Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-04-25
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 avril 1889 25 avril 1889
Description : 1889/04/25 (Numéro 7787). 1889/04/25 (Numéro 7787).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 28 Avril 188$
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Jeudi 25 Avril 183^9
ÉDITION QUOTI DIENNE
PARIS ÉTRANGER
ET DÈPART1SMENTS (UNION POSTAIS)
Un an. , , . . 55 » 66 »
Six mois. . . . 23 50 34 »
Trois mois. . . 15 » 18 »
^^abonnements partent des i" et lfl de chaque mois
S
9»
UN NUMERO
( Paris 15 cent.
J Départements. 20 —
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s'abonne i Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS (UNION roSTàLE)
Un an. .... 30 » 36 a
Six mois. ... 16 » 19 i
Trois mois. , . 8 50 10 »
Les abonnements partent des 1 er et M ja chaque rnoW
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LÂGRANGE, CEIIF et C 1 ", 6, place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 24 AVmi 1889
Le général Boulanger quitte aujour
d'hui la Belgique, médiocrement hos
pitalière pour lui, et se rend en Angle
terre. On ignore toujours si ce départ
est sans esprit de retour ; les journaux
boulangistes le nient; les journaux
antiboulangistes ne l'affirment que
mollement.
Mais quel changement ce départ
apportera-t-ildans le mouvement bou-
langiste? Voilà ce qu'on se demande,
et les réponses varient fort, suivant les
dispositions des personnes. Toutefois
on né croit pas, malgré les chants de
triomphe des opportunistes et des ra
dicaux, que le boulàngisme soit fini,
parce que le général aura été forcé de
mettre la Manche entre ses partisans
et lui.
Avons-nous un mouvement diplo
matique important en perspective? On
le dit de divers côtés. Ce mouvement,
provoqué par la disgrâce de M. Bour
rée, insuffisamment antiboulangiste,
atteindrait d'autres diplomates, no
tamment MM. "Waddington et Her-
bette. Il est vrai que certains officieux
déclarent que le ministre des affaires
étrangères dément tout mouvement;
mais que vaut ce démenti anonyme?
A cette occasion, même des jour
naux républicains se plaignent du per
sonnel diplomatique de la République
française ; ils lui reprochent de com
prendre plus d'hommes de parti que
de vrais diplomates. Ils disent trop
vrai. Ce sont là du reste de vieilles
traditions républicaines ; est-ce qu'en
1848 le jeune Emmanuel Arago n'était
pas envoyé à Berlin, quoique, de son
propre aveu, il n'eût pas les connais
sances nécessaires? Aujourd'hui, le
vieil Emmanuel Arago est ambassa
deur à Berne. A-t-il acquis les con
naissances qui lui manquaient ?
Le Journal officiel ne publie pas ce
matin les décrets relatifs aux nomina
tions d'évèques que nous annonçait
hier l'officieuse Agence Havas.
La grève des employés de tramways
de la ville de Vienne a pris immédia
tement un caractère très grave ; il y
a eu des désordres et la force armée
a dû intervenir.
La république mexicaine
La Réforme sociale , dans son nu
méro du 16 avril, nous donne d'inté-
Tessants détails sur une évolution lé
gislative qui s'accomplit au Mexique.
Il s'agit de substituer à la législation
espagnole ou au code Napoléon le
principe de là liberté de tester. C'est
le ministre de la justice lui-même qui
a préparé . cette réforme. Et aujour
d'hui une partie du Mexique l'a accep
tée. Il n'y a aucun doute que le reste
du pays suivra. Les raisons présentées
par le ministre de la république mexi
caines sont vraies partout. La pre
mière, c'est que la liberté de tester
est la conséquence naturelle du droit
de propriété et de la liberté indivi
duelle. Tout est là, en effet : la loi
qui ne reconnaît pas la liberté de dis
poser de son bien, ne reconnaît pas le
droit de propriété; elle lui ôteson effi
cacité,son action sociale. Les hommes
éclairés au Mexique ne sont pas sans
avoir réfléchi depuis un demi-siècle
sur les vicissitudes des anciennes
colonies espagnoles comparées au
développement des Etats-Unis. Le
principe d'anarchie qui est dans la
propriété privée et dans la famille,
ne se répercute-t-il pas nécessaire
ment dans l'Etat et clans toutes les
branches du service public? N'en-
trave-t-il pas la production de la ri
chesse? Ne condamne-t-il pas l'Etat à
une infériorité manifeste ? Et si cet
Etat est une république, n'a-t-il pas
intérêt de posséder en grand nombre
de familles assurées de l'avenir et
capables de s'associer, suivant leur
rang et gratuitement, à l'administra
tion du pays? Il s'est trouvé au Mexi
que des nommes d'Etat pour envisa
ger cette question sous son véritable
point devue, la résoudre avecl'assen-
timentdes populations. Ils ont eu le
courage de rompre avec les préjugés
de leur race, ce qui prouve que ces pré
jugés ne sont pas indéracinables. Le
Canada a prospéré en abandonnant la
loi française et en se ralliant à la
coutume normande. La société vaut
ce que vaut l'homme, il en est l'élé
ment vivant et primitif. S'il a la force
de se gouverner, il constitue une so
ciété solide. Et comment affirmera-t-il
sa souveraineté propre sans la liberté
de tester, qui est, selon l'expression
du ministre mexicain, la sanction du
droit de propriété ? Il est facile de voir
que cette seule manière de concevoir
le droit de propriété rompt en visière
avec le communisme de l'Etat, en éta
blissant sur tout le territoire de nom
breux points de repère pour les indi
vidualités et collectivités distinctes.
C'est de ce côté qu'en France parti
culièrement nous sommes menacés.
Rien ne résiste à l'Etat, et l'Etat lui-
même est un mythe, une légende; il
disparaît sans qu'on s'en aperçoive, et,
quand on s'en aperçoit, il n'est plus
temps d'y remédier. Ce qu'il y a de
remarquable et confond bien des cal
culs, c'est que les classes populaires
vont au-devant d'une liberté qui peut
leur assurer la stabilité, la sécurité de
l'existence. Les populations, livrées à
l'anarchie par une fausse loi de trans
mission du pouvoir dans l'Etat et dans
la famille, sentent le besoin de reve
nir au positif, à l'expérience. Il est
clair qu'une république de familles
stables a plus de chance de durer
qu'une royauté qui prend son point
d'appui sur des familles instables. La
liberté de tester restaure la puissance,
et si l'on ne veut pas de ce mot em
prunté au paganisme, la dignité pa
ternelle et l'unité de la famille. Elle
permet au père de remplir son de
voir d'élever ses enfants. En les faisant
forcément héritiers du père, le légis
lateur dispose de la propriété du père,
y établit un communisme de sa façon.
L'union des intérêts par les traditions
et les sympathies de famille est brisée
à l'avance. On parle en France de fra
ternité, mais on ne se doute pas que
la fraternité _ découle de la paternité.
Il faut continuer le chef de famille
pour que les membres dispersés de la
famille aient un lien, un centre, un
lieu de refuge, une direction. C'est
ainsi qu'ils peuvent compter dans la
république; autrement, isolés, sans
appui, ils risquent de tomber dans la
servitude du paupérisme et d'être un
péril public.^ Toute république a le plus
grand intérêt à écarter cette perspec
tive.
La république des Etats-Unis n'a
pas jusqu'ici été exposée à plus de
troubles que les royautés byzantines
du midi de l'Europe. Une république
sans doute peut-être agitée par des
factions. Mais si la loi des familles est
stable, les troubles ne seront que de
surface et de peu de durée. Il y aura
toujours une force d'opinion et d'in
térêt qui ramènera les choses au
calme. Après tout, si dans les répu
bliques modernes chaque citoyen peut
prendre part aux affaires publiques
dans une mesure déterminée, ne faut-
il pas que l'éducation de famille l'&it
prédisposé à se gouverner lui-même en
lui présentant dans sa famille la réa
lité d'un gouvernement qui, en lui
apprenant à obéir, lui apprend plus
tard à commander ?
Nous assistons à un spectacle qui
nous montre les républiques devenant
plus conservatrices que les monar
chies. Et de grandes monarchies re
viennent à ces mêmes principes de
conservation, dont elles avaient paru
dévier dans des vues d'ambition ou de
despotisme. Il n'y a que les anciennes
provinces romaines, surtout là France
et l'Italie, qui semblent vouées au sys
tème contraire. Et cependant en
France de grands efforts ont été faits
pour réagir contre la Révolution.
Gomment douter que l'élan donné
aux études sociales par M. Le Play et
son école n'ait exercé une influence
durable ? M. Le Play en a appelé à
l'expérience. Son école s'ouvre à un
grand nombre d'étrangers. Serait-ce
la première fois que des idées élabo
rées, en France et repoussées ou mal
comprises en France, aient trouvé l'é
tranger favorable? L'étranger les ju
ge, les accueille avec impartialité. La
France, livrée depuis un siècle à des
divisions intestines, ne pense qu'aux
luttes de chaque jour.
M. Le Play a véritablement fondé
tous S63 travaux sur le principe de la
liberté de tester. Il se défendait forte
ment d'avoir innové. L'école qu'il a
fondée est l'école de la liberté ae tes
ter. Les faits Contemporains sur les
quelles la controverse est ouverte re
çoivent une solution différente, si on
les envisage au point de. vue de la li
berté de tester ou du système con-
taire. Tous les intérêts individuels,
collectifs, ou d'Etat sont dominés ou
parle principe qui fait de l'homme un
elre moral soumis à la loi divine, ou
par le système qui confisque l'homme
par l'Etat. Tel est l'individualisme de
la révolution. Il nie la liberté humaine
qui serait anti sociale si elle maintenait
l'homme dansFindividualisme, puisque
la nature nous impose l'union avec
nos semblables. Cette union est le fruit
de la liberté, et d'une liberté qui a ses
règles puisqu'elle découle d'un devoir
naturel. La liberté de tester n'a en ef
fet qu'un but, pratiquer, développer
la famille, former un groupe d'inté
rêts conservateurs capable de se dé
fendre et' d'imprimer à la société une
direction utile et durable: ajoutons
qu'elle sera morale: les inspirations
de l'esprit de famille tendent naturel
lement au bien général, à l'union des
intérêts, à la paix sociale.
C oquille.
Le Soir et le Télégraphe adressent
toutes leurs félicitations au clergé de
Versailles. Le Soir et le Télégraphe sont
joyeux et attendris. Honneur, disent-
ils, au clergé de Versailles, qui a de
mandé, spontanément, à prendre part
à la cérémonie du 5 mai, « où seront
glorifiés les plus purs souvenirs de la
grande Révolution » !
Et les deux journaux républicains
voient dans cette démarche du clergé
de Versailles, un premier pas, un pas
considérable, vers la réconciliation
générale des Français. Aimons-nous !
Aimons-nous! « Et vive la journée qui
nous met tous d'accord ! »
Il n'y a qu'un malheur, — malheur
très heureux, — c'est que la dé
marche attribuée par Y Agence Havas
au clergé de Versailles, n'a pas été
faite. Elle est formellement démentie.
Ce n'est pas encore de ce coup que
s'opérera la réconciliation générale.
Mais, puisque le Soir et le Télégra
phe tiennent tant, — et nous|le com
prenons, — à cette réconciliation gé
nérale, qu'ils pressent donc leurs
amis les républicains parlementaires,
qui ont tiré les premiers, de cesser le
feu contre l'Eglise. C'est le meilleur
moyen d'amener la susdite réconci-
liaion. Le clergé ne demande pas
mieux que de n'être plus obligé de
voir, dans le régime actuel, l'ennemi.
L'Agence Havas nous communique
la dépêche suivante :
Rome, 23 avril.
Il n'est pas certain que les huit sièges
épiscopaux vacants en France soient tous
pourvus de titulaires dans le prochain con
sistoire, des difficultés survenues à propos
de deux ou trois -n'étant pas encore apla
nies.-
Est-ce à ces « difficultés » non « en
core aplanies » qu'il faut attribuer
le silence du Journal officiel, qui ce
matin ne publie pas les décrets que
semblait annoncer la note officieuse
d'hier sur le conseil des ministres ?
La connexité
Quand les procureurs généraux, à
qui tout est permis, ouïes jeunes subs
tituts très ambitieux parlent de con
nexité, les avocats se drapent dans
leur vertu et font entendre d'éloquents
appels(s'ils sont éloquents) aux im
mortels principes. La loi, déclarent-
ils, ne cherche point une cause de
crime dans la connexité des faits : en
chaînement hasardeux d'accidents im
possibles à prévoir, rencontres fortui
tes, scènes imprévues dont les acteurs
ou les témoins ne se connaissent mê
me pas et ne se reverront plus ! La loi,
messieurs, la loi sage et juste n'incri
mine point la connexité des faits,
mais bien la complicité des conscien
ces! Etc...
Au fond, c'est juste. Un fait n'est pas
nécessairement coupable pour être
connexe à un autre. On peut, si l'on
veut, et rien ne s'y oppose, tirer des
inductions d'une série de faits con
nexes; mais le délit Ou le crime con
siste, en dernière analyse, en un fait
unique, isolé, précis, prévu par la loi,
et sur ce fait seul doit se concentrer
l'accord des volontés et des compli
cités que la loi punit. C'est la compli
cité que la loi réprime, non la con
nexité. Cette réflexion se fortifie par
la lecture du code, qui recherche et
définit avec soin la complicité et les di
verses sortes de complicité, par assis
tance, par recel,etc... Certaines lois po
litiques, aujourd'hui abrogées et qui
faisaient un rigoureux devoir de la dé
nonciation, avaient prévu la compli
cité par réticence : en un mot, la com
plicité toujours, c'est-à-dire toujours
'accord des volontés sur un fait dé
fini; mais nulle part il n'est question
dans le texte légal de la connexité des
faits. Ge peut être une expression libre
des commentateurs, non celle de la
loi. Le décret de M. Carnot l'y intro
duit pour la première fois, et k haute
cour de justice est la première juridic
tion criminelle que l'on- voie en France
rechercher des faits qualifiés con
nexes-.
Peut-être à 'première vue serait-on
tenté de croire qu'il s'agit d'une dis
tinction byzantine, d'une question de
virgule. Ce ne serait que eela, qu'il en
faudrait tenir grand compte,parce que
ce serait encore une de ces questions
de prudence et de précaution qui ont
toute leur valeur quand les principes
lie comptent plus, c'est-à-dire quand
les avocats dont ils ont fait la fortune
ont atteint leur but et sont devènus
les maîtres.
Par exemple, quand le dénonciateur
peut être en même temps le juge de
sa victime, quand une juridiction cri
minelle est sans appel,sans récusation,
sans publicité,et que c'est une juridic
tion politique... on voit les action
naires du chemin de fer du Nord
se frotter les mains. Cependant tous
les mécontents du régime actuel ne
peuvent pa3 prendre le train de Bel
gique. Ge serait exagéré et fort incom
mode,et d'ailleurs ils n'y pensent pas.
La question doit donc se poser logi
quement entre eux et la juridiction
nouvellement créée pour les convain
cre de leur tort. Entre eux et ces
juges il n'y a d'autre terrain de ren
contre que la connexité.
Il est utile d'en faire la remarque :
la haute cour ne se proposerait qu'une
œuvre assez inutile si elle devait dans
les conditions du droit commun pour
suivre le général Boulanger, même
coupable, et ses complices. Quel que
soit le fait précis dont le général pa
raîtrait coupable, l'action véritable
ment légale ne viserait que quelques
personnes, en ce moment hors de por
tée pour la plupart. L'accusation de
complicité contre tous autres au
rait peu de chance de rencontrer des
preuves juridiques : la connexité re
médie à tout, elle seule est la véritable
source des pouvoirs de la commis
sion.
Il n'était donc pas inutile de rappe
ler que cette qualification n'a point
de valeur légale, que la loi l'ignore,
qu'elle ne renferme en elle-même au
cune justification de preuve ni d'au
torité qui donne au jugement le sens
qu'il doit avoir pour être une véritable
sentence; que, pour tout dire, la con
damnation éventuelle prononcée pour
un fait connexe n'entraînerait pas
même une présomption de culpabilité,
selon le droit commun, et même si l'on
fait abstraction des considérations
d'actualité et de passion politique qui
peuvent en modifier le caractère de
vant l'opinion.
G. Bois.
Les assemblées provinciales
Nous avons entretenu à diverses
reprises^ nos lecteurs des assemblées
provinciales qui s'organisaient dans
les grands centres de la France, aux
quelles étaient convoqués les délégués
des arts libéraux, du commerce, de
l'agriculture, de l'industrie de la ré
gion ; nous avons expliqué qu'il y
avait là, sous l'étiquette du centenaire
de la Révolution, une préoccupation,
à laquelle obéissait une grande partie
de la population, de se rechercher, de
se rapprocher, d'étudier les problèmes
sociaux, indéfiniment ajournés par les
gouvernements qui se sont succédé
depuis cent ans, et de rédiger les ca
hiers de ses doléances et vœux.
Au premier abord, il semblait que
ces assemblées étaient condamnées à
semaintenir sur le terrain théorique,
soit qu'elles limitent leur horizon à
l'expression de doléances qui sont
toujours de mise dans la nature hu
maine, et qui sont surtout en situation
avec des gouvernements assez fragiles
pour tout sacrifier à leur intérêt per
sonnel; soit qu'elles se bornent à prê
cher la pratique des vertus sociales,
réforme plus facile à recommander
qu'à réaliser. Mais il n'en a pas été
ainsi dans les deux assemblées provin
ciales qui viennent de se tenir à Mont
pellier et à Poitiers, à l'instar de celle
qui s'est tenue à Romans.
Le programme des études et tra
vaux des assemblées provinciales se
divise en quatre grands ordres d'inté
rêts :
.'1° Intérêts religieux et moraux ;
2° Intérêts publics ;
3" Intérêts industriels et commer
ciaux ;
4° Intérêts agricoles et ruraux.
Nous avons sous les yeux les tra
vaux de la commission des inté
rêts industriels et commerciaux, lors
de la réunion qui vient de se tenir à
Poitiers dans les derniers jours de
mars ; et l'analyse de ces travaux mon
trera combien cette assemblée a su se
tenir à distance des écueils que nous
signalions plus haut. C'est après avoir
poursuivi depuis plusieurs mois une
enquête sur l'état ae l'industrie et des
métiers dans la région, après avoir
recueilli trente mémoires remis par des
patrons de la grande ev de la petite in
dustrie, des ingénieurs, des employés,
des ouvriers et groupes ouvriers, que
le rapporteur et la réunion ont pu pré
senter le Cahier des vœux de réorga
nisation sociale des travailleurs, patrons
et ouvriers f tant de l'industrie que des
arts et métiers de la ville de Poitiers et de
la région.
Nous passerons tôut de qui est ex
cellemment dit sur le but à atteindre,
qui comporte la concorde entre pa
trons et ouvriers, la sécurité pour la
situation des chefs d'ateliers et d'u
sines, la suppression ou l'atténuation
des crises économiques, le profit pour
la prospérité publique des découvertes
contemporaines. — Nous n'insisterons
pas davantage sur les changements
à apporter,pour atteindre ce but, dans
les idées et dans les mœurs, et nous
arriverons tout de suite aux change
ments à apporter dans les lois :
En ce qui concerne les lois : on s'adresse
aux pouvoirs publics et l'on demande :
D abord: ,
1 er Vœu. — Que la législation répudie
franchement le faux principe qui fait du
travail de l'homme une marchandise sou
mise à la spéculation et à la concurrence
sans frein.
2 e Vœu. Que nos divisions politiques
soient bannies des lois sur le travail. Que
leur application ne soit pas faussée par l'es
prit de parti et la persécution.
En conséquence, on demande î
3° Vœu. — Qu'une pleine personnalité ci
vile soit reconnue aux corporations profes
sionnelles fondées sur les bases ci-après ;
union des patrons et des ouvriers, repré
sentation distincte des uns et des autres,
arbitrage et concours des représentants de
la classe aisée. Que les autorités officielles
témoignent à ces associations la bienveil
lance qu'elles méritent.
4 e Vœu. — Que la protection de la loi
assure aux travailleurs les garanties sui
vantes : limitation et moralité du travail
des femmes et des enfants, repos du di
manche, réduction à de justes bornes de
la durée moyenne des heures de travail de
jour et de nuit, assurance contre les acci
dents, la maladie et la vieillesse.
Qu'en ces matières, la loi consacre le ré
gime corporatif,seul capable de déterminer
pratiquement l'application des dispositions
générales aux circonstances particulières.
Que la décision des questions spéciales et
locales soit ainsi remise à des règlements
corporatifs. Qu'en outre, dans la protection
des ouvriers contre les accidents, le risque
professionnel ne soit pas mis à la charge
des individus, patrons ou ouvriers, mais à
la charge de la corporation, tenue de con
tribuer à une caisse créée à cet effet. Que,
d'une façon générale, suivant le principe
des projets de loi dus à l'initiative du cointg
de Mun, les caisses contre les accidents,
les maladies, la vieillesse soient adminis
trées corporativement en les fédérant par
industries similaires et par régions.
5 e Vœu. — Que les intérêts du travail
soient représentés dans l'organisation po
litique de la société. Que les corporations
professionnelles aient leurs députés dans
les conseils de la commune, de la province
et de l'Etat.
Que, pour entrer |dans cette voie, on es
saye la constitution de conseils régionaux
et d'un grand conseil du travail, formés de
représentants élus des professions ainsi
que des associations d'études économiques
ou de réforme sociale. Qae ces conseils
soient appelés à se prononcer sur les lois
concernant le travail et sur les moyens
d'organiser le régime corporatif.
6 e Vœu. — Que, dans les marchés de tra
vaux publics, le système des adjudications
au rabais,qui provoque des calculs cupides,
des luttes déloyales et la tromperie dans
l'exécution, soit remplacé par un système à
déterminer de roulement corporatif,
7 e Vœu. — Qae le régime du travail dans
les manufactures de l'Etat soit rendu moins
arbitraire et aussi équitable que le compor
tent les conditions spéciales de l'ouvrage.
(Vœu concernant la manufactures d'armes
de Châtellerault.)
8 a Vœu. — Que des lois sévères empê
chent l'empoisonnement du peuple par l'al
cool. ■
9° Vœu. — Que les lois civiles et com
merciales soient réformées dans l'intérêt
des travailleurs, spécialement snr les points
suivants: transmission dans les familles
des ateliers et établissements industriels;
louage d'ouvrage laissé aux règlements et
usages corporatifs ; juridiction propre re
connue aux corporations professionnelles;
mise en harmonie des dispositions légales
sur les sociétés, particulièrement sur les
sociétés anonymes, avec la protection due
au travail.
10° Vœu. — Que l'agriculture, source
inépuisable du travail national,, soit pro-
égée et encouragée.
11 e Vœu. — Que les traités de commerce
actuels soient dénoncés.
Qu'à l'avenir, dans les rapports interna
tionaux, on ne s'inspire plus des théories
individualistes de libre-échange ou de faux
protectionisme, mais que l'on cherche à-li
miter et à régler la concurrence étrangère
par des ententes basées sur l'intérêt com
mun des nations et sur l'idée de bien pu
blic international. Qu'il soit donné suite à
l'initiative prise en ce sens par le gouver
nement suisse, afin que les nations règlent
en commun les points suivants : travail
des femmes et des enfants, repos du di
manche, durée du travail de jour et de
nuit.
Nous ne prétendons pas nous faire
l'apologiste de l'ensemble de tous ces
vœux dans leur fond et dans leur
forme.
L'assemblée provinciale de Poitiers,
comme celles qui se tiendront dans
le courant des mois d'avril et de mai,
a donné son avis sur ces grandes ques
tions en toute indépendance, et il ap
partiendra à l'assembléé générale, qui
se tiendra le 24 juin et les jours sui
vants à Paris, à laquelle assisteront
les délégués des assemblées de pro
vince, de résumer ces vœux, de! les ré
former et d'en arrêter le texte défini
tif ; mais l'emprunt que nous venons
de faire aux travaux de l'assemblée
provinciale de Poitiers prouve surabon
damment dans quel esprit pratique,
social, chrétien, étranger à la forme
politique du gouvernement, sont con
çues et conduites ces grandes assem
blées provinciales; c'était surtout dans
le3 centres de province plus éloignés
des mouvements de la politique jour
nalière, plus épuisés encore par ces
luttes du parlementarisme qui ne sont
qu'une succession d'appétits person
nels, que devait germer et se dévelop
per cette grande pensée de la solution
des questions sociales.
En conviant à cette étude toutes les
bonnes volontés, d'où qu'elles vien
nent, l'œuvre du Centenaire de 1789 a
conçu une idée large, patriotique, dont
nous suivons le progrès avec le plus
vif intérêt.
Nous recevons de l'Agence Hauas la
note suivante :
Croix-Rouge française •
Association des Dames françaises. — Se
cours aux militaires blessés ou malades
en cas de guerre. —■ Secours aux civils
dans les calamités publiques.
Les examens pour le diplôme d'ambulan
cière et de garde-malades commenceront
la vendredi 26 avril à quatre heures, au
siège de l'Association, 24, boulevard des
Capucines.
Nous avons déjà protesté et nous
protestons encore contre une usurpa
tion : l'Association des Dames fran
çaises n'est pas « la Croix-Rouge fran
çaise » ; la Société de la Croix-Rouge
est la Société de secours aux militaires
blessés des armées de terre et de mer,
qui a pour président, après Mon
seigneur le duc de Nemours, le maré
chal de Mac-Mahon, et qui seule ré
serve aux blessés militaires tous les
secours qu'elle reçoit, n'en égarant
pas une partie plus ou moins grande
sur « les civils dans les calamités pu
bliques ».
Le scandale de Troyes
Mme Loiret, la directrice de l'école
normale de Sainte-Savine, cette insti
tutrice officielle qui parait avoir reçu
pour mission d'ajouter une branche de
connaissances spéciales au program
me de l'enseignement laïque des jeu
nes filles, est toujours en liberté.
Devant l'exaspération du sentiment
public, on l'a révoquée, et c'est tout.
Mme Loiret se promène, en quête,
sans doute, d'une autre scène, où elle
puisse encore enseigner l'immoralité
en actions. Cette femme n'en est pas
à ses débuts, si nous en croyons iè
Libéral de l'Aube. Comme elle a été
contrainte, à la suite de faits analo
gues, de quitter Milianah pour Melun
et pour Troyes et qu'elle a reçu de l'a
vancement après chaque scandale, il
en faut conclure que son prosélytisme
entre bien dans les vues du gouverne
ment. C'est, après tout, dansl'ordre des
choses possibles, et nous serions mal
venus à nous étonner de n'importe quel
excès de la part des hommes du jour.
On n'ignorait certes pas qui était Mme
Loiret. La Bourgogne donne, en effet,
sur son passé des détails que les di
recteurs de l'enseignement officiel
connaissaient certainement.
Les scandales de Sainte-Savine ex
pliquent l'indignation et la rigueur
du gouvernement à l'égard des écoles
congréganistes où, par hasard, un en
fant aura reçu un soufflet/C'est qu'on
a besoin de détourner l'attention du
personnel laïque enseignant.
Le Temps et la Gazette de Francfort
ont publié, il y a quelques jours, une
dépêche de Vienne, annonçant que la
communauté juive de Vienne venait
de remettre au président du conseil,
M. le comte Taane, un mémoire con
tre les « menées » du parti des chré
tiens-unis, vulgo antisémites.
Le Vaterland de Vienne a eu con
naissance de ce mémoire, qu'il quali
fie de dénonciation inouïe, du caractère
le plus grossier et le plus haineux :
Non-seulement, dit-il, la dénonciation est
dirigée contre certaines individualités; con
tre les feuilles chrétiennes et le parti chré
tien, mais aussi contre notre magistrature
et notre police.
'®Le mémoire de la juiverie de Vienne
est imprégné d'un esprit d'outrecuidance
et d'orgueil intolérable, de cet esprit qui
s'est emparé des sémites lorsqu'ils ont vu
combien c'était chose facile de nous domi
ner, et qui leur fait croire que tout juif est
une personne sacrée et inviolable, tandis
qu'il faut considérer comme crime capital
chez tout chrétien la moindre velléité d'at
tirer l'attention du peuple opprimé Sur les
agissements de cette peuplade sémite qui
nous est étrangère.
Ne devons-nous pas être indignés en
pensant de quelle façon les juifs sont arri
vés à être si puissants dans notre monar
chie et dans notre société ?
Des littérateurs et des journalistes juifs
ont tenté de ravir à notre peuple sa foi, eu
lançant contre notre sainte religion, systé
matiquement, les attaques les plus infâmes
et les plus mensongères. N'ont-ils pas aussi
mis tout en œuvre pour ébranler l'attache
ment à notre dynastie ?
Partout, depuis un siècle, où la révolte
a grondé,ce sont des juifs presque toujours
qui l'ont fomentée. Cause première du mé
contentement, ils excitaient ensuite perfide
ment la colère du peuple contre des inno
cents.
Les usuriers et banquiers juifs ont miné
la fortune du peuple chrétien ; les milliards
qu'avait gagnés le peuple chrétien à la
sueur de son front, lui ont été escamotés,
escroqués par les juifs... Ces mêmes jour
nalistes et littérateurs juifs, qui crient au
jourd'hui à la persécution, qui nous accu
sent d'exciter les classes et les nationalités
à la haine les unes contre les autres, sont
les mêmes qui ne cessent de fomenter la
lutte entre les nationalités, qui ne cessent
de persécuter notre Eglise, nos prêtres, et
qui ne respectent même pas notre dynas
tie. ■
Les mêmes journalistes qui voudraient
faire pendre quiconque ose dire un mot
sur la façon dont les juifs S9 sont enrichis,
ont applaudi à la spoliation de l'Eglise et
ont réclamé la confiscation des biens ec
clésiastiques dans notre monarchie. Les
mêmes journalistes juifs qui qualifient de
monstrueux attentat contre les libertés fon->
damentales toute velléité de soumettre
les juifs, oe peuple étranger, à une législa
tion spéciale, réclamaient de la façon la
plus bruyante des lois d'exception contre
notre clergé régulier et séculier; et vou
laient qu'il fût déclaré déchu de tout droit
et dignité.
Mais trêve à ces considérations ! Que le
mémoire des juifs soit répandu ; il contri
buera à dessiller les yeux des chrétiens; il
leur fera connaître le caractère de leurs
oppresseurs,... ce à quoi ils devraient
s'attendre, s'ils rompaient leur union...; la
jour approche où les chrétiens secoueront
les chaînes les plus honteuses qui pesèrent
jamais sur l'humanité !...
Nous verrons si nos feuilles libérales
donneront ce commentaire du Vater
land de Vienne, le grand organe
catholique de la monarchie autri
chienne.
Des dépêches de Vienne nous ont
donné des renseignements sur la grève gé
nérale des employés de la compagnie des
tramways de Vienne, qui a pris dès le
début un grand développement.
Sans approuver leâ grévistes et surtout
leurs procédés violents, qui ont nécessité
l'intervention de la force armée, nous
croyons devoir rappeler que le P. Eich-
horn, il y a deux ans, signalait dans le
Vaterland de Vienne la situation faite aux
employés de la compagnie des tramways.
Avant la grève, il y a eu des réunions pu
bliques, où des ouvriers se sont plaints,
avec détails à l'appui, de la manière dont
les employés étaient traités.
Au moment où commençait la grève,
les employés des tramways faisaient affi
cher le manifeste suivant, adressé à la po
pulation de Vienne, et qu'ont reproduit le
Vaterland et le Deutsche Volksblatt :
Habitants de Vienne,
Nous sommes forcés de cesser le dimancha
de PâqueB notre travail à la Compagnie des
R 1 778? Ëdltloa qnetidiens#
wwiWHKJa——
Jeudi 25 Avril 183^9
ÉDITION QUOTI DIENNE
PARIS ÉTRANGER
ET DÈPART1SMENTS (UNION POSTAIS)
Un an. , , . . 55 » 66 »
Six mois. . . . 23 50 34 »
Trois mois. . . 15 » 18 »
^^abonnements partent des i" et lfl de chaque mois
S
9»
UN NUMERO
( Paris 15 cent.
J Départements. 20 —
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s'abonne i Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS (UNION roSTàLE)
Un an. .... 30 » 36 a
Six mois. ... 16 » 19 i
Trois mois. , . 8 50 10 »
Les abonnements partent des 1 er et M ja chaque rnoW
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LÂGRANGE, CEIIF et C 1 ", 6, place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 24 AVmi 1889
Le général Boulanger quitte aujour
d'hui la Belgique, médiocrement hos
pitalière pour lui, et se rend en Angle
terre. On ignore toujours si ce départ
est sans esprit de retour ; les journaux
boulangistes le nient; les journaux
antiboulangistes ne l'affirment que
mollement.
Mais quel changement ce départ
apportera-t-ildans le mouvement bou-
langiste? Voilà ce qu'on se demande,
et les réponses varient fort, suivant les
dispositions des personnes. Toutefois
on né croit pas, malgré les chants de
triomphe des opportunistes et des ra
dicaux, que le boulàngisme soit fini,
parce que le général aura été forcé de
mettre la Manche entre ses partisans
et lui.
Avons-nous un mouvement diplo
matique important en perspective? On
le dit de divers côtés. Ce mouvement,
provoqué par la disgrâce de M. Bour
rée, insuffisamment antiboulangiste,
atteindrait d'autres diplomates, no
tamment MM. "Waddington et Her-
bette. Il est vrai que certains officieux
déclarent que le ministre des affaires
étrangères dément tout mouvement;
mais que vaut ce démenti anonyme?
A cette occasion, même des jour
naux républicains se plaignent du per
sonnel diplomatique de la République
française ; ils lui reprochent de com
prendre plus d'hommes de parti que
de vrais diplomates. Ils disent trop
vrai. Ce sont là du reste de vieilles
traditions républicaines ; est-ce qu'en
1848 le jeune Emmanuel Arago n'était
pas envoyé à Berlin, quoique, de son
propre aveu, il n'eût pas les connais
sances nécessaires? Aujourd'hui, le
vieil Emmanuel Arago est ambassa
deur à Berne. A-t-il acquis les con
naissances qui lui manquaient ?
Le Journal officiel ne publie pas ce
matin les décrets relatifs aux nomina
tions d'évèques que nous annonçait
hier l'officieuse Agence Havas.
La grève des employés de tramways
de la ville de Vienne a pris immédia
tement un caractère très grave ; il y
a eu des désordres et la force armée
a dû intervenir.
La république mexicaine
La Réforme sociale , dans son nu
méro du 16 avril, nous donne d'inté-
Tessants détails sur une évolution lé
gislative qui s'accomplit au Mexique.
Il s'agit de substituer à la législation
espagnole ou au code Napoléon le
principe de là liberté de tester. C'est
le ministre de la justice lui-même qui
a préparé . cette réforme. Et aujour
d'hui une partie du Mexique l'a accep
tée. Il n'y a aucun doute que le reste
du pays suivra. Les raisons présentées
par le ministre de la république mexi
caines sont vraies partout. La pre
mière, c'est que la liberté de tester
est la conséquence naturelle du droit
de propriété et de la liberté indivi
duelle. Tout est là, en effet : la loi
qui ne reconnaît pas la liberté de dis
poser de son bien, ne reconnaît pas le
droit de propriété; elle lui ôteson effi
cacité,son action sociale. Les hommes
éclairés au Mexique ne sont pas sans
avoir réfléchi depuis un demi-siècle
sur les vicissitudes des anciennes
colonies espagnoles comparées au
développement des Etats-Unis. Le
principe d'anarchie qui est dans la
propriété privée et dans la famille,
ne se répercute-t-il pas nécessaire
ment dans l'Etat et clans toutes les
branches du service public? N'en-
trave-t-il pas la production de la ri
chesse? Ne condamne-t-il pas l'Etat à
une infériorité manifeste ? Et si cet
Etat est une république, n'a-t-il pas
intérêt de posséder en grand nombre
de familles assurées de l'avenir et
capables de s'associer, suivant leur
rang et gratuitement, à l'administra
tion du pays? Il s'est trouvé au Mexi
que des nommes d'Etat pour envisa
ger cette question sous son véritable
point devue, la résoudre avecl'assen-
timentdes populations. Ils ont eu le
courage de rompre avec les préjugés
de leur race, ce qui prouve que ces pré
jugés ne sont pas indéracinables. Le
Canada a prospéré en abandonnant la
loi française et en se ralliant à la
coutume normande. La société vaut
ce que vaut l'homme, il en est l'élé
ment vivant et primitif. S'il a la force
de se gouverner, il constitue une so
ciété solide. Et comment affirmera-t-il
sa souveraineté propre sans la liberté
de tester, qui est, selon l'expression
du ministre mexicain, la sanction du
droit de propriété ? Il est facile de voir
que cette seule manière de concevoir
le droit de propriété rompt en visière
avec le communisme de l'Etat, en éta
blissant sur tout le territoire de nom
breux points de repère pour les indi
vidualités et collectivités distinctes.
C'est de ce côté qu'en France parti
culièrement nous sommes menacés.
Rien ne résiste à l'Etat, et l'Etat lui-
même est un mythe, une légende; il
disparaît sans qu'on s'en aperçoive, et,
quand on s'en aperçoit, il n'est plus
temps d'y remédier. Ce qu'il y a de
remarquable et confond bien des cal
culs, c'est que les classes populaires
vont au-devant d'une liberté qui peut
leur assurer la stabilité, la sécurité de
l'existence. Les populations, livrées à
l'anarchie par une fausse loi de trans
mission du pouvoir dans l'Etat et dans
la famille, sentent le besoin de reve
nir au positif, à l'expérience. Il est
clair qu'une république de familles
stables a plus de chance de durer
qu'une royauté qui prend son point
d'appui sur des familles instables. La
liberté de tester restaure la puissance,
et si l'on ne veut pas de ce mot em
prunté au paganisme, la dignité pa
ternelle et l'unité de la famille. Elle
permet au père de remplir son de
voir d'élever ses enfants. En les faisant
forcément héritiers du père, le légis
lateur dispose de la propriété du père,
y établit un communisme de sa façon.
L'union des intérêts par les traditions
et les sympathies de famille est brisée
à l'avance. On parle en France de fra
ternité, mais on ne se doute pas que
la fraternité _ découle de la paternité.
Il faut continuer le chef de famille
pour que les membres dispersés de la
famille aient un lien, un centre, un
lieu de refuge, une direction. C'est
ainsi qu'ils peuvent compter dans la
république; autrement, isolés, sans
appui, ils risquent de tomber dans la
servitude du paupérisme et d'être un
péril public.^ Toute république a le plus
grand intérêt à écarter cette perspec
tive.
La république des Etats-Unis n'a
pas jusqu'ici été exposée à plus de
troubles que les royautés byzantines
du midi de l'Europe. Une république
sans doute peut-être agitée par des
factions. Mais si la loi des familles est
stable, les troubles ne seront que de
surface et de peu de durée. Il y aura
toujours une force d'opinion et d'in
térêt qui ramènera les choses au
calme. Après tout, si dans les répu
bliques modernes chaque citoyen peut
prendre part aux affaires publiques
dans une mesure déterminée, ne faut-
il pas que l'éducation de famille l'&it
prédisposé à se gouverner lui-même en
lui présentant dans sa famille la réa
lité d'un gouvernement qui, en lui
apprenant à obéir, lui apprend plus
tard à commander ?
Nous assistons à un spectacle qui
nous montre les républiques devenant
plus conservatrices que les monar
chies. Et de grandes monarchies re
viennent à ces mêmes principes de
conservation, dont elles avaient paru
dévier dans des vues d'ambition ou de
despotisme. Il n'y a que les anciennes
provinces romaines, surtout là France
et l'Italie, qui semblent vouées au sys
tème contraire. Et cependant en
France de grands efforts ont été faits
pour réagir contre la Révolution.
Gomment douter que l'élan donné
aux études sociales par M. Le Play et
son école n'ait exercé une influence
durable ? M. Le Play en a appelé à
l'expérience. Son école s'ouvre à un
grand nombre d'étrangers. Serait-ce
la première fois que des idées élabo
rées, en France et repoussées ou mal
comprises en France, aient trouvé l'é
tranger favorable? L'étranger les ju
ge, les accueille avec impartialité. La
France, livrée depuis un siècle à des
divisions intestines, ne pense qu'aux
luttes de chaque jour.
M. Le Play a véritablement fondé
tous S63 travaux sur le principe de la
liberté de tester. Il se défendait forte
ment d'avoir innové. L'école qu'il a
fondée est l'école de la liberté ae tes
ter. Les faits Contemporains sur les
quelles la controverse est ouverte re
çoivent une solution différente, si on
les envisage au point de. vue de la li
berté de tester ou du système con-
taire. Tous les intérêts individuels,
collectifs, ou d'Etat sont dominés ou
parle principe qui fait de l'homme un
elre moral soumis à la loi divine, ou
par le système qui confisque l'homme
par l'Etat. Tel est l'individualisme de
la révolution. Il nie la liberté humaine
qui serait anti sociale si elle maintenait
l'homme dansFindividualisme, puisque
la nature nous impose l'union avec
nos semblables. Cette union est le fruit
de la liberté, et d'une liberté qui a ses
règles puisqu'elle découle d'un devoir
naturel. La liberté de tester n'a en ef
fet qu'un but, pratiquer, développer
la famille, former un groupe d'inté
rêts conservateurs capable de se dé
fendre et' d'imprimer à la société une
direction utile et durable: ajoutons
qu'elle sera morale: les inspirations
de l'esprit de famille tendent naturel
lement au bien général, à l'union des
intérêts, à la paix sociale.
C oquille.
Le Soir et le Télégraphe adressent
toutes leurs félicitations au clergé de
Versailles. Le Soir et le Télégraphe sont
joyeux et attendris. Honneur, disent-
ils, au clergé de Versailles, qui a de
mandé, spontanément, à prendre part
à la cérémonie du 5 mai, « où seront
glorifiés les plus purs souvenirs de la
grande Révolution » !
Et les deux journaux républicains
voient dans cette démarche du clergé
de Versailles, un premier pas, un pas
considérable, vers la réconciliation
générale des Français. Aimons-nous !
Aimons-nous! « Et vive la journée qui
nous met tous d'accord ! »
Il n'y a qu'un malheur, — malheur
très heureux, — c'est que la dé
marche attribuée par Y Agence Havas
au clergé de Versailles, n'a pas été
faite. Elle est formellement démentie.
Ce n'est pas encore de ce coup que
s'opérera la réconciliation générale.
Mais, puisque le Soir et le Télégra
phe tiennent tant, — et nous|le com
prenons, — à cette réconciliation gé
nérale, qu'ils pressent donc leurs
amis les républicains parlementaires,
qui ont tiré les premiers, de cesser le
feu contre l'Eglise. C'est le meilleur
moyen d'amener la susdite réconci-
liaion. Le clergé ne demande pas
mieux que de n'être plus obligé de
voir, dans le régime actuel, l'ennemi.
L'Agence Havas nous communique
la dépêche suivante :
Rome, 23 avril.
Il n'est pas certain que les huit sièges
épiscopaux vacants en France soient tous
pourvus de titulaires dans le prochain con
sistoire, des difficultés survenues à propos
de deux ou trois -n'étant pas encore apla
nies.-
Est-ce à ces « difficultés » non « en
core aplanies » qu'il faut attribuer
le silence du Journal officiel, qui ce
matin ne publie pas les décrets que
semblait annoncer la note officieuse
d'hier sur le conseil des ministres ?
La connexité
Quand les procureurs généraux, à
qui tout est permis, ouïes jeunes subs
tituts très ambitieux parlent de con
nexité, les avocats se drapent dans
leur vertu et font entendre d'éloquents
appels(s'ils sont éloquents) aux im
mortels principes. La loi, déclarent-
ils, ne cherche point une cause de
crime dans la connexité des faits : en
chaînement hasardeux d'accidents im
possibles à prévoir, rencontres fortui
tes, scènes imprévues dont les acteurs
ou les témoins ne se connaissent mê
me pas et ne se reverront plus ! La loi,
messieurs, la loi sage et juste n'incri
mine point la connexité des faits,
mais bien la complicité des conscien
ces! Etc...
Au fond, c'est juste. Un fait n'est pas
nécessairement coupable pour être
connexe à un autre. On peut, si l'on
veut, et rien ne s'y oppose, tirer des
inductions d'une série de faits con
nexes; mais le délit Ou le crime con
siste, en dernière analyse, en un fait
unique, isolé, précis, prévu par la loi,
et sur ce fait seul doit se concentrer
l'accord des volontés et des compli
cités que la loi punit. C'est la compli
cité que la loi réprime, non la con
nexité. Cette réflexion se fortifie par
la lecture du code, qui recherche et
définit avec soin la complicité et les di
verses sortes de complicité, par assis
tance, par recel,etc... Certaines lois po
litiques, aujourd'hui abrogées et qui
faisaient un rigoureux devoir de la dé
nonciation, avaient prévu la compli
cité par réticence : en un mot, la com
plicité toujours, c'est-à-dire toujours
'accord des volontés sur un fait dé
fini; mais nulle part il n'est question
dans le texte légal de la connexité des
faits. Ge peut être une expression libre
des commentateurs, non celle de la
loi. Le décret de M. Carnot l'y intro
duit pour la première fois, et k haute
cour de justice est la première juridic
tion criminelle que l'on- voie en France
rechercher des faits qualifiés con
nexes-.
Peut-être à 'première vue serait-on
tenté de croire qu'il s'agit d'une dis
tinction byzantine, d'une question de
virgule. Ce ne serait que eela, qu'il en
faudrait tenir grand compte,parce que
ce serait encore une de ces questions
de prudence et de précaution qui ont
toute leur valeur quand les principes
lie comptent plus, c'est-à-dire quand
les avocats dont ils ont fait la fortune
ont atteint leur but et sont devènus
les maîtres.
Par exemple, quand le dénonciateur
peut être en même temps le juge de
sa victime, quand une juridiction cri
minelle est sans appel,sans récusation,
sans publicité,et que c'est une juridic
tion politique... on voit les action
naires du chemin de fer du Nord
se frotter les mains. Cependant tous
les mécontents du régime actuel ne
peuvent pa3 prendre le train de Bel
gique. Ge serait exagéré et fort incom
mode,et d'ailleurs ils n'y pensent pas.
La question doit donc se poser logi
quement entre eux et la juridiction
nouvellement créée pour les convain
cre de leur tort. Entre eux et ces
juges il n'y a d'autre terrain de ren
contre que la connexité.
Il est utile d'en faire la remarque :
la haute cour ne se proposerait qu'une
œuvre assez inutile si elle devait dans
les conditions du droit commun pour
suivre le général Boulanger, même
coupable, et ses complices. Quel que
soit le fait précis dont le général pa
raîtrait coupable, l'action véritable
ment légale ne viserait que quelques
personnes, en ce moment hors de por
tée pour la plupart. L'accusation de
complicité contre tous autres au
rait peu de chance de rencontrer des
preuves juridiques : la connexité re
médie à tout, elle seule est la véritable
source des pouvoirs de la commis
sion.
Il n'était donc pas inutile de rappe
ler que cette qualification n'a point
de valeur légale, que la loi l'ignore,
qu'elle ne renferme en elle-même au
cune justification de preuve ni d'au
torité qui donne au jugement le sens
qu'il doit avoir pour être une véritable
sentence; que, pour tout dire, la con
damnation éventuelle prononcée pour
un fait connexe n'entraînerait pas
même une présomption de culpabilité,
selon le droit commun, et même si l'on
fait abstraction des considérations
d'actualité et de passion politique qui
peuvent en modifier le caractère de
vant l'opinion.
G. Bois.
Les assemblées provinciales
Nous avons entretenu à diverses
reprises^ nos lecteurs des assemblées
provinciales qui s'organisaient dans
les grands centres de la France, aux
quelles étaient convoqués les délégués
des arts libéraux, du commerce, de
l'agriculture, de l'industrie de la ré
gion ; nous avons expliqué qu'il y
avait là, sous l'étiquette du centenaire
de la Révolution, une préoccupation,
à laquelle obéissait une grande partie
de la population, de se rechercher, de
se rapprocher, d'étudier les problèmes
sociaux, indéfiniment ajournés par les
gouvernements qui se sont succédé
depuis cent ans, et de rédiger les ca
hiers de ses doléances et vœux.
Au premier abord, il semblait que
ces assemblées étaient condamnées à
semaintenir sur le terrain théorique,
soit qu'elles limitent leur horizon à
l'expression de doléances qui sont
toujours de mise dans la nature hu
maine, et qui sont surtout en situation
avec des gouvernements assez fragiles
pour tout sacrifier à leur intérêt per
sonnel; soit qu'elles se bornent à prê
cher la pratique des vertus sociales,
réforme plus facile à recommander
qu'à réaliser. Mais il n'en a pas été
ainsi dans les deux assemblées provin
ciales qui viennent de se tenir à Mont
pellier et à Poitiers, à l'instar de celle
qui s'est tenue à Romans.
Le programme des études et tra
vaux des assemblées provinciales se
divise en quatre grands ordres d'inté
rêts :
.'1° Intérêts religieux et moraux ;
2° Intérêts publics ;
3" Intérêts industriels et commer
ciaux ;
4° Intérêts agricoles et ruraux.
Nous avons sous les yeux les tra
vaux de la commission des inté
rêts industriels et commerciaux, lors
de la réunion qui vient de se tenir à
Poitiers dans les derniers jours de
mars ; et l'analyse de ces travaux mon
trera combien cette assemblée a su se
tenir à distance des écueils que nous
signalions plus haut. C'est après avoir
poursuivi depuis plusieurs mois une
enquête sur l'état ae l'industrie et des
métiers dans la région, après avoir
recueilli trente mémoires remis par des
patrons de la grande ev de la petite in
dustrie, des ingénieurs, des employés,
des ouvriers et groupes ouvriers, que
le rapporteur et la réunion ont pu pré
senter le Cahier des vœux de réorga
nisation sociale des travailleurs, patrons
et ouvriers f tant de l'industrie que des
arts et métiers de la ville de Poitiers et de
la région.
Nous passerons tôut de qui est ex
cellemment dit sur le but à atteindre,
qui comporte la concorde entre pa
trons et ouvriers, la sécurité pour la
situation des chefs d'ateliers et d'u
sines, la suppression ou l'atténuation
des crises économiques, le profit pour
la prospérité publique des découvertes
contemporaines. — Nous n'insisterons
pas davantage sur les changements
à apporter,pour atteindre ce but, dans
les idées et dans les mœurs, et nous
arriverons tout de suite aux change
ments à apporter dans les lois :
En ce qui concerne les lois : on s'adresse
aux pouvoirs publics et l'on demande :
D abord: ,
1 er Vœu. — Que la législation répudie
franchement le faux principe qui fait du
travail de l'homme une marchandise sou
mise à la spéculation et à la concurrence
sans frein.
2 e Vœu. Que nos divisions politiques
soient bannies des lois sur le travail. Que
leur application ne soit pas faussée par l'es
prit de parti et la persécution.
En conséquence, on demande î
3° Vœu. — Qu'une pleine personnalité ci
vile soit reconnue aux corporations profes
sionnelles fondées sur les bases ci-après ;
union des patrons et des ouvriers, repré
sentation distincte des uns et des autres,
arbitrage et concours des représentants de
la classe aisée. Que les autorités officielles
témoignent à ces associations la bienveil
lance qu'elles méritent.
4 e Vœu. — Que la protection de la loi
assure aux travailleurs les garanties sui
vantes : limitation et moralité du travail
des femmes et des enfants, repos du di
manche, réduction à de justes bornes de
la durée moyenne des heures de travail de
jour et de nuit, assurance contre les acci
dents, la maladie et la vieillesse.
Qu'en ces matières, la loi consacre le ré
gime corporatif,seul capable de déterminer
pratiquement l'application des dispositions
générales aux circonstances particulières.
Que la décision des questions spéciales et
locales soit ainsi remise à des règlements
corporatifs. Qu'en outre, dans la protection
des ouvriers contre les accidents, le risque
professionnel ne soit pas mis à la charge
des individus, patrons ou ouvriers, mais à
la charge de la corporation, tenue de con
tribuer à une caisse créée à cet effet. Que,
d'une façon générale, suivant le principe
des projets de loi dus à l'initiative du cointg
de Mun, les caisses contre les accidents,
les maladies, la vieillesse soient adminis
trées corporativement en les fédérant par
industries similaires et par régions.
5 e Vœu. — Que les intérêts du travail
soient représentés dans l'organisation po
litique de la société. Que les corporations
professionnelles aient leurs députés dans
les conseils de la commune, de la province
et de l'Etat.
Que, pour entrer |dans cette voie, on es
saye la constitution de conseils régionaux
et d'un grand conseil du travail, formés de
représentants élus des professions ainsi
que des associations d'études économiques
ou de réforme sociale. Qae ces conseils
soient appelés à se prononcer sur les lois
concernant le travail et sur les moyens
d'organiser le régime corporatif.
6 e Vœu. — Que, dans les marchés de tra
vaux publics, le système des adjudications
au rabais,qui provoque des calculs cupides,
des luttes déloyales et la tromperie dans
l'exécution, soit remplacé par un système à
déterminer de roulement corporatif,
7 e Vœu. — Qae le régime du travail dans
les manufactures de l'Etat soit rendu moins
arbitraire et aussi équitable que le compor
tent les conditions spéciales de l'ouvrage.
(Vœu concernant la manufactures d'armes
de Châtellerault.)
8 a Vœu. — Que des lois sévères empê
chent l'empoisonnement du peuple par l'al
cool. ■
9° Vœu. — Que les lois civiles et com
merciales soient réformées dans l'intérêt
des travailleurs, spécialement snr les points
suivants: transmission dans les familles
des ateliers et établissements industriels;
louage d'ouvrage laissé aux règlements et
usages corporatifs ; juridiction propre re
connue aux corporations professionnelles;
mise en harmonie des dispositions légales
sur les sociétés, particulièrement sur les
sociétés anonymes, avec la protection due
au travail.
10° Vœu. — Que l'agriculture, source
inépuisable du travail national,, soit pro-
égée et encouragée.
11 e Vœu. — Que les traités de commerce
actuels soient dénoncés.
Qu'à l'avenir, dans les rapports interna
tionaux, on ne s'inspire plus des théories
individualistes de libre-échange ou de faux
protectionisme, mais que l'on cherche à-li
miter et à régler la concurrence étrangère
par des ententes basées sur l'intérêt com
mun des nations et sur l'idée de bien pu
blic international. Qu'il soit donné suite à
l'initiative prise en ce sens par le gouver
nement suisse, afin que les nations règlent
en commun les points suivants : travail
des femmes et des enfants, repos du di
manche, durée du travail de jour et de
nuit.
Nous ne prétendons pas nous faire
l'apologiste de l'ensemble de tous ces
vœux dans leur fond et dans leur
forme.
L'assemblée provinciale de Poitiers,
comme celles qui se tiendront dans
le courant des mois d'avril et de mai,
a donné son avis sur ces grandes ques
tions en toute indépendance, et il ap
partiendra à l'assembléé générale, qui
se tiendra le 24 juin et les jours sui
vants à Paris, à laquelle assisteront
les délégués des assemblées de pro
vince, de résumer ces vœux, de! les ré
former et d'en arrêter le texte défini
tif ; mais l'emprunt que nous venons
de faire aux travaux de l'assemblée
provinciale de Poitiers prouve surabon
damment dans quel esprit pratique,
social, chrétien, étranger à la forme
politique du gouvernement, sont con
çues et conduites ces grandes assem
blées provinciales; c'était surtout dans
le3 centres de province plus éloignés
des mouvements de la politique jour
nalière, plus épuisés encore par ces
luttes du parlementarisme qui ne sont
qu'une succession d'appétits person
nels, que devait germer et se dévelop
per cette grande pensée de la solution
des questions sociales.
En conviant à cette étude toutes les
bonnes volontés, d'où qu'elles vien
nent, l'œuvre du Centenaire de 1789 a
conçu une idée large, patriotique, dont
nous suivons le progrès avec le plus
vif intérêt.
Nous recevons de l'Agence Hauas la
note suivante :
Croix-Rouge française •
Association des Dames françaises. — Se
cours aux militaires blessés ou malades
en cas de guerre. —■ Secours aux civils
dans les calamités publiques.
Les examens pour le diplôme d'ambulan
cière et de garde-malades commenceront
la vendredi 26 avril à quatre heures, au
siège de l'Association, 24, boulevard des
Capucines.
Nous avons déjà protesté et nous
protestons encore contre une usurpa
tion : l'Association des Dames fran
çaises n'est pas « la Croix-Rouge fran
çaise » ; la Société de la Croix-Rouge
est la Société de secours aux militaires
blessés des armées de terre et de mer,
qui a pour président, après Mon
seigneur le duc de Nemours, le maré
chal de Mac-Mahon, et qui seule ré
serve aux blessés militaires tous les
secours qu'elle reçoit, n'en égarant
pas une partie plus ou moins grande
sur « les civils dans les calamités pu
bliques ».
Le scandale de Troyes
Mme Loiret, la directrice de l'école
normale de Sainte-Savine, cette insti
tutrice officielle qui parait avoir reçu
pour mission d'ajouter une branche de
connaissances spéciales au program
me de l'enseignement laïque des jeu
nes filles, est toujours en liberté.
Devant l'exaspération du sentiment
public, on l'a révoquée, et c'est tout.
Mme Loiret se promène, en quête,
sans doute, d'une autre scène, où elle
puisse encore enseigner l'immoralité
en actions. Cette femme n'en est pas
à ses débuts, si nous en croyons iè
Libéral de l'Aube. Comme elle a été
contrainte, à la suite de faits analo
gues, de quitter Milianah pour Melun
et pour Troyes et qu'elle a reçu de l'a
vancement après chaque scandale, il
en faut conclure que son prosélytisme
entre bien dans les vues du gouverne
ment. C'est, après tout, dansl'ordre des
choses possibles, et nous serions mal
venus à nous étonner de n'importe quel
excès de la part des hommes du jour.
On n'ignorait certes pas qui était Mme
Loiret. La Bourgogne donne, en effet,
sur son passé des détails que les di
recteurs de l'enseignement officiel
connaissaient certainement.
Les scandales de Sainte-Savine ex
pliquent l'indignation et la rigueur
du gouvernement à l'égard des écoles
congréganistes où, par hasard, un en
fant aura reçu un soufflet/C'est qu'on
a besoin de détourner l'attention du
personnel laïque enseignant.
Le Temps et la Gazette de Francfort
ont publié, il y a quelques jours, une
dépêche de Vienne, annonçant que la
communauté juive de Vienne venait
de remettre au président du conseil,
M. le comte Taane, un mémoire con
tre les « menées » du parti des chré
tiens-unis, vulgo antisémites.
Le Vaterland de Vienne a eu con
naissance de ce mémoire, qu'il quali
fie de dénonciation inouïe, du caractère
le plus grossier et le plus haineux :
Non-seulement, dit-il, la dénonciation est
dirigée contre certaines individualités; con
tre les feuilles chrétiennes et le parti chré
tien, mais aussi contre notre magistrature
et notre police.
'®Le mémoire de la juiverie de Vienne
est imprégné d'un esprit d'outrecuidance
et d'orgueil intolérable, de cet esprit qui
s'est emparé des sémites lorsqu'ils ont vu
combien c'était chose facile de nous domi
ner, et qui leur fait croire que tout juif est
une personne sacrée et inviolable, tandis
qu'il faut considérer comme crime capital
chez tout chrétien la moindre velléité d'at
tirer l'attention du peuple opprimé Sur les
agissements de cette peuplade sémite qui
nous est étrangère.
Ne devons-nous pas être indignés en
pensant de quelle façon les juifs sont arri
vés à être si puissants dans notre monar
chie et dans notre société ?
Des littérateurs et des journalistes juifs
ont tenté de ravir à notre peuple sa foi, eu
lançant contre notre sainte religion, systé
matiquement, les attaques les plus infâmes
et les plus mensongères. N'ont-ils pas aussi
mis tout en œuvre pour ébranler l'attache
ment à notre dynastie ?
Partout, depuis un siècle, où la révolte
a grondé,ce sont des juifs presque toujours
qui l'ont fomentée. Cause première du mé
contentement, ils excitaient ensuite perfide
ment la colère du peuple contre des inno
cents.
Les usuriers et banquiers juifs ont miné
la fortune du peuple chrétien ; les milliards
qu'avait gagnés le peuple chrétien à la
sueur de son front, lui ont été escamotés,
escroqués par les juifs... Ces mêmes jour
nalistes et littérateurs juifs, qui crient au
jourd'hui à la persécution, qui nous accu
sent d'exciter les classes et les nationalités
à la haine les unes contre les autres, sont
les mêmes qui ne cessent de fomenter la
lutte entre les nationalités, qui ne cessent
de persécuter notre Eglise, nos prêtres, et
qui ne respectent même pas notre dynas
tie. ■
Les mêmes journalistes qui voudraient
faire pendre quiconque ose dire un mot
sur la façon dont les juifs S9 sont enrichis,
ont applaudi à la spoliation de l'Eglise et
ont réclamé la confiscation des biens ec
clésiastiques dans notre monarchie. Les
mêmes journalistes juifs qui qualifient de
monstrueux attentat contre les libertés fon->
damentales toute velléité de soumettre
les juifs, oe peuple étranger, à une législa
tion spéciale, réclamaient de la façon la
plus bruyante des lois d'exception contre
notre clergé régulier et séculier; et vou
laient qu'il fût déclaré déchu de tout droit
et dignité.
Mais trêve à ces considérations ! Que le
mémoire des juifs soit répandu ; il contri
buera à dessiller les yeux des chrétiens; il
leur fera connaître le caractère de leurs
oppresseurs,... ce à quoi ils devraient
s'attendre, s'ils rompaient leur union...; la
jour approche où les chrétiens secoueront
les chaînes les plus honteuses qui pesèrent
jamais sur l'humanité !...
Nous verrons si nos feuilles libérales
donneront ce commentaire du Vater
land de Vienne, le grand organe
catholique de la monarchie autri
chienne.
Des dépêches de Vienne nous ont
donné des renseignements sur la grève gé
nérale des employés de la compagnie des
tramways de Vienne, qui a pris dès le
début un grand développement.
Sans approuver leâ grévistes et surtout
leurs procédés violents, qui ont nécessité
l'intervention de la force armée, nous
croyons devoir rappeler que le P. Eich-
horn, il y a deux ans, signalait dans le
Vaterland de Vienne la situation faite aux
employés de la compagnie des tramways.
Avant la grève, il y a eu des réunions pu
bliques, où des ouvriers se sont plaints,
avec détails à l'appui, de la manière dont
les employés étaient traités.
Au moment où commençait la grève,
les employés des tramways faisaient affi
cher le manifeste suivant, adressé à la po
pulation de Vienne, et qu'ont reproduit le
Vaterland et le Deutsche Volksblatt :
Habitants de Vienne,
Nous sommes forcés de cesser le dimancha
de PâqueB notre travail à la Compagnie des
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