Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1888-01-08
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 janvier 1888 08 janvier 1888
Description : 1888/01/08 (Numéro 7322). 1888/01/08 (Numéro 7322).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Dimanche 8 Janvier 1888
'N* 7322 — Edition quotidienne"
Dimanche 8 Janvier 1888
Nn
Ê5WI0N QUOTIDIENNE
EDITION SEMI-QUOTIDIENNE
(JQ EU* t i > «
Six mois. . . .
Trois mois. . .
PARIS
ET DÉPARTEMENT»
.55 »
23 50
1S »
ÉTRANGER
. (union foetale)
66 »
34 »
18 a
P SI ?
Jgj «bonnement» partent des l« et <6 do chaque mon
.... ..TT.rTino ( Paris 15 cent.
UN NUMÉRO | Départements. 20 —
iSfOREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s 'abonne Rome, place du Gesù, 8
PARIS ÉTRANGER
ÏT DÉPARTEMENTS (UNION POSTAIS)
Un an 30 » 36 »
Six mois. ... 16 » 19 »
Trois meis. . . 8 50 10 »
tes abonnement? partent des fi" et 18 de chaque moM
L 'UîîlYERS ne répond pas des manuscrits gui lui sont adressés
ANNONCES ■
MW. Ch. LAGRANGE, CERF et C ! «, 6, place de laBoursO ■
FRANGE
PARIS, 7 JANVIER 1888
^ C'est naturellement des élections
sénatoriales que s'occupent les jour
naux. En général, les feuilles conser
vatrices se montrent plutôt satisfaites :
elles signalent les progrès faits par le
parti conserya,t.eur, .même dans les dé
partements où. il. a été battu ; elles in
sistent, peut-être, un peu plus que de
raison, sur. la diminution des voix ré
publicaines; d'autre part, les journaux
opportunistes et radicaux ne cachent
pas leur mécontentement ; ils trou
vent, comme M. Ranc cité hier, que
la république conserve à peine ses po
sitions, ce qui n'est pas .suffisant. Us
partent de là pour s'incriminer mu
tuellement ; pour les radicaux, ce
sont les opportunistes qui ont fait tout
le mal, et réciproquement. Us se pour
rait que les uns et les autres ren
dent responsable du résultat des élec
tions le ministère Tirard,que déjà l'on
compare au ministère Bnsson, si vio
lemment attaqué après lés élections
d'octobre 1885.
On commence. à se préoccuper du*
retour des Chambres. Que vont faire
les députés et sénateurs ? Que fera le
ministère, dont le prestige, déjà bien
maigre, aura été encore amoindri par
les élections du 5 janvier ?
Il va falloir s'occuper du budget. M.
Tirard pourra-t-il, avec moins d'auto
rité et de compétence., faire accepter
les projets financiers de M. Rouvier,
qui rencontraient. une vive oppo
sition ?
Et l'interpellation de M. de Lamar
zelle sur les agissements du conseil
municipal au moment de l'élection sé
natoriale, comment s'en tirera le
ministre Sarrien, obligé de ménager
le chou opportuniste et la chèvre radi
cale ?
De nouveau, le bruit de l'arrestation
de M. Wilson a couru, à la suite de
l'incident-que-nousavons signalé hier. ,
C 'était aller trop vite; mais l'incident,
sur lequel nous donnons de nouveaux
détails, resté grave, ' et il devient de
plus en plus difficile 3e ne pas mettre
en cause'le gendre de'M. Grévy.
Non seulement, le tribunal a sursis
au fugement jusqu'à. la .fin d'.une.nou-
■vellé instruction qui vise directement
M. Wilson, mais il a prononcé la mise
en liberté provisoire des trois prévenus
dans l'affaire Ribaudeau, ceux-ci ne
pouvant rester en • prison lorsque le
plus coupable peut-être est en liberté.
On continue la campagne commen
cée pour obtenir que le décret d'expul
sion pris, par M- Grévy contre le duc
d'Aumale soit rapporté. D'après une-
note du Gaulois que nous reprodui
sons, M. Carnot aurait dit qu'il ne
pouvait rappeler un prince expulsé
pour avoir attaqué, dans une lettre
rendue publique, son prédécesseur,
sans manquer gravement à celui-ci ;
il faudrait,pour qu'il puisse rouvrir au
prince exilé les portes de la. France,
que M. Grévy, le. demandât lui-même.
31 ne le fera pas^
On s'était- trop hâté en annonçant
que l'incident ■ ae Florence était ter
miné et que îa France recevrait immé
diatement toutesâtisfaction. M. Crispi
continue à promettre que satisfaction
sera donnée, Mais promettre et tenir
sont deux*, .et ïeâ .journaux officieux
italiens soulèvent -force, chicanes. On
peut en conclure que l'affaire traînera
en longueur^ C'est ce qui ressort d'une
jaote très-probablement officieuse du
Temps que nous reproduisons,
Et la guerre? ÀOfatlfd'hui, les nou
velles sont tout a fait & là paix. Mais
pour combien de tejfips.'? Cette accal
mie, qu'il ne faut pas. confondra avec
une entente et qui laisse sans solution
la question bulgare et toutes les autres
questions -, durera-t-elle plus que le
mauvais temps ?• L'échéance • d u prin
temps est toujours là'quiy dans Ja sta
tion actuelle de l'Europe, ramène cha
que année les mêmes appréhensions.
Comme l'Europe civilisée a le droit
d'être fière de l'état dans lequel l'ont
mise la Réforme et La Révolution,après
avoir détruit l'oeuvre, plusieurs fois sé
culaire, de Charlemagne et des Papes !
Ce n'est rien encore; l'infirmière
laïque doit souvent être logée au de
hors. Elle coûte alors 1,500 francs.
La loge-t-on à l'intérieur? Un lit
dans un dortoir ne lui suffit pas, c'est
un appartement qu'il lui faut. Et alors,
dit le docteur Desprès aux énergu-
mènes, qui vocifèrent mais ne répon
dent pas, alors « vous transformez les
hôpitaux en asiles d'employés. C'est cc
qui existe déjà à la Salpétrière, à Bieê-
tre,à Laënnec.» En d'autres termes, le
patrimoine des malheureux estdevenu
une curée, destinée à contenter les
appétits gloutons des protégés de la
horde municipale. Ces étranges hôtes
y font ripaille avec le bien d'autrui, le
bien sacré des indigents.
M. Peyron, le directeur de l'assis
tance publique, n'y trouve rien à're
dire, rien à modifier; il déclarera
conscience tranquille. A ce compte,
nous ne voyons pas quelle conscience
les despotismes ont leur fin. Les hôpi
taux retrouveront leur ancienne pros
périté le jour où lajraison sera revenue
parmi vous. Laissez le temps faire son
œuvre et un jour l'on reconnaîtra, en
haut comme en bas, que le chef de
l'assistance publique a pour premier
devoir de faire abstraction de ses idées
personnelles, pour ne songer qu'aux
intérêts sacrés qu'il est chargé de dé-v
fendre. »
On ne saurait mieux dire. '
Mais, en attendant le jour de la ré
paration, ou plutôt de la délivrance,
car les millions des pauvres jetés en
proie aux appétits révolutionnaires ne
seront jamais restitués, il faut agir.
Le digne successeur du cardinal Gui r
bert à son tour élève la voix, pour de
mander aux catholiques du diocèse de
compenser par des sacrifices person
nels les pillages administratifs du pa
trimoine des indigents. Les catholi-
pourraitêtre troublée, même au bagne, ques prouveront à Mgr Richard qu'ils
Malheur au pauvre!
A la veillé /le la quête qui se fera
dans les églises pour les œuvres ca
tholiques d'assistance, il paraît util®
d'insister sur l'écœurant spectacle
donné à l'hôtel de yiîle,daïàs J.es der
niers jours de 1887, pai* les laïcisaisrs
du conseil municipal.
La majorité de cette assemblée n"a
su répondre que par des ricanement
à l'accablant réquisitoire fait, dans les
termes les plus mesurés et les plus
dignes, par le docteur Desprès contre
la laïcisation des hôpitaux.
Voici quelques-uns des faits consta
tés par M. Desprès. A la Charité, où
vingt-deux religieuses dévouées rece
vaient chacune 200 francs, en tout
4,400 francs, quarante-quatre infir
mières laïques recevront chacune
7 50 francs, en tout 33,000 francs.
où les voleurs des pauvres ne se trou
vent pas.
Car, ces gaspillages, — qui sont des
brigandages —s'élèvent hien à six
millions , au bas mot. Voler aux indi
gents six millions, pour Je plus grand
triomphe de la secte matérialiste, c'est
permis, selon les casuistes de l'hôtel-
de-ville. Voilà des gens qui n'ont pas
assez d'anathèmes pour les industriels
qui font un petit commerce de déco
rations!
« Nous ne voulons pas faire d'éco
nomies sur les pauvres, » clame
M. Rousselle. En attendant, on sup
prime pour 1888 cent mille journées ue
malades. Ce sont les étrennes que le
Conseil municipal de Paris offre ga
lamment à ses électeurs, ce qui n'em
pêchera point, hélas ! les susdits élec
teurs de le réélire avec enthousiasme.
Les réductions ne s'arrêteront pas
là. « Le directeur de l'Assistance pu
blique a déclaré à la commission du
budget qu'il solliciterait des médecins
et des chirurgiens la suppression des
lits supplémentaires et des bran
cards,- » c'est-à-dire d'un accroissement
facultatif et temporaire de secours
plus indispensable que jamais.
Par contre, les mendiants pullulent
Nous ne nous plaignons pas de la
mendicité ; elle est le droit strictdu
pauvre, partout où l'assistance n'est
pas suffisamment organisée ; Vil y a
de faux pauvres, ce qui est fâcheux,
.es vrais pauvres, que la crise des af
faires rend de plus en plus nombreux,
doivent pouvoir demander du pain
quand il leur est impossible d'en ga
gner. De la rue à l'hôpital, il n'y a
pas loin. Si la rue est pleine de men
diants, ce n'est pas l'heure de dimi
nuer les secours ; c'est celle de ne pas
piller le patrimoine des pauvres en
augmentant criminellement les dé
penses.
Or à Paris, le changement et l'aug
mentation du" personnel^ l'accroisse
ment des frais généraux équivalent à
la soustraction permanente d'une
énorme part des biens des indigents
Car tous ces coûteux remaniements
n'offrent pas même l'apparence d'une
compensation.
Parlerons-nous de l'âme des ma
lades? L'assistance publique ne leur
en reconnaît pas. Elle a su hérisser de
tant de difficultés administratives^ les
relations entre les malades et le prêtre,
que la plupart sont condamnés à mou
rir sans les .secours de la religion.
Parlerons-nous des consolations que
donne une parole amie ? La religieuse
était une sœur, l'infirmière est une em
ployée. La sœur était venue pour se
dévouer ; l'infirmière est là pour ga
gner de l'argent. La salle était pour la
sœur le vestibule du ciel, une patrie
d'adoption ; la sallé est pour l'infir
mière l'atelier, un atelier peu ragoû
tant et rien de plus. La sœur était fière
de son costume de servante des pau
vres ; l'infirmière attend avec impa
tience l'heure de quitter le sien pour
faire toilette, et courir au spectacle ou
au bal. Heureux les malades quand,
d'aventure, ils trouveront dans l'infir
mière une bonne nature, capable de
quelque compassion ; mais qu'ils n'y
comptent pas. L'aventure sera rare
Car ces emptop.es, choisies à dessein
jarmi les libres-penseuses, ne ressém-
)leront guère à ces humbles et pipqses
Uies ds service dont les sœurs avaient
g secret dû s'entourer.
ktss cqrps, du moins, seront41s
mieux traités? Ce que nous ayons yq
dit trop éloqucmment ce que nous y$v-
rons.
Soigner les malades est une qeuyrp
ie miséricorde, qui veut l'union du
■cœur et de la main. Ces soins sont
si compliqués, si absorbants, si en
nuyeux. si répugnants! D'au|rppart,
il est si aisé d'en supprimer une partie
sans que la suppression soit remar
quée! Il y faut une conscience plus
délicate qqa P personnel formé à S.QÏÏ image.
. Aussi que de faits doufçurpyx, la-
iï^n.tables, ont été révélés à la .chargé
de ce personnel mercenaire ! Et que
.serait-ce si l'&dr^ir^tration ne voilait
pas toui ™ qu'elle peut voile?, «j. les
malades, p4u >'. res ,Ç ens i intimides, pp
gardaient pas le sileuC®. s,lr P9 ur "
boires extorqués, sur les rt^lï|f£nces,
sur les brutalités, de peur d O-tt^er
leur tête les foudre® officielles 7
« Le jour viendra, (Ht .docteur
Desprès dans une éloquente pérorai*
son, le jour viendra où les sœurs ren
treront dans les hôpitaux, d'où elle?
ïi'apraient jamais du sortir, Cfôj* touf»
savent écouter sa voix et imiter ses
exemples.
Puisse la population laborieuse, en
voyant ceux qui vont à l'église donner
infatigablement de leur "bourse aux
écoles, aux hôpitaux, aux œuvres d'as
sistance de toute sorte, tandis que
d'autres personnages, qui affectent de
ne point aller à l'église, font danser
les écus des pauvres pour la plus
grande gloire de Marianne,. puisse
cette population comprendre en même
temps quels sont ses vrais amis et
quelle doctrine est favorable à ses plus
chers intérêts !
A. D.
La ville de Pontoise donne lieu a
une question de droit assez rare. Elle
n'a pas d'avocats et le tribunal de pre
mière instance est desservi par les
avoués. Quatre avocats viennent de s'y
installer et prétendent débusquer les
avoués du droit de plaider. La question
a été tranchée par un exemple assez
éclatant. Un avoué, M. Glandaz, in
vesti du droit de plaider à une époque
où le barreau de Paris n'était pas or
ganisé, a conservé ce droit jusqu'à un
âge très avancé et quand depuis long
temps aucun avoué ne l'exerçait plus.
Il n'a pas paru qu'on pût donner
un éffet rétroctif à la loi. On conçoit
que les avoués nommés après l'instal
lation du nouveau barreau n'aient pas
le droit de plaider. Les anciens gardent
leur droit. D'ailleurs les avoués pour
raient toujours plaider à titre d'amis
des parties. 11 serait étrange que les
avocats prétendissent ôter aux justi
ciables la liberté de se défendre. Là
question posée est résolue par les an
técédents. Les avocats sus-indiqués
ont le droit de plaider à Pontoise, mais
non de retirer la parole aux avoués
actuellement en exercice et qui ont
acheté leurs charges dans des condi-
tirns qu'il n'est pas permis de modi
fier arbitrairement.
Au sujet de l'incident de Florence,
le Temps publie la note suivante :
Un de nos correspondants de Rome nous
avise que M. de Motiy a eu une longue
entrevue avec M. Crispi, au sujet de l'inci
dent de Florence. M. Crispi a déclaré qu'il
n'avait pas reçu encore le résultat de l'en
quête que le ministre de la justice a fait
ouvrir par lé procureur général de Flo
rence.
Le président du conseil italien reconnaît
toujours le bien-fondé des réclamations
françaises, et il est évident qu'il leur sera
donné satisfaction au point de vue de la
violation de la maison du consul de France.
Quant à. l'origine même du débat, elle
soulève des questions de droit assez com
plexes. U est, en particulier, assez délicat
de déterminer de qui relèvent les valeurs
mobilières appartenant à la succession d'un
individu quelconque décédé sur terre
étrangère. L'enquête italienne s'étant éten
due à ces points particuliers, oa comprend
qu'elle n'ait point été terminée aussi rapide
ment qu'on pouvait s'y attendre tout d'a
bord.
Le travail des femmes
ET LA LIBERTÉ ÉCONOMIQUE
La Politique sociale , journal hebdo
madaire, que dirige notre confrère M.
Levasnier et qui traite .au vrai point de
vue les questions économiques, donne
des détails bien intéressants et bien
significatifs sur la situation où sont
réduites les ouvrières travaillant, pour
le compte des grands magasins.Voici
la plus grande partie de l'article pu
blie à ce sujet par la Politique sociale-
Certaines grandes maisons commerciales
n'entretiennent de rapports directs qu'avec
des entrepreneurs ou entreprenepeg char
gées de leur remettre sous leur responsa
bilité les ouvrages qu'elles vont faire. La
maison Oudot, connue pour la perfection de
ses lingeries, alloue 2 fr. 50 sur chaque
pantalon que lui remet l'entrepreneuse
impossible h l'ouvrière, en raison rie la
perfection exigôe, d 'ap &ever en pn jquç - un
pantalon ; maïs le prix s'abaisse encore en
passant par l'intermédiaire de l'entrepre
neuse ; celle-ci prélève 1 fr. 25 oour elle Jj,
ne rpffief que l>. à l'ouvri^, qui sou
vent est obligée dé travailler deux jours
pour gagner'estte' misérable somme. Le
j^élèyeinent de l'entiçDî-eneuse qp^j, pa
raîtra ep gapejl c&s pxa^jrp', surtout si 1-pn
observe que sa responsabilité quant à la
perfection de l'ouvrage pe peut fgiro retom
ber lps îflalfljieafs 4 e T(nivn$re sa pharge
qu'autant qu'elle ne ]ps a pas elle-même
remarquées Si l'entrepreneuse reçoit de
J'ouvrière un oqvrftge mal fait, elle rs se
fait aucun scrupule, suivant les cas, de
le refuser ou de diminuer encore le salaire
payé.
Une ouvrière travaillant à ourler des draps
ou des torchons pour une entrepreneuse
traitant avec le Bon Marché n'est pas mieux
partagée. Sur ce point, nous sommes à
même de fournir des renseignements encore
plus précis.
Une paire de draps avec deux surjets et
quatre ourlets est payée à l'ouvrière de
0 fr. 50 à 0 fr. 60 (05 c. par mètre de surjet
et 25 c. par mètre d'ourlet) ; or une ouvrière
très habile parviendra difficilement à faire
deux paires de draps dans une journée de
12 heures, et encore doit-elle sur ce maigre
salaire prélever le prix, du fil qu'elle
emploie (environ 10 c. par paire de draps);
ce fil ne lui est pas fourni par l'entrepre
neuse. Une ouvrière ordinaire ne gagnera
pas dans sa journée plus de 0,60 à 0,80
centimes. C'est de quoi mourir de faim
lentement si elle n'a pas d'autres res
sources.
Les-Jorchons sont payés 0,25 à 0,30 c.
la douzaine, et deux douzaines dans une
journée sont une tâche assez rude pour les
ouvrières qui n'ont pas une dextérité au-
dessus de la moyenne.
Notre confrère conclut en ces ter
mes :
Ainsi dans une société qui se dit, qui se
croit et qui est riche, de pauvres créatures
n'ont au prix de leurs fatigues qu'un salaire
aussi insignifiant. Turgot déclarait que,sous
le régime de liberté, le salaire tend à se ré
duira ce qui est indispensable & l'ouvrier
pour sa subsistance.il est démontré aujour
d'hui que cette loi (connue sous le nom de
loi d'airain des salaires) est fausse en ce que,
dans beaucoup de cas, le régime de liberté
produit des salaires qui ne sauraient assu
rer l'existence de l'ouvrier.
Une ouvrière avec 0 fr. 50 à 0 fr. 60 par
jour ne peut vivre à Paris ; elle peut ne pas
mourir de faim le premier jour où elle est
seule, _ voilà tout ; qu'elle reste quelque
temps isolée: les fatigues, l'insuffisance de
la nourriture, la souffrance morale d'une
pareille situation auront ruiné sa santé,
et la mort pour être différée n'est pas moins
certaine.
Il n'y a pas de panacée, et c'est l'erreur
des socialistes d'imaginer que leur organi
sation despotique de la société amènerait
le bonheur universel ; mais nous nous re
fusons à croire à la nécessité de maux et
d'iniquités tels que ceux que nous signalons
Nous sommes convaincus de la possibilité
d'y remédier sans bouleverser la société,
et nous considérons qu'il est du devoir de
tout chrétien d'y chercher an remède.
Cette conclusion est inattaquable.
Les faits désolants qui sont relatés
ici et ceux du même genre qui sont
constatés dans toutes les industries
sont-la condamnation formelle dé la
liberté illimitée de la concurrence. Ce
principe engendre l'injustice, la mi
sère, le vice et la haine. Il était en
core, il y a quinze ans, considéré gé
néralement comme une règle inatta
quable et essentielle, parce qu'il dé
rive des absurdités de 89 ; on n'osait
pas rompre avec lui parce que c'eût été
porter la première atteinte à l'évan
gile révolutionnaire ; et pour voir enfin
imputer à leur vraie cause tant d'ef
fets désastreux, il a fallu la persévé
rante hardiesse de l'école catholique,
écrivains, orateurs, hommes d'action.
C'est encore à cette école qu'est ré
servé l'honneur d'établir les fonde-
nients du régime où l'activité hu
maine pourra s'exercer sans entraîner
un tel préjudice et de tels périls. En
finir avec l'individualisme, fixer le
mode du nouveau groupement social,
aucune doctrine ne la peut, si ce n'est
celle qui possède la loi du devoir et qui
parle aux consciences ? Au nom de
qui, au nom de quoi imposer au monde
du travail ces principes : le saîairen'est
pas à lui-même sa propre justice,—
il n'est pas uniquement déterminé par
le besoin actuel de l'ouvrier, — il n est
pas absolument dépendant des varia
tions de l'offre et delà demande, —au
trement dit, la société où le patron
peut contraindre des ouvriers à accep
ter un salaire insuffisant parce qu'ifs
n'en trouveraient pas d'autres, est une
société mal organisé ? Au nom de la
seule puissance qui créée et conserve
un lien entre les hommes, en dehors?
de toute convention. Que si le patron
réduit à cette extrémité est lui-même
une victime des nécessités présentes,
le désordre social n'en est que plus
éyidenf, 1 v
Une fois posée cette règle, que but
moyen de concurrence n'est pas de
soi licite et qu'il y a une concurrence
abusive, coupable à ce titrp cqmme
concurrence déloyale actuellement
réprimée par le code, l'institution né
cessaire se découvre : une autorité qui
procède de la communauté des inté
rêts et ïftQdgrP 1$ cqqcurrenoe par des
iqpsqres que la communauté a con
senties, Cette autorité prononcera sur
les prix, sur les procédés de produgs
tion, sur laproduction e]\p- rv^e,pour
1 enserqbl3 du gpoqpe çqrpomtif. Da«a
ce domaine, régi par ia iqaties, quel
essor peut prendrs la charité! On doit
en venir là si l'on ne veut pas se rési
gner à charger l'Etat d'envah ; - V, 1e ; n «
fS il ft a la famille ; car
« a Jl, ^ n ^ es P Qnc * a un besoin im-
p4 elle est 1 objet d'un espoir im
patient, elle décidera de l'avenir.
E UGÈNE T avernier.
Cette fois, c'est un lycéen de cette ville !
qui est l'auteur. Nous laissons la pa
role au Courrier de la Vienne ;
Un pensionnaire, le nommé A..., nous'
taisons son nom par pitié pour sa famille,
& au le triste courage de s'approcher de la
Sainte Table et après avoir reçu l'hostie
consacrée de la cracher 'dans son mouchoir
Arrivé au réfectoire, il a jeté cette hostie
dans son verre et l'a bue avec son vin.
Cet acte d'odieuse impiété souleva parmi
ses voisins une profonde émotion, qui gagna
tont l'établissement et parvint à la ;connais-
sance du proviseur.
Celui-ci procéda à une enquête, et ayant
obtenu du coupable l'aveu de sa sacrilège
profanation, le fit séquestrer à l'infirmerie.
L'autorité académique prévenue de (ces
faits, décida l'expulsion immédiate du jeune
A..., qui a été renvoyé à sa famille.
Nous ne saurions qu'applaudir à cette
juste sévérité, mais cela fait, ne faut-il pas
chercher la cause du scandale dans l'ensei
gnement et les exemples que les élèves
de l'Université ont trop souvent devant les
yeux ?
Comment veut-on que des enfants pren
nent le respect des choses de la religion,
lorsqu'ils les voient ou les entendent jour
nellement bafouer par leurs maîtres ? Com
ment s'étonner alors qu'ils en arrivent à
cette aberration d'esprit de commettre l'acte
de révoltante impiété que nous racontons
plus haut, et qui aura un douloureux écho
dans le cœur de tous les catholiques poite
vins.
11 fallait bien l'atmosphère du lycée
pour développer une précocité aussi
perverse. L'élève a été renvoyé du
lycée. Fort bien, mait pouvait-on
moins faire sans révolter les sentiments
des parents les moins scrupuleux?
Quant à prévoir le retour de fait pa
reils, l'université nous paraît impuis
sante à l'essayer. Habitué à distribuer
dédaigneusement dans lès collèges
l'instruction religieuse qu'il combat
ailleurs, l'Etat enseignant n'a ni le pres
tige ni l'autorité nécessaires pour em
pêcher les enfants de pousser jusqu'à
bout les déductions des principes
qu'il leur laisse pressentir. 11 est de
bon goût dansjes lycées, nous dit-on,
de mépriser Renseignement religieux
et de railler les élèves qui témoignent
des sentiments chrétiens. L'un des rail
leurs, plus effrontés que ses camara
des, est allé jusqu'au plus abominable
sacrilège. C'était fatal. A Dieu plaise
que ce scandale soit le dernier.
M qus avons raconté dernièrement
l'horrible sacrilège qu'un enfant de
quinze ans. avait commis à la cathé
drale de Béziers durant la nuit de
No&l. L'émotion produite par ce scan
dale était à peine calmée qu'un autre
fait aussi épouvantable nous est rap
porté par les journaux de Poitiers,
L' Agence Havas communique aux
journaux la dépêche suivante;
Rome, 6 janvier.
L 'Osservatore rortiano répond à la Ri-
for ma du 4 janvier, qui disait que le Vati
can avait fait à l'Italie des propositions de
conciliation qui avaient été repoussées par
elle. Ce journal déclare qu'il se peut que le
gouvernement ait fait des propositions for
melles et officielles au Pape ; il ne s'en
étonne pas en raison de la situation, mais il
est un fait dont tout le monde a été témoin,
c'est qu'après l'allocution papale du 23
mai dernier, toute l'Italie s'émut, et les
hommes parlementaires ,et gouvernemen
taux manifestèrent le vif désir de chercher
un arrangement qu'on pût offrir au Pape
Ce qui se passe en Italie et dans le monde
atteste, d'ailleurs, le ccntraire de l'asser
tion de la Riforma que l'Italie n'a pas be->
soin de conciliation avec le Vatican, 6t au
cun homme politique ne saurait mépriser
une force comme osfie de l'Italie concou
rant avec toutes les autres nations pour ho
norer le Pape et l'aider dans U revendica
tion de ses droits.
Que la Riforma, prguveque le Vatican a
fait à l'Italie des propositions intéressées
de conciliation,ajoute l 'Osservatore, et alors
nous raconterons oe qui s'est passé à la
lumière du soleil. Le Pape aurait vu av«s
plaisir cesser le couflit entre lui et l'Italie.
Ce désir de Léon XIII était-il une trahi
son?
Ce n'est pas sans émotion que nous
lisons dans le Mémorial de l'Allier :
L,e rédacteur en chef du journal 1 ' Univers
et son fils, M. Pierre Veuillot, ont eu l'hon
neur d'être reçus, le décembre, en au
dience particulière, par le Souverain Pon
tife, avec « la plus touchante bienveik
lance. » Sa Sainteté a exprimé sa haute sa
tisfaction « des travaux » du journal, en
disant : « X'Univers va hien. » Puis : « je
§uî's captent 4e f Univers. » Ensuite, le. Saint-.
Père a béni l'œuvre, la famille Yeuillat, les
nombreux et distingués çç^afeorateurs, les
soutiens et les lecteurs de la grande feuille
catholique, M. Eugène Veuillot a été re
cueilli a nouveau, de Léon comme
son illustre frère, l'irre^p^çaW 6 Louis,
l'était du Saint P^pe Pie !5£. C;'e$t une au
réole au fpû.ntispÀçs 1' et de « sa
grande fendille dans les cinq parties 4ti
abonde. Qu'il nous soit permis d'en pr^re
notre humble part !...
Nous rer^ erC j 0ng cor di a lement nos
ex .Céil6 , tils confrères du Mémorial de-
l 'Allier.
Le général Kanzler
amer? Et pourtant ces morts obscures,
loin du champ de bataille, ne sont
ni sans mérite ni sans gloire, ni même
sans fruit. « Sans doute, écrivait
Louis Veuillot en 1860, le moment
est affreux, et c'est une incom
mensurable amertume de penser
que Lamoricière est vaincu. Par cette
porte sanglante l'Eglise entre dans une
incalculable série d'épreuves. Nous
l'avions prévu. Nous disions que le
mal emporterait bien les digues avant
de rencontrer le grain de sable où Dieu
a résolu de borner ses succès; mais
l'âme n'en est pas moins atterrée, com
me il arrive au moment de la mort,
bien que l'on sût la maladie mortelle
et que l'on croie à la résurrection.
Néanmoins il ne faut pas perdre de vue
que de grands résultats sont acquis.
« Si la cause de l'indépendance d©
l'Eglise est pour le moment vaincue,
elle n'a pas été trahie. On meurt pour
elle, et tous ceux qui veulent mourir
ne sont pas tombés. Les causes pour
lesquelles on meurt sont les causes
qui ne meurent pas. En même temps
que les vaincus, enveloppés de cette
gloire féconde, portent dans les En
trailles de la terre le germe de la fu
ture moisson, les vainqueurs demeu
rent ostensiblement chargés du poids
et de la lèpre de leur crime. Le noble
sang des enfants de l'Eglise déjoua
la plus chère attente de l'infernal^
politique qui s'est vue réduite à 1$
laire couler. »
Kanzler était de ceux qui fur&nt
alors vaincus avec Lamoricière, et
néanmoins triomphèrent avec lui. Il
s'était si intrépidement conduit, opé
rant de Fossombrone sur An cône une
retraite jugée impossible entre les
deux corps d'armée de Fanti et deCial-
dini, que Lamoricière, à son arrivée
dans Ancône, le nomma sur-le-champ
général. Nul homme mieux que Lamo
ricière ne pouvait apprécier toute la»
valeur de ce fait d'armes où, à la tê.ce
de 1,200 hommes, le jeune colonel
Kanzler soutint victorieusement l'ef
fort de toute une division italienne.
Né en 1822, sous-lieutenant de l'ar
mée pontificale à 24 ans, Kanzler 'de
venait ainsi général à quarante-huit
ans,
Cette distinction devait bientôt le
désigner pour des fonctions plus hau
tes encore. Lamoricière se retirant
après sa glorieuse défaite, c'est Kanz
ler qui fut appelé à la tète des troupes
pontificales désormais vouées aux tra
vaux intérieurs de garnison. Réduite à
ce rôle, 11 semblait que l'initiative du
général Kanzler eût peu de champ
devant elle. Mais il sut tirer un parti
merveilleux de ce qu'il avait dans la
main, surtout, à partir du jour où,
ayant succédé à Mgr de Mérode com
me pro-ministre des armes, il eut seul
la direction de cette petite armée. A
force de soins, grâce à un esprit de
méthode et de discipline qui ne se dé-,
nientait pas un seul instant, il réussit
à faire de ses trompes une élite de com
battants, qui firent admirablement
leurs preuves en 1867, après avoir pen
dant plusieurs années fait face à tou
tes les insurrections fomentées par la
révolution dans les provinces pontifi
cale,
_ Hélas ! trois ans plus tard, l'inva
sion de la France poussait à Rome
l'invasion italienne, et, après un der
nier et glorieux combat, l'armée pon
tificale devait se renfermer derrière
les murs du Vatican.
Quand nous sera-t-il donné de l'en
voir sortir? C'est le secret de Dieu.
En attendant, c'est la gloire des sbl-
dats comme Kanzler d'avoir, avec une
constance admirable, tenu jusqu'au
bout, fermes dans la fidélité à la cause
.qui, de ses défaites mêmes, — le Pape
le proclamait encore il y a deux
jours, — sortira plus glorieuse et
plus forte, grâce aux dévouements
qu'elle inspire et que la mort fait sur
gir jusque du tombeau de ceux qui
toute leur vie ont vaillamment com
battu pour elle.
Auguste Roussel.
Il n'y a pas quinze jours, le général
Kanzler présentait au Pape les glorieux
demeurants de l'armée pontificale.
Lui-même pouvait justement se glori
fier d'être toujours à la tête de ce ba
taillon, réduit par les circonstances à
n'être plus qu une poignée, mais qui
ne cesse pas de représenter la plus
belle mission de la force au service de
la plus noble souveraineté qui soit au
monde. Et voici que, par un coup sou
dain, il disparaît à son tour avant
l'heure où il se flattait que peut-être
le combat pourrait utilement repren
dre en vue de faire rendre au Pape sa
pleine indépendance.
Pour un soldat est-il rien de plus
LE JUBILÉ SACERDOTAL
DE
SA SAINTETÉ LÉON XIII
Voici la dépêche communiquée aux
journaux par l'Agence Havas sur l'ou
verture de l'exposition vaticane :
Rome, 6 janvier.
L'inauguration de l'exposition du Vatican
a eu lieu dans la salle de réception, aména
gée pour la circonstance. Cette salle est car
rée. Le trôné du Pape, en-velours rouge et
or, occupe un des côtés ; les trois autres cô
tés sont réservés aux cardinaux, aux évê-
ques, à l'aristocratie et au corps diploma
tique.
A cette cérémonie assistaient environ nn
millier de personnes, parmi lesquelles 300
archevêques et évêques, notamment ceux
de Paris, de Prague et de Genève.
Le service d'ordre était fait parles suissea
et les gardes palatins.
L'exposition est de toute, beauté et sur
passe en magnificence celle du juhiié de
Pie IX.
Les nombreux invités avaient peine à pé
nétrer dans la salle d'inauguration.
Le Pape avait à sa gauche l'archiduchesse
de Toscane.
Léon XIII a fait son entrée à pied, à midi
et demi, accompagné des. cardinaux et de
toute sa cour. Tous les assistants se sont
alors levés et lo motet Tu es Peints a été
entonné.
Le cardinal Schiafflno, président du co
mité organisateur de l'Exposition, s'adres-.
'N* 7322 — Edition quotidienne"
Dimanche 8 Janvier 1888
Nn
Ê5WI0N QUOTIDIENNE
EDITION SEMI-QUOTIDIENNE
(JQ EU* t i > «
Six mois. . . .
Trois mois. . .
PARIS
ET DÉPARTEMENT»
.55 »
23 50
1S »
ÉTRANGER
. (union foetale)
66 »
34 »
18 a
P SI ?
Jgj «bonnement» partent des l« et <6 do chaque mon
.... ..TT.rTino ( Paris 15 cent.
UN NUMÉRO | Départements. 20 —
iSfOREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s 'abonne Rome, place du Gesù, 8
PARIS ÉTRANGER
ÏT DÉPARTEMENTS (UNION POSTAIS)
Un an 30 » 36 »
Six mois. ... 16 » 19 »
Trois meis. . . 8 50 10 »
tes abonnement? partent des fi" et 18 de chaque moM
L 'UîîlYERS ne répond pas des manuscrits gui lui sont adressés
ANNONCES ■
MW. Ch. LAGRANGE, CERF et C ! «, 6, place de laBoursO ■
FRANGE
PARIS, 7 JANVIER 1888
^ C'est naturellement des élections
sénatoriales que s'occupent les jour
naux. En général, les feuilles conser
vatrices se montrent plutôt satisfaites :
elles signalent les progrès faits par le
parti conserya,t.eur, .même dans les dé
partements où. il. a été battu ; elles in
sistent, peut-être, un peu plus que de
raison, sur. la diminution des voix ré
publicaines; d'autre part, les journaux
opportunistes et radicaux ne cachent
pas leur mécontentement ; ils trou
vent, comme M. Ranc cité hier, que
la république conserve à peine ses po
sitions, ce qui n'est pas .suffisant. Us
partent de là pour s'incriminer mu
tuellement ; pour les radicaux, ce
sont les opportunistes qui ont fait tout
le mal, et réciproquement. Us se pour
rait que les uns et les autres ren
dent responsable du résultat des élec
tions le ministère Tirard,que déjà l'on
compare au ministère Bnsson, si vio
lemment attaqué après lés élections
d'octobre 1885.
On commence. à se préoccuper du*
retour des Chambres. Que vont faire
les députés et sénateurs ? Que fera le
ministère, dont le prestige, déjà bien
maigre, aura été encore amoindri par
les élections du 5 janvier ?
Il va falloir s'occuper du budget. M.
Tirard pourra-t-il, avec moins d'auto
rité et de compétence., faire accepter
les projets financiers de M. Rouvier,
qui rencontraient. une vive oppo
sition ?
Et l'interpellation de M. de Lamar
zelle sur les agissements du conseil
municipal au moment de l'élection sé
natoriale, comment s'en tirera le
ministre Sarrien, obligé de ménager
le chou opportuniste et la chèvre radi
cale ?
De nouveau, le bruit de l'arrestation
de M. Wilson a couru, à la suite de
l'incident-que-nousavons signalé hier. ,
C 'était aller trop vite; mais l'incident,
sur lequel nous donnons de nouveaux
détails, resté grave, ' et il devient de
plus en plus difficile 3e ne pas mettre
en cause'le gendre de'M. Grévy.
Non seulement, le tribunal a sursis
au fugement jusqu'à. la .fin d'.une.nou-
■vellé instruction qui vise directement
M. Wilson, mais il a prononcé la mise
en liberté provisoire des trois prévenus
dans l'affaire Ribaudeau, ceux-ci ne
pouvant rester en • prison lorsque le
plus coupable peut-être est en liberté.
On continue la campagne commen
cée pour obtenir que le décret d'expul
sion pris, par M- Grévy contre le duc
d'Aumale soit rapporté. D'après une-
note du Gaulois que nous reprodui
sons, M. Carnot aurait dit qu'il ne
pouvait rappeler un prince expulsé
pour avoir attaqué, dans une lettre
rendue publique, son prédécesseur,
sans manquer gravement à celui-ci ;
il faudrait,pour qu'il puisse rouvrir au
prince exilé les portes de la. France,
que M. Grévy, le. demandât lui-même.
31 ne le fera pas^
On s'était- trop hâté en annonçant
que l'incident ■ ae Florence était ter
miné et que îa France recevrait immé
diatement toutesâtisfaction. M. Crispi
continue à promettre que satisfaction
sera donnée, Mais promettre et tenir
sont deux*, .et ïeâ .journaux officieux
italiens soulèvent -force, chicanes. On
peut en conclure que l'affaire traînera
en longueur^ C'est ce qui ressort d'une
jaote très-probablement officieuse du
Temps que nous reproduisons,
Et la guerre? ÀOfatlfd'hui, les nou
velles sont tout a fait & là paix. Mais
pour combien de tejfips.'? Cette accal
mie, qu'il ne faut pas. confondra avec
une entente et qui laisse sans solution
la question bulgare et toutes les autres
questions -, durera-t-elle plus que le
mauvais temps ?• L'échéance • d u prin
temps est toujours là'quiy dans Ja sta
tion actuelle de l'Europe, ramène cha
que année les mêmes appréhensions.
Comme l'Europe civilisée a le droit
d'être fière de l'état dans lequel l'ont
mise la Réforme et La Révolution,après
avoir détruit l'oeuvre, plusieurs fois sé
culaire, de Charlemagne et des Papes !
Ce n'est rien encore; l'infirmière
laïque doit souvent être logée au de
hors. Elle coûte alors 1,500 francs.
La loge-t-on à l'intérieur? Un lit
dans un dortoir ne lui suffit pas, c'est
un appartement qu'il lui faut. Et alors,
dit le docteur Desprès aux énergu-
mènes, qui vocifèrent mais ne répon
dent pas, alors « vous transformez les
hôpitaux en asiles d'employés. C'est cc
qui existe déjà à la Salpétrière, à Bieê-
tre,à Laënnec.» En d'autres termes, le
patrimoine des malheureux estdevenu
une curée, destinée à contenter les
appétits gloutons des protégés de la
horde municipale. Ces étranges hôtes
y font ripaille avec le bien d'autrui, le
bien sacré des indigents.
M. Peyron, le directeur de l'assis
tance publique, n'y trouve rien à're
dire, rien à modifier; il déclarera
conscience tranquille. A ce compte,
nous ne voyons pas quelle conscience
les despotismes ont leur fin. Les hôpi
taux retrouveront leur ancienne pros
périté le jour où lajraison sera revenue
parmi vous. Laissez le temps faire son
œuvre et un jour l'on reconnaîtra, en
haut comme en bas, que le chef de
l'assistance publique a pour premier
devoir de faire abstraction de ses idées
personnelles, pour ne songer qu'aux
intérêts sacrés qu'il est chargé de dé-v
fendre. »
On ne saurait mieux dire. '
Mais, en attendant le jour de la ré
paration, ou plutôt de la délivrance,
car les millions des pauvres jetés en
proie aux appétits révolutionnaires ne
seront jamais restitués, il faut agir.
Le digne successeur du cardinal Gui r
bert à son tour élève la voix, pour de
mander aux catholiques du diocèse de
compenser par des sacrifices person
nels les pillages administratifs du pa
trimoine des indigents. Les catholi-
pourraitêtre troublée, même au bagne, ques prouveront à Mgr Richard qu'ils
Malheur au pauvre!
A la veillé /le la quête qui se fera
dans les églises pour les œuvres ca
tholiques d'assistance, il paraît util®
d'insister sur l'écœurant spectacle
donné à l'hôtel de yiîle,daïàs J.es der
niers jours de 1887, pai* les laïcisaisrs
du conseil municipal.
La majorité de cette assemblée n"a
su répondre que par des ricanement
à l'accablant réquisitoire fait, dans les
termes les plus mesurés et les plus
dignes, par le docteur Desprès contre
la laïcisation des hôpitaux.
Voici quelques-uns des faits consta
tés par M. Desprès. A la Charité, où
vingt-deux religieuses dévouées rece
vaient chacune 200 francs, en tout
4,400 francs, quarante-quatre infir
mières laïques recevront chacune
7 50 francs, en tout 33,000 francs.
où les voleurs des pauvres ne se trou
vent pas.
Car, ces gaspillages, — qui sont des
brigandages —s'élèvent hien à six
millions , au bas mot. Voler aux indi
gents six millions, pour Je plus grand
triomphe de la secte matérialiste, c'est
permis, selon les casuistes de l'hôtel-
de-ville. Voilà des gens qui n'ont pas
assez d'anathèmes pour les industriels
qui font un petit commerce de déco
rations!
« Nous ne voulons pas faire d'éco
nomies sur les pauvres, » clame
M. Rousselle. En attendant, on sup
prime pour 1888 cent mille journées ue
malades. Ce sont les étrennes que le
Conseil municipal de Paris offre ga
lamment à ses électeurs, ce qui n'em
pêchera point, hélas ! les susdits élec
teurs de le réélire avec enthousiasme.
Les réductions ne s'arrêteront pas
là. « Le directeur de l'Assistance pu
blique a déclaré à la commission du
budget qu'il solliciterait des médecins
et des chirurgiens la suppression des
lits supplémentaires et des bran
cards,- » c'est-à-dire d'un accroissement
facultatif et temporaire de secours
plus indispensable que jamais.
Par contre, les mendiants pullulent
Nous ne nous plaignons pas de la
mendicité ; elle est le droit strictdu
pauvre, partout où l'assistance n'est
pas suffisamment organisée ; Vil y a
de faux pauvres, ce qui est fâcheux,
.es vrais pauvres, que la crise des af
faires rend de plus en plus nombreux,
doivent pouvoir demander du pain
quand il leur est impossible d'en ga
gner. De la rue à l'hôpital, il n'y a
pas loin. Si la rue est pleine de men
diants, ce n'est pas l'heure de dimi
nuer les secours ; c'est celle de ne pas
piller le patrimoine des pauvres en
augmentant criminellement les dé
penses.
Or à Paris, le changement et l'aug
mentation du" personnel^ l'accroisse
ment des frais généraux équivalent à
la soustraction permanente d'une
énorme part des biens des indigents
Car tous ces coûteux remaniements
n'offrent pas même l'apparence d'une
compensation.
Parlerons-nous de l'âme des ma
lades? L'assistance publique ne leur
en reconnaît pas. Elle a su hérisser de
tant de difficultés administratives^ les
relations entre les malades et le prêtre,
que la plupart sont condamnés à mou
rir sans les .secours de la religion.
Parlerons-nous des consolations que
donne une parole amie ? La religieuse
était une sœur, l'infirmière est une em
ployée. La sœur était venue pour se
dévouer ; l'infirmière est là pour ga
gner de l'argent. La salle était pour la
sœur le vestibule du ciel, une patrie
d'adoption ; la sallé est pour l'infir
mière l'atelier, un atelier peu ragoû
tant et rien de plus. La sœur était fière
de son costume de servante des pau
vres ; l'infirmière attend avec impa
tience l'heure de quitter le sien pour
faire toilette, et courir au spectacle ou
au bal. Heureux les malades quand,
d'aventure, ils trouveront dans l'infir
mière une bonne nature, capable de
quelque compassion ; mais qu'ils n'y
comptent pas. L'aventure sera rare
Car ces emptop.es, choisies à dessein
jarmi les libres-penseuses, ne ressém-
)leront guère à ces humbles et pipqses
Uies ds service dont les sœurs avaient
g secret dû s'entourer.
ktss cqrps, du moins, seront41s
mieux traités? Ce que nous ayons yq
dit trop éloqucmment ce que nous y$v-
rons.
Soigner les malades est une qeuyrp
ie miséricorde, qui veut l'union du
■cœur et de la main. Ces soins sont
si compliqués, si absorbants, si en
nuyeux. si répugnants! D'au|rppart,
il est si aisé d'en supprimer une partie
sans que la suppression soit remar
quée! Il y faut une conscience plus
délicate qqa P personnel formé à S.QÏÏ image.
. Aussi que de faits doufçurpyx, la-
iï^n.tables, ont été révélés à la .chargé
de ce personnel mercenaire ! Et que
.serait-ce si l'&dr^ir^tration ne voilait
pas toui ™ qu'elle peut voile?, «j. les
malades, p4u >'. res ,Ç ens i intimides, pp
gardaient pas le sileuC®. s,lr P9 ur "
boires extorqués, sur les rt^lï|f£nces,
sur les brutalités, de peur d O-tt^er
leur tête les foudre® officielles 7
« Le jour viendra, (Ht .docteur
Desprès dans une éloquente pérorai*
son, le jour viendra où les sœurs ren
treront dans les hôpitaux, d'où elle?
ïi'apraient jamais du sortir, Cfôj* touf»
savent écouter sa voix et imiter ses
exemples.
Puisse la population laborieuse, en
voyant ceux qui vont à l'église donner
infatigablement de leur "bourse aux
écoles, aux hôpitaux, aux œuvres d'as
sistance de toute sorte, tandis que
d'autres personnages, qui affectent de
ne point aller à l'église, font danser
les écus des pauvres pour la plus
grande gloire de Marianne,. puisse
cette population comprendre en même
temps quels sont ses vrais amis et
quelle doctrine est favorable à ses plus
chers intérêts !
A. D.
La ville de Pontoise donne lieu a
une question de droit assez rare. Elle
n'a pas d'avocats et le tribunal de pre
mière instance est desservi par les
avoués. Quatre avocats viennent de s'y
installer et prétendent débusquer les
avoués du droit de plaider. La question
a été tranchée par un exemple assez
éclatant. Un avoué, M. Glandaz, in
vesti du droit de plaider à une époque
où le barreau de Paris n'était pas or
ganisé, a conservé ce droit jusqu'à un
âge très avancé et quand depuis long
temps aucun avoué ne l'exerçait plus.
Il n'a pas paru qu'on pût donner
un éffet rétroctif à la loi. On conçoit
que les avoués nommés après l'instal
lation du nouveau barreau n'aient pas
le droit de plaider. Les anciens gardent
leur droit. D'ailleurs les avoués pour
raient toujours plaider à titre d'amis
des parties. 11 serait étrange que les
avocats prétendissent ôter aux justi
ciables la liberté de se défendre. Là
question posée est résolue par les an
técédents. Les avocats sus-indiqués
ont le droit de plaider à Pontoise, mais
non de retirer la parole aux avoués
actuellement en exercice et qui ont
acheté leurs charges dans des condi-
tirns qu'il n'est pas permis de modi
fier arbitrairement.
Au sujet de l'incident de Florence,
le Temps publie la note suivante :
Un de nos correspondants de Rome nous
avise que M. de Motiy a eu une longue
entrevue avec M. Crispi, au sujet de l'inci
dent de Florence. M. Crispi a déclaré qu'il
n'avait pas reçu encore le résultat de l'en
quête que le ministre de la justice a fait
ouvrir par lé procureur général de Flo
rence.
Le président du conseil italien reconnaît
toujours le bien-fondé des réclamations
françaises, et il est évident qu'il leur sera
donné satisfaction au point de vue de la
violation de la maison du consul de France.
Quant à. l'origine même du débat, elle
soulève des questions de droit assez com
plexes. U est, en particulier, assez délicat
de déterminer de qui relèvent les valeurs
mobilières appartenant à la succession d'un
individu quelconque décédé sur terre
étrangère. L'enquête italienne s'étant éten
due à ces points particuliers, oa comprend
qu'elle n'ait point été terminée aussi rapide
ment qu'on pouvait s'y attendre tout d'a
bord.
Le travail des femmes
ET LA LIBERTÉ ÉCONOMIQUE
La Politique sociale , journal hebdo
madaire, que dirige notre confrère M.
Levasnier et qui traite .au vrai point de
vue les questions économiques, donne
des détails bien intéressants et bien
significatifs sur la situation où sont
réduites les ouvrières travaillant, pour
le compte des grands magasins.Voici
la plus grande partie de l'article pu
blie à ce sujet par la Politique sociale-
Certaines grandes maisons commerciales
n'entretiennent de rapports directs qu'avec
des entrepreneurs ou entreprenepeg char
gées de leur remettre sous leur responsa
bilité les ouvrages qu'elles vont faire. La
maison Oudot, connue pour la perfection de
ses lingeries, alloue 2 fr. 50 sur chaque
pantalon que lui remet l'entrepreneuse
impossible h l'ouvrière, en raison rie la
perfection exigôe, d 'ap &ever en pn jquç - un
pantalon ; maïs le prix s'abaisse encore en
passant par l'intermédiaire de l'entrepre
neuse ; celle-ci prélève 1 fr. 25 oour elle Jj,
ne rpffief que l>. à l'ouvri^, qui sou
vent est obligée dé travailler deux jours
pour gagner'estte' misérable somme. Le
j^élèyeinent de l'entiçDî-eneuse qp^j, pa
raîtra ep gapejl c&s pxa^jrp', surtout si 1-pn
observe que sa responsabilité quant à la
perfection de l'ouvrage pe peut fgiro retom
ber lps îflalfljieafs 4 e T(nivn$re sa pharge
qu'autant qu'elle ne ]ps a pas elle-même
remarquées Si l'entrepreneuse reçoit de
J'ouvrière un oqvrftge mal fait, elle rs se
fait aucun scrupule, suivant les cas, de
le refuser ou de diminuer encore le salaire
payé.
Une ouvrière travaillant à ourler des draps
ou des torchons pour une entrepreneuse
traitant avec le Bon Marché n'est pas mieux
partagée. Sur ce point, nous sommes à
même de fournir des renseignements encore
plus précis.
Une paire de draps avec deux surjets et
quatre ourlets est payée à l'ouvrière de
0 fr. 50 à 0 fr. 60 (05 c. par mètre de surjet
et 25 c. par mètre d'ourlet) ; or une ouvrière
très habile parviendra difficilement à faire
deux paires de draps dans une journée de
12 heures, et encore doit-elle sur ce maigre
salaire prélever le prix, du fil qu'elle
emploie (environ 10 c. par paire de draps);
ce fil ne lui est pas fourni par l'entrepre
neuse. Une ouvrière ordinaire ne gagnera
pas dans sa journée plus de 0,60 à 0,80
centimes. C'est de quoi mourir de faim
lentement si elle n'a pas d'autres res
sources.
Les-Jorchons sont payés 0,25 à 0,30 c.
la douzaine, et deux douzaines dans une
journée sont une tâche assez rude pour les
ouvrières qui n'ont pas une dextérité au-
dessus de la moyenne.
Notre confrère conclut en ces ter
mes :
Ainsi dans une société qui se dit, qui se
croit et qui est riche, de pauvres créatures
n'ont au prix de leurs fatigues qu'un salaire
aussi insignifiant. Turgot déclarait que,sous
le régime de liberté, le salaire tend à se ré
duira ce qui est indispensable & l'ouvrier
pour sa subsistance.il est démontré aujour
d'hui que cette loi (connue sous le nom de
loi d'airain des salaires) est fausse en ce que,
dans beaucoup de cas, le régime de liberté
produit des salaires qui ne sauraient assu
rer l'existence de l'ouvrier.
Une ouvrière avec 0 fr. 50 à 0 fr. 60 par
jour ne peut vivre à Paris ; elle peut ne pas
mourir de faim le premier jour où elle est
seule, _ voilà tout ; qu'elle reste quelque
temps isolée: les fatigues, l'insuffisance de
la nourriture, la souffrance morale d'une
pareille situation auront ruiné sa santé,
et la mort pour être différée n'est pas moins
certaine.
Il n'y a pas de panacée, et c'est l'erreur
des socialistes d'imaginer que leur organi
sation despotique de la société amènerait
le bonheur universel ; mais nous nous re
fusons à croire à la nécessité de maux et
d'iniquités tels que ceux que nous signalons
Nous sommes convaincus de la possibilité
d'y remédier sans bouleverser la société,
et nous considérons qu'il est du devoir de
tout chrétien d'y chercher an remède.
Cette conclusion est inattaquable.
Les faits désolants qui sont relatés
ici et ceux du même genre qui sont
constatés dans toutes les industries
sont-la condamnation formelle dé la
liberté illimitée de la concurrence. Ce
principe engendre l'injustice, la mi
sère, le vice et la haine. Il était en
core, il y a quinze ans, considéré gé
néralement comme une règle inatta
quable et essentielle, parce qu'il dé
rive des absurdités de 89 ; on n'osait
pas rompre avec lui parce que c'eût été
porter la première atteinte à l'évan
gile révolutionnaire ; et pour voir enfin
imputer à leur vraie cause tant d'ef
fets désastreux, il a fallu la persévé
rante hardiesse de l'école catholique,
écrivains, orateurs, hommes d'action.
C'est encore à cette école qu'est ré
servé l'honneur d'établir les fonde-
nients du régime où l'activité hu
maine pourra s'exercer sans entraîner
un tel préjudice et de tels périls. En
finir avec l'individualisme, fixer le
mode du nouveau groupement social,
aucune doctrine ne la peut, si ce n'est
celle qui possède la loi du devoir et qui
parle aux consciences ? Au nom de
qui, au nom de quoi imposer au monde
du travail ces principes : le saîairen'est
pas à lui-même sa propre justice,—
il n'est pas uniquement déterminé par
le besoin actuel de l'ouvrier, — il n est
pas absolument dépendant des varia
tions de l'offre et delà demande, —au
trement dit, la société où le patron
peut contraindre des ouvriers à accep
ter un salaire insuffisant parce qu'ifs
n'en trouveraient pas d'autres, est une
société mal organisé ? Au nom de la
seule puissance qui créée et conserve
un lien entre les hommes, en dehors?
de toute convention. Que si le patron
réduit à cette extrémité est lui-même
une victime des nécessités présentes,
le désordre social n'en est que plus
éyidenf, 1 v
Une fois posée cette règle, que but
moyen de concurrence n'est pas de
soi licite et qu'il y a une concurrence
abusive, coupable à ce titrp cqmme
concurrence déloyale actuellement
réprimée par le code, l'institution né
cessaire se découvre : une autorité qui
procède de la communauté des inté
rêts et ïftQdgrP 1$ cqqcurrenoe par des
iqpsqres que la communauté a con
senties, Cette autorité prononcera sur
les prix, sur les procédés de produgs
tion, sur laproduction e]\p- rv^e,pour
1 enserqbl3 du gpoqpe çqrpomtif. Da«a
ce domaine, régi par ia iqaties, quel
essor peut prendrs la charité! On doit
en venir là si l'on ne veut pas se rési
gner à charger l'Etat d'envah ; - V, 1e ; n «
fS il ft a la famille ; car
« a Jl, ^ n ^ es P Qnc * a un besoin im-
p4 elle est 1 objet d'un espoir im
patient, elle décidera de l'avenir.
E UGÈNE T avernier.
Cette fois, c'est un lycéen de cette ville !
qui est l'auteur. Nous laissons la pa
role au Courrier de la Vienne ;
Un pensionnaire, le nommé A..., nous'
taisons son nom par pitié pour sa famille,
& au le triste courage de s'approcher de la
Sainte Table et après avoir reçu l'hostie
consacrée de la cracher 'dans son mouchoir
Arrivé au réfectoire, il a jeté cette hostie
dans son verre et l'a bue avec son vin.
Cet acte d'odieuse impiété souleva parmi
ses voisins une profonde émotion, qui gagna
tont l'établissement et parvint à la ;connais-
sance du proviseur.
Celui-ci procéda à une enquête, et ayant
obtenu du coupable l'aveu de sa sacrilège
profanation, le fit séquestrer à l'infirmerie.
L'autorité académique prévenue de (ces
faits, décida l'expulsion immédiate du jeune
A..., qui a été renvoyé à sa famille.
Nous ne saurions qu'applaudir à cette
juste sévérité, mais cela fait, ne faut-il pas
chercher la cause du scandale dans l'ensei
gnement et les exemples que les élèves
de l'Université ont trop souvent devant les
yeux ?
Comment veut-on que des enfants pren
nent le respect des choses de la religion,
lorsqu'ils les voient ou les entendent jour
nellement bafouer par leurs maîtres ? Com
ment s'étonner alors qu'ils en arrivent à
cette aberration d'esprit de commettre l'acte
de révoltante impiété que nous racontons
plus haut, et qui aura un douloureux écho
dans le cœur de tous les catholiques poite
vins.
11 fallait bien l'atmosphère du lycée
pour développer une précocité aussi
perverse. L'élève a été renvoyé du
lycée. Fort bien, mait pouvait-on
moins faire sans révolter les sentiments
des parents les moins scrupuleux?
Quant à prévoir le retour de fait pa
reils, l'université nous paraît impuis
sante à l'essayer. Habitué à distribuer
dédaigneusement dans lès collèges
l'instruction religieuse qu'il combat
ailleurs, l'Etat enseignant n'a ni le pres
tige ni l'autorité nécessaires pour em
pêcher les enfants de pousser jusqu'à
bout les déductions des principes
qu'il leur laisse pressentir. 11 est de
bon goût dansjes lycées, nous dit-on,
de mépriser Renseignement religieux
et de railler les élèves qui témoignent
des sentiments chrétiens. L'un des rail
leurs, plus effrontés que ses camara
des, est allé jusqu'au plus abominable
sacrilège. C'était fatal. A Dieu plaise
que ce scandale soit le dernier.
M qus avons raconté dernièrement
l'horrible sacrilège qu'un enfant de
quinze ans. avait commis à la cathé
drale de Béziers durant la nuit de
No&l. L'émotion produite par ce scan
dale était à peine calmée qu'un autre
fait aussi épouvantable nous est rap
porté par les journaux de Poitiers,
L' Agence Havas communique aux
journaux la dépêche suivante;
Rome, 6 janvier.
L 'Osservatore rortiano répond à la Ri-
for ma du 4 janvier, qui disait que le Vati
can avait fait à l'Italie des propositions de
conciliation qui avaient été repoussées par
elle. Ce journal déclare qu'il se peut que le
gouvernement ait fait des propositions for
melles et officielles au Pape ; il ne s'en
étonne pas en raison de la situation, mais il
est un fait dont tout le monde a été témoin,
c'est qu'après l'allocution papale du 23
mai dernier, toute l'Italie s'émut, et les
hommes parlementaires ,et gouvernemen
taux manifestèrent le vif désir de chercher
un arrangement qu'on pût offrir au Pape
Ce qui se passe en Italie et dans le monde
atteste, d'ailleurs, le ccntraire de l'asser
tion de la Riforma que l'Italie n'a pas be->
soin de conciliation avec le Vatican, 6t au
cun homme politique ne saurait mépriser
une force comme osfie de l'Italie concou
rant avec toutes les autres nations pour ho
norer le Pape et l'aider dans U revendica
tion de ses droits.
Que la Riforma, prguveque le Vatican a
fait à l'Italie des propositions intéressées
de conciliation,ajoute l 'Osservatore, et alors
nous raconterons oe qui s'est passé à la
lumière du soleil. Le Pape aurait vu av«s
plaisir cesser le couflit entre lui et l'Italie.
Ce désir de Léon XIII était-il une trahi
son?
Ce n'est pas sans émotion que nous
lisons dans le Mémorial de l'Allier :
L,e rédacteur en chef du journal 1 ' Univers
et son fils, M. Pierre Veuillot, ont eu l'hon
neur d'être reçus, le décembre, en au
dience particulière, par le Souverain Pon
tife, avec « la plus touchante bienveik
lance. » Sa Sainteté a exprimé sa haute sa
tisfaction « des travaux » du journal, en
disant : « X'Univers va hien. » Puis : « je
§uî's captent 4e f Univers. » Ensuite, le. Saint-.
Père a béni l'œuvre, la famille Yeuillat, les
nombreux et distingués çç^afeorateurs, les
soutiens et les lecteurs de la grande feuille
catholique, M. Eugène Veuillot a été re
cueilli a nouveau, de Léon comme
son illustre frère, l'irre^p^çaW 6 Louis,
l'était du Saint P^pe Pie !5£. C;'e$t une au
réole au fpû.ntispÀçs 1' et de « sa
grande fendille dans les cinq parties 4ti
abonde. Qu'il nous soit permis d'en pr^re
notre humble part !...
Nous rer^ erC j 0ng cor di a lement nos
ex .Céil6 , tils confrères du Mémorial de-
l 'Allier.
Le général Kanzler
amer? Et pourtant ces morts obscures,
loin du champ de bataille, ne sont
ni sans mérite ni sans gloire, ni même
sans fruit. « Sans doute, écrivait
Louis Veuillot en 1860, le moment
est affreux, et c'est une incom
mensurable amertume de penser
que Lamoricière est vaincu. Par cette
porte sanglante l'Eglise entre dans une
incalculable série d'épreuves. Nous
l'avions prévu. Nous disions que le
mal emporterait bien les digues avant
de rencontrer le grain de sable où Dieu
a résolu de borner ses succès; mais
l'âme n'en est pas moins atterrée, com
me il arrive au moment de la mort,
bien que l'on sût la maladie mortelle
et que l'on croie à la résurrection.
Néanmoins il ne faut pas perdre de vue
que de grands résultats sont acquis.
« Si la cause de l'indépendance d©
l'Eglise est pour le moment vaincue,
elle n'a pas été trahie. On meurt pour
elle, et tous ceux qui veulent mourir
ne sont pas tombés. Les causes pour
lesquelles on meurt sont les causes
qui ne meurent pas. En même temps
que les vaincus, enveloppés de cette
gloire féconde, portent dans les En
trailles de la terre le germe de la fu
ture moisson, les vainqueurs demeu
rent ostensiblement chargés du poids
et de la lèpre de leur crime. Le noble
sang des enfants de l'Eglise déjoua
la plus chère attente de l'infernal^
politique qui s'est vue réduite à 1$
laire couler. »
Kanzler était de ceux qui fur&nt
alors vaincus avec Lamoricière, et
néanmoins triomphèrent avec lui. Il
s'était si intrépidement conduit, opé
rant de Fossombrone sur An cône une
retraite jugée impossible entre les
deux corps d'armée de Fanti et deCial-
dini, que Lamoricière, à son arrivée
dans Ancône, le nomma sur-le-champ
général. Nul homme mieux que Lamo
ricière ne pouvait apprécier toute la»
valeur de ce fait d'armes où, à la tê.ce
de 1,200 hommes, le jeune colonel
Kanzler soutint victorieusement l'ef
fort de toute une division italienne.
Né en 1822, sous-lieutenant de l'ar
mée pontificale à 24 ans, Kanzler 'de
venait ainsi général à quarante-huit
ans,
Cette distinction devait bientôt le
désigner pour des fonctions plus hau
tes encore. Lamoricière se retirant
après sa glorieuse défaite, c'est Kanz
ler qui fut appelé à la tète des troupes
pontificales désormais vouées aux tra
vaux intérieurs de garnison. Réduite à
ce rôle, 11 semblait que l'initiative du
général Kanzler eût peu de champ
devant elle. Mais il sut tirer un parti
merveilleux de ce qu'il avait dans la
main, surtout, à partir du jour où,
ayant succédé à Mgr de Mérode com
me pro-ministre des armes, il eut seul
la direction de cette petite armée. A
force de soins, grâce à un esprit de
méthode et de discipline qui ne se dé-,
nientait pas un seul instant, il réussit
à faire de ses trompes une élite de com
battants, qui firent admirablement
leurs preuves en 1867, après avoir pen
dant plusieurs années fait face à tou
tes les insurrections fomentées par la
révolution dans les provinces pontifi
cale,
_ Hélas ! trois ans plus tard, l'inva
sion de la France poussait à Rome
l'invasion italienne, et, après un der
nier et glorieux combat, l'armée pon
tificale devait se renfermer derrière
les murs du Vatican.
Quand nous sera-t-il donné de l'en
voir sortir? C'est le secret de Dieu.
En attendant, c'est la gloire des sbl-
dats comme Kanzler d'avoir, avec une
constance admirable, tenu jusqu'au
bout, fermes dans la fidélité à la cause
.qui, de ses défaites mêmes, — le Pape
le proclamait encore il y a deux
jours, — sortira plus glorieuse et
plus forte, grâce aux dévouements
qu'elle inspire et que la mort fait sur
gir jusque du tombeau de ceux qui
toute leur vie ont vaillamment com
battu pour elle.
Auguste Roussel.
Il n'y a pas quinze jours, le général
Kanzler présentait au Pape les glorieux
demeurants de l'armée pontificale.
Lui-même pouvait justement se glori
fier d'être toujours à la tête de ce ba
taillon, réduit par les circonstances à
n'être plus qu une poignée, mais qui
ne cesse pas de représenter la plus
belle mission de la force au service de
la plus noble souveraineté qui soit au
monde. Et voici que, par un coup sou
dain, il disparaît à son tour avant
l'heure où il se flattait que peut-être
le combat pourrait utilement repren
dre en vue de faire rendre au Pape sa
pleine indépendance.
Pour un soldat est-il rien de plus
LE JUBILÉ SACERDOTAL
DE
SA SAINTETÉ LÉON XIII
Voici la dépêche communiquée aux
journaux par l'Agence Havas sur l'ou
verture de l'exposition vaticane :
Rome, 6 janvier.
L'inauguration de l'exposition du Vatican
a eu lieu dans la salle de réception, aména
gée pour la circonstance. Cette salle est car
rée. Le trôné du Pape, en-velours rouge et
or, occupe un des côtés ; les trois autres cô
tés sont réservés aux cardinaux, aux évê-
ques, à l'aristocratie et au corps diploma
tique.
A cette cérémonie assistaient environ nn
millier de personnes, parmi lesquelles 300
archevêques et évêques, notamment ceux
de Paris, de Prague et de Genève.
Le service d'ordre était fait parles suissea
et les gardes palatins.
L'exposition est de toute, beauté et sur
passe en magnificence celle du juhiié de
Pie IX.
Les nombreux invités avaient peine à pé
nétrer dans la salle d'inauguration.
Le Pape avait à sa gauche l'archiduchesse
de Toscane.
Léon XIII a fait son entrée à pied, à midi
et demi, accompagné des. cardinaux et de
toute sa cour. Tous les assistants se sont
alors levés et lo motet Tu es Peints a été
entonné.
Le cardinal Schiafflno, président du co
mité organisateur de l'Exposition, s'adres-.
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