Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-03-18
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 mars 1889 18 mars 1889
Description : 1889/03/18 (Numéro 7750). 1889/03/18 (Numéro 7750).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 18 Mars 1889
N' 7750 — Edition qnetldienna
Lundi 18 Mars 1889
«>»
ÉDITION QUOTI DIENNE
' PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENT* (CMON POSTALE)
Un an. .... 55 » 66 »
Sis mois. ... 23 50 34 s
Trois mois. . . 15 » 18 » ;
^^abonnements partent des |« et 18 de ehaqne mois
™ NUMÉRO { glpar temente! 2?
BUREAUX: Paris, 10, rue dés Saints-Pères
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Ë
9 e
PARIS
ET DÉPARTEMENTS
Un an 30 »
Six mois. ... 16 »
Trois mois. . . 8 50
ÉTRANGER
(dkion postale)
36 »
19 »
• 10 »
On s'abonne îi Rome, place du Gesù, 8
les abonnements partent des i» et 16 ds chaque mol*
L'UNIVERS no répond pas des manuscrits qui lui sont adressés 1
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et.C'», 6, place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 17 MARS 1889
Le mandement de Mgr Freppel sur
l'exercice du droit électoral était dé
noncé hier à la Chambre, mais l'accu
sateur, M. Rivet, a eu un insuccès
complet. Par contre, M. Laguerre a
singulièrement embarrassé le ministre
Constans accusé par lui de menus
faits de concussion dont le ministre
ne s'est pas très bien lavé. Néanmoins
la Chambre a repoussé l'ordre du jour
deM. Laguerre portant qu'elle est «sou
cieuse de la dignité des membres du
gouvernement. » Il parait que la majo
rité n'a point de tel souci.
C'est aujourd'hui qu'a lieu à Tours
le fameux banquet où le général Bou
langer doit prendre la• parole pour ex
poser son programme en vue des pro
chaines élections. Son départ de Paris
n'a provoqué aucun incident. Il pour
rait bien n'en pas j aller de même à
Tours.
A 1'exceptioii du Parti national et du
Siècle , la prBsse républicaine fait assez
mauvais accueil à la formation du
nouveau comité de l'Union: libérale.
« Les hommes! qui ont signé le mani
feste, dit le National, sont des plus ho
norables quelques-uns même sont
des hommes considérables. Malheu
reusement ils ne sont plus de leur
. temps, et cela se -voit bien à leur lan
gage. Nous sommes parfaitement de
leur avis quad ils expriment la pen
sée que c'est: la politique de conces
sions au radicalisme qui a mené laré-
publique où elle est. Mais nous dou
tons fort que le remède , au mal soit
dans une politique de concessions à, la
réaction ; et c'est là leur politique. Ce
ne saurait être la nôtre.. » ,
Par ce langage d'un modéré, l'on
peut juger de ce que disent les autres.
Le ministre des. travaux publics, dé
sireux de réaliser de nouvelles écono
mies sur le personnel de l'adminis
tration centrale, vient de décider, par
tin arrêté du 15 mars, que la direction
du personnel, du secrétariat et de
-la comptabilité serait provisoirement
supprimée.. Cette mesure deviendra
définitive dès que l'expérience aura
démontré que. cette (suppression est
compatible avec la bonne marche dés
affaires.' Par suite de modifications, la
division du personnel et du secréta
riat se trouve placée , sous l'autorité
immédiate du chef de cabinet».
Les nouvelles du. Nord né laissent
pas encore prévoir la prochaine cessa
tion des grèves et le seul fait de leur
prolongation, même ' sans accompa
gnement de violences, est un grave
indice de la situation, parcequ'elle
rend l'accord de plus en plus difficile
entre patrons et ouvriers. De nouvelles
troupes ont dû être envoyées sur di
vers points de la région. ■ „ ,
Dans son bulletin, le Nord?, parlant
des derniers événements en Italie*. ies-
time que M. CrispLsort de la crise ac
tuelle considérablement diminué. La
Chambre le subit sans l'aimer, sans
l'admirer ; l'opinion publique a cessé
de voir,en lui Thomine d'État national
et le ministre indispensable.'. La véri
table difficulté pour Je gouvernsment
italien, c'est la question ^financière.
Les conséquences de la dénonciation
du traité de commerce avec la France
pèseront toujours sur l'industrie et l'a
griculture italiennes.
La réputation de M. Crispi, que le
Nord appelle la mouche de la triple
alliance, et ses antécédents gallopno-
bes demeurent un obstacle positif au
rétablissement de l'ancienne entente
cordiale Centre la France et l'Italie. La
conviction que M. Crispi est devenu,
sur le terrain de - la politique interna
tionale ce que; les Anglais appellent
anuisant, tend évidemment à se géné
raliser, même dans les cercles qui
jusqu'ici semblaient accepter avec ré
signation la dictature parlementaire
de cet homme d'Etat,
i Nous en acceptons bien volontiers
l'augure, M.Crispi étant un enragé sec
taire et un ennemi non moins acharné
de la France.--
. L'incident désormais habituel de la
séance a tardé hier à se produire ;•
mais, en revanche, il a été atroce. Une
discussion s'est élevée entre MM. Lar
guerre et Constans qui a pris le ca
ractère d'un duel au couteau. Jusqu'à
cinq heures on doutait que le boulan-
gisme entrât en scène ; mais alors
on a vu M. Laguerre monter .à plu
sieurs reprises près du. président. Il
n'y avait pas besoin d'entendre la
conversation pour savoir que les in
terlocuteurs n'étaient pas d'accord ;
M. Méline, fort agité, multipliait les
gestes de dénégation ; M. Laguerre
insistait avec l'obstinàtion glacée qui
est une bonne partié de sa force.
L'affaire qui se préparait était d'or
dre exceptionnel. Il s'agissait d'invi
ter la Chambre à examiner si, en
1882, le ministre de l'intérieur, alors
simple députe, a trafiqué de son man
dat, il s'agissait de lire et de discuter
à la tribune des pièces publiées dans
le journal la Cocarde et relatives à un
procès que juge en ce moment la cour
de Nancy.
Le projet de M. Laguerre avait en
core ce caractère" spécial, qu'il annon-,
çait un changement dans la conduite
du parti boulangiste à l'égard de M.
Constans.Tout le monde en effet avait
remarqué que deux membres du mi
nistère actuel étaient traités parles
organes du « général » avec une. mo
dération évidemment calculée ; on ne
se gênait pas pour dire que les « fac
tieux » comptaient sur MM. de Freyci-
net et Constans. Il n'est pas difficile
de discerner la cause de la rupture
qui vient de s'accomplir ; la participa
tion de M. Constans aux mesures prises
contre la Ligue des patriotes a évidem
ment décidé les boulangistes à. frap
per à mort l'adversaire dangereux
dont ils avaient rêvé de se faire un
allié. Déçu, et d'ailleurs menacé de
près, M. Laguerre ne pouvait man
quer d'être implacable.
Au moment où l'attente prolongée
échauffait les esprits, le président a
fait savoir qu'il venait de recevoir
une demande d'interpellation qu'il
jugeait impossible de laisser discuter.
Le règlement, disait-il, interdit les
interpellations de "collègue à collègue ;
or., les faits visés ne sont pas des actes
de gouvernement; ils sont du domaine
privé; donc la Chambre ne peut en
lêtre saisie. Mais M. Laguerre savait
Obien qu'en criant : « J'accuse le mi
nistre de l'intérieur de s'être désho
noré »'il forçait la main au gouver
nement, à la majorilé et au président ;
il obligeait M. Constans à réclamer
lui-même la lumière et, par consé
quent, la discussion ; aussi s'est-il posé
carrément en accusateur, rappelant,
avec une habileté cruelle, que des
débats du même genre ont eu lieu
là propos de MM. Wilson et Numa
iGilly, en dépit de n'importe quel
règlement. Le président du conseil,
invité à se prononcer, ne pouvait que
! s'en tenir à des déclarations vagues;
il a secoué ses cheveux, sa barbe et ses
bras pour attester que le gouverne
ment ne se -laissera pas intimider par
des attaques injurieuses en des pro
cédés de scandale; cependant M. -Ti-
rard n'avait pas son impétuosité ordi
naire. Commeil le- fallait bien, l'acT
cusé, M. Constans a prié la Chambre
d'accepter l'interpellation et la discus
sion immédiate. -,
Plus sec et plus tranchant que ja
mais, rapidement, coup sur coup, M.
Laguerre a décoché ses traits. Il a in
culpé M. Constans d'avoir, il y a sept
ans, pris part à la fondation d*une so
ciété commerciale qui devàitî s'appe
ler la « Ville de Lyon » ; d'avoir tou
ché un chèque de 10,000 francs, plus
150 actions libérées dont 40 auraient
été vendus avant l'émission ; de n'avoir
restitué les 10,000 francs que dix mois
plus tard, sur sommation et menace
d'une plainte au parquet. Il a donné
lecture d'une prose où il est dit que
M. Constans a reconnu avoir reçu des
fondateurs de société un « souvenir »
restitué après réclamation du dona
teur. La société n'ayant pu se . consti
tuer, M. Constans a écrit ensuite pour
donner sa démission, en annonçant
qu'il était prêt à régler la question
d'intérêt. Poussant plus profondément
son attaque, l'orateur-exécuteur a
rapporté dès propos, absolument offen
sants qui auraient été,tenus sur le
compte de M. Constans, par M Glémen-
oeau, et il a-invoqué le témoignage de
MM. Floquet, Allain-Targé, Pelle-
tan et George Perin. MM. Floquet
et Allain-Targé ont répondu par un
démenti. M. Laguerre a cité ce mot
attribué à M. Clémenceau : « M. Cons-
« tans est le seul des ministres de la
« république qui se soit enrichi , aux
« affaires! » et il a déchaîné un ta
page formidable en dénonçant « le mi
nistre fraudeur. » Frappé de la peine
de la censure par le président livide,
M, Laguerre a signalé encore des ten
tatives de corruption destinées à ob
tenir le silence et faites hier même
auprès de lui. Il a terminé en deman
dant que parmi les fournées à Sainte-
Pélagie qui se préparent,une au moins
soit réservée aux députés qui trafi
quent de leur , mandat. L'agitation
était extrême.Le hurlement des grands
jours soufflait dans toute la salle.. La
droite écoutait, silencieuse.
Le ministre dé L'intérieur a pris la
parole pour se justifier; Il a eu le tort
d'employer un moment le ton de la
plaisanterie. Le « souvenir » ne con
sistait, paraît-il, qu'en un fusil arabe
et un « saucisson de Lyon » ! Il a res
titué le fusil, mais pas le saucisson
qui avait été: mangé !- Il a raconté en
termes malicieux qui ne convenaient
guère, les manœuvres de séductions
déployées pour- l'embaucher dans le
boulangismej La majorité, se hâtant
de croire que la lutte allait se terminer
en gasconnade, s'est mise à rire. Mais
M. Constans a dû reconnaître qu'il a
touché le chèque compromettant. Ce
n'était, a-t-il dit, ,que pour payer une
traite, correspondante, tirée sur lui
par le Crédit lyonnais. Il a nié avoir
reçu aucune action. Changeant de
note, il a déclaré que les attaques
ne réussiront pas plus que les amabi
lités à le détourner de combattre le
boulangisme; il s'est engagé à ne re
culer devant rièn et a pris à partie
M. Laguerre : « Oui, j'ai fait une
« grosse fortune dans les affaires, mais
« vous, vous ne l'avez pas faite, la
« vôtre, et vous vivez comme si vous
« l'aviez. » Il a . terminé en jetant à
l'interpellateur des apostrophes de
mépris.
Un incident plus violent a failli se
produire. En descendant de la tribune
le ministre s'est arrêté devant M. La-
guerref debout dans l'hémicycle. Les
deux ennemis se sont regardés dans
les yeux,'pendant deux ou trois lon
gues secondes. Leurs figures expri
maient tout ce que la nature humaine
peut contenir de méchanceté. Sou
dain, leurs mains se sont levées. Un
député s'est interposé, et le pugilat
parlementaire à été évité.
M. Laguerre a répliqué. Il s'est dé
fendu d'avoir fait visite à M. Constans.
Il a maintenu qu'entre la réception et
la restitution du chèque, dix mois se
sont écoulés .; il a produit une lettre
du fondateur de la société, pour prou-
vér que le ministre a touché, puis par
force-rendu des actions. Le pays,a-t:il
conclu, saura quels sont les nommes
qui nous combattent !
; Naturellement l'ordre du jour bou
langiste a été repoussé. On s'est bor
né à l'ordre jour pur et simple, façon
singulière de terminer un débat qui
Rappelle ceux de la Convention où l'on
se traitait de voleur et d'assassin,
i Et d'autres séances du même genre
sont annoncées, d'autres révélations,
d'autres accusations haineuses et fé
roces! , ;
; Au début, une discussion qui pou
vait devenir des plus intéressantes^
s'est engagée; mais elle atournécourt.
L'insignifiant et vaniteux M. Gustave
Rivet a réclamé des poursuites contre
l'admirable mandement de Mgr Frep-
E ! el sur le devoir social des chrétiens.
e garde des sceaux a esquivé le débat
en imaginant de dire que l'illustre évê
que a publié ce mandement après tous
ceux de ses collègues, pour ne pas
provoquer d'adhésions. Le gouverne
ment luirmême ne prenant pas au sé
rieux les objurgations de M. Rivet,
Mgr Freppel était, dispensé d'inter
venir.
Eugène Tavernier.
Au sujet des plaintes du député Ri
vet, le sectaire, contre Mgr Freppel, on
lit dans la Liberté : ,
i L'Etat n'a pas de sanction contre ce que
les radicaux appellent les empiétements du
clergé et ce qui n'est, en réalité, que l'exer
cice du droit électoral qui appartient à tous
les citoyens français. L'Etat n"a d'autre
arme que la déclaration comme d'abus,
arme émoussée d'ailleurs et absolument
inoffensive. La déclaration comme d'abus
pouvait intimider, un évêque du temps de
Louis XIV et parce'que c'était"Louis XIV,
maison conviendra ' qu'entre les mains de
M. Thévenet elle a perdu de son prestige.
Ce n'est pas avec ses foudres mouillées
qu'on fera peur à l'épiscopat français.
Mgr Freppel, au surplus, n'est pas sorti
de la légalité ; il a usé de son droit, il n'en
a pas abusé. L'évêque d'Angers n'a pas
engagé son clergé et ses ouailles à voter
contre la République, mais à donner leurs
suffrages aux candidats qui s'engageront
à mettre un terme à la lutte religieuse, à
pacifier les esprits et les consciences, à ré
concilier l'Eglise et l'Etat. En quoi ce lan
gage est-il répréhensible ? N'est-il pas natu
rel dans la bouche d'un évêque? Et en
faire un grief à Mgr Freppel, n'est-ce pas
lui reprocher de faire son devoir ?
Nous comprenons fort bien que la ma
jorité parlementaire soit inquiète et mé
contente d'avoir contre ellenne force et une
influence électorales certainement redouta
bles. Si cette force et cette influence s'exer
çaient à son profit, elle trouverait,cela ab
solument naturel et légitime. Il n'a cepen
dant tenu qu'à elle de se. concilier le clergé
en ne le persécutant pas et en ne violentant
pas la conscience des catholiques. La guerre
entamée contre l'Eglise a été une faute im
mense. qup l'on expie maintenant, par tout
se paye. >
Nos lecteurs seront heureux d'ap
prendre que la lettre pastorale de
Mgr Freppel sur les devoirs des chré
tiens dans l'exercice du droit de suf
frage vient d'être publiée à la librai
rie Roger et Chèrnoviz, sous forme dé
brochurè de propagande, au prix de
dix centimes l'exemplaire.
Ils auront certainement à cœur d'en
multiplier la propagande, car c'est
par centaines de mille que devrait
être répandu cet opuscule, si propre
à éclairer la conscience des électeurs.
Nous recevons de Montpellier la. dé
pêche suivante sur l'assemblée qui
s'est ouverte aujourd'hui dans cette
ville:
L'assemblée du centenaire a été ouverte
par la messe du Saint-Esprit à Notre-Dame
des Tables. L'assistance était fort nom
breuse.
Un beau discours de bienvenue a été pro
noncé par lylgr.de Gabriôres, à la séance
d'ouverture, qui a eu lieu à dix heures.
De nombreux congressistes sont venus
de tous les points du Languedoc,
i On attend plusieurs de Nos Seigneurs les
évêques. ■ 1 ; ■
On lit dans le Siècle :
A l'occasion des suspensions de traite
ment prononcées contre certains curés,
nous croyons devoir, réduire à ses justes
proportions l'information qui a été donnée
par plusieurs journaux catholiques sur le
nombre des curés frappés. : -
Sur 40,000 desservants en exercice, 150
seulement ont été frappés par ces mesures
disciplinaires:
En admettant la statistiqûe du Siè
cle, ce journal croit-il donc, que ce
n'est rien d'avoir à enregistrer au
compte du gouvernement 150 ini
quités?
: C'est comme si un criminel, pour se
justifier devant le jury, s'écriait ;
Messieurs, vous devez m "absoudre, car
j'aurais pu commettre quarante ou
cinquante meurtres, et je n'en ai
commis que quatre ou cinq !
• Décidément, le ministère a dans les
journaux officieux des avocats bien
maladroits.
La réforme des bénédictins
EN AUTRICHE-HONGRIE • t.
Nous avons annoncé, il y a quelques
semaines, que le Saint-Père a invité,
par un bref apostolique, les pères ab
bés et prieurs des maisons-, de l'ordre
de Saint-Benoît en Autriche à se réu
nir en chapitre général pour opérer
une réforme générale, devenue néces
saire dans ce pays.
Le chapitre aura lieu à la fin de ce
mois-ci à Salzbourg ; dès à présent
S. Em. le cardinal Vannutelli; ancien
nonce apostolique à Vienne, est dé
signé pour le présider, comme légat
apostolique.
Par uné indiscrétion inexplicable, le
bref apostolique est tombé dans des
mains juives, et c'est lé moniteur de
la juiverie internationale, la Neue freie
Presse de Vienne, qui publie la ver
sion allemande de ce gravé docu
ment. :
Le Vaterland de Vienne, le grand
organe catholique autrichien, constate
le fait et reproduit, sous réserves, la
version allemande, qu'il ne saurait
contrôler, n'ayant pu se procurer le
texte authentique.
Nous traduisons à notre tour, en
français, cette version allemande du
bref adressé - à tous les abbés et
prieurs des abbayes et couvents de
l'ordre de Saint-Benoit, en Autriche.
Le bref apostolique commence par
les 'remerciements de Sa Sainteté pour
les vœux formés par toutes les mai
sons religieuses de là monarchie au
trichienne," à l'occasion de. ses noces
d'or sacerdotales.
Puis le Saint-Père rappelle aux reli
gieux bénédictins le rétablissement
de l'antique collège de Sainte-Anselme
à Rome : , où les élèves apprennent
« cette discipline de vie, enseignée par
l'immortel fondateur de l'ordre, et
s'habituent à l'observer dans toute
leur pureté ».
Pour atteindre ce but — continue le
Saint-Père — il est nécessaire que cette
discipline règne dans tous les couvents de
l'ordre et qu'il n'y ait an carie différence en
tre eux. S'il en était autrement, les élèves
sortis de Saint-Anselme, en entrant dans
les familles bénédictines, se : trouveraient
comme des émigrants parmi des.sauvages*.
Le Saint-Père désire, en outre,' que
les maisons bénédictines autrichien
nes soient rattachées entre elles par. le
lien d'une congrégation unique, et il"
rappelle les fruits abondants de pareil^
les institutions en Suisse, en 1 Allemà'-*
gne, en Hongrie, en Angleterre, en-
Italie et dans divers pays d'outre-jmer.
1 Nous aimons mieux — ajoute le Sàint-
Père — donner là'sanction de Notre auto
rité à ce que votre prudence vous comman
dera de faire, que de décider p$r Notre
propre sonveraine,té ce que Nous estimons
salutaire. .
i Aussi Nous ordonnons jque tous les pères '
abbés et prieurs des maisons de l'ordre de
Sàint-Benolt, ; situées en Autriche, se ren
dent, en personne ou.par procureurs, le 2$
mars 1889, à JSalzbourg, pour "y conférer ati
sujet des l'établissement d'une congréga
tion. Nous chargerons quelqu'un de prési
der cette réunion et.défaire des commuai-
cations ultérieures. Nous ordonnons qu'on
Nous communique les nouveaux -statuts-*
qui, par le vote de la majorité' de l'assem
blée, auront.obtenu son assentiment. ; :
Mais comme le but de Notre décision est
de voir réfleurir la discipline régulière dans
vos- maisons, Nous-devons vous-'rappeler ■
que vous aurez à vous conformer dans,.vos
délibérations aux principes contenus dans
la'règle donnée par votre père, saint .Be
noît. " ' '
Il faut que vos~nouveaux statuts rendent
plus complète et plus efficace l'observance
des vœux qui vous attachent à Dieu. Rien
ne nuit.tanjt à l'obligation de la pauvreté
que la faculté de, posséder, une fortune pri
vée ; aussi est-il nécessaire de veiller avec
soin à.ce que cette honteuse tache ne sa
lisse pas la demeure des religieux, ri" '
• Il ne faudra non plus.omettre une défini
tion minutieuse des devoirs qui résultent
de la vertu de l'obéissance, pour que'la tié
deur dans les petites choses ,n'engendre
pas .des fautes graves. II. faudra maintenir
toutes les maisons dans l'observation du
vœu relatif à la résidence, grâce auquel-
les religieux forment,une famillf dans la
vraie acception du moi. Que la règle'de,
vie et de travail soit la même pour tous ;
il faut que tous mangent à la même table,
se réunissent dans la prière; la méditation
et la leclurOjspirituelle,; comme tous de
vront.se réunir pour,la récréalion après le
labeur de l'esprit. Pour que l'image de la
famille soit complète,'on' ne doit pas ad
mettre dé novices du dehors, et les frères
lais doivent être astreints aux vœux sim
ples et soumis à un maître religieux:-
' Nôusn'avons pas besoin de vous rappe
ler qu'il ne faut tolérer d'aucune façon
que la sc>litude. et le silence, qui contri
buent tant/ à la perfection chrétienne,
soiënt troublés. 11 faudrait aussi - Veiller
soigneusement aux prescriptions de la'
clôture, qui .constituent le boulevard de
protection - de la solitude' et du silence.'
Enfin, la principale préoccupation des pèrtes
qui vont s'assembler devra être de faire en
sorte que Jes religieux de : l'ordre se dis
tinguent par leur piété et leur régularité
dans "la célébration des ôffices'j qu'aucun
d'eux ne, manque de prendre pari aux'
chants qui ont lieu en commun à la louange
de Dieu. ..
Si vos nouveaux statuts se pénètrent de
ces principes et si les religieux de l'ordre
: s'y conforment dans une pieuse obéissance,
Nous ne doutons pas que votrè oYdre n'en
reçoive un lustre éclatant.
Eh terminante Saint-Père appelle
la grâce divine sur les travaux de
FEUILLETON DE VUNIVERS
" bu ^8 mars 1889
REVUE AGRICOLE
mportalions et exportations. — Destruction
des vers blancs par la benzine. — Le traité
de commerce avec'la Turquie. — L'agricul
ture en Australie.
IMPORTATIONS ET EXPORTATIONS
L 'administration des douanes a publié
rêcamment les tableaux qui résument le
mouvement du commerce extérieur de la
France pendant l'année 1888. En jetant un
coup d'œil sur ces tableau*, nous remar
quons tout d'abord que l'importation totale
s'est élevée à 4,053 millions de francs, tan
dis que l'annéë dernière elle avait été de
4,026 millions; c'est donc un accroisse
ment d'importation de 27 millions. Quant
à l'exportation, elle a atteint une valeur de
3,211 millions, tandis qn'en 1887 elle avait
été de 3,247 millions; nous avons donc
«ne diminution de 36 millions. Si mainte
nant nous comparons la valeur des impor
tations à celle des exportations, nous
voyons que les importations surpassent les
exportations do plus de 800 millions.
Que t'aut-il conclure da ces chiffres ?
Si l'importation s'est accrue, c'est qu'évi
demment nous avons en plus de besoins
cette année, et si l'exportation a diminué,
cela indique que nos marshandUes ont
trouvé au dehors un écoulement moins far
cile j mais comme les différences se tra-
■duisentpar des chiffres relativement mini-.'
mes, nous n'insistons pas sur ce point.
: - Nous voyons au contraire une grosse
différence de 800 millions entre les impor
tations et les exportations ; ce sont les im
portations qui l'emportent ; cela mérite
examen.
Si nous en croyons l'école aujourd'hui
dominante en économie politique, la com
paraison entre le total des importations et
celui des exportations, — ce que l'on ap
pelle la balance du commerce, — ne prouve
absolument rien.' L'importation, disent-ils,
n'appauvrit point nn peuple, pas plus que
l'exportation ne l'enrichit ; que l'on achète
ou que l'on vende, on le fait parce que l'on
y trouve un avantagé.
Les économistes qui raisonnent ainsi sont
dans l'erreur en ce qu'ils attribuent à cer
tains principes une portée trop absolue;
■mais il est juste de dire que les écono
mistes qui soutiennent l'importance de la
balance du commerce paraissent être tom
bés dans une erreur du même genre, au
moins au point de vue théorique.
. On peut s'enrichir ou se ruiner aussi
bien en achetant qu'en vendant, toujours
en supposant que les ventes et achats ont
été faits selon le juste prix des choses."
Donc, pour savoir si un homme ou un peu
ple se ruine, il ne suffit pas de faire la ba
lance entre ses ventes et ses achats.
Pour rendre notre argumentation plus
sensible, raisonnons d'abord dans l'hypo-
thàse d'un individu pris isolément.
Un agriculteur achète, pendant une cer
taine année, plus qu'il ne vend : fait-il de
abonnés ou de mauvaises affaires ? Cela dé
pendra de ce qu'il a vendu et acheté. S'il a
jacheté des bestiaux, des instruments, des
matériaux pour construire des bâtiments
d'exploitation ; s'il n'a vendu qu'une partie
de ses récoltes, attendant un moment plus
favorable pour vendre'le surplus, il s'est
enrichi. Mais s'il a acheté des grains pour
nourrir son. personnel à cause de l'insuffi
sance de ses récoltes, s'il a vendu des bes
tiaux en diminuant son étable, il s'est ap
pauvri.
Ce qui est vrai pour un individu est éga
lement vrai pour un peuple; s'il importe
pour parer à l'insuffisance de sa produc
tion, il s'appauvrit; s'il exporte aux dé
pens de son capital, il s'appauvrit encore.
L'excédent des importations sur les expor
tations doit être compensé par un accrois
sement au moins équivalent du capital, au
trement il y a perte. Comment solder la
différence ? Ce ne peut être qu'en monnaie
ou en titres de créances. Solder en mon
naie, c'est diminuer le capital; solder en
créances, c'est escompter l'avenir, et si le
mouvement d'exportation ne prend pas as
sez d'extension pour permettre ultérieure
ment de solder en marchandises, il faudra
bien finir par solder en monnaie, en ajou
tant au principal les intérêts de la dette.
En examinant les tableaux des douanes,
nous voyons qu'en 1888 nous avons im
porté en objets d'alimentation une valeur
de 1.485 millions; nous avons exporté en
objets de même nature une valeur de
669 raillions, d'où il résulte que le déficit
de notre production alimentaire est do
816 millions. C'est un bien gros chiffre et
il n'est point accidentel, tous les ans le
même fait se reproduit; le déficit est tan
tôt un peu plus grand et tantôt un peu
moindre.
i Dans l'état actuel des moyens de trans
port et des relations commerciales, il ne
faut pas s'exagérer l'inconvénient 'qui peut
exister pour un pays de tirer du dehors une
partie importante de ses subsistances; ce-,
pendant il ne faut pas oublier la possibilité
d'une guerre maritime, qui pourrait gêner
assez sérieusement notre ravitaillement.
Même en écartant cette hypothèse,il serait
encore plus avantageux pour nous de pro
duire nos subsistances que de les tirer de
l'étranger, car la culture est une grande
source de travail, et quand le travail est
abondant dans un pays, tout va bien.
Nouspourrions produire assez pour notre
notre consommation. Pourquoi ne le faisons-
nous pas ? C'est que, sous prétexte de sub-'
sistances à bon marché, les gouvernements
qui se sont succédé en France depuis qua
rante ans, ont favorisé l'industrie et le com
merce au détriment de l'agriculture.
Trouvons-nous dans notre production in
dustrielle' une compensation à' l'insuffisance
de notre production agricole? Les tableaux
de la douane nous montrent qu'il n'en est
point ainsi. La valeur des matières pre
mières importées est de 1,907 millions ; si
l'on en déduit les matières premières ex
portées, qui représentent 690 millions, il
reste pour l'importation nette 1,217 mil
lions. Nous avons exporté, en objets fabri
qués, une valeur de 1,656 millions, mais
nous en avons importé pour 545 millions,
de sorte que l'exportation nette est seule
ment de 1,111 millions, c'est-à-dire qu'elle
ne compense pas tout à fait l'importation
nette des matières premières. Sur les mar
chandises diverses, l'excédent d'exporta
tion est de 78 millions, ce qui arrive à
peine à compléter la compensation.
Il est juste de dire que la totalité des
matières premières n'a pas été employée
par rinduBt'rië; une certaine quantité, les
engrais, par exemple, a été livrée directe
ment à l'agriculture. On doit dire égale
ment que la valeur des objets importés
n'est pas toujours établie avec une exacti
tude parfaite, ce qui, du reste, est prati
quement impossible.
i Quoi qu'il en soit, il demeure certain que
notre production agricole est très inférieure
à nos besoins, et qne si notre production
industrielle sst supérieure à notre consom
mation, la différence ne fait que compenser
nos importations de matières premières,
mais elle ne compense aucunement l'insuf
fisance de notre production agricole.
Encore une fois, répliqueront les écono
mistes, cela ne fait rien ; les importations,
même supérieures aux exportations, né
sont point un appauvrissement puisque
la marchandise importée vient augmenter
d'autant notre actif. — Il est bien vrai que
l'importation n'est pas par elle-même une
cause d'appauvrissement, mais elle est l'in
dice d'une production insuffisante,, au
moins sur certains articles. Et si "cette in
suffisance n'est pas compensée par unesur-
abondance de production restant à l'inté
rieur sous forme de capital, la nation mar
che plus ou moins promptement à la ruine.
" Nous sommes restés débiteurs envers l'é
tranger d'une valeur de 800 millions en
1888, il en est S peu près de même tous les
ans ; quelle compensation pouvons-nous
opposer à ce déficit extérieur ? Avons-nous
fait de grandes améliorations agricoles ?
Non. Avons-nous augmenté le nombre ou
l'importance de nos établissements indus
triels ? Non encore. Malgré la dureté des
temps,nQus avons fait quelques économies,
que nous avons jetées dans lo gouffre de la'
Bourse pour alimenter les emprunts* des
Etats, des départements et des communes,
iou pour édifier des entreprises telles que :
lé Panama. Nous" avons des titres' dans
; notre portefeuille, mais ces titres ne sont;
point la représentation d'uné solide yaieur
réelle. , , - ; -,
Donc nous suivons une mauvaise voie, ou
ne saurait trop le dire, le répéter et le,dé
montrer. Cé n'est pas par des "emprunts
publics et par des spéculations de Bourse,
qu'un peuple s'enrichit ; c'est par la prô-'
duction industrielle et surtout agricole.
DESTRUCTION DES VERS BLANCS
PAR L\ BENZINE
Les vers blancs, qui ne sont pas autre
chose que la larve du hanneton,causent des^
dommages considérables à l'agriculture et"
à l'horticnlture dans certaines parties dé la
France. Le hanneton prend son vol à la' fin
d'avril ou aux premiers jours de mai ; sa
vie comme insecte parfait est de très courte
durée et ne dépasse pas quelques jours:
Les œufs déposés en terre pendant ce temps
ne Lardent pas à éclore sous forme de pe
tites larves, qui vivent dans la terre à une
faible profondeur. • . ;
Dès que les froids commencent à se faire
sentir, les larves s'enfoncent en terre à. une
profondeur plus uu moins grande, selon-les
: circonstances, pour remonter au printemps
sous forme de gros vers blancs, longs de?
25 à 30 millimètres et même plus. C'est
alors q'ils exercent leurs plus grands -ra
vages en coupant -les ratines des herbes
et en pelant les racines des arbres frùi- ;
tiers. ■ 1 ' "-"■■■■. ■ * !
Les récoltes sont réduites à- presque
'rien, beaucoup d'arbres meurent ou res
tent languissants. Dans les - jardins; ; 'iës
.vers blancs attaquent surtout les"fraisiers
et la laitue. ; "• : ' rr -
l A l'automne, les vers blanc3-'s'enfoncent
N' 7750 — Edition qnetldienna
Lundi 18 Mars 1889
«>»
ÉDITION QUOTI DIENNE
' PARIS ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENT* (CMON POSTALE)
Un an. .... 55 » 66 »
Sis mois. ... 23 50 34 s
Trois mois. . . 15 » 18 » ;
^^abonnements partent des |« et 18 de ehaqne mois
™ NUMÉRO { glpar temente! 2?
BUREAUX: Paris, 10, rue dés Saints-Pères
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Ë
9 e
PARIS
ET DÉPARTEMENTS
Un an 30 »
Six mois. ... 16 »
Trois mois. . . 8 50
ÉTRANGER
(dkion postale)
36 »
19 »
• 10 »
On s'abonne îi Rome, place du Gesù, 8
les abonnements partent des i» et 16 ds chaque mol*
L'UNIVERS no répond pas des manuscrits qui lui sont adressés 1
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et.C'», 6, place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 17 MARS 1889
Le mandement de Mgr Freppel sur
l'exercice du droit électoral était dé
noncé hier à la Chambre, mais l'accu
sateur, M. Rivet, a eu un insuccès
complet. Par contre, M. Laguerre a
singulièrement embarrassé le ministre
Constans accusé par lui de menus
faits de concussion dont le ministre
ne s'est pas très bien lavé. Néanmoins
la Chambre a repoussé l'ordre du jour
deM. Laguerre portant qu'elle est «sou
cieuse de la dignité des membres du
gouvernement. » Il parait que la majo
rité n'a point de tel souci.
C'est aujourd'hui qu'a lieu à Tours
le fameux banquet où le général Bou
langer doit prendre la• parole pour ex
poser son programme en vue des pro
chaines élections. Son départ de Paris
n'a provoqué aucun incident. Il pour
rait bien n'en pas j aller de même à
Tours.
A 1'exceptioii du Parti national et du
Siècle , la prBsse républicaine fait assez
mauvais accueil à la formation du
nouveau comité de l'Union: libérale.
« Les hommes! qui ont signé le mani
feste, dit le National, sont des plus ho
norables quelques-uns même sont
des hommes considérables. Malheu
reusement ils ne sont plus de leur
. temps, et cela se -voit bien à leur lan
gage. Nous sommes parfaitement de
leur avis quad ils expriment la pen
sée que c'est: la politique de conces
sions au radicalisme qui a mené laré-
publique où elle est. Mais nous dou
tons fort que le remède , au mal soit
dans une politique de concessions à, la
réaction ; et c'est là leur politique. Ce
ne saurait être la nôtre.. » ,
Par ce langage d'un modéré, l'on
peut juger de ce que disent les autres.
Le ministre des. travaux publics, dé
sireux de réaliser de nouvelles écono
mies sur le personnel de l'adminis
tration centrale, vient de décider, par
tin arrêté du 15 mars, que la direction
du personnel, du secrétariat et de
-la comptabilité serait provisoirement
supprimée.. Cette mesure deviendra
définitive dès que l'expérience aura
démontré que. cette (suppression est
compatible avec la bonne marche dés
affaires.' Par suite de modifications, la
division du personnel et du secréta
riat se trouve placée , sous l'autorité
immédiate du chef de cabinet».
Les nouvelles du. Nord né laissent
pas encore prévoir la prochaine cessa
tion des grèves et le seul fait de leur
prolongation, même ' sans accompa
gnement de violences, est un grave
indice de la situation, parcequ'elle
rend l'accord de plus en plus difficile
entre patrons et ouvriers. De nouvelles
troupes ont dû être envoyées sur di
vers points de la région. ■ „ ,
Dans son bulletin, le Nord?, parlant
des derniers événements en Italie*. ies-
time que M. CrispLsort de la crise ac
tuelle considérablement diminué. La
Chambre le subit sans l'aimer, sans
l'admirer ; l'opinion publique a cessé
de voir,en lui Thomine d'État national
et le ministre indispensable.'. La véri
table difficulté pour Je gouvernsment
italien, c'est la question ^financière.
Les conséquences de la dénonciation
du traité de commerce avec la France
pèseront toujours sur l'industrie et l'a
griculture italiennes.
La réputation de M. Crispi, que le
Nord appelle la mouche de la triple
alliance, et ses antécédents gallopno-
bes demeurent un obstacle positif au
rétablissement de l'ancienne entente
cordiale Centre la France et l'Italie. La
conviction que M. Crispi est devenu,
sur le terrain de - la politique interna
tionale ce que; les Anglais appellent
anuisant, tend évidemment à se géné
raliser, même dans les cercles qui
jusqu'ici semblaient accepter avec ré
signation la dictature parlementaire
de cet homme d'Etat,
i Nous en acceptons bien volontiers
l'augure, M.Crispi étant un enragé sec
taire et un ennemi non moins acharné
de la France.--
. L'incident désormais habituel de la
séance a tardé hier à se produire ;•
mais, en revanche, il a été atroce. Une
discussion s'est élevée entre MM. Lar
guerre et Constans qui a pris le ca
ractère d'un duel au couteau. Jusqu'à
cinq heures on doutait que le boulan-
gisme entrât en scène ; mais alors
on a vu M. Laguerre monter .à plu
sieurs reprises près du. président. Il
n'y avait pas besoin d'entendre la
conversation pour savoir que les in
terlocuteurs n'étaient pas d'accord ;
M. Méline, fort agité, multipliait les
gestes de dénégation ; M. Laguerre
insistait avec l'obstinàtion glacée qui
est une bonne partié de sa force.
L'affaire qui se préparait était d'or
dre exceptionnel. Il s'agissait d'invi
ter la Chambre à examiner si, en
1882, le ministre de l'intérieur, alors
simple députe, a trafiqué de son man
dat, il s'agissait de lire et de discuter
à la tribune des pièces publiées dans
le journal la Cocarde et relatives à un
procès que juge en ce moment la cour
de Nancy.
Le projet de M. Laguerre avait en
core ce caractère" spécial, qu'il annon-,
çait un changement dans la conduite
du parti boulangiste à l'égard de M.
Constans.Tout le monde en effet avait
remarqué que deux membres du mi
nistère actuel étaient traités parles
organes du « général » avec une. mo
dération évidemment calculée ; on ne
se gênait pas pour dire que les « fac
tieux » comptaient sur MM. de Freyci-
net et Constans. Il n'est pas difficile
de discerner la cause de la rupture
qui vient de s'accomplir ; la participa
tion de M. Constans aux mesures prises
contre la Ligue des patriotes a évidem
ment décidé les boulangistes à. frap
per à mort l'adversaire dangereux
dont ils avaient rêvé de se faire un
allié. Déçu, et d'ailleurs menacé de
près, M. Laguerre ne pouvait man
quer d'être implacable.
Au moment où l'attente prolongée
échauffait les esprits, le président a
fait savoir qu'il venait de recevoir
une demande d'interpellation qu'il
jugeait impossible de laisser discuter.
Le règlement, disait-il, interdit les
interpellations de "collègue à collègue ;
or., les faits visés ne sont pas des actes
de gouvernement; ils sont du domaine
privé; donc la Chambre ne peut en
lêtre saisie. Mais M. Laguerre savait
Obien qu'en criant : « J'accuse le mi
nistre de l'intérieur de s'être désho
noré »'il forçait la main au gouver
nement, à la majorilé et au président ;
il obligeait M. Constans à réclamer
lui-même la lumière et, par consé
quent, la discussion ; aussi s'est-il posé
carrément en accusateur, rappelant,
avec une habileté cruelle, que des
débats du même genre ont eu lieu
là propos de MM. Wilson et Numa
iGilly, en dépit de n'importe quel
règlement. Le président du conseil,
invité à se prononcer, ne pouvait que
! s'en tenir à des déclarations vagues;
il a secoué ses cheveux, sa barbe et ses
bras pour attester que le gouverne
ment ne se -laissera pas intimider par
des attaques injurieuses en des pro
cédés de scandale; cependant M. -Ti-
rard n'avait pas son impétuosité ordi
naire. Commeil le- fallait bien, l'acT
cusé, M. Constans a prié la Chambre
d'accepter l'interpellation et la discus
sion immédiate. -,
Plus sec et plus tranchant que ja
mais, rapidement, coup sur coup, M.
Laguerre a décoché ses traits. Il a in
culpé M. Constans d'avoir, il y a sept
ans, pris part à la fondation d*une so
ciété commerciale qui devàitî s'appe
ler la « Ville de Lyon » ; d'avoir tou
ché un chèque de 10,000 francs, plus
150 actions libérées dont 40 auraient
été vendus avant l'émission ; de n'avoir
restitué les 10,000 francs que dix mois
plus tard, sur sommation et menace
d'une plainte au parquet. Il a donné
lecture d'une prose où il est dit que
M. Constans a reconnu avoir reçu des
fondateurs de société un « souvenir »
restitué après réclamation du dona
teur. La société n'ayant pu se . consti
tuer, M. Constans a écrit ensuite pour
donner sa démission, en annonçant
qu'il était prêt à régler la question
d'intérêt. Poussant plus profondément
son attaque, l'orateur-exécuteur a
rapporté dès propos, absolument offen
sants qui auraient été,tenus sur le
compte de M. Constans, par M Glémen-
oeau, et il a-invoqué le témoignage de
MM. Floquet, Allain-Targé, Pelle-
tan et George Perin. MM. Floquet
et Allain-Targé ont répondu par un
démenti. M. Laguerre a cité ce mot
attribué à M. Clémenceau : « M. Cons-
« tans est le seul des ministres de la
« république qui se soit enrichi , aux
« affaires! » et il a déchaîné un ta
page formidable en dénonçant « le mi
nistre fraudeur. » Frappé de la peine
de la censure par le président livide,
M, Laguerre a signalé encore des ten
tatives de corruption destinées à ob
tenir le silence et faites hier même
auprès de lui. Il a terminé en deman
dant que parmi les fournées à Sainte-
Pélagie qui se préparent,une au moins
soit réservée aux députés qui trafi
quent de leur , mandat. L'agitation
était extrême.Le hurlement des grands
jours soufflait dans toute la salle.. La
droite écoutait, silencieuse.
Le ministre dé L'intérieur a pris la
parole pour se justifier; Il a eu le tort
d'employer un moment le ton de la
plaisanterie. Le « souvenir » ne con
sistait, paraît-il, qu'en un fusil arabe
et un « saucisson de Lyon » ! Il a res
titué le fusil, mais pas le saucisson
qui avait été: mangé !- Il a raconté en
termes malicieux qui ne convenaient
guère, les manœuvres de séductions
déployées pour- l'embaucher dans le
boulangismej La majorité, se hâtant
de croire que la lutte allait se terminer
en gasconnade, s'est mise à rire. Mais
M. Constans a dû reconnaître qu'il a
touché le chèque compromettant. Ce
n'était, a-t-il dit, ,que pour payer une
traite, correspondante, tirée sur lui
par le Crédit lyonnais. Il a nié avoir
reçu aucune action. Changeant de
note, il a déclaré que les attaques
ne réussiront pas plus que les amabi
lités à le détourner de combattre le
boulangisme; il s'est engagé à ne re
culer devant rièn et a pris à partie
M. Laguerre : « Oui, j'ai fait une
« grosse fortune dans les affaires, mais
« vous, vous ne l'avez pas faite, la
« vôtre, et vous vivez comme si vous
« l'aviez. » Il a . terminé en jetant à
l'interpellateur des apostrophes de
mépris.
Un incident plus violent a failli se
produire. En descendant de la tribune
le ministre s'est arrêté devant M. La-
guerref debout dans l'hémicycle. Les
deux ennemis se sont regardés dans
les yeux,'pendant deux ou trois lon
gues secondes. Leurs figures expri
maient tout ce que la nature humaine
peut contenir de méchanceté. Sou
dain, leurs mains se sont levées. Un
député s'est interposé, et le pugilat
parlementaire à été évité.
M. Laguerre a répliqué. Il s'est dé
fendu d'avoir fait visite à M. Constans.
Il a maintenu qu'entre la réception et
la restitution du chèque, dix mois se
sont écoulés .; il a produit une lettre
du fondateur de la société, pour prou-
vér que le ministre a touché, puis par
force-rendu des actions. Le pays,a-t:il
conclu, saura quels sont les nommes
qui nous combattent !
; Naturellement l'ordre du jour bou
langiste a été repoussé. On s'est bor
né à l'ordre jour pur et simple, façon
singulière de terminer un débat qui
Rappelle ceux de la Convention où l'on
se traitait de voleur et d'assassin,
i Et d'autres séances du même genre
sont annoncées, d'autres révélations,
d'autres accusations haineuses et fé
roces! , ;
; Au début, une discussion qui pou
vait devenir des plus intéressantes^
s'est engagée; mais elle atournécourt.
L'insignifiant et vaniteux M. Gustave
Rivet a réclamé des poursuites contre
l'admirable mandement de Mgr Frep-
E ! el sur le devoir social des chrétiens.
e garde des sceaux a esquivé le débat
en imaginant de dire que l'illustre évê
que a publié ce mandement après tous
ceux de ses collègues, pour ne pas
provoquer d'adhésions. Le gouverne
ment luirmême ne prenant pas au sé
rieux les objurgations de M. Rivet,
Mgr Freppel était, dispensé d'inter
venir.
Eugène Tavernier.
Au sujet des plaintes du député Ri
vet, le sectaire, contre Mgr Freppel, on
lit dans la Liberté : ,
i L'Etat n'a pas de sanction contre ce que
les radicaux appellent les empiétements du
clergé et ce qui n'est, en réalité, que l'exer
cice du droit électoral qui appartient à tous
les citoyens français. L'Etat n"a d'autre
arme que la déclaration comme d'abus,
arme émoussée d'ailleurs et absolument
inoffensive. La déclaration comme d'abus
pouvait intimider, un évêque du temps de
Louis XIV et parce'que c'était"Louis XIV,
maison conviendra ' qu'entre les mains de
M. Thévenet elle a perdu de son prestige.
Ce n'est pas avec ses foudres mouillées
qu'on fera peur à l'épiscopat français.
Mgr Freppel, au surplus, n'est pas sorti
de la légalité ; il a usé de son droit, il n'en
a pas abusé. L'évêque d'Angers n'a pas
engagé son clergé et ses ouailles à voter
contre la République, mais à donner leurs
suffrages aux candidats qui s'engageront
à mettre un terme à la lutte religieuse, à
pacifier les esprits et les consciences, à ré
concilier l'Eglise et l'Etat. En quoi ce lan
gage est-il répréhensible ? N'est-il pas natu
rel dans la bouche d'un évêque? Et en
faire un grief à Mgr Freppel, n'est-ce pas
lui reprocher de faire son devoir ?
Nous comprenons fort bien que la ma
jorité parlementaire soit inquiète et mé
contente d'avoir contre ellenne force et une
influence électorales certainement redouta
bles. Si cette force et cette influence s'exer
çaient à son profit, elle trouverait,cela ab
solument naturel et légitime. Il n'a cepen
dant tenu qu'à elle de se. concilier le clergé
en ne le persécutant pas et en ne violentant
pas la conscience des catholiques. La guerre
entamée contre l'Eglise a été une faute im
mense. qup l'on expie maintenant, par tout
se paye. >
Nos lecteurs seront heureux d'ap
prendre que la lettre pastorale de
Mgr Freppel sur les devoirs des chré
tiens dans l'exercice du droit de suf
frage vient d'être publiée à la librai
rie Roger et Chèrnoviz, sous forme dé
brochurè de propagande, au prix de
dix centimes l'exemplaire.
Ils auront certainement à cœur d'en
multiplier la propagande, car c'est
par centaines de mille que devrait
être répandu cet opuscule, si propre
à éclairer la conscience des électeurs.
Nous recevons de Montpellier la. dé
pêche suivante sur l'assemblée qui
s'est ouverte aujourd'hui dans cette
ville:
L'assemblée du centenaire a été ouverte
par la messe du Saint-Esprit à Notre-Dame
des Tables. L'assistance était fort nom
breuse.
Un beau discours de bienvenue a été pro
noncé par lylgr.de Gabriôres, à la séance
d'ouverture, qui a eu lieu à dix heures.
De nombreux congressistes sont venus
de tous les points du Languedoc,
i On attend plusieurs de Nos Seigneurs les
évêques. ■ 1 ; ■
On lit dans le Siècle :
A l'occasion des suspensions de traite
ment prononcées contre certains curés,
nous croyons devoir, réduire à ses justes
proportions l'information qui a été donnée
par plusieurs journaux catholiques sur le
nombre des curés frappés. : -
Sur 40,000 desservants en exercice, 150
seulement ont été frappés par ces mesures
disciplinaires:
En admettant la statistiqûe du Siè
cle, ce journal croit-il donc, que ce
n'est rien d'avoir à enregistrer au
compte du gouvernement 150 ini
quités?
: C'est comme si un criminel, pour se
justifier devant le jury, s'écriait ;
Messieurs, vous devez m "absoudre, car
j'aurais pu commettre quarante ou
cinquante meurtres, et je n'en ai
commis que quatre ou cinq !
• Décidément, le ministère a dans les
journaux officieux des avocats bien
maladroits.
La réforme des bénédictins
EN AUTRICHE-HONGRIE • t.
Nous avons annoncé, il y a quelques
semaines, que le Saint-Père a invité,
par un bref apostolique, les pères ab
bés et prieurs des maisons-, de l'ordre
de Saint-Benoît en Autriche à se réu
nir en chapitre général pour opérer
une réforme générale, devenue néces
saire dans ce pays.
Le chapitre aura lieu à la fin de ce
mois-ci à Salzbourg ; dès à présent
S. Em. le cardinal Vannutelli; ancien
nonce apostolique à Vienne, est dé
signé pour le présider, comme légat
apostolique.
Par uné indiscrétion inexplicable, le
bref apostolique est tombé dans des
mains juives, et c'est lé moniteur de
la juiverie internationale, la Neue freie
Presse de Vienne, qui publie la ver
sion allemande de ce gravé docu
ment. :
Le Vaterland de Vienne, le grand
organe catholique autrichien, constate
le fait et reproduit, sous réserves, la
version allemande, qu'il ne saurait
contrôler, n'ayant pu se procurer le
texte authentique.
Nous traduisons à notre tour, en
français, cette version allemande du
bref adressé - à tous les abbés et
prieurs des abbayes et couvents de
l'ordre de Saint-Benoit, en Autriche.
Le bref apostolique commence par
les 'remerciements de Sa Sainteté pour
les vœux formés par toutes les mai
sons religieuses de là monarchie au
trichienne," à l'occasion de. ses noces
d'or sacerdotales.
Puis le Saint-Père rappelle aux reli
gieux bénédictins le rétablissement
de l'antique collège de Sainte-Anselme
à Rome : , où les élèves apprennent
« cette discipline de vie, enseignée par
l'immortel fondateur de l'ordre, et
s'habituent à l'observer dans toute
leur pureté ».
Pour atteindre ce but — continue le
Saint-Père — il est nécessaire que cette
discipline règne dans tous les couvents de
l'ordre et qu'il n'y ait an carie différence en
tre eux. S'il en était autrement, les élèves
sortis de Saint-Anselme, en entrant dans
les familles bénédictines, se : trouveraient
comme des émigrants parmi des.sauvages*.
Le Saint-Père désire, en outre,' que
les maisons bénédictines autrichien
nes soient rattachées entre elles par. le
lien d'une congrégation unique, et il"
rappelle les fruits abondants de pareil^
les institutions en Suisse, en 1 Allemà'-*
gne, en Hongrie, en Angleterre, en-
Italie et dans divers pays d'outre-jmer.
1 Nous aimons mieux — ajoute le Sàint-
Père — donner là'sanction de Notre auto
rité à ce que votre prudence vous comman
dera de faire, que de décider p$r Notre
propre sonveraine,té ce que Nous estimons
salutaire. .
i Aussi Nous ordonnons jque tous les pères '
abbés et prieurs des maisons de l'ordre de
Sàint-Benolt, ; situées en Autriche, se ren
dent, en personne ou.par procureurs, le 2$
mars 1889, à JSalzbourg, pour "y conférer ati
sujet des l'établissement d'une congréga
tion. Nous chargerons quelqu'un de prési
der cette réunion et.défaire des commuai-
cations ultérieures. Nous ordonnons qu'on
Nous communique les nouveaux -statuts-*
qui, par le vote de la majorité' de l'assem
blée, auront.obtenu son assentiment. ; :
Mais comme le but de Notre décision est
de voir réfleurir la discipline régulière dans
vos- maisons, Nous-devons vous-'rappeler ■
que vous aurez à vous conformer dans,.vos
délibérations aux principes contenus dans
la'règle donnée par votre père, saint .Be
noît. " ' '
Il faut que vos~nouveaux statuts rendent
plus complète et plus efficace l'observance
des vœux qui vous attachent à Dieu. Rien
ne nuit.tanjt à l'obligation de la pauvreté
que la faculté de, posséder, une fortune pri
vée ; aussi est-il nécessaire de veiller avec
soin à.ce que cette honteuse tache ne sa
lisse pas la demeure des religieux, ri" '
• Il ne faudra non plus.omettre une défini
tion minutieuse des devoirs qui résultent
de la vertu de l'obéissance, pour que'la tié
deur dans les petites choses ,n'engendre
pas .des fautes graves. II. faudra maintenir
toutes les maisons dans l'observation du
vœu relatif à la résidence, grâce auquel-
les religieux forment,une famillf dans la
vraie acception du moi. Que la règle'de,
vie et de travail soit la même pour tous ;
il faut que tous mangent à la même table,
se réunissent dans la prière; la méditation
et la leclurOjspirituelle,; comme tous de
vront.se réunir pour,la récréalion après le
labeur de l'esprit. Pour que l'image de la
famille soit complète,'on' ne doit pas ad
mettre dé novices du dehors, et les frères
lais doivent être astreints aux vœux sim
ples et soumis à un maître religieux:-
' Nôusn'avons pas besoin de vous rappe
ler qu'il ne faut tolérer d'aucune façon
que la sc>litude. et le silence, qui contri
buent tant/ à la perfection chrétienne,
soiënt troublés. 11 faudrait aussi - Veiller
soigneusement aux prescriptions de la'
clôture, qui .constituent le boulevard de
protection - de la solitude' et du silence.'
Enfin, la principale préoccupation des pèrtes
qui vont s'assembler devra être de faire en
sorte que Jes religieux de : l'ordre se dis
tinguent par leur piété et leur régularité
dans "la célébration des ôffices'j qu'aucun
d'eux ne, manque de prendre pari aux'
chants qui ont lieu en commun à la louange
de Dieu. ..
Si vos nouveaux statuts se pénètrent de
ces principes et si les religieux de l'ordre
: s'y conforment dans une pieuse obéissance,
Nous ne doutons pas que votrè oYdre n'en
reçoive un lustre éclatant.
Eh terminante Saint-Père appelle
la grâce divine sur les travaux de
FEUILLETON DE VUNIVERS
" bu ^8 mars 1889
REVUE AGRICOLE
mportalions et exportations. — Destruction
des vers blancs par la benzine. — Le traité
de commerce avec'la Turquie. — L'agricul
ture en Australie.
IMPORTATIONS ET EXPORTATIONS
L 'administration des douanes a publié
rêcamment les tableaux qui résument le
mouvement du commerce extérieur de la
France pendant l'année 1888. En jetant un
coup d'œil sur ces tableau*, nous remar
quons tout d'abord que l'importation totale
s'est élevée à 4,053 millions de francs, tan
dis que l'annéë dernière elle avait été de
4,026 millions; c'est donc un accroisse
ment d'importation de 27 millions. Quant
à l'exportation, elle a atteint une valeur de
3,211 millions, tandis qn'en 1887 elle avait
été de 3,247 millions; nous avons donc
«ne diminution de 36 millions. Si mainte
nant nous comparons la valeur des impor
tations à celle des exportations, nous
voyons que les importations surpassent les
exportations do plus de 800 millions.
Que t'aut-il conclure da ces chiffres ?
Si l'importation s'est accrue, c'est qu'évi
demment nous avons en plus de besoins
cette année, et si l'exportation a diminué,
cela indique que nos marshandUes ont
trouvé au dehors un écoulement moins far
cile j mais comme les différences se tra-
■duisentpar des chiffres relativement mini-.'
mes, nous n'insistons pas sur ce point.
: - Nous voyons au contraire une grosse
différence de 800 millions entre les impor
tations et les exportations ; ce sont les im
portations qui l'emportent ; cela mérite
examen.
Si nous en croyons l'école aujourd'hui
dominante en économie politique, la com
paraison entre le total des importations et
celui des exportations, — ce que l'on ap
pelle la balance du commerce, — ne prouve
absolument rien.' L'importation, disent-ils,
n'appauvrit point nn peuple, pas plus que
l'exportation ne l'enrichit ; que l'on achète
ou que l'on vende, on le fait parce que l'on
y trouve un avantagé.
Les économistes qui raisonnent ainsi sont
dans l'erreur en ce qu'ils attribuent à cer
tains principes une portée trop absolue;
■mais il est juste de dire que les écono
mistes qui soutiennent l'importance de la
balance du commerce paraissent être tom
bés dans une erreur du même genre, au
moins au point de vue théorique.
. On peut s'enrichir ou se ruiner aussi
bien en achetant qu'en vendant, toujours
en supposant que les ventes et achats ont
été faits selon le juste prix des choses."
Donc, pour savoir si un homme ou un peu
ple se ruine, il ne suffit pas de faire la ba
lance entre ses ventes et ses achats.
Pour rendre notre argumentation plus
sensible, raisonnons d'abord dans l'hypo-
thàse d'un individu pris isolément.
Un agriculteur achète, pendant une cer
taine année, plus qu'il ne vend : fait-il de
abonnés ou de mauvaises affaires ? Cela dé
pendra de ce qu'il a vendu et acheté. S'il a
jacheté des bestiaux, des instruments, des
matériaux pour construire des bâtiments
d'exploitation ; s'il n'a vendu qu'une partie
de ses récoltes, attendant un moment plus
favorable pour vendre'le surplus, il s'est
enrichi. Mais s'il a acheté des grains pour
nourrir son. personnel à cause de l'insuffi
sance de ses récoltes, s'il a vendu des bes
tiaux en diminuant son étable, il s'est ap
pauvri.
Ce qui est vrai pour un individu est éga
lement vrai pour un peuple; s'il importe
pour parer à l'insuffisance de sa produc
tion, il s'appauvrit; s'il exporte aux dé
pens de son capital, il s'appauvrit encore.
L'excédent des importations sur les expor
tations doit être compensé par un accrois
sement au moins équivalent du capital, au
trement il y a perte. Comment solder la
différence ? Ce ne peut être qu'en monnaie
ou en titres de créances. Solder en mon
naie, c'est diminuer le capital; solder en
créances, c'est escompter l'avenir, et si le
mouvement d'exportation ne prend pas as
sez d'extension pour permettre ultérieure
ment de solder en marchandises, il faudra
bien finir par solder en monnaie, en ajou
tant au principal les intérêts de la dette.
En examinant les tableaux des douanes,
nous voyons qu'en 1888 nous avons im
porté en objets d'alimentation une valeur
de 1.485 millions; nous avons exporté en
objets de même nature une valeur de
669 raillions, d'où il résulte que le déficit
de notre production alimentaire est do
816 millions. C'est un bien gros chiffre et
il n'est point accidentel, tous les ans le
même fait se reproduit; le déficit est tan
tôt un peu plus grand et tantôt un peu
moindre.
i Dans l'état actuel des moyens de trans
port et des relations commerciales, il ne
faut pas s'exagérer l'inconvénient 'qui peut
exister pour un pays de tirer du dehors une
partie importante de ses subsistances; ce-,
pendant il ne faut pas oublier la possibilité
d'une guerre maritime, qui pourrait gêner
assez sérieusement notre ravitaillement.
Même en écartant cette hypothèse,il serait
encore plus avantageux pour nous de pro
duire nos subsistances que de les tirer de
l'étranger, car la culture est une grande
source de travail, et quand le travail est
abondant dans un pays, tout va bien.
Nouspourrions produire assez pour notre
notre consommation. Pourquoi ne le faisons-
nous pas ? C'est que, sous prétexte de sub-'
sistances à bon marché, les gouvernements
qui se sont succédé en France depuis qua
rante ans, ont favorisé l'industrie et le com
merce au détriment de l'agriculture.
Trouvons-nous dans notre production in
dustrielle' une compensation à' l'insuffisance
de notre production agricole? Les tableaux
de la douane nous montrent qu'il n'en est
point ainsi. La valeur des matières pre
mières importées est de 1,907 millions ; si
l'on en déduit les matières premières ex
portées, qui représentent 690 millions, il
reste pour l'importation nette 1,217 mil
lions. Nous avons exporté, en objets fabri
qués, une valeur de 1,656 millions, mais
nous en avons importé pour 545 millions,
de sorte que l'exportation nette est seule
ment de 1,111 millions, c'est-à-dire qu'elle
ne compense pas tout à fait l'importation
nette des matières premières. Sur les mar
chandises diverses, l'excédent d'exporta
tion est de 78 millions, ce qui arrive à
peine à compléter la compensation.
Il est juste de dire que la totalité des
matières premières n'a pas été employée
par rinduBt'rië; une certaine quantité, les
engrais, par exemple, a été livrée directe
ment à l'agriculture. On doit dire égale
ment que la valeur des objets importés
n'est pas toujours établie avec une exacti
tude parfaite, ce qui, du reste, est prati
quement impossible.
i Quoi qu'il en soit, il demeure certain que
notre production agricole est très inférieure
à nos besoins, et qne si notre production
industrielle sst supérieure à notre consom
mation, la différence ne fait que compenser
nos importations de matières premières,
mais elle ne compense aucunement l'insuf
fisance de notre production agricole.
Encore une fois, répliqueront les écono
mistes, cela ne fait rien ; les importations,
même supérieures aux exportations, né
sont point un appauvrissement puisque
la marchandise importée vient augmenter
d'autant notre actif. — Il est bien vrai que
l'importation n'est pas par elle-même une
cause d'appauvrissement, mais elle est l'in
dice d'une production insuffisante,, au
moins sur certains articles. Et si "cette in
suffisance n'est pas compensée par unesur-
abondance de production restant à l'inté
rieur sous forme de capital, la nation mar
che plus ou moins promptement à la ruine.
" Nous sommes restés débiteurs envers l'é
tranger d'une valeur de 800 millions en
1888, il en est S peu près de même tous les
ans ; quelle compensation pouvons-nous
opposer à ce déficit extérieur ? Avons-nous
fait de grandes améliorations agricoles ?
Non. Avons-nous augmenté le nombre ou
l'importance de nos établissements indus
triels ? Non encore. Malgré la dureté des
temps,nQus avons fait quelques économies,
que nous avons jetées dans lo gouffre de la'
Bourse pour alimenter les emprunts* des
Etats, des départements et des communes,
iou pour édifier des entreprises telles que :
lé Panama. Nous" avons des titres' dans
; notre portefeuille, mais ces titres ne sont;
point la représentation d'uné solide yaieur
réelle. , , - ; -,
Donc nous suivons une mauvaise voie, ou
ne saurait trop le dire, le répéter et le,dé
montrer. Cé n'est pas par des "emprunts
publics et par des spéculations de Bourse,
qu'un peuple s'enrichit ; c'est par la prô-'
duction industrielle et surtout agricole.
DESTRUCTION DES VERS BLANCS
PAR L\ BENZINE
Les vers blancs, qui ne sont pas autre
chose que la larve du hanneton,causent des^
dommages considérables à l'agriculture et"
à l'horticnlture dans certaines parties dé la
France. Le hanneton prend son vol à la' fin
d'avril ou aux premiers jours de mai ; sa
vie comme insecte parfait est de très courte
durée et ne dépasse pas quelques jours:
Les œufs déposés en terre pendant ce temps
ne Lardent pas à éclore sous forme de pe
tites larves, qui vivent dans la terre à une
faible profondeur. • . ;
Dès que les froids commencent à se faire
sentir, les larves s'enfoncent en terre à. une
profondeur plus uu moins grande, selon-les
: circonstances, pour remonter au printemps
sous forme de gros vers blancs, longs de?
25 à 30 millimètres et même plus. C'est
alors q'ils exercent leurs plus grands -ra
vages en coupant -les ratines des herbes
et en pelant les racines des arbres frùi- ;
tiers. ■ 1 ' "-"■■■■. ■ * !
Les récoltes sont réduites à- presque
'rien, beaucoup d'arbres meurent ou res
tent languissants. Dans les - jardins; ; 'iës
.vers blancs attaquent surtout les"fraisiers
et la laitue. ; "• : ' rr -
l A l'automne, les vers blanc3-'s'enfoncent
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