Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-07-18
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 juillet 1889 18 juillet 1889
Description : 1889/07/18 (Numéro 7869). 1889/07/18 (Numéro 7869).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
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PARIS • ÉTRANGE»
et dépailtemenra (union posials)
|jn an. ï ° . . 55 » 66 «
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MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C l8 , 6, place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 17 JUILLET 1889
Nous avons donc l'acte d'accusation
contra le général Boulanger et MM. le
comte Dillon et Rochefort, ainsi que
l'acte de renvoi devant la haute cour.
Ce ne sont plus des indiscrétions plus
ou moins autorisées et qu'on pouvait
toujours démentir; ce sont les docu
ments officiels. On lira ces pièces, que
nous donnons plus loin, et nous serions
fort étonnés si nos lecteurs y trouvaient
- contre le général Boulanger et ses
co-acçusés les charges écrasantes
qu'annonçaient même des journaux
qui se prétendent sérieux, comme le
Temps. C'est-misérable et même ridi
cule. Nous plaignons, non M. Quesnay
de Beaurepaire, ni M. Merlin, la beso
gne est digne d'eux, mais certains
membres de la commission des Neuf
qui nous semblaient valoir mieux que
cela.
Hier, une note de l'officieuse. Agence
Havas, reproduite aux Dernières nou
velles, nous annonçait que le colonel
Vincent avait été frappé; par le mi
nistre de la guerre de trente jours d'ar
rêts pour avoir fait à des journaux des
communications non autorisées. Cela
visait,non les indiscrétions de l'Intran
sigeant, dont le .colonel Vincent n'est
pas l'auteur, mais les renseignements
publiés ces jours derniers par l'Evéne
ment et le Figaro. On sait que dans les
explications qu'il avait données à ces
journaux, le colonel répondait aux mi
sérables calomnies au Radical , la
feuille de M. Henry Maret, que sa peur
du boulangisme entraîne à de tristes
manœuvres..
Quant aux révélations de l'Intransi
geant , elles restent à l'actif de la haute
cour et de M. de.Freycinet, car elles
n'ont été ni démenties, ni même rec
tifiées.
Ce matin le Journal officiel promul
gue la loi militaire ; le gouvernement
n'a pas perdu de temps. Il doit, en ef
fet, être fier de son triomphe.
JÉn annonçant cette promulgation,
nôuS somme3 heureux de donner la
protestation de S. Em. le cardinal Ri :
chard, archevêque de Paris. Nos lec
teurs trouveront plus loin la lettre que
réminent prélat a adressée au prési
dent de la République.
On se demandait^ sans cependant y
croire beaucoup, si l'amiral Krantz,
auquel les manœuvres de son collègue
Bouvier avaient fait manquer à la
dernière heure les crédits nécessaires
pour la défense maritime, donnerait
sa démission. Le ministre reste, car
«n fait il n'a pas échoué, et il se croit
sûr d'avoir son crédit en temps utile.
Le Sénat est définitivement saisi ^et
yptera le projet de loi dès sa rentrée.
L 'amiral Krantz y compte si bien que,
sans cependant engager aueune dé
pense, il va tout préparer pour que les
travaux puissent commencer sans re
tard, lors que le vote aura eu lieu.
Le rôle de M. Rouvier n'en est pas
moins étrange; il n'étonnera pas,
étant donné le personnage.
L'incident da la place de la Con
corde a eu des suites; M. Siadoux,
l'inspecteur divisionnaire, accusé d'a
voir trop mollement soutenu M. Clé
ment lorsque, pris d'un beau zèle,
celui-ci arrêtait M- Déroulède, a été
relevé de ses fonctions.
On avait annoncé hier l'arrestation
de M- Déroulède ; cela a été démenti.
On i'annonce de nouveau aujourd'hui;
mais M. Déroulède aurait lui-même
fait observer qu'il était couvert par
l'amnistie, qui va jusqu'au 14 juillet
inclusivement.
De tout cela, un seul fait ressort qui
et soî2 importance relative, c'est que le
gouvernement commence à être mal
servi • ses tjsrents eux-mêmes le consi-
dSt comme condamné.
On inaugure aujourd'hui le monu
ment de Coligny. Après la lettre ma
gistrale de Mgr Freppel, toute réflexion
serait inutile; il suffit de mentionner
le fait.
On s'était trop pressé d'annoncer
qu'une entente se faisait entre les
vieux-Tchèques et les jeunes-Tchè-
ques ; elle se fera peut-être, mais les
choses «ont loin d être avancées. Les
jeunes-Tchèques, dans l'enivrement
d'un triomphe inespéré, paraissent
tout disposés à en abuser, sans se
demander si la Bohême n'en sera pas
la première victime. Ils sont sur une
voie dangereuse qui, s'ils ne s'arrê
taient pas & temps, pourrait les mener
loin.
En voyant surgir si opportunément
des complications dans le sud de l'E
gypte, au moment où la France rap-
fielait à l'Angleterre qu'elle n'occupait
e pays que provisoirement, on s'est
•demandé naturellement s'il n'y avait
pas là une comédie destinée à démon
trer la nécessité d'une prolongation
de l'occupation anglaise. Les soup
çons à ce sujet persistent ; cependant
on se demande s'il n'y a pas un mou
vement sérieux des Derviches. On an
nonce âe divers côté? pvois dp
troupes ; ce serait beaucoup pour une
simple comédie.
L'acte d'accusation, signé par le
procureur général et officier de la
Légion d'honneur Quesnay de Beaure
paire, a enfin paru. On le trouvera
plus loin. Il est long. Gela ne veut
pas dire qu'il contienne grand'chose.
M. le magistrat Quesnay de Beaure
paire a évidemment, pour rédiger ee
réquisitoire, emprunté la plume- du
romancier Jules de Glouvet, auquel
l'unissent, on ne l'ignore pas, des
liens très intimes. C'est le même sang
qui coule dans leurs veines.
Avez-vous lu, par hasard, quelque
roman de cet auteur? Non. Vous avez
bien fait. Nous en avons lu deux ou
trois. Ce n'est point mal écrit; mais c'est
ennuyeux. Jules de Glouvet réussit
passablement la description et lapein
ture du petit détail. Il le sait, il le
sait trop, et il en abuse. Il donne à
de forts petits détails une importance
ridiculement exagérée. Il leur con
sacre des cinq pages, quand ils méri
teraient à peine cinq lignes.Ce défaut,
assez grave déjà, lorsqu'il s'agit d'an
roman de mœurs rustiques ou inti
mes, le devient beaucoup plus encore,
devient absolument. intolérable, lors
qu'il s'agit d'un roman politique.C'est
le cas pour le roman-réquisitoire de M.
Glouvet de Beaurepaire contre MM.
Boulanger, Dillon et Rochefort.
Jules de Glouvet, précédemment^
avait tenté une fois d'aoandonner son
genre habituel. Il avait offert au pu
blic une pièce de théâtre. La pièce
était tombée tout à plat. Au bout de
trois jours, on avait dû la retirer de
l'affiche. Nous sommes témoins, en ce
moment, d'une seconde tentative, sur
un autre terrain. Elle ne réussira pas
mieux que la première. Jules de Glou
vet n'obtiendra même pas un succès
d'estime. Oh ! non !
Ce n'est point certainement une
surprise. On s'y attendait. Tout, de
puis quelque temps, promettait que le
roman-réquisitoire serait piteux. Ces
promesses sont bien tenues. Et ceux
qui se demandaient encore si, vrai
ment, la commission des Neuf n'avait
rien trouvé de nouveau, d'ignoré,
ceux qui ne voulaient pas croire que
les trois seuls chefs d'accusation fus
sent, comme l'annonçait le Parti na
tional, 1° le départ pour Clermont
Ferrand, 2° la revue du 14 juillet 1887,
3° la Nuit historique, ceux-là, le ré
quisitoire sous les yeux, doivent enfin
se rendre. C'est bien ça 1
Oui, les Neuf et M. Quesnay de
Beaurepaire nous l'affirment, M. le
général Boulanger, servi adroitement
par ses complices MM. Dillon et Ro
chefort, avait préparé tous les inci
dents qui se produisirent, le 8 juillet
.1887, à la gare de Lyon. Il avait fo
menté l'émeute 1 II comptait se mettre
à la tête des émeutiers; il voulait
marcher avec eux sur le palais de la
présidence... La preuve (car il y a une
preuve), c'est qu'il « resta » dans la
gare! Cette immobilité, voilà, sans
aucun doute, le commencement d'exé
cution, nécessaire pour l'attentat !
Et quelques jours plus tard, le 14
juillet, à la revue, ce fut pire encore
Le Parti national nous disait hier que
MM. Boulanger, Dillon, Rochefort et
Déroulède avaient voulu enlever, à
eux quatre, M. Jules Grévy, président
de la République, et le général Ferron,
ministre de la guerre. Il y a plus, il y
a mieux î Le réquisitoire accuse for
mellement ce quatuor d'audacieux cri
minels d'avoir voulu, avec une « bande
d'hommes », enlever un régiment!
La « Nuit historique », du 1" au
2 décembre 1887, a été consacrée par
le général à deux conciliabules. Dans
le second tout au moins, tenu mysté
rieusement chez M. Laguerre, on a
comploté une émeute. La preuve (le
réquisitoire ne marche point sans
preuves), c'est que M. Déroulède,
qu'on ne poursuit pas, en arrivant, le
lendemain, à la grille du Palais-Bour
bon, se mit à crier : A bas Ferry ! Vive
Grévy! Vive Boulanger! « Aussitôt la
mags@ devint très houleuse. » Voilà
encore, pris gjjr le vif, le commence
ment d'exécution, nécessaire pour
l'attentat.
Il est positif, du reste, qu'il y eut
des troubles à Paris, dans la journée
du 2 décembre, comme il y en avait
eu la veille. Ces troubles, inspirant
£ne certaine crainte aux sénateurs et
député opportunistes, empêchèrent
l'élection de Jules Ferry. M. Gar-
not doit done à ces trpubles d'être
président de la République. Àiœe-MÎ
qu'on les rappelle? Et eaur^t-il gré
à M. Quesnay de_ Beaurepaire devoir
si longuement, si lourdement insisté
sur ce sujet?
Tels sont les trois points, sérieux,
du réquisitoire de M. le procureur gé?
néral. Avant et après, il se perd dans
mille détails et anecdotes, générale
ment d'un intérêt nul. Il nous apprend
que M. Boulanger, dès 1882, arrivant,
comme directeur de l'infanterie, au
ministère de la guerre, « manitesta »
tout de suite son «ambition excessive »
en faisant f&jre son «portrait équestre ».
D'ailleurs, il y a dans 1s dossier de la
haute cour, efc sans doute rangés pa»-
mi les plus terribles pièce?, quarante-
quatre portraits du général. Le réqui
sitoire ygut bien nous avertir aussi que
M. Dillon n'a pas toujours été comte,
— il doit y avoir un' certain nombre
de comtes gsns \§ ipôme c^ ej,
C[u'il a fait des dettes lorsqu'il était.'
jeune. M.Quesnay de Beaurepaire nous
donne encore beaucoup d'autres ren
seignements, par exemple que M. Ro
chefort est rédacteur d8 VIntransigeant,
et qu'il y écrit presque tous les jours
des articles prouvant ses relations in
times, et certainement politiques, avec
M. Boulanger.
Puis, on nous déclare que le géné
ral, lorsqu'il était au ministère de la
guerre, a dû désirer, en son cœur, la
mort de M. Grévy ( Voturn mortis /). Il
ne parait pourtant pas qu'il y ait eu
commencement d'exécution.
Puis, nous apprenons que le géné
ral, lorsqu'il commandait le treizième
corps, a dû aller voir le prince Napo
léon à Prangins. Il est vrai que ce
n'est point démontré; mais c'est tout
de même bien sûr.
Puis, on nous révèle que le général
reçoit beaucoup d'argent. Et comme
l'on ne sait pas d'où vient l'argent,,
cela prouve jusqu'à l'évidence, aux
yeux de M. Quesnay de Beaurepaire,
qu'il y a complot.
Etc..., etc..., etc...
Il y a enfin des accusations plus
graves, relatives à des tripotages d'ar
gent. Le réquisitoire, du reste, et la
commission des Neuf n'en retiennent
qu'une seule, ce qui indique suffisam
ment la valeur des autres. Les amis de
M. Boulanger disent qu'il se justifiera
très facilement et très complètement.
Gela paraît probable, en effet.
Bref, il résulte de tout ce qui a été
fait jusqu'ici en général, et, plus évi
demment encore, du réquisitoire en
particulier, que le gouvernement, la
Haute Cour, la commission des Neuf
et M. Quesnay de Beaurepaire vou
draient non seulement condamner,
mais aussi déshonorer leur ennemi,
afin de détruire sa popularité terri
fiante. Eh bien, ils le condamneront,
puisqu'ils sont les maîtres en cela
mais pour le dépopulariser (ce qui
est de beaucoup le plus important),
c'est une autre affaire, et nous ne
croyons décidément pas qu'ils y réus
sissent.
Matin n'y joignent aucun commen
taire. Voici celui du Figaro :
Li réquisitoire de M. Quesnay de Beau
repaire contre le général Boulanger est en
fin connu. On nous avait promis un effet
foudroyant; je doute qu'il se produise.
Quand on entreprend des coups désespé
rés comme le procès devant la Haute Cour,
il faut avoir cent fois raison : il faut —
surtout — pouvoir synthétiser l'accusation
dans un ou plusieurs faits décisifs, patents,
éclatants. Ce sont ces faits qui manquent.
De tout l'échafaudage de petites preuves
accumulées contre le ■ général Boulanger
ressort évidemment l'impression qu'il a dès
longtemps nourri des projets ambitieux et
compté sur la politique plus que sur son
prestige militaire pour devenir le principal
personnage de l'Etat. Cette ambition ne fit
qie grandir quand tous les journaux répu
blicains, ou presque tous, célébraient sa
gloire et chantaient ses louanges. N'oublions
jamais ce point de départ de la popularité
da général.
Aujourd'hui qu'elle s'est retournée contre
eux, au lieu de subir la loi qu'ils ont faite,
les républicains regimbent et feignent d'ou
blier que l'idole a été fabriquée par eux. De
même ils refusent d'admettre ce qui est
pourtant la vérité, à savoir que les menées
du général ont été l'exercice légitime du
droit que la démocratie donne à tout citoyen
d'aspirer aux plus hautes fonctions.
Il y a bien eu complot en réalité, mais
contre les ministères, et non contre la Ré
publique. Si c'est un crime, il a été com
mis £ien des fois par M. Clémenceau, entre
autres, qui, à ce titre et comme récidiviste
endurci, mériterait au moins la peine de
mort.
D'ailleurs, comme nous l'avons souvent
répété, on n'enlèverait pas un partisan au
général en démontrant qu'il a conspiré,
puisqu'on compte précisément sur lui pour
changer le personnel et la direction de la
République.
Aussi bien ne s'agissait-il pas de convain
cre le général, mais de le condamner. Acela
on arrivera ; il sera donc inéligible, ce qui
ne l'empêchera pas d'être élu, fût-ce à
coups de bulletins nuls.
Le procès atteindra ainsi l'un des buts
qu'on recherchait, le moins intéressant à
coup sûr ; l'autre était de dépopulariser et
de discréditer le général ; on n'y est point
arrivé. — F. M.
On lit dans la Presse :
P usrhe V euillgt.
$ 1 .
Une note officieuse fait savoir aux
journaux que, par arrêté du ministre
de l'intérieur, M. Siadoux, inspecteur
divisionnaire de la police municipale,
est relevé de ses fonctions « pour né
gligence et insuffisance dans son ser
vice ». Ces griefs visent l'attitude
qu'on impute à M. Siadoux d'avoir
observée, dimanche dernier, sur la
place de la Concorde, quand M. Clé
ment, tristement célèbre depuis l'ex
pulsion des religieux, voulut arrêter
M.. Déroulède, et n'y put parvenir,
abandonné qu'il était par ses agents
sous les ordres de M. Siadoux.
Telle est la version du ministère de
l'intérieur. Est-elle exacte ? Nous n'en
savons rien, et, pour la moralité à ti
rer de l'arrêté du jour, peu importe.
Que M. Siadoux soit ceci ou cela, qu'il
ait ou non. fait preuve de négligence
et d'insuffisance dans son service, la
gravité de la mesure qui l'atteint n'en
existe pas moins. Car elle prouve, à
n'en pas douter, que, dans le service
de la sûreté publique, les chefs com
mencent à n'être plus sûrs de leurs
agents, et même à se suspecter entre
eux,
Le cas de M. Siadoux, en effet, n'est
pas isolé. Nous ne nous permettrions
pas de dire que le ministère de l'inté
rieur n'est plus sûr des forces de po
lice dont il dispose, mais ce sont les
journaux républicains eux-mêmes
dont la fureur maladroite accuse cet
état de choses. Plus qu'aucun autre la
République française fait entendre à
cet égard des plaintes singulièrement
vives. Elle réclame une enquête et,
s'il est nécessaire, d'autres exemples,
dût-on, selon ce que réclament plu
sieurs des feuilles républicaines, aller
jusqu'à la révocation du préfet de
police, M. Lozé.
Enfin, l'attentat arrive... et c'est tout
simplement devinez quoi : la manifesta
tion de la gare de Lyon et l'affaire de la
démission de M. Grévy!
Tous le monde connaît ces faits, le mau
vais style de M. de Beaurepaire n'y ajoute
rien; aucune révélation nouvelle n'est ap
portée. C'est un résumé des articles de
journaux hostiles au Général, sur des faits
désormais historiques et que la volonté de
la haute cour ne changera pas. Les acteurs
des deux manifestations jugeront par eux-
mêmes de l'exactitude des déductions de
M. de Beaurepaire.
Enfin, le coup de massue de la fin, c'est
l'embauchage des fonctionnaires.
Le Parti national va trembler sur sa
base à la lecture de ces horribles détails,
ignorés de tous jusqu'à ce jour, et sur les
quels l'opinion publique n'avait jamais pu
discuter, paraît-il.
A part deux ou trois ordures dont notre
chef se lavera aisément d'un mot, le réqui
sitoire de la haute cour ne contient rien,
rien.
Comme celui de l'affaire de la Ligue
des patriotes, on peut dire qu'il constitue
pour le pays la plus complète des mystifi
cations.
Voici la conclusion de l'article de
Rochefort dans l'Intransigeant :
C'est donc la faute de Boulanger si la
population l'a suivi jusque sur la locomo
tive où il a été obligé de se réfugier pour
éviter qu'on empêchât son départ. Mais où
l'attentat parait en pleine lumière — en
pleine lumière du gaz — c'est dans cette
nuit que le prétentieux imbécile nommé
Reinach a qualifiée d'historique. Tout en
causant, on a mis sur le tapis la candida
ture de M. Carnot, estimant que celles de
MM. de Freycinel et Fioquet n'avaient au
cune chance d'aboutir. C'est ce fait qui
constitue la charge la plus accablante con
tre nous. Quesnay affirme qu'avoir songé à
faire élire par le congrès de Versailles
l'homme dont il recevait hier la croix d'of
ficier de la Légion d'honneur, est un atten
tat tellement impardonnable qu'on a dû,
pour le juger, réunir tout un Sénat en
haute cour de justice.
Ges conclusions sont extrêmement flat-
Car le préfet de polie© non plus n'est
pas à l'abri des soupçons. Qu'a-t-il fait I teuses pour l'amour-propre de M. Carnot,
pour cela? Nous l'ignorons aussi bien [ r. 0 . 11 ' 1 1 élection est dénoncée par le réquisi-
pour lui que pour le subalterne Sia
doux. Quoi qu'il en soit — et c'est là
le symptôme grave — le gouverne
ment ne tient plus en main sa police.
A la veille des élections, il est superflu
d'insister sur l'importance de cette
constatation. Elle relègue, en tout état
de cause, dans le domaine des rêves, l'é
ventualité dont parlait l'autre jour le „ . - . •
vieux et pétulant président du Sénat, /ï ul au.?si aud*
quand il proposait de résister par ' la f err v TÏe SK'L vT • dô
force, au cas où la majorité 4es votes traîné dans 1? boue par Quesnay, ntïen
prochains serait défavorable au mini3- écrie pas moiijs : •
isr& actuel. Nous n'imaginons pas « Qu'on ie décore ! »
sérieusement ï/f. Lp Royer, assujettis- Il est impossible de pousser plus loin
ggnt ses bésicles pour'prendre le cpm-: 1,( ? n P ds ? injures. 4. moins qu'il n'ait
—"ndejafîit des troupes "destinées & déshQnof-er la croix de la Légion
rmer l'accès uU pouvoir aux chefs ^ honneur, en l'attachant sur la poitrine de
t . réquisi
toire comme un malheur pubiie. Une chose
nous étonne : c'est que la président de la
République ne soit pas compris en même
temps que nous dans les poursuites. Puis
que c'est un crime d'être élu député par
deux cent quarante-cinq mille Parisiens,
c'en doit être un également d'être élu chef
de l'Etat par six cents parlementaires.
A notre avis, si un attentat a été com
mis, c'est non par nous, mais par la haute
Cette lettre n'était pas d'abord, dans
la pensée du cardinal, destinée à la
publicité. Mais aujourd'hui, après la
promulgation de la _ loi, Son Emi-
nence croit devoir faire connaître les
observations qu'elle avait considéré
comme un devoir de présenter au chef
du gouvernement. _
Voici la reproduction de cette lettre,
adressée le 26 juin au président de la
République :
Paris, le 26 juin 1889.
A M. le président de la Rêpubliquè
Monsieur le président, ..■■■■■
Au moment où les feuilles .publiques an
noncent que le gouvernement semble dis
posé à porter de nouveau devant la Cham
bre des députés le projet de loi militaire,
je me fais un devoir de conscience d'appe
ler votre attention sur les graves motifs qui
devraient faire ajourner la discussion de
ce projet.
En présence de la divergence persistante
qui s'est produite entre la Chambre et le
Sénat sur la question de la dispense accor
dée à certaines catégories de jeunes gens,
et en particulier aux séminaristes, l'opinion
publique ne sera pas surprise que le gou
vernement n'usa pas de sa prérogative
pour soumettre la loi à une nouvelle dis
cussion. Les déclarations récemment faites
par les membres de la commission mili
taire donneront aux yeux de tous à la nou
velle loi, si elle est votée, le caractère d'une
mesure législative prise, directement contre
les élèves des séminaires.
Or, il est très fâcheux, au moment où la
France a besoin plus que jamais de la pa
cification des esprits, de faire naître une
nouvelle cause de trouble dans la popula
tion, surtout au point de vue religieux.
Le parti hostile à la religion chrétienne
qui existe en France, et dont on ne doit ni
se dissimuler ni nier l'existence, triom
phera peut-être bruyamment. Les hommes
sensés et religieux s'affligeront profondé
ment, et on aura préparé une lutte mal
heureuse au moment où vont s'ouvrir les
élections.
Nous ne voulons pas consentir à identi
fier le gouvernement de la France avec le
parti hostile à la religion. Je l'ai dit dans
une Lettre pastorale récente dont vous avez
bien voulu, monsieur le président, appré
cier la modération. Mais c'est le parti hos
tile à la religion qui veut identifier avec lui
le gouvernement,et il le voudra plus encore
après le vote de la loi militaire, s'il a lieu.
L'opinion publique sera entraînée dans cê
sens, et, au lieu de faire l'union des esprits
sur le terrain de la liberté et de la foi chré
tiennes, on aura créé la discussion et la
souffrance, qui naissent pour le pays tontes
les fois que l'on entre dans la voie de la
persécution religieuse.
Je ne veux pas recommencer ici l'exposé
des raisons si graves que mes vénérables
collègues ont fait valoir pour démontrer la
nécessité de la dispense du service mili
taire pour le clergé, et tout récemment
encore, l'éminent cardinal Lavigerie, au
point de vue de notre influence nationale
dans les pays de mission. Mais je ne puis
douter que la suppression de cette dispense
ne soit un pas fait, peut-être à l'insu d'un
grand nombre, dans la voie de la sépara
tion de l'Eglise et de l'Etat.
L'histoire de ce siècle prouve que le Con
cordat a rétabli la paix religieuse en
France, et tout ce qui tend à le détruire
nous ramène plus ou moins directement à
la guerre religieuse. Je ne crains pas ,d'af«
firmer que, sauf les hommes ennemis par
principe et parti pris du christianisme, 1%
France veut rester chrétienne !
Je l'ai dit aussi dans la Lettre pastorale à
laquelle je faisais tout à l'heure allusion,
et chaque jour depuis vingt ans me confir
me dans cette conviction.
J'ose donc vous demander instamment,
monsieur le président, de ne pas faire un
acte dont les conséquences seront, selon
moi, plus funestes peut-être encore au
point de vue social qu'au point de vue reli
gieux. 1
Je crois que vous me connaissez assez
pour savoir que je suis au-dessus et en
dehors de toutes les considérations d'ordre
politique ; je ne veux que le bien de notre
nation, et je suis de plus en plus persuadé
que les vrais intérêts de la France et do
l'Eglise ne sauraient être séparés,
D'ailleurs, da&s ma pensée, cette lettre
n'est pas destinée à la publicité; mais j'ai
tenu à dégager ma responsabilité comme
évêque envers mon pays, es communi
quant mes inquiétudes et mes craintes au
chef du gouvernement.
Je suis, avec le plus profond respect,
monsieur le président, votre très humble et
obéissant serviteur,
faut la sauver, et j'estime que la monar
chie est seule capable d'opérer ce miracle.
Donc, ni transaction avec les modérés du
centre de la gauche, qui voudraient faire;
revivre une république conservatrice en
s'appuyant sur quelques-uns de nos princi
pes, ni transition sous la forme d'une répu*
blique boulangiste.
Le comte de Paris a ensuite indiqué-la
rôle que la Chambre serait appelée à jouer
dans le cas où sa composition favoriserait
ses projets. . . ■
— Après la nomination, a-t-il ajouté,
d'une Chambre révisionniste, on fera quel
ques lois urgentes et l'on votera des lois da
réparation, puis l'on renverra la solution,
du problème constitutionnel à une Consti
tuante qui devra être élue sans délai.
A ce moment-là, nous marcherons au
combat enseignes déployées, tambours
battants. Dieu nous fera sans doute la grâce
d'éclairer la France sur ses véritables amis.
Son interlocuteur ayant parlé des inci
dents qui pourraient se produire, le comta
de Paris ajouta :
— Que voulez-vous? Je ne puis pas pré
voir les incidents dont vous, me parlez. J'é-»
tablis un plan dé conduite d'après l'en-*
semble des circonstances que je connais,
sans chercher à prévoir les événements in
connus.
Il en sera ce que Dieu voudra; mais ja
promets à mes amis de ne prendre jamais
de conseil que de la loi du devoir, ce qui
est l'essence même de la loi divine. ■
La revision constitutionnelle votée, les
élections .pour une Constituante imposeront
aux monarchistes des devoirs étroits, ils
devront démontrer que le général Boulan
ger n'est pas une solution.
En terminant, le comte de Paris a dit
qu'il estimait que la vraie solution s'impo».
serait, vers le mois de février, h l'im
prévu.
Les prochaines élections ne donneront,
donc, d'après lui, que des résultats provi-
soires.
Accusé faussement par le Clairon
d'être boulangiste, le Monde donne
des explications qu'il nous paraît inté
ressant de reproduire, en ce qu'elles
se rapportent à une situation déjà si-,
gnalée par l'Univers comme devant,
par suite de l'absence d'un parti catho
lique fortement organisé, se présen
ter forcément aux prochaines élec^
tions.
Le Clairon avait dit : : ■■■■•'
Le Monde , « consentant à faire abstrac*
tion dans la mesure du nécessaire de ses
préférences politiques, s'éclairera, à travers
les ombres électorales, de la lumière de ses:
croyances religieuses ». Si nous compre
nons bien cette phrase, elle signifie que la
Monde votera et fera voter pour les candi
dats du général, transformés du coup en
candidats des curés.
Le Monde répond :
Nous ne sommes pas du tout sûr que la
Clairon ait bien compris et, par précaution,
nous allons lui dire comment il fallait com
prendre.
Notre phrase signifie que, dans les cir
conscriptions où le candidat boulangiste.
serait celui qui promettrait le mieux da
garantir la liberté de l'Eglise et la liberté da
l'enseignement, le Monde voterait et ferait
voter pour ce candidat, quoique boulan
giste, comme ailleurs, la même condition
existant, il voterait et ferait -voter pour tel
candidat, quoique bonapartiste, ou tel au
tre, quoique républicain.
Quant aux candidats partisans des loîâ
d'oppression contre l'Eglise et du régima
qui fait de l'école un atelier d'irréligion^
quelle que soit leur opinion politique,
le Monde les combattra de toutes ses for
ces.
Ainsi faisant, nous subissons les nécega
sités d'une situation que nous n'avons point
faite, et qui serait différente si elle avait
dépendu de nous, et nous croyons travail
ler au bien de la France de la meilleure
façon qui reste possible, cette situation étant
donnée. , ' '
C'est exactement conforme au pro
gramme constamment soutenu paç
l'Univers.
Nous recevons communication da
la lettre suivante, adressée à Madama
la comtesse de Paris par un groupe da
dames bretonnes :
•J- F bançois , cardinal R ichard,
archevêque de Paris.
luu.
fermer l'accès uU pouvoir
de la majorité qu'on redoute. M. Clé
ment, cert.es, n'a guère de prestige.
Mais M. Le Royer bomme I3 *wir4sh;e
de l'intérieur s'abandonnent à l'illu
sion si, s'avisant de tenter une cam
pagne de ce genre, ils se flattaient de
ne rencontrer dans la garde du Sénat
ou du ministère pas un* seul Siadoux.
A uguste roussi.
Avec l 'Intransigeant et la Press?, or
ganes boulangistes, le Figaro , le Matin
et le Gaulois sont les seuls journaux
du matin qui aient reproduit les actes
du procès de la Haute Cour que nous
4qï||19I|9 ^îus loin ke Qauhis et le
—^ puuium uo
Lucie Iîerpin, comme, en 1815, les anciens
émigrés l'attachaient à la queue de leurs
chevaux,
L'article est intitulé
Carnot. »
■ : —«—
Ferry contre
La nouvelle loi militaire
S. Em. le cardinal Richard, arche
vêque de Paris, avait écrit, le 26 juin,
au président de la République une let
tre appelant son attention sur les gra
ves inconvénients que devaient entraî
ner la discussion et le vote de la loi
militaire si le gouvernement se déci
dait à la porter de nouveau devant la
Ghacaî?rç.
Le XIX" Siècle publie et nous repro
duisons sous toutes réserves l'infor
mation suivante :
Vevey, 16 juillet.
Pendant son séjour à Vevey, et dans
une audience accordée à une personne
venue de Paris, le comte de Paris a fait
les importantes déclarations suivantes, dont
l'authénticité ne peut pas être contestée :
— Faisons nommer, a dit le prétendant,
partout où nous pourrons, des monarchis
tes, — hommes respectés et dominant leurs
concurrents par les services rendus ; puis,
si le boulangisme triomphe du radicalisme
dans les circonscriptions où nous sommes
impuissants, il nous fournira des recrues
révisionnistes qui aideront à renverser le
régime sous lequel sombre le vieiîsj renom
de la France,
Sop interlqcuteur ayant exprimé le désir
de savoir si le mot suivant : « Ni transac
tion ni transition », qu'on lui avait prêté,
était exact, le comte de Paris répondît ; -
— Mais, sans doute: je l'çi dit au général
Gharette, et voici ma pensée tout entière:
ga Çraoce se in.etjrt dg rçs] régupç&in ; il.
Madame,
Votre appel aux femmes'de France a
trouvé -an écho dans notre fidèle et' pieuse
Bretagne. En pouvait-il être autrement?
Les arrière-petites-filles des Bretonnes qui
filèrent leur quenouille pour la rançon da
Duguesolin, prisonnier des, Anglais, pour
raient-elles se refuser à contribuer, dans la
mesure de leur influence sociale, à. la libé
ration de la France prisonnière de la Révo
lution, à son relèvement par le maintien
intégral de la foi catholique et par le re-,
tour à la royauté, deux choses qu'elles na
sauraient séparer dans leurs patriotiques
préoccupations?
Votre Majesté'peut donc compteri sur
notre entier et dévoué concours à Pœuvre
si belle qu'elle a entreprise,et pour laquelle
nous venons lui offrir notre adhésion, non
seulement de cœur, mais effective.
Afin de sceller mieux encore l'engage
ment que nous en prenons, en notradouble
qualité de catholiques et de Bretonnes,
nous avons eu la pensée, que voudra bien,
nous l'espérons, agréer Votre Ma,|osté,d'a
jouter au gracieux emblème qu'ailé a choisi
comme signe de ralliement de sa pacifique
croisade, la Croix fleurdelisée et l'Hermine
de Bretagne.
Ainsi complété, l'insigne de la Rose de«
vient le visible témoignage de notre filial
amour pour notre mère la sainte Eglise ro
maine, ses institutions, et de notre inalté
rable fidélité à la monarchie française.
Daigne?, Madame, agréer rhomp;.aga du
respectueux attachement de
Vos très humbles îst dévouées
servantes^ ^
(Suivent uv, millier de signatures.)
PARIS • ÉTRANGE»
et dépailtemenra (union posials)
|jn an. ï ° . . 55 » 66 «
Six mois. ... 23 50 34 »
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
annonces
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C l8 , 6, place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 17 JUILLET 1889
Nous avons donc l'acte d'accusation
contra le général Boulanger et MM. le
comte Dillon et Rochefort, ainsi que
l'acte de renvoi devant la haute cour.
Ce ne sont plus des indiscrétions plus
ou moins autorisées et qu'on pouvait
toujours démentir; ce sont les docu
ments officiels. On lira ces pièces, que
nous donnons plus loin, et nous serions
fort étonnés si nos lecteurs y trouvaient
- contre le général Boulanger et ses
co-acçusés les charges écrasantes
qu'annonçaient même des journaux
qui se prétendent sérieux, comme le
Temps. C'est-misérable et même ridi
cule. Nous plaignons, non M. Quesnay
de Beaurepaire, ni M. Merlin, la beso
gne est digne d'eux, mais certains
membres de la commission des Neuf
qui nous semblaient valoir mieux que
cela.
Hier, une note de l'officieuse. Agence
Havas, reproduite aux Dernières nou
velles, nous annonçait que le colonel
Vincent avait été frappé; par le mi
nistre de la guerre de trente jours d'ar
rêts pour avoir fait à des journaux des
communications non autorisées. Cela
visait,non les indiscrétions de l'Intran
sigeant, dont le .colonel Vincent n'est
pas l'auteur, mais les renseignements
publiés ces jours derniers par l'Evéne
ment et le Figaro. On sait que dans les
explications qu'il avait données à ces
journaux, le colonel répondait aux mi
sérables calomnies au Radical , la
feuille de M. Henry Maret, que sa peur
du boulangisme entraîne à de tristes
manœuvres..
Quant aux révélations de l'Intransi
geant , elles restent à l'actif de la haute
cour et de M. de.Freycinet, car elles
n'ont été ni démenties, ni même rec
tifiées.
Ce matin le Journal officiel promul
gue la loi militaire ; le gouvernement
n'a pas perdu de temps. Il doit, en ef
fet, être fier de son triomphe.
JÉn annonçant cette promulgation,
nôuS somme3 heureux de donner la
protestation de S. Em. le cardinal Ri :
chard, archevêque de Paris. Nos lec
teurs trouveront plus loin la lettre que
réminent prélat a adressée au prési
dent de la République.
On se demandait^ sans cependant y
croire beaucoup, si l'amiral Krantz,
auquel les manœuvres de son collègue
Bouvier avaient fait manquer à la
dernière heure les crédits nécessaires
pour la défense maritime, donnerait
sa démission. Le ministre reste, car
«n fait il n'a pas échoué, et il se croit
sûr d'avoir son crédit en temps utile.
Le Sénat est définitivement saisi ^et
yptera le projet de loi dès sa rentrée.
L 'amiral Krantz y compte si bien que,
sans cependant engager aueune dé
pense, il va tout préparer pour que les
travaux puissent commencer sans re
tard, lors que le vote aura eu lieu.
Le rôle de M. Rouvier n'en est pas
moins étrange; il n'étonnera pas,
étant donné le personnage.
L'incident da la place de la Con
corde a eu des suites; M. Siadoux,
l'inspecteur divisionnaire, accusé d'a
voir trop mollement soutenu M. Clé
ment lorsque, pris d'un beau zèle,
celui-ci arrêtait M- Déroulède, a été
relevé de ses fonctions.
On avait annoncé hier l'arrestation
de M- Déroulède ; cela a été démenti.
On i'annonce de nouveau aujourd'hui;
mais M. Déroulède aurait lui-même
fait observer qu'il était couvert par
l'amnistie, qui va jusqu'au 14 juillet
inclusivement.
De tout cela, un seul fait ressort qui
et soî2 importance relative, c'est que le
gouvernement commence à être mal
servi • ses tjsrents eux-mêmes le consi-
dSt comme condamné.
On inaugure aujourd'hui le monu
ment de Coligny. Après la lettre ma
gistrale de Mgr Freppel, toute réflexion
serait inutile; il suffit de mentionner
le fait.
On s'était trop pressé d'annoncer
qu'une entente se faisait entre les
vieux-Tchèques et les jeunes-Tchè-
ques ; elle se fera peut-être, mais les
choses «ont loin d être avancées. Les
jeunes-Tchèques, dans l'enivrement
d'un triomphe inespéré, paraissent
tout disposés à en abuser, sans se
demander si la Bohême n'en sera pas
la première victime. Ils sont sur une
voie dangereuse qui, s'ils ne s'arrê
taient pas & temps, pourrait les mener
loin.
En voyant surgir si opportunément
des complications dans le sud de l'E
gypte, au moment où la France rap-
fielait à l'Angleterre qu'elle n'occupait
e pays que provisoirement, on s'est
•demandé naturellement s'il n'y avait
pas là une comédie destinée à démon
trer la nécessité d'une prolongation
de l'occupation anglaise. Les soup
çons à ce sujet persistent ; cependant
on se demande s'il n'y a pas un mou
vement sérieux des Derviches. On an
nonce âe divers côté? pvois dp
troupes ; ce serait beaucoup pour une
simple comédie.
L'acte d'accusation, signé par le
procureur général et officier de la
Légion d'honneur Quesnay de Beaure
paire, a enfin paru. On le trouvera
plus loin. Il est long. Gela ne veut
pas dire qu'il contienne grand'chose.
M. le magistrat Quesnay de Beaure
paire a évidemment, pour rédiger ee
réquisitoire, emprunté la plume- du
romancier Jules de Glouvet, auquel
l'unissent, on ne l'ignore pas, des
liens très intimes. C'est le même sang
qui coule dans leurs veines.
Avez-vous lu, par hasard, quelque
roman de cet auteur? Non. Vous avez
bien fait. Nous en avons lu deux ou
trois. Ce n'est point mal écrit; mais c'est
ennuyeux. Jules de Glouvet réussit
passablement la description et lapein
ture du petit détail. Il le sait, il le
sait trop, et il en abuse. Il donne à
de forts petits détails une importance
ridiculement exagérée. Il leur con
sacre des cinq pages, quand ils méri
teraient à peine cinq lignes.Ce défaut,
assez grave déjà, lorsqu'il s'agit d'an
roman de mœurs rustiques ou inti
mes, le devient beaucoup plus encore,
devient absolument. intolérable, lors
qu'il s'agit d'un roman politique.C'est
le cas pour le roman-réquisitoire de M.
Glouvet de Beaurepaire contre MM.
Boulanger, Dillon et Rochefort.
Jules de Glouvet, précédemment^
avait tenté une fois d'aoandonner son
genre habituel. Il avait offert au pu
blic une pièce de théâtre. La pièce
était tombée tout à plat. Au bout de
trois jours, on avait dû la retirer de
l'affiche. Nous sommes témoins, en ce
moment, d'une seconde tentative, sur
un autre terrain. Elle ne réussira pas
mieux que la première. Jules de Glou
vet n'obtiendra même pas un succès
d'estime. Oh ! non !
Ce n'est point certainement une
surprise. On s'y attendait. Tout, de
puis quelque temps, promettait que le
roman-réquisitoire serait piteux. Ces
promesses sont bien tenues. Et ceux
qui se demandaient encore si, vrai
ment, la commission des Neuf n'avait
rien trouvé de nouveau, d'ignoré,
ceux qui ne voulaient pas croire que
les trois seuls chefs d'accusation fus
sent, comme l'annonçait le Parti na
tional, 1° le départ pour Clermont
Ferrand, 2° la revue du 14 juillet 1887,
3° la Nuit historique, ceux-là, le ré
quisitoire sous les yeux, doivent enfin
se rendre. C'est bien ça 1
Oui, les Neuf et M. Quesnay de
Beaurepaire nous l'affirment, M. le
général Boulanger, servi adroitement
par ses complices MM. Dillon et Ro
chefort, avait préparé tous les inci
dents qui se produisirent, le 8 juillet
.1887, à la gare de Lyon. Il avait fo
menté l'émeute 1 II comptait se mettre
à la tête des émeutiers; il voulait
marcher avec eux sur le palais de la
présidence... La preuve (car il y a une
preuve), c'est qu'il « resta » dans la
gare! Cette immobilité, voilà, sans
aucun doute, le commencement d'exé
cution, nécessaire pour l'attentat !
Et quelques jours plus tard, le 14
juillet, à la revue, ce fut pire encore
Le Parti national nous disait hier que
MM. Boulanger, Dillon, Rochefort et
Déroulède avaient voulu enlever, à
eux quatre, M. Jules Grévy, président
de la République, et le général Ferron,
ministre de la guerre. Il y a plus, il y
a mieux î Le réquisitoire accuse for
mellement ce quatuor d'audacieux cri
minels d'avoir voulu, avec une « bande
d'hommes », enlever un régiment!
La « Nuit historique », du 1" au
2 décembre 1887, a été consacrée par
le général à deux conciliabules. Dans
le second tout au moins, tenu mysté
rieusement chez M. Laguerre, on a
comploté une émeute. La preuve (le
réquisitoire ne marche point sans
preuves), c'est que M. Déroulède,
qu'on ne poursuit pas, en arrivant, le
lendemain, à la grille du Palais-Bour
bon, se mit à crier : A bas Ferry ! Vive
Grévy! Vive Boulanger! « Aussitôt la
mags@ devint très houleuse. » Voilà
encore, pris gjjr le vif, le commence
ment d'exécution, nécessaire pour
l'attentat.
Il est positif, du reste, qu'il y eut
des troubles à Paris, dans la journée
du 2 décembre, comme il y en avait
eu la veille. Ces troubles, inspirant
£ne certaine crainte aux sénateurs et
député opportunistes, empêchèrent
l'élection de Jules Ferry. M. Gar-
not doit done à ces trpubles d'être
président de la République. Àiœe-MÎ
qu'on les rappelle? Et eaur^t-il gré
à M. Quesnay de_ Beaurepaire devoir
si longuement, si lourdement insisté
sur ce sujet?
Tels sont les trois points, sérieux,
du réquisitoire de M. le procureur gé?
néral. Avant et après, il se perd dans
mille détails et anecdotes, générale
ment d'un intérêt nul. Il nous apprend
que M. Boulanger, dès 1882, arrivant,
comme directeur de l'infanterie, au
ministère de la guerre, « manitesta »
tout de suite son «ambition excessive »
en faisant f&jre son «portrait équestre ».
D'ailleurs, il y a dans 1s dossier de la
haute cour, efc sans doute rangés pa»-
mi les plus terribles pièce?, quarante-
quatre portraits du général. Le réqui
sitoire ygut bien nous avertir aussi que
M. Dillon n'a pas toujours été comte,
— il doit y avoir un' certain nombre
de comtes gsns \§ ipôme c^ ej,
C[u'il a fait des dettes lorsqu'il était.'
jeune. M.Quesnay de Beaurepaire nous
donne encore beaucoup d'autres ren
seignements, par exemple que M. Ro
chefort est rédacteur d8 VIntransigeant,
et qu'il y écrit presque tous les jours
des articles prouvant ses relations in
times, et certainement politiques, avec
M. Boulanger.
Puis, on nous déclare que le géné
ral, lorsqu'il était au ministère de la
guerre, a dû désirer, en son cœur, la
mort de M. Grévy ( Voturn mortis /). Il
ne parait pourtant pas qu'il y ait eu
commencement d'exécution.
Puis, nous apprenons que le géné
ral, lorsqu'il commandait le treizième
corps, a dû aller voir le prince Napo
léon à Prangins. Il est vrai que ce
n'est point démontré; mais c'est tout
de même bien sûr.
Puis, on nous révèle que le général
reçoit beaucoup d'argent. Et comme
l'on ne sait pas d'où vient l'argent,,
cela prouve jusqu'à l'évidence, aux
yeux de M. Quesnay de Beaurepaire,
qu'il y a complot.
Etc..., etc..., etc...
Il y a enfin des accusations plus
graves, relatives à des tripotages d'ar
gent. Le réquisitoire, du reste, et la
commission des Neuf n'en retiennent
qu'une seule, ce qui indique suffisam
ment la valeur des autres. Les amis de
M. Boulanger disent qu'il se justifiera
très facilement et très complètement.
Gela paraît probable, en effet.
Bref, il résulte de tout ce qui a été
fait jusqu'ici en général, et, plus évi
demment encore, du réquisitoire en
particulier, que le gouvernement, la
Haute Cour, la commission des Neuf
et M. Quesnay de Beaurepaire vou
draient non seulement condamner,
mais aussi déshonorer leur ennemi,
afin de détruire sa popularité terri
fiante. Eh bien, ils le condamneront,
puisqu'ils sont les maîtres en cela
mais pour le dépopulariser (ce qui
est de beaucoup le plus important),
c'est une autre affaire, et nous ne
croyons décidément pas qu'ils y réus
sissent.
Matin n'y joignent aucun commen
taire. Voici celui du Figaro :
Li réquisitoire de M. Quesnay de Beau
repaire contre le général Boulanger est en
fin connu. On nous avait promis un effet
foudroyant; je doute qu'il se produise.
Quand on entreprend des coups désespé
rés comme le procès devant la Haute Cour,
il faut avoir cent fois raison : il faut —
surtout — pouvoir synthétiser l'accusation
dans un ou plusieurs faits décisifs, patents,
éclatants. Ce sont ces faits qui manquent.
De tout l'échafaudage de petites preuves
accumulées contre le ■ général Boulanger
ressort évidemment l'impression qu'il a dès
longtemps nourri des projets ambitieux et
compté sur la politique plus que sur son
prestige militaire pour devenir le principal
personnage de l'Etat. Cette ambition ne fit
qie grandir quand tous les journaux répu
blicains, ou presque tous, célébraient sa
gloire et chantaient ses louanges. N'oublions
jamais ce point de départ de la popularité
da général.
Aujourd'hui qu'elle s'est retournée contre
eux, au lieu de subir la loi qu'ils ont faite,
les républicains regimbent et feignent d'ou
blier que l'idole a été fabriquée par eux. De
même ils refusent d'admettre ce qui est
pourtant la vérité, à savoir que les menées
du général ont été l'exercice légitime du
droit que la démocratie donne à tout citoyen
d'aspirer aux plus hautes fonctions.
Il y a bien eu complot en réalité, mais
contre les ministères, et non contre la Ré
publique. Si c'est un crime, il a été com
mis £ien des fois par M. Clémenceau, entre
autres, qui, à ce titre et comme récidiviste
endurci, mériterait au moins la peine de
mort.
D'ailleurs, comme nous l'avons souvent
répété, on n'enlèverait pas un partisan au
général en démontrant qu'il a conspiré,
puisqu'on compte précisément sur lui pour
changer le personnel et la direction de la
République.
Aussi bien ne s'agissait-il pas de convain
cre le général, mais de le condamner. Acela
on arrivera ; il sera donc inéligible, ce qui
ne l'empêchera pas d'être élu, fût-ce à
coups de bulletins nuls.
Le procès atteindra ainsi l'un des buts
qu'on recherchait, le moins intéressant à
coup sûr ; l'autre était de dépopulariser et
de discréditer le général ; on n'y est point
arrivé. — F. M.
On lit dans la Presse :
P usrhe V euillgt.
$ 1 .
Une note officieuse fait savoir aux
journaux que, par arrêté du ministre
de l'intérieur, M. Siadoux, inspecteur
divisionnaire de la police municipale,
est relevé de ses fonctions « pour né
gligence et insuffisance dans son ser
vice ». Ces griefs visent l'attitude
qu'on impute à M. Siadoux d'avoir
observée, dimanche dernier, sur la
place de la Concorde, quand M. Clé
ment, tristement célèbre depuis l'ex
pulsion des religieux, voulut arrêter
M.. Déroulède, et n'y put parvenir,
abandonné qu'il était par ses agents
sous les ordres de M. Siadoux.
Telle est la version du ministère de
l'intérieur. Est-elle exacte ? Nous n'en
savons rien, et, pour la moralité à ti
rer de l'arrêté du jour, peu importe.
Que M. Siadoux soit ceci ou cela, qu'il
ait ou non. fait preuve de négligence
et d'insuffisance dans son service, la
gravité de la mesure qui l'atteint n'en
existe pas moins. Car elle prouve, à
n'en pas douter, que, dans le service
de la sûreté publique, les chefs com
mencent à n'être plus sûrs de leurs
agents, et même à se suspecter entre
eux,
Le cas de M. Siadoux, en effet, n'est
pas isolé. Nous ne nous permettrions
pas de dire que le ministère de l'inté
rieur n'est plus sûr des forces de po
lice dont il dispose, mais ce sont les
journaux républicains eux-mêmes
dont la fureur maladroite accuse cet
état de choses. Plus qu'aucun autre la
République française fait entendre à
cet égard des plaintes singulièrement
vives. Elle réclame une enquête et,
s'il est nécessaire, d'autres exemples,
dût-on, selon ce que réclament plu
sieurs des feuilles républicaines, aller
jusqu'à la révocation du préfet de
police, M. Lozé.
Enfin, l'attentat arrive... et c'est tout
simplement devinez quoi : la manifesta
tion de la gare de Lyon et l'affaire de la
démission de M. Grévy!
Tous le monde connaît ces faits, le mau
vais style de M. de Beaurepaire n'y ajoute
rien; aucune révélation nouvelle n'est ap
portée. C'est un résumé des articles de
journaux hostiles au Général, sur des faits
désormais historiques et que la volonté de
la haute cour ne changera pas. Les acteurs
des deux manifestations jugeront par eux-
mêmes de l'exactitude des déductions de
M. de Beaurepaire.
Enfin, le coup de massue de la fin, c'est
l'embauchage des fonctionnaires.
Le Parti national va trembler sur sa
base à la lecture de ces horribles détails,
ignorés de tous jusqu'à ce jour, et sur les
quels l'opinion publique n'avait jamais pu
discuter, paraît-il.
A part deux ou trois ordures dont notre
chef se lavera aisément d'un mot, le réqui
sitoire de la haute cour ne contient rien,
rien.
Comme celui de l'affaire de la Ligue
des patriotes, on peut dire qu'il constitue
pour le pays la plus complète des mystifi
cations.
Voici la conclusion de l'article de
Rochefort dans l'Intransigeant :
C'est donc la faute de Boulanger si la
population l'a suivi jusque sur la locomo
tive où il a été obligé de se réfugier pour
éviter qu'on empêchât son départ. Mais où
l'attentat parait en pleine lumière — en
pleine lumière du gaz — c'est dans cette
nuit que le prétentieux imbécile nommé
Reinach a qualifiée d'historique. Tout en
causant, on a mis sur le tapis la candida
ture de M. Carnot, estimant que celles de
MM. de Freycinel et Fioquet n'avaient au
cune chance d'aboutir. C'est ce fait qui
constitue la charge la plus accablante con
tre nous. Quesnay affirme qu'avoir songé à
faire élire par le congrès de Versailles
l'homme dont il recevait hier la croix d'of
ficier de la Légion d'honneur, est un atten
tat tellement impardonnable qu'on a dû,
pour le juger, réunir tout un Sénat en
haute cour de justice.
Ges conclusions sont extrêmement flat-
Car le préfet de polie© non plus n'est
pas à l'abri des soupçons. Qu'a-t-il fait I teuses pour l'amour-propre de M. Carnot,
pour cela? Nous l'ignorons aussi bien [ r. 0 . 11 ' 1 1 élection est dénoncée par le réquisi-
pour lui que pour le subalterne Sia
doux. Quoi qu'il en soit — et c'est là
le symptôme grave — le gouverne
ment ne tient plus en main sa police.
A la veille des élections, il est superflu
d'insister sur l'importance de cette
constatation. Elle relègue, en tout état
de cause, dans le domaine des rêves, l'é
ventualité dont parlait l'autre jour le „ . - . •
vieux et pétulant président du Sénat, /ï ul au.?si aud*
quand il proposait de résister par ' la f err v TÏe SK'L vT • dô
force, au cas où la majorité 4es votes traîné dans 1? boue par Quesnay, ntïen
prochains serait défavorable au mini3- écrie pas moiijs : •
isr& actuel. Nous n'imaginons pas « Qu'on ie décore ! »
sérieusement ï/f. Lp Royer, assujettis- Il est impossible de pousser plus loin
ggnt ses bésicles pour'prendre le cpm-: 1,( ? n P ds ? injures. 4. moins qu'il n'ait
—"ndejafîit des troupes "destinées & déshQnof-er la croix de la Légion
rmer l'accès uU pouvoir aux chefs ^ honneur, en l'attachant sur la poitrine de
t . réquisi
toire comme un malheur pubiie. Une chose
nous étonne : c'est que la président de la
République ne soit pas compris en même
temps que nous dans les poursuites. Puis
que c'est un crime d'être élu député par
deux cent quarante-cinq mille Parisiens,
c'en doit être un également d'être élu chef
de l'Etat par six cents parlementaires.
A notre avis, si un attentat a été com
mis, c'est non par nous, mais par la haute
Cette lettre n'était pas d'abord, dans
la pensée du cardinal, destinée à la
publicité. Mais aujourd'hui, après la
promulgation de la _ loi, Son Emi-
nence croit devoir faire connaître les
observations qu'elle avait considéré
comme un devoir de présenter au chef
du gouvernement. _
Voici la reproduction de cette lettre,
adressée le 26 juin au président de la
République :
Paris, le 26 juin 1889.
A M. le président de la Rêpubliquè
Monsieur le président, ..■■■■■
Au moment où les feuilles .publiques an
noncent que le gouvernement semble dis
posé à porter de nouveau devant la Cham
bre des députés le projet de loi militaire,
je me fais un devoir de conscience d'appe
ler votre attention sur les graves motifs qui
devraient faire ajourner la discussion de
ce projet.
En présence de la divergence persistante
qui s'est produite entre la Chambre et le
Sénat sur la question de la dispense accor
dée à certaines catégories de jeunes gens,
et en particulier aux séminaristes, l'opinion
publique ne sera pas surprise que le gou
vernement n'usa pas de sa prérogative
pour soumettre la loi à une nouvelle dis
cussion. Les déclarations récemment faites
par les membres de la commission mili
taire donneront aux yeux de tous à la nou
velle loi, si elle est votée, le caractère d'une
mesure législative prise, directement contre
les élèves des séminaires.
Or, il est très fâcheux, au moment où la
France a besoin plus que jamais de la pa
cification des esprits, de faire naître une
nouvelle cause de trouble dans la popula
tion, surtout au point de vue religieux.
Le parti hostile à la religion chrétienne
qui existe en France, et dont on ne doit ni
se dissimuler ni nier l'existence, triom
phera peut-être bruyamment. Les hommes
sensés et religieux s'affligeront profondé
ment, et on aura préparé une lutte mal
heureuse au moment où vont s'ouvrir les
élections.
Nous ne voulons pas consentir à identi
fier le gouvernement de la France avec le
parti hostile à la religion. Je l'ai dit dans
une Lettre pastorale récente dont vous avez
bien voulu, monsieur le président, appré
cier la modération. Mais c'est le parti hos
tile à la religion qui veut identifier avec lui
le gouvernement,et il le voudra plus encore
après le vote de la loi militaire, s'il a lieu.
L'opinion publique sera entraînée dans cê
sens, et, au lieu de faire l'union des esprits
sur le terrain de la liberté et de la foi chré
tiennes, on aura créé la discussion et la
souffrance, qui naissent pour le pays tontes
les fois que l'on entre dans la voie de la
persécution religieuse.
Je ne veux pas recommencer ici l'exposé
des raisons si graves que mes vénérables
collègues ont fait valoir pour démontrer la
nécessité de la dispense du service mili
taire pour le clergé, et tout récemment
encore, l'éminent cardinal Lavigerie, au
point de vue de notre influence nationale
dans les pays de mission. Mais je ne puis
douter que la suppression de cette dispense
ne soit un pas fait, peut-être à l'insu d'un
grand nombre, dans la voie de la sépara
tion de l'Eglise et de l'Etat.
L'histoire de ce siècle prouve que le Con
cordat a rétabli la paix religieuse en
France, et tout ce qui tend à le détruire
nous ramène plus ou moins directement à
la guerre religieuse. Je ne crains pas ,d'af«
firmer que, sauf les hommes ennemis par
principe et parti pris du christianisme, 1%
France veut rester chrétienne !
Je l'ai dit aussi dans la Lettre pastorale à
laquelle je faisais tout à l'heure allusion,
et chaque jour depuis vingt ans me confir
me dans cette conviction.
J'ose donc vous demander instamment,
monsieur le président, de ne pas faire un
acte dont les conséquences seront, selon
moi, plus funestes peut-être encore au
point de vue social qu'au point de vue reli
gieux. 1
Je crois que vous me connaissez assez
pour savoir que je suis au-dessus et en
dehors de toutes les considérations d'ordre
politique ; je ne veux que le bien de notre
nation, et je suis de plus en plus persuadé
que les vrais intérêts de la France et do
l'Eglise ne sauraient être séparés,
D'ailleurs, da&s ma pensée, cette lettre
n'est pas destinée à la publicité; mais j'ai
tenu à dégager ma responsabilité comme
évêque envers mon pays, es communi
quant mes inquiétudes et mes craintes au
chef du gouvernement.
Je suis, avec le plus profond respect,
monsieur le président, votre très humble et
obéissant serviteur,
faut la sauver, et j'estime que la monar
chie est seule capable d'opérer ce miracle.
Donc, ni transaction avec les modérés du
centre de la gauche, qui voudraient faire;
revivre une république conservatrice en
s'appuyant sur quelques-uns de nos princi
pes, ni transition sous la forme d'une répu*
blique boulangiste.
Le comte de Paris a ensuite indiqué-la
rôle que la Chambre serait appelée à jouer
dans le cas où sa composition favoriserait
ses projets. . . ■
— Après la nomination, a-t-il ajouté,
d'une Chambre révisionniste, on fera quel
ques lois urgentes et l'on votera des lois da
réparation, puis l'on renverra la solution,
du problème constitutionnel à une Consti
tuante qui devra être élue sans délai.
A ce moment-là, nous marcherons au
combat enseignes déployées, tambours
battants. Dieu nous fera sans doute la grâce
d'éclairer la France sur ses véritables amis.
Son interlocuteur ayant parlé des inci
dents qui pourraient se produire, le comta
de Paris ajouta :
— Que voulez-vous? Je ne puis pas pré
voir les incidents dont vous, me parlez. J'é-»
tablis un plan dé conduite d'après l'en-*
semble des circonstances que je connais,
sans chercher à prévoir les événements in
connus.
Il en sera ce que Dieu voudra; mais ja
promets à mes amis de ne prendre jamais
de conseil que de la loi du devoir, ce qui
est l'essence même de la loi divine. ■
La revision constitutionnelle votée, les
élections .pour une Constituante imposeront
aux monarchistes des devoirs étroits, ils
devront démontrer que le général Boulan
ger n'est pas une solution.
En terminant, le comte de Paris a dit
qu'il estimait que la vraie solution s'impo».
serait, vers le mois de février, h l'im
prévu.
Les prochaines élections ne donneront,
donc, d'après lui, que des résultats provi-
soires.
Accusé faussement par le Clairon
d'être boulangiste, le Monde donne
des explications qu'il nous paraît inté
ressant de reproduire, en ce qu'elles
se rapportent à une situation déjà si-,
gnalée par l'Univers comme devant,
par suite de l'absence d'un parti catho
lique fortement organisé, se présen
ter forcément aux prochaines élec^
tions.
Le Clairon avait dit : : ■■■■•'
Le Monde , « consentant à faire abstrac*
tion dans la mesure du nécessaire de ses
préférences politiques, s'éclairera, à travers
les ombres électorales, de la lumière de ses:
croyances religieuses ». Si nous compre
nons bien cette phrase, elle signifie que la
Monde votera et fera voter pour les candi
dats du général, transformés du coup en
candidats des curés.
Le Monde répond :
Nous ne sommes pas du tout sûr que la
Clairon ait bien compris et, par précaution,
nous allons lui dire comment il fallait com
prendre.
Notre phrase signifie que, dans les cir
conscriptions où le candidat boulangiste.
serait celui qui promettrait le mieux da
garantir la liberté de l'Eglise et la liberté da
l'enseignement, le Monde voterait et ferait
voter pour ce candidat, quoique boulan
giste, comme ailleurs, la même condition
existant, il voterait et ferait -voter pour tel
candidat, quoique bonapartiste, ou tel au
tre, quoique républicain.
Quant aux candidats partisans des loîâ
d'oppression contre l'Eglise et du régima
qui fait de l'école un atelier d'irréligion^
quelle que soit leur opinion politique,
le Monde les combattra de toutes ses for
ces.
Ainsi faisant, nous subissons les nécega
sités d'une situation que nous n'avons point
faite, et qui serait différente si elle avait
dépendu de nous, et nous croyons travail
ler au bien de la France de la meilleure
façon qui reste possible, cette situation étant
donnée. , ' '
C'est exactement conforme au pro
gramme constamment soutenu paç
l'Univers.
Nous recevons communication da
la lettre suivante, adressée à Madama
la comtesse de Paris par un groupe da
dames bretonnes :
•J- F bançois , cardinal R ichard,
archevêque de Paris.
luu.
fermer l'accès uU pouvoir
de la majorité qu'on redoute. M. Clé
ment, cert.es, n'a guère de prestige.
Mais M. Le Royer bomme I3 *wir4sh;e
de l'intérieur s'abandonnent à l'illu
sion si, s'avisant de tenter une cam
pagne de ce genre, ils se flattaient de
ne rencontrer dans la garde du Sénat
ou du ministère pas un* seul Siadoux.
A uguste roussi.
Avec l 'Intransigeant et la Press?, or
ganes boulangistes, le Figaro , le Matin
et le Gaulois sont les seuls journaux
du matin qui aient reproduit les actes
du procès de la Haute Cour que nous
4qï||19I|9 ^îus loin ke Qauhis et le
—^ puuium uo
Lucie Iîerpin, comme, en 1815, les anciens
émigrés l'attachaient à la queue de leurs
chevaux,
L'article est intitulé
Carnot. »
■ : —«—
Ferry contre
La nouvelle loi militaire
S. Em. le cardinal Richard, arche
vêque de Paris, avait écrit, le 26 juin,
au président de la République une let
tre appelant son attention sur les gra
ves inconvénients que devaient entraî
ner la discussion et le vote de la loi
militaire si le gouvernement se déci
dait à la porter de nouveau devant la
Ghacaî?rç.
Le XIX" Siècle publie et nous repro
duisons sous toutes réserves l'infor
mation suivante :
Vevey, 16 juillet.
Pendant son séjour à Vevey, et dans
une audience accordée à une personne
venue de Paris, le comte de Paris a fait
les importantes déclarations suivantes, dont
l'authénticité ne peut pas être contestée :
— Faisons nommer, a dit le prétendant,
partout où nous pourrons, des monarchis
tes, — hommes respectés et dominant leurs
concurrents par les services rendus ; puis,
si le boulangisme triomphe du radicalisme
dans les circonscriptions où nous sommes
impuissants, il nous fournira des recrues
révisionnistes qui aideront à renverser le
régime sous lequel sombre le vieiîsj renom
de la France,
Sop interlqcuteur ayant exprimé le désir
de savoir si le mot suivant : « Ni transac
tion ni transition », qu'on lui avait prêté,
était exact, le comte de Paris répondît ; -
— Mais, sans doute: je l'çi dit au général
Gharette, et voici ma pensée tout entière:
ga Çraoce se in.etjrt dg rçs] régupç&in ; il.
Madame,
Votre appel aux femmes'de France a
trouvé -an écho dans notre fidèle et' pieuse
Bretagne. En pouvait-il être autrement?
Les arrière-petites-filles des Bretonnes qui
filèrent leur quenouille pour la rançon da
Duguesolin, prisonnier des, Anglais, pour
raient-elles se refuser à contribuer, dans la
mesure de leur influence sociale, à. la libé
ration de la France prisonnière de la Révo
lution, à son relèvement par le maintien
intégral de la foi catholique et par le re-,
tour à la royauté, deux choses qu'elles na
sauraient séparer dans leurs patriotiques
préoccupations?
Votre Majesté'peut donc compteri sur
notre entier et dévoué concours à Pœuvre
si belle qu'elle a entreprise,et pour laquelle
nous venons lui offrir notre adhésion, non
seulement de cœur, mais effective.
Afin de sceller mieux encore l'engage
ment que nous en prenons, en notradouble
qualité de catholiques et de Bretonnes,
nous avons eu la pensée, que voudra bien,
nous l'espérons, agréer Votre Ma,|osté,d'a
jouter au gracieux emblème qu'ailé a choisi
comme signe de ralliement de sa pacifique
croisade, la Croix fleurdelisée et l'Hermine
de Bretagne.
Ainsi complété, l'insigne de la Rose de«
vient le visible témoignage de notre filial
amour pour notre mère la sainte Eglise ro
maine, ses institutions, et de notre inalté
rable fidélité à la monarchie française.
Daigne?, Madame, agréer rhomp;.aga du
respectueux attachement de
Vos très humbles îst dévouées
servantes^ ^
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