corder avec l'unité politique de l'Italie ; et
après avoir démontré que le peuple italien
est loin d'être hostile à. cette souveraineté,
il en arrive finalement à examiner quelle
pourrait être la forme du gouvernement
pontifical restauré.
Après ce résumé de l'opuscule, l'Os-
servatore Romano termine par ces ré
flexions :
Par ce court résumé,nos lecteurs peuveûî
se faire une idée de l'importance de cette
publication, qui mérite d'être lue et sérieu
sement pesée par tous ceux qui s'appliquent
à l'étude des questions qui tiennent, le
monde en éveil; et celle de la situation du
Pape- est de toutes la principale. Aussi
c'est notre avis que l'opuscule est destiné à
un grand succès, et que peut-être il aura
l'honneur d'être traduit dans les langues
étrangères.
Quand nous aurons en notre posses
sion l'opuscule dont il s'agit, nous ne
tarderons pas à en faire connaître la
partie qui paraîtra certainement la
plus neuve, à savoir celle qui doit nous
apprendre comment la souveraineté
du Pape peut très bien s'accorder avec
l'unité politique de l'Italie.
P. S. — Nous recevons, au moment
de mettre sous presse, la brochure
dont parle \'Osservatore Romano: Elle
se divise en XI chapitres, dont voici
les titres :
I. *— La conciliation. Qui ne la veut pas.
II. — Les protestations da Pape. Criti
ques et conseils en sens contraire.
III. — La nécessité da pouvoir temporel •
aux yeùx des catholiques^ conformément à
l'enseignement de l'Eglise.
IV. —^• La nécessité du pouvoir temporel
du Saint-Siège aux yeux de la raison.
V. — Pourqaoi le Pape ne se tait pas.
VI. — Les espérances du Pape -et des
catholiques.
VII. — Les prophéties historiques. "
VIII. — La souveraineté temporelle des-
Papes et l'unité politique de l'Italie.
IX. — La restauration de la souverai
neté pontificale et la volonté du peuple ita
lien.
X. — Les destinées de Rome.
I XI. — Le Pape souverain.
Conclusion.
Dès demain nous commencerons
le résumé, par chapitre de cette publi
cation.
cèsa qu'à l'école des Carmes, à Paris, M.
Cléret fut ordoneé prêtre en 1860, nommé
professeur au petit séminaire diocésain de
Saint-Lô, et bientôt vicaire à Lessay, puis
aumônier de marine, dont il a rempli les
fonctions douze années durant.
Pendant le siège de Paris, il était au fort
de Rosny en compagnie de l'amiral Saisset
et des Bharins, détachés de ce côté à la dé
fense de la capitale. Il a été décoré à cette
époque pour sa belle conduite.
En 1880, il rentra dans le ministère pa»
roissial et fut nommé curé des Pieux (ar- '
rondissement de Cherbourg). En 1882, Mgr
Germain, évêque de Coutances, l'appela h
l'importanie cure de Notre-Dame de Saint-
Lô, et le nomma chanoine honoraire. De
puis sept années Mgr Cléret exerce dans la
ville, chef-lieu du département de la Man
che; au milieu de l'estime la plus grande et
de l'affection de tous, son ministère de sanc
tification des âmes et de dévouement. Le
décret du 28 août répond aux désirs formu
lés depuis longtemps par le clergé et les
fidèles.
Mgr Cléret, nous écrit-on^ est un prêtre
d'ane rare distinction, instruit, spirituel,
pieux et ferme. Son savoir est considérable,
soii expérienoe des hommes et des choses
consommée. Mgr Cléret est de plus un
orateur et un écrivain remarquables.
La Semaine religieuse du diocèse de
Laval publie le décret qui nomme à ce
siège M. l'abbé Cléret, curé de Notre-
Dame de Saint-Lô, puis elle ajoute :
Ce décret apporte une grande .joie au
diocèse de Laval si cruellement éprouvé de
puis plusieurs années. La première pensée
de tous est de remercier le ciel : celui qui
nous est envoyé est un prêtre du plus grand
mérite, orné des vertus du pasteur selon le
cœur de Dieu. Tous ensemble nous prie
rons aussi pour qne le Seigneur accorde à
son élu des grâces nombreuses.
Le diocèse appelle de ses vœux l'heureux
jour où il verra son évêque et recevra ses
premières bénédictions. En attendant, prê
tres et fidèles adressent à Mgr Cléret l'hom
mage de leur vénération filiale et de leur
plus respectueux dévouement.
Mgr Jules Cléret est né à Carentan, dio
cèse de Goutances, le 29 décembre 1S35.
Après des études classiques et théologiques
extrêmement brillantes tant dans sou dio-
Les Menses éplscoples
On lit dans \a. Semaine religieuse des
diocèses de Bayonne, Tarbes et Aire :
En attendant la nomination du succes
seur de Mgr Fleury-Hottot, M. Doux, sous.-,
préfet de Bayonne, a ;été nommé adminis
trateur de la mensé épiscopale, autrement
dit des biens appartenant à l'évêçhé.
MM. Inchauspé et Lasserre, vicaires gé
néraux, ont été nommés par le chapitre de
la cathédrale vicaires capitulaires, pour la.
gestion des affaires du diocèse pendant la
vacance du siège épiscopal de Bayonne.
— D'autre part, la Semaine de Rayon
ne disait il y a quelques jours :
Les scellés apposés sur les bureaux de
l'évêohé et sur les appartements' de Mgr
l'évêque n'ont pas été levés encore. Il pa
rait que, préalablement à cette levée de
scellés, l'administrateur que le gouverne
ment se permet de désigner pour la mense
épiscopale doit prêter serment en . justice.
Or, le tribunal est en vacances, et sa pre
mière audience de vacation ne doit avoir
lien que demain. <
C'est donc demain que M. le sous-préfet
Doux jurera... Mais, au fait, que jurera-
t-il? Que peut bien jurer un laïque qui,
contre les lois de l'Église, s'immisce dans
l'administration des biens ecclésiastiques?
De s'acquitter honnêtement d'une besogna
injuste ? -
Nous recevons, à la dernière heure,
communication d'une lettre adressée
par S. Em. le cardinal Lavîgerie à
tous les comités anti-esclavagistes.
Nous la publierons demain.
—♦ ■' . '—-
L'Assemblée de Bochum
xxxvi e assemblée générale catholique
allemand# ir
•: IV '
' \ Bochum, le 29 août 1889.
Un Requiem solennel, célébré pour les
membres défunts des Congrès antérieurs,
a été, comme de coutume, célébré le second
jour, en l'église de Notre-Dame. L'affluence
est toujours des plus considérables. Parmi
les nouveaux hôtes on remarque Mgr
Ephreni Rhimani, archevêque d'Edesse, et
Mgr Euch, vicaire apostolique dans le Da
nemark. Mgr l'évêque de . Paderborn,
presque monagénaire, ne peut pas assister
aux séances, vu sein grand âge, et le nouvel
évêque diocésain n'est pas encore préconisé;'
ce qui explique ces deux abstentions, 1 déjà
commentées d'une façon malveillante par
la Gazette de Cologne.
La seconde réunion non publique s'est
occupée de toute une série de motions dont
la plupart ont été adoptées et votées. .
Gss motions se rapportent : 1° à l'esten-
sion de l'œuvre de Saint-Boniface.si impor
tante pour l'instruction religieuse des en
fants nés dans' des contrées non catholi
ques ; car d'une statistique officielle il ré
sulte que 54,900 enfants catholiques alle
mands fréquentent des écoles protestantes ;
2° à l'œuvre de la Terré-Sainte, dont on re
commande également l'extension ; 3° à
l'œuvre de Saint-Joseph des Allemands à
Paris, Londres, la Havre, Lyon, Marseille,
Bruxelles, Liège, et Verviers, grâce à la
quelle de nombreux enfants de langue al
lemande reçoivent l'instruction religieuse
et scolaire ; 4° & l'œuvre de Saint-Raphaël,
qui veille dans les ports d'embarquement
et de débarquement an bien-être religieux,
moral et matériel, des milliers d'émigrés
allemands qui, chaque année, quittent leèr
patrie pour en chercher une autre au delà
des mers ; 5° à l'œuvre de Gœrres pour la
diffusion, et la propagation d'une bonne et
saine littérature chrétienne et pour la cul
ture de la science catholique. .
Ea faveur de cette dernière œuvre, si
importante, M. de Windtkorst a pris la pa
role pour rappeler les mérites déjà acquis
par elle. Il en loue l'esprit et plaide sa dif
fusion, car grâce à l'œuvre de Gœrres des
jeunes talents catholiques peuvent se frayer
le chemin. •
Finalement on adopte la motion de M.
l'abbbé Dasbach, le très méritant rédacteur
en chef de la Trieriscke Landeszeitung , de
Trêves.
Cette motion se rapporte au danger do
cette sorte de presse qui souffle le froid
et le chaud et porte un grave préjudice
moral et matériel à la presse vraiment ca
tholique.
M. de Windtkorst appuie cette motion
aveo beaucoup de verve ; il dit que l'hon
neur et l'intérêt des catholiques devraient
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