Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-08-19
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 août 1889 19 août 1889
Description : 1889/08/19 (Numéro 7900). 1889/08/19 (Numéro 7900).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 19 Août i8SS
N* 7DÛ0 Édition qaotidienna
ï Lundi 19 Août 1889
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Un an . , .
Six mois. .
Trois mois.
PARCS
et départements
. . 55 »
. . 28 50
. . 15 »
ÉTRANGER
(union postale)
66 »
34 »
18 »
'^jsaboiîncments partent des 1" et 1S de chaque moi*
UN NUMÉRO ( Eépariements. 20 -
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
PARIS
et départements
Un an. ... . 30 »
Six mois. ... 16 »
Trois mois. . . 8 50
ÉTRANGER
(onioh postal!)
36 »
19 »
10 »
On s'abonne fl Rome, place du Gesù, 8
Les nbonncmeaLWIRS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C 10 , 6, place do la Bourse
HTjaa
FRÂrîGB
PARIS, 18 AOUT 1889
C'est le banquet des maires qui,
dans la presse républicaine, sert de
thème aux élucubrations du jour. Na
turellement, opportunistes et radicaux
s'accordent pour célébrer la chose
comme un événement d'où l'on peut
conclure certainement au prochain
triomphé électoral de la République.
« Quelle admirable préface aux élec
tions qui vont avoir lieu! s'écrie en
particulier Y Estafette. Si la république
n'avait point la certitude d'avoir pour
elle la nation entière, eûkelle convo
qué à Paris ces milliers de maires qui,
ne l'oublions pas, ne sont point choisis
par le gouvernement, mais nommés
par les libres suffrages des conseillers
communaux? »
L'argument aurait quelque valeur
si Y Estafette, en dépit de son audace,
n'était forcée d'ajouter : « Assurément,
parmi ceux qui ont répondu à son
appel, il en est qui ne sont point en
core ralliés au gouvernement légal.
Mais combien infime est leur nom
bre ! » On pourrait demander à l'Esta
fette ce qu'elle en s.ait. Mais nous Jui
accordons elle renseignée.
En prenant ses chiffres (elle estime
que les maires banqueteurs seront
12,000), il faut en conclure que la ré
publique n'est pas assurée du concours
de plus du tiers des maires de France,
puisque leur nombre est de 37,000.
L'argument des feuilles républicaines
se retourne contre elles.
Il semble que, loin d'arrêter l'ar
deur des boulangistes, l'arrêt de la
Haute-Gour leur ait donné un nouvel
élan. Voici qu'après les réunions élec
torales des derniers jours, la Presse an
nonce pour le 27 août prochain le te
nue, au cirque Fernando, d'un grand
meeting de protestation,qui serait « la
réponse au réquisitoire de la Haute-
Gour».M.Georges Laguerre parlera-, le
concours de tous les membres du co
mité national est assuré, et de plus
« tous les comités révisionnistes de
France sont invités à se faire repré
senter par des délégués régulièrement
mandatés. »
Nous citions hier un article du
Nord, qui, tout en affirmant les sym
pathies de la Russie pour la France,
protestait contre l'abus que tels et
tels hommes de parti seraient portés
à faire de ces sympathies à leur profit.
Parlant ailleurs des conséquences du
procès de la Haute-Cour, le même
journal est d'avis que « cette campa
gne, entreprise pour éliminer de la
scène politique un compétiteur dan
gereux, loin d'apporter, nous ne di
rons pas un dénouement, mais un
simple répit, fournit un aliment nou
veau et immédiat à ,1a guerre inté
rieure en France et ne constitue qu'un
épisode aggravé de la crise dont le
dernier mot appartient aux élections
générales. » Il y a du vrai dans cette
appréciation.,
Le Journal officiel publie un décret
rendu sur la proposition de M. de
Freycinet pour l'unification des sol
des. Le ministre, dans son rapport; es
time que les mesures dont il s'agit,
encore qu'incomplètes, constituent ùn
nouveau progrés dans la voie de l'u
nification définitive, laquelle ne sera
réalisée qu'à dater du 1 er janvier 1892.
C'est demain que s'ouvre la session
des assemblées départementales. Aux
termes d'une circulaire du ministre de
l'instruction publique, ces assemblées,
en dehors de leurs travaux ordinaires,
auront à pourvoir au remplacement
des conseillers généraux non réélus
lors du renouvellement triennal de
juillet dernier qui faisaient partie des
conseils dépar teipentaux de l'enseigne
ment primaire, ainsi qu'à la réélection
ou au remplacement des conseillers
généraux élus membres du conseil dé
partemental de l'enseignement pri
maire en novembre 1886, réélus au
conseil général ou non soumis au re
nouvellement triennal.
Une dépêche de Bayreuth signale
un assez grave accident de voiture
dont auraient failli être victimes l'em
pereur et l'impératrice d'Allemagne.
Bien qu'il n'en soit rien résulté de
grave, la dépêche dit que le fait a
causé dans le public une grande émo
tion.
On mande de Buda-Pesth que les
personnages militaires de l'entourage
de l'empereur François-Joseph ont eu,
à l'occasion de l'entrevue des deux
souverains à Berlin, une conférence
avec des militaires allemands. Cette
réunion, qui avait pour but de rappro
cher les deux armées au point de vue
de l'équipement, de la formation, de la
tactique et de l'armement des troupes,
fie sera vraisemblablement pas inter
prétée dans le sens d'une précaution
pacifique, si ce n'est par application
de l'adage bien connu Si vis pacem,
para belhim.
La saint Joachim
Auj ourd'hui,dixième dimanche après
la Pentecôte, troisième du mois d'août,
l'Eglise célèbre la fête de saint Joa
chim, père de la sainte Vierge, patron
onomastique de Sa Sainteté.
Dans toute famille chrétienne, le
jour de la fête patronale du Père est
l'objet, de la part des enfants, d'une
manifestation particulière de leurs
sentiments de respect et d'affection. Il
n'en saurait être autrement pour les
catholiques de tous pays, lorsqu'il s'a
git de la fête patronale du Père com
mun des fidèles.
Mais, s'il arrive que dans la famille
un enfant ait reçu du Père des témoi
gnages plus marqués de tendresse et
de dévouement, cet enfant n'a-t-il pas
le devoir spécial de dépasser, s'il se
peut, les, autres membres de la famille
dans l'expression de sa filiale recon
naissance !
Or, la France qui mérita, en d'au
tres temps, d'être appelée par les Pa
pes la fille aînée del'Eglise et ne veut
pas démériter de cette belle appella
tion; la France, à qui Léon XIII, re-
npuvelant pour ainsi dire ce privi
lège, s'adressait naguères en l'appe
lant : Nobilissima Gallorum Gens , la
France catholique n'a-t-elle pas une
obligation particulière de manifester
au Saint-Père, en l'anniversaire de sa
fête onomastique, l'ardeur du dévoue
ment dont elle est remplie à l'endroit
de sa personne sacrée?
Jamais, en cette lutte de piété filiale,
notre pays n'a voulu le céder à au
cune autre nation; mais* aujourd'hui
que le Pape voit redoubler autour de
lui et à la porte même de son palais,
transformé en prison, les attentats
contre sa personne et son autorité
sainte, comment ne nous prévau
drions-nous pas de nos droits de pri-
mogéniture pour dire au Pape avec
tout l'élan de nos cœurs : « 0 Pasteur, ô
Roi, ô Père; si des fils ingrats en vien
nent à rendre intolérable, pour votre
dignité comme pour le libre exercice
de votre pouvoir souverain, votre sé
jour dans cette Rome, qui vous fut
providentiellement donnée afin d'être
le centre d'une double royauté; ah!
souvenez-vous que la France fut,un
jour hospitalière à la Papauté en exil,
et, quels que puissent être à votre en
droit les sentiments d'un pouvoir où
l'on ne saurait voir la vraie figure de
la France chrétienne, sachez que
celle-ci, pour conquérir l'honneur
d'abriter votre personne sacrée, se lè
verait toute entière, en attendant
qu'il lui fût donné, avec le secours de
Dieu, de vous faire rentrer triomphant
dans votre domaine, usurpé à cette
heure par des fils dénaturés!»
Le Pèlerinage national
De nouveau, la gare d'Orléans of
frait hier ce spectacle incomparable
qui, le même depuis plusieurs années,
paraît toujours si émouvant et si neuf
à ceux qui, avec une nouvelle émo
tion, reviennent chaque année le con
templer.
En cette année d'exposition, le spec
tacle était, s'il se peut, encore plus
saisissant. Pendant que d'autre part la
foule avide de curiosités matérielles et
des plaisirs mondains, se rue au spec
tacle forain de l'industrie et à l'as
saut de la tour Eiffel, ici ce sont d'au
tres curieux,des chercheurs du progrès
spirituel qui.se pressent au spectacle
des merveilles de la grâce , et, par
cette échelle mystérieuse de la
prière que Jacob vit en songe, gra
vissent en chantant tous les éche
lons que les mènent à Marie, tour
mystique, tour de David, tour d'ivoire,
comme il est dit dans ces admirables
litanies laurétaines, chant de poésie
triomphal à l'honneur de la Vierge,
Mère de . Dieu. C'est de cette tour,
plus surélevée qu'ailleurs au bénit
sanctuaire de Lourdes, que tous les
ans se déversent plus abondantes les
eaux vives qui, prenant leur source
en la divine Vierge, font couler à tra
vers son royaume de France un tor
rent de bénédictions. Aussi le peuple
chrétien envoie-t-il plus nombreuses
chaque année, vers ces fontaines mi
raculeuses, les députations de ceux
qui souffrent et qui prient. Les bien-
portants aident les malades et ceux-ci,
qu'anime une foi indomptable, de
viennent comme l'attrait de ces pèle
rinages où si souvent ils sont l'objet
de guérisons merveilleuses, d'où tou
jours — miracle non moins grand —
ils rapportent au milieu même de leurs
souffrances une étonnante sérénité.
Liberté, égalité, fraternité ! Où donc
ces trois mots, dont la Révolution a
fait une devise menteuse, sont-ils
mieux pratiqués que dans ces convois
spirituels ? Les conversations et les
chants s'y alimentent également à
la piété, sur tout le chemin, c'est une
lutte à qui pratiquera le mieux le mu
tuel support, l'abnégation, le service
du prochain poussé souvent jusqu'à
l'héroïsme, et la charité y apparaît
gracieusement infatigable sous la cor
nette des admirables Petites-Sœura
de l'Assomption attachées comme au
tant de mères aux grabats des mala
des qu'elles vont entourer des soins
les plus minutieux et délicats jusqu'à
la porte des piscines saintes !
Et ce ne sont pas des égoïstes qui
portent ainsi à Lourdes,avec leurs sup
plications,le fardeau de leurs douleurs.
Ils demandent sans doute à être dé
chargés, s'il plaît à Dieu. Mais ce qu'ils
ont en vue aussi, c'est de sacrifier
leurs aises et de mériter, c'est de prier
pour le salut de l'Eglise et de la
France ! Depuis si longtemps déjà que
se renouvelle cette prière sans inter
mission,, est-il interdit d'espérer que
l'heure vient où, l'Eglise étant plus
que jamais persécutée , et la France
n'en pouvant plus, le Dieu de clé
mence, recevant de sa mère lès solli
citations qui la pressent, renouvellera
pour le monde ce grand miracle dupa-
ralytique à qui un jour il comman
dait en disant : « Prenez votre grabat,
levez-vous et marchez. »
' Auguste Roussel.
Nous avons signalé, d'après la Ger-
mania, ce fait qu'un télégramme,
adressé par l'association catholique
Unitas au Souverain Pontiie, pour pro
tester contre l'érection du monument
à Giordano Bruno et réclamer l'indé
pendance du Saint-Siège, avait été
refusé au bureau télégraphique de
Berlin.
Le télégramme était ainsi conçu :
Les membres do l'association catholique
Unitas à Berlin, capitale de l'empire alle
mand, sont indignés des honteuses offenses
qui ont été infligées dernièrement par le
scandale Giordano Bruno au Saint-Père
dans, la capitale de la chrétienté, la ville
des Papes dopais mille ans. En fils fidèles
de la Sainte-Eglise, nous prions Dieu que la
ville de Rome soit rendue au Pape
Léon XIIL Avec cette énergique protesta
tion nous promettons à Sa Sainteté le Pape
Léon XIII la fidélité la, plus dévouée envers
le Siège apostolique.
Le refus, vraiment inouï* de rece
voir et d'expédier ce télégramme est
diversement apprécié en Allemagne.
La National Zeitung approuve entière
ment la conduite du bureau télégra
phique. En vertu du règlement des té
légraphes, des dépêches peuvent être
refusées si elles sont « contraires au
bien public».
D'après cela, dit la feuille nationale-
libérale, le refus d'accepter nn télégram
me comme celui de l'association Unitas
était tout à fait dans l'ordre. En effet,
Rome est la capitale du royaume d'Ita
lie allié à l'Allemagne ; exprimer des sym
pathies pour des tendances destinées à ar
racher Rome à l'Italie est en contradiction
avec la politique extérieure de l'empire al
lemand, et peut être par conséquent, sui
vant l'appréciation de ceux qui dirigent
cette politique, « contraire au bien public ».
L'empire n'a pas besoin do faire servir ses
télégraphes à la transmission de pareilles
démonstrations.
Le Nord , à ce sujet, présente, après
avoir cité la National Zeitung , les ré
flexions suivantes :
Ce raisonnement pourrait conduire loin
et autoriser l'administration des télégra
phes à refuser toutes les dépêches emprein
tes d'une opposition quelconque à la politi
que du gouvernement. Le gouvernement
italien n'en a que plus de raisons de savoir
gré à l'autorité allemande de la doctrine
qu'elle a appliquée en cette circonstance, et
qui montre combien l'Allemagne tient à
conserver ses relations amicales avec l'Ita
lie, dût-elle même pour cela, comme il n'a
pu manquer d'arriver cette fois, méconten
ter le ■ Vatican et donner au pouvoir de
l'administration nne -extension qui n'est
pas loin de toucher à l'arbitraire.
Ce que dit le Nord, tous ceux qui,
sans être catholiques, ont quelque sen
timent de la justice, des convenances,
du respect du à une grande infortune
et à la plus haute puissance morale de
ce monde, le penseront. L'Allemagne,
coutumière, quand sa force n'a rien à
craindre, de pareils procédés, vient de
commettre une grossière insolence de
plus. Le Saint-Siège dédaignera. Les
Italianissimes, dignes d'apprécier ces
façons d'agir, se réjouiront. Qu'ils se
réjouissent ! Qu'ils soient heureux et
fiers de cette nouvelle preuve d'ami
tié de leurs maîtres ! L'Allemagne est
prête, du reste, à leur fournir toutes
les preuves possibles dans ce genre.
Mais pour d'autres preuves, comme,:
par exemple, un bon traité de com
merce qui leur ouvrirait quelques dé
bouchés à la place de tous ceux qu'ils
se sont eux-mêmes fermés, à son ins
tigation, du côté de la France, oh cela,
non 1
M. Goblet vient de prononcer à Bo-
ves (Somme), où il présidait un con
cours de tir, une petite harangue po
litique dont le début est consacré à
expliquer qu'à ses yeux c'en est fini
du général Boulanger.
Après quoi, il a conclu en s'adres-
sant aux conservateurs :
Certes, ja ne me sens pas beaucoup d'in
dulgence pour ceux qui voulaient se servir
de lui ; ce sont des adversaires, et ils res
teront des adversaires, quoi qu'il arrive,
sinon du gouvernement républicain, du
moins de la politique que ja sers. Je ne
leur fais pas l'injure de croire, cependant,
qu'ils puissent encore, à l'heure qu'il est,
se présenter aux élections soua le drapeau
boulangiste.
Eh bien, qu'ils renoncent définitivement
à leur chimère et qu'ils viennent loyale
ment et honnêtement remplir, leur rôle de
conservateurs sous le drapeau républicain !
Tout au moins, si les anciens chefs, trop
engagés par leur attitude et par leurs actes
antérieurs, ne croient pas pouvoir se prêter
eux-mêmes à cette évolution, que tous les
hommes de bonne foi qui les avaient suivis
jusqu'ici reconnaissent qu'elle est devenue
indispensable, et qu'ils cessent de mettre
en question le gouvernement do leur pays !
Nous pourrons encore être divisés sur la
politique à suivre, nous ne le serons plus
sur la forme de nos institutions, et la Fran
ce, sûre de son gouvernement, aura recon
quis du même coup une bien autre puis
sance dans le monde.
C'est aux patriotes que je tiens ce lan
gage, & tous les patriotes de ce canton qui
n'ont pas encore fait adhésion à la républi
que, et je leur dis :
Cette adhésion, le moment est venu de
la faire. Toutes, chances ont disparu de ré
tablir an autre régime. Tous les moyens,
même les moins avo.uables, sur lesquels
comptaient les chefs des anciens partis,
leur manquent aujourd'hui. Vous voyez ce
que valaient leurs promesses et les espé
rances qu'ils faisaient briller à vos yeux. Il
n'y a plus rien en dehors de la-république ;
il faut se rallier à elle. Ceux-là n'ont plus
d'autre parti à prendre, qui aiment vrai
ment leur pays et qui, prêts comme vous
l'êtes à le défendre au besoin par les ar
mes* ne souhaitent pas moins sa prospérité
dans la paix et sa grandeur au milieu des
nations.
Vive la république !
M; Goblet qui, quoi qu'il en dise,
n'est nullement sûr de l'échec du bou-
langisme, mais, par contre, redoute
beaucoup le sien, ne serait pas fâché
de rallier quelques voix empruntées
aux conservateurs.
Mais on le connaît trop.et il s'abuse
étrangement s'il croit qu'on lui en fera
l'aumône.
Au sujet des mesures réclamées par
les enragés de l'opportunisme contre
les officiers convaincus ou soupçonnés
de boulangisme, le Temps publie la
note que voici : ...
On a dit, dans le compte rendu du con
seil des ministres, que le ministre de la
guerre avait rendu compte des travaux de
vérification qu'il avait fait entreprendre
avantTouverturo de la Haute Cour.
Nous ne croyons pas inutile de donner
quelques détails sur ce sujet. Lorsque le
ministre de la guerre, d'un commun accord
avec le président de la République et tous
ses collègues, partit en congé pour quelques
jours, il annonça en même temps au con
seil qu'il avait donné l'ordre à ses bureaux
de procéder à une vérification minutieuse
sur les noms des militaires de tout ordre
qui, d'après les dossiers de l'instruction de
la Haute-Cour, s'étaient mêlés au mouve
ment boulangiste. Avisé que ce travail était
terminé, le ministre de la guerre revint
Paris et il put, au conseil des ministre
tenu hier, communiquer un dossier com
plet.
Le ministre annonça en même temps
qu'il tenait à contrôler, par lui-même, le
travail qui lui a été remis, par la raison
que certaines erreurs, très naturelles, ont
pu être commises et l'ont été en effet. A,
tons les grades, beaucoup d'officiers por
tent le même nom et ne se distinguent que
par le prénom. Là où les dossiers de la
Ilaute-Cour ne donnent que le nom, on
comprend qu'une vérification soit néces
saire.
C'est & ce travail de contrôle que le mi
nistre de la guerre se livre depuis qu'il est
rentré. Nous savons qu'il a reçu, ce malin
môme, un certain nombre des officiers su
périeurs dont le nom figure dans les dos
siers de la Haute-Cour. Le ministre aura
terminé mardi, et c'est 'mardi également
que seront connues les mesures individuel
les qui seront la conséquence de l'examea
en cours.
On ne saurait trop répéter que le plus
grand nombre des cartes saisies au cours
des perquisitions avaient été adressées à
M. Boulanger, soit à. l'occasion du mariago
de sa fille, soit après son duel, et ne cons
tituaient, en somme, que des démarches de
pure politesse.
Il n'y a, il faut le dire encore à l'honneur
de notre armée, demeurée impassible en
face des provocations et des tentatives
des boulangistes,.qu'un nombre excessive
ment rostreint de cartes ou de lettres ayant
le caractère d'une manifestation ou d'une
adhésion politique.
Parmi ces cartes et ces lettres figurent
naturellement les documents cités dans le
réquisitoire et les dossiers de la Haute-
Cour.
La dîme anglicane
Le cabinet Salisbury n'a décidément
de « fermeté » que sur la question ir
landaise. Il vient d'opérer à la Cham
bre des Communes, sur la question,
des « dîmes », une volte face qui irrite
nombre de ses partisans les plus dé
voués.
C'est surtout dans le pays de Galles
que la question des « dîmes» est une
actualité brûlante. Les Gallois appar
tenant en majorité à la secte non con
formiste se sont toujours de fort mau
vaise grâce soumis à l'impôt de la
dîme au profit des bénéficiaires de
l'Eglise anglicane. Mais, en Angle
terre aussi la chose n'est point sans
soulever des mécontentements. L'abo
lition de la dîme est, par le fait, un
des articles du programme radical qui
ne demande rien moins que le désé-
tablissement de « l'Eglise mère ».
Le gouvernement avait donc éla
boré un bill destiné, d'après lui, à
donner satisfaction aux adversaires
de la « dime » telle qu'elle se recouvre
aujourd'hui (par voie de saisie au pro
fit des bénéficiaires), sans cependant
sacrifier les droits de l'église établie.
Mais le prétendu remède n'était qu'un
palliatif, puisqu'il se bornait à chan
ger le mode de recouvrement de la
aime; au lieu de procéder par « saisie
d'office » les bénéficiaires seraient dé--
sormais obligés de poursuivre le re
couvrement de leur impôt de dime
devant la j uridiction civile comme s'il
s'agissait d'une créance ordinaire.
La réforme parut dérisoire à ceux
qui la demandaient et qui voulaient
entre autres choses que la dîme M
désormais mise à la charge des pro
priétaires et non à celle des fermiers
ou des tenanciers. Mais le gouverne
ment avait déclaré qu'il n'entendait
nullement sacrifier l'intérêt des pro
priétaires et qu'il ne capitulerait pas
sur la question.
Et précisément il vient d'annoncer
qu'il capitule. Il consent à remanier
son projet et à sacrifier l'intérêt des
propriétaires qui seront maintenant
responsables de la dime envers le bé-
FEUILLETON DE h'UNIVERS
DO 19 août 1889
L'EXPOSITION SGIf31Ml
LA GALERIE DES MACHINES
""Voulez-vous qu'en vous démontre que le
colossaln'estpasle grand,que la dimension
n'est pas la majesté, que la géométrie n'est
pas la beauté, qu'une formule ne résout pas
le problème de l'harmonie et qu'un rébus
n'est point an poème : allez au Champ-de-
Mars.
Là, vous verrez, l'un en face de l'autre,
la tour Eiffel et la galerie des machines.
La première jouit de la réputation de te •
nir le drapeau tricolore à 300 mètres au
dessus du pavé de la république. Je suis
sûr que les âniers do la rue du Caire, con
nus pour n'être issus ni de Polytechnique,
ni de Centrale, estiment que la pyramide
de Chéops est plus haute. Ils s'abusent, évi
demment, puisque les chiffres sont là et que
rien n'est terrible comme un chiffre qui est
là.
Item, on assure que le palais des machi
nes a 420 mètres de long sur 86 mètres de
haut, que l'envergure des voûtes en fer est
de 115 mètres ; que la colonne Vendôme,
Notre-Dame, l'arc-de-triomphe, et môme le
Panthéon (83 m.) y pourraient tenir à la
file et sans se gêner La dame de la
halle, qui entend la messe à Saint-Eustache,
n'en croit pas un mot.
Je suis bien obligé de le croire, puisque
c'est imprimé et que les chiffres sont là,
toujours; mais ne me demandez pas pour
quoi tont cela, qui est si grand, apparaît si
petit. Il me faudrait interroger des ingé
nieurs, des physiciens, des oculistes,'des
peintres, des architectes, des géomètres,
des perspectivistes et des abstracteurs de
quintessence, et quand vous aurez ouï tout
ce monde, vous ne saurez pertinemment
que la tour a 300 mètres, chiffres aux piéds
(non en mains), que si vous en faites
l'ascension avec vos jambes, ce dont Dieu
vous garde.
Un des reproches qu'on a faits à la tour,
celui auquel, bien certainement, elle a été
lo plus sensible, c'est que, n'ajoutant rien
au trésor de l'esthétique humaine, elle était,
par surcroît, inutile.
C'est une erreur, bien qu'il ne faille pas
exagérer les services qu'elle peut rendre.
On parle d'étudier la chute des corps
dans l'air, la résistance de l'air sous diffé
rentes vitesses, les lois de l'élasticité,-celles
de la compression des gaz et des vapeurs,
des oscillations du pendnle, de la force et
de la direction des vents, de l'électricité
atmosphérique, etc., etc.
Voilà bien des études ; espérons que la
tour s'y prêtera de bonne grâce ; mais il
ne faut pas oublier qu'elle n'a pour elle qne
sa hauteur, — après tout petite, — sa ver
ticalité et. son isolement. Son sommet n'a
aucune fixité, il oscille constamment, il s'é
lève on s'abaisse avec la température (la
hauteur peut varier de 20 centimètres aux
températures extrêmes du climat moyen
de Paris) ; enfin les phénomènes météoro
logiques importants se manifestent à des
hauteurs bien plus considérables.
Mais laissons là cette tour un peu en
combrante et revenons à là galerie des ma
chines.
Elle est bondée d'attractions. ; o
• Mais il s'en faut bien que toutes méritent
les ah! ah l que leur prodigue le public.
- Voici d'abord les machines rotatives Ma-
rinoni, qui n'étaient , déjà, pas neuves en
1878. Je confesse qu'il y a fort loin de ces
machines à l'informe presse qui n'est pas
un des motifs les moins cocasses du monu
ment de Gutenberg à Strasbourg ; mais
enfin, il y a plus de vingt ans que ces ma-
chines-là-sont connues de l'univers entier.
Direz-vous qu'elles ont reçu quelques per
fectionnements depuis cette époque reçu •
lée? Le public ne les voit pas; en revanche,
ce qu'il sait fort bien, le public, c'est qu'a
vec les torronts de lumières qu'elles ont
versés sur la France, il n'y voit toujaurs
goutte et on no peut pas trouver son che
min." ■
J'en dirai tout autant dos machines à fa
briquer le papier, qui, elles aussi/ sont fort
âgées.
J'ai hâte d'arriver au pavillon d'Edison.
C'est là que nous allons enfin trouver du
nouveau et que le public pourra enfin en
tendre le phonographe parler, chanter et
jouer de l'harmonica.
L'art d'enregistrer et de reproduire les
sons a été pressenti il y a plus de deux
siècles ; on en trouve l'idée première, abso
lument vague, il est vrai, dans un ouvrage
de Wilkins, évêque anglican de Chester,
imprimé en 1648, à Londres.
Dans la séance du 3 juin dernier, M.Or-
theimer, présentant à l'Académie des scien
ces le graphophone de Tainter, rappelait
d'abord que Scott et le docteur Charles
Cros avaient déjà étudié la question de
l'enregistrement et de la reproduction des
sons.
Edison ne vint qu'après eux, et son
premier appareil était si imparfait qu'il
écrivait lui-même dans le New- York World
du 6 novembre 1887 :
« Moi-même, je doute que je puisse
« jamais voir parfait un phonographe capa-
« ble d'emmagasiner la voix ordinaire et
« de la reproduire claire et intelligible.
« Mais je suis certain que, si nous n'y.par-
« venons pas, la génération suivante le
« fera. J'ai donc laissé le phonographe pour
« m'occuper de la lumière électrique, sûr
« que j'avais semé une graine qui devait
« produire un jour. »
C'est à ce moment que Tainter et son
collaborateur Chichester Bell ont repris la
question. Comme Edison, ils enregistraient
les sons au moyen d'un stylet courant sur
une feuille "métallique, la fameuse feuille
d'Edison dont on a tant parlé. Les résultats
qu'ils obtinrent furent presque nuls ; la
feuille ne pouvait servir qu'un petit nombre
de fois.
Le docteur Bell, découragé, fit comme
Edison, et abandonna le phonographe.
Mais Tainter fut plus tenace ; et il trouva
enfin que le seul procédé pratique pour
emmagasiner les sons était la gravure sur
de la cire, ou sur un cylindre de carton re
couvert de cire.
Le système était si bon qu'Edison l'a
dopta, reprit l'instrument délaissé et cons
truisit le phonographe perfectionné qu'on
voit et qu'on entend dans la galerie des
machines. •
Le graphophone dé Tainter est-il à l'Ex
position ? Je le chercherai.
Edison vient d'arriver à Paris, où on lui
prépare mille honneurs, et ce sera justice.
Doué d'un esprit inventif extraordinaire,
travailleur infatigable, il a su, grâce, à un
outillage immense et que les fonds mis à sa
disposition lui permettent de perfectionner
à sa guise, il a su, dis-je, mener à bonne
fin et rendre pratiques une foule de concep
tions restées vagues et sans utilité immé
diate.
Cette galerie des machines est pleine
d'ustensiles de toutes formes et de tout
usage, de métiers à scier, à filer, à décorti
quer, à découper le bois, à graver le verre,
à fabriquer des descentes de lit, et surtout
de. machines à vapeur.
De celles-ci, il y a de tous les modèles*
Verticales, horizontales, minuscules ou gi
gantesques, superbes on cocasses, les unes
et les autres sont, je pense, dûment ins
tallées pour l'usage particulier auquel elles
sont destinées. Les décrire serait fasti
dieux.
Je dirai seulement que trois perfection
nements ont surtout mis on jeu l'esprit in
ventif des co nstructeurs depuis un certain
nombre d'années.
Les machines à vapeur s'appelaient au
trefois machines à feu ; et ce dernier nom
est de beaucoup le plus exact. La vapeur
n'est en effet qu'un intermédiaire entre la
chaleur développée par la combustion de la
houille et la force qu'il s'agit do produire.
Or, la vapeur, comme tous les intermé
diaires, absorbe une bonne partie du béné
fice; je veux dire qu'il s'en faut de beau
coup que toute la chaleur développée par
la houille soit utilisée. La;cheminée d'abord
en emporte dans l'atmosphère nne quan
tité notable ; mais la vapeur en dilapide
encore davantage, .dans ses frottements à
travers la machine, et surtout quand, après
avoir produit son effet dans les cylindres,
elle se dissipe toute brûlante encore dans
l'air ou dans des réfrigérants.
On a essayé de diminuer les pertes de
chaleur, par la cheminée, en perfectionnant
les chaudières.
Quant aux pertes éprouvées par le fait de
la vapeur, on est parvenu à les atténuer
très sensiblement.
La première invention dans ce sens, celle
du reste qui sert de base à tout ce qu'on a
fait depuis, c'est la détente.
Voici en quoi consiste le principe do la
détente. Quand le piston est, par exemple,
aux deux tiers de sa course, on arrête la
vapeur ; et le piston continue sa course en
vertu de la poussée que lui imprime la va
peur reçue, laquelle étant élastique se dé
tend comme un ressort. On bénéficie de la
sorte d'un tiers de vapeur, et comme on
dépense moins de vapeur, on dépense aussi
moins de houille.
C'est sur le principe si fécond de la dé
tente que Woolff, il y a près d'un demi-
siècle, a créé sa fameuse machine. La va
peur, après avoir agi dans un cylindre,
allait so détendre dans un second, où elle
agissait sur un autre piston.
Les machines Compound, dont on s'oc
cupe beaucoup depuis quelques années,
ne sont que des transformations et des
perfectionnements ingénieux de la machine
de Woolff.
Los Compounds sont bien représentés à
l'Exposition;
J'ai parlé plus haut de la perte de cha
leur utile résultant des nombreux frotte
ments de la vapeur, particulièrement dans
1e tiroir. On a imaginé depuis quelque
temps do nouveaux systèmes de distribu
tion. Je ponso qu'ils sont représentés dans
la galerie des machines, mais je n'ai pas
pu m'en assurer.
N* 7DÛ0 Édition qaotidienna
ï Lundi 19 Août 1889
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Un an . , .
Six mois. .
Trois mois.
PARCS
et départements
. . 55 »
. . 28 50
. . 15 »
ÉTRANGER
(union postale)
66 »
34 »
18 »
'^jsaboiîncments partent des 1" et 1S de chaque moi*
UN NUMÉRO ( Eépariements. 20 -
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
PARIS
et départements
Un an. ... . 30 »
Six mois. ... 16 »
Trois mois. . . 8 50
ÉTRANGER
(onioh postal!)
36 »
19 »
10 »
On s'abonne fl Rome, place du Gesù, 8
Les nbonncmea
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C 10 , 6, place do la Bourse
HTjaa
FRÂrîGB
PARIS, 18 AOUT 1889
C'est le banquet des maires qui,
dans la presse républicaine, sert de
thème aux élucubrations du jour. Na
turellement, opportunistes et radicaux
s'accordent pour célébrer la chose
comme un événement d'où l'on peut
conclure certainement au prochain
triomphé électoral de la République.
« Quelle admirable préface aux élec
tions qui vont avoir lieu! s'écrie en
particulier Y Estafette. Si la république
n'avait point la certitude d'avoir pour
elle la nation entière, eûkelle convo
qué à Paris ces milliers de maires qui,
ne l'oublions pas, ne sont point choisis
par le gouvernement, mais nommés
par les libres suffrages des conseillers
communaux? »
L'argument aurait quelque valeur
si Y Estafette, en dépit de son audace,
n'était forcée d'ajouter : « Assurément,
parmi ceux qui ont répondu à son
appel, il en est qui ne sont point en
core ralliés au gouvernement légal.
Mais combien infime est leur nom
bre ! » On pourrait demander à l'Esta
fette ce qu'elle en s.ait. Mais nous Jui
accordons elle renseignée.
En prenant ses chiffres (elle estime
que les maires banqueteurs seront
12,000), il faut en conclure que la ré
publique n'est pas assurée du concours
de plus du tiers des maires de France,
puisque leur nombre est de 37,000.
L'argument des feuilles républicaines
se retourne contre elles.
Il semble que, loin d'arrêter l'ar
deur des boulangistes, l'arrêt de la
Haute-Gour leur ait donné un nouvel
élan. Voici qu'après les réunions élec
torales des derniers jours, la Presse an
nonce pour le 27 août prochain le te
nue, au cirque Fernando, d'un grand
meeting de protestation,qui serait « la
réponse au réquisitoire de la Haute-
Gour».M.Georges Laguerre parlera-, le
concours de tous les membres du co
mité national est assuré, et de plus
« tous les comités révisionnistes de
France sont invités à se faire repré
senter par des délégués régulièrement
mandatés. »
Nous citions hier un article du
Nord, qui, tout en affirmant les sym
pathies de la Russie pour la France,
protestait contre l'abus que tels et
tels hommes de parti seraient portés
à faire de ces sympathies à leur profit.
Parlant ailleurs des conséquences du
procès de la Haute-Cour, le même
journal est d'avis que « cette campa
gne, entreprise pour éliminer de la
scène politique un compétiteur dan
gereux, loin d'apporter, nous ne di
rons pas un dénouement, mais un
simple répit, fournit un aliment nou
veau et immédiat à ,1a guerre inté
rieure en France et ne constitue qu'un
épisode aggravé de la crise dont le
dernier mot appartient aux élections
générales. » Il y a du vrai dans cette
appréciation.,
Le Journal officiel publie un décret
rendu sur la proposition de M. de
Freycinet pour l'unification des sol
des. Le ministre, dans son rapport; es
time que les mesures dont il s'agit,
encore qu'incomplètes, constituent ùn
nouveau progrés dans la voie de l'u
nification définitive, laquelle ne sera
réalisée qu'à dater du 1 er janvier 1892.
C'est demain que s'ouvre la session
des assemblées départementales. Aux
termes d'une circulaire du ministre de
l'instruction publique, ces assemblées,
en dehors de leurs travaux ordinaires,
auront à pourvoir au remplacement
des conseillers généraux non réélus
lors du renouvellement triennal de
juillet dernier qui faisaient partie des
conseils dépar teipentaux de l'enseigne
ment primaire, ainsi qu'à la réélection
ou au remplacement des conseillers
généraux élus membres du conseil dé
partemental de l'enseignement pri
maire en novembre 1886, réélus au
conseil général ou non soumis au re
nouvellement triennal.
Une dépêche de Bayreuth signale
un assez grave accident de voiture
dont auraient failli être victimes l'em
pereur et l'impératrice d'Allemagne.
Bien qu'il n'en soit rien résulté de
grave, la dépêche dit que le fait a
causé dans le public une grande émo
tion.
On mande de Buda-Pesth que les
personnages militaires de l'entourage
de l'empereur François-Joseph ont eu,
à l'occasion de l'entrevue des deux
souverains à Berlin, une conférence
avec des militaires allemands. Cette
réunion, qui avait pour but de rappro
cher les deux armées au point de vue
de l'équipement, de la formation, de la
tactique et de l'armement des troupes,
fie sera vraisemblablement pas inter
prétée dans le sens d'une précaution
pacifique, si ce n'est par application
de l'adage bien connu Si vis pacem,
para belhim.
La saint Joachim
Auj ourd'hui,dixième dimanche après
la Pentecôte, troisième du mois d'août,
l'Eglise célèbre la fête de saint Joa
chim, père de la sainte Vierge, patron
onomastique de Sa Sainteté.
Dans toute famille chrétienne, le
jour de la fête patronale du Père est
l'objet, de la part des enfants, d'une
manifestation particulière de leurs
sentiments de respect et d'affection. Il
n'en saurait être autrement pour les
catholiques de tous pays, lorsqu'il s'a
git de la fête patronale du Père com
mun des fidèles.
Mais, s'il arrive que dans la famille
un enfant ait reçu du Père des témoi
gnages plus marqués de tendresse et
de dévouement, cet enfant n'a-t-il pas
le devoir spécial de dépasser, s'il se
peut, les, autres membres de la famille
dans l'expression de sa filiale recon
naissance !
Or, la France qui mérita, en d'au
tres temps, d'être appelée par les Pa
pes la fille aînée del'Eglise et ne veut
pas démériter de cette belle appella
tion; la France, à qui Léon XIII, re-
npuvelant pour ainsi dire ce privi
lège, s'adressait naguères en l'appe
lant : Nobilissima Gallorum Gens , la
France catholique n'a-t-elle pas une
obligation particulière de manifester
au Saint-Père, en l'anniversaire de sa
fête onomastique, l'ardeur du dévoue
ment dont elle est remplie à l'endroit
de sa personne sacrée?
Jamais, en cette lutte de piété filiale,
notre pays n'a voulu le céder à au
cune autre nation; mais* aujourd'hui
que le Pape voit redoubler autour de
lui et à la porte même de son palais,
transformé en prison, les attentats
contre sa personne et son autorité
sainte, comment ne nous prévau
drions-nous pas de nos droits de pri-
mogéniture pour dire au Pape avec
tout l'élan de nos cœurs : « 0 Pasteur, ô
Roi, ô Père; si des fils ingrats en vien
nent à rendre intolérable, pour votre
dignité comme pour le libre exercice
de votre pouvoir souverain, votre sé
jour dans cette Rome, qui vous fut
providentiellement donnée afin d'être
le centre d'une double royauté; ah!
souvenez-vous que la France fut,un
jour hospitalière à la Papauté en exil,
et, quels que puissent être à votre en
droit les sentiments d'un pouvoir où
l'on ne saurait voir la vraie figure de
la France chrétienne, sachez que
celle-ci, pour conquérir l'honneur
d'abriter votre personne sacrée, se lè
verait toute entière, en attendant
qu'il lui fût donné, avec le secours de
Dieu, de vous faire rentrer triomphant
dans votre domaine, usurpé à cette
heure par des fils dénaturés!»
Le Pèlerinage national
De nouveau, la gare d'Orléans of
frait hier ce spectacle incomparable
qui, le même depuis plusieurs années,
paraît toujours si émouvant et si neuf
à ceux qui, avec une nouvelle émo
tion, reviennent chaque année le con
templer.
En cette année d'exposition, le spec
tacle était, s'il se peut, encore plus
saisissant. Pendant que d'autre part la
foule avide de curiosités matérielles et
des plaisirs mondains, se rue au spec
tacle forain de l'industrie et à l'as
saut de la tour Eiffel, ici ce sont d'au
tres curieux,des chercheurs du progrès
spirituel qui.se pressent au spectacle
des merveilles de la grâce , et, par
cette échelle mystérieuse de la
prière que Jacob vit en songe, gra
vissent en chantant tous les éche
lons que les mènent à Marie, tour
mystique, tour de David, tour d'ivoire,
comme il est dit dans ces admirables
litanies laurétaines, chant de poésie
triomphal à l'honneur de la Vierge,
Mère de . Dieu. C'est de cette tour,
plus surélevée qu'ailleurs au bénit
sanctuaire de Lourdes, que tous les
ans se déversent plus abondantes les
eaux vives qui, prenant leur source
en la divine Vierge, font couler à tra
vers son royaume de France un tor
rent de bénédictions. Aussi le peuple
chrétien envoie-t-il plus nombreuses
chaque année, vers ces fontaines mi
raculeuses, les députations de ceux
qui souffrent et qui prient. Les bien-
portants aident les malades et ceux-ci,
qu'anime une foi indomptable, de
viennent comme l'attrait de ces pèle
rinages où si souvent ils sont l'objet
de guérisons merveilleuses, d'où tou
jours — miracle non moins grand —
ils rapportent au milieu même de leurs
souffrances une étonnante sérénité.
Liberté, égalité, fraternité ! Où donc
ces trois mots, dont la Révolution a
fait une devise menteuse, sont-ils
mieux pratiqués que dans ces convois
spirituels ? Les conversations et les
chants s'y alimentent également à
la piété, sur tout le chemin, c'est une
lutte à qui pratiquera le mieux le mu
tuel support, l'abnégation, le service
du prochain poussé souvent jusqu'à
l'héroïsme, et la charité y apparaît
gracieusement infatigable sous la cor
nette des admirables Petites-Sœura
de l'Assomption attachées comme au
tant de mères aux grabats des mala
des qu'elles vont entourer des soins
les plus minutieux et délicats jusqu'à
la porte des piscines saintes !
Et ce ne sont pas des égoïstes qui
portent ainsi à Lourdes,avec leurs sup
plications,le fardeau de leurs douleurs.
Ils demandent sans doute à être dé
chargés, s'il plaît à Dieu. Mais ce qu'ils
ont en vue aussi, c'est de sacrifier
leurs aises et de mériter, c'est de prier
pour le salut de l'Eglise et de la
France ! Depuis si longtemps déjà que
se renouvelle cette prière sans inter
mission,, est-il interdit d'espérer que
l'heure vient où, l'Eglise étant plus
que jamais persécutée , et la France
n'en pouvant plus, le Dieu de clé
mence, recevant de sa mère lès solli
citations qui la pressent, renouvellera
pour le monde ce grand miracle dupa-
ralytique à qui un jour il comman
dait en disant : « Prenez votre grabat,
levez-vous et marchez. »
' Auguste Roussel.
Nous avons signalé, d'après la Ger-
mania, ce fait qu'un télégramme,
adressé par l'association catholique
Unitas au Souverain Pontiie, pour pro
tester contre l'érection du monument
à Giordano Bruno et réclamer l'indé
pendance du Saint-Siège, avait été
refusé au bureau télégraphique de
Berlin.
Le télégramme était ainsi conçu :
Les membres do l'association catholique
Unitas à Berlin, capitale de l'empire alle
mand, sont indignés des honteuses offenses
qui ont été infligées dernièrement par le
scandale Giordano Bruno au Saint-Père
dans, la capitale de la chrétienté, la ville
des Papes dopais mille ans. En fils fidèles
de la Sainte-Eglise, nous prions Dieu que la
ville de Rome soit rendue au Pape
Léon XIIL Avec cette énergique protesta
tion nous promettons à Sa Sainteté le Pape
Léon XIII la fidélité la, plus dévouée envers
le Siège apostolique.
Le refus, vraiment inouï* de rece
voir et d'expédier ce télégramme est
diversement apprécié en Allemagne.
La National Zeitung approuve entière
ment la conduite du bureau télégra
phique. En vertu du règlement des té
légraphes, des dépêches peuvent être
refusées si elles sont « contraires au
bien public».
D'après cela, dit la feuille nationale-
libérale, le refus d'accepter nn télégram
me comme celui de l'association Unitas
était tout à fait dans l'ordre. En effet,
Rome est la capitale du royaume d'Ita
lie allié à l'Allemagne ; exprimer des sym
pathies pour des tendances destinées à ar
racher Rome à l'Italie est en contradiction
avec la politique extérieure de l'empire al
lemand, et peut être par conséquent, sui
vant l'appréciation de ceux qui dirigent
cette politique, « contraire au bien public ».
L'empire n'a pas besoin do faire servir ses
télégraphes à la transmission de pareilles
démonstrations.
Le Nord , à ce sujet, présente, après
avoir cité la National Zeitung , les ré
flexions suivantes :
Ce raisonnement pourrait conduire loin
et autoriser l'administration des télégra
phes à refuser toutes les dépêches emprein
tes d'une opposition quelconque à la politi
que du gouvernement. Le gouvernement
italien n'en a que plus de raisons de savoir
gré à l'autorité allemande de la doctrine
qu'elle a appliquée en cette circonstance, et
qui montre combien l'Allemagne tient à
conserver ses relations amicales avec l'Ita
lie, dût-elle même pour cela, comme il n'a
pu manquer d'arriver cette fois, méconten
ter le ■ Vatican et donner au pouvoir de
l'administration nne -extension qui n'est
pas loin de toucher à l'arbitraire.
Ce que dit le Nord, tous ceux qui,
sans être catholiques, ont quelque sen
timent de la justice, des convenances,
du respect du à une grande infortune
et à la plus haute puissance morale de
ce monde, le penseront. L'Allemagne,
coutumière, quand sa force n'a rien à
craindre, de pareils procédés, vient de
commettre une grossière insolence de
plus. Le Saint-Siège dédaignera. Les
Italianissimes, dignes d'apprécier ces
façons d'agir, se réjouiront. Qu'ils se
réjouissent ! Qu'ils soient heureux et
fiers de cette nouvelle preuve d'ami
tié de leurs maîtres ! L'Allemagne est
prête, du reste, à leur fournir toutes
les preuves possibles dans ce genre.
Mais pour d'autres preuves, comme,:
par exemple, un bon traité de com
merce qui leur ouvrirait quelques dé
bouchés à la place de tous ceux qu'ils
se sont eux-mêmes fermés, à son ins
tigation, du côté de la France, oh cela,
non 1
M. Goblet vient de prononcer à Bo-
ves (Somme), où il présidait un con
cours de tir, une petite harangue po
litique dont le début est consacré à
expliquer qu'à ses yeux c'en est fini
du général Boulanger.
Après quoi, il a conclu en s'adres-
sant aux conservateurs :
Certes, ja ne me sens pas beaucoup d'in
dulgence pour ceux qui voulaient se servir
de lui ; ce sont des adversaires, et ils res
teront des adversaires, quoi qu'il arrive,
sinon du gouvernement républicain, du
moins de la politique que ja sers. Je ne
leur fais pas l'injure de croire, cependant,
qu'ils puissent encore, à l'heure qu'il est,
se présenter aux élections soua le drapeau
boulangiste.
Eh bien, qu'ils renoncent définitivement
à leur chimère et qu'ils viennent loyale
ment et honnêtement remplir, leur rôle de
conservateurs sous le drapeau républicain !
Tout au moins, si les anciens chefs, trop
engagés par leur attitude et par leurs actes
antérieurs, ne croient pas pouvoir se prêter
eux-mêmes à cette évolution, que tous les
hommes de bonne foi qui les avaient suivis
jusqu'ici reconnaissent qu'elle est devenue
indispensable, et qu'ils cessent de mettre
en question le gouvernement do leur pays !
Nous pourrons encore être divisés sur la
politique à suivre, nous ne le serons plus
sur la forme de nos institutions, et la Fran
ce, sûre de son gouvernement, aura recon
quis du même coup une bien autre puis
sance dans le monde.
C'est aux patriotes que je tiens ce lan
gage, & tous les patriotes de ce canton qui
n'ont pas encore fait adhésion à la républi
que, et je leur dis :
Cette adhésion, le moment est venu de
la faire. Toutes, chances ont disparu de ré
tablir an autre régime. Tous les moyens,
même les moins avo.uables, sur lesquels
comptaient les chefs des anciens partis,
leur manquent aujourd'hui. Vous voyez ce
que valaient leurs promesses et les espé
rances qu'ils faisaient briller à vos yeux. Il
n'y a plus rien en dehors de la-république ;
il faut se rallier à elle. Ceux-là n'ont plus
d'autre parti à prendre, qui aiment vrai
ment leur pays et qui, prêts comme vous
l'êtes à le défendre au besoin par les ar
mes* ne souhaitent pas moins sa prospérité
dans la paix et sa grandeur au milieu des
nations.
Vive la république !
M; Goblet qui, quoi qu'il en dise,
n'est nullement sûr de l'échec du bou-
langisme, mais, par contre, redoute
beaucoup le sien, ne serait pas fâché
de rallier quelques voix empruntées
aux conservateurs.
Mais on le connaît trop.et il s'abuse
étrangement s'il croit qu'on lui en fera
l'aumône.
Au sujet des mesures réclamées par
les enragés de l'opportunisme contre
les officiers convaincus ou soupçonnés
de boulangisme, le Temps publie la
note que voici : ...
On a dit, dans le compte rendu du con
seil des ministres, que le ministre de la
guerre avait rendu compte des travaux de
vérification qu'il avait fait entreprendre
avantTouverturo de la Haute Cour.
Nous ne croyons pas inutile de donner
quelques détails sur ce sujet. Lorsque le
ministre de la guerre, d'un commun accord
avec le président de la République et tous
ses collègues, partit en congé pour quelques
jours, il annonça en même temps au con
seil qu'il avait donné l'ordre à ses bureaux
de procéder à une vérification minutieuse
sur les noms des militaires de tout ordre
qui, d'après les dossiers de l'instruction de
la Haute-Cour, s'étaient mêlés au mouve
ment boulangiste. Avisé que ce travail était
terminé, le ministre de la guerre revint
Paris et il put, au conseil des ministre
tenu hier, communiquer un dossier com
plet.
Le ministre annonça en même temps
qu'il tenait à contrôler, par lui-même, le
travail qui lui a été remis, par la raison
que certaines erreurs, très naturelles, ont
pu être commises et l'ont été en effet. A,
tons les grades, beaucoup d'officiers por
tent le même nom et ne se distinguent que
par le prénom. Là où les dossiers de la
Ilaute-Cour ne donnent que le nom, on
comprend qu'une vérification soit néces
saire.
C'est & ce travail de contrôle que le mi
nistre de la guerre se livre depuis qu'il est
rentré. Nous savons qu'il a reçu, ce malin
môme, un certain nombre des officiers su
périeurs dont le nom figure dans les dos
siers de la Haute-Cour. Le ministre aura
terminé mardi, et c'est 'mardi également
que seront connues les mesures individuel
les qui seront la conséquence de l'examea
en cours.
On ne saurait trop répéter que le plus
grand nombre des cartes saisies au cours
des perquisitions avaient été adressées à
M. Boulanger, soit à. l'occasion du mariago
de sa fille, soit après son duel, et ne cons
tituaient, en somme, que des démarches de
pure politesse.
Il n'y a, il faut le dire encore à l'honneur
de notre armée, demeurée impassible en
face des provocations et des tentatives
des boulangistes,.qu'un nombre excessive
ment rostreint de cartes ou de lettres ayant
le caractère d'une manifestation ou d'une
adhésion politique.
Parmi ces cartes et ces lettres figurent
naturellement les documents cités dans le
réquisitoire et les dossiers de la Haute-
Cour.
La dîme anglicane
Le cabinet Salisbury n'a décidément
de « fermeté » que sur la question ir
landaise. Il vient d'opérer à la Cham
bre des Communes, sur la question,
des « dîmes », une volte face qui irrite
nombre de ses partisans les plus dé
voués.
C'est surtout dans le pays de Galles
que la question des « dîmes» est une
actualité brûlante. Les Gallois appar
tenant en majorité à la secte non con
formiste se sont toujours de fort mau
vaise grâce soumis à l'impôt de la
dîme au profit des bénéficiaires de
l'Eglise anglicane. Mais, en Angle
terre aussi la chose n'est point sans
soulever des mécontentements. L'abo
lition de la dîme est, par le fait, un
des articles du programme radical qui
ne demande rien moins que le désé-
tablissement de « l'Eglise mère ».
Le gouvernement avait donc éla
boré un bill destiné, d'après lui, à
donner satisfaction aux adversaires
de la « dime » telle qu'elle se recouvre
aujourd'hui (par voie de saisie au pro
fit des bénéficiaires), sans cependant
sacrifier les droits de l'église établie.
Mais le prétendu remède n'était qu'un
palliatif, puisqu'il se bornait à chan
ger le mode de recouvrement de la
aime; au lieu de procéder par « saisie
d'office » les bénéficiaires seraient dé--
sormais obligés de poursuivre le re
couvrement de leur impôt de dime
devant la j uridiction civile comme s'il
s'agissait d'une créance ordinaire.
La réforme parut dérisoire à ceux
qui la demandaient et qui voulaient
entre autres choses que la dîme M
désormais mise à la charge des pro
priétaires et non à celle des fermiers
ou des tenanciers. Mais le gouverne
ment avait déclaré qu'il n'entendait
nullement sacrifier l'intérêt des pro
priétaires et qu'il ne capitulerait pas
sur la question.
Et précisément il vient d'annoncer
qu'il capitule. Il consent à remanier
son projet et à sacrifier l'intérêt des
propriétaires qui seront maintenant
responsables de la dime envers le bé-
FEUILLETON DE h'UNIVERS
DO 19 août 1889
L'EXPOSITION SGIf31Ml
LA GALERIE DES MACHINES
""Voulez-vous qu'en vous démontre que le
colossaln'estpasle grand,que la dimension
n'est pas la majesté, que la géométrie n'est
pas la beauté, qu'une formule ne résout pas
le problème de l'harmonie et qu'un rébus
n'est point an poème : allez au Champ-de-
Mars.
Là, vous verrez, l'un en face de l'autre,
la tour Eiffel et la galerie des machines.
La première jouit de la réputation de te •
nir le drapeau tricolore à 300 mètres au
dessus du pavé de la république. Je suis
sûr que les âniers do la rue du Caire, con
nus pour n'être issus ni de Polytechnique,
ni de Centrale, estiment que la pyramide
de Chéops est plus haute. Ils s'abusent, évi
demment, puisque les chiffres sont là et que
rien n'est terrible comme un chiffre qui est
là.
Item, on assure que le palais des machi
nes a 420 mètres de long sur 86 mètres de
haut, que l'envergure des voûtes en fer est
de 115 mètres ; que la colonne Vendôme,
Notre-Dame, l'arc-de-triomphe, et môme le
Panthéon (83 m.) y pourraient tenir à la
file et sans se gêner La dame de la
halle, qui entend la messe à Saint-Eustache,
n'en croit pas un mot.
Je suis bien obligé de le croire, puisque
c'est imprimé et que les chiffres sont là,
toujours; mais ne me demandez pas pour
quoi tont cela, qui est si grand, apparaît si
petit. Il me faudrait interroger des ingé
nieurs, des physiciens, des oculistes,'des
peintres, des architectes, des géomètres,
des perspectivistes et des abstracteurs de
quintessence, et quand vous aurez ouï tout
ce monde, vous ne saurez pertinemment
que la tour a 300 mètres, chiffres aux piéds
(non en mains), que si vous en faites
l'ascension avec vos jambes, ce dont Dieu
vous garde.
Un des reproches qu'on a faits à la tour,
celui auquel, bien certainement, elle a été
lo plus sensible, c'est que, n'ajoutant rien
au trésor de l'esthétique humaine, elle était,
par surcroît, inutile.
C'est une erreur, bien qu'il ne faille pas
exagérer les services qu'elle peut rendre.
On parle d'étudier la chute des corps
dans l'air, la résistance de l'air sous diffé
rentes vitesses, les lois de l'élasticité,-celles
de la compression des gaz et des vapeurs,
des oscillations du pendnle, de la force et
de la direction des vents, de l'électricité
atmosphérique, etc., etc.
Voilà bien des études ; espérons que la
tour s'y prêtera de bonne grâce ; mais il
ne faut pas oublier qu'elle n'a pour elle qne
sa hauteur, — après tout petite, — sa ver
ticalité et. son isolement. Son sommet n'a
aucune fixité, il oscille constamment, il s'é
lève on s'abaisse avec la température (la
hauteur peut varier de 20 centimètres aux
températures extrêmes du climat moyen
de Paris) ; enfin les phénomènes météoro
logiques importants se manifestent à des
hauteurs bien plus considérables.
Mais laissons là cette tour un peu en
combrante et revenons à là galerie des ma
chines.
Elle est bondée d'attractions. ; o
• Mais il s'en faut bien que toutes méritent
les ah! ah l que leur prodigue le public.
- Voici d'abord les machines rotatives Ma-
rinoni, qui n'étaient , déjà, pas neuves en
1878. Je confesse qu'il y a fort loin de ces
machines à l'informe presse qui n'est pas
un des motifs les moins cocasses du monu
ment de Gutenberg à Strasbourg ; mais
enfin, il y a plus de vingt ans que ces ma-
chines-là-sont connues de l'univers entier.
Direz-vous qu'elles ont reçu quelques per
fectionnements depuis cette époque reçu •
lée? Le public ne les voit pas; en revanche,
ce qu'il sait fort bien, le public, c'est qu'a
vec les torronts de lumières qu'elles ont
versés sur la France, il n'y voit toujaurs
goutte et on no peut pas trouver son che
min." ■
J'en dirai tout autant dos machines à fa
briquer le papier, qui, elles aussi/ sont fort
âgées.
J'ai hâte d'arriver au pavillon d'Edison.
C'est là que nous allons enfin trouver du
nouveau et que le public pourra enfin en
tendre le phonographe parler, chanter et
jouer de l'harmonica.
L'art d'enregistrer et de reproduire les
sons a été pressenti il y a plus de deux
siècles ; on en trouve l'idée première, abso
lument vague, il est vrai, dans un ouvrage
de Wilkins, évêque anglican de Chester,
imprimé en 1648, à Londres.
Dans la séance du 3 juin dernier, M.Or-
theimer, présentant à l'Académie des scien
ces le graphophone de Tainter, rappelait
d'abord que Scott et le docteur Charles
Cros avaient déjà étudié la question de
l'enregistrement et de la reproduction des
sons.
Edison ne vint qu'après eux, et son
premier appareil était si imparfait qu'il
écrivait lui-même dans le New- York World
du 6 novembre 1887 :
« Moi-même, je doute que je puisse
« jamais voir parfait un phonographe capa-
« ble d'emmagasiner la voix ordinaire et
« de la reproduire claire et intelligible.
« Mais je suis certain que, si nous n'y.par-
« venons pas, la génération suivante le
« fera. J'ai donc laissé le phonographe pour
« m'occuper de la lumière électrique, sûr
« que j'avais semé une graine qui devait
« produire un jour. »
C'est à ce moment que Tainter et son
collaborateur Chichester Bell ont repris la
question. Comme Edison, ils enregistraient
les sons au moyen d'un stylet courant sur
une feuille "métallique, la fameuse feuille
d'Edison dont on a tant parlé. Les résultats
qu'ils obtinrent furent presque nuls ; la
feuille ne pouvait servir qu'un petit nombre
de fois.
Le docteur Bell, découragé, fit comme
Edison, et abandonna le phonographe.
Mais Tainter fut plus tenace ; et il trouva
enfin que le seul procédé pratique pour
emmagasiner les sons était la gravure sur
de la cire, ou sur un cylindre de carton re
couvert de cire.
Le système était si bon qu'Edison l'a
dopta, reprit l'instrument délaissé et cons
truisit le phonographe perfectionné qu'on
voit et qu'on entend dans la galerie des
machines. •
Le graphophone dé Tainter est-il à l'Ex
position ? Je le chercherai.
Edison vient d'arriver à Paris, où on lui
prépare mille honneurs, et ce sera justice.
Doué d'un esprit inventif extraordinaire,
travailleur infatigable, il a su, grâce, à un
outillage immense et que les fonds mis à sa
disposition lui permettent de perfectionner
à sa guise, il a su, dis-je, mener à bonne
fin et rendre pratiques une foule de concep
tions restées vagues et sans utilité immé
diate.
Cette galerie des machines est pleine
d'ustensiles de toutes formes et de tout
usage, de métiers à scier, à filer, à décorti
quer, à découper le bois, à graver le verre,
à fabriquer des descentes de lit, et surtout
de. machines à vapeur.
De celles-ci, il y a de tous les modèles*
Verticales, horizontales, minuscules ou gi
gantesques, superbes on cocasses, les unes
et les autres sont, je pense, dûment ins
tallées pour l'usage particulier auquel elles
sont destinées. Les décrire serait fasti
dieux.
Je dirai seulement que trois perfection
nements ont surtout mis on jeu l'esprit in
ventif des co nstructeurs depuis un certain
nombre d'années.
Les machines à vapeur s'appelaient au
trefois machines à feu ; et ce dernier nom
est de beaucoup le plus exact. La vapeur
n'est en effet qu'un intermédiaire entre la
chaleur développée par la combustion de la
houille et la force qu'il s'agit do produire.
Or, la vapeur, comme tous les intermé
diaires, absorbe une bonne partie du béné
fice; je veux dire qu'il s'en faut de beau
coup que toute la chaleur développée par
la houille soit utilisée. La;cheminée d'abord
en emporte dans l'atmosphère nne quan
tité notable ; mais la vapeur en dilapide
encore davantage, .dans ses frottements à
travers la machine, et surtout quand, après
avoir produit son effet dans les cylindres,
elle se dissipe toute brûlante encore dans
l'air ou dans des réfrigérants.
On a essayé de diminuer les pertes de
chaleur, par la cheminée, en perfectionnant
les chaudières.
Quant aux pertes éprouvées par le fait de
la vapeur, on est parvenu à les atténuer
très sensiblement.
La première invention dans ce sens, celle
du reste qui sert de base à tout ce qu'on a
fait depuis, c'est la détente.
Voici en quoi consiste le principe do la
détente. Quand le piston est, par exemple,
aux deux tiers de sa course, on arrête la
vapeur ; et le piston continue sa course en
vertu de la poussée que lui imprime la va
peur reçue, laquelle étant élastique se dé
tend comme un ressort. On bénéficie de la
sorte d'un tiers de vapeur, et comme on
dépense moins de vapeur, on dépense aussi
moins de houille.
C'est sur le principe si fécond de la dé
tente que Woolff, il y a près d'un demi-
siècle, a créé sa fameuse machine. La va
peur, après avoir agi dans un cylindre,
allait so détendre dans un second, où elle
agissait sur un autre piston.
Les machines Compound, dont on s'oc
cupe beaucoup depuis quelques années,
ne sont que des transformations et des
perfectionnements ingénieux de la machine
de Woolff.
Los Compounds sont bien représentés à
l'Exposition;
J'ai parlé plus haut de la perte de cha
leur utile résultant des nombreux frotte
ments de la vapeur, particulièrement dans
1e tiroir. On a imaginé depuis quelque
temps do nouveaux systèmes de distribu
tion. Je ponso qu'ils sont représentés dans
la galerie des machines, mais je n'ai pas
pu m'en assurer.
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