Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-06-09
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 juin 1889 09 juin 1889
Description : 1889/06/09 (Numéro 7831). 1889/06/09 (Numéro 7831).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
ÉDITION QUOTIDIENNE
Un an. , .
Six mois. .
Trois mois.
PARIS
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lai sont adressés
j ANNONCES
MST. Ch. LÀGRANGE, CERF et C' 8 , - 6, place do la Bourse
A cause de la solennité de la.fête de
la PENTECOTE, l 'UNIVERS né paraît
tra pas demain.
FRANGE
PARIS, 8 JUIN 1889
L'émotion, continue au sujet du dis
cours de M. Jules Ferry. L'ex-prési-
dent du conseil voulait-il simplement!
reprendre possession de là tribune, où
il n'avait fait depuis sa chute qu'une
fugitive apparition ? Si tel était" son
but, on. ne peut nier qu'il ait pleine
ment réussi : il peut maintenant par-,
1er quand il voudra ; les interruptions
mêmes qui . ont accueilli jeudi là
deuxième partie de son discours di-j
minueront notablement, si- même
elles ne cessent pas. ' I
Mais si M. ; Jules Ferry, comme lë
prétendent certains amis, voulait re^j
prendre la direction du parti républi--
cain, concentré sous sa haute direc4
tion, à l'exception de l'extrême gàu j
che qu'auraient remplacée quelques
transfuges du centre droit, il a com-*
plètement échoué. Aucune concentra^
tion ne s'est faite ; aucune fraciion de
la droite n'a glissé vers l'opportunis4
me 5 et rien n'indique que M. Jules
Ferry soit en « posture » de prendre là
direction des affaires pour les élec
tions.
On attend aujourd'hui à la Chambré
des députés une séance mouvementée :
non seulement M. le comte de Mun
doit répondre à M. Jules Ferry, mais
on annonce l'intervention de M. Clé-
menceau, qui viendrait combattre toute
politique d'apaisement, en se plaçant
sur le terrain de la séparation de "l'E
glise et de l'Etat. On sait ce que cela
signifie chez ce sectaire, qui n'a même
pas l'excuse banale de la conviction.
C'est décidé : la loi militaire est ren
voyée à l'examen des commissions
militaires des deux Chambres,qui ont
à se mettre d'accord sur un texte que
l 'on puisse accepter des deux côtés. Ce
ne sera peut-être pas très facile.
A la Chambre des députés comme
aa Sénat, on a accepté cet arrange
ment, qui doit nécessairement retar
der le vote de la loi, ce dont personne®
ne se plaindra.
On a remarqué, à cette, occasion,;
que la commission militaire du-Sénat
île comptait que 18 membres, tandis
que celle de là Chambre en a 33; .com
ment rétablira-t-on l'égalité? Par le
vote par corps, retour à l'ancien régi
me, ou par l'élimination d'un certain
nombre de commissaires de la Cham
bre ? .. . .
Au Sénat, hier,, on s'est occupé de
la loi sur l'enseignement primaire.:
Malgré M. Léon Say, qui.demandait;
le maintien des deux délibérations, s
garantie nécessaire pour une loi si
importante, l'urgence a été prononcée
par 149 voix contre 109. M.Chesnelong
a développé un contre-projet affirmant
les droits des conseils municipaux ;
il l'a brillamment défendu, ce qui n'a
pas empêché le Sénat de lui donner
tort par 187 voix contre 73.
A la.Chambre des députés, une in
terpellation de M. Lejeune sur les
moyens de transport à Paris s'est ter4
minée, après une réponse dilatoire de
M. Constans, parle vote dé l'ordre du
jour pur et simple. On a ensuite
ajourné, malgré le gouvernement, un
projet de loi relatif au_ chemin de fer
a'AIais au Rhône, cher à M. Cazot,
puis adopté ou pris en considération
diverses propositions touchant aux
intérêts des ouvriers.
Nos conseillers municipaux, n'en-,
voient pas de délégation à Rome pour
l 'inauguration du monument de l'a
postat Giordano Bruno ; ils se con
tentent d'une Adresse, ce qui est en
core un manque de tact et de patrio
tisme.
A Rome, on n'est pas sans préoccu
pation au sujet de l'odieuse manifes
tation de demain. Même des hommes
politiques tort hostiles à l'Eglise trou
vent que M. Crispi s'est engagé dans
une mauvaise affaire, qui ne tournera
pas à l'honneur ni à 1 avantage de la
monarchie subalpine.
La situation reste fort grave en Ser
bie; le roi Milan, dont on annonçait la
venue, ce qui aurait été une nouvelle
causd de désordre, renonce à son
voyage, au moins pour le moment,
mais il a écrit aux régents pour leur
faire des observations qui ne semblent
pas manquer de fondement.
L'assemblée provinciale de l'Anjou
du Maine et de la Touraine s'est ou
verte hier par un magnifique discours
Je Mgr l'évêque d'Angers, qu'on trou
ver» plus loin.
! Les catholiques, disions-nous avant-
hier, sont les plus intéressés à voir
disparaître le régime actuel. La preuve
de notre assertion ne s'est point fait
attendre. Le même jour, M. Jules Ferry
montait à la tribune, et, s'affirmant
comme le chef des opportunistes, des
républicains qui se croient modérés*
tenait le langage que l'on sait.
Donc, si, par aventure, les hommes
du centre l'emportaient aux prochai
nes élections sur les conservateurs, les
boulangistes, les radicaux, ils se gar
deraient bien, foi de Jules Ferry, de
rien réparer du mal qu'ils ont fait. Au
contraire, ils maintiendraient avec
énergie toutes les lois de persécution
déjà votées par eux. Ils continueraient,
notamment, l'œuvre criminelle de
laïcisation, aux trois quarts achevée,
du reste. Plus que jamais, l'école se
rait neutre, et nous la connaissons,
cette neutralité ! Bref, ils s'acharne^
raient toujours, comme depuis dix
ans, à préparer des générations enne
mies de l'Eglise. M. Jules Ferry le dé
clare, et, bien que, d'habitude, il ne
faille point se fier aux déclarations du
personnage, on peut l'en croire cettë
fois-ci. ; i
Le chef des oppôrturiistës nous as
sure, il est vrai, que, s'il redevient le
maître, il maintiendra le pacte con
cordataire et le budget des cultesi
Nous sommes persuadés que c'est son
intention, car c'est son intérêt. Il
ajoute qu'il s'occupera de faire voter,;
pour les associations religieuses, une*
loi plus libérale. Comme ces gens-la
ont toujours qualifié leurs lois, même;
les lois d'enseignement, de lois libé
rales, nous avons de la méfiance. Du
projet de réforme militaire, pas un
mot.
En résumé, point de réparations j
poursuite, avec légèrement moins de
violence peut-être, delà lutte sur les
terrains où elle est engagée déjà;
mais eri la circonscrivant sur ces
térrains, et (réserve faite de la loi
militaire) sans recourir à des armes
nouvelles: voilà le programme de
M. Jules Ferry. Les catholiques ne
doivent, — ils s'en doutaient, d'ail
leurs, — rien attendre de mieux du
chef des opportunistes.
Et l'ancien président du conseil,
lorsque, après nous avoir ^ fait ces
belles promesses, il a parlé de son
désir d'arriver à la pacification reli
gieuse, a paru tout surpris de voir
M. le comte Albert de Mun s'indigner
Ce qu'il y a de plus fort, c'est que sa
surprise était peut-être sincère !...
Que M. Jules Ferry le sache bien : tous
les catholiques de France partagent
l'indignation de J'illustre orateur. Tous
sont révoltés. Le chef des opportunis
tes, loin d'avoir diminué par son
discours la force des jsentiinents hos
tiles que nourrissent à son endroit,
les catholiques, n'est parvenu qu'à
l'accroître encore. Et cet accroisse
ment d'hostilité n'est pas moins juste
que l'hostilité elle-même.
On nous croit donc bien bas pour
nous traiter ainsi! On se trompe, et
nous le prouverons !
Ah ! si M. Jules Ferry était venu;
tenir à la tribune le langage que la;
République française , par exemple, a
semblé quelquefois presque disposée;
à tenir ! S'il était venu déclarer qu'on
avait été trop vite et trop loin, dans;
l'œuvre de laïcisation, qu'on aurait
dû laisser aux communes la liberté:
du choix entre les instituteurs laïques
et congréganistes, et qu'il fallait
amender la loi de 1886 dans ce sens;
puis, s'il avait seulement admis des
« exagérations » dans la politique
suivie, ces dernières années, vis-à-vis
de l'Eglise, et spécifié que la loi mili-;
taire ne devrait pas être une nouvelle
machine de guerre anti-religieuse, etc.,
ce serait autre chose! Son discours
aurait produit une impression diffé
rente. Un certain nombre de catholi
ques, — ; nous ne disons pas qu'ils
Voir les DERNIÈRES NOUVELLES à la fin
Est-il nécessaire d'insister davanta
ge sur l'intérêt qu'ont les catholiques
à voir, le plus tôt possible, s'effondrer
la République parlementaire ?
Pierre Veuillgt.
eussent bien fait de parler ainsi, mais
nous
ainsi,
disons qu'ils" auraient parlé
, — se seraient murmuré entre'
eux:Somme toute,Boulanger n'est pas*
sûr (oh non! il n'est pas sûr!), Mon
sieur le comte de Paris paraît fort loin,
du trône, presque aussi loin que le
prince Victor, la lutte est bien fati
gante, — que de catholiques sont tou
jours enclins à trouver la lutte fati
gante ! — donc, le programme du
chef des opportunistes est digne d'être
pris en considération !
Et le résultat, ç'aurait été,peut-être,
une détente.
Mais M. Jules Ferry n'a point tenu;
ce langage. Les catholiques ne se livre-;
ront point, par conséquent, à ces ré
flexions plus ou moins heureuses. Pas
de détente. ~
Sans compter que, tout en faisant
l'effort de croire M. Jules Fërry sin
cère, tout en estimant qu'il a dévoilé;
ses vraies intentions présentes et que
les opportunistes sont disposés h le
suivre, on peut se demander si, dans
cinq mois, les intentions du chef, des
"lieutenants et des soldats seront les
mêmes, et si, redevenus les maîtres,ils
ne sentiront pas se réveiller, avec çlus
d'ardeur que jamais, leurs vieux ins
tincts anticléricaux.Et les catholiques
auraient à souffrir d'une recrudes
cence de persécution ! Merci !
Ajoutez encore qu'il n'est pas sûr du
tout que les opportunistes l'emportent
au? prochaines élections, même si les
partisans du régime actuel triom
phent de leurs enae^js-Les bénéficiai
res de la victoire seront peut-être les
radicaux. Et alors !...
M. Chesnelong a présenté au Sénat
un contre-projet sur la loi scolaire et
l'a développé avec éloquence et avec
force, comme de coutume; et, comme
de coutume aussi, sans illusion sur le
vote de la majorité. Non pas que la
majorité refuse d'écouter M. Chesne
long. Oh I pas du tout ! Elle écoute
l'orateur catholique avec attention,
avec intérêt, même avec une certaine
manière de satisfaction, comme quel-
u'un qu'on n'est pas fâché d'enten-
_.re pour apprendre quelque chose. Il
y a mieux : la majorité n'est pas éloi
gnée de penser même que son adver
saire a raison et qu'il y a du bon dans
les idées de la droite sur l'instruction
primaire. Après quoi, nous la verrons
voter avec d'autant plus de fureur et
tenter de frapper l'enseignement libre
avec d'autant plus de rage,comme un
ennemi qui n'est pas encore si bien
terrassé qu'on croyait.
Il n'est pas terrassé, en effet, et
même il se porte encore assez bien.
M. Chesnelong en a donné la preuve
par la statistique comparée des écoles
ibres et des écoles laïques pour tous
es endroits où des écoles libres ont pu
àtre établies. Il a demandé ensuite si
a volonté des familles si évidemment
exprimée, si la liberté à laquelle elles
ont droit ne méritaient pas un peu de
respect, et si les communes, qui sont;
dps agrégations de familles, n'avaient
pas le droit d'opter entre les deux sys
tèmes, le libre et le laïque, aussi bien
que chaque famille en particulier ?
Le contre-projet de la droite pré
senté par M. Chesnelong se résumait
en quatre points très simples,compre
nant, ce semble, tout ce qu'on pouvait
souhaiter de liberté, de tolérance réci
proque, de libéralisme pratique, dans
une matière où des pères de famille
qui ont les vues les plus diverses
peuvent se rencontrer pour faire
valoir le droit le plus respectable
Ces quatre points étaient : 1° Le droit
d'option laissé aux communes entre
le système de l'école libre et celui de
l'école laïque ; 2° l'admission en prin
cipe de la rétribution scolaire, c'est-
à-dire l'école payée par les familles
riches ou aisées ; 3° une subvention de
la commune et de l'Etat pour que
école soit ouverte sans rétribution
aux enfants des familles moins aisées,
qui ne pourraient payer cette rétribu
ion, d'ailleurs fort modeste; 4° le trai-
ement de l'instituteur comprendrait
naturellement deux parties : le traite
ment fixe et le produit de la rétribu
tion scolaire. Ce quatrième point vient
comme une conséquence des précé
dents.
Tout cela n'était pas bien terrible.
Liberté plus grande, allégement d'une
partie des épouvantables impôts qui
entrent dans la caisse de l'Etat depuis
que l'école est prétendue gratuite,
amélioration même du sort de l'insti
tuteur,avec un peu plus de respect de
son indépendance morale, des liens
qui peuvent l'attacher à sa commune
et lui faire aimer sa condition et son
école. Assurément des républicains
mêmes pouvaient admettre tout cela
sans appréhension. M. Chesnelong
n'avait aucune arrière-pensée de réta
blir l'inquisition, quoique M. Tolain
l'en soupçonne. Il n'y avait dans les
idées de la droite aucune comparai
son, même éloignée, entre ses adver
saires et cette affreuse canaille de
Dolet, canonisé laïquement ces jours
ci. Tout le monde à gauche pouvait
admettre ce qu'on demandait à droite
pour de simples motifs d'économie,
de liberté et de bon sens. Les radicaux,
qui dédaignent ces avantages pour
eux-mêmes, n'ont pas voulu en lais
ser le bénéfice à leurs adversaires. Le
pays, qui voit et entend les uns et les
autres, jugera,
G. Bois.
il a reconnu que celle des Petites Voi
tures à en ce moment 800 chevaux
inoccupés, par suite du manque de
cochers : il a déclaré qu'à partir de
demain, la compagnie des omnibus
pourra transporter à l'Exposition et
en ramener 80,000 personnes par jour.
M. Maillard a soutenu une proposition
tendant à nommer une commission
qui préparerait un système de moyen
nes, qui, etc., etc. On a repoussé le
solennel et empêtré citoyen Maillard ;
et l'on s'en est tenu là.
M. Mézières a fait la proposition an
noncée au sujet de la loi militaire, qui
est revenue du Sénat encore une fois
modifiée. Il a proposé que la commis
sion de la Chambre et celle du Sénat
délibèrent ensemble pour préparer
une rédaction définitive. Gela a été
accepté.
Le projet de rachat du chemin de
fer d'Alais au Rhônë, maintes fois
ajourné,a été renfoncé dans l'ajourne
ment. M. Grémieux a demandé un
supplément d'enquête, l'affaire lui
paraissant ruineuse. M. Lesguillier a
parlé de la nécessité d'en finir. M. de La
Ferrière, adversaire du rachat,a rappelé
la responsabilité encourue par l'illustre
Cazot-conflit, jadis administrateur su
périeur de ce chemin de fer en faillite.;
M. Jamais a déployé sa rhétorique
pour relever le prestige de l'héroïque
Cazot, l'homme à tout faire. Malgré le
ministre, M. Yves Guyot, la proposi-;
tion d'ajournement et d'enquête a été
adoptée.
D'autres ajournements ont été pro-j
nonces.
Une proposition de loi a été adoptée'
qui rend insaisissable une certaine
catégorie de salaires. On a voté sans;
discuter ; mais un débat aura lieu lors
de la seconde délibération.
Sans débat également et en seconde
délibération, on a adopté le projet de
loi relatif aux Sociétés coopératives
de production et au contrat de parti
cipation dans les bénéfices.
Aujourd'hui suite des débats sur
l'instruction publique. M. de Mun;
prendra la parole; M. Glémenceau
aussi, dit-on.
EuaÈNB Tavernier.
Giordano Bruno (i)
II
C'était hier au Palais-Bourbon le
jour hebdomadaire de la question so^;
ciale. Elle n'est pas encore résolue.
D'abord on a parlé des cochers^ M.Le
jeune a soutenu que l'insuffisance
des moyens de transport à Paris,
constatée plus que jamais en ce mo
ment, a pour .causes le système de ré»
tribution des cochers de fiacre et la
réglementation imposée à la compa
gnie des omnibus. Les fiacres sont sou- ;
mis, pour la plupart, à la moyennes
c'est-à dire que,par suite de ladifficulté
d'exercer un contrôle, l'administra
tion, tous les jours, fixe la moyenne
que les cochers doivent verser. Cjette
moyenne est actuellement de 24 francs,
plus des frais supplémentaires (laveur,
palefrenier, garçon de place), qui la
portent à 25 francs. Il faut que le co
cher gagne ces . 25 francs avant de
toucher un bénéfice pour lui, pour
gon existence. De là vient que des
cochers désertent leur siège. Quant
aux omnibus, leur organisation est
singulière : la compagnie supporte,
d'après M. Lejeune, un impôt de
3,000 francs par voiture; ce n'est pas
le meilleur procédé pour encourager
la compagnie à multiplier ses Voi
tures. Le ministre de l'intérieur a
répondu, un peu en plaisantant ; il a
cité des chiffres sans conclure, sinon
qu'il m pyUf riw sur ies compagnies;
Nous avons déjà dit ce qu'était, en
résumé,le moineapostat que l'impiété
révolutionnaire se propose de glorifier
demain à Rome, au Campo di Fiori.
Mais il n'est pas inutile d'ajouter
quelques détails qui feront mieux res
sortir encore le caractère de cette
odieuse manifestation. Parlant de la
participation d'un certain groupe d'é
tudiants^ français à cette apothéose,
M. Henri Fouquier, l'autre jour, écri
vait dans le XIX" Siècle :
Il était naturel qu'on invitât les étudiants
français àla cérémonie de Giordano Bruno,
celui-ci ayant été habitant de Paris, comme
Dante, et ayant même professé la philoso
phie avec une licence <}u recteur de l'Uni
versité de Paris. Bruno, qui lit preuve
d'un indomptable courage, dont la vie,
quoique aventureuse, paraît avoir été pure
et ne pas prêter aux soupçons qui pèsent
sur la mémoire d'Etienne Dolet, par exem
ple, était homme de grand savoir et d'élo-
quence, et quelques-uns, dans son ensei
gnement de Paris particulièrement, trou
vent en lui un précurseur de Descartes. Lui :
aussi parlait de cette « table rase» qu'il
faut faire quand on veut s'éclairer aux seu-,
les lumières de la raison. Sa mort sur le
bûcher fut, incontestablement, tin acte de
barbarie et d'odieuse iniquité, Je ne prois
pas, hors quelque fantaisiste attardé de
l'école de Veuillot, qu'il se trouve même;
beaucoup de catholiques pour ne pas re
gretter la façon dont l'Eglise en usa avec le
dominicain devenu philosgphe.
Nous avons souligné, dans l'extrait
qui précède, le doute discret émis sur
la pureté de vie du moine apostat de
Noie. C'est que l'écrivain du XIX e Siè
cle , à moins de la plus grossière igno-
ranée ou de la plus insigne mauvaise
foi, ne pouvait écarter absolument ce
que dit l'histoire à propos de son triste
héros. A Rome même où, depuis
quelques jours, grâce à M. Crispi, l'on
a remis sur la scène, avec les pièces
les plus immondes de la B^enaissanpe
(la Mandragore , la Calandre ou la Cour
tisane, de l'Arétin),la fameuse comédie;
pornographique de Giordano Bruno,
le Chandelier , la presse révolution
naire la plus ardente à propager l'idée
du monument, ressent, ce chef, et
exprime quelque embarras. Le Popo'to
Romano, qui se range parmi les plus
chauds partisans de Bruno, disait à ce
sujet : « Si aujourd'hui un faiseur de
comédie s'avisait d'écrire un Candelato
quelconque, le procureur du roi don-;
nerait-il son laisser-passer à de telles
représentations ? » J1 ajoutait :
Toute raison d'art on de divertissement
honnête mise à part, je fais $ppel à l'aato-
rité gardienne el exécutrice de nos lois sur
les bonnes mœurs, pour interdire prompte-
ment ces représentations. A ce propos des
spéculateurs, spéculant ignoblement sur la
pudeur, prennentsoin d'avertir qu'on dqiten
écarter lps femmes et les non-adultes, afin
d'en mieu? signaler aux amateurs la raye
obscénité.
Noie... Comment, vous présentez Bruno !
comme un précurseur de Descartes et dé
Spinosa, de Schelling et de Hegel, de Ma-
lebranche et de Galilée ; le professeur Mor-
selli, dans sa conférence au Collège romain,
nous l'a dépeint comme le précurseur du
grand renouvellement de la pensée scientifi
que moderne, et voici que vous voulez dé*
molir tout cela en le présentant au public
comme un défroqué qui écrivait des saletés
(porcherieJ.
Le scandale est devenu tel qu'il 4
paru insupportable à M. Bonghi. L'aut
tre jour, il a interpellé là-dessus lé
gouvernement,en rappelant que Giorj-
dano était, entre tous les écrivains
ignobles et obscènes de son temps, « lé
plus ignoble et le plus obscène
Or, sait-on ce qu'a répondu M. Crispi?
Qu'il n'avait point d'arme légale à scj.
disposition et qu'il fallait attendre l'apt
plication de la nouvelle loi de sûreté
générale ». En réalité, la corruption
systématique du peuple romain semblé
faire partie du programme de M . Crispi j
lequel a précisément fait de nouveaux
règlements pour donner au vice li^
cence pleine et entière.
C'est donc en pleine connaissance
de cause qu'à l'inverse du Sénat, qui
s'abstient, la Chambre des député^
italienne a décidé de se faire représen
ter à la cérémonie officielle. Nous di-4
sons officielle, bien qu'il s'agisse en ap-i
parence d'une démonstration de co4
mité privé,parce que le gouvernement^-
depuis trois ans que dure cette cam-}
pagne du monument à l'honneur
de Bruno, n'a manqué aucune oc
casion d'en parler avec bienveil-ï
lance. Rappelons que, les élections
municipales s'étant faites Sur cette
question, M. Crispi et les ministres
ont accueilli au Capitole des démons
trations très significatives à ce sujet,;
qu'ils n'ont fait nulle opposition à ce
que la municipalité donnât un terrain
pour le monument, qu'ils ont encou-;
ragé ostensiblement les organisateurs
de la manifestation ; enfin que M
Crispi, tout en refusant l'autre jour
de participer officiellement à ces fêtes,
laissé clairement entendre qu'elles
étaient loin de lui déplaire. « Que M.;
Crispi, disait l 'Osservatore romano, dé
clare qu'il ne va pas au Champ de
Fleurs pour ne pas se faire siffler, on
pourra le croire ; mais quant à dire
qu'il ne portera pas la responsabilité-
de ce qui se passera le 9 juin, il n'ose
rait, attendu qu'il a parfaitement laisse
entendre à la Chambre qu'elle faisait^
avec sa permission, de la politiqué se-f
Ion son cœur. » N'est-ce pas le cas de
rappeler ce que Bossuet dit quelque-
part : que l'apothéose du mal est une
barbarie incomparablement plus dé
gradante que celle des gens qui viven
dans les ombres de l'ignorance ?
Ce point établi, nous pouvons reve
nir aux témoignages qui achèvent dé
caractériser les fêtes en l'honneur de
Giordano Bruno. Notons tout d'abord
qu'il s'est formé un comité de dames
— si on peut les appeler ainsi,— en
vue d'offrir un drapeau anticlérical
l'association dite de Giordano Bruno
Ce comité a rédigé un programme
qu'a publié la Tribuna, et, d'après ce
journal, les emblèmes du drapeau
sont la confirmation du mot fa
meux: «Nous sommes à Rome, et nous
y resterons.» Quant au programme, on
nous le donne comme destiné à ame
ner le jour où la science — c'es
leur mot de passe — triomphera pei-
nement, en arrachant les générations
« au mensonge d'une religion qui es
la négation absolue de la science et de
la liberté ». Ces déclarations sont clai
res.. Voici un extrait d'une feuille
libérale maçonnique de Gênes, Il Cqf-
faro, qui est plus significatif encore
Il faut être franc et dire que, du système
philosophique de Giordano. Bruno, nous
nous soucions fort peu. Qu'on dise qu'il a
devancé les temps et deviné notre siècle
soit ; mais il çst difQoiîe de prouver qu'il
n'ait pas eu cette notion de seoonde main
Pour moi qui, certes, fus un chaud parti
san du monument, si j'avais dû. chercher
dans les œuvres du « martyr » la raison de
mon enthousiasme, peut-être n'aurais pas eu la patience et le courage d'en af
fronter la lecture. Mais peu importe. Ce
qu'il fallait, c'était finalement faire à Rome
quelque chose qui eût la signification d'une
révolte décisive contre la superstition. Qe
qu'il fallait, c'est que, dans une ville où il
n'y a pas d'autre monument moderne;
qu'une statue de Pierre Métastase, il s'en
élevât un plus significatif. L'homme à choi
sir — Giordano Bruno ou un autre — était
chose secondaire. Il fallait une déclaration
de principe et quelque ciiQse d'audacieux
G'est ce qui va se faire.
« Tout ce qui se fait pour G.Bruno
a dit de son côté la libérale Persevs
ranza, de Milan, n'est qu'une protes
tatiôn contre l'autorité, non seulemeri
temporelle, mais spirituelle du Pape.»
Et ce journal ajoutait que, le mou
vement étant devenu de plus en plus
radical, ce qui se ferait le 9 juin au
pied de la statue de Giordano Bruno
c'est « une profession d'athéisme û
de révolution sociale ».
pris cette résolution • n'étaient qu'au
nombre de soixante, sur deux mille
cinq cents étudiants que compta
l'université de Turin. La nouvelle don
née par les feuilles libérales est donc
un nouveau mensonge, ajouté à tous
ceux qu'ont mis en avant les glorifi-
cateurs de Giordano Bruno.
En dépit de ces mensonges, per
sonne désormais ne saurait prendre le
change sur la signification de ce qui
se prépare : c'est la glorification de
'immoralité et de l'impiété; c'est,selon
e mot du Saint-Père dans la dernière
allocution consistoriàle;« une suprême
injure à la religion de Jésus-Christ »,
et le fait qu'elle peut se produire à
Rome, avec la complicité du pouvoir,
indique assez à quelle triste condi
tion, inacceptable pour tou3 les c'a-
holiques, en est réduit le Souverain
PontificaJ.
Auguste Roussel.
Nous avons reçu la lettre suivante î
Lyon, 4 juin 1889.
Monsieur, . .. , j,.,
Je lis. dans Y Univers un article rglçtifà
Giordano Bruno, dans lequel vous résumez
un travail de M. Desdouits, d'après lequel
Bruno n'aurait pas été brûlé à Rome. Mal
heureusement vous oubliez d'ajouter que,
dans une lettre rendue publique, M. Des
douits a été obligé d'avouér qu'il n'avait pàa
connu certains documents, et qu'il était, au
contraire, à peu près certain que Bruno
avait été brûlé par l'Inquisition romaines
Agréez, monsieur, l'expression de,
sentiments respectuex.
Gauthier.
L'observation de notre correspon
dant lyonnais n'est pas absolument
exacte. Dans un nouveau travail) pu
blié en 1887 dans, les Questions con
troversées, de la Société bibliographique,
M. Desdouits donne et examine cer
tains documents nouveaux publiés
par M. Berti en 1880. Mais que prou
vent exactement ces documents ? A
cet égard, M. Desdouits nous donna
lui-même son opinion en ces termes :
..... Ceux dont l'authenticité : est cer
taine prouvent, il est vrai, la condamnation
de Bruno, mais ne disent rien de Yexécw
tion , ce qui me confirmerait dans l'hypo
thèse d'une exécution en effigie (hypothèse
soutenue d'ailleurs par un certain nombre
d'historiens de la littérature. italienne,
comme Haymius, Quadrio et d'autres.)
D'autres documents (entre autres des
journaux manuscrits du temps). donnent la
supplice, comme réel. Mais je ne sais pas
comment on pourrait établir l'authenlicUô
d'articles manuscrits ' retrouvés aprè3
270 ans. Cependant, ce serait déjà un©
présomption grave en laveur du supplice,
si des raisons extrinsèques de douter da
fait ne rendaient cette exécution très impro
bable. Non seulement les ambassadeurs de
Venise n'en parlent pas, mais les ambassa
deurs de France,Sil'eryetle cardinal d'Ossat,
n'en disent rien, bien qu'ils aient, écrit plu
sieurs lettre à leur gouvernement quelques
jours après l'époque -où l'on place le sn^-
plice de Bruno ; dans une de ees lettres, H
est question de l'Inquisition, d'une séa,ae,Q
présidée par le Pape, mais pas un mat
Bruno: '- : -
Devant ce silence, en face : des doutes
soulevés au 17' et au 18° siècle siï- i e sort
dé Bruno, je crois que le pliis probable est
l'exécution en etfigie. Toutefois, ën main
tenant cette conclusion, je suis moins affir-
matif qu'en 1885, époque dè ma première
brochure.
On voit par ce gui précède qu'on rie
saurait, sans témérité, affirmer la réa
lité de l'exécution de Giordano Bruno.
Mais nous voulons bien admettre
qu'elle a eu lieu ; quelle conclusion en
tirer pour l'honneur de Giordano
Bruno ? En notant les réserves à faire
sur la réalité du fait, au point dë vue
de l'exactitude historique, nous disions
que, le fait fût-il exact, cette exécu
tion serait pleinement justifiée d'après
la législation du temps. Nous le répè^'
tons avec d'autant puis de conviction
que les partisans mêmes de Giorda^q
Bruno ne peuvent plus -nier — qiv et\
a plus haut le témoignage —. la scélé-»
ratesse et l'infamie au moine apostat.
■ ■ A. R.
et
Il faut bien gu§ çela soit incontes
table,pour que luniversité protestante
de Berlin ait refusé l'invitation d'as
sister aux f^tes, par ce motif que Gior
dano Bruno était « un type de révolu
tionnaire indigne d'être célébré par la;
Ecoutons encore ce que dit le Capi -1 postérité ». C'est ce qui explique ég&
tan Fracassa , qui n'est point un ad- | Iement la protestation pa? laquelle s<
versaire de Giordano Bruno :
Qe n*est pas ïa première fois que nous
protestons contre cette tentative de repré
senter cette saleté fporcheria) du moine de
(1) V. l'Untvm d» Sjuia,
lement la protestation pa? iaqueije se
gont HQïiqïés les étudiants catholiques
de l'université de Turin. On avait dit
que cette université serait représentée
à la manifestation du 9 juin. La pro
testation des étudiants catholiques
établit que manifestants qui ont
Correspondance romaine
Rome, 6 juin.
L'effervescence pour Giordano Bruno
continue. Les journaux libéraux de
Rome ont ouvert une rubrique spé
ciale pour enregistrer les adhésions et
pour chauffer les esprits.
Mais on obtient l'effet contraire. Les
Romains désertent la ville, ils s'en
vont au loin pour n'êftre pas témoin^
des horreurs anticléricales. ; ' >
Sur la demande de la questure ï eg
églises de la Via Nationale, dil Corso,
et des voies adjacentès, seront fer
mées pendant toute la "journée. La
questure a aussi fait avertir les com
munautés religieuses qu'elles feraient
bien dô rester dans leur couvent, sans
âûïtir, et le Saint-Père a dispensé les
chanoines et bénéfîciers de se rendre
au chœur.
Les prêtres et les prélats ou bien
seront absents, ou se renfermeront
chez eux.
Le fait le plus curieux, c'est que la
questure a loué elle-même toutes les
grandes loges et terrains qui se trou
vent autour de la place du- Campo dei
Fiori ; elle les remplira de ses agents,
C'est là un signe qu'on ne se fie guère
aux gens c£ui vont entrer à Rome.
Tout fait prévoir que nous assistei-
rons à une véritable invasion de la car
naille, Les propriétaires,qui loueront
Un an. , .
Six mois. .
Trois mois.
PARIS
GT DÉPARTEMENTS
. . 5S ».
. . 23 50
. . 15 »
étranger
(union postais)
68 II
34 »
18 »
"^abonnements partent des 1" et 10 de chaque mois
UN NUMÉRO { Départemental lo
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s'abonne & Rome, plaça du Gesù, 8
paris
! • BT DÉPARTEMEUTS
Un an. . , « . 30 »..
Six mois. . ? . . 16 . »
Trois mois. . . 8 50
étranger
(UNION POSTALE}
36 »
19 »
10 »
f.es abonnements partent des 1" et 16 t!a chaque moK
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lai sont adressés
j ANNONCES
MST. Ch. LÀGRANGE, CERF et C' 8 , - 6, place do la Bourse
A cause de la solennité de la.fête de
la PENTECOTE, l 'UNIVERS né paraît
tra pas demain.
FRANGE
PARIS, 8 JUIN 1889
L'émotion, continue au sujet du dis
cours de M. Jules Ferry. L'ex-prési-
dent du conseil voulait-il simplement!
reprendre possession de là tribune, où
il n'avait fait depuis sa chute qu'une
fugitive apparition ? Si tel était" son
but, on. ne peut nier qu'il ait pleine
ment réussi : il peut maintenant par-,
1er quand il voudra ; les interruptions
mêmes qui . ont accueilli jeudi là
deuxième partie de son discours di-j
minueront notablement, si- même
elles ne cessent pas. ' I
Mais si M. ; Jules Ferry, comme lë
prétendent certains amis, voulait re^j
prendre la direction du parti républi--
cain, concentré sous sa haute direc4
tion, à l'exception de l'extrême gàu j
che qu'auraient remplacée quelques
transfuges du centre droit, il a com-*
plètement échoué. Aucune concentra^
tion ne s'est faite ; aucune fraciion de
la droite n'a glissé vers l'opportunis4
me 5 et rien n'indique que M. Jules
Ferry soit en « posture » de prendre là
direction des affaires pour les élec
tions.
On attend aujourd'hui à la Chambré
des députés une séance mouvementée :
non seulement M. le comte de Mun
doit répondre à M. Jules Ferry, mais
on annonce l'intervention de M. Clé-
menceau, qui viendrait combattre toute
politique d'apaisement, en se plaçant
sur le terrain de la séparation de "l'E
glise et de l'Etat. On sait ce que cela
signifie chez ce sectaire, qui n'a même
pas l'excuse banale de la conviction.
C'est décidé : la loi militaire est ren
voyée à l'examen des commissions
militaires des deux Chambres,qui ont
à se mettre d'accord sur un texte que
l 'on puisse accepter des deux côtés. Ce
ne sera peut-être pas très facile.
A la Chambre des députés comme
aa Sénat, on a accepté cet arrange
ment, qui doit nécessairement retar
der le vote de la loi, ce dont personne®
ne se plaindra.
On a remarqué, à cette, occasion,;
que la commission militaire du-Sénat
île comptait que 18 membres, tandis
que celle de là Chambre en a 33; .com
ment rétablira-t-on l'égalité? Par le
vote par corps, retour à l'ancien régi
me, ou par l'élimination d'un certain
nombre de commissaires de la Cham
bre ? .. . .
Au Sénat, hier,, on s'est occupé de
la loi sur l'enseignement primaire.:
Malgré M. Léon Say, qui.demandait;
le maintien des deux délibérations, s
garantie nécessaire pour une loi si
importante, l'urgence a été prononcée
par 149 voix contre 109. M.Chesnelong
a développé un contre-projet affirmant
les droits des conseils municipaux ;
il l'a brillamment défendu, ce qui n'a
pas empêché le Sénat de lui donner
tort par 187 voix contre 73.
A la.Chambre des députés, une in
terpellation de M. Lejeune sur les
moyens de transport à Paris s'est ter4
minée, après une réponse dilatoire de
M. Constans, parle vote dé l'ordre du
jour pur et simple. On a ensuite
ajourné, malgré le gouvernement, un
projet de loi relatif au_ chemin de fer
a'AIais au Rhône, cher à M. Cazot,
puis adopté ou pris en considération
diverses propositions touchant aux
intérêts des ouvriers.
Nos conseillers municipaux, n'en-,
voient pas de délégation à Rome pour
l 'inauguration du monument de l'a
postat Giordano Bruno ; ils se con
tentent d'une Adresse, ce qui est en
core un manque de tact et de patrio
tisme.
A Rome, on n'est pas sans préoccu
pation au sujet de l'odieuse manifes
tation de demain. Même des hommes
politiques tort hostiles à l'Eglise trou
vent que M. Crispi s'est engagé dans
une mauvaise affaire, qui ne tournera
pas à l'honneur ni à 1 avantage de la
monarchie subalpine.
La situation reste fort grave en Ser
bie; le roi Milan, dont on annonçait la
venue, ce qui aurait été une nouvelle
causd de désordre, renonce à son
voyage, au moins pour le moment,
mais il a écrit aux régents pour leur
faire des observations qui ne semblent
pas manquer de fondement.
L'assemblée provinciale de l'Anjou
du Maine et de la Touraine s'est ou
verte hier par un magnifique discours
Je Mgr l'évêque d'Angers, qu'on trou
ver» plus loin.
! Les catholiques, disions-nous avant-
hier, sont les plus intéressés à voir
disparaître le régime actuel. La preuve
de notre assertion ne s'est point fait
attendre. Le même jour, M. Jules Ferry
montait à la tribune, et, s'affirmant
comme le chef des opportunistes, des
républicains qui se croient modérés*
tenait le langage que l'on sait.
Donc, si, par aventure, les hommes
du centre l'emportaient aux prochai
nes élections sur les conservateurs, les
boulangistes, les radicaux, ils se gar
deraient bien, foi de Jules Ferry, de
rien réparer du mal qu'ils ont fait. Au
contraire, ils maintiendraient avec
énergie toutes les lois de persécution
déjà votées par eux. Ils continueraient,
notamment, l'œuvre criminelle de
laïcisation, aux trois quarts achevée,
du reste. Plus que jamais, l'école se
rait neutre, et nous la connaissons,
cette neutralité ! Bref, ils s'acharne^
raient toujours, comme depuis dix
ans, à préparer des générations enne
mies de l'Eglise. M. Jules Ferry le dé
clare, et, bien que, d'habitude, il ne
faille point se fier aux déclarations du
personnage, on peut l'en croire cettë
fois-ci. ; i
Le chef des oppôrturiistës nous as
sure, il est vrai, que, s'il redevient le
maître, il maintiendra le pacte con
cordataire et le budget des cultesi
Nous sommes persuadés que c'est son
intention, car c'est son intérêt. Il
ajoute qu'il s'occupera de faire voter,;
pour les associations religieuses, une*
loi plus libérale. Comme ces gens-la
ont toujours qualifié leurs lois, même;
les lois d'enseignement, de lois libé
rales, nous avons de la méfiance. Du
projet de réforme militaire, pas un
mot.
En résumé, point de réparations j
poursuite, avec légèrement moins de
violence peut-être, delà lutte sur les
terrains où elle est engagée déjà;
mais eri la circonscrivant sur ces
térrains, et (réserve faite de la loi
militaire) sans recourir à des armes
nouvelles: voilà le programme de
M. Jules Ferry. Les catholiques ne
doivent, — ils s'en doutaient, d'ail
leurs, — rien attendre de mieux du
chef des opportunistes.
Et l'ancien président du conseil,
lorsque, après nous avoir ^ fait ces
belles promesses, il a parlé de son
désir d'arriver à la pacification reli
gieuse, a paru tout surpris de voir
M. le comte Albert de Mun s'indigner
Ce qu'il y a de plus fort, c'est que sa
surprise était peut-être sincère !...
Que M. Jules Ferry le sache bien : tous
les catholiques de France partagent
l'indignation de J'illustre orateur. Tous
sont révoltés. Le chef des opportunis
tes, loin d'avoir diminué par son
discours la force des jsentiinents hos
tiles que nourrissent à son endroit,
les catholiques, n'est parvenu qu'à
l'accroître encore. Et cet accroisse
ment d'hostilité n'est pas moins juste
que l'hostilité elle-même.
On nous croit donc bien bas pour
nous traiter ainsi! On se trompe, et
nous le prouverons !
Ah ! si M. Jules Ferry était venu;
tenir à la tribune le langage que la;
République française , par exemple, a
semblé quelquefois presque disposée;
à tenir ! S'il était venu déclarer qu'on
avait été trop vite et trop loin, dans;
l'œuvre de laïcisation, qu'on aurait
dû laisser aux communes la liberté:
du choix entre les instituteurs laïques
et congréganistes, et qu'il fallait
amender la loi de 1886 dans ce sens;
puis, s'il avait seulement admis des
« exagérations » dans la politique
suivie, ces dernières années, vis-à-vis
de l'Eglise, et spécifié que la loi mili-;
taire ne devrait pas être une nouvelle
machine de guerre anti-religieuse, etc.,
ce serait autre chose! Son discours
aurait produit une impression diffé
rente. Un certain nombre de catholi
ques, — ; nous ne disons pas qu'ils
Voir les DERNIÈRES NOUVELLES à la fin
Est-il nécessaire d'insister davanta
ge sur l'intérêt qu'ont les catholiques
à voir, le plus tôt possible, s'effondrer
la République parlementaire ?
Pierre Veuillgt.
eussent bien fait de parler ainsi, mais
nous
ainsi,
disons qu'ils" auraient parlé
, — se seraient murmuré entre'
eux:Somme toute,Boulanger n'est pas*
sûr (oh non! il n'est pas sûr!), Mon
sieur le comte de Paris paraît fort loin,
du trône, presque aussi loin que le
prince Victor, la lutte est bien fati
gante, — que de catholiques sont tou
jours enclins à trouver la lutte fati
gante ! — donc, le programme du
chef des opportunistes est digne d'être
pris en considération !
Et le résultat, ç'aurait été,peut-être,
une détente.
Mais M. Jules Ferry n'a point tenu;
ce langage. Les catholiques ne se livre-;
ront point, par conséquent, à ces ré
flexions plus ou moins heureuses. Pas
de détente. ~
Sans compter que, tout en faisant
l'effort de croire M. Jules Fërry sin
cère, tout en estimant qu'il a dévoilé;
ses vraies intentions présentes et que
les opportunistes sont disposés h le
suivre, on peut se demander si, dans
cinq mois, les intentions du chef, des
"lieutenants et des soldats seront les
mêmes, et si, redevenus les maîtres,ils
ne sentiront pas se réveiller, avec çlus
d'ardeur que jamais, leurs vieux ins
tincts anticléricaux.Et les catholiques
auraient à souffrir d'une recrudes
cence de persécution ! Merci !
Ajoutez encore qu'il n'est pas sûr du
tout que les opportunistes l'emportent
au? prochaines élections, même si les
partisans du régime actuel triom
phent de leurs enae^js-Les bénéficiai
res de la victoire seront peut-être les
radicaux. Et alors !...
M. Chesnelong a présenté au Sénat
un contre-projet sur la loi scolaire et
l'a développé avec éloquence et avec
force, comme de coutume; et, comme
de coutume aussi, sans illusion sur le
vote de la majorité. Non pas que la
majorité refuse d'écouter M. Chesne
long. Oh I pas du tout ! Elle écoute
l'orateur catholique avec attention,
avec intérêt, même avec une certaine
manière de satisfaction, comme quel-
u'un qu'on n'est pas fâché d'enten-
_.re pour apprendre quelque chose. Il
y a mieux : la majorité n'est pas éloi
gnée de penser même que son adver
saire a raison et qu'il y a du bon dans
les idées de la droite sur l'instruction
primaire. Après quoi, nous la verrons
voter avec d'autant plus de fureur et
tenter de frapper l'enseignement libre
avec d'autant plus de rage,comme un
ennemi qui n'est pas encore si bien
terrassé qu'on croyait.
Il n'est pas terrassé, en effet, et
même il se porte encore assez bien.
M. Chesnelong en a donné la preuve
par la statistique comparée des écoles
ibres et des écoles laïques pour tous
es endroits où des écoles libres ont pu
àtre établies. Il a demandé ensuite si
a volonté des familles si évidemment
exprimée, si la liberté à laquelle elles
ont droit ne méritaient pas un peu de
respect, et si les communes, qui sont;
dps agrégations de familles, n'avaient
pas le droit d'opter entre les deux sys
tèmes, le libre et le laïque, aussi bien
que chaque famille en particulier ?
Le contre-projet de la droite pré
senté par M. Chesnelong se résumait
en quatre points très simples,compre
nant, ce semble, tout ce qu'on pouvait
souhaiter de liberté, de tolérance réci
proque, de libéralisme pratique, dans
une matière où des pères de famille
qui ont les vues les plus diverses
peuvent se rencontrer pour faire
valoir le droit le plus respectable
Ces quatre points étaient : 1° Le droit
d'option laissé aux communes entre
le système de l'école libre et celui de
l'école laïque ; 2° l'admission en prin
cipe de la rétribution scolaire, c'est-
à-dire l'école payée par les familles
riches ou aisées ; 3° une subvention de
la commune et de l'Etat pour que
école soit ouverte sans rétribution
aux enfants des familles moins aisées,
qui ne pourraient payer cette rétribu
ion, d'ailleurs fort modeste; 4° le trai-
ement de l'instituteur comprendrait
naturellement deux parties : le traite
ment fixe et le produit de la rétribu
tion scolaire. Ce quatrième point vient
comme une conséquence des précé
dents.
Tout cela n'était pas bien terrible.
Liberté plus grande, allégement d'une
partie des épouvantables impôts qui
entrent dans la caisse de l'Etat depuis
que l'école est prétendue gratuite,
amélioration même du sort de l'insti
tuteur,avec un peu plus de respect de
son indépendance morale, des liens
qui peuvent l'attacher à sa commune
et lui faire aimer sa condition et son
école. Assurément des républicains
mêmes pouvaient admettre tout cela
sans appréhension. M. Chesnelong
n'avait aucune arrière-pensée de réta
blir l'inquisition, quoique M. Tolain
l'en soupçonne. Il n'y avait dans les
idées de la droite aucune comparai
son, même éloignée, entre ses adver
saires et cette affreuse canaille de
Dolet, canonisé laïquement ces jours
ci. Tout le monde à gauche pouvait
admettre ce qu'on demandait à droite
pour de simples motifs d'économie,
de liberté et de bon sens. Les radicaux,
qui dédaignent ces avantages pour
eux-mêmes, n'ont pas voulu en lais
ser le bénéfice à leurs adversaires. Le
pays, qui voit et entend les uns et les
autres, jugera,
G. Bois.
il a reconnu que celle des Petites Voi
tures à en ce moment 800 chevaux
inoccupés, par suite du manque de
cochers : il a déclaré qu'à partir de
demain, la compagnie des omnibus
pourra transporter à l'Exposition et
en ramener 80,000 personnes par jour.
M. Maillard a soutenu une proposition
tendant à nommer une commission
qui préparerait un système de moyen
nes, qui, etc., etc. On a repoussé le
solennel et empêtré citoyen Maillard ;
et l'on s'en est tenu là.
M. Mézières a fait la proposition an
noncée au sujet de la loi militaire, qui
est revenue du Sénat encore une fois
modifiée. Il a proposé que la commis
sion de la Chambre et celle du Sénat
délibèrent ensemble pour préparer
une rédaction définitive. Gela a été
accepté.
Le projet de rachat du chemin de
fer d'Alais au Rhônë, maintes fois
ajourné,a été renfoncé dans l'ajourne
ment. M. Grémieux a demandé un
supplément d'enquête, l'affaire lui
paraissant ruineuse. M. Lesguillier a
parlé de la nécessité d'en finir. M. de La
Ferrière, adversaire du rachat,a rappelé
la responsabilité encourue par l'illustre
Cazot-conflit, jadis administrateur su
périeur de ce chemin de fer en faillite.;
M. Jamais a déployé sa rhétorique
pour relever le prestige de l'héroïque
Cazot, l'homme à tout faire. Malgré le
ministre, M. Yves Guyot, la proposi-;
tion d'ajournement et d'enquête a été
adoptée.
D'autres ajournements ont été pro-j
nonces.
Une proposition de loi a été adoptée'
qui rend insaisissable une certaine
catégorie de salaires. On a voté sans;
discuter ; mais un débat aura lieu lors
de la seconde délibération.
Sans débat également et en seconde
délibération, on a adopté le projet de
loi relatif aux Sociétés coopératives
de production et au contrat de parti
cipation dans les bénéfices.
Aujourd'hui suite des débats sur
l'instruction publique. M. de Mun;
prendra la parole; M. Glémenceau
aussi, dit-on.
EuaÈNB Tavernier.
Giordano Bruno (i)
II
C'était hier au Palais-Bourbon le
jour hebdomadaire de la question so^;
ciale. Elle n'est pas encore résolue.
D'abord on a parlé des cochers^ M.Le
jeune a soutenu que l'insuffisance
des moyens de transport à Paris,
constatée plus que jamais en ce mo
ment, a pour .causes le système de ré»
tribution des cochers de fiacre et la
réglementation imposée à la compa
gnie des omnibus. Les fiacres sont sou- ;
mis, pour la plupart, à la moyennes
c'est-à dire que,par suite de ladifficulté
d'exercer un contrôle, l'administra
tion, tous les jours, fixe la moyenne
que les cochers doivent verser. Cjette
moyenne est actuellement de 24 francs,
plus des frais supplémentaires (laveur,
palefrenier, garçon de place), qui la
portent à 25 francs. Il faut que le co
cher gagne ces . 25 francs avant de
toucher un bénéfice pour lui, pour
gon existence. De là vient que des
cochers désertent leur siège. Quant
aux omnibus, leur organisation est
singulière : la compagnie supporte,
d'après M. Lejeune, un impôt de
3,000 francs par voiture; ce n'est pas
le meilleur procédé pour encourager
la compagnie à multiplier ses Voi
tures. Le ministre de l'intérieur a
répondu, un peu en plaisantant ; il a
cité des chiffres sans conclure, sinon
qu'il m pyUf riw sur ies compagnies;
Nous avons déjà dit ce qu'était, en
résumé,le moineapostat que l'impiété
révolutionnaire se propose de glorifier
demain à Rome, au Campo di Fiori.
Mais il n'est pas inutile d'ajouter
quelques détails qui feront mieux res
sortir encore le caractère de cette
odieuse manifestation. Parlant de la
participation d'un certain groupe d'é
tudiants^ français à cette apothéose,
M. Henri Fouquier, l'autre jour, écri
vait dans le XIX" Siècle :
Il était naturel qu'on invitât les étudiants
français àla cérémonie de Giordano Bruno,
celui-ci ayant été habitant de Paris, comme
Dante, et ayant même professé la philoso
phie avec une licence <}u recteur de l'Uni
versité de Paris. Bruno, qui lit preuve
d'un indomptable courage, dont la vie,
quoique aventureuse, paraît avoir été pure
et ne pas prêter aux soupçons qui pèsent
sur la mémoire d'Etienne Dolet, par exem
ple, était homme de grand savoir et d'élo-
quence, et quelques-uns, dans son ensei
gnement de Paris particulièrement, trou
vent en lui un précurseur de Descartes. Lui :
aussi parlait de cette « table rase» qu'il
faut faire quand on veut s'éclairer aux seu-,
les lumières de la raison. Sa mort sur le
bûcher fut, incontestablement, tin acte de
barbarie et d'odieuse iniquité, Je ne prois
pas, hors quelque fantaisiste attardé de
l'école de Veuillot, qu'il se trouve même;
beaucoup de catholiques pour ne pas re
gretter la façon dont l'Eglise en usa avec le
dominicain devenu philosgphe.
Nous avons souligné, dans l'extrait
qui précède, le doute discret émis sur
la pureté de vie du moine apostat de
Noie. C'est que l'écrivain du XIX e Siè
cle , à moins de la plus grossière igno-
ranée ou de la plus insigne mauvaise
foi, ne pouvait écarter absolument ce
que dit l'histoire à propos de son triste
héros. A Rome même où, depuis
quelques jours, grâce à M. Crispi, l'on
a remis sur la scène, avec les pièces
les plus immondes de la B^enaissanpe
(la Mandragore , la Calandre ou la Cour
tisane, de l'Arétin),la fameuse comédie;
pornographique de Giordano Bruno,
le Chandelier , la presse révolution
naire la plus ardente à propager l'idée
du monument, ressent, ce chef, et
exprime quelque embarras. Le Popo'to
Romano, qui se range parmi les plus
chauds partisans de Bruno, disait à ce
sujet : « Si aujourd'hui un faiseur de
comédie s'avisait d'écrire un Candelato
quelconque, le procureur du roi don-;
nerait-il son laisser-passer à de telles
représentations ? » J1 ajoutait :
Toute raison d'art on de divertissement
honnête mise à part, je fais $ppel à l'aato-
rité gardienne el exécutrice de nos lois sur
les bonnes mœurs, pour interdire prompte-
ment ces représentations. A ce propos des
spéculateurs, spéculant ignoblement sur la
pudeur, prennentsoin d'avertir qu'on dqiten
écarter lps femmes et les non-adultes, afin
d'en mieu? signaler aux amateurs la raye
obscénité.
Noie... Comment, vous présentez Bruno !
comme un précurseur de Descartes et dé
Spinosa, de Schelling et de Hegel, de Ma-
lebranche et de Galilée ; le professeur Mor-
selli, dans sa conférence au Collège romain,
nous l'a dépeint comme le précurseur du
grand renouvellement de la pensée scientifi
que moderne, et voici que vous voulez dé*
molir tout cela en le présentant au public
comme un défroqué qui écrivait des saletés
(porcherieJ.
Le scandale est devenu tel qu'il 4
paru insupportable à M. Bonghi. L'aut
tre jour, il a interpellé là-dessus lé
gouvernement,en rappelant que Giorj-
dano était, entre tous les écrivains
ignobles et obscènes de son temps, « lé
plus ignoble et le plus obscène
Or, sait-on ce qu'a répondu M. Crispi?
Qu'il n'avait point d'arme légale à scj.
disposition et qu'il fallait attendre l'apt
plication de la nouvelle loi de sûreté
générale ». En réalité, la corruption
systématique du peuple romain semblé
faire partie du programme de M . Crispi j
lequel a précisément fait de nouveaux
règlements pour donner au vice li^
cence pleine et entière.
C'est donc en pleine connaissance
de cause qu'à l'inverse du Sénat, qui
s'abstient, la Chambre des député^
italienne a décidé de se faire représen
ter à la cérémonie officielle. Nous di-4
sons officielle, bien qu'il s'agisse en ap-i
parence d'une démonstration de co4
mité privé,parce que le gouvernement^-
depuis trois ans que dure cette cam-}
pagne du monument à l'honneur
de Bruno, n'a manqué aucune oc
casion d'en parler avec bienveil-ï
lance. Rappelons que, les élections
municipales s'étant faites Sur cette
question, M. Crispi et les ministres
ont accueilli au Capitole des démons
trations très significatives à ce sujet,;
qu'ils n'ont fait nulle opposition à ce
que la municipalité donnât un terrain
pour le monument, qu'ils ont encou-;
ragé ostensiblement les organisateurs
de la manifestation ; enfin que M
Crispi, tout en refusant l'autre jour
de participer officiellement à ces fêtes,
laissé clairement entendre qu'elles
étaient loin de lui déplaire. « Que M.;
Crispi, disait l 'Osservatore romano, dé
clare qu'il ne va pas au Champ de
Fleurs pour ne pas se faire siffler, on
pourra le croire ; mais quant à dire
qu'il ne portera pas la responsabilité-
de ce qui se passera le 9 juin, il n'ose
rait, attendu qu'il a parfaitement laisse
entendre à la Chambre qu'elle faisait^
avec sa permission, de la politiqué se-f
Ion son cœur. » N'est-ce pas le cas de
rappeler ce que Bossuet dit quelque-
part : que l'apothéose du mal est une
barbarie incomparablement plus dé
gradante que celle des gens qui viven
dans les ombres de l'ignorance ?
Ce point établi, nous pouvons reve
nir aux témoignages qui achèvent dé
caractériser les fêtes en l'honneur de
Giordano Bruno. Notons tout d'abord
qu'il s'est formé un comité de dames
— si on peut les appeler ainsi,— en
vue d'offrir un drapeau anticlérical
l'association dite de Giordano Bruno
Ce comité a rédigé un programme
qu'a publié la Tribuna, et, d'après ce
journal, les emblèmes du drapeau
sont la confirmation du mot fa
meux: «Nous sommes à Rome, et nous
y resterons.» Quant au programme, on
nous le donne comme destiné à ame
ner le jour où la science — c'es
leur mot de passe — triomphera pei-
nement, en arrachant les générations
« au mensonge d'une religion qui es
la négation absolue de la science et de
la liberté ». Ces déclarations sont clai
res.. Voici un extrait d'une feuille
libérale maçonnique de Gênes, Il Cqf-
faro, qui est plus significatif encore
Il faut être franc et dire que, du système
philosophique de Giordano. Bruno, nous
nous soucions fort peu. Qu'on dise qu'il a
devancé les temps et deviné notre siècle
soit ; mais il çst difQoiîe de prouver qu'il
n'ait pas eu cette notion de seoonde main
Pour moi qui, certes, fus un chaud parti
san du monument, si j'avais dû. chercher
dans les œuvres du « martyr » la raison de
mon enthousiasme, peut-être n'aurais
fronter la lecture. Mais peu importe. Ce
qu'il fallait, c'était finalement faire à Rome
quelque chose qui eût la signification d'une
révolte décisive contre la superstition. Qe
qu'il fallait, c'est que, dans une ville où il
n'y a pas d'autre monument moderne;
qu'une statue de Pierre Métastase, il s'en
élevât un plus significatif. L'homme à choi
sir — Giordano Bruno ou un autre — était
chose secondaire. Il fallait une déclaration
de principe et quelque ciiQse d'audacieux
G'est ce qui va se faire.
« Tout ce qui se fait pour G.Bruno
a dit de son côté la libérale Persevs
ranza, de Milan, n'est qu'une protes
tatiôn contre l'autorité, non seulemeri
temporelle, mais spirituelle du Pape.»
Et ce journal ajoutait que, le mou
vement étant devenu de plus en plus
radical, ce qui se ferait le 9 juin au
pied de la statue de Giordano Bruno
c'est « une profession d'athéisme û
de révolution sociale ».
pris cette résolution • n'étaient qu'au
nombre de soixante, sur deux mille
cinq cents étudiants que compta
l'université de Turin. La nouvelle don
née par les feuilles libérales est donc
un nouveau mensonge, ajouté à tous
ceux qu'ont mis en avant les glorifi-
cateurs de Giordano Bruno.
En dépit de ces mensonges, per
sonne désormais ne saurait prendre le
change sur la signification de ce qui
se prépare : c'est la glorification de
'immoralité et de l'impiété; c'est,selon
e mot du Saint-Père dans la dernière
allocution consistoriàle;« une suprême
injure à la religion de Jésus-Christ »,
et le fait qu'elle peut se produire à
Rome, avec la complicité du pouvoir,
indique assez à quelle triste condi
tion, inacceptable pour tou3 les c'a-
holiques, en est réduit le Souverain
PontificaJ.
Auguste Roussel.
Nous avons reçu la lettre suivante î
Lyon, 4 juin 1889.
Monsieur, . .. , j,.,
Je lis. dans Y Univers un article rglçtifà
Giordano Bruno, dans lequel vous résumez
un travail de M. Desdouits, d'après lequel
Bruno n'aurait pas été brûlé à Rome. Mal
heureusement vous oubliez d'ajouter que,
dans une lettre rendue publique, M. Des
douits a été obligé d'avouér qu'il n'avait pàa
connu certains documents, et qu'il était, au
contraire, à peu près certain que Bruno
avait été brûlé par l'Inquisition romaines
Agréez, monsieur, l'expression de,
sentiments respectuex.
Gauthier.
L'observation de notre correspon
dant lyonnais n'est pas absolument
exacte. Dans un nouveau travail) pu
blié en 1887 dans, les Questions con
troversées, de la Société bibliographique,
M. Desdouits donne et examine cer
tains documents nouveaux publiés
par M. Berti en 1880. Mais que prou
vent exactement ces documents ? A
cet égard, M. Desdouits nous donna
lui-même son opinion en ces termes :
..... Ceux dont l'authenticité : est cer
taine prouvent, il est vrai, la condamnation
de Bruno, mais ne disent rien de Yexécw
tion , ce qui me confirmerait dans l'hypo
thèse d'une exécution en effigie (hypothèse
soutenue d'ailleurs par un certain nombre
d'historiens de la littérature. italienne,
comme Haymius, Quadrio et d'autres.)
D'autres documents (entre autres des
journaux manuscrits du temps). donnent la
supplice, comme réel. Mais je ne sais pas
comment on pourrait établir l'authenlicUô
d'articles manuscrits ' retrouvés aprè3
270 ans. Cependant, ce serait déjà un©
présomption grave en laveur du supplice,
si des raisons extrinsèques de douter da
fait ne rendaient cette exécution très impro
bable. Non seulement les ambassadeurs de
Venise n'en parlent pas, mais les ambassa
deurs de France,Sil'eryetle cardinal d'Ossat,
n'en disent rien, bien qu'ils aient, écrit plu
sieurs lettre à leur gouvernement quelques
jours après l'époque -où l'on place le sn^-
plice de Bruno ; dans une de ees lettres, H
est question de l'Inquisition, d'une séa,ae,Q
présidée par le Pape, mais pas un mat
Bruno: '- : -
Devant ce silence, en face : des doutes
soulevés au 17' et au 18° siècle siï- i e sort
dé Bruno, je crois que le pliis probable est
l'exécution en etfigie. Toutefois, ën main
tenant cette conclusion, je suis moins affir-
matif qu'en 1885, époque dè ma première
brochure.
On voit par ce gui précède qu'on rie
saurait, sans témérité, affirmer la réa
lité de l'exécution de Giordano Bruno.
Mais nous voulons bien admettre
qu'elle a eu lieu ; quelle conclusion en
tirer pour l'honneur de Giordano
Bruno ? En notant les réserves à faire
sur la réalité du fait, au point dë vue
de l'exactitude historique, nous disions
que, le fait fût-il exact, cette exécu
tion serait pleinement justifiée d'après
la législation du temps. Nous le répè^'
tons avec d'autant puis de conviction
que les partisans mêmes de Giorda^q
Bruno ne peuvent plus -nier — qiv et\
a plus haut le témoignage —. la scélé-»
ratesse et l'infamie au moine apostat.
■ ■ A. R.
et
Il faut bien gu§ çela soit incontes
table,pour que luniversité protestante
de Berlin ait refusé l'invitation d'as
sister aux f^tes, par ce motif que Gior
dano Bruno était « un type de révolu
tionnaire indigne d'être célébré par la;
Ecoutons encore ce que dit le Capi -1 postérité ». C'est ce qui explique ég&
tan Fracassa , qui n'est point un ad- | Iement la protestation pa? laquelle s<
versaire de Giordano Bruno :
Qe n*est pas ïa première fois que nous
protestons contre cette tentative de repré
senter cette saleté fporcheria) du moine de
(1) V. l'Untvm d» Sjuia,
lement la protestation pa? iaqueije se
gont HQïiqïés les étudiants catholiques
de l'université de Turin. On avait dit
que cette université serait représentée
à la manifestation du 9 juin. La pro
testation des étudiants catholiques
établit que manifestants qui ont
Correspondance romaine
Rome, 6 juin.
L'effervescence pour Giordano Bruno
continue. Les journaux libéraux de
Rome ont ouvert une rubrique spé
ciale pour enregistrer les adhésions et
pour chauffer les esprits.
Mais on obtient l'effet contraire. Les
Romains désertent la ville, ils s'en
vont au loin pour n'êftre pas témoin^
des horreurs anticléricales. ; ' >
Sur la demande de la questure ï eg
églises de la Via Nationale, dil Corso,
et des voies adjacentès, seront fer
mées pendant toute la "journée. La
questure a aussi fait avertir les com
munautés religieuses qu'elles feraient
bien dô rester dans leur couvent, sans
âûïtir, et le Saint-Père a dispensé les
chanoines et bénéfîciers de se rendre
au chœur.
Les prêtres et les prélats ou bien
seront absents, ou se renfermeront
chez eux.
Le fait le plus curieux, c'est que la
questure a loué elle-même toutes les
grandes loges et terrains qui se trou
vent autour de la place du- Campo dei
Fiori ; elle les remplira de ses agents,
C'est là un signe qu'on ne se fie guère
aux gens c£ui vont entrer à Rome.
Tout fait prévoir que nous assistei-
rons à une véritable invasion de la car
naille, Les propriétaires,qui loueront
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