Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1887-09-12
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 septembre 1887 12 septembre 1887
Description : 1887/09/12 (Numéro 7207). 1887/09/12 (Numéro 7207).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 12 Septembre 1887
N* 7207 — Edition quotidienne.
Lundi 12 Septembre 1887
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EDITION QUOTI DIENNE
ÉTRANSER '
(DHIOU POSTAiS)
66 a
34 »
18 »
PARIS
*ï DÉPARTEMENT*
XJn an. , . ... „ 55 »
Sis mois. . . . 28 50
Trois mois, . . ' 15 »
£es alHMuwmeDts partent des i« et 16 de e&aqae mois
TJN NUMÉRO { Béatement.: ■ 20 .
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Père»
On s'abonne à Rome, place du Gesù, (
. ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS , ÉTRANGER
HT DÉPARTEMENTS '(OHIOIT P08TALS)
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Trois mois, r; . 8 50 10 »
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PARIS, 11 SEPTEMBRE 1887
Ce matin, le Journal officiel publie le
discours du général Perron que nous
avons donné hier. Cette publication
dans l'organe officiel est la confirma-
tian de ce qui a été dit au sujet de la
satisfaction de gouvernement à la suite
de l'épreuve que l'on vient de faire des
règlements sur la mobilisation.
Un ancien ministre, qui compte en
core parmi les personnages impor
tants de l'opportunisme, M. Martin-
Feuillée, a saisi l'occasion d'une réu
nion agricole pour faire un discours
politique. Donc, l'ex-collègue de M.
Jules Ferry se déclare partisan du
ministère Rouvier, au risque d'être
accusé d'entente avec la droite ; il veut
une république ouverte à laquelle on
puisse gagner sinon les chefs monar
chistes, au moins les conservateurs
moins importants qui ne cherchent
dans la monarchie qu'un moyen d'as
surer la tranquillité publique; il re
commande de nouveau l'union entre
les républicains, plus divisés par les
compétitions d'ambition que par les
Srincipes, et termine en se plaignant
es injures prodiguées par des républi
cains à d'autres républicains. L'ex-
collègue de M. Jules Ferry peut in
voquer ici son expérience person
nelle.
Nous donnons plus loin la partie
politique de ce discours, auquel on
paraît attacher une certaine impor
tance.
Le conseil municipal recule, mais
en dissimulant le plus qu'il peut sa
retraite. Il renonce donc à la date du
22 septembre, anniversaire de la pro
clamation de la république de 1792,
et ajourne sine'die la réunion du con
grès _ des représentants des conseils
municipaux. Une déclaration dans ce
sens a été rédigée hier par le bureau
du conseil, qui, pour la forme, affir
me encore son droit de convoquer les
délégués des conseils et l'utilité d'une
réunion de ce genre pour la cause répu
blicaine.
Entait, le ministère, si faible qu'il
soit, est victorieux, et comme nous
l'avons dit, cela augmente sa culpabi
lité lorsque, comme il le fait trop sou
vent, il cède aux criailleries radicales.
Malgré les démentis de l'officieuse
Gazette de l'Allemagne du Nord, cer
tains journaux continuent à parler de
l'entrevue des deux empereurs d'Alle
magne et de Russie ; toutefois on croit
de moins en moins à cette entrevue,
que tout, dans le langage des journaux
allemands officieux ou des journaux
russes, semble éloigner. Evidemment
on y a pensé sans doute à Berlin,
mais le moment n'était pas favorable
à un rapprochement.
Que se passe-t-il en Bulgarie? Que
devient l'idée d'une médiation de l'Al
lemagne? On ne peut rien dire; les
nouvelles, très inquiétantes la veille,
sont rassurantes le lendemain, pour se
modifier de nouveau le surlendemain.
Quant au prince Ferdinand, les uns
continuent à le présenter comme prêt
à partir, la situation étant de plus en
plus intenable ; les autres comme plus
disposé que jamais à rester, la situa
tion s'améliorant.
Des désordres ont eu lieu en Ir
lande; le sang a coulé, et il y a tout
lieu de craindre qu'avec la politique
de coercition dans laquelle s'est enga
gé et s'entête le ministère conserva
teur, cela ne s'arrête pas là. A la
Chambre des communes, sir Balfour a
prétendu rendre responsables des faits
et les Irlandais et ceux qui les encou
ragent à la résistance. On lui a ré
pondu avec raison qu'il parlait sur des
rapports suspects de police, et que la
responsabilité de la situation incom
bait aux conservateurs anglais, qui
refusent aux Irlandais une satisfac
tion légitime.
Teut cela finira par une nouvelle
amélioration de la situation de l'Ir
lande, mais par quels malheurs aura-
t-elle été achetée ? '
La santé du vieux roi de Hollande
cïiuse de vives inquiétudes ; sa mort
peut amener de graves complications.
Outre la Hollande, dont l'héritière lé
gitime est sa fille, enfant en bas âge,
il y a le duché de Luxembourg, dont la
succession est réglée différemment et
sur lequel M. de Bismarck pourrait
bien vouloir mettre la main. Ce serait
une nouvelle menace pour la paix eu
ropéenne, déjà suffisamment mena
cée.
Notre dernière Correspondance ro
maine contenait, à propos des droits
royaux du Pape et de la nécessité du
pouvoir temporel, quelques lignes de
la Civiltà cattolica qui nous paraissent
motiver une réserve et une observa
tion. La grande, revue catholique,
croyant utile d'établir une fois déplus
que l'Italie ne serait pas démembrée
parce que le chef de l'Eglise y possé
derait une vraie souveraineté, disait :
N'avons nous pas « la souveraineté de
« la France dans la Corse, à Nice et en
« Savoie; de l'Angleterre à Malte; de
« la Suisse dans le Tessin ; de l'Autri-
« che dans le Trentin, toutes terres ita-
« liennes... »
Toutes ces terres sont-elles vraiment
italiennes, même celles où l'on ne
parle pas italien ? Nous neus permet
tons d'en douter, et c'est là l'objet de
notre réserve. Nous la faisons sans y
insister, la chose, en ce qui nous tou
che comme Français, étant, quant à
présent, sans importance.
Venons aux paroles qui nous sem
blent appeler une observation. Après
avoir constaté que l'Italie entretient
des relations d'amitié et de paix avec
les divers Etats détenteurs de terres ita
liennes , la Civiltà cattolica ajoute:
« Pourquoi ne pourrait-elle entretenir
« les mêmes relations avec un prince
« italien de naissance et de cœur?... »
Gela peut-être bon à dire au point
de vue de l'Italie et la Civiltà cattolica
l'a compris de la sorte; mais d'autres
feuilles catholiques de France et d'ail
leurs, ne le répètent-elles pas trop sou
vent et d'une façon trop générale?
Neus rencontrons sans cesse, en effet,
des articles où l'on conjure l'Italie ré
volutionnaire de ne pas s'opposer à la
souveraineté temporelle de la Papauté
puisque le Pape est « italien de nais
sance et de cœur. »
Cette raison joint à l'inconvénient
de ne toucher aucunement les enne
mis auxquels on l'objecte, celui de
rapetisser et même, pour certaines
gens, défausser la question. LéonXIII
est italien par sa naissance et, certes,
bon italien, comme l'ont été depuis
des siècles ses prédécesseurs; le Pape
ne l'est point. Ce n'est ni de son ori
gine, ni des sentiments de son cœur,
au point de vue national qu'il tient
ses droits de souverain. C'est au ohef
de l'Eglise que Rome appartient, c'est
le chef de l'Eglise, quel que soit le lieu
de.sa naissance, qui est roi. -
Sans doute, quand le Pape avait des
états relativement étendus et que
l'Italie comptait de nombreux souve
rains, des raisons très sages, très po
litiques, faisaient désirer qu'il fût né
parmi ses sujets. Mais les choses ont
changé et l'Italie qui a dépouillé le
Pape, aurait tort de prétendre ou seu
lement d'insinuer qu'il ne devra re
couvrer Rome qu'à la condition d'être
« italien de naissance et de cœur. »
Rome est la propriété de l'Eglise, les
catholiques du monde entier, qui ont
besoin que leur chef soit indépendant-,
revendiquent cette propriété pour le
Pape, sans s'inquiéter ni du lieu où il
est né, ni des sentiments de son cœur
pour telle ou telle nation. Ils savent,
d'ailleurs,quele Vicaire de Jésus-Christ,
sans oublier aucun des mérites,aucun
des services d'aucun peuple dans le
passé ou dans le présent, leur porte à
tous un égal amour, car tous sont au
même titre ses enfants.
Nos maîtres de la Citilta cattolica
nous pardonneront d'avoir, à propos
de l'un de leurs beaux articles, adressé
ces courtes observations à d'autres écri
vains, trop portés, par suite de préoc
cupations italiennes et politiques, à
voiler le vrai caractère de la question
romaine.
E ugène V euillot.
Nous apprenons que M. l'abbé Guil-
lot, l'ancien curé de Châteauvillain,
est nommé économe du petit sémi
naire de la Côte-Saint-André. Dans .ce
nouveau poste, dont le zèle et l'abné
gation de M. l'abbé Guillot lui ont ren
du l'acceptation facile, les sympathies
et l'admiration des catholiques qui sa
vent se souvenir accompagneront le
prêtre, aussi ferme que pieux, dont le
nom, cher à son vaillant évêque, est
désormais associé pour toujours à la
glorieuse revendication des droits de
Dieu contre les entreprises sataniques
de la Révolution.
Un congrès de jurisconsultes, où
brillent principalement des notabili
tés du parti républicain, s'est réuni
dans la salle du Grand-Orient, sous la
présidence de M. Colfavru, pour discu
ter divers projets de réforme judi
ciaire. .
Ces messieurs proposent notamment
d'étendre la compétence des juges de
paix jusqu'aux limites de la compé
tence actuelle des tribunaux de. pre
mière instance, ce qui permettrait de
supprimer ceux-ci. Nous ne discute
rons même ,pas cette idée, qui nous
semble inadmissible a priori, et ce,
pour mille raisons de pratique qui exi
geraient ici des développements trop
minutieux.
Remarquons seulement que le juge
unique réunissant les attributions des
tribunaux de première instance et
ceux des justices de paix serait un vé
ritable prodige d'activité, d'expérience
et de compétence, ou bien il serait au-
dessous de sa fonction. On n'a pas
l'idée, dans le public, du labeur d'un
magistrat qui veutfaire exactementson
métier. Bien entendu, on donnerait au
juge des auxiliaires, qui seraient, de
fait, des magistrats sans responsabilité
et sans indépendance. Le résultat le
plus net .serait de créer un réseau de
fonctionnaires en petit nombre, mais
tout-puissants, qui tiendraient toutes
les affaires et tous les intérêts. Ce serait
un instrument formidable aux mains
de la maçonnerie, qui patronne le pro
jet par l'organe de son grand maître.
Un projet plus sérieux est la sup
pression des charges d'avoués. Nous
avons naguère traité la question avec
les développements voulus. Cette ré
forme est simple et pratique, puisque
jièjà les avoeats et les juges se passent
d'avoués dans nombre de cas, par
exemple dans les affaires sur citation
directe devant le tribunal correction
nel. Cette citation directe entre par
ties serait aussi aisée pour les affaires
civiles, si aisée que souvent des affai
res civiles ont une tendance à prendre
la forme de débats correctionnels.Nous
remarquions en outre que les charges,
fortchères, des officiers ministériels im
posés aux plaideurs valent un milliard,.
dont l'intérêÇest de cinquante millions.
Cet intérêt est le premier emploi qui
est fait de l'argent des plaideurs, puis
que l'avoué ne peut pas considérer
comme un gain ce qui n'est encore
que le loyer du capital qui a payé sa
Charge. Ainsi les plaideurs payent cha
que année, en outre des frais de justice
et même des honoraires des gens de
loi, cinquante millions qui n'ont au
cune utilité pour l'expédition des af
faires. Presque le budget d'un minis
tère!
Une autre réforme serait celle du
barreau. Tous les licenciés en droit se
raient avocats, sans condition de stage
ni d'inscription au tableau. Ceci sem
ble aller trop loin. La suppression des
avoués augmenterait la responsabilité
des avocats au moment même où l'on
cesserait d'exiger d'eux les garanties
professionnelles du stage et des règle
ments corporatifs, lesquels sont faits,
en réalité, pour la sécurité du public,
et non pour ,1e plaisir ni dans l'intérêt
des avocats. Les supprimer serait au
moins imprudent. C'est si peu d© chose
qu'un licencié en droit sortant de
l'école, et il a besoin de savoir tant
de choses encore, pour donner un
conseil pratique dans" la moindre
affaire !
Après tout, on peut dire que c'est
affaire aux plaideurs à choisir leurs
conseils, et s'il ne s'agissait que des
avocats et de leurs intérêts, nous les
laisserions y pourvoir eux-mêmes !
Seulement voici autre chose : plus
d'officiers ministériels, plus de barreau
offrant quelque surface: alors que
sera le recrutement de la magistra
ture ? Où prendra-t-on ces juges de
paix de qui on exigera tant de cho
ses ? Aujourd'hui un avocat qui a trois
ans de stage et dix ans d'inscription
(conditions requises par le code pour
le titre de jurisconsulte) peut rassurer
le ministre qui lui confie, un siège.
Fût-il médiocre, il saura s'en tirer en
core, par l'habitude et le maniement
des affaires. Une fois que tous les
Français seront égaux devant la li
cence en droit, à quoi reconnaîtra-
t-on dans le troupeau des licenciés ce
lui qui doit juger les autres ? Et en
vertu de quel droit? Nous soupçon
nons véhémentement les frères trois
points d'avoir là-dessus des idées dont
ils ne nous ont pas dit le fin mot.
G. Boia.
On lit dans le Journal des Débats :
Si habitué que l'on soit à la bienveillance
que les jurés français témoignent à certains
assassins, le verdict qui vient d'être rendu
par le jury de la Loire ne laisse pas de
causer quelque surprise... Ce que nous igno
rions, et ce qu'il était réservé au jury de la
Loire de nous apprendre, c'est qu'il est des
cas où les enfants peuvent, sans s'exposer à
de sérieux ennuis, se débarrasser des
grands parents qui leur deviennent impor
tuns.. Une jeune fille avait commencé par
volersagrand'mère,puis l'avait tuée à coups
de marteau, parce que celle ci s'était ou
bliée au point de la traiter de voleuse. Le
jury a considéré apparemment que cette
femme s'était attiré cette infortune en se
servant, aussi mal à propos, d'une expres
sion aussi fâcheuse, et que sa petite-fille
avait pu l'assassiner sans scrupule pour lui
apprendre à mieux parler.
La victime, d'ailleurs, avait quatre-vingt-
trois ans, et tout le monde sait qu'à cet âge
la vie devient un fardeau. Nous cherchons
en vain une autre explication du verdict
d'acquittement que les jurés delà Loire
ont rapporté. Ce qui nous paraît le plus
clair, c'est que à force d'absoudre des cou
pables avérés,'le jury finira par se con
damner lui-même, et qu'il en faudra venir
un jour-ou l'autre à réformer une institu
tion qui méritait pourtant un meilleur sort.
Ce n'est pas seulement à propos du
jury de la Loire que peuvent s'appli
quer ces réflexions du Journal des Dér
bats. Que de fois ne les a-t-on pas faites
à propos d'autres acquittements non
moins monstrueux,depuis que les idées
de la morale laïque ont été de la part
du gouvernement l'objet d'une pro
pagande dont on peut déjà connaître
les résultats?
Voici les termes de la déclaration
que le bureau du conseil municipal de
Paris a arrêtée et par laquelle il ajourne
le fameux congrès des représentants
des conseils municipaux :
Paris, le 11 septembre 1887.
-Conformément à la délibération du 27
juillet 1887 l'invitant à prendre les mesures
nécessaires « pour l'organisation, dans le
plus bref délai possible, d'un congrès des
représentants des conseils municipaux do
France », le bureau du conseil avait cru
devoir choisir la date du 22 septembre pour
la réunion de ce congrès.
Des lettres de convocation ont été adres
sées dans ce but à toutes les municipalités
de France dès le 22 août. Le 24 seulement,
paraissait au Journal officiel un décret d'an
nulation; les préfets recevaient l'ordre d'an
nuler les délibérations favorables au con
grès. D'autre part, nombre de lettres de
convocation ne parvenaient pas à leur
adresse.
Etant donnés les actes de pression du
gouvernement et les entraves de toutes sor
tes apportées à la réunion projetée, le bu
reau a cru de son devoir de retarder l'ou
verture du congrès, dont la date sera ulté
rieurement fixée.
La question n'en est pas moins tout en
tière dans les termes où elle a été résolue
par le conseil.
Fidèle au mandat qu'il a reçu, le bureau
coniinuedonc à recevoir les adhésions et
invi te les municipalités à désigner les dé
légués en session où hors session.
Les communes ne se laisseront pas inti
mider par les agissements d'un ministère
qui ne vit que grâce à, l'appui et au bon
vouloir des ennemis de la république.
Le gouvernement, qui n'applique pas,
avec raison d'ailleurs, l'article 292 du Code
pénal à des associations opportunistes, trahi
rait la cause républicaine s'il s'opposait à
une réunion des délégués des communes
délibérant sur les libertés publiques.
Le bureau du conseil :
Hovelacque, président; Chassaing, vice-
Erésideni ; Daumas, de Bouteiller,
ubois, Patenne,'secrétaires ; Mayer,
syndic.
Voici la note de l 'Osservatoreromano,
relative aux affaires de Bulgarie, qu'a
signalée le télégraphe :
Divers journaux italiens et étrangers ont
prétendu, à l'occasion des derniers événe
ments en Bulgarie, que le Vatican se livrait
à des agissements secrets sur cette ques
tion. Nous sommes autorisés à déclarer
que tout ce qui a été écrit à ce sujet est
dénué de fondement. Des insinuations sem
blables ne peuvent être attribuées qu'à la
malveillance'envers le Saint-Siège ou à des
menées politiques faciles à comprendre.
Un peu de chronique judiciaire
Une république hydride, infectée de
parlèmentarisme, voilà tout ce qu'ont
pu inventer pour le pays les hommes
politiques de 1875. Or, les politiciens
de cette période étaient, de l'avis gé
néral, une élite. Il y avait là les pré-
potentes importances des centres, il y
avait la pléiade des ducs faisant le jeu
de Gambetta et de ses féaux. Il est
sorti de ces conjonctions la constitu
tion de 1875, car c'est une constitu
tion ce qu'ont fait en commun ces per
sonnages. Va pour constitution, le
mot ne tire pas à conséquence ; le dif
ficile serait de faire passer cette chose-
là pour un gouvernement.
Le propre des gouvernements est d®
procurer la paix publique, d'assurer
aux particuliers la liberté de vaquer à
leurs affaires et aux devoirs de leur
état,* de garantir en un mot à tous là
primordial droit de vivre dans des
conditions possibles. Tout à l'inverse,
la république spéciale dont nous jouis
sons est l'ennemie née de la paix.; sa,
tâche est de diviser la nation ^contre
elle même, et, par la guerre déclarée
aux croyances, à la morale et au sens
commun, de perturber jusqu 'aux abî
mes la société, de mettre en question
tous les jours toutes les existences.
Sous les gouvernements de bon aloy
l'ordre et la sécurité qui en est le fruit
sont l'état ordinaire, l'agitation n'est
que l'accident. Dans notre république»
métise, le rapport est renversé; c'est
l'état de convulsion qui est la règle,
un peu de bon ordre et de calpe de
vient l'anomalie. Cette disposition-ex
travagante des choses est pliée à une
espèce d'organisation, il y entre de la
réglementation, des chiffres exacts»
De par la constitution, il est accordé
au peuple français, pour se remettre
des transes ininterrompues, .de la polir
tique, il est accordé au peuple fran
çais, bon an mal an, quelques cinq ou
six semaines de détente, précisément
ce que dure l'entretemps de vacances
des deux Chambres. Nous sommes à
un de ces fugitifs moments où le pays,
entre deux écœurements, reprend na-
leine. Ce n'est pas la délivrance xïer-
tes, ce n'est qu'un répit. L'ennemi de
main reprendra ses positions ; l'insé
curité, l'angoisse prochaine subsis
tent.
. En tout cas, il y a de moins, à la
minute présente, les éclats de la criar
de éloquence de tribune. Il y a de
moins le bruit que font en session nos
majorités légiférantes, ce bruit toni-'
truant et vide qui couvre la voix d'au
tres pouvoirs moins tapageurs, où s'a
gitent en somme des intérêts relative
ment plus pratiques. Le momentané
silence de la tribune notamment per
met de donner aux bourdonnements
de la barre une attention moins dis
traite et partagée qu'en temps ordi
naire. Revenons en passant, si l'ont
veut bien,à cette veine habituellement
assez négligée des petits événements
judiciaires. Ne nous faisons pas au
reste d'illusion ; ce qui se passe de ce
côté n'est guère plus réconfortant que
la politique courante, guère moins
marqué au signe des civilisations irré
médiablement décadentes.
Tout d'abord causons d'un arrêt dtf
fraîche date — du 26 juillet 1887 —
de la [première chambre de la cour de
Paris. Il s'agit de divorce et d'adultère,
matières connexes. Le point de fait
est des plus .simples. Le 23 juillet 1886,
le tribunal civil de la Seine prononçait
le divorce entre le marquis et la mar
quise de X. Le jugement était rendu à
la requête du mari, il était motivé sur
l'adultère constaté de l'épouse. La
garde des enfants avait été, comme de
raison, remise au mari demandeur en
divorce. Une clause du jugement au
torisait d'ailleurs la mère, ainsi qu'il
est d'usage, à voir ses enfants à cer
tains jours déterminés dans les mai
sons d éducation où ils seraient placés*
ainsi qu'à les recevoir à son propre
domicile durant une partie des va
cances.
En somme, la possession des en
fants était partagée presque également
entre le mari offensé et la femme cou
pable ; le jugement n'avait voulu à
aucun degré faire expier à la mère les
infidélités de l'épouse. Soit, ne discu
tons pas. Les abus de clémence en
trent comme partout dans les mœurs
judiciaires ; acceptons jusque-là le ra
mollissement des choses. C'est dans
les circonstances qui ont suivi que la
persévérante mansuétude des juges,
à notre humble avis, est devenue une
réelle injure aux sentiments ainsi
qu'aux plus vulgaires notions d'hon
nêteté.
' Exposons en peu de mots la suite
des faits. Rendue libre par le di-
FEUILLÈTON DE. L 'UNIVERS
DO 12 9EPTEMBRB 1837
Les études hébraïques et orientales
coup d'usil historique .
sur' leurs origines bt sur leurs progrès
L'étude des langues orientales, à laquelle
on se livre aujourd'hui avec tant d'ar
deur, doit son origine, comme tai\t d'au
tres études scientifiques, au christianisme.
Ce fut par respect et par amour des saintes
Ecritures qu'Origène et saint Jérôme ap
prirent avec tant de peines la langue hé
braïque. Ce fut,plus tard aussi, pour mieux
comprendre et expliquer las livres inspirés
de l'Ancien Testament qu'on se mit à ap
prendre la langue sainte, en même temps
qu'on apprit l'arabe pour défendre' la foi
contre le mahométisme et contre la philo
sophie sceptique des traducteurs et des
commentateurs orientaux d'Aristote. Il ne
sera pas sans intérêt de jeter un coup d'œil
sur les commencements et les progrès de
l'étude des langues de l'Orient en Europe.
'I. '
Les premiers pnaîtrea de langues sémiti
ques furent des juifs ou des Maures con
vertis. C'est au douzième siècle que les
théologiens ^commencèrent & sentir vive
ment l'utilité de la connaissance de l'hébreu
et de l'arabe.
Gérard de Crémone, né en 1114, en Lom-
bardie, mort en 1187, alla étudier en Es
pagne les mathématiques et l'arabe, et il
traduisit de cette dernière langue en latin
plusieurs auteurs arabes, ainsi que des au
teurs grecs que les Maures avaient déjà
traduits-eux-mêmes. Ses travaux eurent du
succès et contribuèrent beaucoup à mettre
la philosophie arabe à la mode.
Au treizième siècle, le dominicain Albert
Je Grand, né en Souabe (1193 ou 1205),pro
fessa avec éclat à Paris (où son nom désigne
encore une place au pied de la montagne
Sainte-Geneviève, la place Maubert, con
traction de Maître-Albert), puis à Cologne,
où il mourut en 1280, après avoir été évê
que de Ratisbonne.Ce savant universel, qui
a laissé dans l'imagination populaire un si
grand souvenir, fut un des maîtres de la
science orientale.
L'élève d'Albert le Grand, saint Thomas-
d'Aquin, plu 5 illustre encore que son maî
tre, favorisa de tout son pouvoir les études
orientales; mais les premiers orientalistes
furent, avec le domicain Souaba, le moine
anglais Scott, qui' avait appris l'arabe à
Tolède; le fameux Roger Bacon, de l'ordre
de Saint-François (1214-1294), qui, tout en
faisant ses célèbres expériences,avait appris
avec beaucoup de soin le grec, l'hébreu et
l'arabe; et un autre dominicain, Raymond
Lulle (1235-1315). Ce dernier, .esprit chimé
rique et aventureux, qui avait de" grandes
qualités avec de grands défauts, conçut le
projet de former une milice de théologiens
destinés à aller convertir les musulmans
par la dialectique. Dans ce but, il apprit
l'arabe et fut l'un des plus ardents propaga
teurs des études orientales. Il voulait fonder
un collège où on aurait enseigné les langues
sémitiques, et il propagea ses idées à Mont
pellier (1276), à Rome (1285), à Paris.(1287),
à Gênes. (1289).
Cè fut sous l'impulsion de Raymond
Lulle que le concile de Vienne en Dauphiné
décida, en 1311, la créatiqn de chaires d'hé
breu et d'arabe à l'université de Paris.
A la fin du treizième siècle et au commen
cement du quatorzième, un juif converti,
Nicolas de Lyrie, ainsi nommé du lieu de
sa naissance, dans le diocèse d'Evreux (vers
1270-1340), s'acquit un grand renom par sa
science des langues et par ses commen
taires. Après avoir étudié sous les rabbins,
il prit l'habit des frères mineurs, en 1291.
Il composa surtout la Bible des Postilles ou
petits commentaires, augmentés depuis par
Paul de Burgos (vers 1350-1435), autre juif
converti, et incorporés en 1660 dans la Bi-
blia maxima. Ces Postilles ont joui pendant
plusieurs siècles d'une autorité extraordi
naire, fondée en grande partie sur la répu
tation d'hébraïsant de l'auteur, au point
qu'il était passé en proverbe :
Si Lyra non lyrasset. ,
Ecclesia Dei non saltasset.
Au quatorzième siècle, Pierre, abbé de
Cluny, fait traduire le Coran et réfuter Ma
homet. En 1455, on appelle à. Paris un
professeur d hébreu. L'évêque de Durhain,
fait composer la première grammaire hé
braïque.
Au commencement du seizième siècle,
les études orientales font des progrès sen
sibles et rapides. En 1506, Reuchlin, de
Pforzheim (1454-1522), publie une gram
maire hébraïque à l'usage des chrétiens,
après avoir enseigné le grec à Orléans et à
Poitiers. En 1512, il publie aussi un lexique
hébreux. Dans les dernières années de sa
vie, il prqfesse l'hébreu à Tubingue.
, En 1530, François I" fonde le Collège de
France, qui porta d'abord le nom de Col
lège des trois langues, parce qu'il n'y eut
primitivement que trois chaires de langues:
le latin, le grec et l'hébreu, auxquelles
devaient s'ajouter par la suite des temps
le chaldéen, le syriaque, l'arabe, le persan,
etc. L'un des premiers professeurs fut
Postel.
Guillaume Postel (1510-1581), l'un des
premiers orientalistes français, orphelin à
l'âge de huit ans, maître d'école à quatorze,
se fit ensuite domestique au collège de
Sainte-Barbe, où il apprit sans maître le
grec et l'hébreu. François I", instruit de
son mérite, l'envoya en Orient, d'où il rap
porta des manuscrits précieux.Il fut nommé,
en 1539, professeur de mathématiques et de
langues orientales au Collège de France. La
foule des auditeurs'était telle pour l'entendre,
qu'il les réunissait dans la cour et leur
parlait d'une fenêtre. Il s'abandonna mal
heureusement aux plus étranges rêveries; il
crut que l'âme d'Adam était entrée dans son
corps et qu'il était ressuscité, etc. Malgré
ses idées folles, il fut un des hommes les
plus savants de son siècle. Il se vantait de
pouvoir faire le tour du monde sans avoir
besoin d'interprète. On lui doit divers ou
vrages sur l'alcoran, sur le phénicien et l'hé
breu, et Linguarum duodecim chai'acteribus
di/jferentium alphabelum, Paris, 1538, in-4,
qui est le premier essai connu de grammaire
comparée. Ses écrits théologiques ont été
mis à l'index.
Henri III fonda une chaire d'arabe au Col«
lègé de France. Les Papes Grégoire XIII
et Paul V posèrent les fondements des mis
sions orientales. Rois de France et Souve
rains-Pontifes semblaient ainsi rivaliser de
zèle pour les.progrès des études orientales
et du christianisme. Sous Louis XIII, la ty
pographie orientale prit un grand essor.
Louis XIV établit les premiers interprètes
français dans le Levant. Mais, plus que
tout le reste, les missions devaient ouvrir
des horizons nouveaux à l'orientalisme et à
la linguistique en général. Saint François
Xavier avait organisé la grande œuvre de
la prédication de l'Evangile dans l'Inde, où
ses successeurs devaient étudier le sans
crit, dont la connaissance devait changer
en notre siècle la face des études philolo
giques. En 1606, Robert' de Nobili s'initiait
à. la langue et à la science des brahmanes.
Les premiers missionnaires qui réussirent
à attirer l'attention des savants d'Europe
sur la langue et la littérature sanscrites, ce
furent les jésuites français que Louis XIV
.envoya dans l'Inde, après le traité de Rys-
wick, en 1697.
Le P. Pons écrivit en 1740 au P. Duhalde
une lettre imprimée dans la collection des
Lettres édifiantes, qui fait connaître exacte
ment les principales branches de la littéra
ture sanscrite. .Un carme, le P. Paulin de
Saint-Barthélémy, qui avait habité l'Inde de
1776 à 1789, publia à Rome, en 1790, la
première grammaire sanscrite qu'ait connue
l'Europe : Sidharubam seu grammatica sans-
cridamica..
Pendant que les missionnaires se livraient
avec ardeur dans l'Inde à l'étude du sans
crit, les savants d'Europe ne restaient pas
inactifs et consacraient leurs veilles aux
langues orientales depuis longtemps con
nues. La dynastie des Buxtorf, de Weat-
phalie, publiait des travaux importants sur
l'hébreu et lè chaldéen et préparait lesvoies
à l'étude comparée des langues.
Au dix-septième siècle, l'Université de
Leyde occupe une place d'honneur dans les
études orientales. Erpenius y donne la pre
mière grammaire arabe ; du Ryer, -la pre
mière grammaire turque; Louis de Dieu, la
première grammaire persane ; Golins y pu
blia le texte arabe de l'histoire de Tamerlàii
et un dictionnaire arabe. Le dictionnaire
arabe de Golins parut en 1653. En 1645, La
N* 7207 — Edition quotidienne.
Lundi 12 Septembre 1887
sbss
EDITION QUOTI DIENNE
ÉTRANSER '
(DHIOU POSTAiS)
66 a
34 »
18 »
PARIS
*ï DÉPARTEMENT*
XJn an. , . ... „ 55 »
Sis mois. . . . 28 50
Trois mois, . . ' 15 »
£es alHMuwmeDts partent des i« et 16 de e&aqae mois
TJN NUMÉRO { Béatement.: ■ 20 .
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doit êtr» accompagnée d'une des dernières
bandes et de 50 centimes en timbres-
PARIS, 11 SEPTEMBRE 1887
Ce matin, le Journal officiel publie le
discours du général Perron que nous
avons donné hier. Cette publication
dans l'organe officiel est la confirma-
tian de ce qui a été dit au sujet de la
satisfaction de gouvernement à la suite
de l'épreuve que l'on vient de faire des
règlements sur la mobilisation.
Un ancien ministre, qui compte en
core parmi les personnages impor
tants de l'opportunisme, M. Martin-
Feuillée, a saisi l'occasion d'une réu
nion agricole pour faire un discours
politique. Donc, l'ex-collègue de M.
Jules Ferry se déclare partisan du
ministère Rouvier, au risque d'être
accusé d'entente avec la droite ; il veut
une république ouverte à laquelle on
puisse gagner sinon les chefs monar
chistes, au moins les conservateurs
moins importants qui ne cherchent
dans la monarchie qu'un moyen d'as
surer la tranquillité publique; il re
commande de nouveau l'union entre
les républicains, plus divisés par les
compétitions d'ambition que par les
Srincipes, et termine en se plaignant
es injures prodiguées par des républi
cains à d'autres républicains. L'ex-
collègue de M. Jules Ferry peut in
voquer ici son expérience person
nelle.
Nous donnons plus loin la partie
politique de ce discours, auquel on
paraît attacher une certaine impor
tance.
Le conseil municipal recule, mais
en dissimulant le plus qu'il peut sa
retraite. Il renonce donc à la date du
22 septembre, anniversaire de la pro
clamation de la république de 1792,
et ajourne sine'die la réunion du con
grès _ des représentants des conseils
municipaux. Une déclaration dans ce
sens a été rédigée hier par le bureau
du conseil, qui, pour la forme, affir
me encore son droit de convoquer les
délégués des conseils et l'utilité d'une
réunion de ce genre pour la cause répu
blicaine.
Entait, le ministère, si faible qu'il
soit, est victorieux, et comme nous
l'avons dit, cela augmente sa culpabi
lité lorsque, comme il le fait trop sou
vent, il cède aux criailleries radicales.
Malgré les démentis de l'officieuse
Gazette de l'Allemagne du Nord, cer
tains journaux continuent à parler de
l'entrevue des deux empereurs d'Alle
magne et de Russie ; toutefois on croit
de moins en moins à cette entrevue,
que tout, dans le langage des journaux
allemands officieux ou des journaux
russes, semble éloigner. Evidemment
on y a pensé sans doute à Berlin,
mais le moment n'était pas favorable
à un rapprochement.
Que se passe-t-il en Bulgarie? Que
devient l'idée d'une médiation de l'Al
lemagne? On ne peut rien dire; les
nouvelles, très inquiétantes la veille,
sont rassurantes le lendemain, pour se
modifier de nouveau le surlendemain.
Quant au prince Ferdinand, les uns
continuent à le présenter comme prêt
à partir, la situation étant de plus en
plus intenable ; les autres comme plus
disposé que jamais à rester, la situa
tion s'améliorant.
Des désordres ont eu lieu en Ir
lande; le sang a coulé, et il y a tout
lieu de craindre qu'avec la politique
de coercition dans laquelle s'est enga
gé et s'entête le ministère conserva
teur, cela ne s'arrête pas là. A la
Chambre des communes, sir Balfour a
prétendu rendre responsables des faits
et les Irlandais et ceux qui les encou
ragent à la résistance. On lui a ré
pondu avec raison qu'il parlait sur des
rapports suspects de police, et que la
responsabilité de la situation incom
bait aux conservateurs anglais, qui
refusent aux Irlandais une satisfac
tion légitime.
Teut cela finira par une nouvelle
amélioration de la situation de l'Ir
lande, mais par quels malheurs aura-
t-elle été achetée ? '
La santé du vieux roi de Hollande
cïiuse de vives inquiétudes ; sa mort
peut amener de graves complications.
Outre la Hollande, dont l'héritière lé
gitime est sa fille, enfant en bas âge,
il y a le duché de Luxembourg, dont la
succession est réglée différemment et
sur lequel M. de Bismarck pourrait
bien vouloir mettre la main. Ce serait
une nouvelle menace pour la paix eu
ropéenne, déjà suffisamment mena
cée.
Notre dernière Correspondance ro
maine contenait, à propos des droits
royaux du Pape et de la nécessité du
pouvoir temporel, quelques lignes de
la Civiltà cattolica qui nous paraissent
motiver une réserve et une observa
tion. La grande, revue catholique,
croyant utile d'établir une fois déplus
que l'Italie ne serait pas démembrée
parce que le chef de l'Eglise y possé
derait une vraie souveraineté, disait :
N'avons nous pas « la souveraineté de
« la France dans la Corse, à Nice et en
« Savoie; de l'Angleterre à Malte; de
« la Suisse dans le Tessin ; de l'Autri-
« che dans le Trentin, toutes terres ita-
« liennes... »
Toutes ces terres sont-elles vraiment
italiennes, même celles où l'on ne
parle pas italien ? Nous neus permet
tons d'en douter, et c'est là l'objet de
notre réserve. Nous la faisons sans y
insister, la chose, en ce qui nous tou
che comme Français, étant, quant à
présent, sans importance.
Venons aux paroles qui nous sem
blent appeler une observation. Après
avoir constaté que l'Italie entretient
des relations d'amitié et de paix avec
les divers Etats détenteurs de terres ita
liennes , la Civiltà cattolica ajoute:
« Pourquoi ne pourrait-elle entretenir
« les mêmes relations avec un prince
« italien de naissance et de cœur?... »
Gela peut-être bon à dire au point
de vue de l'Italie et la Civiltà cattolica
l'a compris de la sorte; mais d'autres
feuilles catholiques de France et d'ail
leurs, ne le répètent-elles pas trop sou
vent et d'une façon trop générale?
Neus rencontrons sans cesse, en effet,
des articles où l'on conjure l'Italie ré
volutionnaire de ne pas s'opposer à la
souveraineté temporelle de la Papauté
puisque le Pape est « italien de nais
sance et de cœur. »
Cette raison joint à l'inconvénient
de ne toucher aucunement les enne
mis auxquels on l'objecte, celui de
rapetisser et même, pour certaines
gens, défausser la question. LéonXIII
est italien par sa naissance et, certes,
bon italien, comme l'ont été depuis
des siècles ses prédécesseurs; le Pape
ne l'est point. Ce n'est ni de son ori
gine, ni des sentiments de son cœur,
au point de vue national qu'il tient
ses droits de souverain. C'est au ohef
de l'Eglise que Rome appartient, c'est
le chef de l'Eglise, quel que soit le lieu
de.sa naissance, qui est roi. -
Sans doute, quand le Pape avait des
états relativement étendus et que
l'Italie comptait de nombreux souve
rains, des raisons très sages, très po
litiques, faisaient désirer qu'il fût né
parmi ses sujets. Mais les choses ont
changé et l'Italie qui a dépouillé le
Pape, aurait tort de prétendre ou seu
lement d'insinuer qu'il ne devra re
couvrer Rome qu'à la condition d'être
« italien de naissance et de cœur. »
Rome est la propriété de l'Eglise, les
catholiques du monde entier, qui ont
besoin que leur chef soit indépendant-,
revendiquent cette propriété pour le
Pape, sans s'inquiéter ni du lieu où il
est né, ni des sentiments de son cœur
pour telle ou telle nation. Ils savent,
d'ailleurs,quele Vicaire de Jésus-Christ,
sans oublier aucun des mérites,aucun
des services d'aucun peuple dans le
passé ou dans le présent, leur porte à
tous un égal amour, car tous sont au
même titre ses enfants.
Nos maîtres de la Citilta cattolica
nous pardonneront d'avoir, à propos
de l'un de leurs beaux articles, adressé
ces courtes observations à d'autres écri
vains, trop portés, par suite de préoc
cupations italiennes et politiques, à
voiler le vrai caractère de la question
romaine.
E ugène V euillot.
Nous apprenons que M. l'abbé Guil-
lot, l'ancien curé de Châteauvillain,
est nommé économe du petit sémi
naire de la Côte-Saint-André. Dans .ce
nouveau poste, dont le zèle et l'abné
gation de M. l'abbé Guillot lui ont ren
du l'acceptation facile, les sympathies
et l'admiration des catholiques qui sa
vent se souvenir accompagneront le
prêtre, aussi ferme que pieux, dont le
nom, cher à son vaillant évêque, est
désormais associé pour toujours à la
glorieuse revendication des droits de
Dieu contre les entreprises sataniques
de la Révolution.
Un congrès de jurisconsultes, où
brillent principalement des notabili
tés du parti républicain, s'est réuni
dans la salle du Grand-Orient, sous la
présidence de M. Colfavru, pour discu
ter divers projets de réforme judi
ciaire. .
Ces messieurs proposent notamment
d'étendre la compétence des juges de
paix jusqu'aux limites de la compé
tence actuelle des tribunaux de. pre
mière instance, ce qui permettrait de
supprimer ceux-ci. Nous ne discute
rons même ,pas cette idée, qui nous
semble inadmissible a priori, et ce,
pour mille raisons de pratique qui exi
geraient ici des développements trop
minutieux.
Remarquons seulement que le juge
unique réunissant les attributions des
tribunaux de première instance et
ceux des justices de paix serait un vé
ritable prodige d'activité, d'expérience
et de compétence, ou bien il serait au-
dessous de sa fonction. On n'a pas
l'idée, dans le public, du labeur d'un
magistrat qui veutfaire exactementson
métier. Bien entendu, on donnerait au
juge des auxiliaires, qui seraient, de
fait, des magistrats sans responsabilité
et sans indépendance. Le résultat le
plus net .serait de créer un réseau de
fonctionnaires en petit nombre, mais
tout-puissants, qui tiendraient toutes
les affaires et tous les intérêts. Ce serait
un instrument formidable aux mains
de la maçonnerie, qui patronne le pro
jet par l'organe de son grand maître.
Un projet plus sérieux est la sup
pression des charges d'avoués. Nous
avons naguère traité la question avec
les développements voulus. Cette ré
forme est simple et pratique, puisque
jièjà les avoeats et les juges se passent
d'avoués dans nombre de cas, par
exemple dans les affaires sur citation
directe devant le tribunal correction
nel. Cette citation directe entre par
ties serait aussi aisée pour les affaires
civiles, si aisée que souvent des affai
res civiles ont une tendance à prendre
la forme de débats correctionnels.Nous
remarquions en outre que les charges,
fortchères, des officiers ministériels im
posés aux plaideurs valent un milliard,.
dont l'intérêÇest de cinquante millions.
Cet intérêt est le premier emploi qui
est fait de l'argent des plaideurs, puis
que l'avoué ne peut pas considérer
comme un gain ce qui n'est encore
que le loyer du capital qui a payé sa
Charge. Ainsi les plaideurs payent cha
que année, en outre des frais de justice
et même des honoraires des gens de
loi, cinquante millions qui n'ont au
cune utilité pour l'expédition des af
faires. Presque le budget d'un minis
tère!
Une autre réforme serait celle du
barreau. Tous les licenciés en droit se
raient avocats, sans condition de stage
ni d'inscription au tableau. Ceci sem
ble aller trop loin. La suppression des
avoués augmenterait la responsabilité
des avocats au moment même où l'on
cesserait d'exiger d'eux les garanties
professionnelles du stage et des règle
ments corporatifs, lesquels sont faits,
en réalité, pour la sécurité du public,
et non pour ,1e plaisir ni dans l'intérêt
des avocats. Les supprimer serait au
moins imprudent. C'est si peu d© chose
qu'un licencié en droit sortant de
l'école, et il a besoin de savoir tant
de choses encore, pour donner un
conseil pratique dans" la moindre
affaire !
Après tout, on peut dire que c'est
affaire aux plaideurs à choisir leurs
conseils, et s'il ne s'agissait que des
avocats et de leurs intérêts, nous les
laisserions y pourvoir eux-mêmes !
Seulement voici autre chose : plus
d'officiers ministériels, plus de barreau
offrant quelque surface: alors que
sera le recrutement de la magistra
ture ? Où prendra-t-on ces juges de
paix de qui on exigera tant de cho
ses ? Aujourd'hui un avocat qui a trois
ans de stage et dix ans d'inscription
(conditions requises par le code pour
le titre de jurisconsulte) peut rassurer
le ministre qui lui confie, un siège.
Fût-il médiocre, il saura s'en tirer en
core, par l'habitude et le maniement
des affaires. Une fois que tous les
Français seront égaux devant la li
cence en droit, à quoi reconnaîtra-
t-on dans le troupeau des licenciés ce
lui qui doit juger les autres ? Et en
vertu de quel droit? Nous soupçon
nons véhémentement les frères trois
points d'avoir là-dessus des idées dont
ils ne nous ont pas dit le fin mot.
G. Boia.
On lit dans le Journal des Débats :
Si habitué que l'on soit à la bienveillance
que les jurés français témoignent à certains
assassins, le verdict qui vient d'être rendu
par le jury de la Loire ne laisse pas de
causer quelque surprise... Ce que nous igno
rions, et ce qu'il était réservé au jury de la
Loire de nous apprendre, c'est qu'il est des
cas où les enfants peuvent, sans s'exposer à
de sérieux ennuis, se débarrasser des
grands parents qui leur deviennent impor
tuns.. Une jeune fille avait commencé par
volersagrand'mère,puis l'avait tuée à coups
de marteau, parce que celle ci s'était ou
bliée au point de la traiter de voleuse. Le
jury a considéré apparemment que cette
femme s'était attiré cette infortune en se
servant, aussi mal à propos, d'une expres
sion aussi fâcheuse, et que sa petite-fille
avait pu l'assassiner sans scrupule pour lui
apprendre à mieux parler.
La victime, d'ailleurs, avait quatre-vingt-
trois ans, et tout le monde sait qu'à cet âge
la vie devient un fardeau. Nous cherchons
en vain une autre explication du verdict
d'acquittement que les jurés delà Loire
ont rapporté. Ce qui nous paraît le plus
clair, c'est que à force d'absoudre des cou
pables avérés,'le jury finira par se con
damner lui-même, et qu'il en faudra venir
un jour-ou l'autre à réformer une institu
tion qui méritait pourtant un meilleur sort.
Ce n'est pas seulement à propos du
jury de la Loire que peuvent s'appli
quer ces réflexions du Journal des Dér
bats. Que de fois ne les a-t-on pas faites
à propos d'autres acquittements non
moins monstrueux,depuis que les idées
de la morale laïque ont été de la part
du gouvernement l'objet d'une pro
pagande dont on peut déjà connaître
les résultats?
Voici les termes de la déclaration
que le bureau du conseil municipal de
Paris a arrêtée et par laquelle il ajourne
le fameux congrès des représentants
des conseils municipaux :
Paris, le 11 septembre 1887.
-Conformément à la délibération du 27
juillet 1887 l'invitant à prendre les mesures
nécessaires « pour l'organisation, dans le
plus bref délai possible, d'un congrès des
représentants des conseils municipaux do
France », le bureau du conseil avait cru
devoir choisir la date du 22 septembre pour
la réunion de ce congrès.
Des lettres de convocation ont été adres
sées dans ce but à toutes les municipalités
de France dès le 22 août. Le 24 seulement,
paraissait au Journal officiel un décret d'an
nulation; les préfets recevaient l'ordre d'an
nuler les délibérations favorables au con
grès. D'autre part, nombre de lettres de
convocation ne parvenaient pas à leur
adresse.
Etant donnés les actes de pression du
gouvernement et les entraves de toutes sor
tes apportées à la réunion projetée, le bu
reau a cru de son devoir de retarder l'ou
verture du congrès, dont la date sera ulté
rieurement fixée.
La question n'en est pas moins tout en
tière dans les termes où elle a été résolue
par le conseil.
Fidèle au mandat qu'il a reçu, le bureau
coniinuedonc à recevoir les adhésions et
invi te les municipalités à désigner les dé
légués en session où hors session.
Les communes ne se laisseront pas inti
mider par les agissements d'un ministère
qui ne vit que grâce à, l'appui et au bon
vouloir des ennemis de la république.
Le gouvernement, qui n'applique pas,
avec raison d'ailleurs, l'article 292 du Code
pénal à des associations opportunistes, trahi
rait la cause républicaine s'il s'opposait à
une réunion des délégués des communes
délibérant sur les libertés publiques.
Le bureau du conseil :
Hovelacque, président; Chassaing, vice-
Erésideni ; Daumas, de Bouteiller,
ubois, Patenne,'secrétaires ; Mayer,
syndic.
Voici la note de l 'Osservatoreromano,
relative aux affaires de Bulgarie, qu'a
signalée le télégraphe :
Divers journaux italiens et étrangers ont
prétendu, à l'occasion des derniers événe
ments en Bulgarie, que le Vatican se livrait
à des agissements secrets sur cette ques
tion. Nous sommes autorisés à déclarer
que tout ce qui a été écrit à ce sujet est
dénué de fondement. Des insinuations sem
blables ne peuvent être attribuées qu'à la
malveillance'envers le Saint-Siège ou à des
menées politiques faciles à comprendre.
Un peu de chronique judiciaire
Une république hydride, infectée de
parlèmentarisme, voilà tout ce qu'ont
pu inventer pour le pays les hommes
politiques de 1875. Or, les politiciens
de cette période étaient, de l'avis gé
néral, une élite. Il y avait là les pré-
potentes importances des centres, il y
avait la pléiade des ducs faisant le jeu
de Gambetta et de ses féaux. Il est
sorti de ces conjonctions la constitu
tion de 1875, car c'est une constitu
tion ce qu'ont fait en commun ces per
sonnages. Va pour constitution, le
mot ne tire pas à conséquence ; le dif
ficile serait de faire passer cette chose-
là pour un gouvernement.
Le propre des gouvernements est d®
procurer la paix publique, d'assurer
aux particuliers la liberté de vaquer à
leurs affaires et aux devoirs de leur
état,* de garantir en un mot à tous là
primordial droit de vivre dans des
conditions possibles. Tout à l'inverse,
la république spéciale dont nous jouis
sons est l'ennemie née de la paix.; sa,
tâche est de diviser la nation ^contre
elle même, et, par la guerre déclarée
aux croyances, à la morale et au sens
commun, de perturber jusqu 'aux abî
mes la société, de mettre en question
tous les jours toutes les existences.
Sous les gouvernements de bon aloy
l'ordre et la sécurité qui en est le fruit
sont l'état ordinaire, l'agitation n'est
que l'accident. Dans notre république»
métise, le rapport est renversé; c'est
l'état de convulsion qui est la règle,
un peu de bon ordre et de calpe de
vient l'anomalie. Cette disposition-ex
travagante des choses est pliée à une
espèce d'organisation, il y entre de la
réglementation, des chiffres exacts»
De par la constitution, il est accordé
au peuple français, pour se remettre
des transes ininterrompues, .de la polir
tique, il est accordé au peuple fran
çais, bon an mal an, quelques cinq ou
six semaines de détente, précisément
ce que dure l'entretemps de vacances
des deux Chambres. Nous sommes à
un de ces fugitifs moments où le pays,
entre deux écœurements, reprend na-
leine. Ce n'est pas la délivrance xïer-
tes, ce n'est qu'un répit. L'ennemi de
main reprendra ses positions ; l'insé
curité, l'angoisse prochaine subsis
tent.
. En tout cas, il y a de moins, à la
minute présente, les éclats de la criar
de éloquence de tribune. Il y a de
moins le bruit que font en session nos
majorités légiférantes, ce bruit toni-'
truant et vide qui couvre la voix d'au
tres pouvoirs moins tapageurs, où s'a
gitent en somme des intérêts relative
ment plus pratiques. Le momentané
silence de la tribune notamment per
met de donner aux bourdonnements
de la barre une attention moins dis
traite et partagée qu'en temps ordi
naire. Revenons en passant, si l'ont
veut bien,à cette veine habituellement
assez négligée des petits événements
judiciaires. Ne nous faisons pas au
reste d'illusion ; ce qui se passe de ce
côté n'est guère plus réconfortant que
la politique courante, guère moins
marqué au signe des civilisations irré
médiablement décadentes.
Tout d'abord causons d'un arrêt dtf
fraîche date — du 26 juillet 1887 —
de la [première chambre de la cour de
Paris. Il s'agit de divorce et d'adultère,
matières connexes. Le point de fait
est des plus .simples. Le 23 juillet 1886,
le tribunal civil de la Seine prononçait
le divorce entre le marquis et la mar
quise de X. Le jugement était rendu à
la requête du mari, il était motivé sur
l'adultère constaté de l'épouse. La
garde des enfants avait été, comme de
raison, remise au mari demandeur en
divorce. Une clause du jugement au
torisait d'ailleurs la mère, ainsi qu'il
est d'usage, à voir ses enfants à cer
tains jours déterminés dans les mai
sons d éducation où ils seraient placés*
ainsi qu'à les recevoir à son propre
domicile durant une partie des va
cances.
En somme, la possession des en
fants était partagée presque également
entre le mari offensé et la femme cou
pable ; le jugement n'avait voulu à
aucun degré faire expier à la mère les
infidélités de l'épouse. Soit, ne discu
tons pas. Les abus de clémence en
trent comme partout dans les mœurs
judiciaires ; acceptons jusque-là le ra
mollissement des choses. C'est dans
les circonstances qui ont suivi que la
persévérante mansuétude des juges,
à notre humble avis, est devenue une
réelle injure aux sentiments ainsi
qu'aux plus vulgaires notions d'hon
nêteté.
' Exposons en peu de mots la suite
des faits. Rendue libre par le di-
FEUILLÈTON DE. L 'UNIVERS
DO 12 9EPTEMBRB 1837
Les études hébraïques et orientales
coup d'usil historique .
sur' leurs origines bt sur leurs progrès
L'étude des langues orientales, à laquelle
on se livre aujourd'hui avec tant d'ar
deur, doit son origine, comme tai\t d'au
tres études scientifiques, au christianisme.
Ce fut par respect et par amour des saintes
Ecritures qu'Origène et saint Jérôme ap
prirent avec tant de peines la langue hé
braïque. Ce fut,plus tard aussi, pour mieux
comprendre et expliquer las livres inspirés
de l'Ancien Testament qu'on se mit à ap
prendre la langue sainte, en même temps
qu'on apprit l'arabe pour défendre' la foi
contre le mahométisme et contre la philo
sophie sceptique des traducteurs et des
commentateurs orientaux d'Aristote. Il ne
sera pas sans intérêt de jeter un coup d'œil
sur les commencements et les progrès de
l'étude des langues de l'Orient en Europe.
'I. '
Les premiers pnaîtrea de langues sémiti
ques furent des juifs ou des Maures con
vertis. C'est au douzième siècle que les
théologiens ^commencèrent & sentir vive
ment l'utilité de la connaissance de l'hébreu
et de l'arabe.
Gérard de Crémone, né en 1114, en Lom-
bardie, mort en 1187, alla étudier en Es
pagne les mathématiques et l'arabe, et il
traduisit de cette dernière langue en latin
plusieurs auteurs arabes, ainsi que des au
teurs grecs que les Maures avaient déjà
traduits-eux-mêmes. Ses travaux eurent du
succès et contribuèrent beaucoup à mettre
la philosophie arabe à la mode.
Au treizième siècle, le dominicain Albert
Je Grand, né en Souabe (1193 ou 1205),pro
fessa avec éclat à Paris (où son nom désigne
encore une place au pied de la montagne
Sainte-Geneviève, la place Maubert, con
traction de Maître-Albert), puis à Cologne,
où il mourut en 1280, après avoir été évê
que de Ratisbonne.Ce savant universel, qui
a laissé dans l'imagination populaire un si
grand souvenir, fut un des maîtres de la
science orientale.
L'élève d'Albert le Grand, saint Thomas-
d'Aquin, plu 5 illustre encore que son maî
tre, favorisa de tout son pouvoir les études
orientales; mais les premiers orientalistes
furent, avec le domicain Souaba, le moine
anglais Scott, qui' avait appris l'arabe à
Tolède; le fameux Roger Bacon, de l'ordre
de Saint-François (1214-1294), qui, tout en
faisant ses célèbres expériences,avait appris
avec beaucoup de soin le grec, l'hébreu et
l'arabe; et un autre dominicain, Raymond
Lulle (1235-1315). Ce dernier, .esprit chimé
rique et aventureux, qui avait de" grandes
qualités avec de grands défauts, conçut le
projet de former une milice de théologiens
destinés à aller convertir les musulmans
par la dialectique. Dans ce but, il apprit
l'arabe et fut l'un des plus ardents propaga
teurs des études orientales. Il voulait fonder
un collège où on aurait enseigné les langues
sémitiques, et il propagea ses idées à Mont
pellier (1276), à Rome (1285), à Paris.(1287),
à Gênes. (1289).
Cè fut sous l'impulsion de Raymond
Lulle que le concile de Vienne en Dauphiné
décida, en 1311, la créatiqn de chaires d'hé
breu et d'arabe à l'université de Paris.
A la fin du treizième siècle et au commen
cement du quatorzième, un juif converti,
Nicolas de Lyrie, ainsi nommé du lieu de
sa naissance, dans le diocèse d'Evreux (vers
1270-1340), s'acquit un grand renom par sa
science des langues et par ses commen
taires. Après avoir étudié sous les rabbins,
il prit l'habit des frères mineurs, en 1291.
Il composa surtout la Bible des Postilles ou
petits commentaires, augmentés depuis par
Paul de Burgos (vers 1350-1435), autre juif
converti, et incorporés en 1660 dans la Bi-
blia maxima. Ces Postilles ont joui pendant
plusieurs siècles d'une autorité extraordi
naire, fondée en grande partie sur la répu
tation d'hébraïsant de l'auteur, au point
qu'il était passé en proverbe :
Si Lyra non lyrasset. ,
Ecclesia Dei non saltasset.
Au quatorzième siècle, Pierre, abbé de
Cluny, fait traduire le Coran et réfuter Ma
homet. En 1455, on appelle à. Paris un
professeur d hébreu. L'évêque de Durhain,
fait composer la première grammaire hé
braïque.
Au commencement du seizième siècle,
les études orientales font des progrès sen
sibles et rapides. En 1506, Reuchlin, de
Pforzheim (1454-1522), publie une gram
maire hébraïque à l'usage des chrétiens,
après avoir enseigné le grec à Orléans et à
Poitiers. En 1512, il publie aussi un lexique
hébreux. Dans les dernières années de sa
vie, il prqfesse l'hébreu à Tubingue.
, En 1530, François I" fonde le Collège de
France, qui porta d'abord le nom de Col
lège des trois langues, parce qu'il n'y eut
primitivement que trois chaires de langues:
le latin, le grec et l'hébreu, auxquelles
devaient s'ajouter par la suite des temps
le chaldéen, le syriaque, l'arabe, le persan,
etc. L'un des premiers professeurs fut
Postel.
Guillaume Postel (1510-1581), l'un des
premiers orientalistes français, orphelin à
l'âge de huit ans, maître d'école à quatorze,
se fit ensuite domestique au collège de
Sainte-Barbe, où il apprit sans maître le
grec et l'hébreu. François I", instruit de
son mérite, l'envoya en Orient, d'où il rap
porta des manuscrits précieux.Il fut nommé,
en 1539, professeur de mathématiques et de
langues orientales au Collège de France. La
foule des auditeurs'était telle pour l'entendre,
qu'il les réunissait dans la cour et leur
parlait d'une fenêtre. Il s'abandonna mal
heureusement aux plus étranges rêveries; il
crut que l'âme d'Adam était entrée dans son
corps et qu'il était ressuscité, etc. Malgré
ses idées folles, il fut un des hommes les
plus savants de son siècle. Il se vantait de
pouvoir faire le tour du monde sans avoir
besoin d'interprète. On lui doit divers ou
vrages sur l'alcoran, sur le phénicien et l'hé
breu, et Linguarum duodecim chai'acteribus
di/jferentium alphabelum, Paris, 1538, in-4,
qui est le premier essai connu de grammaire
comparée. Ses écrits théologiques ont été
mis à l'index.
Henri III fonda une chaire d'arabe au Col«
lègé de France. Les Papes Grégoire XIII
et Paul V posèrent les fondements des mis
sions orientales. Rois de France et Souve
rains-Pontifes semblaient ainsi rivaliser de
zèle pour les.progrès des études orientales
et du christianisme. Sous Louis XIII, la ty
pographie orientale prit un grand essor.
Louis XIV établit les premiers interprètes
français dans le Levant. Mais, plus que
tout le reste, les missions devaient ouvrir
des horizons nouveaux à l'orientalisme et à
la linguistique en général. Saint François
Xavier avait organisé la grande œuvre de
la prédication de l'Evangile dans l'Inde, où
ses successeurs devaient étudier le sans
crit, dont la connaissance devait changer
en notre siècle la face des études philolo
giques. En 1606, Robert' de Nobili s'initiait
à. la langue et à la science des brahmanes.
Les premiers missionnaires qui réussirent
à attirer l'attention des savants d'Europe
sur la langue et la littérature sanscrites, ce
furent les jésuites français que Louis XIV
.envoya dans l'Inde, après le traité de Rys-
wick, en 1697.
Le P. Pons écrivit en 1740 au P. Duhalde
une lettre imprimée dans la collection des
Lettres édifiantes, qui fait connaître exacte
ment les principales branches de la littéra
ture sanscrite. .Un carme, le P. Paulin de
Saint-Barthélémy, qui avait habité l'Inde de
1776 à 1789, publia à Rome, en 1790, la
première grammaire sanscrite qu'ait connue
l'Europe : Sidharubam seu grammatica sans-
cridamica..
Pendant que les missionnaires se livraient
avec ardeur dans l'Inde à l'étude du sans
crit, les savants d'Europe ne restaient pas
inactifs et consacraient leurs veilles aux
langues orientales depuis longtemps con
nues. La dynastie des Buxtorf, de Weat-
phalie, publiait des travaux importants sur
l'hébreu et lè chaldéen et préparait lesvoies
à l'étude comparée des langues.
Au dix-septième siècle, l'Université de
Leyde occupe une place d'honneur dans les
études orientales. Erpenius y donne la pre
mière grammaire arabe ; du Ryer, -la pre
mière grammaire turque; Louis de Dieu, la
première grammaire persane ; Golins y pu
blia le texte arabe de l'histoire de Tamerlàii
et un dictionnaire arabe. Le dictionnaire
arabe de Golins parut en 1653. En 1645, La
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