Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-08-01
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 août 1889 01 août 1889
Description : 1889/08/01 (Numéro 7883). 1889/08/01 (Numéro 7883).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi V* Août 1839
* N' 7S33 — Édition quotidienne
ÉDITION QUOTIDIENNE
paris étranger
E t départements {cnios postale)
Un an 55 » 66, ■
Six mois. ... 23 50 34 »
Trois mois. . . 15 » 18 »
^^abonnements partent dos 1" et 13 de choque moi*
Jeudi 1" Août i?,89
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
UN NUMÉRO ( Départements:
15 cent.
20 -
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
31»
Un an. . .
Six mois. .
Trois mois.
paris
EX DÉPARTEMENTS
, . 30 »
. . 16 »
, . 8 50
étranger
(DNIOX POSTAIS)
36 »
19 »
10 »
Lee abonnements partout dos t" et <6 ie chaque mtil
On s'abonne & Rome, place dn Gesù, 8
L 'DSIVERS ne répond pas des manuscrits qui lai sont adressés
ANNONCES
MM. Cli. LAGRANGE, CERF et C f », 6, place de la Bourse
PRArfCB
PARIS. 31 JUILLET 1S89
C'est toujours le résultat des élec
tions du 28 qui occupe les partis et
lès journaux. On discute à perte de
vue sur les présages qu'on en peut tirer
au sujet des futures élections politi
ques, et certaines impressions de là
première heure se transforment quel
que peu. A cet égard, nous signalons
comme particulièrement significatif
un article du National, que nous repro
duisons plus loin.
Au milieu de cette fièvre électorale,
l'arrivée du shah a produit moins de
curiosité qu'elle n'eût fait en un mo
ment plus calme. Ce n'est pas que la
foule manquât hier sur son passage,
mais à Paris il y a toujours de la foule
pour tous les spectacles. D'ailleurs,
c'est pour la troisième fois déjà que le
shah vient. à Paris, et à beaucoup il
n'offre plus l'attrait de la nouveauté.
Nous ne disons pas cela pour le monde
gouvernemental, qui tout au contraire
S8 trémousse à l'envi pour la prépara
tion des fêtes brillantes par lesquelles
on veut remercier le souverain asiati
que de n'être pas entré dans le concert
des refus européens.
M. Yves Guyot, ministre des tra
vaux publics, a reçu hier matin MM.
Mesureur, député ; Baulard, conseiller
général de la Seine ; Henri Brissac et
le docteur Gombret, délégués par la
société dite des Droits de l'homme et
du citoyen, pour transmettre au gou
vernement une résolution adoptée par
sa dernière assemblée générale, ten
dant à obtenir la fixation à huit heures
de la journée de travail dans les manu
factures, chantiers et arsenaux de
l'Etat.
" Le ministre, qui a fait bon accueil
aux délégués, leur a promis de sou
mettre la question au conseil.
On mande d'Athènes que presque
tous les Grecs de Grète espèrent une
solution pacifique de la question cré-
toise, surtout après le rappel du gou
verneur et la réconciliation des libé
raux et des conservateurs crétois.
: Néanmoins, les Crétois resteront en
armes jusqu'à la fin de la crise, qui ne
•finira pas de sitôt, s'il est vrai, comme
on le dit, que la Russie appuierait au
près du sultan les réclamations de la
Crète. - >
Des nouvelles récentes annoncent,
d'autre part, que des conflits armés se
seraient produits entre les Turcs et
Jes chrétiens. Il y aurait eu quelques
.morts. Ces nouvelles sont données
sous toutes réserves, mais à tout évé
nement un aviso vient de partir de
Marseille pour aller, là-bas, veiller à
la sécurité de nos nationaux.
Une dépêche de Birmingham nous
apporte le résumé d'un important dis
cours prononcé par lord Randolph
Churchill à un meeting conservateur.
L'orateur anglais a exprimé la convic
tion que la guerre entre l'Autriche et
la Russie était inévitable à bref délai.
Comme lord Beaconsfield, il croit que
l'Angleterre, dont les intérêts sont
surtout en Asie, n'est pas éventuelle
ment menacée par le développement
et la prédominance de la race slave.
« Mais nous devons, a-t-il ajouté;
dans l'éventualité d'une guerre géné
rale, limiter autant que possible nos
responsabilités à la défense des intérêts
vitaux de l'empire.L'occupation de l'E
gypte nous a coûté l'amitié de la
grande nation française et de la Tur
quie. Ces puissances nous feraient des
concessions, importantes si elles
voyaient la probabilité d'une évacua
tion dans un délai raisonnable. Si
nous restons en Egypte, nous devrons
quadrupler l'armée d'occupation et la
flotte de la Méditerranée en cas de
guerre européenue. »
Parlant de l'Irlande, qui est encore
un élément de faiblesse pour l'empire,
lord R. Churchill a désapprouvé l'em
prisonnement des députés irlandais ;
il a demandé une politique de conci
liation, et surtout une direction de
l'administration locale populaire et la
décentralisation.
Hier, à Vienne, on répandait le bruit
que le gouvernement autrichien pos
sédait des informations très précises
sur des négociations entamées depuis
une quinzaine de jours entre la France
et la Russie, et qui auraient abouti à
la conclusion d'une convention préli
minaire qui, en temps voulu, serait
transformée en traité formel d'alliance
défensive entre les deux Etats pour la
garantie réciproque de leur territoire.
Mais de Saint-Pétersbourg, aujour
d'hui, ofl dément la véracité de ces
prétendues informations.
L'Indépendance belge signala la pu
blication à Berlin^ par la Gazette de la
Croix, du procès-verbal de la séance
du conseil d'administration de la so
ciété allemande du Sud-Ouest africain.
Par 6 voix contre 1, le conseil a décidé
de vendre la propriété des. terres et les
concessions de mines qui appartien
nent à la société. En même temps, on
signale la présence à Berlin d'un M.
Grall, né en Hollande, mais naturalisé
Anglais, lequel achèterait toute l'ex
ploitation de la compagnie allemande.
Voir les DERNIÈRES NOUVELLES à la fin
L'Unité politique
■ I' . - .
Qu'est-ce que l'unité politique ?
Les Français, depuis 1789, se flat
tent de l'avoir trouvée, ils se vantent
même d'être les seuls en Europe à la
posséder. Cependant nous ne voyons
pas en Europe un Etat plus divisé en
soi que la France, plus exposé aux ré
volutions, aux guerres civiles, aux
coups de majorité. Ce qu'ils appellent
unité,c'est l'uniformité imposée parle
gouvernement dans les sentiments,
les idées, les intérêts, les institutions.
Et comme notre espèce ne se prête pas
à cette triture, elle regimbe continuel
lement; d'ailleurs, il n'y a aucune
raison- pour que le gouvernement
d'une année soit le gouvernement de
l'année suivante ; et le gouvernement
change sans cesse d'idée fixe. Etablir,
.par un système de violence et d'en
traînement, tous les Français à pen
ser de même, est assez difficile. Le
principe de la libre-pensée dont s'au
torise le gouvernement proteste suffi
samment. _ En somme, l'unité poli
tique consiste dans le gouvernement,
et plus il est solide et a de durée, plus
il réalise cette unité. L'Autriche a plus
d'unité que la France, puisque les
peuples s'y rattachent énergiquement
au souverain, qui représente les di
verses agglomérations et l'ensemble
de la monarchie.A vrai dire, ces hom
mes ne sont pas gouvernés par l'unité,
mais par l'union. L'union est un fait
concret qui respecte les individus, les
familles, les groupes divers d'intérêts
et de personnes. L'unité les absorbe
dans l'abstraction d'un gouvernement
idéal. Aussi ce mot d'unité ne s'appli
quait qu'à des compositions littéraires,
à des systèmes philosophiques. La ré
volution de 1789 a pris les Français
pour des hommes abstraits, des nom
bres mathématiques, elle leur a appli
qué un gouvernement abstrait ; elle a
résolu des problèmes d'algèbre, qu'elle
tient pour, vrais, quand même tout le
monde se révolterait.
L'idée, de l'union des hommes est
étrangère à la révolution ; elle n'a pas
demandé à nos différents peuples com
ment ils voulaient se gouverner, elle
leur a imposé un gouvernement recti-
ligne, abstrait. Les institutions fon
dées sur des fictions scientifiques, con
vergent à l'égalité des hommes et
des fortunes. Par l'éducation elle croit
amener les français à l'égalité indivi-
duelle.Par le partage forcé des biens et
les lois fiscales, elle s'approche mathé
matiquement, sans y toucher jamais,
de l'égalité de fortune. Pour cela elle
suppose que. le territoire français est
un espace géométrique indéfiniment
divisible. En fait, rien n'est divisible i
une maison, une manufacture, une
usine, une boutique sont-elles divisi
bles ? Le jardin qui fait vivre une fa
mille de jardiniers est-il divisible ? Et
l'exploitation rurale, quiexige des bâ
timents , un cheptel considérable,
est-elle divisible utilement ? Les lé
gistes -ne se sont pas arrêtés en
chemin ; ils ont dit : Puisque rien
dans la nature n'est divisible,
nous transformerons toutes les cho-
sès naturelles en abstractions, en
chiffres divisibles à l'infini. Ils ont
imaginé les liquidations, les ven
tes judiciaires; alors les fortunes
évaluées en signes algébriques ou en
abstractions numériques, se prêtent à
tous les calculs. Seulement la moitié
des fortunes s'écoulera dans l'espace
de quinze ans, par. les frais de procé
dure, entre les mains du fisc et les
agents de la justice, et à chaque géné
ration toutes les fortunes sont à re
commencer elles suivent la même
loi que le gouvernement et ne sont
pas plus solides que lui. Il est admis
comme principe fondamental que les
familles et le gouvernement sont in
compatibles avec la notion de durée.
Les Français étant égaux comme
des chiffres, le suffrage universel est
devenu un dogme. Et cependant ses
plus chauds partisans s'en moquent.
Ils combattent le plébiscite, ils croient
qu'on influe sur lë résultat du scru
tin, suivant le mode de l'élection;
cette vaste machine du suffrage uni
versel mise périodiquement en mou
vement ramène les choses au point
de départ, et à chaque instant cette
question se pose : Gomment voulez-
vous être gouvernés ? Ce mot de révo
lution, emprunté à l'astronomie, n'est
peut-être pas aussi bizarre qu'on se
rait tenté de le croire. Copernic nous
apprend que les astres reviennent sur
eux-mêmes et tournent en cercle. Il
écrit le De revohitionibus orbium cœles-
tium. Révolution exprime donc une
évolution qui recommence. Nous som
mes au même point qu'en 1787. Le
mouvement des hommes et celui des
intérêts tournent dans le même cer
cle; les familles et le gouvernement
recommencent à chaque instant. On
nous sert les mêmes raisonnements
qu'il y a un siècle, et nous voyons se
renouveler cette loi de la démagogie
et du césarisme, observée dans le
cours de l'histoire, et qui brille en
France d'un éclat particulier. Nous
tournons, il n'y a pas chez nous
d'hommes nouveaux pour participer
aux nouvelles choses , nom modeste que
les Romains donnaient à leurs boule
versements. Nos révolutionnaires sont
des revènants, on remarqait déjà cela
en 1848. Ils sont aujourd'hui juste
arriérés d'un siècle, ils sont étrangers
à l'expérience qu'un siècle porte avec
lui. C'est sérieusement,si on les laisse
faire,qu'ils appliqueront à la France le
FEUILLETON DE L'UNIVERS
DU 1 er AOUT 1889
ARCHÉOLOGIE CHRÉTIENNE
la maison des saints jean et paul
Dieu semblé avoir réservé & notre siècle
incrédule de nouvelles preuves du catholi
cisme pour confondre tout le fatras de dé
monstrations linguistiques, scientifiques,
historiques et archéologiques dont se vante
une vaine science, qui ne chèrche qu'à dé
molir sans pouvoir édifier.
On a scruté les origines du christianisme,
on a accusé de faux le nombre des martyrs,
leurs actes ont été traités de vaines légen
des,et voici que les monuments parlent : il
semble que les martyrs se lèvent de nou
veau daus leurs tombes pour affirmer de.
vant le dix-neuvième siècle la tradition de
la foi catholique pour laquelle ils ont versé
leur sang.Les catacombes se sont ouvertes,
les pierres ont parlé en faveur de la vérité.
Sous la direction du commandeur de
Rossi,des archéologues ont fouillé les sous
sol de Rome, et les monuments chrétiens
ont surgi en témoins irréfragables de no
tre foi.
Les découvertes du cimetière Ostrien et
les fouilles récentes du cimetière de Pris-
le confirment les traditions de k. venue
de saint Pierre à Rome et permettent de
reconstituer toute la série des chrétiens de
la maison de César, démontrant que les
doctrines du Nazaréen avaient pénétré dès
le premier siècle jusque dans les rangs du
patriciat romain.
On a accusé le martyre do sainte Félicité
et de ses sept fils d'être un pastiche de
l'histoire des Macchabées, et peu de temps
après cette accusation formelle on a ouvert
sur la voie Salaria la crypte de sainte Fé
licité avec sa fresque antique, représentant
l'héroïne chrétienne entourée de ses sept
fils. Dans d'autres cimetières ont été trou
vés les fragments d'inscriptions lapidaires
avec les noms de quelques-uns de ces fils.
Ces fragments se trouvaiènt précisément
dan3 les diverses catacombes où avaient
été déposés, d'après la tradition, les corps
des fils de Félicité.
Mais nous avons assisté dernièrement &
une nouvelle et plus importante découverte
en faveur des traditions romaines. C'est
celle de la maison habitée par les mar
tyrs Jean et Paul, du lieu de leur martyre
et de leur déposition.
Sur un des flancs du mont Cœlius, le
long du Clivus Scauri, s'élève une antique
église célèbre à travers les siècles, de la
fondation de laquelle il est fait mention dès
les premières années de la paix. C'est l'an
tique titre des saints Jean et Paul ou de
Pamachius. Les anciens actes des mar
tyrs et surtout le passionnaire de Corbie
nous disent que Jean et Paul étaient atta
chés à la maison impériale de Constantin,
et qu'ils se trouvaient particulièrement au
service de Constance,la fille do l'empereur.
Lorsque Julienl'Apostat parvint à. l'empire,
ces deux officiera du palais impérial ne
voulurent avoir aucune relation aVec le
prince apostat. Ils se retirèrent dans
leur maison paternelle et employèrent
leurs biens au profit des pauvres. Julien
aurait voulu avoir auprès de soi les deux
vailllants officiers, et surtout désirait les
faire apostasier. Il leur envoya le Campi-
ductor Terentianus, qui leur fit les propo-
positions impies. Mais les deux saints refu
sèrent, et, sur l'ordre de Julien, ils forent
décapités dans leur propre maison. Julien,
qui savait persécuter les chrétiens avec
toute la fourberie d'un apostat, fit cacher
les corps des deux martyrs dans leur mai
son, et on répandit le bruit qu'ils avaient
été exilés. Mais trois amis des deux mar
tyrs découvrirent le fait : c'étaient Crispus,
Crispinianus et Benedicta. Julien les fit
aussi décapiter.
Lorsqu'en 363 Jovien succéda à Julien,
il restaura le culte chrétien détruit et per
sécuté par l'Apostat et fit changer la de
meure de saints martyrs en un oratoire.
A la fin du quatrième siècle, Byzance, le
pieux sénateur romain, ami de saint Jérô
me, fit ériger une basilique sur la maison
des saints Jeau et Paul, et cette construc
tion fut terminée par son [fils Pamachius
d'où elle prit la désignation de titulus Pa-
machii.
La maison primitive resta cependant ou
verte dans les souterrains de la basilique
jusque vers le douzième siècle, comme nous
le verrons plus loin. Plus tard,on en perdit
les traces.
La basilique des saints Jean et Paul fut,
comme d'autres églises de Rome, trans
formée dans la suite des siècles. On lui a
enlevé les colonnes qui divisaient les trois
nefs, mais à. l'extérieur elle a gardé son as
pect antique.
Au miliou de la nef, on voit une pierre
communisme de Sparte. Ils opèrént
sur des chiffres, quelques zéros de
plus ajoutés à un nombre ne changent
pas la forme du raisonnement. La na
ture, l'histoire, l'humanité obéissent
à d'autres lois.
C'est surtout dans le régime élec
toral que l'abstraction déborde. Elle
suppose que tous les hommes, toutes
les opinions, tous les intérêts sont
identiques, de • même nature et de
même valeur. La république est un
gouvernement de papier. Malgré tous
nos changements politiques, nos pro
jets de revision, nous avons toujours
le même gouvernement, c'est-à-dire la
même anarchie. Les intérêts, les tra
ditions sont comptés pour rien. La
réalité, au lieu de s'imposer par elle-
même, est évaluée en chiffres que les
politiciens font manœuvrer à leur gré.
Et dans ce monde de fictions, l'unité
politique est obligée de se reconnaître
encore plus fictive que tout le reste ;
car, dans la pratique comme dans la
théorie, elle se résout dans la majorité.
Dans cette nouvelle arithmétique, la
partie égale, le tout. Tous ces mots
d'unité, d'indivisibilité, de liberté, d'é
galité, de fraternité, qui rentrent ai
sément l'un dans l'autre, équivalent à
cette proposition du fabuliste: « La
raison du plus fort est toujours la
meilleure.» C'est vieux comme le mon
de; mais enfin l'espèce humaine aspire
à ce que cette question de la force et du
nombre ne se pose pas à chaque instant,
et cette tendance naturelle s'exprime
par des coutumes d'ordre et de gouver
nement. Tout homme concourt ainsi à
l'ordre social dont il fait partie, et
quand il en est détaché frauduleuse
ment ou violemment, et placé dans un
cadre factice, il se trouble, s'inquiète,
s'irrite. Nos législateurs s'imaginent
que l'esprit français, la nature fran
çaise peut se modifier en un clin d'œil,
par des institutions d'un jour; ils mul
tiplient les lois, ils inventent des véri
tés-sociales, et posent en principe
qu'elles sont claires à tous les yeux;
et c'est ainsi qu'ils font l'unité, et cette
unité n'existe que sur le papier. Et
nous voyons ces gouvernements d'as
semblées, de discours, de conférences,
tomber comme des châteaux de car
tes* Le président de la République est
une fiction, le Sénat et les députés, l'in
dépendance de la magistrature, les
droits de domicile et de propriété, au
tant de fictions!
Nos jacobins affectent quelquefois
de parler du « gouvernement du pays
par le pays » ; celte formule n'a un
sens que si on définit le pays. Le pays
est-il tout le monde? Mais "est-ce tout
le monde à l'état de ehiffres? Alors les
politiciens sont le pays ; le calculateur
a la responsabilité de ses calculs, le
mérite lui en est attribué, et non aux
chiffres.
Le principe générateur des coutumes
est consigné dans les commentaires
des vieux légistes. C'est la faculté
d'« établir loi sur sôi-mêmé». Alors cha
que famille, chaque groupe d'intérêts
formule lui-même par une pratique
heureuse et constante,la loi à laquelle
il lui importe d'obéir. L'homme de
vient ainsi son législateur en exerçant
sa liberté individuelle. Sur ce terrain,
il ne s'agit plus de l'unité artifi
cielle , métaphysique, mais de l'u
nion réelle, concrète des hommes
qui rapprochent leurs goûts, leurs
traditions, leurs intérêts. La vé
ritable union politique donne satisfac
tion à tous les droits : elle est compa
tible avec tous les intérêts de famille
et de localité. Elle n'exclut pas de la
sollicitude du législateur toutes les au
tres parties de la France, afin de lais
ser la question de gouvernement s'a
giter seulement à Paris par voie d'é
meute, ou en temps ordinaire sous
l'influence des seuls politiciens. Les
entourée d'un grillage indiquant que c'est
là le lieu du martyre des deux saints titu
laires. C'est tout près de là qu'on a aussi
retrouvé, au temps de Pie V, les corps des
deux martyrs, qu'on a alors transportés
sous le maître-autel, où ils sont renfermés
dans une magnifique urne en porphyre.
Le souvenir de la maison des saints Jean
et Paul avait disparu de la mémoire des
hommes et on n'en avait plus depuis quel
ques siècles signalé de traces, lorsqu'en
1887 le R. P. Germano de Saint-Stanislas,
religieux passionniste, congrégation fondée
par saint Paul de la Croix à qui Clément
XIV a confié la garde de la basilique, se
mit à faire de sérieuses recherches.
Le savant religieux, qui a déjà illustré et
fait connaître la tombe de saint Eatychius
à Ferentum, s'était dit que dans les actes
comme dans les documents on trouvait
mentionnée l'existence de la maison des
saints, que cette maison existait môme en
core après la fondation de la grande basi
lique; il devait donc y avoir encore des tra
ces de ce vénérable monument.
C'est sur ces bases qu'il entreprit, en
1887, ses premières recherches. S'inlrodui-
sant à travers les lombes de la basilique, il
fut bientôt convaincu que la maison exis
tait encore. A l'aide d'ouvriers, il commença
le déblaiement, et fut assez heureux pour
mettre à jour quelques salles antiques, dont
l'une était ornée de fresques. Le déblaie
ment a continué malgré les grandes diffi
cultés et les grandes dépenses, car il s'a
gissait en môme temps de respecter les ba
ses de la basilique et d'éviter tout écroule
ment.
Actuellement la plus grande partie d'une
antique maison romaine est déblayée et si,
le jour de la fôte des saints (26 juin) en
Français n.'ont jamais été très unis
entre" eux; mais, depuis 1789, l'esprit
de division et de faction a pris rang
dans la plupart de nos institutions, et
la révolution est en permanence. Et
naturellement, quand on change cha
que jour de ministres et qu'on fait ap
pel à de nouveaux systèmes de gou
vernement, ce n'est pas sans menacer
une foule d'intérêts, qui n'acceptent
pas de se ranger docilement sous la
loi absolue et uniforme qu'on se plaît à
qualifier d'unité.
Coquille.
La Gazette de France a sans doute
ses raisons d'être de mauvaise hu
meur,et nous n'entendons pas la chi
caner là-dessus. Est-ce une raison
pour elle de nous chercher la chicane
que voici ?
L'Univers, que l'échec du général parait
avoir surpris et étonné, se plaît à constater
que M. Boulanger a infligé un échec à quel
ques-uns des juges de la haute cour. lien
a, èn effet, battu deux, MM. Trarieux et
Dauphin, mais il a été battu par plus de
quarante.
L'Univers a le contentement facile quand
il s'agit du triomphe des boulangistes; nous
avouons, pour notre part, trouver de meil
leur aloi le succès que M. Marie Delafosse
a remporté .sur M. Le Hérissé, l'inventeur
de la formule les « curés sac au do3 », et
celui que M. Monier-Vinard a obtenu à
Orange, dans la ville où M. Naquet, l'hom
me du boulangisme, prétendait faire triom
pher le programme boulangiste.
Nous prions la Gazette de ne pas
nous faire parler à sa guise, pour se
donner ensuite le mérite facile d'une
réfutation qui ne porte pas. A l'en
croire, il semblerait vraiment que
nous ayons quelque regret de l'échec
de M. Le Hérissé, regret tempéré par
l'échec de certains juges de la haute
cour. Ce n'est pas cela du tout.
Nous trouvons de très bon. aloi, n'en
déplaise à la Gazette, le succès de M.
Marie Delafosse contre l'inventeur de
la formule les « curés sac au . dos ».
Mais nous ne voyons pas culbuter sans
satisfaction les sénateurs engagés à la
suite du gouvernement dans une cam
pagne dont le succès ne serait pas du
tout favorable à la liberté des catho
liques.
Les Dauphin et leurs complices
n'ont pas seulement, en effet, voté la
dernière loi militaire : ils avaient, au
paravant voté encore toutes les lois
de laïcisation. Est-ce qu'applaudir à
l'échec de ces gens-là ne serait point,
par hasard, aux yeux de \o. Gazette,xme>
satisfaction dû bon aloi?
Mais c'est le général Boulanger qui
procure cet échec,et la Gazette en est
marrie. Elle souhaiterait que ce fût
plutôt un prince, et nous le souhaite
rions comme elle; mais à défaut d'un
libérateur de choix, veut elle donc
que, nous n'aspirions pas à la déli
vrance?
Nous supposons que la Gazette nous
lit, puisqu'elle nous attaque. Dès lors,
nous ne comprenons pas qu'elle en
soit encore à paraître ignorer nos sen
timents à l'endroit du boulangisme.
Nous avons dit cent fois, mais nous
répétons pour autant que de besoin,
qu'il y a dans la popularité faite au
général Boulanger des éléments trop
disparates pour qu'on se laisse entraîner
à sa suite dans une alliance qui serait
autre chose qu'une coalition. Sous le
bénéfice de cette réserve essentielle,
qui comprend la sauvegarde absolue
de tout ce que les catholiques ont le
devoir de défendre, depuis l'immunité
ecclésiastique jusqu'à la foi de l'en
fance, nous avons dit encore et nous
répétons que, toutes les fois qu'il arri
vera au boulangisme de renverser
quelqu'un de ceux qui nous ont déjà
fait tant de mal, nous n'aurons nulle
envie de nous lamenter.
1887 le R. P. Germano a pu convier les ar
chéologues à un office dans l'antique de
meure, il a été bien plus heureux encore,le
premier vendredi de carême de cette an
née qui est le jour de la station dans la ba
silique.
En effet, vu les nouvelles découvertes,
Sa Sainteté avait daigné accorder pour
cette crypte uu bel autel en marbre, que le
matin S. Em. le cardinal Sehiaffino a con
sacré. Une foule d'élite a visité les apparte
ments souterrains des saints, et a assisté à
une messe solennelle, célébrée par le col
lège des Cultores Martyrum.
L'état actuel des découvertes permet
de reconstituer toute l'histoire des deux
martyrs et de vérifier le iond de véracité de
leurs actes.
Ce n'est pas sans raison que le savant De
Rossi a pu de nouveau affirmer qu'une cri
tique trop aveugle rejette toujours trop vite
les actes des martyrs lorsqu'elle y voit la
moindre imperfection.
Si, dans la compilation des actes, les
compilateurs se sont permis quelques li
cences oratoires, s'ils les ont ornés de
quelques fieurs de rhétorique, il ne s'ensuit
pas que tout le récit soit faux et qu'il faille
le rejeter comme une fable. Le bon criti
que fait la distinction entre les ornements
et le fond, et cueille dans ces actes le fond
primitif qu'il dégage du reste.
C'est un travail qui se présente pour les
actes des martyrs Jean et Paul. *Le récit
primitif ne nous est pas parvenu absolu
ment intact, cependant le manuscrit de
Corbie nous le donne sous une forme pins
.concise que les autres et dégagé en partie
• des surcharges. Or, les monuments décou
verts actuellement confirment ce récit.
Lf dernier déblayement, fait il y a quol-
Est-ce tout ? Et faut-il ajouter qu
cette disposition d'esprit n'empêche
aucunement le désir de voir l'action
catholique s'exercer directement sur
le terrain électoral, non seulement
pour renverser ceux .qui occupent
aujourd'hui le pouvoir, mais pour in
fluer sur les vainqueurs de demain?
Cette action, exercée par un parti ca
tholique, grâce à une organisation
propre, c'est ce que nous n'avons cessé
ae recommander, après l'avoir tenté.
La Gazette veut-elle nous promettra
son appui, pour le jouroû cette orga
nisation pourra se refaire ? Nous lui
déclarons qu'elle n'aura, pour entrer
dans le mouvement, à faire aucune
profession de foi boulangiste.
Auguste Roussel.
P.-S.— La Gazette dit que le géné
ral Boulanger a été battu par quarante
de ses juges de la haute cour. Vou
drait-elle nous en faire le décompté ?
Cette, question est, de notre part, pure
affaire de curiosité.
La conclusion la plus claire qu 7 on
puisse tirer des élections de dimanche,
c'est que le suffrage universel est un
animal très capricieux. Parmi tant
d'hommes qui s'occupent de lui, vété
rinaires, palefreniers, , bookmakers,
personne évidemment ne le connaît.
On prévoit, on calcule, mais autant
parier à pile ou face. Le résultat
est souvent celui auquel les gens
les plus expérimentés n'avaient pas
pensé. Lorsqu'au mois de janvier,
par exemple, le général Boulanger
posait sa candidatureàParis, beaucoup
de ses amis considéraient-la tentative
comme risquée ; les ministériels, étu
diant les chiffres des élections précé
dentes, quartier par quartier, démon
traient mathématiquement que le
général était d'avance battu à plates
coutures ; presque tout le monde se
trompait, puisqu'un succès superbe
était réservé au boulangisme. La se
maine dernière, et jusqu'à dimanche
soir même incertitude. L9 Temps, qui
se flatte d'un grand sens pratique,
avait une peur bleue; il pressentait la
défaite du gouvernement, et il l'an
nonçait presque par prudence'; il
feignait la désinvolture, il disait posi
tivement que les 80 élections du géné
ral ne prouveraient rien du tout, la
chose étant d'exécution si facile ! Au
fond, les opportunistes radicaux s'at
tendaient à voir leur ennemi triom
pher dans une centaine de circons
criptions; et les boulangistes aussi pre
naient leurs précautions contre un
échec, a tout hasard.
Le plus beau, c'est que non seule
ment on s'égare dans les prévisions,
mais encore que l'on s'embrouille en
appréciant les résultats. On se trompe
avant, et après l'événement on trouvé
encore moyen de se tromper. Les arti
cles qu'on lit aujourd'hui sur ce sujet,
on les a lus la semaine dernière, seu
lement ceux du journal opportuniste
étaient dans le journal boulangiste, et
réciproquement} Celui-ci, qui s'était
efforcé de donner aux élections dépar
tementales un caractère exceptionnel
lement politique, affecté de trouver
tout naturel qu'elles aient été dirigées
par des influences locales et faites en
vue des intérêts administratifs. L'au
tre, le Temps , qui jurait que jamais
les scrutins pour les conseils gé
néraux ne pouvaient prendre ce ca
ractère ; qui disait presque : — Cent
élections, la belle affaire ! Puis
qu'elles ne signifient rien au point de
vue politique ! —veut à présent, que
les mêmes élections constituent la
manifestation politique par excellence.
Voyez comme il est convaincu :
Et qu'on ne vienne pas nous déclarer
ques mois, a bientôt conduit le R. P. Ger
mano aux premières salles de la maison
romaine. L'entrée était du côté de la mon
tée du Clivus Scauri,et on distingue encore
très bien cette entrée à la base de la basi
lique. Dans une des salles découvertes oïi
remarque une ornementation de fresques
représentant des Gupidons et des guirlandes
de fleurs et de fruits.
La présence de peintures païennes dans
une maison chrétienne du quatrième siècle
ne doit point nous étonner,car les premiers
chrétiens savaient très bien faire la dis
tinction entre les représentations ad orna-
tnenlum et celles qui auraient donné lieu à
une interprétation du culte. Tertullien, si
sévère sons bien des rapports,dit lui-même
qu'il était permis d'avoir des images païen
nes comme ornement.
On passe de cette salle, située sous le
chevet du chœur de la basilique, à d'autres
chambres, dont quelques-unes sont ornées
de fresques à décorations architectoniques.
Le tablinium ou grande salle de réception
offre une surprise. La voûte, en partie dé
foncée, est ornée d'une grande fresque
ronde divisée en panneaux. Et là, outre des
figures d'animaux, de fieurs et de fruits.on
remarque d'autres figures qui sont chré
tiennes. Dans un coin de la salle, c'est une
Orante, telle qu'on en voit dans les cata
combes; plus haut c'est la figure de Moïse
se déchaussant pour monter au Sinaï; quel
ques autres figures incomplètes rappellent-
par la façon et le style les fresques chré
tiennes. Si, d'après l'avis des archéologues
et des gens de l'art, on peut faire remonter
au commencement du troisième ou à la fin
du second siècle les peintures païennes de
la première salle citée, il faut aussi, d'ac
cord avec M. do Rossi, admettre que les.
* N' 7S33 — Édition quotidienne
ÉDITION QUOTIDIENNE
paris étranger
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Lee abonnements partout dos t" et <6 ie chaque mtil
On s'abonne & Rome, place dn Gesù, 8
L 'DSIVERS ne répond pas des manuscrits qui lai sont adressés
ANNONCES
MM. Cli. LAGRANGE, CERF et C f », 6, place de la Bourse
PRArfCB
PARIS. 31 JUILLET 1S89
C'est toujours le résultat des élec
tions du 28 qui occupe les partis et
lès journaux. On discute à perte de
vue sur les présages qu'on en peut tirer
au sujet des futures élections politi
ques, et certaines impressions de là
première heure se transforment quel
que peu. A cet égard, nous signalons
comme particulièrement significatif
un article du National, que nous repro
duisons plus loin.
Au milieu de cette fièvre électorale,
l'arrivée du shah a produit moins de
curiosité qu'elle n'eût fait en un mo
ment plus calme. Ce n'est pas que la
foule manquât hier sur son passage,
mais à Paris il y a toujours de la foule
pour tous les spectacles. D'ailleurs,
c'est pour la troisième fois déjà que le
shah vient. à Paris, et à beaucoup il
n'offre plus l'attrait de la nouveauté.
Nous ne disons pas cela pour le monde
gouvernemental, qui tout au contraire
S8 trémousse à l'envi pour la prépara
tion des fêtes brillantes par lesquelles
on veut remercier le souverain asiati
que de n'être pas entré dans le concert
des refus européens.
M. Yves Guyot, ministre des tra
vaux publics, a reçu hier matin MM.
Mesureur, député ; Baulard, conseiller
général de la Seine ; Henri Brissac et
le docteur Gombret, délégués par la
société dite des Droits de l'homme et
du citoyen, pour transmettre au gou
vernement une résolution adoptée par
sa dernière assemblée générale, ten
dant à obtenir la fixation à huit heures
de la journée de travail dans les manu
factures, chantiers et arsenaux de
l'Etat.
" Le ministre, qui a fait bon accueil
aux délégués, leur a promis de sou
mettre la question au conseil.
On mande d'Athènes que presque
tous les Grecs de Grète espèrent une
solution pacifique de la question cré-
toise, surtout après le rappel du gou
verneur et la réconciliation des libé
raux et des conservateurs crétois.
: Néanmoins, les Crétois resteront en
armes jusqu'à la fin de la crise, qui ne
•finira pas de sitôt, s'il est vrai, comme
on le dit, que la Russie appuierait au
près du sultan les réclamations de la
Crète. - >
Des nouvelles récentes annoncent,
d'autre part, que des conflits armés se
seraient produits entre les Turcs et
Jes chrétiens. Il y aurait eu quelques
.morts. Ces nouvelles sont données
sous toutes réserves, mais à tout évé
nement un aviso vient de partir de
Marseille pour aller, là-bas, veiller à
la sécurité de nos nationaux.
Une dépêche de Birmingham nous
apporte le résumé d'un important dis
cours prononcé par lord Randolph
Churchill à un meeting conservateur.
L'orateur anglais a exprimé la convic
tion que la guerre entre l'Autriche et
la Russie était inévitable à bref délai.
Comme lord Beaconsfield, il croit que
l'Angleterre, dont les intérêts sont
surtout en Asie, n'est pas éventuelle
ment menacée par le développement
et la prédominance de la race slave.
« Mais nous devons, a-t-il ajouté;
dans l'éventualité d'une guerre géné
rale, limiter autant que possible nos
responsabilités à la défense des intérêts
vitaux de l'empire.L'occupation de l'E
gypte nous a coûté l'amitié de la
grande nation française et de la Tur
quie. Ces puissances nous feraient des
concessions, importantes si elles
voyaient la probabilité d'une évacua
tion dans un délai raisonnable. Si
nous restons en Egypte, nous devrons
quadrupler l'armée d'occupation et la
flotte de la Méditerranée en cas de
guerre européenue. »
Parlant de l'Irlande, qui est encore
un élément de faiblesse pour l'empire,
lord R. Churchill a désapprouvé l'em
prisonnement des députés irlandais ;
il a demandé une politique de conci
liation, et surtout une direction de
l'administration locale populaire et la
décentralisation.
Hier, à Vienne, on répandait le bruit
que le gouvernement autrichien pos
sédait des informations très précises
sur des négociations entamées depuis
une quinzaine de jours entre la France
et la Russie, et qui auraient abouti à
la conclusion d'une convention préli
minaire qui, en temps voulu, serait
transformée en traité formel d'alliance
défensive entre les deux Etats pour la
garantie réciproque de leur territoire.
Mais de Saint-Pétersbourg, aujour
d'hui, ofl dément la véracité de ces
prétendues informations.
L'Indépendance belge signala la pu
blication à Berlin^ par la Gazette de la
Croix, du procès-verbal de la séance
du conseil d'administration de la so
ciété allemande du Sud-Ouest africain.
Par 6 voix contre 1, le conseil a décidé
de vendre la propriété des. terres et les
concessions de mines qui appartien
nent à la société. En même temps, on
signale la présence à Berlin d'un M.
Grall, né en Hollande, mais naturalisé
Anglais, lequel achèterait toute l'ex
ploitation de la compagnie allemande.
Voir les DERNIÈRES NOUVELLES à la fin
L'Unité politique
■ I' . - .
Qu'est-ce que l'unité politique ?
Les Français, depuis 1789, se flat
tent de l'avoir trouvée, ils se vantent
même d'être les seuls en Europe à la
posséder. Cependant nous ne voyons
pas en Europe un Etat plus divisé en
soi que la France, plus exposé aux ré
volutions, aux guerres civiles, aux
coups de majorité. Ce qu'ils appellent
unité,c'est l'uniformité imposée parle
gouvernement dans les sentiments,
les idées, les intérêts, les institutions.
Et comme notre espèce ne se prête pas
à cette triture, elle regimbe continuel
lement; d'ailleurs, il n'y a aucune
raison- pour que le gouvernement
d'une année soit le gouvernement de
l'année suivante ; et le gouvernement
change sans cesse d'idée fixe. Etablir,
.par un système de violence et d'en
traînement, tous les Français à pen
ser de même, est assez difficile. Le
principe de la libre-pensée dont s'au
torise le gouvernement proteste suffi
samment. _ En somme, l'unité poli
tique consiste dans le gouvernement,
et plus il est solide et a de durée, plus
il réalise cette unité. L'Autriche a plus
d'unité que la France, puisque les
peuples s'y rattachent énergiquement
au souverain, qui représente les di
verses agglomérations et l'ensemble
de la monarchie.A vrai dire, ces hom
mes ne sont pas gouvernés par l'unité,
mais par l'union. L'union est un fait
concret qui respecte les individus, les
familles, les groupes divers d'intérêts
et de personnes. L'unité les absorbe
dans l'abstraction d'un gouvernement
idéal. Aussi ce mot d'unité ne s'appli
quait qu'à des compositions littéraires,
à des systèmes philosophiques. La ré
volution de 1789 a pris les Français
pour des hommes abstraits, des nom
bres mathématiques, elle leur a appli
qué un gouvernement abstrait ; elle a
résolu des problèmes d'algèbre, qu'elle
tient pour, vrais, quand même tout le
monde se révolterait.
L'idée, de l'union des hommes est
étrangère à la révolution ; elle n'a pas
demandé à nos différents peuples com
ment ils voulaient se gouverner, elle
leur a imposé un gouvernement recti-
ligne, abstrait. Les institutions fon
dées sur des fictions scientifiques, con
vergent à l'égalité des hommes et
des fortunes. Par l'éducation elle croit
amener les français à l'égalité indivi-
duelle.Par le partage forcé des biens et
les lois fiscales, elle s'approche mathé
matiquement, sans y toucher jamais,
de l'égalité de fortune. Pour cela elle
suppose que. le territoire français est
un espace géométrique indéfiniment
divisible. En fait, rien n'est divisible i
une maison, une manufacture, une
usine, une boutique sont-elles divisi
bles ? Le jardin qui fait vivre une fa
mille de jardiniers est-il divisible ? Et
l'exploitation rurale, quiexige des bâ
timents , un cheptel considérable,
est-elle divisible utilement ? Les lé
gistes -ne se sont pas arrêtés en
chemin ; ils ont dit : Puisque rien
dans la nature n'est divisible,
nous transformerons toutes les cho-
sès naturelles en abstractions, en
chiffres divisibles à l'infini. Ils ont
imaginé les liquidations, les ven
tes judiciaires; alors les fortunes
évaluées en signes algébriques ou en
abstractions numériques, se prêtent à
tous les calculs. Seulement la moitié
des fortunes s'écoulera dans l'espace
de quinze ans, par. les frais de procé
dure, entre les mains du fisc et les
agents de la justice, et à chaque géné
ration toutes les fortunes sont à re
commencer elles suivent la même
loi que le gouvernement et ne sont
pas plus solides que lui. Il est admis
comme principe fondamental que les
familles et le gouvernement sont in
compatibles avec la notion de durée.
Les Français étant égaux comme
des chiffres, le suffrage universel est
devenu un dogme. Et cependant ses
plus chauds partisans s'en moquent.
Ils combattent le plébiscite, ils croient
qu'on influe sur lë résultat du scru
tin, suivant le mode de l'élection;
cette vaste machine du suffrage uni
versel mise périodiquement en mou
vement ramène les choses au point
de départ, et à chaque instant cette
question se pose : Gomment voulez-
vous être gouvernés ? Ce mot de révo
lution, emprunté à l'astronomie, n'est
peut-être pas aussi bizarre qu'on se
rait tenté de le croire. Copernic nous
apprend que les astres reviennent sur
eux-mêmes et tournent en cercle. Il
écrit le De revohitionibus orbium cœles-
tium. Révolution exprime donc une
évolution qui recommence. Nous som
mes au même point qu'en 1787. Le
mouvement des hommes et celui des
intérêts tournent dans le même cer
cle; les familles et le gouvernement
recommencent à chaque instant. On
nous sert les mêmes raisonnements
qu'il y a un siècle, et nous voyons se
renouveler cette loi de la démagogie
et du césarisme, observée dans le
cours de l'histoire, et qui brille en
France d'un éclat particulier. Nous
tournons, il n'y a pas chez nous
d'hommes nouveaux pour participer
aux nouvelles choses , nom modeste que
les Romains donnaient à leurs boule
versements. Nos révolutionnaires sont
des revènants, on remarqait déjà cela
en 1848. Ils sont aujourd'hui juste
arriérés d'un siècle, ils sont étrangers
à l'expérience qu'un siècle porte avec
lui. C'est sérieusement,si on les laisse
faire,qu'ils appliqueront à la France le
FEUILLETON DE L'UNIVERS
DU 1 er AOUT 1889
ARCHÉOLOGIE CHRÉTIENNE
la maison des saints jean et paul
Dieu semblé avoir réservé & notre siècle
incrédule de nouvelles preuves du catholi
cisme pour confondre tout le fatras de dé
monstrations linguistiques, scientifiques,
historiques et archéologiques dont se vante
une vaine science, qui ne chèrche qu'à dé
molir sans pouvoir édifier.
On a scruté les origines du christianisme,
on a accusé de faux le nombre des martyrs,
leurs actes ont été traités de vaines légen
des,et voici que les monuments parlent : il
semble que les martyrs se lèvent de nou
veau daus leurs tombes pour affirmer de.
vant le dix-neuvième siècle la tradition de
la foi catholique pour laquelle ils ont versé
leur sang.Les catacombes se sont ouvertes,
les pierres ont parlé en faveur de la vérité.
Sous la direction du commandeur de
Rossi,des archéologues ont fouillé les sous
sol de Rome, et les monuments chrétiens
ont surgi en témoins irréfragables de no
tre foi.
Les découvertes du cimetière Ostrien et
les fouilles récentes du cimetière de Pris-
le confirment les traditions de k. venue
de saint Pierre à Rome et permettent de
reconstituer toute la série des chrétiens de
la maison de César, démontrant que les
doctrines du Nazaréen avaient pénétré dès
le premier siècle jusque dans les rangs du
patriciat romain.
On a accusé le martyre do sainte Félicité
et de ses sept fils d'être un pastiche de
l'histoire des Macchabées, et peu de temps
après cette accusation formelle on a ouvert
sur la voie Salaria la crypte de sainte Fé
licité avec sa fresque antique, représentant
l'héroïne chrétienne entourée de ses sept
fils. Dans d'autres cimetières ont été trou
vés les fragments d'inscriptions lapidaires
avec les noms de quelques-uns de ces fils.
Ces fragments se trouvaiènt précisément
dan3 les diverses catacombes où avaient
été déposés, d'après la tradition, les corps
des fils de Félicité.
Mais nous avons assisté dernièrement &
une nouvelle et plus importante découverte
en faveur des traditions romaines. C'est
celle de la maison habitée par les mar
tyrs Jean et Paul, du lieu de leur martyre
et de leur déposition.
Sur un des flancs du mont Cœlius, le
long du Clivus Scauri, s'élève une antique
église célèbre à travers les siècles, de la
fondation de laquelle il est fait mention dès
les premières années de la paix. C'est l'an
tique titre des saints Jean et Paul ou de
Pamachius. Les anciens actes des mar
tyrs et surtout le passionnaire de Corbie
nous disent que Jean et Paul étaient atta
chés à la maison impériale de Constantin,
et qu'ils se trouvaient particulièrement au
service de Constance,la fille do l'empereur.
Lorsque Julienl'Apostat parvint à. l'empire,
ces deux officiera du palais impérial ne
voulurent avoir aucune relation aVec le
prince apostat. Ils se retirèrent dans
leur maison paternelle et employèrent
leurs biens au profit des pauvres. Julien
aurait voulu avoir auprès de soi les deux
vailllants officiers, et surtout désirait les
faire apostasier. Il leur envoya le Campi-
ductor Terentianus, qui leur fit les propo-
positions impies. Mais les deux saints refu
sèrent, et, sur l'ordre de Julien, ils forent
décapités dans leur propre maison. Julien,
qui savait persécuter les chrétiens avec
toute la fourberie d'un apostat, fit cacher
les corps des deux martyrs dans leur mai
son, et on répandit le bruit qu'ils avaient
été exilés. Mais trois amis des deux mar
tyrs découvrirent le fait : c'étaient Crispus,
Crispinianus et Benedicta. Julien les fit
aussi décapiter.
Lorsqu'en 363 Jovien succéda à Julien,
il restaura le culte chrétien détruit et per
sécuté par l'Apostat et fit changer la de
meure de saints martyrs en un oratoire.
A la fin du quatrième siècle, Byzance, le
pieux sénateur romain, ami de saint Jérô
me, fit ériger une basilique sur la maison
des saints Jeau et Paul, et cette construc
tion fut terminée par son [fils Pamachius
d'où elle prit la désignation de titulus Pa-
machii.
La maison primitive resta cependant ou
verte dans les souterrains de la basilique
jusque vers le douzième siècle, comme nous
le verrons plus loin. Plus tard,on en perdit
les traces.
La basilique des saints Jean et Paul fut,
comme d'autres églises de Rome, trans
formée dans la suite des siècles. On lui a
enlevé les colonnes qui divisaient les trois
nefs, mais à. l'extérieur elle a gardé son as
pect antique.
Au miliou de la nef, on voit une pierre
communisme de Sparte. Ils opèrént
sur des chiffres, quelques zéros de
plus ajoutés à un nombre ne changent
pas la forme du raisonnement. La na
ture, l'histoire, l'humanité obéissent
à d'autres lois.
C'est surtout dans le régime élec
toral que l'abstraction déborde. Elle
suppose que tous les hommes, toutes
les opinions, tous les intérêts sont
identiques, de • même nature et de
même valeur. La république est un
gouvernement de papier. Malgré tous
nos changements politiques, nos pro
jets de revision, nous avons toujours
le même gouvernement, c'est-à-dire la
même anarchie. Les intérêts, les tra
ditions sont comptés pour rien. La
réalité, au lieu de s'imposer par elle-
même, est évaluée en chiffres que les
politiciens font manœuvrer à leur gré.
Et dans ce monde de fictions, l'unité
politique est obligée de se reconnaître
encore plus fictive que tout le reste ;
car, dans la pratique comme dans la
théorie, elle se résout dans la majorité.
Dans cette nouvelle arithmétique, la
partie égale, le tout. Tous ces mots
d'unité, d'indivisibilité, de liberté, d'é
galité, de fraternité, qui rentrent ai
sément l'un dans l'autre, équivalent à
cette proposition du fabuliste: « La
raison du plus fort est toujours la
meilleure.» C'est vieux comme le mon
de; mais enfin l'espèce humaine aspire
à ce que cette question de la force et du
nombre ne se pose pas à chaque instant,
et cette tendance naturelle s'exprime
par des coutumes d'ordre et de gouver
nement. Tout homme concourt ainsi à
l'ordre social dont il fait partie, et
quand il en est détaché frauduleuse
ment ou violemment, et placé dans un
cadre factice, il se trouble, s'inquiète,
s'irrite. Nos législateurs s'imaginent
que l'esprit français, la nature fran
çaise peut se modifier en un clin d'œil,
par des institutions d'un jour; ils mul
tiplient les lois, ils inventent des véri
tés-sociales, et posent en principe
qu'elles sont claires à tous les yeux;
et c'est ainsi qu'ils font l'unité, et cette
unité n'existe que sur le papier. Et
nous voyons ces gouvernements d'as
semblées, de discours, de conférences,
tomber comme des châteaux de car
tes* Le président de la République est
une fiction, le Sénat et les députés, l'in
dépendance de la magistrature, les
droits de domicile et de propriété, au
tant de fictions!
Nos jacobins affectent quelquefois
de parler du « gouvernement du pays
par le pays » ; celte formule n'a un
sens que si on définit le pays. Le pays
est-il tout le monde? Mais "est-ce tout
le monde à l'état de ehiffres? Alors les
politiciens sont le pays ; le calculateur
a la responsabilité de ses calculs, le
mérite lui en est attribué, et non aux
chiffres.
Le principe générateur des coutumes
est consigné dans les commentaires
des vieux légistes. C'est la faculté
d'« établir loi sur sôi-mêmé». Alors cha
que famille, chaque groupe d'intérêts
formule lui-même par une pratique
heureuse et constante,la loi à laquelle
il lui importe d'obéir. L'homme de
vient ainsi son législateur en exerçant
sa liberté individuelle. Sur ce terrain,
il ne s'agit plus de l'unité artifi
cielle , métaphysique, mais de l'u
nion réelle, concrète des hommes
qui rapprochent leurs goûts, leurs
traditions, leurs intérêts. La vé
ritable union politique donne satisfac
tion à tous les droits : elle est compa
tible avec tous les intérêts de famille
et de localité. Elle n'exclut pas de la
sollicitude du législateur toutes les au
tres parties de la France, afin de lais
ser la question de gouvernement s'a
giter seulement à Paris par voie d'é
meute, ou en temps ordinaire sous
l'influence des seuls politiciens. Les
entourée d'un grillage indiquant que c'est
là le lieu du martyre des deux saints titu
laires. C'est tout près de là qu'on a aussi
retrouvé, au temps de Pie V, les corps des
deux martyrs, qu'on a alors transportés
sous le maître-autel, où ils sont renfermés
dans une magnifique urne en porphyre.
Le souvenir de la maison des saints Jean
et Paul avait disparu de la mémoire des
hommes et on n'en avait plus depuis quel
ques siècles signalé de traces, lorsqu'en
1887 le R. P. Germano de Saint-Stanislas,
religieux passionniste, congrégation fondée
par saint Paul de la Croix à qui Clément
XIV a confié la garde de la basilique, se
mit à faire de sérieuses recherches.
Le savant religieux, qui a déjà illustré et
fait connaître la tombe de saint Eatychius
à Ferentum, s'était dit que dans les actes
comme dans les documents on trouvait
mentionnée l'existence de la maison des
saints, que cette maison existait môme en
core après la fondation de la grande basi
lique; il devait donc y avoir encore des tra
ces de ce vénérable monument.
C'est sur ces bases qu'il entreprit, en
1887, ses premières recherches. S'inlrodui-
sant à travers les lombes de la basilique, il
fut bientôt convaincu que la maison exis
tait encore. A l'aide d'ouvriers, il commença
le déblaiement, et fut assez heureux pour
mettre à jour quelques salles antiques, dont
l'une était ornée de fresques. Le déblaie
ment a continué malgré les grandes diffi
cultés et les grandes dépenses, car il s'a
gissait en môme temps de respecter les ba
ses de la basilique et d'éviter tout écroule
ment.
Actuellement la plus grande partie d'une
antique maison romaine est déblayée et si,
le jour de la fôte des saints (26 juin) en
Français n.'ont jamais été très unis
entre" eux; mais, depuis 1789, l'esprit
de division et de faction a pris rang
dans la plupart de nos institutions, et
la révolution est en permanence. Et
naturellement, quand on change cha
que jour de ministres et qu'on fait ap
pel à de nouveaux systèmes de gou
vernement, ce n'est pas sans menacer
une foule d'intérêts, qui n'acceptent
pas de se ranger docilement sous la
loi absolue et uniforme qu'on se plaît à
qualifier d'unité.
Coquille.
La Gazette de France a sans doute
ses raisons d'être de mauvaise hu
meur,et nous n'entendons pas la chi
caner là-dessus. Est-ce une raison
pour elle de nous chercher la chicane
que voici ?
L'Univers, que l'échec du général parait
avoir surpris et étonné, se plaît à constater
que M. Boulanger a infligé un échec à quel
ques-uns des juges de la haute cour. lien
a, èn effet, battu deux, MM. Trarieux et
Dauphin, mais il a été battu par plus de
quarante.
L'Univers a le contentement facile quand
il s'agit du triomphe des boulangistes; nous
avouons, pour notre part, trouver de meil
leur aloi le succès que M. Marie Delafosse
a remporté .sur M. Le Hérissé, l'inventeur
de la formule les « curés sac au do3 », et
celui que M. Monier-Vinard a obtenu à
Orange, dans la ville où M. Naquet, l'hom
me du boulangisme, prétendait faire triom
pher le programme boulangiste.
Nous prions la Gazette de ne pas
nous faire parler à sa guise, pour se
donner ensuite le mérite facile d'une
réfutation qui ne porte pas. A l'en
croire, il semblerait vraiment que
nous ayons quelque regret de l'échec
de M. Le Hérissé, regret tempéré par
l'échec de certains juges de la haute
cour. Ce n'est pas cela du tout.
Nous trouvons de très bon. aloi, n'en
déplaise à la Gazette, le succès de M.
Marie Delafosse contre l'inventeur de
la formule les « curés sac au . dos ».
Mais nous ne voyons pas culbuter sans
satisfaction les sénateurs engagés à la
suite du gouvernement dans une cam
pagne dont le succès ne serait pas du
tout favorable à la liberté des catho
liques.
Les Dauphin et leurs complices
n'ont pas seulement, en effet, voté la
dernière loi militaire : ils avaient, au
paravant voté encore toutes les lois
de laïcisation. Est-ce qu'applaudir à
l'échec de ces gens-là ne serait point,
par hasard, aux yeux de \o. Gazette,xme>
satisfaction dû bon aloi?
Mais c'est le général Boulanger qui
procure cet échec,et la Gazette en est
marrie. Elle souhaiterait que ce fût
plutôt un prince, et nous le souhaite
rions comme elle; mais à défaut d'un
libérateur de choix, veut elle donc
que, nous n'aspirions pas à la déli
vrance?
Nous supposons que la Gazette nous
lit, puisqu'elle nous attaque. Dès lors,
nous ne comprenons pas qu'elle en
soit encore à paraître ignorer nos sen
timents à l'endroit du boulangisme.
Nous avons dit cent fois, mais nous
répétons pour autant que de besoin,
qu'il y a dans la popularité faite au
général Boulanger des éléments trop
disparates pour qu'on se laisse entraîner
à sa suite dans une alliance qui serait
autre chose qu'une coalition. Sous le
bénéfice de cette réserve essentielle,
qui comprend la sauvegarde absolue
de tout ce que les catholiques ont le
devoir de défendre, depuis l'immunité
ecclésiastique jusqu'à la foi de l'en
fance, nous avons dit encore et nous
répétons que, toutes les fois qu'il arri
vera au boulangisme de renverser
quelqu'un de ceux qui nous ont déjà
fait tant de mal, nous n'aurons nulle
envie de nous lamenter.
1887 le R. P. Germano a pu convier les ar
chéologues à un office dans l'antique de
meure, il a été bien plus heureux encore,le
premier vendredi de carême de cette an
née qui est le jour de la station dans la ba
silique.
En effet, vu les nouvelles découvertes,
Sa Sainteté avait daigné accorder pour
cette crypte uu bel autel en marbre, que le
matin S. Em. le cardinal Sehiaffino a con
sacré. Une foule d'élite a visité les apparte
ments souterrains des saints, et a assisté à
une messe solennelle, célébrée par le col
lège des Cultores Martyrum.
L'état actuel des découvertes permet
de reconstituer toute l'histoire des deux
martyrs et de vérifier le iond de véracité de
leurs actes.
Ce n'est pas sans raison que le savant De
Rossi a pu de nouveau affirmer qu'une cri
tique trop aveugle rejette toujours trop vite
les actes des martyrs lorsqu'elle y voit la
moindre imperfection.
Si, dans la compilation des actes, les
compilateurs se sont permis quelques li
cences oratoires, s'ils les ont ornés de
quelques fieurs de rhétorique, il ne s'ensuit
pas que tout le récit soit faux et qu'il faille
le rejeter comme une fable. Le bon criti
que fait la distinction entre les ornements
et le fond, et cueille dans ces actes le fond
primitif qu'il dégage du reste.
C'est un travail qui se présente pour les
actes des martyrs Jean et Paul. *Le récit
primitif ne nous est pas parvenu absolu
ment intact, cependant le manuscrit de
Corbie nous le donne sous une forme pins
.concise que les autres et dégagé en partie
• des surcharges. Or, les monuments décou
verts actuellement confirment ce récit.
Lf dernier déblayement, fait il y a quol-
Est-ce tout ? Et faut-il ajouter qu
cette disposition d'esprit n'empêche
aucunement le désir de voir l'action
catholique s'exercer directement sur
le terrain électoral, non seulement
pour renverser ceux .qui occupent
aujourd'hui le pouvoir, mais pour in
fluer sur les vainqueurs de demain?
Cette action, exercée par un parti ca
tholique, grâce à une organisation
propre, c'est ce que nous n'avons cessé
ae recommander, après l'avoir tenté.
La Gazette veut-elle nous promettra
son appui, pour le jouroû cette orga
nisation pourra se refaire ? Nous lui
déclarons qu'elle n'aura, pour entrer
dans le mouvement, à faire aucune
profession de foi boulangiste.
Auguste Roussel.
P.-S.— La Gazette dit que le géné
ral Boulanger a été battu par quarante
de ses juges de la haute cour. Vou
drait-elle nous en faire le décompté ?
Cette, question est, de notre part, pure
affaire de curiosité.
La conclusion la plus claire qu 7 on
puisse tirer des élections de dimanche,
c'est que le suffrage universel est un
animal très capricieux. Parmi tant
d'hommes qui s'occupent de lui, vété
rinaires, palefreniers, , bookmakers,
personne évidemment ne le connaît.
On prévoit, on calcule, mais autant
parier à pile ou face. Le résultat
est souvent celui auquel les gens
les plus expérimentés n'avaient pas
pensé. Lorsqu'au mois de janvier,
par exemple, le général Boulanger
posait sa candidatureàParis, beaucoup
de ses amis considéraient-la tentative
comme risquée ; les ministériels, étu
diant les chiffres des élections précé
dentes, quartier par quartier, démon
traient mathématiquement que le
général était d'avance battu à plates
coutures ; presque tout le monde se
trompait, puisqu'un succès superbe
était réservé au boulangisme. La se
maine dernière, et jusqu'à dimanche
soir même incertitude. L9 Temps, qui
se flatte d'un grand sens pratique,
avait une peur bleue; il pressentait la
défaite du gouvernement, et il l'an
nonçait presque par prudence'; il
feignait la désinvolture, il disait posi
tivement que les 80 élections du géné
ral ne prouveraient rien du tout, la
chose étant d'exécution si facile ! Au
fond, les opportunistes radicaux s'at
tendaient à voir leur ennemi triom
pher dans une centaine de circons
criptions; et les boulangistes aussi pre
naient leurs précautions contre un
échec, a tout hasard.
Le plus beau, c'est que non seule
ment on s'égare dans les prévisions,
mais encore que l'on s'embrouille en
appréciant les résultats. On se trompe
avant, et après l'événement on trouvé
encore moyen de se tromper. Les arti
cles qu'on lit aujourd'hui sur ce sujet,
on les a lus la semaine dernière, seu
lement ceux du journal opportuniste
étaient dans le journal boulangiste, et
réciproquement} Celui-ci, qui s'était
efforcé de donner aux élections dépar
tementales un caractère exceptionnel
lement politique, affecté de trouver
tout naturel qu'elles aient été dirigées
par des influences locales et faites en
vue des intérêts administratifs. L'au
tre, le Temps , qui jurait que jamais
les scrutins pour les conseils gé
néraux ne pouvaient prendre ce ca
ractère ; qui disait presque : — Cent
élections, la belle affaire ! Puis
qu'elles ne signifient rien au point de
vue politique ! —veut à présent, que
les mêmes élections constituent la
manifestation politique par excellence.
Voyez comme il est convaincu :
Et qu'on ne vienne pas nous déclarer
ques mois, a bientôt conduit le R. P. Ger
mano aux premières salles de la maison
romaine. L'entrée était du côté de la mon
tée du Clivus Scauri,et on distingue encore
très bien cette entrée à la base de la basi
lique. Dans une des salles découvertes oïi
remarque une ornementation de fresques
représentant des Gupidons et des guirlandes
de fleurs et de fruits.
La présence de peintures païennes dans
une maison chrétienne du quatrième siècle
ne doit point nous étonner,car les premiers
chrétiens savaient très bien faire la dis
tinction entre les représentations ad orna-
tnenlum et celles qui auraient donné lieu à
une interprétation du culte. Tertullien, si
sévère sons bien des rapports,dit lui-même
qu'il était permis d'avoir des images païen
nes comme ornement.
On passe de cette salle, située sous le
chevet du chœur de la basilique, à d'autres
chambres, dont quelques-unes sont ornées
de fresques à décorations architectoniques.
Le tablinium ou grande salle de réception
offre une surprise. La voûte, en partie dé
foncée, est ornée d'une grande fresque
ronde divisée en panneaux. Et là, outre des
figures d'animaux, de fieurs et de fruits.on
remarque d'autres figures qui sont chré
tiennes. Dans un coin de la salle, c'est une
Orante, telle qu'on en voit dans les cata
combes; plus haut c'est la figure de Moïse
se déchaussant pour monter au Sinaï; quel
ques autres figures incomplètes rappellent-
par la façon et le style les fresques chré
tiennes. Si, d'après l'avis des archéologues
et des gens de l'art, on peut faire remonter
au commencement du troisième ou à la fin
du second siècle les peintures païennes de
la première salle citée, il faut aussi, d'ac
cord avec M. do Rossi, admettre que les.
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