Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1887-12-24
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 décembre 1887 24 décembre 1887
Description : 1887/12/24 (Numéro 7309). 1887/12/24 (Numéro 7309).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k706129g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi S4 Décembre 1887
aaa«a«aB
N» 7309 — Edition quotidienne 1
Samedi 24 Décembre 1887
ËDIYÏON QUOTI DIENNE
£.< " PARIS ÉTRANGER
Sx départements (union postale)
tin an; .... 65 » 66 » .
Six mois. . . . 28 50 34 a
: ..Trois mois. . . *15 » 18 »
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"UN NUMÉRO { g^t'emente. Il
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s'abonne à Home, place du Gesù, 8
EDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Un an. . 7
Six mois. -,
Trois mois.
PARIS
et- départements
. . 30 »
, . 16 » *
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(ooton pogxalb)
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19 »
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loi abonnements partent des fi" et 16 de chaque moW
l'UKIVERS ne répond pas-des. manuscrits qui loi sont adressés
ANNOIIGES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C 1 ", 6, place do IaBourso
FRANCE
PARIS, 23 DECEMBRE 1887
On annonçait que la Russie avait
/ donné des explications sur les mou
vements de troupes en Pologne, et
déclarait que tout était terminé.. Cette
nouvelle, qui nous a paru hasardée,
est démentie de divers côtés. Aucune
explication, ni officielle, ni même offi
cieuse, n'a été donnée par le gouver
nement russe, auquel, du reste, on
n'en avait pas demandé.
Malgré cela, il est visible que les
rapports sont moins tendus entre la
Russie et l'Autriche ; des deux côtés
les journaux sont plus calmes, sans
pour cela être plus amis. Cela suffit;
du reste, pour que les inquiétudes dis
paraissent.
Autre démenti à enregistrer : il est:
faux que le prince Ferdinand songe à;
donner sa démission, qu'on ne lui a:
pas demandée. Il est évident, du reste, !
que cette démission ne serait deman
dée de Vienne au prince, qui alors
pourrait difficilement _la refuser, que
si, préalablement/ un accord s'était
' établi entre la Russie et l'Autriche.
Or, quoique l'on ne craigne plus un
choc immédiat, on n'en est pas encore
à Vienne et à Saint-Pétersbourg à
l'entente complète. Il est même dou
teux qu'on puisse jamais y arriver.
Quelle est la situation de l'Angle
terre à l'égard de la triple alliance? Y
est-elle entrée? Et dans quelle mesure?
Voilà ce qu'on se demande, sans arri
ver à une réponse bien précise. Certai
nement l'Angleterre, menacée en Tur
quie et en Asie par la Russie, et crai
gnant de se heurter en Egypte à la
France, .est favorable à la triple al
liance, €jui à l'occasien peut faire son
jeu; mais de là à une accession à cette
alliance il y une distance qui ne sera
)eut-être jamais ; franchie. Pourquoi;
'Angleterre s'engagerait-elle,alors que
ce n^st pas nécessaire ? Cela n'est pas-
dans ses traditions.
ï
homme mort en chrétien a eu lieu à
Versailles, malgré sa famille, dans des
conditions particulièrement odieuses.
On trouvera des détails plus loin.
Nos conseillers municipaux se dis
tinguent toujours ; après le citoyen
Lefebvre-Roncier, c'est le citoyen Mar-
soulan ; celui-ci est invité, par un
ordre du jour voté hier, à donner sa
démission et à se représenter devant
ses électeurs, qui lui referont, s'ils le
jugent bon, une honnêteté. Quant à
l'affaire du citoyen Lefebvre-Roncier,
pourtant innocenté, par ses électeurs,
elle n'est pas finie; le conseil va faire
une nouvelle enquête.
Nous avons, paraît-il, une question
Gragnon. L'ancien préfet de police,
maintenant hors dé cause par suite de
l'ordonnance de non-lieu, réclamerait
une réparaton du gouvernement; Ne
pouvant reprendre la préfecture de
police donnée à M; Bourgeois et où il
ferait une figure assez singulière, il
■lui faut une compensation que, d'après
le Temps, on songerait à lui donner.
Lorsque la loi sur « la liberté des
funérailles » a été votée, nous avons
dit combien ce..titre était menteur; en
réalité, la loi avait pour but de, multi
plier les enfouissements civils, en li
vrant aux sociétés de libre-penseurs
les corps de ceux de leurs membres
qui, convertis, seraient morts chré
tiennement, mais n'auraient pas son
gé à annuler par acte officiel des en-
_ ments sans valeur morale. Les
faits
raison
n'ont pas tardé à nous donner
>n; l'enfouissement civil d'un
La loi contre la liberté des funérail
les chrétiennes, vient de recevoir sa
{iremière application à Versailles. C'est
e Temps qui nous l'apprend par la
note suivante :
Un ouvrier décédé avant-hier, ayant, sur
les instances fle sa famille, fait appeler un
prêtre à son lit de mort, allait être enterré
religieusement, lorsque les membres de la
Société de la libre-pensée, détenteurs d'un
testament récent aux termes duquel le dé
funt demandait des obsèques civiles, ont
introduit un référé devant le président du
tribunal. "
Ce magistrat, conformément aux derniè
res volontés du testateur, et par application
de la loi, a ordonné une inhumation civile.
C'est ce qui a eu lieu sans autre incidente
Tout l'odieux de la loi apparaît ici.
On peut se figurer l'abominable scène
qui s'est passée autour de ce lit de
mort gardé par la libre-pensée. Le
pauvre ouvrier, imprudemment en
gagé par un écrit envers la secte, re
vient, sur le point de mourir, à de
meilleurs conseils. Au souvenir de!
son baptême, de sa première commu
nion, sur les instances de sa famille
qui l'entoure, il se décide à mourir,
comme son père, et sa mère, en chré
tien. Tout est solennel à cette der
nière heure, tout est ' grave devant la
mort. Une décision, en ce moment
suprême, est sacrée. La loi nouvelle
n'en tient pas de compte. Elle se rit
de la mort, elle tournef cette scène
auguste en comédie, elle veut qu'on
apporte du papier timbré au moribond,
qu'on fasse venir le notaire. Et la
mort, de parla loi, devra attendre que
l'officier ministériel soit .venu, que
l'acte de révocation ait été rédigé en
bonne et due forme pour permettre
à un chrétien baptisé, à un repen
tant de mourir dans la religion oà il
est né ! ,
Pour le malheureux ouvrier de Ver
sailles, les formalités de la rétractation
n'ont pu être remplies, ou faute de
temps, ou par ignorance de la loi. Il
meurt après avoir reçu les derniers
sacrements. Aussitôt la bande des
harpies de la libre-pensée s'abat sur sa
couche mortuaire et vient disputera
la famille une dépouille chère, à la re
ligion un corps sacré. Les parents, té
moins dès dernières volontés, des der
niers actes du défunt, s'opposent au
rapt. Une première instance a du s'en
gager, aux termes de la loi, devant le
juge de paix, qui s'est cru tenu d'ap
pliquer la loi. Appel a été interjeté de
vant le président du tribunal civil,
qui, à son tour, s'est cru obligé de
confirmer la sentence du juge de paix.
Et, pendant ce temps-là, le cadavre
attendait sa sépulture! Et la famille
devait suspendre son deuil pour s'oc
cuper d'odieux procès!
Mais, du moins, les parents n'au
raient-ils pu passer outre à l'ordon
nance de référé, à l'opposition de la
société de la libre-pensée, et faire pro
céder quand même à des funérailles
chrétiennes? La loi les arrête au seuil
de la maison mortuaire. Dans la rue
est le commissaire de police, avec les
sergents de ville, les gendarmes. La
décision du pré'sident du tribunal a
dû être notifiée au maire, que les por
teurs du jugement ont obligé à pren
dre les mesures d'exécution. Le cer
cueil ne passera; pas, ou il ne sortira
qn'escorté par les sectaires de la libre-
pensée,et ceux-ci le porteront au trou,
comme une dépouille animale.
Ces parents que l'inhumation bes
tiale révolte, et pour qui l'honneur de
la famille, la sauvegarde des volontés
vraies du défunt sont choses sacrées,
pourraient peut-être tromper la sur
veillance des voleurs de cadavres,faire
sortir clandestinement le. cercueil et
le conduire à l'église pour les prières
et les bénédictions liturgiques. La loi,
y a pourvu encore. Le code pénal se:
dresse devant le prêtre. Si, malgré le
jugement délivré à la société de la
libre-pensée, le prêtre donne la sépul
ture ecclésiastique à ce mort, dont il
a reçu la confession et la rétractation,
à qui il a administré les derniers, se
cours de la religion, il sera puni d'une
amende de cent francs, et, s'il lui ar
rive de recommencer une autre fois,
il sera condamné à un emprisonne
ment de deux à cinq ans. La loi est
bien faite. Les auteurs ont tout prévu.
Nul moyen pratique de soustraire
aux sociétés de libre-pensée leur
proie. Le législateur républicain a
voulu favoriser le scandale des enter
rements solidaires pour diminuer la
faveur des funérailles chrétiennes.
C'est encore un progrès dans la laïci
sation. La loi, dans laquelle la majorité
républicaine n'a laissé introduire au
cun amendement protecteur de la
vraie liberté de conscience, est for
melle, tyrannique. Elle tient le mort,
la famille, le jury, le prêtre.
Nous plaignons toutefois le magis
trat qui n'a pas mieux aimé déposer
la toge que de sanctionner l'injustice.
Arthur Loth.
M. Francisque Sarcey s'offre à nous
présentement dans une veine de bon
sens dont il faut se hâter de profiter.
Il répond à ceux qui l'ont repris pour
avoir accusé certaine presse d'être
responsable de l'acte d'Aubertin :
Aubertin était un alcoolique, soit; un
halluciné, je le veux bien; il était sur le
bord de là démence, à merveille 1 Mais
pourquoi cette démence lui a-t-elle juste
ment armé le bras contre M. Jules Ferry?
Aurait il pensé à tirer sur M. Jules Ferry
comme sur une bête nuisible, si le journal
ne lui avait tous les matins enfoncé plus
avant celte idée dans la cervelle que M.
Jules Ferry était une bête nuisible ?
Il eût apparemment commis quelque
autre acte de folie. Il eût peut-être tout
brisé chez lui ; peut-être eût-il poursuivi un
passant dans la rue ; peut-être se fût-il pro
mené tout nu sur le boulevard. Les alcooli
ques sont en effet capables de toutes les ex
travagances.
Mais il y a une extravagance particulière
à laquelle Aubertin s'est livré ; il a médité
son affaire ; il s'est pourvu d'un revolver, de
cartouches ; il a invepté un artifice pour <
l'aire venir sa victime et l'assassiner à coup
sûr, à son aise. C'était de la folio, je l'ac
corde, mais non de la folie furieuse; c'était
la folie d'un homme préoccupé .de l'idée
fixe, et cette idée, d'où lui venait-elle ?
Elle nlétait pas née spontanément dans
son cerveau affaibli. Le germe, cela est cer
tain, cela n'est même pas discutable, lui en
avait été apporté du dehors. Eh bien ! d'où
venait-il ?
Ce n'était pas de là lecture des Débats,
ni du Temps, ni de la République française.
C'était apparemment des journaux qui tous
les matins, à. pleines mains, sans y prendre
garde, jetaient à, tous les vents les excita
tions et les menaces ! Vous avez beau recu
ler aujourd'hui devant les conséquences de
vos paroles. La corrélation est évidente.
C'est un rapport de cause à effet.
Tout ce que je puis accorder, c'est que
vous avez agi avec imprudence, légèreté,
inconscience ; mais si vous croyez que
cette inconscience vous absout à nos
yeux! . . " -
C'est l'excuse à la mode pour tous les
crimes, l'inconscience! Et là-dessus les jurés
acquittent gaillardemedt et s'en vont dîner,
très satisfaits de leur besogne. .
— Que voulez-vous? il était incons
cient.
Mais il faut savoir ce qu'on fait ! À sup
poser (ce que je n'admets point pour ma
part) qu'on ne coit pas coupable de l'acte
commis, on est coupable de n'en pas avoir
mesuré, avant de le commettre, la crimina
lité et les conséquences.
Je ne savais pas n'est pas une excuse. Ce
serait plutôt une aggravation. Commentai
mon ami, vous ne saviez pas ?... Mais vous;
ne , saurez jamai3, alors ! mais vous êtes
très dangereux, en ce cas !... Jè vous coffre
ou je vous supprime !Mieux : vaut a^oir;
affaire à un gredin qu'à un inconscient : il
y a moyen encore de s'entendre avec le
premier ; mais le second vous assassine le
plus innocemment du monde. •
A cette citation, qui ne laisse pas
d'être curieuse, joignons celle-ci de la
République française :
Il fallait s'y attendre. C'est M. Jules
Ferry qui a attenté à la vie d'Aubertin*
C'est Aubertin qui est la victime de M-
Jules Ferry. L' Intransigeant le dit en toutes
le ttres. Nous citons :
, MM. Brouardcl, Moltet et Garnier, médecins
légistes, ont procédé à un nouvel examen du
lou Aubertin, la dernière victime du misérable
Ferry. •
Le parti-pris de parler au rebours du sens
commun et du sens moral a pris dans l'In
transigeant da telles proportions qu'on sem
ble'être en présence d'un véritable phéno
mène psychologique.
L'assassin représenté comtEfè la victime,
est-ce le comble ? Pas encore peut-être.
La discussion n'est pas finie. Nous
en,reparlerons, pour en tirer, à notre
toùr, quelques conséquences.
Voici un aveu du Journal des Débats
qui a son prix :
L'instabilité ministérielle est un obstacle
invincible à l'initiative et à la compétence
des grands maîtres de l'Université. Cepen
dant, devant cette série d'événements inté
rieurs qui viennent de s'accomplir, devant
ceux non moins graves qui ,se préparent,
quel est le bon citoyen qui t ne s'est dit que
tout notre ordre politique et social est sus
pendu aux questions d'éducation publi
que ?
C'est aujourd'hui une vérité banale : au
cun gouvernement n'a fait autant de sacri
fices que la république pour développer
l'enseignement à tous les degrés. Nous
sommes allés jusqu'à la prodigalité, et la,
loi projetée sur l'agmentation du traite
ment des instituteurs le démontrera sura
bondamment. Le résultat correrpond-il suf
fisamment à tantde dépenses? Si nous en ju
geons par l'état d'esprit des générations nou
velles, c'est un point qui vaut la peine d'être
examiné , non pour condamner les efforts
ou pour les déoourager, mais pour rectifier
la voie dans laquelle nous sommes entrés.
Est-ce que la frivolité des esprits et des
caractères ne dépend pas de notre mode
d'éducation ? Est-ce que ce défaut ne tient
pas en partie à ce qu'il n'existe dans nos éta
blissements d'enseignement aucun système
d'édùcation propre à former des hommes ?
Est-ce que l'organisation même de notre
enseignement ne donne pas lieu à une
grande déperdition dé forces intellectuel
les ?
D'excellents esprits, - profondément dé
voués à l'Université, ne sont pas loin de cet
avis.
Et, comme conclusion, le Journal
des Débats propose de remplacer les
classes par les cours. Sa conclusion est
maigre et n'est nullement proportion
née à l'aveu dontnous venons de pren
dre acte. Qui peut croire, en effet,
qu'il suffise de faire des cours au lieu
de faire des classes pour donner aux
nourrissons de l'Université l'éducation
dont le Journal des Débats lui-même
déplore l'absence ?
LE JUBILÉ SACERDOTAL
de
SA SAINTETÉ LÉON XIII
Sa Sainteté a reçu mercredi en au
dience particulière Mgr Marschall,
chapelain de la cour d'Autriche-Hon
grie,qui a présenté au Souverain Pon
tife une riche offrande de la part de
Sa Majesté l'impératrice.
Le même jour,Sa Seinteté a reçu le
FEUILLETON DE lïUNIVERS
DU 24 DÉCEMBRE 1887
REVUE AGRICOLE
■ L'agriculture a ceci de particulier qu'elle
intéresse tout le monde; c'est qu'en effet
tout le monde en a besoin, parce qu'elle
•fournit toutes les choses indispensables à
la vie : le pain, la viande, le lait, le vin, la
laine, le cuir, etc. On peut vivre à la ri
gueur sans l'agriculture, et les peuplades
sauvages nous en fournissent des exemples,
mais la vie est des plus misérables et des
plus précaires.
Le système de culture le plus simple" est
celui que l'on a nommé culture pastorale et
qui consiste uniquement daps l'entretien de
troupeaux. Un* troupeau, sans exiger des
soins très laborieux, fournit la nourriture et
le vêtement; c'est un premier capital fort
important, car il laisse à l'homme assez de
loisir pour travailler à autre chose qu'à se
procurer sa nourriture, et il lui fournit la
force de traction indispensable pour un
grand nombre de travaux. Ce système de
culture rend de très grands services, mais
il a de graves inconvénients et, notamment,
il exige une étendue de terrain considérable
pour nourrir une population peu nom
breuse. La culture pastorale forme le pre
mier pas dans la voie de la civilisation.
Lorsqu'une tribu possède un troupeau,
elle peut entreprendre la culture delà terre;
elle y trouvera l'avantage d'une nourriture
plus agréable et plus variée, la possibilité
de mener une vie sédentaire ét de nourrir
un bieu plus grand nombrë dé personnes
sur une même étendue de terrain.
La culture se borne tout d'abord aux cé
réales ; on défriche un champ et on l'ense
mence chaque année, tant qu'il continue à
donner un produit passable, puis on le laisse
en repos pour en cultiver un autre.
Plus tard, on en vient à recueillir le fu
mier des animaux, ce qui permet de varier
les cultures et d'abréger la période de re
pos des terres.
Enfin on arrive au système relativement
tout moderne de lajculture continue, dans
lequel la terre produit au moins une récolte
chaque année ; la terre peut, alors nourrir
une population très dense et donner des
produits très divers, correspondant aux be
soins nombreux d'une civilisation avancée;
mais ce système exige beaucoup de travail
et beaucoup d'engrais. '
On est porté à croire au premier abord
que rien n'est plus simple que la culture'
et il est certain en. effet que pour labourer,
ensemencer, récolter,' pour conduire des
animaux au pâturage ou leur donner à
l'étable de la paille et du -foin, il n'est pas
nécessaire de posséder de grands talents,
ni d'avoir fait de profondés études scienti
fiques.
Mais quand il s'agit de tirer de la terre
le plus grand produit net possible, d'aug
menter le rendement des récoltes tout en
maintenant et môme en augmentant la fer
tilité du sol, d'employer le fourragé à la
nourriture du bétail de manière à on tirer
le plus grand profit possible, d'engager dans
le sol un capital important avec assez d'ha
bileté pour qu'il produise un intérêt [conve
nable et son amortissement, le problème
devient singulièrement complexe ; ce n'est
plus à un simple manœuvre qu'il faut , en
demander la solution, c'est à un homme ins
truit et expérimenté.
Ce problème est posé depuis longtemps,
mais sa solution est devenue- aujourd'hui
nécessaire et urgente en raison de la con
currence étrangère. Il faut absolument ar
river à produire à bas prix, autrement le
propriétaire n'aura plus de revenus et l'ou
vrier agricole n'aura plus d'ouvrage.
Des droits de douane pourront bien atté
nuer un peu l'effet de la concurrence étran
gère, mais ils ne la supprimeront pas.
La France est un ' pays essentiellement
agricole, son territoire ne contient qu'une
étendue relativement très petite de, terres
incultivables, son climat permet d'obtenir
une grande variété de produita, plus de la"
moitié de sa population vit'de la culture
du sol.
Tout ce qui concerne l'agriculture est
donc non seulement un intérêt de premier
ordre, mais un intérêt général ; les souf
frances de l'agriculture aussi bien que sa
prospérité ne peuvent manquer d'exercer
une grande influence sur le corps social
tout entier.
Tout homme intelligent, même celui qui
n'est ni cultivateur ni propriétaire, a in
térêt à être renseigné sur la marche des
choses agricoles, sur les questions agitées
dans les Chambres ou dans la presse, sur
l'état des récoltes; sur les variations du'
marché, sur les travaux, inventions ou dé
couvertes tendant au progrès de l'agri
culture.
LA CRJSE AGRICOLE
Aujourd'hui la préoccupation dominante
de tous ceux qui de près ou de loin vivent par
l'agriculture, propriétaires,, fermiers, mé
tayers, etc., c'est la crise agricole. Quand et
comment pourra-t-on sortir d'embarras ? Qjae
faire pour ramener l'ancienne prospérité ?
Chacun propose son remède : les uns voient
le salut dans des réformes de la législation:
élévation des droits de douanes, facilités
données au crédit'agricole, etc.; d'autres
affirment qu'il suffit de propager l'applica
tion des découvertes de la science. Nous
examinerons successivement, à mesure que
l'occasion s'en présentera, chacun des
moyens proposés ; mais il est utile de jeter
tout d'abord un regard rétrospectif sur les
origines de la crise.
Depuis 1815 jusqu'à 1865, c'est-à-dire
pendant un demi-siècle complet, l'agricul
ture a été très prospère, sauf quelques mo
ments de durée très limitée, et cette pros
périté se manifestait par une élévation cons
tat des fermages et par l'accroissement
continu de l'.épargne des cultivateurs. Dès
qu'une ferme était à louer, une demi-dou
zaine de cultivateurs venaient la demander
en, offrant dos prix de pins en plus élevés.
Dès qu'un champ était à vendre, plasieurs
cultivateurs se présentaient pour l'acheter,
même à des prix excessifs.
Vers 1855, à l'occasion de l'emprunt con
tracté pour faire face aux dépenses de la
guerre de Crimée, les percepteurs reçurent
l'ordre de servir gratuitement d'intermé
diaires pour l'achat, la vente et l'encaisse
ment' des coupons des rentes sur l'Etat. Les
cultivateurs essayèrent ce mode de place
ment, et ils ne lardèrent pas à s'apercevoir
que l'épargne 'ainsi placée rapportait beau
coup plus qu'en achat de terre à tout prix.
Peu à peu ils ont appris à connaître les va
leurs de bourse, etjils|en sont venus à accep
marquis de Lorenzana, qui lui a pré
senté les lettres l'accréditant comme
envoyé extraordinaire et ministre plé
nipotentiaire de la république de Bo
livie pçèsle Saint-Siège.
FRANCE
Nous recevons la lettre suivante :
Monsieur le rédacteur,
A mesure que nous approchons de l'épo
que du jubilé sacerdotal de Léon XIII, les
témoignages d'amour et de dévouement de
ses enfants deviennent plus nombreux et
plus éclatants.
A cette occasion, ne serait-il pas permis,
par la voie de votre vaillant journal, d'ex
primer une pensée qui se recommande à
une classe spéciale de vos lecteurs?
Assurément ces offrandes si variées, si
précieuses, si universelles, ces prières, ces
comçnunions, sont une manifestation admi-
rablè et providentielle ; mais n'y aurait-il
pas quelque chose de plus à faire ?
Les évêques ont généralement demandé
qu'une messe soit dite dans toutes les pa
roisses, le 31 décembre ou le 1 er janvier
prochain, en union avec le Souverain Pon
tife célébrant la messe; ne serait-il pas dé
sirable que cette messe soit célébrée, non
seulement en union avec Léon XIII, mais
à ses intentions ? que tous les prêtres qui
le peuvent lui offrent ce jour-là tout le fruit
de leur messe.pour qu'il en ait la libre dis
position ? *
Ce serait une précieuse offrande faite par
les prêtres au Père commun de tous les fidè
les,offrande dont il pourrait disposer,suivant
son inspiration, pour le plus grand bien de
l'Eglise, des autres nations catholiques ou
infidèles.
M. de Maistre a dit, je crois, dans les
Soirées de Saint-Pétersbourg, que Dieu ne
peut pas résister à une prière universelle.
Ces messes, offertes au Souverain Pontife
et dites à ses intentions, ne seraient-elles
pas cette prière universelle, qui est d'une
efficacité souveraine sur le cœur de Dieu?
Je reconnais que la pensée exprimée
ici est formulée tardivement,que, pour être
acceptée généralement,, elle devrait venir
do voix autorisées. Quoi qu'il en soit, la pu
blicité que lui donnerait votre journal pour
rait suffire pour décider peut-être un grand
nombre de prêtres à l'accueillir et à don
ner au Souverain Pontife Léon XIII celte
preuve de piété filiale.
Un'prêtre breton.'
BELGIQUE
On lit dans le Courrier de Belgique :
Les catholiques belges apprendront avec
bonheur .que les membres des droites des
deux Chambres se disposent à signer une
Adresse exprimant à Sa Sainteté Léon XIII
leur filial, respect' et leur dévouement, à
l'occasion de son jubilé sacerdotal.
Au Sénat, c'est M. Lammens qui a pris
l'initiative de ce projet. A la-Chambre, c'est
M; Nothomb, ministre d'Etat, qui-a pres
senti ses collègues de la droite et recueillera
leurs adhésions.
— L'épiscopat belge vient d'adresser
aux fidèles des divers diocèses de Bel
gique une lettre collective au sujet du
jubilé pontifical.
— Un grand nombre d'anciens zoua
ves pontificaux, réunis à Bruxelles,ont
élu un comité qui se rendra à Rome
pour porter au Vatican l'adresse et les
offrandes des anciens soldats belges
du Pape.
ÉTATS-PONTIFICAUX
Mgr Macchi, majordome de Sa Sain
teté,et le commandeur Pierre Azzurri,
camérier de cape et d'épée, ont, com
me délégués des religieuses camaldules
de Saint-Antoine, offert au Saint-Père,
de la part des religieuses , un cadré
magnifique, d'un merveilleux travail,
au centre duquel on admire un ovale
en ivoire où est représenté en minia
ture, par la main d'une des religieu-
ses,'saint Romuald, abbé fondateur du
monastère.
—Mgr Apolloni, vice-camerlingue de
la sainte Eglise,et M. le comte Edouard
Colacichi,officier de la garde noble pon-t
tificale,ont, comme citoyens d'Anagni,
présenté au SaintrPère les . dons des
élèves du séminaire de cette ville.
Avec sa.. bonté ordinaire, le Saint-«
Père a daigné agréer ces dons et par
ler longuement de la ville d'Anagni,
spécialement de l'établissementagraire
qu'il y, fait bâtir à ses frais.
Les journaux de Londres annoncent que
le P. Matthew Ryan vient d'être condamné
à Limerick à un mois de prison pour avoir,
en qualité de président de la branche
de la Ligue nationale à Herbertstown, en
gagé dans un discours les fermiers de la'
localité à résister aux propriétaires.
Le gouvernement, craignant quéle : juge
ment du P. Ryan ne soulevât à Limerick
des manifestations populaires, avait con
centré dans la ville des forces de police
supplémentaires. C'est le capitaine Sto-
kes, le magistrat résident, que sa conduite
dans le procès O'Brien a rendu célèbre,qui
a dirigé les préparatifs de précaution pris à
Limerick.
Le P. Ryan a été conduit à la prison, de
Limerick, où, dit un journal, le Galignani t
on a déjà privé le prisonnier de son ma
telas.
La prisou de Tullamore vient de s'enri
chir de deux, nouveaux prisonniers : MM*
Sheehy, député, et. Hooper alderman et dé
puté. On voit que lé cabinet Salisbury con»
tinue l'exécution de ses menaces, sinon 1»
réalisation de son programme.
M. Noirot, ancien sous-sécrétaire d'Etat,
est nommé conseiller-maître à la cour des
comptes, en remplacement de M. Faye,
dont la démision est acceptée.
A l'occasion de cette nomination, le Gau
lois rappelle les faits suivants :
M. Noirot était maire de Vesoul pendant l'oc
cupation allemande. Après la victoire de Bour-,
baki à Villersexel, l'ennemi abandonna cette
ville en toute hâte, battant en retraite avec une
telle précipitation qu'il y laissa ses bagages. Le
lieutenant de la poste militaire badoise, Sohnei-
der, eut l'ingénieuse et pratique idée de consti
tuer -M. Noirot, maire français, gardien respon
sable des approvisionnements de l'armée prus
sienne. M. Noirot accepta cette mission et signa
un reçu libellé en ces termes :
« La mairie de Vesoul, par le présent, sa
porte-entièrement garante pour les 163 sacs ren-*
fermant des effets militaires, avec 41 caisses et
ballots, le tout remis à. elle par M. Schneider,
et estimé approximativement à la valeur de
60,000 florins. La mairie s'engage à défendre
lesdits objets de tout vol. La responsabilité de
la caution commence au moment du départ de
M. Schneider, moment où il sera fait remise
des clefs des bureaux où les objets militaires
seront déposés.
• « Signé : Noirot.
« Vesoul, 9 janvier 1871. »
Le 11 janvier, les Français victorieux en
traient à Vesoul, acclamés par une population
qui, depuis quatre mois, avait la douleur de
plier la tôte sous le joug allemand. Le capitaine
commandant le détachement ordonne aussitôt
des recherches, sachant que l'ennemi s'est re
plié en toute bâte, et, en présence des hésita
tions du maire, il remet la réquisition sui
vante :
« Par ordre de M. le général de division Bil- •
lot, commandant en chef le 18" corps d'armée,
représenté par M. Boizeau, capitaine au 5° ré
giment de cuirassiers, commandant un déta
chement d'éolaireurs, M. le maire de Vesoul
est requis de livrer les clets des divers maga
sins appartenant à l'armée prussienne et les
effets de toute nature qui peuvent s'y trouver,
nonobstant tous engagements et réquisitions
contraires.
« Boizeau.
UUlliUi'BB.
« Vesoul, le 11 janvier 1871.
« Vu par l'intendant :
« Bonfilon. »
Mais, hélas ! la fortune de la guerre ramena
les Badois à Vesoul. Ils se hâtèrent de réclamer
les objets confiés à l'obligeant Noirot. Il ne put
les rendre, s'excusa et signa de sa main cet
ordre de réquisition : .
- « Vesoul, 17 février.
« En suite d'une réquisition de l'autorité aile »
mande, M..., demeurant à Vesoul, rue..., est
requis de verser immédiatement, à la mairie de
Vesoul, la somme de... pour taxe de guerre.
Il est prévenu que, si dans les vingt-quatre
heures il ne s'est pas libéré de ladite somme,
il y sera contraint par voie d'exécution mili'
taire. ' -
« Signé : Noirot. »
ter même les plus mauvaises valeurs. C'est
ainsi qu'a débuté le drainage financier, qui
est devenn plus tard un véritable fléau.
Au moment de la grande enquête "agri
cole organisée par l'Empire en 1S66, la
prospérité commençait à décliner ; des
plaintes déjà nombreuses se. faisaient en
tendre, l'enregistrement constatait une ten
dance à la baisse sur le prix des baux ; on
se sentait descendre, mais sans qu'il fût
possible de prévoir jusqu'où l'on descen
drait.
: Déjà, en effet, les laines d'Australie arri
vaient en abondance sur le marché et dé
terminaient une baisse , très préjudiciable
aux éleveurs de moutons. Les blés d'Amé--
rique commençaient à exercer une influence
sérieuse, de telle sorto que les prix élevés
de 1862 n'ont plus jamais été atteints, mô
me eu 1871-72, après une très mauvaise
récolte. En même temps que les laines et
les grains éprouvaient une baisse persis
tante , les salaires des ouvriers ruraux aug
mentaient dans une proportion considé
rable. V
Cependant le bétail et tous les produits
animaux conservaient des prix satisfai
sants ; aussi l'on eutendàit redire sur tous
les tons ce conseil aux agriculteurs:
« Faites des fourrages, augmentez votre
bétail. » Mais aujourd'hui cette dernière
ressource manque: les.moutons nous vien
nent d'Allemagne, les bœufs nous arrivent
en abondance de l'Allemagne, de l'Italie,
et même de l'Amérique ; on annonce que
l'Australie commence à nous expédier des
moutons abattns dont la viande est con
servée par la congélation. . ,
Il ne nous reste pas même la ressource
des produits accessoires:'l'es lins et les
chanvres do Russie font aux nôtres une
concurrence désastreuse, le colza est ruiné
par les huiles minérales, les graines de trè
fle, de luzerne, de lin, etc., nous sont en
voyées par l'Amérique. En un mot, nous
sommes en présence d'une révolution éco
nomique formidable, telle qu'il n'y en a
probablement pas eu une aussi considéra
ble depuis les temps historiques. •
Nous avons dit que dès 1866, on com
mençait à apercevoir, du moins dans cer
taines contrées, une tendance à la baisse
des fermages; peu à peu cette tendance s'est
accentuée et généralisée. En 1874, on com
mençait à avoir quelque peine à trouver des
fermiers pour les fermes importantes; au
jourd'hui on trouve très difficilement des
preneurs, même pçur les petites fermes, et
il arrive môme trop souvent que l'on n'en
trouve pas du tout. Ce n'est pas là simple
ment lé fait de quelque propriétaire entêté
qui n'a pas. voulu consentir sur ses ferma
ges une diminution raisonnable, motivée
par les circonstances: on ne trouve preneur
pour aucun prix. .
Cela s'explique du reste fort bien ; pen
dant longtemps le cultivateur a lutté avec
courage, espérant toujours des temps meil
leurs; mais en voyant que ces temps meil
leurs n'arrivaienl pas et que, tout au con
traire, les circonstances devenaient de-plus
en plus .difficiles, le cultivateur s'est dé
couragé. Tous ceux qui peuvent abandon
ner la culture de la terre s'empressent de
le faire, espérant trouver dans une autre
voie une position plus avantageuse. Beau
coup aussi succombent dans la lutte et dets
nièrement M. Hervé-Bazin racontait en ter
mes éloquents l'infortune .d'un fermier do
l'Anjou dont il avait vu vendre le mobi
lier.
. Dans de telles conditions, la baisse des
V
aaa«a«aB
N» 7309 — Edition quotidienne 1
Samedi 24 Décembre 1887
ËDIYÏON QUOTI DIENNE
£.< " PARIS ÉTRANGER
Sx départements (union postale)
tin an; .... 65 » 66 » .
Six mois. . . . 28 50 34 a
: ..Trois mois. . . *15 » 18 »
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"UN NUMÉRO { g^t'emente. Il
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
On s'abonne à Home, place du Gesù, 8
EDITION SEMI-QUOTIDIENNE
Un an. . 7
Six mois. -,
Trois mois.
PARIS
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, . 16 » *
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(ooton pogxalb)
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loi abonnements partent des fi" et 16 de chaque moW
l'UKIVERS ne répond pas-des. manuscrits qui loi sont adressés
ANNOIIGES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C 1 ", 6, place do IaBourso
FRANCE
PARIS, 23 DECEMBRE 1887
On annonçait que la Russie avait
/ donné des explications sur les mou
vements de troupes en Pologne, et
déclarait que tout était terminé.. Cette
nouvelle, qui nous a paru hasardée,
est démentie de divers côtés. Aucune
explication, ni officielle, ni même offi
cieuse, n'a été donnée par le gouver
nement russe, auquel, du reste, on
n'en avait pas demandé.
Malgré cela, il est visible que les
rapports sont moins tendus entre la
Russie et l'Autriche ; des deux côtés
les journaux sont plus calmes, sans
pour cela être plus amis. Cela suffit;
du reste, pour que les inquiétudes dis
paraissent.
Autre démenti à enregistrer : il est:
faux que le prince Ferdinand songe à;
donner sa démission, qu'on ne lui a:
pas demandée. Il est évident, du reste, !
que cette démission ne serait deman
dée de Vienne au prince, qui alors
pourrait difficilement _la refuser, que
si, préalablement/ un accord s'était
' établi entre la Russie et l'Autriche.
Or, quoique l'on ne craigne plus un
choc immédiat, on n'en est pas encore
à Vienne et à Saint-Pétersbourg à
l'entente complète. Il est même dou
teux qu'on puisse jamais y arriver.
Quelle est la situation de l'Angle
terre à l'égard de la triple alliance? Y
est-elle entrée? Et dans quelle mesure?
Voilà ce qu'on se demande, sans arri
ver à une réponse bien précise. Certai
nement l'Angleterre, menacée en Tur
quie et en Asie par la Russie, et crai
gnant de se heurter en Egypte à la
France, .est favorable à la triple al
liance, €jui à l'occasien peut faire son
jeu; mais de là à une accession à cette
alliance il y une distance qui ne sera
)eut-être jamais ; franchie. Pourquoi;
'Angleterre s'engagerait-elle,alors que
ce n^st pas nécessaire ? Cela n'est pas-
dans ses traditions.
ï
homme mort en chrétien a eu lieu à
Versailles, malgré sa famille, dans des
conditions particulièrement odieuses.
On trouvera des détails plus loin.
Nos conseillers municipaux se dis
tinguent toujours ; après le citoyen
Lefebvre-Roncier, c'est le citoyen Mar-
soulan ; celui-ci est invité, par un
ordre du jour voté hier, à donner sa
démission et à se représenter devant
ses électeurs, qui lui referont, s'ils le
jugent bon, une honnêteté. Quant à
l'affaire du citoyen Lefebvre-Roncier,
pourtant innocenté, par ses électeurs,
elle n'est pas finie; le conseil va faire
une nouvelle enquête.
Nous avons, paraît-il, une question
Gragnon. L'ancien préfet de police,
maintenant hors dé cause par suite de
l'ordonnance de non-lieu, réclamerait
une réparaton du gouvernement; Ne
pouvant reprendre la préfecture de
police donnée à M; Bourgeois et où il
ferait une figure assez singulière, il
■lui faut une compensation que, d'après
le Temps, on songerait à lui donner.
Lorsque la loi sur « la liberté des
funérailles » a été votée, nous avons
dit combien ce..titre était menteur; en
réalité, la loi avait pour but de, multi
plier les enfouissements civils, en li
vrant aux sociétés de libre-penseurs
les corps de ceux de leurs membres
qui, convertis, seraient morts chré
tiennement, mais n'auraient pas son
gé à annuler par acte officiel des en-
_ ments sans valeur morale. Les
faits
raison
n'ont pas tardé à nous donner
>n; l'enfouissement civil d'un
La loi contre la liberté des funérail
les chrétiennes, vient de recevoir sa
{iremière application à Versailles. C'est
e Temps qui nous l'apprend par la
note suivante :
Un ouvrier décédé avant-hier, ayant, sur
les instances fle sa famille, fait appeler un
prêtre à son lit de mort, allait être enterré
religieusement, lorsque les membres de la
Société de la libre-pensée, détenteurs d'un
testament récent aux termes duquel le dé
funt demandait des obsèques civiles, ont
introduit un référé devant le président du
tribunal. "
Ce magistrat, conformément aux derniè
res volontés du testateur, et par application
de la loi, a ordonné une inhumation civile.
C'est ce qui a eu lieu sans autre incidente
Tout l'odieux de la loi apparaît ici.
On peut se figurer l'abominable scène
qui s'est passée autour de ce lit de
mort gardé par la libre-pensée. Le
pauvre ouvrier, imprudemment en
gagé par un écrit envers la secte, re
vient, sur le point de mourir, à de
meilleurs conseils. Au souvenir de!
son baptême, de sa première commu
nion, sur les instances de sa famille
qui l'entoure, il se décide à mourir,
comme son père, et sa mère, en chré
tien. Tout est solennel à cette der
nière heure, tout est ' grave devant la
mort. Une décision, en ce moment
suprême, est sacrée. La loi nouvelle
n'en tient pas de compte. Elle se rit
de la mort, elle tournef cette scène
auguste en comédie, elle veut qu'on
apporte du papier timbré au moribond,
qu'on fasse venir le notaire. Et la
mort, de parla loi, devra attendre que
l'officier ministériel soit .venu, que
l'acte de révocation ait été rédigé en
bonne et due forme pour permettre
à un chrétien baptisé, à un repen
tant de mourir dans la religion oà il
est né ! ,
Pour le malheureux ouvrier de Ver
sailles, les formalités de la rétractation
n'ont pu être remplies, ou faute de
temps, ou par ignorance de la loi. Il
meurt après avoir reçu les derniers
sacrements. Aussitôt la bande des
harpies de la libre-pensée s'abat sur sa
couche mortuaire et vient disputera
la famille une dépouille chère, à la re
ligion un corps sacré. Les parents, té
moins dès dernières volontés, des der
niers actes du défunt, s'opposent au
rapt. Une première instance a du s'en
gager, aux termes de la loi, devant le
juge de paix, qui s'est cru tenu d'ap
pliquer la loi. Appel a été interjeté de
vant le président du tribunal civil,
qui, à son tour, s'est cru obligé de
confirmer la sentence du juge de paix.
Et, pendant ce temps-là, le cadavre
attendait sa sépulture! Et la famille
devait suspendre son deuil pour s'oc
cuper d'odieux procès!
Mais, du moins, les parents n'au
raient-ils pu passer outre à l'ordon
nance de référé, à l'opposition de la
société de la libre-pensée, et faire pro
céder quand même à des funérailles
chrétiennes? La loi les arrête au seuil
de la maison mortuaire. Dans la rue
est le commissaire de police, avec les
sergents de ville, les gendarmes. La
décision du pré'sident du tribunal a
dû être notifiée au maire, que les por
teurs du jugement ont obligé à pren
dre les mesures d'exécution. Le cer
cueil ne passera; pas, ou il ne sortira
qn'escorté par les sectaires de la libre-
pensée,et ceux-ci le porteront au trou,
comme une dépouille animale.
Ces parents que l'inhumation bes
tiale révolte, et pour qui l'honneur de
la famille, la sauvegarde des volontés
vraies du défunt sont choses sacrées,
pourraient peut-être tromper la sur
veillance des voleurs de cadavres,faire
sortir clandestinement le. cercueil et
le conduire à l'église pour les prières
et les bénédictions liturgiques. La loi,
y a pourvu encore. Le code pénal se:
dresse devant le prêtre. Si, malgré le
jugement délivré à la société de la
libre-pensée, le prêtre donne la sépul
ture ecclésiastique à ce mort, dont il
a reçu la confession et la rétractation,
à qui il a administré les derniers, se
cours de la religion, il sera puni d'une
amende de cent francs, et, s'il lui ar
rive de recommencer une autre fois,
il sera condamné à un emprisonne
ment de deux à cinq ans. La loi est
bien faite. Les auteurs ont tout prévu.
Nul moyen pratique de soustraire
aux sociétés de libre-pensée leur
proie. Le législateur républicain a
voulu favoriser le scandale des enter
rements solidaires pour diminuer la
faveur des funérailles chrétiennes.
C'est encore un progrès dans la laïci
sation. La loi, dans laquelle la majorité
républicaine n'a laissé introduire au
cun amendement protecteur de la
vraie liberté de conscience, est for
melle, tyrannique. Elle tient le mort,
la famille, le jury, le prêtre.
Nous plaignons toutefois le magis
trat qui n'a pas mieux aimé déposer
la toge que de sanctionner l'injustice.
Arthur Loth.
M. Francisque Sarcey s'offre à nous
présentement dans une veine de bon
sens dont il faut se hâter de profiter.
Il répond à ceux qui l'ont repris pour
avoir accusé certaine presse d'être
responsable de l'acte d'Aubertin :
Aubertin était un alcoolique, soit; un
halluciné, je le veux bien; il était sur le
bord de là démence, à merveille 1 Mais
pourquoi cette démence lui a-t-elle juste
ment armé le bras contre M. Jules Ferry?
Aurait il pensé à tirer sur M. Jules Ferry
comme sur une bête nuisible, si le journal
ne lui avait tous les matins enfoncé plus
avant celte idée dans la cervelle que M.
Jules Ferry était une bête nuisible ?
Il eût apparemment commis quelque
autre acte de folie. Il eût peut-être tout
brisé chez lui ; peut-être eût-il poursuivi un
passant dans la rue ; peut-être se fût-il pro
mené tout nu sur le boulevard. Les alcooli
ques sont en effet capables de toutes les ex
travagances.
Mais il y a une extravagance particulière
à laquelle Aubertin s'est livré ; il a médité
son affaire ; il s'est pourvu d'un revolver, de
cartouches ; il a invepté un artifice pour <
l'aire venir sa victime et l'assassiner à coup
sûr, à son aise. C'était de la folio, je l'ac
corde, mais non de la folie furieuse; c'était
la folie d'un homme préoccupé .de l'idée
fixe, et cette idée, d'où lui venait-elle ?
Elle nlétait pas née spontanément dans
son cerveau affaibli. Le germe, cela est cer
tain, cela n'est même pas discutable, lui en
avait été apporté du dehors. Eh bien ! d'où
venait-il ?
Ce n'était pas de là lecture des Débats,
ni du Temps, ni de la République française.
C'était apparemment des journaux qui tous
les matins, à. pleines mains, sans y prendre
garde, jetaient à, tous les vents les excita
tions et les menaces ! Vous avez beau recu
ler aujourd'hui devant les conséquences de
vos paroles. La corrélation est évidente.
C'est un rapport de cause à effet.
Tout ce que je puis accorder, c'est que
vous avez agi avec imprudence, légèreté,
inconscience ; mais si vous croyez que
cette inconscience vous absout à nos
yeux! . . " -
C'est l'excuse à la mode pour tous les
crimes, l'inconscience! Et là-dessus les jurés
acquittent gaillardemedt et s'en vont dîner,
très satisfaits de leur besogne. .
— Que voulez-vous? il était incons
cient.
Mais il faut savoir ce qu'on fait ! À sup
poser (ce que je n'admets point pour ma
part) qu'on ne coit pas coupable de l'acte
commis, on est coupable de n'en pas avoir
mesuré, avant de le commettre, la crimina
lité et les conséquences.
Je ne savais pas n'est pas une excuse. Ce
serait plutôt une aggravation. Commentai
mon ami, vous ne saviez pas ?... Mais vous;
ne , saurez jamai3, alors ! mais vous êtes
très dangereux, en ce cas !... Jè vous coffre
ou je vous supprime !Mieux : vaut a^oir;
affaire à un gredin qu'à un inconscient : il
y a moyen encore de s'entendre avec le
premier ; mais le second vous assassine le
plus innocemment du monde. •
A cette citation, qui ne laisse pas
d'être curieuse, joignons celle-ci de la
République française :
Il fallait s'y attendre. C'est M. Jules
Ferry qui a attenté à la vie d'Aubertin*
C'est Aubertin qui est la victime de M-
Jules Ferry. L' Intransigeant le dit en toutes
le ttres. Nous citons :
, MM. Brouardcl, Moltet et Garnier, médecins
légistes, ont procédé à un nouvel examen du
lou Aubertin, la dernière victime du misérable
Ferry. •
Le parti-pris de parler au rebours du sens
commun et du sens moral a pris dans l'In
transigeant da telles proportions qu'on sem
ble'être en présence d'un véritable phéno
mène psychologique.
L'assassin représenté comtEfè la victime,
est-ce le comble ? Pas encore peut-être.
La discussion n'est pas finie. Nous
en,reparlerons, pour en tirer, à notre
toùr, quelques conséquences.
Voici un aveu du Journal des Débats
qui a son prix :
L'instabilité ministérielle est un obstacle
invincible à l'initiative et à la compétence
des grands maîtres de l'Université. Cepen
dant, devant cette série d'événements inté
rieurs qui viennent de s'accomplir, devant
ceux non moins graves qui ,se préparent,
quel est le bon citoyen qui t ne s'est dit que
tout notre ordre politique et social est sus
pendu aux questions d'éducation publi
que ?
C'est aujourd'hui une vérité banale : au
cun gouvernement n'a fait autant de sacri
fices que la république pour développer
l'enseignement à tous les degrés. Nous
sommes allés jusqu'à la prodigalité, et la,
loi projetée sur l'agmentation du traite
ment des instituteurs le démontrera sura
bondamment. Le résultat correrpond-il suf
fisamment à tantde dépenses? Si nous en ju
geons par l'état d'esprit des générations nou
velles, c'est un point qui vaut la peine d'être
examiné , non pour condamner les efforts
ou pour les déoourager, mais pour rectifier
la voie dans laquelle nous sommes entrés.
Est-ce que la frivolité des esprits et des
caractères ne dépend pas de notre mode
d'éducation ? Est-ce que ce défaut ne tient
pas en partie à ce qu'il n'existe dans nos éta
blissements d'enseignement aucun système
d'édùcation propre à former des hommes ?
Est-ce que l'organisation même de notre
enseignement ne donne pas lieu à une
grande déperdition dé forces intellectuel
les ?
D'excellents esprits, - profondément dé
voués à l'Université, ne sont pas loin de cet
avis.
Et, comme conclusion, le Journal
des Débats propose de remplacer les
classes par les cours. Sa conclusion est
maigre et n'est nullement proportion
née à l'aveu dontnous venons de pren
dre acte. Qui peut croire, en effet,
qu'il suffise de faire des cours au lieu
de faire des classes pour donner aux
nourrissons de l'Université l'éducation
dont le Journal des Débats lui-même
déplore l'absence ?
LE JUBILÉ SACERDOTAL
de
SA SAINTETÉ LÉON XIII
Sa Sainteté a reçu mercredi en au
dience particulière Mgr Marschall,
chapelain de la cour d'Autriche-Hon
grie,qui a présenté au Souverain Pon
tife une riche offrande de la part de
Sa Majesté l'impératrice.
Le même jour,Sa Seinteté a reçu le
FEUILLETON DE lïUNIVERS
DU 24 DÉCEMBRE 1887
REVUE AGRICOLE
■ L'agriculture a ceci de particulier qu'elle
intéresse tout le monde; c'est qu'en effet
tout le monde en a besoin, parce qu'elle
•fournit toutes les choses indispensables à
la vie : le pain, la viande, le lait, le vin, la
laine, le cuir, etc. On peut vivre à la ri
gueur sans l'agriculture, et les peuplades
sauvages nous en fournissent des exemples,
mais la vie est des plus misérables et des
plus précaires.
Le système de culture le plus simple" est
celui que l'on a nommé culture pastorale et
qui consiste uniquement daps l'entretien de
troupeaux. Un* troupeau, sans exiger des
soins très laborieux, fournit la nourriture et
le vêtement; c'est un premier capital fort
important, car il laisse à l'homme assez de
loisir pour travailler à autre chose qu'à se
procurer sa nourriture, et il lui fournit la
force de traction indispensable pour un
grand nombre de travaux. Ce système de
culture rend de très grands services, mais
il a de graves inconvénients et, notamment,
il exige une étendue de terrain considérable
pour nourrir une population peu nom
breuse. La culture pastorale forme le pre
mier pas dans la voie de la civilisation.
Lorsqu'une tribu possède un troupeau,
elle peut entreprendre la culture delà terre;
elle y trouvera l'avantage d'une nourriture
plus agréable et plus variée, la possibilité
de mener une vie sédentaire ét de nourrir
un bieu plus grand nombrë dé personnes
sur une même étendue de terrain.
La culture se borne tout d'abord aux cé
réales ; on défriche un champ et on l'ense
mence chaque année, tant qu'il continue à
donner un produit passable, puis on le laisse
en repos pour en cultiver un autre.
Plus tard, on en vient à recueillir le fu
mier des animaux, ce qui permet de varier
les cultures et d'abréger la période de re
pos des terres.
Enfin on arrive au système relativement
tout moderne de lajculture continue, dans
lequel la terre produit au moins une récolte
chaque année ; la terre peut, alors nourrir
une population très dense et donner des
produits très divers, correspondant aux be
soins nombreux d'une civilisation avancée;
mais ce système exige beaucoup de travail
et beaucoup d'engrais. '
On est porté à croire au premier abord
que rien n'est plus simple que la culture'
et il est certain en. effet que pour labourer,
ensemencer, récolter,' pour conduire des
animaux au pâturage ou leur donner à
l'étable de la paille et du -foin, il n'est pas
nécessaire de posséder de grands talents,
ni d'avoir fait de profondés études scienti
fiques.
Mais quand il s'agit de tirer de la terre
le plus grand produit net possible, d'aug
menter le rendement des récoltes tout en
maintenant et môme en augmentant la fer
tilité du sol, d'employer le fourragé à la
nourriture du bétail de manière à on tirer
le plus grand profit possible, d'engager dans
le sol un capital important avec assez d'ha
bileté pour qu'il produise un intérêt [conve
nable et son amortissement, le problème
devient singulièrement complexe ; ce n'est
plus à un simple manœuvre qu'il faut , en
demander la solution, c'est à un homme ins
truit et expérimenté.
Ce problème est posé depuis longtemps,
mais sa solution est devenue- aujourd'hui
nécessaire et urgente en raison de la con
currence étrangère. Il faut absolument ar
river à produire à bas prix, autrement le
propriétaire n'aura plus de revenus et l'ou
vrier agricole n'aura plus d'ouvrage.
Des droits de douane pourront bien atté
nuer un peu l'effet de la concurrence étran
gère, mais ils ne la supprimeront pas.
La France est un ' pays essentiellement
agricole, son territoire ne contient qu'une
étendue relativement très petite de, terres
incultivables, son climat permet d'obtenir
une grande variété de produita, plus de la"
moitié de sa population vit'de la culture
du sol.
Tout ce qui concerne l'agriculture est
donc non seulement un intérêt de premier
ordre, mais un intérêt général ; les souf
frances de l'agriculture aussi bien que sa
prospérité ne peuvent manquer d'exercer
une grande influence sur le corps social
tout entier.
Tout homme intelligent, même celui qui
n'est ni cultivateur ni propriétaire, a in
térêt à être renseigné sur la marche des
choses agricoles, sur les questions agitées
dans les Chambres ou dans la presse, sur
l'état des récoltes; sur les variations du'
marché, sur les travaux, inventions ou dé
couvertes tendant au progrès de l'agri
culture.
LA CRJSE AGRICOLE
Aujourd'hui la préoccupation dominante
de tous ceux qui de près ou de loin vivent par
l'agriculture, propriétaires,, fermiers, mé
tayers, etc., c'est la crise agricole. Quand et
comment pourra-t-on sortir d'embarras ? Qjae
faire pour ramener l'ancienne prospérité ?
Chacun propose son remède : les uns voient
le salut dans des réformes de la législation:
élévation des droits de douanes, facilités
données au crédit'agricole, etc.; d'autres
affirment qu'il suffit de propager l'applica
tion des découvertes de la science. Nous
examinerons successivement, à mesure que
l'occasion s'en présentera, chacun des
moyens proposés ; mais il est utile de jeter
tout d'abord un regard rétrospectif sur les
origines de la crise.
Depuis 1815 jusqu'à 1865, c'est-à-dire
pendant un demi-siècle complet, l'agricul
ture a été très prospère, sauf quelques mo
ments de durée très limitée, et cette pros
périté se manifestait par une élévation cons
tat des fermages et par l'accroissement
continu de l'.épargne des cultivateurs. Dès
qu'une ferme était à louer, une demi-dou
zaine de cultivateurs venaient la demander
en, offrant dos prix de pins en plus élevés.
Dès qu'un champ était à vendre, plasieurs
cultivateurs se présentaient pour l'acheter,
même à des prix excessifs.
Vers 1855, à l'occasion de l'emprunt con
tracté pour faire face aux dépenses de la
guerre de Crimée, les percepteurs reçurent
l'ordre de servir gratuitement d'intermé
diaires pour l'achat, la vente et l'encaisse
ment' des coupons des rentes sur l'Etat. Les
cultivateurs essayèrent ce mode de place
ment, et ils ne lardèrent pas à s'apercevoir
que l'épargne 'ainsi placée rapportait beau
coup plus qu'en achat de terre à tout prix.
Peu à peu ils ont appris à connaître les va
leurs de bourse, etjils|en sont venus à accep
marquis de Lorenzana, qui lui a pré
senté les lettres l'accréditant comme
envoyé extraordinaire et ministre plé
nipotentiaire de la république de Bo
livie pçèsle Saint-Siège.
FRANCE
Nous recevons la lettre suivante :
Monsieur le rédacteur,
A mesure que nous approchons de l'épo
que du jubilé sacerdotal de Léon XIII, les
témoignages d'amour et de dévouement de
ses enfants deviennent plus nombreux et
plus éclatants.
A cette occasion, ne serait-il pas permis,
par la voie de votre vaillant journal, d'ex
primer une pensée qui se recommande à
une classe spéciale de vos lecteurs?
Assurément ces offrandes si variées, si
précieuses, si universelles, ces prières, ces
comçnunions, sont une manifestation admi-
rablè et providentielle ; mais n'y aurait-il
pas quelque chose de plus à faire ?
Les évêques ont généralement demandé
qu'une messe soit dite dans toutes les pa
roisses, le 31 décembre ou le 1 er janvier
prochain, en union avec le Souverain Pon
tife célébrant la messe; ne serait-il pas dé
sirable que cette messe soit célébrée, non
seulement en union avec Léon XIII, mais
à ses intentions ? que tous les prêtres qui
le peuvent lui offrent ce jour-là tout le fruit
de leur messe.pour qu'il en ait la libre dis
position ? *
Ce serait une précieuse offrande faite par
les prêtres au Père commun de tous les fidè
les,offrande dont il pourrait disposer,suivant
son inspiration, pour le plus grand bien de
l'Eglise, des autres nations catholiques ou
infidèles.
M. de Maistre a dit, je crois, dans les
Soirées de Saint-Pétersbourg, que Dieu ne
peut pas résister à une prière universelle.
Ces messes, offertes au Souverain Pontife
et dites à ses intentions, ne seraient-elles
pas cette prière universelle, qui est d'une
efficacité souveraine sur le cœur de Dieu?
Je reconnais que la pensée exprimée
ici est formulée tardivement,que, pour être
acceptée généralement,, elle devrait venir
do voix autorisées. Quoi qu'il en soit, la pu
blicité que lui donnerait votre journal pour
rait suffire pour décider peut-être un grand
nombre de prêtres à l'accueillir et à don
ner au Souverain Pontife Léon XIII celte
preuve de piété filiale.
Un'prêtre breton.'
BELGIQUE
On lit dans le Courrier de Belgique :
Les catholiques belges apprendront avec
bonheur .que les membres des droites des
deux Chambres se disposent à signer une
Adresse exprimant à Sa Sainteté Léon XIII
leur filial, respect' et leur dévouement, à
l'occasion de son jubilé sacerdotal.
Au Sénat, c'est M. Lammens qui a pris
l'initiative de ce projet. A la-Chambre, c'est
M; Nothomb, ministre d'Etat, qui-a pres
senti ses collègues de la droite et recueillera
leurs adhésions.
— L'épiscopat belge vient d'adresser
aux fidèles des divers diocèses de Bel
gique une lettre collective au sujet du
jubilé pontifical.
— Un grand nombre d'anciens zoua
ves pontificaux, réunis à Bruxelles,ont
élu un comité qui se rendra à Rome
pour porter au Vatican l'adresse et les
offrandes des anciens soldats belges
du Pape.
ÉTATS-PONTIFICAUX
Mgr Macchi, majordome de Sa Sain
teté,et le commandeur Pierre Azzurri,
camérier de cape et d'épée, ont, com
me délégués des religieuses camaldules
de Saint-Antoine, offert au Saint-Père,
de la part des religieuses , un cadré
magnifique, d'un merveilleux travail,
au centre duquel on admire un ovale
en ivoire où est représenté en minia
ture, par la main d'une des religieu-
ses,'saint Romuald, abbé fondateur du
monastère.
—Mgr Apolloni, vice-camerlingue de
la sainte Eglise,et M. le comte Edouard
Colacichi,officier de la garde noble pon-t
tificale,ont, comme citoyens d'Anagni,
présenté au SaintrPère les . dons des
élèves du séminaire de cette ville.
Avec sa.. bonté ordinaire, le Saint-«
Père a daigné agréer ces dons et par
ler longuement de la ville d'Anagni,
spécialement de l'établissementagraire
qu'il y, fait bâtir à ses frais.
Les journaux de Londres annoncent que
le P. Matthew Ryan vient d'être condamné
à Limerick à un mois de prison pour avoir,
en qualité de président de la branche
de la Ligue nationale à Herbertstown, en
gagé dans un discours les fermiers de la'
localité à résister aux propriétaires.
Le gouvernement, craignant quéle : juge
ment du P. Ryan ne soulevât à Limerick
des manifestations populaires, avait con
centré dans la ville des forces de police
supplémentaires. C'est le capitaine Sto-
kes, le magistrat résident, que sa conduite
dans le procès O'Brien a rendu célèbre,qui
a dirigé les préparatifs de précaution pris à
Limerick.
Le P. Ryan a été conduit à la prison, de
Limerick, où, dit un journal, le Galignani t
on a déjà privé le prisonnier de son ma
telas.
La prisou de Tullamore vient de s'enri
chir de deux, nouveaux prisonniers : MM*
Sheehy, député, et. Hooper alderman et dé
puté. On voit que lé cabinet Salisbury con»
tinue l'exécution de ses menaces, sinon 1»
réalisation de son programme.
M. Noirot, ancien sous-sécrétaire d'Etat,
est nommé conseiller-maître à la cour des
comptes, en remplacement de M. Faye,
dont la démision est acceptée.
A l'occasion de cette nomination, le Gau
lois rappelle les faits suivants :
M. Noirot était maire de Vesoul pendant l'oc
cupation allemande. Après la victoire de Bour-,
baki à Villersexel, l'ennemi abandonna cette
ville en toute hâte, battant en retraite avec une
telle précipitation qu'il y laissa ses bagages. Le
lieutenant de la poste militaire badoise, Sohnei-
der, eut l'ingénieuse et pratique idée de consti
tuer -M. Noirot, maire français, gardien respon
sable des approvisionnements de l'armée prus
sienne. M. Noirot accepta cette mission et signa
un reçu libellé en ces termes :
« La mairie de Vesoul, par le présent, sa
porte-entièrement garante pour les 163 sacs ren-*
fermant des effets militaires, avec 41 caisses et
ballots, le tout remis à. elle par M. Schneider,
et estimé approximativement à la valeur de
60,000 florins. La mairie s'engage à défendre
lesdits objets de tout vol. La responsabilité de
la caution commence au moment du départ de
M. Schneider, moment où il sera fait remise
des clefs des bureaux où les objets militaires
seront déposés.
• « Signé : Noirot.
« Vesoul, 9 janvier 1871. »
Le 11 janvier, les Français victorieux en
traient à Vesoul, acclamés par une population
qui, depuis quatre mois, avait la douleur de
plier la tôte sous le joug allemand. Le capitaine
commandant le détachement ordonne aussitôt
des recherches, sachant que l'ennemi s'est re
plié en toute bâte, et, en présence des hésita
tions du maire, il remet la réquisition sui
vante :
« Par ordre de M. le général de division Bil- •
lot, commandant en chef le 18" corps d'armée,
représenté par M. Boizeau, capitaine au 5° ré
giment de cuirassiers, commandant un déta
chement d'éolaireurs, M. le maire de Vesoul
est requis de livrer les clets des divers maga
sins appartenant à l'armée prussienne et les
effets de toute nature qui peuvent s'y trouver,
nonobstant tous engagements et réquisitions
contraires.
« Boizeau.
UUlliUi'BB.
« Vesoul, le 11 janvier 1871.
« Vu par l'intendant :
« Bonfilon. »
Mais, hélas ! la fortune de la guerre ramena
les Badois à Vesoul. Ils se hâtèrent de réclamer
les objets confiés à l'obligeant Noirot. Il ne put
les rendre, s'excusa et signa de sa main cet
ordre de réquisition : .
- « Vesoul, 17 février.
« En suite d'une réquisition de l'autorité aile »
mande, M..., demeurant à Vesoul, rue..., est
requis de verser immédiatement, à la mairie de
Vesoul, la somme de... pour taxe de guerre.
Il est prévenu que, si dans les vingt-quatre
heures il ne s'est pas libéré de ladite somme,
il y sera contraint par voie d'exécution mili'
taire. ' -
« Signé : Noirot. »
ter même les plus mauvaises valeurs. C'est
ainsi qu'a débuté le drainage financier, qui
est devenn plus tard un véritable fléau.
Au moment de la grande enquête "agri
cole organisée par l'Empire en 1S66, la
prospérité commençait à décliner ; des
plaintes déjà nombreuses se. faisaient en
tendre, l'enregistrement constatait une ten
dance à la baisse sur le prix des baux ; on
se sentait descendre, mais sans qu'il fût
possible de prévoir jusqu'où l'on descen
drait.
: Déjà, en effet, les laines d'Australie arri
vaient en abondance sur le marché et dé
terminaient une baisse , très préjudiciable
aux éleveurs de moutons. Les blés d'Amé--
rique commençaient à exercer une influence
sérieuse, de telle sorto que les prix élevés
de 1862 n'ont plus jamais été atteints, mô
me eu 1871-72, après une très mauvaise
récolte. En même temps que les laines et
les grains éprouvaient une baisse persis
tante , les salaires des ouvriers ruraux aug
mentaient dans une proportion considé
rable. V
Cependant le bétail et tous les produits
animaux conservaient des prix satisfai
sants ; aussi l'on eutendàit redire sur tous
les tons ce conseil aux agriculteurs:
« Faites des fourrages, augmentez votre
bétail. » Mais aujourd'hui cette dernière
ressource manque: les.moutons nous vien
nent d'Allemagne, les bœufs nous arrivent
en abondance de l'Allemagne, de l'Italie,
et même de l'Amérique ; on annonce que
l'Australie commence à nous expédier des
moutons abattns dont la viande est con
servée par la congélation. . ,
Il ne nous reste pas même la ressource
des produits accessoires:'l'es lins et les
chanvres do Russie font aux nôtres une
concurrence désastreuse, le colza est ruiné
par les huiles minérales, les graines de trè
fle, de luzerne, de lin, etc., nous sont en
voyées par l'Amérique. En un mot, nous
sommes en présence d'une révolution éco
nomique formidable, telle qu'il n'y en a
probablement pas eu une aussi considéra
ble depuis les temps historiques. •
Nous avons dit que dès 1866, on com
mençait à apercevoir, du moins dans cer
taines contrées, une tendance à la baisse
des fermages; peu à peu cette tendance s'est
accentuée et généralisée. En 1874, on com
mençait à avoir quelque peine à trouver des
fermiers pour les fermes importantes; au
jourd'hui on trouve très difficilement des
preneurs, même pçur les petites fermes, et
il arrive môme trop souvent que l'on n'en
trouve pas du tout. Ce n'est pas là simple
ment lé fait de quelque propriétaire entêté
qui n'a pas. voulu consentir sur ses ferma
ges une diminution raisonnable, motivée
par les circonstances: on ne trouve preneur
pour aucun prix. .
Cela s'explique du reste fort bien ; pen
dant longtemps le cultivateur a lutté avec
courage, espérant toujours des temps meil
leurs; mais en voyant que ces temps meil
leurs n'arrivaienl pas et que, tout au con
traire, les circonstances devenaient de-plus
en plus .difficiles, le cultivateur s'est dé
couragé. Tous ceux qui peuvent abandon
ner la culture de la terre s'empressent de
le faire, espérant trouver dans une autre
voie une position plus avantageuse. Beau
coup aussi succombent dans la lutte et dets
nièrement M. Hervé-Bazin racontait en ter
mes éloquents l'infortune .d'un fermier do
l'Anjou dont il avait vu vendre le mobi
lier.
. Dans de telles conditions, la baisse des
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