Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1887-11-26
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 novembre 1887 26 novembre 1887
Description : 1887/11/26 (Numéro 7281). 1887/11/26 (Numéro 7281).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi 26 Novembre 4887
N* 7281—^ Edition quotidienne l>
Samedi 26 Novembre 4887
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Six mois. . . . ', 23 50 !3& -»
Trois moi$, , . 15 » 18 »
"5 abonnements partent rte a S" et lo de chaque mois
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©DREAUX : Paris, 10, rué des Saints-Pères
„, On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8.
!'EDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS • . ÉTRANGER -*
■ ■ ET DÉPAitTBMENTi - (COTON POSTAIS) .
Un -an 30 » 36 " »
Sixmois. ... 16 » 19 »
Trois mois. . „ 8 60 . .10 . »
ïiCB abonnement; partent dea il" et £QHe chaqno moU
•f i'UÎÎIVEES ne répond pas des manuscrits qni lui sont adressé» _
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MM. Ch. LAGRÂNGE, CERF et C'Y 6, place de la Bourse
«WBfswHwra» 1
FRANCE
.. PARIS, 25 NOVEMBRE 1887
On a vainement attendu hier le mes
sage annoncé de M. Grévy; le' beau-
père de M. Wilson ne se .décide pas
aussi promptement à quitter l'Elysée.
La démission tient, mais elle'nè sera
donnée que dans les premiers jours
de la semaine prochaine, lundi ou
mardi, disent les journaux officieux.
A tous les points de vue, ce prolonge
ment de la crise est regrettable, mais
qu'importe à M. Grévy?
Qui; sait s'il n'espère pas, par tous
ces retards, éviter cette démission qu'il
lui coûte si fort d[e donner?
Le retard de la démission, et par
suite de la. réunion du Congrès, donne
libre cours aux manœuvres des diver
ses fractions de la gauche pour- le
choix du successeur de M. 'Grévy.
Nous disions hier, aux Dernières-Nou
velles; que les- chances s'accentuaient
pour le général Saussiêrf auquel l'ap
pui de MM. Jules Ferry et Jules Grévy
donnait les opportunistes : et, qui pou
vait .finir par . être accepté par la
droite. Le général - Saussier reste en
core le candidat favori ; cependant. la
..gauche radicale et. la; fru,ctiôii oppor
tuniste dont M. liane est le.grand me
neur, se ■: prononcent - contre. toute
candidature militaire ; elles ont peur
d'un «sabre». Gen'est pas suffisant
pour empêcher, son élection,si M. Jules
Ferry le soutient résolument. . , ; a
On annonce de nouveau .la fameuse
réunion plénière des gauches des deux
Chambres. Qu'en sortira-t-il ?'Une
concentration, ou une rupture ?j
Aurons-nous un ministère Ribot
pour- contresigner et lire le message
présidentiel? Ou M; Grévy fera-t-il
simplement appel à la complaisance dé
M. Rouvier? Hier, tout annonçait la
constitution du ministère Ribot; au
jourd'hui on ; se contente de M. Rou
vier. De fait, nous ne voyons guères
. l'utilité de former un' ministère pour
une simple communication .que le pre
mier venu peut faire. Lorsque le ma
réchal de Mac-Mahon donna sa dé
mission sur une question militaire,
avec une dignité que l'exemple de
M. Grévy fait encore ressortir, il
adressa simplement aux Chambres sa
lettre de démission, et cela ne souleva
aucune difficulté.
Hier, les députés et sénateurs, qui
s'étaient réunis avec l'espérance de
voir le message présidentiel, ont dû se
rabattre sur des questions de détail.
Les séances ont été courtes ; nous n'y
signalerons que le vote immédiat par
les deux Chambres du maintien pour
trois mois de la surtaxe sur les alcools
étrangers : il fallait faire vite, puisque
la surtaxe prenait fin le 30 novembre.
Les deux; Chambres se réunissent
aujourd'hui. Que feront-elles puië-f
quelles n'auront pas encore le mes
sage?
L'Académie a tenu hier sa séance
publique annuelle ; nous donnons le
rapport de M. Boissier sur les prix de
vertu et quelques passages du rapport
du secrétaire perpétuel, M; Doucet,
sur les prix littéraires, qui, comme
d'habitude, sont bien mêlés.
Nous avons donné hier les passages
importants du discours du trône alle
mand ; les autres parties ne sont que
d'un intérêt purement local. On aura
sans doute remarqué combien ce dis
cours était peu explicite sur la poli
tique extérieure. Ce silence, certaine
ment voulu, quelques jours à peine
après la visite du czar à Berlin, nous
paraît dénaturé à' prouver que cette
visité n'a aucune portée et n aura au
cunes " conséquences politiques. Les
articles fantaisistes des journaux offi
cieux allemands se trouvent parla in
directement démentis.
Généralement, en Allemagne, on
inteprète dans un sens pacifique le dis
cours du trône. Du reste, en cette
saison, des allusions belliqueuses
étaient improbables. ' - : -
Voir les DERNIÈRES NOUVELLES à la fin
Hier, pendant que le président de
la République méditait sur le malheur
d'avoir un gendre qui ne court pas
les prix de vertu, l'Académie française
procédait à la remise des récompenses
consacrées annuellement aux histo
riens, aux littérateurs, aux poètes^ et
finalement aux gens de bien qui lui
sont signalés comme ayant-les meil
leurs titres à cette distinction. Chaque
année la moisson est abondante .de
ces humbles qui pratiquent le devoir
d'une façon héroïque, sans aucune
préoccupation d'en recevoir ici-bas le
prix. Aussi l'originalité de ce con
cours ramène-t-il chaque année sur
les lauréats une attention qui ne se
lasse pas. C'est ce qui nous invite à
publier intégralement le "discours de
M. Gaston Boissier, chargé de présen
ter au public les sauveteurs, les garde-
malades, les institutrices* de villages,
les ouvrières, les domestiques, dont
les vertus ont conquis l'admiration de
jleur entourage, avant d'obtenir, sut la
requête d'autrui, les suffrages de l'A
cadémie'.
Comme la plupart de ces concur
rents aussi désintéressés que pauvres
sont des gens du peuple, et du peuple
des champs, l'occasion était bonne,
en les montrant, de venger la réputa
tion du paysan si odieusement diffa
mée en ces derniers jours par le répu
gnant.auteur de la Terre. M.j Gaston
Boissier l'a naturellement saisie. Sans
faire à M. Zola l'honneur de le nom-
mer, il l'a, 1 en quelques lignes^ assez
bien exécuté. On peutsaiis doute re
gretter que cette exécution ne porte
pas-la marque d ? une indignation plus
vive; mais il faut songer que nous
sommes à l'Académie, elle-même con
vaincue de rëcélér des auteurs non
moins faisandés que l'àuteùr de la
Terre, et qui peut-êtro se prêtera quel
que jour à faire recevoir le compère
Zola par le compère >Renan. La dame
en^ a tant fait déjà qu'un déshonneur
de plus ne lui coûterait guères. A tout
hasard, 1 M. Gaston B oissier se montre
discret. Sait-on ce qui peut arriver ?
Ce qui arrive, c'est que l'Académie,
à ce point de vue, s'émancipe tous les
jours davantage et que, couronnant
la vertu chez les autres, elle semble
travailler à paraître, pour son compte,
de moins J en moins vertueuse. M. Ca^-
mille Doucet nous en avertit et même
s'en vântë, au" début de son rapport
sur les concours littéraires de l'année.
C'est à .propos de la poésie qu'est venu
cet aveu. L'Académie souffrait, nous
dit-on, de n'avoir pas jusqu'ici assez
de ressources pour encourager les
{>oètes. Et ce souci lui venait—on nous
. e dit ingénuement — de cé que, les
•legs' étant faits à l'Académie pour cou
ronner desœuvres morales, l'illustre
légataire avait quelque scrupule à pri
mer des poésies dont eût rougi Mon-
tyon. ■ Désormaisil n'en sera plus
ainsi. « A peine, dit textuellement M.
Camille Doucet, par une sorte de sub
terfuge dont nous aimions à nous van
ter, réussissions-nous" parfois à intro
duire furtivement quelques recueils
de vers dans l'honnête concours fondé
par M. de Montyon pour les ouvrages
utiles aux mœurs. La morale est une
muse sévère , et plus d'une fois, forcés
de marchander avec elle, il nous a fallu
faire des sacrifices que notre goût re
prochait à notre conscience , et récipro
quement peut-être. L'Académie enfin a
gagné sa cause. » Avis aux rimeurs
libertins ! ° r
Toutefois, pour cette année du
moins, ce n'est pas une pièce immorale
qui- a bénéficié-de ces facilités désor
mais promises aux œuvres qu'au mé
pris do la conscience pourra goûter
tel ou tel académicien. Distingué en
tre cent quatre-vingt-six poètes qui
ont sué d'ahan pour chanter Pallas
Athe'né, M.,Emile.Moreàu l'emporte en
offrant un poème ténébreux qui dis
tille un pesant ennui.Divisé en cinq
chants,' ce poème prétend raconter
l'histoire du monde jusqu'au jour où
Rome, qui croyait avoir conquis Athè- j
nesjse trouve en réalité conquise parla
«lumineuse«invasion de Pallas. Cette
burlesque épopée, composée à l'hon
neur du polythéisme païen, débute;
ainsi : ■■■■ ■ ■■■:■•/• .: ■
La terre inachevée est en proie à la nuit.
L'éclair, l'astre* d'argent qu'nn astre d'or
' 1 - ■ ■ [poursuit,
Sont des merveilles inconnues. '■■■
il monte on ne sait quelle étouffante vapeur
Du lit obscur des mers, et l'angoisse et la
[peur
Tombent du dôme obscur des. nues.
Voici maintenant la fin , qui nous re-
résenté Pallas illuminant de sa
amme divine le monde qu'elle a par
couru par étapes avant d'aboutir à ce
suprême triomphe :
Regardez-la bondir de sommets en som-
... ' [mets,
La flamme sainte, d peine un moment amoin
drie l
Elle éclaire Milet, Byzance, Alexandrie,
Rome !... Et voilà la terre affranchie à ja-
' • ' [mais 1
Goût, quatre mille francs ! Pour un
labeur qui a mis au jour deux cent
quatre-vingt-dix-huit vers de ce
calibre ! Ne semble-t-il pas qu'à les
entendre, « l'angoisse et la peur »
devaient « tomber du dôme » de l'Ins
titut sur l'assistance,délivrée à ce prix
seulement des cent quatre-vingt-cinq
autres poètes, qui se sont trouvés in
férieurs à celuwà l Est-ce par une iro
nie dont la pensée surgit tout natu
Tellement après cet ? effort que, pour
solenniser 1 anniversaire de 89, le se
crétaire perpétuel a désigné le Travail
comme devant être le sujet du con
cours ? C'est un rude travail, en effet,
que celui d'aligner avec tant de peine
des hexamêtres si lourds en l'honneur
d'une Pallas démodée que célèbre un
poète sans essor.
Franchement, la prose nous vaut
de meilleures œuvres. Ce n'est pas
qu'il n'y ait aussi bien des gra
viers dans le mélange des productions
historiques ou littéraires dont M. Ca
mille Doucet fait la revue en son rap
port. A côté d'ouvrages qui témoignent
d'études sérieuses et d'un excellent
esprit, il n'est pas rare de se heurter
à des livres' dont la valeur morale est
loin d'égaler le mérite littéraire.
Ainsi, tout en reconnaissant le pa
tient labeur de M. Albert Sorel, qui
avec son livre l'Europe et la Révolution
française a remporte le prix Gobert,
comment ne pas protester contre , la
pensée générale qui, d'après M, Ca
mille Doucet, se dégage de ce livré?
I
L'auteur à voulu, selon ce qu'il r dit lui-
même, appliquer à la Révolution fran
çaise ce que Bossuet avait dit des
révolutions de l'antiquité, à savoir que
si « tout est surprenant à ne regarder
que les causes particulières », néan
moins « tout s'avance avec, une suite
réglée ». Sur quoi M. Camille Doucet
d'ajouter : «C'est cette miitrêglée que,
dans éorï beau livre, M. Sorel a voulu
surtout dégager. La logique s'est em
parée de lui et l'a plus dominé que là
politique; il lui a cédé en toute con
science, sans parti pris, et là où Bos
suet voyait naturellement le, doigt de
Dieu, M. Sorel a vu et nous à fait voir
la main, l'implacable main de la fata
lité antiquité ». L'éloge est singulier;
il peint à merveille l'étrange éclectis
me de l'Académie, qui « marchande
avec la morale », et qui s'établit plus
que jamais dans le dessein de mettre
en honneur un goût littéraire où la
conscience n'ait point une part pré
dominante. - - - •
- - Auguste Roussel.
On s'attendait à là lecture d'un
message. Il n'y a point encore de mes
sage. On se disait : A défaut d'un mes
sage, nous aurons peut-être quelque
incident de séance. Il n'y a pas eu le
plus petit incident de séance, et la
Chambre, après avoir voté, sans dis
cussion, une dizaine de projets de loi
d'intérêt local ou d'affaires, s'est ajour
née au lendemain; Elle se réunira
donc cette après-midi. Car elle espé
rait, hier, que lé message désiré, le
message de démission, ne se ferait pas
attendre plus de vingt-quatre heures
encore. II. paraît bien que c'était une
illusion causée par l'impatience géné
rale; nous attendrons davantage.
Mais, que ce. soit pour demain, que
ce~ soit pour lundi, ou même, comme
on nous en'ménace, pour mardi seu
lement, c'est toujours chose faite. La
force de résistance du vieux légiste
Grévy est épuisée enfin ; il cède à la
clameur publique ; il s'en va. Aussi les
conversations de la salle des Pas-per
dus, à la Chambre, ont-elles changé
de thème. On s'écriait : « Il faut qu'il
parté ! » A cette exclamation succède
l'interrogation, et maintenant on se
demande: « Quel sera le successeur? »
Et les conjectures d r aller tout leur
train. Que de noms prononcés ! L'in
certitude et la confusion régnent. Un
nom pourtant, — hier—en sera-t-il de
même aujourd'hui ? — revenait, dans
les mille colloques engagés à travers
les couloirs, plus souvent que les au
tres; C'était celui du gouverne,ur mili
taire de Paris, M. le général* Saussier.
Quand ils l'entendaient mettre en
avant, les opportunistes, presque tous,
prenaient un air de parfaite indiffé
rence : — Ah! Saussier! Les radicaux,
et bien des membres de la droite,
poussaient un cri de réprobation : —
Oh ! Saussier ! Mais d'autres membres
de la droite, en certain nombre, hô-
chaient latête, et leur visage avait une
expression. à demi approbative : —
Tiens ! Saussier !
Les retards de M. Grévy, demandant
chaque matin une petite journée en
core à ses bourreaux, causeront peut-
être un grave préjudice à la candida
ture du gouverneur militaire de Paris,
lancée trop vite. Il n'est pas impossi
ble, toutefois, que les opportunistes,
n'ayant point, décidément, le courage
de voter pour M. Fèrry lui-même, vo
tent en faveur d'un homme qui serait
à la.présidençe le suppléant de M. Ju
les Ferry. Et le général Saussier pour-
rait bien être cet homme. •<
Alors, que ferait la droite ?
Nous sommes à Versailles, au deu
xième, au troisième tour de scrutin.
Une fois, deux fois,'les conservateurs,
avec d'autant plus d'ensemble qu'il
s'agissait d'une manifestation platoni
que, ont-voté pour leur candidat. Mais
la lutte devient sérieuse, et se dessine
entre un Floquet, un Freycinet quel
conque, et le général Saussier. Si le
Floquet ou lé Freycinet l'emporte, c'est
la république livrée aux radicaux,sup-
primant le budget des cultes, faisant
béaucoup de mal, mais courant à de
promptes aventures, et sombrant bien
tôt, pourvu qu'un prince énergique
soit là, capable de lui donner le coup
de grâce. Avec le général Saussier,
nous avons en perspective, au con
traire, un gouvernement animé d'une
certaine modération, désireux de ré
sister au radicalisme, supportable à la
rigueur, présentable enfin; ralliant à
lui l'armée entière; mais qui, juste
ment pour toutes ces raisons, fortifier
rait la république et promettrait de la
faire durer. ,
En présence de, cette situation, ceux 1
des sénateurs et âéputes de la droite *
qui ont une sérieuse confiance dans le;
seul prétendant possible à l'heure ac-:
tuelle, Monsieur le comte de Paris, et
qui sont inébranlablement royalistes,
ne peuvent pas voter pour M. le géné
ral- Saussier. Mais les .autres !... Et
combien sont-ils, les autres?... Ils
iront, sans doute, au candidat des op
portunistes* montrant ainsi une cer
taine défiance de leur prince, qui ne
leur en saura,. d'ailleurs, peut-être
point mauvais gré. Dans ce cas, si
M» Saussier l'emportait grâce au con
cours d'une fraction nombreuse de la
droite, le personnage le plus atteint
>ar la présente crise serait Monsieur
e comte de; Paris.
Pierre Veuillot.
La Grise
M. Grévy a-t-il réellement dit. à M.
Henry Maret qu'il allait sans retardi
donner sa .démission? Voici ce que pu-'
blie l'Agence libre :
M. Carie, directeur de la Paix, racontait;
dans les couloirs de la Chambre que M.;
Henry Maret 'avait- considérablement exa-j
géré la déclaration que lui avait faite hier!
le président de la République.
MM. Carie et Henry. Maret s'étant ren- '
contrés dans les ; cojiloirs, la conversation:
suivante, s'est engagée entre eux : . ■. !
M- Carie. — Je disais que vous n'aviez!
pas ; été appelé officiellement'à l'Elysée,!
mais que vous vous y étiez présenté ' dej
votrepropre initiative. . i
M. 1 Henry Maret..— Si vous entendez direi
que-je n'ai pas été appelé pour être chargé j
de constituer, un ministère, vous avez irai-!
son ; majs, j'ai été .appelé ,à r.Elysée.à,litre j
consultatif. , 1 |
C'est M. Duhamel qui est venu m'invi-1
ter de la part du président de- la Républi-i
que à aller le voir àTElysée. ' 1
Lorsque je m'y suis présenté, j'ai bien!
vu que j'étais attendu. î
M. Carie4 ■*- Les déclarations qui vous'
ont été faites par le président en ce qui con
cerné l'éventualité , d'une dissolution : sont
exactes, mais il n'en pas été de même au
sujet de la démission. ] i
Le président n'a.pas été aussi affirmatif
et il n'a pas dû vous dire qu'il était disposé
à se retirer.
M. Henry Maret. — Je vous demande
mille gardons, M. Grévy a été des plus af-
firmatifs à cet égard. Il m'à dit que sa ré
solution était prise depuis le matin ; qu'il
était absolument décidé il quitter le pouvoir
et il a,môme ajouté ces mots : « On me sup
plierait de pester aujourd'hui que je ne res
terais pas »; •
D'ailleurs^ M.Henry Maret,dont on ne
saurait suspecter la parole, écrit dans
1Q Radical '.
Plusieurs journaux du soir ont inséré une,
note tendant à faire croire que j'aurais
inexactement interprété les paroles de M. le.
président de la République.
Je maintiens absolument l'exactitude de!
mon récit.
H enry M aret.
La Paix n'en est plus à dire que M.
.Grévy ne se démettra pas. Elle annon
ce meme que la démission sera don
née! Mais M Grévy n'est pas pressé.
Il paraît que le président, inaccessible
à l'idée de prolonger la situation jus
qu'au 1" aécembre afin d'empocher
r,
cent mille francs de plus, mais sou-
-cieux .de garantir la paix publique,
veut se donner à cet effet quelques
jours de plus. Ecoutons la Paix :
L'entrevue que M. le président de la
République a eue hier soir avec les mem-
■ bres du cabinet démissionnaire, montre que
les choses suivent leur cours normal, si,
toutefois, le mot peut s'appliquer à la situa-;
tion extraordinairement anormale que nous
traversons. M. Jules Gréyy a pris la réso
lution de se retirer, ceci est aujourd'hui
un fait public. Mais il ne peut le fairei
qu'après avoir pris les mesures nécessaires
pour mettre la république à l'abri des
aventures. C'est un dernier service qu'il
rendra au pays, et ce n'est peut-être pas le
moins grand de ceux qu'il lui aura ren
dus. •
S'il n'écoutait que les conseils que doit-
lui suggérer l'indignation de l'incroyable
campagne menée' par les intransigeants au
plps grand bénéfice des . réactionnaires, il
n'aurait assurément pas hésité à laisser lé
pays se débattre au milieu d'une crise
inouïe. Les hommes qui ont provoqué cette
crise se refusant' à en assumer les consé
quences et la grève ministérielle se décla- :
rant, M. Grévy aurait assurément pu adres
ser sa démission par simple lettre aux pré
sidents des deux Chambres,, et nous nous;
serions trouvés dans un état anarchique.
C'était la porte ouverte à toutes les compli- :
cations, à toutes les aventures, à tous les '
sauveurs; en même temps qu'à la guerre":
civile, peut-être h la guerre étrangère. -
M. Grévy n'a pas voulu prendre la- res- :
ponsabilité de telles éventualités. Il a tenu
à. rester, jusqu'à la dernière heure, le dé
tenseur de la république, le gardien de la
légalité, le> respectueux serviteur de la!
Constitution, que la.France, par deux fois, ;
l'a chargé de protéger contre ses adver-i
saires. j
Cela demande de là prudence et des!
précautions; Les impatients feignent de '
croire que ces précautions' sont inutiles. '
Malgré toutes leurs passions, le .pays saura î
ce qu'il en faut penser; La retraite de M.
Grévy ne lui paraissait peut-être pas bien i
nécessaire. Il a vu, au contraire, avec une <
satisfaction évidente ce spectacle nouveau!
d'un chef d'Etat parvenu au terme "dé ses j
pouvoirs maintenu en fonctions et il avait !
opposé, dans une comparaison tout à l'a - ?
vantage de la république, cette permanencè •
d'un pouvoir temporaire à l'éphémère du- :
rée de tant de pouvoirs qui se disaient peiv
maneqts. En tous cas, cette retraite n'a pas :
un caractère d'orgence tel, qu'il soit indis
pensable de tout précipiter....
La Paix est évidemment seule à
enser'de^-la- sorte ; le Journal des Bé
ats lui-même cherche 1 vainement' à'
s.'expliquer les causes de ce retard : '
L'Agence Havas annonce que l'attente
se prolongera quelques jours de plus que
le public ne l'avait pensé d'abord, et que
M. le président de la République n'adres
sera aux Chambres son message ou sa
lettre de démission que dans les premiers
jours de la semaine prochaine. Au premier
abord, on ne s'explique pas très bien les
motifs de ce retard. Ils existent, évidem
ment. Toute la difficulté consiste à les de
viner. Mais nous nous hâtons d'ajouter que
ce seraitlà une recherche inutile. L'annonce
de la démission de M. le président de la
République est connue depuis hier. On a pu
constater qu'elle ne suscitait aucune émo
tion, que les opérations de la conversion
s'étaient poursuivies au milieu d'un calme
parfait, et que même la Bourse avait ac
cueilli par une hausse assez forte la nou-
! velle de la retraite du premier personnage
de l'Elat. • Dans ces condiwons, il importe '
•peu que le' Congrès se réunisse le 25 ou le
•29 novembre. Nous 1 aimons à!penser que
la Chambre se montrera aussi tranquille
que le'grand public, et n'essayera pas de
tro.ubler le cours de la crise en se portant ;
à une manifestation déplacée. Si, par aven
ture, on avait songé à la pousser à quelque
imprudence de ce genre^ ' la 1 meilleure ré-;
ponse qu'elle pourrait faire "à un pareil !
calcul serait de conserver tout son sang-
froid. •;
Le même journal, qui .doit avoir
reçu, les confidences de M. Ribot, pu-i
blie le. compte rendu suivant des inci- ;
dents de laijournée d'hier : i
Dans la matinée, M. Ribot s'est rendu à!
'l'Elysée, ainsi que i$ms l'avions fait 5pré-i
voir. La note suivante 1 a été communiquée f
aux journaux par l'Agence Havas, au sujeti
de cette entrevue ; !
*
M. le président de l'a Répûbliqué ; a''fait appe- !
'1er ce matin M. Ribot. i
Il lui a> f-aiti connaître son intention d'adresser,
un message, aux Chambres et l'a prié de;revenir
ce soir à 1 Efysée. ' ■
Nous croyons 'savoir ;que M; le 'président
-""doit conférer cet après-midi -avec son ancien mi-;
nistère. ■ . • ■ • ,
Voici quelques détails complémentaires
sur cette entrevue r
M. le président'de la 'République & ma
nifesté l'intention arrêtée de donner sa dé
mission. M. Ribot a alors fait observer à ;
M. Grévy que, du moment où sa résolu-;
tion était prise, il serait désirable, tant au i
point de vue de la dignité personnelle du ■
président que de l'intérêt de la Républi- ;
que, que cette décision fût communiquée le!
plus rapidement possible aux deux Cham
bres.
M. le président de la République a alors
demandé ; à M. Ribot s'il consentirait à
constituer un cabinet, au cas où il recon
naîtrait nécessaire de confier à un minis
tère nouveau la tâche de porter son mes
sage aux Chambres.
M. Ribot a répondu que si, dans ces
conditions, le président de la République
faisait appel à son patriotisme,:vil ferait
tous ses efforts pour constituer ce cabinet
nouveau.
Toutefois, Mi Ribot a demandé à M. le'
président de la République, conformément
à l'intention que ce dernier avait exprimée,
de conférer dans, l'après-midi avec les
membres du cabinet démissionnaire.
Dans la journée, M. Grévy a fait appeler
un certain nombre de députés radicaux,
avec lesquels il s'est entretenu de la situa
tion, notamment MM. Lockroy, Michelin et
Madier de Mçntjau. ,■
- M. Grévy a confirmé à ces trois députés
qu'il était résolu à se retirer, et qu'il ne
transmettrait aux Chambres son message
de démission que lundi ou mardi. . v ,
Dès ce moment, M. Grévy à manifesté
l'intention de ne pas faire de cabinet nou
veau et de maintenir en fonctions le cabinet
démissionnaire.
Comme détail curieux, signalons ce fait
que M. Madier de Montjau a déclaré à M.
Grévy que, « s'il était moins âgé et moins
infirme, il aurait, avec dix de ses amis, for
mé un cabinet pour défendre le président
do la République ». -
Les ministres démissionnaires, ainsi que
nous le disons plus haut, ont été convoqués
par le président de la République et ont
conféré hier soir avec lui à l'Elysée, de six
heures à huit heures.
A l'issue du conseil, la note suivante a
été communiquée à la presse : .
M. le président de la République a conféré
hier avec les membres du cabinet démission
naire. • '!.■■.••■ .
11 les a entretenus de la. résolution qu'il a
prise de remettre ses pouvoirs, dans l'impossi
bilité où il se trouve de gouverner.
Le message qu'il doit adresser aux Chambres
sera lu dans les premiers jours de la semaine
prochaine.
Ajoutons que le président de la Républi
que a renoncé à l : idée d'appeler M. Ribot!
à former un cabinet nouveau ' et qu'il est
décidé à confier au cabinet démissionnaire,
— qui l'a accepté, — le soin de.iporter aux
Chambres son message de démission.
M. le président de la République a en
voyé dans la soirée M. le général Brugère
remercier M. Ribot du dévouement pa
triotique avec lequel il s'était mis à sa dis
position, et l'informer qu'il avait renoncé à
l'idée de constituer un nouveau cabinet.
Nous avons dit hier que M. Raynal
s'était rendu à l'Elysée pour conférer,
avec M. Grévy. Voici, d'après la Lan
terne, un extrait des déclarations de ;
M. Raynal :
— Monsieur le président, vous avez
manqué aux engagements que vous aviez
pris vis-à-vis des modérés.
Vous aviez dit formellement : « Si M.
.Clémenceau entrait par çette porte, je sor r
tirais par l'autre », et vous l'avez appelé à
l'Elysée, en le chargeant de former un ca
binet sans condition.
Vous avez trahi le parti modéré; car vous
auriez dû songer, monsieur le président,
que livrer à M. < Clémenceau quinze 1 jours
seulement les diverses administrations,
c'était ,leur porter un coup dont elles ne; se
relèveraient pas,
M. Clémenceau pouvait, en quinze jours,
changer quarante préfets... .
Dans ces conditions, le parti modéré ne
"peut vous souténir.
On lit dans le Figaro :
L'entrevue de M.Grévy "et de M. Clémen
ceau mérité d'être classée parmi les chapi
tres curieux de notre histoire contempo
raine. En tout cas, elle paraît avoir laissé
une vive impression chèz le député du Var.
D'après M. Clémenceau, .en effet, jamais
on n'aurait pu s'attendre à voir une pareille
vitalité chez un octogénaire. Après les lar- !
mes du début de l'entretien, il semblait que
M. Grévy, affaibli par .l'émotion, donnerait
congé à son interlocuteur. Il n'en a rien
été.
Tour à tour goguenard, dialecticien et pa
thétique. M. Grévy s'est montré sous mille
faces, indiquant une fertilité de ressources,
une ingéniosité prodigieuses. ... .^..v
M. Clémenceau en a .été littéralement
émerveillé : « J'avais devant moi, a-t-il dit,
un étonnant renard franc-comtois qxii faisait
tête de partout, ou tout simplement maître
Pathelin dans la force de l'âge et du ta
lent. » '
M. Clémenceau : doit--d'autant; plus > êtr«!
cru dans le témoignage flatteur porté par
lui sur M. Grévy, que ce dernier, il y a peu
de temps encore, avait tenu sûlennfellerrtent
ce propos^ qui n'a pas 'été/une-prophétie:',: '
, ^Jamaisje n'appellerai'M. Clémenceau
à former un ministère; Je:quitterai plutôt
l'Elysée. ' » , ; "
Troublée par l'imminence du départ
de M. Grévy, ; la Paix ne voit plus.que
complots : '■
Nous, pouvons assurer, dit-elle, qu'jm
échange incessant de dépêches a lieu entre
les membres des droites et les préten
dants.
Les princes d'Orléans .déploient ,uge ,acti
vité,considérable, qui.çst, de nature à>. dpn-
ner à réfléchir aux républicains.. Hier,ma
tin et dans la journée, deux des secrétaires
•du comte de Paris sont partis porteurs cle
renseignements divers. ' '
. La Lanterne dit de son côté,:
■ - ' -V • '
Vendredi dernier, M. le général Saus
sier a réuni les chefs de corps du gouver
nement de Paris et leur a lu un ordre gé
néral comportant le .questionnaire sui
vant : "
1* Quelles sont les troupes que vous
pouvez garder en subsistance dans les .ca
sernes? ' ' ;>
2° Pouvez vous emmagasiner jtrqis jo^rè
de.vivres? ■ . ' ,
3° En ce gui concerne les munitions, pou-
vez-vous distribuer 8 paquets de cartou
ches par homme ?
On nous assure que cette dernière njie-
sure a été priso.
Toutes ces mesures ont été arrêtées,par
MM. Saussier et Ferron.
L'organe de M. Saussier, la Ré-publique
française, disait hier :
« Quant aux dragons qui ont pu être vus
à Versailles, ils ne peuvent être que de s,mi
litaires de la garnison de .Chartres venus, en
permission à Versailles. » . ,
Nous donnons à cette information le dé
menti le plus formel. ,
Il y a des troupes, massées dans les gar
nisons dès alentours de Paris, qui sont
prêtes à marcher, sur la capitale.
Voici les dispositions prises par le gou
verneur de Paris :
Le 2° régiment de dragons, commandé
parle colonel de Lichtenstein, aide de camp
de M. Grévy, ira de Chartres à Versailles,
prêt à marcher sur Paris.
Est préparé l'appel éventuel :
Du 8* dragons, stationné à Meaux, colo
nel de Boysson.
Du 9° dragons, stationné à Provins, colo
nel de Briey.
Du l ,r régiment de chasseurs à cheval,
stationné à Meluri,' colonel, Mouchet.
Du 15 e régiment de chasseurs à cheval,
stationné à Fontainebleau, colonel Rosier.
Du 5 e régiment de dragons, stationné à
Compiègne, colonel Robert. • •
Du 8* cuirassiers, stationné à Senlis, co
lonel Dufaud.
Du 51" régiment, d'infanterie stationné à
Beauvais, colonel Lacapelle.
, Les généraux convoqués sont :
MIVI. Chamereau de Saint-André, Des
Roys, Renaud et Charreyron.
Ces troupes sont prises aux 1 er , 2°, 3", 4*
et 5* corps.
Le même journal dénonce avec hor
reur une mesure qu'il juge dirigée
contre le général Boulanger :
M. Ferron a trouvé moyen de se débar
rasser du général Boulanger durant le Con
grès. '
Il vient de décider que, le jour-même de
la démission du président de laRépùblique,
les chefs , de corps seraient invités à re»
joindre de suite leurs corpà respectifs.
M. Ferron, pour faire quitter Paris àu
général Boulanger, fait déplaicer une ving
taine de commandants de corps^
Mais comme MM. de Miribel ét de Gal-
lifet n'ont aucun commandement, ils pour
ront rester à. Paris pour prêter la'main aux
tentatives de M. Ferron; ;
Que M. Ferron en profite pendant qu'il
tient encore le ministère.
Il est pourtant assez naturel que
le général Boulanger étant chef de
corps, soit obligé de rejoindre son
commandement, commé tous'les autres
chefs de corps ; il est moins naturel
que le jour où, le Congrès se réunis
sant, on prenne des mesures pour qu'à
tout événement l'armée ne soit pas
privée de ses chefs.
M. Camille Pelletan s'insurge dans
la Justice contre l'idée manifestée par
M. Grévy d'ajourner sa démission, ré
solue en principe, aux premiers jours
de la semaine prochaine:
On voit sans peine ce qu'un tel-' projet
aurait d'injustifiable..Uu ajournement ! On
voit ses inconvénients ; où seraient les pré
textes?
Voilà un pays en état de crise ; et, il
faut bien le dire, en état de crise à cause
d'un seul homme. Nie-t-il le fait ? Point du
tout; il se retire. Et il prolongerait volon
tairement la crise dont souffre le pays tout
entier ! . •
Pourquoi ? Pour des raisons politiques ?
Où sont-elles ?
, Pour des convenances .personnelles ? Ce
gérait monstrueux.
. M. Ranca peur dé la candidature
du général Saussier. II. écrit dans le
Matin : - ■ .
'■ Non, pas dé candidature militaire! sous
aucun prétexte ! à aucun prix 1
J'entends dire "que quelques-uns de nos
amis; soit à la Chambre, soit au Sénat, se
raient disposés à mettre en avant le nom
général Saussier ! . . . . •
Cela ne pèut pas être vrai. C'est certai
nement une calomnie !
Personne plus que moi ne respecte le gér
néral Saussier. C'est un vaillant homme,
c'est un bon républicain, c'est la loyauté et
l'honneurtnêmes. . . ( ....'■
Mais il ne s'agit*pas 'de''ce que vaut le
gouverneur de Paris, dë son désintéresse
ment, dë. là sincérité dé.ses opinions.; Il»
s'agit dë ne pàs créer!''le iplus dangereux
des précédeqts; il.s'àgîtjdè ne pas-lancer
la république dânVle, militarisme ; il s'agit
N* 7281—^ Edition quotidienne l>
Samedi 26 Novembre 4887
h ËDITI Ô H Q trO T I DI EN N E
& . s ' ' "PARIS ' ' ÉTRANGER
f ' S* BSPAKI^MENT» (DHION PQSTAlil)
XJn an.' • , ,• « .55-. » , : . 63 •»*
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•f i'UÎÎIVEES ne répond pas des manuscrits qni lui sont adressé» _
- ,AN?îoîiqE3, à ; ( "' s ' ( .
MM. Ch. LAGRÂNGE, CERF et C'Y 6, place de la Bourse
«WBfswHwra» 1
FRANCE
.. PARIS, 25 NOVEMBRE 1887
On a vainement attendu hier le mes
sage annoncé de M. Grévy; le' beau-
père de M. Wilson ne se .décide pas
aussi promptement à quitter l'Elysée.
La démission tient, mais elle'nè sera
donnée que dans les premiers jours
de la semaine prochaine, lundi ou
mardi, disent les journaux officieux.
A tous les points de vue, ce prolonge
ment de la crise est regrettable, mais
qu'importe à M. Grévy?
Qui; sait s'il n'espère pas, par tous
ces retards, éviter cette démission qu'il
lui coûte si fort d[e donner?
Le retard de la démission, et par
suite de la. réunion du Congrès, donne
libre cours aux manœuvres des diver
ses fractions de la gauche pour- le
choix du successeur de M. 'Grévy.
Nous disions hier, aux Dernières-Nou
velles; que les- chances s'accentuaient
pour le général Saussiêrf auquel l'ap
pui de MM. Jules Ferry et Jules Grévy
donnait les opportunistes : et, qui pou
vait .finir par . être accepté par la
droite. Le général - Saussier reste en
core le candidat favori ; cependant. la
..gauche radicale et. la; fru,ctiôii oppor
tuniste dont M. liane est le.grand me
neur, se ■: prononcent - contre. toute
candidature militaire ; elles ont peur
d'un «sabre». Gen'est pas suffisant
pour empêcher, son élection,si M. Jules
Ferry le soutient résolument. . , ; a
On annonce de nouveau .la fameuse
réunion plénière des gauches des deux
Chambres. Qu'en sortira-t-il ?'Une
concentration, ou une rupture ?j
Aurons-nous un ministère Ribot
pour- contresigner et lire le message
présidentiel? Ou M; Grévy fera-t-il
simplement appel à la complaisance dé
M. Rouvier? Hier, tout annonçait la
constitution du ministère Ribot; au
jourd'hui on ; se contente de M. Rou
vier. De fait, nous ne voyons guères
. l'utilité de former un' ministère pour
une simple communication .que le pre
mier venu peut faire. Lorsque le ma
réchal de Mac-Mahon donna sa dé
mission sur une question militaire,
avec une dignité que l'exemple de
M. Grévy fait encore ressortir, il
adressa simplement aux Chambres sa
lettre de démission, et cela ne souleva
aucune difficulté.
Hier, les députés et sénateurs, qui
s'étaient réunis avec l'espérance de
voir le message présidentiel, ont dû se
rabattre sur des questions de détail.
Les séances ont été courtes ; nous n'y
signalerons que le vote immédiat par
les deux Chambres du maintien pour
trois mois de la surtaxe sur les alcools
étrangers : il fallait faire vite, puisque
la surtaxe prenait fin le 30 novembre.
Les deux; Chambres se réunissent
aujourd'hui. Que feront-elles puië-f
quelles n'auront pas encore le mes
sage?
L'Académie a tenu hier sa séance
publique annuelle ; nous donnons le
rapport de M. Boissier sur les prix de
vertu et quelques passages du rapport
du secrétaire perpétuel, M; Doucet,
sur les prix littéraires, qui, comme
d'habitude, sont bien mêlés.
Nous avons donné hier les passages
importants du discours du trône alle
mand ; les autres parties ne sont que
d'un intérêt purement local. On aura
sans doute remarqué combien ce dis
cours était peu explicite sur la poli
tique extérieure. Ce silence, certaine
ment voulu, quelques jours à peine
après la visite du czar à Berlin, nous
paraît dénaturé à' prouver que cette
visité n'a aucune portée et n aura au
cunes " conséquences politiques. Les
articles fantaisistes des journaux offi
cieux allemands se trouvent parla in
directement démentis.
Généralement, en Allemagne, on
inteprète dans un sens pacifique le dis
cours du trône. Du reste, en cette
saison, des allusions belliqueuses
étaient improbables. ' - : -
Voir les DERNIÈRES NOUVELLES à la fin
Hier, pendant que le président de
la République méditait sur le malheur
d'avoir un gendre qui ne court pas
les prix de vertu, l'Académie française
procédait à la remise des récompenses
consacrées annuellement aux histo
riens, aux littérateurs, aux poètes^ et
finalement aux gens de bien qui lui
sont signalés comme ayant-les meil
leurs titres à cette distinction. Chaque
année la moisson est abondante .de
ces humbles qui pratiquent le devoir
d'une façon héroïque, sans aucune
préoccupation d'en recevoir ici-bas le
prix. Aussi l'originalité de ce con
cours ramène-t-il chaque année sur
les lauréats une attention qui ne se
lasse pas. C'est ce qui nous invite à
publier intégralement le "discours de
M. Gaston Boissier, chargé de présen
ter au public les sauveteurs, les garde-
malades, les institutrices* de villages,
les ouvrières, les domestiques, dont
les vertus ont conquis l'admiration de
jleur entourage, avant d'obtenir, sut la
requête d'autrui, les suffrages de l'A
cadémie'.
Comme la plupart de ces concur
rents aussi désintéressés que pauvres
sont des gens du peuple, et du peuple
des champs, l'occasion était bonne,
en les montrant, de venger la réputa
tion du paysan si odieusement diffa
mée en ces derniers jours par le répu
gnant.auteur de la Terre. M.j Gaston
Boissier l'a naturellement saisie. Sans
faire à M. Zola l'honneur de le nom-
mer, il l'a, 1 en quelques lignes^ assez
bien exécuté. On peutsaiis doute re
gretter que cette exécution ne porte
pas-la marque d ? une indignation plus
vive; mais il faut songer que nous
sommes à l'Académie, elle-même con
vaincue de rëcélér des auteurs non
moins faisandés que l'àuteùr de la
Terre, et qui peut-êtro se prêtera quel
que jour à faire recevoir le compère
Zola par le compère >Renan. La dame
en^ a tant fait déjà qu'un déshonneur
de plus ne lui coûterait guères. A tout
hasard, 1 M. Gaston B oissier se montre
discret. Sait-on ce qui peut arriver ?
Ce qui arrive, c'est que l'Académie,
à ce point de vue, s'émancipe tous les
jours davantage et que, couronnant
la vertu chez les autres, elle semble
travailler à paraître, pour son compte,
de moins J en moins vertueuse. M. Ca^-
mille Doucet nous en avertit et même
s'en vântë, au" début de son rapport
sur les concours littéraires de l'année.
C'est à .propos de la poésie qu'est venu
cet aveu. L'Académie souffrait, nous
dit-on, de n'avoir pas jusqu'ici assez
de ressources pour encourager les
{>oètes. Et ce souci lui venait—on nous
. e dit ingénuement — de cé que, les
•legs' étant faits à l'Académie pour cou
ronner desœuvres morales, l'illustre
légataire avait quelque scrupule à pri
mer des poésies dont eût rougi Mon-
tyon. ■ Désormaisil n'en sera plus
ainsi. « A peine, dit textuellement M.
Camille Doucet, par une sorte de sub
terfuge dont nous aimions à nous van
ter, réussissions-nous" parfois à intro
duire furtivement quelques recueils
de vers dans l'honnête concours fondé
par M. de Montyon pour les ouvrages
utiles aux mœurs. La morale est une
muse sévère , et plus d'une fois, forcés
de marchander avec elle, il nous a fallu
faire des sacrifices que notre goût re
prochait à notre conscience , et récipro
quement peut-être. L'Académie enfin a
gagné sa cause. » Avis aux rimeurs
libertins ! ° r
Toutefois, pour cette année du
moins, ce n'est pas une pièce immorale
qui- a bénéficié-de ces facilités désor
mais promises aux œuvres qu'au mé
pris do la conscience pourra goûter
tel ou tel académicien. Distingué en
tre cent quatre-vingt-six poètes qui
ont sué d'ahan pour chanter Pallas
Athe'né, M.,Emile.Moreàu l'emporte en
offrant un poème ténébreux qui dis
tille un pesant ennui.Divisé en cinq
chants,' ce poème prétend raconter
l'histoire du monde jusqu'au jour où
Rome, qui croyait avoir conquis Athè- j
nesjse trouve en réalité conquise parla
«lumineuse«invasion de Pallas. Cette
burlesque épopée, composée à l'hon
neur du polythéisme païen, débute;
ainsi : ■■■■ ■ ■■■:■•/• .: ■
La terre inachevée est en proie à la nuit.
L'éclair, l'astre* d'argent qu'nn astre d'or
' 1 - ■ ■ [poursuit,
Sont des merveilles inconnues. '■■■
il monte on ne sait quelle étouffante vapeur
Du lit obscur des mers, et l'angoisse et la
[peur
Tombent du dôme obscur des. nues.
Voici maintenant la fin , qui nous re-
résenté Pallas illuminant de sa
amme divine le monde qu'elle a par
couru par étapes avant d'aboutir à ce
suprême triomphe :
Regardez-la bondir de sommets en som-
... ' [mets,
La flamme sainte, d peine un moment amoin
drie l
Elle éclaire Milet, Byzance, Alexandrie,
Rome !... Et voilà la terre affranchie à ja-
' • ' [mais 1
Goût, quatre mille francs ! Pour un
labeur qui a mis au jour deux cent
quatre-vingt-dix-huit vers de ce
calibre ! Ne semble-t-il pas qu'à les
entendre, « l'angoisse et la peur »
devaient « tomber du dôme » de l'Ins
titut sur l'assistance,délivrée à ce prix
seulement des cent quatre-vingt-cinq
autres poètes, qui se sont trouvés in
férieurs à celuwà l Est-ce par une iro
nie dont la pensée surgit tout natu
Tellement après cet ? effort que, pour
solenniser 1 anniversaire de 89, le se
crétaire perpétuel a désigné le Travail
comme devant être le sujet du con
cours ? C'est un rude travail, en effet,
que celui d'aligner avec tant de peine
des hexamêtres si lourds en l'honneur
d'une Pallas démodée que célèbre un
poète sans essor.
Franchement, la prose nous vaut
de meilleures œuvres. Ce n'est pas
qu'il n'y ait aussi bien des gra
viers dans le mélange des productions
historiques ou littéraires dont M. Ca
mille Doucet fait la revue en son rap
port. A côté d'ouvrages qui témoignent
d'études sérieuses et d'un excellent
esprit, il n'est pas rare de se heurter
à des livres' dont la valeur morale est
loin d'égaler le mérite littéraire.
Ainsi, tout en reconnaissant le pa
tient labeur de M. Albert Sorel, qui
avec son livre l'Europe et la Révolution
française a remporte le prix Gobert,
comment ne pas protester contre , la
pensée générale qui, d'après M, Ca
mille Doucet, se dégage de ce livré?
I
L'auteur à voulu, selon ce qu'il r dit lui-
même, appliquer à la Révolution fran
çaise ce que Bossuet avait dit des
révolutions de l'antiquité, à savoir que
si « tout est surprenant à ne regarder
que les causes particulières », néan
moins « tout s'avance avec, une suite
réglée ». Sur quoi M. Camille Doucet
d'ajouter : «C'est cette miitrêglée que,
dans éorï beau livre, M. Sorel a voulu
surtout dégager. La logique s'est em
parée de lui et l'a plus dominé que là
politique; il lui a cédé en toute con
science, sans parti pris, et là où Bos
suet voyait naturellement le, doigt de
Dieu, M. Sorel a vu et nous à fait voir
la main, l'implacable main de la fata
lité antiquité ». L'éloge est singulier;
il peint à merveille l'étrange éclectis
me de l'Académie, qui « marchande
avec la morale », et qui s'établit plus
que jamais dans le dessein de mettre
en honneur un goût littéraire où la
conscience n'ait point une part pré
dominante. - - - •
- - Auguste Roussel.
On s'attendait à là lecture d'un
message. Il n'y a point encore de mes
sage. On se disait : A défaut d'un mes
sage, nous aurons peut-être quelque
incident de séance. Il n'y a pas eu le
plus petit incident de séance, et la
Chambre, après avoir voté, sans dis
cussion, une dizaine de projets de loi
d'intérêt local ou d'affaires, s'est ajour
née au lendemain; Elle se réunira
donc cette après-midi. Car elle espé
rait, hier, que lé message désiré, le
message de démission, ne se ferait pas
attendre plus de vingt-quatre heures
encore. II. paraît bien que c'était une
illusion causée par l'impatience géné
rale; nous attendrons davantage.
Mais, que ce. soit pour demain, que
ce~ soit pour lundi, ou même, comme
on nous en'ménace, pour mardi seu
lement, c'est toujours chose faite. La
force de résistance du vieux légiste
Grévy est épuisée enfin ; il cède à la
clameur publique ; il s'en va. Aussi les
conversations de la salle des Pas-per
dus, à la Chambre, ont-elles changé
de thème. On s'écriait : « Il faut qu'il
parté ! » A cette exclamation succède
l'interrogation, et maintenant on se
demande: « Quel sera le successeur? »
Et les conjectures d r aller tout leur
train. Que de noms prononcés ! L'in
certitude et la confusion régnent. Un
nom pourtant, — hier—en sera-t-il de
même aujourd'hui ? — revenait, dans
les mille colloques engagés à travers
les couloirs, plus souvent que les au
tres; C'était celui du gouverne,ur mili
taire de Paris, M. le général* Saussier.
Quand ils l'entendaient mettre en
avant, les opportunistes, presque tous,
prenaient un air de parfaite indiffé
rence : — Ah! Saussier! Les radicaux,
et bien des membres de la droite,
poussaient un cri de réprobation : —
Oh ! Saussier ! Mais d'autres membres
de la droite, en certain nombre, hô-
chaient latête, et leur visage avait une
expression. à demi approbative : —
Tiens ! Saussier !
Les retards de M. Grévy, demandant
chaque matin une petite journée en
core à ses bourreaux, causeront peut-
être un grave préjudice à la candida
ture du gouverneur militaire de Paris,
lancée trop vite. Il n'est pas impossi
ble, toutefois, que les opportunistes,
n'ayant point, décidément, le courage
de voter pour M. Fèrry lui-même, vo
tent en faveur d'un homme qui serait
à la.présidençe le suppléant de M. Ju
les Ferry. Et le général Saussier pour-
rait bien être cet homme. •<
Alors, que ferait la droite ?
Nous sommes à Versailles, au deu
xième, au troisième tour de scrutin.
Une fois, deux fois,'les conservateurs,
avec d'autant plus d'ensemble qu'il
s'agissait d'une manifestation platoni
que, ont-voté pour leur candidat. Mais
la lutte devient sérieuse, et se dessine
entre un Floquet, un Freycinet quel
conque, et le général Saussier. Si le
Floquet ou lé Freycinet l'emporte, c'est
la république livrée aux radicaux,sup-
primant le budget des cultes, faisant
béaucoup de mal, mais courant à de
promptes aventures, et sombrant bien
tôt, pourvu qu'un prince énergique
soit là, capable de lui donner le coup
de grâce. Avec le général Saussier,
nous avons en perspective, au con
traire, un gouvernement animé d'une
certaine modération, désireux de ré
sister au radicalisme, supportable à la
rigueur, présentable enfin; ralliant à
lui l'armée entière; mais qui, juste
ment pour toutes ces raisons, fortifier
rait la république et promettrait de la
faire durer. ,
En présence de, cette situation, ceux 1
des sénateurs et âéputes de la droite *
qui ont une sérieuse confiance dans le;
seul prétendant possible à l'heure ac-:
tuelle, Monsieur le comte de Paris, et
qui sont inébranlablement royalistes,
ne peuvent pas voter pour M. le géné
ral- Saussier. Mais les .autres !... Et
combien sont-ils, les autres?... Ils
iront, sans doute, au candidat des op
portunistes* montrant ainsi une cer
taine défiance de leur prince, qui ne
leur en saura,. d'ailleurs, peut-être
point mauvais gré. Dans ce cas, si
M» Saussier l'emportait grâce au con
cours d'une fraction nombreuse de la
droite, le personnage le plus atteint
>ar la présente crise serait Monsieur
e comte de; Paris.
Pierre Veuillot.
La Grise
M. Grévy a-t-il réellement dit. à M.
Henry Maret qu'il allait sans retardi
donner sa .démission? Voici ce que pu-'
blie l'Agence libre :
M. Carie, directeur de la Paix, racontait;
dans les couloirs de la Chambre que M.;
Henry Maret 'avait- considérablement exa-j
géré la déclaration que lui avait faite hier!
le président de la République.
MM. Carie et Henry. Maret s'étant ren- '
contrés dans les ; cojiloirs, la conversation:
suivante, s'est engagée entre eux : . ■. !
M- Carie. — Je disais que vous n'aviez!
pas ; été appelé officiellement'à l'Elysée,!
mais que vous vous y étiez présenté ' dej
votrepropre initiative. . i
M. 1 Henry Maret..— Si vous entendez direi
que-je n'ai pas été appelé pour être chargé j
de constituer, un ministère, vous avez irai-!
son ; majs, j'ai été .appelé ,à r.Elysée.à,litre j
consultatif. , 1 |
C'est M. Duhamel qui est venu m'invi-1
ter de la part du président de- la Républi-i
que à aller le voir àTElysée. ' 1
Lorsque je m'y suis présenté, j'ai bien!
vu que j'étais attendu. î
M. Carie4 ■*- Les déclarations qui vous'
ont été faites par le président en ce qui con
cerné l'éventualité , d'une dissolution : sont
exactes, mais il n'en pas été de même au
sujet de la démission. ] i
Le président n'a.pas été aussi affirmatif
et il n'a pas dû vous dire qu'il était disposé
à se retirer.
M. Henry Maret. — Je vous demande
mille gardons, M. Grévy a été des plus af-
firmatifs à cet égard. Il m'à dit que sa ré
solution était prise depuis le matin ; qu'il
était absolument décidé il quitter le pouvoir
et il a,môme ajouté ces mots : « On me sup
plierait de pester aujourd'hui que je ne res
terais pas »; •
D'ailleurs^ M.Henry Maret,dont on ne
saurait suspecter la parole, écrit dans
1Q Radical '.
Plusieurs journaux du soir ont inséré une,
note tendant à faire croire que j'aurais
inexactement interprété les paroles de M. le.
président de la République.
Je maintiens absolument l'exactitude de!
mon récit.
H enry M aret.
La Paix n'en est plus à dire que M.
.Grévy ne se démettra pas. Elle annon
ce meme que la démission sera don
née! Mais M Grévy n'est pas pressé.
Il paraît que le président, inaccessible
à l'idée de prolonger la situation jus
qu'au 1" aécembre afin d'empocher
r,
cent mille francs de plus, mais sou-
-cieux .de garantir la paix publique,
veut se donner à cet effet quelques
jours de plus. Ecoutons la Paix :
L'entrevue que M. le président de la
République a eue hier soir avec les mem-
■ bres du cabinet démissionnaire, montre que
les choses suivent leur cours normal, si,
toutefois, le mot peut s'appliquer à la situa-;
tion extraordinairement anormale que nous
traversons. M. Jules Gréyy a pris la réso
lution de se retirer, ceci est aujourd'hui
un fait public. Mais il ne peut le fairei
qu'après avoir pris les mesures nécessaires
pour mettre la république à l'abri des
aventures. C'est un dernier service qu'il
rendra au pays, et ce n'est peut-être pas le
moins grand de ceux qu'il lui aura ren
dus. •
S'il n'écoutait que les conseils que doit-
lui suggérer l'indignation de l'incroyable
campagne menée' par les intransigeants au
plps grand bénéfice des . réactionnaires, il
n'aurait assurément pas hésité à laisser lé
pays se débattre au milieu d'une crise
inouïe. Les hommes qui ont provoqué cette
crise se refusant' à en assumer les consé
quences et la grève ministérielle se décla- :
rant, M. Grévy aurait assurément pu adres
ser sa démission par simple lettre aux pré
sidents des deux Chambres,, et nous nous;
serions trouvés dans un état anarchique.
C'était la porte ouverte à toutes les compli- :
cations, à toutes les aventures, à tous les '
sauveurs; en même temps qu'à la guerre":
civile, peut-être h la guerre étrangère. -
M. Grévy n'a pas voulu prendre la- res- :
ponsabilité de telles éventualités. Il a tenu
à. rester, jusqu'à la dernière heure, le dé
tenseur de la république, le gardien de la
légalité, le> respectueux serviteur de la!
Constitution, que la.France, par deux fois, ;
l'a chargé de protéger contre ses adver-i
saires. j
Cela demande de là prudence et des!
précautions; Les impatients feignent de '
croire que ces précautions' sont inutiles. '
Malgré toutes leurs passions, le .pays saura î
ce qu'il en faut penser; La retraite de M.
Grévy ne lui paraissait peut-être pas bien i
nécessaire. Il a vu, au contraire, avec une <
satisfaction évidente ce spectacle nouveau!
d'un chef d'Etat parvenu au terme "dé ses j
pouvoirs maintenu en fonctions et il avait !
opposé, dans une comparaison tout à l'a - ?
vantage de la république, cette permanencè •
d'un pouvoir temporaire à l'éphémère du- :
rée de tant de pouvoirs qui se disaient peiv
maneqts. En tous cas, cette retraite n'a pas :
un caractère d'orgence tel, qu'il soit indis
pensable de tout précipiter....
La Paix est évidemment seule à
enser'de^-la- sorte ; le Journal des Bé
ats lui-même cherche 1 vainement' à'
s.'expliquer les causes de ce retard : '
L'Agence Havas annonce que l'attente
se prolongera quelques jours de plus que
le public ne l'avait pensé d'abord, et que
M. le président de la République n'adres
sera aux Chambres son message ou sa
lettre de démission que dans les premiers
jours de la semaine prochaine. Au premier
abord, on ne s'explique pas très bien les
motifs de ce retard. Ils existent, évidem
ment. Toute la difficulté consiste à les de
viner. Mais nous nous hâtons d'ajouter que
ce seraitlà une recherche inutile. L'annonce
de la démission de M. le président de la
République est connue depuis hier. On a pu
constater qu'elle ne suscitait aucune émo
tion, que les opérations de la conversion
s'étaient poursuivies au milieu d'un calme
parfait, et que même la Bourse avait ac
cueilli par une hausse assez forte la nou-
! velle de la retraite du premier personnage
de l'Elat. • Dans ces condiwons, il importe '
•peu que le' Congrès se réunisse le 25 ou le
•29 novembre. Nous 1 aimons à!penser que
la Chambre se montrera aussi tranquille
que le'grand public, et n'essayera pas de
tro.ubler le cours de la crise en se portant ;
à une manifestation déplacée. Si, par aven
ture, on avait songé à la pousser à quelque
imprudence de ce genre^ ' la 1 meilleure ré-;
ponse qu'elle pourrait faire "à un pareil !
calcul serait de conserver tout son sang-
froid. •;
Le même journal, qui .doit avoir
reçu, les confidences de M. Ribot, pu-i
blie le. compte rendu suivant des inci- ;
dents de laijournée d'hier : i
Dans la matinée, M. Ribot s'est rendu à!
'l'Elysée, ainsi que i$ms l'avions fait 5pré-i
voir. La note suivante 1 a été communiquée f
aux journaux par l'Agence Havas, au sujeti
de cette entrevue ; !
*
M. le président de l'a Répûbliqué ; a''fait appe- !
'1er ce matin M. Ribot. i
Il lui a> f-aiti connaître son intention d'adresser,
un message, aux Chambres et l'a prié de;revenir
ce soir à 1 Efysée. ' ■
Nous croyons 'savoir ;que M; le 'président
-""doit conférer cet après-midi -avec son ancien mi-;
nistère. ■ . • ■ • ,
Voici quelques détails complémentaires
sur cette entrevue r
M. le président'de la 'République & ma
nifesté l'intention arrêtée de donner sa dé
mission. M. Ribot a alors fait observer à ;
M. Grévy que, du moment où sa résolu-;
tion était prise, il serait désirable, tant au i
point de vue de la dignité personnelle du ■
président que de l'intérêt de la Républi- ;
que, que cette décision fût communiquée le!
plus rapidement possible aux deux Cham
bres.
M. le président de la République a alors
demandé ; à M. Ribot s'il consentirait à
constituer un cabinet, au cas où il recon
naîtrait nécessaire de confier à un minis
tère nouveau la tâche de porter son mes
sage aux Chambres.
M. Ribot a répondu que si, dans ces
conditions, le président de la République
faisait appel à son patriotisme,:vil ferait
tous ses efforts pour constituer ce cabinet
nouveau.
Toutefois, Mi Ribot a demandé à M. le'
président de la République, conformément
à l'intention que ce dernier avait exprimée,
de conférer dans, l'après-midi avec les
membres du cabinet démissionnaire.
Dans la journée, M. Grévy a fait appeler
un certain nombre de députés radicaux,
avec lesquels il s'est entretenu de la situa
tion, notamment MM. Lockroy, Michelin et
Madier de Mçntjau. ,■
- M. Grévy a confirmé à ces trois députés
qu'il était résolu à se retirer, et qu'il ne
transmettrait aux Chambres son message
de démission que lundi ou mardi. . v ,
Dès ce moment, M. Grévy à manifesté
l'intention de ne pas faire de cabinet nou
veau et de maintenir en fonctions le cabinet
démissionnaire.
Comme détail curieux, signalons ce fait
que M. Madier de Montjau a déclaré à M.
Grévy que, « s'il était moins âgé et moins
infirme, il aurait, avec dix de ses amis, for
mé un cabinet pour défendre le président
do la République ». -
Les ministres démissionnaires, ainsi que
nous le disons plus haut, ont été convoqués
par le président de la République et ont
conféré hier soir avec lui à l'Elysée, de six
heures à huit heures.
A l'issue du conseil, la note suivante a
été communiquée à la presse : .
M. le président de la République a conféré
hier avec les membres du cabinet démission
naire. • '!.■■.••■ .
11 les a entretenus de la. résolution qu'il a
prise de remettre ses pouvoirs, dans l'impossi
bilité où il se trouve de gouverner.
Le message qu'il doit adresser aux Chambres
sera lu dans les premiers jours de la semaine
prochaine.
Ajoutons que le président de la Républi
que a renoncé à l : idée d'appeler M. Ribot!
à former un cabinet nouveau ' et qu'il est
décidé à confier au cabinet démissionnaire,
— qui l'a accepté, — le soin de.iporter aux
Chambres son message de démission.
M. le président de la République a en
voyé dans la soirée M. le général Brugère
remercier M. Ribot du dévouement pa
triotique avec lequel il s'était mis à sa dis
position, et l'informer qu'il avait renoncé à
l'idée de constituer un nouveau cabinet.
Nous avons dit hier que M. Raynal
s'était rendu à l'Elysée pour conférer,
avec M. Grévy. Voici, d'après la Lan
terne, un extrait des déclarations de ;
M. Raynal :
— Monsieur le président, vous avez
manqué aux engagements que vous aviez
pris vis-à-vis des modérés.
Vous aviez dit formellement : « Si M.
.Clémenceau entrait par çette porte, je sor r
tirais par l'autre », et vous l'avez appelé à
l'Elysée, en le chargeant de former un ca
binet sans condition.
Vous avez trahi le parti modéré; car vous
auriez dû songer, monsieur le président,
que livrer à M. < Clémenceau quinze 1 jours
seulement les diverses administrations,
c'était ,leur porter un coup dont elles ne; se
relèveraient pas,
M. Clémenceau pouvait, en quinze jours,
changer quarante préfets... .
Dans ces conditions, le parti modéré ne
"peut vous souténir.
On lit dans le Figaro :
L'entrevue de M.Grévy "et de M. Clémen
ceau mérité d'être classée parmi les chapi
tres curieux de notre histoire contempo
raine. En tout cas, elle paraît avoir laissé
une vive impression chèz le député du Var.
D'après M. Clémenceau, .en effet, jamais
on n'aurait pu s'attendre à voir une pareille
vitalité chez un octogénaire. Après les lar- !
mes du début de l'entretien, il semblait que
M. Grévy, affaibli par .l'émotion, donnerait
congé à son interlocuteur. Il n'en a rien
été.
Tour à tour goguenard, dialecticien et pa
thétique. M. Grévy s'est montré sous mille
faces, indiquant une fertilité de ressources,
une ingéniosité prodigieuses. ... .^..v
M. Clémenceau en a .été littéralement
émerveillé : « J'avais devant moi, a-t-il dit,
un étonnant renard franc-comtois qxii faisait
tête de partout, ou tout simplement maître
Pathelin dans la force de l'âge et du ta
lent. » '
M. Clémenceau : doit--d'autant; plus > êtr«!
cru dans le témoignage flatteur porté par
lui sur M. Grévy, que ce dernier, il y a peu
de temps encore, avait tenu sûlennfellerrtent
ce propos^ qui n'a pas 'été/une-prophétie:',: '
, ^Jamaisje n'appellerai'M. Clémenceau
à former un ministère; Je:quitterai plutôt
l'Elysée. ' » , ; "
Troublée par l'imminence du départ
de M. Grévy, ; la Paix ne voit plus.que
complots : '■
Nous, pouvons assurer, dit-elle, qu'jm
échange incessant de dépêches a lieu entre
les membres des droites et les préten
dants.
Les princes d'Orléans .déploient ,uge ,acti
vité,considérable, qui.çst, de nature à>. dpn-
ner à réfléchir aux républicains.. Hier,ma
tin et dans la journée, deux des secrétaires
•du comte de Paris sont partis porteurs cle
renseignements divers. ' '
. La Lanterne dit de son côté,:
■ - ' -V • '
Vendredi dernier, M. le général Saus
sier a réuni les chefs de corps du gouver
nement de Paris et leur a lu un ordre gé
néral comportant le .questionnaire sui
vant : "
1* Quelles sont les troupes que vous
pouvez garder en subsistance dans les .ca
sernes? ' ' ;>
2° Pouvez vous emmagasiner jtrqis jo^rè
de.vivres? ■ . ' ,
3° En ce gui concerne les munitions, pou-
vez-vous distribuer 8 paquets de cartou
ches par homme ?
On nous assure que cette dernière njie-
sure a été priso.
Toutes ces mesures ont été arrêtées,par
MM. Saussier et Ferron.
L'organe de M. Saussier, la Ré-publique
française, disait hier :
« Quant aux dragons qui ont pu être vus
à Versailles, ils ne peuvent être que de s,mi
litaires de la garnison de .Chartres venus, en
permission à Versailles. » . ,
Nous donnons à cette information le dé
menti le plus formel. ,
Il y a des troupes, massées dans les gar
nisons dès alentours de Paris, qui sont
prêtes à marcher, sur la capitale.
Voici les dispositions prises par le gou
verneur de Paris :
Le 2° régiment de dragons, commandé
parle colonel de Lichtenstein, aide de camp
de M. Grévy, ira de Chartres à Versailles,
prêt à marcher sur Paris.
Est préparé l'appel éventuel :
Du 8* dragons, stationné à Meaux, colo
nel de Boysson.
Du 9° dragons, stationné à Provins, colo
nel de Briey.
Du l ,r régiment de chasseurs à cheval,
stationné à Meluri,' colonel, Mouchet.
Du 15 e régiment de chasseurs à cheval,
stationné à Fontainebleau, colonel Rosier.
Du 5 e régiment de dragons, stationné à
Compiègne, colonel Robert. • •
Du 8* cuirassiers, stationné à Senlis, co
lonel Dufaud.
Du 51" régiment, d'infanterie stationné à
Beauvais, colonel Lacapelle.
, Les généraux convoqués sont :
MIVI. Chamereau de Saint-André, Des
Roys, Renaud et Charreyron.
Ces troupes sont prises aux 1 er , 2°, 3", 4*
et 5* corps.
Le même journal dénonce avec hor
reur une mesure qu'il juge dirigée
contre le général Boulanger :
M. Ferron a trouvé moyen de se débar
rasser du général Boulanger durant le Con
grès. '
Il vient de décider que, le jour-même de
la démission du président de laRépùblique,
les chefs , de corps seraient invités à re»
joindre de suite leurs corpà respectifs.
M. Ferron, pour faire quitter Paris àu
général Boulanger, fait déplaicer une ving
taine de commandants de corps^
Mais comme MM. de Miribel ét de Gal-
lifet n'ont aucun commandement, ils pour
ront rester à. Paris pour prêter la'main aux
tentatives de M. Ferron; ;
Que M. Ferron en profite pendant qu'il
tient encore le ministère.
Il est pourtant assez naturel que
le général Boulanger étant chef de
corps, soit obligé de rejoindre son
commandement, commé tous'les autres
chefs de corps ; il est moins naturel
que le jour où, le Congrès se réunis
sant, on prenne des mesures pour qu'à
tout événement l'armée ne soit pas
privée de ses chefs.
M. Camille Pelletan s'insurge dans
la Justice contre l'idée manifestée par
M. Grévy d'ajourner sa démission, ré
solue en principe, aux premiers jours
de la semaine prochaine:
On voit sans peine ce qu'un tel-' projet
aurait d'injustifiable..Uu ajournement ! On
voit ses inconvénients ; où seraient les pré
textes?
Voilà un pays en état de crise ; et, il
faut bien le dire, en état de crise à cause
d'un seul homme. Nie-t-il le fait ? Point du
tout; il se retire. Et il prolongerait volon
tairement la crise dont souffre le pays tout
entier ! . •
Pourquoi ? Pour des raisons politiques ?
Où sont-elles ?
, Pour des convenances .personnelles ? Ce
gérait monstrueux.
. M. Ranca peur dé la candidature
du général Saussier. II. écrit dans le
Matin : - ■ .
'■ Non, pas dé candidature militaire! sous
aucun prétexte ! à aucun prix 1
J'entends dire "que quelques-uns de nos
amis; soit à la Chambre, soit au Sénat, se
raient disposés à mettre en avant le nom
général Saussier ! . . . . •
Cela ne pèut pas être vrai. C'est certai
nement une calomnie !
Personne plus que moi ne respecte le gér
néral Saussier. C'est un vaillant homme,
c'est un bon républicain, c'est la loyauté et
l'honneurtnêmes. . . ( ....'■
Mais il ne s'agit*pas 'de''ce que vaut le
gouverneur de Paris, dë son désintéresse
ment, dë. là sincérité dé.ses opinions.; Il»
s'agit dë ne pàs créer!''le iplus dangereux
des précédeqts; il.s'àgîtjdè ne pas-lancer
la république dânVle, militarisme ; il s'agit
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