Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-07-23
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 juillet 1889 23 juillet 1889
Description : 1889/07/23 (Numéro 7874). 1889/07/23 (Numéro 7874).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k706694j
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mardi 23 Juillet 1880
N' 7374 — Edition quotidienne
Mardi 23 Juillet 1*80
gBIÏtOM QPOT1 DXEWMS
paris étranger
Bf D&PA&TfitfïffTS (tlNlOÎT PQSTAL8)
lia an. « , . . 55 » 68 »
Six mois. ... 23 80 34 »
Trois mois. . . 15 » 18 »
^ndmoemeikti partent des *« et U «le choqua mol*
UN NUMÉRO { Dép^rtemente! '"
BUREAUX : Paris, 10, rue deB Saints-Pères
On s'abonne & Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS
, ET MPAETEMEKrS
Un an. . , . . 30 n
Six mois. ... 16 »
Trois mois. . . 8 50
ÉTRANGER .
(OKION POSTALE)
36 *
19 »
10 »
Lu fibonncmonts parlent des 1" et 10 do chaque mots
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LA.GRANGE, CERF et C'°, 6, place do laBoursa
FRANCE
PARIS, 22 JUILLET 1889
Quoique républicains, et à ce titre
affectant le dédain pour le monde des
cours, nos gouvernants trouvent
qu'une exposition manque de prestige
si les têtes couronnées n'y paraissent
pas. C'est pour cela qu'on a fait dans
fe monde officiel et dans les journaux
officieux tant de tapage pour quelques
roitelets noirs, et qu'on a tambouriné
à l'avance la venue du shah de Perse.
Aussi triomphe-t-on aujourd'hui qu'on
peut annoncer la venue d'un vrai roi
européen, celui de Grèce. Il n'est pas
des plus puissants, mais qu'importe ?
On parlait, depuis plusieurs jours,
non sans une certaine pompe, d'une
réunion républicaine qui devait avoir
lieu à Ghauny (Aisne) et où M. Floquet
devait prendre la parole. La réunion a
eu lieu hier, mais il ne paraît pas, mê
me d'après la version de la peu sus
pecte Agence Havas, que la manifesta
tion ait été bien importante,ni M. Flo-
quet bien éloquent. D'après le résumé
télégraphique,il se serait borné à une
déclaration en l'honneur de la concen
tration républicaine et à un appel à la
jeunesse pour qu'elle ne déserte pas
sa chère république. C'est fait en
grande partie, et les appels de M. Flo-
quet, si chaleureux, si émouvants
qu'on veuille bien les supposer, n'y
changeront rien.
Dans sa Nouvelle Revue , Mme Adam,
qui aime à traiter les grandes questions
internationales et qui ne déteste pas
les thèses aventurées, avait publié sur
la Belgique une étude alarmante, où
elle s'appuyait de documents plus ou
moins authentiques. Un des personna
ges mis en cause, M. le duc d'Ursel,
dément en ce qui le concerne les in
formations de Mme Adam; on trou
vera sa lettre plus loin.
On annonce que la publication de la
Nouvelle Revue fournira à l'opposition
libérale belge l'occasion d'une inter
pellation qui, sans doute, ne mettra
pas en danger le ministère Beernaert.
Quoiqu 'ils affectent le dédain, les
jourflàux italiens sont fort préoccupés
des bruits qui ont circulé au sujet des
projets de départ du Pape, au cas où
une déclaration de guerre ou toute
autre cause lui rendrait le séjour de
Home impossible.On comprend, même
dans l'entourage du haineux M. Gripi,
que ce départ achèverait de faire la
vérité sur la situation du Pape, et
prouverait même aux plus aveugles
que cette situation ne peut durer.
'Il y a là' un symptôme significatif.
Doit-on s'attendre à quelque sou
lèvement prochain en Crète? Même
d'après les empêches & q \'Agence Havas,
qui ne doit pas exagérer les faits, la
situation est très tendue. On s'en pré
occuperait à Constantinople comme à
Athènes. Dans la première de ces vil
les, on préparerait ouvertement la ré
pression de troubles considérées com
me à peu près inévitables. Dans la
deuxième, loin de pousser les chré
tiens crétois, on s'efforcerait de les
•calmer, le moment n'étant pas pro
pice pour un mouvement, dont le pre
mier résultat serait de compromettre
la Grèce.
Ceux qui voulaient croire que M.
Camot, l'honnête homme du régime,
n'attendait que la séparation des Cham
bres pour se délivrer du contact de
MM. Thévenet, Constans et Rouvier,
peuvent mesurer maintenant la pro
fondeur de l'illusion qu'ils se faisaient.
M. Carnot conserve à ses côtés les trois
susdits. M. Carnot est certainement
honnête, mais dans les limites de son
usage personnel. C'est une honnêteté
commode, facile à pratiquer même
pour le président de notre République.
C'est de l'honnêteté subjective.
Cette honnêteté laisse M. Carnot par
faitement libre de se soucier fort peu
de l'honneur de son parti. Sa seule
attention se concentre sur ce qu'il
croit être l'intérêt de ce parti.
Or il s'imagine, avec presque tous
les républicains du reste, que l'intérêt
du parti exige le maintien de M. Con
stans au ministère de l'intérieur.
Et c'est pourquoi l'on s'égarait en
faisant appel à l'honnêteté bien con
nue de M. Carnot, en la priant de se
révolter contre la présence au pouvoir
de MM. Thévenet, Rouvier, Constans.
L 'honnêteté personnelle de M. Camot
n'a rien à voir dans la politique im
personnelle de M. le président delà
République.
M. Constans est-il, oui ou non, le
ministre de l'intérieur le plus capa
ble de triturer la pâte électorale au
point d'en faire sortir, si c'est possible
encore, une Chambre qui veuille con
server le régime actuel ? Tout est là,
pour M. Carnot comme pour les autres
partisans de ce régime.
On sacrifierait bien M. Thévenet,
qui, au tort léger d'être malhonnête,
joint celui, plus grave, d'être mala
droit. On sacrifierait M. Rouvier aussi,
moins facilement, parce que c'est un
financier fort habile, mais enfin on
pourrait le remplacer. Seulement, on
ouvrirait, en sacrifiant ces deux mi
nistres, une brèche, et par cette brè
che imprudente, bien difficile à fer
mer peut-être, qui sait si M. Constans,
le plus compromis des trois, ne serait
point dans la douloureuse obligation
dépasser, à la suite des autres? Alors,
on les garde tous les trois.
Et M. Constans fera les élections.
La Gironde ne dissimule pas que
c'est bien dans ce but, seul digne d'ê
tre considéré par les bons républi
cains, que M. Carnot, d'accord avec
presque tous les tenants du régime
actuel, garde obstinément l'hono
rable M. Constans comme ministre de
l'intérieur.
La Gironde rappelle qu'à l'avène
ment du cabinet Tirard-Rouvier-Thé-
venet-Constans, nous avons tenu aux
députés de'la droite à peu près ce lan
gage : « Ne négligez aucune occasion
de renverser'ce cabinet. Ne perdez pas
de vue que M. Constans, homme abso
lument dénué de scrupules, a fait les
élections de 1881, les meilleures qu'ait
eues le régime actuel 1 » Et la Gironde
triomphe : Vous n'avez pas pu le ren
verser, ce ministre I II présidera aux
élections ! M. Carnot n'est pas pressé,
en effet, « de délivrer les ennemis de
la République du cauchemar d'un
homme d'Etat qui leur inspire une
telle répulsion ét des craintes aussi
manifestes 1 » Ne chantez pas encore
victoire, excellente Gironde !...
Il est positif que la droite n'a pas pu
renverser M. Constans, mais elle a fait
d'aussi bonne bésogne, et peut-être
même de meilleure, en le montrant
comme il est au pays. Tout habile et
si peu scrupuleux qu'il soit, M. Cons
tans, connu, et par conséquent mé
prisé, jusque dans le moindre village,
nous semble moins dangereux désor
mais que l'aurait pu être, à sa place,
tel ou tel homme politique. Cinq, six,
sept noms nous viennent sur les lèvres,
©t, probablement, l'un de ces noms*
là'sèrait porté par son successeur, si la
droite était parvenus à renverser M.
Constans.
Quela Gironde ne se berce donc point
d'un espoir insensé 1 L'honnête M.
Constans ne refera pas les élections
de 1881! Alors, il courait déjà quelques
fâcheuses histoires sur son compte,
mais vagues, n'ayant point pénétré
dans les masses, et, du reste, rencon
trant peu de créance. Que les temps
sont changés ! M. le ministre de l'in
térieur a toujours la même adresse et
la même audace. Mais, le prestige,
la simple considération, où sont-ils ?
Et sans aucune considération, est-il
jossible qu'on ait véritablement de
'autorité? Puis, quelle différence en
voies sentiments des électeurs pour
e régime, il y a huit ans et aujour
d'hui ! Enfin, reste la question du
personnel. M. Constans se jettera
dans la lutte en désespéré, qui veut
vaincre ou mourir. Mais le personnel
administratif, qui veut vivre, le sui-
vra-t-il? En 1881, il était sûr, le per
sonnel, parce qu'il avait confiance. Il
n'a plus guère confiance, maintenant.
Et ceux qui croyaient, tout de même,
pouvoir encore le considérer comme
sûr, savent à quoi s'en tenir depuis
les précieux aveux de M. le procureur
Quesnay, constatant qu'il a été saisi
des liasses et des liasses de lettres,
émanant de fonctionnaires, adressées
à M. le général Boulanger. On révo
quera ces fonctionnaires, dites-vous.
Oui, ceux qui se sont laissé prendre ;
mais les autres? Et puis, ceux par les
lesquels on remplacera les fonction
naires révoqués ne seront-ils pas,
presque tous, dans de pareilles dispo
sitions d'esprit, les mêmes causes pro
duisant les mêmes effets ?
Non, Gironde , non, M. Constans ne
refera pas les élections de 1881 !
Pierre Veuillot.
Si modérées qu'elles soient dans la
formelles réclamations épiscopales au
sujet de la nouvelle loi militaire ont le
don de grandement irriter les divers
organes de la presse républicaine. Les
uns s'attaquent plus spécialement à
S. Em. le cardinal Langénieux, les
autres à S. Em. le cardinal Richard,
d'autres encore visent l'ensemble des
protestations épiscopales; mais tous
s'accordent pour reprocher au clergé
ce qu'ils appellent son ingratitude.
Comment, disent en substance les
journaux républicains, le clergé ose
réclamer et se plaindre quand il a été
« dans la loi nouvelle traité avec un
ménagement dont il devrait, tout le
premier, être reconnaissant ». Ceci est
textuellement extrait de la Paix, qui se
répand ensuite en accusations furi
bondes contre les augustes réclamants.
Pour comble, ce journal va jusqu'à
exprimer le regret, « pour l'honneur
du patriotisme de M. Langénieux »,
qu'il ait « osé formuler publiquement »
des critiques « sans aucun fonde
ment ».
A côté de ces insolences, les modé
rés du Temps font entendre, en meil
leur style, de semblables doléances.
Un anonyme, qui fait le bon apôtre,
écrit dans ce journal :
On dit que la loi .nouvelle est une loi de
persécution. Dans l'état actuel de l'Europe,
il est indispensable que la nation tout en
tière soit armée et que chaque citoyen va
lide soit capable de contribuer efficacement
A la défense nationale. Cette obligation ab
solue du service militaire personnel est in
contestablement une gêne pour de nom
breuses carrières : elle contrariera une
foule de jeunes gens qui se destinent à des
professions laïques ; elle sera une charge
également pour ceux qui veulent embrasser
l'état ecclésiastique. On exige du patriotis
me des ans et des autres le même effort
et le môme dévouement. Ajoutons que l'on
n'a pas exclu systématiquement tout tem
pérament. On s est efforcé de tenir compte
des intérêts des hautes études. Une partie
des jeunes gens appelés ne servira que pen
dant une année : or les élèves ecclésiastiques
sont précisément au nombre de ces privilé
giés. On a donc mauvaise grâce à se plaindre
de la dureté de la loi; ce que l'on appelle
une loi de persécution apparaît, en réalité,
comme une loi de transaction.
Au-surplus, est-il démontré que le ré
gime de la caserne ne présente que des
dangers pour les futurs prêtres? En quit
tant, pendant une année, la serre chaude
du séminaire; en fréquentant, dans un com
merce quotidien, des camarades sortis du
peuple, des fils d'ouvriers et de paysans,
ne pourront-ils pas recueillir une multitude
d'observations, faire sur le vif des études
de caractère et des analyses de sentiments
qui leur seront plus tard d'un précieux se
cours dans l'exercice de leur ministère ?
Quoi qu'il en soit, ce qui paraît incontes
table, c'est que le clergé , e» se montrant
conciliant et respectueux de la loi , ferait
preuve de bonne volonté et de patriotisme,
et obtiendrait l'approbation de tous ceux qui
souhaitent sincèrement , en ce pays, la paci
fication religieuse.
Par cette seule citation du Temps
l'on se rendra compte de la mauvaise
foi des prêcheurs de pacification, et
c'est bien d'eux qu'il faut répéter :
Dicentes : Pax, pax, et non erat pax.
La pacification religieuse, certes,
tout catholique la désire. Mais quel
prix y mettent ceux qui se plai
gnent de voir que le clergé ré
siste à la conclusion du traité de
paix? Tel un détrousseur de grand
chemin qui, laissant à sa victime ses
habits après lui avoir pris sa bourse,
lui dirait ironiquement :«De quoi vous
plaignez-vous ? Avec vos vêtements je
pouvais encore vous ôter la vie; vous
avez été traitée avec un ménagement
dont vous devriez la première être re
connaissante. »
Notons que, dans l'espèce, comme
l'ont si nettement établi les èvêques
dans les protestations publiées depuis
la présen.ation de la loi, il s'agit de
l'existence même du clergé. C'est, en
outre, une question de principe, et
cette seule remarque explique pour
quoi l'on ne saurait tenir compte, ici,
du plus ou moins long espace de temps
pendant lequel atteinte est portée à
ce principe.
Doit-on s'attacher plus sérieuse
ment à l'argument du Temps disant
que,« dans l'état actuel de l'Europe, il
est indispensable que la nation tout
entière soit armée » ? Dans la discus
sion de la loi, il a été reconnu par le
ministre de la guerre lui-même que
le contingent séminariste était si faible
qu'il n'y avait pas lieu d'en faire état
à ce point de vue, bien qu'on l'enré
gimente pour plaire à la secte. D'ail
leurs, et c'est encore un aveu qu'on a
pu relever dans la discussion, le bud
get est impuissant à subvenir aux
besoins de cette levée en masse de la
nation. Aussi le général Billot, par
exemple, prouvait qu'au fait, pour
cette cause, le service ne serait que de
deux ans. L'incorporation des sémi
naristes n'importe donc pas à la dé
fense du pays.
En réalité, n'en déplaise aux modé
rés du Temps , ce qu'on impose à l'E
glise, c'est bien une loi de persécution,
et de la part de ce journal c'est une
ironie de fort mauvais goût d'offrir au
clergé l'olivier pacifique, quand sous
cette palme on dissimule l'arme em
poisonnée dont on prétend se servir
pour l'assassiner en trahison.
Auouste Roussel.
4
tre, avec celle que j'eus l'honneur d'adres
ser, le 10 juillet, à M. le comte Lanjuinais,
député du Morbihan.
Il me fut écrit de Paris, la semaine der
nière, que des démarches pressantes étaient
faites auprès de M. le président de la Ré
publique pour conjurer Son Excellence de
ne pas promulguer la nouvelle loi militaire.
Je crus opportun de ne pas livrer immé
diatement à la presse l'expression de mes
légitimes doléances.
Cette promulgation étant un fait accom
pli, je ne me pardonnerais pas de garder le
silence. Ce serait assumer devant Dieu et
devant mes diocésains une trop lourde res
ponsabilité.
Quoi qu'il arrive, je veux, en ces péai-
bles conjonctures, donner l'exemple du de
voir accompli, avec modération, mais en
toute liberté.
Veuillez, monsieur le rédacteur, agréez
l'assurance de mes sentiments respectueux
et dévoués.
f J eax -M arie,
évêque de Vannes.
Voici la lettre de Mgr Bécel à M. le
comte Lanjuinais,dont il est parlé dans
la lettre précédente :
Evèché
da
Vannes
Vannes, 10 juillet 1889.
La nouvelle loi militaire
.
L'ÈPISCOPAT
Mgr l'évêque de Vannes nous fait
l'honneur de nous adresser la lettre
suivante :
Evêché
de
Vanne?
Vannes, le 21 juillet 1889,
Monsieur le rédacteur,
Je voub saurai gré de publier cette let
A M. le comte de Lanjuinais, député du
Morbihan, Paris
Monsieur le député,
C'en est doue fait 1 Les séminaristes ha
biteront la caserne, porteront le sac et se
ront exercés au maniement des armes, pour
apprendre à panser sur les champs de ba
taille, dans les ambulances et les hôpitaux,
nos pauvres soldats blessés.
■ La nouvelle loi militaire, contre laquelle
des officiers généraux se sont élevés, avec
la plus haute compétence, au sein du Par
lement, met obstacle A la formation des
élèves du sanctuaire.
Tout d'abord, on a prétexté que l'égalité
des citoyens et la défense du pays exi
geaient cette incorporation. Il était sage
d'aller lentement afin d'atteindre sûrement
le but.
Cette longue discussion, pleine d'inci
dents dont les annales parlementaires con
serveront le pénible souvenir, ne devait pas
se terminer sans aveux dépouillés de tout
artifice de langage. Les masques sont tom
bés, et les principaux acteurs de ce drame
national ont eu le triste courage de leurs
visées antireligieuses.
Les arguments tirés de leur patriotisme
ont été réfutés victorieusement au Sénat et
à la Chambre, avec une logique irrésistible
et une éloquence entraînante pour toute
âme droite et sincère.
Tant de généreux efforts honorent gran
dement les hommes d'esprit et de cœur
qui les ont tentés, pour ne pas laisser tarir
la source du sacerdoce catholique sans for
tifier sensiblement notre brave armée.
L'amour de l'Eglise et de la patrie ins
pire en cette douloureuse extrémité de trop
juste alarmes. Non contents de déplorer la
dure situation qui nous estimposée, prions
le Dieu des Francs d'y remédier dans son
infinie miséricorde, et de ne pas permettre
que ce nouveau mode de recrutement pro
duise les funestes conséquences dont il
nous menace, au dire des plus expéri
mentés.
Quoi qu'il arrive, monsieur lè député,
vous pourrez vous rendre le consolant té
moignage d'avoir, selon votre louable habi
tude, lutté jusqu'à la fin pour la vérité et
pour la justice. Je me reprocherais d»û e
pas vous en féliciter et vous <** remercier
cordialement.
D ailleurs, leé sénateurs et'les députés
du Morbihan ont tous droit à notre recon
naissance. Nous avons lieu d'être fiers de
nos représentants.
Dans la cas dont il s'agit, l'évêque diocé
sain iae paraît avoir qualité pour se faire
auprès d'eux l'interprète de tous ceux qui
mettent la liberté de l'Eglise et les desti
nées de la France au-dessus des passions
politiques et de l'intérêt personnel.
; Veuillez, monsieur le député, agréer
l'assurance de mes sentiments respectueux
et dévoués,
| J ean -M arie,
évêque de Vannes.
FEUILLETON DE h'UNIVERS
DU 23 juillet
CAUSERIE SCIENTIFIQUE
LE BRONZE
On peut voir A l'Exposition d'affreux
bonshommes en cire occupés à. fabriquer
les eutils qui caractérisent l'âge de la
pierre, l'âge du bronze, l'Age du fer ; l'âge
d'or n'y est pas représenté.
Nos ancêtre» étaient-ils vraiment aussi
laids, aussi sales, aussi hirsutes? c'est ce
que j'ignore; il ne déplaît pas, je crois, à
la science moderne de les figurer ainsi ;
c'est une sorte d'argument hypocrite en fa
veur du transformisme, qu'on n'ose plus
franchement soutenir.
Est-il vrai que l'humanité, pour se dé
fendre contre les bêles féroces et assurer
son existence de chaque jour, n'ait eu, pen
dant des milliers d'années, que des armes
et des outils de pierre ? Je lis dans l'Ecri
ture que Tubal-Caïn forgeait toutes sortes
d'instruments d'airain et de fer ; or, Tubal-
Caîn n'était séparé u Adam que par cinq
générations. Et cela, par surcroît, démon-
Ire, pour ceux du moins qui préfèrent le
témoignage de la Bible & celui de M. de
Mortillet, que l'Age du 1er se confond avec
pelui du bronze.
Noé et ses fils connaissaient dono l'usage
de ees deux métaux. Et si, plus tard, on
roùvfl* fies peuplades qui. paraissent d 'avoir
employé que des outils et des armes de
pierre, c'est que l'émigration les avait
conduites dans des contrées oît ils n'ont pas
su découvrir des mines et où le secret de
la métallurgie s'est perdu.
Quoi qu'il en soit, il n'en est pas moins
intéressant, d'étudier scientifiquement les
origines du bronze. On va voir, par le tra
vail de M. Berthelot, qu'elles remontent
aux premiers siècles de l'humanité.
« La question des origines du bronze se
rattache étroitement, dit le savant chi
miste, à celle des industries préhistori
ques et des routes de commerce. On sait,
eu effet, que si le cuivre est fort répandu
dans le monde, l'étain, autre élément du
bronze, est rare et concentré dans des gîtes
spéciaux, fort éloignés et d'un accès diffi
cile. »
M. Berthelot n'admet pas le témoignage
de la Bible ; il est donc naturel qu'il ap
pelle préhistorique le temps où vivait Tu
bal-Caïn.
Il poursuit:
La mise en circulation de l'étain n'a dû
commencer qu 'à une certaine époque de
l'histoire et à certain degré de la civilisa
tion. Aussi beaucoup d'archéologues ont-ils
admis que l'emploi du cuivre a dû précéder
celui du bronze dans la fabrication des ar
mes et des outils, et ils présentent à l'ap
pui de leur opinion divers objets anciens,
fabriqués avec du cuivre pur. Mais la
principale difficulté dans ce genre d'études
résulte de l'incertitude des lieux d'origine
e*. des dates relatives. De 1A l'intérêt qui
s'attache à l'examen d'objets bien définis et
d'un caractère historique incontestable.
Telle est une figurine, trouvée A Tello,
en Mésopotamie, par M. de Sarzec, et
qu'il a rapportée pour le musée du Lou
vre. Cette figurine porte le nom gravé de
Goudeah, personnage de la plus haute an
tiquité historique, et que M. Oppert fait
remonter vers quatre mille ans avant notre
ère. Or, cette figurine, analysée par M.
Berthelot, est jonstiluée par du cuivre
pur.
M. Maspero, d'autre part, a signalé au
savant chimiste le sceptre de Pépi I er , roi
de la sixième dynastie appartenant A l'an
cien Empire, et remontant à 3,500 ou 4,000
ans avant notre ère.
Cet objet est conservé dans les collec
tions du musée Britannique, & Londres.
C'est un petit cylindre de métal, creux,
long d'une douzaine de centimètres et ayant
probablement été emmanché autrefois sur
un bâton de commandement. Il est uouvert
d'hiéroglyphes, et les égyptologues sont
d'accord sur sa date et sur son origine. M.
de Longpérier l'a cité comme un objet de
bronze : c'est une erreur.
M. Berthelot a pu se procurer, non sans
peine, un échantillon de ce rare et précieux
objet, grâce au concours de M. Wadding-
ton et & l'obligeance du directeur du musée
britannique. On a détaché A l'intérieur du
cylindre quelques parcelles de métal, à
l'aide desquelles il a été possible d'exécuter
une analyse.
Le poids de ces limailles s'élevait à
0 gr. 0248 ; elles consistaient surtout en un
métal rougeâtre, en partie oxydé et associé
avec quelques poussières étrangères. L'a
nalyse qualitative et quantitative a pu être
exécutée à 0 gr. 0001 près. Elle indique du
cuivre pur, exempt d'étain et de zinc, mais
renfe rmant une trace douteuse de plomb.
Cette analyse prouve que Je sceptre de
Pepi I" était constitué par du cuivre, tel
qu'on pouvait l'extraire, à cette époque,
des mines du Sinaï, mines exploitées par
les Egyptiens de la III 8 dynastie, perdues
depuis, et reconquises par Pepi I er .
t Les indications publiées dans l'ouvrage
de Wilkinson montrent que le bronze à
base d'étain existait do bonne heure en
Egypte, sans pourtant que la date en soit
précisée. Il a dû être employé, dès qu'il a
été connu, à la fabrication des objets
usuels. Si cet alliage, plus précieux et plus
stable que le cuivre rouge, n'existe pas
dans le sceptre de Pepi I er , on est autorisé
à admettre, par une induction vraisembla
ble, que le bronze n'était pas encore en
usage & cette époque reculée. Cette opinion
concorde avec les résultats de l'analyse de
la statuette de Gondeah, et il paraît dès lors
probable que l'introduction du bronze dans
le monde ne remonterait pas au delà de
cinquante & soixante siècles. »
Cette conclusion paraît vraisemblable;
est-elle vraie? De ce que deux objets, à
peu près de la même époque, sont en cuivre
pur, il ne s'ensuit pas nécessairement que
le bronze fût inconnu à cette date. Peut-
être a-t-on eu des raisons particulières
pour les fondre en cuivre ; peut-être avaitr
on perdu les mines d'étain et de zinc, com
me on avait perdu celles da Sinaï, que Pepi
a retrouvées.
tk FOUDRE
11 ne s'agit point ici des nombreux orages
qui ont rendu si tapageur le printemps de
1889, mais de l'action do la foudre sur l'at
mosphère.
Tout le monde sait que l'étincelle élec
trique provoque des combinaisons ou des
décompositions dans les milieux gazeux
qu'elle traverse. On a cm pendant long
temps que les plantes se nourrissaient d'a
zote en s'assimilant les nitrates et les ni-
trites produits par l'effluve électrique, flot
tant dans l'air et entraînés par les pluies.
On sait aujourd'hui que les plantes fixent
l'azote libre de l'atmosphère. Mais il n'en
est pas moins intéressant de* connaître les
lois de la formation dans l'air de l'acide
nitrique sous l'influence de l'électricité ; c'est
en quelque sorte un moyen de comparer
l'intensité de3 phénomènes électriques sur
les différents points de la surface du glo
be. MM. Muntz et Mariano ont entrepis
cette étude.
L'intensité et la continuité des phéno
mènes électriques au voisinage de l'Equa
teur ont engagé ces deux savants A insti
tuer des observations suivies dans les pays
où ils se manifestent avec le plus d'éner
gie. Une station a été établie A Caracas
(Venezuela), A 10°3 de latitude nord et A 922
mètres d'altitude. Le climat de Caracas est
caractérisé par une température Variant
entre de faibles limites (moyenne §i"8), par
l'inégale répartition (l§s pluies, par la vio
lence et la fréquence des orages.
Leurs observations embrassent une pé
riode de deux années, de juillet 1883 A
juillet 1884, et de janvier A décembre 1885.
Pendant ces deux périodes, toutes les
pluies ont été recueillies et analysées soit
séparément, soit réunies en un seul échan
tillon mensuel.
La moyenne générale d'acide nitrique
trouvé a été de 2,23 milligrammes d'acide
par litre d'eau de pluie. Une fois, le 19 oc
tobre 1883, la pluie a donné la prg^ogHion
énorme de 10,25 ipi]lii§rsiwînes d'aide pi-
L 'Agence Havas nous communiqua
la dépêche suivante :
Rome, 21 juillet.
La Riforma dit que si le Pape partait,
son but serait de provoquer la guerre con
tre l'Italie afin de revenir triomphant. Il
ne semble pas facile qu'une puissance as»
sume cette mission, même si la guerre
était provoquée par d'autres motifs. Son
but n'en serait pas moins évident et la vie*
toire même serait moralement désastreuse
pour la puissance qui entamerait les hosti
lités. En outre, on pourrait craindre que la
guerre n'amenât un schisme dans le clergé
italien et parmi les catholiques, italiens qui
sépareraient la cause de la religion de celle,
de la papauté.
Pour faire justice des dires de la Ri"
forma , il suffit de citer ce qu'elle osa
publier ainsi afin d'ameuter l'opinion,
contre le Pape, qui pourtant, aux ter-»
mes de la loi des garanties, devrait
être protégé contre de pareilles excita-»
tions. En fait, cet article de la Riforma %
joint à tant d'autres du même genre,
prouve une fois de plus que cette fa-,
meuse loi des garanties, au moyen da
laquelle l'usurpateur italien a voulu,
faire accepter des puissances la viola-»
tion des droits du Pape à Rome, n'est
qu'une odieuse hypocrisie.
Quant à l'éventualité d'une guerre,
non certes provoquée par le Pape,
mais qui pourrait amener son départ,
en attendant, que, par voie de consé
quence, elle préparât la restauration
de son pouvoir temporel, il est bon da
citer ce que publiait naguères la Revue
des Deux-Mondes , assurément peu sus
pecte de tendresse pour la Papauté : '
La restauration de la royauté pontifi
cale ne peut plus être la cause, mais seule
ment la conséquence d'une guerre. Raison
ner autrement, c'est méconnaître les faits
et renverser la vérité. Aucun Etat n'entrera
en campagne pour replacer Rome sous la,
domination ecclésiastique : mais tout Etut x
engagé dam une guerre avec F Italie, sera
contraint de jouer, contre elle, la carte pori
tificale : ce sera pour lui, la carte forcée-
Catholique, protestant, schismatique, atkêe %
tout gouvernement provoqué par la péninsule
cherchera à la frapper à l'endroit vulné
rable, et cet endroit c'est Rome. M. Crispi,
reprenant un mot de Minghetti, affirmait
dernièrement que, en cas de guerre géné
rale, l'Italie aurait beaucoup A prendre,rien
A perdre. C'est 1A une contre-vérité. Pouc
l'Italie, une grande guerre serait tout bon
nement la ruine ; cela, paraît-il, ne sembla
rien à ces hommes d'Etat ; mais ce ne se
rait pas tout. La banqueroute, la misère, la
révolution peut-être ne seraient pas le seul
prix de sa défaite, elle mettrait autre chose
au jeu, sa capitale.
La Riforma et, en général, les Ita
liens engagés à la suite da M. Crispi,
dans la lutte contre la Papauté, feront
bien de méditer ces avertissements.
P' S' ~ y Agence Havas nous trans
met la dépêche que voici :
Uome, 18 juillet.
. Le Messager q énonce que, par suite da
bruit du départ du Pape, le ministère da
l 1Df .^"rieur aurait donné l'ordre A la ques
ture d'organiser un service spécial de sur
veillance autour du Vatican, afin d'êtr»
prévenu si le Pape sortait secrètement.
En outre, un détachement de soldats se
rait déjA prêt pour escorter officiellement
le Pape jusqu'à sa sortie du territoire ila*
lien.
Si Léon XIII partait, il se rendrait en
voiture probablement jusqu'A Palo, où il
pourrait prendre le train on bien s'embar*
quer A bord d'un navire.
Le Messagero donne ces nouvelles sons
toutes réserves.
Malgré les réserves du Messagero, la
seul fait qu'un journal peut, à Rome,
prêter de pareils desseins au gouver
nement, montre où en est la liberté
du Pape.
Faire espionner le Pape, sous pré
texte de mieux assurer sa liberté,
c'est complet!
rique par litre: la pluie la plus pauvre en
acide n'a donné que 0,20 milligrammes.
Dans nos climats, Boussingault a trouvé
comme moyenne, à la station de Libfrauen.
berg (Alsace) une quantité de 0,18 milli
grammes d'acide nitrique par litre, MM.
Lawes et Gilbert donnent pour Rothamsted
(Angleterre) une moyenne de 0,42 milli»
grammes. '
Ainsi, A l'Equateur, la moyenne est près
de treize fois plus élevée que celle de Bous»
siganlt et oinq fois et demie plu* forte que
celle d'Angleterre. Cette richesse on acida
nitrique tient A l'exagération des tensions
électriques et aux décharges fréquentes qui
opèrent sur leurs parcours l'oxydation d«
l'azote.
Les différences s'accentuent encore quand
oa Qompare la quantité d'acide nitriqua
amenée pendant une année à la surface du
sol.
On peut estimer à 1 mètre environ la
hauteur d'eau qui tombe annuellement A la
station de Caracas.
La quantité d'azote apportée,par hectare,
au sol de la station est, par année, de
5k.782, tandis qu'elle n'est que de 0k.330
en Alsace et de Ok. 830 en Angleterre.
A Saint-Denis de la Réunion, la quantité
d'acide nitrique par litre est de 2,67 milli
grammes, et chaque année, par hectare, da
6k.93. * s
On voit que, si les quantités d'a2ote ap
portées sous forme de nitrate à nos cul*
lures, par les eaux pluviales, sont négligea
bles sous nos climats, il n'en est pas da
même sous les tropiques, où les pluies
constituent-une véritable fumura azotée»
équivalente, pour l'azote nitrique seule
ment, à près de 50 kil. de îviirat© de souda
par hectare»
N' 7374 — Edition quotidienne
Mardi 23 Juillet 1*80
gBIÏtOM QPOT1 DXEWMS
paris étranger
Bf D&PA&TfitfïffTS (tlNlOÎT PQSTAL8)
lia an. « , . . 55 » 68 »
Six mois. ... 23 80 34 »
Trois mois. . . 15 » 18 »
^ndmoemeikti partent des *« et U «le choqua mol*
UN NUMÉRO { Dép^rtemente! '"
BUREAUX : Paris, 10, rue deB Saints-Pères
On s'abonne & Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS
, ET MPAETEMEKrS
Un an. . , . . 30 n
Six mois. ... 16 »
Trois mois. . . 8 50
ÉTRANGER .
(OKION POSTALE)
36 *
19 »
10 »
Lu fibonncmonts parlent des 1" et 10 do chaque mots
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LA.GRANGE, CERF et C'°, 6, place do laBoursa
FRANCE
PARIS, 22 JUILLET 1889
Quoique républicains, et à ce titre
affectant le dédain pour le monde des
cours, nos gouvernants trouvent
qu'une exposition manque de prestige
si les têtes couronnées n'y paraissent
pas. C'est pour cela qu'on a fait dans
fe monde officiel et dans les journaux
officieux tant de tapage pour quelques
roitelets noirs, et qu'on a tambouriné
à l'avance la venue du shah de Perse.
Aussi triomphe-t-on aujourd'hui qu'on
peut annoncer la venue d'un vrai roi
européen, celui de Grèce. Il n'est pas
des plus puissants, mais qu'importe ?
On parlait, depuis plusieurs jours,
non sans une certaine pompe, d'une
réunion républicaine qui devait avoir
lieu à Ghauny (Aisne) et où M. Floquet
devait prendre la parole. La réunion a
eu lieu hier, mais il ne paraît pas, mê
me d'après la version de la peu sus
pecte Agence Havas, que la manifesta
tion ait été bien importante,ni M. Flo-
quet bien éloquent. D'après le résumé
télégraphique,il se serait borné à une
déclaration en l'honneur de la concen
tration républicaine et à un appel à la
jeunesse pour qu'elle ne déserte pas
sa chère république. C'est fait en
grande partie, et les appels de M. Flo-
quet, si chaleureux, si émouvants
qu'on veuille bien les supposer, n'y
changeront rien.
Dans sa Nouvelle Revue , Mme Adam,
qui aime à traiter les grandes questions
internationales et qui ne déteste pas
les thèses aventurées, avait publié sur
la Belgique une étude alarmante, où
elle s'appuyait de documents plus ou
moins authentiques. Un des personna
ges mis en cause, M. le duc d'Ursel,
dément en ce qui le concerne les in
formations de Mme Adam; on trou
vera sa lettre plus loin.
On annonce que la publication de la
Nouvelle Revue fournira à l'opposition
libérale belge l'occasion d'une inter
pellation qui, sans doute, ne mettra
pas en danger le ministère Beernaert.
Quoiqu 'ils affectent le dédain, les
jourflàux italiens sont fort préoccupés
des bruits qui ont circulé au sujet des
projets de départ du Pape, au cas où
une déclaration de guerre ou toute
autre cause lui rendrait le séjour de
Home impossible.On comprend, même
dans l'entourage du haineux M. Gripi,
que ce départ achèverait de faire la
vérité sur la situation du Pape, et
prouverait même aux plus aveugles
que cette situation ne peut durer.
'Il y a là' un symptôme significatif.
Doit-on s'attendre à quelque sou
lèvement prochain en Crète? Même
d'après les empêches & q \'Agence Havas,
qui ne doit pas exagérer les faits, la
situation est très tendue. On s'en pré
occuperait à Constantinople comme à
Athènes. Dans la première de ces vil
les, on préparerait ouvertement la ré
pression de troubles considérées com
me à peu près inévitables. Dans la
deuxième, loin de pousser les chré
tiens crétois, on s'efforcerait de les
•calmer, le moment n'étant pas pro
pice pour un mouvement, dont le pre
mier résultat serait de compromettre
la Grèce.
Ceux qui voulaient croire que M.
Camot, l'honnête homme du régime,
n'attendait que la séparation des Cham
bres pour se délivrer du contact de
MM. Thévenet, Constans et Rouvier,
peuvent mesurer maintenant la pro
fondeur de l'illusion qu'ils se faisaient.
M. Carnot conserve à ses côtés les trois
susdits. M. Carnot est certainement
honnête, mais dans les limites de son
usage personnel. C'est une honnêteté
commode, facile à pratiquer même
pour le président de notre République.
C'est de l'honnêteté subjective.
Cette honnêteté laisse M. Carnot par
faitement libre de se soucier fort peu
de l'honneur de son parti. Sa seule
attention se concentre sur ce qu'il
croit être l'intérêt de ce parti.
Or il s'imagine, avec presque tous
les républicains du reste, que l'intérêt
du parti exige le maintien de M. Con
stans au ministère de l'intérieur.
Et c'est pourquoi l'on s'égarait en
faisant appel à l'honnêteté bien con
nue de M. Carnot, en la priant de se
révolter contre la présence au pouvoir
de MM. Thévenet, Rouvier, Constans.
L 'honnêteté personnelle de M. Camot
n'a rien à voir dans la politique im
personnelle de M. le président delà
République.
M. Constans est-il, oui ou non, le
ministre de l'intérieur le plus capa
ble de triturer la pâte électorale au
point d'en faire sortir, si c'est possible
encore, une Chambre qui veuille con
server le régime actuel ? Tout est là,
pour M. Carnot comme pour les autres
partisans de ce régime.
On sacrifierait bien M. Thévenet,
qui, au tort léger d'être malhonnête,
joint celui, plus grave, d'être mala
droit. On sacrifierait M. Rouvier aussi,
moins facilement, parce que c'est un
financier fort habile, mais enfin on
pourrait le remplacer. Seulement, on
ouvrirait, en sacrifiant ces deux mi
nistres, une brèche, et par cette brè
che imprudente, bien difficile à fer
mer peut-être, qui sait si M. Constans,
le plus compromis des trois, ne serait
point dans la douloureuse obligation
dépasser, à la suite des autres? Alors,
on les garde tous les trois.
Et M. Constans fera les élections.
La Gironde ne dissimule pas que
c'est bien dans ce but, seul digne d'ê
tre considéré par les bons républi
cains, que M. Carnot, d'accord avec
presque tous les tenants du régime
actuel, garde obstinément l'hono
rable M. Constans comme ministre de
l'intérieur.
La Gironde rappelle qu'à l'avène
ment du cabinet Tirard-Rouvier-Thé-
venet-Constans, nous avons tenu aux
députés de'la droite à peu près ce lan
gage : « Ne négligez aucune occasion
de renverser'ce cabinet. Ne perdez pas
de vue que M. Constans, homme abso
lument dénué de scrupules, a fait les
élections de 1881, les meilleures qu'ait
eues le régime actuel 1 » Et la Gironde
triomphe : Vous n'avez pas pu le ren
verser, ce ministre I II présidera aux
élections ! M. Carnot n'est pas pressé,
en effet, « de délivrer les ennemis de
la République du cauchemar d'un
homme d'Etat qui leur inspire une
telle répulsion ét des craintes aussi
manifestes 1 » Ne chantez pas encore
victoire, excellente Gironde !...
Il est positif que la droite n'a pas pu
renverser M. Constans, mais elle a fait
d'aussi bonne bésogne, et peut-être
même de meilleure, en le montrant
comme il est au pays. Tout habile et
si peu scrupuleux qu'il soit, M. Cons
tans, connu, et par conséquent mé
prisé, jusque dans le moindre village,
nous semble moins dangereux désor
mais que l'aurait pu être, à sa place,
tel ou tel homme politique. Cinq, six,
sept noms nous viennent sur les lèvres,
©t, probablement, l'un de ces noms*
là'sèrait porté par son successeur, si la
droite était parvenus à renverser M.
Constans.
Quela Gironde ne se berce donc point
d'un espoir insensé 1 L'honnête M.
Constans ne refera pas les élections
de 1881! Alors, il courait déjà quelques
fâcheuses histoires sur son compte,
mais vagues, n'ayant point pénétré
dans les masses, et, du reste, rencon
trant peu de créance. Que les temps
sont changés ! M. le ministre de l'in
térieur a toujours la même adresse et
la même audace. Mais, le prestige,
la simple considération, où sont-ils ?
Et sans aucune considération, est-il
jossible qu'on ait véritablement de
'autorité? Puis, quelle différence en
voies sentiments des électeurs pour
e régime, il y a huit ans et aujour
d'hui ! Enfin, reste la question du
personnel. M. Constans se jettera
dans la lutte en désespéré, qui veut
vaincre ou mourir. Mais le personnel
administratif, qui veut vivre, le sui-
vra-t-il? En 1881, il était sûr, le per
sonnel, parce qu'il avait confiance. Il
n'a plus guère confiance, maintenant.
Et ceux qui croyaient, tout de même,
pouvoir encore le considérer comme
sûr, savent à quoi s'en tenir depuis
les précieux aveux de M. le procureur
Quesnay, constatant qu'il a été saisi
des liasses et des liasses de lettres,
émanant de fonctionnaires, adressées
à M. le général Boulanger. On révo
quera ces fonctionnaires, dites-vous.
Oui, ceux qui se sont laissé prendre ;
mais les autres? Et puis, ceux par les
lesquels on remplacera les fonction
naires révoqués ne seront-ils pas,
presque tous, dans de pareilles dispo
sitions d'esprit, les mêmes causes pro
duisant les mêmes effets ?
Non, Gironde , non, M. Constans ne
refera pas les élections de 1881 !
Pierre Veuillot.
Si modérées qu'elles soient dans la
formelles réclamations épiscopales au
sujet de la nouvelle loi militaire ont le
don de grandement irriter les divers
organes de la presse républicaine. Les
uns s'attaquent plus spécialement à
S. Em. le cardinal Langénieux, les
autres à S. Em. le cardinal Richard,
d'autres encore visent l'ensemble des
protestations épiscopales; mais tous
s'accordent pour reprocher au clergé
ce qu'ils appellent son ingratitude.
Comment, disent en substance les
journaux républicains, le clergé ose
réclamer et se plaindre quand il a été
« dans la loi nouvelle traité avec un
ménagement dont il devrait, tout le
premier, être reconnaissant ». Ceci est
textuellement extrait de la Paix, qui se
répand ensuite en accusations furi
bondes contre les augustes réclamants.
Pour comble, ce journal va jusqu'à
exprimer le regret, « pour l'honneur
du patriotisme de M. Langénieux »,
qu'il ait « osé formuler publiquement »
des critiques « sans aucun fonde
ment ».
A côté de ces insolences, les modé
rés du Temps font entendre, en meil
leur style, de semblables doléances.
Un anonyme, qui fait le bon apôtre,
écrit dans ce journal :
On dit que la loi .nouvelle est une loi de
persécution. Dans l'état actuel de l'Europe,
il est indispensable que la nation tout en
tière soit armée et que chaque citoyen va
lide soit capable de contribuer efficacement
A la défense nationale. Cette obligation ab
solue du service militaire personnel est in
contestablement une gêne pour de nom
breuses carrières : elle contrariera une
foule de jeunes gens qui se destinent à des
professions laïques ; elle sera une charge
également pour ceux qui veulent embrasser
l'état ecclésiastique. On exige du patriotis
me des ans et des autres le même effort
et le môme dévouement. Ajoutons que l'on
n'a pas exclu systématiquement tout tem
pérament. On s est efforcé de tenir compte
des intérêts des hautes études. Une partie
des jeunes gens appelés ne servira que pen
dant une année : or les élèves ecclésiastiques
sont précisément au nombre de ces privilé
giés. On a donc mauvaise grâce à se plaindre
de la dureté de la loi; ce que l'on appelle
une loi de persécution apparaît, en réalité,
comme une loi de transaction.
Au-surplus, est-il démontré que le ré
gime de la caserne ne présente que des
dangers pour les futurs prêtres? En quit
tant, pendant une année, la serre chaude
du séminaire; en fréquentant, dans un com
merce quotidien, des camarades sortis du
peuple, des fils d'ouvriers et de paysans,
ne pourront-ils pas recueillir une multitude
d'observations, faire sur le vif des études
de caractère et des analyses de sentiments
qui leur seront plus tard d'un précieux se
cours dans l'exercice de leur ministère ?
Quoi qu'il en soit, ce qui paraît incontes
table, c'est que le clergé , e» se montrant
conciliant et respectueux de la loi , ferait
preuve de bonne volonté et de patriotisme,
et obtiendrait l'approbation de tous ceux qui
souhaitent sincèrement , en ce pays, la paci
fication religieuse.
Par cette seule citation du Temps
l'on se rendra compte de la mauvaise
foi des prêcheurs de pacification, et
c'est bien d'eux qu'il faut répéter :
Dicentes : Pax, pax, et non erat pax.
La pacification religieuse, certes,
tout catholique la désire. Mais quel
prix y mettent ceux qui se plai
gnent de voir que le clergé ré
siste à la conclusion du traité de
paix? Tel un détrousseur de grand
chemin qui, laissant à sa victime ses
habits après lui avoir pris sa bourse,
lui dirait ironiquement :«De quoi vous
plaignez-vous ? Avec vos vêtements je
pouvais encore vous ôter la vie; vous
avez été traitée avec un ménagement
dont vous devriez la première être re
connaissante. »
Notons que, dans l'espèce, comme
l'ont si nettement établi les èvêques
dans les protestations publiées depuis
la présen.ation de la loi, il s'agit de
l'existence même du clergé. C'est, en
outre, une question de principe, et
cette seule remarque explique pour
quoi l'on ne saurait tenir compte, ici,
du plus ou moins long espace de temps
pendant lequel atteinte est portée à
ce principe.
Doit-on s'attacher plus sérieuse
ment à l'argument du Temps disant
que,« dans l'état actuel de l'Europe, il
est indispensable que la nation tout
entière soit armée » ? Dans la discus
sion de la loi, il a été reconnu par le
ministre de la guerre lui-même que
le contingent séminariste était si faible
qu'il n'y avait pas lieu d'en faire état
à ce point de vue, bien qu'on l'enré
gimente pour plaire à la secte. D'ail
leurs, et c'est encore un aveu qu'on a
pu relever dans la discussion, le bud
get est impuissant à subvenir aux
besoins de cette levée en masse de la
nation. Aussi le général Billot, par
exemple, prouvait qu'au fait, pour
cette cause, le service ne serait que de
deux ans. L'incorporation des sémi
naristes n'importe donc pas à la dé
fense du pays.
En réalité, n'en déplaise aux modé
rés du Temps , ce qu'on impose à l'E
glise, c'est bien une loi de persécution,
et de la part de ce journal c'est une
ironie de fort mauvais goût d'offrir au
clergé l'olivier pacifique, quand sous
cette palme on dissimule l'arme em
poisonnée dont on prétend se servir
pour l'assassiner en trahison.
Auouste Roussel.
4
tre, avec celle que j'eus l'honneur d'adres
ser, le 10 juillet, à M. le comte Lanjuinais,
député du Morbihan.
Il me fut écrit de Paris, la semaine der
nière, que des démarches pressantes étaient
faites auprès de M. le président de la Ré
publique pour conjurer Son Excellence de
ne pas promulguer la nouvelle loi militaire.
Je crus opportun de ne pas livrer immé
diatement à la presse l'expression de mes
légitimes doléances.
Cette promulgation étant un fait accom
pli, je ne me pardonnerais pas de garder le
silence. Ce serait assumer devant Dieu et
devant mes diocésains une trop lourde res
ponsabilité.
Quoi qu'il arrive, je veux, en ces péai-
bles conjonctures, donner l'exemple du de
voir accompli, avec modération, mais en
toute liberté.
Veuillez, monsieur le rédacteur, agréez
l'assurance de mes sentiments respectueux
et dévoués.
f J eax -M arie,
évêque de Vannes.
Voici la lettre de Mgr Bécel à M. le
comte Lanjuinais,dont il est parlé dans
la lettre précédente :
Evèché
da
Vannes
Vannes, 10 juillet 1889.
La nouvelle loi militaire
.
L'ÈPISCOPAT
Mgr l'évêque de Vannes nous fait
l'honneur de nous adresser la lettre
suivante :
Evêché
de
Vanne?
Vannes, le 21 juillet 1889,
Monsieur le rédacteur,
Je voub saurai gré de publier cette let
A M. le comte de Lanjuinais, député du
Morbihan, Paris
Monsieur le député,
C'en est doue fait 1 Les séminaristes ha
biteront la caserne, porteront le sac et se
ront exercés au maniement des armes, pour
apprendre à panser sur les champs de ba
taille, dans les ambulances et les hôpitaux,
nos pauvres soldats blessés.
■ La nouvelle loi militaire, contre laquelle
des officiers généraux se sont élevés, avec
la plus haute compétence, au sein du Par
lement, met obstacle A la formation des
élèves du sanctuaire.
Tout d'abord, on a prétexté que l'égalité
des citoyens et la défense du pays exi
geaient cette incorporation. Il était sage
d'aller lentement afin d'atteindre sûrement
le but.
Cette longue discussion, pleine d'inci
dents dont les annales parlementaires con
serveront le pénible souvenir, ne devait pas
se terminer sans aveux dépouillés de tout
artifice de langage. Les masques sont tom
bés, et les principaux acteurs de ce drame
national ont eu le triste courage de leurs
visées antireligieuses.
Les arguments tirés de leur patriotisme
ont été réfutés victorieusement au Sénat et
à la Chambre, avec une logique irrésistible
et une éloquence entraînante pour toute
âme droite et sincère.
Tant de généreux efforts honorent gran
dement les hommes d'esprit et de cœur
qui les ont tentés, pour ne pas laisser tarir
la source du sacerdoce catholique sans for
tifier sensiblement notre brave armée.
L'amour de l'Eglise et de la patrie ins
pire en cette douloureuse extrémité de trop
juste alarmes. Non contents de déplorer la
dure situation qui nous estimposée, prions
le Dieu des Francs d'y remédier dans son
infinie miséricorde, et de ne pas permettre
que ce nouveau mode de recrutement pro
duise les funestes conséquences dont il
nous menace, au dire des plus expéri
mentés.
Quoi qu'il arrive, monsieur lè député,
vous pourrez vous rendre le consolant té
moignage d'avoir, selon votre louable habi
tude, lutté jusqu'à la fin pour la vérité et
pour la justice. Je me reprocherais d»û e
pas vous en féliciter et vous <** remercier
cordialement.
D ailleurs, leé sénateurs et'les députés
du Morbihan ont tous droit à notre recon
naissance. Nous avons lieu d'être fiers de
nos représentants.
Dans la cas dont il s'agit, l'évêque diocé
sain iae paraît avoir qualité pour se faire
auprès d'eux l'interprète de tous ceux qui
mettent la liberté de l'Eglise et les desti
nées de la France au-dessus des passions
politiques et de l'intérêt personnel.
; Veuillez, monsieur le député, agréer
l'assurance de mes sentiments respectueux
et dévoués,
| J ean -M arie,
évêque de Vannes.
FEUILLETON DE h'UNIVERS
DU 23 juillet
CAUSERIE SCIENTIFIQUE
LE BRONZE
On peut voir A l'Exposition d'affreux
bonshommes en cire occupés à. fabriquer
les eutils qui caractérisent l'âge de la
pierre, l'âge du bronze, l'Age du fer ; l'âge
d'or n'y est pas représenté.
Nos ancêtre» étaient-ils vraiment aussi
laids, aussi sales, aussi hirsutes? c'est ce
que j'ignore; il ne déplaît pas, je crois, à
la science moderne de les figurer ainsi ;
c'est une sorte d'argument hypocrite en fa
veur du transformisme, qu'on n'ose plus
franchement soutenir.
Est-il vrai que l'humanité, pour se dé
fendre contre les bêles féroces et assurer
son existence de chaque jour, n'ait eu, pen
dant des milliers d'années, que des armes
et des outils de pierre ? Je lis dans l'Ecri
ture que Tubal-Caïn forgeait toutes sortes
d'instruments d'airain et de fer ; or, Tubal-
Caîn n'était séparé u Adam que par cinq
générations. Et cela, par surcroît, démon-
Ire, pour ceux du moins qui préfèrent le
témoignage de la Bible & celui de M. de
Mortillet, que l'Age du 1er se confond avec
pelui du bronze.
Noé et ses fils connaissaient dono l'usage
de ees deux métaux. Et si, plus tard, on
roùvfl* fies peuplades qui. paraissent d 'avoir
employé que des outils et des armes de
pierre, c'est que l'émigration les avait
conduites dans des contrées oît ils n'ont pas
su découvrir des mines et où le secret de
la métallurgie s'est perdu.
Quoi qu'il en soit, il n'en est pas moins
intéressant, d'étudier scientifiquement les
origines du bronze. On va voir, par le tra
vail de M. Berthelot, qu'elles remontent
aux premiers siècles de l'humanité.
« La question des origines du bronze se
rattache étroitement, dit le savant chi
miste, à celle des industries préhistori
ques et des routes de commerce. On sait,
eu effet, que si le cuivre est fort répandu
dans le monde, l'étain, autre élément du
bronze, est rare et concentré dans des gîtes
spéciaux, fort éloignés et d'un accès diffi
cile. »
M. Berthelot n'admet pas le témoignage
de la Bible ; il est donc naturel qu'il ap
pelle préhistorique le temps où vivait Tu
bal-Caïn.
Il poursuit:
La mise en circulation de l'étain n'a dû
commencer qu 'à une certaine époque de
l'histoire et à certain degré de la civilisa
tion. Aussi beaucoup d'archéologues ont-ils
admis que l'emploi du cuivre a dû précéder
celui du bronze dans la fabrication des ar
mes et des outils, et ils présentent à l'ap
pui de leur opinion divers objets anciens,
fabriqués avec du cuivre pur. Mais la
principale difficulté dans ce genre d'études
résulte de l'incertitude des lieux d'origine
e*. des dates relatives. De 1A l'intérêt qui
s'attache à l'examen d'objets bien définis et
d'un caractère historique incontestable.
Telle est une figurine, trouvée A Tello,
en Mésopotamie, par M. de Sarzec, et
qu'il a rapportée pour le musée du Lou
vre. Cette figurine porte le nom gravé de
Goudeah, personnage de la plus haute an
tiquité historique, et que M. Oppert fait
remonter vers quatre mille ans avant notre
ère. Or, cette figurine, analysée par M.
Berthelot, est jonstiluée par du cuivre
pur.
M. Maspero, d'autre part, a signalé au
savant chimiste le sceptre de Pépi I er , roi
de la sixième dynastie appartenant A l'an
cien Empire, et remontant à 3,500 ou 4,000
ans avant notre ère.
Cet objet est conservé dans les collec
tions du musée Britannique, & Londres.
C'est un petit cylindre de métal, creux,
long d'une douzaine de centimètres et ayant
probablement été emmanché autrefois sur
un bâton de commandement. Il est uouvert
d'hiéroglyphes, et les égyptologues sont
d'accord sur sa date et sur son origine. M.
de Longpérier l'a cité comme un objet de
bronze : c'est une erreur.
M. Berthelot a pu se procurer, non sans
peine, un échantillon de ce rare et précieux
objet, grâce au concours de M. Wadding-
ton et & l'obligeance du directeur du musée
britannique. On a détaché A l'intérieur du
cylindre quelques parcelles de métal, à
l'aide desquelles il a été possible d'exécuter
une analyse.
Le poids de ces limailles s'élevait à
0 gr. 0248 ; elles consistaient surtout en un
métal rougeâtre, en partie oxydé et associé
avec quelques poussières étrangères. L'a
nalyse qualitative et quantitative a pu être
exécutée à 0 gr. 0001 près. Elle indique du
cuivre pur, exempt d'étain et de zinc, mais
renfe rmant une trace douteuse de plomb.
Cette analyse prouve que Je sceptre de
Pepi I" était constitué par du cuivre, tel
qu'on pouvait l'extraire, à cette époque,
des mines du Sinaï, mines exploitées par
les Egyptiens de la III 8 dynastie, perdues
depuis, et reconquises par Pepi I er .
t Les indications publiées dans l'ouvrage
de Wilkinson montrent que le bronze à
base d'étain existait do bonne heure en
Egypte, sans pourtant que la date en soit
précisée. Il a dû être employé, dès qu'il a
été connu, à la fabrication des objets
usuels. Si cet alliage, plus précieux et plus
stable que le cuivre rouge, n'existe pas
dans le sceptre de Pepi I er , on est autorisé
à admettre, par une induction vraisembla
ble, que le bronze n'était pas encore en
usage & cette époque reculée. Cette opinion
concorde avec les résultats de l'analyse de
la statuette de Gondeah, et il paraît dès lors
probable que l'introduction du bronze dans
le monde ne remonterait pas au delà de
cinquante & soixante siècles. »
Cette conclusion paraît vraisemblable;
est-elle vraie? De ce que deux objets, à
peu près de la même époque, sont en cuivre
pur, il ne s'ensuit pas nécessairement que
le bronze fût inconnu à cette date. Peut-
être a-t-on eu des raisons particulières
pour les fondre en cuivre ; peut-être avaitr
on perdu les mines d'étain et de zinc, com
me on avait perdu celles da Sinaï, que Pepi
a retrouvées.
tk FOUDRE
11 ne s'agit point ici des nombreux orages
qui ont rendu si tapageur le printemps de
1889, mais de l'action do la foudre sur l'at
mosphère.
Tout le monde sait que l'étincelle élec
trique provoque des combinaisons ou des
décompositions dans les milieux gazeux
qu'elle traverse. On a cm pendant long
temps que les plantes se nourrissaient d'a
zote en s'assimilant les nitrates et les ni-
trites produits par l'effluve électrique, flot
tant dans l'air et entraînés par les pluies.
On sait aujourd'hui que les plantes fixent
l'azote libre de l'atmosphère. Mais il n'en
est pas moins intéressant de* connaître les
lois de la formation dans l'air de l'acide
nitrique sous l'influence de l'électricité ; c'est
en quelque sorte un moyen de comparer
l'intensité de3 phénomènes électriques sur
les différents points de la surface du glo
be. MM. Muntz et Mariano ont entrepis
cette étude.
L'intensité et la continuité des phéno
mènes électriques au voisinage de l'Equa
teur ont engagé ces deux savants A insti
tuer des observations suivies dans les pays
où ils se manifestent avec le plus d'éner
gie. Une station a été établie A Caracas
(Venezuela), A 10°3 de latitude nord et A 922
mètres d'altitude. Le climat de Caracas est
caractérisé par une température Variant
entre de faibles limites (moyenne §i"8), par
l'inégale répartition (l§s pluies, par la vio
lence et la fréquence des orages.
Leurs observations embrassent une pé
riode de deux années, de juillet 1883 A
juillet 1884, et de janvier A décembre 1885.
Pendant ces deux périodes, toutes les
pluies ont été recueillies et analysées soit
séparément, soit réunies en un seul échan
tillon mensuel.
La moyenne générale d'acide nitrique
trouvé a été de 2,23 milligrammes d'acide
par litre d'eau de pluie. Une fois, le 19 oc
tobre 1883, la pluie a donné la prg^ogHion
énorme de 10,25 ipi]lii§rsiwînes d'aide pi-
L 'Agence Havas nous communiqua
la dépêche suivante :
Rome, 21 juillet.
La Riforma dit que si le Pape partait,
son but serait de provoquer la guerre con
tre l'Italie afin de revenir triomphant. Il
ne semble pas facile qu'une puissance as»
sume cette mission, même si la guerre
était provoquée par d'autres motifs. Son
but n'en serait pas moins évident et la vie*
toire même serait moralement désastreuse
pour la puissance qui entamerait les hosti
lités. En outre, on pourrait craindre que la
guerre n'amenât un schisme dans le clergé
italien et parmi les catholiques, italiens qui
sépareraient la cause de la religion de celle,
de la papauté.
Pour faire justice des dires de la Ri"
forma , il suffit de citer ce qu'elle osa
publier ainsi afin d'ameuter l'opinion,
contre le Pape, qui pourtant, aux ter-»
mes de la loi des garanties, devrait
être protégé contre de pareilles excita-»
tions. En fait, cet article de la Riforma %
joint à tant d'autres du même genre,
prouve une fois de plus que cette fa-,
meuse loi des garanties, au moyen da
laquelle l'usurpateur italien a voulu,
faire accepter des puissances la viola-»
tion des droits du Pape à Rome, n'est
qu'une odieuse hypocrisie.
Quant à l'éventualité d'une guerre,
non certes provoquée par le Pape,
mais qui pourrait amener son départ,
en attendant, que, par voie de consé
quence, elle préparât la restauration
de son pouvoir temporel, il est bon da
citer ce que publiait naguères la Revue
des Deux-Mondes , assurément peu sus
pecte de tendresse pour la Papauté : '
La restauration de la royauté pontifi
cale ne peut plus être la cause, mais seule
ment la conséquence d'une guerre. Raison
ner autrement, c'est méconnaître les faits
et renverser la vérité. Aucun Etat n'entrera
en campagne pour replacer Rome sous la,
domination ecclésiastique : mais tout Etut x
engagé dam une guerre avec F Italie, sera
contraint de jouer, contre elle, la carte pori
tificale : ce sera pour lui, la carte forcée-
Catholique, protestant, schismatique, atkêe %
tout gouvernement provoqué par la péninsule
cherchera à la frapper à l'endroit vulné
rable, et cet endroit c'est Rome. M. Crispi,
reprenant un mot de Minghetti, affirmait
dernièrement que, en cas de guerre géné
rale, l'Italie aurait beaucoup A prendre,rien
A perdre. C'est 1A une contre-vérité. Pouc
l'Italie, une grande guerre serait tout bon
nement la ruine ; cela, paraît-il, ne sembla
rien à ces hommes d'Etat ; mais ce ne se
rait pas tout. La banqueroute, la misère, la
révolution peut-être ne seraient pas le seul
prix de sa défaite, elle mettrait autre chose
au jeu, sa capitale.
La Riforma et, en général, les Ita
liens engagés à la suite da M. Crispi,
dans la lutte contre la Papauté, feront
bien de méditer ces avertissements.
P' S' ~ y Agence Havas nous trans
met la dépêche que voici :
Uome, 18 juillet.
. Le Messager q énonce que, par suite da
bruit du départ du Pape, le ministère da
l 1Df .^"rieur aurait donné l'ordre A la ques
ture d'organiser un service spécial de sur
veillance autour du Vatican, afin d'êtr»
prévenu si le Pape sortait secrètement.
En outre, un détachement de soldats se
rait déjA prêt pour escorter officiellement
le Pape jusqu'à sa sortie du territoire ila*
lien.
Si Léon XIII partait, il se rendrait en
voiture probablement jusqu'A Palo, où il
pourrait prendre le train on bien s'embar*
quer A bord d'un navire.
Le Messagero donne ces nouvelles sons
toutes réserves.
Malgré les réserves du Messagero, la
seul fait qu'un journal peut, à Rome,
prêter de pareils desseins au gouver
nement, montre où en est la liberté
du Pape.
Faire espionner le Pape, sous pré
texte de mieux assurer sa liberté,
c'est complet!
rique par litre: la pluie la plus pauvre en
acide n'a donné que 0,20 milligrammes.
Dans nos climats, Boussingault a trouvé
comme moyenne, à la station de Libfrauen.
berg (Alsace) une quantité de 0,18 milli
grammes d'acide nitrique par litre, MM.
Lawes et Gilbert donnent pour Rothamsted
(Angleterre) une moyenne de 0,42 milli»
grammes. '
Ainsi, A l'Equateur, la moyenne est près
de treize fois plus élevée que celle de Bous»
siganlt et oinq fois et demie plu* forte que
celle d'Angleterre. Cette richesse on acida
nitrique tient A l'exagération des tensions
électriques et aux décharges fréquentes qui
opèrent sur leurs parcours l'oxydation d«
l'azote.
Les différences s'accentuent encore quand
oa Qompare la quantité d'acide nitriqua
amenée pendant une année à la surface du
sol.
On peut estimer à 1 mètre environ la
hauteur d'eau qui tombe annuellement A la
station de Caracas.
La quantité d'azote apportée,par hectare,
au sol de la station est, par année, de
5k.782, tandis qu'elle n'est que de 0k.330
en Alsace et de Ok. 830 en Angleterre.
A Saint-Denis de la Réunion, la quantité
d'acide nitrique par litre est de 2,67 milli
grammes, et chaque année, par hectare, da
6k.93. * s
On voit que, si les quantités d'a2ote ap
portées sous forme de nitrate à nos cul*
lures, par les eaux pluviales, sont négligea
bles sous nos climats, il n'en est pas da
même sous les tropiques, où les pluies
constituent-une véritable fumura azotée»
équivalente, pour l'azote nitrique seule
ment, à près de 50 kil. de îviirat© de souda
par hectare»
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