Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1889-02-08
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 février 1889 08 février 1889
Description : 1889/02/08 (Numéro 7712). 1889/02/08 (Numéro 7712).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Vendredi 8 Février 1889
N* 7712 — Edition quotidienn®
MBW—I ttBIWHHlÉMiïitnÉW!» JrilllllllllMWMII
, Vendredi 8 Février 1889
édition quotidienne
PARIS ' ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS (D.NION POSTALE)
Un an. , ... 55 » 66 »
Six mois. . '. 28 50 34 »
Trois mois. , . 15 » 18 »
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UN NUMÉRO | Départements ! 20 -
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On .s'abpnne ît Home, place du Gesît, 8
édition semi-quotidienne
Un an. . .
Six mois. .
Trois mois.
- PARIS
ET DÉPABIEMEÎX8
, . 30 »
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(CKÏON* POSTALE* -
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L'DNIYERS ne répond, pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
Mil. Ch. LAGRANGE; CERF et G lc , 6, place de la Bourse
FRANCS
PARIS, 7 FEVRIER 1889
Les mambres de la commission
pour le scrutin d'arrondissement sem
blent vouloir faire vite : dès hier, ils
ont adopté le projet du gouvernement
par 7 voix contre 4 ; seulement, ils
n'ont pas voulu nommer encore le
rapporteur, à cause de certaines ques
tions sur lesquelles ils ont besoin de
s'entendre avec M. Floquet. Dès que
l'accord' sera fait; et il semble devoir
être facile, ils choisiront leur rappor
teur, en lui prescrivant de déposer
son rapport au plus.tôt.
, D'autre. part,, voilà. la. commission
de revision qui se réveille; 1 elle a fini
par adopter nier le rapport de M. Tony
Revillon> qui serait déposé sàmèdi. La
Chambre aonnera-t-elle la priorité à la
revision ou à la: réformé électorale? La
question a son importance.
A la réflexion, la nomination de
M. Guyot-Dessaigne, comme ministre
de la justice, , n'inspire pas plus d'en
thousiasme qu'au premier moment ;
on continue à s'étonner. D'après cer
taines indiscrétions, M. Guyot-Dessei-
gne serait le • ministre « faute de
mieux »*, M. Floquet aurait vainement
. proposé à divers hommes politiques le
portefeuille dé M. Fèrrduillat.
On trouvera plus loin une note du
Journal officiel , qui répare une omis
sion assez étrange; on avait oublié
hier de dire que M. Guyot-Dessaigne
était ministre Sa nomination pour les cultes est en
core plus étrange que pour la justice ;
mais à qui les confier dans le cabi
net Floquet? Serait-ce au" plaisantin
Lockroy?
JVi. Jamais, n'a,décidément pas ac
cepté le sous-secrétariat des colonies.
L'interpellation de M. Salis au sujet
des poursuites contre le citoyen Hu
ma Gilly figure «h bonne place dans
l'ordre du jour de la séance d'aujour
d'hui. Viendra-t-elle ou sera-t-elle en
core ajournée, le nouveau ministre
n'ayant pas eu lé temps de se mettre
au courant de la question ?
Ofi semblé, accepter, au moins; dans
les rpoints importants, la version que
nous avons, donnée' hier au sujet de
la mort de l'archiduc Rodolphe.- Il est
douloureux de voir finir ainsi un prince
de là maison de Habsbourg-Lorraine.
Dans ces douloureuses circonstances,
la foi.chrétienne"de l'empereur con
traste avec, la mort de l'archiduc; nous
en donnons plus loin des témoigna
ges..Dans une communication à ses.
peuples, l'empereur François-Joseph,
si rudement frappé, parle en roi
chrétien.
Nous signalions ces jours derniers la
situation embarrassante des Allemands
aux îles Samoa. Ni les Etats-Unis ni
l'Angleterre ne se montrent disposés
à accepter l'occupation de ces îles
par l'Allemagne.- ■ On commence à
comprendre, même 1 à Berlin, qu'on
S 'est lancé un peu vite dans une ques
tion difficile, et peut-être déjà ne se
rait-on pas fâché.de trouver un moyen
d'en sortir sans paraître reculer. C'est
du moins ce que semble indiquer la
proposition faite par la Prusse d'une
conférence à trois qui réglerait la
question.
Qui est le maître à Haïti, ou plutôt,
comme on dit ,dans le pays, en Haïti?
Hier on nous annonçait une. victoire
décisive des troupes du général Légi
time, que le gouvernement français, à
l'exemple du gouvernement anglais,
venait de reconnaître. Aujourd'hui, au
contraire, des dépêches annoncent
une victoire complète du général Hip-
polyte.
Voiries DERNIERES. NOUVELLES à la fin
Le facétieux ministre de l'instruc
tion publique fait des larces à l'Uni
versité. Voici qu'il a imaginé de pré
lever dans les écoles primaires, supé
rieures de Paris vingt-deux élèves,
qui seront placés dans u,ne classe
spéciale du lycée Charlemagne, où
des professeurs non moins spéciaux
leur donneront en deux ou trois ans
l'enseignement classique. Le but de
cette expérience est de prouver qu'on
peut faire des bacheliers en trente
mois. Quand la preuve sera faite; le
ministre se réserve de modifier tout
le système d'études, d'après un plan
nouveau. Le baccalauréat en trente
mois fera le pendant du service mili
taire de trois ans. L'instruction publi
que sera organisée sur le modèle de
la caserne. On fera un bachelier, com
me un soldat, dans le même temps.
Les amis de l'Université protestent.
Est-ce que, disent-ils, le baccalauréat
serait le but suprême des études? Jadis
l'Université était fière de son bacca
lauréat. C'était le couronnement des
humanités, le.laurier que l'Aima Ma
ter posait respectueusement sur lé
front du jeune rhétoricien, le, brevet
d'aptitude univërséilé, avec" garantie
du gouvernement, pour tous les em
plois possibles de la vie. Avec le di
plôme, toutes les voies, toutes les car
rières s'ouvraient devant l'heureux
porteur du parchemin. L'Université
certifiait son.bachelier :,c!était le bon
humaniste nourri de grec et de latin,
formé par l'étude des beaux génies de
l'antiquité et initié à la science de
l'Etat. Il n'eût pas fallu médire du
baccalauréat au beau temps des Ville-
main et des VictorLeclerc.
Les clairvoyants disaient bien que
le baccalauréat n'était qu'une institu
tion de vanité bourgeoise, et qu'il fi
nirait par devenir une entreprise démo
cratique de carrières, qui achèverait
de tuer les bonnes études : on riait de
leur sagesse.
En vrai ministre de l'instruction
publique d'un; cabinet.radical, M. Loc
kroy vaut lui donner complètement
ce caractère. L'expérience pédagogi
que qu'il vient d'instituer n'a pas
d'autre objèt que de mettre le bacca
lauréat à la portée des-élèves des écoles
primaires, et par là, dedémocratiserle
diplôme. S'il est démontré qu'ep. deux
ou trois ans au plus on peut fabriquer,
d'après certains procédés de prépara
tion, un bachelier de Sorbonne, il
n'est plus de fils d'ouvrier et de
paysan, bon élève à l'école primaire,
qui ne puisse prétendre à l'honneur
da baccalauréat et à l'admission dans
les carrières libérales.
Mais cette vulgarisation du diplôme,
c'est l'avilissement des études. Les
amis de l'Université, que le souci de
sa gloire et du bon enseignement pré
occupe encore, en sont réduits à s éle
ver contre le baccalauréat lui-même,
ce signe par excellence du monopole
universitaire, et à réagir contre l'im
portance qu'on lui a donnée.Le Temps
condamne absolument l'innovation
de M. Lockroy. Il ne croit pas qu'on
ait jamais fourni contre le bacca
lauréat, tel qu'il existe aujourd'hui, un
plus terrible argument. Et, en effet,
il était impossible, selon sa remarque,
de mieux démontrer la superstition
qui s'attache au baccalauréat et la
manière dont II fausse, jusque dans
l'esprit du grand maître de l'Univers
sité, l'idée qu'il faut se faire de la
culture classique. Et le Temps en
vient à déclarer, comme le faisaient
et le font encore les adversaires du
monopole universitaire et de l'ensei
gnement de l'Etatj que le baccalauréat
n'est pas et ne peut pas être le but des
études des lycées. S'il voulait aller jus
qu'au bout de sapensée,il conviendrait
avec nous que le prestige dont l'Uni
versité l'a entouré, et les privilèges
dont l'Etat l'a doté, en ont fait peu à
peu l'objectif suprême de toutes les
aspirations d'en-bas vers -une condi
tion supérieure, et par conséquent la
règle L'idée de M. Lockroy • n'en est qu'à
son. point;de départ. Pour le moment
il ne propose qu'un essai, essai inutile
d'ailleurs, puisque les établissements
spéciaux de préparation au baccalau
réat, dits chauffoirs ou fours à bachot en
argot de collège, se chargent de prou
ver abondamment que du plus mau
vais élève de basse classe on peut* en
deux ans et même moins, faire un
bachelier. L'expérience actuelle est,
selon toute apparence; un achemine
ment à une autre innovation que nous
verrons poindre bientôt après. Du
succès de; l'essai tenté avec les élèves
d'élite des écoles primaires de Paris
on conclura, sans doute, au droit
pour les lauréats de toutes les écoles
primaires de France à passer dans un
lycée, pour devenir bacheliers aux
frais de l'Etat. Le certificat de capa
cité obtenu dans l'enseignement pri
maire deviendra un titre, à s'élever
à l'enseignement secondaire et, corn-?
me le prélude du baccalauréat. Ce
sera le diplôme de parchemin mis à la
portée de tout le monde,l'accès ouvert
à tous des emplois administratifs et des
professions libérales. Dans cette démo
cratisation de l'enseignement on rer
connaît l'idée socialiste, qui fait si ra
pidement son chemin aujourd'hui et
tend à devenir la règle de toutes, les
institutions de l'Etat.Ce socialisme-là,
sous des apparences de justice et d'é
galité, préparé, il est inutile de le dire,
un état de bouleversement, de désor
dre et d'anarchie qui serait la misère
du plus grand nombre et la ruine pu
blique. 1
Arthur Loth.
Le Journal officiel publie la rectifi
cation suivante :
C'est par erreur que, dans le décret in
séré Mer au Journal officiel, nommant
M. Guyot-Dessaigne, dépoté, garde des
sceaux, ministre de la justice et des cultes,
les mots : « et des cultes » ne figurent pas
à la suite, des mots : « ministre de la jus
tice ». .. ,
D'autre part, une note du Temps an
nonce que M. Jamais refuse définiti
vement le posté de sous-secrétaire d'E
tat aux colonies ; la voici
Nous avons dit que M. Floquet avait of
fert à M. Jamais, député du Gard, lel poste
de sous-secrétaire d'Etat (Tes colonies, va
cant parla démission de M. de la Porte.
M. Jamais, avant de donner une réponse
définitive, avait demandé la faculté de con
sulter ses amis politiques. Ce matin, il s'est
rendu chez M. Floquet et a décliné l'offre
qui lui étaif faite.
M. Floquet a insisté de nouveau auprès
de M: Jamais pour lui faire accepter le
sousrsecrétariat d-'Etat; mais M. Jamais a
définitivement refusé ce poste.
On sait que, pour le plein succès
de la thèse qu'il a nlusieurs fois expo
sée à la Chambre sur la question so
ciale, M. le comte de Mun appelle de
tous ses vœux, une législation inter
nationale sur le travail.
C'est là un point délicat de la ques
tion très complexe qu'il s'agit de ré
soudre. Aussi est-il bon d'en étudier
avec soin tous les éléments. C'est à
ce point de vue, et pour renseigner
nos lecteurs sur toutes les données du ,
problème, que nous citons aujourd'hui
lesréflexions inspirées à M. Paul Leroy-
Beaiilieu par ce projet d'une législa
tion internationale sur le travail. Il se
demande où se trouvent les éléments
de cette législation, et il répond dans
le Journal des Débats :
On ne rencontre, pour ainsi dire, plus
deux nations qui veuillent siguer entre elles
un traité de commerce. Chacun craint de
se lier à un voisin par un engagement quel
conque. Les négociations internationales
n'aboutissent plus; > Il avait été • question
naguère de quelques progrès techniques 1
très simples; ne touchant pas au régime
industriel des peuples," ne restreignant pas
leur, liberté intérieure de travail : on-.par
lait de l'unité ;niohétaire internationale, de:
l'unité des poids et mesures, etc. ; on pou
vait espérer que les nations civilisées s'en*
tendraient pour adopter quelques règles
communes en' cès matières. Il leur en eût
Bien' peu coûté : quelques sacrifices d'à-;
mourrpropre, voilà tout. On est plus loin
que jamais de cette union. Nous souhai
tons qu'on y arrive ; il ne se trouve pas là
d'opposition d'intérêts essentiels ; l'avan
tage est évident pour tous ; néanmoins,
toute internationalisation, si nous pouvons
employer ce long mot barbare, est si sus
pecte aujourd'hui que personne plus ne
veut entendre parler d'accords de ce genre.
' Pour une législation internationale du
travail, les difficultés sont infiniment plus
considérables : on doit les regarder comme
pratiquement insurmontables. Les raison
nements que l'on fait à ce sujet né tiennent
aucun. compte de la différence de force et
de précocité des êtres humains dans les
divers pays et sous les divers climats. Le
jeune Hindou qui travaille dans une filature
de Bombay, le jeune Persan qui tisçe des
tapis du matin au soir, l'adolescent italien
qui est employé dans une filature de soie
ou de .coton, le jeune garçon de Rouen,
l'ardent petit Yankee' à l'attention ardente
et concentrée, le jeune Anglais âpre à la
besogne, tous ces échantillons humains, et
il y en a mille autres à côté, ne peuvent
être ramenés à une.mesure commune.
Puis, il ne doit pas être question seule-
i ment de la durée du travail, mais aussi de
f son intensité. L'ouvrier da Manchçster ou
des .filatures américaines qui, avec une
intensité sans égalé de forcé nerveuse, con-
I duit trois ou quatre métiers ; à la fois, doit
naturellement travailler moins longtemps
j que l'ouvrier continental, de nature plus
flâneuse, qui conduit négligemment un ou
deux métiers. Cette intensité'du travail, il
n'en est jamais question dans toutes ces
discussions, et-, cependant, c'est -le grand
phénomène, contemporain. Le célèbre so-.
' cialiste allemand Karl Marx lui a donné
dans son livre sur le Capital une impor
tance prédominante.,Les^différencss d'in
tensité de trayail sont un obstacle insur
montable à ces naïfs projets de protection
Internationale des travailleurs. Puis, où
serait le " contrôle daiis une matière aussi
compliquée et aussi délicate ? Qui répon^
drait que les engagements pris par chaque
pays seraient ténus ?.. Y aurait-il * des con
trôleurs internationaux? Quelle puissance
accepterait, dans toute sa vie quotidienne
et intime, une pareille diminution de son
indépendance ? En supposant, par impos
sible, que cette législation commune fût
adoptée, ;elle ne pourrait être qu'un leurre.
Il est incontestable, d'après ces ob
servations,que la difficulté de résoudre
le problème est des plus grandes.
Sera-t-elle jamais résolue? Nous ne
nous chargeons pas de répondre. Pour
le moment, c'est une autre conclusion
que nous voulons tirer des observa
tions de M. Paul Leroy-Beaulieu. No
tons que nous avons affaire à un par
tisan du libre-échange. Or, ce libres
échangiste jqui peut avoir raison quand
il parle des difficultés d'un accord in
ternational sur la question dont il
traite, indique en même temps fort
bien tous les motifs pour lesquels
le libre-échange devrait être funeste
à notre industrie et à notre commerce,
puisque les conditions de production
sont si diverses et peuvent rendre si
malaisée, : pour ne pas dire impossible,
en l'absence de droits protecteurs,
la vente rémunératrice de nos pro
duits.
Un autre aveu non moins précieux
à noter, c'est celui d'après lequel au
jourd'hui « chacun craint de se lier à
un voisin par un lien quelconque ».
Et qu'a donc fait le libre-échange, qui
devait, abaisser toutes les frontières,
supprimer toutes les barrières, facili
ter toutes les relations entre peuples
de façon à ne faire pour ainsi du monde
entier qu'une seule nation ? Cent ans
après la Révolution, voilà où nous en
sommes, d'après l'aveu d'un des plus
ardents propagateurs des idées écono
miques prônées par la Révolution!
Le fait vaut la peine d'être constaté.
Auguste Roussel.
Nous recevons de Rome la dépêche
suivante : •. •.
: Rome, 7 février, midi 35 m.
Au service solennel célébré ce matin pour
Pie IX, mort il y a onze ans à pareil jour,
assistaient vingt cardinaux, les membres de
la prélature, les évêques présents à Rome,
l'aristocratie, les chevaliers de Malte, et de
nombreux personnages das deux sexes.
S. Em. le cardinal Hohenlohe a célébré
le saint sacrifice, assisté des cardinaux Zi-
gliarna et Ricci.
Le Pape était à son trône. Après la messe,
il a donné l'absoute. •
Sa Sainteté avait une mine excellente, sa
voix étâit forte et cl . ire: Léon XIII a gravi
les degrés du trôné d'un pas léger, rapide
et ferme.
Lettres politiques
Je vous ai écrit sous l!impression
des premières nouvelles de Vienne.
Celles qui ont suivi sont encore plus
affreuses, et leur effet est plus que ja
mais d'inspirer à tous une tendre com
passion pour le pauvre empereur. As
surément ce qui s'est passé est suffi
samment horrible, mais le déshon
neur d'un suicide n'a pas paru suffi
sant à la radicaille juive qui grouille
dans les ruisseaux de Vienne. A ses
yeux, le suicide n'a rien de choquant,
et elle s'est empressée de ramasser de
la boue à sa portée pour la jeter sur la
mémoire de l'infortuné prince. Il faut
tout dire cependant: les feuilles juivës
elles-mêmes n'ont pas atteint à l'igno
minie de certains correspondants
étrangers.
■ L'un surtout,qui renseigne un jour
nal parisien fort éclectique, mérite
d'être signalé, car, tout en protestant
d'une « extrême réserve », il a trouvé
%3yen de désigner deux jeunes filles
dô telle sorte que, pour toute personne
connaissant Vienne, il devenait inutile
d'ajouter leur nom. Il faut être tombé
bien bas dans la démocratie pour en
venir là, ■ même si les faits supposés
avaient le moindre fondement ; mais
il n'y a pas de mot pour exprimer l'in
dignité d'un pareil bavardage, sur
l'unique autorité de ce qui peut se dire
dans quelques cabarets viennois.
Vous pouvez tenir pour certain ce
qui suit : l'impératrice est la première
personne à qui on ait annoné la mort
du prince impérial en liii disant toute
la vérité. Elle s'est écriée qu'elle n'o
serait jamais tout dire à l'empereur.
Celui-ci est resté/ en effet, quelque
temps sans connaître le fait du sui
cide, «cette seconde nouvelle de mort»,
comme on l'a si bien nommée. Le
pauvre empereur a d'abord voulu ca
cher que son fils avait attenté lui-même
à ses jours.. Il a fallu les instances de
ses ministres, et notamment de M.
Tisza, pour le faire renoncer à un si
lence inutile. Trop de'gens, en effet,
savaient la vérité, et, en voulant la
cacher, on provoquait les récits imagi
naires qui n'ont, malgré tout, fait que'
trop de chemin. L'empereur a donc
pris son parti courageusement et fait
publier le procès-verbal que vous con
naissez.
Il aurait dû suffire de cette publica
tion pour persuader tout homme
chrétien, ou seulement sensé, de la
réalité du suicide. François-Joseph est
chrétien et bon catholique, malgré les
trop nombreuses faiblesses de sa con
duite politique. A ces deux titres, rien
ne pouvait être plus douloureux pour
lui qu'un suicide ; il aurait certaine
ment mieux aimé qu'un'crime ait été
commis. Son âme. en eût été moins
affectée ; elle aurait gardé des conso
lations qui lui manquent. Le peuple
autrichien a, en grande majorité,
gardé aussi sa foi. Pour lui aussi, il eût
été moins douloureux d'avoir à lui an
noncer un assassinat qu'un suicide.
Il va sans dire que de telles considé
rations sont hors de là portée des juifs,
des reporters et d'un très grand nom
bre de journaux. Il faut pourtant cons
tater que la majorité des feuilles vien
noises et allemandes a été très conve
nable. Les journaux anglais et fran
çais ont le triste privilège de ne rien
respecter et de n attacher de prix à
leurs correspondants qu'en raison de
leur facilité à recueillir les cancans
les plus révoltants, parfois les plus ri
dicules, presque toujours sans l'om
bre d'un prétexte. Cela s'appelle des
nouvelles à sensation , et il paraît que
cela plaît à beaucoup d'abonnés.
Les médecins et des propos que l'on
recueille s'attachent à constater, chez
l'archiduc Rodolphe, certains symp
tômes de folie. On conçoit ces efforts
qui ont pour but de diminuer, sinon
d'effacer son crime. Malheureusement
il devient tous les jours plus évident
que . son suicide était prémédité.
Comme l'excitation que l'on remar
quait en lui datait déjà de plus d'un
mois, cela ne contredit pas absolu
ment l'espoir $ un: certain égarement,
mais cela est fait pour inspirer des
craintes terribles et de douloureuses
réflexions.
Je n'ai rien à retirer de ce que je
vous ai dit l'autre jour de l'archiduc,
mais il est opportun maintenant de
rappeler les conditions fort mauvaises
de son éducation. Les gouverneurs
que nommait l'autre jour M. Fromm
étaient tous excellents et dignes de
respect; mais on avait donné en même
temps au prince des professeurs détes
tables. De là d'abord un travail intel
lectuel excesif qui, dans sa première
jeunesse, a donné quelques inquiétu
des. Enfant, on a suivi avec lui le sys
tème d'instruction en vogue, toujours
fatigant à l'excès, et auquel venait
s'ajouter, dans ce cas, l'énorme quan
tité de langues différentes qui sont au
moins utiles à connaître pour un sou
verain de l'Autriche. Ce qui est plus
triste, le système était moderne aussi
dans ses tendances. Il en résulte qu'on
avait fait du prince un demi-savant,
croyant à tout ce qui s'appelle science
comme à une vérité, arrivant ainsi peu
à peu au, matérialisme, au darwinis
me, à toutes les folies de notre temps.
Les professeurs laïcs avaient tué l'en
seignement des professeurs- ecclésias
tiques; car il y en avait des deux
sortes.
On aura beau chercher les causes
du parti désespéré qu'a pris l'infor
tuné : la cause principale est dans la
perte de sa foi, dans l'égarement de
sa raison à la recherche d'une fausse
science et des prétendues découvertes
des docteurs en- vogue. Aussi était-il
devenu un homme de lettres, et il
était, selon le langage des professeurs
et lettrés viennois, «sans préjugés ».
Cela veut dire qu'il ne connaissait pas
plus la vérité en politique qu'en reli
gion et qu'il comptait parmi ses plus
chauds admirateurs les radicaux* les
juifs et ■ les francs-maçons. Etait-il
franc-maçon lui-même? On affirme
que l'empereur avait obtenu de lui de
ne pas faire ce dernier pas; mais c'est
déjà beaucoup qu'on ait pu le croire
et qu'on ; puisse conserver quelques
doutes siir ce point.
La folie dont on parle tant aujour
d'hui, et que l'on a tant de motifs de
désirer n'était donc que trop bien pré
parée. Les suicides deviennent j • depuis
trop longtemps, de plus en plus nom
breux à Vienne' comme partout. Ce
« maître d'école prussien » qui, a-t-on
dit, était le vainqueur à Sâdowa, a
porté bien d'autres coups : à l'Autriche,
et le dernier n'est pas un des moins
sensibles. Le maître d'école prépare
pour le professeur, et les professeurs
allemands sont ce qu'il y a de plus
propres àu monde a répandre une
instruction qui détruit rapidement
toute éducation morale.
Ce qui se passe montre la valeur des
amitiés, des sympathies juives et franc-
maçonnes, surtout pour un prince.
Extérieurement et même ; avec une
grande ostentation, tout les radicaux
de Vienne font les manifestations les
plus attendries en l'honneur du prince
impérial; mais en même temps, dans
l'intimité, ils ne négligent rien pour
salir sa mémoire. La prudence les
oblige à ne répandre leurs calomnies
que par la presse étrangère, et celle-ci
n'est que trop prête à se jeter sur le
scandale comme sur une proie qui lui
plaît entre toutes^et dont les amateurs
sont.innombrables. '
Pour toutes les raisons que je viens
de développer, le peuple autrichien a
raison de pleurer surtout les immenses
douleurs de son. malheureux Souve
rain. Pour ce peuple si bon et si fidèle,
le malheur qui vient d'arriver est peut-
être une grâce providentielle. L'archi
duc Charles-Louis, frère de l'empereur
et son successeur immédiat, est un
prince émmémment chrétien. SOn fils
aîné, l'archiduc François d'Esté, a pu
mériter des reproches, mais sa con
duite s'est déjà fort amendée èt,
comme il a péché plutôt par lé
gèreté que , par ; manque de prin
cipe, il y a .tout lieu d'fispérer qu'il
deviendra un prince digne de succéder
à François-Joseph. Ce dernier, malgré
ses erreurs politiques, est essentielle-r
ment bon ; il a empêché bien du mal
et il est adoré de ses sujets. Dieu lui
fasse la grâce de tirer du coup qui
viènt de le frapper tous les enseigne-
ments que la Providence semble avoir
voulu lui donner eh récompense de
ses vertus et de ses qualités vraiment
royales.
B. d'Agreval.
Nos lecteurs* connaissent les senti
ments de piété et de religion dont est
aniipé l'empereur François-Joseph;
aussi ne saurait-on être surpris que le
malheureux père et souverain, au fort
de sa douleur actuelle, soit allé cher
cher la consolation là où . seulement
il pouvait la trouver.
Le soir de l'arrivée du corps de son
malheureux fils, Sa Majesté s'est con
fessée et elle a communié le lende
main matin à la chapelle paroissiale
de la cour. -
Une lettre autographe de l'empereur
au ministre président comte Taafïe,
portant la date du 5 février, charge
celui-ci de procéder à la publication
de la communication impériale sui
vante :
: A mes peuples,
Profondément ému, je courbe humble
ment la tête devant les résolutions insonda
bles de la divine Providence. Moi et mes
peuples nous prions Dieu de me donner la
force d'accomplir scrupuleusement mes de
voirs de souverain et de persévérer,dansl'a-
venir comme parle passé,dans les efforts in
cessants en vue du bien général ainsi que du
maintien de là paix. J'ai éprouvé une grande
consolation, dans ces jours de profonde dou
leur, à me sentir entouré de l'affection la
plus sincère de mes peuples, et de recevoir
de toutes parts de nombreux et touchants
témoignages de condoléances. Je constate
avec une reconnaissance profonde que les
liens d'union et de fidélité qui m'unissent,
ma maison et moi, à tous les peuples de. la
monarchie, ne font que se resserrer dans
ces heures de grand malheur.
L'empereur termine son rescrit en
remerciant cordialement ses peuples,
en son nom, ainsi qu'au nom de l'im
pératrice et de l'archiduchesse Stépha
nie, et en appelant la protection de
Dieu sur la patrie.
-«s-
On verra aux dépêches que M. Par-
nell interjette appel du jugement de
lord Kinnear, qui le déboute de ses
poursuites'contre le Times.
Le Times, qui a remporté cette vic
toire,au moyen cfune chicane de pro
cédure, s'en réjouit hautement. Il dit
qu'il aurait été fâcheux et peu conve
nable dé voir l'enquête de la commis
sion gouvernementale de Londres em
brouillée par la concurrence d'une au
tre enquête en Ecosse.
Ainsi et de son propre aveu, le
Times n'a ergoté sur la procédure,que
pour échapper à un jugement sur lé
fond même 1 de son affaire. La . ebirf *
mission dé Londres lui suffit, èt on. le
comprend, puisqu'elle lui donne le
moyen de continuer impunément sa
campagne Contre les nationalistes ir
landais. Et il n'y aura pas de condam
nation au bout, puisque ce tribunal de
juges est constitué; ,èn .commission
d'honneur, et non en "tribunal effectif.
Quand le jôurnal'et lëgôtiVerhemënt
auront fait publier toutes leurs;pièeès
çt fait défi)er là çollectibn de léurs
informers contre les : chefs du parti
irlandais, ceux-ci feront entendre leur
dêfenâe; les: juges déposeront un
YOlumineux rapport - et formuleront
leur avis, puis chacun paiera ses frais
et tout sera dit. ■ ■ >
Un jprocès en Ecossé'pourrait bien
tourner autrément. Le Times se verrait
sans doute mis en demeure de prouver
l'authenticité des « fameuses lettres »
qui ont été le point dé départ de la
commission d'enquête, et dont il n'est
plus guère question depuis le temps
que les agents du gouvernement et
du Times débitent devant la commis
sion toutes leurs vieilles histoires con
tre le, mouvement nationaliste irlan
dais. ■
, :Le procès d'Ecosse serait un= vrai
procès. Celui qui se déroule devant la
commission de Londres ne réssemble
guère qu'à une machination poli
tique.
L. N. G.
Le catholicisme aux Etats-Unis
Depuis dix ans les catholiques de
France connaissent l'amertume de
voir la patrie que-leurs aïeux ont faite,
gouvernée et exploitée par la faction
des rènégats campés au pouvoir. -En
attendant que vienne la crise-' défini
tive du « dégoût national », dont, grâce
à Dieu, on commence à entrevoir la
promesse, c'est au dehors que la
France catholique peut regarder avec
orgueil pour y trouver quelques con
solations àu honteux régime de la ré
publique laïcisante. Nous ne parlons
pas seulement pour l'Orient, où Gam-
betta lui- même, l'organisateur de
î'anti-çléricalisme domestique, recon
naissait qu'il fallait garder « la clien
tèle, catholique de la. France »i ni pour
les pays barbares d'Afrique, d'Asie et
d'Océanie, où nos intrépides mission
naires vont au milieu de tant de pé
rils, et avec tant de succès, porter la
bonne nouvelle de l'Evangile.
. C'est dans la florissante et puissante
république des Etats-Unis que nous
prions nos lecteurs de nous suivre un
instant. On sait les merveilleux pro-ï
grès de l'Eglise catholique aux Etats- '
Unis. Et ce n'est pas pour un catho-.
lique français un médiocre sujet de
fierté que de constater la part prise par
des ouvriers de la France à ce mer
veilleux progrès. >
* En < «fïet, parmi-les grandes « célé
brations religieuses-- {comme on dit
là-bas) qui ont marqué aux Etats-Unis
l'année dernière, nous relèverons aveo
une joie. particulière et le jubilé du
R. P. Sorin, à l'université Notre-Dame
de l'Indiana, et le solennel triduum du
B. de la Salle, à New-York.
- Nousiavons récemment parlé à nos
lecteurs de la magnifique démons
tration de reconnaissance et da
respect organisée par les catholiques
américains en l'honneur du très révé
rend Pèré Sorin. Cette démonstration
a eu un tel éclat, que les représentants
de la République française dans les
EtatsrUnis n'ont pas voulu laisser igno-
rerla chose au gouvernement français*
Et le gouvernement .français, comme
noui3 ; l'apprenait récemment une lettre
des Etats-Unis, n'a pas cru pouvoir se
désintéresser du témoignage rendu à
un 'prêtre français par le peuple améri
cain., M. Lockroy, qui a fait M. Renan
grand officier de la Légion d'honneur
et M. Zola chevalier du même ordre,
a envoyé au T. R. P. Sorin un ruban
d'officier d'académie, distinction que
depuis Mi Jules Ferry on voit donner
à des danseurs de l'Opéra. Evidemment
M. Lockroy aurait pu faire mieux ;
néanmoins, c'est le digne ministre
d'une république où la religion-et ses
religieux n'ont droit qu'à l'outrage et
et à la persécution, et il a fallu qu'il
sortît de ses habitudes
D'ailleurs, au milieu des hommages
que lui ont rendus les autorités et les
populations des Etats-Unis, le digne
religieux français n'avait guère besoin
du ruban de M. - Lockroy. Quant aux
catholiques américains, ils n'ont va
dans le ruban qu'un hommage rendu
au T. R. P. Sorin par le gouvernement
de la France, et ils s'en sont réjouis
avec raison..
C'est encore la , France catholique
qui a été à l'honneur dans les fêtes
magnifiques célébrées à New-York
N* 7712 — Edition quotidienn®
MBW—I ttBIWHHlÉMiïitnÉW!» JrilllllllllMWMII
, Vendredi 8 Février 1889
édition quotidienne
PARIS ' ÉTRANGER
ET DÉPARTEMENTS (D.NION POSTALE)
Un an. , ... 55 » 66 »
Six mois. . '. 28 50 34 »
Trois mois. , . 15 » 18 »
^^abonnements partent des i« et 16 de chaque mois
UN NUMÉRO | Départements ! 20 -
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On .s'abpnne ît Home, place du Gesît, 8
édition semi-quotidienne
Un an. . .
Six mois. .
Trois mois.
- PARIS
ET DÉPABIEMEÎX8
, . 30 »
. 16 »
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ETRANGE®
(CKÏON* POSTALE* -
36 »
19 »
10 »
Les abonnements partent des 1" et 16 de cliaqae utoig
L'DNIYERS ne répond, pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
Mil. Ch. LAGRANGE; CERF et G lc , 6, place de la Bourse
FRANCS
PARIS, 7 FEVRIER 1889
Les mambres de la commission
pour le scrutin d'arrondissement sem
blent vouloir faire vite : dès hier, ils
ont adopté le projet du gouvernement
par 7 voix contre 4 ; seulement, ils
n'ont pas voulu nommer encore le
rapporteur, à cause de certaines ques
tions sur lesquelles ils ont besoin de
s'entendre avec M. Floquet. Dès que
l'accord' sera fait; et il semble devoir
être facile, ils choisiront leur rappor
teur, en lui prescrivant de déposer
son rapport au plus.tôt.
, D'autre. part,, voilà. la. commission
de revision qui se réveille; 1 elle a fini
par adopter nier le rapport de M. Tony
Revillon> qui serait déposé sàmèdi. La
Chambre aonnera-t-elle la priorité à la
revision ou à la: réformé électorale? La
question a son importance.
A la réflexion, la nomination de
M. Guyot-Dessaigne, comme ministre
de la justice, , n'inspire pas plus d'en
thousiasme qu'au premier moment ;
on continue à s'étonner. D'après cer
taines indiscrétions, M. Guyot-Dessei-
gne serait le • ministre « faute de
mieux »*, M. Floquet aurait vainement
. proposé à divers hommes politiques le
portefeuille dé M. Fèrrduillat.
On trouvera plus loin une note du
Journal officiel , qui répare une omis
sion assez étrange; on avait oublié
hier de dire que M. Guyot-Dessaigne
était ministre
core plus étrange que pour la justice ;
mais à qui les confier dans le cabi
net Floquet? Serait-ce au" plaisantin
Lockroy?
JVi. Jamais, n'a,décidément pas ac
cepté le sous-secrétariat des colonies.
L'interpellation de M. Salis au sujet
des poursuites contre le citoyen Hu
ma Gilly figure «h bonne place dans
l'ordre du jour de la séance d'aujour
d'hui. Viendra-t-elle ou sera-t-elle en
core ajournée, le nouveau ministre
n'ayant pas eu lé temps de se mettre
au courant de la question ?
Ofi semblé, accepter, au moins; dans
les rpoints importants, la version que
nous avons, donnée' hier au sujet de
la mort de l'archiduc Rodolphe.- Il est
douloureux de voir finir ainsi un prince
de là maison de Habsbourg-Lorraine.
Dans ces douloureuses circonstances,
la foi.chrétienne"de l'empereur con
traste avec, la mort de l'archiduc; nous
en donnons plus loin des témoigna
ges..Dans une communication à ses.
peuples, l'empereur François-Joseph,
si rudement frappé, parle en roi
chrétien.
Nous signalions ces jours derniers la
situation embarrassante des Allemands
aux îles Samoa. Ni les Etats-Unis ni
l'Angleterre ne se montrent disposés
à accepter l'occupation de ces îles
par l'Allemagne.- ■ On commence à
comprendre, même 1 à Berlin, qu'on
S 'est lancé un peu vite dans une ques
tion difficile, et peut-être déjà ne se
rait-on pas fâché.de trouver un moyen
d'en sortir sans paraître reculer. C'est
du moins ce que semble indiquer la
proposition faite par la Prusse d'une
conférence à trois qui réglerait la
question.
Qui est le maître à Haïti, ou plutôt,
comme on dit ,dans le pays, en Haïti?
Hier on nous annonçait une. victoire
décisive des troupes du général Légi
time, que le gouvernement français, à
l'exemple du gouvernement anglais,
venait de reconnaître. Aujourd'hui, au
contraire, des dépêches annoncent
une victoire complète du général Hip-
polyte.
Voiries DERNIERES. NOUVELLES à la fin
Le facétieux ministre de l'instruc
tion publique fait des larces à l'Uni
versité. Voici qu'il a imaginé de pré
lever dans les écoles primaires, supé
rieures de Paris vingt-deux élèves,
qui seront placés dans u,ne classe
spéciale du lycée Charlemagne, où
des professeurs non moins spéciaux
leur donneront en deux ou trois ans
l'enseignement classique. Le but de
cette expérience est de prouver qu'on
peut faire des bacheliers en trente
mois. Quand la preuve sera faite; le
ministre se réserve de modifier tout
le système d'études, d'après un plan
nouveau. Le baccalauréat en trente
mois fera le pendant du service mili
taire de trois ans. L'instruction publi
que sera organisée sur le modèle de
la caserne. On fera un bachelier, com
me un soldat, dans le même temps.
Les amis de l'Université protestent.
Est-ce que, disent-ils, le baccalauréat
serait le but suprême des études? Jadis
l'Université était fière de son bacca
lauréat. C'était le couronnement des
humanités, le.laurier que l'Aima Ma
ter posait respectueusement sur lé
front du jeune rhétoricien, le, brevet
d'aptitude univërséilé, avec" garantie
du gouvernement, pour tous les em
plois possibles de la vie. Avec le di
plôme, toutes les voies, toutes les car
rières s'ouvraient devant l'heureux
porteur du parchemin. L'Université
certifiait son.bachelier :,c!était le bon
humaniste nourri de grec et de latin,
formé par l'étude des beaux génies de
l'antiquité et initié à la science de
l'Etat. Il n'eût pas fallu médire du
baccalauréat au beau temps des Ville-
main et des VictorLeclerc.
Les clairvoyants disaient bien que
le baccalauréat n'était qu'une institu
tion de vanité bourgeoise, et qu'il fi
nirait par devenir une entreprise démo
cratique de carrières, qui achèverait
de tuer les bonnes études : on riait de
leur sagesse.
En vrai ministre de l'instruction
publique d'un; cabinet.radical, M. Loc
kroy vaut lui donner complètement
ce caractère. L'expérience pédagogi
que qu'il vient d'instituer n'a pas
d'autre objèt que de mettre le bacca
lauréat à la portée des-élèves des écoles
primaires, et par là, dedémocratiserle
diplôme. S'il est démontré qu'ep. deux
ou trois ans au plus on peut fabriquer,
d'après certains procédés de prépara
tion, un bachelier de Sorbonne, il
n'est plus de fils d'ouvrier et de
paysan, bon élève à l'école primaire,
qui ne puisse prétendre à l'honneur
da baccalauréat et à l'admission dans
les carrières libérales.
Mais cette vulgarisation du diplôme,
c'est l'avilissement des études. Les
amis de l'Université, que le souci de
sa gloire et du bon enseignement pré
occupe encore, en sont réduits à s éle
ver contre le baccalauréat lui-même,
ce signe par excellence du monopole
universitaire, et à réagir contre l'im
portance qu'on lui a donnée.Le Temps
condamne absolument l'innovation
de M. Lockroy. Il ne croit pas qu'on
ait jamais fourni contre le bacca
lauréat, tel qu'il existe aujourd'hui, un
plus terrible argument. Et, en effet,
il était impossible, selon sa remarque,
de mieux démontrer la superstition
qui s'attache au baccalauréat et la
manière dont II fausse, jusque dans
l'esprit du grand maître de l'Univers
sité, l'idée qu'il faut se faire de la
culture classique. Et le Temps en
vient à déclarer, comme le faisaient
et le font encore les adversaires du
monopole universitaire et de l'ensei
gnement de l'Etatj que le baccalauréat
n'est pas et ne peut pas être le but des
études des lycées. S'il voulait aller jus
qu'au bout de sapensée,il conviendrait
avec nous que le prestige dont l'Uni
versité l'a entouré, et les privilèges
dont l'Etat l'a doté, en ont fait peu à
peu l'objectif suprême de toutes les
aspirations d'en-bas vers -une condi
tion supérieure, et par conséquent la
règle
son. point;de départ. Pour le moment
il ne propose qu'un essai, essai inutile
d'ailleurs, puisque les établissements
spéciaux de préparation au baccalau
réat, dits chauffoirs ou fours à bachot en
argot de collège, se chargent de prou
ver abondamment que du plus mau
vais élève de basse classe on peut* en
deux ans et même moins, faire un
bachelier. L'expérience actuelle est,
selon toute apparence; un achemine
ment à une autre innovation que nous
verrons poindre bientôt après. Du
succès de; l'essai tenté avec les élèves
d'élite des écoles primaires de Paris
on conclura, sans doute, au droit
pour les lauréats de toutes les écoles
primaires de France à passer dans un
lycée, pour devenir bacheliers aux
frais de l'Etat. Le certificat de capa
cité obtenu dans l'enseignement pri
maire deviendra un titre, à s'élever
à l'enseignement secondaire et, corn-?
me le prélude du baccalauréat. Ce
sera le diplôme de parchemin mis à la
portée de tout le monde,l'accès ouvert
à tous des emplois administratifs et des
professions libérales. Dans cette démo
cratisation de l'enseignement on rer
connaît l'idée socialiste, qui fait si ra
pidement son chemin aujourd'hui et
tend à devenir la règle de toutes, les
institutions de l'Etat.Ce socialisme-là,
sous des apparences de justice et d'é
galité, préparé, il est inutile de le dire,
un état de bouleversement, de désor
dre et d'anarchie qui serait la misère
du plus grand nombre et la ruine pu
blique. 1
Arthur Loth.
Le Journal officiel publie la rectifi
cation suivante :
C'est par erreur que, dans le décret in
séré Mer au Journal officiel, nommant
M. Guyot-Dessaigne, dépoté, garde des
sceaux, ministre de la justice et des cultes,
les mots : « et des cultes » ne figurent pas
à la suite, des mots : « ministre de la jus
tice ». .. ,
D'autre part, une note du Temps an
nonce que M. Jamais refuse définiti
vement le posté de sous-secrétaire d'E
tat aux colonies ; la voici
Nous avons dit que M. Floquet avait of
fert à M. Jamais, député du Gard, lel poste
de sous-secrétaire d'Etat (Tes colonies, va
cant parla démission de M. de la Porte.
M. Jamais, avant de donner une réponse
définitive, avait demandé la faculté de con
sulter ses amis politiques. Ce matin, il s'est
rendu chez M. Floquet et a décliné l'offre
qui lui étaif faite.
M. Floquet a insisté de nouveau auprès
de M: Jamais pour lui faire accepter le
sousrsecrétariat d-'Etat; mais M. Jamais a
définitivement refusé ce poste.
On sait que, pour le plein succès
de la thèse qu'il a nlusieurs fois expo
sée à la Chambre sur la question so
ciale, M. le comte de Mun appelle de
tous ses vœux, une législation inter
nationale sur le travail.
C'est là un point délicat de la ques
tion très complexe qu'il s'agit de ré
soudre. Aussi est-il bon d'en étudier
avec soin tous les éléments. C'est à
ce point de vue, et pour renseigner
nos lecteurs sur toutes les données du ,
problème, que nous citons aujourd'hui
lesréflexions inspirées à M. Paul Leroy-
Beaiilieu par ce projet d'une législa
tion internationale sur le travail. Il se
demande où se trouvent les éléments
de cette législation, et il répond dans
le Journal des Débats :
On ne rencontre, pour ainsi dire, plus
deux nations qui veuillent siguer entre elles
un traité de commerce. Chacun craint de
se lier à un voisin par un engagement quel
conque. Les négociations internationales
n'aboutissent plus; > Il avait été • question
naguère de quelques progrès techniques 1
très simples; ne touchant pas au régime
industriel des peuples," ne restreignant pas
leur, liberté intérieure de travail : on-.par
lait de l'unité ;niohétaire internationale, de:
l'unité des poids et mesures, etc. ; on pou
vait espérer que les nations civilisées s'en*
tendraient pour adopter quelques règles
communes en' cès matières. Il leur en eût
Bien' peu coûté : quelques sacrifices d'à-;
mourrpropre, voilà tout. On est plus loin
que jamais de cette union. Nous souhai
tons qu'on y arrive ; il ne se trouve pas là
d'opposition d'intérêts essentiels ; l'avan
tage est évident pour tous ; néanmoins,
toute internationalisation, si nous pouvons
employer ce long mot barbare, est si sus
pecte aujourd'hui que personne plus ne
veut entendre parler d'accords de ce genre.
' Pour une législation internationale du
travail, les difficultés sont infiniment plus
considérables : on doit les regarder comme
pratiquement insurmontables. Les raison
nements que l'on fait à ce sujet né tiennent
aucun. compte de la différence de force et
de précocité des êtres humains dans les
divers pays et sous les divers climats. Le
jeune Hindou qui travaille dans une filature
de Bombay, le jeune Persan qui tisçe des
tapis du matin au soir, l'adolescent italien
qui est employé dans une filature de soie
ou de .coton, le jeune garçon de Rouen,
l'ardent petit Yankee' à l'attention ardente
et concentrée, le jeune Anglais âpre à la
besogne, tous ces échantillons humains, et
il y en a mille autres à côté, ne peuvent
être ramenés à une.mesure commune.
Puis, il ne doit pas être question seule-
i ment de la durée du travail, mais aussi de
f son intensité. L'ouvrier da Manchçster ou
des .filatures américaines qui, avec une
intensité sans égalé de forcé nerveuse, con-
I duit trois ou quatre métiers ; à la fois, doit
naturellement travailler moins longtemps
j que l'ouvrier continental, de nature plus
flâneuse, qui conduit négligemment un ou
deux métiers. Cette intensité'du travail, il
n'en est jamais question dans toutes ces
discussions, et-, cependant, c'est -le grand
phénomène, contemporain. Le célèbre so-.
' cialiste allemand Karl Marx lui a donné
dans son livre sur le Capital une impor
tance prédominante.,Les^différencss d'in
tensité de trayail sont un obstacle insur
montable à ces naïfs projets de protection
Internationale des travailleurs. Puis, où
serait le " contrôle daiis une matière aussi
compliquée et aussi délicate ? Qui répon^
drait que les engagements pris par chaque
pays seraient ténus ?.. Y aurait-il * des con
trôleurs internationaux? Quelle puissance
accepterait, dans toute sa vie quotidienne
et intime, une pareille diminution de son
indépendance ? En supposant, par impos
sible, que cette législation commune fût
adoptée, ;elle ne pourrait être qu'un leurre.
Il est incontestable, d'après ces ob
servations,que la difficulté de résoudre
le problème est des plus grandes.
Sera-t-elle jamais résolue? Nous ne
nous chargeons pas de répondre. Pour
le moment, c'est une autre conclusion
que nous voulons tirer des observa
tions de M. Paul Leroy-Beaulieu. No
tons que nous avons affaire à un par
tisan du libre-échange. Or, ce libres
échangiste jqui peut avoir raison quand
il parle des difficultés d'un accord in
ternational sur la question dont il
traite, indique en même temps fort
bien tous les motifs pour lesquels
le libre-échange devrait être funeste
à notre industrie et à notre commerce,
puisque les conditions de production
sont si diverses et peuvent rendre si
malaisée, : pour ne pas dire impossible,
en l'absence de droits protecteurs,
la vente rémunératrice de nos pro
duits.
Un autre aveu non moins précieux
à noter, c'est celui d'après lequel au
jourd'hui « chacun craint de se lier à
un voisin par un lien quelconque ».
Et qu'a donc fait le libre-échange, qui
devait, abaisser toutes les frontières,
supprimer toutes les barrières, facili
ter toutes les relations entre peuples
de façon à ne faire pour ainsi du monde
entier qu'une seule nation ? Cent ans
après la Révolution, voilà où nous en
sommes, d'après l'aveu d'un des plus
ardents propagateurs des idées écono
miques prônées par la Révolution!
Le fait vaut la peine d'être constaté.
Auguste Roussel.
Nous recevons de Rome la dépêche
suivante : •. •.
: Rome, 7 février, midi 35 m.
Au service solennel célébré ce matin pour
Pie IX, mort il y a onze ans à pareil jour,
assistaient vingt cardinaux, les membres de
la prélature, les évêques présents à Rome,
l'aristocratie, les chevaliers de Malte, et de
nombreux personnages das deux sexes.
S. Em. le cardinal Hohenlohe a célébré
le saint sacrifice, assisté des cardinaux Zi-
gliarna et Ricci.
Le Pape était à son trône. Après la messe,
il a donné l'absoute. •
Sa Sainteté avait une mine excellente, sa
voix étâit forte et cl . ire: Léon XIII a gravi
les degrés du trôné d'un pas léger, rapide
et ferme.
Lettres politiques
Je vous ai écrit sous l!impression
des premières nouvelles de Vienne.
Celles qui ont suivi sont encore plus
affreuses, et leur effet est plus que ja
mais d'inspirer à tous une tendre com
passion pour le pauvre empereur. As
surément ce qui s'est passé est suffi
samment horrible, mais le déshon
neur d'un suicide n'a pas paru suffi
sant à la radicaille juive qui grouille
dans les ruisseaux de Vienne. A ses
yeux, le suicide n'a rien de choquant,
et elle s'est empressée de ramasser de
la boue à sa portée pour la jeter sur la
mémoire de l'infortuné prince. Il faut
tout dire cependant: les feuilles juivës
elles-mêmes n'ont pas atteint à l'igno
minie de certains correspondants
étrangers.
■ L'un surtout,qui renseigne un jour
nal parisien fort éclectique, mérite
d'être signalé, car, tout en protestant
d'une « extrême réserve », il a trouvé
%3yen de désigner deux jeunes filles
dô telle sorte que, pour toute personne
connaissant Vienne, il devenait inutile
d'ajouter leur nom. Il faut être tombé
bien bas dans la démocratie pour en
venir là, ■ même si les faits supposés
avaient le moindre fondement ; mais
il n'y a pas de mot pour exprimer l'in
dignité d'un pareil bavardage, sur
l'unique autorité de ce qui peut se dire
dans quelques cabarets viennois.
Vous pouvez tenir pour certain ce
qui suit : l'impératrice est la première
personne à qui on ait annoné la mort
du prince impérial en liii disant toute
la vérité. Elle s'est écriée qu'elle n'o
serait jamais tout dire à l'empereur.
Celui-ci est resté/ en effet, quelque
temps sans connaître le fait du sui
cide, «cette seconde nouvelle de mort»,
comme on l'a si bien nommée. Le
pauvre empereur a d'abord voulu ca
cher que son fils avait attenté lui-même
à ses jours.. Il a fallu les instances de
ses ministres, et notamment de M.
Tisza, pour le faire renoncer à un si
lence inutile. Trop de'gens, en effet,
savaient la vérité, et, en voulant la
cacher, on provoquait les récits imagi
naires qui n'ont, malgré tout, fait que'
trop de chemin. L'empereur a donc
pris son parti courageusement et fait
publier le procès-verbal que vous con
naissez.
Il aurait dû suffire de cette publica
tion pour persuader tout homme
chrétien, ou seulement sensé, de la
réalité du suicide. François-Joseph est
chrétien et bon catholique, malgré les
trop nombreuses faiblesses de sa con
duite politique. A ces deux titres, rien
ne pouvait être plus douloureux pour
lui qu'un suicide ; il aurait certaine
ment mieux aimé qu'un'crime ait été
commis. Son âme. en eût été moins
affectée ; elle aurait gardé des conso
lations qui lui manquent. Le peuple
autrichien a, en grande majorité,
gardé aussi sa foi. Pour lui aussi, il eût
été moins douloureux d'avoir à lui an
noncer un assassinat qu'un suicide.
Il va sans dire que de telles considé
rations sont hors de là portée des juifs,
des reporters et d'un très grand nom
bre de journaux. Il faut pourtant cons
tater que la majorité des feuilles vien
noises et allemandes a été très conve
nable. Les journaux anglais et fran
çais ont le triste privilège de ne rien
respecter et de n attacher de prix à
leurs correspondants qu'en raison de
leur facilité à recueillir les cancans
les plus révoltants, parfois les plus ri
dicules, presque toujours sans l'om
bre d'un prétexte. Cela s'appelle des
nouvelles à sensation , et il paraît que
cela plaît à beaucoup d'abonnés.
Les médecins et des propos que l'on
recueille s'attachent à constater, chez
l'archiduc Rodolphe, certains symp
tômes de folie. On conçoit ces efforts
qui ont pour but de diminuer, sinon
d'effacer son crime. Malheureusement
il devient tous les jours plus évident
que . son suicide était prémédité.
Comme l'excitation que l'on remar
quait en lui datait déjà de plus d'un
mois, cela ne contredit pas absolu
ment l'espoir $ un: certain égarement,
mais cela est fait pour inspirer des
craintes terribles et de douloureuses
réflexions.
Je n'ai rien à retirer de ce que je
vous ai dit l'autre jour de l'archiduc,
mais il est opportun maintenant de
rappeler les conditions fort mauvaises
de son éducation. Les gouverneurs
que nommait l'autre jour M. Fromm
étaient tous excellents et dignes de
respect; mais on avait donné en même
temps au prince des professeurs détes
tables. De là d'abord un travail intel
lectuel excesif qui, dans sa première
jeunesse, a donné quelques inquiétu
des. Enfant, on a suivi avec lui le sys
tème d'instruction en vogue, toujours
fatigant à l'excès, et auquel venait
s'ajouter, dans ce cas, l'énorme quan
tité de langues différentes qui sont au
moins utiles à connaître pour un sou
verain de l'Autriche. Ce qui est plus
triste, le système était moderne aussi
dans ses tendances. Il en résulte qu'on
avait fait du prince un demi-savant,
croyant à tout ce qui s'appelle science
comme à une vérité, arrivant ainsi peu
à peu au, matérialisme, au darwinis
me, à toutes les folies de notre temps.
Les professeurs laïcs avaient tué l'en
seignement des professeurs- ecclésias
tiques; car il y en avait des deux
sortes.
On aura beau chercher les causes
du parti désespéré qu'a pris l'infor
tuné : la cause principale est dans la
perte de sa foi, dans l'égarement de
sa raison à la recherche d'une fausse
science et des prétendues découvertes
des docteurs en- vogue. Aussi était-il
devenu un homme de lettres, et il
était, selon le langage des professeurs
et lettrés viennois, «sans préjugés ».
Cela veut dire qu'il ne connaissait pas
plus la vérité en politique qu'en reli
gion et qu'il comptait parmi ses plus
chauds admirateurs les radicaux* les
juifs et ■ les francs-maçons. Etait-il
franc-maçon lui-même? On affirme
que l'empereur avait obtenu de lui de
ne pas faire ce dernier pas; mais c'est
déjà beaucoup qu'on ait pu le croire
et qu'on ; puisse conserver quelques
doutes siir ce point.
La folie dont on parle tant aujour
d'hui, et que l'on a tant de motifs de
désirer n'était donc que trop bien pré
parée. Les suicides deviennent j • depuis
trop longtemps, de plus en plus nom
breux à Vienne' comme partout. Ce
« maître d'école prussien » qui, a-t-on
dit, était le vainqueur à Sâdowa, a
porté bien d'autres coups : à l'Autriche,
et le dernier n'est pas un des moins
sensibles. Le maître d'école prépare
pour le professeur, et les professeurs
allemands sont ce qu'il y a de plus
propres àu monde a répandre une
instruction qui détruit rapidement
toute éducation morale.
Ce qui se passe montre la valeur des
amitiés, des sympathies juives et franc-
maçonnes, surtout pour un prince.
Extérieurement et même ; avec une
grande ostentation, tout les radicaux
de Vienne font les manifestations les
plus attendries en l'honneur du prince
impérial; mais en même temps, dans
l'intimité, ils ne négligent rien pour
salir sa mémoire. La prudence les
oblige à ne répandre leurs calomnies
que par la presse étrangère, et celle-ci
n'est que trop prête à se jeter sur le
scandale comme sur une proie qui lui
plaît entre toutes^et dont les amateurs
sont.innombrables. '
Pour toutes les raisons que je viens
de développer, le peuple autrichien a
raison de pleurer surtout les immenses
douleurs de son. malheureux Souve
rain. Pour ce peuple si bon et si fidèle,
le malheur qui vient d'arriver est peut-
être une grâce providentielle. L'archi
duc Charles-Louis, frère de l'empereur
et son successeur immédiat, est un
prince émmémment chrétien. SOn fils
aîné, l'archiduc François d'Esté, a pu
mériter des reproches, mais sa con
duite s'est déjà fort amendée èt,
comme il a péché plutôt par lé
gèreté que , par ; manque de prin
cipe, il y a .tout lieu d'fispérer qu'il
deviendra un prince digne de succéder
à François-Joseph. Ce dernier, malgré
ses erreurs politiques, est essentielle-r
ment bon ; il a empêché bien du mal
et il est adoré de ses sujets. Dieu lui
fasse la grâce de tirer du coup qui
viènt de le frapper tous les enseigne-
ments que la Providence semble avoir
voulu lui donner eh récompense de
ses vertus et de ses qualités vraiment
royales.
B. d'Agreval.
Nos lecteurs* connaissent les senti
ments de piété et de religion dont est
aniipé l'empereur François-Joseph;
aussi ne saurait-on être surpris que le
malheureux père et souverain, au fort
de sa douleur actuelle, soit allé cher
cher la consolation là où . seulement
il pouvait la trouver.
Le soir de l'arrivée du corps de son
malheureux fils, Sa Majesté s'est con
fessée et elle a communié le lende
main matin à la chapelle paroissiale
de la cour. -
Une lettre autographe de l'empereur
au ministre président comte Taafïe,
portant la date du 5 février, charge
celui-ci de procéder à la publication
de la communication impériale sui
vante :
: A mes peuples,
Profondément ému, je courbe humble
ment la tête devant les résolutions insonda
bles de la divine Providence. Moi et mes
peuples nous prions Dieu de me donner la
force d'accomplir scrupuleusement mes de
voirs de souverain et de persévérer,dansl'a-
venir comme parle passé,dans les efforts in
cessants en vue du bien général ainsi que du
maintien de là paix. J'ai éprouvé une grande
consolation, dans ces jours de profonde dou
leur, à me sentir entouré de l'affection la
plus sincère de mes peuples, et de recevoir
de toutes parts de nombreux et touchants
témoignages de condoléances. Je constate
avec une reconnaissance profonde que les
liens d'union et de fidélité qui m'unissent,
ma maison et moi, à tous les peuples de. la
monarchie, ne font que se resserrer dans
ces heures de grand malheur.
L'empereur termine son rescrit en
remerciant cordialement ses peuples,
en son nom, ainsi qu'au nom de l'im
pératrice et de l'archiduchesse Stépha
nie, et en appelant la protection de
Dieu sur la patrie.
-«s-
On verra aux dépêches que M. Par-
nell interjette appel du jugement de
lord Kinnear, qui le déboute de ses
poursuites'contre le Times.
Le Times, qui a remporté cette vic
toire,au moyen cfune chicane de pro
cédure, s'en réjouit hautement. Il dit
qu'il aurait été fâcheux et peu conve
nable dé voir l'enquête de la commis
sion gouvernementale de Londres em
brouillée par la concurrence d'une au
tre enquête en Ecosse.
Ainsi et de son propre aveu, le
Times n'a ergoté sur la procédure,que
pour échapper à un jugement sur lé
fond même 1 de son affaire. La . ebirf *
mission dé Londres lui suffit, èt on. le
comprend, puisqu'elle lui donne le
moyen de continuer impunément sa
campagne Contre les nationalistes ir
landais. Et il n'y aura pas de condam
nation au bout, puisque ce tribunal de
juges est constitué; ,èn .commission
d'honneur, et non en "tribunal effectif.
Quand le jôurnal'et lëgôtiVerhemënt
auront fait publier toutes leurs;pièeès
çt fait défi)er là çollectibn de léurs
informers contre les : chefs du parti
irlandais, ceux-ci feront entendre leur
dêfenâe; les: juges déposeront un
YOlumineux rapport - et formuleront
leur avis, puis chacun paiera ses frais
et tout sera dit. ■ ■ >
Un jprocès en Ecossé'pourrait bien
tourner autrément. Le Times se verrait
sans doute mis en demeure de prouver
l'authenticité des « fameuses lettres »
qui ont été le point dé départ de la
commission d'enquête, et dont il n'est
plus guère question depuis le temps
que les agents du gouvernement et
du Times débitent devant la commis
sion toutes leurs vieilles histoires con
tre le, mouvement nationaliste irlan
dais. ■
, :Le procès d'Ecosse serait un= vrai
procès. Celui qui se déroule devant la
commission de Londres ne réssemble
guère qu'à une machination poli
tique.
L. N. G.
Le catholicisme aux Etats-Unis
Depuis dix ans les catholiques de
France connaissent l'amertume de
voir la patrie que-leurs aïeux ont faite,
gouvernée et exploitée par la faction
des rènégats campés au pouvoir. -En
attendant que vienne la crise-' défini
tive du « dégoût national », dont, grâce
à Dieu, on commence à entrevoir la
promesse, c'est au dehors que la
France catholique peut regarder avec
orgueil pour y trouver quelques con
solations àu honteux régime de la ré
publique laïcisante. Nous ne parlons
pas seulement pour l'Orient, où Gam-
betta lui- même, l'organisateur de
î'anti-çléricalisme domestique, recon
naissait qu'il fallait garder « la clien
tèle, catholique de la. France »i ni pour
les pays barbares d'Afrique, d'Asie et
d'Océanie, où nos intrépides mission
naires vont au milieu de tant de pé
rils, et avec tant de succès, porter la
bonne nouvelle de l'Evangile.
. C'est dans la florissante et puissante
république des Etats-Unis que nous
prions nos lecteurs de nous suivre un
instant. On sait les merveilleux pro-ï
grès de l'Eglise catholique aux Etats- '
Unis. Et ce n'est pas pour un catho-.
lique français un médiocre sujet de
fierté que de constater la part prise par
des ouvriers de la France à ce mer
veilleux progrès. >
* En < «fïet, parmi-les grandes « célé
brations religieuses-- {comme on dit
là-bas) qui ont marqué aux Etats-Unis
l'année dernière, nous relèverons aveo
une joie. particulière et le jubilé du
R. P. Sorin, à l'université Notre-Dame
de l'Indiana, et le solennel triduum du
B. de la Salle, à New-York.
- Nousiavons récemment parlé à nos
lecteurs de la magnifique démons
tration de reconnaissance et da
respect organisée par les catholiques
américains en l'honneur du très révé
rend Pèré Sorin. Cette démonstration
a eu un tel éclat, que les représentants
de la République française dans les
EtatsrUnis n'ont pas voulu laisser igno-
rerla chose au gouvernement français*
Et le gouvernement .français, comme
noui3 ; l'apprenait récemment une lettre
des Etats-Unis, n'a pas cru pouvoir se
désintéresser du témoignage rendu à
un 'prêtre français par le peuple améri
cain., M. Lockroy, qui a fait M. Renan
grand officier de la Légion d'honneur
et M. Zola chevalier du même ordre,
a envoyé au T. R. P. Sorin un ruban
d'officier d'académie, distinction que
depuis Mi Jules Ferry on voit donner
à des danseurs de l'Opéra. Evidemment
M. Lockroy aurait pu faire mieux ;
néanmoins, c'est le digne ministre
d'une république où la religion-et ses
religieux n'ont droit qu'à l'outrage et
et à la persécution, et il a fallu qu'il
sortît de ses habitudes
D'ailleurs, au milieu des hommages
que lui ont rendus les autorités et les
populations des Etats-Unis, le digne
religieux français n'avait guère besoin
du ruban de M. - Lockroy. Quant aux
catholiques américains, ils n'ont va
dans le ruban qu'un hommage rendu
au T. R. P. Sorin par le gouvernement
de la France, et ils s'en sont réjouis
avec raison..
C'est encore la , France catholique
qui a été à l'honneur dans les fêtes
magnifiques célébrées à New-York
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