Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-08-05
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 70622 Nombre total de vues : 70622
Description : 05 août 1889 05 août 1889
Description : 1889/08/05 (Numéro 7887). 1889/08/05 (Numéro 7887).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k706707w
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi S Août 1889
N* 7S37 — Edition quotidiens
Lundi $ Août 1S89
mas
ÉDITION QUOTIDIENNE
tin an.
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
• •» «
• « • •
Six mois. . , .
Trois mois, . .
PARIS-
ET DÉPARTEMENTS
55 »
28 50
15 »
ÉTRANGER
(VHIOH POSTALE)
66 » ■
34 »
18 a
^tâtonnements partent de» t« et 16 de chaque uicl*
UN NUMÉRO | Départements! 20
BUREAUX : Paria, 10, rue des Saints-Pères
. Oà s'abonne & Rome, place du Gésù, 8
■ ... PARIS •
" ET BÏTARTEMSNTS
Un an. . 5 • . 30 #
Six mois. , 16 »
Trois mois. . . 8 50
ÉTRANGER
(UNION POBTUUA
36 »
19 »
10 »
Les abonnements partent des t" et 1S de ciutqaemoH
L'CSiYESS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C le , 6, place'de la Bourse
ii ii nu un il
FRAfTCB
PARIS, 4 AOUT 188?
Il paraît qu'en dépit dé la note offi
cieuse publiée hier sur le dernier con-
seildés ministres, le calme le plus par
fait n'aurait pas régné dans ledit con
seil lorsqu'on s'y est occupé de fixer
la date des élections. M. Tirard et
quelques autres peut-être étaient d'a
vis qu'il fallait hâter le plus possible
la convocation des électeurs. Au con
traire, Mj Constans aurait énergique-
ment soutenu que cette convocation
i ne devait avoir lieu qu'après conclu
sion du procès engagé devant la haute
cour et des affaires connexes. Cet avis
aurait finalement prévalu et la date
du 29 septembre aurait été approxima
tivement fixée.
M. Andrieux vient de soulever une
question qui ne manque pas d'un cer
tain intérêt & la veille de l'envoi par
M. Constans d'une circulaire destinée
à commenter pratiquement la loi sur
les candidatures multiples. On prête
au ministre de l'intérieur.— et la chose
est des plus vraisemblables, — le des
sein de déclarer que les bureaux des
sections électorales devront s'abstenir
, T de compter les suffrages oui se se
raient portés sur des candidats inéli
gibles aux termes de la loi que nous
venons de rappeler. Mais M. Andrieux
produit son objection, tirée de l'article
10 de la loi constitutionnelle, où il est
dit que : « Chaque Chambre est juge
de 1 éligibilité de ses membres et de la
régularité de leur élection. »
■ 11 suit de là, selon M. Andrieux, que
la Chambre des députés seule sera
juge du point de savoir si les bulletins
au nom d'un candidat qui n'aura pas
fait les déclarations prescrites devront
ou non être considérés comme vala
bles ; mais il n'appartiendra pas aux
maires, ni aux membres des bureaux
qui les assistent, de tenir pour nuls
ces bulletins et de refuser d'en faire
l'addition. « Malgré les apparences,
ajoute M. Andrieux, la loi interdisant
les candidatures multiples n'a pu vou
loir dire autre chose. Si elle avait eu
la prétention de contredire la Consti
tution, elle resterait sans effet, quoi
que votée par les deux Chambres,
puisque le Congrès seul peut, dans l'é
tat de notre législation, abroger des
lois constitutionnelles. »
L'argument est tout au moins très
spécieux. Il est certain, en tout cas,
que le rejet ou l'admission de ce com
mentaire dépendra surtout du ca
ractère qu'aura la majorité dans la
prochaine Chambre.
Le Temps , en annonçant la révoca
tion de trois maires ruraux, ce qui
porte à une vingtaine le chiffre des ré
vocations de ce genre, affirme qu'il
n'est nullement question, comme l'a
dit un journal du matin, de révoquer
des préfets. Cependant nous voyons
anjourd'hui au Jowmal officiel que Mi
Gaston Carie, « publiciste remplace
comme préfet du Cher M. Duclaud,
« dont la démission est acceptée ». Or
étant donné que les dernières élections
du Cher n'ont pas tourné au gré du
gouvernement, on se demandera si la
démission de M. Duclaud est bien
spontanée de sa part. Nous nous per
mettons d'en douter.
; Une dépêche de Rome a fait savoir
Ma brusque clôture de la session parle
mentaire, qui ne durait pas depuis
{>lus de sept mois, quand en général
es sessions du Parlement italien sont
de deux ans. On en conclut que la
Chambre actuelle, malgré sa servilité
à l'endroit de M. Crispi, n'est pas suf
fisamment disposée à le suivre sjir le
terrain d'action extérieure où il s'en
gage de plus en plus. La dissolution
de la Chambre suivrait donc de près
la clôture de la session. En attendant,
on commente vivement les mesures
prises à la Spezzia, et on les rapproche
de ce fait que des ordres viennent d'être
donnés en vue de pousser activement
les derniers travaux des fortifications
dans les Alpes. Au moins l'on saura
ainsi à quoi s'en tenir sur leâ protes
tations de nos voisins.
Des nouvelles arrivées de Rio-Ja-
neiro, en date du 20 juillet, rapportent
que le préfet de police de cette ville a
publié un arrêté interdisant, sous me
naça de peines sévères, les cris de :
« Vive la République ! » « A bas la
monarchie ! » et défendant les réu
nions publiques organisées dans un
but politique. Ces nouvelles-confir
ment ce qu'on savait déjà de l'exis
tence au Brésil d'un parti républicain,
qui cherche à exploiter le malaise et
même les ruines qui en divers endroits
ont été la suite de la brusque suppres
sion de l'esclavage. C'est là un symp
tôme d'autant plus grave que, l'empe
reur ayant: récemment remplacé par
un ministère libéral le gouvernement
appuyé depuis longtemps par les con
servateurs, les républicains devaient
en éprouver quelque satisfaction. Gela,
paraît-il, né leur suffît plus. N'est-ce
pas le cas de rappeler combien depuis
longtemps le Brésil est ravagé par la
franc-maçonnerie?
On signale un brillant succès rem
porté en Egypte, sur les Derviches,
par le général Grenfell. On trouvera
aux dépêches le récit de cet enga
gement.
P. S. — C'est ce matin qu'a eu lieu
au Panthéon la cérémonie laïque an
noncée depuis plusieurs jours. Nous
donnons plus loin quelques détails.
L'Unité politique
II
L'idée d'un pouvoir un et absolu do
mine chez.les anciens, soit qu'ils l'ap
pliquent à un être de raison, cité ou
république, soit qu'ils en investissent
un homme, dictateur ou empereur.
Le^ panthéisme ou polythéisme, se
{irêtant à tout l'arbitraire de la vo-
onté et des passions, n'avait aucune
prétention à l'indépendance et ne dis
posait à aucun sacrifice pour la sou
tenir. Les Juifs seuls, professant le
culte du vrai Dieu eurent un pouvoir
religieux distinct, indépendant. Cette
distinction, cette indépendance reli
gieuse renfermée dans la limite du
peuple juif, fut étendue au monde en
tier par l'Eglise catholique. Partout où
réside un chrétien,-il y a deux souve
rainetés. Aucun pays chrétien ne l'a
méconnu: En Angleterre, aux Etats-
Unis, il est admis par la loi et la cou
tume que l'Etat ne peut rien ordon
ner contre le Décalogue. Nos anciens
légistes professaient que le droit na
turel est supérieur aux ordonnances,
et cette doctrine élevée, Portalis la
porta dans la discussion du code
civil. L'Eglise catholique n'est pas
seulement une doctrine, elle est une
société organisée, par suite se suffi
sant à elle-même, qui a la garde de la
religion et de la morale.Quand elle pa
rut, un seul personnage remplissait le
monde : César.
Sans doute, ce sont les Juifs qui sont
déicides; mais le tribunal, lé juge, la
procédure', le supplice, le délit, la force
armée qui accompagne le Sauveur
sont tous romains. Les Juifs, pendant
l'interrogatoire, modifient l'acte d'ac
cusation. Sur un signe d'impatience
de Ponce-Pilate, ils substituent au mo
tif religieux de leur requête un motif
politique, et accusent Jésus de soule
ver le peuple contre César. Pilate n'hé
site plus et il le condamne comme toi
des Juifs, ainsi que porte l'inscription
de la Croix. Jésus se reconnaissant roi
des Juifs ne revendiquait pas le royau
me de Juda. Il déclarait que son
royaume n'avait pas une origine hu
maine, ne venait pas du monde. L'ex
pression De hoc mundo désigne l'ori
gine, et non que ce royaume n'aura
pas sa place dans le monde, mais c'est
un royaume spirituel, divin; ce
royaume, c'est l'Eglise catholique.
Après trois siècles de massacres,
l'empire romain se trouva chrétien.
Les empereurs, qui ne comprenaient
pas qu'un sujet pût avoir une autre
religion que celle de son prince, trans
portèrent ce zèle dans leur nouvelle
religion. Ils se considérèrent en quel
que sorte comme les chefs de l'Eglise,
convoquaient lès conciles et les prési
daient; La doctrine de l'unité du pou
voir reparaissait. Le code théodosien,
qui renferme une collection des cons
titutions ou ordonnances des empè-
reurs chrétiens jusqu'en 438, ne men
tionne pas le" Souverain Pontife; Il
cite seulement les évêquesdes gran
des cités, Alexandrie, Antioche, Jéru
salem, Constantinople, auxquels est
assimilé l'évêque de Rome. Il semble
que les empereurs de Byzance, s'iricli-
nant devant le fait de la diffusion géné
rale du christianisme, aient voulu s'en
emparer et le diriger. Ce fait avait son
principe, son unité dans la personne de
Pierre et de ses successeurs. L'Eglise
avait son gouvernement, sa hiérarchie
quand Constantin se convertit. La
tendance des empereurs à être plus
catholiques que le Pape et à faire pré
valoir leur volonté, exposait l'Eglise et
l'Etat à de grands troubles. Ce zèle
théologien penchait sans cesse vers
le schisme et y tomba bientôt. C'est
qu'en effet les empereurs ne se las
saient pas des flagorneries ' du droit,
qui les traitait toujours en hommes di
vins, en pontifes des dieux. L'unité
impériale était pour eux le principe
de l'unité religieuse. Mais ce principe
localisait le christianisme comme
les religions polythéistes, et soumet
tait la religion à l'Etat. Les Grecs
"eurent donc un christianisme grec,
limité par le territoire, soumis au
prince. Ils inventèrent ces locutions
d'Eglise orientale et d'Eglise occiden
tale, d'Eglise latine, d'Eglise grecque,
comme si l'Eglise n'était pas des
quatre points cardinaux et n'était
pas l'Eglise de tous les peuples. Ils ab
sorbaient dans le principe de la terri
torialité et de l'unité de l'Etat la sou
veraineté de l'Eglise.
Partout où le schisme a triomphé,
l'Etat est revenu à l'unité païenne, il
n'a pas reconnu les deux puissances.
Et il est clair que les disputes théolo
giques qui précèdent les grands schis
mes ne sont amenées que pour ce ré
sultat. Les princes et leur noblesse
veulent par cupidité mettre la main
sur des biens d'Eglise, ou s'emportent
par orgueil contre la seule autorité
qui condamne leurs vices ou leurs er
reurs.
La même question s'est présen
tée au moyen, âge. La querelle des
investitures posait la question dans
toute sa simplicité. Le sacerdoce ve
nait-il de l'empire, serait-il soumis à
l'empire? Remarquez que saint Gré-,
goire VII ne réclamait que la liberté
ou la souveraineté de l'Eglise dans
l'ordre de ses attributions. C'est tou
jours la religion qu'il a en vue et qu'il
défend contre le droit byzantin. Ce n'èst
jamais à propos de l'administration
intérieure des Etats qu'il agit ou prend
la parole. La théocratie du moyen âge
est une fable inventée par les légiste^.
Il fallait bien supposer des agressions
papales afin de justifier les agressions
impériales. Grégoire VII est mort en
exil. Les légistes ont construit deux
légendes sur les Papes. Ils les accu
sent d'abord de s'emparer par leurs
maximes du temporel des rois ; et'
puis, ils prétendent - que les Papes
ont reconnu la suprématie de l'em
pire. Les héritiers de M. Villemain
ayant mis au jour une vieille his
toire de Grégoire VII, un légiste de
réputation, M. Giraud, se chargea de
patronner l'ouvrage dans la Revue
des Deux Mondes. M. Villemain établis
sait que Grégoire VII avait à peu près
fondé l'Eglise, et que le christianisme
datait du onzième siècle. A cette trà-
dition, M. Giraud en ajoutait une au
tre , c'est qu'une demi-douzaine de
Papes avaient reconnu l'empereur
pour leur maître et vendu l'indépen
dance de l'Eglise. Vérification faite,
tous ces Papes étaient des anti-Papes.
Cette guerre de l'empire et des légis
tes contre l'indépendance de l'Eglise
s'est continuée, tantôt violente, tantôt
sourde et cauteleuse. ' Tout le pro
testantisme est sorti de là. Il fait
rentrer le christianisme dans le do
maine national et l'assujettit à la loi.
il méconnaît l'universalité de l'Eglise
et écarte le Souverain Pontife. Les
empereurs de Constantinople s'effor
çaient de ranger le Papé au niveau
d'un patriarche. Finalement ils sont
sortis de l'Eglise pour ne pas recon
naître son universalité et l'autorité du
successeur de Pierre, qui en est le
principe. Le gallicanisme des légistes
établissait que le Pape était un évo
que comme un autre. Les rois chré
tiens, trop fidèles à l'esprit césarien,
tendaient à changer leur protectorat
en direction ou en domination : c'était
conforme à l'esprit du code théodo
sien. En politique, le : protectorat
tourne toujours ainsi. Et Napoléon^
en protégeant l'Eglise, entendait bien
l'asservir. Le savant Daunou avait
par son ordre, réuni en volume tout
ce qu'il savait ou ne savait pas sur
l'ambition et les usurpations des Pa-
f>es. Cependant, il parait bien que
es empires et les royaumes qui
avaient élevé de si formidables ma
chines de guerre contre la Pa
pauté n'ont pas péri sous les coups de
l'Eglise. Les légistes, leurs défen
seurs à outrance contre l'Eglise, ont
hâté, leur succession et se sont par
tagé leurs dépouilles. La politique
césarienne est restée dans les anciens
pays de domination romaine; elle
s'est insinuée dans les autres par les
arguments qu'elle prête à l'extension
de la puissance. Rien dans l'antiquité
ne gênait le pouvoir absolu. Les mo
ralistes se bornaient à recommander
d'obéir aux lois, c'était le dogme des
stoïciens. Et qui faisait la loi? le plus
fort, prince ou multitude. L'Eglise
changea cette conception du pouvoir.
Elle appuie la conscience humaine sur
la loi divine. Il y a désormais deux
pouvoirs dans toute société ; et le
pouvoir spirituel, indépendant, auto
nome, a toujours été reconnu par les
populations ; c'est à force de ruses,
ae violences, que les chefs politiques,
entraînés par leurs passions, ont jeté
les peuples dans l'erreur, ont amené
la plupart des révolutions dont se com
pose l'histoire depuis les anciens.
Jamais l'Eglise ne s'est confondue
avec l'Etat, elle a toujours eu sa sou
veraineté distincte, non soumise aux
lois séculières. C'est ce qu'attestent
les Concordats passés avec les plus
grandes puissances. Mais cette souve
raineté n'est pas idéale,elle est réelle,
pourvue de se3 moyens nécessaires
d'action; et le principal moyen, c'est
la droit de propriété,qu'elle tient d'elle-,
même, de Dieu. Sans ce droit, serait-
elle maîtresse de ses églises, de ses
presbytères, de ses séminaires, de "ses"
écoles, de ses hôpitaux? si ses reli
gieux sont privés du droit de domicile
et mis hors la loi, l'Eglise est-ellè li
bre? On ne conteste pas au chrétien
le droit de réciter à part lui la Credo ;
on rend. l'Eglise impossible, en l'em
pêchant, de vivre matériellement. En
France, on retire le droit de propriété
à l'Eglise. En Italie, la souveraineté-
civile du Saint Père est contestée.-
C'est la même question; ■ L'Etat mo Ji
derne, comme les empereurs grecs;
allemands, français, ne reconnaît pas
la souveraineté.' la liberté de l'Eglise;
il ne veut qu'un pouvoir, qui est le
sien. :
Ce sera par une fiction de droit le
pouvoir absolu du peuple ou des ma
jorités.Mais avec ces fictions de droit f-
le fait de la confiscation marche et se
développe; Pour la protection de l'E
glise, dans la querelle des investitures,
et même pour la liberté des cultes,-
les légistes ont des formules variées;'
qui-aboutissent toutes à nier l'indé
pendance de l'Eglise, à la placer sous
la domination de l'Etat. Et cette
sujétion continue au nom de la liberté
et du droit par les règlements de l'Etat
sur la propriété religieuse. On détruit
toutes les maisons où la religion exer
ce son empire, on enlève les enfants
à son autorité. L'indépendance - de
l'Eglise impliquant le droit de pro
priété, on conçoit pourquoi les hé
ritiers du césarisme : et leurs légis
tes, tout en comblant souvent l'Eglise
de louanges, lui ont. dressé tant de
pièges, par leur manière d'entendre
le droit . de propriété. Ils visaient l'E
glise, ils restent fidèles à la théorie du
contrat social et du pouvoir absolu.
Et les libertés administratives ou loca
les deviennent une illusion dans, un
pays où l'absence du droite de pro
priété laisse chacun inerte et sans ap
pui devant l'omnipotence de l'Etat.
Coquille ,
La protestation
de
l'épiscopat espagnol
Voici la traduction de cet important
document :
- Très Saint-Père,
Un fait inqualifiable vient d'avoir lieu, à
Rome,.et devant ce fait nous ne pouvons
nous taire, nous, évêques espagnols qui
nous glorifions de professer, une inébran
lable adhésion à la personne sacrée de Vo
tre Sainteté et à la sainte Eglise dont, par
la disposition divine, Vous êtes le Pasteur
suprême. ;
Les impies, ennemis acharnés de la cause
divine du catholicisme, et qui n'ont cessé
de l'attaquer par tous lesmoyens qu'ils ju
geaient propres à lui nuire, ont préparé et
réalisé une répugnante explosion d'injures
et d'outrages contre cette cause personni
fiée en l'auguste personne de Votre Sain*
teté contre laquelle ils dirigent spécialement
leurs, attaques, en vue de la vilipender.
Mais, grâcô à la protection divine qui la
soutient, plus l'acharnement de ses enne
mis multiplie les assauts qui, souvent, se
changent pour elle en glorieux triomphes,
plus elle résiste, sans s'affaiblir jamais, et
ce suprêmes effort de l'impiété recourant
à l'apothéose d'un des monstres les plus
abominables dont se souvienne l'histoire
pour dresser, par une tentative. insensée et
dégradante contre la* brillante figure de :
Votre Sainteté, la misérable figure de Gior-
dano Bruno, cet effort ne servira qu'à
augmenter^ foi, la piété, la valeur du
peuple chrétien pour combattre sur, tous
les terrains en faveur de la cause du Ponti
ficat, qui est celle de Notre Divin Rédemp
teur Jésus-Christ.
Oui, voilà certainement ce qui arrivera.
Car la cause dô Votre Sainteté et de l'E*
glise Catholique dont Vous êtes le chef su
prême, brille avec un éclat d'autant plus
vif depuis que si rude est le combat. Votre
Sainteté opère admirablement dans cafte
constante résistance qu'avec une valeur di
vine Elle oppose aux' combats répétés
qu'Elle' se voit obligée de soutenir contra
tant d'ennemis de la cause du Ciel. Et il
arrive que la valeurs de Votre Sainteté sa
communique à tous les membres de l'Eglise
qui chaque jour, acquièrent une plua
grande vigueur pour combattre avec l'in
trépidité que Vous leur inspirez.
Nôus avons le bonheur de nous compter
parmi- eux, avec toute l'Espagne catho
lique, NôuSj évêques soussignés et de non»
veau nous protestons que nous confirmons
et renouvelons toutes nos anciennes décla*
tions contenues dans des documents anté
rieurs ; qu'ayee, le secours divin nous de
meurons et demeurerons jusqu'à la mort
intimement unis à Votre Sainteté, que noua
détestons et exécrons la doctrine et la
conduite de l'apostat Bruno et de tous ses
■aveugles sectateurs ; que, de nouveau, noua
protestons contre l'injuste et sacrilège* dé
tention des Etats de l'Eglise, dont, par un»
disposition providentielle ellé est en pos
session et en jouissance depuis les temps
les pins reculés; enfin, que nous levons les
mains au Ciel pour demander sans cesse â.
la'justice divine uîi remède prompt et effi
cace à tant de maux qui vous accablent sur
terre et qui, chaque jour, vous fontboire,
' plein jusqu'au bord, le calice d'amertume.
De Tolede, en la fête de. notre glorieux;
patron l'apôtre saint Jacques le 25 juillet,
1889.
(Suivent les signatures des cardinaux Pava,
archevêque de Tolède, patriarche des Indes, Be-
navides, archevêque de Saragosse, Monesoillo^
archevêque de Valence, Gonzalez, archevêque
de Sôville, des archevêques de Bnrgos, deCom-
■p os telle, de Grenade, de Valladolid, ainsi qu®
des évêques de toutes ces provinces et des évê-
qaos des provinces de Tarragone et de Santiaga
de Cuba dont les sièges métropolitains sont ac^
tuellement vacants).
On aura remarqué, les conclùsioîi$
optimistes du discours que lord Salis-»
bury a prononcé au banquet du lord4
maire et que les dépêches de l'autre»
jour nous ont signalé.
' Le premier ministre a été très court
sur la question d'Irlande, Il trouve na
turellement que la situation de l'îla
sœur est bien améliorée grâce à l'é
nergie de M. Balfour, des magistrats
spéciaux et de la police qui appliquent
rigoureusement l'acte de coercition.
Mais le principal caractère de cette
« amélioration » c'est que les agents
du gouvernement anglais en Irlande
ont les plus grandes facilités pour
étouffer les protestations du peupla
irlandais et pour faire distribuer libé
ralement de la prison à leura adver
saires politiques. On comprendra dès
lors que les Irlandais, au contraire du.
premier ministre, ne trouvent pas du
tout leur situation améliorée. La lec«j
ture des journaux d'Irlande, accusa
assez violemment ce contraste en
tre la satisfaction de lord Salisbury et
le mécontentement de tout un peuple.
Les affaires de Crète n'alarment pas
lord Salisbury. ; Il proclame qu'il n'a
nulle envie d'annexer l'île de Crète.
Il espère que cela s'arrangera comma
cela s'est souvent arrangé dans' la
passé.
Bref, il ne croit pas la guerre parce
que personne ne peut la désirer et la
provoquer sans courir le3 plus épou
vantables risques. C'est le bon; sens
des nations européennes qui lui sem
ble donc un sûr répondant de la paix."
f En Egyte, c'est une autre affaire,
l'Angleterre y à encore une expédition
sur les bras. Elle a pris devant l'Eu
rope l'engagement de ramener l'or*
; dre, la paix, la prospérité dans l'an
cien royaume des Pharaons. Elle - ne»,
faillira pas à sa^ tâche et voilà pourquoi
elle a le devoir de ne tenir aucun,
compte des questions qu'on lui posa
sur 1 époque où elle doit évacuer
1 Egypte. Elle quittera lés bords du Nil
quand eUe le jugera bon.: Voilà tout!
^Les déclarations de lord Salisbury
n'appreimênt donc rien de nouveau à
* Europe. Elles n'apprennent rien noix
plus à son parti. Et pourfantles tories
sont dûment avertis par le résultat da
nombreuses élections partielles qu'ils
FEUILLETON, DE L'UNIVERS
DD 5 AOUT 1889
MONTMARTRE
IV
MONTMARTRE ET LES C0NQRÉGÀTI9NS
. RELIGIEUSES
Elles sont nombreuses les congrégations
religieuses qui ont avec Montmartre des
liens intimes. Le simple exposé des docu
ments dont nous disposons fera l'objet de
cet article.
Nous avons déjà parlé de la Compagnie,
de Jésus.
Cette société, dont Mgr Mermillod disait
au congrès eucharistique de 1888 « qu'elle
a à la fois la blanche pureté de la doctrine
et la pourpre du sacrifice », est née au
cœar de la France, « elle est fille de Mont
martre! # (1)
C'est à Montmartre que les six premiers
fondateurs firent leurs premiers vœux,pro
mettant à Dieu de renoncer aux plaisirs du
siècle, de garder une inviolable chasteté,
de faire le pèlerinage de Jérusalem ou au
moins d'aller à Rome se jeter aux pieds
du Souverain Pontife et s'offrir à lui pour
11) Doublet,
être employés comme d'humbles ouvriers
au salut des âmes et au triomphe de l'E
glise.
C'est sur cette terre sanctifiée que saint
François Xaxier sentit pour la première
fois le désir de se consacrer à l'évangélisa-
tion des infidèles. Qaand Montmartre n'au-,
jait d'autre gloire que d'être le berceau
de la Compagnie de Jésus, il aurait sa
place marquée dans le cœur de tous ceux
qui aiment l'Eglise et la France. Mais nous
devons revendiquer d'autres gloires, et
nous allons voir une foule d'instituts reli
gieux se rattacher à notre montagne natio»
nale par des souvenirs de famille.
S'il est un ordre religieux qui ait laissé
des traces profondes dans l'histoire, c'est
l'ordre bénédictin, Déjà, au quinzième siè
cle, cet ordre comptait 15,000 abbayes,
15,000 saints canonisés, 24 Papes, 200 car»
dinaux, 7,400 archevêques ou évêques. Or,
nous le verrons plus tard, durant six siè
cles, l'histoire de Montmartre se résume
dans celle de l'abbaye bénédictine qui cou
ronnait la montagne. Et les savants béné
dictins d'aujourd'hui ne peuvent guère par
courir les vieilles chroniques de leur ordre,
sans rencontrer souvent le nom prédestiné
de Montmartre.
Les Bénédictines du Très Saint-Sacrement
n'oublient pas que leur fondatrice, Gather
rine de Bar, plus connue sous le nom de
Mechtilde du Saint-Sacrement, a séjourné
18 mois sur notre chère, colline. Chassée de
la Lorraine parles Suédois,pendant la guer
re de Trente ans, elle fut recueillis dans
l'abbaye de Montmartre.
C'est & probablement qu'elle connut pour
la première fois le P. et. c'est à la
parole'da feçwjne 4* Pieu Qîi'pll? s'en?
flamma d'un immense désir de réparation.
On le sait, les bénédictines du Très Saint-
Sacrement se proposent deux choses : l'a
doration perpétuelle et la réparation. N'est-
il pas admirable, de voir germer ce double
esprit sur la montagne qui, deux siècles
plus tard, sera le lieu de l'adoration et de
la réparation par excellence ? Dirons-nous
encore qu'au dix-septième siècle on voyait
à Montmartre, très probablement sur l'em
placement du temple du Mars, une cha
pelle sous le vocable de saint Benoît ?
Tout ce qui précède suffît pour faire
comprendre que l'ordre bénédictin est inti
mement lié aux gloires de Montmartre, et
nous ne pouvons qu'applaudir à la pensée
de dédier une chapelle à saint Benoît dans
la basilique du Vœu national.
Saint Vincent de Paul et Montmartre !
Un des principaux théâtres du zèle de ce
saint apôtre fut la plaine de Qiichy, au bas
de la butte. Que de fois saint Vincent de
Paul dut gravir le sentier qui serpentait de
sa paroisse à ce qu'il appelait « le mont de
Basan » ! II n'entreprenait aucune œuvre
de charité, d'apostolat, sans aller prier
dans la chapelle du Martyre. Non seulement
il vint se recueillir à Montmartre avant de
fonder les. Prêtres de la Mission (2); mais
quelques années après, nous surprenons
ses premiers compagnons à genoux sur la
colline pour recommander à Dieu et à saint
Denysleur congrégation naissante.
Dans la conférence faite, le 12 septembre
1659, sur la pauvreté, à sa communauté de
Saint-Lazare, il disait : « 0 Sauveur du
« monde, qui avez donné un si bel exemple
(2) Piganiol de la Force, Sauvai, Gh$ronuçt,
c-tc» | '
« de pauvreté! la compagnie encore dans
« son enfance, n'étant composés que de
« trois ou quatre qui allèrent à Montmar-
« tre (le misérable homme qui vous parle
« étant alors indisposé), se recommanda à
« Dieu par l'intercession des saints mar-
» tyrs, pour entrer dans cette pratique de
« la pauvreté... 0 Sauveur de mon âme,
« faites-nous la grâce de ne vouloir possé-
« der que vous ? » (Vol. in-4% 315.)
Saint Vincent de Paul ne s'est pas con
tenté de prières, il s'était fait l'apôtre des
ouvriers, des carriers. C'est ce qui résulte
delà déposition d'un laboureur du pays
dans le procès de canonisation:
« Je me souviens, disait-il, avoir vu le
serviteur de Dieu faire lui-même la mission
aux pauvres ouvriers des. carrières de Mont
martre, les instruisant sur les mystères de
la foi et leur apprenant à prier Dieu (3). »
On comprend que les lazaristes aient une
prédilection marquée pour la montagne où
leurs premiers pères se sont consacrés à
Dieu et où leur premier fondateur fut à la
fois apôtre et pèlerin.
C'est ce qui explique pourquoi, à l'épo
que, aotuelle, on ne peut guère pénétrer
dans le sanctuaire de Montmartre sans
apercevoir la blanche cornette de la sœur
de Charité. Rien d'étonnant à cela. Les
sœurs de Charité sont les filles de saint Vin
cent de Ppil et elles ont hérité de l'affec
tion de leur père pour la montagne des
Martyrs. Il y a d'ailleurs dans les médita
tions de leur pieuse institutrice, Mme Le-
(3)4>un, 49 du sommaire : Eœprocessu ne
Tpereant probationes , pour la cause de béatifica
tion de saint Vincent de Paul, il est dit : Teslis
Jiïcolaus Moreau, agricola, wtatis 83, juxta inter-
rog, fol 739 respondit, ,,, etc., p.
gras, une page vraiment prophétique - sur
les destinées de Montmartre. C'est le jour
de saint Denys. Après avoir remercié Dieu
d'avoir tiré la France « du rien, du paganis
me », la vénérée coadjulrice de saint Vin.r
cent de Paul ajoutait comme inspirée.-:
« Obtenez, ô mon Dieu, pour le peuple que,
votre sang a acquis à Jésus-Christ, que
cette montagne encore fumante attire la
flamme de l'amour saint ! Embrasez les
cœurs l » Cette prière inconnue des hom
mes a été entendue du Ciel, et sur Mont
martre s'élève la basilique consacrée à l'a
mour: La montagne fumante du sang des
saints martyrs est devenue fumante d'a
mour. Par leur dévouement à la cause du
vœu national et à la gloire du Sacré-Cœur,
les vaillantes sœurs de Charité réalisent à
elles seules la prophétie de leur première
mère.
Uhumble et savante société de Saint-Sul-
pice doit aussi saluer Montmartre à l'au
rore de sa fondation. En 1642, MM. Olier,
Picoté et Foix, ses premiers disciples, vin
rent sur la montagne promettre à Dieu de
demeurer unis et de travailler à l'instruc
tion et à la sanctification du clergé. On nous
saura gré de reproduire l'acte de consécra
tion qu'ils prononcèrent an pied des saints
autels :
« Trois prêtres se trouvant appelés dans
« l'unité d'esprit au service de Dieu et de
« la sainte Eglise, pour lui former des ini*
« nistres qui servent dignement sa gran-
« deur, qui honorent son Fils Jésus-Christ,
« Notre-Seigneur; et qui aiment ses mem-
« bres, ont cru qu'en l'honneur de la société
« divine de ces trois personnes inaJparables
« dans l'unité d? leur essence et de leur
% saint amonri 'la doivent s'pir j^r
«. sainte promesse de ne se quitter jamais,
« ni de se départir du dessein qu'il a plu h
a Dieu de leur manifester et même leur
« confirmer par quantité de témoignages.
a Si quelqu'un d'entre eux se croyait ap-"
P^MiPs.r la bonté de Dieu à le servir sé*
,« parément des autres. il ne pourra lefaira
« qu'avec leur agrément et leur consente-
« ment mutuel. C'est , ce qu'ils, désirent
« promettre en la présence des trois mar-
« tyrs saint Denys, saint Rustique et saint
« Eleuthère, pour se vouer et se consacrer;
« à sieur imitation, comme des hosties vi-
« vantes, à l'honneur de la Très Sainte-
« Trinité, à la gloire de Jésus-Christ et ^
« l'honneur de son Eglise, »
Trois ans plus tard, le 2 mai 1045, ces
généreux prêtres revinrent à Montmartre
renouveler.leur consécration. Ecoutons la
vénéré fondateur : « A la gloire de Dieu
« dit-il, le jour de Saist-Athanase, âiant
«, allé à Montmartre avec d.sux de nos mes-
« sieurs, nous avons fait promesse sur
« 1 Evangile entre les mains du R. P. Ba-
«taille de ne nous départir jamais du des-
« sein qu'il a plu à Dieu de nous inspirer^
« de noas lier ensemble pour lui; servit
« d'organes et d'instruments et lui disposer?
« des prêtres qui le servent en esprit et en
« vérité, qui honorant aussi son Fils suc
« les autels et qui s'emploient avee tharitâ
« au service des membres du • Saint-Es*
« prit. » r;- ' ;
M. Olier obtint de. Marie de Beauvilliers
abbesse des Montmartre, une relique da
saïqt Denys,et il voulut établir une associa
tion de prières entre l'abbaye et .te congré
gation. Le R, P. VQÏïia avait bien raison
i ^ ^ société de Saint-Salpioe, émU
N* 7S37 — Edition quotidiens
Lundi $ Août 1S89
mas
ÉDITION QUOTIDIENNE
tin an.
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
• •» «
• « • •
Six mois. . , .
Trois mois, . .
PARIS-
ET DÉPARTEMENTS
55 »
28 50
15 »
ÉTRANGER
(VHIOH POSTALE)
66 » ■
34 »
18 a
^tâtonnements partent de» t« et 16 de chaque uicl*
UN NUMÉRO | Départements! 20
BUREAUX : Paria, 10, rue des Saints-Pères
. Oà s'abonne & Rome, place du Gésù, 8
■ ... PARIS •
" ET BÏTARTEMSNTS
Un an. . 5 • . 30 #
Six mois. , 16 »
Trois mois. . . 8 50
ÉTRANGER
(UNION POBTUUA
36 »
19 »
10 »
Les abonnements partent des t" et 1S de ciutqaemoH
L'CSiYESS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C le , 6, place'de la Bourse
ii ii nu un il
FRAfTCB
PARIS, 4 AOUT 188?
Il paraît qu'en dépit dé la note offi
cieuse publiée hier sur le dernier con-
seildés ministres, le calme le plus par
fait n'aurait pas régné dans ledit con
seil lorsqu'on s'y est occupé de fixer
la date des élections. M. Tirard et
quelques autres peut-être étaient d'a
vis qu'il fallait hâter le plus possible
la convocation des électeurs. Au con
traire, Mj Constans aurait énergique-
ment soutenu que cette convocation
i ne devait avoir lieu qu'après conclu
sion du procès engagé devant la haute
cour et des affaires connexes. Cet avis
aurait finalement prévalu et la date
du 29 septembre aurait été approxima
tivement fixée.
M. Andrieux vient de soulever une
question qui ne manque pas d'un cer
tain intérêt & la veille de l'envoi par
M. Constans d'une circulaire destinée
à commenter pratiquement la loi sur
les candidatures multiples. On prête
au ministre de l'intérieur.— et la chose
est des plus vraisemblables, — le des
sein de déclarer que les bureaux des
sections électorales devront s'abstenir
, T de compter les suffrages oui se se
raient portés sur des candidats inéli
gibles aux termes de la loi que nous
venons de rappeler. Mais M. Andrieux
produit son objection, tirée de l'article
10 de la loi constitutionnelle, où il est
dit que : « Chaque Chambre est juge
de 1 éligibilité de ses membres et de la
régularité de leur élection. »
■ 11 suit de là, selon M. Andrieux, que
la Chambre des députés seule sera
juge du point de savoir si les bulletins
au nom d'un candidat qui n'aura pas
fait les déclarations prescrites devront
ou non être considérés comme vala
bles ; mais il n'appartiendra pas aux
maires, ni aux membres des bureaux
qui les assistent, de tenir pour nuls
ces bulletins et de refuser d'en faire
l'addition. « Malgré les apparences,
ajoute M. Andrieux, la loi interdisant
les candidatures multiples n'a pu vou
loir dire autre chose. Si elle avait eu
la prétention de contredire la Consti
tution, elle resterait sans effet, quoi
que votée par les deux Chambres,
puisque le Congrès seul peut, dans l'é
tat de notre législation, abroger des
lois constitutionnelles. »
L'argument est tout au moins très
spécieux. Il est certain, en tout cas,
que le rejet ou l'admission de ce com
mentaire dépendra surtout du ca
ractère qu'aura la majorité dans la
prochaine Chambre.
Le Temps , en annonçant la révoca
tion de trois maires ruraux, ce qui
porte à une vingtaine le chiffre des ré
vocations de ce genre, affirme qu'il
n'est nullement question, comme l'a
dit un journal du matin, de révoquer
des préfets. Cependant nous voyons
anjourd'hui au Jowmal officiel que Mi
Gaston Carie, « publiciste remplace
comme préfet du Cher M. Duclaud,
« dont la démission est acceptée ». Or
étant donné que les dernières élections
du Cher n'ont pas tourné au gré du
gouvernement, on se demandera si la
démission de M. Duclaud est bien
spontanée de sa part. Nous nous per
mettons d'en douter.
; Une dépêche de Rome a fait savoir
Ma brusque clôture de la session parle
mentaire, qui ne durait pas depuis
{>lus de sept mois, quand en général
es sessions du Parlement italien sont
de deux ans. On en conclut que la
Chambre actuelle, malgré sa servilité
à l'endroit de M. Crispi, n'est pas suf
fisamment disposée à le suivre sjir le
terrain d'action extérieure où il s'en
gage de plus en plus. La dissolution
de la Chambre suivrait donc de près
la clôture de la session. En attendant,
on commente vivement les mesures
prises à la Spezzia, et on les rapproche
de ce fait que des ordres viennent d'être
donnés en vue de pousser activement
les derniers travaux des fortifications
dans les Alpes. Au moins l'on saura
ainsi à quoi s'en tenir sur leâ protes
tations de nos voisins.
Des nouvelles arrivées de Rio-Ja-
neiro, en date du 20 juillet, rapportent
que le préfet de police de cette ville a
publié un arrêté interdisant, sous me
naça de peines sévères, les cris de :
« Vive la République ! » « A bas la
monarchie ! » et défendant les réu
nions publiques organisées dans un
but politique. Ces nouvelles-confir
ment ce qu'on savait déjà de l'exis
tence au Brésil d'un parti républicain,
qui cherche à exploiter le malaise et
même les ruines qui en divers endroits
ont été la suite de la brusque suppres
sion de l'esclavage. C'est là un symp
tôme d'autant plus grave que, l'empe
reur ayant: récemment remplacé par
un ministère libéral le gouvernement
appuyé depuis longtemps par les con
servateurs, les républicains devaient
en éprouver quelque satisfaction. Gela,
paraît-il, né leur suffît plus. N'est-ce
pas le cas de rappeler combien depuis
longtemps le Brésil est ravagé par la
franc-maçonnerie?
On signale un brillant succès rem
porté en Egypte, sur les Derviches,
par le général Grenfell. On trouvera
aux dépêches le récit de cet enga
gement.
P. S. — C'est ce matin qu'a eu lieu
au Panthéon la cérémonie laïque an
noncée depuis plusieurs jours. Nous
donnons plus loin quelques détails.
L'Unité politique
II
L'idée d'un pouvoir un et absolu do
mine chez.les anciens, soit qu'ils l'ap
pliquent à un être de raison, cité ou
république, soit qu'ils en investissent
un homme, dictateur ou empereur.
Le^ panthéisme ou polythéisme, se
{irêtant à tout l'arbitraire de la vo-
onté et des passions, n'avait aucune
prétention à l'indépendance et ne dis
posait à aucun sacrifice pour la sou
tenir. Les Juifs seuls, professant le
culte du vrai Dieu eurent un pouvoir
religieux distinct, indépendant. Cette
distinction, cette indépendance reli
gieuse renfermée dans la limite du
peuple juif, fut étendue au monde en
tier par l'Eglise catholique. Partout où
réside un chrétien,-il y a deux souve
rainetés. Aucun pays chrétien ne l'a
méconnu: En Angleterre, aux Etats-
Unis, il est admis par la loi et la cou
tume que l'Etat ne peut rien ordon
ner contre le Décalogue. Nos anciens
légistes professaient que le droit na
turel est supérieur aux ordonnances,
et cette doctrine élevée, Portalis la
porta dans la discussion du code
civil. L'Eglise catholique n'est pas
seulement une doctrine, elle est une
société organisée, par suite se suffi
sant à elle-même, qui a la garde de la
religion et de la morale.Quand elle pa
rut, un seul personnage remplissait le
monde : César.
Sans doute, ce sont les Juifs qui sont
déicides; mais le tribunal, lé juge, la
procédure', le supplice, le délit, la force
armée qui accompagne le Sauveur
sont tous romains. Les Juifs, pendant
l'interrogatoire, modifient l'acte d'ac
cusation. Sur un signe d'impatience
de Ponce-Pilate, ils substituent au mo
tif religieux de leur requête un motif
politique, et accusent Jésus de soule
ver le peuple contre César. Pilate n'hé
site plus et il le condamne comme toi
des Juifs, ainsi que porte l'inscription
de la Croix. Jésus se reconnaissant roi
des Juifs ne revendiquait pas le royau
me de Juda. Il déclarait que son
royaume n'avait pas une origine hu
maine, ne venait pas du monde. L'ex
pression De hoc mundo désigne l'ori
gine, et non que ce royaume n'aura
pas sa place dans le monde, mais c'est
un royaume spirituel, divin; ce
royaume, c'est l'Eglise catholique.
Après trois siècles de massacres,
l'empire romain se trouva chrétien.
Les empereurs, qui ne comprenaient
pas qu'un sujet pût avoir une autre
religion que celle de son prince, trans
portèrent ce zèle dans leur nouvelle
religion. Ils se considérèrent en quel
que sorte comme les chefs de l'Eglise,
convoquaient lès conciles et les prési
daient; La doctrine de l'unité du pou
voir reparaissait. Le code théodosien,
qui renferme une collection des cons
titutions ou ordonnances des empè-
reurs chrétiens jusqu'en 438, ne men
tionne pas le" Souverain Pontife; Il
cite seulement les évêquesdes gran
des cités, Alexandrie, Antioche, Jéru
salem, Constantinople, auxquels est
assimilé l'évêque de Rome. Il semble
que les empereurs de Byzance, s'iricli-
nant devant le fait de la diffusion géné
rale du christianisme, aient voulu s'en
emparer et le diriger. Ce fait avait son
principe, son unité dans la personne de
Pierre et de ses successeurs. L'Eglise
avait son gouvernement, sa hiérarchie
quand Constantin se convertit. La
tendance des empereurs à être plus
catholiques que le Pape et à faire pré
valoir leur volonté, exposait l'Eglise et
l'Etat à de grands troubles. Ce zèle
théologien penchait sans cesse vers
le schisme et y tomba bientôt. C'est
qu'en effet les empereurs ne se las
saient pas des flagorneries ' du droit,
qui les traitait toujours en hommes di
vins, en pontifes des dieux. L'unité
impériale était pour eux le principe
de l'unité religieuse. Mais ce principe
localisait le christianisme comme
les religions polythéistes, et soumet
tait la religion à l'Etat. Les Grecs
"eurent donc un christianisme grec,
limité par le territoire, soumis au
prince. Ils inventèrent ces locutions
d'Eglise orientale et d'Eglise occiden
tale, d'Eglise latine, d'Eglise grecque,
comme si l'Eglise n'était pas des
quatre points cardinaux et n'était
pas l'Eglise de tous les peuples. Ils ab
sorbaient dans le principe de la terri
torialité et de l'unité de l'Etat la sou
veraineté de l'Eglise.
Partout où le schisme a triomphé,
l'Etat est revenu à l'unité païenne, il
n'a pas reconnu les deux puissances.
Et il est clair que les disputes théolo
giques qui précèdent les grands schis
mes ne sont amenées que pour ce ré
sultat. Les princes et leur noblesse
veulent par cupidité mettre la main
sur des biens d'Eglise, ou s'emportent
par orgueil contre la seule autorité
qui condamne leurs vices ou leurs er
reurs.
La même question s'est présen
tée au moyen, âge. La querelle des
investitures posait la question dans
toute sa simplicité. Le sacerdoce ve
nait-il de l'empire, serait-il soumis à
l'empire? Remarquez que saint Gré-,
goire VII ne réclamait que la liberté
ou la souveraineté de l'Eglise dans
l'ordre de ses attributions. C'est tou
jours la religion qu'il a en vue et qu'il
défend contre le droit byzantin. Ce n'èst
jamais à propos de l'administration
intérieure des Etats qu'il agit ou prend
la parole. La théocratie du moyen âge
est une fable inventée par les légiste^.
Il fallait bien supposer des agressions
papales afin de justifier les agressions
impériales. Grégoire VII est mort en
exil. Les légistes ont construit deux
légendes sur les Papes. Ils les accu
sent d'abord de s'emparer par leurs
maximes du temporel des rois ; et'
puis, ils prétendent - que les Papes
ont reconnu la suprématie de l'em
pire. Les héritiers de M. Villemain
ayant mis au jour une vieille his
toire de Grégoire VII, un légiste de
réputation, M. Giraud, se chargea de
patronner l'ouvrage dans la Revue
des Deux Mondes. M. Villemain établis
sait que Grégoire VII avait à peu près
fondé l'Eglise, et que le christianisme
datait du onzième siècle. A cette trà-
dition, M. Giraud en ajoutait une au
tre , c'est qu'une demi-douzaine de
Papes avaient reconnu l'empereur
pour leur maître et vendu l'indépen
dance de l'Eglise. Vérification faite,
tous ces Papes étaient des anti-Papes.
Cette guerre de l'empire et des légis
tes contre l'indépendance de l'Eglise
s'est continuée, tantôt violente, tantôt
sourde et cauteleuse. ' Tout le pro
testantisme est sorti de là. Il fait
rentrer le christianisme dans le do
maine national et l'assujettit à la loi.
il méconnaît l'universalité de l'Eglise
et écarte le Souverain Pontife. Les
empereurs de Constantinople s'effor
çaient de ranger le Papé au niveau
d'un patriarche. Finalement ils sont
sortis de l'Eglise pour ne pas recon
naître son universalité et l'autorité du
successeur de Pierre, qui en est le
principe. Le gallicanisme des légistes
établissait que le Pape était un évo
que comme un autre. Les rois chré
tiens, trop fidèles à l'esprit césarien,
tendaient à changer leur protectorat
en direction ou en domination : c'était
conforme à l'esprit du code théodo
sien. En politique, le : protectorat
tourne toujours ainsi. Et Napoléon^
en protégeant l'Eglise, entendait bien
l'asservir. Le savant Daunou avait
par son ordre, réuni en volume tout
ce qu'il savait ou ne savait pas sur
l'ambition et les usurpations des Pa-
f>es. Cependant, il parait bien que
es empires et les royaumes qui
avaient élevé de si formidables ma
chines de guerre contre la Pa
pauté n'ont pas péri sous les coups de
l'Eglise. Les légistes, leurs défen
seurs à outrance contre l'Eglise, ont
hâté, leur succession et se sont par
tagé leurs dépouilles. La politique
césarienne est restée dans les anciens
pays de domination romaine; elle
s'est insinuée dans les autres par les
arguments qu'elle prête à l'extension
de la puissance. Rien dans l'antiquité
ne gênait le pouvoir absolu. Les mo
ralistes se bornaient à recommander
d'obéir aux lois, c'était le dogme des
stoïciens. Et qui faisait la loi? le plus
fort, prince ou multitude. L'Eglise
changea cette conception du pouvoir.
Elle appuie la conscience humaine sur
la loi divine. Il y a désormais deux
pouvoirs dans toute société ; et le
pouvoir spirituel, indépendant, auto
nome, a toujours été reconnu par les
populations ; c'est à force de ruses,
ae violences, que les chefs politiques,
entraînés par leurs passions, ont jeté
les peuples dans l'erreur, ont amené
la plupart des révolutions dont se com
pose l'histoire depuis les anciens.
Jamais l'Eglise ne s'est confondue
avec l'Etat, elle a toujours eu sa sou
veraineté distincte, non soumise aux
lois séculières. C'est ce qu'attestent
les Concordats passés avec les plus
grandes puissances. Mais cette souve
raineté n'est pas idéale,elle est réelle,
pourvue de se3 moyens nécessaires
d'action; et le principal moyen, c'est
la droit de propriété,qu'elle tient d'elle-,
même, de Dieu. Sans ce droit, serait-
elle maîtresse de ses églises, de ses
presbytères, de ses séminaires, de "ses"
écoles, de ses hôpitaux? si ses reli
gieux sont privés du droit de domicile
et mis hors la loi, l'Eglise est-ellè li
bre? On ne conteste pas au chrétien
le droit de réciter à part lui la Credo ;
on rend. l'Eglise impossible, en l'em
pêchant, de vivre matériellement. En
France, on retire le droit de propriété
à l'Eglise. En Italie, la souveraineté-
civile du Saint Père est contestée.-
C'est la même question; ■ L'Etat mo Ji
derne, comme les empereurs grecs;
allemands, français, ne reconnaît pas
la souveraineté.' la liberté de l'Eglise;
il ne veut qu'un pouvoir, qui est le
sien. :
Ce sera par une fiction de droit le
pouvoir absolu du peuple ou des ma
jorités.Mais avec ces fictions de droit f-
le fait de la confiscation marche et se
développe; Pour la protection de l'E
glise, dans la querelle des investitures,
et même pour la liberté des cultes,-
les légistes ont des formules variées;'
qui-aboutissent toutes à nier l'indé
pendance de l'Eglise, à la placer sous
la domination de l'Etat. Et cette
sujétion continue au nom de la liberté
et du droit par les règlements de l'Etat
sur la propriété religieuse. On détruit
toutes les maisons où la religion exer
ce son empire, on enlève les enfants
à son autorité. L'indépendance - de
l'Eglise impliquant le droit de pro
priété, on conçoit pourquoi les hé
ritiers du césarisme : et leurs légis
tes, tout en comblant souvent l'Eglise
de louanges, lui ont. dressé tant de
pièges, par leur manière d'entendre
le droit . de propriété. Ils visaient l'E
glise, ils restent fidèles à la théorie du
contrat social et du pouvoir absolu.
Et les libertés administratives ou loca
les deviennent une illusion dans, un
pays où l'absence du droite de pro
priété laisse chacun inerte et sans ap
pui devant l'omnipotence de l'Etat.
Coquille ,
La protestation
de
l'épiscopat espagnol
Voici la traduction de cet important
document :
- Très Saint-Père,
Un fait inqualifiable vient d'avoir lieu, à
Rome,.et devant ce fait nous ne pouvons
nous taire, nous, évêques espagnols qui
nous glorifions de professer, une inébran
lable adhésion à la personne sacrée de Vo
tre Sainteté et à la sainte Eglise dont, par
la disposition divine, Vous êtes le Pasteur
suprême. ;
Les impies, ennemis acharnés de la cause
divine du catholicisme, et qui n'ont cessé
de l'attaquer par tous lesmoyens qu'ils ju
geaient propres à lui nuire, ont préparé et
réalisé une répugnante explosion d'injures
et d'outrages contre cette cause personni
fiée en l'auguste personne de Votre Sain*
teté contre laquelle ils dirigent spécialement
leurs, attaques, en vue de la vilipender.
Mais, grâcô à la protection divine qui la
soutient, plus l'acharnement de ses enne
mis multiplie les assauts qui, souvent, se
changent pour elle en glorieux triomphes,
plus elle résiste, sans s'affaiblir jamais, et
ce suprêmes effort de l'impiété recourant
à l'apothéose d'un des monstres les plus
abominables dont se souvienne l'histoire
pour dresser, par une tentative. insensée et
dégradante contre la* brillante figure de :
Votre Sainteté, la misérable figure de Gior-
dano Bruno, cet effort ne servira qu'à
augmenter^ foi, la piété, la valeur du
peuple chrétien pour combattre sur, tous
les terrains en faveur de la cause du Ponti
ficat, qui est celle de Notre Divin Rédemp
teur Jésus-Christ.
Oui, voilà certainement ce qui arrivera.
Car la cause dô Votre Sainteté et de l'E*
glise Catholique dont Vous êtes le chef su
prême, brille avec un éclat d'autant plus
vif depuis que si rude est le combat. Votre
Sainteté opère admirablement dans cafte
constante résistance qu'avec une valeur di
vine Elle oppose aux' combats répétés
qu'Elle' se voit obligée de soutenir contra
tant d'ennemis de la cause du Ciel. Et il
arrive que la valeurs de Votre Sainteté sa
communique à tous les membres de l'Eglise
qui chaque jour, acquièrent une plua
grande vigueur pour combattre avec l'in
trépidité que Vous leur inspirez.
Nôus avons le bonheur de nous compter
parmi- eux, avec toute l'Espagne catho
lique, NôuSj évêques soussignés et de non»
veau nous protestons que nous confirmons
et renouvelons toutes nos anciennes décla*
tions contenues dans des documents anté
rieurs ; qu'ayee, le secours divin nous de
meurons et demeurerons jusqu'à la mort
intimement unis à Votre Sainteté, que noua
détestons et exécrons la doctrine et la
conduite de l'apostat Bruno et de tous ses
■aveugles sectateurs ; que, de nouveau, noua
protestons contre l'injuste et sacrilège* dé
tention des Etats de l'Eglise, dont, par un»
disposition providentielle ellé est en pos
session et en jouissance depuis les temps
les pins reculés; enfin, que nous levons les
mains au Ciel pour demander sans cesse â.
la'justice divine uîi remède prompt et effi
cace à tant de maux qui vous accablent sur
terre et qui, chaque jour, vous fontboire,
' plein jusqu'au bord, le calice d'amertume.
De Tolede, en la fête de. notre glorieux;
patron l'apôtre saint Jacques le 25 juillet,
1889.
(Suivent les signatures des cardinaux Pava,
archevêque de Tolède, patriarche des Indes, Be-
navides, archevêque de Saragosse, Monesoillo^
archevêque de Valence, Gonzalez, archevêque
de Sôville, des archevêques de Bnrgos, deCom-
■p os telle, de Grenade, de Valladolid, ainsi qu®
des évêques de toutes ces provinces et des évê-
qaos des provinces de Tarragone et de Santiaga
de Cuba dont les sièges métropolitains sont ac^
tuellement vacants).
On aura remarqué, les conclùsioîi$
optimistes du discours que lord Salis-»
bury a prononcé au banquet du lord4
maire et que les dépêches de l'autre»
jour nous ont signalé.
' Le premier ministre a été très court
sur la question d'Irlande, Il trouve na
turellement que la situation de l'îla
sœur est bien améliorée grâce à l'é
nergie de M. Balfour, des magistrats
spéciaux et de la police qui appliquent
rigoureusement l'acte de coercition.
Mais le principal caractère de cette
« amélioration » c'est que les agents
du gouvernement anglais en Irlande
ont les plus grandes facilités pour
étouffer les protestations du peupla
irlandais et pour faire distribuer libé
ralement de la prison à leura adver
saires politiques. On comprendra dès
lors que les Irlandais, au contraire du.
premier ministre, ne trouvent pas du
tout leur situation améliorée. La lec«j
ture des journaux d'Irlande, accusa
assez violemment ce contraste en
tre la satisfaction de lord Salisbury et
le mécontentement de tout un peuple.
Les affaires de Crète n'alarment pas
lord Salisbury. ; Il proclame qu'il n'a
nulle envie d'annexer l'île de Crète.
Il espère que cela s'arrangera comma
cela s'est souvent arrangé dans' la
passé.
Bref, il ne croit pas la guerre parce
que personne ne peut la désirer et la
provoquer sans courir le3 plus épou
vantables risques. C'est le bon; sens
des nations européennes qui lui sem
ble donc un sûr répondant de la paix."
f En Egyte, c'est une autre affaire,
l'Angleterre y à encore une expédition
sur les bras. Elle a pris devant l'Eu
rope l'engagement de ramener l'or*
; dre, la paix, la prospérité dans l'an
cien royaume des Pharaons. Elle - ne»,
faillira pas à sa^ tâche et voilà pourquoi
elle a le devoir de ne tenir aucun,
compte des questions qu'on lui posa
sur 1 époque où elle doit évacuer
1 Egypte. Elle quittera lés bords du Nil
quand eUe le jugera bon.: Voilà tout!
^Les déclarations de lord Salisbury
n'appreimênt donc rien de nouveau à
* Europe. Elles n'apprennent rien noix
plus à son parti. Et pourfantles tories
sont dûment avertis par le résultat da
nombreuses élections partielles qu'ils
FEUILLETON, DE L'UNIVERS
DD 5 AOUT 1889
MONTMARTRE
IV
MONTMARTRE ET LES C0NQRÉGÀTI9NS
. RELIGIEUSES
Elles sont nombreuses les congrégations
religieuses qui ont avec Montmartre des
liens intimes. Le simple exposé des docu
ments dont nous disposons fera l'objet de
cet article.
Nous avons déjà parlé de la Compagnie,
de Jésus.
Cette société, dont Mgr Mermillod disait
au congrès eucharistique de 1888 « qu'elle
a à la fois la blanche pureté de la doctrine
et la pourpre du sacrifice », est née au
cœar de la France, « elle est fille de Mont
martre! # (1)
C'est à Montmartre que les six premiers
fondateurs firent leurs premiers vœux,pro
mettant à Dieu de renoncer aux plaisirs du
siècle, de garder une inviolable chasteté,
de faire le pèlerinage de Jérusalem ou au
moins d'aller à Rome se jeter aux pieds
du Souverain Pontife et s'offrir à lui pour
11) Doublet,
être employés comme d'humbles ouvriers
au salut des âmes et au triomphe de l'E
glise.
C'est sur cette terre sanctifiée que saint
François Xaxier sentit pour la première
fois le désir de se consacrer à l'évangélisa-
tion des infidèles. Qaand Montmartre n'au-,
jait d'autre gloire que d'être le berceau
de la Compagnie de Jésus, il aurait sa
place marquée dans le cœur de tous ceux
qui aiment l'Eglise et la France. Mais nous
devons revendiquer d'autres gloires, et
nous allons voir une foule d'instituts reli
gieux se rattacher à notre montagne natio»
nale par des souvenirs de famille.
S'il est un ordre religieux qui ait laissé
des traces profondes dans l'histoire, c'est
l'ordre bénédictin, Déjà, au quinzième siè
cle, cet ordre comptait 15,000 abbayes,
15,000 saints canonisés, 24 Papes, 200 car»
dinaux, 7,400 archevêques ou évêques. Or,
nous le verrons plus tard, durant six siè
cles, l'histoire de Montmartre se résume
dans celle de l'abbaye bénédictine qui cou
ronnait la montagne. Et les savants béné
dictins d'aujourd'hui ne peuvent guère par
courir les vieilles chroniques de leur ordre,
sans rencontrer souvent le nom prédestiné
de Montmartre.
Les Bénédictines du Très Saint-Sacrement
n'oublient pas que leur fondatrice, Gather
rine de Bar, plus connue sous le nom de
Mechtilde du Saint-Sacrement, a séjourné
18 mois sur notre chère, colline. Chassée de
la Lorraine parles Suédois,pendant la guer
re de Trente ans, elle fut recueillis dans
l'abbaye de Montmartre.
C'est & probablement qu'elle connut pour
la première fois le P. et. c'est à la
parole'da feçwjne 4* Pieu Qîi'pll? s'en?
flamma d'un immense désir de réparation.
On le sait, les bénédictines du Très Saint-
Sacrement se proposent deux choses : l'a
doration perpétuelle et la réparation. N'est-
il pas admirable, de voir germer ce double
esprit sur la montagne qui, deux siècles
plus tard, sera le lieu de l'adoration et de
la réparation par excellence ? Dirons-nous
encore qu'au dix-septième siècle on voyait
à Montmartre, très probablement sur l'em
placement du temple du Mars, une cha
pelle sous le vocable de saint Benoît ?
Tout ce qui précède suffît pour faire
comprendre que l'ordre bénédictin est inti
mement lié aux gloires de Montmartre, et
nous ne pouvons qu'applaudir à la pensée
de dédier une chapelle à saint Benoît dans
la basilique du Vœu national.
Saint Vincent de Paul et Montmartre !
Un des principaux théâtres du zèle de ce
saint apôtre fut la plaine de Qiichy, au bas
de la butte. Que de fois saint Vincent de
Paul dut gravir le sentier qui serpentait de
sa paroisse à ce qu'il appelait « le mont de
Basan » ! II n'entreprenait aucune œuvre
de charité, d'apostolat, sans aller prier
dans la chapelle du Martyre. Non seulement
il vint se recueillir à Montmartre avant de
fonder les. Prêtres de la Mission (2); mais
quelques années après, nous surprenons
ses premiers compagnons à genoux sur la
colline pour recommander à Dieu et à saint
Denysleur congrégation naissante.
Dans la conférence faite, le 12 septembre
1659, sur la pauvreté, à sa communauté de
Saint-Lazare, il disait : « 0 Sauveur du
« monde, qui avez donné un si bel exemple
(2) Piganiol de la Force, Sauvai, Gh$ronuçt,
c-tc» | '
« de pauvreté! la compagnie encore dans
« son enfance, n'étant composés que de
« trois ou quatre qui allèrent à Montmar-
« tre (le misérable homme qui vous parle
« étant alors indisposé), se recommanda à
« Dieu par l'intercession des saints mar-
» tyrs, pour entrer dans cette pratique de
« la pauvreté... 0 Sauveur de mon âme,
« faites-nous la grâce de ne vouloir possé-
« der que vous ? » (Vol. in-4% 315.)
Saint Vincent de Paul ne s'est pas con
tenté de prières, il s'était fait l'apôtre des
ouvriers, des carriers. C'est ce qui résulte
delà déposition d'un laboureur du pays
dans le procès de canonisation:
« Je me souviens, disait-il, avoir vu le
serviteur de Dieu faire lui-même la mission
aux pauvres ouvriers des. carrières de Mont
martre, les instruisant sur les mystères de
la foi et leur apprenant à prier Dieu (3). »
On comprend que les lazaristes aient une
prédilection marquée pour la montagne où
leurs premiers pères se sont consacrés à
Dieu et où leur premier fondateur fut à la
fois apôtre et pèlerin.
C'est ce qui explique pourquoi, à l'épo
que, aotuelle, on ne peut guère pénétrer
dans le sanctuaire de Montmartre sans
apercevoir la blanche cornette de la sœur
de Charité. Rien d'étonnant à cela. Les
sœurs de Charité sont les filles de saint Vin
cent de Ppil et elles ont hérité de l'affec
tion de leur père pour la montagne des
Martyrs. Il y a d'ailleurs dans les médita
tions de leur pieuse institutrice, Mme Le-
(3)4>un, 49 du sommaire : Eœprocessu ne
Tpereant probationes , pour la cause de béatifica
tion de saint Vincent de Paul, il est dit : Teslis
Jiïcolaus Moreau, agricola, wtatis 83, juxta inter-
rog, fol 739 respondit, ,,, etc., p.
gras, une page vraiment prophétique - sur
les destinées de Montmartre. C'est le jour
de saint Denys. Après avoir remercié Dieu
d'avoir tiré la France « du rien, du paganis
me », la vénérée coadjulrice de saint Vin.r
cent de Paul ajoutait comme inspirée.-:
« Obtenez, ô mon Dieu, pour le peuple que,
votre sang a acquis à Jésus-Christ, que
cette montagne encore fumante attire la
flamme de l'amour saint ! Embrasez les
cœurs l » Cette prière inconnue des hom
mes a été entendue du Ciel, et sur Mont
martre s'élève la basilique consacrée à l'a
mour: La montagne fumante du sang des
saints martyrs est devenue fumante d'a
mour. Par leur dévouement à la cause du
vœu national et à la gloire du Sacré-Cœur,
les vaillantes sœurs de Charité réalisent à
elles seules la prophétie de leur première
mère.
Uhumble et savante société de Saint-Sul-
pice doit aussi saluer Montmartre à l'au
rore de sa fondation. En 1642, MM. Olier,
Picoté et Foix, ses premiers disciples, vin
rent sur la montagne promettre à Dieu de
demeurer unis et de travailler à l'instruc
tion et à la sanctification du clergé. On nous
saura gré de reproduire l'acte de consécra
tion qu'ils prononcèrent an pied des saints
autels :
« Trois prêtres se trouvant appelés dans
« l'unité d'esprit au service de Dieu et de
« la sainte Eglise, pour lui former des ini*
« nistres qui servent dignement sa gran-
« deur, qui honorent son Fils Jésus-Christ,
« Notre-Seigneur; et qui aiment ses mem-
« bres, ont cru qu'en l'honneur de la société
« divine de ces trois personnes inaJparables
« dans l'unité d? leur essence et de leur
% saint amonri 'la doivent s'pir j^r
«. sainte promesse de ne se quitter jamais,
« ni de se départir du dessein qu'il a plu h
a Dieu de leur manifester et même leur
« confirmer par quantité de témoignages.
a Si quelqu'un d'entre eux se croyait ap-"
P^MiPs.r la bonté de Dieu à le servir sé*
,« parément des autres. il ne pourra lefaira
« qu'avec leur agrément et leur consente-
« ment mutuel. C'est , ce qu'ils, désirent
« promettre en la présence des trois mar-
« tyrs saint Denys, saint Rustique et saint
« Eleuthère, pour se vouer et se consacrer;
« à sieur imitation, comme des hosties vi-
« vantes, à l'honneur de la Très Sainte-
« Trinité, à la gloire de Jésus-Christ et ^
« l'honneur de son Eglise, »
Trois ans plus tard, le 2 mai 1045, ces
généreux prêtres revinrent à Montmartre
renouveler.leur consécration. Ecoutons la
vénéré fondateur : « A la gloire de Dieu
« dit-il, le jour de Saist-Athanase, âiant
«, allé à Montmartre avec d.sux de nos mes-
« sieurs, nous avons fait promesse sur
« 1 Evangile entre les mains du R. P. Ba-
«taille de ne nous départir jamais du des-
« sein qu'il a plu à Dieu de nous inspirer^
« de noas lier ensemble pour lui; servit
« d'organes et d'instruments et lui disposer?
« des prêtres qui le servent en esprit et en
« vérité, qui honorant aussi son Fils suc
« les autels et qui s'emploient avee tharitâ
« au service des membres du • Saint-Es*
« prit. » r;- ' ;
M. Olier obtint de. Marie de Beauvilliers
abbesse des Montmartre, une relique da
saïqt Denys,et il voulut établir une associa
tion de prières entre l'abbaye et .te congré
gation. Le R, P. VQÏïia avait bien raison
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 83.86%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 83.86%.
- Collections numériques similaires Ruedel Marcel Ruedel Marcel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ruedel Marcel" or dc.contributor adj "Ruedel Marcel")
- Auteurs similaires Ruedel Marcel Ruedel Marcel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ruedel Marcel" or dc.contributor adj "Ruedel Marcel")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k706707w/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k706707w/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k706707w/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k706707w/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k706707w
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k706707w
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k706707w/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest