Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-02-09
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 février 1889 09 février 1889
Description : 1889/02/09 (Numéro 7713). 1889/02/09 (Numéro 7713).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi 9 Février 1889
N* 7713 — Edition quotidienne
Samedi 9 Février 4889
wmtmt
gMapauBse
ïdition quotidienne
édition semi-quotidienne
Un an. , .
Six mois. .
Trois mois.
PARIS
et départements
. . 55 »
. . 28 50
..15 »
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. _ / Paria . 15 cent.
UN NUMÉRO | Départements. 20 —
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
PARIS
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C ic , 6, place de la Bourse
SRBBI
FRANCE
PARIS, 8 FEVRIER 1889
L'interpellation de M. Salis, immé
diatement retirée, a fourni au nou
veau garde des sceaux l'occasion de
faire son début à la tribune; cela n'a
pas été brillant. M. Salis s'est déclaré
satisfait, à cause de la décision de la
cour de cassation qui renvoie M. Numa
Gilly devant la cour d'assises de l'Hé
rault et de la promesse de M. Guyot-
Dessaigne que l'affaire marcherait
vite.
On a ensuite, à la Chambre, voté en
première lecture la proposition de M.
Piou, relative aux pensions civiles,
voté d'urgence la loi sur les faillites,
retour du Sénat, et commencé la dis
cussion de la proposition de M. Yves
Guyot supprimant les octrois; M. Ar-
nous a pris la parole.
Au Sénat, les séances sonUoujours
absolument dénuées d'intérêt ; hier,
on a voté des projets de loi d'intérêt
local, et en seconde, lecture la loi
abrogeant les dispositions relatives
aux livrets d'ouvriers.
Séance lundi.
C'est aujourd'hui que M. Floquet doit
. avoir son entrevue avec la commission
du scrutin uninominal; on pense que
l'accord se fera sans difficulté. Le rap
port serait fait rapidement et déposé
soit lundi, soit même demain. Alors se
poserait la question de priorité entre
le scrutin uninominal et la revision;
il pourrait y avoir du tirage, les oppor
tunistes voulant le scrutin uninomi
nal et repoussant absolument toute
revision, tandis que les radicaux vou
draient au moins un semblant de re
vision pour donner une apparente
satisfaction à leurs électeurs, auxquel
les ils ont fait de si belles promesses.
Le bruit court que le général Beu-
laflger reviendrait à la Chambre pour
déposer une nouvelle demande de revi
sion par une Constituante.
On annonce définitivement pour
demain le dépôt, par M. Peytral, du
budget de 1890. Cette hâte s'explique,
du moment que la Chambre sera saisie
du budget, il sera plus difficile de lui
demander de se dissoudre. Les députés
qui veulent rester — et c'est le grand
nombre, car on est rarement sûr de
~ revenir -^auront une raison à donner
à ceux qui voudraient les voir partir;
ils ne se borneront pas à répéter avec
•la Jeune Captive de Chéuiêr ;
Je ne veux pas mourir encofo'.
Ils montreront les contribuables im
patients de les voir voter le chef-d'œu
vre financier de M. le pharmacien
Peytral.
Nous avons déjà parlé de la misère
en Italie ; ce pays traverse une terri
ble crise économique dont la politique
aventureuse de M. Crispi n'est pas
pour diminuer l'intensité. On trouvera
plus loin une intéressante et navrante
communication que nous recevons à
ce sujet.
Une collision assez grave yiept d'a
voir lieu £ans le Hainant entre la
fores armée et des ouvriers ; sans
doute cela n'ira pas plus loin pour le
moment; mais des faits sem&lables;
surtout lorsqu'ils se renouvellent sou
vent, sont l'indice d'une situation
jnauvaise, à laquelle on ne remédiera
pas avec des agents de police et des
gendarmes. Le mal est profond et ré
clame d'autres remèdes, en Belgique
comme en France, comme presque
partout en Europe,
Le télégraphe nous signale des ar
restations en Bulgarie, qui paraissent
être la suite de la lutte engagée par le
haut clergé schismatique contre le
ijrince Ferdinand. Il reste à savoir si
a population est derrière le haut
clergé; cela est affirmé ou nié, suivant
les endroits d'où - proviennent les dé
pêches.
Les officieux allemands témoignent
un certain mécontentement à propog
d'une motion de M. de Windthorst re
lative à la liberté religieuse dans les
pays de protectorat. L'orateur catholi
que viserait à assurer aux ordres reli
gieux, sans en excepter ceux qui sont
encore exclus de l'empire d'Allema
gne, la pleine liberté de leur propa :
gande en Afrique ; il viserait égale
ment la suppression de l'esclavage. Le
mécontentement mal dissimulé des
journaux officieux indiquerait qu'à
Berlin on se préoccupe beaucoup de
l'agrandissement colonial de l'Alle
magne, et fort peu de la question reli
gieuse et sociale. Ce n'est pas pour
surprendre.
JU'Autriche
L'empire autrichien est en deuil;
ses 40 millions d'habitants ont été at
teints au cœur; mais ces fidèles sujets
ont crié :«Le prince impérial est mort,
vive le prince impérial ! » et ils ont
ainsi prêté un germent de fidélité à
l 'héritier du trône.
Le lien qui unit toutes ces nations
à la famille impériale s'est resserré
dans le malheur. Elle s'est toujours
dévouée à ses peuples, et leur com
mune patrie austro-hongroise n'existe
que par elle ; si cette paternelle auto
rité disparaissait, l'empire se dissou
drait; Allemands, Slaves, Magyars,
Roumains, les peuples céderaient aux
aspirations et aux compétitions de
leurs races, le grand Etat se dé
composerait en fractions livrées à
des guerres intestines jusqu'à leur
absorption par les puissances voi
sines. Il n'y aurait plus d'équilibre en
Europe ; la Suède, le Danemàrck, la
Hollande, la Belgique, la Suisse ne
conserveraient pas longtemps leur in
dépendance et subiraient la loi du plus
fort. La France s'amoindrirait auprès
de l'Allemagne démesurément agran
die, et l'Angleterre elle-même perdrait
la suprématie maritime, garantie de
sa richesse et de sa sécurité.
Ainsi la liberté et le droit de plu
sieurs nations reposent sur la maison
d'Autriche et dépendent de l'affection
des peuples autrichiens pour elle. Une
république, unitaire ou fédérative, ne
pourrait pas s'établir dans ces pays ;
ses populations ne peuvent s'unir que
sous un souverain aimé et respecté,
dont la famille a acquis des droits sé
culaires à la reconnaissances des di
verses nationalités de l'empire.
On objectera peut-être le souvenir
des insurrections de 1848* et de la ré
volte des Magyars ; mais ce fut un
fait exceptionnel, unique dans une pé
riode de deux siècles. Une tempête de
folie révolutionnaire passait alors sur
presque toute l'Europe; le bon et timi
de empereur Ferdinand s'inclina dès
le premier souffle; l'armée et la majo
rité des nations soutinrent la monar
chie défaillante ; depuis cette époque,
la fidélité des peuples ne s'est pas dé
mentie dans les épreuves et les revers;
François-Joseph est bien maître de
ses États, disposant d'une puissante
armée, libre de négocier et d'agir, de
maintenir la-paix ou de déclarer la
guerre.
On se demande si le malheur qui a
frappé si cruellement l'empereur mo
difiera dans l'avenir la politique de
l'Autriche.
Ce n'est pas probable; la direction
supérieure ne changera pas, parce
que, dans la maison de Lorraine, la
tradition adoptée consiste à gouverner
toujours selon l'intérêt de la patrie,
en sacrifiant les sympathies person
nelles et domptant les antipathies in
dividuelles.
Les sympathies personnelles des des
cendants du glorieux Charles V de
Lorraine sont françaises ; pour le re
connaître, il suffit de considérer le
choix dps éducateurs de leurs fils ; ces
princes sont justement fiers de leur
origine et de l'illustration de ljeu?? ca
tholique maison demi-française, qui
T^monte aux temps carlovingiens ; ils
ne gardent p* 3 rancune de l'hostilité
manifestée par la plupart de nos sou
verains contre l'Autriche ; mais ils sont
avant tout Gonseryateurs et monar
chistes, avant tout opposés aux mou
vements révolutionnaires. Notre répu->
blique tournant à gauche les a forcé
ment engagés dans l'alliance prus
sienne.
La politique traditionnelle du cabi->
net de Vienne est loyale, conserva
trice et pacifique ; ses diplomates se
distinguent souvent par leur réserve,
i$$is ne trompent pas par le men
songe et la ruse. L'Autriche n'est pas
conquérante,"'elle cherche surtqut à
conserver ce que les mariages et les
traités lui ont acquis. Le gouverne
ment ménage les. finances, les res
sources et le sang des sujets. L'écono
mie s'étend, même actuellement, aux
dépenses militaires; tout en accrois
sant l'effectif disponible de l'armée, on
1§, maintient relativement moins nom
breuse sur le pied de paix.
ka triple alliance est acceptée en
Autriche ôomme une nécessité de si
tuation, déterminée par l'appréhen
sion d'urçe agressif révolutionnaire
de la France et d'un mouvement russe
0t p&nslaviste vers Gonstàntinople;
on se résigna & çette alliance, faute
d'un mieux désiré.
Si la France restaurait la monarchie,
son représentant trouverait à Vienne
un accueil cordial, empressé, et par ce
fait la triple alliance serait dissoute.
[./Autriche, cependant, ne romprait
pas avea l'Allemagne, mais nous ga
gnerions à Vienne des amis disposés à
garantir notre territoire et à relever
notre crédit. Si la Russie cessait de
menacer Gonstàntinople, un rappro
chement sincère s'effectuerait de même
entre leg cabinets de Vienne et de
Saint-Pétersbourg.
Cette politique conservatrice et pa
cifique n'est pas particulière à Fran
çois-Joseph; elle eût été suivie par
l'archiduc Rodolphe, elle sera prati
quée par l'archiduc François, que l'on
dit doué de qualités solides.
Dans la maison de Lorraine, les
prixices cherchent moins à briller qu'à
servir; très instruits, excellents offi
ciers, administrateurs laborieux, ils se
complaisent dans la simplicité et se
retranchent dans la modestie. Le mal
heureux et charmant Maxirrjilien était
modeste jusqu'à la timidité et ne dé
ployait son brillant esprit que dans
les conversations intime?,
Actuellement notre république n&
perd ni ne gagne à la mort de l'archi
duc Rodolphe ; elle ne peut attendre
4e l'Autriche cjue des relations conve
nables, la surveillance et la justice,
quelles que soient les sympathies des
princes et des peuples autrichiens pour
notre pays.
Ces peuples, comme leurs princes,'
s'allieraient plutôt volontiers à la
France qu'à la Prusse, si les circon
stances permettaient ce revirement.
Les caractères des Prussiens du
Nord et des Allemands autrichiens
différent étonnamment ; ils parlent la
même langue, et cependant il y a
entre eux autant de divergences et
d'antipathies qu'entre les Espagnols
et les Portugais. Le Prussien possède
beaucoup de valeur intellectuelle,
mais peu de qualités aimables ; l'Au
trichien se distingue surtoutpar l'amé
nité et la cordialité. La presse libérâ-
tre juive ne fera jamais prévaloir en
Autriche le pangermanisme prussien;
l'esprit national s'y oppose. Partout
populaire et respectée, la famille im
périale est encore plus aimée dans ses
Etats patrimoniaux, et spécialement
dans la haute Autriche, en Tyrol et en
Styrie.
Les Tchèques jalousent les Hongrois
et aspirent à une Bohême demi-indé
pendante, gouvernée par ses natio
naux ; mais ils ne sont guère [plus
nombreux dans ce royaume que les
Allemands, moins désireux d'une in
dépendance régionale.
Les Magyars ont obtenu la restau»
ration du royaume de Saint-Etienne,
avec un gouvernement spécial, et la
division de l'empire en deux moitiés ;
beaucoup d'entre eux voudraient en
outre disposer de la diplomatie et de
l'armée; Ces Magyars sont superbes
de vigueur, de courage et dë patrio
tisme national ; mais les Slaves" de
Hongrie souffrent de leur orgueil, de
leur prépondérance, et si le souverain
n'intervenait pas, ils s'en affranchi
raient avec le concours des Rou
mains.
Les Galiciens s'estiment heureux
d'appartenir à l'Autriche, tandis jque
leurs frères polonais sont opprimés
en Prusse et cruellement persécutés en
Russie.
Les Croates et les Slovènes désirent
se confédérer avec les Bosniaques et
les Serbes, mais sous la domination de
l'empereur d'Autriche.
Dans l'armée autrichienne les na
tionalités, que le recrutement main
tient, s'effacent par la puissance supé
rieure de l'unanime fidélité au dra
peau.
Le bon sens, lg, foi, les mqsurs, le
bien-être de la grande majorité des
peuples autrichiens ont empêché
jusqu'à présent le socialisme de faire
parmi eux beaucoup de progrès.
Ainsi cet empire nécessaire est en
core solide, et il constitue une puis
sante force conservatrice et pacifique,
tendant à tempérer les ambitions de
yqisins conquérants et à combattre 1»
Révolution.
L'Autriche devint ma seconde patrie
pendant ma jeunesse ; j'en rapportai
de bons souvenirs ; j'y conservai de
précieuses amitiés. Je conseillais l'al
liance de cette puissance àNapoléon III
avant là guerre d'Italie, cause princi
pale de nos désastres ; je répète au
jourd'hui que c'est encore notre allian
ce naturelle, indispensable pour écar
ter les périls de l'avenir; et je compa
tis avec émotion aux douleurs de cette
auguste famille impériale,dont j'ai pu
apprécier les sentiments sympathiques
pour notre pays.
G. de la T our.
L'éternelle affaire Gilly a, hier en
core, émoustillé la Chambre. M. Salis,
qui est, de tous les hommes offensés
par le célèbre tonnelier, celui qui a
montré le'plus de colère et de résqlu-
tion et qui, depuis plusieurs mois,
cherche en vain à rejoindre l'accusa
teur devant les tribunaux, ou même
dans les couloirs parlementaires pour
lui donper des gifies, M. Salis a pti in
terpeller le ministre de la justice. Il a
encore fallu bien de la persévé
rance au député de l'Hérault pour
arriver à ce résultat j eau, pendant
quelque temps, ôn ne Savait plus s'il
y avait un ministre : M. Ferrouillat
était invisible; M. Guyot-Dessaigne,
invraisemblable. Enfin, ce dernier
étant passé à l'état de réalité tangi
ble, M. Salis a pu demander pourquoi
la cour de cassation a mis vingt jours
à rendre un arrêt de compétence, au
lieu du délai réglementaire de dix
jours. Voici quatre mois que M. Salis
poursuit le tonnelier. Celui-ci se dé
robe derrière les remparts de la pro
cédure, multipliant les défauts, les
appels, les pourvois, les incidents, et il
paralyse jusqu'à la cour suprême,'qui
ji' : a décidé qu'hier si c'est à Montpel
lier ou bien à Paris qu'on doit juger la
plainte de M. Salis. Est-il certain que,
sans la menace d'une interpellation,
cette décision préliminaire n'eût pas
été retardée davantage? Le contraire
est très probable. Aussi M. Salis a-t-il
pu légitimement protester contre les
lenteurs de la'justice, retenue par le
gouvernement : pendant c.e teqips, les
accusations lancées par M. Gilly con
tinuent leur chemin et se fortifient,
grâce au silence de l'autorité char
gée de les réprimer. M. Salis a
parlé sur un ton fort animé ; il a'
montré le personnel républicain en
butte aux soupçons les plu§ Qffenr
sanip; il $ rappelé les affiches qui,
le jour de la rentrée des Chambres,
criaient sur les murs, jusque sur le
pont de la Concorde et jusque sur le
Palais-Bourbon : — Â has les voleurs !
A bas les "VVilsons ! — il a fait allusion
à la rapidité avec laquelle la cour su
prême savait juger dans certains cas,
et notamment dans le cas des bons
péruviens (la fameuse affaire Dreyfus,
Grévy, guano, etc.); et M. Le Provost
de Launay, interrompant, a insisté en
disant : c'était le président de la Répu
blique qui la poussait. Enfin M. Salis
a iulminé contre le tonnelier-procé
durier, qu'il a traité de menteur et de
lâche. La gauche, bien que très en
nuyée de voir recommencer l'éternelle
histoire Gilly, s'est donné la conso
lation d'applaudir plusieurs fois fréné
tiquement.
On attendait avec curiosité les dé
buts de M. Guyot-Dessaigne, tout
trais encore de l'intronisation. Il est
aussi brillant comme garde des sceaux
que comme rapporteur de la loi mili
taire et, sans doute, comme magistrat
de l'empire. Il s'est livré à un calcul
détaillé pour expliquer que tous les
retards sont imputables à M. Gilly ; il
a fait savoir que décidément la plainte
de, M. Salis sera jugée par la cour
d'assises de Montpellier ; il a promis
en bredouillant d'être comme il a été
(sous l'empire — a dit quelqu'un à
droite) un magistrat intègre, et, après
avoir cherché vainement une pérorai
son, il est descendu de la tribune aù
milieu des ricanements de la droite.
La gauche' ne lui a pas accordé le
moindre applaudissement. Quant à M.
Floquet, qui s'était imaginé pouvoir
communiquer à l'homme choisi par
lui quelque chose du génie qu'il s'at
tribue, il faisait une grimace !
S'étant un peu soulagé, M. Salis a
déclaré retirer son interpellation. At
tendons les débats de Montpellier.
Le reste de la séance a été consacré
à voter définitivement la loi sur la na
turalisation, la loi sur les faillites, ces
deux lois revenues du Sénat. Après
un débat intéressant entre MM. Jac
ques Piou et Jules Roche, Iq. Chambre
a adopté une disposition concernant
les pensions civiles et tendant à corri
ger le système des mises à la retraite
obligatoires. On a commencé l'étude
de la proposition de M. Guyot (sup
pression des octrqis) ; M- Apnous a
prononcé un remarquable discours,
dans lequel il a combattu le système
proposé par M. Guyot pour reàiplacer
les octrois ; le système de la taxe di
recte, a dit l'honorable M. Arnous, or
ganise une procédure compliquée, qui
attribue en définitive « au chef de
« l'Etat la mission d'approuver ou de
« refuser les taxes municipales, et
« transporte dans le domaine du dé-
« cret ce qui est, ce qui doit rester le
« privilège exclusif des législateurs :
« l'assiette de l'impôt. » On* conti
nuera samedi.
E ugènes T avernisr.
La galère de M. Floquet est évidem
ment menacée de faire naufrage. M.
de Blowitz,du Times, l'abandonne tout
à fait. Le correspondant parisien du
Times prétend d'ailleurs savoir la rai
son pour laquelle M. Floquet a choisi
comme garde des sceaux un des
« Childebrands » de la majorité répu
blicaine. C'est qu'il a besoin d'un
garde des sceaux énergique pqur ré
primer vigoureusement lés menées
du h'oulangisme. Or, le soir de l'élec
tion du terrible général, au con
seil des ministres qui eut lieu à
l'Elysée, les velléités belliqueuses de
M. Eloquet soulevèrent des objections.
C'est alors qu'il comprit qu'il aurait be
soin d'un collègue énergique pour ter
rasser l'hydre houlangiste. Et il ^ensa
à M. Guyot-Dessaigne. Il va sans dire
que M'de Blowitz se moque de 1g. pré
tention qij'è M". Floquet ae ""^T^ener
et de comprimer le suffrage universel.
Et il annonce qu'à brève échéance le
cabinet Fipquet succombera devant
l'indignation universelle.
M. de Blowitz ne hasarde pas une
prédiction difficile.
A propos de l'ordre du jour du co
lonel Sénart, la Gazette de F Allemagne
du Nord publie ce qui suit dans sa re
vue de l'étranger :
On pourrait se passer de s'occuper de la
manière d'agir du colonel Senart. Cet offi
cier et ses supérieurs peuvent, si cela leur
plaît, introduire à l'avenir dans l'armée des
sources d'empoisonnement politique. Mais
la propagation des idées germanophobes,
dont la presse française se fait l'organe,,
dans l'armée, ne permet plus aucun doute
au sujet de l'esprit dans lequel cette presse
accomplit son office. Elle marche à la tôle
des pires agents provocateurs, et ne trom
pera plus personne à l'avenir avec ses pré
tendus sentiments pacifiques.
Il semble bien pourtant que ce n'est
pas la presse française qui a com
mencé.
D'après le Gaulais, le ministre de la
guerre aurait fait immédiatement
prescrire une enquête au général
commandant le 8' corps, qui, seul, a
le devoir d'apprécier Implication qui
doit être faite des règlements miliiai-
res aux officiers placés sous ses or
dres.
D'autre part, un rédacteur du XIX e
Siècle a eu la conversation suivante
avec le premier secrétaire de l'am
bassade d'Allemagne ;
— Vous me demandez, noua dit M. de
Schœn, pourquoi l'ambassade d'Allemagne
n'a pas accordé à M. le médecin-major
du 90® régiment le passeport qu'il récla
mait. Je n'éprouve aucun embarras à vous
répondre.
M. le docteur Eudes n'était pas en règle,
et nous nous sommes conformés simple
ment aux instructions que nous avons re
çues et qui réglementent les autorisations
de passeports.
La vérité, la voici; M. le docteur Eudes
s'est présenté au bureau les passeports et
a demandé un permis pour Strasbourg.
L'employé anquel il s'est adressé lui a in
diqué la marche à suivre.
Il l'a prié de demander d'abord aux auto
rités locales l'autorisation de séjour, cette
pièce étant indispensable pour l'obtention
du passeport.
M. le docteur Eudes a-t-il■ procédé de
cette manière et s'est il conformé aux règles
en vigueur ?
Nous l'ignorons, n'ayant à cet égard au
cun élément d'appréciation.
M. le médeçin-major revint le lendemain
au bureau de la chancellerie. Il s'est borné
à nous communiquer un télégramme que
son frère lui avait expédié, et dans lequel il
était informé que la police de Strasbourg
était favorable à sa demande.
Cette dépêche privée, dépourvue de tout
caractère officiel, n'avait aucune valeur au
point de vue des règlements que nous ob
servons. Ce n'était pas la pièce demandée,
qui devait nous couvrir et nous autoriser à
délivrer le passeport demandé.
L'ambassade n'a donc pas été avisée
par les autorités de Strasbourg. Elle n'a
donc pas joué le rôle qu'on lui prête, et qui
aurait consisté à opposer son véto à une
autorisation légale accordée par la police
strasbourgeoise à M. le médecin-major
du 98°.
M. de Schœn continue :
— On s'imagine généralement que l'am
bassade d'Allemagne statue sur les deman
des de passeport. Son intervention est ab
solument différente. Remarquez que nous
agissons dans des limites complètement
restreintes.
Nous n'avons pas à statuer, nous n'avons
pas à refuser ou à accorder de notre propre
initiative.
Nous sommes des agents d'exécution,
purement et simplement. •>.
Quand les autorités locales en Alsace^
Lorraine se montrent favorables, nous si
gnons et délivrons le passeport. Dans l'hy
pothèse contraire, nous sommes paralysés
et n'avons pas pouvoir de passer outre.
Encore une fois, nous ne décidons pas,
Nous sommes des intermédiaires vis-à-vis
du demandeur et des autorités locales en
Alsace-Lorraine.
Le service dtt bureau des • DasseDort s
n 1 • r i » v uclouv uu1 13
fonctionne régulièrement, ,
Croyez q Ue de Munster ainsi
que les secrétaires demeurent étrangers à
ce service, confié à des subalternes.
Il est probable que les choses en res
teront là.
Divers journaux italiens publient
une circulaire de M. Fazzari, adressée
aux évêques italiens, qui justifie am
plement les remarques dont nous
avons dû accompagner la dernière
manifestation de M. Fazzari.
En effet,dans cette lettre-circulaire,
M. Fazzari demande aux évêques leur
concours afin qu'ils lui désignent les
noms des candidats qui leur paraî
traient les plus propres à soutenir dans
la Chambre italienne le programme
conciliateur dont il se fait l'apôtre,
mais sur lequel il n'a pas encore voulu
nettement s'expliquer.
Ce concours est demandé par M,
Fazzari en vue d'une campagne élec
torale que §9 propose de mener, sur le
terrain politique, un comité central
qui serait établi â Rome dans ce but,
Or, oh n'ignore pas que le Pape,
tout récemment, a de nouveau déolaré
qu'il ft'était pas permis aux catholi
ques italiens de prendre part aux élec
tions politiques. On voit, par suite!
quel cas fait M. Fazzari des reèomm^n^
dations de Sa Sainteté,
Nous reproduirons demain la circu--
Iaire de M, Fa^ârL
La gratuité scolaire
Ils y viendront tous !
On se rappelle que M. Sarcey, au
trefois l'un des apologistes les plus_ar
dents de toutes les réformes scolaires
dues à l'initiative de M. Ferry, est, de
puis trois ou quatre années, bien re
venu de son admiration bruyante,.
Comme il n'a point l'habitude oachot-
tière de garder pour lui ses impres
sions,il a fait connaître à ses lecteurs,
au jour le jour, les phases de son re
virement. Il a, d'abord, insinué que la
gratuité scolaire ne lui paraissait point
une mesure à l'abri de toute critique ;
il a, ensuite, murmuré qu'elle pour^
rait bien n'être qu'une sottise; il a, en
fin, carrément écrit : La gratuilé -scD-
laire est une sottise ! Et, maintenant
si on le pressait un peu, on ^TÇii bién
des chances de lui faire avouer que
l'obligation n'est pas, non plus, de ces-
réformes qu'il faut admirer avec, un
enthousiasme s&ns réserves,
l j6 Temps, vient à son tour, et dit :
Parce que la loi rendait l'instruction pri
maire obligatoire, s'ensuivait-il qu'elle de
vait en même temps la rendre gratuite ?
Si j'en juge par ce que, j'entends autour de
moi et par les communications que j'ai re
çues, le nombre des personnes qui en sont
persuadées a, bien diminué depuis dix ans.'
L'expérience désenchante les observateurs-.
Pour mon compte, je suis eanvainr- 1 ! q ue la
gratuité n'est "point une dé ces matières
qui ss règlent par dés lois générales, que là
encore l'Eiat s'est mêlé de coquine re
garde que les oamraunes, et qu'à vouloir
soumettre le régime de toutes les écoles
Indistinctement à cetto uniformité qui est
le propre de se3 décisions, il a fait plus 'de
mal qqe de bien à l'enseignement,
La République française occupant la
place, le Temps n'est pas le plus fer-!
ryst'e des journaux ; mais c'est la seule
raison. Et voilà comme il parle d'une
des trois principales réformes du grand,
ministre de l'instruction publique sous
le régime actuel ! N'est-ce pas la con
damnation absolue de cette gratuité
scolaire, jadis accueillie par tous les
républicains, sans distinction de nu an-*
ces, avec quel enthousiasme, on ne l'a
point oublié?
M. Paul Bourde, le rédacteur du.
Temps, ne s'ârrête pas, — est-il besoin
de le dire ? — après avoir formulé sa
condamnation. Il en donne les motifs,
et l'on va voir qu'ils sont sérieux. Plût
au Ciel que les arrêts de notre magis-j
trature fussent toujours aussi forte
ment motivés! Sous M. Guyot-Dessai-*
gne, on y arrivera peut-être.
D'abord, M. Paul Bourde sa deman-"
de sur quelles raisons a bien pu sap-
puyer le législateur, pour établir la
gratuité scolaire. 11 se répond qu'il
n'en voit que deux, et, en effet, même
après les plus longues et conscien
cieuses recherches et réflexions, il luï
serait impossible d'en découvrir une
troisième, à moins d'admettre que M.
Ferry et ses complices aient poursuivi
surtout la ruine des écoles congréga-
nistes, et, sans doute, il n'admet pas
cette vérité. Donc, deux raisons: Pre
mièrement, le législateur a voulu ôter
« aux parents tout motif de ne pas en
voyer leurs enfants à l'école ». Secon-i
dement, le législateur a voulu suppri
mer « des distinctions blessantes pour
l'égalité, entre les enfants qui payaient
la rétribution scolaire et les enfants
qui ne la payaient point »\ Voilà les
deux raisons.
Eh bien, le législateur a-t-il réussi?
Toute la question est là.
Le Temps s'inquiète fort peu de sa
voir si la gratuité scolaire, qui, en.
somme, s'est traduite par une aug
mentation de charges pour lé pauvre,
est juste ou non. Il ne serait plus la
Temps s'il s'inquiétait de ces détails.
Le législateur visait un but. Ce bat
l'a4-il atteint? La gratuité scolaire
a-t-elle servi l'obligation, a-t-elle sup
primé, en tre les enfants, ces. distinc
tions blessantes ? Il ne s'agit point
d'autre chose.
Or, la gratuité scolaire n'a aucune
ment supprimé les distinctions,n'a au
cunement servi l'obligation ; le légis
lateur n'a pas réussi. Donc, la gratuité
scolaire pe vaut rien.
La loi sur l'obligation, M. Paul
Bourde le constate, « est à'peu près
inappliquée ». Cela ne l'étonné point,
du reste ; c'est le contraire qui l'éton*
nerait plutôt. En effet, ajoute-t-il ;
Une commission scolaire devr-iit en assu
rer l'exécution dans chaque commune •
mais la plupart de ces commissions ne fonc
tionnent point ; et, tant que l'enseignement
primaire sera complètement soustrait à
l'action des communes/ il est à prévoir
qu'elles ne fonctionneront point. L'Etat
commence par déclarer que renseignement
est son affaire à lui, que lui seul a le droit
de s'en occuper; mais, s'aperoevant qu'il no
peut suffire à tout, il se tourne cependant
vers les communes pour leur dire ; Je ne
puis entretenir trente-six mille agents spé-.
eiaux pour surveiller la fréquentation sco
laire chez vous; voulez-vous vous charger
de cette besogne de police ? Défense aux
commissions seolaires de s'immiscer en
quoi que ce sait dans l'appréciation des.
matières de l'enseignement.; défense àa
contrôler en quoi que ce soit ni les écoles
ni les maîtres ; défense lûême d'entrer
dans les écoles ; mais lYies se chargeront da
faire punir les patents négligents. En d'au
tres termes, l'Etat demande à de paisibles
citoyens de s'exposer aux rancunes de leurs
compatriotes pour une œuvre à laquelle il
ne les intéresse en rien, pour une éûole où
il leur est interdit tout d'abord de mettre
les pieds. Naturellement les paisibles ci
toyens restent chez eux.
CJ'est d'ailleurs facile à démontrer.
Il suffit d'ouvrir les rapports des ins
pecteurs d'académie. Ces rapports
« sont unanimes sur l'inapplication de
la loi ». M. Bourde le dit, et le prouve
en citant au hasard les passsages, pris
« entre cent », que voici. :
Manche. « Indifférence à peu près com
plète de presque toutes les commissions v
scolaires. »
Seine-et-Oise. « Sur 688 commissions
scolaires, 392 ne se sont jamais réunies. »
Alpes-Maritimes, « Les commissions
scolaires ne font rien en vue d'assurer l'exé»
cution de la loi sur l'obligation. »
Yonne. « Les commissions scolaires ne
fonctionnent pas, on ne fonctionnent qu'ex
ceptionnellement. »
Savoie. « La loi sar l'obligation reste à
1 éta,t de lettre morte. »
Ariège. « La, loi du 28 mars 1882 n'a
jamais éi,£ appliquée dans l'Ariège. »
oasses-Pyrénées. « Les commissions sco
laires ne se réunissent pas, encore moins
sévissent-elles contre les pères de famille
coupables de négligence ou de mauvaise
volonté. »
Haute-Marne. « La loi reste lettre morte*
les commissions scolaires qui ol \» pour mis
sion de l'appliquer se dérobent à ce devoir.
On craint de mécontenter un parent, un
électeur, un ami. >}
Vienne. « Gr* ne veut pas so faire d'en
nemis en recherchant les enfants qui ne
fréquentent pas l'école. »
Jlaute$-Alpes, * La crainte de compro
mettre leur popularité empêche les commis
sions u'ogir. »
Bref, M. Paul, Bourde n'a trouvé,
sur quatre-vingt-six, « que deux dé
partements où les inspecteurs ne se
plaignent point de l'irrégularité de la
fréquentation scolaire ». Et il ajoute
— notez bien ceci, — qu 'il ne faut
pas se fier aux statistiques officielles.
A preuve, cette phraso d'iïn rapport
de l'inspecteur d'académie de la Vien
ne ; « Je me suis assuré que trop sou-
N* 7713 — Edition quotidienne
Samedi 9 Février 4889
wmtmt
gMapauBse
ïdition quotidienne
édition semi-quotidienne
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PARIS
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UN NUMÉRO | Départements. 20 —
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C ic , 6, place de la Bourse
SRBBI
FRANCE
PARIS, 8 FEVRIER 1889
L'interpellation de M. Salis, immé
diatement retirée, a fourni au nou
veau garde des sceaux l'occasion de
faire son début à la tribune; cela n'a
pas été brillant. M. Salis s'est déclaré
satisfait, à cause de la décision de la
cour de cassation qui renvoie M. Numa
Gilly devant la cour d'assises de l'Hé
rault et de la promesse de M. Guyot-
Dessaigne que l'affaire marcherait
vite.
On a ensuite, à la Chambre, voté en
première lecture la proposition de M.
Piou, relative aux pensions civiles,
voté d'urgence la loi sur les faillites,
retour du Sénat, et commencé la dis
cussion de la proposition de M. Yves
Guyot supprimant les octrois; M. Ar-
nous a pris la parole.
Au Sénat, les séances sonUoujours
absolument dénuées d'intérêt ; hier,
on a voté des projets de loi d'intérêt
local, et en seconde, lecture la loi
abrogeant les dispositions relatives
aux livrets d'ouvriers.
Séance lundi.
C'est aujourd'hui que M. Floquet doit
. avoir son entrevue avec la commission
du scrutin uninominal; on pense que
l'accord se fera sans difficulté. Le rap
port serait fait rapidement et déposé
soit lundi, soit même demain. Alors se
poserait la question de priorité entre
le scrutin uninominal et la revision;
il pourrait y avoir du tirage, les oppor
tunistes voulant le scrutin uninomi
nal et repoussant absolument toute
revision, tandis que les radicaux vou
draient au moins un semblant de re
vision pour donner une apparente
satisfaction à leurs électeurs, auxquel
les ils ont fait de si belles promesses.
Le bruit court que le général Beu-
laflger reviendrait à la Chambre pour
déposer une nouvelle demande de revi
sion par une Constituante.
On annonce définitivement pour
demain le dépôt, par M. Peytral, du
budget de 1890. Cette hâte s'explique,
du moment que la Chambre sera saisie
du budget, il sera plus difficile de lui
demander de se dissoudre. Les députés
qui veulent rester — et c'est le grand
nombre, car on est rarement sûr de
~ revenir -^auront une raison à donner
à ceux qui voudraient les voir partir;
ils ne se borneront pas à répéter avec
•la Jeune Captive de Chéuiêr ;
Je ne veux pas mourir encofo'.
Ils montreront les contribuables im
patients de les voir voter le chef-d'œu
vre financier de M. le pharmacien
Peytral.
Nous avons déjà parlé de la misère
en Italie ; ce pays traverse une terri
ble crise économique dont la politique
aventureuse de M. Crispi n'est pas
pour diminuer l'intensité. On trouvera
plus loin une intéressante et navrante
communication que nous recevons à
ce sujet.
Une collision assez grave yiept d'a
voir lieu £ans le Hainant entre la
fores armée et des ouvriers ; sans
doute cela n'ira pas plus loin pour le
moment; mais des faits sem&lables;
surtout lorsqu'ils se renouvellent sou
vent, sont l'indice d'une situation
jnauvaise, à laquelle on ne remédiera
pas avec des agents de police et des
gendarmes. Le mal est profond et ré
clame d'autres remèdes, en Belgique
comme en France, comme presque
partout en Europe,
Le télégraphe nous signale des ar
restations en Bulgarie, qui paraissent
être la suite de la lutte engagée par le
haut clergé schismatique contre le
ijrince Ferdinand. Il reste à savoir si
a population est derrière le haut
clergé; cela est affirmé ou nié, suivant
les endroits d'où - proviennent les dé
pêches.
Les officieux allemands témoignent
un certain mécontentement à propog
d'une motion de M. de Windthorst re
lative à la liberté religieuse dans les
pays de protectorat. L'orateur catholi
que viserait à assurer aux ordres reli
gieux, sans en excepter ceux qui sont
encore exclus de l'empire d'Allema
gne, la pleine liberté de leur propa :
gande en Afrique ; il viserait égale
ment la suppression de l'esclavage. Le
mécontentement mal dissimulé des
journaux officieux indiquerait qu'à
Berlin on se préoccupe beaucoup de
l'agrandissement colonial de l'Alle
magne, et fort peu de la question reli
gieuse et sociale. Ce n'est pas pour
surprendre.
JU'Autriche
L'empire autrichien est en deuil;
ses 40 millions d'habitants ont été at
teints au cœur; mais ces fidèles sujets
ont crié :«Le prince impérial est mort,
vive le prince impérial ! » et ils ont
ainsi prêté un germent de fidélité à
l 'héritier du trône.
Le lien qui unit toutes ces nations
à la famille impériale s'est resserré
dans le malheur. Elle s'est toujours
dévouée à ses peuples, et leur com
mune patrie austro-hongroise n'existe
que par elle ; si cette paternelle auto
rité disparaissait, l'empire se dissou
drait; Allemands, Slaves, Magyars,
Roumains, les peuples céderaient aux
aspirations et aux compétitions de
leurs races, le grand Etat se dé
composerait en fractions livrées à
des guerres intestines jusqu'à leur
absorption par les puissances voi
sines. Il n'y aurait plus d'équilibre en
Europe ; la Suède, le Danemàrck, la
Hollande, la Belgique, la Suisse ne
conserveraient pas longtemps leur in
dépendance et subiraient la loi du plus
fort. La France s'amoindrirait auprès
de l'Allemagne démesurément agran
die, et l'Angleterre elle-même perdrait
la suprématie maritime, garantie de
sa richesse et de sa sécurité.
Ainsi la liberté et le droit de plu
sieurs nations reposent sur la maison
d'Autriche et dépendent de l'affection
des peuples autrichiens pour elle. Une
république, unitaire ou fédérative, ne
pourrait pas s'établir dans ces pays ;
ses populations ne peuvent s'unir que
sous un souverain aimé et respecté,
dont la famille a acquis des droits sé
culaires à la reconnaissances des di
verses nationalités de l'empire.
On objectera peut-être le souvenir
des insurrections de 1848* et de la ré
volte des Magyars ; mais ce fut un
fait exceptionnel, unique dans une pé
riode de deux siècles. Une tempête de
folie révolutionnaire passait alors sur
presque toute l'Europe; le bon et timi
de empereur Ferdinand s'inclina dès
le premier souffle; l'armée et la majo
rité des nations soutinrent la monar
chie défaillante ; depuis cette époque,
la fidélité des peuples ne s'est pas dé
mentie dans les épreuves et les revers;
François-Joseph est bien maître de
ses États, disposant d'une puissante
armée, libre de négocier et d'agir, de
maintenir la-paix ou de déclarer la
guerre.
On se demande si le malheur qui a
frappé si cruellement l'empereur mo
difiera dans l'avenir la politique de
l'Autriche.
Ce n'est pas probable; la direction
supérieure ne changera pas, parce
que, dans la maison de Lorraine, la
tradition adoptée consiste à gouverner
toujours selon l'intérêt de la patrie,
en sacrifiant les sympathies person
nelles et domptant les antipathies in
dividuelles.
Les sympathies personnelles des des
cendants du glorieux Charles V de
Lorraine sont françaises ; pour le re
connaître, il suffit de considérer le
choix dps éducateurs de leurs fils ; ces
princes sont justement fiers de leur
origine et de l'illustration de ljeu?? ca
tholique maison demi-française, qui
T^monte aux temps carlovingiens ; ils
ne gardent p* 3 rancune de l'hostilité
manifestée par la plupart de nos sou
verains contre l'Autriche ; mais ils sont
avant tout Gonseryateurs et monar
chistes, avant tout opposés aux mou
vements révolutionnaires. Notre répu->
blique tournant à gauche les a forcé
ment engagés dans l'alliance prus
sienne.
La politique traditionnelle du cabi->
net de Vienne est loyale, conserva
trice et pacifique ; ses diplomates se
distinguent souvent par leur réserve,
i$$is ne trompent pas par le men
songe et la ruse. L'Autriche n'est pas
conquérante,"'elle cherche surtqut à
conserver ce que les mariages et les
traités lui ont acquis. Le gouverne
ment ménage les. finances, les res
sources et le sang des sujets. L'écono
mie s'étend, même actuellement, aux
dépenses militaires; tout en accrois
sant l'effectif disponible de l'armée, on
1§, maintient relativement moins nom
breuse sur le pied de paix.
ka triple alliance est acceptée en
Autriche ôomme une nécessité de si
tuation, déterminée par l'appréhen
sion d'urçe agressif révolutionnaire
de la France et d'un mouvement russe
0t p&nslaviste vers Gonstàntinople;
on se résigna & çette alliance, faute
d'un mieux désiré.
Si la France restaurait la monarchie,
son représentant trouverait à Vienne
un accueil cordial, empressé, et par ce
fait la triple alliance serait dissoute.
[./Autriche, cependant, ne romprait
pas avea l'Allemagne, mais nous ga
gnerions à Vienne des amis disposés à
garantir notre territoire et à relever
notre crédit. Si la Russie cessait de
menacer Gonstàntinople, un rappro
chement sincère s'effectuerait de même
entre leg cabinets de Vienne et de
Saint-Pétersbourg.
Cette politique conservatrice et pa
cifique n'est pas particulière à Fran
çois-Joseph; elle eût été suivie par
l'archiduc Rodolphe, elle sera prati
quée par l'archiduc François, que l'on
dit doué de qualités solides.
Dans la maison de Lorraine, les
prixices cherchent moins à briller qu'à
servir; très instruits, excellents offi
ciers, administrateurs laborieux, ils se
complaisent dans la simplicité et se
retranchent dans la modestie. Le mal
heureux et charmant Maxirrjilien était
modeste jusqu'à la timidité et ne dé
ployait son brillant esprit que dans
les conversations intime?,
Actuellement notre république n&
perd ni ne gagne à la mort de l'archi
duc Rodolphe ; elle ne peut attendre
4e l'Autriche cjue des relations conve
nables, la surveillance et la justice,
quelles que soient les sympathies des
princes et des peuples autrichiens pour
notre pays.
Ces peuples, comme leurs princes,'
s'allieraient plutôt volontiers à la
France qu'à la Prusse, si les circon
stances permettaient ce revirement.
Les caractères des Prussiens du
Nord et des Allemands autrichiens
différent étonnamment ; ils parlent la
même langue, et cependant il y a
entre eux autant de divergences et
d'antipathies qu'entre les Espagnols
et les Portugais. Le Prussien possède
beaucoup de valeur intellectuelle,
mais peu de qualités aimables ; l'Au
trichien se distingue surtoutpar l'amé
nité et la cordialité. La presse libérâ-
tre juive ne fera jamais prévaloir en
Autriche le pangermanisme prussien;
l'esprit national s'y oppose. Partout
populaire et respectée, la famille im
périale est encore plus aimée dans ses
Etats patrimoniaux, et spécialement
dans la haute Autriche, en Tyrol et en
Styrie.
Les Tchèques jalousent les Hongrois
et aspirent à une Bohême demi-indé
pendante, gouvernée par ses natio
naux ; mais ils ne sont guère [plus
nombreux dans ce royaume que les
Allemands, moins désireux d'une in
dépendance régionale.
Les Magyars ont obtenu la restau»
ration du royaume de Saint-Etienne,
avec un gouvernement spécial, et la
division de l'empire en deux moitiés ;
beaucoup d'entre eux voudraient en
outre disposer de la diplomatie et de
l'armée; Ces Magyars sont superbes
de vigueur, de courage et dë patrio
tisme national ; mais les Slaves" de
Hongrie souffrent de leur orgueil, de
leur prépondérance, et si le souverain
n'intervenait pas, ils s'en affranchi
raient avec le concours des Rou
mains.
Les Galiciens s'estiment heureux
d'appartenir à l'Autriche, tandis jque
leurs frères polonais sont opprimés
en Prusse et cruellement persécutés en
Russie.
Les Croates et les Slovènes désirent
se confédérer avec les Bosniaques et
les Serbes, mais sous la domination de
l'empereur d'Autriche.
Dans l'armée autrichienne les na
tionalités, que le recrutement main
tient, s'effacent par la puissance supé
rieure de l'unanime fidélité au dra
peau.
Le bon sens, lg, foi, les mqsurs, le
bien-être de la grande majorité des
peuples autrichiens ont empêché
jusqu'à présent le socialisme de faire
parmi eux beaucoup de progrès.
Ainsi cet empire nécessaire est en
core solide, et il constitue une puis
sante force conservatrice et pacifique,
tendant à tempérer les ambitions de
yqisins conquérants et à combattre 1»
Révolution.
L'Autriche devint ma seconde patrie
pendant ma jeunesse ; j'en rapportai
de bons souvenirs ; j'y conservai de
précieuses amitiés. Je conseillais l'al
liance de cette puissance àNapoléon III
avant là guerre d'Italie, cause princi
pale de nos désastres ; je répète au
jourd'hui que c'est encore notre allian
ce naturelle, indispensable pour écar
ter les périls de l'avenir; et je compa
tis avec émotion aux douleurs de cette
auguste famille impériale,dont j'ai pu
apprécier les sentiments sympathiques
pour notre pays.
G. de la T our.
L'éternelle affaire Gilly a, hier en
core, émoustillé la Chambre. M. Salis,
qui est, de tous les hommes offensés
par le célèbre tonnelier, celui qui a
montré le'plus de colère et de résqlu-
tion et qui, depuis plusieurs mois,
cherche en vain à rejoindre l'accusa
teur devant les tribunaux, ou même
dans les couloirs parlementaires pour
lui donper des gifies, M. Salis a pti in
terpeller le ministre de la justice. Il a
encore fallu bien de la persévé
rance au député de l'Hérault pour
arriver à ce résultat j eau, pendant
quelque temps, ôn ne Savait plus s'il
y avait un ministre : M. Ferrouillat
était invisible; M. Guyot-Dessaigne,
invraisemblable. Enfin, ce dernier
étant passé à l'état de réalité tangi
ble, M. Salis a pu demander pourquoi
la cour de cassation a mis vingt jours
à rendre un arrêt de compétence, au
lieu du délai réglementaire de dix
jours. Voici quatre mois que M. Salis
poursuit le tonnelier. Celui-ci se dé
robe derrière les remparts de la pro
cédure, multipliant les défauts, les
appels, les pourvois, les incidents, et il
paralyse jusqu'à la cour suprême,'qui
ji' : a décidé qu'hier si c'est à Montpel
lier ou bien à Paris qu'on doit juger la
plainte de M. Salis. Est-il certain que,
sans la menace d'une interpellation,
cette décision préliminaire n'eût pas
été retardée davantage? Le contraire
est très probable. Aussi M. Salis a-t-il
pu légitimement protester contre les
lenteurs de la'justice, retenue par le
gouvernement : pendant c.e teqips, les
accusations lancées par M. Gilly con
tinuent leur chemin et se fortifient,
grâce au silence de l'autorité char
gée de les réprimer. M. Salis a
parlé sur un ton fort animé ; il a'
montré le personnel républicain en
butte aux soupçons les plu§ Qffenr
sanip; il $ rappelé les affiches qui,
le jour de la rentrée des Chambres,
criaient sur les murs, jusque sur le
pont de la Concorde et jusque sur le
Palais-Bourbon : — Â has les voleurs !
A bas les "VVilsons ! — il a fait allusion
à la rapidité avec laquelle la cour su
prême savait juger dans certains cas,
et notamment dans le cas des bons
péruviens (la fameuse affaire Dreyfus,
Grévy, guano, etc.); et M. Le Provost
de Launay, interrompant, a insisté en
disant : c'était le président de la Répu
blique qui la poussait. Enfin M. Salis
a iulminé contre le tonnelier-procé
durier, qu'il a traité de menteur et de
lâche. La gauche, bien que très en
nuyée de voir recommencer l'éternelle
histoire Gilly, s'est donné la conso
lation d'applaudir plusieurs fois fréné
tiquement.
On attendait avec curiosité les dé
buts de M. Guyot-Dessaigne, tout
trais encore de l'intronisation. Il est
aussi brillant comme garde des sceaux
que comme rapporteur de la loi mili
taire et, sans doute, comme magistrat
de l'empire. Il s'est livré à un calcul
détaillé pour expliquer que tous les
retards sont imputables à M. Gilly ; il
a fait savoir que décidément la plainte
de, M. Salis sera jugée par la cour
d'assises de Montpellier ; il a promis
en bredouillant d'être comme il a été
(sous l'empire — a dit quelqu'un à
droite) un magistrat intègre, et, après
avoir cherché vainement une pérorai
son, il est descendu de la tribune aù
milieu des ricanements de la droite.
La gauche' ne lui a pas accordé le
moindre applaudissement. Quant à M.
Floquet, qui s'était imaginé pouvoir
communiquer à l'homme choisi par
lui quelque chose du génie qu'il s'at
tribue, il faisait une grimace !
S'étant un peu soulagé, M. Salis a
déclaré retirer son interpellation. At
tendons les débats de Montpellier.
Le reste de la séance a été consacré
à voter définitivement la loi sur la na
turalisation, la loi sur les faillites, ces
deux lois revenues du Sénat. Après
un débat intéressant entre MM. Jac
ques Piou et Jules Roche, Iq. Chambre
a adopté une disposition concernant
les pensions civiles et tendant à corri
ger le système des mises à la retraite
obligatoires. On a commencé l'étude
de la proposition de M. Guyot (sup
pression des octrqis) ; M- Apnous a
prononcé un remarquable discours,
dans lequel il a combattu le système
proposé par M. Guyot pour reàiplacer
les octrois ; le système de la taxe di
recte, a dit l'honorable M. Arnous, or
ganise une procédure compliquée, qui
attribue en définitive « au chef de
« l'Etat la mission d'approuver ou de
« refuser les taxes municipales, et
« transporte dans le domaine du dé-
« cret ce qui est, ce qui doit rester le
« privilège exclusif des législateurs :
« l'assiette de l'impôt. » On* conti
nuera samedi.
E ugènes T avernisr.
La galère de M. Floquet est évidem
ment menacée de faire naufrage. M.
de Blowitz,du Times, l'abandonne tout
à fait. Le correspondant parisien du
Times prétend d'ailleurs savoir la rai
son pour laquelle M. Floquet a choisi
comme garde des sceaux un des
« Childebrands » de la majorité répu
blicaine. C'est qu'il a besoin d'un
garde des sceaux énergique pqur ré
primer vigoureusement lés menées
du h'oulangisme. Or, le soir de l'élec
tion du terrible général, au con
seil des ministres qui eut lieu à
l'Elysée, les velléités belliqueuses de
M. Eloquet soulevèrent des objections.
C'est alors qu'il comprit qu'il aurait be
soin d'un collègue énergique pour ter
rasser l'hydre houlangiste. Et il ^ensa
à M. Guyot-Dessaigne. Il va sans dire
que M'de Blowitz se moque de 1g. pré
tention qij'è M". Floquet ae ""^T^ener
et de comprimer le suffrage universel.
Et il annonce qu'à brève échéance le
cabinet Fipquet succombera devant
l'indignation universelle.
M. de Blowitz ne hasarde pas une
prédiction difficile.
A propos de l'ordre du jour du co
lonel Sénart, la Gazette de F Allemagne
du Nord publie ce qui suit dans sa re
vue de l'étranger :
On pourrait se passer de s'occuper de la
manière d'agir du colonel Senart. Cet offi
cier et ses supérieurs peuvent, si cela leur
plaît, introduire à l'avenir dans l'armée des
sources d'empoisonnement politique. Mais
la propagation des idées germanophobes,
dont la presse française se fait l'organe,,
dans l'armée, ne permet plus aucun doute
au sujet de l'esprit dans lequel cette presse
accomplit son office. Elle marche à la tôle
des pires agents provocateurs, et ne trom
pera plus personne à l'avenir avec ses pré
tendus sentiments pacifiques.
Il semble bien pourtant que ce n'est
pas la presse française qui a com
mencé.
D'après le Gaulais, le ministre de la
guerre aurait fait immédiatement
prescrire une enquête au général
commandant le 8' corps, qui, seul, a
le devoir d'apprécier Implication qui
doit être faite des règlements miliiai-
res aux officiers placés sous ses or
dres.
D'autre part, un rédacteur du XIX e
Siècle a eu la conversation suivante
avec le premier secrétaire de l'am
bassade d'Allemagne ;
— Vous me demandez, noua dit M. de
Schœn, pourquoi l'ambassade d'Allemagne
n'a pas accordé à M. le médecin-major
du 90® régiment le passeport qu'il récla
mait. Je n'éprouve aucun embarras à vous
répondre.
M. le docteur Eudes n'était pas en règle,
et nous nous sommes conformés simple
ment aux instructions que nous avons re
çues et qui réglementent les autorisations
de passeports.
La vérité, la voici; M. le docteur Eudes
s'est présenté au bureau les passeports et
a demandé un permis pour Strasbourg.
L'employé anquel il s'est adressé lui a in
diqué la marche à suivre.
Il l'a prié de demander d'abord aux auto
rités locales l'autorisation de séjour, cette
pièce étant indispensable pour l'obtention
du passeport.
M. le docteur Eudes a-t-il■ procédé de
cette manière et s'est il conformé aux règles
en vigueur ?
Nous l'ignorons, n'ayant à cet égard au
cun élément d'appréciation.
M. le médeçin-major revint le lendemain
au bureau de la chancellerie. Il s'est borné
à nous communiquer un télégramme que
son frère lui avait expédié, et dans lequel il
était informé que la police de Strasbourg
était favorable à sa demande.
Cette dépêche privée, dépourvue de tout
caractère officiel, n'avait aucune valeur au
point de vue des règlements que nous ob
servons. Ce n'était pas la pièce demandée,
qui devait nous couvrir et nous autoriser à
délivrer le passeport demandé.
L'ambassade n'a donc pas été avisée
par les autorités de Strasbourg. Elle n'a
donc pas joué le rôle qu'on lui prête, et qui
aurait consisté à opposer son véto à une
autorisation légale accordée par la police
strasbourgeoise à M. le médecin-major
du 98°.
M. de Schœn continue :
— On s'imagine généralement que l'am
bassade d'Allemagne statue sur les deman
des de passeport. Son intervention est ab
solument différente. Remarquez que nous
agissons dans des limites complètement
restreintes.
Nous n'avons pas à statuer, nous n'avons
pas à refuser ou à accorder de notre propre
initiative.
Nous sommes des agents d'exécution,
purement et simplement. •>.
Quand les autorités locales en Alsace^
Lorraine se montrent favorables, nous si
gnons et délivrons le passeport. Dans l'hy
pothèse contraire, nous sommes paralysés
et n'avons pas pouvoir de passer outre.
Encore une fois, nous ne décidons pas,
Nous sommes des intermédiaires vis-à-vis
du demandeur et des autorités locales en
Alsace-Lorraine.
Le service dtt bureau des • DasseDort s
n 1 • r i » v uclouv uu1 13
fonctionne régulièrement, ,
Croyez q Ue de Munster ainsi
que les secrétaires demeurent étrangers à
ce service, confié à des subalternes.
Il est probable que les choses en res
teront là.
Divers journaux italiens publient
une circulaire de M. Fazzari, adressée
aux évêques italiens, qui justifie am
plement les remarques dont nous
avons dû accompagner la dernière
manifestation de M. Fazzari.
En effet,dans cette lettre-circulaire,
M. Fazzari demande aux évêques leur
concours afin qu'ils lui désignent les
noms des candidats qui leur paraî
traient les plus propres à soutenir dans
la Chambre italienne le programme
conciliateur dont il se fait l'apôtre,
mais sur lequel il n'a pas encore voulu
nettement s'expliquer.
Ce concours est demandé par M,
Fazzari en vue d'une campagne élec
torale que §9 propose de mener, sur le
terrain politique, un comité central
qui serait établi â Rome dans ce but,
Or, oh n'ignore pas que le Pape,
tout récemment, a de nouveau déolaré
qu'il ft'était pas permis aux catholi
ques italiens de prendre part aux élec
tions politiques. On voit, par suite!
quel cas fait M. Fazzari des reèomm^n^
dations de Sa Sainteté,
Nous reproduirons demain la circu--
Iaire de M, Fa^ârL
La gratuité scolaire
Ils y viendront tous !
On se rappelle que M. Sarcey, au
trefois l'un des apologistes les plus_ar
dents de toutes les réformes scolaires
dues à l'initiative de M. Ferry, est, de
puis trois ou quatre années, bien re
venu de son admiration bruyante,.
Comme il n'a point l'habitude oachot-
tière de garder pour lui ses impres
sions,il a fait connaître à ses lecteurs,
au jour le jour, les phases de son re
virement. Il a, d'abord, insinué que la
gratuité scolaire ne lui paraissait point
une mesure à l'abri de toute critique ;
il a, ensuite, murmuré qu'elle pour^
rait bien n'être qu'une sottise; il a, en
fin, carrément écrit : La gratuilé -scD-
laire est une sottise ! Et, maintenant
si on le pressait un peu, on ^TÇii bién
des chances de lui faire avouer que
l'obligation n'est pas, non plus, de ces-
réformes qu'il faut admirer avec, un
enthousiasme s&ns réserves,
l j6 Temps, vient à son tour, et dit :
Parce que la loi rendait l'instruction pri
maire obligatoire, s'ensuivait-il qu'elle de
vait en même temps la rendre gratuite ?
Si j'en juge par ce que, j'entends autour de
moi et par les communications que j'ai re
çues, le nombre des personnes qui en sont
persuadées a, bien diminué depuis dix ans.'
L'expérience désenchante les observateurs-.
Pour mon compte, je suis eanvainr- 1 ! q ue la
gratuité n'est "point une dé ces matières
qui ss règlent par dés lois générales, que là
encore l'Eiat s'est mêlé de coquine re
garde que les oamraunes, et qu'à vouloir
soumettre le régime de toutes les écoles
Indistinctement à cetto uniformité qui est
le propre de se3 décisions, il a fait plus 'de
mal qqe de bien à l'enseignement,
La République française occupant la
place, le Temps n'est pas le plus fer-!
ryst'e des journaux ; mais c'est la seule
raison. Et voilà comme il parle d'une
des trois principales réformes du grand,
ministre de l'instruction publique sous
le régime actuel ! N'est-ce pas la con
damnation absolue de cette gratuité
scolaire, jadis accueillie par tous les
républicains, sans distinction de nu an-*
ces, avec quel enthousiasme, on ne l'a
point oublié?
M. Paul Bourde, le rédacteur du.
Temps, ne s'ârrête pas, — est-il besoin
de le dire ? — après avoir formulé sa
condamnation. Il en donne les motifs,
et l'on va voir qu'ils sont sérieux. Plût
au Ciel que les arrêts de notre magis-j
trature fussent toujours aussi forte
ment motivés! Sous M. Guyot-Dessai-*
gne, on y arrivera peut-être.
D'abord, M. Paul Bourde sa deman-"
de sur quelles raisons a bien pu sap-
puyer le législateur, pour établir la
gratuité scolaire. 11 se répond qu'il
n'en voit que deux, et, en effet, même
après les plus longues et conscien
cieuses recherches et réflexions, il luï
serait impossible d'en découvrir une
troisième, à moins d'admettre que M.
Ferry et ses complices aient poursuivi
surtout la ruine des écoles congréga-
nistes, et, sans doute, il n'admet pas
cette vérité. Donc, deux raisons: Pre
mièrement, le législateur a voulu ôter
« aux parents tout motif de ne pas en
voyer leurs enfants à l'école ». Secon-i
dement, le législateur a voulu suppri
mer « des distinctions blessantes pour
l'égalité, entre les enfants qui payaient
la rétribution scolaire et les enfants
qui ne la payaient point »\ Voilà les
deux raisons.
Eh bien, le législateur a-t-il réussi?
Toute la question est là.
Le Temps s'inquiète fort peu de sa
voir si la gratuité scolaire, qui, en.
somme, s'est traduite par une aug
mentation de charges pour lé pauvre,
est juste ou non. Il ne serait plus la
Temps s'il s'inquiétait de ces détails.
Le législateur visait un but. Ce bat
l'a4-il atteint? La gratuité scolaire
a-t-elle servi l'obligation, a-t-elle sup
primé, en tre les enfants, ces. distinc
tions blessantes ? Il ne s'agit point
d'autre chose.
Or, la gratuité scolaire n'a aucune
ment supprimé les distinctions,n'a au
cunement servi l'obligation ; le légis
lateur n'a pas réussi. Donc, la gratuité
scolaire pe vaut rien.
La loi sur l'obligation, M. Paul
Bourde le constate, « est à'peu près
inappliquée ». Cela ne l'étonné point,
du reste ; c'est le contraire qui l'éton*
nerait plutôt. En effet, ajoute-t-il ;
Une commission scolaire devr-iit en assu
rer l'exécution dans chaque commune •
mais la plupart de ces commissions ne fonc
tionnent point ; et, tant que l'enseignement
primaire sera complètement soustrait à
l'action des communes/ il est à prévoir
qu'elles ne fonctionneront point. L'Etat
commence par déclarer que renseignement
est son affaire à lui, que lui seul a le droit
de s'en occuper; mais, s'aperoevant qu'il no
peut suffire à tout, il se tourne cependant
vers les communes pour leur dire ; Je ne
puis entretenir trente-six mille agents spé-.
eiaux pour surveiller la fréquentation sco
laire chez vous; voulez-vous vous charger
de cette besogne de police ? Défense aux
commissions seolaires de s'immiscer en
quoi que ce sait dans l'appréciation des.
matières de l'enseignement.; défense àa
contrôler en quoi que ce soit ni les écoles
ni les maîtres ; défense lûême d'entrer
dans les écoles ; mais lYies se chargeront da
faire punir les patents négligents. En d'au
tres termes, l'Etat demande à de paisibles
citoyens de s'exposer aux rancunes de leurs
compatriotes pour une œuvre à laquelle il
ne les intéresse en rien, pour une éûole où
il leur est interdit tout d'abord de mettre
les pieds. Naturellement les paisibles ci
toyens restent chez eux.
CJ'est d'ailleurs facile à démontrer.
Il suffit d'ouvrir les rapports des ins
pecteurs d'académie. Ces rapports
« sont unanimes sur l'inapplication de
la loi ». M. Bourde le dit, et le prouve
en citant au hasard les passsages, pris
« entre cent », que voici. :
Manche. « Indifférence à peu près com
plète de presque toutes les commissions v
scolaires. »
Seine-et-Oise. « Sur 688 commissions
scolaires, 392 ne se sont jamais réunies. »
Alpes-Maritimes, « Les commissions
scolaires ne font rien en vue d'assurer l'exé»
cution de la loi sur l'obligation. »
Yonne. « Les commissions scolaires ne
fonctionnent pas, on ne fonctionnent qu'ex
ceptionnellement. »
Savoie. « La loi sar l'obligation reste à
1 éta,t de lettre morte. »
Ariège. « La, loi du 28 mars 1882 n'a
jamais éi,£ appliquée dans l'Ariège. »
oasses-Pyrénées. « Les commissions sco
laires ne se réunissent pas, encore moins
sévissent-elles contre les pères de famille
coupables de négligence ou de mauvaise
volonté. »
Haute-Marne. « La loi reste lettre morte*
les commissions scolaires qui ol \» pour mis
sion de l'appliquer se dérobent à ce devoir.
On craint de mécontenter un parent, un
électeur, un ami. >}
Vienne. « Gr* ne veut pas so faire d'en
nemis en recherchant les enfants qui ne
fréquentent pas l'école. »
Jlaute$-Alpes, * La crainte de compro
mettre leur popularité empêche les commis
sions u'ogir. »
Bref, M. Paul, Bourde n'a trouvé,
sur quatre-vingt-six, « que deux dé
partements où les inspecteurs ne se
plaignent point de l'irrégularité de la
fréquentation scolaire ». Et il ajoute
— notez bien ceci, — qu 'il ne faut
pas se fier aux statistiques officielles.
A preuve, cette phraso d'iïn rapport
de l'inspecteur d'académie de la Vien
ne ; « Je me suis assuré que trop sou-
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