Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-08-03
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 70622 Nombre total de vues : 70622
Description : 03 août 1889 03 août 1889
Description : 1889/08/03 (Numéro 7885). 1889/08/03 (Numéro 7885).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7067054
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi 3 Août 1889
N* 78S5 — Edition quotidienne
Samedi 3 Août 1SS9
f&XTXON QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
• paris
■ ■ " . g* DÉPARTEMENTS
Ha an 55 »
Six mois. ... 23 50
Trois mois. . . 15 »
ETRANGER '
(UNION POSTAL^
63 »
34 »
18 •
'^Bboimemeiita partent des i« et 18 de chaque mo!»
UN NUMÉRO { Dépar temental I! 0 -**
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
Ua an. . .
Sis mois. .
Trois mois.
paris '
ET DÉPARTEMENTS
, . 30 »
. . 16 »
. . 8 50
ÉTRANGER
(UNION POSTAL!)
30 »
19 «
10 »
On s'abonne & Rome, place du Gesù, 8
Les abonnements partent don i" et te de chaque nmfl
L'UKIYERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C i0 , 6, placo de la Bourse
FRANGE
PARIS, 2 AOUT 1889
Les journaux boulangistes publient
le manifeste annoncé du général aux
électeurs de France. Le général s'ex
plique sur le résultat des élections de
dimanche et fait entrevoir la revan
che qu'il ne doute pas de voir prendre
au parti dont il est le chef, lors des
prochaines élections législatives. Oii
trouvera plus loin le texte et l'appré
ciation de ce document.
La République est en fête, et tous
nos gouvernants s'empressent à l'en-
tour du visiteur royal qui, par fortune,
leur échoit, venant de Perse. Avant-
hier, c'était banquet et soirée chez M.
Tirard ; hier, c'est M. Carnot qui rece
vait le shah; et demain ce seraquel-
3ue autre personnage ; ce soir, gran-
es illuminations à l'Exposition. Mais
cette série de représentations ne laisse
pas que de fatiguer un peu celui qui
en est l'objet, et l'on dit que Nasser-
Eddin aurait annoncé l'intention de se
réserver un peu de repos. ;
D'autre part, il est des journaux ré
publicains qui s'étonnent de voir les
ministres oublier, au milieu de toutes
ces fêtes, le travail à fair^pour pré
parer le succès des prochaines élec
tions. Hier, le conseil des ministres,
qui devait avoir lieu le matin, a
été contremandé et plusieurs jour
naux observent malicieusement que
le motif était la fatigue des ministres,
à peine remis du bien-vivre et des di
vertissements de la soirée précédente.
Seul, dit-on, M.Constans, farouche et
sombre, ne se laisserait pas distraire
du travail incessant qu'il s'impose
pour conquérir le triomphe, à armes
plus ou moins courtoises, dans le duel
final avec le boulangisme.
Certains journaux espagnols avaient
fait courir le bruit que le consul d'Es
pagne à Barcelone, M. Ponsignon, au
rait fait appeler au consulat des
jeunes gens français résidant à Bar
celone, pour les avertir qu'ils devaient
se tenir prêts à répondre à un appel
de-leur patrie et pour les prévenir que,
Îiar suite de la situation que traverse
a politique internationale, ils seraient,
d'ici peu, dans l'obligation de prendre
les armes. Une lettre de notre consul,
adressée à ces journaux, dément ab
solument cette allégation.
Un conflit assez grave vient de s'é-
îever entre l'Angleterre et ' les Etats-
Unis au sujet de la saisie par les croi
seurs américains, dans la mer de Beh
ring, d'un navire de pêche anglais le
Black Diamond qu'ils ont conduit à
Sittea. En réponse aux bruits d'une
réclamation qui: serait faite par l'An
gleterre, le gouvernement américain
tait déclarer, qu'il est bien résolu à
faire saisir toute embarcation em-
, ployée à la pêche : contrairement aux
lois des Etats-Unis,et qu'il n'acceptera
aucune demande d'indemnité. IL est
probable que l'Angleterre se le tiendra
pour dit.
Des dépêcheâ -de Rome ont signalé
il y a quelques jours de nouveaux in
cidents en Abyssinie. Debeb, s'étant
avancé pour son compte dans le Tigré
et ayant accepté un rendez-vous avec
Ras- Mangascià et Ras Alula, a été trahi
et fait prisonnier par ces derniers. Dans
labagarre, Ras Alula lui-même aurait
été tué.. Les soldats. de Debeb seraient
passés au service de Ménélik.Tout cela
prouve que l'Abyssinie est toujours en
proie à, une crise intérieure. Aussi la
nresse italienne s'occupe-t-elle beau
coup de ces incidents qui intéressent
particulièrement l'Italie en raison de
ses entreprises coîCBiales sur les con
fins de l'Abyssinie. Le Tiglétoyche,
on le sait, de très près aux territoires
que convoite l'Italie,et qu'elle est obli
gée d'occuper pour, donner une valeur
à ses établissements autour de Mas-
souah. Elle ne saurait donc rester in
différente à' ce qui s'y passe. Mais
pourra-t-elle intervenir efficacement?
C'est une autre affaire.
Compétions locales, petites" ambi
tions de clocher, personnalités mes
quines, tels sont les motifs que le gé
néral Boulanger assigne à l'insuccès
relatif de la tentative plébiscitaire du
28 juillet. A supposer qu'il n'y ait que
cela, avec les « petites vanités » et les
« petites trahisons » dont il est aussi
parlé dans le manifeste du général,
c'est évidemment Une faute de tacti
que d'avoir affronté ces divers obsta
cles, sans préparation suffisante,, avec
la confiance quelque peu téméraire
que le seul nom du général, jeté dans
la mêlée deux ou trois jours avant le
scrutin, triompherait aisément de
tout.
Du moins, puisqu'on avait, commis
cette erreur avant la bataille, l'habi
leté conseillait, après, de ne pas trop
souligner la déconvenue et de juger
froidement le scrutin pour en tirer
cette conclusion que le caractère
même des élèctions au conseil général,
les circonstances locales qui les régis
sent, les influences particulières aux
quelles on ne les saurait soustraire ne
permettent pas. de préjuger, d'après
elles, ce que sera le combat entière
ment porté sur le terrain politique.
Au lieu de cela, le. général Boulan 1 -
ger, sous le coup d'un premier senti
ment de déception, accuse assez con
fusément des vaniteux et des traîtres
dont, à distance, il grossit l'importance
au point de leur faire tromper absolu^
ment le suffrage universel, qu'il consi
dère par ailleurs comme indemne de
ce qui vient d'arriver. A vrai dire, i) y
a ici une contradiction dont on s'é
tonne que le général n'ait pas été
avisé par ses conseillers ordinaires, si
tant est que lui-même ne l'ait pas re
marquée. Mais ces conseillers, ne sont-
ce pas eux précisément qui ont poussé
le général à ; tenter, au moyen des
élections au conseil général, le plé
biscite que la loi sur les candida
tures multiples lui interdisait au moyen
des élections politiques I
Quoi qu'il en soit, le public ne verra
sans doute qu'une seule chose dans
le manifèste du général. C'est que,
loin de s'abandonner, il se propose de
faire tête, avec l'obstination et l'ardeur
gui, chez , certains, s'alimentent du
dépit d'un >échec encore plus que de
la joie d'un triomphe. Il faut recon
naître, d'ailleurs, que dans quelques
"ours la première impression du vote
ra s'affaiblissant, tandis que sous l'ac-,
ion d'une propagande incessante, dé-
jarrassée des impedimenta de la can
didature multiple et de l'élection canto
nale, on verra se reformer le courant
boulangiste, grossi par les affluents
que chaque jour y déverse le dégoût
des vilenies de tout genre, perpétrées
dans les régions gouvernementales.
. C'est là-dessus^ manifestement, que
compte le général Boulanger pour res
saisir, aux prochaines élections légis
latives, tout le bénéfice de sa popula
rité, et sans doute il n'a pas tort. C'est
pour cela qu'il fait sonner encore une
fois si haut les mots de probité publi
que, d'honneur national,ae république
régénérée, car, si dans son entourage
ms plus que dans son propre passé,
'on ne trouve au degré souhaitable,
es vertus dont il fait son programme,
e public n'y prend pas garde, ayant
son attention violemment portée sur
l'indignité manifeste des gens qui dé
tiennent présentement le pouvoir. A
ce titre, MM. Constans, Rouvier et
Thévenet, pour ne parler que de ceux-
là, sont les meilleurs agents électo
raux du boulangisme, qui ne man
quera pas de les présenter sous toutes
leurs faces aux électeurs pour dé
goûter ceux-ci du système dont ceux-
là sont le plus beau produit.
Mais, peur les catholiques, pas assez de parler de probité publi
que, d'honneur national et d'une Ré
publique régénérée à laquelle ils ne
sauraient croire. A côté des ministres
de l'intérieur, des finances et de la
iustice, accusés journellement devant
le public, d'infamies dont ils ne se
croient pasaptes à demander compte
en justice, il y a un ministre de la
guerre qui, responsable du vote de la
loi militaire, a porté l'atteinte la plus
grave au Concordat en s'attaquant à la
liberté de l'Eglise dans ce qu elle a de
plus essentiel, le recrutement de sa
milice ; îl y a un ministre de l'instruc
tion publique qui tient la main à
l'exécution de lois persécutrices, op
pressives de la liberté du père ae
famille et de la conscience ca
tholique ; il y a tout un système d'ad
ministration odieusement organisé en
vue de chasser Dieu des hôpitaux com
me des cimetières, des prétoires com
me 'des écoles, en vue aussi de res
treindre singulièrement ou même
d'interdire partout les manifestations
publiques du culte qui lui est dû.
C'est donc tout cela que les candi
dats du général devront promettre de
changer, si, pour le coup de balai
décisif, sur tous les points où nous
serons dans l'impossibilité d'avoir un
candidat de notre choix, .ils veulent,
soucieux du succès, obtenir le con
cours des catholiques.
Auguste Roussel.
Voici le manifeste du général Bou
langer :
Aux Electeurs de France
Electeurs,
Pour protester contre l'ignominieuse loi
qui s'oppose aux candidatures multiples et
qui met le suffrage universel en interdit,
j'avais pensé que toutes les occasions étaient
bonnes et qu'il fallait profiter du renouvel
lement des conseils généraux.
Les élecreurs d'un certain nombre de cir
conscriptions ont répondu à mon appel.
Dans les autres cantons où ma candidature
était posée, ainsi que dans une foule d'au
tres où j'avais décliné toute candidature,
les citoyens en masse compacte ont tenu à
affirmer, en me donnant leurs suffrages, les
idées de réforme constitutionnelle, d'honnê
teté et de progrès que poursuit le parti ré
publicain: national.
Ces' électeurs-indépendants et libres, je
tiens à les remercier, moins en mon nom
personnel, lequel ne compte pas lorsqu'il
s'agit de l'intérêt de la patrie, qu'au nom
de la France, au relèvement de laquelle ils
n'ont jamais cessé de penser. Ils ont-été &
la fois, dans cette circonstance, les vété
rans des anciennes victoires et les recrues
auxquelles seront dus les prochains triom
phes.
Le pays a le droit d'en être fier et j'ai le
devoir de le leur dire, puisque c'est mon
nom qu'ils ont choisi pour exprimer leurs
idées, leurs espérances, leur foi dans l'ave
nir.
Si le succès total n'a pas été d'ailleurs
ce qu'on pouvait attendre, la faute n'en est
pas à ce suffrage universel, si intelligent, si
honnête, si patriote, si républicain, qui
comprend tout ce qui est grand et noble
et qui saura bien prouver demain; aux
élections législatives, qu'il n'a rien perdu
de sa confiance dans lè grand parti dont
j'ai la direction.
Seules, les compétitions locales, les peti
tes ambitions de clocher, les personnalités
mesquines pour qui rien n'existe quand
elles sont en jeu, ont fait le mal, si taut
est que ce ne soit pas là un bien gros mot
pour'une affaire d'aussi mince importance.
Les organes du gouvernement vont triom
pher avec fracas. Qu'ils triomphent !
Je leur contesterai d'autant moins ce
plaisir qu'il doit être de courte durée.
Le jour est proche où le pays va avoir à
se prononcer, non plus pour le renouvelle
ment de conseils locaux, mais pour dire, en
élisant des députés, comment U entend l'o
rientation de la politique française. Ce jour-
là,on verra ce que pèsent lec petites vani
tés,et les petites trahisons devant le grand
courant de la probité publique et de l'hon
neur national.
Je l'attends- sans crainte, sachant bien
que - ce qui .'doit en sortir, inéluctablement,
c'bst la jFrance forte dans la République
consolidée et régénérée.
Vive la France !
Vive, la République ! ;
... ... Général B oulanqer
Londres, 31 juillet 1889. >
».
Le Papa séquestré
Voici la traduction de l'important
article, publié par l 'Osservatore Roma-
no sous ce titre : « Le Pape sous la
surveillance », et dont nous avons,
précédemment, donné en résumé les
principales indications :
A la suite du dernier consistoire, quand
le bruit se répandit qne le départ du Pape
était à peu près résolu, le gouvernement
affecta, devant le public, de ne pas s'en
préoccuper, et les journaux officieux répé
tèrent en chœur : Que le Pape reste ou
parte, cela nous est tout à. fait indifférent;
En réalité, l'indifférence était le masque
sous lequel l'honorable Crispi cherchait à
cacher la frayeur qui lui causait le bruit qui
courait, et du palais Braschi volaient pour
Saint-Marcel les ordres les plus sévères et
les plus menaçants : Gare à vous, monsiear
le questeur, si le Pape vous glisse des
mains sans que nous en soyons avisés fe
temps ! — Et le questeur Santagostino ré
pétait à son tour la menace & M. Manfreni,
le délégué à qui est confiée la garde, ou
plutôt la surveillance de la demeure du
Pape. Et questeur èt. délégué se mirent à
l'œuvre avec cette énergie qu'inspire tou
jours aux fonctionnaires publics un ordre
supérieur appuyé d'nne menace de destitu
tion.
Mais, bien que délégué et questeur se
soient ingéniés de toute manière & tenir
caché au public le fait de cette surveillance,
ils n'y ont pas réussi, et dès le premier jour,
tout le monde a su qne le Vatican était es
pionné, enveloppé, bloqué, comme si dans
ses murailles se cachait un nid de contre
bandiers, ou s'il* servait d'asile à un mal
faiteur condamné dix fois. s.-,-
Le Vatican est donc toujours attentive
ment surveillé, et les agents de la questure
ont chaque jour et à toute heure leurs
postes déterminés ; nous en donnerons la
preuve, ne fût-ce que pour prouver qae,
nous aussi, nous savons faire un peu de
police quand nous le voulons. .
La surveillance ordinaire du Vatican est
donc ainsi distribuée :
Ua garde de la questure en uniforme entre la
place de la Sacristie de Saint-Pierre et le sémi
naire du Vatican.
Deux carabiniers à côté du palais du Saint-
Olfice.
Un garde de la questure en uniforme sous la
colonnade à droite de la basilique.
Deux gardes de la questure, dont un en
bourgeois, de l'autre côté de la colonnade.
Deux gardes en uniforme près de la porte de
bronze.
Enfin un garde près de la caserne des gen
darmes pontificaux, sur la voie qui de Saint-
Pierre conduit & la porte Angélique.
Cela, c'est la surveillance ordinaire, non
compris les nombreux carabiniers et gardes
qui, jour et nuit, vont et viennent le long
des murs des jardins pontificaux, de la
porte Augélique à la porte Cavaleg-
geri. ,
Mais depuis qu'on craint de voir le Pape
abandonner le Vatican, on y a placé de
nouveaux policiers, disposés de telle façon
qu'il est impossible de mettre le pied hors
du Vatican sans passer sous les yeux d'un
délégué, d'un carabinier . ou d'un ques-
turin.
En voici la liste :
Deux gardes en bourgeois auprès du palais
de l'archiprètre. ..
Un garde en uniforme sous le portique qui
unit la sacristie à la basilique vatioane.
Un autre garde et deux carabiniers près du
Campo-Santo des Allemands.
Un garde & la grande porte de la Cano-
nica.
Un autre aux grilles du lazaret.
Deux carabiniers à la colonnade sur la droite
de la basilique.
Deux gardes de la questure à l'entrée de la
colonnade près de la place Rusticucci ;
Un derrière la colonnade, devant la porte du
corps de garde de la garde suisse ;
Eatln deux carabiniers sous l'arc qui sépare
la place de Saint Pierre de la voie de laporte An
gélique.
En tout donc, vingt-quatre agents;
sans compter les délégués,' les gardes et les
carabiniers qui surveillent. les jardins,
lesquels sont là, de nuit et de jour, les
yeux fixés sur le Vatican, épiant qui entre
et qui sort, fouillant du regard le fond des
voitures pour voir si dans l'une d'elles,
par hasard, ne se cacherait pas un fugitif,
Léon XIII. .
. Et ce n'est pas tout. Si dans une dé cès
voitures, qui sortent du Vatican, à toute
heure et à tout moment, se trouvait le Pape,
comment faire pour la suivre, pour courir
et en donner avis au palais Braschi ou à
Saint-Marcel?
On a aussi pourvu & cela.
Depuis le 18 juillet, deux voitures de pla
ce, chacune avec un délégué " et un garde,
stationnent, l'une près, de la porte de
bronze, l'autre place Sainte-Marthe. Ce
service de voitures a duré, nuit et jour, du
18 au 22 ; depuis le 22 il continue, mais
seulement de 8 heures du soir à 8 heures
heures du matin. -
Comme vous le voyez, le Vatican est bien
gardé, et le Pape jouit d'une liberté pleine
et illimitée!
Mais, demanderons-nous, si le Pape, au
lieu d'être souverain, avec les honneurs et
les prérogatives de souverain, dans la villa
qui doit être le siège honoré et respecté, du
Pontificat, était un malfaiteur de la pire es
pèce, condamné au domicile forcé," que
pourrait-on faire de plus et de pis ? L'ho
norable Crispi fait dire par ses journaux
que nulle part le Pape ae trouverait la li
ber té que lui offre le gouvernement italien
à Rome. Oh ! une brillante liberté que celle
qui vous entoure, vous épie, ne vous laisse
pas un instant de répit,s'enquiert de cë que
vous faites, de ce que vous dites, de ce que
vous pensez!
Nous ignorons ce que l'avenir nous ré
serve; mais ce que nous savons bien, c'est
que si les événements et plus encore la sot
tise et la perversité de nos gouvernants
forçaient le Pape à prendre la route de
l'exil, en quelque contrée qu'il portât ses
pas, ce pays offrirait au Pape une "hospi
talité plus libre et plus digne que celle que
lui offre sa ville de Rome, devenue la capi
tale du royaume d'Italie. -
On devine-, sans peine l'impression
que cet article a fait à Rome. ■
Sait-on tout ce que la Riforma de Mi
Crispi a trouvé à y répondre ? Nous
citons textuellement: -t.
Pour quelques agents qui font le service
aux abords du Vatican, on dit aujourd'hui
que le Papej à Rome, n'a pas son siège res
pecté.
Et que devrait-on -dire alors pour toute
la force armée que le Souverain Pontife
maintient à l'intérieur de son palais?
Ainsi, pour la Riforma, l'ami qui
veille, c'est la même chose que l'en
nemi qui surveille. Cette réponse mar
que bien le trouble où sont les offi r
cieux crispions depuis que Osserva
tore Romano a démasqué leur jeu.
Il est bon d'en prendre note, et le
monde catholique tout entier saura
ce qu'il en faut conclure.
; Voici le texte des résolutions adop
tées par acclamation dans la récente
assemblée des catholiques du Palati-
nat :
I, — Cinq mille catholiques du Palati-
nat, réunis & Neustadt, expriment à tous
les évêques de la Bavière, et notamment à
l'évêque du diocèse, leurs profonds remer
ciements pour la revendication qu'ils ont
faite des droits de l'Eglise. Ils expriment
leur regret que le gouvernement royal ait
repoussé dans leurs points essentiels ces
plaintes, basées cependant sur des textes
constitutionnels. Comme citoyens, ils récla
ment la loyale application du Concordat
conclu entre la couronne de Bavière et le
Siège apostolique. Ils expriment en même
temps leur ferme espérance que les dépu
tés catholiques des deux Chambres du
Landtag emploieront tous les moyens
coastitutionnels pour que le gouvernement
fasse droit aux réclamations formulées par
les. évêques.
II. -- L'assemblée élève une protestation
indignée contre l'affront infligé dernière
ment au Pape, par les ennemis de l'Eglise,
à l'occasion des fêtes de Giordanô Brano.
Elle voit dans ces incidents une î""avelle
preuve de la situation indi^ e oîl es V réduit
le Saint-Siège, b.. ~ es t confirmée dans sa
P® rsu! \ sl01 * < 1 Q0 seule une souveraineté in
dépendante peut garantir la pleine liberté
du Pape,
Nous n'avons pas besoin d'insister
sur l'importance de ces résolutions,
soit au point de vue de la question
romaine, soit au point de vue des in««
térêts religieux de la Bavière.
Des nouvelles alarmantes ont été
répandues par un journal de Rome et
reproduites par divers journaux fran
çais sur la santé de S. Em. lé cardi
nal Lavigerie.
La vérité sur l'état de l'éminent car
dinal se trouve dans la dépêche de
Lucerne, publiée il y a quelques jours
par l'Univers. »
Aujourd'hui, des nouvelles directes
de Lucerne nous permettent de ras
surer complètement les catholiques
qu'avaient .justement inquiétés les
bruits exagérés dont nous venons da
parler.
• Grâce à Dieu, Son Eminence, qui»
bien que très souffrante, n'a jamais
été en danger, se trouve aujourd'hui
dans un état de santé relativement
satisfaisant. Depuis deux jours l'émi
nent cardinal a pu quitter la chambre
et essayer ses forces en quelques pro»
menades.
Il y a lieu d'espérer que, dans peu
de jours , nous pourrons saluer son
complet rétablissement.
-, Elections au Conseil générai
La Pnsse publie la note suivante
M. Turquet, député de l'Aisne, membre
du comité républicain national, est autorisé
par le général Boulanger à déclarer que la
chef du Parti national ne se présente nulle
part aux élections de ballottage du 4 août,
et qu'il prie les.électeurs qui ont bien voulu
lui donner leurs suffrages, de reporter
leurs voix sur des candidats nettement ré
visionnistes.
/" , ■ . ' f
D'autre part, voici la lettre par la-!
quelle MM. Georges Laguerre et Lai-
sant remercient Tes électeurs de Ro-
chefort et se désistent au scrutin da
ballottage:
Aux électeurs du canton nord de Rochefort
Chers concitoyens,
, En portant la majorité de vos voix sur
le général Boulanger et sur nous aux élec
tions départementales dé dimanche der
nier, vous avez fait honne justice de3 ca*
lommes par lesquelles l'opportunisme ago-
nisant s'efforce en vain de discréditer la
parti républicain national et son chef.
Vous avez affirmé la constance de vos
opinions et la nécessité de la revision de-la
Constitution de 1875 par une Constituante.
Nous vous en remercions, en notre nom
et au nom du général Boulanger.
Aujourd'hui, après cette juste et élo*
quente protestation du suffrage universel
vous êtes appelés à choisir un conseiller
général et deux conseillers d'arrondisse
ment.
Portez librement vos suffrages sur lea
candidats de votre choix, sur des hommes
qni soient résolus à défendre vaillamment
les idées qui nous sont communes, c'est-à»
dire le programme de patriotisme et d'hon*
nêieté qui est l'honneur du parti national.
Mais gardez-vous, dans un sentiment det
sympathie qui se retournerait contre vous-
mêmes, d'égarer vos voix en les portant
une seconde fois sur nos noms et sur la
nom de notre glorieux ami, le général Bou
langer. •
■ Encore une fois, merci, chers conci.tovens
et Vive la république nationale^! '
G. L aguerre,
député de Vaucluse.
A, L aisant,
député de la Seine.
On nous écrit de Montembœuf (Cha*
rente), le 31 juillet :
Pour une appréciation définitive du ré
sultat électoral il faut connaître exactement
les çoniuons de l'attaque du parti bou
langiste. On sera porté à estimer ces con
ditions moins défavorables qu'elles ne la
sont en réalité. U Univers a annoncé, com
me les autres jouruaux, la candidature da
Boulanger dans le canton de Montembœuf.'
Il paraît hors de doute que non seulement
le général Boulanger, mais aussi aucuns
personnalité autorisée du parti boulangiste,
n'a ni posé ni soutenu sérieusement la can
didature de Boulanger à Montembœuf. Un
seul boulangiste, rédacteur à la France da
FEUILLETON DE L'UNIVERS
' du 3 août 1889
MONTMARTRE
u
DRUIDES — TEMPLES PAÏENS— SAINT DENYS
L'AnÉOPAGITE — SON MARTYKE, ETC.
A l'heure de l'Incarnation, Montmartre
était une place forte du paganisme. Est-il
vrai que les druides en faisaient le théâtre
de leurs mystérieuses réunions ? Est-il vrai
qu'ils avaient là un temple et un collège où
ils instruisaient la jeunesse gauloise ? Plu
sieurs auteurs le prétendent (1), et il faut
(1) « Tant il y a, dit Guillebert de Mefz en
parlant des druides, que le principal de leurs
temples estait où est maintenant Montmartre »
Stem Raoul de Preoles.—Doublet.
« Le principal de leurs temples estait au lieu
de Montmartre. Ils (les druides} s'assemblaient
à certains jours et offraient sacrifices au diable,
qui estait en ce temps la prince du mondé. »
Les antiquités de Paris, pur Gilles Corrozet, 1581.
avouer que les circonstances" locales leur
sont favorables. La montagne de Mont
martre, autrefois boisée,.très fertile, arro
sée de nombreuses fontaines, devait être
un lieu favorable aux sombres cérémonies
du dogme druidique. Il ne nous déplaît
pas de voir le trône de Jésus-Christ repo
ser sur toutes les ruines du monde païen.
Montmartre était appelé par les anciens,
tantôt la montagne de Mars, tantôt la mon
tagne de Mercure. Frédégaire dans ses
chroniques au huitième siècle, Hilduin
dans la vie de l'Aréopagite au neuvième,
Raoul de Presles au quatorzième, Guille
bert de Metz au quinzième, nomment la
colline Mons Mercurii, montagne de Mer
cure, tandis que d'autres auteurs anciens,
parmi lesquels le moine Abbon, à la fin du
neuvième siècle, dans son poème latin sur
le,siège de Paris, l'appellent Mons Martis,
la montagne de Mars. Cela s'explique par
l'existence de deux temples païens sur la
colline.
S'il est certain qu'à l'heure de l'Incarna
tion, Mars et Mercure avaient de nombreux
adorateurs dans les Gaules (2), il n'est pas
moins certain qu'à la même époque ces
divinités avaient leurs temples il Montmar
tre (3). Le temple de Mars devait être situé
(2) Voir Jules César. De beilo Gallico, lib.VI.
(3) Vincentius Bellovacensis in speculo Hist
lib. X, c. 27.
Guillebert de Metz— Raoul de PresIeB — Hil
duin — Hurtaut et Magny — Gilles Corrozet —
Saunai, etc.
Au milieu 4u $$-huitiâm9 siècle, dom Da-
entre la place du Tertre et l'emplacement
où plus tard fut élevée la chapelle du mar
tyr. A la fin du dix-septième siècle,on voyait
encore, vers le midi de la place du Tertre,
une vaste terrasse qui avait appartenu à
cet édifice.
Le temple de Mercure était plus consi
dérable. Il était situé au milieu d'un bois à
l'extrémité occidentale de la montagne, à
peu près sur l'éminence appelée aujour
d'hui Moulin de la Galette, v
Voilà ce qu'était Montmartre , quand pa
rut sur ce sol barbare le grand év&que
d'Athènes, saint Denys l'Aréopagite. "Athè
nes avait été le berceau de cet homme de.
Dieu. C'est dans cette ville, reine des
sciences, des lettres, des arts, foyer de là
superstition, qu'il avait étudié les sages du
paganisme. A l'exemple de Pythagore, de
Thalès de Milet, de Platon, il avait voulu
parcourir l'Egypte pour couronner son sa
voir. Quand mourut le divin Maître sur le
Calvaire, Denys étudiait les mathématiques
à Hiéropolis. Etonné des phénomènes
inouïs, du bouleversement et des ténèbres
profondes qui accompagnèrent la mort de
plessis et l'abbé Lebeui contestèrent l'existence
de ces temples. Ils ne voulurent voir à Mont
martre, au moment du martyre de saint Denys,
que deux statues, en deux endroits différents,
la statue de Mars et la statue de Mercure. Dans
les ruines du temple de Mercure, l'abbé Lebceuf
ne voyait que les vestiges d'une ancienne maison
de bains. Pourquoi, sur de simples conjectures,
renverser la tradition ? Si on admet des idoles,
pourquoi pas des temples, durtout devant des
textes formels ?
Jésus-Christ, il ne put s'empêcher de dire
à son ami le sophiste Apollophone : « Ou
le Dieu de la nature souffre,ou toute la ma
chine du monde est détruite et rentre
dans le chaos 1 » C'était aussi le mo
ment, où la lance du soldat Longin faisait
jaillir du Cœur de Jésus l'eau et le sang
qui devait régénérer le monde. Denys qui
avait alors 25 ans était la . première con
quête du Sacré-Cœnr I Ses talents, son
éloquence le firent bientôt entrer dans le
conseil de l'Aréopage. Il en était un des
membres les plus distingués quand- le
grand Apôtre des nations saint Paul se pré
senta fièrement devant l'illustre Assemblée
et commença son discours par l'exorde
que tout le monde connaît. Cette prédica
tion du Dieu inconnu toucha vivement De
nys ; il devint le disciple de Jésus-Christ !
« Quelques-uns, dit le texte sacré, se ren
dirent aux raisons de Paul, parmi lesquels
Denys l'Aréopagite et une femme nommée
Damars » Instruit par saint Paul, l'illustre
néophyte reçut la mission de gouverner ou
plutôt de fonder l'Eglise d'Athènes. Vingt
années durant, Denys par les écrits et par
la parole soutint les bons combats dans sa
propre patrie; puis, après avoir eu le bon
heur d'assister avec les apôtres aux der
niers moments de la tràs sainte Vierge (4),
il quitte cette Eglise devenue florissante et
se dirige vers Rome accompagné du prêtre
Rustique et du diacre Eleuthère.
(4) Dionys. Areop. de Divinis nomln, cap.[III
Pierre et Paul n'étaient plus.
Saint Clément, successeur de saint Pierre,
reçoit avec joie l'illustre converti de l'Aréo
page et ne craint pas de faire appel à. son
zèle en lui montrant l'Occident encore
plongé dans l'erreur.«Dieu inspira à.ce saint
Pontife d'envoyer saint Denys en France et
par ce rayon oriental dissiper les ténèbres
de l'Occident. La France estait particulière
ment idolâtre de Mercure, et comme ce
royaume est plein de beaux esprits et qui
aiment naturellement l'éloquence, ils ai
maient aussi ce Dieu des beaux entende
ments et des langues bien pendues.* (P. Bi-
net, 1629.)
Malgré ses 70 ans, saint Denys obéit, et
pénètre dans les Gaules (5) accompagné
d'une pléiade des saints apôtres qui se par
tagent les principaux centres. Arles reçoit
saint Rieul, qui deviendra quelque temps
après, le premier évêque de Senlis; saint
(5) L'arrivée du premier évêquo d'Athènes sur
la terre des Gaules est moins étonnante qu'on
pourrait le croire tout d'abord. Depuis 600 ans
les Grecs façonnaient leurs lèvres ioniennes
à l'idiome rude des Gaulois. La colonie pho
céenne à Marseille et sur le littoral avait établi
une certaine affinité entre les Hellènes et les
races gauloises. Oae-t-on nier qu'un Grec d'ori
gine ne soit le fondateur de l'église de Lyon ? —
L'aréopagitisme de saint Denis est aujourd'hui
hors de doute. Les traditions des églises parti
culières établissent péremptoirement que la foi
chrétienne fut apportée à Paris par le premier
évêque d'Athènes, le converti de l'Aréopage, et
qu'il fut envoyé par saint Clément. Nous ne
pouvons que répéter avec Mgr Freppel i « Sur
ce point, il n'est guère plus possible aujourd'hui
de concovqir m doute sérieux, a
Eugène est envoyé en Espagne et devient
le premier évêque de Tolède, saint Lucien
est envoyé à Beauvais, saint Nicaise
Rouen, saint Taurin à Evrenx, saint Ca-
rannus à Chartres, saint Mansuy à Toul
saint Sixte à Reims, saint Julien au Mans*
etc., etc. Nous n'avons pas à faire l'histoire
du ministère de saint Denys dans cette cité^
de Lutèce. Qu'on me permette seulement
de faire remarquer que Montmartre fut ua
des principaux théâtres de son zèle; C'est
la ^tradition. « C est sur cette > montagna
qu'il se retirait souvent pour célébrer Je3
saints mystères et vaquer à la prière » (6).
«Il se mit à prescher les Parisiens,payons et
Gentils en la montagne de Montmartre,
accompagnant ses paroles d'œuvres mira
culeuses, et par sa science et par sasaincta
vie, il en convertit un grand nombre...
Notre-Seigneur voulait que son fidèle amy
et bien aimé serviteur fit oes miracles et
opérast ces merveiles sur cette montagna
de Montmartre, afin d'eslre glorifié de pas
Iuy, afin de n'estre point cachez et par ca
moyen estre divulgué par tout le voisinage
et respanda davantage au loing, de sorta
que non seulement les Parisiens, mais
aussi ceux qui estaient plus lointains, ac>
couraient avec un grand ocacours » (7).
La vierge Marie sut les prémices da
1 apostolat de saint Denys à Montmartre
L'illustre évêque d'Athènes n'avait-il pas
eu en compagnie des apôtres l'immense
® £« Jfrancs convertie du P. Léon, ISSi.
Doublet, Htit, ehron. 1940, ^
N* 78S5 — Edition quotidienne
Samedi 3 Août 1SS9
f&XTXON QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
• paris
■ ■ " . g* DÉPARTEMENTS
Ha an 55 »
Six mois. ... 23 50
Trois mois. . . 15 »
ETRANGER '
(UNION POSTAL^
63 »
34 »
18 •
'^Bboimemeiita partent des i« et 18 de chaque mo!»
UN NUMÉRO { Dépar temental I! 0 -**
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
Ua an. . .
Sis mois. .
Trois mois.
paris '
ET DÉPARTEMENTS
, . 30 »
. . 16 »
. . 8 50
ÉTRANGER
(UNION POSTAL!)
30 »
19 «
10 »
On s'abonne & Rome, place du Gesù, 8
Les abonnements partent don i" et te de chaque nmfl
L'UKIYERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C i0 , 6, placo de la Bourse
FRANGE
PARIS, 2 AOUT 1889
Les journaux boulangistes publient
le manifeste annoncé du général aux
électeurs de France. Le général s'ex
plique sur le résultat des élections de
dimanche et fait entrevoir la revan
che qu'il ne doute pas de voir prendre
au parti dont il est le chef, lors des
prochaines élections législatives. Oii
trouvera plus loin le texte et l'appré
ciation de ce document.
La République est en fête, et tous
nos gouvernants s'empressent à l'en-
tour du visiteur royal qui, par fortune,
leur échoit, venant de Perse. Avant-
hier, c'était banquet et soirée chez M.
Tirard ; hier, c'est M. Carnot qui rece
vait le shah; et demain ce seraquel-
3ue autre personnage ; ce soir, gran-
es illuminations à l'Exposition. Mais
cette série de représentations ne laisse
pas que de fatiguer un peu celui qui
en est l'objet, et l'on dit que Nasser-
Eddin aurait annoncé l'intention de se
réserver un peu de repos. ;
D'autre part, il est des journaux ré
publicains qui s'étonnent de voir les
ministres oublier, au milieu de toutes
ces fêtes, le travail à fair^pour pré
parer le succès des prochaines élec
tions. Hier, le conseil des ministres,
qui devait avoir lieu le matin, a
été contremandé et plusieurs jour
naux observent malicieusement que
le motif était la fatigue des ministres,
à peine remis du bien-vivre et des di
vertissements de la soirée précédente.
Seul, dit-on, M.Constans, farouche et
sombre, ne se laisserait pas distraire
du travail incessant qu'il s'impose
pour conquérir le triomphe, à armes
plus ou moins courtoises, dans le duel
final avec le boulangisme.
Certains journaux espagnols avaient
fait courir le bruit que le consul d'Es
pagne à Barcelone, M. Ponsignon, au
rait fait appeler au consulat des
jeunes gens français résidant à Bar
celone, pour les avertir qu'ils devaient
se tenir prêts à répondre à un appel
de-leur patrie et pour les prévenir que,
Îiar suite de la situation que traverse
a politique internationale, ils seraient,
d'ici peu, dans l'obligation de prendre
les armes. Une lettre de notre consul,
adressée à ces journaux, dément ab
solument cette allégation.
Un conflit assez grave vient de s'é-
îever entre l'Angleterre et ' les Etats-
Unis au sujet de la saisie par les croi
seurs américains, dans la mer de Beh
ring, d'un navire de pêche anglais le
Black Diamond qu'ils ont conduit à
Sittea. En réponse aux bruits d'une
réclamation qui: serait faite par l'An
gleterre, le gouvernement américain
tait déclarer, qu'il est bien résolu à
faire saisir toute embarcation em-
, ployée à la pêche : contrairement aux
lois des Etats-Unis,et qu'il n'acceptera
aucune demande d'indemnité. IL est
probable que l'Angleterre se le tiendra
pour dit.
Des dépêcheâ -de Rome ont signalé
il y a quelques jours de nouveaux in
cidents en Abyssinie. Debeb, s'étant
avancé pour son compte dans le Tigré
et ayant accepté un rendez-vous avec
Ras- Mangascià et Ras Alula, a été trahi
et fait prisonnier par ces derniers. Dans
labagarre, Ras Alula lui-même aurait
été tué.. Les soldats. de Debeb seraient
passés au service de Ménélik.Tout cela
prouve que l'Abyssinie est toujours en
proie à, une crise intérieure. Aussi la
nresse italienne s'occupe-t-elle beau
coup de ces incidents qui intéressent
particulièrement l'Italie en raison de
ses entreprises coîCBiales sur les con
fins de l'Abyssinie. Le Tiglétoyche,
on le sait, de très près aux territoires
que convoite l'Italie,et qu'elle est obli
gée d'occuper pour, donner une valeur
à ses établissements autour de Mas-
souah. Elle ne saurait donc rester in
différente à' ce qui s'y passe. Mais
pourra-t-elle intervenir efficacement?
C'est une autre affaire.
Compétions locales, petites" ambi
tions de clocher, personnalités mes
quines, tels sont les motifs que le gé
néral Boulanger assigne à l'insuccès
relatif de la tentative plébiscitaire du
28 juillet. A supposer qu'il n'y ait que
cela, avec les « petites vanités » et les
« petites trahisons » dont il est aussi
parlé dans le manifeste du général,
c'est évidemment Une faute de tacti
que d'avoir affronté ces divers obsta
cles, sans préparation suffisante,, avec
la confiance quelque peu téméraire
que le seul nom du général, jeté dans
la mêlée deux ou trois jours avant le
scrutin, triompherait aisément de
tout.
Du moins, puisqu'on avait, commis
cette erreur avant la bataille, l'habi
leté conseillait, après, de ne pas trop
souligner la déconvenue et de juger
froidement le scrutin pour en tirer
cette conclusion que le caractère
même des élèctions au conseil général,
les circonstances locales qui les régis
sent, les influences particulières aux
quelles on ne les saurait soustraire ne
permettent pas. de préjuger, d'après
elles, ce que sera le combat entière
ment porté sur le terrain politique.
Au lieu de cela, le. général Boulan 1 -
ger, sous le coup d'un premier senti
ment de déception, accuse assez con
fusément des vaniteux et des traîtres
dont, à distance, il grossit l'importance
au point de leur faire tromper absolu^
ment le suffrage universel, qu'il consi
dère par ailleurs comme indemne de
ce qui vient d'arriver. A vrai dire, i) y
a ici une contradiction dont on s'é
tonne que le général n'ait pas été
avisé par ses conseillers ordinaires, si
tant est que lui-même ne l'ait pas re
marquée. Mais ces conseillers, ne sont-
ce pas eux précisément qui ont poussé
le général à ; tenter, au moyen des
élections au conseil général, le plé
biscite que la loi sur les candida
tures multiples lui interdisait au moyen
des élections politiques I
Quoi qu'il en soit, le public ne verra
sans doute qu'une seule chose dans
le manifèste du général. C'est que,
loin de s'abandonner, il se propose de
faire tête, avec l'obstination et l'ardeur
gui, chez , certains, s'alimentent du
dépit d'un >échec encore plus que de
la joie d'un triomphe. Il faut recon
naître, d'ailleurs, que dans quelques
"ours la première impression du vote
ra s'affaiblissant, tandis que sous l'ac-,
ion d'une propagande incessante, dé-
jarrassée des impedimenta de la can
didature multiple et de l'élection canto
nale, on verra se reformer le courant
boulangiste, grossi par les affluents
que chaque jour y déverse le dégoût
des vilenies de tout genre, perpétrées
dans les régions gouvernementales.
. C'est là-dessus^ manifestement, que
compte le général Boulanger pour res
saisir, aux prochaines élections légis
latives, tout le bénéfice de sa popula
rité, et sans doute il n'a pas tort. C'est
pour cela qu'il fait sonner encore une
fois si haut les mots de probité publi
que, d'honneur national,ae république
régénérée, car, si dans son entourage
ms plus que dans son propre passé,
'on ne trouve au degré souhaitable,
es vertus dont il fait son programme,
e public n'y prend pas garde, ayant
son attention violemment portée sur
l'indignité manifeste des gens qui dé
tiennent présentement le pouvoir. A
ce titre, MM. Constans, Rouvier et
Thévenet, pour ne parler que de ceux-
là, sont les meilleurs agents électo
raux du boulangisme, qui ne man
quera pas de les présenter sous toutes
leurs faces aux électeurs pour dé
goûter ceux-ci du système dont ceux-
là sont le plus beau produit.
Mais, peur les catholiques,
que, d'honneur national et d'une Ré
publique régénérée à laquelle ils ne
sauraient croire. A côté des ministres
de l'intérieur, des finances et de la
iustice, accusés journellement devant
le public, d'infamies dont ils ne se
croient pasaptes à demander compte
en justice, il y a un ministre de la
guerre qui, responsable du vote de la
loi militaire, a porté l'atteinte la plus
grave au Concordat en s'attaquant à la
liberté de l'Eglise dans ce qu elle a de
plus essentiel, le recrutement de sa
milice ; îl y a un ministre de l'instruc
tion publique qui tient la main à
l'exécution de lois persécutrices, op
pressives de la liberté du père ae
famille et de la conscience ca
tholique ; il y a tout un système d'ad
ministration odieusement organisé en
vue de chasser Dieu des hôpitaux com
me des cimetières, des prétoires com
me 'des écoles, en vue aussi de res
treindre singulièrement ou même
d'interdire partout les manifestations
publiques du culte qui lui est dû.
C'est donc tout cela que les candi
dats du général devront promettre de
changer, si, pour le coup de balai
décisif, sur tous les points où nous
serons dans l'impossibilité d'avoir un
candidat de notre choix, .ils veulent,
soucieux du succès, obtenir le con
cours des catholiques.
Auguste Roussel.
Voici le manifeste du général Bou
langer :
Aux Electeurs de France
Electeurs,
Pour protester contre l'ignominieuse loi
qui s'oppose aux candidatures multiples et
qui met le suffrage universel en interdit,
j'avais pensé que toutes les occasions étaient
bonnes et qu'il fallait profiter du renouvel
lement des conseils généraux.
Les élecreurs d'un certain nombre de cir
conscriptions ont répondu à mon appel.
Dans les autres cantons où ma candidature
était posée, ainsi que dans une foule d'au
tres où j'avais décliné toute candidature,
les citoyens en masse compacte ont tenu à
affirmer, en me donnant leurs suffrages, les
idées de réforme constitutionnelle, d'honnê
teté et de progrès que poursuit le parti ré
publicain: national.
Ces' électeurs-indépendants et libres, je
tiens à les remercier, moins en mon nom
personnel, lequel ne compte pas lorsqu'il
s'agit de l'intérêt de la patrie, qu'au nom
de la France, au relèvement de laquelle ils
n'ont jamais cessé de penser. Ils ont-été &
la fois, dans cette circonstance, les vété
rans des anciennes victoires et les recrues
auxquelles seront dus les prochains triom
phes.
Le pays a le droit d'en être fier et j'ai le
devoir de le leur dire, puisque c'est mon
nom qu'ils ont choisi pour exprimer leurs
idées, leurs espérances, leur foi dans l'ave
nir.
Si le succès total n'a pas été d'ailleurs
ce qu'on pouvait attendre, la faute n'en est
pas à ce suffrage universel, si intelligent, si
honnête, si patriote, si républicain, qui
comprend tout ce qui est grand et noble
et qui saura bien prouver demain; aux
élections législatives, qu'il n'a rien perdu
de sa confiance dans lè grand parti dont
j'ai la direction.
Seules, les compétitions locales, les peti
tes ambitions de clocher, les personnalités
mesquines pour qui rien n'existe quand
elles sont en jeu, ont fait le mal, si taut
est que ce ne soit pas là un bien gros mot
pour'une affaire d'aussi mince importance.
Les organes du gouvernement vont triom
pher avec fracas. Qu'ils triomphent !
Je leur contesterai d'autant moins ce
plaisir qu'il doit être de courte durée.
Le jour est proche où le pays va avoir à
se prononcer, non plus pour le renouvelle
ment de conseils locaux, mais pour dire, en
élisant des députés, comment U entend l'o
rientation de la politique française. Ce jour-
là,on verra ce que pèsent lec petites vani
tés,et les petites trahisons devant le grand
courant de la probité publique et de l'hon
neur national.
Je l'attends- sans crainte, sachant bien
que - ce qui .'doit en sortir, inéluctablement,
c'bst la jFrance forte dans la République
consolidée et régénérée.
Vive la France !
Vive, la République ! ;
... ... Général B oulanqer
Londres, 31 juillet 1889. >
».
Le Papa séquestré
Voici la traduction de l'important
article, publié par l 'Osservatore Roma-
no sous ce titre : « Le Pape sous la
surveillance », et dont nous avons,
précédemment, donné en résumé les
principales indications :
A la suite du dernier consistoire, quand
le bruit se répandit qne le départ du Pape
était à peu près résolu, le gouvernement
affecta, devant le public, de ne pas s'en
préoccuper, et les journaux officieux répé
tèrent en chœur : Que le Pape reste ou
parte, cela nous est tout à. fait indifférent;
En réalité, l'indifférence était le masque
sous lequel l'honorable Crispi cherchait à
cacher la frayeur qui lui causait le bruit qui
courait, et du palais Braschi volaient pour
Saint-Marcel les ordres les plus sévères et
les plus menaçants : Gare à vous, monsiear
le questeur, si le Pape vous glisse des
mains sans que nous en soyons avisés fe
temps ! — Et le questeur Santagostino ré
pétait à son tour la menace & M. Manfreni,
le délégué à qui est confiée la garde, ou
plutôt la surveillance de la demeure du
Pape. Et questeur èt. délégué se mirent à
l'œuvre avec cette énergie qu'inspire tou
jours aux fonctionnaires publics un ordre
supérieur appuyé d'nne menace de destitu
tion.
Mais, bien que délégué et questeur se
soient ingéniés de toute manière & tenir
caché au public le fait de cette surveillance,
ils n'y ont pas réussi, et dès le premier jour,
tout le monde a su qne le Vatican était es
pionné, enveloppé, bloqué, comme si dans
ses murailles se cachait un nid de contre
bandiers, ou s'il* servait d'asile à un mal
faiteur condamné dix fois. s.-,-
Le Vatican est donc toujours attentive
ment surveillé, et les agents de la questure
ont chaque jour et à toute heure leurs
postes déterminés ; nous en donnerons la
preuve, ne fût-ce que pour prouver qae,
nous aussi, nous savons faire un peu de
police quand nous le voulons. .
La surveillance ordinaire du Vatican est
donc ainsi distribuée :
Ua garde de la questure en uniforme entre la
place de la Sacristie de Saint-Pierre et le sémi
naire du Vatican.
Deux carabiniers à côté du palais du Saint-
Olfice.
Un garde de la questure en uniforme sous la
colonnade à droite de la basilique.
Deux gardes de la questure, dont un en
bourgeois, de l'autre côté de la colonnade.
Deux gardes en uniforme près de la porte de
bronze.
Enfin un garde près de la caserne des gen
darmes pontificaux, sur la voie qui de Saint-
Pierre conduit & la porte Angélique.
Cela, c'est la surveillance ordinaire, non
compris les nombreux carabiniers et gardes
qui, jour et nuit, vont et viennent le long
des murs des jardins pontificaux, de la
porte Augélique à la porte Cavaleg-
geri. ,
Mais depuis qu'on craint de voir le Pape
abandonner le Vatican, on y a placé de
nouveaux policiers, disposés de telle façon
qu'il est impossible de mettre le pied hors
du Vatican sans passer sous les yeux d'un
délégué, d'un carabinier . ou d'un ques-
turin.
En voici la liste :
Deux gardes en bourgeois auprès du palais
de l'archiprètre. ..
Un garde en uniforme sous le portique qui
unit la sacristie à la basilique vatioane.
Un autre garde et deux carabiniers près du
Campo-Santo des Allemands.
Un garde & la grande porte de la Cano-
nica.
Un autre aux grilles du lazaret.
Deux carabiniers à la colonnade sur la droite
de la basilique.
Deux gardes de la questure à l'entrée de la
colonnade près de la place Rusticucci ;
Un derrière la colonnade, devant la porte du
corps de garde de la garde suisse ;
Eatln deux carabiniers sous l'arc qui sépare
la place de Saint Pierre de la voie de laporte An
gélique.
En tout donc, vingt-quatre agents;
sans compter les délégués,' les gardes et les
carabiniers qui surveillent. les jardins,
lesquels sont là, de nuit et de jour, les
yeux fixés sur le Vatican, épiant qui entre
et qui sort, fouillant du regard le fond des
voitures pour voir si dans l'une d'elles,
par hasard, ne se cacherait pas un fugitif,
Léon XIII. .
. Et ce n'est pas tout. Si dans une dé cès
voitures, qui sortent du Vatican, à toute
heure et à tout moment, se trouvait le Pape,
comment faire pour la suivre, pour courir
et en donner avis au palais Braschi ou à
Saint-Marcel?
On a aussi pourvu & cela.
Depuis le 18 juillet, deux voitures de pla
ce, chacune avec un délégué " et un garde,
stationnent, l'une près, de la porte de
bronze, l'autre place Sainte-Marthe. Ce
service de voitures a duré, nuit et jour, du
18 au 22 ; depuis le 22 il continue, mais
seulement de 8 heures du soir à 8 heures
heures du matin. -
Comme vous le voyez, le Vatican est bien
gardé, et le Pape jouit d'une liberté pleine
et illimitée!
Mais, demanderons-nous, si le Pape, au
lieu d'être souverain, avec les honneurs et
les prérogatives de souverain, dans la villa
qui doit être le siège honoré et respecté, du
Pontificat, était un malfaiteur de la pire es
pèce, condamné au domicile forcé," que
pourrait-on faire de plus et de pis ? L'ho
norable Crispi fait dire par ses journaux
que nulle part le Pape ae trouverait la li
ber té que lui offre le gouvernement italien
à Rome. Oh ! une brillante liberté que celle
qui vous entoure, vous épie, ne vous laisse
pas un instant de répit,s'enquiert de cë que
vous faites, de ce que vous dites, de ce que
vous pensez!
Nous ignorons ce que l'avenir nous ré
serve; mais ce que nous savons bien, c'est
que si les événements et plus encore la sot
tise et la perversité de nos gouvernants
forçaient le Pape à prendre la route de
l'exil, en quelque contrée qu'il portât ses
pas, ce pays offrirait au Pape une "hospi
talité plus libre et plus digne que celle que
lui offre sa ville de Rome, devenue la capi
tale du royaume d'Italie. -
On devine-, sans peine l'impression
que cet article a fait à Rome. ■
Sait-on tout ce que la Riforma de Mi
Crispi a trouvé à y répondre ? Nous
citons textuellement: -t.
Pour quelques agents qui font le service
aux abords du Vatican, on dit aujourd'hui
que le Papej à Rome, n'a pas son siège res
pecté.
Et que devrait-on -dire alors pour toute
la force armée que le Souverain Pontife
maintient à l'intérieur de son palais?
Ainsi, pour la Riforma, l'ami qui
veille, c'est la même chose que l'en
nemi qui surveille. Cette réponse mar
que bien le trouble où sont les offi r
cieux crispions depuis que Osserva
tore Romano a démasqué leur jeu.
Il est bon d'en prendre note, et le
monde catholique tout entier saura
ce qu'il en faut conclure.
; Voici le texte des résolutions adop
tées par acclamation dans la récente
assemblée des catholiques du Palati-
nat :
I, — Cinq mille catholiques du Palati-
nat, réunis & Neustadt, expriment à tous
les évêques de la Bavière, et notamment à
l'évêque du diocèse, leurs profonds remer
ciements pour la revendication qu'ils ont
faite des droits de l'Eglise. Ils expriment
leur regret que le gouvernement royal ait
repoussé dans leurs points essentiels ces
plaintes, basées cependant sur des textes
constitutionnels. Comme citoyens, ils récla
ment la loyale application du Concordat
conclu entre la couronne de Bavière et le
Siège apostolique. Ils expriment en même
temps leur ferme espérance que les dépu
tés catholiques des deux Chambres du
Landtag emploieront tous les moyens
coastitutionnels pour que le gouvernement
fasse droit aux réclamations formulées par
les. évêques.
II. -- L'assemblée élève une protestation
indignée contre l'affront infligé dernière
ment au Pape, par les ennemis de l'Eglise,
à l'occasion des fêtes de Giordanô Brano.
Elle voit dans ces incidents une î""avelle
preuve de la situation indi^ e oîl es V réduit
le Saint-Siège, b.. ~ es t confirmée dans sa
P® rsu! \ sl01 * < 1 Q0 seule une souveraineté in
dépendante peut garantir la pleine liberté
du Pape,
Nous n'avons pas besoin d'insister
sur l'importance de ces résolutions,
soit au point de vue de la question
romaine, soit au point de vue des in««
térêts religieux de la Bavière.
Des nouvelles alarmantes ont été
répandues par un journal de Rome et
reproduites par divers journaux fran
çais sur la santé de S. Em. lé cardi
nal Lavigerie.
La vérité sur l'état de l'éminent car
dinal se trouve dans la dépêche de
Lucerne, publiée il y a quelques jours
par l'Univers. »
Aujourd'hui, des nouvelles directes
de Lucerne nous permettent de ras
surer complètement les catholiques
qu'avaient .justement inquiétés les
bruits exagérés dont nous venons da
parler.
• Grâce à Dieu, Son Eminence, qui»
bien que très souffrante, n'a jamais
été en danger, se trouve aujourd'hui
dans un état de santé relativement
satisfaisant. Depuis deux jours l'émi
nent cardinal a pu quitter la chambre
et essayer ses forces en quelques pro»
menades.
Il y a lieu d'espérer que, dans peu
de jours , nous pourrons saluer son
complet rétablissement.
-, Elections au Conseil générai
La Pnsse publie la note suivante
M. Turquet, député de l'Aisne, membre
du comité républicain national, est autorisé
par le général Boulanger à déclarer que la
chef du Parti national ne se présente nulle
part aux élections de ballottage du 4 août,
et qu'il prie les.électeurs qui ont bien voulu
lui donner leurs suffrages, de reporter
leurs voix sur des candidats nettement ré
visionnistes.
/" , ■ . ' f
D'autre part, voici la lettre par la-!
quelle MM. Georges Laguerre et Lai-
sant remercient Tes électeurs de Ro-
chefort et se désistent au scrutin da
ballottage:
Aux électeurs du canton nord de Rochefort
Chers concitoyens,
, En portant la majorité de vos voix sur
le général Boulanger et sur nous aux élec
tions départementales dé dimanche der
nier, vous avez fait honne justice de3 ca*
lommes par lesquelles l'opportunisme ago-
nisant s'efforce en vain de discréditer la
parti républicain national et son chef.
Vous avez affirmé la constance de vos
opinions et la nécessité de la revision de-la
Constitution de 1875 par une Constituante.
Nous vous en remercions, en notre nom
et au nom du général Boulanger.
Aujourd'hui, après cette juste et élo*
quente protestation du suffrage universel
vous êtes appelés à choisir un conseiller
général et deux conseillers d'arrondisse
ment.
Portez librement vos suffrages sur lea
candidats de votre choix, sur des hommes
qni soient résolus à défendre vaillamment
les idées qui nous sont communes, c'est-à»
dire le programme de patriotisme et d'hon*
nêieté qui est l'honneur du parti national.
Mais gardez-vous, dans un sentiment det
sympathie qui se retournerait contre vous-
mêmes, d'égarer vos voix en les portant
une seconde fois sur nos noms et sur la
nom de notre glorieux ami, le général Bou
langer. •
■ Encore une fois, merci, chers conci.tovens
et Vive la république nationale^! '
G. L aguerre,
député de Vaucluse.
A, L aisant,
député de la Seine.
On nous écrit de Montembœuf (Cha*
rente), le 31 juillet :
Pour une appréciation définitive du ré
sultat électoral il faut connaître exactement
les çoniuons de l'attaque du parti bou
langiste. On sera porté à estimer ces con
ditions moins défavorables qu'elles ne la
sont en réalité. U Univers a annoncé, com
me les autres jouruaux, la candidature da
Boulanger dans le canton de Montembœuf.'
Il paraît hors de doute que non seulement
le général Boulanger, mais aussi aucuns
personnalité autorisée du parti boulangiste,
n'a ni posé ni soutenu sérieusement la can
didature de Boulanger à Montembœuf. Un
seul boulangiste, rédacteur à la France da
FEUILLETON DE L'UNIVERS
' du 3 août 1889
MONTMARTRE
u
DRUIDES — TEMPLES PAÏENS— SAINT DENYS
L'AnÉOPAGITE — SON MARTYKE, ETC.
A l'heure de l'Incarnation, Montmartre
était une place forte du paganisme. Est-il
vrai que les druides en faisaient le théâtre
de leurs mystérieuses réunions ? Est-il vrai
qu'ils avaient là un temple et un collège où
ils instruisaient la jeunesse gauloise ? Plu
sieurs auteurs le prétendent (1), et il faut
(1) « Tant il y a, dit Guillebert de Mefz en
parlant des druides, que le principal de leurs
temples estait où est maintenant Montmartre »
Stem Raoul de Preoles.—Doublet.
« Le principal de leurs temples estait au lieu
de Montmartre. Ils (les druides} s'assemblaient
à certains jours et offraient sacrifices au diable,
qui estait en ce temps la prince du mondé. »
Les antiquités de Paris, pur Gilles Corrozet, 1581.
avouer que les circonstances" locales leur
sont favorables. La montagne de Mont
martre, autrefois boisée,.très fertile, arro
sée de nombreuses fontaines, devait être
un lieu favorable aux sombres cérémonies
du dogme druidique. Il ne nous déplaît
pas de voir le trône de Jésus-Christ repo
ser sur toutes les ruines du monde païen.
Montmartre était appelé par les anciens,
tantôt la montagne de Mars, tantôt la mon
tagne de Mercure. Frédégaire dans ses
chroniques au huitième siècle, Hilduin
dans la vie de l'Aréopagite au neuvième,
Raoul de Presles au quatorzième, Guille
bert de Metz au quinzième, nomment la
colline Mons Mercurii, montagne de Mer
cure, tandis que d'autres auteurs anciens,
parmi lesquels le moine Abbon, à la fin du
neuvième siècle, dans son poème latin sur
le,siège de Paris, l'appellent Mons Martis,
la montagne de Mars. Cela s'explique par
l'existence de deux temples païens sur la
colline.
S'il est certain qu'à l'heure de l'Incarna
tion, Mars et Mercure avaient de nombreux
adorateurs dans les Gaules (2), il n'est pas
moins certain qu'à la même époque ces
divinités avaient leurs temples il Montmar
tre (3). Le temple de Mars devait être situé
(2) Voir Jules César. De beilo Gallico, lib.VI.
(3) Vincentius Bellovacensis in speculo Hist
lib. X, c. 27.
Guillebert de Metz— Raoul de PresIeB — Hil
duin — Hurtaut et Magny — Gilles Corrozet —
Saunai, etc.
Au milieu 4u $$-huitiâm9 siècle, dom Da-
entre la place du Tertre et l'emplacement
où plus tard fut élevée la chapelle du mar
tyr. A la fin du dix-septième siècle,on voyait
encore, vers le midi de la place du Tertre,
une vaste terrasse qui avait appartenu à
cet édifice.
Le temple de Mercure était plus consi
dérable. Il était situé au milieu d'un bois à
l'extrémité occidentale de la montagne, à
peu près sur l'éminence appelée aujour
d'hui Moulin de la Galette, v
Voilà ce qu'était Montmartre , quand pa
rut sur ce sol barbare le grand év&que
d'Athènes, saint Denys l'Aréopagite. "Athè
nes avait été le berceau de cet homme de.
Dieu. C'est dans cette ville, reine des
sciences, des lettres, des arts, foyer de là
superstition, qu'il avait étudié les sages du
paganisme. A l'exemple de Pythagore, de
Thalès de Milet, de Platon, il avait voulu
parcourir l'Egypte pour couronner son sa
voir. Quand mourut le divin Maître sur le
Calvaire, Denys étudiait les mathématiques
à Hiéropolis. Etonné des phénomènes
inouïs, du bouleversement et des ténèbres
profondes qui accompagnèrent la mort de
plessis et l'abbé Lebeui contestèrent l'existence
de ces temples. Ils ne voulurent voir à Mont
martre, au moment du martyre de saint Denys,
que deux statues, en deux endroits différents,
la statue de Mars et la statue de Mercure. Dans
les ruines du temple de Mercure, l'abbé Lebceuf
ne voyait que les vestiges d'une ancienne maison
de bains. Pourquoi, sur de simples conjectures,
renverser la tradition ? Si on admet des idoles,
pourquoi pas des temples, durtout devant des
textes formels ?
Jésus-Christ, il ne put s'empêcher de dire
à son ami le sophiste Apollophone : « Ou
le Dieu de la nature souffre,ou toute la ma
chine du monde est détruite et rentre
dans le chaos 1 » C'était aussi le mo
ment, où la lance du soldat Longin faisait
jaillir du Cœur de Jésus l'eau et le sang
qui devait régénérer le monde. Denys qui
avait alors 25 ans était la . première con
quête du Sacré-Cœnr I Ses talents, son
éloquence le firent bientôt entrer dans le
conseil de l'Aréopage. Il en était un des
membres les plus distingués quand- le
grand Apôtre des nations saint Paul se pré
senta fièrement devant l'illustre Assemblée
et commença son discours par l'exorde
que tout le monde connaît. Cette prédica
tion du Dieu inconnu toucha vivement De
nys ; il devint le disciple de Jésus-Christ !
« Quelques-uns, dit le texte sacré, se ren
dirent aux raisons de Paul, parmi lesquels
Denys l'Aréopagite et une femme nommée
Damars » Instruit par saint Paul, l'illustre
néophyte reçut la mission de gouverner ou
plutôt de fonder l'Eglise d'Athènes. Vingt
années durant, Denys par les écrits et par
la parole soutint les bons combats dans sa
propre patrie; puis, après avoir eu le bon
heur d'assister avec les apôtres aux der
niers moments de la tràs sainte Vierge (4),
il quitte cette Eglise devenue florissante et
se dirige vers Rome accompagné du prêtre
Rustique et du diacre Eleuthère.
(4) Dionys. Areop. de Divinis nomln, cap.[III
Pierre et Paul n'étaient plus.
Saint Clément, successeur de saint Pierre,
reçoit avec joie l'illustre converti de l'Aréo
page et ne craint pas de faire appel à. son
zèle en lui montrant l'Occident encore
plongé dans l'erreur.«Dieu inspira à.ce saint
Pontife d'envoyer saint Denys en France et
par ce rayon oriental dissiper les ténèbres
de l'Occident. La France estait particulière
ment idolâtre de Mercure, et comme ce
royaume est plein de beaux esprits et qui
aiment naturellement l'éloquence, ils ai
maient aussi ce Dieu des beaux entende
ments et des langues bien pendues.* (P. Bi-
net, 1629.)
Malgré ses 70 ans, saint Denys obéit, et
pénètre dans les Gaules (5) accompagné
d'une pléiade des saints apôtres qui se par
tagent les principaux centres. Arles reçoit
saint Rieul, qui deviendra quelque temps
après, le premier évêque de Senlis; saint
(5) L'arrivée du premier évêquo d'Athènes sur
la terre des Gaules est moins étonnante qu'on
pourrait le croire tout d'abord. Depuis 600 ans
les Grecs façonnaient leurs lèvres ioniennes
à l'idiome rude des Gaulois. La colonie pho
céenne à Marseille et sur le littoral avait établi
une certaine affinité entre les Hellènes et les
races gauloises. Oae-t-on nier qu'un Grec d'ori
gine ne soit le fondateur de l'église de Lyon ? —
L'aréopagitisme de saint Denis est aujourd'hui
hors de doute. Les traditions des églises parti
culières établissent péremptoirement que la foi
chrétienne fut apportée à Paris par le premier
évêque d'Athènes, le converti de l'Aréopage, et
qu'il fut envoyé par saint Clément. Nous ne
pouvons que répéter avec Mgr Freppel i « Sur
ce point, il n'est guère plus possible aujourd'hui
de concovqir m doute sérieux, a
Eugène est envoyé en Espagne et devient
le premier évêque de Tolède, saint Lucien
est envoyé à Beauvais, saint Nicaise
Rouen, saint Taurin à Evrenx, saint Ca-
rannus à Chartres, saint Mansuy à Toul
saint Sixte à Reims, saint Julien au Mans*
etc., etc. Nous n'avons pas à faire l'histoire
du ministère de saint Denys dans cette cité^
de Lutèce. Qu'on me permette seulement
de faire remarquer que Montmartre fut ua
des principaux théâtres de son zèle; C'est
la ^tradition. « C est sur cette > montagna
qu'il se retirait souvent pour célébrer Je3
saints mystères et vaquer à la prière » (6).
«Il se mit à prescher les Parisiens,payons et
Gentils en la montagne de Montmartre,
accompagnant ses paroles d'œuvres mira
culeuses, et par sa science et par sasaincta
vie, il en convertit un grand nombre...
Notre-Seigneur voulait que son fidèle amy
et bien aimé serviteur fit oes miracles et
opérast ces merveiles sur cette montagna
de Montmartre, afin d'eslre glorifié de pas
Iuy, afin de n'estre point cachez et par ca
moyen estre divulgué par tout le voisinage
et respanda davantage au loing, de sorta
que non seulement les Parisiens, mais
aussi ceux qui estaient plus lointains, ac>
couraient avec un grand ocacours » (7).
La vierge Marie sut les prémices da
1 apostolat de saint Denys à Montmartre
L'illustre évêque d'Athènes n'avait-il pas
eu en compagnie des apôtres l'immense
® £« Jfrancs convertie du P. Léon, ISSi.
Doublet, Htit, ehron. 1940, ^
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 79.29%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 79.29%.
- Collections numériques similaires Ruedel Marcel Ruedel Marcel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ruedel Marcel" or dc.contributor adj "Ruedel Marcel")
- Auteurs similaires Ruedel Marcel Ruedel Marcel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ruedel Marcel" or dc.contributor adj "Ruedel Marcel")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7067054/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7067054/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7067054/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7067054/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7067054
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7067054
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7067054/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest