Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-08-26
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 août 1889 26 août 1889
Description : 1889/08/26 (Numéro 7907). 1889/08/26 (Numéro 7907).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k706727k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi £6 Août îêSt
N* 7907 Edition qaèiidleu&s
Lundi 26 Août Ï&S9
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iSaiTION QPQTI PIEKNS
PARIS ÉTKANOER
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G* an. . : . . SS » 68 »
Sis mois. . . . 23 80 34 a
Trois mois. ... 15 » £8 a
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UN NUMÉRO { Dé^tVmekte! Il ^
BUREAUX : Paris, 10, ras des Saints-Pères
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PARIS ÉTRANGER
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Un an. . . . 30 s 38 i
Six mois. . t . 16 » 19 »
Trois mois. . . 8 50 10 »
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l'UKIYERS ne répond pas des manuscrits qui loi sont adressât
ANNONCES
UM. Ch. LÀGRANGE, CERF et C Ie , 6, place do la Bourse
!S6$illStSSK8S5à8^^
FRANCE
PARIS. 25 AOUT 1889
d'est mercredi, décidément, dans le
conseil des ministres tenu à Fontaine
bleau, que sera fixée la date des élec
tions. Le gouvernement resta à ce su
jet très hésitant, car il ne sait si huit
jours de plus ou de moins seront fa
vorables à son triompha. M. Cons-
tans, dans un moment d'humeur au
rait dit qu'il ne pouvait mener les
choses à sa guise, ne pouvant compter
absolument que sur l'intelligence et
la résolution de dix préfets. Le propos
n'a probablement pas été tenu, du
moins sous cette forme, mais le seul
fait qu'on le colporte est l'indice pour
le gouvernement d'une situation qui
n'est pas des plus brillantes.
En attendant, les ministres se re
muent de leur mieux pour préparer
les voies aux candidats officiels. M.
Rouvier, par exemple, est accusé, pour
sa part, d'avoir depuis moinsdequinze
jours, accordé plus de quatre-vingt
bureaux de tabac dans les divers dé
partements. Et nous ne sommes pas
encore dans la période électorale 1
L q Journal officiel vient de publier le
rapport adressé au président de la Ré
publique par le garde des sceaux sur
l'administration de la justice civile et
commerciale pendant l'année 1887.
Ce rapport appelle l'attention sur un
fait grave, à savoir la lenteur regret
tables avec laquelle se rend la jus
tice. Ainsi, au 31 décembre 1887,
45,088 causes attendaient leur juge
ment.
Sur ces causes, il yen avait 18,875
inscrites au rôle depuis moins de trois
mois, 10,445 étaient inscrites au rôle
depuis moins de trois à six mois, 8,990
affaires l'étaient depuis six à douze
•mois. Enfin, 6,778 procès, soit «quinze
pour cent » de l'arriéré, restaient en
suspens depuis plus d'un anl
Aux cours d'appel, les retards sont
encore plus longs : sur 8,058 affaires
restées indécises à la fin de l'année,
3,182 causes attendaient depuis moins
de trois mois ; pour 3,108 affaires, l'é
poque de l'inscription variait de trois
moi» à un an. Enfin, pour 1,778 cau
ses, soit 22 0/0, l'attente du jugement
dépassait un an.
Et ce qu'il y a de piquant, c'est que
le .ministre qui signale, justement
d'ailleurs, ces lenteurs déplorables,
donne lui-même la preuve du peu
d'activité de ses bureaux, puisqu'au
lieu du rapport sur l'exercice 188», qui
devrait être prêt, nous n'avons que
"■celui de l'exercice 1887.
S'il faut en croire le Parti National,
- J'Italie ayant besoin d'argent pour
ouvrir et poursuivre ses préparatifs
militaires contre la France, voudrait
recourir à un emprunt de 180 millions.
Mais, p^ur comble d'impudence, c'est
en Francô même qu'elle voudrait en
faire le placement. Le Parti national
dénonce hautement le baron Erlanger
comme s'étant prêté . à cette mons
trueuse opération. « C'éft liii, dit tex
tuellement le Parti Natioûdl , c est lui
qui, grâce à la complaisance du gou
vernement, qui aurait dû vingt fois le
faire reconduire à la frontière, s'est
chargé de placer en France les cent
quatre-vingt millions dont l'Italie a
bes»in pour nous combattre. On
avait bien un instant songé au
marché de Berlin, mais on est gor
gé là-bas de valeurs italiennes, au
point d'en crever. C'est donc sur le
marché de Paris qu'on a tendu ses
filets. Mais comme un emprunt pu
blic aurait donné l'éveil, comme il au
rait été mis en morceaux par la presse
française indignée. M. von Erlanger
et son syndicat cherchent à l'écouler
tout doucement, à la sourdine, sous
le manteau de la cheminée, entre les
mains des capitalistes crédules qui ne
soupçonnent pas le piège. »
Il va sans dire que nous laissons au
Parti National la responsabilité de cette
grave nouvelle, mais quand de tels
faits sont énoncés publiquement, ils
doivent être éclaircis.
A propos des rumeurs qui ont couru
sur l'entrée de l'Espagne dans la triple
alliance, Y Impartial dément ce bruit.
L'Espagne,dit-il,désire la paix afin d'é
viter une guerre terrible entre les deux
plus puissants Etats du monde, mais
ce désir même ne doit pas la faire
pencher d'un côté plutôt que de l'au
tre.
Le journal termine en déclarant que
la considération de l'Espagne pour les
Etats de la triple alliance ne doit pas
la rendre ennemie de la France, l'aî
née de la race latine, à laquelle l'Es
pagne est unie par des liens spirituels
et matériels si puissants.
En Angleterre l'opinion est toujours
occupée des manœuvres navales qui
se poursuivent sans trop d'accidents.
Le torpilleur qu'on croyait perdu sur
les côtes d'Irlande est rentré au port,
avarié, mais ayant son équipage sain
et sauf.
Le Times se montre très enthousiaste
dé ces manœuvres qui attestent l'ex
cellence des marins anglais et la qua
lité du matériel de la flotte et qui se
poursuivent par tous les ans. — Cela
lui paraît autaement sérieux que les
manœuvres navales françaises où les
marins n'ont qu'une idée, c'est d'évi
ter les abordages.
Ces excellents voisins ne peuvent se
passer de la vieille habitude de tout
rapporter à nous. Car le Standard,
moins optimiste que le Times , vient de
déclarer, pour justifier le rapproche
ment entre l'Angleterre et l'Allema
gne, que la France a « une armée
formidable, une marine formidable »
— et qu'on a le droit d'être peu
rassuré sur l'usage qu'une crise poli
tique changeante peut, du jour au len
demain, faire de « ces armes dange
reuses ».
L'empereur d'Allemagne est rentré
dans ses anciens Etats. En Westpha-
lie, à Munster, il a prononcé un toast
assez belliqueux qu'on trouvera plus
loin. II a en outre fait savoir au gou
verneur d'Alsace-Lorraine que ces pro
vinces étaient une terre allemande,
attachée pour toujours à la patrie al-
lemande. Sire, l'avenir est à Dieu !
L'Encyclique Quanquam pluries
ET
LA PRIÈRE EN france
Une fois encore, dans le langage le
plus émouvant, le Vicaire de Jésus-
Christ vient d'appeler la grande fa
mille catholique à la prière. Nous ne
venons pas affaiblir, en la commen
tant, la parole de Léon XIII.
Mais, en France, une indication
s'impose. La prière publique et univer
selle & la Vierge du Rosaire et à saint
Joseph a été fixée par le Pape au mois
d'octobre. Or, chez nous, le 1" octobre,
les élections seront faites ou sur le
point de se faire.
Quoiqu'il en soit de la théorie du
suffrage, les élections seront pour le
pays un fait d'une importance excep
tionnelle.
Si la bande noire des francs-maçons
réussit, à force de violences et de frau
des, à se maintenir au pouvoir, la per
sécution religieuse redoublera d'in
tensité, la fortune et l'honneur du pays
achèveront de sombrer.
Si la majorité est « révisionniste »,
ce sera un grand soulagement ; mais
cette majorité honnête et patriote aura
à résoudre plus d'un épineux problè
me, et l'assistance divine lui sera bien
nécessaire.
Or,nous ne sommes assurés de rien.
On espère sans doute que la popula
tion secouera le joug des insolents
goujats qui, foulant aux pieds le droit
qu'a tout citoyen de voter au mieux des
intérêts du pays, déclarent traitre tout
serviteur de la France qui ne fera pas
de la propagande pour les sous-Gons-
tans et sous-Thèvenet, candidats de la
république, seuls candidats.
Nous l'espérons nous-même, mais à
une condition, c'est que pour triom
pher d'une secte qui a pour lien la
haine de Dieu , l'outrage à Dieu dans le
prêtre, dans l'enfant, dans le malade
des hôpitaux, le blasphème s'épan-
chant par la plume, par la parole, par
le pinceau, par tous les moyens, les
vrais Français, se souvenant de leur
baptême, réclameront contre les sup
pôts de l'enfer la protection d'en-haut,
et imploreront à genoux le Père Tout-
Puissant, Notre Seigneur Jésus-Christ,
Sauveur et Maître des nations, Marie
et Joseph, nos secourables interces
seurs devant Dieu.
« Aide-toi, le ciel t'aidera ». Le
proverbe est bon. Il faut des' comités,
des réunions, de la propagande, de
l'entente, de généreux sacrifices d'ar
gent, de la vigilance, de l'habileté, de
l'énergie. Le devoir électoral est ac
tuellement d'une gravité exception
nelle ; quoiqu'il en coûte, il doit être
consciencieusement rempli. Voter
pour un candidat de la bande noire,
ou s'abstenir seulement,serait au point
de vue religieux une apostasie, au
point de vue politique une félonie.
Les plus aveugles aujourd'hui ne peu
vent ignorer dans quelle boue d'im
piété et de corruption la maçonnerie
s'applique à étouffer la France. Les
masques sont tombés et les Français
les plus épris de la forme républicaine
doivent comprendre que, si on peut
légitimement la préférer à un autre
système de gouvernement, ce n'est
pas en la laissant dans de telles mains.
Il faut qu'on aille à (ces élections,
contre des athées tombés plus bas que
les musulmans — qui respectent en
core le nom d'Allah! — comme à une
croisade pour Dieu d'abord, pour Dieu,
roi éternel et bienfaiteur de la patrie,
et pour cette patrie, menacée de tous
les maux, depuis que Dieu en a été
officiellement exilé !
Ce n'est pas seulement le respeet des
consciences qui est en cause, c'est le
Respect de Dieu.
L'un des groupes de candidats res
pectera les consciences et, sauf au
camp boulangiste où fleurit générale
ment la libre-pensée, donne aux élec
teurs le gage le plus sûr de son honnê
teté; il respecte Dieu.
Le groupe opposé, le groupe maçon-'
nique, se réclame de Voltaire, de Di
derot, de Rabelais, de Dolet, de tous
les contempleurs et blasphémateurs de
Jésus-Christ ; ce groupe a éconduit le
Grand Architecte de l'Univers ; il prati
que avec orgueil l'enfouissement civil;
il couronne le divorce de fleurs d'oran
ger, il vole les prêtres, chasse le3 reli
gieux de leur maison, outrage le Dieu
de l'Eucharistie en mettant les scellés
sur sa demeure, parque les enfants de
la France catholique dans des bouges
sans crucifix, et pour dernier exploit,
impose au clergé l'obligation de la ca
serne, de vingt et un ans à quarante-
cinq ans. Ne respectant pas Dieu, il ne
respecte rien. C est fatal, et ce serait
simplicité puérile que de s'en étonner.
L'Etat sans Dieu, c'est l'Etat Dieu, ou
l'arbitraire absolu des singes vêtus qui
ont réussi à être le gouvernement.
Inutilement les sages du libéralisme
veulent reléguer la question religieuse
au second ou au dixième plan ; elle
s'impose.
D'un côté, des croyants ; de l'autre
de3 athées.
Si, échappant aux mensonges dont
les ennemis de Dieu l'ont savamment
enveloppée, la Frauce chrétienne
chasse au palais législatif les impies
qui s'acharnent à la déchristianiser
pour l'exploiter, crie vers Dieu et par
son vote déclare qu'elle veut rentrer
dans les voies de la justice et de la
charité évangéliques, le salut devien
dra facile.
Si une majorité apostate l'aban
donne au joug du Grand-Orient et à
suppôts, l'heure des grands châti
ments ne tardera pas à sonner.
Que faut il donc?
Il faut que dès maintenant la France
chrétienne, devançant le temps mar
qué par Léon XIII pour les autres na
tions, se mette en prières.
Mieux encore que les chassepots de
Mentana, les chapelets des femmes de
Lannemezan ont fait merveille, lors
des élections départementales.
Le candidat de Notre-Dame de Lour
des n'a pas eu moins de succès dans
les Basses-Pyrennées, que celui qu'on
appelait, par une stupide dérision, en
Seine-et-Marne, « le candidat de Jésus-
Christ. »
Demandons au ciel, le chapelet à la
main, pendant le mois de Notre-Dame
de Septembre le succès des candidats
qui, seuls, peuvent et doivent repré
senter la France catholique, le succès
des candidats catholiques.
Certes, uneneuvaine de prières sera
bien placée du 31 août au 8 septembre
ou encore du 21 au 29 septembre.
Le 31 août est la fête de saint Ray
mond, le rédempteur des captifs ; la
France n'est-ellé pas captive ?
Le 8 septembre est le jour anniver
saire de la Nativité de Marie, qui ap
porta la joie à tout l'univers; pour la
France, quelle joie plus grande que
celle d'être délivrée par celle dont elle
est le royaume privilégié ?
Le 21 septembre l'Eglise honore saint
Mathieu, apôtre etévangéliste ; il nous
faut revenir à la loi de l'Evangile, rè
gle de toutes les justes lois.
Le 29 septembre, nous honorons
saint Michel, chef de tous les anges
protecteurs, protecteur spécial de la
France vainqueur des hordes satani-
ques.
Et plaise au ciel que les femmes de
France ne soient pas seules à réciter
le rosaire I C'est la prière de tous.
L'illustre Récamier en faisait plus de
cas que des plus savantes prépara
tions pharmaceutiques; M. Chevreul
le récitait chaque jour.
Le héros de Solférino et de Patay,
le général de Sonis savait goûter la
plus simple et la plus suave des priè
res catholiques. Léon XIII, octogé
naire et chargé de sollicitudes innom
brables récite et médite tous les soirs
le rosaire en entier. Et que d'autres
exemples illustres il serait facile de
citer ! C'est à tous que la Vierge Im
maculée montrait naguère le chape
let comme le moyen toujours efficace
de fléchir la justice divine.
Que les malheureux enfoncés dans
la vie de la brute se gaussent de nos
prières en général et de nos chapelets
en particulier, rien de plus naturel.
Animalis homo non percipit, disait saint
Paul. Mais que les catholiques de
France, à l'heure où nous sommes,
négligeassent le devoir de la prière,
ce serait aussi effrayant que lamen
table.
Prions ^ comme nous le devons,
prions, faisons pénitence, multiplions
nos aumônes pendant le mois de sep
tembre; si nous le faisons bien, la
prière du mois d'octobre sera le can
tique d'action de grâce pour la déli
vrance.
Durant cette saison, tous les sanc
tuaires où s'affirme plus spécialement
la bonté de la Reine des cieux, Notre-
Dame des Victoires, la Salette, Lourdes,
Issoudun, le Puy, Fourvières, La
Garde, et cent autres, le 8 septembre
surtout, regorgeront de pèlerins. Ce
jour-là, et jusqu'aux élections, tous
les titres que la confiance popu
laire donne à Marie: Notre-Dame de
Pitié, Notre-Dame de Miséricorde,
Notre-Dame d'Espérance, Notre-Dame
du Sacré-Cœur tous ces titres se fon
dront, dans la prière des foules, en
un grand cri patriotique :
Notre-Dame de France, priez pour nous !
D.
Enseignement universitaire
Nous citions l'autre jour, d'après
l'Aquitaine, de Bordeaux/un discours
inconvenant prononcé par un univer
sitaire, qui présidait en cette ville la
distribution des prix du. lycée de
filles. •
Voici, ce que nous lisons aujour
d'hui en tete de la Semaine religieuse
du diocèse de Quimper.
Le discours prononcé par M. V..., le 30
juillet, à la distribution des prix du lycée
de Quimper, a été une occasion de scan
dale. Le journal le Finistère en a retardé la
publication jusqu'au 14 août. Il est facile
de constater que dans l'intervalle, Je texte
a subi des retouches. Mai3 tel qu'il a été
livré au public, ni les atténuations dans les
nuances, ni les suppressions faites à pro
pos, ne lui ont enlevé le caractère odieux
qu'il tient de la" nature des circonstances
et du fond des choses : celui d'une insulte
gratuite faite à notre foi et à nos sentiments
de chrétiens.
Que l'orateur du lycée ait célébré les mé
rites de l'université, on le comprend sans
peine, mais que ce soit au détriment de
l'honneur des écoles rivales, au moyen
d'un contraste habilement ménagé, pour
mettre une auréole de gloire au front de
l'une, et imprimer aux autres un stigmate
flétrissant... c'est là une audacieuse viola
tion des droits de la vérité-et de la justice.
On comprend que, lancé sur cette pente,
M. V... ait été amené & formuler la reli
gion de son choix, à opposer sa profession
de déisme comme une réponse triomphante
au reproche d'impiété et, dans un blasphè
me, que nous ne reproduirons pas, à signa
ler comme un objet d'horreur la divine
Victime du Calvaire et la sainte Eglise qui
continue sa mission ici bas.
Ce langage, sans doute, n'est qu'un écho
des lieux communs que la libre pensée
verse tous les jours dans le courant de la
publicité ; mais sur les lèvres d'un éduca
teur de la jeunesse, dans le plein éclat
d'une fête scolaire, en face d'une assis
tance choisie, il a une gravité que per
sonne ne paut méconnaître : il a la pré
tention d'être un programme d'éducation
nsuvelle au rebours de tous les principes
de la religion chrétienne.
Gardienne delà foi et des mœurs dans
le diocèse, l'autorité ecclésiastique a le do-
voir impérieux d'intervenir dans la circons
tance et de crier aux familles : Vous voyez
le péril ; sauvez les âmes de vos enfants !
Il est clair que si ces tristes exem
ples passent à l'état chronique. N.N.
S.S. les évêques seront amenés à pren
dre des mesures de préservation et,en
premier lieu, à supprimer dans les
collèges et lycées le poste d'aumônier
dont la présence, en ces conditions,
ne serait plus pour les familles qu'un
trompe-l'œil masquant, dans l'intérêt
du recrutement des maisons d'éduca
tion universitaire, le détestable ensei
gnement qui s'y donne et vise à dé
truire toute croyance aux vérités que
l'aumonier enseigne.
Nous lisons dans la Paix :
M. Noblemaire, directeur de la Gompa-
pagnie des chemins de fer de Paris-Lyon
Méditerranée, vient d'adresser à M. Yves
Gayot, ministre des travaux publics, une
lettre officielle lui demandant de modifier,
en faveur des agents des gares, l'arrêté mi
nistériel du 12 juin 1886, réglant le service,
intérieur de la Compagnie, afin de per
mettre la fermeture des gares de petite
vitesse, dites gares des marchandises, les
dimanches et jours fériés.
Ainsi se trouve confirmée officielle
ment une nouvelle dont nous avions
déjà parlé.
C'est avec une grande joie qu'elle
sera accueillie par tous les catholiques
en même temps que par les intéres
sés, car ici la question est double, et il
y va du respect de la loi du Dimanche
comme du repos des malheureux em
ployés qui pourront du moins donner
ainsi quelques heures par semaines
aux joies de la vie religieuse et de la
vie de famille.
Il faut donc féliciter M. Noblemaire
de sa chrétienne initiative. Mais nous
ne saurions oublier qu'elle répond aus
préoccupationsses, se sont fait jour dans les assem
blées d'actionnaires des diverses corn*
pagnies et dont MM. le comte Yverfc
et le baron Tristan Lambert ont été
souvent les vibrants échos.
Ajoutons que ce premier succès d®
la campagne entreprise doit d'autant
plus encourager à la poursuivre sans
relâche, jusqu'à l'obtention complète
des demandes si légitimes qu'en sont
l'objet. Dans quelques semaines un
congrès international aura lieu à Pa
ris, qui aura précisément pour but
l'étude des moyens à prendre pour ar
river en tous pays à l'observance d'un
jour de repos par semaine, non moins
nécessaire au point de vue physique
qu'au point de vue moral. Les catho-,
liques, encore plus que les économis
tes, parce que leurs motifs sont plus
haut, auront à cœur de tout faire pour
hâter le trioœphe de ces revendica-
tions.
Auguste Roussel.
M. AHain-Targé écrit, à la date du
21 août 1889, qu'il ne veut pa3 poser
sa candidature aux prochaines élec
tions. Sa lettre, dit la Petite Républi
que, est mieux qu'une banale excusa
pour motif de santé ou autre. Dans la
langue violente mais expressive du
peuple, on pourrait la résumer ainsi ;
J'en ai assez, ça me dégoûte !
Un extrait pour en juger :
Je ne veux pas parler de la conduite d®
nos affaires extérieures. Nous avons "pris
l'habitude de garder sur ce sujet, dans iios
luttes électorales, une patriotique réserve.
Mais, pour demeurer dans le domaine
où la discussion est sans inconvénients,
il me sera permis 4a eoustatsr que
beaucoup des réformes réclamées dans 'nos
anciens programmes ont été remplacées par
une distribution de places nombreuses et
plus ou moins lucratives à un nouveau per
sonnel de fonctionnaires; et vous avouerez
qu'on vous eût bien étonnés jadis ea vqï U
annonçant que nous choisirions, pour noua
en faire un rempart et pour nous jàéfèndre
contre les agitateurs oivila où militaires, te
Constitution de 1875 e'„ 'iq scrutin d'arron
dissement.
YCnà des aveux significatifs et la
plupart des feuilles républicaines s'en
montrent singulièrement embarras*
sées.
Les modernes bastilles
On n'ignore pas qu'il existe dans
un coin abandonné de l'Exposition un
fac-similé en carton-pierre, grandeur
naturelle, de l'ancienne Bastille. Après
avoir constaté que « ce n'était que
cela », le public a cherché ailleurs da
quoi se distraire. Il y a, dans les bâti
ments du Champ-de-Mars, une autre
exposition dont la, fumisterie n'est
pas médiocre : celle de l'administra
tion pénitentiaire. On y voit la paille
humide sur laquelle les condamnés de
jadis_ aux peines perpétuelles « pour
rissaient» pendant vingt et trente ans,
et on admire avec attendrissement la.
condition du moderne réclusionnaire,
plus tranquille et plus heureux qu'un
rentier.
t Or, voici qu'au beau milieu de ia,
fête, par une inconcevable maladïesse
le Rulletin municipal officiel de la villa
de Paris publie le rapport 3e la com
mission d'hygiène au. préfet de police
sur les pmons construites dans l'in
térieur de Paris. Nous aurions trop
beau jeu en choisissant parmi les plus
anciennes et ce serait prêter le flanc
FEUILLETON DE L 'UNIVERS
du 23 août 1889
REVUE AGRICOLE
L'administration. — Le «uivre dans la vin. —
Dangers dans les champs de feir». — Le con
cours international d'animaux reproducteurs.
Produire d'abondantes récoltes, remplir
ses étables d'un nombreux et beau bétail,
c'est quelque chose assurément, mais ce
n'est pas assez pour faire de bonne agricul
ture. Une agriculture vraiment bonne doit
avoir pour résultat final un profit pécu
niaire ; elle doit payer tous les frais de la
culture, amortir les capitaux qui ont été en
gagés en améliorations et laisser au pro
priétaire du sol et au fermier un bénéfice
raisonnable. Toute culture qui n'atteint pas
à ee but est incapable de se soutenir, elle
ji'est pas durable, donc elle est mauvaise.
four arriver au succès financier, la
sciencS agricole ne suffit pas, lors même
qu'elle est j'opte à l'art agricole; un sys-
èaae de culture savâ^!} 111 ® 11 ^ combiné,
travaux très bien exécutés, ù » bétail bien
ehoisi et bien soigné, sont à eux seuls im
puissants pour assurer le succès : il faut y
joindra une bonne administration. Souvent
des lauréats de concours et même de pri
mes d'honneur font de très mauvaises af
faires, tandis que de simples cultivateurs
illettrés parviennent à payer leurs fermages,
& élever leur famille et quelquefois, je ne
dirai pas à faire fortune, car oela ne se voit
guères £2 agriculture, — mais du moins &
amasser des économies.
Parmi les lauréats da concours dont nous
parlons, plusieurs au moins possédaient la
science et l'art.tandis que les cultivateurs
ne connaissent que la tradition. Faut-il en
conclure que la tradition, c'est-à-dire la
routine, est supérieure à la science? Non,
assurément. Il faut en conclure tout simple
ment que la science seule est insuffisante.
Un agriculteur instruit échouera s'il n'est
pas bon administrateur tandis qu'un culti
vateur ignorant se tire d'affaire s'il admi
nistre bien ; ceci démontre la très grande
part de l'administration dans le succès
d'une entreprise agricole.
Pour être bon administrateur la science
n'est point indispensable, mais il faut un
esprit droit, une certaine expérience et
beaucoup d'application. Il semble au pre
mier coup d'œil que l'administration d'une
ferme doit être bien simple ; mais, pour,
peu que l'on en vienne à étudier les dé
tails, on résonnait que cette administration
est très compliquée et souvent plus difficile
que celle d'une usine beaucoup plus impor
tante.
g'est pas ici I? liai (fe faire ôp. «roaps
complet d'administration agricole ; nous
nous bornerons à donner une idée des dif
ficultés que l'on y rencontre.
Commençons par le personnel. La pre
mière chose à faire, c'est évidemment de
le recruter, et ce n'est pas précisément fa
cile : on trouve encore sans trop de peine
des valets, et des servantes de ferme, mais
il faut en trouver qui n'aient pas de défauts
trop graves. Dans une manufacture on peut
congédier quand on veut l'ouvrier dont on
n'est pas satisfait, tandis que les engage
ments agricoles se font ordinairement &
l'année et l'on ne peut rompre le contrat
que dans des cas tout à fait exceptionnels.
Un bon recrutement est donc de grande
importance ; il vaut mieux payer un peu
cher et s'assurer un personnel de choix. On
ne peut obtenir d'un homme un bon service
que quand il tient à sa place et il n'y tient
que quand il est bien payé.
Lorsqu'on a recruté son personnel, il
faut songer à le nourrir convenablement,
eu égard aux usages du pays, mais sans
prodigalité. Le gaspillage est fréquent en
cette matière et il faut beaucoup de sur
veillance pour l'empêcher.
La dépense de main d'oeuvre est tou
jours trèe grande dans une ferme, par con
séquent le bon emploi du temps a une im
portance eapitale. Des ouvriers peuvent
mal employer leur temps soit en travaillant
avec une lenteur extrême, soit en bavar
dant ou en se reposant plus que de raison.
Le maître de son côté peut mal employer
sa main d'oauvra en faisant faire des tra
vaux dont le résultat se remboursera pagy
la dépense, et ce cas e9t fréquent, ou en
core en manquant d'habileté dans la distri
bution de son personnel, ce qui occasionne
du temps perdu et de fausses manœuvres.
Pour faire un bon emploi de la main
d'oeuvre, une surveillance incessante ne
suffit pas ; il faut bien connaître le travail,
car un ouvrier peut travailler tonte la jour
née sans perdre un instant, et malgré cela
ne produire que peu de résultat utile. En
agriculture les travaux n'exigent pas en
général une perfection minutisuse ; il faut
surtout faire vite et le talent de l'agricul
teur consiste à saisir lé point précis au-delà
duquel l'augmentation de travail ne serait
p«s payée par le supplément do récolte qui
en proviendrait. Ce point varie suivant les
circonstances locales.
La consommation des fourrages, des
pailles, de l'avoine et des aliments supplé
mentaires que l'on distribue aux bestiaux,
peut aussi donner lieu à un gaspillage con
sidérable. Les vafets et servantes de ferme
sont toujours disposés à nourrir très abon
damment les animaux qu'ils soignent; sans
doute, c'est un mauvais système de mal
nourrir, mais il ne faut pas non plus tom
ber dans l'excès contraire.
L'entretien du matériel forme une dé
pense sérieuse qui peut être augmentée
dans une proportion considérable si l'on
n'y prend pas garde. Les valets do ferme
sont en général peu soigneux ; ils laissent
volontiers les instruments exposés * 'm
pluie pendant des ssiûaines ôntières, de là
une usure rapide et des réparations nom-
reuses, Des outils, des pièces do harnais
sont aisément perdus ou détériorés faute
d'ordre. Les réparations elles-mêmes peu
vent être faites d'une façon trop coûteuse.
Ce que nous venons de dire se rapporte
à l'ordre intérieur de la ferme ; nous ne
pouvons nous dispenser de dire aussi un
mot des relations extérieures, c'est-à-dire
des achats et des ventes. Les achats ont
une importance capitale dans les fermes où
l'on s'occupe beaucoup d'engraissement ; si
l'on achète cher des animaux de qualité in
férieure, l'engraissement ne donnera jamais
de profit. La vente des produits a toujours
une grande influence sur les résultats finan
ciers.
Tout le monde ne sait pas bien acheter
et bien vendre. On rencontre souvent des
cultivateurs qui ne savent pas se rendre
compte de la valeur précise da leur mar
chandise ; ils en demandent généralemenl
un prix trop élevé qui éloigne les acheteurs,
puis ils, te trouvent forcés de vendre à vil
prix.
Pour traiter à fond la question de l'ad
ministration d'une ferme et en traGer les
règles, il faudrait éarire un volume alors
que nous devons nous borner à quelques
lignes. Nous pensons en avoir dit assez
pour atteindre notre but, c'est-à-dire pour
faire comprendre l'influence prépondérante
de l'administration sur le suççès de l'entre
prise.
Q.1 n'apprend guère que par la pratique
l'art do bien administrer ; l'enseignement
peut faciliter beaucoup l'acquisition de l'ex
périence, mais il ne saurait ea tenir lieu et
■v, n'est pas sans intérêt de remarquer que
très peu d'auteurs ont écrit sur- celte ma
tière, cependant si importante.
Le petit cultivateur possède un double
avantage à cet égard : il fait par lui-même
ou par les membres de sa famille presque
tous les travaux ou du moins les plus im
portants, ce qui simplifie beaucoup les dif
ficultés de l'administration. En outre, il est
toujours fiis de cultivateur et par consé
quent il a un long enssignement pratique.
Malgré cela on rencontre assez souvent da
petits cultivateurs qui ne savent pas admi
nistrer et qui se ruinent.
On ne doit dono pas s'étonner qu'un pro
priétaire cultivant ses terres en amateur
ne^ donnant à la direction de sa culture
qu'un temps assez court, qu'une attention
distraite par les relations du monde, na
parvienne que rarement à un succès d'ar-
gent, alors même qu'il possède dconnaissance agricoles, ce qui déjà n'est
pas commun.
LE CUIVRÉ DANS LE VIN
Pour combattre diverses maladies de la
Vigne (le mildew et le black-rqt), on em
ploie aujourd hui do grandça quantités da
sulfate de enivre sous forme d'eau céleste
ou de bouillie bordelaise. On s'est demandé
non sans ra'.son si le cuivre ainsi répanàa
en quantité assez notable sur les feuViles da
la vigne et même sur les grap^a ( net sera,
trouve pas dans le vin en proportion suffi
sante pour exercer une influence fâcheuse
sur la santé. Les sels de cuivre sont ea
effet tous des poisons très violents et ila
peuvent être visibles même à trèsj fai»
N* 7907 Edition qaèiidleu&s
Lundi 26 Août Ï&S9
fêSKÊgmasîgsssa®
®BS5®î$K^|
m mu «m ■
iSaiTION QPQTI PIEKNS
PARIS ÉTKANOER
M DfcMMSlOttH» (SKIOK PQgXAÙk
G* an. . : . . SS » 68 »
Sis mois. . . . 23 80 34 a
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UN NUMÉRO { Dé^tVmekte! Il ^
BUREAUX : Paris, 10, ras des Saints-Pères
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Un an. . . . 30 s 38 i
Six mois. . t . 16 » 19 »
Trois mois. . . 8 50 10 »
Les abonnements partent des f " et 16 de chaque ue^
l'UKIYERS ne répond pas des manuscrits qui loi sont adressât
ANNONCES
UM. Ch. LÀGRANGE, CERF et C Ie , 6, place do la Bourse
!S6$illStSSK8S5à8^^
FRANCE
PARIS. 25 AOUT 1889
d'est mercredi, décidément, dans le
conseil des ministres tenu à Fontaine
bleau, que sera fixée la date des élec
tions. Le gouvernement resta à ce su
jet très hésitant, car il ne sait si huit
jours de plus ou de moins seront fa
vorables à son triompha. M. Cons-
tans, dans un moment d'humeur au
rait dit qu'il ne pouvait mener les
choses à sa guise, ne pouvant compter
absolument que sur l'intelligence et
la résolution de dix préfets. Le propos
n'a probablement pas été tenu, du
moins sous cette forme, mais le seul
fait qu'on le colporte est l'indice pour
le gouvernement d'une situation qui
n'est pas des plus brillantes.
En attendant, les ministres se re
muent de leur mieux pour préparer
les voies aux candidats officiels. M.
Rouvier, par exemple, est accusé, pour
sa part, d'avoir depuis moinsdequinze
jours, accordé plus de quatre-vingt
bureaux de tabac dans les divers dé
partements. Et nous ne sommes pas
encore dans la période électorale 1
L q Journal officiel vient de publier le
rapport adressé au président de la Ré
publique par le garde des sceaux sur
l'administration de la justice civile et
commerciale pendant l'année 1887.
Ce rapport appelle l'attention sur un
fait grave, à savoir la lenteur regret
tables avec laquelle se rend la jus
tice. Ainsi, au 31 décembre 1887,
45,088 causes attendaient leur juge
ment.
Sur ces causes, il yen avait 18,875
inscrites au rôle depuis moins de trois
mois, 10,445 étaient inscrites au rôle
depuis moins de trois à six mois, 8,990
affaires l'étaient depuis six à douze
•mois. Enfin, 6,778 procès, soit «quinze
pour cent » de l'arriéré, restaient en
suspens depuis plus d'un anl
Aux cours d'appel, les retards sont
encore plus longs : sur 8,058 affaires
restées indécises à la fin de l'année,
3,182 causes attendaient depuis moins
de trois mois ; pour 3,108 affaires, l'é
poque de l'inscription variait de trois
moi» à un an. Enfin, pour 1,778 cau
ses, soit 22 0/0, l'attente du jugement
dépassait un an.
Et ce qu'il y a de piquant, c'est que
le .ministre qui signale, justement
d'ailleurs, ces lenteurs déplorables,
donne lui-même la preuve du peu
d'activité de ses bureaux, puisqu'au
lieu du rapport sur l'exercice 188», qui
devrait être prêt, nous n'avons que
"■celui de l'exercice 1887.
S'il faut en croire le Parti National,
- J'Italie ayant besoin d'argent pour
ouvrir et poursuivre ses préparatifs
militaires contre la France, voudrait
recourir à un emprunt de 180 millions.
Mais, p^ur comble d'impudence, c'est
en Francô même qu'elle voudrait en
faire le placement. Le Parti national
dénonce hautement le baron Erlanger
comme s'étant prêté . à cette mons
trueuse opération. « C'éft liii, dit tex
tuellement le Parti Natioûdl , c est lui
qui, grâce à la complaisance du gou
vernement, qui aurait dû vingt fois le
faire reconduire à la frontière, s'est
chargé de placer en France les cent
quatre-vingt millions dont l'Italie a
bes»in pour nous combattre. On
avait bien un instant songé au
marché de Berlin, mais on est gor
gé là-bas de valeurs italiennes, au
point d'en crever. C'est donc sur le
marché de Paris qu'on a tendu ses
filets. Mais comme un emprunt pu
blic aurait donné l'éveil, comme il au
rait été mis en morceaux par la presse
française indignée. M. von Erlanger
et son syndicat cherchent à l'écouler
tout doucement, à la sourdine, sous
le manteau de la cheminée, entre les
mains des capitalistes crédules qui ne
soupçonnent pas le piège. »
Il va sans dire que nous laissons au
Parti National la responsabilité de cette
grave nouvelle, mais quand de tels
faits sont énoncés publiquement, ils
doivent être éclaircis.
A propos des rumeurs qui ont couru
sur l'entrée de l'Espagne dans la triple
alliance, Y Impartial dément ce bruit.
L'Espagne,dit-il,désire la paix afin d'é
viter une guerre terrible entre les deux
plus puissants Etats du monde, mais
ce désir même ne doit pas la faire
pencher d'un côté plutôt que de l'au
tre.
Le journal termine en déclarant que
la considération de l'Espagne pour les
Etats de la triple alliance ne doit pas
la rendre ennemie de la France, l'aî
née de la race latine, à laquelle l'Es
pagne est unie par des liens spirituels
et matériels si puissants.
En Angleterre l'opinion est toujours
occupée des manœuvres navales qui
se poursuivent sans trop d'accidents.
Le torpilleur qu'on croyait perdu sur
les côtes d'Irlande est rentré au port,
avarié, mais ayant son équipage sain
et sauf.
Le Times se montre très enthousiaste
dé ces manœuvres qui attestent l'ex
cellence des marins anglais et la qua
lité du matériel de la flotte et qui se
poursuivent par tous les ans. — Cela
lui paraît autaement sérieux que les
manœuvres navales françaises où les
marins n'ont qu'une idée, c'est d'évi
ter les abordages.
Ces excellents voisins ne peuvent se
passer de la vieille habitude de tout
rapporter à nous. Car le Standard,
moins optimiste que le Times , vient de
déclarer, pour justifier le rapproche
ment entre l'Angleterre et l'Allema
gne, que la France a « une armée
formidable, une marine formidable »
— et qu'on a le droit d'être peu
rassuré sur l'usage qu'une crise poli
tique changeante peut, du jour au len
demain, faire de « ces armes dange
reuses ».
L'empereur d'Allemagne est rentré
dans ses anciens Etats. En Westpha-
lie, à Munster, il a prononcé un toast
assez belliqueux qu'on trouvera plus
loin. II a en outre fait savoir au gou
verneur d'Alsace-Lorraine que ces pro
vinces étaient une terre allemande,
attachée pour toujours à la patrie al-
lemande. Sire, l'avenir est à Dieu !
L'Encyclique Quanquam pluries
ET
LA PRIÈRE EN france
Une fois encore, dans le langage le
plus émouvant, le Vicaire de Jésus-
Christ vient d'appeler la grande fa
mille catholique à la prière. Nous ne
venons pas affaiblir, en la commen
tant, la parole de Léon XIII.
Mais, en France, une indication
s'impose. La prière publique et univer
selle & la Vierge du Rosaire et à saint
Joseph a été fixée par le Pape au mois
d'octobre. Or, chez nous, le 1" octobre,
les élections seront faites ou sur le
point de se faire.
Quoiqu'il en soit de la théorie du
suffrage, les élections seront pour le
pays un fait d'une importance excep
tionnelle.
Si la bande noire des francs-maçons
réussit, à force de violences et de frau
des, à se maintenir au pouvoir, la per
sécution religieuse redoublera d'in
tensité, la fortune et l'honneur du pays
achèveront de sombrer.
Si la majorité est « révisionniste »,
ce sera un grand soulagement ; mais
cette majorité honnête et patriote aura
à résoudre plus d'un épineux problè
me, et l'assistance divine lui sera bien
nécessaire.
Or,nous ne sommes assurés de rien.
On espère sans doute que la popula
tion secouera le joug des insolents
goujats qui, foulant aux pieds le droit
qu'a tout citoyen de voter au mieux des
intérêts du pays, déclarent traitre tout
serviteur de la France qui ne fera pas
de la propagande pour les sous-Gons-
tans et sous-Thèvenet, candidats de la
république, seuls candidats.
Nous l'espérons nous-même, mais à
une condition, c'est que pour triom
pher d'une secte qui a pour lien la
haine de Dieu , l'outrage à Dieu dans le
prêtre, dans l'enfant, dans le malade
des hôpitaux, le blasphème s'épan-
chant par la plume, par la parole, par
le pinceau, par tous les moyens, les
vrais Français, se souvenant de leur
baptême, réclameront contre les sup
pôts de l'enfer la protection d'en-haut,
et imploreront à genoux le Père Tout-
Puissant, Notre Seigneur Jésus-Christ,
Sauveur et Maître des nations, Marie
et Joseph, nos secourables interces
seurs devant Dieu.
« Aide-toi, le ciel t'aidera ». Le
proverbe est bon. Il faut des' comités,
des réunions, de la propagande, de
l'entente, de généreux sacrifices d'ar
gent, de la vigilance, de l'habileté, de
l'énergie. Le devoir électoral est ac
tuellement d'une gravité exception
nelle ; quoiqu'il en coûte, il doit être
consciencieusement rempli. Voter
pour un candidat de la bande noire,
ou s'abstenir seulement,serait au point
de vue religieux une apostasie, au
point de vue politique une félonie.
Les plus aveugles aujourd'hui ne peu
vent ignorer dans quelle boue d'im
piété et de corruption la maçonnerie
s'applique à étouffer la France. Les
masques sont tombés et les Français
les plus épris de la forme républicaine
doivent comprendre que, si on peut
légitimement la préférer à un autre
système de gouvernement, ce n'est
pas en la laissant dans de telles mains.
Il faut qu'on aille à (ces élections,
contre des athées tombés plus bas que
les musulmans — qui respectent en
core le nom d'Allah! — comme à une
croisade pour Dieu d'abord, pour Dieu,
roi éternel et bienfaiteur de la patrie,
et pour cette patrie, menacée de tous
les maux, depuis que Dieu en a été
officiellement exilé !
Ce n'est pas seulement le respeet des
consciences qui est en cause, c'est le
Respect de Dieu.
L'un des groupes de candidats res
pectera les consciences et, sauf au
camp boulangiste où fleurit générale
ment la libre-pensée, donne aux élec
teurs le gage le plus sûr de son honnê
teté; il respecte Dieu.
Le groupe opposé, le groupe maçon-'
nique, se réclame de Voltaire, de Di
derot, de Rabelais, de Dolet, de tous
les contempleurs et blasphémateurs de
Jésus-Christ ; ce groupe a éconduit le
Grand Architecte de l'Univers ; il prati
que avec orgueil l'enfouissement civil;
il couronne le divorce de fleurs d'oran
ger, il vole les prêtres, chasse le3 reli
gieux de leur maison, outrage le Dieu
de l'Eucharistie en mettant les scellés
sur sa demeure, parque les enfants de
la France catholique dans des bouges
sans crucifix, et pour dernier exploit,
impose au clergé l'obligation de la ca
serne, de vingt et un ans à quarante-
cinq ans. Ne respectant pas Dieu, il ne
respecte rien. C est fatal, et ce serait
simplicité puérile que de s'en étonner.
L'Etat sans Dieu, c'est l'Etat Dieu, ou
l'arbitraire absolu des singes vêtus qui
ont réussi à être le gouvernement.
Inutilement les sages du libéralisme
veulent reléguer la question religieuse
au second ou au dixième plan ; elle
s'impose.
D'un côté, des croyants ; de l'autre
de3 athées.
Si, échappant aux mensonges dont
les ennemis de Dieu l'ont savamment
enveloppée, la Frauce chrétienne
chasse au palais législatif les impies
qui s'acharnent à la déchristianiser
pour l'exploiter, crie vers Dieu et par
son vote déclare qu'elle veut rentrer
dans les voies de la justice et de la
charité évangéliques, le salut devien
dra facile.
Si une majorité apostate l'aban
donne au joug du Grand-Orient et à
suppôts, l'heure des grands châti
ments ne tardera pas à sonner.
Que faut il donc?
Il faut que dès maintenant la France
chrétienne, devançant le temps mar
qué par Léon XIII pour les autres na
tions, se mette en prières.
Mieux encore que les chassepots de
Mentana, les chapelets des femmes de
Lannemezan ont fait merveille, lors
des élections départementales.
Le candidat de Notre-Dame de Lour
des n'a pas eu moins de succès dans
les Basses-Pyrennées, que celui qu'on
appelait, par une stupide dérision, en
Seine-et-Marne, « le candidat de Jésus-
Christ. »
Demandons au ciel, le chapelet à la
main, pendant le mois de Notre-Dame
de Septembre le succès des candidats
qui, seuls, peuvent et doivent repré
senter la France catholique, le succès
des candidats catholiques.
Certes, uneneuvaine de prières sera
bien placée du 31 août au 8 septembre
ou encore du 21 au 29 septembre.
Le 31 août est la fête de saint Ray
mond, le rédempteur des captifs ; la
France n'est-ellé pas captive ?
Le 8 septembre est le jour anniver
saire de la Nativité de Marie, qui ap
porta la joie à tout l'univers; pour la
France, quelle joie plus grande que
celle d'être délivrée par celle dont elle
est le royaume privilégié ?
Le 21 septembre l'Eglise honore saint
Mathieu, apôtre etévangéliste ; il nous
faut revenir à la loi de l'Evangile, rè
gle de toutes les justes lois.
Le 29 septembre, nous honorons
saint Michel, chef de tous les anges
protecteurs, protecteur spécial de la
France vainqueur des hordes satani-
ques.
Et plaise au ciel que les femmes de
France ne soient pas seules à réciter
le rosaire I C'est la prière de tous.
L'illustre Récamier en faisait plus de
cas que des plus savantes prépara
tions pharmaceutiques; M. Chevreul
le récitait chaque jour.
Le héros de Solférino et de Patay,
le général de Sonis savait goûter la
plus simple et la plus suave des priè
res catholiques. Léon XIII, octogé
naire et chargé de sollicitudes innom
brables récite et médite tous les soirs
le rosaire en entier. Et que d'autres
exemples illustres il serait facile de
citer ! C'est à tous que la Vierge Im
maculée montrait naguère le chape
let comme le moyen toujours efficace
de fléchir la justice divine.
Que les malheureux enfoncés dans
la vie de la brute se gaussent de nos
prières en général et de nos chapelets
en particulier, rien de plus naturel.
Animalis homo non percipit, disait saint
Paul. Mais que les catholiques de
France, à l'heure où nous sommes,
négligeassent le devoir de la prière,
ce serait aussi effrayant que lamen
table.
Prions ^ comme nous le devons,
prions, faisons pénitence, multiplions
nos aumônes pendant le mois de sep
tembre; si nous le faisons bien, la
prière du mois d'octobre sera le can
tique d'action de grâce pour la déli
vrance.
Durant cette saison, tous les sanc
tuaires où s'affirme plus spécialement
la bonté de la Reine des cieux, Notre-
Dame des Victoires, la Salette, Lourdes,
Issoudun, le Puy, Fourvières, La
Garde, et cent autres, le 8 septembre
surtout, regorgeront de pèlerins. Ce
jour-là, et jusqu'aux élections, tous
les titres que la confiance popu
laire donne à Marie: Notre-Dame de
Pitié, Notre-Dame de Miséricorde,
Notre-Dame d'Espérance, Notre-Dame
du Sacré-Cœur tous ces titres se fon
dront, dans la prière des foules, en
un grand cri patriotique :
Notre-Dame de France, priez pour nous !
D.
Enseignement universitaire
Nous citions l'autre jour, d'après
l'Aquitaine, de Bordeaux/un discours
inconvenant prononcé par un univer
sitaire, qui présidait en cette ville la
distribution des prix du. lycée de
filles. •
Voici, ce que nous lisons aujour
d'hui en tete de la Semaine religieuse
du diocèse de Quimper.
Le discours prononcé par M. V..., le 30
juillet, à la distribution des prix du lycée
de Quimper, a été une occasion de scan
dale. Le journal le Finistère en a retardé la
publication jusqu'au 14 août. Il est facile
de constater que dans l'intervalle, Je texte
a subi des retouches. Mai3 tel qu'il a été
livré au public, ni les atténuations dans les
nuances, ni les suppressions faites à pro
pos, ne lui ont enlevé le caractère odieux
qu'il tient de la" nature des circonstances
et du fond des choses : celui d'une insulte
gratuite faite à notre foi et à nos sentiments
de chrétiens.
Que l'orateur du lycée ait célébré les mé
rites de l'université, on le comprend sans
peine, mais que ce soit au détriment de
l'honneur des écoles rivales, au moyen
d'un contraste habilement ménagé, pour
mettre une auréole de gloire au front de
l'une, et imprimer aux autres un stigmate
flétrissant... c'est là une audacieuse viola
tion des droits de la vérité-et de la justice.
On comprend que, lancé sur cette pente,
M. V... ait été amené & formuler la reli
gion de son choix, à opposer sa profession
de déisme comme une réponse triomphante
au reproche d'impiété et, dans un blasphè
me, que nous ne reproduirons pas, à signa
ler comme un objet d'horreur la divine
Victime du Calvaire et la sainte Eglise qui
continue sa mission ici bas.
Ce langage, sans doute, n'est qu'un écho
des lieux communs que la libre pensée
verse tous les jours dans le courant de la
publicité ; mais sur les lèvres d'un éduca
teur de la jeunesse, dans le plein éclat
d'une fête scolaire, en face d'une assis
tance choisie, il a une gravité que per
sonne ne paut méconnaître : il a la pré
tention d'être un programme d'éducation
nsuvelle au rebours de tous les principes
de la religion chrétienne.
Gardienne delà foi et des mœurs dans
le diocèse, l'autorité ecclésiastique a le do-
voir impérieux d'intervenir dans la circons
tance et de crier aux familles : Vous voyez
le péril ; sauvez les âmes de vos enfants !
Il est clair que si ces tristes exem
ples passent à l'état chronique. N.N.
S.S. les évêques seront amenés à pren
dre des mesures de préservation et,en
premier lieu, à supprimer dans les
collèges et lycées le poste d'aumônier
dont la présence, en ces conditions,
ne serait plus pour les familles qu'un
trompe-l'œil masquant, dans l'intérêt
du recrutement des maisons d'éduca
tion universitaire, le détestable ensei
gnement qui s'y donne et vise à dé
truire toute croyance aux vérités que
l'aumonier enseigne.
Nous lisons dans la Paix :
M. Noblemaire, directeur de la Gompa-
pagnie des chemins de fer de Paris-Lyon
Méditerranée, vient d'adresser à M. Yves
Gayot, ministre des travaux publics, une
lettre officielle lui demandant de modifier,
en faveur des agents des gares, l'arrêté mi
nistériel du 12 juin 1886, réglant le service,
intérieur de la Compagnie, afin de per
mettre la fermeture des gares de petite
vitesse, dites gares des marchandises, les
dimanches et jours fériés.
Ainsi se trouve confirmée officielle
ment une nouvelle dont nous avions
déjà parlé.
C'est avec une grande joie qu'elle
sera accueillie par tous les catholiques
en même temps que par les intéres
sés, car ici la question est double, et il
y va du respect de la loi du Dimanche
comme du repos des malheureux em
ployés qui pourront du moins donner
ainsi quelques heures par semaines
aux joies de la vie religieuse et de la
vie de famille.
Il faut donc féliciter M. Noblemaire
de sa chrétienne initiative. Mais nous
ne saurions oublier qu'elle répond aus
préoccupations
blées d'actionnaires des diverses corn*
pagnies et dont MM. le comte Yverfc
et le baron Tristan Lambert ont été
souvent les vibrants échos.
Ajoutons que ce premier succès d®
la campagne entreprise doit d'autant
plus encourager à la poursuivre sans
relâche, jusqu'à l'obtention complète
des demandes si légitimes qu'en sont
l'objet. Dans quelques semaines un
congrès international aura lieu à Pa
ris, qui aura précisément pour but
l'étude des moyens à prendre pour ar
river en tous pays à l'observance d'un
jour de repos par semaine, non moins
nécessaire au point de vue physique
qu'au point de vue moral. Les catho-,
liques, encore plus que les économis
tes, parce que leurs motifs sont plus
haut, auront à cœur de tout faire pour
hâter le trioœphe de ces revendica-
tions.
Auguste Roussel.
M. AHain-Targé écrit, à la date du
21 août 1889, qu'il ne veut pa3 poser
sa candidature aux prochaines élec
tions. Sa lettre, dit la Petite Républi
que, est mieux qu'une banale excusa
pour motif de santé ou autre. Dans la
langue violente mais expressive du
peuple, on pourrait la résumer ainsi ;
J'en ai assez, ça me dégoûte !
Un extrait pour en juger :
Je ne veux pas parler de la conduite d®
nos affaires extérieures. Nous avons "pris
l'habitude de garder sur ce sujet, dans iios
luttes électorales, une patriotique réserve.
Mais, pour demeurer dans le domaine
où la discussion est sans inconvénients,
il me sera permis 4a eoustatsr que
beaucoup des réformes réclamées dans 'nos
anciens programmes ont été remplacées par
une distribution de places nombreuses et
plus ou moins lucratives à un nouveau per
sonnel de fonctionnaires; et vous avouerez
qu'on vous eût bien étonnés jadis ea vqï U
annonçant que nous choisirions, pour noua
en faire un rempart et pour nous jàéfèndre
contre les agitateurs oivila où militaires, te
Constitution de 1875 e'„ 'iq scrutin d'arron
dissement.
YCnà des aveux significatifs et la
plupart des feuilles républicaines s'en
montrent singulièrement embarras*
sées.
Les modernes bastilles
On n'ignore pas qu'il existe dans
un coin abandonné de l'Exposition un
fac-similé en carton-pierre, grandeur
naturelle, de l'ancienne Bastille. Après
avoir constaté que « ce n'était que
cela », le public a cherché ailleurs da
quoi se distraire. Il y a, dans les bâti
ments du Champ-de-Mars, une autre
exposition dont la, fumisterie n'est
pas médiocre : celle de l'administra
tion pénitentiaire. On y voit la paille
humide sur laquelle les condamnés de
jadis_ aux peines perpétuelles « pour
rissaient» pendant vingt et trente ans,
et on admire avec attendrissement la.
condition du moderne réclusionnaire,
plus tranquille et plus heureux qu'un
rentier.
t Or, voici qu'au beau milieu de ia,
fête, par une inconcevable maladïesse
le Rulletin municipal officiel de la villa
de Paris publie le rapport 3e la com
mission d'hygiène au. préfet de police
sur les pmons construites dans l'in
térieur de Paris. Nous aurions trop
beau jeu en choisissant parmi les plus
anciennes et ce serait prêter le flanc
FEUILLETON DE L 'UNIVERS
du 23 août 1889
REVUE AGRICOLE
L'administration. — Le «uivre dans la vin. —
Dangers dans les champs de feir». — Le con
cours international d'animaux reproducteurs.
Produire d'abondantes récoltes, remplir
ses étables d'un nombreux et beau bétail,
c'est quelque chose assurément, mais ce
n'est pas assez pour faire de bonne agricul
ture. Une agriculture vraiment bonne doit
avoir pour résultat final un profit pécu
niaire ; elle doit payer tous les frais de la
culture, amortir les capitaux qui ont été en
gagés en améliorations et laisser au pro
priétaire du sol et au fermier un bénéfice
raisonnable. Toute culture qui n'atteint pas
à ee but est incapable de se soutenir, elle
ji'est pas durable, donc elle est mauvaise.
four arriver au succès financier, la
sciencS agricole ne suffit pas, lors même
qu'elle est j'opte à l'art agricole; un sys-
èaae de culture savâ^!} 111 ® 11 ^ combiné,
travaux très bien exécutés, ù » bétail bien
ehoisi et bien soigné, sont à eux seuls im
puissants pour assurer le succès : il faut y
joindra une bonne administration. Souvent
des lauréats de concours et même de pri
mes d'honneur font de très mauvaises af
faires, tandis que de simples cultivateurs
illettrés parviennent à payer leurs fermages,
& élever leur famille et quelquefois, je ne
dirai pas à faire fortune, car oela ne se voit
guères £2 agriculture, — mais du moins &
amasser des économies.
Parmi les lauréats da concours dont nous
parlons, plusieurs au moins possédaient la
science et l'art.tandis que les cultivateurs
ne connaissent que la tradition. Faut-il en
conclure que la tradition, c'est-à-dire la
routine, est supérieure à la science? Non,
assurément. Il faut en conclure tout simple
ment que la science seule est insuffisante.
Un agriculteur instruit échouera s'il n'est
pas bon administrateur tandis qu'un culti
vateur ignorant se tire d'affaire s'il admi
nistre bien ; ceci démontre la très grande
part de l'administration dans le succès
d'une entreprise agricole.
Pour être bon administrateur la science
n'est point indispensable, mais il faut un
esprit droit, une certaine expérience et
beaucoup d'application. Il semble au pre
mier coup d'œil que l'administration d'une
ferme doit être bien simple ; mais, pour,
peu que l'on en vienne à étudier les dé
tails, on résonnait que cette administration
est très compliquée et souvent plus difficile
que celle d'une usine beaucoup plus impor
tante.
g'est pas ici I? liai (fe faire ôp. «roaps
complet d'administration agricole ; nous
nous bornerons à donner une idée des dif
ficultés que l'on y rencontre.
Commençons par le personnel. La pre
mière chose à faire, c'est évidemment de
le recruter, et ce n'est pas précisément fa
cile : on trouve encore sans trop de peine
des valets, et des servantes de ferme, mais
il faut en trouver qui n'aient pas de défauts
trop graves. Dans une manufacture on peut
congédier quand on veut l'ouvrier dont on
n'est pas satisfait, tandis que les engage
ments agricoles se font ordinairement &
l'année et l'on ne peut rompre le contrat
que dans des cas tout à fait exceptionnels.
Un bon recrutement est donc de grande
importance ; il vaut mieux payer un peu
cher et s'assurer un personnel de choix. On
ne peut obtenir d'un homme un bon service
que quand il tient à sa place et il n'y tient
que quand il est bien payé.
Lorsqu'on a recruté son personnel, il
faut songer à le nourrir convenablement,
eu égard aux usages du pays, mais sans
prodigalité. Le gaspillage est fréquent en
cette matière et il faut beaucoup de sur
veillance pour l'empêcher.
La dépense de main d'oeuvre est tou
jours trèe grande dans une ferme, par con
séquent le bon emploi du temps a une im
portance eapitale. Des ouvriers peuvent
mal employer leur temps soit en travaillant
avec une lenteur extrême, soit en bavar
dant ou en se reposant plus que de raison.
Le maître de son côté peut mal employer
sa main d'oauvra en faisant faire des tra
vaux dont le résultat se remboursera pagy
la dépense, et ce cas e9t fréquent, ou en
core en manquant d'habileté dans la distri
bution de son personnel, ce qui occasionne
du temps perdu et de fausses manœuvres.
Pour faire un bon emploi de la main
d'oeuvre, une surveillance incessante ne
suffit pas ; il faut bien connaître le travail,
car un ouvrier peut travailler tonte la jour
née sans perdre un instant, et malgré cela
ne produire que peu de résultat utile. En
agriculture les travaux n'exigent pas en
général une perfection minutisuse ; il faut
surtout faire vite et le talent de l'agricul
teur consiste à saisir lé point précis au-delà
duquel l'augmentation de travail ne serait
p«s payée par le supplément do récolte qui
en proviendrait. Ce point varie suivant les
circonstances locales.
La consommation des fourrages, des
pailles, de l'avoine et des aliments supplé
mentaires que l'on distribue aux bestiaux,
peut aussi donner lieu à un gaspillage con
sidérable. Les vafets et servantes de ferme
sont toujours disposés à nourrir très abon
damment les animaux qu'ils soignent; sans
doute, c'est un mauvais système de mal
nourrir, mais il ne faut pas non plus tom
ber dans l'excès contraire.
L'entretien du matériel forme une dé
pense sérieuse qui peut être augmentée
dans une proportion considérable si l'on
n'y prend pas garde. Les valets do ferme
sont en général peu soigneux ; ils laissent
volontiers les instruments exposés * 'm
pluie pendant des ssiûaines ôntières, de là
une usure rapide et des réparations nom-
reuses, Des outils, des pièces do harnais
sont aisément perdus ou détériorés faute
d'ordre. Les réparations elles-mêmes peu
vent être faites d'une façon trop coûteuse.
Ce que nous venons de dire se rapporte
à l'ordre intérieur de la ferme ; nous ne
pouvons nous dispenser de dire aussi un
mot des relations extérieures, c'est-à-dire
des achats et des ventes. Les achats ont
une importance capitale dans les fermes où
l'on s'occupe beaucoup d'engraissement ; si
l'on achète cher des animaux de qualité in
férieure, l'engraissement ne donnera jamais
de profit. La vente des produits a toujours
une grande influence sur les résultats finan
ciers.
Tout le monde ne sait pas bien acheter
et bien vendre. On rencontre souvent des
cultivateurs qui ne savent pas se rendre
compte de la valeur précise da leur mar
chandise ; ils en demandent généralemenl
un prix trop élevé qui éloigne les acheteurs,
puis ils, te trouvent forcés de vendre à vil
prix.
Pour traiter à fond la question de l'ad
ministration d'une ferme et en traGer les
règles, il faudrait éarire un volume alors
que nous devons nous borner à quelques
lignes. Nous pensons en avoir dit assez
pour atteindre notre but, c'est-à-dire pour
faire comprendre l'influence prépondérante
de l'administration sur le suççès de l'entre
prise.
Q.1 n'apprend guère que par la pratique
l'art do bien administrer ; l'enseignement
peut faciliter beaucoup l'acquisition de l'ex
périence, mais il ne saurait ea tenir lieu et
■v, n'est pas sans intérêt de remarquer que
très peu d'auteurs ont écrit sur- celte ma
tière, cependant si importante.
Le petit cultivateur possède un double
avantage à cet égard : il fait par lui-même
ou par les membres de sa famille presque
tous les travaux ou du moins les plus im
portants, ce qui simplifie beaucoup les dif
ficultés de l'administration. En outre, il est
toujours fiis de cultivateur et par consé
quent il a un long enssignement pratique.
Malgré cela on rencontre assez souvent da
petits cultivateurs qui ne savent pas admi
nistrer et qui se ruinent.
On ne doit dono pas s'étonner qu'un pro
priétaire cultivant ses terres en amateur
ne^ donnant à la direction de sa culture
qu'un temps assez court, qu'une attention
distraite par les relations du monde, na
parvienne que rarement à un succès d'ar-
gent, alors même qu'il possède d
pas commun.
LE CUIVRÉ DANS LE VIN
Pour combattre diverses maladies de la
Vigne (le mildew et le black-rqt), on em
ploie aujourd hui do grandça quantités da
sulfate de enivre sous forme d'eau céleste
ou de bouillie bordelaise. On s'est demandé
non sans ra'.son si le cuivre ainsi répanàa
en quantité assez notable sur les feuViles da
la vigne et même sur les grap^a ( net sera,
trouve pas dans le vin en proportion suffi
sante pour exercer une influence fâcheuse
sur la santé. Les sels de cuivre sont ea
effet tous des poisons très violents et ila
peuvent être visibles même à trèsj fai»
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