Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-06-14
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 70622 Nombre total de vues : 70622
Description : 14 juin 1889 14 juin 1889
Description : 1889/06/14 (Numéro 7835). 1889/06/14 (Numéro 7835).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k706655j
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Vendredi 14 Jum 1839
N* 7835 s* Kdiilta qustiâleas#
Vendredi 14 Juin 1883
ÉDITION QUOTIDIENNE
paris étranger
ct départements (union postais)
Un an. « ;■. . 55 » 66 »
Six mois. . . , 23 50 34 »
Trois mois. . . 1S » 18 i
"^abonnements partent des 1» et (6 de chaque moM
( Paris 15 cent.
UN NUMÉRO | Départements. 20 —
bureaux î Paris, 10, rue des Saints-Pères
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Un an. . .
Six mois. .
Trois mois.
paris
ex départements
. . 30 »
. . 16 »
. . 8 50
étranger
(union postale)
36 n
19 »
10 »
On s 'aionne 1 Rome, place du Gesù, 8
Les abonnements partent des 1" et t6 de chaque moi)
L'UNIVERS ne répond pas dos manuscrits qui loi sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRÀNGE, CERF et C le , 6, place de la Bourse
FRANCS
PARIS, 13 JUIN 1889
Il a cependant fallu s'exécuter, et
MM. Lagùerre, Laisant et Déroulède
ont été mis en liberté provisoire. Leur
affaire ne sera pas jugée avant sa
medi.
On se demande si, dès aujourd'hui,
en arrivant à la Chambre, M. Laguerre
ne va pas soulever un incident au
sujet de son arrestation ; il en aurait
certainement le droit.
Devons-nous croire, cette fois, que
la commission d'instruction de la
haute cour a terminé son travail?Tous
les journaux antiboulangistes sont
d'accord pour annoncer que samedi
la commission remettra le dossier de
l'enquête à M.Quesnay de Beaurepaire,
qui ferait son réquisitoire pour le 25
juin. Nous donnons ces dates sans trop
y croire. De nouveaux incidents peu
vent se produire.
D'après les indiscrétions des Jour
naux antiboulangistes, il y aurait une
double poursuite : l'une pour attentat,
l'autre pour concussions ; peut-être
cependant ces deux poursuites se ré
duiraient-elles à une seule, si la haute
course saisissait des concussions, sous
prétexte qu'elles sont connexes à l'at
tentat. Ce serait illégal, mais il y a
longtemps que nos gouvernants sont
sortis de la légalité.
Aujourd'hui, la Chambre des dépu
tés, sauf incident, continuera le vote
du budget de l'instruction publique ;
elle doit prendre ensuite ceux des
beaux-arts et de la marine. Le Sénat
reprend la loi sur l'enseignement pri
maire.
Si l'on pouvait encore douter que,
dans la nouvelle loi de recrutement,
la majorité de la Chambre des députés
soit poussée par la rage antireligieuse,
on en aurait la certitude- après ce qui
s'est passé hier à la réunion de la com
mission mixte. Les députés commis
saires ont décidé d'accepter toutes les
modifications du Sénat, sauf celle qui
concerne les séminaristes. C'est signi
ficatif.
Comme les deux commissions exa
minent d'abord les questions séparé
ment, la décision doit être soumise
maintenant à la commission sénato
riale. Ne se déclarera-t~elle pas satis
faite des concessions qu'on lui fait et
n'abandonnera-t-elle pas les sémina
ristes ? Il est vrai qu'il resterait le Sé
nat, qpi n'est nullement lié par les ca
pitulations de sa commission.
Un congrès de la réforme agraire
s'est tenue à Paris; nous donnerons de
main le compte rendu de ses deux
séances. Les décisions ont été ce que
permettait de prévoir le personnel,
qui comptait des hommes comme le
citoyen Longuet, président, ancien
membre de la Commune, l'Italien Ci-
priani fit l'agitateur américain Henry
George.
La tension continue entre l'Allema
gne et la Suisse ; les journaux offi
cieux de M. de Bismarck sont très
violents; mais le gouvernement suisse
ne semble nullement disposé àreculer,
et il a l'appui de la presse suisse tout
entière, sans distinction d'opinion.
On parle d'une intervention de l'Ita
lie et de l'Autriche, qui appuieraient
auprès de la Suisse les démarches
comminatoires de l'Allemagne. Ce
bruit paraît singulièrement hasardé,
car la « triple alliance » ne va certai
nement pas jusque-là.
A cette occasion, une simple obser
vation : lorsque l'influence de la France
était prépondérante en Europe, croit-
on que M. de Bismarck, spéculant
sur «a faiblesse, eût osé menacer ainsi
une autre nation ?
Noà lecteurs auront certainement
gardé le souvenir de la Post , le jour
nal de Berlin qui semble avoir pour
spécialité de lancer des articles alar
mants lorsque cela sert les plans
de M. de Bismarck. La voilà qui re
commence. On trouvera plus loin des
réflexions fort peu rassurantes, qui
visent à peu près exclusivement la
Russie. On peut se demander quel in
térêt a en ce moment M. de Bismarck
à peser sur l'opinion. v
Il ne serait pas difficile aux jour
naux russes de rétorquer les argu
ments de la feuille allemande et de
montrer que,si la sécurité de l'Europe
est moins solide qu'on ne pourrait le
désirer, la faute en est en grande
partie à la triple alliance, au voyage
de M. Crispi à Berlin, aux rodomon
tades du même Crispi et aux menaces
des Allemands contre la Russie.
Les républicains parlementaires se
défendent. Ils le font avec violence
et maladresse. Ils s'y prennent de
telle manière qu'ils soulèvent l'indi
gnation générale, et augmentent l'ar
deur et le nombre de leurs ennemis.
On né peut vraiment que les encoura
ger à la persévérance. Qu'ils conti
nuent, qu'ils redoublent même de zèle
et de brutalité. S'il n'y avait que les
conservateurs et les boulangistes pour
ruiner le régime actuel, peut-être
échapperait-il au désastre ; mais nous
avons, contre lui, de précieux auxi
liaires, ses défenseurs.
Ils se sont dit : Nous allons mon
trer de la poigne; nous allons faire de
l'autorité. Ils s'imaginent évidemment
que l'on fait de l'autorité quand on le
juge à propos, qu'il n'y a qu'à vou
loir. Faire de l'autorité, rien de plus
facile ; c'est un exercice à la portée de
tout gouvernement,quelles que soient
son origine, sa raison d'être. Il y a des
lois, on s'en sert; il y a des gendar
mes, on en use. On exécute les lois
dans toute leur rigueur ; on exagère
même un peu, même beaucoup, au
besoin, cette rigueur; les lois ne
sont-elles pas élastiques? On re
commande aux gendarmes de ne
point ménager ceux qu'on désigne à
leur intervention, les gendarmes
obéissants distribuent les gourmades
avec libéralité. Alors on est tout con
tent de soi, on se félicite, on n'est pas
moins fier qu'heureux, on croit avoir
accompli une œuvre utile et brillante,
qui ne peut manquer de produire,
d'excellents résultats; ces résultats,
on les attend, — le pied sur la pre
mière marche du Capitole, — avec im
patience et confiance. On a fait de
l'autorité !
Eh bien, on se trompe, on n'a fait
que de l'arbitraire !
De même qu'il y a des hommes qui
ne parviennent pas, malgré leurs ef-
orts, malgré leur situation, à conqué
rir de l'autorité, de même il y a des
gouvernements qui n'arrivent point,
malgré les lois élastiques et les gen
darmes obéissants, à faire de l'auto
rité. L'ardeur, la fureur qu'ils y met
tent ne servent de rien. Ils ne peu
vent pas.
Voyez M. Méline. Elu, réélu par le
libre suffrage de ses collègues, il est
le président de la Chambre. Tous les
députés reconnaissent qu'il est là, au
fauteuil, pour diriger les discussions
et maintenir l'ordre. D'où vient qu'il
est impuissant à remplir sa tâche?
D'où vient que nos représentants nous
donnent à peu près toutes les séances
le spectacle d'une classe en révolte,
et qu'on ne serait nullement surpris
de les voir, un de ces jours, casser les
banquettes pour se les jeter au visage ?
Est-ce que M. le président Méline
n'use point de ses droits ? Ne prodi-
gue-t-il pas les avertissements, les ob
jurgations, les peines réglementaires ?
Jamais on ne les a vus pleuvoir si
abondamment. Rien n'y fait. Un rap
pel à l'ordre, prononcé par M. Méline,
même avec inscription au procès-ver
bal, cela ne compte pas. C'est en vain
qu'il les multiplie, exaspéré. Plus il
en tombe, plus semble grandir l'au
dace des interrupteurs et des tapa
geurs. Et c'est fini maintenant, M.
Méline doit le comprendre : il ne s'im
posera point. Pourquoi donc ? Parce
qu'il n'a pas d'autorité.
Eh bien, le gouvernement est vis-à-
vis de la France dans la même posi
tion que M. le président Méline vis-
à-vis de la Chambre. Le gouverne
ment non plus, malgré ses rappels à
l'ordre, la pression qu'il exerce, les ré
pressions dont il abuse, n'arrive à pro
duire aucun effet. C'est-à-dire qu'il en
produit, mais un effet tout contraire à
celui qu'il cherche. line parvient qu'à
exaspérer, qu'à enhardir ses ennemis.
Entre ses mains,
Le gendarme est sans força et la loi sans vertu !
Pourquoi donc? Parce qu'il n'a pas
d'autorité.
Et alors, il verse dans l'arbitraire,
qu'il s'imagine être le nec plus ultra de
l'autorité. Le flot de l'exaspération
n'en monte que davantage. Et le gou
vernement prodigue les violences, ne
s'apercevant point qu'il prodigue ainsi
les témoignages de sa faiblesse.
Vous ne pouvez être qu'un gouvér-
ment d'opinion, messieurs les répu
blicains parlementaires. Vous vous êtes
donnés comme les champions de la
liberté, comme les ennemis irréconci-
liables-des lois et procédés de tous les
gouvernements autoritaires. Votre rai
son d'être, c'est donc la liberté. Vous
ne daignez même plus la promettre.
Vous trouvez que les temps sont ve
nus de substituer en France l'auto
rité à la liberté, de recourir aux armes
que vous avez si longtemps flétries.
SoitI Mais, alors, laissez la place à
d'autres, Allez-vous-en !
PlERBS VEUILLOT.
Voici comment le Temps termine
un article consacré à l'appréciation du
grand débat qui vient d'avoir lieu à
la Chambre :
Quant & la moralité de ce débat, elle est,
si nous ne nous trompons, dans un mot de
M. Goblet et dans la réponse qu'y a faite
un député réactionnaire. « On n'offre pas
la paix à la droite, a dit l'orateur républi
cain ; elle vit de la guerre. — Vons vous
trompez, a répliqué M. Sevaistre, nous
vivons de la guerre que vous nous faites. »
En vérité, M. Goblet ne se trompait pas;
il avait voulu dire tout simplement ce qu'a
redit après lui M. Sevaistre, La droite vit
<Î9 la guerre à l'Eglise, que la République,
mal inspirée, a para faire, à un certain mo
ment, et qu'il ne tiendrait pas à M. Glé-
menceau qu'elle ne reprît aujourd'hui; et
la droite ne vit que de cela, car elle ne
spécule apparemment pas jjpr la fidélité des
populations à la rjstce de leurs anciens ppis,
elle qui les engage à porter M. Boulanger
au pouvoir, faute de mieux. Cesse? la
guerre à l 'Eglise, et la droite pourra d'ina
nition. M. Jules Ferry, M. Ribot n'ont pas
dit autre chose. Nous estimons qu'ils ont
raison, et nous souhaitons ardemment pour
la République que leur langage soit en
tendu de tous ces électeurs qui ne s'écar
tent d'elle que trompés par la polémique
perfide que la droite n'a cessé d'entrete
nir autour des questions scolaires et reli
gieuses.
Le Temps parle fort à son aise, mais
non pas très impartialement de la
« polémique perfide » entretenue, se
lon lui, par la droite autour des ques
tions scolaires et religieuses. On dirait
vraiment, à le lire, que c'est la droite,
que ce sont les catholiques qui ont
créé le conflit religieux, comme si ce
conflit ne se rapportait pas à des griefs
très sérieux et réellement existants.
Mais n'est-ce pas à propos de sa façon
même d'exposer les choses qu'on
pourrait à bon droit parler de per
fidie ?
Aujourd'hui, que dit-il encore? A
l'en croire, MM. Jules Ferry et Ribot
se seraient trouvés d'accord pour pro
poser de cesser la guerre à l'Eglise, ce
qui amènerait promptement la mort
de la droite par inanition. Or, M. Ri
bot et M. Jules Ferry.se sont rencon
trés en effet dans une même affirma
tion, mais cette affirmation contenait
l'éloge de toutes les lois et mesures
laïcisatrices sans l'expression du moin
dre regret,et dès lors comment espère
t-on persuader aux catholiques dans
le Parlement ou dans le pays, que
l'on a vraiment envie de cesser la
guerre à l'Eglise? La guerre à l'Eglise,
mais le programme en est écrit tout
au long dans cette législation impie
dont on se vante et à laquelle on se
défend de vouloir jamais porter la
moindre atteinte. Et l'on s'étonne que
d'une paix offerte sur ce terrain les
catholiques ne veulent pas entendre
parler, ni dans le pays ni dans le Par
lement !
Il peut plaire au Temps, pour les
besoins de sa polémique, d'accuser à
ce propos le parti pris de la droite
et des catholiques. Le parti pris, il est
ailleurs. Il est chez ceux qui, forcés de
constater qu'ils ont fait fausse route,
n'ont pas le courage de le reconnaître
et enlèvent ainsi toute confiance à
leurs promesses. C'est pourquoi s'il
est vrai de dire que la droite vit de la
guerre à l'Eglise parce que c'est cette
guerre qui a valu aux députés de la
droite les suffrages du peuple catholi
que soulevé contre la persécution, il
ne l'est pas de dire que MM. Ribot et
Ferry sont réellement désireux d'en
lever à la droite ses justes sujets de
plainte.
Et c'est pourquoi les électeurs ca
tholiques continueront de donner leurs
voix à ceux qui promettront de les dé
livrer du régime des Ribot et des
Ferry.
A uguste R oussel.
Voici, d'après le Journal des Débats,
le résumé de la réunion de la commis
sion mixte de l'armée et la décision
de la commission delà Chambre des
députés :
La commission mixte, composée de la
réunion des deux commissions de l'armée
du Sénat et de la Chambre, convoquée au
ministère de la guerre, s'est réunie hier. La
commission du Sénat avait tenu antérieure
ment une courte séance au palais du Luxem
bourg.
Les membres de la commission de la
Chambre, désirant se placer sur un terrain
absolument neuf, n'ont pris aucune délibé
ration avant la réunion de la commission
mixte. Le ministre de la guerre n'assistait
pas à la séance. Le général Deffis a rappelé
dans quelles circonstances les deux commis
sions ont été amenées à se réunir en assem
blée unique. M. Mézières a exposé ensuite
qu'une grande commission, comme celle qui
siège aujourd'hui, ne doit pas se lancer
dans une discussion à perte de. vue sans sa
voir exactement ce qu'elle désire. Le vœu
de la Chambre, dit-il, est que l'assemblée
se place au point de vue des intérêts fran
çais, et non au point de vue des intérêts
politiques.
Ls général Deffis a de nouveau pris la
parole. Puis la commission de la Chambre
s'est rendue dans un autre local, afin de dé
libérer sur le fond et le texte des proposi
tions d'entente à soumettre à la commis
sion du Sénat.
Sur la proposition de M. Thiers, il a été
décidé que les modifications introduites
par la haute Assemblée seraient acceptées,
ii l'exception de celles qui sont relatives au
service des séminaristes. Cette décision a
été pommuniquée à la commission du Sé
nat qui, dans la prochaine réunion de la
commission mixte fixée à vendredi, fera
connaître ses résolutions.
Si les membres de la Chambre des
députés avaient voulu prouver que,
dans leur prétendue réforme militaire,
ils n'obéissent qu'à la haine de l'Eglise,
ils n'auraient pu mieux faire.
La journée du 9 juin
au vatican
Rome, il juin 1389.
■ Pendant que l'impiété se préparait
dans les rues de Rome à célébrer un
apostat immonde, le Pontife Suprême,
après avoir offert le saint sacrifice, a
exposé dans sa chapelle privée le Sacre
ment auguste de l'Eucharistie. Aussitôt
après le Pape a voulu faire la première
heure d'adoration devant le Saint-
Sacrement. Il est resté là, cet auguste
vieillard, le Vicaire du Christ, implo
rant sur sa ville les bénédictions et le
pardon, suppliant l'Esprit divin d'illu
miner Ips cœurs e{; 4'eclairer les pau
vres aveugles et endurcis. Le Pontife
n'a cessé de. prier pendant tout le
jour, et tous les dignitaires de la cour
pontificale, prélats et laïques,ont passé
une heure d'adoration devant la Vic
time expiatoire immolée pour le salut
du inonde.
Le soir, les portes du Vatican se
sont ouvertes un instant pour laisser
passer les ambassadeurs et les minis
tres accrédités auprès du Saint-Siège.
Un des premiers à venir a été l'am
bassadeur de France. Les diplomates
ont fait d'abord visite à S. E. le car
dinal secrétaire d'Etat,et chacun a été
particulièrement admis en présence
du Souverain Pontife. Tous y étaient,
sauf un... M. de Schlœzer, l'ambassa
deur de Prusse. Le diplomate de M. de
Bismarck avait préféré se promener
sur le pont Saint-Ange, en chapeau
gris, mou, pour assister au passage
de ses confrères.
■„ Il est resté là pendant plusieurs
heures, se promenant au Borgo et au
tour du Vatican, et contournant le
château Saint-Ange.
. Après avoir reçu tous les ambassa
deurs, le Saint-Père les a invités à res
ter auprès de Lui pour prier. Tout le
monde s'est prosterné autour du Saint-
Sacrement dans la petite chapelle pri
vée du Pape, et les représentants des
nations ont récité avec le Pontife le
chapelet; Léon XIII s'est revêtu en
suite des ornements sacerdotaux et a
donné la bénédiction du Saint-Sacre
ment.
Dans toutes les communautés reli
gieuses on s'était uni d'intention au
Pape, et pendant tout le jour on n'a
cessé de prier devant le Dieu eucharis
tique.
C'est ainsi que îes premiers chrétiens
de Rome, réunis dans les catacombes,
exhalaient en silence leur prière de
vant Dieu, tandis que le paganisme
célébrait ses saturnales obscènes dans
le ville de Rome.
La Mense épiscopale de Nîmes
Nous lisons dans le Messager du Midi
au sujet des biens de la mense épis
copale de Nîmes :
M. Ladrat, administrateur civil de la
mense, n'avait pas voulu s'exposer à rece
voir en face aujourd'hui le deuxième souf
flet que son gouvernement l'avait chargé
d'ajouter à celui du 20 mai : M. Ladrat
avait délégué ses pouvoirs à un jeune ap
prenti notaire.
Ainsi que nous l'avions prévu et annoncé,
cette vente n'a pu avoir lieu, aucun ache
teur ne s'étant présenté. Les feux ont brûlé
et se sont' mélancoliquement éteints devant
les mélancoliques soupirs de l'infortuné
M" Brnguière et les sourires narquois des
spectateurs.
C'était un spectacle des plus réjouissants.
M. Ladrat, qui n'avait pas osé assister &
cette représentation organisée par lui, a
cependant promis par une lettre, dont M"
Bruguière a donné lecture, qu'il serait pro
chainement donné une troisième représen
tation de cette comédie, c'est-à-dire, que si
la vente n'aboutissait pas aujourd'hui, il
serait procédé ultérieurement à de nouvel
les enchères.
Nous voulons croire que, ce jour-là, cet
intelligent et courageux administrateur ne
se dérobera pas, comme il l'a fait aujour
d'hui, au troisième soufflet que notre po
pulation lui prépare, à charge par lui de le
faire parvenir à sa véritable adresse : Cons-
tans, Thévenet et compagnie.
La Situation
Au point de vue intérieur, voici ce
que prévoit M. Andrieux dans la Pe
tite République :
Voici ce que je prévois : •
Le parti parlementaire aujourd'hui au
pouvoir n'aura pas le tiers des sièges dans
la prochaine Assemblée. Ceux de ses chefs
qui reviendront au Palais-Bourbon seront
invalidés pour avoir bénéficié d'une candi
dature officielle telle qu'on en aura jamais
connue dans ce pays ; le nouveau pouvoir
s'efforcera de respecter les petits fonction
naires; mais tous les préfets, sous-préfets,
trésoriers généraux et autres gros bonnets
seront révoqués; les ministres seront mis
en accusation; le nouveau cabinet, afin de
soustraire les sénateurs à la juste colère du
peuple, qui menacera d'envahir le Luxem
bourg, fera arrêter, sous l'inoulpation de
forfaiture, les membres de la commission
des neuf.
Quant à celui qui écrit ces lignes, il se
fera conspuer par la majorité nouvelle
parce que, dans une pensée d'apaisement,
il proposera une amnistie pour les crimes
et délits politiques.
Toutefois, la raison reprenant le dessus,
l'amnistie finira par être votée ; mais j'au
rai le regret de ne pas réussir à sauver le
malheureux ministre de3 finances, ni cer
tains de ses collègues, la Chambre refusant
de comprendre dans l'amnistie les « faits
connexes aux délits politiques ».
Yoijà l'avenir prochain, tel qu'il apparaît
à tous les gens de bon sens, et c'est parce
qu'il est impossible de mettre l'évidence
sous le boisseau, qu'il est tout simplement
ridicule de prétendre faire peur au suffrage
uniyersel,.
Quant à nqijs, convaincus que nous rem
plissons un sacerdoce, nous continuerons
oonscienoieusement à exciter nos conci
toyens à la haine et au mépris d'un gouver
nement dont la France ne veut plus et qui
s'entête à ne pas le comprendre.
Messieurs les rainjatMH, n'assumez pas
jnutilpn^gnt (Je nouvelles responsabilités ;
ne rendez pas impossible l'amnistie politi
que que nous nous proposons de sollioiter
pour vous. Croyez-nous, le plus sage est
de laisser faire ce qu'on ne peut empê
cher.
Au point de vue extérieur, on lit
dans la Uhnt ;
Nous nous refusons à croire qu'en de
mandant au Conseil fédéral des satisfac
tions qu'elle ne pouvait raisonnablement
exiger et qu'il ne pouvait dignement accor
der, la chancellerie allemande n'ait eu d'au
tre but que de préparer les voies à une
agression contre la Suisse. C'est pourtant
ce résultat qu'elle chercherait à atteindre,
s'il faut s'en rapporter aux conclusions com
minatoires de la Gazette nationale de Ber
lin. Après avoir engagé le gouvernement à
rappeler le ministre d'Allemagne à Berne,
cette feuille ajoute : « Ce rappel serait
d'autant plus sensible à la Suisse, que
toutes les puissances sont loin d'avoir un
intérêt égal à la neutralité de la Confédéra
tion helvétique et à l'indivisibilité de son
territoire. » En termes clairs, cela signifie :
« Que la Suisse prenne, garde, nous som
mes capables de l'envahir et de la démem
brer sans le moindre souci de sa neutra
lité et sans le moindre remords de con
science !»
Sans doute, ce n'est là qu'une de ces
menaces vaines, comme la presse aile
mande a coutume d'en proférer à tort et à
travers ; ce n'est là qu'une exagération de
journal et do journaliste. Les gouverne
ments sont moins expédilifs.
Mais cet avertissement ne devrait pas
être perdu pour la Suisse. Sa neutralité, en
cas de guerre, serait exposée aux plus
grands périls,'et l'acharnement que la chan
cellerie allemande met à grossir et à enve
nimer ce mince incident pourrait bien n'a
voir d'autre but que de se créer d'avance
des prétextes d'agression, dont elle userait
en lemps el lieu. Lia neutralité de la Suisse
est bien plus menacée que celle de la Bel
gique. Dans l'éventualité d'une guerre avec
la France, la violation du territoire helvé
tique s'imposerait à l'armée allemande, qui
tournerait ainsi les forts de notre frontière
de l'Est, et surtout à l'armée auxiliaire
italienns, qui prendrait à revers les défilés
à peu près infranchissable des Alpes fran
çaises.
Cette considération stratégique pourrait
bien expliquer l'animosité avec laquelle M.
de Bismarck a traité l'affaire Wohlgemuth.
A l'extérieur comme à l'intérieur,
ce ne sont pas précisément des présa
ges de paix.
En Serbie
Notre éminent collaborateur, M.
d'Agreval, qu'une longue indisposi
tion a empêché, en ces derniers temps,
de nous envoyer ses correspondances,
mais dont, grâce à Dieu, la santé est
en voie de rétablissement, nous écrit
au sujet des chemins de fer de Serbie.
... C'est une compagnie française, le
Comptoir d'Escompte qui, bénéficiant d'une
affaire qui était dans le portefeuille de l'U
nion générale, avait l'exploitation des che
mins serbes ; et il était du plus haut inté
rêt que cette ligne qui, sur tout son par
cours serbe est devenu le chemin de Gons-
tantinople, et ce qui, peut être, est encore
plus important, le chemin de Salonique,
fût dans des mains françaises. Mais je ne
sais par suite de quels arrangements, le
Comptoir d'Escompte avait cédé, sinon la
concession, du moins le fait de l'exploita
tion à une compagnie autrichienne. Il en
résulte que la plupart des employés étaient
des juifs, de telle sorte que le roi Milan
qui avait certaines sympathies françaises,
se plaignait de ne plus voir que des juifs
sur toute la ligne. En effet, qui dit autri
chien, dans tous ces pays orientaux, dit un
juif, Il semble donc que la France n'a pas à
prendre autrement parti pour la Compagnie
qui, si elle était originairement française,
n'en est que plus coupable d'avoir cédé à
la Lander-Bank ou à telle autre compagnie
autrichienne, ne fût-ce que l'exécution des
charges qu'elle avait assumées. Il est pro
bable qu'il faut chercher dans ce fait l'ex
plication de la mesure que vient de pren
dre le gouvernement serbe ; celoi-ci acouse
les employés supérieurs du chemin de fer
d'espionnage et d'autres faits le mettant
en danger. Il est difficile de juger de la
vérité de ces assertions, mais il sutfit qu'il
s'agisse d'employés autrichiens et juifs
pour les rendre vraisemblables.
Je vous ai souvent dit dans mes corres
pondances que le seul allié de l'Autriche
eu Serbie était Milan suivi de quelques-uns
de ses serviteurs, tandis que tout le pays
était profondément hostile à l'Autriche.
Tout ce qui se passe en ce moment-ci
est une confirmation de mes vues. Le niçe-
ting des progressistes composé en majeure
partie d'snQicns employés et dirigés par
Garaohnine, a été violemment dispersé par
le peuple. Le gouvernement affecte une
certaine modération qui loi comman
dée par le yajqinage autrichien, mais ou
bien il sera obligé de se retirer, ou il fau
dra qu'il suive dff plus près le mouvement
populaire.
Vons avez annoncé le retour du métropo
litain Michel, celui qui avait été chassé
par Milan, malgré l'opposition de tous les
autres évêques, de telle sorte qu'il a fallu
aller cheroher en Autriche le consécrateur
de son successeur. Michel s'était retiré en
Russie, où on lui ^ccqrdait de grands hon
neurs. Qr un personnage russe, très im
portant et particulièrement au courant des
affaires concernant la Serbie, un jour que
je l'interrogeais sur les rapports çrçtpe ce
pays et la Russie, uie péppndit : « Tant que
le métropolitain Michel ne sera pas
bli, considères ces rapports cçriime mau
vais, le jour où vous verrez Michel revenu,
vous pourrez être certain que la Serbie est
rentrée en grâce, »
Agreval.
Le deuxième centenaire
du ~
SACRÉ-CŒUR
tin d'un décret de la Sacrée-Congréga-J
tion des Indulgences et Saintes Reli-j
ques, portant concession d'une indul
gence plénière pour le jour de la fête
du Sacré-Cœur.
En voici la traduction:
DÉCRET
pour la ville et le monde
En raison du refroidissement de la cha
rité parmi les hommes, etmême de l'audace,
de jour enjour croissante des impies, qui
s'attaque par des outrages et des offenses
au très aimant Rédempteur du genre hu
main, un vif désir s'est manifesté chez
beaucoup de célébrer, celte année, la fêta
de son très saint Cœur par de plus fer
vents témoignages d'amour et de recon
naissance. Et ce qui a surtout déterminé
ce sentiment, c'est qu'il y aura cette annéa
deux siècles que Notre-Seigneur Jésus*
Christ a voulu, comme on le rapporte, ma
nifester à la Bienheureuse Marguerite-
Marie Alacoque qu'il rendrait la vie perdue
à beaucoup par le culte spécial de son
Sacré-Cœur et qu'il rétablirait, en renver
sant l'empire de Satan, le très suave régna
de son amour. C'est pourquoi des suppli
ques ont été adressées à Notre Saint-Pèra
le Pape Léon XIII pour que,dans le courant
de celte année,il daignât ouvrir le trésor des
indulgences pour exciter davantage la piété
des fidèles qui se proposent, au jour sus -
dit, d'accomplir, en l'honneur du très
saint Cœur de Jésus, quelque acte parti
culier d'hommage et d'expiation. D'autre
part, comme Sa Sainteté désire vivement,'
à cause de la malice des temps, que les
bons chrétiens ne négligent aucune occa
sion de témoigner de leur amour particu
lier envers le Sacré-Cœur de Jésus, eu
compensation des innombrables outragea
qu'il reçoit, Elle a accueilli affectueusement.
ces prières, dans une audience accordée an
secrétaire soussigné de la Sacrée-Congré
gation préposée aux Indulgences et aux
Saintes Reliques, le 18 mai 1889, et Elle a
bénignement accordé une indulgence plé
nière, applicable aux défunts, à tous les
fidèles qui, au susdit jour de fête, on, $
leur volonté, au dimanche qui suit "immé
diatement la fête, après s'être confessés aux
prêtres approuvés et s'être nourris delà
sainte eucharistie, accompliront avec les
prières convenables ledit acte d'expiation,
soit en particulier, selon la dévotion da
chacun, soit en public dans les églises, du.
consentement des Ordinaires respectifs, et^
en outre, visiteront une église ou un ora
toire public, et y prieront avec piété quel
que temps, aux intentions de Sa Sainteté.
La présenta devant avoir son effet sans au
cune expédition de Bref. Et ce nonobstant^
toutes choses contraires.
Donné à Rome, de la secrétairerie de la
susdite Sacrée Congrégation, le 18 mai
1889.
{Place du sceau).
Le cardinal Crïstofort , préfet.
Alexandre , évêque de Tripoli,
secrétaire.
Pour mieux faire entrer nos lecteurs
dans le mouvement de piété que [le
deux-centième anniversaire de l'appa
rition de Notre Seigneur à la Bienheu
reuse Marguerite-Marie suscite par
tout,nous continuerons à les tenir au
courant des différentes manifestations
qui se préparent.
Rappelons que :
Le 17 juin sera le jour des consécra
tions individuelles;
Le 20 juin sera le jour plus spécial
de la consécration des familles ;
Le 28 juin, fête du Sacré-Cœur, sera
la journée où les corps constitués se
consacreront comme tels.
C'est le 20 juin, jour de la Fête-Dieu,
que la consécration solennelle au Sa
cré-Cœur aura lieu à l'église du Vœu
National, à Montmartre, en union
avec toutes les consécrations qui se
feront ce jour-là en France.
S. G. Mgrl'évêque de Vannes vient de
publier une lettre pastorale avec mande
ment pour la fête du Sacré-Cœur.
En ce jour da salut, dit le vénéré prélat, la
France catholique se donnera randez-vous à
Montmartre, pour signer publiquement la paix
avec le ciel. Voici d'avance un temps propice
pour implorer la ©iséricorde divine en faveur
de l'Eglise et de sa Fille aînée. Célébrons dé
votement d'un cœur contrit, humilié et plein
d'espérance, le deux-centième anniversaire des
révélations laites à la sainte Visitandine da
Paray-le-Monial,
A ces fins, Mgr l'évêque de Vannes fïn-
vite MM. les curés, les recteurs et ies au
môniers à célébrer solennellement, dans
leurs églises ou leurs chapelles, la fête du
Sacré-Cœur, soit le vendredi 28 juin, soit
le dimanche suivant,
Ils liront publiquement l'acte d'amende
honorahlo, dont S. Em...Mgr l'archevêque
de Paris a autorisé la publication au sane-
tuaire du Vœu national. Sa Graveur se
réserve de remplir ce devoir à la cathé
drale et au grand-séminaire, et de renou
veler la consécration da sçn diocèse au Sav
cré-Cœur.
Noijs recevons de Rome le texte la
^ Nqu * avons parlé de la dépntation da
.lonrcoing à l'église du Sacré-Cœur de
Montmartre. La Semaine religieuse de Cam
brai l'annonce ainsi :
A Tourcoing, unè dépntation d'une soixan
taine de personnes de la ville et des environs
se rendra à Montmartre, le jeudi 27 juin, veille
de la tête du Sacré-Cœur. Chaque commune
des deux cantons y aura un ou deux représen
tants pris parmi les plus notables, quelquefois
le maire ou un adjoint. Partis de grand matin,
les délégués arriveront vers onze Heures et de
mie pour entendre la messe au sanctuaire da
Vœu national. Dans l'après-midi, ils feront une
consécration solennelle de la ville de Tourcoing
et de ses environs au Sacré-Cœur d.e Jésus. Cette
cérémonie Bera suivie du Chemin de la Croix.
La nuit sera ensuite passée en esprit de répa
ration devant Iq Saint-Sacrement.
N* 7835 s* Kdiilta qustiâleas#
Vendredi 14 Juin 1883
ÉDITION QUOTIDIENNE
paris étranger
ct départements (union postais)
Un an. « ;■. . 55 » 66 »
Six mois. . . , 23 50 34 »
Trois mois. . . 1S » 18 i
"^abonnements partent des 1» et (6 de chaque moM
( Paris 15 cent.
UN NUMÉRO | Départements. 20 —
bureaux î Paris, 10, rue des Saints-Pères
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Un an. . .
Six mois. .
Trois mois.
paris
ex départements
. . 30 »
. . 16 »
. . 8 50
étranger
(union postale)
36 n
19 »
10 »
On s 'aionne 1 Rome, place du Gesù, 8
Les abonnements partent des 1" et t6 de chaque moi)
L'UNIVERS ne répond pas dos manuscrits qui loi sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRÀNGE, CERF et C le , 6, place de la Bourse
FRANCS
PARIS, 13 JUIN 1889
Il a cependant fallu s'exécuter, et
MM. Lagùerre, Laisant et Déroulède
ont été mis en liberté provisoire. Leur
affaire ne sera pas jugée avant sa
medi.
On se demande si, dès aujourd'hui,
en arrivant à la Chambre, M. Laguerre
ne va pas soulever un incident au
sujet de son arrestation ; il en aurait
certainement le droit.
Devons-nous croire, cette fois, que
la commission d'instruction de la
haute cour a terminé son travail?Tous
les journaux antiboulangistes sont
d'accord pour annoncer que samedi
la commission remettra le dossier de
l'enquête à M.Quesnay de Beaurepaire,
qui ferait son réquisitoire pour le 25
juin. Nous donnons ces dates sans trop
y croire. De nouveaux incidents peu
vent se produire.
D'après les indiscrétions des Jour
naux antiboulangistes, il y aurait une
double poursuite : l'une pour attentat,
l'autre pour concussions ; peut-être
cependant ces deux poursuites se ré
duiraient-elles à une seule, si la haute
course saisissait des concussions, sous
prétexte qu'elles sont connexes à l'at
tentat. Ce serait illégal, mais il y a
longtemps que nos gouvernants sont
sortis de la légalité.
Aujourd'hui, la Chambre des dépu
tés, sauf incident, continuera le vote
du budget de l'instruction publique ;
elle doit prendre ensuite ceux des
beaux-arts et de la marine. Le Sénat
reprend la loi sur l'enseignement pri
maire.
Si l'on pouvait encore douter que,
dans la nouvelle loi de recrutement,
la majorité de la Chambre des députés
soit poussée par la rage antireligieuse,
on en aurait la certitude- après ce qui
s'est passé hier à la réunion de la com
mission mixte. Les députés commis
saires ont décidé d'accepter toutes les
modifications du Sénat, sauf celle qui
concerne les séminaristes. C'est signi
ficatif.
Comme les deux commissions exa
minent d'abord les questions séparé
ment, la décision doit être soumise
maintenant à la commission sénato
riale. Ne se déclarera-t~elle pas satis
faite des concessions qu'on lui fait et
n'abandonnera-t-elle pas les sémina
ristes ? Il est vrai qu'il resterait le Sé
nat, qpi n'est nullement lié par les ca
pitulations de sa commission.
Un congrès de la réforme agraire
s'est tenue à Paris; nous donnerons de
main le compte rendu de ses deux
séances. Les décisions ont été ce que
permettait de prévoir le personnel,
qui comptait des hommes comme le
citoyen Longuet, président, ancien
membre de la Commune, l'Italien Ci-
priani fit l'agitateur américain Henry
George.
La tension continue entre l'Allema
gne et la Suisse ; les journaux offi
cieux de M. de Bismarck sont très
violents; mais le gouvernement suisse
ne semble nullement disposé àreculer,
et il a l'appui de la presse suisse tout
entière, sans distinction d'opinion.
On parle d'une intervention de l'Ita
lie et de l'Autriche, qui appuieraient
auprès de la Suisse les démarches
comminatoires de l'Allemagne. Ce
bruit paraît singulièrement hasardé,
car la « triple alliance » ne va certai
nement pas jusque-là.
A cette occasion, une simple obser
vation : lorsque l'influence de la France
était prépondérante en Europe, croit-
on que M. de Bismarck, spéculant
sur «a faiblesse, eût osé menacer ainsi
une autre nation ?
Noà lecteurs auront certainement
gardé le souvenir de la Post , le jour
nal de Berlin qui semble avoir pour
spécialité de lancer des articles alar
mants lorsque cela sert les plans
de M. de Bismarck. La voilà qui re
commence. On trouvera plus loin des
réflexions fort peu rassurantes, qui
visent à peu près exclusivement la
Russie. On peut se demander quel in
térêt a en ce moment M. de Bismarck
à peser sur l'opinion. v
Il ne serait pas difficile aux jour
naux russes de rétorquer les argu
ments de la feuille allemande et de
montrer que,si la sécurité de l'Europe
est moins solide qu'on ne pourrait le
désirer, la faute en est en grande
partie à la triple alliance, au voyage
de M. Crispi à Berlin, aux rodomon
tades du même Crispi et aux menaces
des Allemands contre la Russie.
Les républicains parlementaires se
défendent. Ils le font avec violence
et maladresse. Ils s'y prennent de
telle manière qu'ils soulèvent l'indi
gnation générale, et augmentent l'ar
deur et le nombre de leurs ennemis.
On né peut vraiment que les encoura
ger à la persévérance. Qu'ils conti
nuent, qu'ils redoublent même de zèle
et de brutalité. S'il n'y avait que les
conservateurs et les boulangistes pour
ruiner le régime actuel, peut-être
échapperait-il au désastre ; mais nous
avons, contre lui, de précieux auxi
liaires, ses défenseurs.
Ils se sont dit : Nous allons mon
trer de la poigne; nous allons faire de
l'autorité. Ils s'imaginent évidemment
que l'on fait de l'autorité quand on le
juge à propos, qu'il n'y a qu'à vou
loir. Faire de l'autorité, rien de plus
facile ; c'est un exercice à la portée de
tout gouvernement,quelles que soient
son origine, sa raison d'être. Il y a des
lois, on s'en sert; il y a des gendar
mes, on en use. On exécute les lois
dans toute leur rigueur ; on exagère
même un peu, même beaucoup, au
besoin, cette rigueur; les lois ne
sont-elles pas élastiques? On re
commande aux gendarmes de ne
point ménager ceux qu'on désigne à
leur intervention, les gendarmes
obéissants distribuent les gourmades
avec libéralité. Alors on est tout con
tent de soi, on se félicite, on n'est pas
moins fier qu'heureux, on croit avoir
accompli une œuvre utile et brillante,
qui ne peut manquer de produire,
d'excellents résultats; ces résultats,
on les attend, — le pied sur la pre
mière marche du Capitole, — avec im
patience et confiance. On a fait de
l'autorité !
Eh bien, on se trompe, on n'a fait
que de l'arbitraire !
De même qu'il y a des hommes qui
ne parviennent pas, malgré leurs ef-
orts, malgré leur situation, à conqué
rir de l'autorité, de même il y a des
gouvernements qui n'arrivent point,
malgré les lois élastiques et les gen
darmes obéissants, à faire de l'auto
rité. L'ardeur, la fureur qu'ils y met
tent ne servent de rien. Ils ne peu
vent pas.
Voyez M. Méline. Elu, réélu par le
libre suffrage de ses collègues, il est
le président de la Chambre. Tous les
députés reconnaissent qu'il est là, au
fauteuil, pour diriger les discussions
et maintenir l'ordre. D'où vient qu'il
est impuissant à remplir sa tâche?
D'où vient que nos représentants nous
donnent à peu près toutes les séances
le spectacle d'une classe en révolte,
et qu'on ne serait nullement surpris
de les voir, un de ces jours, casser les
banquettes pour se les jeter au visage ?
Est-ce que M. le président Méline
n'use point de ses droits ? Ne prodi-
gue-t-il pas les avertissements, les ob
jurgations, les peines réglementaires ?
Jamais on ne les a vus pleuvoir si
abondamment. Rien n'y fait. Un rap
pel à l'ordre, prononcé par M. Méline,
même avec inscription au procès-ver
bal, cela ne compte pas. C'est en vain
qu'il les multiplie, exaspéré. Plus il
en tombe, plus semble grandir l'au
dace des interrupteurs et des tapa
geurs. Et c'est fini maintenant, M.
Méline doit le comprendre : il ne s'im
posera point. Pourquoi donc ? Parce
qu'il n'a pas d'autorité.
Eh bien, le gouvernement est vis-à-
vis de la France dans la même posi
tion que M. le président Méline vis-
à-vis de la Chambre. Le gouverne
ment non plus, malgré ses rappels à
l'ordre, la pression qu'il exerce, les ré
pressions dont il abuse, n'arrive à pro
duire aucun effet. C'est-à-dire qu'il en
produit, mais un effet tout contraire à
celui qu'il cherche. line parvient qu'à
exaspérer, qu'à enhardir ses ennemis.
Entre ses mains,
Le gendarme est sans força et la loi sans vertu !
Pourquoi donc? Parce qu'il n'a pas
d'autorité.
Et alors, il verse dans l'arbitraire,
qu'il s'imagine être le nec plus ultra de
l'autorité. Le flot de l'exaspération
n'en monte que davantage. Et le gou
vernement prodigue les violences, ne
s'apercevant point qu'il prodigue ainsi
les témoignages de sa faiblesse.
Vous ne pouvez être qu'un gouvér-
ment d'opinion, messieurs les répu
blicains parlementaires. Vous vous êtes
donnés comme les champions de la
liberté, comme les ennemis irréconci-
liables-des lois et procédés de tous les
gouvernements autoritaires. Votre rai
son d'être, c'est donc la liberté. Vous
ne daignez même plus la promettre.
Vous trouvez que les temps sont ve
nus de substituer en France l'auto
rité à la liberté, de recourir aux armes
que vous avez si longtemps flétries.
SoitI Mais, alors, laissez la place à
d'autres, Allez-vous-en !
PlERBS VEUILLOT.
Voici comment le Temps termine
un article consacré à l'appréciation du
grand débat qui vient d'avoir lieu à
la Chambre :
Quant & la moralité de ce débat, elle est,
si nous ne nous trompons, dans un mot de
M. Goblet et dans la réponse qu'y a faite
un député réactionnaire. « On n'offre pas
la paix à la droite, a dit l'orateur républi
cain ; elle vit de la guerre. — Vons vous
trompez, a répliqué M. Sevaistre, nous
vivons de la guerre que vous nous faites. »
En vérité, M. Goblet ne se trompait pas;
il avait voulu dire tout simplement ce qu'a
redit après lui M. Sevaistre, La droite vit
<Î9 la guerre à l'Eglise, que la République,
mal inspirée, a para faire, à un certain mo
ment, et qu'il ne tiendrait pas à M. Glé-
menceau qu'elle ne reprît aujourd'hui; et
la droite ne vit que de cela, car elle ne
spécule apparemment pas jjpr la fidélité des
populations à la rjstce de leurs anciens ppis,
elle qui les engage à porter M. Boulanger
au pouvoir, faute de mieux. Cesse? la
guerre à l 'Eglise, et la droite pourra d'ina
nition. M. Jules Ferry, M. Ribot n'ont pas
dit autre chose. Nous estimons qu'ils ont
raison, et nous souhaitons ardemment pour
la République que leur langage soit en
tendu de tous ces électeurs qui ne s'écar
tent d'elle que trompés par la polémique
perfide que la droite n'a cessé d'entrete
nir autour des questions scolaires et reli
gieuses.
Le Temps parle fort à son aise, mais
non pas très impartialement de la
« polémique perfide » entretenue, se
lon lui, par la droite autour des ques
tions scolaires et religieuses. On dirait
vraiment, à le lire, que c'est la droite,
que ce sont les catholiques qui ont
créé le conflit religieux, comme si ce
conflit ne se rapportait pas à des griefs
très sérieux et réellement existants.
Mais n'est-ce pas à propos de sa façon
même d'exposer les choses qu'on
pourrait à bon droit parler de per
fidie ?
Aujourd'hui, que dit-il encore? A
l'en croire, MM. Jules Ferry et Ribot
se seraient trouvés d'accord pour pro
poser de cesser la guerre à l'Eglise, ce
qui amènerait promptement la mort
de la droite par inanition. Or, M. Ri
bot et M. Jules Ferry.se sont rencon
trés en effet dans une même affirma
tion, mais cette affirmation contenait
l'éloge de toutes les lois et mesures
laïcisatrices sans l'expression du moin
dre regret,et dès lors comment espère
t-on persuader aux catholiques dans
le Parlement ou dans le pays, que
l'on a vraiment envie de cesser la
guerre à l'Eglise? La guerre à l'Eglise,
mais le programme en est écrit tout
au long dans cette législation impie
dont on se vante et à laquelle on se
défend de vouloir jamais porter la
moindre atteinte. Et l'on s'étonne que
d'une paix offerte sur ce terrain les
catholiques ne veulent pas entendre
parler, ni dans le pays ni dans le Par
lement !
Il peut plaire au Temps, pour les
besoins de sa polémique, d'accuser à
ce propos le parti pris de la droite
et des catholiques. Le parti pris, il est
ailleurs. Il est chez ceux qui, forcés de
constater qu'ils ont fait fausse route,
n'ont pas le courage de le reconnaître
et enlèvent ainsi toute confiance à
leurs promesses. C'est pourquoi s'il
est vrai de dire que la droite vit de la
guerre à l'Eglise parce que c'est cette
guerre qui a valu aux députés de la
droite les suffrages du peuple catholi
que soulevé contre la persécution, il
ne l'est pas de dire que MM. Ribot et
Ferry sont réellement désireux d'en
lever à la droite ses justes sujets de
plainte.
Et c'est pourquoi les électeurs ca
tholiques continueront de donner leurs
voix à ceux qui promettront de les dé
livrer du régime des Ribot et des
Ferry.
A uguste R oussel.
Voici, d'après le Journal des Débats,
le résumé de la réunion de la commis
sion mixte de l'armée et la décision
de la commission delà Chambre des
députés :
La commission mixte, composée de la
réunion des deux commissions de l'armée
du Sénat et de la Chambre, convoquée au
ministère de la guerre, s'est réunie hier. La
commission du Sénat avait tenu antérieure
ment une courte séance au palais du Luxem
bourg.
Les membres de la commission de la
Chambre, désirant se placer sur un terrain
absolument neuf, n'ont pris aucune délibé
ration avant la réunion de la commission
mixte. Le ministre de la guerre n'assistait
pas à la séance. Le général Deffis a rappelé
dans quelles circonstances les deux commis
sions ont été amenées à se réunir en assem
blée unique. M. Mézières a exposé ensuite
qu'une grande commission, comme celle qui
siège aujourd'hui, ne doit pas se lancer
dans une discussion à perte de. vue sans sa
voir exactement ce qu'elle désire. Le vœu
de la Chambre, dit-il, est que l'assemblée
se place au point de vue des intérêts fran
çais, et non au point de vue des intérêts
politiques.
Ls général Deffis a de nouveau pris la
parole. Puis la commission de la Chambre
s'est rendue dans un autre local, afin de dé
libérer sur le fond et le texte des proposi
tions d'entente à soumettre à la commis
sion du Sénat.
Sur la proposition de M. Thiers, il a été
décidé que les modifications introduites
par la haute Assemblée seraient acceptées,
ii l'exception de celles qui sont relatives au
service des séminaristes. Cette décision a
été pommuniquée à la commission du Sé
nat qui, dans la prochaine réunion de la
commission mixte fixée à vendredi, fera
connaître ses résolutions.
Si les membres de la Chambre des
députés avaient voulu prouver que,
dans leur prétendue réforme militaire,
ils n'obéissent qu'à la haine de l'Eglise,
ils n'auraient pu mieux faire.
La journée du 9 juin
au vatican
Rome, il juin 1389.
■ Pendant que l'impiété se préparait
dans les rues de Rome à célébrer un
apostat immonde, le Pontife Suprême,
après avoir offert le saint sacrifice, a
exposé dans sa chapelle privée le Sacre
ment auguste de l'Eucharistie. Aussitôt
après le Pape a voulu faire la première
heure d'adoration devant le Saint-
Sacrement. Il est resté là, cet auguste
vieillard, le Vicaire du Christ, implo
rant sur sa ville les bénédictions et le
pardon, suppliant l'Esprit divin d'illu
miner Ips cœurs e{; 4'eclairer les pau
vres aveugles et endurcis. Le Pontife
n'a cessé de. prier pendant tout le
jour, et tous les dignitaires de la cour
pontificale, prélats et laïques,ont passé
une heure d'adoration devant la Vic
time expiatoire immolée pour le salut
du inonde.
Le soir, les portes du Vatican se
sont ouvertes un instant pour laisser
passer les ambassadeurs et les minis
tres accrédités auprès du Saint-Siège.
Un des premiers à venir a été l'am
bassadeur de France. Les diplomates
ont fait d'abord visite à S. E. le car
dinal secrétaire d'Etat,et chacun a été
particulièrement admis en présence
du Souverain Pontife. Tous y étaient,
sauf un... M. de Schlœzer, l'ambassa
deur de Prusse. Le diplomate de M. de
Bismarck avait préféré se promener
sur le pont Saint-Ange, en chapeau
gris, mou, pour assister au passage
de ses confrères.
■„ Il est resté là pendant plusieurs
heures, se promenant au Borgo et au
tour du Vatican, et contournant le
château Saint-Ange.
. Après avoir reçu tous les ambassa
deurs, le Saint-Père les a invités à res
ter auprès de Lui pour prier. Tout le
monde s'est prosterné autour du Saint-
Sacrement dans la petite chapelle pri
vée du Pape, et les représentants des
nations ont récité avec le Pontife le
chapelet; Léon XIII s'est revêtu en
suite des ornements sacerdotaux et a
donné la bénédiction du Saint-Sacre
ment.
Dans toutes les communautés reli
gieuses on s'était uni d'intention au
Pape, et pendant tout le jour on n'a
cessé de prier devant le Dieu eucharis
tique.
C'est ainsi que îes premiers chrétiens
de Rome, réunis dans les catacombes,
exhalaient en silence leur prière de
vant Dieu, tandis que le paganisme
célébrait ses saturnales obscènes dans
le ville de Rome.
La Mense épiscopale de Nîmes
Nous lisons dans le Messager du Midi
au sujet des biens de la mense épis
copale de Nîmes :
M. Ladrat, administrateur civil de la
mense, n'avait pas voulu s'exposer à rece
voir en face aujourd'hui le deuxième souf
flet que son gouvernement l'avait chargé
d'ajouter à celui du 20 mai : M. Ladrat
avait délégué ses pouvoirs à un jeune ap
prenti notaire.
Ainsi que nous l'avions prévu et annoncé,
cette vente n'a pu avoir lieu, aucun ache
teur ne s'étant présenté. Les feux ont brûlé
et se sont' mélancoliquement éteints devant
les mélancoliques soupirs de l'infortuné
M" Brnguière et les sourires narquois des
spectateurs.
C'était un spectacle des plus réjouissants.
M. Ladrat, qui n'avait pas osé assister &
cette représentation organisée par lui, a
cependant promis par une lettre, dont M"
Bruguière a donné lecture, qu'il serait pro
chainement donné une troisième représen
tation de cette comédie, c'est-à-dire, que si
la vente n'aboutissait pas aujourd'hui, il
serait procédé ultérieurement à de nouvel
les enchères.
Nous voulons croire que, ce jour-là, cet
intelligent et courageux administrateur ne
se dérobera pas, comme il l'a fait aujour
d'hui, au troisième soufflet que notre po
pulation lui prépare, à charge par lui de le
faire parvenir à sa véritable adresse : Cons-
tans, Thévenet et compagnie.
La Situation
Au point de vue intérieur, voici ce
que prévoit M. Andrieux dans la Pe
tite République :
Voici ce que je prévois : •
Le parti parlementaire aujourd'hui au
pouvoir n'aura pas le tiers des sièges dans
la prochaine Assemblée. Ceux de ses chefs
qui reviendront au Palais-Bourbon seront
invalidés pour avoir bénéficié d'une candi
dature officielle telle qu'on en aura jamais
connue dans ce pays ; le nouveau pouvoir
s'efforcera de respecter les petits fonction
naires; mais tous les préfets, sous-préfets,
trésoriers généraux et autres gros bonnets
seront révoqués; les ministres seront mis
en accusation; le nouveau cabinet, afin de
soustraire les sénateurs à la juste colère du
peuple, qui menacera d'envahir le Luxem
bourg, fera arrêter, sous l'inoulpation de
forfaiture, les membres de la commission
des neuf.
Quant à celui qui écrit ces lignes, il se
fera conspuer par la majorité nouvelle
parce que, dans une pensée d'apaisement,
il proposera une amnistie pour les crimes
et délits politiques.
Toutefois, la raison reprenant le dessus,
l'amnistie finira par être votée ; mais j'au
rai le regret de ne pas réussir à sauver le
malheureux ministre de3 finances, ni cer
tains de ses collègues, la Chambre refusant
de comprendre dans l'amnistie les « faits
connexes aux délits politiques ».
Yoijà l'avenir prochain, tel qu'il apparaît
à tous les gens de bon sens, et c'est parce
qu'il est impossible de mettre l'évidence
sous le boisseau, qu'il est tout simplement
ridicule de prétendre faire peur au suffrage
uniyersel,.
Quant à nqijs, convaincus que nous rem
plissons un sacerdoce, nous continuerons
oonscienoieusement à exciter nos conci
toyens à la haine et au mépris d'un gouver
nement dont la France ne veut plus et qui
s'entête à ne pas le comprendre.
Messieurs les rainjatMH, n'assumez pas
jnutilpn^gnt (Je nouvelles responsabilités ;
ne rendez pas impossible l'amnistie politi
que que nous nous proposons de sollioiter
pour vous. Croyez-nous, le plus sage est
de laisser faire ce qu'on ne peut empê
cher.
Au point de vue extérieur, on lit
dans la Uhnt ;
Nous nous refusons à croire qu'en de
mandant au Conseil fédéral des satisfac
tions qu'elle ne pouvait raisonnablement
exiger et qu'il ne pouvait dignement accor
der, la chancellerie allemande n'ait eu d'au
tre but que de préparer les voies à une
agression contre la Suisse. C'est pourtant
ce résultat qu'elle chercherait à atteindre,
s'il faut s'en rapporter aux conclusions com
minatoires de la Gazette nationale de Ber
lin. Après avoir engagé le gouvernement à
rappeler le ministre d'Allemagne à Berne,
cette feuille ajoute : « Ce rappel serait
d'autant plus sensible à la Suisse, que
toutes les puissances sont loin d'avoir un
intérêt égal à la neutralité de la Confédéra
tion helvétique et à l'indivisibilité de son
territoire. » En termes clairs, cela signifie :
« Que la Suisse prenne, garde, nous som
mes capables de l'envahir et de la démem
brer sans le moindre souci de sa neutra
lité et sans le moindre remords de con
science !»
Sans doute, ce n'est là qu'une de ces
menaces vaines, comme la presse aile
mande a coutume d'en proférer à tort et à
travers ; ce n'est là qu'une exagération de
journal et do journaliste. Les gouverne
ments sont moins expédilifs.
Mais cet avertissement ne devrait pas
être perdu pour la Suisse. Sa neutralité, en
cas de guerre, serait exposée aux plus
grands périls,'et l'acharnement que la chan
cellerie allemande met à grossir et à enve
nimer ce mince incident pourrait bien n'a
voir d'autre but que de se créer d'avance
des prétextes d'agression, dont elle userait
en lemps el lieu. Lia neutralité de la Suisse
est bien plus menacée que celle de la Bel
gique. Dans l'éventualité d'une guerre avec
la France, la violation du territoire helvé
tique s'imposerait à l'armée allemande, qui
tournerait ainsi les forts de notre frontière
de l'Est, et surtout à l'armée auxiliaire
italienns, qui prendrait à revers les défilés
à peu près infranchissable des Alpes fran
çaises.
Cette considération stratégique pourrait
bien expliquer l'animosité avec laquelle M.
de Bismarck a traité l'affaire Wohlgemuth.
A l'extérieur comme à l'intérieur,
ce ne sont pas précisément des présa
ges de paix.
En Serbie
Notre éminent collaborateur, M.
d'Agreval, qu'une longue indisposi
tion a empêché, en ces derniers temps,
de nous envoyer ses correspondances,
mais dont, grâce à Dieu, la santé est
en voie de rétablissement, nous écrit
au sujet des chemins de fer de Serbie.
... C'est une compagnie française, le
Comptoir d'Escompte qui, bénéficiant d'une
affaire qui était dans le portefeuille de l'U
nion générale, avait l'exploitation des che
mins serbes ; et il était du plus haut inté
rêt que cette ligne qui, sur tout son par
cours serbe est devenu le chemin de Gons-
tantinople, et ce qui, peut être, est encore
plus important, le chemin de Salonique,
fût dans des mains françaises. Mais je ne
sais par suite de quels arrangements, le
Comptoir d'Escompte avait cédé, sinon la
concession, du moins le fait de l'exploita
tion à une compagnie autrichienne. Il en
résulte que la plupart des employés étaient
des juifs, de telle sorte que le roi Milan
qui avait certaines sympathies françaises,
se plaignait de ne plus voir que des juifs
sur toute la ligne. En effet, qui dit autri
chien, dans tous ces pays orientaux, dit un
juif, Il semble donc que la France n'a pas à
prendre autrement parti pour la Compagnie
qui, si elle était originairement française,
n'en est que plus coupable d'avoir cédé à
la Lander-Bank ou à telle autre compagnie
autrichienne, ne fût-ce que l'exécution des
charges qu'elle avait assumées. Il est pro
bable qu'il faut chercher dans ce fait l'ex
plication de la mesure que vient de pren
dre le gouvernement serbe ; celoi-ci acouse
les employés supérieurs du chemin de fer
d'espionnage et d'autres faits le mettant
en danger. Il est difficile de juger de la
vérité de ces assertions, mais il sutfit qu'il
s'agisse d'employés autrichiens et juifs
pour les rendre vraisemblables.
Je vous ai souvent dit dans mes corres
pondances que le seul allié de l'Autriche
eu Serbie était Milan suivi de quelques-uns
de ses serviteurs, tandis que tout le pays
était profondément hostile à l'Autriche.
Tout ce qui se passe en ce moment-ci
est une confirmation de mes vues. Le niçe-
ting des progressistes composé en majeure
partie d'snQicns employés et dirigés par
Garaohnine, a été violemment dispersé par
le peuple. Le gouvernement affecte une
certaine modération qui loi comman
dée par le yajqinage autrichien, mais ou
bien il sera obligé de se retirer, ou il fau
dra qu'il suive dff plus près le mouvement
populaire.
Vons avez annoncé le retour du métropo
litain Michel, celui qui avait été chassé
par Milan, malgré l'opposition de tous les
autres évêques, de telle sorte qu'il a fallu
aller cheroher en Autriche le consécrateur
de son successeur. Michel s'était retiré en
Russie, où on lui ^ccqrdait de grands hon
neurs. Qr un personnage russe, très im
portant et particulièrement au courant des
affaires concernant la Serbie, un jour que
je l'interrogeais sur les rapports çrçtpe ce
pays et la Russie, uie péppndit : « Tant que
le métropolitain Michel ne sera pas
bli, considères ces rapports cçriime mau
vais, le jour où vous verrez Michel revenu,
vous pourrez être certain que la Serbie est
rentrée en grâce, »
Agreval.
Le deuxième centenaire
du ~
SACRÉ-CŒUR
tin d'un décret de la Sacrée-Congréga-J
tion des Indulgences et Saintes Reli-j
ques, portant concession d'une indul
gence plénière pour le jour de la fête
du Sacré-Cœur.
En voici la traduction:
DÉCRET
pour la ville et le monde
En raison du refroidissement de la cha
rité parmi les hommes, etmême de l'audace,
de jour enjour croissante des impies, qui
s'attaque par des outrages et des offenses
au très aimant Rédempteur du genre hu
main, un vif désir s'est manifesté chez
beaucoup de célébrer, celte année, la fêta
de son très saint Cœur par de plus fer
vents témoignages d'amour et de recon
naissance. Et ce qui a surtout déterminé
ce sentiment, c'est qu'il y aura cette annéa
deux siècles que Notre-Seigneur Jésus*
Christ a voulu, comme on le rapporte, ma
nifester à la Bienheureuse Marguerite-
Marie Alacoque qu'il rendrait la vie perdue
à beaucoup par le culte spécial de son
Sacré-Cœur et qu'il rétablirait, en renver
sant l'empire de Satan, le très suave régna
de son amour. C'est pourquoi des suppli
ques ont été adressées à Notre Saint-Pèra
le Pape Léon XIII pour que,dans le courant
de celte année,il daignât ouvrir le trésor des
indulgences pour exciter davantage la piété
des fidèles qui se proposent, au jour sus -
dit, d'accomplir, en l'honneur du très
saint Cœur de Jésus, quelque acte parti
culier d'hommage et d'expiation. D'autre
part, comme Sa Sainteté désire vivement,'
à cause de la malice des temps, que les
bons chrétiens ne négligent aucune occa
sion de témoigner de leur amour particu
lier envers le Sacré-Cœur de Jésus, eu
compensation des innombrables outragea
qu'il reçoit, Elle a accueilli affectueusement.
ces prières, dans une audience accordée an
secrétaire soussigné de la Sacrée-Congré
gation préposée aux Indulgences et aux
Saintes Reliques, le 18 mai 1889, et Elle a
bénignement accordé une indulgence plé
nière, applicable aux défunts, à tous les
fidèles qui, au susdit jour de fête, on, $
leur volonté, au dimanche qui suit "immé
diatement la fête, après s'être confessés aux
prêtres approuvés et s'être nourris delà
sainte eucharistie, accompliront avec les
prières convenables ledit acte d'expiation,
soit en particulier, selon la dévotion da
chacun, soit en public dans les églises, du.
consentement des Ordinaires respectifs, et^
en outre, visiteront une église ou un ora
toire public, et y prieront avec piété quel
que temps, aux intentions de Sa Sainteté.
La présenta devant avoir son effet sans au
cune expédition de Bref. Et ce nonobstant^
toutes choses contraires.
Donné à Rome, de la secrétairerie de la
susdite Sacrée Congrégation, le 18 mai
1889.
{Place du sceau).
Le cardinal Crïstofort , préfet.
Alexandre , évêque de Tripoli,
secrétaire.
Pour mieux faire entrer nos lecteurs
dans le mouvement de piété que [le
deux-centième anniversaire de l'appa
rition de Notre Seigneur à la Bienheu
reuse Marguerite-Marie suscite par
tout,nous continuerons à les tenir au
courant des différentes manifestations
qui se préparent.
Rappelons que :
Le 17 juin sera le jour des consécra
tions individuelles;
Le 20 juin sera le jour plus spécial
de la consécration des familles ;
Le 28 juin, fête du Sacré-Cœur, sera
la journée où les corps constitués se
consacreront comme tels.
C'est le 20 juin, jour de la Fête-Dieu,
que la consécration solennelle au Sa
cré-Cœur aura lieu à l'église du Vœu
National, à Montmartre, en union
avec toutes les consécrations qui se
feront ce jour-là en France.
S. G. Mgrl'évêque de Vannes vient de
publier une lettre pastorale avec mande
ment pour la fête du Sacré-Cœur.
En ce jour da salut, dit le vénéré prélat, la
France catholique se donnera randez-vous à
Montmartre, pour signer publiquement la paix
avec le ciel. Voici d'avance un temps propice
pour implorer la ©iséricorde divine en faveur
de l'Eglise et de sa Fille aînée. Célébrons dé
votement d'un cœur contrit, humilié et plein
d'espérance, le deux-centième anniversaire des
révélations laites à la sainte Visitandine da
Paray-le-Monial,
A ces fins, Mgr l'évêque de Vannes fïn-
vite MM. les curés, les recteurs et ies au
môniers à célébrer solennellement, dans
leurs églises ou leurs chapelles, la fête du
Sacré-Cœur, soit le vendredi 28 juin, soit
le dimanche suivant,
Ils liront publiquement l'acte d'amende
honorahlo, dont S. Em...Mgr l'archevêque
de Paris a autorisé la publication au sane-
tuaire du Vœu national. Sa Graveur se
réserve de remplir ce devoir à la cathé
drale et au grand-séminaire, et de renou
veler la consécration da sçn diocèse au Sav
cré-Cœur.
Noijs recevons de Rome le texte la
^ Nqu * avons parlé de la dépntation da
.lonrcoing à l'église du Sacré-Cœur de
Montmartre. La Semaine religieuse de Cam
brai l'annonce ainsi :
A Tourcoing, unè dépntation d'une soixan
taine de personnes de la ville et des environs
se rendra à Montmartre, le jeudi 27 juin, veille
de la tête du Sacré-Cœur. Chaque commune
des deux cantons y aura un ou deux représen
tants pris parmi les plus notables, quelquefois
le maire ou un adjoint. Partis de grand matin,
les délégués arriveront vers onze Heures et de
mie pour entendre la messe au sanctuaire da
Vœu national. Dans l'après-midi, ils feront une
consécration solennelle de la ville de Tourcoing
et de ses environs au Sacré-Cœur d.e Jésus. Cette
cérémonie Bera suivie du Chemin de la Croix.
La nuit sera ensuite passée en esprit de répa
ration devant Iq Saint-Sacrement.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 80.07%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 80.07%.
- Collections numériques similaires Société française d'archéologie Société française d'archéologie /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Société française d'archéologie" or dc.contributor adj "Société française d'archéologie")Congrès archéologique de France : séances générales tenues ... par la Société française pour la conservation des monuments historiques /ark:/12148/bpt6k3210010q.highres Séances générales tenues en ... - Société française pour la conservation des monuments historiques /ark:/12148/bpt6k42251600.highresCaumont Arcisse de Caumont Arcisse de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Caumont Arcisse de" or dc.contributor adj "Caumont Arcisse de") Cougny Gustave de Cougny Gustave de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Cougny Gustave de" or dc.contributor adj "Cougny Gustave de") Palustre Léon Palustre Léon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Palustre Léon" or dc.contributor adj "Palustre Léon")
- Auteurs similaires Société française d'archéologie Société française d'archéologie /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Société française d'archéologie" or dc.contributor adj "Société française d'archéologie")Congrès archéologique de France : séances générales tenues ... par la Société française pour la conservation des monuments historiques /ark:/12148/bpt6k3210010q.highres Séances générales tenues en ... - Société française pour la conservation des monuments historiques /ark:/12148/bpt6k42251600.highresCaumont Arcisse de Caumont Arcisse de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Caumont Arcisse de" or dc.contributor adj "Caumont Arcisse de") Cougny Gustave de Cougny Gustave de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Cougny Gustave de" or dc.contributor adj "Cougny Gustave de") Palustre Léon Palustre Léon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Palustre Léon" or dc.contributor adj "Palustre Léon")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k706655j/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k706655j/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k706655j/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k706655j/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k706655j
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k706655j
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k706655j/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest