Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1887-08-10
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 août 1887 10 août 1887
Description : 1887/08/10 (Numéro 7175). 1887/08/10 (Numéro 7175).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k705995k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 40 Août 1887
R* 7175 Edition cruotldtenn»
Mercredi 40 Août 1887
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poste. • ,
chance
PARIS; 9 AOUT 1887
Le mouvement" préfectoral qu'on
annonçait depuis plusieurs jours â
paru ce matin au Journal officiel^
mais ir n'offre aucun intérêt, car tout
se ' borne à un chassé-croisé entre
quelques préfets- qui se remplacent
mutuellement - dans leurs poètes res
pectifs, sans -qu'on puisse bien éta
blir si pour quelques-uns il y a. dis
grâce et, pour d'autres, avancement.
. Nous publions plus loin une lettre
de l'empereur d'Annam à M. Grévy,
qui est >une sorte de manifeste < où
sont relevés tous les griefs de l'empe
reur contre le protectorat* Ces griefs
sont nombreux et quelques-uns ne
sont pas sans importance. Sont-ils foni-
dés? C'est ce que le gouvernement aura
sans doute le souci de faire savoir au
public, car la. pièce dont il s'agit ne
peut rester sans réponse, et, peut-être
cette réponse a-t-elle été déjà faites
Cependant le Temps,, qui publie le
manifeste du roi d'Annam, n'en dit
rien.
Une dépêche de Vienne, adressée
^ Journal des Débats ,, ne laisse plus
de doute sur .le prochain départ pour
Sofia du prince Ferdinand de Cobourg»
D'une part, au palais de Cobourg, on
fait ouvertement des préparatifs de
voyage sous, la haute direction de .la
princesse Clémentine, qui a comman-
dé la livrée; d'autre part, des dépêches
de Roustchouck annoncent l'arrivée
dans cette ville du- ministère bulgare
à- peu près au complet, et des- person
nes qui doivent servir d'escorte au
prince Ferdinand ; le gouvernement à
commandé à- Bucharest 100 couverts
{jour servir au banquet qui aura lieu
é jour de l'arrivée du prince. D'après
le,bruit qui court, Je prince aurait fixé
son départ à niercredi.
. -L'affaire Weisbach continue d'occu
per les esprits des deux côtés de , la
frontière et à la . frontière même. On
commente aujourd'hui le nouvel ar
rêté du préfet de Nancy rapportant
son ordre de fermeture immédiate de
l'usine allemande et accordant un dé
lai de trois mois pour cette fermeture;
On ne commente pas moins l'expul
sion par les Allemands de trente-nuit
ménages d'employés des chemins de
fer de l'Est (en tout cent personnes
environ) qui, depuis l'annexion habi
taient Avricourt, parce que le village
français d'en deçà de-la frontière,
jgney, ne compte pas assez de maisons
pour les loger. Le langage des jour
naux allemands est particulièrement
agressif à l'endroit de la France qu'on
dénonce comme un pays de barbarie.
Le. Galignani's Messenger,q ui devient
très entreprenant depuis qu'il est tom
bé, dit-on, entre des mains américain
nés, publie les « révélations extraordi
naires » d'un diplomate rencontré à
Francfort-sur-le-Mein par un de ses
correspondants.
i.. Avons-nous besoin de dire que ces
révélations sont bien à tous égards
« extraordinaires » et témoignent d'une
certaine richesse d'imagination, sinon
d'une connaissance sérieuse des hom
mes et des choses du moment.
Le diplomate, en effet, prétend nous
renseigner par le menu « sur-le plan
dèM. de .Bismarck ». Et ce plan n'a
rien que d'avantageux pour la France
dans l'avenir. L'Alsace-Lorraine n'a
été prise et gardée par M. de Bismarck
que comme un ,appât destiné à lui va
loir atu moment favorable l'amitié de
la France. ,jCar M. ; de'Bismarck aura
fcientôt besoin de l'amitié des Français.,
Son vrai plan, son seul plan, consiste
3u annexer la Hollande à l'Allemagne»
C'est le meilleur moyen de donnera
son pays une belle ouverture sur la
jîiér et des colonies toutes faites. Dès
que le plan deviendra pratique, M. de
Bismarck dira à la France: « Je suis
prêt à vous rendre l'Alsace-Lorraine,
mais à une condition : c'est que vous
me donnerez carte blanche en Hol
lande. » . .
La chose, évidemment, déplaira a
l'Angleterre. Mais l'Angleterre, c'est la
véritable ennemie de l'Allemagne
comme'de la France. Que les nations
du continent s'arrangent entre elles,
et on pourra se moquer des colères de
,l'Angleterre. Entre Anglais èt Fran-
,eàis il y à une inimitié séculaire. En
tre Allemands et Français il n'y a
qu'une rupture accidentelle, qu'un
simple malentendu. Que la cause du
malentendu disparaisse, et tout ira
bien.
Il va sans dire que nous notons ces
prétendues « révélations » comme un
inoffensif feuilleton, conçu à une sta
tion balnéaire ou dans quelque villa
des champs par un diplomate qui a
des loisirs. Il faut évidemment ignorer
l'état de l'esprit, lés ambitions et les
sentiments de M. de Bismarck et des
chefs de la politique allemande, il faut
non moins ignorer les vrais senti
ments de la France, pour dire que les
politiciens allemands rêvent cette, bi
zarre réconciliation avec l'enûemi d'où •
tre-Rhin. *
1 : ,
Voir A* DERNIÈRES NOUVELLES à la fin
Les lettres de cachet
La presse s'est émue tout récem
ment de la loi de 1838 sur les aliénés,
3u'i permet à de simples particuliers
'incarcérer sans interrogation ni con
frontation .de' témoins, un de leurs
semblables. Cette fois, il s.'agissait d'un
baron, M. Sellière. Attiré à un dîner
dé famille, il avait été ensuite, sous
prétexte d'une promenade, emballé
dans une voiture et déposé dans une
maison d'aliénés. Cet enlèvement fit
du bruit, la police s'en mêla. Le pré
fet de police voulut voir par lui-même;
aU bout de trois semaines, il interro
geable prévenu, et d'autorité le fit
mettre en liberté. Le baron, disent les
journaux, s'est hâté de quitter la
France. La presse se borna à des dé
clamations,et ce fut à qui ne compren
drait rien à la question ou l'embrouil
lerait" à plaisir.
, Il faut bien se, placer au point de
vue de la liberté individuelle ou de la
guérison d'un malade. Que devient
la- libértê Individuelle avec la loi
de 1838 qui permet au premier ve
nu, sur ie certificat de deux médecins',
d'incarcérer un individu accusé de
folie et qui peut n'être pas fou du
tout? Prenez-vous simplement la sé
questration pour un moyen curatif?
Alors la famille a le droit de visiter le
malade, de le retirer à son gré de la
maison de santé. Il est inadmissible
qu'on guérisse les gens malgré eux.
Mais -ce sont des fous ! Ils ne sont plus
maîtres d'eux-mêmes, c'est aux hom
mes de science à disposer de leur vo
lonté 9 La personne dont la loi de 1838
se préoccupe le moins, c'est la per
sonne de l'inculpé de folie ; il n'est ni
entendu ni jugé. Un tribunal,occulte
composé de t deux médecins, qu'il ne
connaît pas, l'a condamné à la sé
questration. Cela se passe comme dans
les jugements des sociétés secrètes.
Le législateur du code civil n'a pas
été sans ' savoir qu'un homme pouvait
tomber en état, de démence ou de folie.
Pour le défendre,dans ses intérêts, il a
organisé le principe de l'interdiction
et toute une procédure qui permet à
la justice d'apprécier les faits et laisse
toute liberté à là défense. L'interdic
tion prononcée, l'article 510 du code
civil déclare que, selon le caractère de
la maladie, le'- conseil de famille pourra
décider que l'interdit sera traité daas
une maison de santé. Ainsi ce n'est
pas un héritier ou un ennemi qui
prend d'office le soin de disposer d'une
personne sur laquelle il n'a aucun
droit. C'est le conseil de famille qui
est consulté-, et il est présidé par le
juge de paix. Et la justice intervient
parce que le moyen curatif. en cette
circonstance, touche à la liberté indi
viduelle et à la protection d'un mi
neur. Le droit assimile le fou à un
mineur.
Toutes cés garanties ont disparu. La
loi de 1838 ne permet plus à la fa
mille de remplir ses obligations envers
sësmembres infirmes. L'Etat se substi
tue à la famille et à la magistrature
dans une question qui touche essen^
tiellement à Un'devoir de famille et à
ila liberté individuelle. Il se charge de
décider qui est fou. Et en cela il a
l'air d'agir par pure philantropie, re
mettant en quelque sorte son mandat
à la science , sa nouvelle alliée. Les mé
decins ont accepté un rôle étrange.
Les tribunaux ont retenti de procès
où il a été prouvé que ces certificats
de folie étaient décernés sans examen
approfondi, ou sur un examen furtif.
Il V a là une responsabilité profession
nelle; mais la magistrature n'a jamais
songé à l'invoquer, tant il semble que
l'esprit de la loi est que notre liberté
individuelle soit entre- les mains de
deux médecins aliénistes. Cela ne
choque pas le public. Il vient de cé
lébrer dans la fête de la prise de la
Bastille, l'abolition des lettres de ca
chet, et il ne s'aperçoit pas que la loi
de 1838 les a rétablies. A la vérité, le
roi seul avait le privilège de vous met
tre à la Bastille. Tout le monde, le
premier venu par conséquent, jouit
de ce privilège. Le peuple souverain
peut se donner le plaisir d'emprison
ner sans raison, sans formalité qui
bon lui semble. On trouva cinq oU six
victimes de l'arbitraire à la Bastille
de 1789 ; croit-on qué les maisons
d'aliénés n'en renferment pas davan
tage?
Lé baron Sellière était-il sain d'es
prit quand il a été jeté, par un gùet-
apens, dans une maison de santé ?
Alors, pourquoi une enquête n'a-t-eïle.
pas été ordonnée sur un fait de cette
importance ? La loi sur les aliénés n'a
pu exonérer les complices de l'incar
cération de la responsabilité générale
qui résulte pour tous les français du
code civil où il est dit que tout fait
de l'homme causant à autrui du dom
mage, oblige celui par la faute duquel
il arrive à le réparer. Si les auteurs
d'une incarcération ont agi étourdi-
ment, sans examen suffisant, ils de
meurent responsables devant la jus
tice. Le préfet de police a jugé que le
baron Sellière n'était pas fou. Peut
être ne se serait-il pas dérangé pour
Un homme obscur qui, subitement
transporté dans une maison de fous,
aurait pu devenir fou, s'il-ne l'avait
pas été au moment d'y entrer ? L'ar
bitraire qui caractérise les lettres de
cachet se retrouve ici sans aucune
des garanties qui accompagnaient
celles d'avant 89. Celles-là étaient sou
vent réblamées par un père de fa
mille ; elles venaient en aide à l'auto
rité' paternelle. Si la politique s'en
mêlait, elle n'atteignait que quelques
personnes de haut rang ; et le peuple
a été bien bon de démolir une prison
qui n'était pas faite pour lui'. Mais en
fin, c'était dé l'arbitraire pque lie ga
rantie offrent au public des inconnus
qui jusqu'à présent ont été exempts
de toute responsabilité ? Qui est'à l'a
bri de l'a cupidité d'un héritier, ou
d'une vengeance particulière? Il en
sera des garanties de la liberté indivi
duelle comme dés garanties de'la sé
curité personnelle ; qui disparaissent
avec 1 impunité systématique. Les
abus de la dérilocratie sont plus diffi
ciles à déraciner que ceux de la ror
yauté nous sommes certains qu'on
ne touchera pas à la loi de 1838.
Coquille.
L'Agence Havas reçoit de Nancy la
dépêché suivante :
- • Nancy, 8 août. I
Le préfet de Nancy a pris un nouvel ar
rêté accordant un délai de trois mois à M.
Weisbach pour la fermeture de la fabrique
de poupées d'Emberménil. ;
Un premier arrêté avait ordonné la ferr
meture immédiate ; mais ilest probable que
l'administration ■ préfectorale aura voulu
accorder un délai dé trois mois à. M. Weis
bach, afin d'écouler le stock .de marchan
dises qui se trouvé en magasin.
D'autre part, la. même agencé reçoit
'également de Nancy cette autre dépêi-
che, relative à l'expulsion du territoire
allemand de trente-huit employés des
chemins de fer de l'Est :
Nancy, 8 août. •
Le nombre des ménages d'employés des
chemins de fer de l'Est, expulsés d'Avri
court, est de trente-huit, Comprenant cent
personnes environ'.
Depuis l'annexion, ces employés habi
taient à Avricourt, village cédé à l'Allema
gne, parce que le village en deçà' de la fron
tière, Igney, né compte pas assez de mai
sons pour pouvoir les loger.
A la suite de leur expulsion, il est proba
ble que ces employés habiteront Lunéville,
en attendant qu'on ait fait des constructions
à Igney pour les recevoir.
Le Matin a reçu la dépêche suivante :
Metz, 8 août. ■
Hier a eu lieu au cimetière de la Cham-
bière, où s'élève déjà un monument érigé à
la mémoire des soldats français tombés en
1870 sous les murs de Metz, l'inauguration
d'un second monument,élevé cette fois à la
mémoire des'soldats allemands morts à
Metz pendant le siège.
Le monument est surmonté d'un aigle.
Le pasteur qui a procédé à la bénédic
tion, en présence du gouverneur et des offi
ciers supérieurs de la garnison, a fait une
comparaison entre les deux monuments et
a dit que l'aigle planant au-dessus du monu
ment allemand signifiait victoire, tandis que
l'urne; qui surmonte le monument français
était le svmbole du repos et de la renoncia
tion* .. . .
Si -le pasteur a tenu ce langage, il
est certainement sorti de ^on rôle. Ses
prédictions d'ailleurs ne sont pas, com
me on dit, paroles d'évangile.
Le Journal de> Bruxelles a publie de
son correspondant romain, lequel signe
Fidelis, ùne lettre dont l'Ami de l'Ordre,
de Namur, reproduit le passagé sui
vant:
La presse italienne et étrangère continue
à commenter la lettre de Léon XIII au car
dinal Rampolla, son secrétaire d'Etat^ ce
qui prouve combien est grande l'influence
qu'on attribue partout à la parole du Pape.
Léon XIII par cette lettre fait un nouveau
pas dans la voie de conciliation. Cela paraî
tra peut-être contradictoire, mais cela n'en
est pas moins vrai et coupe-court aux bruits
répandus par différents journaux, entre au*
très par la Gazzetta d'Jtalia. Celle-ci prétend
que la lettre n'est due qu'à, une révolution
de palais, c'est-à-dire, à l'influence, gagnée
dans ces derniers jours par un parti in
transigeant français, lequel serait, pour
des raisons purement politiques, tout à fait
opposé à toute idée de réconciliation avec
l'Italie. Comme si Léon XIII était homme à
se laisser mener par le bout du nez et com
me s'il pouvait sacrifier le bien des âmes
aux intérêts, aux, ambitions politiques de
telle ou telle coterie!
Par sa lettre, le Pape n'a donc voulu
qu'éclaircir certains points de sa dernière
allocution, Il est faux, par çontre, qu'il ait
voulu ' ihettre Jes' points sur les i en indi
quant ce qu'il voulait et ce qu'il ne vpulait
pas. Léon XIII a voulu. seulement répéter
quelles sont les conditions nécessaires pour
assurer l'indépendance véritable de la Pa- :
pauté. H a présenté; .sans le développer, .
parfo que le moméçt'n'est pas encore op-
$ofuun; un programme de gouvernement.
Il a montré qu'il existe «une - voie dans la- ,
quelle peuvent s'engager ceux qui ont cpm-
battu la Papauté plutôt par ignorance que-
par. méchanceté. Il a également déclaré
clairement quels sont ceux qui ont combattu
la Papauté de parti pris ; il a rangé en
deux camps les ennemis de la Papauté ;
dans l'un il a montré ceux qui le sont par
égarement et dans l'autre ceux qui ont juré
une haine au Pape» .
Le Pape a prouvé aussi qu'il n'est point
l'ennemi de la société moderne en ce qu'elle
a de bon et qu'il est prêt à marcher d'ac
cord avec elle en tout- ce qui est loyal,! hon
nête etd'accord-avec les principes - sacrés
de l'Evangile. Ceux, qui veulent voir autre
chose dans la lettré du Pape et interpréter
à-leur façon l'auguste parole du Souverain-
Pontife sont de mauvaise foi. Qu'on laisse
marcher le temps, et' vous verrez que la
lettre produira son effet au moment fixé par
la-Providence. Léon XIII a semé les idées;
c'est au temps de les faire mûrir et ré
pandre partout. >
Plusieurs gouvernements ont déjà fait
parvenir leurs remercîments au Pape pour
les expressions bienveillantes dont il s'est
servi à l'égard de tel ou tel pays. Çk et là
on voit dans la lettre pontificale que Léon
XIII n'est pas entièrement satisfait de la
situation de certains pays ; mais, d'autre
part, il exprime l'espoir do voir cette situa
tion s'améliorer. . •. . >
Les Belges en particulier doivent être
très fiers de tout le bien que Léon XIII dit
de votre pays, qui certes pourrait servir de
modèle aux autres. Puisse-t-il en être tou
jours ainsi!
L'Ami de l'Ordre, après avoir donné
cet extrait, dit:
Evidemment Fidelis esi, du parti de la
« conciliation », et de la. conciliation à ou
trance.
Dans sa lettre au cardinal Rampolla, le
Pape réclame une « vraie souveraineté »:
« Nous avons eu soin, dans l'allocution
«. consistoriale du 23 mai passé, dit Sa
« Sainteté, de réclamer pour Nous un état
« de choses dans lequel le Pontife romain
« ne doive être soumis à personne et puis-
« se jouir d'une liberté pleine, et non illu-
. « soire. II. n'y avait pas lieu de mal comr
« prendre Nos paroles et beaucoup . meins
« de les dénaturer en les pliant à un sens
« absolument contraire à Notre pensée. Il
« en ressortait clairement le sens vouln par
« Nous, à savoir que la condition indispen-
« sable de la, pacification en Italie était la
« restitution d'une vraie souveraineté au
« Pontife romain. » i
Et plus loin :
, « On espère dans le temps et on s'en reJ-
, « met à lui, comme si, en se prolongeant^
« la condition présente pouvait devenir aci-
« ceptable. Mais la cause delà liberté est
« pour les Pontifes et pour la catholicité
» tout entière d'un , intérêt primordial et
« vital, et, par conséquent, on peut être
« certain qu'ils la voudront toujours garan
te tie et dans Je mode la plus sûr ».
. U semble que. c'est assez clair. •«
, Dans, un article .sur. la question romaine^
que nous reproduisons plus haut, M. Eu
gène Veuillot. parle de « combinaisons bat-
« roques, hybrides, . troublantes ». Il y a
aussi des interprétations baroques, hybri
des, troublantes, des brochures d'Orléans-,
et s'il fallait s'y arrêter autrement que
pour les signaler, ce serait à ne plus savoir
que dire; !
Pour ce qui. est du bien quo Léon XIII
dit de notre pays, les Belges en sont en ef
fet très fiers. Seulement il faut noter qu'il
n'y aurait pas tant de bien fait en Belgique
si tes catholiques avaient cherché la conci
liation à la façon de Fidelis-, si, dans la
question scolaire, par exemple, ils n'avaient
pas. été intransigeants, absolument intran
sigeants. Si nous pouvons servir de modèles
aux autres, c'est parce que nous luttons^
non pas pour nous réconcilier avec les libé
raux -et les francs-maçons, mais pour faire
triofhphër les droits de la religion et de l'E
glise.
S. G. Mgr Lœuilleux, archevêque de
Chambéry, après avoir lu'le beau livre
du R. P. Berthe sur Garcia Moreno, a
voulu en , remercier l'auteur par l'im
portante lettre qije voici :
Chambéry, 3 juillet 1887,
Mon révérend père, >
Quand vous avez bien voulu me faire
hommage de là Fie de Garcia Moreno. j'é
tais, depuis plus d'un mois, en visites pas
torales. Ces visites, qui seront terminées
le 10 juillet, ne m'ont pas empêché de lire
attentivement votre livre, parce qu'après
les labeurs d'une, journée consacrée, du
matin au soir, au ministère des âmes, je
trouvais un véritable repos d'esprit et de
cœur à suivre vos récits si attachants, du
rant une partie delà nuit. "
Je né viens pas, mon révérend père, vous
louer d'avoir, en un style toujours pur, con
cis et nerveux, reproduit fidèlement tous
les traits caractéristiques de votre héros.
D'autres se sont plu, et ils ont bien fait, à
vous dire, que vous .avez su admirablement
montrer la hauteur de son génie, l'énergie
indomptable de son caractère, la constance
avec laquelle, invariablement, il poursuivait
chacun de ses desseins, et, par-dessus tout,
la vivacité de sa foi catholique etla sainteté
de sa vie. D'autres aussi ont pu vous féli
citer des considérations philosophiques, po
litiques et sociales dont vous avez ac
compagné vos récits, et la finesse avec la
quelle, de temps à autre, vous en avez fait
l'application aux institutions qui nous régis
sent.
Pour moi qui suis un de vos plus vieux
amis, je vous remercie d'une seule chose,
c'est d'avoir, sans ménagements et sans
pitié, en racontant la.vie de Garcia Moreno,
attaqué de front le libéralisme, ce ver ron
geur de nos sociétés chrétiennes, soit en
France, soit en Italie, soit en Autriche, soit
même en Espagne, .soit partbut ailleurs où
la sainte Eglise ne- devrait compter que de 1
vrais enfants, soumis au Syllabus promul-
.gué par.Pie IX, et confirmé par l'autorité
infaillible de Léon XIII, son illustre succes
seur. '
Non, il n'y a rien 'qui soit plus opposé A.
la loi de pàrfâïle liberté ,- dont'l'èsprir'flEt"
Dieu est là. source unique et intarissable,
que ce libéralisme dont tant ,d l âmes, 'même
les plus nobles et les plus intelligentes, ne
veulent pas se déprendre : ubi spiritus Do-
mini, ibi libertas: ll n'y a rien", qui soit plus
contraire à la splendeur de la gloire- des
enfants de Dieu : libertatem gloriœ filiorum
Dei; il n'y a rien qui favorise plus constam
ment et, qui multiplie davantage les occa
sions de répondre aux désirs de. la chair, ce
dont'le grand Apôtre voulait préserver les
Galates en leur prêchant-la vraie liberté :
vos in libertatem vocctli eètis, ' tantum ne li
bertatem in occasionem detis carnis.
Ils étaient nombreux déjà à l'origine des
siècles chrétiens, les libéraux ; ils cher
chaient dès'lors à s'introduire par surprise
dans l'Eglise, pour ruiner dans les âmes
cette vraie liberté que nous avons en Jésus-
Christ et la réduire en servitude : qui sub-
introierunt explorare libertatem nostram
quam habemus in Christo Jesu, ut nos in
sérvitulem redigerent ; et le grand Apôtre
déclarait hautement qu'il ne les souffrirait
pas, qu'il était décidé à -ne leur faire au
cune concession, 'pas même pour un temps,
afin que la vérité de l'Evangile demeurât
entière' parmi les-vrais fidèles : quibus.ne-
que ad horam cessimus subjeclione, ut veritas
Eoangelii permaneat ad vos. Sans s'arrêter
à ce que ces libéraux avaient su être dans
le passé, sans tenir compte de la considé
ration dont ils jouissaient 1 encore ; — car
Dieu, disait-il, n'a d'égards pour personne,
et je constate que les plus considérables
parmi ces hommes ne m'ont rien appris de
nouveau : rrâhi enim qui videbantur esse ali-
quid, nihil contulerunt ; — il les combattait
ouvertement, dans, la crainte de rendre la
. grâce de Dieu inutile.
Voilà ce qu'a fait Garcia Moreno ; étant
libre, comme l'a dit le prince des apôtres,
il n'a d'abord jamais voulu promettre à'ses
sujets la liberté dans le cas où ils auraient
voulu continuer d'être les esclaves
de la corruption : libertatem illis promit-
tentes, cum ipsi servi sint cormptionis. Il
n'a jamais, non plus, consenti à se. servir
lui même « de 3a liberté comme d'un voile
pour couvrir des actions mauvaises,mais il
, en a usé uniquement pour agir en vrai ser
viteur de Dieu, rendant à tous les hommes
l'honneur qui leur était dû, aimant, ses
frères, craignant le Seigneur », mais, en
même temps, .endurant d'un cœur magna
nime, et pour se conformer à Jésus-Christi
les maux, les peines, les injures et tout ce
qu'on lui ferait souffriç avec .injustice, et
cela jusqu'au jour de sa glorieuse mort.
Encore une fois, je vous remercie, mon
révérend père, d'avoir donné à notre siècle
ceLLe importante leçon, la plus impor^
tante, à mon avis, de toutes celles dont il a
besoin.
Puisse-t-elle profiter à un grand nombre'
de vos lecteurs! Puisse-t-elle contribuer à
faire surgir, au sein de notre bien-aimée
patrie, un de ces hommes qui soit de lai
race des vrais libérateurs d'Israël, et ; que
la divine Providence aurait choisi pour
venger le droit chrétien, non point à la con
dition de succomber par le martyre,:
comme Garcia Moréno* sous le poids de sa
grande œuvre, mais afin d'être le restau
rateur de ce droit sacré et imprescriptible,
afin de se voir acclamé par les multitudes,'
approuvé par tous les hommes droits, sen- ;
sés, fermes et solidement chrétiens; afin dé
pouvoir vivre ici-bas assez longtemps pour
affermir ses voies, pour y marcher avec
persévérance et atteindre lè but de-ses pen
sées, de ses résolutions et de ses actes,
sous la conduite de la divine Providence. ;
Agréez, mon révérend père, ces vœux,-
qui sont les vôtres, et demeurons toujours
unis dans la vérité et l'amour de notre très
saint Rédempteur.
. • • • f F bançois de S ales- A lbert,
Archevêque de Chambéry.
Au sujet de l'interdiction de la pro
cession de Sainte-Radegonde, on lit
dans le Français:
On n'a pas oublié qu'en prenant posses
sion, il y a quelques années, de son siège
épiscopal, Mgr Bellot des Minières publia
un mandement qui témoignait d'une évi
dente sympathie pour les institutions répu
blicaines. On n'a pas oublié non plus le
bruit que les journaux républicains modé
rés firent autour de cet incident et quelles
conséquences ils en tirèrent. Avec de pa
reils évêques, s'écriaient-ils à l'envi les uns
des autres, rien de plus facile que l'apaise
ment, l'entente et la conciliation. Il n'est
pas de plus sûre ■ manière, pour les chefs
de l'Eglise, d'obtenir le respect des intérêts
religieux, que de faire preuve de pareils
sentiments envers le régime. Quelle valeur
il fallait attacher à -ces. déclarations, c'est
cé que l'interdiction de la procession de
Sainte-Radegonde, à Poitiers, dont nous
parlons plus loin, peut apprendre à ceux
qui auraient eu la naïveté de les prendre au
sérieux. :
Ces réflexions peuvent- aussi bien
s'appliquer à l'attitude que prennent
aujourd'hui un certain nombre de
journaux républicains qui,, de certains
passages, d'ailleurs, mal interprétés du
mandement de prise de possession du
nouvel évêque du Puy, prétendent tirer
les mêmes conclusions que tiraient jadis
du mandement de Mgr Bellot des Mi
nières; les journaux républicains si
gnalés par le Français.
Après, quelques, jours de réflexion,
M ! .. Boulanger, qui - veut sans doute
avoir le dernier-mot, écrit, en-réponse
à la lettre de M. Jules Ferry à MM.
Proust et Raynal, une -lettre à MM. le
e&mte Di'llon et ,1e géjaé.r.ai Fa-veroi, ses
témoifts; dette lettre, datée du 6, n'est
livrée qu'aujourd'hui à la presse.
Pourquoi.ce retard.?.
Voici; le document.:
. . . Mes chers amis, t ; . •
Je viens-de lire la lettre de M» Ferry à
ses témoins.' . v
Cette léttre ne m'inspire qu'une réflexion :
gravement injurié par M.'Ferry; j.'ai voulu
un duel -sérieux, et non un duel presque
sans danger. i ^ ;
L'opinion publique jugera entre celui qui
insulte- de loin un générai et qui ne'veut
lui accorder qu'une réparation dérisoire, et
moi qui ■ ai entendu risquer ma vie pour
venger mon honneur de .soldat;
Cordiale poignée de main.
.« Général B oulanger.
Glermont, le 6 août. <
L'affaire est bien finie,, après large
effusion d'encre,- mais nulle effusion-
de sang.., Nous en , sommés très heu
reux, pour notre part ; c'est un scan
dale de moins, et< même si les lois de
l'Eglise ne s'opposaient pas au duel,
nous ne serions point' de ceux qui,
« lorsqu'ils ont senti là chair fraîche,
à toute force veulent se la mettre sous
la dent ». M.. Jules Ferry restera tran-
quille'à Foucharupt, M. le comman
dant du. i3 a . corps-restera « exilé » à
Clermont, le « Saint-Arnaud de café-
concerto» restera aussi. Tout est pour
le mieux!
Mais qUelle étrange'lettre que cette
lettre dé M. Boulanger ! Qu'il est éton
nant, ce militaire ! Il faut croire, dé
cidément, qu'il .est incapable de réflé
chir à ce qu'il dit, écrit et-fait. Dans
sa.position, à cinquante ans passés, il
ne devrait plus : être- étourneau à ■ ce
pointi! Comment! général, vous'avez
' « voulu un duel sérieux, et non 1 ., un
duel presque sans danger »! Com
ment ! général, vous trouvez que l'é
change d'une balle à vingt-cinq pas,
au pistolet de tir, rayé, à double dé
tente, ne serait qu! «,,une réparation
dérisoire » ! . Mais vous insultez, tous
^ ceux qui, < se jugeant offensés, parfois '
d'une façon très grave, se sont néan
moins contentés de ce duel-là ! « Déri
soire », ce duel ! N'interrogez pas les
morts ; demandez seulement aux deux
ou trois personnes estropiées par M.
Clémenceâu, dans ces conditions, ce
qu'elles en pensent ! . - . < ;
Et puis, souvenez-vous,, réfléchissez
donc;! Il y a un an,général, le minis
tre de la guerre à cette époque; officier
qui n'est probablement pas plus brave
qu'un aUtre, mais qui doit l'être au
tant, fut accusé, à deux reprises, en
plein Sénat,. par M. de Lareinty, de
commettre une « lâcheté, ».. Cela était
râide! Quelle réparation demanda cemi-
nis,tre? t L'échange d'une balle h vingt-
• cinq pas, au commandement; Juste
les conditions qu'acceptaient les té
moins de M. Jules Ferry. Alors donc,
d'après vous, l'ancien ministre de la
guerre ne s'exposait « presque » à au
cun danger, il ne. demandait, pour
une injure grave, qii' « une réparation
dérisoire ». Savéz-vous que vous insul
tez ce général et qu'il aurait le droit de
vous demander une satisfaction sé
rieuse,-à dix pasj trois balles au visé ?
Il faudrait vous soumettre' à ces' dures
exigences, puisque « c'est aux té
moins de l'offensé qu'il appartient 4©
dicter leurs conditions pour le règle
ment du combat ». Heureusement,
l'ancien ministre ne réclamera point,
car c'est vous-même!
Mais admettons que M. Boulanger,
commandant du 13 e corps, ait raison
contre M: Boulanger, ministre de la
guerre, et que le duel à vingt-cinq pas
soit un duel dérisoire. Est-ce que M.
Ferry ne demandait point l'arbitrage.?
Vous n'en soufflez mot. Tant mieux!
tant mieux ! Nous ne tenons pas du
tout à voir les négociations se rouvrir !
Seulement, ce silence prouve bien la
vérité de ce que nous disions dès le
premier jour, qu'au fon'd vous teniez
beaucoup plus à faire : de l'esbrouffe
qu'à obtenir une réparation..
Vous avez réussi auprès de la foule,
c'est incontestable; mais l'autre partie
du public, celle qui prend la peine de
réfléchir, a percé bien vite," ainsi que
nous l'avions prévu, votre jeu. Elle .a
haussé les épaules, et ne croit pas da
vantage à cette, soif du sang de M. Fer
ry qu'à cette générosité qui vous. fait
imposer le pistolet à vos adversaires.
Pour tout dire, elle juge l'attitude, cal
me et.correcte, de l'ancien président
du conseil plus favorablement que la
vôtre.
C'est comme cela ! -,.....
. Pierre Veuillot.
Avec les" nouveaux,programmes et
lès nouvelles méthodes, que devien
nent les études dans le monde univer
sitaire? M. Anatole France, qui assiste
tristement à la disparition des-études
vraiment classiques, répond dans le
Temps :
Le grand nombre se .désintéresse de plus
en plus des études classiques. . ;
• On peut s'en affliger, mais on ne. peut en
être surpris. Le latins'estretiré du monde;
il tend à se retirer de l'école. C'est fatal.
Au dix-huitième siècle il était encore la lan-,
gue universelle dé la science. Maintenant
la science parle français, anglais, allemand.
La théologie seule garde son vieil idiome ;
R* 7175 Edition cruotldtenn»
Mercredi 40 Août 1887
édition quotidienne
Un an.' *
Six mois. .
Trois mois.
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Avis
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- V Le meilleupmode de renouvellement est
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Toute demande de changement d'adresse
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baîides et de 50 centimes en timbres-
poste. • ,
chance
PARIS; 9 AOUT 1887
Le mouvement" préfectoral qu'on
annonçait depuis plusieurs jours â
paru ce matin au Journal officiel^
mais ir n'offre aucun intérêt, car tout
se ' borne à un chassé-croisé entre
quelques préfets- qui se remplacent
mutuellement - dans leurs poètes res
pectifs, sans -qu'on puisse bien éta
blir si pour quelques-uns il y a. dis
grâce et, pour d'autres, avancement.
. Nous publions plus loin une lettre
de l'empereur d'Annam à M. Grévy,
qui est >une sorte de manifeste < où
sont relevés tous les griefs de l'empe
reur contre le protectorat* Ces griefs
sont nombreux et quelques-uns ne
sont pas sans importance. Sont-ils foni-
dés? C'est ce que le gouvernement aura
sans doute le souci de faire savoir au
public, car la. pièce dont il s'agit ne
peut rester sans réponse, et, peut-être
cette réponse a-t-elle été déjà faites
Cependant le Temps,, qui publie le
manifeste du roi d'Annam, n'en dit
rien.
Une dépêche de Vienne, adressée
^ Journal des Débats ,, ne laisse plus
de doute sur .le prochain départ pour
Sofia du prince Ferdinand de Cobourg»
D'une part, au palais de Cobourg, on
fait ouvertement des préparatifs de
voyage sous, la haute direction de .la
princesse Clémentine, qui a comman-
dé la livrée; d'autre part, des dépêches
de Roustchouck annoncent l'arrivée
dans cette ville du- ministère bulgare
à- peu près au complet, et des- person
nes qui doivent servir d'escorte au
prince Ferdinand ; le gouvernement à
commandé à- Bucharest 100 couverts
{jour servir au banquet qui aura lieu
é jour de l'arrivée du prince. D'après
le,bruit qui court, Je prince aurait fixé
son départ à niercredi.
. -L'affaire Weisbach continue d'occu
per les esprits des deux côtés de , la
frontière et à la . frontière même. On
commente aujourd'hui le nouvel ar
rêté du préfet de Nancy rapportant
son ordre de fermeture immédiate de
l'usine allemande et accordant un dé
lai de trois mois pour cette fermeture;
On ne commente pas moins l'expul
sion par les Allemands de trente-nuit
ménages d'employés des chemins de
fer de l'Est (en tout cent personnes
environ) qui, depuis l'annexion habi
taient Avricourt, parce que le village
français d'en deçà de-la frontière,
jgney, ne compte pas assez de maisons
pour les loger. Le langage des jour
naux allemands est particulièrement
agressif à l'endroit de la France qu'on
dénonce comme un pays de barbarie.
Le. Galignani's Messenger,q ui devient
très entreprenant depuis qu'il est tom
bé, dit-on, entre des mains américain
nés, publie les « révélations extraordi
naires » d'un diplomate rencontré à
Francfort-sur-le-Mein par un de ses
correspondants.
i.. Avons-nous besoin de dire que ces
révélations sont bien à tous égards
« extraordinaires » et témoignent d'une
certaine richesse d'imagination, sinon
d'une connaissance sérieuse des hom
mes et des choses du moment.
Le diplomate, en effet, prétend nous
renseigner par le menu « sur-le plan
dèM. de .Bismarck ». Et ce plan n'a
rien que d'avantageux pour la France
dans l'avenir. L'Alsace-Lorraine n'a
été prise et gardée par M. de Bismarck
que comme un ,appât destiné à lui va
loir atu moment favorable l'amitié de
la France. ,jCar M. ; de'Bismarck aura
fcientôt besoin de l'amitié des Français.,
Son vrai plan, son seul plan, consiste
3u annexer la Hollande à l'Allemagne»
C'est le meilleur moyen de donnera
son pays une belle ouverture sur la
jîiér et des colonies toutes faites. Dès
que le plan deviendra pratique, M. de
Bismarck dira à la France: « Je suis
prêt à vous rendre l'Alsace-Lorraine,
mais à une condition : c'est que vous
me donnerez carte blanche en Hol
lande. » . .
La chose, évidemment, déplaira a
l'Angleterre. Mais l'Angleterre, c'est la
véritable ennemie de l'Allemagne
comme'de la France. Que les nations
du continent s'arrangent entre elles,
et on pourra se moquer des colères de
,l'Angleterre. Entre Anglais èt Fran-
,eàis il y à une inimitié séculaire. En
tre Allemands et Français il n'y a
qu'une rupture accidentelle, qu'un
simple malentendu. Que la cause du
malentendu disparaisse, et tout ira
bien.
Il va sans dire que nous notons ces
prétendues « révélations » comme un
inoffensif feuilleton, conçu à une sta
tion balnéaire ou dans quelque villa
des champs par un diplomate qui a
des loisirs. Il faut évidemment ignorer
l'état de l'esprit, lés ambitions et les
sentiments de M. de Bismarck et des
chefs de la politique allemande, il faut
non moins ignorer les vrais senti
ments de la France, pour dire que les
politiciens allemands rêvent cette, bi
zarre réconciliation avec l'enûemi d'où •
tre-Rhin. *
1 : ,
Voir A* DERNIÈRES NOUVELLES à la fin
Les lettres de cachet
La presse s'est émue tout récem
ment de la loi de 1838 sur les aliénés,
3u'i permet à de simples particuliers
'incarcérer sans interrogation ni con
frontation .de' témoins, un de leurs
semblables. Cette fois, il s.'agissait d'un
baron, M. Sellière. Attiré à un dîner
dé famille, il avait été ensuite, sous
prétexte d'une promenade, emballé
dans une voiture et déposé dans une
maison d'aliénés. Cet enlèvement fit
du bruit, la police s'en mêla. Le pré
fet de police voulut voir par lui-même;
aU bout de trois semaines, il interro
geable prévenu, et d'autorité le fit
mettre en liberté. Le baron, disent les
journaux, s'est hâté de quitter la
France. La presse se borna à des dé
clamations,et ce fut à qui ne compren
drait rien à la question ou l'embrouil
lerait" à plaisir.
, Il faut bien se, placer au point de
vue de la liberté individuelle ou de la
guérison d'un malade. Que devient
la- libértê Individuelle avec la loi
de 1838 qui permet au premier ve
nu, sur ie certificat de deux médecins',
d'incarcérer un individu accusé de
folie et qui peut n'être pas fou du
tout? Prenez-vous simplement la sé
questration pour un moyen curatif?
Alors la famille a le droit de visiter le
malade, de le retirer à son gré de la
maison de santé. Il est inadmissible
qu'on guérisse les gens malgré eux.
Mais -ce sont des fous ! Ils ne sont plus
maîtres d'eux-mêmes, c'est aux hom
mes de science à disposer de leur vo
lonté 9 La personne dont la loi de 1838
se préoccupe le moins, c'est la per
sonne de l'inculpé de folie ; il n'est ni
entendu ni jugé. Un tribunal,occulte
composé de t deux médecins, qu'il ne
connaît pas, l'a condamné à la sé
questration. Cela se passe comme dans
les jugements des sociétés secrètes.
Le législateur du code civil n'a pas
été sans ' savoir qu'un homme pouvait
tomber en état, de démence ou de folie.
Pour le défendre,dans ses intérêts, il a
organisé le principe de l'interdiction
et toute une procédure qui permet à
la justice d'apprécier les faits et laisse
toute liberté à là défense. L'interdic
tion prononcée, l'article 510 du code
civil déclare que, selon le caractère de
la maladie, le'- conseil de famille pourra
décider que l'interdit sera traité daas
une maison de santé. Ainsi ce n'est
pas un héritier ou un ennemi qui
prend d'office le soin de disposer d'une
personne sur laquelle il n'a aucun
droit. C'est le conseil de famille qui
est consulté-, et il est présidé par le
juge de paix. Et la justice intervient
parce que le moyen curatif. en cette
circonstance, touche à la liberté indi
viduelle et à la protection d'un mi
neur. Le droit assimile le fou à un
mineur.
Toutes cés garanties ont disparu. La
loi de 1838 ne permet plus à la fa
mille de remplir ses obligations envers
sësmembres infirmes. L'Etat se substi
tue à la famille et à la magistrature
dans une question qui touche essen^
tiellement à Un'devoir de famille et à
ila liberté individuelle. Il se charge de
décider qui est fou. Et en cela il a
l'air d'agir par pure philantropie, re
mettant en quelque sorte son mandat
à la science , sa nouvelle alliée. Les mé
decins ont accepté un rôle étrange.
Les tribunaux ont retenti de procès
où il a été prouvé que ces certificats
de folie étaient décernés sans examen
approfondi, ou sur un examen furtif.
Il V a là une responsabilité profession
nelle; mais la magistrature n'a jamais
songé à l'invoquer, tant il semble que
l'esprit de la loi est que notre liberté
individuelle soit entre- les mains de
deux médecins aliénistes. Cela ne
choque pas le public. Il vient de cé
lébrer dans la fête de la prise de la
Bastille, l'abolition des lettres de ca
chet, et il ne s'aperçoit pas que la loi
de 1838 les a rétablies. A la vérité, le
roi seul avait le privilège de vous met
tre à la Bastille. Tout le monde, le
premier venu par conséquent, jouit
de ce privilège. Le peuple souverain
peut se donner le plaisir d'emprison
ner sans raison, sans formalité qui
bon lui semble. On trouva cinq oU six
victimes de l'arbitraire à la Bastille
de 1789 ; croit-on qué les maisons
d'aliénés n'en renferment pas davan
tage?
Lé baron Sellière était-il sain d'es
prit quand il a été jeté, par un gùet-
apens, dans une maison de santé ?
Alors, pourquoi une enquête n'a-t-eïle.
pas été ordonnée sur un fait de cette
importance ? La loi sur les aliénés n'a
pu exonérer les complices de l'incar
cération de la responsabilité générale
qui résulte pour tous les français du
code civil où il est dit que tout fait
de l'homme causant à autrui du dom
mage, oblige celui par la faute duquel
il arrive à le réparer. Si les auteurs
d'une incarcération ont agi étourdi-
ment, sans examen suffisant, ils de
meurent responsables devant la jus
tice. Le préfet de police a jugé que le
baron Sellière n'était pas fou. Peut
être ne se serait-il pas dérangé pour
Un homme obscur qui, subitement
transporté dans une maison de fous,
aurait pu devenir fou, s'il-ne l'avait
pas été au moment d'y entrer ? L'ar
bitraire qui caractérise les lettres de
cachet se retrouve ici sans aucune
des garanties qui accompagnaient
celles d'avant 89. Celles-là étaient sou
vent réblamées par un père de fa
mille ; elles venaient en aide à l'auto
rité' paternelle. Si la politique s'en
mêlait, elle n'atteignait que quelques
personnes de haut rang ; et le peuple
a été bien bon de démolir une prison
qui n'était pas faite pour lui'. Mais en
fin, c'était dé l'arbitraire pque lie ga
rantie offrent au public des inconnus
qui jusqu'à présent ont été exempts
de toute responsabilité ? Qui est'à l'a
bri de l'a cupidité d'un héritier, ou
d'une vengeance particulière? Il en
sera des garanties de la liberté indivi
duelle comme dés garanties de'la sé
curité personnelle ; qui disparaissent
avec 1 impunité systématique. Les
abus de la dérilocratie sont plus diffi
ciles à déraciner que ceux de la ror
yauté nous sommes certains qu'on
ne touchera pas à la loi de 1838.
Coquille.
L'Agence Havas reçoit de Nancy la
dépêché suivante :
- • Nancy, 8 août. I
Le préfet de Nancy a pris un nouvel ar
rêté accordant un délai de trois mois à M.
Weisbach pour la fermeture de la fabrique
de poupées d'Emberménil. ;
Un premier arrêté avait ordonné la ferr
meture immédiate ; mais ilest probable que
l'administration ■ préfectorale aura voulu
accorder un délai dé trois mois à. M. Weis
bach, afin d'écouler le stock .de marchan
dises qui se trouvé en magasin.
D'autre part, la. même agencé reçoit
'également de Nancy cette autre dépêi-
che, relative à l'expulsion du territoire
allemand de trente-huit employés des
chemins de fer de l'Est :
Nancy, 8 août. •
Le nombre des ménages d'employés des
chemins de fer de l'Est, expulsés d'Avri
court, est de trente-huit, Comprenant cent
personnes environ'.
Depuis l'annexion, ces employés habi
taient à Avricourt, village cédé à l'Allema
gne, parce que le village en deçà' de la fron
tière, Igney, né compte pas assez de mai
sons pour pouvoir les loger.
A la suite de leur expulsion, il est proba
ble que ces employés habiteront Lunéville,
en attendant qu'on ait fait des constructions
à Igney pour les recevoir.
Le Matin a reçu la dépêche suivante :
Metz, 8 août. ■
Hier a eu lieu au cimetière de la Cham-
bière, où s'élève déjà un monument érigé à
la mémoire des soldats français tombés en
1870 sous les murs de Metz, l'inauguration
d'un second monument,élevé cette fois à la
mémoire des'soldats allemands morts à
Metz pendant le siège.
Le monument est surmonté d'un aigle.
Le pasteur qui a procédé à la bénédic
tion, en présence du gouverneur et des offi
ciers supérieurs de la garnison, a fait une
comparaison entre les deux monuments et
a dit que l'aigle planant au-dessus du monu
ment allemand signifiait victoire, tandis que
l'urne; qui surmonte le monument français
était le svmbole du repos et de la renoncia
tion* .. . .
Si -le pasteur a tenu ce langage, il
est certainement sorti de ^on rôle. Ses
prédictions d'ailleurs ne sont pas, com
me on dit, paroles d'évangile.
Le Journal de> Bruxelles a publie de
son correspondant romain, lequel signe
Fidelis, ùne lettre dont l'Ami de l'Ordre,
de Namur, reproduit le passagé sui
vant:
La presse italienne et étrangère continue
à commenter la lettre de Léon XIII au car
dinal Rampolla, son secrétaire d'Etat^ ce
qui prouve combien est grande l'influence
qu'on attribue partout à la parole du Pape.
Léon XIII par cette lettre fait un nouveau
pas dans la voie de conciliation. Cela paraî
tra peut-être contradictoire, mais cela n'en
est pas moins vrai et coupe-court aux bruits
répandus par différents journaux, entre au*
très par la Gazzetta d'Jtalia. Celle-ci prétend
que la lettre n'est due qu'à, une révolution
de palais, c'est-à-dire, à l'influence, gagnée
dans ces derniers jours par un parti in
transigeant français, lequel serait, pour
des raisons purement politiques, tout à fait
opposé à toute idée de réconciliation avec
l'Italie. Comme si Léon XIII était homme à
se laisser mener par le bout du nez et com
me s'il pouvait sacrifier le bien des âmes
aux intérêts, aux, ambitions politiques de
telle ou telle coterie!
Par sa lettre, le Pape n'a donc voulu
qu'éclaircir certains points de sa dernière
allocution, Il est faux, par çontre, qu'il ait
voulu ' ihettre Jes' points sur les i en indi
quant ce qu'il voulait et ce qu'il ne vpulait
pas. Léon XIII a voulu. seulement répéter
quelles sont les conditions nécessaires pour
assurer l'indépendance véritable de la Pa- :
pauté. H a présenté; .sans le développer, .
parfo que le moméçt'n'est pas encore op-
$ofuun; un programme de gouvernement.
Il a montré qu'il existe «une - voie dans la- ,
quelle peuvent s'engager ceux qui ont cpm-
battu la Papauté plutôt par ignorance que-
par. méchanceté. Il a également déclaré
clairement quels sont ceux qui ont combattu
la Papauté de parti pris ; il a rangé en
deux camps les ennemis de la Papauté ;
dans l'un il a montré ceux qui le sont par
égarement et dans l'autre ceux qui ont juré
une haine au Pape» .
Le Pape a prouvé aussi qu'il n'est point
l'ennemi de la société moderne en ce qu'elle
a de bon et qu'il est prêt à marcher d'ac
cord avec elle en tout- ce qui est loyal,! hon
nête etd'accord-avec les principes - sacrés
de l'Evangile. Ceux, qui veulent voir autre
chose dans la lettré du Pape et interpréter
à-leur façon l'auguste parole du Souverain-
Pontife sont de mauvaise foi. Qu'on laisse
marcher le temps, et' vous verrez que la
lettre produira son effet au moment fixé par
la-Providence. Léon XIII a semé les idées;
c'est au temps de les faire mûrir et ré
pandre partout. >
Plusieurs gouvernements ont déjà fait
parvenir leurs remercîments au Pape pour
les expressions bienveillantes dont il s'est
servi à l'égard de tel ou tel pays. Çk et là
on voit dans la lettre pontificale que Léon
XIII n'est pas entièrement satisfait de la
situation de certains pays ; mais, d'autre
part, il exprime l'espoir do voir cette situa
tion s'améliorer. . •. . >
Les Belges en particulier doivent être
très fiers de tout le bien que Léon XIII dit
de votre pays, qui certes pourrait servir de
modèle aux autres. Puisse-t-il en être tou
jours ainsi!
L'Ami de l'Ordre, après avoir donné
cet extrait, dit:
Evidemment Fidelis esi, du parti de la
« conciliation », et de la. conciliation à ou
trance.
Dans sa lettre au cardinal Rampolla, le
Pape réclame une « vraie souveraineté »:
« Nous avons eu soin, dans l'allocution
«. consistoriale du 23 mai passé, dit Sa
« Sainteté, de réclamer pour Nous un état
« de choses dans lequel le Pontife romain
« ne doive être soumis à personne et puis-
« se jouir d'une liberté pleine, et non illu-
. « soire. II. n'y avait pas lieu de mal comr
« prendre Nos paroles et beaucoup . meins
« de les dénaturer en les pliant à un sens
« absolument contraire à Notre pensée. Il
« en ressortait clairement le sens vouln par
« Nous, à savoir que la condition indispen-
« sable de la, pacification en Italie était la
« restitution d'une vraie souveraineté au
« Pontife romain. » i
Et plus loin :
, « On espère dans le temps et on s'en reJ-
, « met à lui, comme si, en se prolongeant^
« la condition présente pouvait devenir aci-
« ceptable. Mais la cause delà liberté est
« pour les Pontifes et pour la catholicité
» tout entière d'un , intérêt primordial et
« vital, et, par conséquent, on peut être
« certain qu'ils la voudront toujours garan
te tie et dans Je mode la plus sûr ».
. U semble que. c'est assez clair. •«
, Dans, un article .sur. la question romaine^
que nous reproduisons plus haut, M. Eu
gène Veuillot. parle de « combinaisons bat-
« roques, hybrides, . troublantes ». Il y a
aussi des interprétations baroques, hybri
des, troublantes, des brochures d'Orléans-,
et s'il fallait s'y arrêter autrement que
pour les signaler, ce serait à ne plus savoir
que dire; !
Pour ce qui. est du bien quo Léon XIII
dit de notre pays, les Belges en sont en ef
fet très fiers. Seulement il faut noter qu'il
n'y aurait pas tant de bien fait en Belgique
si tes catholiques avaient cherché la conci
liation à la façon de Fidelis-, si, dans la
question scolaire, par exemple, ils n'avaient
pas. été intransigeants, absolument intran
sigeants. Si nous pouvons servir de modèles
aux autres, c'est parce que nous luttons^
non pas pour nous réconcilier avec les libé
raux -et les francs-maçons, mais pour faire
triofhphër les droits de la religion et de l'E
glise.
S. G. Mgr Lœuilleux, archevêque de
Chambéry, après avoir lu'le beau livre
du R. P. Berthe sur Garcia Moreno, a
voulu en , remercier l'auteur par l'im
portante lettre qije voici :
Chambéry, 3 juillet 1887,
Mon révérend père, >
Quand vous avez bien voulu me faire
hommage de là Fie de Garcia Moreno. j'é
tais, depuis plus d'un mois, en visites pas
torales. Ces visites, qui seront terminées
le 10 juillet, ne m'ont pas empêché de lire
attentivement votre livre, parce qu'après
les labeurs d'une, journée consacrée, du
matin au soir, au ministère des âmes, je
trouvais un véritable repos d'esprit et de
cœur à suivre vos récits si attachants, du
rant une partie delà nuit. "
Je né viens pas, mon révérend père, vous
louer d'avoir, en un style toujours pur, con
cis et nerveux, reproduit fidèlement tous
les traits caractéristiques de votre héros.
D'autres se sont plu, et ils ont bien fait, à
vous dire, que vous .avez su admirablement
montrer la hauteur de son génie, l'énergie
indomptable de son caractère, la constance
avec laquelle, invariablement, il poursuivait
chacun de ses desseins, et, par-dessus tout,
la vivacité de sa foi catholique etla sainteté
de sa vie. D'autres aussi ont pu vous féli
citer des considérations philosophiques, po
litiques et sociales dont vous avez ac
compagné vos récits, et la finesse avec la
quelle, de temps à autre, vous en avez fait
l'application aux institutions qui nous régis
sent.
Pour moi qui suis un de vos plus vieux
amis, je vous remercie d'une seule chose,
c'est d'avoir, sans ménagements et sans
pitié, en racontant la.vie de Garcia Moreno,
attaqué de front le libéralisme, ce ver ron
geur de nos sociétés chrétiennes, soit en
France, soit en Italie, soit en Autriche, soit
même en Espagne, .soit partbut ailleurs où
la sainte Eglise ne- devrait compter que de 1
vrais enfants, soumis au Syllabus promul-
.gué par.Pie IX, et confirmé par l'autorité
infaillible de Léon XIII, son illustre succes
seur. '
Non, il n'y a rien 'qui soit plus opposé A.
la loi de pàrfâïle liberté ,- dont'l'èsprir'flEt"
Dieu est là. source unique et intarissable,
que ce libéralisme dont tant ,d l âmes, 'même
les plus nobles et les plus intelligentes, ne
veulent pas se déprendre : ubi spiritus Do-
mini, ibi libertas: ll n'y a rien", qui soit plus
contraire à la splendeur de la gloire- des
enfants de Dieu : libertatem gloriœ filiorum
Dei; il n'y a rien qui favorise plus constam
ment et, qui multiplie davantage les occa
sions de répondre aux désirs de. la chair, ce
dont'le grand Apôtre voulait préserver les
Galates en leur prêchant-la vraie liberté :
vos in libertatem vocctli eètis, ' tantum ne li
bertatem in occasionem detis carnis.
Ils étaient nombreux déjà à l'origine des
siècles chrétiens, les libéraux ; ils cher
chaient dès'lors à s'introduire par surprise
dans l'Eglise, pour ruiner dans les âmes
cette vraie liberté que nous avons en Jésus-
Christ et la réduire en servitude : qui sub-
introierunt explorare libertatem nostram
quam habemus in Christo Jesu, ut nos in
sérvitulem redigerent ; et le grand Apôtre
déclarait hautement qu'il ne les souffrirait
pas, qu'il était décidé à -ne leur faire au
cune concession, 'pas même pour un temps,
afin que la vérité de l'Evangile demeurât
entière' parmi les-vrais fidèles : quibus.ne-
que ad horam cessimus subjeclione, ut veritas
Eoangelii permaneat ad vos. Sans s'arrêter
à ce que ces libéraux avaient su être dans
le passé, sans tenir compte de la considé
ration dont ils jouissaient 1 encore ; — car
Dieu, disait-il, n'a d'égards pour personne,
et je constate que les plus considérables
parmi ces hommes ne m'ont rien appris de
nouveau : rrâhi enim qui videbantur esse ali-
quid, nihil contulerunt ; — il les combattait
ouvertement, dans, la crainte de rendre la
. grâce de Dieu inutile.
Voilà ce qu'a fait Garcia Moreno ; étant
libre, comme l'a dit le prince des apôtres,
il n'a d'abord jamais voulu promettre à'ses
sujets la liberté dans le cas où ils auraient
voulu continuer d'être les esclaves
de la corruption : libertatem illis promit-
tentes, cum ipsi servi sint cormptionis. Il
n'a jamais, non plus, consenti à se. servir
lui même « de 3a liberté comme d'un voile
pour couvrir des actions mauvaises,mais il
, en a usé uniquement pour agir en vrai ser
viteur de Dieu, rendant à tous les hommes
l'honneur qui leur était dû, aimant, ses
frères, craignant le Seigneur », mais, en
même temps, .endurant d'un cœur magna
nime, et pour se conformer à Jésus-Christi
les maux, les peines, les injures et tout ce
qu'on lui ferait souffriç avec .injustice, et
cela jusqu'au jour de sa glorieuse mort.
Encore une fois, je vous remercie, mon
révérend père, d'avoir donné à notre siècle
ceLLe importante leçon, la plus impor^
tante, à mon avis, de toutes celles dont il a
besoin.
Puisse-t-elle profiter à un grand nombre'
de vos lecteurs! Puisse-t-elle contribuer à
faire surgir, au sein de notre bien-aimée
patrie, un de ces hommes qui soit de lai
race des vrais libérateurs d'Israël, et ; que
la divine Providence aurait choisi pour
venger le droit chrétien, non point à la con
dition de succomber par le martyre,:
comme Garcia Moréno* sous le poids de sa
grande œuvre, mais afin d'être le restau
rateur de ce droit sacré et imprescriptible,
afin de se voir acclamé par les multitudes,'
approuvé par tous les hommes droits, sen- ;
sés, fermes et solidement chrétiens; afin dé
pouvoir vivre ici-bas assez longtemps pour
affermir ses voies, pour y marcher avec
persévérance et atteindre lè but de-ses pen
sées, de ses résolutions et de ses actes,
sous la conduite de la divine Providence. ;
Agréez, mon révérend père, ces vœux,-
qui sont les vôtres, et demeurons toujours
unis dans la vérité et l'amour de notre très
saint Rédempteur.
. • • • f F bançois de S ales- A lbert,
Archevêque de Chambéry.
Au sujet de l'interdiction de la pro
cession de Sainte-Radegonde, on lit
dans le Français:
On n'a pas oublié qu'en prenant posses
sion, il y a quelques années, de son siège
épiscopal, Mgr Bellot des Minières publia
un mandement qui témoignait d'une évi
dente sympathie pour les institutions répu
blicaines. On n'a pas oublié non plus le
bruit que les journaux républicains modé
rés firent autour de cet incident et quelles
conséquences ils en tirèrent. Avec de pa
reils évêques, s'écriaient-ils à l'envi les uns
des autres, rien de plus facile que l'apaise
ment, l'entente et la conciliation. Il n'est
pas de plus sûre ■ manière, pour les chefs
de l'Eglise, d'obtenir le respect des intérêts
religieux, que de faire preuve de pareils
sentiments envers le régime. Quelle valeur
il fallait attacher à -ces. déclarations, c'est
cé que l'interdiction de la procession de
Sainte-Radegonde, à Poitiers, dont nous
parlons plus loin, peut apprendre à ceux
qui auraient eu la naïveté de les prendre au
sérieux. :
Ces réflexions peuvent- aussi bien
s'appliquer à l'attitude que prennent
aujourd'hui un certain nombre de
journaux républicains qui,, de certains
passages, d'ailleurs, mal interprétés du
mandement de prise de possession du
nouvel évêque du Puy, prétendent tirer
les mêmes conclusions que tiraient jadis
du mandement de Mgr Bellot des Mi
nières; les journaux républicains si
gnalés par le Français.
Après, quelques, jours de réflexion,
M ! .. Boulanger, qui - veut sans doute
avoir le dernier-mot, écrit, en-réponse
à la lettre de M. Jules Ferry à MM.
Proust et Raynal, une -lettre à MM. le
e&mte Di'llon et ,1e géjaé.r.ai Fa-veroi, ses
témoifts; dette lettre, datée du 6, n'est
livrée qu'aujourd'hui à la presse.
Pourquoi.ce retard.?.
Voici; le document.:
. . . Mes chers amis, t ; . •
Je viens-de lire la lettre de M» Ferry à
ses témoins.' . v
Cette léttre ne m'inspire qu'une réflexion :
gravement injurié par M.'Ferry; j.'ai voulu
un duel -sérieux, et non un duel presque
sans danger. i ^ ;
L'opinion publique jugera entre celui qui
insulte- de loin un générai et qui ne'veut
lui accorder qu'une réparation dérisoire, et
moi qui ■ ai entendu risquer ma vie pour
venger mon honneur de .soldat;
Cordiale poignée de main.
.« Général B oulanger.
Glermont, le 6 août. <
L'affaire est bien finie,, après large
effusion d'encre,- mais nulle effusion-
de sang.., Nous en , sommés très heu
reux, pour notre part ; c'est un scan
dale de moins, et< même si les lois de
l'Eglise ne s'opposaient pas au duel,
nous ne serions point' de ceux qui,
« lorsqu'ils ont senti là chair fraîche,
à toute force veulent se la mettre sous
la dent ». M.. Jules Ferry restera tran-
quille'à Foucharupt, M. le comman
dant du. i3 a . corps-restera « exilé » à
Clermont, le « Saint-Arnaud de café-
concerto» restera aussi. Tout est pour
le mieux!
Mais qUelle étrange'lettre que cette
lettre dé M. Boulanger ! Qu'il est éton
nant, ce militaire ! Il faut croire, dé
cidément, qu'il .est incapable de réflé
chir à ce qu'il dit, écrit et-fait. Dans
sa.position, à cinquante ans passés, il
ne devrait plus : être- étourneau à ■ ce
pointi! Comment! général, vous'avez
' « voulu un duel sérieux, et non 1 ., un
duel presque sans danger »! Com
ment ! général, vous trouvez que l'é
change d'une balle à vingt-cinq pas,
au pistolet de tir, rayé, à double dé
tente, ne serait qu! «,,une réparation
dérisoire » ! . Mais vous insultez, tous
^ ceux qui, < se jugeant offensés, parfois '
d'une façon très grave, se sont néan
moins contentés de ce duel-là ! « Déri
soire », ce duel ! N'interrogez pas les
morts ; demandez seulement aux deux
ou trois personnes estropiées par M.
Clémenceâu, dans ces conditions, ce
qu'elles en pensent ! . - . < ;
Et puis, souvenez-vous,, réfléchissez
donc;! Il y a un an,général, le minis
tre de la guerre à cette époque; officier
qui n'est probablement pas plus brave
qu'un aUtre, mais qui doit l'être au
tant, fut accusé, à deux reprises, en
plein Sénat,. par M. de Lareinty, de
commettre une « lâcheté, ».. Cela était
râide! Quelle réparation demanda cemi-
nis,tre? t L'échange d'une balle h vingt-
• cinq pas, au commandement; Juste
les conditions qu'acceptaient les té
moins de M. Jules Ferry. Alors donc,
d'après vous, l'ancien ministre de la
guerre ne s'exposait « presque » à au
cun danger, il ne. demandait, pour
une injure grave, qii' « une réparation
dérisoire ». Savéz-vous que vous insul
tez ce général et qu'il aurait le droit de
vous demander une satisfaction sé
rieuse,-à dix pasj trois balles au visé ?
Il faudrait vous soumettre' à ces' dures
exigences, puisque « c'est aux té
moins de l'offensé qu'il appartient 4©
dicter leurs conditions pour le règle
ment du combat ». Heureusement,
l'ancien ministre ne réclamera point,
car c'est vous-même!
Mais admettons que M. Boulanger,
commandant du 13 e corps, ait raison
contre M: Boulanger, ministre de la
guerre, et que le duel à vingt-cinq pas
soit un duel dérisoire. Est-ce que M.
Ferry ne demandait point l'arbitrage.?
Vous n'en soufflez mot. Tant mieux!
tant mieux ! Nous ne tenons pas du
tout à voir les négociations se rouvrir !
Seulement, ce silence prouve bien la
vérité de ce que nous disions dès le
premier jour, qu'au fon'd vous teniez
beaucoup plus à faire : de l'esbrouffe
qu'à obtenir une réparation..
Vous avez réussi auprès de la foule,
c'est incontestable; mais l'autre partie
du public, celle qui prend la peine de
réfléchir, a percé bien vite," ainsi que
nous l'avions prévu, votre jeu. Elle .a
haussé les épaules, et ne croit pas da
vantage à cette, soif du sang de M. Fer
ry qu'à cette générosité qui vous. fait
imposer le pistolet à vos adversaires.
Pour tout dire, elle juge l'attitude, cal
me et.correcte, de l'ancien président
du conseil plus favorablement que la
vôtre.
C'est comme cela ! -,.....
. Pierre Veuillot.
Avec les" nouveaux,programmes et
lès nouvelles méthodes, que devien
nent les études dans le monde univer
sitaire? M. Anatole France, qui assiste
tristement à la disparition des-études
vraiment classiques, répond dans le
Temps :
Le grand nombre se .désintéresse de plus
en plus des études classiques. . ;
• On peut s'en affliger, mais on ne. peut en
être surpris. Le latins'estretiré du monde;
il tend à se retirer de l'école. C'est fatal.
Au dix-huitième siècle il était encore la lan-,
gue universelle dé la science. Maintenant
la science parle français, anglais, allemand.
La théologie seule garde son vieil idiome ;
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