Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1887-11-15
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 novembre 1887 15 novembre 1887
Description : 1887/11/15 (Numéro 7270). 1887/11/15 (Numéro 7270).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jteawli -15 Novembre 1887
N* 727Ô - Edition quotidienne'.
Mardi 15 Novembre 4887
ÉDIÏION QUOTIDIENNE
EDITION BEMI-QU OTIDIENNE
Va an." . . .
Six mois. . .
Trois mois. .
paris
xi KBPAKTumnrr*
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ÉTRANGER
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UN NUMERO ( Départements. 20 —
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pèrea
On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8
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kt okpabïemehts
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' tes abonnement s partent des fl" 'et !• de chaque mois
L'UiJIVRRS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressé
ANNONCES
MM. Ch. LÀ G RANGE, CERF et C'°, 6, -place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 14NOVEMBRE *887
Nos républicains auront-ils trouvé à
"Versailles le terrain de concentration
vainement cherché ? Des sommités de
l'opportunisme et du défunt cen
tre gauche, MM. Say, Ribot, Maze,
ont péroré hier dans un banquet de
600 couverts, eù l'on s'est occupé
surtout 4e préparer la concentration
.pour le centenaire de la Réyolutioh.
•Ce matin,même des journaux modérés
comme le Journal des Débats , affectent
l'enthousiasme; ils voient déjà l'entente
faite. Il est vrai que l'enthousiasme est'
moindre dans les journaux radicaux,
dont plusieurs se montrent dédai
gneux des « Versaillais ».
Est-ce que cette concentration du
«centenaire, au moins dans l'esprit du
Journal des Débats, ne préparerait pas
la ^ candidature de M.' Léon Say à la
présidence de la République ?
Ce n'est pas que M. Grévy songe;
mainteuant à s'en aller. Il pouvait
parler dé démission alors qu'il lie crai
gnait pas que ses paroles fussent pri
ses au sérieux; mais aujourd'hui, il
■entend bien rester. Seulement, même
parmi ses amis, on doute qu'il sorte
■ indemne de l'impasse où l'ont jeté les
■ agissements de son gendre.
On annonce que l'enquête judiciaire
sera bientôt terminéè. Ni M. Wilson,
ni aucun des hauts personnages cités
• devant M* Atthalin> n'ont daigné com
paraître; L'égalité devant la justice,
cette « conquête de 89 », n'est pas tou
jours une vérité.
( L'enquête parlementaire continue;
c'est aujourd'hui que la commission
entend les journalistes, et notamment
M, Laurent du Paris , un des plus ar
dents contre M. Wilson.
La réunion dés commandants de
corps d'armée pour le classement des
officiers a amené le retour à Paris du
général Boulanger dont les arrêts pre
naient fin hier à midi. On ne sait pas
encore s'il est arrivé»
En prévision de ce retour, les anar-
chistes ont tenu une réunion qui était
,4û'ig®e en même temps contre .le gé
néral Boulanger, un « sabre », et
contre le ministère coupable d'avoir
fait maltraiter à l'enterrement du ci
toyen Pottier ces doux communards.
, £)n trouvera plus loiu des détails.
A la Chambre des députés, on con
tinuera aujourd'hui la discussion de la
Jpi sur les traitements des instituteurs
primaires, Devant le parti-pris de là
majorité tous les efforts des conserva
teurs sont vains; ils n'en ont pas
moins raison de lutter : leurs amen-
■ demenis restent comme protestation.
Au Sénat, interpellation de M. Bo-
Sérian au sujet du congrès des cham
bres de commerce annoncé pour le
23 courant. On reprendra ensuite la
question, depuis longtemps pendante
et quelque peu oubliée,, des rapports
«les compagnies de chemins defer avec
les agents commissionnés.
On ne signale aucun changement réel
dans la santé du prince impérial id'Al-
lemagne ; même- les journaux offi-
. cieux acceptent le caractère cancéreux
de l'affection dont il, est atteinte IL n'y
aurait donc aucun espoir de guérison.'
On annonce que M. de Giers vien
drait de Saint-Pétersbourg et que M.
Bismarck serait mandé à Berlin pour
assister à l'entrevue du czar et del em
pereur Guillaume. Malgré cela, per
sonne ne croit que cette entrevue
puisse avoir une importance politi
que.
Loin de s'apaiser, la situation s'ag
grave en Irlande ; le ministère con
servateur peut voir combien il s'illu
sionnait lorsqu'il prétendait, avec
quelques mesures de rigueur, avoir
raison d'un mouvement national. .
Une nouvelle manifestation révolu
tionnaire a eu lieu à Londres ; elle a
été plus violente que les précédentes;
les troupes ont dii soutenir la police,
et il y a eu de nombreux blessés. Le
fait est d'autant plus grave, que la
manifestation s'est produite malgré
une défense formelle des autorités, qui
avaient annoncé qu'elles ne tolére
raient pas le meeting annoncé.
Vmr /ei' DERNIÈRES NOUVELLES « la fin
. Un jour,sous Louis-Philippe, M. Du-
pin, très échauffé contre les catho
liques militants, s'écria : « Nou&«aie;
sommes pas iin gouvernement qui se
confesse ! » Ce propos d'un de ses
conseillers intimes plut beaucoup au
roi. Un an ou deux plus tard, le peu
ple souverain, 1 représenté, selon le
droit nouveau, par la canaille, entrait
aux Tuileries. Les élus des vainqueurs
s'emparaient des papiers confidentiels
et les publiaient. Ce fut la confession
publique et forcée du gouvernement
ae juillet. Quelques-uns des aveux
obtenus de la sorte firent du bruit et
sont restés.
On nous a rapporté de M. Grévy,,
encore président de la République,
française, un mot qui n'est pas sans
analogie avec ce mot de M. Dupin qui
plut tant à Louis-Philippe.
C'était au moment où l'on apprenait
que le chef du pouvoir exécutif, l'in
tègre M. Jules .Grévy, type de la di
gnité républicaine, allait prendre
pour gendre M. Daniel Wilson. Un
ecclésiastique haut placé, reçu à l'E
lysée comme vieille connaissance, dit
au président: Il me semble que M.
Wilson a un passé peu rassurant ? -r-
Oh ! dès fredaines de jeunesse ! répon
dit en riant l'austère M. Grévy ; qui
donc n'en a pas fait? —Et puis, re
prit: l'ecclésiastique, ne trouvez-vous
pas fâcheux qu'il soit protestant ?
Non, certes ! Je n'aimerais pas un
gendre , qui se confesserait, et je suis
bien sûr que celui-là ne se confessera
point.
Longtemps cette assurance a été
justifiée, mais voilà qu'elle ne l'est
plus. M. Wilson, après s'être confessé
en sourdine,, et sans contrition, au
j uge Atthalin, au procureur Bouchez,
à l'ami Dreyfus, si versé dans le
guano, en est arrivé à la confession
publique ; il se confesse aux journaux,
il se confesse aux magistrats;, il de
mande à • M-. Rochefort de Y Intransi
geant, à M. Laurent du Paris, à M.
Portalis du XIX' Siècle , à M- Mayer de
la Lantenie, une absolution qu'il n'ob
tient pas,, même après avoir fait
une restitution. Dans son trouble, il
confesse aussi'ûn peu par surcroît son
beaurpère. Il,y a, en effet, un premier
chapitre des confessions.de M. Grévy
dans tout ce qui a été raconté ces
temps-ci.
M. le président de la République est,
présentement^ si- troublé qu'on ne
peut guère, l'inviter à réfléchir. Nous
l'y invitons cependant. - Qu'il le fasse
dans l'intention que nous allons lui
indiquer, et il se dira peut-être un
jour : A quelque chose malheur est
bon.
S'il avait pris un gendre qui se con
fessât. et s'il s'était lui-même confessé,
ne croit-il pas que ses affaires comme
chef de famille et chef d'Etat iraient
mieux? Ce gendre aurait, sans doute,
pu faire beaucoup de sottises; mais,
pour sûr,il y en a dont il se fût gardé,
et ce sont particulièrement celles dont
M. Wilson se confesse maintenant.
Pour sûr aussi qu'il n'eût pas marché
dans une mauvaise voie quelconque
avec l'entrain, la tranquillité incons
ciente et la persévérance que M.Wilson
y a mis. M. Grévy, si libre-penseur
qu'il soit, doit comprendre cela : il
comprend, en outre,, que, s'il avait usé
personnellement de la confession, il
n'eûtpas fait entrer M. Wilson dans sa
famille et préparé à sa carrière le cou
ronnement qu'elle reçoit aujourd'hui.
Nous lui laissons le soin de conclure.
E ugène V euillot.
Versailles, ou du moins le parti ré
publicain à Versailles, n'a pas voulu
être pris au dépourvu pour 4889. La
ville de Louis XIV, ayant eu les pré,-
mices de la Révolution, devait à ëvië
la première à en célébrer l'anniver
saire. Alors les fortes têtes de l'en
droit, sénateurs, députés, conseillers
généraux et d'arrondissement, mem
bres de comités, maires et adjoints,
radicaux et opportunistes pêle-mêle,
les Maze et les Journault, les Dreyfus
avec les Reinach, les Ribot, les Léon
Say, les Schérer, les Frédéric Passy,
les Charton, etc., etc., tous gens d'im-
Eortance et d'un républicanisme iné-
ranlable, se sont réunis pour aviser
aux moyens d'organiser la célébra
tion, dans le département, du cente
naire de la Révolution; Dans un appel
adressé au département, ils disaient :
C'est à Versailles que se sont accomplis
les premiers et les plus décisifs événements
de la Révolution. C'est à Versailles que se
rattachent les grandes dates des 5 mai, 20
juin et 4 août 1789, c'est-à-dire la réunion
des Etats généraux, d'où sortit la première
et la plus grande de nos assemblées; leSer -
ment du Jeu de paume, qui affirma les
droits de la nation ; l'abolition des privilè
ges, qui ouvrit une ère nouvelle. Pour ra
viver ces nobles souvenirs, pour do'nner le
plus d'éclat possible aux fêtes cemmémora-
tives de l'immortelle année, il faut grouper,
en dehors et au-des*sus. des partis, le plus
grand nombre de nos - concitoyens, tous
ceux qui, s'inspirant des doctrines formu
lées par les constituants de 89, n'admettent
aucun retour en arrière et veulent le pro
grès par la liberté.
C'est dans un banquet donné hier
à Versailles que le groupement s'est
fait sur le souvenir de 89. Toute la
fleur du parti républicain en Seine-et-
Oise y était. On a fraternisé.
Aujourd'hui les journaux malins
nous donnent le fin mot de cette réur
nion. Il ne s'agissait, ni plus ni moins,
que de tirer la république de la fange
où elle s'effondre, par une démonstra
tion éclatante en sa faveur, pes pré
paratifs du centenaire il n'a pas été
question. La république n'est guère à
la fête en ce moment. Avant de lui éle
ver des arcs de triomphe, il faut la
relever elle-même. Qui pourrait la ti
rer de l'abîme de corruption et de
honte où elle entraîne avec elle le pays?
On a fait choix pour la manifestation
de Versailles du plus modéré et en
même temps, du plus considérable
client de la République. C'est M. Léon
Say lui-même, un opportuniste des
plus opportunistes, M. Ijéon; Say, le
centre gauche en personne, iin ré
publicain qu'on a toujours pris pour
un orléaniste"; qui a été chargé d'ex
traire la république de sa fange,
de lui tendre la main pour l'aider à se
remettre debout, et de lui passer un
habit propre. Il n'était pas seul, avec
lui, son autre lui-même : M. Ribot
s'est mis à la besogne, puis M. Maze,
la gloire de Seine- et-Oise^
Tous trois, sanscompterlesautres,ont
donc prononcé au banquet de grands
discours sur la situation. Le Journal
des Débats s'en pâme d'aise. Les der
niers événements avaient un peu al
téré son jeune et i-mpassible républica
nisme. Mais M. Léon Say et M. Ribot
et M. Maze ont parlé, et voilà la répu
blique sauvée ! Et d'abord on a fait au
banquet la fameuse concentration, la
main dans la main, verre contre
verre. C'est par où il fallait commen
cer. Le Journal des Débats en exulte;
il y voit le sort de la république as
suré. Ecoutons-le :
Sur quel terrain cette union doit-elle s'é
tablir, et dans quelles conditions le pacte
est-il conclu ? A cette question les trois
principaux discours qui ont' été prononcés
hier font une réponse complète et catégo
rique. On nous dispensera d'insister sur
■ceux de M. Léon Say et de M. Ribot. Les
lecteurs de ce journal... apprécièrent, sans
recommandation de notre part, la netteté,
le charme littéraire, la vibrante éloquence
du premier, l'admirable élévation philoso
phique du second. Mais nous pouvons ex
primer, sans être retenu par les mômes
scrupules, tout le plaisir que nous avons
goûté à entendre les paroles de- M. Maze,
On ne saurait définir en meilleurs termes,
décrire avec plus de précision, prêcher
avec plus de chaleur, la seule politique ré
publicaine que nous puissions comprendre
et que nous veuillons pratiquer, celle qui
ne se paye pas de mots, celle qui ne flatte
et ne dupe pas le suffrage universel par des
programmes retentissants et inexécutables;
celle qui est réformatrice et progressive
sans doute, mais qui ne vise qu'aux réfor
mes sages et aux progrès possibles; ceile
qui permet aux gouvernements de vivre,
de se consolider et de faire leur fonction
de gouvernants; celle enfin qui évite d'in
quiéter, de froisser et d'armer contre elle
les croyances et même les susceptibilités
religieuses d'une partie de la nation fran
çaise. Si, en Seine-et-Oise et ailleurs,
cette politique est résolument adoptée et
maintenue avec fermeté, elle aura bientôt
fait de rallier à la république les conserva
teurs qui hésitent encore à venir à elle, la
croyant incapable de donner à ce pays un
régime de tolérance, de modération et de
paix intérieure; elle aura bientôt fait de
réduire à. l'impuissance le parti de décla-
mateurs et de brouillons que nos-divisions
seules ont rendu si fort, et qui, même sans
disposer de la majorité numérique dans
les Chambres, a si bien réussi déjà à tout
envahir et à tout désorganiser.
Ainsi soit-il! Oublions donc tous les
scandales de ces derniers temps, pour
lesquels M. Léon Say et M. Ribot et M.
Maze repoussent énergiquement toute
solidarité avec le régime républicain ;
finissons-en avec le procès Limouzin
et l'affaire Wilson ; laissons là l'en
quête et l'instruction : n'en parlons
plus ; unissons-nous tous, centre-gau
chers, opportunistes, radicaux, in
transigeants, conservateurs, roya
listes, et. recommençons la républi
que... peut-être avec M. Léon Say
pour président.
Telle a été la grande manifestation
de Versailles. Après cela, le centre
gauche aura le droit de dire que si la
république avait pu être sauvée, c'est
par lui qu'elle l'eût été.
A rthur L oth.
L'Osservatore Romano du 13 novem
bre publie une adresse collective de
l'épiscopat de Toscane au Saint Père.
Nous en donnerons un extrait de"-
main.
Nous recevons de Rome la dépêche
suivante :
Rome, 14 novembre, midi 20 ip.
Plusieurs centaines de pèlerins français
sont arrivés hier soir. A leur sortie de là
gare, ils ont été accueillis aux cris de :
A bas Léon XIII ! A bas le Vatican! pous
sés par-un certain nombre de jeunes brail
lards, qui tous, paraît-il, sont des typo
graphes. La police étant intervenue a fait
neuf arrestations.
On assure que le Souverain-Pontife a
décidé de célébrer la messe du jubilé le 1°'
janvier prochain dans la basilique de Saint-
Pierre, portes closes. Mgr Sinistri. le
grand maître des cérémonies, aurait reçu
l'ordre de prendre, îi cet effet, toutes les
dispositions nécessaires.
ha Crise
On lit dans la Justice :
S'il arrive que M. Grévy se retire — ce
qui n'est pour le moment qu'une hypothèse
— M. Perry ne sera pas président de la
République ; il ne peut pas l'être. Les ré
publicains liront les feuilles monarchistes,
ils auront des yeux pour voir les manœu
vres que les ennemis de la République
nouent hypocritement dans la coulisse. Ils
s'uniront dans l'intérêt de la paix publique
et du salut national. Ils feront justice des
intrigues , de couloirs qui s'agitent autour
de quelques ambitions non satisfaites. Ils
ne consulteront que l'intérêt de la Républi
que. -T- S. Pichon.
Nous ne sommes, certes, è. aucun
dé gré, partisans d'une candidature
Ferry; mais nous voudrions bien savoir
comment s'y prendrait le jeune M.
Pichon, de la Justice, pour empêcher
M. Jules Ferry, s'il était nommé par
la majorité du congrès, de s'asseoir au
fauteuil présidentiel.
On lit dans la République Française :
Des renseignements inexacts ont été pu
bliés au sujet de la visite de M. Andrieux au
président de laRépublique.
M. Andrieux a fait, hier, dans les cou
loirs de la Chambre, le récit suivant :
J'ai reçu hier matin là visite d'une personne
qui est venue me déclarer que, pour une sommé
de 20,000 tr. elle se faisait forte de me remet
tre le dossier qui avait servi de base aux der
nières imputations portées contre M. Wilson.
. — Voyez M. Grévy ou M. Wilson, avait-on
ajouté, et dites-le.ur'que pour 20,000 fr. ils pour
ront détruire un des dossiers les plus accablants
pour le député d'Indre-et-Loire.
Dans le courant de la conversation, mon in
terlocuteur avait môme réduit ses prétentions
à 15,000 fr.
Je n'ai pas cru pouvoir me dispenser de por
ter ce fait à la connaissance de M. -Grévy et de
M. Wilson.
C'est pourquoi je me suis rendu successive
ment dans l'après-midi à, l'Elysée et à l'hôtel
de l'avenue d'Iéna,où.j'ai rencontré M. Wilson.
M. Wilson m'a répondu très., énergiquement
qu'il connaissait cette affaire, qu'il avait déjà
été l'objet, à cette occasion, de tentatives de
chantage et qu'il était bien décidé à ne pas s'y
prêter.
Ajoutons que le dossier dont il est ques
tion plus haut se rapporte au chèque de
10,000 francs, dont quelques journaux ont
donné la reproduction.
Le chèque de 10,000 francs nous ra
mène au XIX e Siècle , qui publie unë
nouvelle lettre où nous lisons:
Le gendre du président de la République
a fait école. Toute la famille, qui compta
parmi ses membres le général Grévy,'
l'intime ami de la Limouzin, et M. Sarlim
le digne gendre du président de la cour
d'appel de Paris, passe son temps à chèr^
cher le moyen de faire argent de sa parenté
avec le chef de l'Etat. On vend des faveurè
que souvent on n'accorde pas, mais onn'eà
touche pas moins l'argent, risque à le ren
dre coiiimé" le général d'Andlau — qui,
d'ailleurs était de la bande —- quand le
pigeon, trop brutalement plumé, se met à
crier un peu fort.
En voulez-vous une preuve, entre mille,
de cet indigne trafic ? Demandez au fils de
M. Albert Grévy, sénateur, ancien gouver
neur général de l'Algérie, propre neveu du
président de la République, qui a d'ailleurs
été témoin de son mariage lorsque, récem
ment, il a épousé la lille de M. Labiche,
sénateur; demandez à M. Léon Grévv, maî
tre des requêtes au conseil d'Etat, s'il peut
nier qu'oji 1885 il se soit fait remettre par
M. Georgeon, ancien notaire, ancien mem
bre du conseil général des Vosges, une
somme de 15,000 francs pour lui faire avoir
un poste de contentieux, soit au Crédit fon
cier de France, soit à la Compagnie des
chemins de fer départementaux.
En même temps que cette lettre, je vous
fais remettre copie de l'assignation en po-r
lice correctionnelle rédigée à cette époque
par M. Georgeon. Si vous la publiez, vous
rendrez un service de plus à. la république,
trop longtemps mise à l'encan; mais vous
savez, en revanche, à quoi vous vous ex
posez. Si la famille Grévy a. contre elle
tous les honnêtes gens, ellfe a p'our elle la
police, dont «lie se sert pour piller et assas
siner les gens. Vous en Savez quelque
choso.
Si M. Léon Grévy répondait qu'on a
voulu faire contre lui du chantage, deman
dez-lui pourquoi, lui magistrat, lui maître
des requêtes au conseil d'Etat, n'a pas dé
noncé et poursuivi M. Georgeon ; pourquoi,
au contraire, il s'est -fempressé de lui recon
naître une del te de 15,000 francs, suivant
en cela l'exemple de M. d'Andlau, l'ami et
le complice dé M. Wilson?
Recevez, etc.
Suit, dans le XIX 0 Siècle, le texte
de l'assignation judiciaire dont il est
parlé ci-dessus.
On lit dans la Paix :
Plusieurs journaux ont raconté que le
colonel Lichtenstein avait eu mercredi soir
une entrevue avec M. le procureur général
ou avec M. le juge d'instruction. Le colo
nel Lichtenstein n'a eu aucune entrevue
avec,M. le procureur général ni avec M. le
juge d'instruction ; il s'est borné à faire
rémettre à ce dernier une lettre écrite sur
papier livré par la maison Blanchet avant
1885 et portant dans sa pâte le filigrane
B F K en caractères romains. Gette lettre
ne portait pas, comme le dit par erreur
■notre confrère du Temps, l'entête. de la
Chambre des députés, mais bien l'entête
de la Présidence du Conseil ; elle n'est
pas non plus du commencement de 1884,
mais exactement du 15 septembre 1884.
Quant l,a réflexion de notre confrère
rappelant que MM. Blanchet frères et Klé-
ber prétendent maintenant n'avoir mis de
filigrane en caractères romains que dans
du papier vergé et non »dans du papier
vélin,-, nous répondrons que; pour le mo
ment, c'est ce qui reste à démontrer.
La démonstration est faite, et la
Paix doit écarter ce dernier espoir.
Voici, en effet, ce qu'écrit la Républi
que française :
M. Wilson, convoqué hier et avant-hier
chez M. Atthalin, ne s'est pas rend», &
l'appel du juge.
Ce dernier a entendu trois, personnes
dans la journée ; M. Gallet, de la maison
Blanchet, M- Gontier, imprimeur, et M.
Gragnon, préfet de police.
Les deux premiers ont prouvé avec piè
ces' à l'appui que le papier des lettres de
1884, fourni par M. de Douville-Maillefeu
et par l'Elysée, n'a rien de commun avec
le papier des lettres Wilson ; il a été abso
lument établi par eux et d'une façon défini
tive que le papier vélin avec filigrane spé
cial n'est pas sorti de leur maison avant
1885.
M. Gragnon, préfet de police, est resté
trois longues, heures dans le cabinet du
juge. II a refait & nouveau, enpréoisant cer
tains points, sa déposition devant la com
mission d'enquête.
Demain, on doit entendre un expert en
écritures chargé de se prononcer sur ce
point : « Les lettres Wilson n'ont-elles pas
été refaites par Mme Limouzin ?» Il côn-
FEUILLETON DE VUNIYERS :
do 15 novembre 1887
CAUSERIES LITTÉRAIRES
-'Mt Cuvillier-Fleury.
" ' ' ■ , ■ L ...
M, Cuvillier-Fleury, dont la mort vient:
de. porter à trois le, nombre.des, fauteuils
vacants à 1"Académie françaisé, était un,
homme de talent, laborieux, instruit, spiri-î
tuel, également passionnépour la. politique,
et pour les.lettres, et qui avait cette double,
chance d'entrer à l'Académie et de rester à,
la porte de la Chambre des députés. Je vou
drais rappeler à son sujet, un peu au hasard)
de la plume' et comme ils me reviendront
en mémoire, quelques souvenirs qui né pa-,
' raltront peut-être pas dénués d ; è, tout in-,
térêt.
Né à Paris en 1802, il fit à. Louis-Ie-
Grand de très brillantes études, et rem
porta en 1819, t^u concours général, ie prix,
d'honneur de rhétorique : Manlii Capitolini
ad senatum oralio. Presque au sortir duj
collège, il devint secrétaire de, l'ancien roï
de Hollande, Louis. Bonaparte, resta deux;
ans près de lui à Rome et à Florence, et, de,
retour en France, entra comme direc
teur des études à Sainte-Barbe. C'est
là qu'en 18271e duc d'Orléans le "vint pren
dre pour lui confier l'éducation du qiia-:
trième de ses fils, le çluc d'Aumale. Trente
. quatre ans plps tard, Sainte-Beuve lui re-
, tfOçha, pon sans quelque mpladresse^
d'être « monté dans les carrosses du roi ».
Lg. réponse de M. Cuvillier-Fleury mit les
rieurs de. son côté. Elle n'était pas seule
ment spirituelle ; elle était pleine d'une
généreuse' émotion e.t d'une légitimé fierté :
J'ignore, dit-il, dans quels carrosses. M.
SaintepBeuve a pu monter,sous, la. dernier règne,
à moins que ce né* soit dans le filbiiry d'Ar- '
mand.Carrel, ce que, certes je ne lui reproche
pas. Je,tiens à lui ' dire cependant, avant'toute
réplique sur l'objet même de sa provocation si
directe, que les «carrosses» dans lesquels je
montais m'ont conduit, pendant huit ans tous
les matins à sept ' heures, aux; classes du' col- ■
lège Henri IV, en compagnie de mon élève, le
due d'Aumale, et que ce souvenir enorgueillit ;
en moiTinsfituteiir, nullement le courtisan (1). '
L'éducation du prince n'était pas termi
née, M. Cuvillier-Fleury ne rémplissait
pas encore près de lui les fonctions de se
crétaire des. commandements, lorsque', lé 8,
novembre 1838,, assistant au'trëâtre de la'
Renaissances, en compagnie de son ami'M. !
Trognon, à la première représentation de;
Ruy Blas, il ne fut pas psu surpris d'en'ten- 1
dre tout à coup Saint-Firmin, qui ténait le
rôle de don César de Bàzan, jeter au public,
ces deux vers: ? : : •?
Qui m'envoie une duègne, affreuse compa-
[gnonne,'
Dont la barbe./leunf et dont le nez trognonne.' ■
Cette association des deux noms de i 7Vo-
gnvn et de Fleury, leur rencontre burles
que dans un vers du poète, était-elle l'effet:
d'un pur hasard ? N'était-elle pas, traire, voulue par l'auteur, qui avait cher
ché là l'occasion d'une petite vengeance?,
Ceux-là n'en doutèrent point" qui savaient
combien le maître gardait impitoyablement'
rancune à tous ceux qui osaient diriger!
contre lui, contre sa prose ou ses vers, sés!
romans ou ses drames, la critique même la
(1) Çtistopiens, ^oèfes et romanciers , page 102.
plus légère. Or, précisément dans le temps,
où il écrivait Ruy Blas, M. Cuvillier-Fleury
n'avait-il pas commis à son endroit ce crime,
le plus, impardonnable de tous, le crime de
lèse-majesté ? .
Attaché depuis. 1834 à la rédaction du
Journal des Débats , il avait inauguré, le'
8 juillet 1837,sous le titre de Revue critique,
une galerie dés principaux écrivains con
temporains. II avait consacré son premier
article...' à Lamartine— ab Jove principium.
Vainement, au milieu des éloges prodigués
au chantre des Méditations et des Harmo
nies, avait-il rendu j ustice • à l'extraordi
naire talent de Victor Hugo ; il avait ajou
té : « Quelle différence avec la phrase de
M. Victor Hugo, où tant d'originalité se
mêle à tant de force, où le rhythme est si
obéissant à' la pensée,où la vigueur du trait
ressortsi vivement.'dans la hardiesse du
dessin, où la puissance des formés, où la
fermeté des muscles se trahissent sous
l'ampleur du vêtement et sous, le luxe res
plendissant du costume ! Et'qu'on préten
de ensuite que les poètes n'ont pas le don
de la prose ! Je dirai plus tard d'où vient'
cette supériorité, de M. Victon Hugo dans;
la langue prosaïque : elle est réelle; » Mais'
; comment le poète aurait-il su gré au cri
tique de ces louanges, données à sa prose,
lorsque immédiatement après il était con-:
damné à lire ce que suit : « M. de Lamar -i
tine a gardé pour lui," je crois,' la supério
rité du style et de l'inspiration poétique. »
L'article d|ailleurs ne se terminait-il pas par:
cette plirasé i « Aujourd'hui, 'M. 'de La-'
martine n'a de conseils à recevoir de per
sonne : car sa gloire domine son pays, son'
siècle, ses admirateurs et ses critiques. » ' i
Au cours de l'année 1838, à l'occasion
d'un volume de vers de Théophile Gautier,'
la Comédie de la mort, M. Cuvillier-Fleury
parla longuement do Victor Hugo et de
l'école romantique. Dans un article publié
le 29 août, deux mois avant la représenta-»
tion de Ruy Blas, et intitulé : Du matéria
lisme en fait de style, il disait, à propos de
cette prédominance de l'image sur l'idée,
qui est la caractéristique du génie de Vic
tor Hugo :
Pour eux (le chef et les disciples de cette école),
la pensée n'est rien,si elle n'emprunte son vête
ment et sa parure au monde physique. Elle
n'est admise qu'affublée d'une similitude ou
coiffée d'une métaphore.... Dans ce système,
le jour qui éclaire la pensée ne vient pas dq
l'âme, mais de la matière. Cette lumière intéj
rieure, que la méditation produit et qui se ré
pand si abondante e t si vive dans tous les mem
bres de la grande période française, on va la
chercher sur une palette toute chargée de cou;
leurs périssables... Ainsi matérialisée, un^
langue-n'est plus un admirable instrument dé
la raison humaiue; c'est un misérable canevas
pour ces fantaisies d'artistes, unè vieille toile
enluminée, une ruine sans poésie ef sans sou
venirs (2). »
Ét le .critique ne s'en tenait pas là. Elar
gissant la blessure qu'il avait faite dans
son article du 8 juillet 1837, il ne craignait
pas de dire que les deux plus grands écri
vains, les deux plus grands poètes du dix-
néuvième siècle, ceux qui avaient le plus
enrichi la langue, étaient Chateaubriand et
Lamartine. Victor Hugo ne venait donc que
le troisième. Ces choses-là ne se pardon
nent pas !
Quoi qu'il en soit, et pour revenir au
vers de Rùy Blas, il paraît bien que
Cuvillier-Fleury l'avait pris pour lui — et
pour son àmi'M. Trognon ; —car voici cé
que je lis; dans les Débats du 20 mars 1842.'
sur lés facéties et les grimaces de Victor
Hugo :
î ..... Recherchez-vous le calèmbour ? M. • Vic
tor Hugo, ne \ vous a pas oublié : « Il en a
mis partout. » Pour moi,- je l'avoue, 1 rs facéties
des homme s graves ne m'amusent guère. N'en
,'déplaise à Horace, je n'aurais pas voulu voir
. (2) Journal des Débats, 14 avril 1838.
l'ivresse de Caton l'Ancien. Je me défie de
la gaieté des esprits sérieux. Je n'aime
pas une grimace sur une bouche habituée à
sourire aux caresses de la muse. Je ne veux
pas voir un éclair de joie bouffonne sur un front
creusé par la réflexion.
Chacun, pris dans son air, est agréable en soi.
J'aime le roi sur son trône, le poète sur son
trépied et Tabarin sur ses tréteaux (3).
Ô él le voit, .pour s'être fait attendre, la
riposte n'en est pas moins vive. Cet article
sur Victor Hugo et son livre du Rhin est
du reste l'un des plus remarquables qui
soient sortis de la plume de M. Cuvillier-
Fleury. « M. Victor Hugo, dit-il, est un
penseur; à Dieu ne plaise que je lui refuse
ce titre, auquel il paraît attacher beaucoup
de prix 1 Mais commentpense-t-il? Il évoque
une idée; l'idée lui apparaît sous forme
d'image, et, ainsi matérialisée, M". Vifctor
Hugo l'adopte. De là métaphore il fait un
argument, du symbole un syllogisme, dij
fantôme le corps, de l'apparition ridée. >j
L'une des idées de Vi'ctorllugo, én ce
temps-là, c'était de rejeter l'Angleterre
dans l'Océçm , la Russie 'dans l'Asie, et dq
les effacer l'une et l'autre de la carte d'Eu
rope.. Cela fait, il ne voit rien de -mieux,
« pour que l'Europe soit en équilibre », que
d'agrandir un peu'la Francé et démesuré i
ment lq. Prusse. A quoi M. Cuvillier-Fleury
répondait aveç un grand sens :
Vous rendez la rive gauche du Rhin à laj
France-,en étendant au-dessus dé sa tête (je.parle
votre langagè figuré),'au lieu de cette ' Priisseï
morcelée que les traités ont faite, une Prusse,
compact p , homogène, formidable, ^que vous gros-,
sissez démesurément aux, dépens du Hanovre,'
des deux Mecklembourg et des villes libres, et
dont vous mettez le pied sur là Belgique et lai
main surles deux mers. Voilà la géographie
(3) M. Victor Hugo sur les bords du Rhin.
M. Cuvillier-Fleury a reproduit cet article, ehj
1854 dans son volume Voyages et Voyageurs.' .
que vous faites; et dont pour ma part je ne
veux pas. Je crois qu'il n'est pas de l'intérêt de
la France d'avoir de gros Etats à sa porte, et
surtout de les grandir aux dépens des petits, de
les fortifier aux dépens des faibles ; et j 'aime
mieux, quoi qu'il nous en coûte, le grand-duché
du Bas-Rhin coupé en deux pa,r un fleuve im
mense et séparé de la Prusse par Cassel, que le
grand-duché vigoureusement ressoudé à la mo
narchie prussienne par l'absorption de la Hesse
électorale, et formant cette fois un contre-fort
à peu près indestructible contre, nous. « La
Prusse, dites-'vous, telle que les congrès l'ont coin*
posée, est mal faite ! » Le grand malheur, en
vérité! Et c'est vous qui voulez refaire la Prusse
contre la France, vous qui lui donnez des ports
sur l'Océan, qui lui incorporez le Hanovre, qui
reculez ses frontières, qui décuplez sa puissance
morale ! Et pourquoi ? Pour avoir le départe
ment du Mont-Tonnerre.
Ne vous semble-t-il pas, comme à moi,
qjie pettifi page, écrite en 1842, fait grand
honneur à M.Cuvillier-Flenry? Quant àVic-
lor Hugo, on voit qu'il a été le premier en
France, — le paemier après Voltaire, — à
désirer, à célébrer l'agrandissement de la
Prussè. Est-ce donc pour cela que, dans
une apothéos.e imbécile, Paris l'a mis au
Panthéon, comme Voltaire? .
, II. • ■ . -,... .
M- Cavïlliejr-Flçury retrouva Victor Hugo
en'1850. Le, vicomte Hugo est devenu, non
le chef (il ne fut jaipais qu'un homme à la
Suite), mais lé principal. orafeur du parli
tyltrà.-démocratifjue.dans l'Assemblée natio-
n.al'e, Olympi .0 a, troqué son manteau de pair
contre une carxaagnqle, et. son chapeau, à
plum,es contre un bonnet rouge. M. Cuvil-
iier-Fleurylui rappelle qu'il falun temps où
: « on lo.rencontrait au palais des Tuileries,
où son habit rayonnait de broderies et de
' plaques étincelantés »; et-, sans insister au-
'' tremenl, il lui. fait entendre^ dans un. excel
lent article, daté du . 16.juin 1850, de dures,
^ maîs^trop. justes vérités :
N* 727Ô - Edition quotidienne'.
Mardi 15 Novembre 4887
ÉDIÏION QUOTIDIENNE
EDITION BEMI-QU OTIDIENNE
Va an." . . .
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L'UiJIVRRS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressé
ANNONCES
MM. Ch. LÀ G RANGE, CERF et C'°, 6, -place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 14NOVEMBRE *887
Nos républicains auront-ils trouvé à
"Versailles le terrain de concentration
vainement cherché ? Des sommités de
l'opportunisme et du défunt cen
tre gauche, MM. Say, Ribot, Maze,
ont péroré hier dans un banquet de
600 couverts, eù l'on s'est occupé
surtout 4e préparer la concentration
.pour le centenaire de la Réyolutioh.
•Ce matin,même des journaux modérés
comme le Journal des Débats , affectent
l'enthousiasme; ils voient déjà l'entente
faite. Il est vrai que l'enthousiasme est'
moindre dans les journaux radicaux,
dont plusieurs se montrent dédai
gneux des « Versaillais ».
Est-ce que cette concentration du
«centenaire, au moins dans l'esprit du
Journal des Débats, ne préparerait pas
la ^ candidature de M.' Léon Say à la
présidence de la République ?
Ce n'est pas que M. Grévy songe;
mainteuant à s'en aller. Il pouvait
parler dé démission alors qu'il lie crai
gnait pas que ses paroles fussent pri
ses au sérieux; mais aujourd'hui, il
■entend bien rester. Seulement, même
parmi ses amis, on doute qu'il sorte
■ indemne de l'impasse où l'ont jeté les
■ agissements de son gendre.
On annonce que l'enquête judiciaire
sera bientôt terminéè. Ni M. Wilson,
ni aucun des hauts personnages cités
• devant M* Atthalin> n'ont daigné com
paraître; L'égalité devant la justice,
cette « conquête de 89 », n'est pas tou
jours une vérité.
( L'enquête parlementaire continue;
c'est aujourd'hui que la commission
entend les journalistes, et notamment
M, Laurent du Paris , un des plus ar
dents contre M. Wilson.
La réunion dés commandants de
corps d'armée pour le classement des
officiers a amené le retour à Paris du
général Boulanger dont les arrêts pre
naient fin hier à midi. On ne sait pas
encore s'il est arrivé»
En prévision de ce retour, les anar-
chistes ont tenu une réunion qui était
,4û'ig®e en même temps contre .le gé
néral Boulanger, un « sabre », et
contre le ministère coupable d'avoir
fait maltraiter à l'enterrement du ci
toyen Pottier ces doux communards.
, £)n trouvera plus loiu des détails.
A la Chambre des députés, on con
tinuera aujourd'hui la discussion de la
Jpi sur les traitements des instituteurs
primaires, Devant le parti-pris de là
majorité tous les efforts des conserva
teurs sont vains; ils n'en ont pas
moins raison de lutter : leurs amen-
■ demenis restent comme protestation.
Au Sénat, interpellation de M. Bo-
Sérian au sujet du congrès des cham
bres de commerce annoncé pour le
23 courant. On reprendra ensuite la
question, depuis longtemps pendante
et quelque peu oubliée,, des rapports
«les compagnies de chemins defer avec
les agents commissionnés.
On ne signale aucun changement réel
dans la santé du prince impérial id'Al-
lemagne ; même- les journaux offi-
. cieux acceptent le caractère cancéreux
de l'affection dont il, est atteinte IL n'y
aurait donc aucun espoir de guérison.'
On annonce que M. de Giers vien
drait de Saint-Pétersbourg et que M.
Bismarck serait mandé à Berlin pour
assister à l'entrevue du czar et del em
pereur Guillaume. Malgré cela, per
sonne ne croit que cette entrevue
puisse avoir une importance politi
que.
Loin de s'apaiser, la situation s'ag
grave en Irlande ; le ministère con
servateur peut voir combien il s'illu
sionnait lorsqu'il prétendait, avec
quelques mesures de rigueur, avoir
raison d'un mouvement national. .
Une nouvelle manifestation révolu
tionnaire a eu lieu à Londres ; elle a
été plus violente que les précédentes;
les troupes ont dii soutenir la police,
et il y a eu de nombreux blessés. Le
fait est d'autant plus grave, que la
manifestation s'est produite malgré
une défense formelle des autorités, qui
avaient annoncé qu'elles ne tolére
raient pas le meeting annoncé.
Vmr /ei' DERNIÈRES NOUVELLES « la fin
. Un jour,sous Louis-Philippe, M. Du-
pin, très échauffé contre les catho
liques militants, s'écria : « Nou&«aie;
sommes pas iin gouvernement qui se
confesse ! » Ce propos d'un de ses
conseillers intimes plut beaucoup au
roi. Un an ou deux plus tard, le peu
ple souverain, 1 représenté, selon le
droit nouveau, par la canaille, entrait
aux Tuileries. Les élus des vainqueurs
s'emparaient des papiers confidentiels
et les publiaient. Ce fut la confession
publique et forcée du gouvernement
ae juillet. Quelques-uns des aveux
obtenus de la sorte firent du bruit et
sont restés.
On nous a rapporté de M. Grévy,,
encore président de la République,
française, un mot qui n'est pas sans
analogie avec ce mot de M. Dupin qui
plut tant à Louis-Philippe.
C'était au moment où l'on apprenait
que le chef du pouvoir exécutif, l'in
tègre M. Jules .Grévy, type de la di
gnité républicaine, allait prendre
pour gendre M. Daniel Wilson. Un
ecclésiastique haut placé, reçu à l'E
lysée comme vieille connaissance, dit
au président: Il me semble que M.
Wilson a un passé peu rassurant ? -r-
Oh ! dès fredaines de jeunesse ! répon
dit en riant l'austère M. Grévy ; qui
donc n'en a pas fait? —Et puis, re
prit: l'ecclésiastique, ne trouvez-vous
pas fâcheux qu'il soit protestant ?
Non, certes ! Je n'aimerais pas un
gendre , qui se confesserait, et je suis
bien sûr que celui-là ne se confessera
point.
Longtemps cette assurance a été
justifiée, mais voilà qu'elle ne l'est
plus. M. Wilson, après s'être confessé
en sourdine,, et sans contrition, au
j uge Atthalin, au procureur Bouchez,
à l'ami Dreyfus, si versé dans le
guano, en est arrivé à la confession
publique ; il se confesse aux journaux,
il se confesse aux magistrats;, il de
mande à • M-. Rochefort de Y Intransi
geant, à M. Laurent du Paris, à M.
Portalis du XIX' Siècle , à M- Mayer de
la Lantenie, une absolution qu'il n'ob
tient pas,, même après avoir fait
une restitution. Dans son trouble, il
confesse aussi'ûn peu par surcroît son
beaurpère. Il,y a, en effet, un premier
chapitre des confessions.de M. Grévy
dans tout ce qui a été raconté ces
temps-ci.
M. le président de la République est,
présentement^ si- troublé qu'on ne
peut guère, l'inviter à réfléchir. Nous
l'y invitons cependant. - Qu'il le fasse
dans l'intention que nous allons lui
indiquer, et il se dira peut-être un
jour : A quelque chose malheur est
bon.
S'il avait pris un gendre qui se con
fessât. et s'il s'était lui-même confessé,
ne croit-il pas que ses affaires comme
chef de famille et chef d'Etat iraient
mieux? Ce gendre aurait, sans doute,
pu faire beaucoup de sottises; mais,
pour sûr,il y en a dont il se fût gardé,
et ce sont particulièrement celles dont
M. Wilson se confesse maintenant.
Pour sûr aussi qu'il n'eût pas marché
dans une mauvaise voie quelconque
avec l'entrain, la tranquillité incons
ciente et la persévérance que M.Wilson
y a mis. M. Grévy, si libre-penseur
qu'il soit, doit comprendre cela : il
comprend, en outre,, que, s'il avait usé
personnellement de la confession, il
n'eûtpas fait entrer M. Wilson dans sa
famille et préparé à sa carrière le cou
ronnement qu'elle reçoit aujourd'hui.
Nous lui laissons le soin de conclure.
E ugène V euillot.
Versailles, ou du moins le parti ré
publicain à Versailles, n'a pas voulu
être pris au dépourvu pour 4889. La
ville de Louis XIV, ayant eu les pré,-
mices de la Révolution, devait à ëvië
la première à en célébrer l'anniver
saire. Alors les fortes têtes de l'en
droit, sénateurs, députés, conseillers
généraux et d'arrondissement, mem
bres de comités, maires et adjoints,
radicaux et opportunistes pêle-mêle,
les Maze et les Journault, les Dreyfus
avec les Reinach, les Ribot, les Léon
Say, les Schérer, les Frédéric Passy,
les Charton, etc., etc., tous gens d'im-
Eortance et d'un républicanisme iné-
ranlable, se sont réunis pour aviser
aux moyens d'organiser la célébra
tion, dans le département, du cente
naire de la Révolution; Dans un appel
adressé au département, ils disaient :
C'est à Versailles que se sont accomplis
les premiers et les plus décisifs événements
de la Révolution. C'est à Versailles que se
rattachent les grandes dates des 5 mai, 20
juin et 4 août 1789, c'est-à-dire la réunion
des Etats généraux, d'où sortit la première
et la plus grande de nos assemblées; leSer -
ment du Jeu de paume, qui affirma les
droits de la nation ; l'abolition des privilè
ges, qui ouvrit une ère nouvelle. Pour ra
viver ces nobles souvenirs, pour do'nner le
plus d'éclat possible aux fêtes cemmémora-
tives de l'immortelle année, il faut grouper,
en dehors et au-des*sus. des partis, le plus
grand nombre de nos - concitoyens, tous
ceux qui, s'inspirant des doctrines formu
lées par les constituants de 89, n'admettent
aucun retour en arrière et veulent le pro
grès par la liberté.
C'est dans un banquet donné hier
à Versailles que le groupement s'est
fait sur le souvenir de 89. Toute la
fleur du parti républicain en Seine-et-
Oise y était. On a fraternisé.
Aujourd'hui les journaux malins
nous donnent le fin mot de cette réur
nion. Il ne s'agissait, ni plus ni moins,
que de tirer la république de la fange
où elle s'effondre, par une démonstra
tion éclatante en sa faveur, pes pré
paratifs du centenaire il n'a pas été
question. La république n'est guère à
la fête en ce moment. Avant de lui éle
ver des arcs de triomphe, il faut la
relever elle-même. Qui pourrait la ti
rer de l'abîme de corruption et de
honte où elle entraîne avec elle le pays?
On a fait choix pour la manifestation
de Versailles du plus modéré et en
même temps, du plus considérable
client de la République. C'est M. Léon
Say lui-même, un opportuniste des
plus opportunistes, M. Ijéon; Say, le
centre gauche en personne, iin ré
publicain qu'on a toujours pris pour
un orléaniste"; qui a été chargé d'ex
traire la république de sa fange,
de lui tendre la main pour l'aider à se
remettre debout, et de lui passer un
habit propre. Il n'était pas seul, avec
lui, son autre lui-même : M. Ribot
s'est mis à la besogne, puis M. Maze,
la gloire de Seine- et-Oise^
Tous trois, sanscompterlesautres,ont
donc prononcé au banquet de grands
discours sur la situation. Le Journal
des Débats s'en pâme d'aise. Les der
niers événements avaient un peu al
téré son jeune et i-mpassible républica
nisme. Mais M. Léon Say et M. Ribot
et M. Maze ont parlé, et voilà la répu
blique sauvée ! Et d'abord on a fait au
banquet la fameuse concentration, la
main dans la main, verre contre
verre. C'est par où il fallait commen
cer. Le Journal des Débats en exulte;
il y voit le sort de la république as
suré. Ecoutons-le :
Sur quel terrain cette union doit-elle s'é
tablir, et dans quelles conditions le pacte
est-il conclu ? A cette question les trois
principaux discours qui ont' été prononcés
hier font une réponse complète et catégo
rique. On nous dispensera d'insister sur
■ceux de M. Léon Say et de M. Ribot. Les
lecteurs de ce journal... apprécièrent, sans
recommandation de notre part, la netteté,
le charme littéraire, la vibrante éloquence
du premier, l'admirable élévation philoso
phique du second. Mais nous pouvons ex
primer, sans être retenu par les mômes
scrupules, tout le plaisir que nous avons
goûté à entendre les paroles de- M. Maze,
On ne saurait définir en meilleurs termes,
décrire avec plus de précision, prêcher
avec plus de chaleur, la seule politique ré
publicaine que nous puissions comprendre
et que nous veuillons pratiquer, celle qui
ne se paye pas de mots, celle qui ne flatte
et ne dupe pas le suffrage universel par des
programmes retentissants et inexécutables;
celle qui est réformatrice et progressive
sans doute, mais qui ne vise qu'aux réfor
mes sages et aux progrès possibles; ceile
qui permet aux gouvernements de vivre,
de se consolider et de faire leur fonction
de gouvernants; celle enfin qui évite d'in
quiéter, de froisser et d'armer contre elle
les croyances et même les susceptibilités
religieuses d'une partie de la nation fran
çaise. Si, en Seine-et-Oise et ailleurs,
cette politique est résolument adoptée et
maintenue avec fermeté, elle aura bientôt
fait de rallier à la république les conserva
teurs qui hésitent encore à venir à elle, la
croyant incapable de donner à ce pays un
régime de tolérance, de modération et de
paix intérieure; elle aura bientôt fait de
réduire à. l'impuissance le parti de décla-
mateurs et de brouillons que nos-divisions
seules ont rendu si fort, et qui, même sans
disposer de la majorité numérique dans
les Chambres, a si bien réussi déjà à tout
envahir et à tout désorganiser.
Ainsi soit-il! Oublions donc tous les
scandales de ces derniers temps, pour
lesquels M. Léon Say et M. Ribot et M.
Maze repoussent énergiquement toute
solidarité avec le régime républicain ;
finissons-en avec le procès Limouzin
et l'affaire Wilson ; laissons là l'en
quête et l'instruction : n'en parlons
plus ; unissons-nous tous, centre-gau
chers, opportunistes, radicaux, in
transigeants, conservateurs, roya
listes, et. recommençons la républi
que... peut-être avec M. Léon Say
pour président.
Telle a été la grande manifestation
de Versailles. Après cela, le centre
gauche aura le droit de dire que si la
république avait pu être sauvée, c'est
par lui qu'elle l'eût été.
A rthur L oth.
L'Osservatore Romano du 13 novem
bre publie une adresse collective de
l'épiscopat de Toscane au Saint Père.
Nous en donnerons un extrait de"-
main.
Nous recevons de Rome la dépêche
suivante :
Rome, 14 novembre, midi 20 ip.
Plusieurs centaines de pèlerins français
sont arrivés hier soir. A leur sortie de là
gare, ils ont été accueillis aux cris de :
A bas Léon XIII ! A bas le Vatican! pous
sés par-un certain nombre de jeunes brail
lards, qui tous, paraît-il, sont des typo
graphes. La police étant intervenue a fait
neuf arrestations.
On assure que le Souverain-Pontife a
décidé de célébrer la messe du jubilé le 1°'
janvier prochain dans la basilique de Saint-
Pierre, portes closes. Mgr Sinistri. le
grand maître des cérémonies, aurait reçu
l'ordre de prendre, îi cet effet, toutes les
dispositions nécessaires.
ha Crise
On lit dans la Justice :
S'il arrive que M. Grévy se retire — ce
qui n'est pour le moment qu'une hypothèse
— M. Perry ne sera pas président de la
République ; il ne peut pas l'être. Les ré
publicains liront les feuilles monarchistes,
ils auront des yeux pour voir les manœu
vres que les ennemis de la République
nouent hypocritement dans la coulisse. Ils
s'uniront dans l'intérêt de la paix publique
et du salut national. Ils feront justice des
intrigues , de couloirs qui s'agitent autour
de quelques ambitions non satisfaites. Ils
ne consulteront que l'intérêt de la Républi
que. -T- S. Pichon.
Nous ne sommes, certes, è. aucun
dé gré, partisans d'une candidature
Ferry; mais nous voudrions bien savoir
comment s'y prendrait le jeune M.
Pichon, de la Justice, pour empêcher
M. Jules Ferry, s'il était nommé par
la majorité du congrès, de s'asseoir au
fauteuil présidentiel.
On lit dans la République Française :
Des renseignements inexacts ont été pu
bliés au sujet de la visite de M. Andrieux au
président de laRépublique.
M. Andrieux a fait, hier, dans les cou
loirs de la Chambre, le récit suivant :
J'ai reçu hier matin là visite d'une personne
qui est venue me déclarer que, pour une sommé
de 20,000 tr. elle se faisait forte de me remet
tre le dossier qui avait servi de base aux der
nières imputations portées contre M. Wilson.
. — Voyez M. Grévy ou M. Wilson, avait-on
ajouté, et dites-le.ur'que pour 20,000 fr. ils pour
ront détruire un des dossiers les plus accablants
pour le député d'Indre-et-Loire.
Dans le courant de la conversation, mon in
terlocuteur avait môme réduit ses prétentions
à 15,000 fr.
Je n'ai pas cru pouvoir me dispenser de por
ter ce fait à la connaissance de M. -Grévy et de
M. Wilson.
C'est pourquoi je me suis rendu successive
ment dans l'après-midi à, l'Elysée et à l'hôtel
de l'avenue d'Iéna,où.j'ai rencontré M. Wilson.
M. Wilson m'a répondu très., énergiquement
qu'il connaissait cette affaire, qu'il avait déjà
été l'objet, à cette occasion, de tentatives de
chantage et qu'il était bien décidé à ne pas s'y
prêter.
Ajoutons que le dossier dont il est ques
tion plus haut se rapporte au chèque de
10,000 francs, dont quelques journaux ont
donné la reproduction.
Le chèque de 10,000 francs nous ra
mène au XIX e Siècle , qui publie unë
nouvelle lettre où nous lisons:
Le gendre du président de la République
a fait école. Toute la famille, qui compta
parmi ses membres le général Grévy,'
l'intime ami de la Limouzin, et M. Sarlim
le digne gendre du président de la cour
d'appel de Paris, passe son temps à chèr^
cher le moyen de faire argent de sa parenté
avec le chef de l'Etat. On vend des faveurè
que souvent on n'accorde pas, mais onn'eà
touche pas moins l'argent, risque à le ren
dre coiiimé" le général d'Andlau — qui,
d'ailleurs était de la bande —- quand le
pigeon, trop brutalement plumé, se met à
crier un peu fort.
En voulez-vous une preuve, entre mille,
de cet indigne trafic ? Demandez au fils de
M. Albert Grévy, sénateur, ancien gouver
neur général de l'Algérie, propre neveu du
président de la République, qui a d'ailleurs
été témoin de son mariage lorsque, récem
ment, il a épousé la lille de M. Labiche,
sénateur; demandez à M. Léon Grévv, maî
tre des requêtes au conseil d'Etat, s'il peut
nier qu'oji 1885 il se soit fait remettre par
M. Georgeon, ancien notaire, ancien mem
bre du conseil général des Vosges, une
somme de 15,000 francs pour lui faire avoir
un poste de contentieux, soit au Crédit fon
cier de France, soit à la Compagnie des
chemins de fer départementaux.
En même temps que cette lettre, je vous
fais remettre copie de l'assignation en po-r
lice correctionnelle rédigée à cette époque
par M. Georgeon. Si vous la publiez, vous
rendrez un service de plus à. la république,
trop longtemps mise à l'encan; mais vous
savez, en revanche, à quoi vous vous ex
posez. Si la famille Grévy a. contre elle
tous les honnêtes gens, ellfe a p'our elle la
police, dont «lie se sert pour piller et assas
siner les gens. Vous en Savez quelque
choso.
Si M. Léon Grévy répondait qu'on a
voulu faire contre lui du chantage, deman
dez-lui pourquoi, lui magistrat, lui maître
des requêtes au conseil d'Etat, n'a pas dé
noncé et poursuivi M. Georgeon ; pourquoi,
au contraire, il s'est -fempressé de lui recon
naître une del te de 15,000 francs, suivant
en cela l'exemple de M. d'Andlau, l'ami et
le complice dé M. Wilson?
Recevez, etc.
Suit, dans le XIX 0 Siècle, le texte
de l'assignation judiciaire dont il est
parlé ci-dessus.
On lit dans la Paix :
Plusieurs journaux ont raconté que le
colonel Lichtenstein avait eu mercredi soir
une entrevue avec M. le procureur général
ou avec M. le juge d'instruction. Le colo
nel Lichtenstein n'a eu aucune entrevue
avec,M. le procureur général ni avec M. le
juge d'instruction ; il s'est borné à faire
rémettre à ce dernier une lettre écrite sur
papier livré par la maison Blanchet avant
1885 et portant dans sa pâte le filigrane
B F K en caractères romains. Gette lettre
ne portait pas, comme le dit par erreur
■notre confrère du Temps, l'entête. de la
Chambre des députés, mais bien l'entête
de la Présidence du Conseil ; elle n'est
pas non plus du commencement de 1884,
mais exactement du 15 septembre 1884.
Quant l,a réflexion de notre confrère
rappelant que MM. Blanchet frères et Klé-
ber prétendent maintenant n'avoir mis de
filigrane en caractères romains que dans
du papier vergé et non »dans du papier
vélin,-, nous répondrons que; pour le mo
ment, c'est ce qui reste à démontrer.
La démonstration est faite, et la
Paix doit écarter ce dernier espoir.
Voici, en effet, ce qu'écrit la Républi
que française :
M. Wilson, convoqué hier et avant-hier
chez M. Atthalin, ne s'est pas rend», &
l'appel du juge.
Ce dernier a entendu trois, personnes
dans la journée ; M. Gallet, de la maison
Blanchet, M- Gontier, imprimeur, et M.
Gragnon, préfet de police.
Les deux premiers ont prouvé avec piè
ces' à l'appui que le papier des lettres de
1884, fourni par M. de Douville-Maillefeu
et par l'Elysée, n'a rien de commun avec
le papier des lettres Wilson ; il a été abso
lument établi par eux et d'une façon défini
tive que le papier vélin avec filigrane spé
cial n'est pas sorti de leur maison avant
1885.
M. Gragnon, préfet de police, est resté
trois longues, heures dans le cabinet du
juge. II a refait & nouveau, enpréoisant cer
tains points, sa déposition devant la com
mission d'enquête.
Demain, on doit entendre un expert en
écritures chargé de se prononcer sur ce
point : « Les lettres Wilson n'ont-elles pas
été refaites par Mme Limouzin ?» Il côn-
FEUILLETON DE VUNIYERS :
do 15 novembre 1887
CAUSERIES LITTÉRAIRES
-'Mt Cuvillier-Fleury.
" ' ' ■ , ■ L ...
M, Cuvillier-Fleury, dont la mort vient:
de. porter à trois le, nombre.des, fauteuils
vacants à 1"Académie françaisé, était un,
homme de talent, laborieux, instruit, spiri-î
tuel, également passionnépour la. politique,
et pour les.lettres, et qui avait cette double,
chance d'entrer à l'Académie et de rester à,
la porte de la Chambre des députés. Je vou
drais rappeler à son sujet, un peu au hasard)
de la plume' et comme ils me reviendront
en mémoire, quelques souvenirs qui né pa-,
' raltront peut-être pas dénués d ; è, tout in-,
térêt.
Né à Paris en 1802, il fit à. Louis-Ie-
Grand de très brillantes études, et rem
porta en 1819, t^u concours général, ie prix,
d'honneur de rhétorique : Manlii Capitolini
ad senatum oralio. Presque au sortir duj
collège, il devint secrétaire de, l'ancien roï
de Hollande, Louis. Bonaparte, resta deux;
ans près de lui à Rome et à Florence, et, de,
retour en France, entra comme direc
teur des études à Sainte-Barbe. C'est
là qu'en 18271e duc d'Orléans le "vint pren
dre pour lui confier l'éducation du qiia-:
trième de ses fils, le çluc d'Aumale. Trente
. quatre ans plps tard, Sainte-Beuve lui re-
, tfOçha, pon sans quelque mpladresse^
d'être « monté dans les carrosses du roi ».
Lg. réponse de M. Cuvillier-Fleury mit les
rieurs de. son côté. Elle n'était pas seule
ment spirituelle ; elle était pleine d'une
généreuse' émotion e.t d'une légitimé fierté :
J'ignore, dit-il, dans quels carrosses. M.
SaintepBeuve a pu monter,sous, la. dernier règne,
à moins que ce né* soit dans le filbiiry d'Ar- '
mand.Carrel, ce que, certes je ne lui reproche
pas. Je,tiens à lui ' dire cependant, avant'toute
réplique sur l'objet même de sa provocation si
directe, que les «carrosses» dans lesquels je
montais m'ont conduit, pendant huit ans tous
les matins à sept ' heures, aux; classes du' col- ■
lège Henri IV, en compagnie de mon élève, le
due d'Aumale, et que ce souvenir enorgueillit ;
en moiTinsfituteiir, nullement le courtisan (1). '
L'éducation du prince n'était pas termi
née, M. Cuvillier-Fleury ne rémplissait
pas encore près de lui les fonctions de se
crétaire des. commandements, lorsque', lé 8,
novembre 1838,, assistant au'trëâtre de la'
Renaissances, en compagnie de son ami'M. !
Trognon, à la première représentation de;
Ruy Blas, il ne fut pas psu surpris d'en'ten- 1
dre tout à coup Saint-Firmin, qui ténait le
rôle de don César de Bàzan, jeter au public,
ces deux vers: ? : : •?
Qui m'envoie une duègne, affreuse compa-
[gnonne,'
Dont la barbe./leunf et dont le nez trognonne.' ■
Cette association des deux noms de i 7Vo-
gnvn et de Fleury, leur rencontre burles
que dans un vers du poète, était-elle l'effet:
d'un pur hasard ? N'était-elle pas,
ché là l'occasion d'une petite vengeance?,
Ceux-là n'en doutèrent point" qui savaient
combien le maître gardait impitoyablement'
rancune à tous ceux qui osaient diriger!
contre lui, contre sa prose ou ses vers, sés!
romans ou ses drames, la critique même la
(1) Çtistopiens, ^oèfes et romanciers , page 102.
plus légère. Or, précisément dans le temps,
où il écrivait Ruy Blas, M. Cuvillier-Fleury
n'avait-il pas commis à son endroit ce crime,
le plus, impardonnable de tous, le crime de
lèse-majesté ? .
Attaché depuis. 1834 à la rédaction du
Journal des Débats , il avait inauguré, le'
8 juillet 1837,sous le titre de Revue critique,
une galerie dés principaux écrivains con
temporains. II avait consacré son premier
article...' à Lamartine— ab Jove principium.
Vainement, au milieu des éloges prodigués
au chantre des Méditations et des Harmo
nies, avait-il rendu j ustice • à l'extraordi
naire talent de Victor Hugo ; il avait ajou
té : « Quelle différence avec la phrase de
M. Victor Hugo, où tant d'originalité se
mêle à tant de force, où le rhythme est si
obéissant à' la pensée,où la vigueur du trait
ressortsi vivement.'dans la hardiesse du
dessin, où la puissance des formés, où la
fermeté des muscles se trahissent sous
l'ampleur du vêtement et sous, le luxe res
plendissant du costume ! Et'qu'on préten
de ensuite que les poètes n'ont pas le don
de la prose ! Je dirai plus tard d'où vient'
cette supériorité, de M. Victon Hugo dans;
la langue prosaïque : elle est réelle; » Mais'
; comment le poète aurait-il su gré au cri
tique de ces louanges, données à sa prose,
lorsque immédiatement après il était con-:
damné à lire ce que suit : « M. de Lamar -i
tine a gardé pour lui," je crois,' la supério
rité du style et de l'inspiration poétique. »
L'article d|ailleurs ne se terminait-il pas par:
cette plirasé i « Aujourd'hui, 'M. 'de La-'
martine n'a de conseils à recevoir de per
sonne : car sa gloire domine son pays, son'
siècle, ses admirateurs et ses critiques. » ' i
Au cours de l'année 1838, à l'occasion
d'un volume de vers de Théophile Gautier,'
la Comédie de la mort, M. Cuvillier-Fleury
parla longuement do Victor Hugo et de
l'école romantique. Dans un article publié
le 29 août, deux mois avant la représenta-»
tion de Ruy Blas, et intitulé : Du matéria
lisme en fait de style, il disait, à propos de
cette prédominance de l'image sur l'idée,
qui est la caractéristique du génie de Vic
tor Hugo :
Pour eux (le chef et les disciples de cette école),
la pensée n'est rien,si elle n'emprunte son vête
ment et sa parure au monde physique. Elle
n'est admise qu'affublée d'une similitude ou
coiffée d'une métaphore.... Dans ce système,
le jour qui éclaire la pensée ne vient pas dq
l'âme, mais de la matière. Cette lumière intéj
rieure, que la méditation produit et qui se ré
pand si abondante e t si vive dans tous les mem
bres de la grande période française, on va la
chercher sur une palette toute chargée de cou;
leurs périssables... Ainsi matérialisée, un^
langue-n'est plus un admirable instrument dé
la raison humaiue; c'est un misérable canevas
pour ces fantaisies d'artistes, unè vieille toile
enluminée, une ruine sans poésie ef sans sou
venirs (2). »
Ét le .critique ne s'en tenait pas là. Elar
gissant la blessure qu'il avait faite dans
son article du 8 juillet 1837, il ne craignait
pas de dire que les deux plus grands écri
vains, les deux plus grands poètes du dix-
néuvième siècle, ceux qui avaient le plus
enrichi la langue, étaient Chateaubriand et
Lamartine. Victor Hugo ne venait donc que
le troisième. Ces choses-là ne se pardon
nent pas !
Quoi qu'il en soit, et pour revenir au
vers de Rùy Blas, il paraît bien que
Cuvillier-Fleury l'avait pris pour lui — et
pour son àmi'M. Trognon ; —car voici cé
que je lis; dans les Débats du 20 mars 1842.'
sur lés facéties et les grimaces de Victor
Hugo :
î ..... Recherchez-vous le calèmbour ? M. • Vic
tor Hugo, ne \ vous a pas oublié : « Il en a
mis partout. » Pour moi,- je l'avoue, 1 rs facéties
des homme s graves ne m'amusent guère. N'en
,'déplaise à Horace, je n'aurais pas voulu voir
. (2) Journal des Débats, 14 avril 1838.
l'ivresse de Caton l'Ancien. Je me défie de
la gaieté des esprits sérieux. Je n'aime
pas une grimace sur une bouche habituée à
sourire aux caresses de la muse. Je ne veux
pas voir un éclair de joie bouffonne sur un front
creusé par la réflexion.
Chacun, pris dans son air, est agréable en soi.
J'aime le roi sur son trône, le poète sur son
trépied et Tabarin sur ses tréteaux (3).
Ô él le voit, .pour s'être fait attendre, la
riposte n'en est pas moins vive. Cet article
sur Victor Hugo et son livre du Rhin est
du reste l'un des plus remarquables qui
soient sortis de la plume de M. Cuvillier-
Fleury. « M. Victor Hugo, dit-il, est un
penseur; à Dieu ne plaise que je lui refuse
ce titre, auquel il paraît attacher beaucoup
de prix 1 Mais commentpense-t-il? Il évoque
une idée; l'idée lui apparaît sous forme
d'image, et, ainsi matérialisée, M". Vifctor
Hugo l'adopte. De là métaphore il fait un
argument, du symbole un syllogisme, dij
fantôme le corps, de l'apparition ridée. >j
L'une des idées de Vi'ctorllugo, én ce
temps-là, c'était de rejeter l'Angleterre
dans l'Océçm , la Russie 'dans l'Asie, et dq
les effacer l'une et l'autre de la carte d'Eu
rope.. Cela fait, il ne voit rien de -mieux,
« pour que l'Europe soit en équilibre », que
d'agrandir un peu'la Francé et démesuré i
ment lq. Prusse. A quoi M. Cuvillier-Fleury
répondait aveç un grand sens :
Vous rendez la rive gauche du Rhin à laj
France-,en étendant au-dessus dé sa tête (je.parle
votre langagè figuré),'au lieu de cette ' Priisseï
morcelée que les traités ont faite, une Prusse,
compact p , homogène, formidable, ^que vous gros-,
sissez démesurément aux, dépens du Hanovre,'
des deux Mecklembourg et des villes libres, et
dont vous mettez le pied sur là Belgique et lai
main surles deux mers. Voilà la géographie
(3) M. Victor Hugo sur les bords du Rhin.
M. Cuvillier-Fleury a reproduit cet article, ehj
1854 dans son volume Voyages et Voyageurs.' .
que vous faites; et dont pour ma part je ne
veux pas. Je crois qu'il n'est pas de l'intérêt de
la France d'avoir de gros Etats à sa porte, et
surtout de les grandir aux dépens des petits, de
les fortifier aux dépens des faibles ; et j 'aime
mieux, quoi qu'il nous en coûte, le grand-duché
du Bas-Rhin coupé en deux pa,r un fleuve im
mense et séparé de la Prusse par Cassel, que le
grand-duché vigoureusement ressoudé à la mo
narchie prussienne par l'absorption de la Hesse
électorale, et formant cette fois un contre-fort
à peu près indestructible contre, nous. « La
Prusse, dites-'vous, telle que les congrès l'ont coin*
posée, est mal faite ! » Le grand malheur, en
vérité! Et c'est vous qui voulez refaire la Prusse
contre la France, vous qui lui donnez des ports
sur l'Océan, qui lui incorporez le Hanovre, qui
reculez ses frontières, qui décuplez sa puissance
morale ! Et pourquoi ? Pour avoir le départe
ment du Mont-Tonnerre.
Ne vous semble-t-il pas, comme à moi,
qjie pettifi page, écrite en 1842, fait grand
honneur à M.Cuvillier-Flenry? Quant àVic-
lor Hugo, on voit qu'il a été le premier en
France, — le paemier après Voltaire, — à
désirer, à célébrer l'agrandissement de la
Prussè. Est-ce donc pour cela que, dans
une apothéos.e imbécile, Paris l'a mis au
Panthéon, comme Voltaire? .
, II. • ■ . -,... .
M- Cavïlliejr-Flçury retrouva Victor Hugo
en'1850. Le, vicomte Hugo est devenu, non
le chef (il ne fut jaipais qu'un homme à la
Suite), mais lé principal. orafeur du parli
tyltrà.-démocratifjue.dans l'Assemblée natio-
n.al'e, Olympi .0 a, troqué son manteau de pair
contre une carxaagnqle, et. son chapeau, à
plum,es contre un bonnet rouge. M. Cuvil-
iier-Fleurylui rappelle qu'il falun temps où
: « on lo.rencontrait au palais des Tuileries,
où son habit rayonnait de broderies et de
' plaques étincelantés »; et-, sans insister au-
'' tremenl, il lui. fait entendre^ dans un. excel
lent article, daté du . 16.juin 1850, de dures,
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