mciciicdi aoùi lôb?
K» 7188-— Édition Qn*;idieniu'
Mercredi 24 Août 188?!
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NUMERO | Départements. 20 -
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F&ÂNCË
PARIS, 23 AOUT 1887
La politique a définitiyé'mèht envàhi
l'es conseils généraux ; on pn aura la
"preuve par lès extraits dé divers, dis
cours qne nous 1 reproduisons ailleurs.
Le plus notable est celui qu'a prononce
à Epinal M- Jules.Ferry, qui prend de
plus en plus ouvertement sous sa
proteçtion le nouveau ministère, dont
il a dit que le chef, M. Bouvier, avait
prononcé un beau discours, contenant
un large programme de réformes. Pa
reil langage est assez significatif. -
La discussion continue entre les di
vers organes de la presse républicaine
au sujet du discours de M. Rouvier,
mais elle se rétrécit en ce sens qu'elle
se réduit aux proportions d'un duel de
plume entre M. Ranc et M. Camille
Pelletan. Le spectacle de cet exercice
peut avoir un certain agrément^ mais
c'est à la condition qu'il ne se .pro
longe pas. Or, M. Pelletan l'allonge
terriblement, et çé "n'est pas lui qui,
dans la circonstance, étant de plus
méchante humeur, paraît avoir plus
d'esprit.
L'amélioration ; continue dans la
santé de l'empereur d'Allemagne: Par
contre, les nouvelles du prince impé
rial ne sont bonnes qu'à demi. Ainsi
le British Médical Journal , tout en
constatant que là dernière opération
pratiquée par le docteur Makensie a
parfaitement réussi à rendre les cor
des vocales du prince absolument lis
ses, reconnaît qu'après ce résultat les
excroissances enlevées ont néanmoins
commencé de se reproduire.-Le jour
nal parait croire que des cautérisa
tions périodiques seront très long
temps nécessaires.
Il n'y a rien de bien nouveau èn
Bulgapie, si ce n ! est la dépêche adres
sée au sultan par M. Stoïlo.f, dépêche
f ui, envoyée au nom du prince, Fer- „
inand, reconnaît,la suzeraineté dé là \
Porte et demande que le sultan fixej
l'époque où il lui sera agréable de voir !
le nouveau souverain bulgare, Jus -j
qu'ici on ne dit pas que la Porte ait 1
répondu quoi que ce soit à cette dépê- !
che, destinée sans nul" doute à effaqer i
le mauvais effet produit, à. GonstàntL- :
nôple comme ailleurs, par l'allocution
du prince de Cobourg, pairlant, au
contraire, de l'indépendance de la
Bulgarie.
De même on ne sait encore rien de
la réponse qu'auraient faite les puis
sances à la dernière communication
du gouvernement turc à ce sujet. L'ac
cord est difficile pour la rédaction
commun^ qu'on aurait voulu obtenir,
et cela se comprend. Nous croyons
même ne pas nous engager beàuctmp
en disant que cet accord ne se fera
pas.
• - ——•> „■ ■
Quatre ans après
Le 24 août doit prendre place parmi
les anniversaires que la France ne
peut pas oublier et que son-existence
troublée se charge d'ailleurs, hélas ! de
lui rappeler. En 1883, cè jour-là) à
•sept heures et demie du matin, expi
rait le prince qui emportait avec lui,
on le sait maintenant mieux que ja
mais, le dernier espoir de la Restaura
tion de la monarchié chrétienne de là
France, livrée désormais aux. hasards
d'une politique sans boussole.
Le' prince à qui Dieu semblait avoir
prodigué tous les dons que réclame
au -dix-neuvième sièclejla royauté,qui,
tout en restant populaire devait rele
ver le prestige et les droits de l'auto
rité, venait de disparaître sur la terre
d'exil par un de ces. insondables des
seins de la Providence. Et depuis lors
la France, abandonnée à des gouver
nants, de hasard, a- rapidement glis
sé sur la planche savonnée qui con
duit à J'abîmé.
Un jour pourtant, on s'en sou
vient, la rentrée du roi était possible,
ét là véridique histoire dira que ce
ne sont pas les républicains qui y
mirent les vrais obstacles. Beaucoup
d'entre eux, qui comprenaient déjà où
-les entraînait; la République, n'étaient
pas fâchés ,de profiter de l'occasion
pour sortir de ce guêpier, et auraient
subi le rétablissement de la monarchie
avec une résignation facile. On par
lait bien de révolte et d'insurrection.
Mais la France avait trop soif d'ordre
et de repos; l'épais Gambetta lui-
même serait allé se coucher quelques
mois sous les orangers .de ; Saint-Sé
bastien.
L'obstacle vint des parlementai
res, qui soulevèrent la question du
drapeau,, dans . un espoir qui ne se
réalisa que. trop* Ils savaient que le
roi,dont la vie avait été d'une admira
ble unité, ne donnerait jàmais d'en
torse au droit, qu'il n'accepterait pas
de'compromis,et qu'à ses yeux, comme
il le disait dans un langage dont l'élé
vation et la simplicitéportent un cachet
inimitable, -il fallait, pour que Dieu
pût régner en maître sur la France,
que lui y rentrât en roi. i
Ils le savaient, ces habiles, et ils
n'hésitèrent,, pas.. Ces . royalistes po
saient en maîtres et prétendaient faire
du roi le serviteur au Parlement ; ils
voulaient, disaient-ils, sauver les con
quêtes de la Révolution. Ils les sauvè
rent, .. et elles se sont même si bien
accrues que la République put remer
cier ces sauveurs de leurs services et
les renvoyer avec ce. compliment. .
Pendant ce temps, la mort arrivait.
Les royalistes, en grande majorité,
suivant ce qu'ils croyaient la voie du
droit, saluèrent dans Monsieur le comte
de Paris l'héritier de la couronne de
France. Beaucoup le firent sans en
thousiasme, mais prêts à tous les sa-
fices. D'autres portèrent dans leurre-
connaissance ce caractère, chevale
resque, qui avait valu au comte de
Ghambord cinquante-trois ans d'une
fidélité inébranlable.
Le comte de. Paris n'avait qu'à sui
vre l'exemple donné par son loyal pré
décesseur. Malheureusement on s'a
perçut bientôt que l'unité de vue man
quait, que si l'on ne voulait pas renier
la tradition, on ne voulait pas nonplus
décourager la Révolution. Les vieux
serviteurs de la royauté furent bien ac
cueillis et félicités, sincèrement, nous
n'en doutons p?is,de leur longue fidé
lité, sur laquelle on comptait ; mais on
les tint à distance. Etait-ce donc à
nouveau le triomphe de 1830! Et puis,
le sol de la patrie qu'il n'aurait dû fou
ler qu'en roi, retenait Monsieur le
comte de Paris et les membres de sa fa
mille. De, là une grande prudence, une
rare sagesse,, une crainte exagérée
d'éveiller l'attention ; de là aussi des
indécisions qui paralysaient les meil
leures volontés. Un jour, on crut pou
voir compter sur une parole; plus nette,
mais bientôt une, circulaire discrète
venait en donner un commentaire
mitigé, qui concluait toujours à la
prudence;en somme,on comptaitbeau-
coup plus sur l'habileté que sur le
droit et sur Dieu. .,
Pour ne rien compromettre, les
droits de Dieu même ne venaient plus
en tête des revendications monarchi-
ués: ils se dérobaient sous le couvert
u respect de la liberté des familles, et
le faux axiôme de la liberté decons-!
cience. Enfin i malgré tout, l'exil est
venu, et pendant qu'on en était à
chercher une voie qui n'est pas encore
trouvée, ,1a république marchait, ja
lonnant sa route de ruines ; elle por
tait de nouvelles atteintes à la liberté
de l'Eglise, elle aggravait les lois sur
l'enseignement, elle façonnait l'en
fance et la jeunesse à l'athéisme, elle
frappait la magistrature,elle travaillait
à la désorganisation de l'armée, elle
chassait Dieu de partout. C'est l'anar
chie.
Aujourd'hui, la pauvre France est
comme un malade qu'on tourne d'un
côté, puis de l'autre, pour trouver un
étatderépos, heureux si de temps à
autre il peut respirer à l'aise, par
l'emploi de quelque expédient. Est-il
étonnant que,dans cette situation pres
que désespérée, la France tourne ses
regards vers quiconque pourrait lui
promettre un court lénaemain? Elle
est comme le peuple juif qui, après
avoir méconnu et crucifié le vrai
Dieu, se laissait séduire par tous les
aventuriers qùi s'offraient à le sauver.
La France en est là. Elle a refusé le
vrai roi, et elle cherche un,dictateur!
Ah ! nous avons fait du chemin de
puis quatre ans !
N'y a-t-il donc, pour la France écrar
sée par une guerre étrangère, plus
écrasée encore par la guerre faite à
tout ce qui a été sa grandeur dans le
le passé, n'y aMril donc aucun espoir?
L'espérance ne meurt pas ! Si d'un
côté on cherche à effacer toutes les
vieilles traditions de la France, de
l'autre, on s'y attache davantage. Ja
mais autant qu'aujourd'hui s'est-on
préoccupé de Jeanne d'Arc et du désir
de donner dans sa personne à notre
patrie une protectrice officielle de
plus dans le ciel? Eh bien ! Jeanne
d'Arc était royaliste. Mais son roi, à
elle, c'était Jésus-Christ. Charles VII,
qu'elle faisait sacrer à Reims, n'était
à ses yeux que le lieutenant du Christ.
Ce ne sont pas les politiques et les
habiles qui sauveront la France.La fille
aînée de l'Eglise ne trouvera son sa
lut que dans sa foi. Elle sera sauvée
par les catholiques sans épithète
qui, sans se désintéresser complète
ment de traditions monarchiques qua
torze fois, séculaires, revendiquent
avant tout les droits de Dieu, et de
son Eglise, et, comme Jeanne d'Are,
3
proclament Jésus-Christ leur roi. Ce
"groupe de catholiques grandit tous les
jours. Voilà l'espoir ! •
douloureux anniversaire ,de la. mort
du comte de Ghanibord présenter à nos
lecteurs un livre publié il y a quel
ques mois par un de ses fidèles, M*
Dubosc de Pesquidoux. Chevalier d'un
autre âge, caractère à la hauteur du
Erince qu'il a voulu célébrer, M. Dû-
osc de Pesquidoux pouvait, à bon
droit, réclamer l'honneur de produire
son jugement personnel sur le prince
qu'il à si noblement servi.
Par un sentiment de respect dont on
ne peut se défendre d'admirer la délica
tesse, il s'y est refusé, et modestement
il a intitulé son œuvre : Le comte de
Chambord d'après lui-même (1). Il ne
faudrait pas croire pourtant que cette
oeuvre de M. de Pesquidoux se borne à
des extraits heureusement choisis des
lettres et manifestes du roi. Outre de
curieux souvenirs personnels, où l'au
teur a puisé le récit d'épisodes peu
connus de la vie privée du prince,il n'a
pas négligé, par des commentaires
aussi vivants que sobres de faire res
sortir les paroles et les actes de celui
dont il a voulu nous rendre la grande»,
figure. .
; Dans, ces pages, l'exilé, le politique
et l'écrivain, l'homme et léf roi se
montrent tour à tour sous l'aspect dé
finitif qui n'appartient qu'à l'histoire.
De toutes il se dégage une émotion
puissante, qui ne tient à aucun effet
cherché par l'auteur, mais qui sort du
sujet lui-même avec une singulière
intensité. C'est qu'aussi le contraste
est poignant entre les souvenirs que
M. Dubosc de Pesquidoux rappelle à
l'honneur du prince et nos misères
présentes. Oui, en considérant cette
rare figure de prétendant, qui nous
promettait un si noble règne, on se
dit, l'angoisse au cœur : Voilà ce qui
nous était destiné ! et, après un autre
regard jeté sur les politiciens qui nous
gouvernent, on ajoute: Et voilà ce
que nous subissons !
Toutes proportions gardées, ne sem-
,ble-.t-il pas qu'on entend, appliqué au
gouvernement de la terre, l'écho dou
loureux des paroles de Nôtre-Seigneur
à Jérusalem : Que de fois, comme une
poule fait avec ses poussins, j'ai voulu
rassembler tes enfants sous mon aile,
et tu ne l'as pas voulu! Hélas! laFran ce,
non plus, n a pas voulu de ce règne
-qui s offrait à elle, lui promettant tou
tes prospérités et- toutes gloires, et au
jourd'hui c'est dans la détresse et la
honte que,les yeux vers le passé, acca
blée du présent, elle ose à peine en
trevoir 1 avenir.
Si, du moins, elle pouvait prendre
le sentiment de son erreur, ce serait le
premier pas dans la voie du retour.
C'est, le, vœu qu'inspire la lecture du
beau livre de M.BuboscdePesquidoux,
et l'on n'en peut faire de meilleur élo
ge. . . v;. ;
Auguste Roussel.
Un léger accident matériel ayant
retardé de quelques jours l'apparition-
du tome VI de la Correspondance de
Louis Veuillot, la mise en vente, à la
Société générale de librairie catho->
lique, ne commencera que le 25 cou-i
rant. " <
Nous sommes heureux d'annoncer 1
en même temps que le tome III de lai
Correspondance (deuxième des lettrés;
à sa sœur) vient d'être réimprimé pour
la troisième fois.
Il parait què le télégraphe s'était
trop, pressé d'annoncer le départ de
M- Parnell pour la France. D'après les
renseignements que donne le corres
pondant à Londres d'un journal de
Dublin, M. Parnell était bien allé à
Folkestone, mais non pour y prendre
le bateau de Boulogne. Plus simple
ment il s'était rendu, accompagné de
quelques-uns de ses amis du Parle
ment, à une. invitation de la compa
gnie du chemin de fer du Sud-Est afin
de visiter les travaux du tunnel. Gela,
pourtant, ne veut pas dire que les
chéfs de la Ligue nationale irlandaise
aient négligé les précautions. Leurs
documents confidentiels et leur caisse
sont à l'abri de la police anglaise d'Ir
lande : on lés a transportés en Angle
terre, d'où il sera facile de les faire
passer en France quand on voudra
n P« 1 VWkA A A A «« M#] ,- U 14 « « a ! 1 y
Gela seul prouve aujourd'hui à-quelle
Impuissance est réduite l'Angleterre,
malgré ses lois de coercition, en face
du, mouvement national qui soulève
toute l'Irlande. Ah ! sans doute la vic
toire du cabinet Salisbury pourrait être
certaine si on de vait, comme au bon
vieux temps, mettre Flrlande à feu et
à sang. Mais .il faut bien qu'aujour
d'hui la « libérale » Angleterre se dé
cide à être de son époque..
Quand elle aura « proclamé » un cer
tain nombre de sections provinciales
de la Ligue nationale, quand elle au*ra
même supprimé l'organisation cen
trale à Dunlin et jeté en. prison une
douzaine ou une vingtaine de députés
irlandais, en quoi sera-t-elle plus
avancée ? ,
Le cabinet Salisbury peut-il es-
- (1) Le eomte.de Chambord-d'après litirm &me.
Etude politique et historique, par Dubosc de
Pesquidoux. Paris, librairie Victor Palmé, i beau
vol. petit in-4° de 560 pages.
pérer qu'il arrêtera le mouvement
d'opinion qui, dans l'Angleterre; en
Ecosse, dans le pays de Galles, s'ac
centue contre lui en faveur de M.
Gjadstone? Peut-il espérer que l'Ir
lande, qui depuis tant de siècles lutte
avec l'énergie du désespoir, va aban
donner la lutte, aujourd'hui .que la
^ conversion » de M. Gladstone et de
la masse du parti libéral met pour
ainsi dire à sa portée la conquête de
son indépendance?
Car il serait deux fois et trois fois
aveugle , s'il pouvait sérieusement
compter sur les unionistes pour lutter
avec succès contre la masse des élec
teurs libéraux et gladstoniens. h'Unio-
nisme de lordHartington est aujour
d'hui un groupe,qui comme armée est
à peine un état-major qu'on peut
dénombrer sur ses doigts. Quant à
YUnionisme de M. Chamberlain,il tient
tout entier dans une circonscription
électorale de Birmingham.
Néanmoins le cabinet Salisbury ira
jusqu'au bout, /parce qu'il doit suivre
le programme du parti, lequel le con
damne à être= injuste et impolitique.
Car nous croyons que les conserva
teurs d'Angleterre finiront par regret
ter un,jour d'avoir abandonné au parti
libéral et radical la protection et la
défense.des intérêts les plus nobles,des
droits les plus sacrés de l'Irlande op
primée. En face de cet aveuglement
de- race, il est bon de noter que le
parti libéral va faire résolument cam
pagne en Irlande contre , le cabinet
Salisbury. Nous lisons dans les feuilles
de Londres que nombre de députés
libéraux anglais ont annoncé qu'ils
sont prê^s à abandonner leurs sièges
d'Angleterre pour se faire élire dans
toute circonscription -d'Irlande dont
le député sera mis en prison.
En outre 80 membres anglais de la
Chambre des communes ont demandé
à faire partie de la Ligue nationale
irlandaise.
Bref, jamais ministère anglais n'aura
été appelé comme celui de lord Salis
bury à appliquer à l'Irlande des lois
terribles en théorie, mais ridicules et
impuissantes en pratique.
L. Nemours Godré.
Le surmenage intellectuel
On parle beaucoup en ce temps-ci
des leçons de choses. En voici une
qu'un -médecin a recueillie et com
mente d'une façon saisissante. Il écrit
au Figaro :
Monsieur le rédacteur,
je suis médecin en province. A ce titre,
je suis entré chez un modeste commerçant
où j'ai trouvé, vendredi soir, 12 août, à huit
heures, uu petit garçon âgé de huit ans, né
en janvier .1879, avec les devoirs suivants
pour le lendemain samedi huit heures : •
1° Géographie. Apprendre les réseaux des che
mins de 1er des compagnies du Nord, de l'Ouest
et de l'Est de la France.
Tracer une carte de ces réseaux à l'encre ou
au crayon.
2° Grammaire de Larousse. Apprendre les
n 05 122 à 128 : modes, temps, conjugaison et
classification des verbes. Réapprendre les six
Verbes modèles, avoir, être et les quatre conju
gaisons. ■ ' '
3° Arithmétique par Auvert. 3 problèmes à
faire: n" 618, 619, 620, et en outre trois divi
sions avec décimales.
L'enfant, sorti de l'école à quatre heures
un quart, s'est mis à l'œuvre à cinq heures,
a interrompu , sa besogne pour souper,
s'est remis à ses devoirs aussitôt après et,,
sans interruption, a travaillé jusqu'à neuf
heures. A ce moment, comme il n'avait pas
terminé, son frère aîné a dû lui prêter son
concours.
Le lendemain matin, il a repassé ses
leçons. .. ■ •
Cet enfant, qui, au mois d'août, a dû tra-
vaillér à la lumière pour remplir sa tâche, a;
été privé de cette bonne récréation du soir
que jadis ses semblables prenaient dans la
rue, sous les yeux du père.
J'ai pensé qu'un tel exemple, pris entre
tous, valait mieux que toutes les discus
sions d'une académie de médecine qui a eu
trop en vue l'instruction secondaire, et pas
assez l'instruction primaire.
Aussi, quel est le résultat ? L'enfant est
pâle et fatigué ; il a mal à la tête et ne pou
vait plus continuer sa besogne. Il est temps
que sa tante, qui'vend des fruits et dès lé
gumes au marché, l'emmène avec elle à la
campagne pour refaire sa santé altérée,
comme cela arrive tous les ans.
On ne peut accuser, le malheureux insti
tuteur qui donne ces devoirs écrasants et
qui obéit à un programme insensé.
Il faut viser plus haut et s'en prendre à
ce corps universitaire, qui dort depuis des
années et qui réagit sans mesure et con
vulsivement sous les attaques dont il .est
l'objet.
Ecrasez l'infâme ou changez-la.
C'est l'Université qui, pendant cinquante
ans et plus, a tenu toutes les générations de
notre pays sous sa coupe, sans rien lui ap
prendre,.,pas même la langue de nos enne
mis^ Dans l'espèce, chez un enfant de 8 ans,
on ne peut invoquer les causes d'épuise
ment qui minent nos adolescents.
M. le ministre de l'instruction publique,
au lieu de faire des voyages répétés par
toute la France et de prononcer des dis
cours, ne ferait-il pas mieux de se faire re
présenter la liste des devoirs qui sont im
posés, à un jour donné, à nos pauvres pe
tits enfants ? Qu'il essaye lui-même et qu'il
constate combien de temps il lui faudrait,
à lui, grand maître de l'Université, pour
remplir la tâche de cet pauvres petits
êtres.
Veuillez agréer, monsieur, l'assurance
de ma considération distinguée.
D r X...
C'est le langage même du bon sens
que tiènt ce docteur. Mais sera-t-il
entendu? 1
La politique aux conseils généraux
Cette fois elle n'a pas manqué, et ce
sont presque partout d'anciens,person
nages officiels, sans compter les ac
tuels, qui: ont donné l'exemple de ees
manifestations..
Commençons par M. Jules Ferry qui,
en prenant possession de la présiaence
du conseil général des Vosges, a. pro
noncé le discours suivant :
Messieurs,
Bien que vous m'ayez accoutumé aux té
moignages réitérés de votre confiance, il
me semble que d'année en année j'en sens
plus vivement le prix. Je n'y trouve pas
seulement une satisfaction personnelle de
l'ordre le plus élevé, car je ne mets rien
au-dessus de- l'estime et de l'affection de
mes concitoyens; j'y.vois une manifestation
significative de cet esprit de suite, de cette
stabilité dans les desseins et dans les atta-.
chements, qui est le "caractère distinctif de
notre démocratie vosgienne. Le suffrage
universel vosgien sait bien ce qu'il veut, et
il le dit haut et clair chaque fois qu'il est
consulté.
Depuis quinze ans, il poursuit, avec une
unité de vues, qui ne s'est jamais démentie,
l'établissement d'une république sage, libé
rale, ouverte à tous, mais fermée à l'esprit
de désordre et d'utopie comme à l'esprit
de réaction. (Applaudissements.)
C'est ce tempérament résolu et réfléchi
qui a mis notre" département à l'abri de la
bourrasque électorale 'de-1885, qui parut
un instant mèttre en péril la sûreté'de nos
institutions. C'est cette préférence obstinée
pour la politique positive qui rend si: peu
redoutables, en ce pays d'union et de bon
sens, les tentatives de dissidence, les agi
tations superficielles, les réunions stériles
et tapageuses, tout ce radicalisme d'expor
tation parisienne qui cherche vainement à
couvrir par les excès de sa polémique le
vide profond de ses conceptions. (Bravos
et vifs applaudissements.)
> Messieurs, la meilleure réponse à faire
aux violences des partis, c'est de bien ad
ministrer les finances du pays. Dans la ba
lance du suffrage universel, la moindre ré
forme pratique pèsera plus désormais que
tous les programmes.
C'est ce qu'a merveilleusement compris
le nouveau cabinet qui a pris depuis peu la
charge des destinées de la république. Dans
ce beau discours, tout empreint d'unejlhon-
nête et fière éloquence, qui date de deux
jours à peine et qui aura dans les couches
profondes de l'opinion le plus grand et le
plus heureux retentissement, le président
du conseil s'est soigneusement gardé des
généralités faciles et des promesses reten
tissantes.
Il s'est contenté d'exposer, avec une pré
cision digne de sa hautu compétence, les
grandes lignes d'un certain nombre de ré
formes budgétaires, administratives et finan
cières, d'une réalisation non seulement pos
sible, mais prochaine. (Très bien !).
lia dit que ce programme est modeste.
Tous ceux qui le regarderont de près le
trouveront considérable. Puisse-t-il le faire
aboutir I Puissent les partis extrêmes, qui
Ont rendu à peu près stérile l'œuvre de la
nouvelle législature, permettre au nouveau
cabinet de mener à bonne fin cette œuvre
féconde ! .
Tel est, j'en suis, sûr, à cette heure, dans
les camps très divers, le vœu intime de
beaucoup de bons Français. (Bravos et ap
plaudissements prolongés.)
Au conseil général de Saône-et -Loire,
M. Sarrien, député, ancien ministre, a
dit entre autres choses :
La situation politique n'est pas satisfai-
' santé. Depuis la constitution du dernier
ministère, le parti républicain est divisé. Je
ne rechercherai pas à qui en incombe la
responsabilité, ce serait faire œuvre de
haine. La France demande à ses représen
tants de s'unir pour former une majorité
gouvernementale; qui réalisera une politique
d'économies et exécutera les réformes pro
mises en'1885> ■
Dans le Tarn, M. Barbey, ministre
de la marine, s'est exprimé en ces
.termes : .
Membre du cabinet dont le programme
a été discuté avec passion* dont les inten
tions ont été souvent méconnues, je suis
heureux de constater que vous n'avez pas
douté un instant de la fidélité et de la fer
meté républicaines, à l'œuvre duquel je me
suis associé et dont plusieurs membres ont
été les meilleurs amis du grand patriote
"dont nous portons encore le deuil au fond
du cœur. (Applaudissements )
Et comment pourrait-il subsister encore
le plus léger soupçon, la moindre équivo
que dans tout esprit sérieux et clairvoyant,
après le discours si précis, si lumineux,
prononcé il y a trois jours par le président
du conseil ? v
-A ceux qui affectent de croire à je ne sais
quelle alliance impossible entre le gouver
nement et les partisans des dynasties, M.
Rouvier a répondu que nous sommes un
gouvernement de concentration républi
caine, que nous ne repdussons aucune ad
hésion loyale; mais que tout adversaire de
la République est exclu de l'action gouver
nementale. ■ : "
, A ceux qui prétendent qu'il's'appuie-sur
là droite de la Chaiùbre, il a déclaré que le
jour où, dans une question de confiance,
'il n'aurait pas avec lui la majorité républi
caine, il quitterait le pouvoir. (Applaudis
sements.) . . .
Que veut-on de plus? Quelques-uns nous
demandent .d'être un gouvernement de
combat ; nous répondons: Jamais! (Très
bien!) •
La France républicaine s est prononcée a
cet égard d'une manière irrésistible ; elle
entend être gouvernée, mais elle réprouve
toute violence. (Nouvelles marques d'ap
probation.)
: Dans les Basses-Alpes, c'est M. An-
drieux qui a trouvé bon de s'expliquer
sur la politique du jour :
- Depuis votre dernière session, un événe
ment considérable s'est produit qui, pour
ne rien dire de plus, a certainement rap
proché de la droite l'axe, du gouverne
ment. :
Je souhaite sincèrement que le nouveau
cabinet réussisse à dissiper les •ftpprébsu -
sions.que^on origine a fait naître, s:./: i •
Nous sommes trop attachés, aux principes}
libéraux pour lui faire un :crime. ; de.;yo^lpiï'.
une République ouverte ; .mais nous . noust
demandons; si la République telle qu'il • la/
comprend n'est pas précisément.fermés,
anx républicains les plus sincères.
U conviendra peut-être d'examiner.: Jéé
propositions, budgétaires de .l'administra
tion avec plus de sévérité que-par- le passé,
afin d'ajouter des sanctions ..efficaces .aux
observations trop discrètes dont oû .n',a -pas
tenu compte. ."■■/. .-r. :■ ;■
"C'est une nouvelle évolution de. fyT.
Andrieux, qui revient à gauche après
avoir incliné vers la droite. Il faut
croire que son tempérament le. porte à
osciller sans cesse, sans la moindre
fixité.' ' '
Aussi ne parvient-il pas à se' faire
prendre au sérieux comme homme
d'Etat, dépuis qu!il a pris à Paris' la
responsabilité de l'odieuse exécution
des décrets.
Le Choléra dans l'île de Malte
UN APPEL A LA FRANGE
Sous ce titre, la Gazette du Midi, »pu-«
blie la lettre suivante, qui Iui est adres
sée par S. Em. le cardinal Lavigerié \
Marseille,-ce 22 ,août l887. '■
Je reçois à Marseille, où j e viens m'ero-
barquer pour Tunis, un appel si ••touchant
dans sa confiance et sa simplicité que- je
n'hésite pas à demander votre ■concours et
celui des autres journaux--de France pour
lui donner la publicité qu'il réclame. ■
Cet appel m'arrive de Malte, que le cho
léra envahit et où, d'ordinaire, il est-terri-'
ble, non seulement parce qu'il tue, mais en^
core et surtout parce qu'il jette la popula
tion dans la détresse.
L'ile de Malte n'est, en effet, autre chos©
qu'un grand rocher, illustre sans doute,
puisqu'il a servi durant des siècles dé 1 rem-
partàl'Europe contre l'invasion musulmane,
mais stérile comme tous les rochers du
monde. Celui-là ne produit que des hom
mes. Quel exemple utile il nous donne, du
reste,.sous ce rapport! Toutes les familles
y sont nombreuses, et il n'est pas ra^e d'y
voir le père et la mère entourés de quinze
ou vingt enfants. Aussi la population, -mal
gré une émigration incessante, y est-ella
plus dense que partout ailleurs. Sur un es
pace de quelques kilomètres carrés, "on y
compte autant d'habitants que dans quel
ques-uns de nos départements de France.
Tout ce peuple vit de commerce. Sa situa
tion géographique en a fait le centre natu
rel et l'intermédiaire des échanges, pour
les produits de l'Afrique, do l'Italie, de la
Sicile et, grâce à notre Lesseps, de l'Ex
trême-Orient et des Indes.
Tant que le commerce est actif, Malte
ne demande done rien à personne. Mais
lorsqu'un fléau fait déserter ses ports, c'est
la misère i et les souffrances des pauvres
sont extrêmes. Elles le sont déjà en ce mo
ment, comme me le prouvent l'appel qui
m'est adressé par le comité central de se
cours et un autre télégramme que je reçois
de l'évêque, mon ancien auxiliaire en Tu
nisie. Mais ce qui m'émeut, ce n'est pas
tant le ' texte do l'appel en lui-même que la-
motif patriotique pour|" lequel, dans leur
épreuve qui commence, les Maltais -ont
pensé à moi, ou, pour parler plus juste
ment, à la France; ce qu'ils voient surtout
en moi, en effet, c'est ma qualité de: Fran
çais. Je ne saurais me tromper sur ce_ sen
timent, après les marques que j'en ai re
çues.
Il y a maintenant cinq années, comme ia
rentrais de Rome, revêtu des insignes du
cardinalat qué je venais de recevoir, jo
dus, pour aller à Tunis, passer par leur
île. Ils en furent avertis par la presse, et
jamais je n'oublierai les démonstrations
avec lesquelles ils voulurent recevoir un
cardinal français. Certes, il n'y eut pas là
d'arrière-pensée politique. Je ne l'aurais
pas supportée.
Ils sont et ils resteront les fidèles et
loyaux sujets de l'Angleterre.; Je les en
loue, car ils ne trouveraient nulle part une
puissance qui, toute protestante qu'elle
soit, respectât mieux ce à quoi ils tiennent
le plus : leur religion et leur culte. Je ne
m'abuse pas, non plus, sur le mobile prin
cipal qui les guidait. Avec leur foi ardente,
ils honoraient surtout en moi mon caractère
religieux; mais, à côté de ce sentiment, il
n'était pas difficile d'en démêler bientôt un
autre qui éclatait aussi de toutes parts.
' J'étais le premier cardinal français qui
eût mis jamais le pied dans leur île, et ma
présence réveillait pour eux les plus grands
souvenirs du passé. Malte, au temps de
ses chevaliers, avait entretenu des rapports
étroits et séculaires avec la France» Un
grand nombre de ses commandeurs appar
tenaient à notre noblesse. Ils ont laissé là,
avec leurs tombes qui se - voient encore
dans toutes les églises, le souvenir de leur
esprit' d'entreprise, de leurs qualités aima- ■
bles, de leur bravoure. Plusieurs grands
maîtres étaient aussi de notre sang, et ce
n'est pas une mince joie pour nous de voir
que la capitale, La Valette, l'imprenable,
porte encore son nom français, qui est celui
de son fondateur.
C'est quelque chose de ce passé glorieux
qui semblait leur apparaître dans mon
humble personne. Aussi, la population en
tière, en foule immense, son clergé en tête,
vint-elle me recevoir sur le pont, avec des
acclamations sans fin. L'évêque, vénérable
vieillard, m'avait gracieus'ement offert son
équipage; mais le peuple le détela, quoique
je pusse dire, et ce fut traîné ou plutôt
porté par lui que j'arrivai au palais épisco-
pal, au son des cloches de toutes les égli
ses, au bruit des boîtes à poudre, sous une
pluie de fleurs qui tombaient de toutes les
maisons. Mais ce qui. m'émouvait le plus
encore, en un sens, et faisait, monter mal
gré moi des sanglots étranglés jusqu'à ma
gorge, ma voiture ne cessa d'être entourée
des drapeaux de la France, portés de
vant et près de moi, mêlés aux drapeaux du
pays et à ceux du Saint-Père, au milieu-
des cris mille fois répétés de : Vive le Pape !
Vive le cardinal !, bientôt suivis du. cri for
midable de : Vive la France ! . _ . ;
Le soir, les églises, les rues étaient, illu t
minées. Deux jours après, la même foula
K» 7188-— Édition Qn*;idieniu'
Mercredi 24 Août 188?!
£DITION QUOTIDIENNE
Un an." v .
•Six mois. .
Trois mois.
.PARIS
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poste. , ,
F&ÂNCË
PARIS, 23 AOUT 1887
La politique a définitiyé'mèht envàhi
l'es conseils généraux ; on pn aura la
"preuve par lès extraits dé divers, dis
cours qne nous 1 reproduisons ailleurs.
Le plus notable est celui qu'a prononce
à Epinal M- Jules.Ferry, qui prend de
plus en plus ouvertement sous sa
proteçtion le nouveau ministère, dont
il a dit que le chef, M. Bouvier, avait
prononcé un beau discours, contenant
un large programme de réformes. Pa
reil langage est assez significatif. -
La discussion continue entre les di
vers organes de la presse républicaine
au sujet du discours de M. Rouvier,
mais elle se rétrécit en ce sens qu'elle
se réduit aux proportions d'un duel de
plume entre M. Ranc et M. Camille
Pelletan. Le spectacle de cet exercice
peut avoir un certain agrément^ mais
c'est à la condition qu'il ne se .pro
longe pas. Or, M. Pelletan l'allonge
terriblement, et çé "n'est pas lui qui,
dans la circonstance, étant de plus
méchante humeur, paraît avoir plus
d'esprit.
L'amélioration ; continue dans la
santé de l'empereur d'Allemagne: Par
contre, les nouvelles du prince impé
rial ne sont bonnes qu'à demi. Ainsi
le British Médical Journal , tout en
constatant que là dernière opération
pratiquée par le docteur Makensie a
parfaitement réussi à rendre les cor
des vocales du prince absolument lis
ses, reconnaît qu'après ce résultat les
excroissances enlevées ont néanmoins
commencé de se reproduire.-Le jour
nal parait croire que des cautérisa
tions périodiques seront très long
temps nécessaires.
Il n'y a rien de bien nouveau èn
Bulgapie, si ce n ! est la dépêche adres
sée au sultan par M. Stoïlo.f, dépêche
f ui, envoyée au nom du prince, Fer- „
inand, reconnaît,la suzeraineté dé là \
Porte et demande que le sultan fixej
l'époque où il lui sera agréable de voir !
le nouveau souverain bulgare, Jus -j
qu'ici on ne dit pas que la Porte ait 1
répondu quoi que ce soit à cette dépê- !
che, destinée sans nul" doute à effaqer i
le mauvais effet produit, à. GonstàntL- :
nôple comme ailleurs, par l'allocution
du prince de Cobourg, pairlant, au
contraire, de l'indépendance de la
Bulgarie.
De même on ne sait encore rien de
la réponse qu'auraient faite les puis
sances à la dernière communication
du gouvernement turc à ce sujet. L'ac
cord est difficile pour la rédaction
commun^ qu'on aurait voulu obtenir,
et cela se comprend. Nous croyons
même ne pas nous engager beàuctmp
en disant que cet accord ne se fera
pas.
• - ——•> „■ ■
Quatre ans après
Le 24 août doit prendre place parmi
les anniversaires que la France ne
peut pas oublier et que son-existence
troublée se charge d'ailleurs, hélas ! de
lui rappeler. En 1883, cè jour-là) à
•sept heures et demie du matin, expi
rait le prince qui emportait avec lui,
on le sait maintenant mieux que ja
mais, le dernier espoir de la Restaura
tion de la monarchié chrétienne de là
France, livrée désormais aux. hasards
d'une politique sans boussole.
Le' prince à qui Dieu semblait avoir
prodigué tous les dons que réclame
au -dix-neuvième sièclejla royauté,qui,
tout en restant populaire devait rele
ver le prestige et les droits de l'auto
rité, venait de disparaître sur la terre
d'exil par un de ces. insondables des
seins de la Providence. Et depuis lors
la France, abandonnée à des gouver
nants, de hasard, a- rapidement glis
sé sur la planche savonnée qui con
duit à J'abîmé.
Un jour pourtant, on s'en sou
vient, la rentrée du roi était possible,
ét là véridique histoire dira que ce
ne sont pas les républicains qui y
mirent les vrais obstacles. Beaucoup
d'entre eux, qui comprenaient déjà où
-les entraînait; la République, n'étaient
pas fâchés ,de profiter de l'occasion
pour sortir de ce guêpier, et auraient
subi le rétablissement de la monarchie
avec une résignation facile. On par
lait bien de révolte et d'insurrection.
Mais la France avait trop soif d'ordre
et de repos; l'épais Gambetta lui-
même serait allé se coucher quelques
mois sous les orangers .de ; Saint-Sé
bastien.
L'obstacle vint des parlementai
res, qui soulevèrent la question du
drapeau,, dans . un espoir qui ne se
réalisa que. trop* Ils savaient que le
roi,dont la vie avait été d'une admira
ble unité, ne donnerait jàmais d'en
torse au droit, qu'il n'accepterait pas
de'compromis,et qu'à ses yeux, comme
il le disait dans un langage dont l'élé
vation et la simplicitéportent un cachet
inimitable, -il fallait, pour que Dieu
pût régner en maître sur la France,
que lui y rentrât en roi. i
Ils le savaient, ces habiles, et ils
n'hésitèrent,, pas.. Ces . royalistes po
saient en maîtres et prétendaient faire
du roi le serviteur au Parlement ; ils
voulaient, disaient-ils, sauver les con
quêtes de la Révolution. Ils les sauvè
rent, .. et elles se sont même si bien
accrues que la République put remer
cier ces sauveurs de leurs services et
les renvoyer avec ce. compliment. .
Pendant ce temps, la mort arrivait.
Les royalistes, en grande majorité,
suivant ce qu'ils croyaient la voie du
droit, saluèrent dans Monsieur le comte
de Paris l'héritier de la couronne de
France. Beaucoup le firent sans en
thousiasme, mais prêts à tous les sa-
fices. D'autres portèrent dans leurre-
connaissance ce caractère, chevale
resque, qui avait valu au comte de
Ghambord cinquante-trois ans d'une
fidélité inébranlable.
Le comte de. Paris n'avait qu'à sui
vre l'exemple donné par son loyal pré
décesseur. Malheureusement on s'a
perçut bientôt que l'unité de vue man
quait, que si l'on ne voulait pas renier
la tradition, on ne voulait pas nonplus
décourager la Révolution. Les vieux
serviteurs de la royauté furent bien ac
cueillis et félicités, sincèrement, nous
n'en doutons p?is,de leur longue fidé
lité, sur laquelle on comptait ; mais on
les tint à distance. Etait-ce donc à
nouveau le triomphe de 1830! Et puis,
le sol de la patrie qu'il n'aurait dû fou
ler qu'en roi, retenait Monsieur le
comte de Paris et les membres de sa fa
mille. De, là une grande prudence, une
rare sagesse,, une crainte exagérée
d'éveiller l'attention ; de là aussi des
indécisions qui paralysaient les meil
leures volontés. Un jour, on crut pou
voir compter sur une parole; plus nette,
mais bientôt une, circulaire discrète
venait en donner un commentaire
mitigé, qui concluait toujours à la
prudence;en somme,on comptaitbeau-
coup plus sur l'habileté que sur le
droit et sur Dieu. .,
Pour ne rien compromettre, les
droits de Dieu même ne venaient plus
en tête des revendications monarchi-
ués: ils se dérobaient sous le couvert
u respect de la liberté des familles, et
le faux axiôme de la liberté decons-!
cience. Enfin i malgré tout, l'exil est
venu, et pendant qu'on en était à
chercher une voie qui n'est pas encore
trouvée, ,1a république marchait, ja
lonnant sa route de ruines ; elle por
tait de nouvelles atteintes à la liberté
de l'Eglise, elle aggravait les lois sur
l'enseignement, elle façonnait l'en
fance et la jeunesse à l'athéisme, elle
frappait la magistrature,elle travaillait
à la désorganisation de l'armée, elle
chassait Dieu de partout. C'est l'anar
chie.
Aujourd'hui, la pauvre France est
comme un malade qu'on tourne d'un
côté, puis de l'autre, pour trouver un
étatderépos, heureux si de temps à
autre il peut respirer à l'aise, par
l'emploi de quelque expédient. Est-il
étonnant que,dans cette situation pres
que désespérée, la France tourne ses
regards vers quiconque pourrait lui
promettre un court lénaemain? Elle
est comme le peuple juif qui, après
avoir méconnu et crucifié le vrai
Dieu, se laissait séduire par tous les
aventuriers qùi s'offraient à le sauver.
La France en est là. Elle a refusé le
vrai roi, et elle cherche un,dictateur!
Ah ! nous avons fait du chemin de
puis quatre ans !
N'y a-t-il donc, pour la France écrar
sée par une guerre étrangère, plus
écrasée encore par la guerre faite à
tout ce qui a été sa grandeur dans le
le passé, n'y aMril donc aucun espoir?
L'espérance ne meurt pas ! Si d'un
côté on cherche à effacer toutes les
vieilles traditions de la France, de
l'autre, on s'y attache davantage. Ja
mais autant qu'aujourd'hui s'est-on
préoccupé de Jeanne d'Arc et du désir
de donner dans sa personne à notre
patrie une protectrice officielle de
plus dans le ciel? Eh bien ! Jeanne
d'Arc était royaliste. Mais son roi, à
elle, c'était Jésus-Christ. Charles VII,
qu'elle faisait sacrer à Reims, n'était
à ses yeux que le lieutenant du Christ.
Ce ne sont pas les politiques et les
habiles qui sauveront la France.La fille
aînée de l'Eglise ne trouvera son sa
lut que dans sa foi. Elle sera sauvée
par les catholiques sans épithète
qui, sans se désintéresser complète
ment de traditions monarchiques qua
torze fois, séculaires, revendiquent
avant tout les droits de Dieu, et de
son Eglise, et, comme Jeanne d'Are,
3
proclament Jésus-Christ leur roi. Ce
"groupe de catholiques grandit tous les
jours. Voilà l'espoir ! •
du comte de Ghanibord présenter à nos
lecteurs un livre publié il y a quel
ques mois par un de ses fidèles, M*
Dubosc de Pesquidoux. Chevalier d'un
autre âge, caractère à la hauteur du
Erince qu'il a voulu célébrer, M. Dû-
osc de Pesquidoux pouvait, à bon
droit, réclamer l'honneur de produire
son jugement personnel sur le prince
qu'il à si noblement servi.
Par un sentiment de respect dont on
ne peut se défendre d'admirer la délica
tesse, il s'y est refusé, et modestement
il a intitulé son œuvre : Le comte de
Chambord d'après lui-même (1). Il ne
faudrait pas croire pourtant que cette
oeuvre de M. de Pesquidoux se borne à
des extraits heureusement choisis des
lettres et manifestes du roi. Outre de
curieux souvenirs personnels, où l'au
teur a puisé le récit d'épisodes peu
connus de la vie privée du prince,il n'a
pas négligé, par des commentaires
aussi vivants que sobres de faire res
sortir les paroles et les actes de celui
dont il a voulu nous rendre la grande»,
figure. .
; Dans, ces pages, l'exilé, le politique
et l'écrivain, l'homme et léf roi se
montrent tour à tour sous l'aspect dé
finitif qui n'appartient qu'à l'histoire.
De toutes il se dégage une émotion
puissante, qui ne tient à aucun effet
cherché par l'auteur, mais qui sort du
sujet lui-même avec une singulière
intensité. C'est qu'aussi le contraste
est poignant entre les souvenirs que
M. Dubosc de Pesquidoux rappelle à
l'honneur du prince et nos misères
présentes. Oui, en considérant cette
rare figure de prétendant, qui nous
promettait un si noble règne, on se
dit, l'angoisse au cœur : Voilà ce qui
nous était destiné ! et, après un autre
regard jeté sur les politiciens qui nous
gouvernent, on ajoute: Et voilà ce
que nous subissons !
Toutes proportions gardées, ne sem-
,ble-.t-il pas qu'on entend, appliqué au
gouvernement de la terre, l'écho dou
loureux des paroles de Nôtre-Seigneur
à Jérusalem : Que de fois, comme une
poule fait avec ses poussins, j'ai voulu
rassembler tes enfants sous mon aile,
et tu ne l'as pas voulu! Hélas! laFran ce,
non plus, n a pas voulu de ce règne
-qui s offrait à elle, lui promettant tou
tes prospérités et- toutes gloires, et au
jourd'hui c'est dans la détresse et la
honte que,les yeux vers le passé, acca
blée du présent, elle ose à peine en
trevoir 1 avenir.
Si, du moins, elle pouvait prendre
le sentiment de son erreur, ce serait le
premier pas dans la voie du retour.
C'est, le, vœu qu'inspire la lecture du
beau livre de M.BuboscdePesquidoux,
et l'on n'en peut faire de meilleur élo
ge. . . v;. ;
Auguste Roussel.
Un léger accident matériel ayant
retardé de quelques jours l'apparition-
du tome VI de la Correspondance de
Louis Veuillot, la mise en vente, à la
Société générale de librairie catho->
lique, ne commencera que le 25 cou-i
rant. " <
Nous sommes heureux d'annoncer 1
en même temps que le tome III de lai
Correspondance (deuxième des lettrés;
à sa sœur) vient d'être réimprimé pour
la troisième fois.
Il parait què le télégraphe s'était
trop, pressé d'annoncer le départ de
M- Parnell pour la France. D'après les
renseignements que donne le corres
pondant à Londres d'un journal de
Dublin, M. Parnell était bien allé à
Folkestone, mais non pour y prendre
le bateau de Boulogne. Plus simple
ment il s'était rendu, accompagné de
quelques-uns de ses amis du Parle
ment, à une. invitation de la compa
gnie du chemin de fer du Sud-Est afin
de visiter les travaux du tunnel. Gela,
pourtant, ne veut pas dire que les
chéfs de la Ligue nationale irlandaise
aient négligé les précautions. Leurs
documents confidentiels et leur caisse
sont à l'abri de la police anglaise d'Ir
lande : on lés a transportés en Angle
terre, d'où il sera facile de les faire
passer en France quand on voudra
n P« 1 VWkA A A A «« M#] ,- U 14 « « a ! 1 y
Gela seul prouve aujourd'hui à-quelle
Impuissance est réduite l'Angleterre,
malgré ses lois de coercition, en face
du, mouvement national qui soulève
toute l'Irlande. Ah ! sans doute la vic
toire du cabinet Salisbury pourrait être
certaine si on de vait, comme au bon
vieux temps, mettre Flrlande à feu et
à sang. Mais .il faut bien qu'aujour
d'hui la « libérale » Angleterre se dé
cide à être de son époque..
Quand elle aura « proclamé » un cer
tain nombre de sections provinciales
de la Ligue nationale, quand elle au*ra
même supprimé l'organisation cen
trale à Dunlin et jeté en. prison une
douzaine ou une vingtaine de députés
irlandais, en quoi sera-t-elle plus
avancée ? ,
Le cabinet Salisbury peut-il es-
- (1) Le eomte.de Chambord-d'après litirm &me.
Etude politique et historique, par Dubosc de
Pesquidoux. Paris, librairie Victor Palmé, i beau
vol. petit in-4° de 560 pages.
pérer qu'il arrêtera le mouvement
d'opinion qui, dans l'Angleterre; en
Ecosse, dans le pays de Galles, s'ac
centue contre lui en faveur de M.
Gjadstone? Peut-il espérer que l'Ir
lande, qui depuis tant de siècles lutte
avec l'énergie du désespoir, va aban
donner la lutte, aujourd'hui .que la
^ conversion » de M. Gladstone et de
la masse du parti libéral met pour
ainsi dire à sa portée la conquête de
son indépendance?
Car il serait deux fois et trois fois
aveugle , s'il pouvait sérieusement
compter sur les unionistes pour lutter
avec succès contre la masse des élec
teurs libéraux et gladstoniens. h'Unio-
nisme de lordHartington est aujour
d'hui un groupe,qui comme armée est
à peine un état-major qu'on peut
dénombrer sur ses doigts. Quant à
YUnionisme de M. Chamberlain,il tient
tout entier dans une circonscription
électorale de Birmingham.
Néanmoins le cabinet Salisbury ira
jusqu'au bout, /parce qu'il doit suivre
le programme du parti, lequel le con
damne à être= injuste et impolitique.
Car nous croyons que les conserva
teurs d'Angleterre finiront par regret
ter un,jour d'avoir abandonné au parti
libéral et radical la protection et la
défense.des intérêts les plus nobles,des
droits les plus sacrés de l'Irlande op
primée. En face de cet aveuglement
de- race, il est bon de noter que le
parti libéral va faire résolument cam
pagne en Irlande contre , le cabinet
Salisbury. Nous lisons dans les feuilles
de Londres que nombre de députés
libéraux anglais ont annoncé qu'ils
sont prê^s à abandonner leurs sièges
d'Angleterre pour se faire élire dans
toute circonscription -d'Irlande dont
le député sera mis en prison.
En outre 80 membres anglais de la
Chambre des communes ont demandé
à faire partie de la Ligue nationale
irlandaise.
Bref, jamais ministère anglais n'aura
été appelé comme celui de lord Salis
bury à appliquer à l'Irlande des lois
terribles en théorie, mais ridicules et
impuissantes en pratique.
L. Nemours Godré.
Le surmenage intellectuel
On parle beaucoup en ce temps-ci
des leçons de choses. En voici une
qu'un -médecin a recueillie et com
mente d'une façon saisissante. Il écrit
au Figaro :
Monsieur le rédacteur,
je suis médecin en province. A ce titre,
je suis entré chez un modeste commerçant
où j'ai trouvé, vendredi soir, 12 août, à huit
heures, uu petit garçon âgé de huit ans, né
en janvier .1879, avec les devoirs suivants
pour le lendemain samedi huit heures : •
1° Géographie. Apprendre les réseaux des che
mins de 1er des compagnies du Nord, de l'Ouest
et de l'Est de la France.
Tracer une carte de ces réseaux à l'encre ou
au crayon.
2° Grammaire de Larousse. Apprendre les
n 05 122 à 128 : modes, temps, conjugaison et
classification des verbes. Réapprendre les six
Verbes modèles, avoir, être et les quatre conju
gaisons. ■ ' '
3° Arithmétique par Auvert. 3 problèmes à
faire: n" 618, 619, 620, et en outre trois divi
sions avec décimales.
L'enfant, sorti de l'école à quatre heures
un quart, s'est mis à l'œuvre à cinq heures,
a interrompu , sa besogne pour souper,
s'est remis à ses devoirs aussitôt après et,,
sans interruption, a travaillé jusqu'à neuf
heures. A ce moment, comme il n'avait pas
terminé, son frère aîné a dû lui prêter son
concours.
Le lendemain matin, il a repassé ses
leçons. .. ■ •
Cet enfant, qui, au mois d'août, a dû tra-
vaillér à la lumière pour remplir sa tâche, a;
été privé de cette bonne récréation du soir
que jadis ses semblables prenaient dans la
rue, sous les yeux du père.
J'ai pensé qu'un tel exemple, pris entre
tous, valait mieux que toutes les discus
sions d'une académie de médecine qui a eu
trop en vue l'instruction secondaire, et pas
assez l'instruction primaire.
Aussi, quel est le résultat ? L'enfant est
pâle et fatigué ; il a mal à la tête et ne pou
vait plus continuer sa besogne. Il est temps
que sa tante, qui'vend des fruits et dès lé
gumes au marché, l'emmène avec elle à la
campagne pour refaire sa santé altérée,
comme cela arrive tous les ans.
On ne peut accuser, le malheureux insti
tuteur qui donne ces devoirs écrasants et
qui obéit à un programme insensé.
Il faut viser plus haut et s'en prendre à
ce corps universitaire, qui dort depuis des
années et qui réagit sans mesure et con
vulsivement sous les attaques dont il .est
l'objet.
Ecrasez l'infâme ou changez-la.
C'est l'Université qui, pendant cinquante
ans et plus, a tenu toutes les générations de
notre pays sous sa coupe, sans rien lui ap
prendre,.,pas même la langue de nos enne
mis^ Dans l'espèce, chez un enfant de 8 ans,
on ne peut invoquer les causes d'épuise
ment qui minent nos adolescents.
M. le ministre de l'instruction publique,
au lieu de faire des voyages répétés par
toute la France et de prononcer des dis
cours, ne ferait-il pas mieux de se faire re
présenter la liste des devoirs qui sont im
posés, à un jour donné, à nos pauvres pe
tits enfants ? Qu'il essaye lui-même et qu'il
constate combien de temps il lui faudrait,
à lui, grand maître de l'Université, pour
remplir la tâche de cet pauvres petits
êtres.
Veuillez agréer, monsieur, l'assurance
de ma considération distinguée.
D r X...
C'est le langage même du bon sens
que tiènt ce docteur. Mais sera-t-il
entendu? 1
La politique aux conseils généraux
Cette fois elle n'a pas manqué, et ce
sont presque partout d'anciens,person
nages officiels, sans compter les ac
tuels, qui: ont donné l'exemple de ees
manifestations..
Commençons par M. Jules Ferry qui,
en prenant possession de la présiaence
du conseil général des Vosges, a. pro
noncé le discours suivant :
Messieurs,
Bien que vous m'ayez accoutumé aux té
moignages réitérés de votre confiance, il
me semble que d'année en année j'en sens
plus vivement le prix. Je n'y trouve pas
seulement une satisfaction personnelle de
l'ordre le plus élevé, car je ne mets rien
au-dessus de- l'estime et de l'affection de
mes concitoyens; j'y.vois une manifestation
significative de cet esprit de suite, de cette
stabilité dans les desseins et dans les atta-.
chements, qui est le "caractère distinctif de
notre démocratie vosgienne. Le suffrage
universel vosgien sait bien ce qu'il veut, et
il le dit haut et clair chaque fois qu'il est
consulté.
Depuis quinze ans, il poursuit, avec une
unité de vues, qui ne s'est jamais démentie,
l'établissement d'une république sage, libé
rale, ouverte à tous, mais fermée à l'esprit
de désordre et d'utopie comme à l'esprit
de réaction. (Applaudissements.)
C'est ce tempérament résolu et réfléchi
qui a mis notre" département à l'abri de la
bourrasque électorale 'de-1885, qui parut
un instant mèttre en péril la sûreté'de nos
institutions. C'est cette préférence obstinée
pour la politique positive qui rend si: peu
redoutables, en ce pays d'union et de bon
sens, les tentatives de dissidence, les agi
tations superficielles, les réunions stériles
et tapageuses, tout ce radicalisme d'expor
tation parisienne qui cherche vainement à
couvrir par les excès de sa polémique le
vide profond de ses conceptions. (Bravos
et vifs applaudissements.)
> Messieurs, la meilleure réponse à faire
aux violences des partis, c'est de bien ad
ministrer les finances du pays. Dans la ba
lance du suffrage universel, la moindre ré
forme pratique pèsera plus désormais que
tous les programmes.
C'est ce qu'a merveilleusement compris
le nouveau cabinet qui a pris depuis peu la
charge des destinées de la république. Dans
ce beau discours, tout empreint d'unejlhon-
nête et fière éloquence, qui date de deux
jours à peine et qui aura dans les couches
profondes de l'opinion le plus grand et le
plus heureux retentissement, le président
du conseil s'est soigneusement gardé des
généralités faciles et des promesses reten
tissantes.
Il s'est contenté d'exposer, avec une pré
cision digne de sa hautu compétence, les
grandes lignes d'un certain nombre de ré
formes budgétaires, administratives et finan
cières, d'une réalisation non seulement pos
sible, mais prochaine. (Très bien !).
lia dit que ce programme est modeste.
Tous ceux qui le regarderont de près le
trouveront considérable. Puisse-t-il le faire
aboutir I Puissent les partis extrêmes, qui
Ont rendu à peu près stérile l'œuvre de la
nouvelle législature, permettre au nouveau
cabinet de mener à bonne fin cette œuvre
féconde ! .
Tel est, j'en suis, sûr, à cette heure, dans
les camps très divers, le vœu intime de
beaucoup de bons Français. (Bravos et ap
plaudissements prolongés.)
Au conseil général de Saône-et -Loire,
M. Sarrien, député, ancien ministre, a
dit entre autres choses :
La situation politique n'est pas satisfai-
' santé. Depuis la constitution du dernier
ministère, le parti républicain est divisé. Je
ne rechercherai pas à qui en incombe la
responsabilité, ce serait faire œuvre de
haine. La France demande à ses représen
tants de s'unir pour former une majorité
gouvernementale; qui réalisera une politique
d'économies et exécutera les réformes pro
mises en'1885> ■
Dans le Tarn, M. Barbey, ministre
de la marine, s'est exprimé en ces
.termes : .
Membre du cabinet dont le programme
a été discuté avec passion* dont les inten
tions ont été souvent méconnues, je suis
heureux de constater que vous n'avez pas
douté un instant de la fidélité et de la fer
meté républicaines, à l'œuvre duquel je me
suis associé et dont plusieurs membres ont
été les meilleurs amis du grand patriote
"dont nous portons encore le deuil au fond
du cœur. (Applaudissements )
Et comment pourrait-il subsister encore
le plus léger soupçon, la moindre équivo
que dans tout esprit sérieux et clairvoyant,
après le discours si précis, si lumineux,
prononcé il y a trois jours par le président
du conseil ? v
-A ceux qui affectent de croire à je ne sais
quelle alliance impossible entre le gouver
nement et les partisans des dynasties, M.
Rouvier a répondu que nous sommes un
gouvernement de concentration républi
caine, que nous ne repdussons aucune ad
hésion loyale; mais que tout adversaire de
la République est exclu de l'action gouver
nementale. ■ : "
, A ceux qui prétendent qu'il's'appuie-sur
là droite de la Chaiùbre, il a déclaré que le
jour où, dans une question de confiance,
'il n'aurait pas avec lui la majorité républi
caine, il quitterait le pouvoir. (Applaudis
sements.) . . .
Que veut-on de plus? Quelques-uns nous
demandent .d'être un gouvernement de
combat ; nous répondons: Jamais! (Très
bien!) •
La France républicaine s est prononcée a
cet égard d'une manière irrésistible ; elle
entend être gouvernée, mais elle réprouve
toute violence. (Nouvelles marques d'ap
probation.)
: Dans les Basses-Alpes, c'est M. An-
drieux qui a trouvé bon de s'expliquer
sur la politique du jour :
- Depuis votre dernière session, un événe
ment considérable s'est produit qui, pour
ne rien dire de plus, a certainement rap
proché de la droite l'axe, du gouverne
ment. :
Je souhaite sincèrement que le nouveau
cabinet réussisse à dissiper les •ftpprébsu -
sions.que^on origine a fait naître, s:./: i •
Nous sommes trop attachés, aux principes}
libéraux pour lui faire un :crime. ; de.;yo^lpiï'.
une République ouverte ; .mais nous . noust
demandons; si la République telle qu'il • la/
comprend n'est pas précisément.fermés,
anx républicains les plus sincères.
U conviendra peut-être d'examiner.: Jéé
propositions, budgétaires de .l'administra
tion avec plus de sévérité que-par- le passé,
afin d'ajouter des sanctions ..efficaces .aux
observations trop discrètes dont oû .n',a -pas
tenu compte. ."■■/. .-r. :■ ;■
"C'est une nouvelle évolution de. fyT.
Andrieux, qui revient à gauche après
avoir incliné vers la droite. Il faut
croire que son tempérament le. porte à
osciller sans cesse, sans la moindre
fixité.' ' '
Aussi ne parvient-il pas à se' faire
prendre au sérieux comme homme
d'Etat, dépuis qu!il a pris à Paris' la
responsabilité de l'odieuse exécution
des décrets.
Le Choléra dans l'île de Malte
UN APPEL A LA FRANGE
Sous ce titre, la Gazette du Midi, »pu-«
blie la lettre suivante, qui Iui est adres
sée par S. Em. le cardinal Lavigerié \
Marseille,-ce 22 ,août l887. '■
Je reçois à Marseille, où j e viens m'ero-
barquer pour Tunis, un appel si ••touchant
dans sa confiance et sa simplicité que- je
n'hésite pas à demander votre ■concours et
celui des autres journaux--de France pour
lui donner la publicité qu'il réclame. ■
Cet appel m'arrive de Malte, que le cho
léra envahit et où, d'ordinaire, il est-terri-'
ble, non seulement parce qu'il tue, mais en^
core et surtout parce qu'il jette la popula
tion dans la détresse.
L'ile de Malte n'est, en effet, autre chos©
qu'un grand rocher, illustre sans doute,
puisqu'il a servi durant des siècles dé 1 rem-
partàl'Europe contre l'invasion musulmane,
mais stérile comme tous les rochers du
monde. Celui-là ne produit que des hom
mes. Quel exemple utile il nous donne, du
reste,.sous ce rapport! Toutes les familles
y sont nombreuses, et il n'est pas ra^e d'y
voir le père et la mère entourés de quinze
ou vingt enfants. Aussi la population, -mal
gré une émigration incessante, y est-ella
plus dense que partout ailleurs. Sur un es
pace de quelques kilomètres carrés, "on y
compte autant d'habitants que dans quel
ques-uns de nos départements de France.
Tout ce peuple vit de commerce. Sa situa
tion géographique en a fait le centre natu
rel et l'intermédiaire des échanges, pour
les produits de l'Afrique, do l'Italie, de la
Sicile et, grâce à notre Lesseps, de l'Ex
trême-Orient et des Indes.
Tant que le commerce est actif, Malte
ne demande done rien à personne. Mais
lorsqu'un fléau fait déserter ses ports, c'est
la misère i et les souffrances des pauvres
sont extrêmes. Elles le sont déjà en ce mo
ment, comme me le prouvent l'appel qui
m'est adressé par le comité central de se
cours et un autre télégramme que je reçois
de l'évêque, mon ancien auxiliaire en Tu
nisie. Mais ce qui m'émeut, ce n'est pas
tant le ' texte do l'appel en lui-même que la-
motif patriotique pour|" lequel, dans leur
épreuve qui commence, les Maltais -ont
pensé à moi, ou, pour parler plus juste
ment, à la France; ce qu'ils voient surtout
en moi, en effet, c'est ma qualité de: Fran
çais. Je ne saurais me tromper sur ce_ sen
timent, après les marques que j'en ai re
çues.
Il y a maintenant cinq années, comme ia
rentrais de Rome, revêtu des insignes du
cardinalat qué je venais de recevoir, jo
dus, pour aller à Tunis, passer par leur
île. Ils en furent avertis par la presse, et
jamais je n'oublierai les démonstrations
avec lesquelles ils voulurent recevoir un
cardinal français. Certes, il n'y eut pas là
d'arrière-pensée politique. Je ne l'aurais
pas supportée.
Ils sont et ils resteront les fidèles et
loyaux sujets de l'Angleterre.; Je les en
loue, car ils ne trouveraient nulle part une
puissance qui, toute protestante qu'elle
soit, respectât mieux ce à quoi ils tiennent
le plus : leur religion et leur culte. Je ne
m'abuse pas, non plus, sur le mobile prin
cipal qui les guidait. Avec leur foi ardente,
ils honoraient surtout en moi mon caractère
religieux; mais, à côté de ce sentiment, il
n'était pas difficile d'en démêler bientôt un
autre qui éclatait aussi de toutes parts.
' J'étais le premier cardinal français qui
eût mis jamais le pied dans leur île, et ma
présence réveillait pour eux les plus grands
souvenirs du passé. Malte, au temps de
ses chevaliers, avait entretenu des rapports
étroits et séculaires avec la France» Un
grand nombre de ses commandeurs appar
tenaient à notre noblesse. Ils ont laissé là,
avec leurs tombes qui se - voient encore
dans toutes les églises, le souvenir de leur
esprit' d'entreprise, de leurs qualités aima- ■
bles, de leur bravoure. Plusieurs grands
maîtres étaient aussi de notre sang, et ce
n'est pas une mince joie pour nous de voir
que la capitale, La Valette, l'imprenable,
porte encore son nom français, qui est celui
de son fondateur.
C'est quelque chose de ce passé glorieux
qui semblait leur apparaître dans mon
humble personne. Aussi, la population en
tière, en foule immense, son clergé en tête,
vint-elle me recevoir sur le pont, avec des
acclamations sans fin. L'évêque, vénérable
vieillard, m'avait gracieus'ement offert son
équipage; mais le peuple le détela, quoique
je pusse dire, et ce fut traîné ou plutôt
porté par lui que j'arrivai au palais épisco-
pal, au son des cloches de toutes les égli
ses, au bruit des boîtes à poudre, sous une
pluie de fleurs qui tombaient de toutes les
maisons. Mais ce qui. m'émouvait le plus
encore, en un sens, et faisait, monter mal
gré moi des sanglots étranglés jusqu'à ma
gorge, ma voiture ne cessa d'être entourée
des drapeaux de la France, portés de
vant et près de moi, mêlés aux drapeaux du
pays et à ceux du Saint-Père, au milieu-
des cris mille fois répétés de : Vive le Pape !
Vive le cardinal !, bientôt suivis du. cri for
midable de : Vive la France ! . _ . ;
Le soir, les églises, les rues étaient, illu t
minées. Deux jours après, la même foula
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