Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-02-13
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 février 1889 13 février 1889
Description : 1889/02/13 (Numéro 7717). 1889/02/13 (Numéro 7717).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 13 Février 1889
N* 7717 s* Edition'qaotldLennc
Mercredi 13 Février 1889
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Un an. ,
Six mois.
Trois mois.
• • • *
« 1 i
paris
et département*
55 »
28 50
15 »
ETRANGER
(union postais)
66 »
34 »
18 »
'^■abonnements portent des f et U do ehaquo mois
UN NUMÉRO [ g^ a 3 rt - ement - 9 ; 20 -
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
PARIS
et départements
Un an 30 »
Sis mois. ... 16 »
Trois mois. , . 8 50
ÉTRANGER
(union fosialb)
36 »
19 »
10 »
les abonnements partent des 1" et 1S ia ehaquo mois
On s'abonna à Rome, place du Gesù, 8
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C ie , 6, place de la Bourse
ROME
Consistoire secret
DU il FÉVRIER, 1889 .
Le matin de ce jour, Notre Très
Saint-Père le Pape Léon XIII a tenu,au
palais apostolique du Vatican, le con
sistoire secret dans lequel l'Eme et
Eme Parocchi, ayant terminé le temps
de sa charge de camerlingue du Sacré-
Collège, a remis la bourse d'usage à
Sa Sainteté, qui a daigné la passer à
l'Eme et Rme cardinal Laurenzi.
Ensuite, l'Eme et Rme cardinal Van-
nutelli, s'étant démis du titre presby-
téral de Sainte-Sabine, a opté pour le
titre vacant de Saint-Jérôme-des-Es-
clavons; après quoi Sa Saieteté a pro
noncé une allocution et a daigné cré
er et publier cardinaux de la sainte
Eglise romaine :
db l'ordre des prêtres :
Mgr Joseph-Benoit Dusmet, de la congré
gation bénédictine du Mont-Cassin, arche
vêque de Cataue* né à Palerme, le 15 août
1818;
Mgr Joseph d'Annibale, évêque titulaire
de Carystos et assesseur du Saint-Office, né
à Borbona, dans le diocèse de Rieti, le 22
■ septembre 1815.
db l'ordre des diacres :
Mgr Louis Macchi, majordome de Sa
Sainteté et préfet des palais apostoliques,
né & Viterbe le 3 mars 1832.
Sa Sainteté a ensuite proposé et
pourvu les Eglises suivantes :
L'Eglise métropolitaine de Florence , pour
l'Eme et Rme cardinal Augustin Bausa, de
l'ordre des frères-prêcheurs, qui relient la
. diaconie de Sainte-Marie in Domnica ;
L'Eglise titulaire archiépiscopale de Side,
pour Mgr Séraphin Milani, des mineurs
de l'Observance, évêque démissionnaire de
Pontremoli, dont il retient l'administration
piovisoire;
L'Eglise titulaire archiépiscopale de Rho
des, unie à l'Eglise cathédrale de Malte,■pour
Mgr Pierre Pace, promu du siège cathédral
de Gozo ;
L'Eglise métropolitaine de Sienne , pour
le R. P. Raphaël Benvenuto Zini, des
Clercs Réguliers des Ecoles Pies de Flo
rence, examinateur pro-synodal dans le dio
cèse de Fiesole, recteur à. Florence et pro-:
vincial de son ordre poiir la Toscane, pro-
. fesseur de philosophie et d'histoire au lycée
de Florence ;
L'Eglise titulaire archiépiscopale de Séleu-
cie, pour Mgr Tancrède Fausti, de Rome,
prélat domestique de Sa Sainteté, consuls
teur des S. Congrégations du Concile et de
la Propagande, abbé commendataire de
Saint-Paul à Albano, examinateur du clergé
. romain, substitut de la secrétairerie des
Brefs pontificaux, vicaire de l'archibasili-
que patriarcale de Latran, docteur en phi
losophie, en théologie et dans l'uu et l'au
tre droit ;
LEglise titulaire archiépiscopale de Tré-
bizonde, pour Mgr Edmond Stonor, prélat
domestique de Sa Sainteté et protonotaire
apostolique, du diocèse de Birmingham,
chanoine de l'archibasilique patriarcale du
Latran, docteur en droit canonique; •
L'Eglise titulaire épiscopale d'imeria,
pour Mgr François Mazzuoli, évêque démis
sionnaire de San-Severino, -dont il retient
l'administration provisoire ;
L'Eglise cathédrale . de Rieti, pour Mgr
Charles Bertuzzi, prélat domestique de Sa
Sainteté, de l'archidiocèse de Bologne, vi-
. caire général de Cervia, où il est professeur
de théologie morale au séminaire et doc
teur en théologie;
L'Eglise cathédrale de San Severino, pour
Mgr Aurèle Zonghi, prélat domestique de
Sa Sainteté, natif de Fabriano, professeur
de droit canonique et civil dans le sémi
naire de cette ville, où il est co-visiteur,
examinateur synodal, vicaire du Latran et
chanoine de la cathédrale de Fabriano, doc
teur en théologie et dans l'un et l'autre
droit,;
L'Eglise cathédrale de Lintz, pour Mgr
François de Sales-Marie Doppelbauer, pré-
at domestique de Sa Sainteté, du diocèse
de Lintz, recteur à v Rome de l'Institut im
périal et royal de Sainte-Marie-de-l'Antîna,
docteur dans l'un et l'autre droit;
L'Eglise cathédrale de Narni, pour le
R. D. César Boccanera, de Rome, curé et
bénéficier de la basilique patriarcale de
Saintè-Marie-Majeure, docténr eri philoso
phie et en théologie ;
L\Eglise cathédi aie de Città délia Pieve,
pour Mgr Paul Gregori, camérier d'hon
neur de Sa Sainteté, du diocèse de Città
délia Pieve, missionnaire apostolique, cha
noine et curé de l'Eglise métropolitaine de
. Pérouse, où il est examinateur pro-synodal
et détinitenr des cas de morale dans les
réunions des curés et confesseurs ;
L'Eglise cathédrale de Mileto, pour le
R. D. Antoine de Lorenzo, de Reggio de
Calabre, où il est examinateur pro synodal,
promoteur fiscal de la curie archiépisco
pale et chanoine de cette Eglise métropoli
taine ;
L'Eglise cathédrale de Cassano, pour le
R. P. EvaDgéliste de Calistri, dans le siècle
Michel-Antoine de Milia, des mineurs ca«
puoins do l'erohidiocèsa d'Qtrante, ancien
recteur à Rome du couvent de Saint-Lau
rent hors les Murs, provincial de Salerne
et de Basilicate, et commissaire général de
son ordre pour la province de Syracuse;
L'Eglise cathédrale de Pontremoli, pour
le R. D. David Camilli, de l'archidiocèse de
Lucques, examinateur pro-synodal à Modi-
gliana, membre de la congrégation du sy
node et de l'académie philosophico médi
cale de Saint-Thomas, préfet des études au
séminaire et ; collège épiscopal, chanoine
archidiacre et vicaire-général, docteur en
théologie ;
Les Eglises cathédrales unies de Sovana-
Pitigliano , pour Mgr Jules Matteoli, camé
rier d'honneur de Sa Sainteté, du diocèse
de San Miniato, archiprêtre-curé à Castel-
franco, sa patrie, docteur en théologie ;
L'Eglise cathédrale d'Acqui, pour le R. D.
Joseph Marello, du diocèse d'Asti, où il est
directeur spirituel du séminaire, chancelier
de la curie épiscopale, examinateur pro
synodal et chanoine archidiacre de la ca
thédrale ;
L'Eglise cathédrale de Gozo, pour le R.
P. Jean Camilleri, de l'ordre des Ermites
de Saint : Aughstin, • du diocèse de Malte,
professeur de théologie morale et dogmati
que dans son ordre, consulteur de la Sacrée
Congrégation des Evêques et Réguliers,
docteur en théologie.
Enfin, l'Eme et Rme cardinal Bausa
a fait la postulation du sacré pallium
pour l'Eglise métropolitaine de Flo
rence; il a prêté entre les mains de
Sa Sainteté le serment d'usage, puis
baisé le pied et la main du Saint-Père,
3ui, à son tour, lui a donné le baiser;
e paix; après quoi, le Consistoire se
cret a été terminé.
Le discours du Pape
Notre correspondant de Rome nous
télégraphie en ces termes la substance
de l'allocution prononcée hier au Con
sistoire par Sa Saintété:
Rome, 12 février, midi, 15 m.
Dans son allocution le Pape a dé
ploré l'erreur de ceux qui, séduits par
les appas de la liberté, s'éloignent de
Jésus-Christ et de son Eglise, d'où il
résulte que la religion est persécutée
partout. Le Pape n'a jamais cessé de
penser au remède qui est de montrer
où aboutira cet éloignement de Dieu
et d'établir la nécessité de revenir au
Christ sauveur.
C'est pour cela, continue le Souve
rain Pontife, que Nous Nous sommes
toujours efforcé d'affermir les relations
avec les pouvoirs étrangers ou bien
d'en nouer quand elles n'existaient pas.
Actuellement encore Nous Nous efforr
çons de rétablir ces relations avec le
très puissant empire de Russie et Nous
ne doutons pas que ces efforts réus
siront pleinement selon Notre désir.
En effet, Nous portons Nos pensées et
Nos soins avec un grand intérêt et une
égale bienveillance sur la situation
catholique chez les Polonais en vue
surtout d'arranger ce qui touche à
l'administration des diocèses en ce
pays. Quelques évêques sont déjà dé
signés et Nous aurions été heureux de
les préconiser aujourd'hui s'il ne fal
lait encore un peu de temps pour par
faire les négociations.
Le. Pape, dit qu'il suivra la même
route avec persévérance, malgré les
obstacles qu'y opposent les ennemis,
car il est convaincu que l'Eglise est le
seul refuge assuré pour les esprits, la
seule espérance du salut éternel. Il
cherchera donc à ramener tous les
hommes au sein de l'Eglise.
Il est nécessaire, du reste, de venir
au secours de la société ébranlée. Ce
que l'on a vu dans Rome èn ces der
niers jours, montre de quoi sont ca
pables les cupidités enflammées et fu
rieuses qui travaillent à ébranler les
fondements mêmes de la société civile.
Une fois qu'on n'entend plus la voix
de la religion et que la crainte des lois
divines a disparu, il ne reste rien pour
éloigner les dangers dont ces mani
festations rendent témoignage. C'est
donc rendre service à la société et bien
mériter du salut public que de rappe
ler aux hommes la vertu des princi
pes de la conservation sociale qui ré
sident dans le respect de la religion.
Une autre considération très oppor
tune, c'est que jamais on n'a tant dé
siré la paix et la tranquillité. Princes
et gouvernants affirment qu'ils veu
lent conserver les bienfaits de la paix,
ce qui est un but très honnête, car la
guerre serait aujourd'hui plus terrible
que jamais.
Rien donc de si important que
d'écarter le péril de la guerre ; mais il
ne suffit pas de désirer la tranquillité.
Les immenses apparats de guerre
peuvent quelquefois éloigner la guerre
mais non procurer un repos sûr et
stable. Bien plus, tous ces armements
accompagnés de menaces inspirent les
soupçons plus qu'ils ne les dissipent,
troublent les esprits par la crainte de
l'avenir et imposent aux peuples des
charges souvent plus intolérables que
la guerre même.
lï faut donc chercher à la paix des
fondements plus sûrs; car si la nature
permet de défendre ses droits par les
armes, elle ne permet point à la force
de constituer le droit. La justice et la
charité constituent senles les fonde
ments de la paix.
Dieu a établi son Eglise mère et gar
de ces deux vertus. Aussi a-t-elle tou
jours cherché à conserver, à propager
et à défendre les lois de la justice et
de la charité; aussi encore,.quandc'é
tait nécessaire et possible, l'Eglise
a-t-elle toujours interposé son autorité
pour rétablir la concorde, et pacifier
les royaumes,
Le Pape termine en disant que c'est
de ce but qu'il s'inspire dans tous ses
actes. Quoi qu'il arrive, et quels que
soient les jugements passés et futurs
des hommes, tous les actes du Pape
dirigés par cette règle ne dévieront
jamais. S'il ne peut pas pourvoir autre
ment au maintien de la paix, il conti
nuera de prier Dieu pour que toute
crainte de guerre soit écartée, que
l'ordre juste des choses soit rétabli et
que l'Europe fasse reposer la paix sur
ces bases qui sont les seules vraiment
stables.
FRANCS
PARIS, (8 FEVRIER 1889
M. Floquet poursuit le cours de ses
triomphes; la loi sur le scrutin uni
nominal a été votée comme il le vou
lait. Au début, l'urgence, combattue
par M. Maret, un ministériel cepen
dant, n'avait passé qu'à une faible
majorité : 283 voix contre 274; mais la
majorité du ministère s'est accrue
aux votes suivants. Après une discus
sion générale, où l'on a entendu MM.
Lefèvre-Pontalis, Thomson, Jaurès,
Dreyfus, Maillard, Lecomte, Gaulier,
Floquet, Millerand et Pesson, la Cham
bre a voté, par 290 voix contre 266,
qu'elle passait à la discussion des arti
cle. Les amendements ont été rejetés
ou retirés, sauf un relatif à Lyon; les
articles ont été votés, et lé projet de
loi a été adopté au scrutin public à la
tribune par 268 voix contre 222.
La Chambre s'est ensuite ajournée
à jeudi pour la dernière grande ba
taille, celle de la revision.
Au Sénat, on a voté la proposition
de M. Lisbonne qui défère aux tribu
naux correctionnels les délits d'injure
publique actuellement soumis à la
cour d'assises. L'urgence avait été de
mandée par M. Guyot-Dessaigne, dont
le début au Sénat n'a pas été plus
brillant qu'à la Chambre,et combattue
par M. Halgan qui a rappelé que jadis
les républicains, et notamment M. Lis
bonne, l'auteur de la proposition,
s'indignaient fort contre la juridic-
diction correctionnelle ; ils sont les
maîtres aujourd'hui et ils ont une ma
gistrature « épurée ». L'urgence a été
votée par 184 voix contre 61 ; le projet
a été ensuite adopté, mais un article
additionnel a été renvoyé à la commisr
sion.
Le Sénat a en outre validé l'élec
tion de M. Morelli comme sénateur de
la. Corse.
On continue, même dans la presse
satisfaite, à s'occuper des manifesta
tions socialistes de dimanche ; on ne
peut pas se dissimuler qu'il y a là un
mouvement qui peut devenir dange
reux. Il y en a tant, parmi nos gouver
nants qui, pour arriver, ont multiplié
les promesses décevantesaux ouvriers,
dont ils flattaient les plus mauvais
instincts. On s'arme aujourd'hui de
leurs paroles; Le calme même qui a
présidé, à Paris comme en province,
aux démarches des délégués, est une
cause de préoccupation; un mouve
ment violent ferait plus de tapage
pour le moment, mais outre qu'il don
nerait à MM. Floquet et Goblet l'oc
casion de « sauver la république », il
durerait peu.
Si M. Crispi se fait tenir au courant
des impressions de la presse étran
gère, il ne doit pas être satisfait. Par
tout, même à Berlin où le ministre
italien doit compter, sinon des amis,
au moins des protecteurs d'une bien
veillance un peu hautaine, on atta
che une grande importance aux
désordres qui se sont produits à
Rome et ;qui ont témoigné en même
temps du mécontentement des popu
lations et de l'incurie administrative.
Même des journaux sympathiques,
par politique ou par préjugé religieux,
à l'unité italienne, ne peuvent s'em
pêcher de faire à cette occasion un re
tour sur la Rome des Papes. Gela ré
veille donc cette question romaine qui
reste le cauchemar de M. Crispi, quoi
qu'il ne cesse d'affirmer qu'elle est
finie. Si elle était finie, en effet, il
n'éprouverait pas le besoin de multi
plier ainsi des affimations qui riaffir-
menfque ses préoccupations.
On continue à discuter sur le
vote de la loi militaire à Budapesth
et sur le sort du ministère Tisza. Pen
dant que certains journaux déclarent
que le ministère est condamné et an
noncent même que M. Tisza aurait
donné sa démission, d'autres assurent
que le triomphe du cabinet est assuré,
et que la loi militaire passera avec
quelques modifications légères accep
tées par le comte Taaffe. Les adver
saires de M. Tisza donnaient comme
indice de sa chute qu'il était abandon
né par le comte Andrassy, qui se
tournait contre lui et se prononçait
contre la loi militaire; ce serait grave,
en effet, mais le fait est contesté.
On ne tardera pas, du reste, à être
fixé.
L'empereur François-Joseph est ar
rivé à Budapest, où on lui a fait une
réception enthousiaste. Cela favorisera-
t-il la victoire définitive du ministre
Tisza?
Voiries DERNIERES NOUVELLES à la fin
Une seule séance a suffi pour régler
la question du scrutin. On s'attendait
à de longs et violents débats : la dis
cussion n'a pas duré cinq heures et
n'a dépassé que de quelques degrés la
moyenne de la thermométrie parle
mentaire. Six discours, trois votes ;
et l'on a vu se dessiner la majorité
ministérielle ; toute petite d'abord, sur
l'urgence (neuf voix), elle atteignait
le chiffre de 24 sur le passage à la dis
cussion des articles, et enfin, sur l'en
semble, elle s'élevait au chiffre de 46.
M. Floquet était vainqueur, en face
du général Boulanger,qu'il avait défié
de ses regards fulgurants, de ses ges
tes pareils à ceux du garçon épicier
qui moud le café, de son ut de poi
trine le plus aigu. Vainqueur, mais en
quoi au juste et pour combien de
temps ? Personne, pas même lui, n'en
sait rien.
M. Lefèvre-Pontalis a le premier pris
la parole pour constater que, dans le
débat qui s'engageait, les principes
étaient traités comme des choses em
barrassantes. L'orateur a fait briève
ment, avec une vigoureuse éloquence,
l'historique des modes de scrutin de
puis 1875 ; il a rappelé les déclarations
des républicains en faveur du système
de la liste et les a opposées à celles
d'aujourd'hui, prodiguées par les mê
mes gens, dans un sens différent. Par
tisan du scrutin d'arrondissement
lorsque la situation est calme, M. Le
fèvre-Pontalis s'en défie en ce moment
où les partis s'agitent pour une lutte
à outrance.
Le rapporteur, M. Thomson, s'est
empressé de répondre, et l'on a pu
juger alors que la discussion serait
courte. Il a naturellement pris la dé
fense des républicains et du gouver
nement et les a représentés comme les
seuls amis de la logique, de la liberté
et surtout de la vérité. Ce parti,qui n'a
vécu qu'en exploitant des préjugés,
qu'en excitant la haine anti-religieuse
au nom de la liberté de conscience, ne
peut supporter la pensée de l'équivo
que. Les opportunistes ou les radi
caux ministériels exigent que « le
mandant choisisse son mandataire
non sur une formule,non sur quelques
lignes d'un programme, mais en con
naissance de cause ». Voilà une déli
catesse qui s'éveille bien tard.
M. Jaurès a combattu le projet gou
vernemental par un discours dont la
première partie, toujours redondante,
a paru obscure, mais dont la seconde
a produit de l'effet. M. Jaurès est un
type qui disparaît : le rhéteur pur et
simple, l'homme qui est continuelle
ment prêt à parlerpendant des heures
à grand renfort de périodes intermina
bles. D'immenses phrases qui s'emboî
tent n'importe par quel bout; des mé
taphores distendues, qui s'engendrent
les unes des autres, en confondant
tous les ordres, la métaphysique, là
morale, l'esthétique et l'agriculture;
des cascades imprévues. A propos des
enquêtes des préfets, on voit tout à
coup arriver la « démocratie obscure qui
va vers l'avenir sans livrer à personne
son secret », d'autant plus qu'elle ne
le connaît pas elle-même; et puis ceci :
« Les manifestations d'opinion qui se
« produisent à la surface ne révèlent
« pas plus la pensée intime des mas-
« ses que les quelques sources qui
« jaillissent çà et là n'indiquent l'é-
« tendue des nappes souterraines et
« la direction des courants qui les
« traversent. » De cette géologie et de
cette hydraulique on passe ensuite à
la question sociale, tout aussi facile
ment qu'on pourrait passer à la pein
ture ou à la linguistique. M. Jaurès a
remué cependant son auditoire quand
il a parlé du mouvement boulangiste ;
de cette tendance prédominante, qui
emporte les masses, les nouvelles cou
ches saluées par Gambetta, vers un
régime et vers un personnel nouveaux.
Il a même eu de l'esprit en racon
tant qu'un paysan, questionné par
lui, a répondu : « Nous avons assez de
« Joffrin; c'est Vaillant qu'il nous
« faut ». On croyait entendre le re
frain populaire :
C'est Boulange, Boulange, Boulange,
C'est Boulange qu'il nous faut.
Oh ! Oh l'Obi Oh!
L'orateur a conclu que le scrutin de
liste permet de faire une part à cette
minorité qui personnifie le parti
avancé ; tandis que le scrutin d'arron
dissement, la comprimant de tous les
côtés, peut la porter aux résolutions
extrêmes.
Les discours de M. Camille Dreyfus
et de M. Lecomte, en faveur du scru
tin d'arrondissement et ceux de MM.
Maillard et Gaulier, contre, ont peu
d'importance.
M. Floquet est venu répéter les ar
guments qui roulent depuis des mois
dans les journaux républicains. Il a
exposé ses procédés de statistique et
même de plébiscite (car c'est un plé
biscite restreint qu'il s'est offert près
de ses agents) pour connaître la force
boulangiste dans chaque département.
Selon lui, la masse républicaine ré
clame le scrutin uninominal ; et
l'on doit se conformer à ce vœu, ne
serait-ce que par déférence. Mais par
intérêt donc! Et alors le grand homme
s'abandonne au génie tumultueux et
tonitruant qui le possède ; il clame,
fulmine, injurie et menace. Il dénonce
l'équivoque et ia trahison en se tour
nant vers le général Boulanger, qui,
entouré de ses amis ordinaires, paraît
sourire de bon cœur. Ce sourire agace
visiblement M. Floquet, qui se met à
se lamenter sur les outrages que souf
frent son honneur et sa probité, de
même que sa probité et son honneur,
de même encore que son honneur et
sa probité associés à sa loyauté. Le
ministre est en eau ; on le voit de loin
faire des efforts dangereux pour amas
ser de l'air dans sa poitrine et l'ex
pectorer en hurlements. Il ne veut
plus de masques; il veut voir face à
face les tenants de « la république
honnête », s'écrie-t-il avec une ironie
furieuse: oui, mossieu, la république
aunaite! — comme s'il reconnaissait
que ce n'est pas la sienne ! La ma
jorité l'a fort applaudi.
M. Millerand, un des intimes de M.
Glémenceau, a répondu au président
du conseil. Il a parlé d'un ton calme
et avec habileté. Son discours peut se
résumer ainsi : ou bien le péril est
aussi grave qu'on le prétend, et alors
ce n'est pas un simple changement
de scrutin qui nous sauvera ; ou bien
rien n'est en danger, et alors à quoi
bon s'agiter pour une réforme de ce
genre?
La discussion générale a été close.
Par vingt-quatre voix de majorité,
on a décidé de passer à la discussion
des articles, ce qui, pour tout projet,
équivaut à l'acceptation.
M. Gunéo d'Ornano a essayé d'en
gager la question de la dissolution en
fixant la date des élections prochaines.
On l'a repoussé au nom des préroga
tives du pouvoir exécutif.
Divers amendements proposés par
MM. Le Cour, de la Biliais, Le Provost
de Launay, de la Bâtie, Bourgeois (de
la Vendée),pour modifier certaines cir
conscriptions délimitées arbitraire
ment, ont été rejetés.
Mgr Freppel a demandé que la Nou
velle-Calédonie et Tahiti aient des re
présentants à la Chambre, et il a ob
tenu une promesse du gouvernement
pour régler bientôt cette question.
A sept heures et demie on procédait
au vote à la tribune, avec appel nomi
nal ; longue opération. A neuf heures,
par 268 contre 222, la réforme qui
doit sauver la république parlemen
taire était décidée. Et M. Floquet et la
Chambre s'en allaient se reposer jus
qu'à jeudi, pour affronter de nouveaux
labeurs. ;
Eugène Tàvernier.
Comme les ministres de 1835,- M.
Floquet prépare ses lois de septembre,
disait hier M. Biré au Sénat, qui était
appelé à statuer sur la proposition de
loi concernant les injures publiques.
On sait ce que nos cadettistes enten
dent par injures publiques : ce ne sont
certes pas les invectives déversées
quotidiennement par leurs journaux
sur les prêtres et les religieuses, mais
les « expressions outrageantes » pour
les ministres et fonctionnaires répu
blicains, recueillies dans des journaux
de l'opposition. Quand l'expression
est-elle outrageante ? Le jury, auquel
la loi de 1881 attribuait la compétence
en pareille matière, n'était guère em
barrassé de l'établir avec une cer
taine impartialité dans les cas particu
liers qui lui étaient soumis.
Mais c'est précisément cette impar
tialité relative qui a porté ombrage
au gouvernement actuel, et le projet
de loi soumis à la délibération du Sé
nat a pour but de transporter aux tri
bunaux correctionnels, en cette ma
tière, la compétence réservée depuis
huit ans au jury.
Le rapporteur delà loi est M. Lis
bonne, qui, en 1881, reconnaissait au
jury des garanties d'impartialité dif
ficiles à rencontrer dans un tribunal
correctionnel.
A cette époque, M. Floquet tenait le
même langage à la tribune de la
Chambre, mais alors M. Floquet n'é
tait pas président du conseil, et la loi
de 1883 n'avait pas mis les magistrats
à la disposition du gouvernement. La
droite n'a pas manqué hier de rappe
ler au rapporteur les opinions que M.
Floquet et lui-même invoquaient, en
1881, en faveur du jury; aussi M.IIal-
zan, qui s'est chargé de lire à M. Lis
bonne un extrait du. discours que ce
lui-ci prononçait alors, a-t-il fait pas
ser un bien mauvais moment au rap
porteur.
Qu'importe? M. le rapporteur pré
tend que la juridiction des cours d'as
sises n'est pas assez expéditive (lisez
rigoureuse) pour juger des faits qu'il
importe de réprimer immédiatement.
Et aussitôt, avec un tact infini que
M. Floquet ne pourra manquer d'ap
précier, il donne lecture au Sénat d'un
article de journal où M. Floquet est
comparé à Cartouche, Lacenaire, Trop-
mann et Papavoine. Le nouveau garde
des sceaux, M. Guyot-Dessaigne, a
l'heureuse inspiration d'insister. « Oui,
messieurs, ils ont été jusqu'à déclarer
le président du conseil plus cynique
que Papavoine. Aussi le gouverne
ment est-il favorable à la propositoix
de M. Lisbonne. » Là-dessus on rit,
mais M. Guyot-Dessaigne ne s'en aper
çoit pas, M. Halgan l'ayant un peu
interloqué en lui rappelant son passé.
Pour l'aider à reprendre sonaplomb,
la gauche a demandé l'urgence,qui a
été votée au scrutin public à une ma
jorité de 192 voix contre 63, et l'on a
passé aussitôt à la discussion de l'ar
ticle unique,qui a été adopté. Un arti
cle additionnel de M. Lelièvre, assimi
lant la diffamation à l'injure, au point
de vue de la juridiction, a été renvpyé
à la commission. Il sera discuté ulté
rieurement.
Joseph Mollet.
Nous recevons de Rome la dépêche
suivante :
Rome, i2 février, midi 15 m*
La dépouille mortelle du cardinal Pitra
a été transportée hier, èi cinq heures du
soir, en la forme privée, à Sainte-Marie du
Transtévère, puis, après l'absoute, au
Campo-Verano,où on l'a descendue aujour
d'hui dans un sépulcre appartenant à la
Propagande.
Le service solennel sera célébré samedi,
en l'église Sainte-Marie du Transtévère.
. : , ....
L' Agence Havas nous communique
la dépêche suivante :
Rome, 11 février.
C'est dans le consistoire de jeudi prochain
que seront préconisés l'évêque de Poitiers
et l'archevêque de Cambrai.
Quinze autres évêques seront préconisés
le même jour, parmi lesquels deux Péru
viens et plusieurs Espagnols, notamment
l'évêque de Tarragone.
En outre,trente-cinq évêques seront nom*
més par bref de la Propagande.
Là Situation
On lit dans le Journal des Débats :
M.- Floquet, dans le discours qu'il a pro
noncé hier, a dit que le scrutin d'arrondis
sement était une « arme », et il semblait, à
l'entendre,que le parti républicainn'eût qu'à
s'en saisir, pour pourfendre ses adversaires
avec une extrême facilité. Il a déclaré que
cet engin de guerre aurait raison de la
« conspiration électorale », de même que les
lois confondraient la « conspiration illégale ».
Ce sont là de pures déclamations. Un mode
de scrutin n'est pas une arme. Ce n'est
qu'un procédé pour recueillir les suffrages.
Nous ne savons pas non plus que ce n'est
qu'une « conspiration électorale ». Nous
voyons seulement une opinion publique qui
s'émeut, qui se plaint, qui s'égare, et qui
continuera de s'exprimer d'une façon ou
d'une autre tant que l'on n'ira pas au fond,
à la cause, tant que l'on ne prendra pas le
parti de faire cesser ses griefs en lui don
nant des satisfactions légitimes.
Laissez-là les conspirations. Cessez de
brandir cette arme, qui serait bien vite
émoussée entre vos mains.
M. Georges Laguerre écrit dans la
Presse :
Le mode de scrutin importe peu à ceux
qui, en livrant demain la bataille définitive,
savent quelle victoire décisive les attend.
Le général a cependant apporté son bul
letin en faveur du scrutin de liste.
L'élu au scrutin de liste de la Dordogne,
du Nord, de la Charente-Inférieure, de la
Somme et de la Seine, ne pouvait s'asso
cier, môme par l'abstention, à une mesure
qui n'est dictée que par la peur du suffrage
universel et de l'opinion du pays.
Mais ce devoir accompli, cette protesta
tion muette effectuée, le chef du parti na
tional et ses amis, dont quelques-uns ont
toujours été en théorie les partisans déci
dés du scrutin d'arrondissement, voient
sans intérêt modifier les conditions du
grand combat qui va s'engager.
Messieurs les parlementaires, vous avez
tiré les premiers ; mais cela ne fait rien.
Scrutin de liste ou scrutin d'arrondisse
ment, peu importe ! Vous pouvez faire vos
paquets, le pays ne veut plus de vous.
M. Reinach,dans la République fran
çaise, se montre satisfait de la journée
d'hier, mais redoute celle de jeudi :
Le scrutin de liste était devenu, par la
fatalité des circonstances, l'une des brèches
qui pouvaient ouvrir à la conspiration cé
sarienne la citadelle même de la républi
que.
Le devoir était de fermer la brèche; M.
Floquet l'a compris, les défenseurs les plus
anciens et les plus résolus du scrutin de
liste l'ont compris ; ils ont fait le sacrifice
de leurs préférences personnelles, de leur
amour-propre, des traditions du passé ; le
vote du Sénat étant assuré, la brèche est
fermée.
L'autre brèche, plus dangereuse cent fois
que la première, c'est la revision.
Le parti républicain a su faire son de
voir dans la séance d'hier, dédaigneux dea
sarcasmes de la droite et de la faction plé
biscitaire, sourd aux appels préhistoriques
des théoriciens de l'intransigeance qui pré
féraient laisser la République désarmée
que de faire, même à un cabinet radical
qui avait posé la question de confiance, la
sacrifice d'une ligne de leur programme'.
Le devoir, demain, ne sera ni moins clair
ni moins impératif.
Par quelle étrange aberration M. le pré
sident du conseil, qui a fait, hier, œuvra
de bon citoyen et de politique prévoyant,
se prononce-t-il pour larevision après s'être
déclaré contre le scrutin de liste 1
En prenant le pouvoir, M. Floquet avait
déclaré qu'il repousserait la revision de la
Constitution tant qu'elle resterait le pièro
de la monarchie et le manteau troui do la
dictature,
N* 7717 s* Edition'qaotldLennc
Mercredi 13 Février 1889
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Un an. ,
Six mois.
Trois mois.
• • • *
« 1 i
paris
et département*
55 »
28 50
15 »
ETRANGER
(union postais)
66 »
34 »
18 »
'^■abonnements portent des f et U do ehaquo mois
UN NUMÉRO [ g^ a 3 rt - ement - 9 ; 20 -
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
PARIS
et départements
Un an 30 »
Sis mois. ... 16 »
Trois mois. , . 8 50
ÉTRANGER
(union fosialb)
36 »
19 »
10 »
les abonnements partent des 1" et 1S ia ehaquo mois
On s'abonna à Rome, place du Gesù, 8
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C ie , 6, place de la Bourse
ROME
Consistoire secret
DU il FÉVRIER, 1889 .
Le matin de ce jour, Notre Très
Saint-Père le Pape Léon XIII a tenu,au
palais apostolique du Vatican, le con
sistoire secret dans lequel l'Eme et
Eme Parocchi, ayant terminé le temps
de sa charge de camerlingue du Sacré-
Collège, a remis la bourse d'usage à
Sa Sainteté, qui a daigné la passer à
l'Eme et Rme cardinal Laurenzi.
Ensuite, l'Eme et Rme cardinal Van-
nutelli, s'étant démis du titre presby-
téral de Sainte-Sabine, a opté pour le
titre vacant de Saint-Jérôme-des-Es-
clavons; après quoi Sa Saieteté a pro
noncé une allocution et a daigné cré
er et publier cardinaux de la sainte
Eglise romaine :
db l'ordre des prêtres :
Mgr Joseph-Benoit Dusmet, de la congré
gation bénédictine du Mont-Cassin, arche
vêque de Cataue* né à Palerme, le 15 août
1818;
Mgr Joseph d'Annibale, évêque titulaire
de Carystos et assesseur du Saint-Office, né
à Borbona, dans le diocèse de Rieti, le 22
■ septembre 1815.
db l'ordre des diacres :
Mgr Louis Macchi, majordome de Sa
Sainteté et préfet des palais apostoliques,
né & Viterbe le 3 mars 1832.
Sa Sainteté a ensuite proposé et
pourvu les Eglises suivantes :
L'Eglise métropolitaine de Florence , pour
l'Eme et Rme cardinal Augustin Bausa, de
l'ordre des frères-prêcheurs, qui relient la
. diaconie de Sainte-Marie in Domnica ;
L'Eglise titulaire archiépiscopale de Side,
pour Mgr Séraphin Milani, des mineurs
de l'Observance, évêque démissionnaire de
Pontremoli, dont il retient l'administration
piovisoire;
L'Eglise titulaire archiépiscopale de Rho
des, unie à l'Eglise cathédrale de Malte,■pour
Mgr Pierre Pace, promu du siège cathédral
de Gozo ;
L'Eglise métropolitaine de Sienne , pour
le R. P. Raphaël Benvenuto Zini, des
Clercs Réguliers des Ecoles Pies de Flo
rence, examinateur pro-synodal dans le dio
cèse de Fiesole, recteur à. Florence et pro-:
vincial de son ordre poiir la Toscane, pro-
. fesseur de philosophie et d'histoire au lycée
de Florence ;
L'Eglise titulaire archiépiscopale de Séleu-
cie, pour Mgr Tancrède Fausti, de Rome,
prélat domestique de Sa Sainteté, consuls
teur des S. Congrégations du Concile et de
la Propagande, abbé commendataire de
Saint-Paul à Albano, examinateur du clergé
. romain, substitut de la secrétairerie des
Brefs pontificaux, vicaire de l'archibasili-
que patriarcale de Latran, docteur en phi
losophie, en théologie et dans l'uu et l'au
tre droit ;
LEglise titulaire archiépiscopale de Tré-
bizonde, pour Mgr Edmond Stonor, prélat
domestique de Sa Sainteté et protonotaire
apostolique, du diocèse de Birmingham,
chanoine de l'archibasilique patriarcale du
Latran, docteur en droit canonique; •
L'Eglise titulaire épiscopale d'imeria,
pour Mgr François Mazzuoli, évêque démis
sionnaire de San-Severino, -dont il retient
l'administration provisoire ;
L'Eglise cathédrale . de Rieti, pour Mgr
Charles Bertuzzi, prélat domestique de Sa
Sainteté, de l'archidiocèse de Bologne, vi-
. caire général de Cervia, où il est professeur
de théologie morale au séminaire et doc
teur en théologie;
L'Eglise cathédrale de San Severino, pour
Mgr Aurèle Zonghi, prélat domestique de
Sa Sainteté, natif de Fabriano, professeur
de droit canonique et civil dans le sémi
naire de cette ville, où il est co-visiteur,
examinateur synodal, vicaire du Latran et
chanoine de la cathédrale de Fabriano, doc
teur en théologie et dans l'un et l'autre
droit,;
L'Eglise cathédrale de Lintz, pour Mgr
François de Sales-Marie Doppelbauer, pré-
at domestique de Sa Sainteté, du diocèse
de Lintz, recteur à v Rome de l'Institut im
périal et royal de Sainte-Marie-de-l'Antîna,
docteur dans l'un et l'autre droit;
L'Eglise cathédrale de Narni, pour le
R. D. César Boccanera, de Rome, curé et
bénéficier de la basilique patriarcale de
Saintè-Marie-Majeure, docténr eri philoso
phie et en théologie ;
L\Eglise cathédi aie de Città délia Pieve,
pour Mgr Paul Gregori, camérier d'hon
neur de Sa Sainteté, du diocèse de Città
délia Pieve, missionnaire apostolique, cha
noine et curé de l'Eglise métropolitaine de
. Pérouse, où il est examinateur pro-synodal
et détinitenr des cas de morale dans les
réunions des curés et confesseurs ;
L'Eglise cathédrale de Mileto, pour le
R. D. Antoine de Lorenzo, de Reggio de
Calabre, où il est examinateur pro synodal,
promoteur fiscal de la curie archiépisco
pale et chanoine de cette Eglise métropoli
taine ;
L'Eglise cathédrale de Cassano, pour le
R. P. EvaDgéliste de Calistri, dans le siècle
Michel-Antoine de Milia, des mineurs ca«
puoins do l'erohidiocèsa d'Qtrante, ancien
recteur à Rome du couvent de Saint-Lau
rent hors les Murs, provincial de Salerne
et de Basilicate, et commissaire général de
son ordre pour la province de Syracuse;
L'Eglise cathédrale de Pontremoli, pour
le R. D. David Camilli, de l'archidiocèse de
Lucques, examinateur pro-synodal à Modi-
gliana, membre de la congrégation du sy
node et de l'académie philosophico médi
cale de Saint-Thomas, préfet des études au
séminaire et ; collège épiscopal, chanoine
archidiacre et vicaire-général, docteur en
théologie ;
Les Eglises cathédrales unies de Sovana-
Pitigliano , pour Mgr Jules Matteoli, camé
rier d'honneur de Sa Sainteté, du diocèse
de San Miniato, archiprêtre-curé à Castel-
franco, sa patrie, docteur en théologie ;
L'Eglise cathédrale d'Acqui, pour le R. D.
Joseph Marello, du diocèse d'Asti, où il est
directeur spirituel du séminaire, chancelier
de la curie épiscopale, examinateur pro
synodal et chanoine archidiacre de la ca
thédrale ;
L'Eglise cathédrale de Gozo, pour le R.
P. Jean Camilleri, de l'ordre des Ermites
de Saint : Aughstin, • du diocèse de Malte,
professeur de théologie morale et dogmati
que dans son ordre, consulteur de la Sacrée
Congrégation des Evêques et Réguliers,
docteur en théologie.
Enfin, l'Eme et Rme cardinal Bausa
a fait la postulation du sacré pallium
pour l'Eglise métropolitaine de Flo
rence; il a prêté entre les mains de
Sa Sainteté le serment d'usage, puis
baisé le pied et la main du Saint-Père,
3ui, à son tour, lui a donné le baiser;
e paix; après quoi, le Consistoire se
cret a été terminé.
Le discours du Pape
Notre correspondant de Rome nous
télégraphie en ces termes la substance
de l'allocution prononcée hier au Con
sistoire par Sa Saintété:
Rome, 12 février, midi, 15 m.
Dans son allocution le Pape a dé
ploré l'erreur de ceux qui, séduits par
les appas de la liberté, s'éloignent de
Jésus-Christ et de son Eglise, d'où il
résulte que la religion est persécutée
partout. Le Pape n'a jamais cessé de
penser au remède qui est de montrer
où aboutira cet éloignement de Dieu
et d'établir la nécessité de revenir au
Christ sauveur.
C'est pour cela, continue le Souve
rain Pontife, que Nous Nous sommes
toujours efforcé d'affermir les relations
avec les pouvoirs étrangers ou bien
d'en nouer quand elles n'existaient pas.
Actuellement encore Nous Nous efforr
çons de rétablir ces relations avec le
très puissant empire de Russie et Nous
ne doutons pas que ces efforts réus
siront pleinement selon Notre désir.
En effet, Nous portons Nos pensées et
Nos soins avec un grand intérêt et une
égale bienveillance sur la situation
catholique chez les Polonais en vue
surtout d'arranger ce qui touche à
l'administration des diocèses en ce
pays. Quelques évêques sont déjà dé
signés et Nous aurions été heureux de
les préconiser aujourd'hui s'il ne fal
lait encore un peu de temps pour par
faire les négociations.
Le. Pape, dit qu'il suivra la même
route avec persévérance, malgré les
obstacles qu'y opposent les ennemis,
car il est convaincu que l'Eglise est le
seul refuge assuré pour les esprits, la
seule espérance du salut éternel. Il
cherchera donc à ramener tous les
hommes au sein de l'Eglise.
Il est nécessaire, du reste, de venir
au secours de la société ébranlée. Ce
que l'on a vu dans Rome èn ces der
niers jours, montre de quoi sont ca
pables les cupidités enflammées et fu
rieuses qui travaillent à ébranler les
fondements mêmes de la société civile.
Une fois qu'on n'entend plus la voix
de la religion et que la crainte des lois
divines a disparu, il ne reste rien pour
éloigner les dangers dont ces mani
festations rendent témoignage. C'est
donc rendre service à la société et bien
mériter du salut public que de rappe
ler aux hommes la vertu des princi
pes de la conservation sociale qui ré
sident dans le respect de la religion.
Une autre considération très oppor
tune, c'est que jamais on n'a tant dé
siré la paix et la tranquillité. Princes
et gouvernants affirment qu'ils veu
lent conserver les bienfaits de la paix,
ce qui est un but très honnête, car la
guerre serait aujourd'hui plus terrible
que jamais.
Rien donc de si important que
d'écarter le péril de la guerre ; mais il
ne suffit pas de désirer la tranquillité.
Les immenses apparats de guerre
peuvent quelquefois éloigner la guerre
mais non procurer un repos sûr et
stable. Bien plus, tous ces armements
accompagnés de menaces inspirent les
soupçons plus qu'ils ne les dissipent,
troublent les esprits par la crainte de
l'avenir et imposent aux peuples des
charges souvent plus intolérables que
la guerre même.
lï faut donc chercher à la paix des
fondements plus sûrs; car si la nature
permet de défendre ses droits par les
armes, elle ne permet point à la force
de constituer le droit. La justice et la
charité constituent senles les fonde
ments de la paix.
Dieu a établi son Eglise mère et gar
de ces deux vertus. Aussi a-t-elle tou
jours cherché à conserver, à propager
et à défendre les lois de la justice et
de la charité; aussi encore,.quandc'é
tait nécessaire et possible, l'Eglise
a-t-elle toujours interposé son autorité
pour rétablir la concorde, et pacifier
les royaumes,
Le Pape termine en disant que c'est
de ce but qu'il s'inspire dans tous ses
actes. Quoi qu'il arrive, et quels que
soient les jugements passés et futurs
des hommes, tous les actes du Pape
dirigés par cette règle ne dévieront
jamais. S'il ne peut pas pourvoir autre
ment au maintien de la paix, il conti
nuera de prier Dieu pour que toute
crainte de guerre soit écartée, que
l'ordre juste des choses soit rétabli et
que l'Europe fasse reposer la paix sur
ces bases qui sont les seules vraiment
stables.
FRANCS
PARIS, (8 FEVRIER 1889
M. Floquet poursuit le cours de ses
triomphes; la loi sur le scrutin uni
nominal a été votée comme il le vou
lait. Au début, l'urgence, combattue
par M. Maret, un ministériel cepen
dant, n'avait passé qu'à une faible
majorité : 283 voix contre 274; mais la
majorité du ministère s'est accrue
aux votes suivants. Après une discus
sion générale, où l'on a entendu MM.
Lefèvre-Pontalis, Thomson, Jaurès,
Dreyfus, Maillard, Lecomte, Gaulier,
Floquet, Millerand et Pesson, la Cham
bre a voté, par 290 voix contre 266,
qu'elle passait à la discussion des arti
cle. Les amendements ont été rejetés
ou retirés, sauf un relatif à Lyon; les
articles ont été votés, et lé projet de
loi a été adopté au scrutin public à la
tribune par 268 voix contre 222.
La Chambre s'est ensuite ajournée
à jeudi pour la dernière grande ba
taille, celle de la revision.
Au Sénat, on a voté la proposition
de M. Lisbonne qui défère aux tribu
naux correctionnels les délits d'injure
publique actuellement soumis à la
cour d'assises. L'urgence avait été de
mandée par M. Guyot-Dessaigne, dont
le début au Sénat n'a pas été plus
brillant qu'à la Chambre,et combattue
par M. Halgan qui a rappelé que jadis
les républicains, et notamment M. Lis
bonne, l'auteur de la proposition,
s'indignaient fort contre la juridic-
diction correctionnelle ; ils sont les
maîtres aujourd'hui et ils ont une ma
gistrature « épurée ». L'urgence a été
votée par 184 voix contre 61 ; le projet
a été ensuite adopté, mais un article
additionnel a été renvoyé à la commisr
sion.
Le Sénat a en outre validé l'élec
tion de M. Morelli comme sénateur de
la. Corse.
On continue, même dans la presse
satisfaite, à s'occuper des manifesta
tions socialistes de dimanche ; on ne
peut pas se dissimuler qu'il y a là un
mouvement qui peut devenir dange
reux. Il y en a tant, parmi nos gouver
nants qui, pour arriver, ont multiplié
les promesses décevantesaux ouvriers,
dont ils flattaient les plus mauvais
instincts. On s'arme aujourd'hui de
leurs paroles; Le calme même qui a
présidé, à Paris comme en province,
aux démarches des délégués, est une
cause de préoccupation; un mouve
ment violent ferait plus de tapage
pour le moment, mais outre qu'il don
nerait à MM. Floquet et Goblet l'oc
casion de « sauver la république », il
durerait peu.
Si M. Crispi se fait tenir au courant
des impressions de la presse étran
gère, il ne doit pas être satisfait. Par
tout, même à Berlin où le ministre
italien doit compter, sinon des amis,
au moins des protecteurs d'une bien
veillance un peu hautaine, on atta
che une grande importance aux
désordres qui se sont produits à
Rome et ;qui ont témoigné en même
temps du mécontentement des popu
lations et de l'incurie administrative.
Même des journaux sympathiques,
par politique ou par préjugé religieux,
à l'unité italienne, ne peuvent s'em
pêcher de faire à cette occasion un re
tour sur la Rome des Papes. Gela ré
veille donc cette question romaine qui
reste le cauchemar de M. Crispi, quoi
qu'il ne cesse d'affirmer qu'elle est
finie. Si elle était finie, en effet, il
n'éprouverait pas le besoin de multi
plier ainsi des affimations qui riaffir-
menfque ses préoccupations.
On continue à discuter sur le
vote de la loi militaire à Budapesth
et sur le sort du ministère Tisza. Pen
dant que certains journaux déclarent
que le ministère est condamné et an
noncent même que M. Tisza aurait
donné sa démission, d'autres assurent
que le triomphe du cabinet est assuré,
et que la loi militaire passera avec
quelques modifications légères accep
tées par le comte Taaffe. Les adver
saires de M. Tisza donnaient comme
indice de sa chute qu'il était abandon
né par le comte Andrassy, qui se
tournait contre lui et se prononçait
contre la loi militaire; ce serait grave,
en effet, mais le fait est contesté.
On ne tardera pas, du reste, à être
fixé.
L'empereur François-Joseph est ar
rivé à Budapest, où on lui a fait une
réception enthousiaste. Cela favorisera-
t-il la victoire définitive du ministre
Tisza?
Voiries DERNIERES NOUVELLES à la fin
Une seule séance a suffi pour régler
la question du scrutin. On s'attendait
à de longs et violents débats : la dis
cussion n'a pas duré cinq heures et
n'a dépassé que de quelques degrés la
moyenne de la thermométrie parle
mentaire. Six discours, trois votes ;
et l'on a vu se dessiner la majorité
ministérielle ; toute petite d'abord, sur
l'urgence (neuf voix), elle atteignait
le chiffre de 24 sur le passage à la dis
cussion des articles, et enfin, sur l'en
semble, elle s'élevait au chiffre de 46.
M. Floquet était vainqueur, en face
du général Boulanger,qu'il avait défié
de ses regards fulgurants, de ses ges
tes pareils à ceux du garçon épicier
qui moud le café, de son ut de poi
trine le plus aigu. Vainqueur, mais en
quoi au juste et pour combien de
temps ? Personne, pas même lui, n'en
sait rien.
M. Lefèvre-Pontalis a le premier pris
la parole pour constater que, dans le
débat qui s'engageait, les principes
étaient traités comme des choses em
barrassantes. L'orateur a fait briève
ment, avec une vigoureuse éloquence,
l'historique des modes de scrutin de
puis 1875 ; il a rappelé les déclarations
des républicains en faveur du système
de la liste et les a opposées à celles
d'aujourd'hui, prodiguées par les mê
mes gens, dans un sens différent. Par
tisan du scrutin d'arrondissement
lorsque la situation est calme, M. Le
fèvre-Pontalis s'en défie en ce moment
où les partis s'agitent pour une lutte
à outrance.
Le rapporteur, M. Thomson, s'est
empressé de répondre, et l'on a pu
juger alors que la discussion serait
courte. Il a naturellement pris la dé
fense des républicains et du gouver
nement et les a représentés comme les
seuls amis de la logique, de la liberté
et surtout de la vérité. Ce parti,qui n'a
vécu qu'en exploitant des préjugés,
qu'en excitant la haine anti-religieuse
au nom de la liberté de conscience, ne
peut supporter la pensée de l'équivo
que. Les opportunistes ou les radi
caux ministériels exigent que « le
mandant choisisse son mandataire
non sur une formule,non sur quelques
lignes d'un programme, mais en con
naissance de cause ». Voilà une déli
catesse qui s'éveille bien tard.
M. Jaurès a combattu le projet gou
vernemental par un discours dont la
première partie, toujours redondante,
a paru obscure, mais dont la seconde
a produit de l'effet. M. Jaurès est un
type qui disparaît : le rhéteur pur et
simple, l'homme qui est continuelle
ment prêt à parlerpendant des heures
à grand renfort de périodes intermina
bles. D'immenses phrases qui s'emboî
tent n'importe par quel bout; des mé
taphores distendues, qui s'engendrent
les unes des autres, en confondant
tous les ordres, la métaphysique, là
morale, l'esthétique et l'agriculture;
des cascades imprévues. A propos des
enquêtes des préfets, on voit tout à
coup arriver la « démocratie obscure qui
va vers l'avenir sans livrer à personne
son secret », d'autant plus qu'elle ne
le connaît pas elle-même; et puis ceci :
« Les manifestations d'opinion qui se
« produisent à la surface ne révèlent
« pas plus la pensée intime des mas-
« ses que les quelques sources qui
« jaillissent çà et là n'indiquent l'é-
« tendue des nappes souterraines et
« la direction des courants qui les
« traversent. » De cette géologie et de
cette hydraulique on passe ensuite à
la question sociale, tout aussi facile
ment qu'on pourrait passer à la pein
ture ou à la linguistique. M. Jaurès a
remué cependant son auditoire quand
il a parlé du mouvement boulangiste ;
de cette tendance prédominante, qui
emporte les masses, les nouvelles cou
ches saluées par Gambetta, vers un
régime et vers un personnel nouveaux.
Il a même eu de l'esprit en racon
tant qu'un paysan, questionné par
lui, a répondu : « Nous avons assez de
« Joffrin; c'est Vaillant qu'il nous
« faut ». On croyait entendre le re
frain populaire :
C'est Boulange, Boulange, Boulange,
C'est Boulange qu'il nous faut.
Oh ! Oh l'Obi Oh!
L'orateur a conclu que le scrutin de
liste permet de faire une part à cette
minorité qui personnifie le parti
avancé ; tandis que le scrutin d'arron
dissement, la comprimant de tous les
côtés, peut la porter aux résolutions
extrêmes.
Les discours de M. Camille Dreyfus
et de M. Lecomte, en faveur du scru
tin d'arrondissement et ceux de MM.
Maillard et Gaulier, contre, ont peu
d'importance.
M. Floquet est venu répéter les ar
guments qui roulent depuis des mois
dans les journaux républicains. Il a
exposé ses procédés de statistique et
même de plébiscite (car c'est un plé
biscite restreint qu'il s'est offert près
de ses agents) pour connaître la force
boulangiste dans chaque département.
Selon lui, la masse républicaine ré
clame le scrutin uninominal ; et
l'on doit se conformer à ce vœu, ne
serait-ce que par déférence. Mais par
intérêt donc! Et alors le grand homme
s'abandonne au génie tumultueux et
tonitruant qui le possède ; il clame,
fulmine, injurie et menace. Il dénonce
l'équivoque et ia trahison en se tour
nant vers le général Boulanger, qui,
entouré de ses amis ordinaires, paraît
sourire de bon cœur. Ce sourire agace
visiblement M. Floquet, qui se met à
se lamenter sur les outrages que souf
frent son honneur et sa probité, de
même que sa probité et son honneur,
de même encore que son honneur et
sa probité associés à sa loyauté. Le
ministre est en eau ; on le voit de loin
faire des efforts dangereux pour amas
ser de l'air dans sa poitrine et l'ex
pectorer en hurlements. Il ne veut
plus de masques; il veut voir face à
face les tenants de « la république
honnête », s'écrie-t-il avec une ironie
furieuse: oui, mossieu, la république
aunaite! — comme s'il reconnaissait
que ce n'est pas la sienne ! La ma
jorité l'a fort applaudi.
M. Millerand, un des intimes de M.
Glémenceau, a répondu au président
du conseil. Il a parlé d'un ton calme
et avec habileté. Son discours peut se
résumer ainsi : ou bien le péril est
aussi grave qu'on le prétend, et alors
ce n'est pas un simple changement
de scrutin qui nous sauvera ; ou bien
rien n'est en danger, et alors à quoi
bon s'agiter pour une réforme de ce
genre?
La discussion générale a été close.
Par vingt-quatre voix de majorité,
on a décidé de passer à la discussion
des articles, ce qui, pour tout projet,
équivaut à l'acceptation.
M. Gunéo d'Ornano a essayé d'en
gager la question de la dissolution en
fixant la date des élections prochaines.
On l'a repoussé au nom des préroga
tives du pouvoir exécutif.
Divers amendements proposés par
MM. Le Cour, de la Biliais, Le Provost
de Launay, de la Bâtie, Bourgeois (de
la Vendée),pour modifier certaines cir
conscriptions délimitées arbitraire
ment, ont été rejetés.
Mgr Freppel a demandé que la Nou
velle-Calédonie et Tahiti aient des re
présentants à la Chambre, et il a ob
tenu une promesse du gouvernement
pour régler bientôt cette question.
A sept heures et demie on procédait
au vote à la tribune, avec appel nomi
nal ; longue opération. A neuf heures,
par 268 contre 222, la réforme qui
doit sauver la république parlemen
taire était décidée. Et M. Floquet et la
Chambre s'en allaient se reposer jus
qu'à jeudi, pour affronter de nouveaux
labeurs. ;
Eugène Tàvernier.
Comme les ministres de 1835,- M.
Floquet prépare ses lois de septembre,
disait hier M. Biré au Sénat, qui était
appelé à statuer sur la proposition de
loi concernant les injures publiques.
On sait ce que nos cadettistes enten
dent par injures publiques : ce ne sont
certes pas les invectives déversées
quotidiennement par leurs journaux
sur les prêtres et les religieuses, mais
les « expressions outrageantes » pour
les ministres et fonctionnaires répu
blicains, recueillies dans des journaux
de l'opposition. Quand l'expression
est-elle outrageante ? Le jury, auquel
la loi de 1881 attribuait la compétence
en pareille matière, n'était guère em
barrassé de l'établir avec une cer
taine impartialité dans les cas particu
liers qui lui étaient soumis.
Mais c'est précisément cette impar
tialité relative qui a porté ombrage
au gouvernement actuel, et le projet
de loi soumis à la délibération du Sé
nat a pour but de transporter aux tri
bunaux correctionnels, en cette ma
tière, la compétence réservée depuis
huit ans au jury.
Le rapporteur delà loi est M. Lis
bonne, qui, en 1881, reconnaissait au
jury des garanties d'impartialité dif
ficiles à rencontrer dans un tribunal
correctionnel.
A cette époque, M. Floquet tenait le
même langage à la tribune de la
Chambre, mais alors M. Floquet n'é
tait pas président du conseil, et la loi
de 1883 n'avait pas mis les magistrats
à la disposition du gouvernement. La
droite n'a pas manqué hier de rappe
ler au rapporteur les opinions que M.
Floquet et lui-même invoquaient, en
1881, en faveur du jury; aussi M.IIal-
zan, qui s'est chargé de lire à M. Lis
bonne un extrait du. discours que ce
lui-ci prononçait alors, a-t-il fait pas
ser un bien mauvais moment au rap
porteur.
Qu'importe? M. le rapporteur pré
tend que la juridiction des cours d'as
sises n'est pas assez expéditive (lisez
rigoureuse) pour juger des faits qu'il
importe de réprimer immédiatement.
Et aussitôt, avec un tact infini que
M. Floquet ne pourra manquer d'ap
précier, il donne lecture au Sénat d'un
article de journal où M. Floquet est
comparé à Cartouche, Lacenaire, Trop-
mann et Papavoine. Le nouveau garde
des sceaux, M. Guyot-Dessaigne, a
l'heureuse inspiration d'insister. « Oui,
messieurs, ils ont été jusqu'à déclarer
le président du conseil plus cynique
que Papavoine. Aussi le gouverne
ment est-il favorable à la propositoix
de M. Lisbonne. » Là-dessus on rit,
mais M. Guyot-Dessaigne ne s'en aper
çoit pas, M. Halgan l'ayant un peu
interloqué en lui rappelant son passé.
Pour l'aider à reprendre sonaplomb,
la gauche a demandé l'urgence,qui a
été votée au scrutin public à une ma
jorité de 192 voix contre 63, et l'on a
passé aussitôt à la discussion de l'ar
ticle unique,qui a été adopté. Un arti
cle additionnel de M. Lelièvre, assimi
lant la diffamation à l'injure, au point
de vue de la juridiction, a été renvpyé
à la commission. Il sera discuté ulté
rieurement.
Joseph Mollet.
Nous recevons de Rome la dépêche
suivante :
Rome, i2 février, midi 15 m*
La dépouille mortelle du cardinal Pitra
a été transportée hier, èi cinq heures du
soir, en la forme privée, à Sainte-Marie du
Transtévère, puis, après l'absoute, au
Campo-Verano,où on l'a descendue aujour
d'hui dans un sépulcre appartenant à la
Propagande.
Le service solennel sera célébré samedi,
en l'église Sainte-Marie du Transtévère.
. : , ....
L' Agence Havas nous communique
la dépêche suivante :
Rome, 11 février.
C'est dans le consistoire de jeudi prochain
que seront préconisés l'évêque de Poitiers
et l'archevêque de Cambrai.
Quinze autres évêques seront préconisés
le même jour, parmi lesquels deux Péru
viens et plusieurs Espagnols, notamment
l'évêque de Tarragone.
En outre,trente-cinq évêques seront nom*
més par bref de la Propagande.
Là Situation
On lit dans le Journal des Débats :
M.- Floquet, dans le discours qu'il a pro
noncé hier, a dit que le scrutin d'arrondis
sement était une « arme », et il semblait, à
l'entendre,que le parti républicainn'eût qu'à
s'en saisir, pour pourfendre ses adversaires
avec une extrême facilité. Il a déclaré que
cet engin de guerre aurait raison de la
« conspiration électorale », de même que les
lois confondraient la « conspiration illégale ».
Ce sont là de pures déclamations. Un mode
de scrutin n'est pas une arme. Ce n'est
qu'un procédé pour recueillir les suffrages.
Nous ne savons pas non plus que ce n'est
qu'une « conspiration électorale ». Nous
voyons seulement une opinion publique qui
s'émeut, qui se plaint, qui s'égare, et qui
continuera de s'exprimer d'une façon ou
d'une autre tant que l'on n'ira pas au fond,
à la cause, tant que l'on ne prendra pas le
parti de faire cesser ses griefs en lui don
nant des satisfactions légitimes.
Laissez-là les conspirations. Cessez de
brandir cette arme, qui serait bien vite
émoussée entre vos mains.
M. Georges Laguerre écrit dans la
Presse :
Le mode de scrutin importe peu à ceux
qui, en livrant demain la bataille définitive,
savent quelle victoire décisive les attend.
Le général a cependant apporté son bul
letin en faveur du scrutin de liste.
L'élu au scrutin de liste de la Dordogne,
du Nord, de la Charente-Inférieure, de la
Somme et de la Seine, ne pouvait s'asso
cier, môme par l'abstention, à une mesure
qui n'est dictée que par la peur du suffrage
universel et de l'opinion du pays.
Mais ce devoir accompli, cette protesta
tion muette effectuée, le chef du parti na
tional et ses amis, dont quelques-uns ont
toujours été en théorie les partisans déci
dés du scrutin d'arrondissement, voient
sans intérêt modifier les conditions du
grand combat qui va s'engager.
Messieurs les parlementaires, vous avez
tiré les premiers ; mais cela ne fait rien.
Scrutin de liste ou scrutin d'arrondisse
ment, peu importe ! Vous pouvez faire vos
paquets, le pays ne veut plus de vous.
M. Reinach,dans la République fran
çaise, se montre satisfait de la journée
d'hier, mais redoute celle de jeudi :
Le scrutin de liste était devenu, par la
fatalité des circonstances, l'une des brèches
qui pouvaient ouvrir à la conspiration cé
sarienne la citadelle même de la républi
que.
Le devoir était de fermer la brèche; M.
Floquet l'a compris, les défenseurs les plus
anciens et les plus résolus du scrutin de
liste l'ont compris ; ils ont fait le sacrifice
de leurs préférences personnelles, de leur
amour-propre, des traditions du passé ; le
vote du Sénat étant assuré, la brèche est
fermée.
L'autre brèche, plus dangereuse cent fois
que la première, c'est la revision.
Le parti républicain a su faire son de
voir dans la séance d'hier, dédaigneux dea
sarcasmes de la droite et de la faction plé
biscitaire, sourd aux appels préhistoriques
des théoriciens de l'intransigeance qui pré
féraient laisser la République désarmée
que de faire, même à un cabinet radical
qui avait posé la question de confiance, la
sacrifice d'une ligne de leur programme'.
Le devoir, demain, ne sera ni moins clair
ni moins impératif.
Par quelle étrange aberration M. le pré
sident du conseil, qui a fait, hier, œuvra
de bon citoyen et de politique prévoyant,
se prononce-t-il pour larevision après s'être
déclaré contre le scrutin de liste 1
En prenant le pouvoir, M. Floquet avait
déclaré qu'il repousserait la revision de la
Constitution tant qu'elle resterait le pièro
de la monarchie et le manteau troui do la
dictature,
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