Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1887-08-06
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 août 1887 06 août 1887
Description : 1887/08/06 (Numéro 7171). 1887/08/06 (Numéro 7171).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
biaisai i) Août iëàj
N fc 7171 ■— Edition q£0:iciieïmt'
Samedi 6 Août 188$
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
M , PARIS
. , ET, DÉPARTEMENTS
Vn an. , . . 5g »
Six mois. . . . 28 50
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•PARIS
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tournai sera envoyé dès le lendemain de
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d'un mandat-poste.
■ f'..- if- m' ■> i
. "FRâHCB
PARIS, 5 AOUT 1887
^ 11 y a du nouveau. M- Jules Ferry,
. ^adressant à ses témoins, vient de
ieur faire savoir qu'il acceptera volon
tiers un arbitrage sur les points oùles-
dits témoins se sont .trouvés en dé
saccord avec ceux du général Bou
langer. Dès lors, on est malheureuse
ment fondé à présumer que les négo
ciations à fin de duel vont reprendre et
que peut-être elles abontiront. La belle
conclusion,en vérité ! :
Malgré le départ des Chambres, voir
ci revenir la question du chemin de
fer métropolitain. M. Camille Dreyfus
et son journal, la Nation, ont pris l'i
nitiative d'une réunion où l'on a dîs-
CHté et fii).ul em ent arrêté le texte d'une
pé.tition. réclamant la prompte exécu
tion-du, projet que les Chambres ont
refusé d'adopter dans sa teneur. On en
trouvera le texte plus loin. Parallèle
ment M. Anatole de la Forge met en
mouvement les membres du comité
qui ,a pour but d'organiser la fameuse
fédération de 1889. L'on nous fait sa
voir que déjà les adhésions personnel
les abondent et qu'on a obtenu le con
cours d'un grand nombre de journaux.
; Les communes viendront sans doute
ua peu plus tard.
Une réunion d'électeurs. j usticiers
appartenant au XI* arrondissement
avait mandé hier à sa barre, salle
Baudîn, les quatre conseillers muni
cipaux de cet arrondissement, et sur^
tout le fameux Lefebvre-Roncier, in
culpé de corruption dans l'affaire de
l'exposition du cinquantenaire des
chemins de fer.
Après lecture d'une lettre de Fin-'
culpé,déclarant qu'il a le^plus grand,
désir de se laver devant le corps élec
toral des calomnies dont il est l'objet,"
mais qu'il doit attendre la décision de-,
la justice sur son cas; après audition!
des trois autres conseillers, Mayer,'.
Longuet et Levraud, qui l'ont trouvée
ifavorable, la réunion a décidé que « le
nommé Lefebvre-Roncier »,ne s'étant;
f»as présenté « pour se justifier de,
'accusation dont il est l'objet », est :
invité à donner sa démission de con
seiller municipal.
On dément que M. de Robilant soit
allé à Berlin pour conférer avec M. de ,
Bismarck des questions de politique
■extérieure. L'erreur est imputable à;
une synonymie, et c'est un neveu de,
M. de Robilant, portant le même nom,
qui a fait le voyage. Voilà qui est à
merveille. Cependant,s'il n'y a pas eu
entreyue directe, on peut s'être abou-j
ché d'une autre façon. M. de Bismarck '
ne manque pas de moyens à son ser- ,
vice pour qu il en soit ainsi, à suppo
ser qu'il y ait vu un intérêt. Or, cet
intérêt existe, à n'en pas douter.
On annonce de Leipzig que le troi
sième procès de haute trahison intenté
à desAlsaciens-Lorrains aura lieu après
les vacances.
Ce procès concerne tout particuliè- '
rement MM. Cabannes, employé à la '
Êrésidence départementale, à Stras-
ourg; Klausinger, imprimeur-litho
graphe dans la même administration,
ainsi qu'un garçon de bureau, « vieil
allemand, » ancien sous-officier de '
uhlans.
On ajoute que ledit procès fournira
d'écrasantes révélations sur l'espion
nage français. Mais il n'y a pas lieu de !
s'arrêter beaucoup à ce dernier on-dit.
On sait combien souvent des apprécia
tions du même genre, hasardées ainsi '
à l'avance, ont été contredites par les
faits.
Les journaux catholiques belges se
réjouissent de voir bientôt définitive-.
ment votée par les deux Chambres une
loi contre'l'ivresse. Toutefois, leur sa
tisfaction'n'est pas saris mélange, car
si ia loi est bonne en soi : si, par suite,
elle est appelée à donner de bons ré
sultats, pourvu qu'elle soit résolument
appliquée, on se demande ce qu'il en
sera de cette application. Comme il n'y
a pas d'agents chargés de la sur
veillance à cë point de vue, le Cour
rier de Bruxelles redoute les défaillan
ces qui pourront provenir des sugges
tions de l'intérêt ou de la passion
politique. Il n'a pas tort, car l'exem-
Ele dte la France est là pour dire com-
ien est inefficace une loi contre l'i
vresse, lorsque toutes sortes de com
plicités se rencontrent pour aider à sa
violation.
La situation de la Bulgarie reste in-
quiétante par suite de la prolongation
d'un statu quo sur lequel on ne saurait
asseoir aucune tranquillité. Travaillée
par la Russie, la Porte, dit-on, serait
aujourd'hui assez peu bienveillante
pour le prince Ferdinand de Cobourg,
à la nomination de qui, tout d'abord,
elle avait fait fête. D'autre part, on si
gnale des manifestations organisées
en Bulgarie pour réclamer la prompte
arrivée du prince. C'est un dangereux
imbroglio. ,
Le tir fédéral suisse a pris fin et
tous les journaux sont d'accord pour
proclamer que les fêtes ont été vrai
ment remarquables par le nombre et
l'entrain des visiteurs. A un autre
point de vue,il y a des réserves à faire,
et, si l'on peut oublier l'incartade
dont s'est rendu coupable M. Carteret
recevant les Soleurois et leur adressant
un discours de sectaire, il n'en est
pas de même d'un incident qui s'est
paisé le vendredi 29 juillet.Ce jour-là,
dit le Courrier de Genève , il y avait,
à la cantine, une table spéciale dres
sée pour les francs-maçons avec
drapeau bleu déployé.; et, le soir,
il y a eu réception générale de francs-
maçons au local des loges réunies.
Cette particularité, annoncée avec
soin par le Genevois, ne doit pas êtfe
perdue de vue. Pour le jugement à
porter sur l'esprit du tir de 1887, c'est
un des éléments essentiels, auquel il
faut joindre le toast à la libre-pensée
de M. Cambessedès et le toast à la
mémoire de J.-J. Rousseau de M. La-
chenal. Comme le fait très bien re
marquer le Courrier de Genève , si la
libre-pensée doit tout dominer, pour
quoi y a-t-il un budget des cultes à
Genève?
Les dépêches d'Italie signalent la
grande pompe que le gouvernement a
voulu donner aux funérailles de M.
Depretis. Le prince Amédée y figurait,
et -ce fait est tristement significatif,
car on sait que le clergé n'a point paru
aux funérailles, M. Depretis ayant for
mellement, en sa dernière maladie,
refusé de recevoir le prêtre. C'est un
nouveau scandale donné par la famille
royale piémontaise, après le scandale
permanent qui s'étale dans cette ville
de Rome prise au Pape par violence
et par ruse, et qu'elle occupe sacrilè-
gement. .
Voir /«« DERNIÈRES NOUVELLES « la fin
La question romaine
La lettre de Léon XIII au cardinal;
Rampolla a produit, de l'aveu général,
une profonde sensation; mais'si sur ce
point tout le monde est d'accord, il en
est autrement quant aux résultats que
cette lettre devra donner. L'esprit de;
parti fait ici différer les jugements.
Les révolutionnaires peuvent-ils avouer
que la parole du Pape reste une force
•politique de premier ordre avec la
quelle il faut compter? Loin de là, ils
feignent de prendre en pitié ces ca
tholiques, ces conservateurs, ces hom- !
mes politiques assez arriérés pour dire
que Léon XIII, par son majestueux et
lumineux exposé de la question ro
maine, à commandé aux hommes d'E
tat et aux gouvernements, surtout à
l'Italie,decnercher une solution que l'E
glise puisse accepter! Non, ils aiment
mieux soutenir que le Pape, en reven
diquant une vraie souveraineté tempo
relle dont Rome, propriété des catho
liques, sera nécessairement le siège,
a rendu impossible toute négociation.
Il a trop demandé, s'écrient-ils, pour
que l'on puisse lui proposer quelque
chose ; il n'aura rien.
Ce sont là de vains propos. La Pape
n'a pas fermé les négociations, il les a'
ouvertes. Do plus, en leur marquant
une base précise et solide, en rappe
lant qu'il faut donner satisfaction à la
catholicité, dont les besoins et les droits
— qu'on ne l'oublie pas — ne peuvent
être sacrifiés à l'orgueil d® l'Italie offi
cielle et révolutionnaire, il a montré du
même coup la possibilité et l'urgence
de négocier. Il y faudra venir.
Nous n'insisterons pas aujourd'hui
sur ce côté du débat. C'est d'autant
moins nécessaire que la presse enne
mie n'a rien opposé de sérieux ou seu
lement de spécieux aux revendica
tions pontificales. Sentant qu'elle ne
pouvait tenir ni sur le terrain de l'his
toire, ni sur celui des principes, elle
s'est,en somme,bornée à dire : La Ré
volution est la plus forte, elle gardera
ce qu'elle a pris.
Que la Révolution soit maintenant
la plus forte, c'est vrai, et qu'on ne
puisse guère compter que sur la force
pour faire rentrer dans l'ordre la
royauté italienne, nous sommes pour
notre part fort disposés à le croire.
Mais cette brutale réponse laisse le
droit intact et ne peut rien résoudre;
elle prouve uniquement que tôt ou
tard les chefs d'Etat devront,dans l'in
térêt de leurs sujets catholiques, pren
dre en main la cause du pouvoir tem
porel. C'est l'Italie qui l'aura voulu,et
non le Pape. Le roi Humbert croit-il
qu'il empêchera ce denoûment en
criant, avec une emphase mêlée de
crainte, que Rome lui appartient, que
c'est une conquête intangible?
Mais tandis que le gouvernement
italien, ses organes les plus accrédités
et beaucoup de nos journaux révolu
tionnaires affectent d'écouter dédai
gneusement les réclamations du Saint-
Siège, quelques doctrinaires du libéra
lisme, portant la question sur un au
tre terrain, entreprennent gravement
de démontrer à Léon XIII que le
pouvoir temporel n'est nullement né
cessaire, n'est pas même utile à la
Papauté; qu'en le revendiquant il mé
connaît ses devoirs envers l'Eglise et
envers lui-même. Aussi le conjurent-
ils,. au nom. des intérêts religieux et
pour la gloire de son Pontificat, de ne:
pas s'enfoncer plus "avant dans une
voie fâcheuse, sinon funeste. Le chef
des catholiques ne peut que perdre,
disent-ils, à être souverain temporel.
Parmi les Grosjean qui veulent ainsi
en remontrer au Pape, on voit en pre
mière ligne les libre-penseurs du
Temps et les opportunistes de la Paix,
feuille de M. Grévy. Les sceptiques du 1
Journal des Débats, avec nombre d'au
tres de moindre importance et de sem
blable compétence, font quelquefois
aussi entendre cette note. Il y a même
eu des catholiques trop conciliants qui
l'ont, à demi-voix, donnée.
Aux raisonnements que leur dicte le
désir de tout arranger sans blesser la
Révolution, ces sages joignent des ar
guments qu'ils jugent irréfutables :
ils énumèrent les grandes œuvres de
Léon XIII, ils constatent l'autorité de
sa parole non seulement sur les fidè
les, mais sur les hommes politiques et
les gouvernements; ils reconnaissent
que nulle part on ne peut trouver une
Eareille force morale,ils rappellent l'ar-
itrage pontifical dans l'affaire des
Carolines, le recours de l'Allemagne
au Pape à propos du septennat mili
taire, les vains efforts des Anglais pour
faire intervenir Rome à leur profit,
dans les choses politiques de l'Irlande;'
et ils concluent ainsi : « N'est-ce pas
« parce que la Papauté représente seu
lement une autorité morale que
Léon XIII » joue ce grand rôle? Et en
core :
Il est impossible que la Papauté, malgré
le soin qu'elle met à interrompre, par ses
protestations, la prescription des faits ac
complis, ne saisisse pas la grandeur et les
avantages de la situation particulière qui
lui est laite et l'indépendance absolue
qu'elle lui procure. Léon XIII les a certai-
nementeompris; sous son pontificat,en effet,
la Papauté a pris une autorité et un pres
tige considérables, qu'elle doit à la seule
influence morale.
C'est la Paix qui parle ainsi. Même
note dans le Temps :
Si l'on prend les choses, dit-il, au point
de vue du spectateur impartial et désinté
ressé, comment- ne pas reconnaître que
c'est la situation actuelle de la Papauté qui
fait sa force et qui lui permet d'intervenir,
comme elle vient de le faire, dans les af
faires intérieures des Etats ?
En conséquence, l'organe du désin
téressé M. Hébrard et de l'impartial
M. Scherer demande à Léon XIII de,
ne pas exposer le «prestige remarquable
« qu'il a su rendre à la Papauté » en
revendiquant davantage un pouvoir
temporel qui ne lui permettrait plus
de compter « à ce point dans les affai
res humaines ».
Le Journal des Débats, qui goûte fort
ces raisons, en a trouvé une autre,
meilleure encore et qu'il juge décisive.
D'après lui, quand le Pape était « sou
verain d'un petit Etat», personne ne
tenait à le voir et« ne s'inquiétait guère
de ce qu'il pouvait dire et faire».
Quelle différence aujourd'hui! ajoute-t-
il : quiconque passe à Rome veut voir
le Pape et «d'un bout du monde à
l'autre on discute ses circulaires et ses
encycliques ». .
Vraiment ! personne ne s'inquiétait
des circulaires et encycliques des Pa
pes quand ils possédaient le pouvoir,
temporel ! Vraiment le Vatican est
resté désert tant que Pie IX n'y a pas
été prisonnier ! Que le Journal des Dé
bats, sans remonter trop haut, sans
sortir des choses du temps, fouille un
peu dans ses souvenirs : il y trouvera
des actes de Grégoire XVI et de Pie IX
qui ont fait dans le monde quelque
bruit, puis aussi la preuve que, même
avant 1870, il y avait parfois, foule à
Rome près du chef ae l'Eglise ; on
voulait le voir, et dans sa ville où il
pouvait se montrer et dans son palais
— môme dans ce palais du Quirinal
où trône maintenant l'usurpateur.
Revenons à des arguments d'aspect
plus sérieux.
L'arbitrage de Léon XIII au sujet
des Carolines et son intervention dans
la question du septennat militaire alle
mand ne prouvent aucunement que
l'influence morale de la" Papauté ait
grandi par suite de la perte du pouvoir
temporel. Pour justifier cette tnèse, il'
faudrait établir que, si Léon XIII avait
occupé le Vatican comme souverain
temporel et non comme prisonnier,
M. de Bismarck n'eût pu ni le prendre
pour arbitre dans son différend avec
l'Espagne, ni lui demander d'inviter
les catholiques à voter le septennat;
afin d'obtenir le retrait total ou partiel
des lois de persécution.
Or cela n'est pas établi du tout. Il
est, au contraire, évident pour qui
conque joint quelque bonne foi à
quelque bon sens, que le Pape, souve
rain dans Rome, n'aurait, au point de
vue de l'arbitrage et quant à l'auto
rité sur les catholiques allemands,
rien perdu de son prestige ni de sa
force près de M. de Bismarck et de
Guillaume. Est-ce que Léon XIII; in
dépendant de tout pouvoir politique
et régnant sur un petit territoire
italien, eût paru aux cabinets de Ma
drid et de Berlin moins désintéressé
dans la question des Carolines qu'un
Pape prisonnier ? Et croit-on que cette
souveraineté temporelle eût empê
ché M. de Bismarck de s'adresser
au chef de l'Eglise pour neutrali
ser l'opposition des catholiques alle
mands ? De même pour l'Angleterre,
I ce n'est pas parce que Léon XIII serait I
| maître chez lui-qù'elle cesserait de re-
I connaître son influence sur la catho
lique Irlande? - '
"En revanche,qui donc peut nier que
le Pape, sujet du roi d'Italie, devien-'
drait forcément suspect à tout gou
vernement en conflit avec l'Etat ita
lien ? Quelle nation le voudrait pour
arbitre dans une affaire où le prince
qui le tiendrait sous sa main-,et dont il
paraîtrait accepter le joug, serait inté
ressé ? Rappeler cette question de l'ar
bitrage pour soutenir que le chef de
l'Eglise a plus d'autorité morale et ins
pire plus de confiance étant sujet
qu'étant roi, c'est déraisonner.
Sur quelque terrain qu'on se place,
il faut reconnaître, — si l'on ne veut
pas rompre avec la logique, la réa
lité des choses et la loyauté,— que la
souveraineté temporelle,cette garantie
d'une indépendance à la fois réelle et
visible, est nécessaire à la Papauté.
Pour nous,la question serait entendue
par cela seul que le Pape a parlé; mais
pour quiconque, sans être catholique,
est accessible à la raison et peut en
core être impartial, élle devrait être'
entendue aussi et résolue par les ar
guments quo le Pape a si habilement
ordonnés et si magnifiquement pré
sentés.
Nous n'avons pas la simplicité d'es
pérer un tel résultat; mais nous pou
vons noter, et nous le faisons avec
joie, que la lettre du Saint-Pére au
cardinal-ministre et la circulaire de
celui-ci ont notablement avancé la
question. Grâce à ces actes décisifs du
Saint-Siège, le terrain est déblayé de
toutes les combinaisons baroques, hy
brides, troublantes que tant de négo
ciateurs de diverses sortes mettaient
en avant,et qu'une partie de la presse
catholique, sans les accepter absolu
ment, caressait. L'Univers, Dieu mer
ci, n'a jamais eu cette faiblesse. Il a
toujours soutenu carrément tout le
droit du Pape-Roi. Ce droit, Léon XIII
vient de le rappeler et de l'affirmer de
telle sorte que l'Italie devra comprend
dre la nécessité de s'y soumettre, d'à
bord parce que c'est son intérêt na
tional, ensuite parce que c'est son de
voir,enfin parce que, si sa résistance se
prolonge, les puissances finiront par
intervenir.
Eugène Veuillot.
Les pourparlers vont-ils être repris ?
Le duel finira-t-il par avoir lieu ? Il se
pourrait. Une lettre de M. Jules Ferry
à MM. Proust et Raynal, assez ferme,"
que nous publions plus loin, demande,
en somme, l'arbitrage. Il est à crain
dre, — un peu,— que les négociations
ne recommencent.
En même temps que cette lettre, les
journaux insèrent une' note qui leur
est communiquée par l'Agence libre,
Nous la publions aussi. Cette note,
sans aucun doute, émane des témoins
du général Boulanger, MM. Dillon et
Faverot, qui, à 1,'occasion de leur pro
cès-verbal, avaient déjà pris l'Agence
libre pour intermédiaire entre eux et
le public. Nous y relevons le paragra
phe suivant :
M. le général Boulanger estimait que le
discours d'Epinal, non seulement portait
atteinte à sa dignité d'homme et de soldat^
mais encore constituait une insulte à la di-f
gnité de l'armée et à l'honneur des officiers:
Il voulait donc que la rencontre fût propor
tionnelle à. l'offense,de la gravité de laquelle
il était le meilleur juge. ;
On pourrait se demander, d'abord,-
si, toujours, l'offensé est le meilleur
juge de la gravité de l'offense? Il
nous semble que l'offensé, à cause de
l'opinion qu'il a de lui-même, à cause
de son humeur, à cause des circons
tances, peut être tenté, parfois, sou
vent, de considérer l'injure qu'on lui
a faite comme beaucoup plus grave
qu'elle ne l'est réellement. N'est-ce
point ici le cas?
L 'Univers, l'autre jour,s'élevait con
tre une note anonyme insérée dana
quelques journaux, annonçant que
M Boulanger « se montrerait in
flexible », parce qu'il jugeait l'armée
tout entière « atteinte avec lui ».
"L'Univers protestait, déclarant que les
témoins de l'ancien président du con
seil ne pouvaient pas, ne devaient pas
admettre cette prétention injustifiable, <
ridicule. Aujourd'hui, nous la retroii-*
vons, et ce n'est plus dans une note
anonyme, venant on ne sait d'où,
mais dans une sorte de second procès-
verbal rédigé par MM. le comte Dillon
et le général Faverot.
Eh bien, il faut le répéter puis
qu'elle reparaît, cette prétention est:
inadmissible. Elle doit être écartée de
prime abord. On ne sait pas ce qui
s'est dit, à ce sujet, entre les témoins:
des deux adversaires dans les entre
tiens qu'ils ont eus ensemble. Si,
comme on peut le conclure de leur
nouvelle note, MM. Dillon et le géné
ral Faverot ont déclaré que le com
mandant du 13° corps voulait venger,
en même temps que lui, l'armée tout
entière, atteinte par l'injure faite à sa
personne, MM. Proust et Raynal de
vaient immédiatement répondre : « Ou
vous allez, tout de suite, abandonner
cette prétention, ou nous romprons
sur-le-champ les pourparlers, et dirons
pourquoi. » Ils ont manqué à leur de
voir, s'ils n'ont pas tenu ce langage.
Et, dans le cas de reprise des négocia
tions, il faudra que les témoins de M.
Jules Ferry, fassent, nettement et pu-
bliquementj spécifier que l'ancien pré
sident du conseil accorde à son adver
saire une satisfaction par les armes
pour injure personnelle, rien que pour
injure personnelle. • - : ,
Car enfin M. Jules Ferry, ,en insul
tant Saint-Arnaud,... c'est -à-dire,
non!... en insultant l'ami de MM.
Mayer et Laur, n'a pas insulté, du tout,
du tout, l'armée !
Nous ne voulons pas défendre M.
Jules Ferry, qu'on le comprenne bien.
Sa « posture », pour employer une de
ses expressions favorites, et son sort
nous intéressent peu. Mais nous n'ad
mettons pas, nous n'admettrons ja
mais qu'une injure faite à « l'exilé » de
Clermont soit une inj ure faite à l'armée.
Car,alors, en attaquant M..Boulanger,
comme le font beaucoup de journaux,
comme nous le faisons nous-mêmes
si fréquemment et si justement, on.
attaquerait l'armée. Ah bien, non, par
exemple!
On n'atteint pas la règle en visant
l'exception, et M. le commandant du
13° corps, seul général de son espèce,
ne représente point l'armée française,
Dieu merci !
Pierre Veuillot.
L' Agence Havas publie la dépêche
suivante:
Rome, 4 août.
La lettre de l'empereur d'Allemagne ac
compagnant son cadeau à Léon XIII à l'oc
casion de son jubilé est empreinte do sen
timents très affectueux.
Dans cette lettre, Guillaume I" dit qu'il
est beau "pour l'empereur et pour le Pape
d'avoir pu dans leur vieillesse rétablir la
paix religieuse,
Le Pape a répondu hier par une lettre
autographe dans laquelle il remercie vive
ment l'empereur de ses sentiments,auxquels
il s'associe tout à fait.
h'Intransigeant écrit à l'adresse du
ministère :
On sait que le conseil municipal de Paris
a pris une nouvelle délibération, pour invi
ter le préfet de la Seine à autoriser l'érec
tion, au Père-Lachaise, d'un monument en
l'honneur des fédérés tués en 1871.
Cette décision du conseil, qui donnait
satisfaction aux veuves et aux orphelins des
victimes de la réaction versaillaise, a eu,
paraît-il, le don de déplaire au gouverne
ment.
Rouvier et Heredia sont, en effet, déci
dés à refuser l'autorisation qui va leur être
demandée. On s'en souviendra.
Le mot de Ja fin est plein de mena
ces. En tout autre' temps et sous un
autre gouvernement, elles paraîtraient
vaines, car il suffirait d'un peu d'au
torité morale et d'énergie pour en
avoir facilement raison. Mais on a
tant fait déjà de concessions aux com
munards depuis l'amnistie que ceux-
ci en sont maintenant à se promettre
une revanche prochaine. Le fait est à
signaler.
Si M. Spuller ne s'aventurait guère
à la tribune, du temps qu'il était sim
ple député il prend, depuis son avè
nement au ministère, une terrible re
vanche. Ses discours ne se comptent
plus, et tantôt à Lyori, tantôt à Dijon,
à Saint-Quentin,tantôt à Paris,ce sont,
débitées à la course, des harangues à
n'en plus finir. La dernière en date est
d'hier, et le prétexte en a été la distri
bution des prix aux élèves du Conser
vatoire. D'ordinaire, c'est un délégué
du ministre qui préside cette cérémo
nie. Comme ministre des beaux-arts
en même temps que de l'instruction
publique et des cultes, M. Spuller s'est
cru en devoir de parler lui-même aux
jeunes artistes.
Après un préambule sur le rôle de
l'Etat en matière de beaux-arts et
quelques compliments aux Mécènes
du Conservatoire en France et à l'é
tranger, M. Spuller a déploré le retard
apporté à la reconstruction de l'Opéra-
Comique. Mais tous les obstacles dis
paraîtront, a-t-il. dit, « devant la vo
lonté formelle de l'administration,
gardienne non seulement des intérêts
des artistes, mais des intérêts supé
rieurs d'une forme de J'art en qui se
sont manifestés depuis cent cinquante
ans, sous tant de formes agréables et
variées, les meilleures qualités et les
plus heureux dons du génie français,
la bonne humeur, la sensibilité fine
et tendre, l'esprit élégant et vif, avec
les plus honnêtes passions ».
Est-ce encore l'éloge des plus hon
nêtes passions qu'a fait M. Spuller
quand il a poursuivi, par cette appré
ciation d'une des pièces les plus sca
breuses d'Alexandre Dumas :
Cette année n'a pas été seulement une an
née de deuils et do misères. L'académie
nationale de musique a enrichi son réper
toire d'un grand opéra : Patrie, de M. Pa-
ladilhe, partition magniQque, tout inspirée
des sentiments les plus généreux, cadre
splendide où l'on a pu voir et contempler
des passions aux prises, et dans tout 4'éclat
de la vérité et de la couleur historique.
La scène française s'est enrichie d'un
nouveau chef-d'œuvre, Francillon, dont le
succès, qui a été, dès le premier soir, un
vrai triomphe, dure encore, à la grande
satisfaction du public d'élite de la rue Ri
chelieu, à la plus grande gloire de l'un des
maîtres les plus hardis, les plus originaux
de notre littérature contemporaine.
Mais M. Spuller n'était pas seule
ment chargé de louanges plus ou moins
acceptables à l'adresse des artistes. Il
apportait deux croix de la Légion
d'honneur, ce dont il a informé le pu
blic en ces. termes ,
J'ai l'hflnneur de porter à la connaissanca
de l'assemblée que M. le président de la
République a bien voulu, sur ma proposi
tion, nommer chevalier de la Légion d'hoa-
neuçM. Charles Lenepveu, élève de- M.
Ambroise .Thomas, grand prix de composi*
lion musicale en 1865, professeur d'harmo*
nie au Conservatoire, auteur de nombreu
ses compositions,' qui toutes attestent qu®
dans cet artiste éminent il y a des trésors
de science et de conscience,'d'inspiration et
d'harmonie qu'il.est temps, grand tempsda
mettre en pleine lumière pour l'honneur de
la Fraqce et la gloire de l'art. Le Florentin,
exécuté à l'Opéra-Comique; le Requiem,
exécuté au Conservatoire; Velleda connue,
hélas! des Anglais, grâce au, zèle de la
grande artiste Adelina Patti, avant de l'être
des Français, .qui n'en ont encore entendu
que des fragments, sont les titres de M.
Charles Lenepveu à la décoration que je
suis si heureux de lui remettre dans cette
solennité.
J'apporte également la croix de chevalier
de la Légion d'honneur, que M. le président
de la République a mise à ma disposition
pour M. Maubant, professeur de l'une des
classes de déclamation du Conservatoire et
sociétaire de la Comédie-Française. C'est
l'art classique avec ses austères enseigne*
ments qui est reconnu, préconisé, honoré,
couronné une tois de plus dans la personne
de M. Maubant, dont le caractère est égal
au talent, et c'est une bonne fortune pour
moi que de lui remettre ce témoignage d'une
haute estime et d'une considération dont
mieux que personne il connaît tout le prix.
Dans la péroraison en l'honneur^d®
la gloire, il s'est mêlé un peu de politi
que. Nous citons:
Elèves du Conservatoire, voilà les grands
enseignements d3 ces fêtes. Le mérite y
est récompensé et lés services rendus y
sont exaltés comme ils doivent l'être dans
un grand et noble pays qui a le sentiment
de la reconnaissance. Pour des artistes, ce
n'est pas assez : leur âme ardente et pas
sionnée poursuit la gloire : c'est leur .lot,
c'est leur domaine. Ce n'est pas moi qui
vous détournerai de- cette ambition, la
plus généreuse qui puisse enflammer nos
cœurs.
On n'est vraiment artiste que lorsqu'on
s'est tiré soi-même par son travail, par son
talent, je n'ose dire par son génie, du sein
de la foule. Le génie n'est jamais confondu
avec la foule: du premier coup il s'en em
pare, la domine, la possède pour la conso
ler et la réjouir, pour l'exalter et l'entraîner.
Aimez donc la gloire, la vraie,la pure gloire,
celle que donnent les juges difficiles qui sa
vent devancer les arrêts de la postérité.
Aimez la gloire; la France l'a toujours
aimée,et toujours elle a su la donner à ceux
des artistes de l'étranger qui sont venus la
lui demander. Je n'en veux pour preuve et
pour dernier exemple que les honneurs ren
dus récemment par la France à ce grand
Rossini que l'Italie, sa patrie de naissance,
a voulu placer dans son Panthéon. Nous
avons prouvé ce jour-là que les hommes
illustres qui nous ont aimés, nous les trai
tons comme des fils adoptifs de la France.
La municipalité de Florence a redemandé
la dépouille mortelle de l'auteur de Sérnira-
mis, de Moïse , du Barbier de Sêville et de
Guillaume Tell; mais Guillaume Tell, écrit
pour notre première scène lyrique, nous
reste. C'est un opéra français, qui est un
des plus beaux fleurons de la couronne ds
gloire de la France, et qui est aussi comme
un trait d'affinité, de consanguinité, de plus
entre les deux grandes patries de l'art, en
tre l'Italie ef la France, si bien faites pour
s'aimer, s'unir et se comprendre. Ces fêtes-
là ne sont pas les fêtes d'une école, mais
d'une, nation, et,pour mieux dire.de l'huma
nité. Ce sont les fêtes de la gloire; je com
prends qu'elles tentent vos jeunes cœurs et
qu'elles lassent vibrer vos âmes à la fois
d'enthousiasme et d'espérance.
Il y aurait bien à dire sur cette théo
rie de la gloire selon la conception de
M. Spuller,qui la rattache, en certains
cas, à la production d'œuvres malsai
nes dont un peuple a plus à souffrir
qu'à se glorifier. Mais le lecteur fera
de lui-même les réserves nécessaires.
Bornons-nous à constater que M.
Spuller. qui montre en perspective
comme but du suprême effort des ar
tistes « la vraie, la pure gloire », ne
paraît pas en avoir une notion bien
pure.
Auguste Roussel.
M. Eugène de la Gournerie
M. Eugène de la Gournerie,qui vient
de mourir à quatre-vingt-un ans en
Bretagne où il était né, au diocèse de
Nantes « dont il restera une des gloi
res,» dit la Semaine religieuse, a toujours
été un sincère et fidèle ami del'E/muers.
Ses relations avec le comte du Lac, qui
s'étaient formées sous le patronage de
l'abbé de Salinis et dans la maison.de
M. Bailly, s'étaient toujours maintenues
affectueuses etintimes.En 1826, quand
Eugène de la Gournerie ayant achevé
brillamment ses études de droit ren
trait à Nantes, M. Bailly rendait de lui
ce tériioignàge : «Savez-vous quel était
son passetemps le plus agréable, sa
récréation la plus ordinaire? C'était
d'aller dans les hôpitaux visiter les ma
lades,leur porter les secours et les con
solations de la charité, leur apprendre
à bénir Dieu dans leurs'souffrances et
les préparer à mourir chrétiennement.
C'est ainsi qu'ontfait les,saints », ajou
tait M. Bailly ; et il continuait en s'a-
dressant au père de son pensionnaire.
« Il ne vous a peut-être jamais parlé
de ces circonstances de sa vie depuis
qu'il est à Paris, vîgus respecterez le
secret de sa pieuse et humblè charité.
Je ne l'aurais pas connu plus que
vous s'il avait pu me le laisser ignorer.
Personne ne l'a su de lui, si ce n'est
ceux qui participent aux mêmes
oeuvres. »
Ceci se passait avant l'institution
des Conférences de Saint-Vincent cj,$
Paul,et ceux qui participaient aux me-
N fc 7171 ■— Edition q£0:iciieïmt'
Samedi 6 Août 188$
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
M , PARIS
. , ET, DÉPARTEMENTS
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On s'abonne à Rome, place du Gesù, 8 < :
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ANNONCES
MM. Ch." LAGRANGE, CERF et C 1 ®, .6, place de laBourSir ?
Pour la saison des eaux et des vacances,
IAdministration de /'Univers accorde
des abonnements d'un mois à Védition
quotidienne au prix , de 5 fr. 50. — Le
tournai sera envoyé dès le lendemain de
m réception de là demande accompagnée
d'un mandat-poste.
■ f'..- if- m' ■> i
. "FRâHCB
PARIS, 5 AOUT 1887
^ 11 y a du nouveau. M- Jules Ferry,
. ^adressant à ses témoins, vient de
ieur faire savoir qu'il acceptera volon
tiers un arbitrage sur les points oùles-
dits témoins se sont .trouvés en dé
saccord avec ceux du général Bou
langer. Dès lors, on est malheureuse
ment fondé à présumer que les négo
ciations à fin de duel vont reprendre et
que peut-être elles abontiront. La belle
conclusion,en vérité ! :
Malgré le départ des Chambres, voir
ci revenir la question du chemin de
fer métropolitain. M. Camille Dreyfus
et son journal, la Nation, ont pris l'i
nitiative d'une réunion où l'on a dîs-
CHté et fii).ul em ent arrêté le texte d'une
pé.tition. réclamant la prompte exécu
tion-du, projet que les Chambres ont
refusé d'adopter dans sa teneur. On en
trouvera le texte plus loin. Parallèle
ment M. Anatole de la Forge met en
mouvement les membres du comité
qui ,a pour but d'organiser la fameuse
fédération de 1889. L'on nous fait sa
voir que déjà les adhésions personnel
les abondent et qu'on a obtenu le con
cours d'un grand nombre de journaux.
; Les communes viendront sans doute
ua peu plus tard.
Une réunion d'électeurs. j usticiers
appartenant au XI* arrondissement
avait mandé hier à sa barre, salle
Baudîn, les quatre conseillers muni
cipaux de cet arrondissement, et sur^
tout le fameux Lefebvre-Roncier, in
culpé de corruption dans l'affaire de
l'exposition du cinquantenaire des
chemins de fer.
Après lecture d'une lettre de Fin-'
culpé,déclarant qu'il a le^plus grand,
désir de se laver devant le corps élec
toral des calomnies dont il est l'objet,"
mais qu'il doit attendre la décision de-,
la justice sur son cas; après audition!
des trois autres conseillers, Mayer,'.
Longuet et Levraud, qui l'ont trouvée
ifavorable, la réunion a décidé que « le
nommé Lefebvre-Roncier »,ne s'étant;
f»as présenté « pour se justifier de,
'accusation dont il est l'objet », est :
invité à donner sa démission de con
seiller municipal.
On dément que M. de Robilant soit
allé à Berlin pour conférer avec M. de ,
Bismarck des questions de politique
■extérieure. L'erreur est imputable à;
une synonymie, et c'est un neveu de,
M. de Robilant, portant le même nom,
qui a fait le voyage. Voilà qui est à
merveille. Cependant,s'il n'y a pas eu
entreyue directe, on peut s'être abou-j
ché d'une autre façon. M. de Bismarck '
ne manque pas de moyens à son ser- ,
vice pour qu il en soit ainsi, à suppo
ser qu'il y ait vu un intérêt. Or, cet
intérêt existe, à n'en pas douter.
On annonce de Leipzig que le troi
sième procès de haute trahison intenté
à desAlsaciens-Lorrains aura lieu après
les vacances.
Ce procès concerne tout particuliè- '
rement MM. Cabannes, employé à la '
Êrésidence départementale, à Stras-
ourg; Klausinger, imprimeur-litho
graphe dans la même administration,
ainsi qu'un garçon de bureau, « vieil
allemand, » ancien sous-officier de '
uhlans.
On ajoute que ledit procès fournira
d'écrasantes révélations sur l'espion
nage français. Mais il n'y a pas lieu de !
s'arrêter beaucoup à ce dernier on-dit.
On sait combien souvent des apprécia
tions du même genre, hasardées ainsi '
à l'avance, ont été contredites par les
faits.
Les journaux catholiques belges se
réjouissent de voir bientôt définitive-.
ment votée par les deux Chambres une
loi contre'l'ivresse. Toutefois, leur sa
tisfaction'n'est pas saris mélange, car
si ia loi est bonne en soi : si, par suite,
elle est appelée à donner de bons ré
sultats, pourvu qu'elle soit résolument
appliquée, on se demande ce qu'il en
sera de cette application. Comme il n'y
a pas d'agents chargés de la sur
veillance à cë point de vue, le Cour
rier de Bruxelles redoute les défaillan
ces qui pourront provenir des sugges
tions de l'intérêt ou de la passion
politique. Il n'a pas tort, car l'exem-
Ele dte la France est là pour dire com-
ien est inefficace une loi contre l'i
vresse, lorsque toutes sortes de com
plicités se rencontrent pour aider à sa
violation.
La situation de la Bulgarie reste in-
quiétante par suite de la prolongation
d'un statu quo sur lequel on ne saurait
asseoir aucune tranquillité. Travaillée
par la Russie, la Porte, dit-on, serait
aujourd'hui assez peu bienveillante
pour le prince Ferdinand de Cobourg,
à la nomination de qui, tout d'abord,
elle avait fait fête. D'autre part, on si
gnale des manifestations organisées
en Bulgarie pour réclamer la prompte
arrivée du prince. C'est un dangereux
imbroglio. ,
Le tir fédéral suisse a pris fin et
tous les journaux sont d'accord pour
proclamer que les fêtes ont été vrai
ment remarquables par le nombre et
l'entrain des visiteurs. A un autre
point de vue,il y a des réserves à faire,
et, si l'on peut oublier l'incartade
dont s'est rendu coupable M. Carteret
recevant les Soleurois et leur adressant
un discours de sectaire, il n'en est
pas de même d'un incident qui s'est
paisé le vendredi 29 juillet.Ce jour-là,
dit le Courrier de Genève , il y avait,
à la cantine, une table spéciale dres
sée pour les francs-maçons avec
drapeau bleu déployé.; et, le soir,
il y a eu réception générale de francs-
maçons au local des loges réunies.
Cette particularité, annoncée avec
soin par le Genevois, ne doit pas êtfe
perdue de vue. Pour le jugement à
porter sur l'esprit du tir de 1887, c'est
un des éléments essentiels, auquel il
faut joindre le toast à la libre-pensée
de M. Cambessedès et le toast à la
mémoire de J.-J. Rousseau de M. La-
chenal. Comme le fait très bien re
marquer le Courrier de Genève , si la
libre-pensée doit tout dominer, pour
quoi y a-t-il un budget des cultes à
Genève?
Les dépêches d'Italie signalent la
grande pompe que le gouvernement a
voulu donner aux funérailles de M.
Depretis. Le prince Amédée y figurait,
et -ce fait est tristement significatif,
car on sait que le clergé n'a point paru
aux funérailles, M. Depretis ayant for
mellement, en sa dernière maladie,
refusé de recevoir le prêtre. C'est un
nouveau scandale donné par la famille
royale piémontaise, après le scandale
permanent qui s'étale dans cette ville
de Rome prise au Pape par violence
et par ruse, et qu'elle occupe sacrilè-
gement. .
Voir /«« DERNIÈRES NOUVELLES « la fin
La question romaine
La lettre de Léon XIII au cardinal;
Rampolla a produit, de l'aveu général,
une profonde sensation; mais'si sur ce
point tout le monde est d'accord, il en
est autrement quant aux résultats que
cette lettre devra donner. L'esprit de;
parti fait ici différer les jugements.
Les révolutionnaires peuvent-ils avouer
que la parole du Pape reste une force
•politique de premier ordre avec la
quelle il faut compter? Loin de là, ils
feignent de prendre en pitié ces ca
tholiques, ces conservateurs, ces hom- !
mes politiques assez arriérés pour dire
que Léon XIII, par son majestueux et
lumineux exposé de la question ro
maine, à commandé aux hommes d'E
tat et aux gouvernements, surtout à
l'Italie,decnercher une solution que l'E
glise puisse accepter! Non, ils aiment
mieux soutenir que le Pape, en reven
diquant une vraie souveraineté tempo
relle dont Rome, propriété des catho
liques, sera nécessairement le siège,
a rendu impossible toute négociation.
Il a trop demandé, s'écrient-ils, pour
que l'on puisse lui proposer quelque
chose ; il n'aura rien.
Ce sont là de vains propos. La Pape
n'a pas fermé les négociations, il les a'
ouvertes. Do plus, en leur marquant
une base précise et solide, en rappe
lant qu'il faut donner satisfaction à la
catholicité, dont les besoins et les droits
— qu'on ne l'oublie pas — ne peuvent
être sacrifiés à l'orgueil d® l'Italie offi
cielle et révolutionnaire, il a montré du
même coup la possibilité et l'urgence
de négocier. Il y faudra venir.
Nous n'insisterons pas aujourd'hui
sur ce côté du débat. C'est d'autant
moins nécessaire que la presse enne
mie n'a rien opposé de sérieux ou seu
lement de spécieux aux revendica
tions pontificales. Sentant qu'elle ne
pouvait tenir ni sur le terrain de l'his
toire, ni sur celui des principes, elle
s'est,en somme,bornée à dire : La Ré
volution est la plus forte, elle gardera
ce qu'elle a pris.
Que la Révolution soit maintenant
la plus forte, c'est vrai, et qu'on ne
puisse guère compter que sur la force
pour faire rentrer dans l'ordre la
royauté italienne, nous sommes pour
notre part fort disposés à le croire.
Mais cette brutale réponse laisse le
droit intact et ne peut rien résoudre;
elle prouve uniquement que tôt ou
tard les chefs d'Etat devront,dans l'in
térêt de leurs sujets catholiques, pren
dre en main la cause du pouvoir tem
porel. C'est l'Italie qui l'aura voulu,et
non le Pape. Le roi Humbert croit-il
qu'il empêchera ce denoûment en
criant, avec une emphase mêlée de
crainte, que Rome lui appartient, que
c'est une conquête intangible?
Mais tandis que le gouvernement
italien, ses organes les plus accrédités
et beaucoup de nos journaux révolu
tionnaires affectent d'écouter dédai
gneusement les réclamations du Saint-
Siège, quelques doctrinaires du libéra
lisme, portant la question sur un au
tre terrain, entreprennent gravement
de démontrer à Léon XIII que le
pouvoir temporel n'est nullement né
cessaire, n'est pas même utile à la
Papauté; qu'en le revendiquant il mé
connaît ses devoirs envers l'Eglise et
envers lui-même. Aussi le conjurent-
ils,. au nom. des intérêts religieux et
pour la gloire de son Pontificat, de ne:
pas s'enfoncer plus "avant dans une
voie fâcheuse, sinon funeste. Le chef
des catholiques ne peut que perdre,
disent-ils, à être souverain temporel.
Parmi les Grosjean qui veulent ainsi
en remontrer au Pape, on voit en pre
mière ligne les libre-penseurs du
Temps et les opportunistes de la Paix,
feuille de M. Grévy. Les sceptiques du 1
Journal des Débats, avec nombre d'au
tres de moindre importance et de sem
blable compétence, font quelquefois
aussi entendre cette note. Il y a même
eu des catholiques trop conciliants qui
l'ont, à demi-voix, donnée.
Aux raisonnements que leur dicte le
désir de tout arranger sans blesser la
Révolution, ces sages joignent des ar
guments qu'ils jugent irréfutables :
ils énumèrent les grandes œuvres de
Léon XIII, ils constatent l'autorité de
sa parole non seulement sur les fidè
les, mais sur les hommes politiques et
les gouvernements; ils reconnaissent
que nulle part on ne peut trouver une
Eareille force morale,ils rappellent l'ar-
itrage pontifical dans l'affaire des
Carolines, le recours de l'Allemagne
au Pape à propos du septennat mili
taire, les vains efforts des Anglais pour
faire intervenir Rome à leur profit,
dans les choses politiques de l'Irlande;'
et ils concluent ainsi : « N'est-ce pas
« parce que la Papauté représente seu
lement une autorité morale que
Léon XIII » joue ce grand rôle? Et en
core :
Il est impossible que la Papauté, malgré
le soin qu'elle met à interrompre, par ses
protestations, la prescription des faits ac
complis, ne saisisse pas la grandeur et les
avantages de la situation particulière qui
lui est laite et l'indépendance absolue
qu'elle lui procure. Léon XIII les a certai-
nementeompris; sous son pontificat,en effet,
la Papauté a pris une autorité et un pres
tige considérables, qu'elle doit à la seule
influence morale.
C'est la Paix qui parle ainsi. Même
note dans le Temps :
Si l'on prend les choses, dit-il, au point
de vue du spectateur impartial et désinté
ressé, comment- ne pas reconnaître que
c'est la situation actuelle de la Papauté qui
fait sa force et qui lui permet d'intervenir,
comme elle vient de le faire, dans les af
faires intérieures des Etats ?
En conséquence, l'organe du désin
téressé M. Hébrard et de l'impartial
M. Scherer demande à Léon XIII de,
ne pas exposer le «prestige remarquable
« qu'il a su rendre à la Papauté » en
revendiquant davantage un pouvoir
temporel qui ne lui permettrait plus
de compter « à ce point dans les affai
res humaines ».
Le Journal des Débats, qui goûte fort
ces raisons, en a trouvé une autre,
meilleure encore et qu'il juge décisive.
D'après lui, quand le Pape était « sou
verain d'un petit Etat», personne ne
tenait à le voir et« ne s'inquiétait guère
de ce qu'il pouvait dire et faire».
Quelle différence aujourd'hui! ajoute-t-
il : quiconque passe à Rome veut voir
le Pape et «d'un bout du monde à
l'autre on discute ses circulaires et ses
encycliques ». .
Vraiment ! personne ne s'inquiétait
des circulaires et encycliques des Pa
pes quand ils possédaient le pouvoir,
temporel ! Vraiment le Vatican est
resté désert tant que Pie IX n'y a pas
été prisonnier ! Que le Journal des Dé
bats, sans remonter trop haut, sans
sortir des choses du temps, fouille un
peu dans ses souvenirs : il y trouvera
des actes de Grégoire XVI et de Pie IX
qui ont fait dans le monde quelque
bruit, puis aussi la preuve que, même
avant 1870, il y avait parfois, foule à
Rome près du chef ae l'Eglise ; on
voulait le voir, et dans sa ville où il
pouvait se montrer et dans son palais
— môme dans ce palais du Quirinal
où trône maintenant l'usurpateur.
Revenons à des arguments d'aspect
plus sérieux.
L'arbitrage de Léon XIII au sujet
des Carolines et son intervention dans
la question du septennat militaire alle
mand ne prouvent aucunement que
l'influence morale de la" Papauté ait
grandi par suite de la perte du pouvoir
temporel. Pour justifier cette tnèse, il'
faudrait établir que, si Léon XIII avait
occupé le Vatican comme souverain
temporel et non comme prisonnier,
M. de Bismarck n'eût pu ni le prendre
pour arbitre dans son différend avec
l'Espagne, ni lui demander d'inviter
les catholiques à voter le septennat;
afin d'obtenir le retrait total ou partiel
des lois de persécution.
Or cela n'est pas établi du tout. Il
est, au contraire, évident pour qui
conque joint quelque bonne foi à
quelque bon sens, que le Pape, souve
rain dans Rome, n'aurait, au point de
vue de l'arbitrage et quant à l'auto
rité sur les catholiques allemands,
rien perdu de son prestige ni de sa
force près de M. de Bismarck et de
Guillaume. Est-ce que Léon XIII; in
dépendant de tout pouvoir politique
et régnant sur un petit territoire
italien, eût paru aux cabinets de Ma
drid et de Berlin moins désintéressé
dans la question des Carolines qu'un
Pape prisonnier ? Et croit-on que cette
souveraineté temporelle eût empê
ché M. de Bismarck de s'adresser
au chef de l'Eglise pour neutrali
ser l'opposition des catholiques alle
mands ? De même pour l'Angleterre,
I ce n'est pas parce que Léon XIII serait I
| maître chez lui-qù'elle cesserait de re-
I connaître son influence sur la catho
lique Irlande? - '
"En revanche,qui donc peut nier que
le Pape, sujet du roi d'Italie, devien-'
drait forcément suspect à tout gou
vernement en conflit avec l'Etat ita
lien ? Quelle nation le voudrait pour
arbitre dans une affaire où le prince
qui le tiendrait sous sa main-,et dont il
paraîtrait accepter le joug, serait inté
ressé ? Rappeler cette question de l'ar
bitrage pour soutenir que le chef de
l'Eglise a plus d'autorité morale et ins
pire plus de confiance étant sujet
qu'étant roi, c'est déraisonner.
Sur quelque terrain qu'on se place,
il faut reconnaître, — si l'on ne veut
pas rompre avec la logique, la réa
lité des choses et la loyauté,— que la
souveraineté temporelle,cette garantie
d'une indépendance à la fois réelle et
visible, est nécessaire à la Papauté.
Pour nous,la question serait entendue
par cela seul que le Pape a parlé; mais
pour quiconque, sans être catholique,
est accessible à la raison et peut en
core être impartial, élle devrait être'
entendue aussi et résolue par les ar
guments quo le Pape a si habilement
ordonnés et si magnifiquement pré
sentés.
Nous n'avons pas la simplicité d'es
pérer un tel résultat; mais nous pou
vons noter, et nous le faisons avec
joie, que la lettre du Saint-Pére au
cardinal-ministre et la circulaire de
celui-ci ont notablement avancé la
question. Grâce à ces actes décisifs du
Saint-Siège, le terrain est déblayé de
toutes les combinaisons baroques, hy
brides, troublantes que tant de négo
ciateurs de diverses sortes mettaient
en avant,et qu'une partie de la presse
catholique, sans les accepter absolu
ment, caressait. L'Univers, Dieu mer
ci, n'a jamais eu cette faiblesse. Il a
toujours soutenu carrément tout le
droit du Pape-Roi. Ce droit, Léon XIII
vient de le rappeler et de l'affirmer de
telle sorte que l'Italie devra comprend
dre la nécessité de s'y soumettre, d'à
bord parce que c'est son intérêt na
tional, ensuite parce que c'est son de
voir,enfin parce que, si sa résistance se
prolonge, les puissances finiront par
intervenir.
Eugène Veuillot.
Les pourparlers vont-ils être repris ?
Le duel finira-t-il par avoir lieu ? Il se
pourrait. Une lettre de M. Jules Ferry
à MM. Proust et Raynal, assez ferme,"
que nous publions plus loin, demande,
en somme, l'arbitrage. Il est à crain
dre, — un peu,— que les négociations
ne recommencent.
En même temps que cette lettre, les
journaux insèrent une' note qui leur
est communiquée par l'Agence libre,
Nous la publions aussi. Cette note,
sans aucun doute, émane des témoins
du général Boulanger, MM. Dillon et
Faverot, qui, à 1,'occasion de leur pro
cès-verbal, avaient déjà pris l'Agence
libre pour intermédiaire entre eux et
le public. Nous y relevons le paragra
phe suivant :
M. le général Boulanger estimait que le
discours d'Epinal, non seulement portait
atteinte à sa dignité d'homme et de soldat^
mais encore constituait une insulte à la di-f
gnité de l'armée et à l'honneur des officiers:
Il voulait donc que la rencontre fût propor
tionnelle à. l'offense,de la gravité de laquelle
il était le meilleur juge. ;
On pourrait se demander, d'abord,-
si, toujours, l'offensé est le meilleur
juge de la gravité de l'offense? Il
nous semble que l'offensé, à cause de
l'opinion qu'il a de lui-même, à cause
de son humeur, à cause des circons
tances, peut être tenté, parfois, sou
vent, de considérer l'injure qu'on lui
a faite comme beaucoup plus grave
qu'elle ne l'est réellement. N'est-ce
point ici le cas?
L 'Univers, l'autre jour,s'élevait con
tre une note anonyme insérée dana
quelques journaux, annonçant que
M Boulanger « se montrerait in
flexible », parce qu'il jugeait l'armée
tout entière « atteinte avec lui ».
"L'Univers protestait, déclarant que les
témoins de l'ancien président du con
seil ne pouvaient pas, ne devaient pas
admettre cette prétention injustifiable, <
ridicule. Aujourd'hui, nous la retroii-*
vons, et ce n'est plus dans une note
anonyme, venant on ne sait d'où,
mais dans une sorte de second procès-
verbal rédigé par MM. le comte Dillon
et le général Faverot.
Eh bien, il faut le répéter puis
qu'elle reparaît, cette prétention est:
inadmissible. Elle doit être écartée de
prime abord. On ne sait pas ce qui
s'est dit, à ce sujet, entre les témoins:
des deux adversaires dans les entre
tiens qu'ils ont eus ensemble. Si,
comme on peut le conclure de leur
nouvelle note, MM. Dillon et le géné
ral Faverot ont déclaré que le com
mandant du 13° corps voulait venger,
en même temps que lui, l'armée tout
entière, atteinte par l'injure faite à sa
personne, MM. Proust et Raynal de
vaient immédiatement répondre : « Ou
vous allez, tout de suite, abandonner
cette prétention, ou nous romprons
sur-le-champ les pourparlers, et dirons
pourquoi. » Ils ont manqué à leur de
voir, s'ils n'ont pas tenu ce langage.
Et, dans le cas de reprise des négocia
tions, il faudra que les témoins de M.
Jules Ferry, fassent, nettement et pu-
bliquementj spécifier que l'ancien pré
sident du conseil accorde à son adver
saire une satisfaction par les armes
pour injure personnelle, rien que pour
injure personnelle. • - : ,
Car enfin M. Jules Ferry, ,en insul
tant Saint-Arnaud,... c'est -à-dire,
non!... en insultant l'ami de MM.
Mayer et Laur, n'a pas insulté, du tout,
du tout, l'armée !
Nous ne voulons pas défendre M.
Jules Ferry, qu'on le comprenne bien.
Sa « posture », pour employer une de
ses expressions favorites, et son sort
nous intéressent peu. Mais nous n'ad
mettons pas, nous n'admettrons ja
mais qu'une injure faite à « l'exilé » de
Clermont soit une inj ure faite à l'armée.
Car,alors, en attaquant M..Boulanger,
comme le font beaucoup de journaux,
comme nous le faisons nous-mêmes
si fréquemment et si justement, on.
attaquerait l'armée. Ah bien, non, par
exemple!
On n'atteint pas la règle en visant
l'exception, et M. le commandant du
13° corps, seul général de son espèce,
ne représente point l'armée française,
Dieu merci !
Pierre Veuillot.
L' Agence Havas publie la dépêche
suivante:
Rome, 4 août.
La lettre de l'empereur d'Allemagne ac
compagnant son cadeau à Léon XIII à l'oc
casion de son jubilé est empreinte do sen
timents très affectueux.
Dans cette lettre, Guillaume I" dit qu'il
est beau "pour l'empereur et pour le Pape
d'avoir pu dans leur vieillesse rétablir la
paix religieuse,
Le Pape a répondu hier par une lettre
autographe dans laquelle il remercie vive
ment l'empereur de ses sentiments,auxquels
il s'associe tout à fait.
h'Intransigeant écrit à l'adresse du
ministère :
On sait que le conseil municipal de Paris
a pris une nouvelle délibération, pour invi
ter le préfet de la Seine à autoriser l'érec
tion, au Père-Lachaise, d'un monument en
l'honneur des fédérés tués en 1871.
Cette décision du conseil, qui donnait
satisfaction aux veuves et aux orphelins des
victimes de la réaction versaillaise, a eu,
paraît-il, le don de déplaire au gouverne
ment.
Rouvier et Heredia sont, en effet, déci
dés à refuser l'autorisation qui va leur être
demandée. On s'en souviendra.
Le mot de Ja fin est plein de mena
ces. En tout autre' temps et sous un
autre gouvernement, elles paraîtraient
vaines, car il suffirait d'un peu d'au
torité morale et d'énergie pour en
avoir facilement raison. Mais on a
tant fait déjà de concessions aux com
munards depuis l'amnistie que ceux-
ci en sont maintenant à se promettre
une revanche prochaine. Le fait est à
signaler.
Si M. Spuller ne s'aventurait guère
à la tribune, du temps qu'il était sim
ple député il prend, depuis son avè
nement au ministère, une terrible re
vanche. Ses discours ne se comptent
plus, et tantôt à Lyori, tantôt à Dijon,
à Saint-Quentin,tantôt à Paris,ce sont,
débitées à la course, des harangues à
n'en plus finir. La dernière en date est
d'hier, et le prétexte en a été la distri
bution des prix aux élèves du Conser
vatoire. D'ordinaire, c'est un délégué
du ministre qui préside cette cérémo
nie. Comme ministre des beaux-arts
en même temps que de l'instruction
publique et des cultes, M. Spuller s'est
cru en devoir de parler lui-même aux
jeunes artistes.
Après un préambule sur le rôle de
l'Etat en matière de beaux-arts et
quelques compliments aux Mécènes
du Conservatoire en France et à l'é
tranger, M. Spuller a déploré le retard
apporté à la reconstruction de l'Opéra-
Comique. Mais tous les obstacles dis
paraîtront, a-t-il. dit, « devant la vo
lonté formelle de l'administration,
gardienne non seulement des intérêts
des artistes, mais des intérêts supé
rieurs d'une forme de J'art en qui se
sont manifestés depuis cent cinquante
ans, sous tant de formes agréables et
variées, les meilleures qualités et les
plus heureux dons du génie français,
la bonne humeur, la sensibilité fine
et tendre, l'esprit élégant et vif, avec
les plus honnêtes passions ».
Est-ce encore l'éloge des plus hon
nêtes passions qu'a fait M. Spuller
quand il a poursuivi, par cette appré
ciation d'une des pièces les plus sca
breuses d'Alexandre Dumas :
Cette année n'a pas été seulement une an
née de deuils et do misères. L'académie
nationale de musique a enrichi son réper
toire d'un grand opéra : Patrie, de M. Pa-
ladilhe, partition magniQque, tout inspirée
des sentiments les plus généreux, cadre
splendide où l'on a pu voir et contempler
des passions aux prises, et dans tout 4'éclat
de la vérité et de la couleur historique.
La scène française s'est enrichie d'un
nouveau chef-d'œuvre, Francillon, dont le
succès, qui a été, dès le premier soir, un
vrai triomphe, dure encore, à la grande
satisfaction du public d'élite de la rue Ri
chelieu, à la plus grande gloire de l'un des
maîtres les plus hardis, les plus originaux
de notre littérature contemporaine.
Mais M. Spuller n'était pas seule
ment chargé de louanges plus ou moins
acceptables à l'adresse des artistes. Il
apportait deux croix de la Légion
d'honneur, ce dont il a informé le pu
blic en ces. termes ,
J'ai l'hflnneur de porter à la connaissanca
de l'assemblée que M. le président de la
République a bien voulu, sur ma proposi
tion, nommer chevalier de la Légion d'hoa-
neuçM. Charles Lenepveu, élève de- M.
Ambroise .Thomas, grand prix de composi*
lion musicale en 1865, professeur d'harmo*
nie au Conservatoire, auteur de nombreu
ses compositions,' qui toutes attestent qu®
dans cet artiste éminent il y a des trésors
de science et de conscience,'d'inspiration et
d'harmonie qu'il.est temps, grand tempsda
mettre en pleine lumière pour l'honneur de
la Fraqce et la gloire de l'art. Le Florentin,
exécuté à l'Opéra-Comique; le Requiem,
exécuté au Conservatoire; Velleda connue,
hélas! des Anglais, grâce au, zèle de la
grande artiste Adelina Patti, avant de l'être
des Français, .qui n'en ont encore entendu
que des fragments, sont les titres de M.
Charles Lenepveu à la décoration que je
suis si heureux de lui remettre dans cette
solennité.
J'apporte également la croix de chevalier
de la Légion d'honneur, que M. le président
de la République a mise à ma disposition
pour M. Maubant, professeur de l'une des
classes de déclamation du Conservatoire et
sociétaire de la Comédie-Française. C'est
l'art classique avec ses austères enseigne*
ments qui est reconnu, préconisé, honoré,
couronné une tois de plus dans la personne
de M. Maubant, dont le caractère est égal
au talent, et c'est une bonne fortune pour
moi que de lui remettre ce témoignage d'une
haute estime et d'une considération dont
mieux que personne il connaît tout le prix.
Dans la péroraison en l'honneur^d®
la gloire, il s'est mêlé un peu de politi
que. Nous citons:
Elèves du Conservatoire, voilà les grands
enseignements d3 ces fêtes. Le mérite y
est récompensé et lés services rendus y
sont exaltés comme ils doivent l'être dans
un grand et noble pays qui a le sentiment
de la reconnaissance. Pour des artistes, ce
n'est pas assez : leur âme ardente et pas
sionnée poursuit la gloire : c'est leur .lot,
c'est leur domaine. Ce n'est pas moi qui
vous détournerai de- cette ambition, la
plus généreuse qui puisse enflammer nos
cœurs.
On n'est vraiment artiste que lorsqu'on
s'est tiré soi-même par son travail, par son
talent, je n'ose dire par son génie, du sein
de la foule. Le génie n'est jamais confondu
avec la foule: du premier coup il s'en em
pare, la domine, la possède pour la conso
ler et la réjouir, pour l'exalter et l'entraîner.
Aimez donc la gloire, la vraie,la pure gloire,
celle que donnent les juges difficiles qui sa
vent devancer les arrêts de la postérité.
Aimez la gloire; la France l'a toujours
aimée,et toujours elle a su la donner à ceux
des artistes de l'étranger qui sont venus la
lui demander. Je n'en veux pour preuve et
pour dernier exemple que les honneurs ren
dus récemment par la France à ce grand
Rossini que l'Italie, sa patrie de naissance,
a voulu placer dans son Panthéon. Nous
avons prouvé ce jour-là que les hommes
illustres qui nous ont aimés, nous les trai
tons comme des fils adoptifs de la France.
La municipalité de Florence a redemandé
la dépouille mortelle de l'auteur de Sérnira-
mis, de Moïse , du Barbier de Sêville et de
Guillaume Tell; mais Guillaume Tell, écrit
pour notre première scène lyrique, nous
reste. C'est un opéra français, qui est un
des plus beaux fleurons de la couronne ds
gloire de la France, et qui est aussi comme
un trait d'affinité, de consanguinité, de plus
entre les deux grandes patries de l'art, en
tre l'Italie ef la France, si bien faites pour
s'aimer, s'unir et se comprendre. Ces fêtes-
là ne sont pas les fêtes d'une école, mais
d'une, nation, et,pour mieux dire.de l'huma
nité. Ce sont les fêtes de la gloire; je com
prends qu'elles tentent vos jeunes cœurs et
qu'elles lassent vibrer vos âmes à la fois
d'enthousiasme et d'espérance.
Il y aurait bien à dire sur cette théo
rie de la gloire selon la conception de
M. Spuller,qui la rattache, en certains
cas, à la production d'œuvres malsai
nes dont un peuple a plus à souffrir
qu'à se glorifier. Mais le lecteur fera
de lui-même les réserves nécessaires.
Bornons-nous à constater que M.
Spuller. qui montre en perspective
comme but du suprême effort des ar
tistes « la vraie, la pure gloire », ne
paraît pas en avoir une notion bien
pure.
Auguste Roussel.
M. Eugène de la Gournerie
M. Eugène de la Gournerie,qui vient
de mourir à quatre-vingt-un ans en
Bretagne où il était né, au diocèse de
Nantes « dont il restera une des gloi
res,» dit la Semaine religieuse, a toujours
été un sincère et fidèle ami del'E/muers.
Ses relations avec le comte du Lac, qui
s'étaient formées sous le patronage de
l'abbé de Salinis et dans la maison.de
M. Bailly, s'étaient toujours maintenues
affectueuses etintimes.En 1826, quand
Eugène de la Gournerie ayant achevé
brillamment ses études de droit ren
trait à Nantes, M. Bailly rendait de lui
ce tériioignàge : «Savez-vous quel était
son passetemps le plus agréable, sa
récréation la plus ordinaire? C'était
d'aller dans les hôpitaux visiter les ma
lades,leur porter les secours et les con
solations de la charité, leur apprendre
à bénir Dieu dans leurs'souffrances et
les préparer à mourir chrétiennement.
C'est ainsi qu'ontfait les,saints », ajou
tait M. Bailly ; et il continuait en s'a-
dressant au père de son pensionnaire.
« Il ne vous a peut-être jamais parlé
de ces circonstances de sa vie depuis
qu'il est à Paris, vîgus respecterez le
secret de sa pieuse et humblè charité.
Je ne l'aurais pas connu plus que
vous s'il avait pu me le laisser ignorer.
Personne ne l'a su de lui, si ce n'est
ceux qui participent aux mêmes
oeuvres. »
Ceci se passait avant l'institution
des Conférences de Saint-Vincent cj,$
Paul,et ceux qui participaient aux me-
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