Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1887-05-06
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 mai 1887 06 mai 1887
Description : 1887/05/06 (Numéro 7082). 1887/05/06 (Numéro 7082).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Vendredi # Mai 1887
N* 7082. — Edition auotidienn*'
Vendredi 6 Mai 1887
ÉSXTION QUOTIDIENNE
/ . "" PARIS ÉTRANGER
■ XruiPAnrssiENTj 1 (SNIOIT POSTALE}
On an.' «... 55 » 66 »
Six mois. ... 28. 50 . 34 »
Trois mois. . . 15 » 18 » •
tu abonnements partent des f et 16 de chaque mois
a ( Paris ...... 15 cent..
UN NUMÉRO, j Départements. 20 —
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS
ET DÉPARTÈMBNT8
Un an. . . . . 30 *
Six mois.' ...••■ 16 »
Trois mois. . . 8 50
ÉTRANGER'
(UNION POSTALE)
36 »
19 »
10 »
les abonnements partent des 1" et te de-chaque moi*
On s'gbonne à Rome, place du Gesù, 8
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qni lui sont adressés
AN-NONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C 1 ?, 6„place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 5 MAI i887
L'accord ne s'est pas fait séan
ce tenante entre la . commission du
budget et M. le ministre des finances;
il ne paraît même pas devoir se faire.
Les économies réalisées par M. Dau
phin et ses collègues n'arrivent pas a
équilibrer le budget, et la commission
affecte de vouloir se conformer au vote
de la Chambre, qui demandait l'équi
libre sans impôts nouveaux ni em
prunt. En fait, elle ne croit guère
elle-même qu'il soit possible de réali
ser ce vote, qui n'est que pour la ga
lerie. ' -
Quoi qu'il en soit, la commission,
après avoir entendu M. Dauphin, s'est
ajournée à aujourd'hui pour prendre
une décision. Dans le cours de ses ex
plications, le ministre des finances a
été amené à s'expliquer au sujet des ;
bons sexennaires et de la lettre Bou
lant. On trouvera plus loin un résumé
dâ ses explications.
Discatera-t-on, dès le début de la
session, comme l'a décidé la Chambre
avant de partir, la nouvelle loi mili
taire ? On commence à, en douter. M.
le ministre de la guerre doit avoir une
entrevue avec la commission militaire
3ui est convoquée pour lundi, veille
e la rentrée. Il paraît certain qu'on
réclamera la priorité pour diverses •
lois, notamment pour celle des sucres.^
De plus, il y a les difficultés de M.
Dauphin avec la commission du bud
get, qu 'on pourrait bien ne pas ren
voyer à la session extraordinaire d'au
tomne.
Quand les Anglais évacueront-ils
l'Egypte, et même l'évacueront-ils ja
mais de leur plein gré ? La discussion
est engagée entre la Porte, et l'Angle
terre ; la première, voudrait hâter l'é
vacuation, la seconde la retarder. La
Porte demande l'évacuation : totale
dans un délai dé trois ans ; les Anglais
promettront-ils, quitte à ne pas, tenir?
Pour nous, les Anglais n'évaoueront
que lorsqu'ils y seront absolument
forcés. Mais par qui? «
Nous donnons aujourd'hui la tra
duction de la loi politico-ecclésiastique
.récemment votée par les deux Cham
bres du Landtag prussien. La loi est
assez importante pour qu'il y ait be
soin d'en connaître le' texte exact.
Une communication de l'ambassade
ottomane, que nous reproduisons, re
connaît l'existence de troubles en
Crète; naturellement la communica
tion est optimiste et annonce que tout
sera bientôt terminé.
P. S. —- On nous écrit de Lyon
qu'une dépêche de Mgr Puginier an^
nonce de nouveaux massacres au
Tonkin.
Napoléon
La Revue des Deux-Mondes a récem
ment publié sur Napoléon deux arti
cles de M. Taine, qui ont fait du bruit
' et suscité de vives oppositions. L'école
bonapartiste a jeté les hauts cris ; il'
lui a paru que son héros était diminué
ou dénaturé et la légende impériale
entamée. M. Taine a sondé le carac
tère de Napoléon à d'intimes profon
deurs; il est remonté aux origines de
race et de climat, nous représentant
Bonaparte comme un condottiere du
quatorzième siècle, sans foi. ni loi,
méprisant les hommes, les sacrifiant à
son.ambition, et du reste étranger à
la France, n'ayant rien de la civilisa
tion moderne. En un mot, d'après M.
Taine, c'est un bandit du quatorzième
siècle italien, jeté dans notre société
française-de la fin du dix-huitième siè
cle, avec des facultés prodigieuses dé
mesurées de volonté et d'intèlligence.
Ce portrait est-il complet? caracté-
rise-t-il Bonaparte ? Le contraste avec
ses contemporains est-il dans sa qua
lité de condottiere du quatorzième siè
cle? Nous croyons que M. Taine n'a
pas achevé son étude. Les bona-
Êartistes ont essayé d'enjoliver le
éros; ils se sont efforcés, à l'en-
contre. de M. Taine, d'y trouver du
«doux et de l'agréable. Ils n'ont pas
manqué, non plus, d'anecdotes. La
querelle s'engage de nouveau par une
lettre du prince Victor, qui est un
manifeste au parti et qui renouvelle la
légende impériale en l'accommodant
à la Révolution
« Napoléon a créé la France mo
derne... Tout date de lui, tout vient de
lui... il a assuré en France le triomphe
définitif des principes de 89 et les a
fait pénétrer, dans la société euro-
fœenne... Cette œuvre dé paix sociale,
'empereur Napoléon III 1 a reprise ».
CVest îa légende dans toute sa pureté ;
Napoléon est le fils de la Révolution,
il est l'incarnation des principes de 89,
il. est l'âme de la France. En envahis
sant l'Eiirope, il lui imposait la paix
sociale, c'est-à-dire les principes de 89;
et Louis-Napoléon est justifié pour
avoir suivi la même politique au de
dans et au dehors de la France. Ce
qui frappe tout d'abord, c'est que cette
politique repose sur le système de la
guerre universelle. Ainsi les Romains,
pour faire régner ce qu'ils appelaient
«la majesté de la paix romaine» re
couraient à la guerre universelle. Cette
paix romaine était une façon de prin
cipe de 89, un argument toujours ou-
vert pour pilleï* et asservir les nations.
« La paix sociale » des Napoléons est
du même genre. Certes, si elle règne
en Europe depuis un siècle, on ne
s'en aperçoit guère; et les nations
étrangères semblent fort loin de révé
rer les souvenirs qu'a laissés Napoléon
dans l'Europe continentale.
L'empire a valu à la France les deux
invasions que l'on sait ; contre-temps
fâcheux assurément et dont le prince
Victor n'a pas l'air de se préoccuper.
Le second empire n'a pas péri autre
ment.
Il fallait s'y attendre, du moment où
il suivait la tradition du premier em
pire. L'invasion est, en effet, le résultat
de la guerre universelle ; ou les nations
seront domptées par nous, ou elles se
coaliseront pour nous écraser. Napo
léon a fait la guerre à tous les peuples
européens, sans en excepter un seul.
Le neveu était en voie de s'attaquer à
toutes les puissances. Ce système xle
guerre universelle n'a jamais été renié
par le parti bonapartiste, ni même par
la bourgeoisie plus ou moins révolu
tionnaire. A quoi tient ce besoin de do
mination; de conquêtes^ d'annexions,si
contraire à la civilisation chrétienne ?
Napoléon s'est emparé de la France
au 18 brumaire. Il fut certainement
roi de France ; mais cette royauté
qn'il héritait « de son pauvre oncle
Louis XVI » ne tenait dans son ambi
tion qu'une place secondaire. Quand,
vaincu par l'Europe, obligé d'abandon
ner ses conquêtes extérieures, il se vit
réduit à ce dernier titre, se résigna-t-
il à le garder? Accepta-t-il de ses
vainqueurs l'invitation de se contenter
d'une France plus grande que celle de
l'ancien régime ? Non, il joua le tout
pour le tout: l'empire du monde ou
rien. Songea-t-il à établir en France
un gouvernement ? Il la laissa, sans
avoir rien prévu, aux mains de ses
ennemis
Louis-Napoléon vaincu, abandonna
Paris à la Révolution. Et il demanda
un asile à l'Allemagne plutôt que de
tout braver pour revenir dans sa ca
pitale. Il gardait les visées cosmopo
lites que lui avait léguées son on
cle. Sa manie de restaurer la race
latine, en s'en attribuant l'hégé
monie, son intervention dans toutes
les affaires européennes au point de
vue de la Révolution, n'attestent-elles
pas une pensée qui, au lieu de se bor
ner à la France, s'étendait au loin?
La vie de César, qu'il écrivit en se pla
çant du côté de César et en trahissant
les Gaulois, indique bien le tour et la
direction de sa pensée. Il, est à remar
quer qu'il ne succédait pas à son on
cle, il se retrempa dans le suffrage
universel,et ne fut en définitive qu'un
roi électif comme un empereur ro
main. Il était le représentant du peuple,
et c'est au nom de la souveraineté du
peuple qu'il voulait exercer le pouvoir
et l'influence. Ceci ne ressemble guère,
à un roi de France, ni même à un roi
des Français, Louis-Napoléon se crut
la mission de régner sur la race la-
L v; ne. Cette utopie le conduisit jusqu'au
Mexique nous apprîmes alors que les
Mexicains apprenaient à la race la-
Ces idées de cosmopolitisiuî? révolu
tionnaire sont bien le fond de la pôJ"
tique napoléonienne. Napoléon ne se
trouva-t-il pas; par la force des armes,
roi d'Italie, de Naples, d'Espagne, de
Hollande et d'autres petits pays? L'em
pire d'Occident fut formé dès le début.
Suffisait-il à l'ambition impériale ? La
campagne de Russie développait le
plan de l'empire universel. C'est à
cette pensée qu'il s'arrêtait; il rêvait
même de jouer le rôle de Mahomet, de
fonder une religion. Ces faits sont cons
tants,et,sans recourir à des anecdotes,
à des conversations particulières, à
des jugements de familiers, ils don
nent une idée complète de l'homme :
Napoléon a été parmi nous et dans ce
siècle un empereur romain. Législa
teur comme Justinien, il ramenait
tout à la loi de l'Etat. Ses institutions
si vantées ne sont que l'asservisse
ment universel.
Comment, tout d'un coup', après
tant de siècles de christianisme, som
mes-nous retombés en plein empire
romain ? Napoléon a-t-il, par un effort
d'imagination, ressuscité ces lointains
souvenirs, ou leur a-t-il rendu la vie
par l'énergie de sa volonté ? Il a com
pris son temps. La Révolution a été
un retour au passé ; les lettrés y ont
participé au nom de Sparte, d'Athè
nes, de Rome ; les discours, les écrits
de cette époque ne nous entretiennent
que de l'antiquité païenne. Il faut dire
que la monarchie elle-même, par la
classe nombreuse de ses légistes, nour
rissait un idéal païen. On était habitué
à glorifier les lois du Digeste, quati-
fiées souvent de divines, par la raison
toute simple que les empereurs mon
taient, après leur mort, au rang des
dieux. Les notions de pouvoir absolu,
développées par les légis tes, tournaient
les esprits vers la doctrine césarienne.
Cette idée de ltf'souveraineté du peu
ple est essentiellement païenne. La
Révolution réalisa tout d abord le rè
gne du plus fort, des majorités ; elle
renouvela les proscriptions de l'an
cienne Rome, en se décimq-nt elle-
même. Ces dénominations de consuls,
de tribuns, desénatus consultes, etc.,
répondaient d r une certaine façon à I
l'état des eprits. Napoléon en emprunta
d'autres à Byzance, les archi-cha'nce- i
liers, les arehi-trésoriers, etc. ; Louis-
Napoléon nous a dotés des plébiscites.
En sa qualité d'Italien, Napoléon avait
déjà sucé le lait césarien. Vivant au
milieu d'une société, ou plutôt d'une
anarchie qui, en haine de l'Eglise ca
tholique, reculait jusqu'à l'empire ro
main, et par horreur de tout ce qui
était|ancien régime, s'asservissait à
toutes les utopies, Napoléon n'eut
q_u'à suivre le cours des événements.
Il trouva l'idée de la guerre uni
verselle* installée dans la cervelle de
tous ces fous qui voulaient, par la for
ce , régénérer l'espèce humaine,
affranchir les peuples,, propager des
principes nouveaux. Il mit la main sur
tous ces moyens d'action. '
La Révolution, comme l'islamisme,
s'est développée par la propagande ar
mée. Louis-Napoléon disait à propos
de la guerre d'Italie : Le peuple fran
çais est le seul qui combatte pour une
idée ; ce qui signifie, en langage vul
gaire, que le peuple français est un
peuple révolutionnaire. Qu'est-ce que
l'idée? Nous connaissons les idées na
poléoniennes ; nous les avons payées
cher.
Personne, en Europe, au temps
même des triomphes ' du " premier
empire ne doutait de la catastro
phe finale. Le général Dumouriez,
dans ses pamphlets, appelait Napoléon
« le fou furieux ». Beaucoup de dé
magogues ont pu mériter cette quali
fication, et le petit Thiers l'a appli
quée au minuscule Gambetta. Cette
fatalité da l'empire, les bonapartistes
ne se la dissimulent pas ; seulement,
ils disent : Si la France est condamnée
à la révolution, mieux vaut pour elle
que la révolution revête la forme im
périale. Et, d'un autre côté, les répu
blicains dévoués à la révolution préfè
rent l'empire à tout gouvernement
conservateur. C'est là en effet qu'est
l'espérance du prince Victor. Il compte
sur le plébiscite. Peut-être les temps
sont-ils changés.
L'Europe, autrefois désunie, tend à
se rallier à une politique commune.
Et contre qui s'est-elle unie? Contre
la France et contre la politique napo
léonienne. Au fond, ce n'est pas la
France qu'elle a combattue, mais la
politique napoléonienne et l'esprit de
révolution, qui par elle se résout en
guerre universelle. C'est là le côté
pratique de cette civilisation napoléo
nienne, dont le prince Victor espère
le retour. Dans ses Mémoires, le prince
de Metternich qualifie les Romains
« de bonapartistes de l'antiquité ». Il
est clair que dans sa pensée l'empire
napoléonien apparaît comme une ré
surrection de l'empire romain, c'est-
à-dire d'un système indéfini de con
quêtes et d'annexions. La fidélité de
Napoléon aux fictions des légistes,
sa prétention d'exercer le Souverain-
Pontificat], l'autorité tribunitienne
qu'il s'attribue comme unique repré
sentant du peuple, signalent plus que
de simples analogies et nous reportent
à quinze siècle en arrière. Ce carac
tère démocratique de l'absolutisme
impérial est justement ce qui le rend
populaire. Aussi Napoléon se targuait-
il d'être le promoteur de l'égalité par
mi les hommes. Mais l'égalité uni
verselle devant un maître absolu res
semble fort à l'esclavage universel.
Au Pape Pie VII, Napoléon répète sans
cesse : Je suis César, obéissez à César.
Aujourd'hui la coexistènce de plu
sieurs grands Etats rend absurde la
prétention d'un César universel, et
un César local §gji une contradiction
dans les terme»,
; ■ C oquille,
Le premier projet inscrit à l'ordre
du jour de la Chambre pour la rentrée
qui s'approche, c'est le projet de loi
militaire. Est-ce le moment de discu
ter un pareil projet de loi, qui va
bouleverser notre armée de fond en
comble ? Evidemment non. On ne
doit pas plus, quand on est penfcetî^
à la veille d'une lutte terrible et décir
sive, modifier profondément les insti
tutions militaires d'un pays, .ce qui ne
peut s'opérer sans quelque trouble et
quelque désordre, qu'on ne doit, en
campagne, risquer . urne marche de
flanc devant l'ennemi C'est élépaea-
taire. Si nos députés pensaient avant
tout aux intérêts de la France, au lieu
de n'avoir que des préoccupations
électorales et de ne songer qu à l'as
souvissement de leurs haines de sec
taires, ils ajourneraient la discussion
de cette loi. Ils s'«n garderont bien.
C'est vainement qu'on les priera d'y
réfléchir et que les Débats, par exem
ple, auront tenu le judicieux kingnge
que voici :
Il était réservé à la représentation natio
nale du pays qui a le plus de chances de se
trouver directement engagé dans les com
plications possibles, et qui y risque certai
nement le plus gros enjeu, de songer
à reprendre 1' « éaifipe <■ prç sous-ceuvre,
alors que tout porte à craindre qu'il ne soit
battu en brèche. On a généralement admiré
en Europe, en même, temps qu'on s'en éton
nait un peu, le calme et 1$ patience aveo
lesquels la France a traversé coup sur coup
deux crises l'épreuve et la contre-
épreuve —- dont la première, tout au moins,
pouvait devenir singulièrement dangereuse.
Il y a eu pourtant quelque chose de plus
admirable ; c'est le sang-îroid avec lequel,
dans le môme temps, une douzaine de mé
decins et d'^YOMts, insuffisamment cau
tionnés par quelques personnes ayant ap
partenu pins ou moins longtemps à l'armée,
poursuivaient, dans une arrièrè-salle du
Palais-Bourbon, leur petit travail de désor
ganisation militaire.. J1 y. a quelque chose
dé plus étonnant encore : c'est l'impertur
bable assurance avec laquelle une assem
blée aveugle et sourde, mais non muette,
hélas ! poursuit la:, réalisation des utopies
les plus pernicieuses, comme si c'était une
occupation innocente, par le temps qui
court, comme si la chair et le sang de la
France se prêtaient aux expérimentations
in anima vili. Une semblable inconscience
épouvante, en vérité.
Conclusion du Journal des Débats :
Nous savons bien que tout n'est pas dit$
ni surtout fait; que le. Sériât, d'où les hom
mes compétents ne sont pas encore exclus,
sîinterposera, s'il ne se met résolûment en
travers; que peut-être la Chambre elle-
même, éclairée enfin par un ministre de la
guerre digne de ce nom, aura un retour de
bons sens et de franchise; que, en tous cas,
la loi de dissolution de l'armée ne sera pas
appliquée de si tôt. Mais ce nous est une
consolation bien maigre. Comment, sachant
tout cela, nos « législateurs » ne commen
cent-ils pas bravement par- la fin, c'est-à-
dire par un aveu méritoire do leur inapti
tude à faire œuvre qui vaille et qui dure?
Que ne laissent-ils une bonne fois l'arméo
tranquille, — l'armée, lentement et labo
rieusement reconstituée, en dépit d'erreurs
et de lacunes incontestables, qui n'a besoin,
de rien tant que d'un peu de fixité,et que
toutes ces fluctuations, toutes ces « écoles »
.agitent, inquiètent, énervent et démoralise-
Tont à la longue ! Et tout cela pour aboutir
sûrement à une manifestation stérile; pour
prouver une fois de plus qu'une assemblée
parlementaire, flottante dans son opinion,
mobile dans ses impressious, n'a ni la suite
dans les idées, ni la connaissance des dé
tails, ni la puissance d'attention et de tra
vail nécessaires pour mener à bien une
œuvre aussi délicate et aussi complexe , que
la réorganisation militaire ; pour donner, en
lin de compte, une nouvelle confirmation à
l'opinion crûment émise en plein parlement
allemand par le général von Stosch : « S'il
est une chose que. j'ai apprise, c'est l'impuis
sance absolue des majorités en matière
d'organisation ! »
C'est le langage du bon sens même,
et c'est justement pourquoi il a si peu
de chances d'être écouté !
L'exécution d'un chrétien
EN CHINE
Dans un soulèvement qui eut lieu
dernièrement à Tchong-King parmi
les païens contre leurs compatriotes
chrétiens et contre les missionnaires,
plusieurs établissements de ces der
niers furent pillés et les maisons de
riches chrétiens attaquées. Les habi
tants de l'une d'elles eurent le courage
de se défendre, et plusieurs des pil
lards payèrent de la vie leur criminelle
entreprise. L'article suivant fera con
naître la conclusion de l'affaire et
la conduite que le Tsong-li-Yamen.a
jugé à propos de tenir en cette occa
sion. .
' C'est l'article de fond du North-China
Daily News, feuille protestante la plus
influente de Chang-hai et probable
ment de la Chine entière. Il éclaire la
question du protectorat des chrétiens :
Chang-hai, 8 mars 1887.
Il y a peu de jours, nous faisions men-'
tion du cas d'un converti chinois du nom
de Lô, en faveur duquel le R. P. Bodinier
se rendit dernièrement à Pékin. Cet homme
était chef d'une riche et respectable fa
mille. L'an dernier, durant l'émeute de
Tchong-King, sa demeure fut attaquée par
la populace. Quelques-uns des assaillants*
furent tués dans l'action, et là-dessus les
magistrats, qui par paresse au par peur
s'étaient abstenus d'intervenir dans l'affaire
et lui çv^ient laissé atteindre un point aussi
critique,-tombèrent sur Lô, le jetèrent en
ppispn et le condamnèrent ^ niopt, .
Cette ipanièpe d'agir, dit le Qhinese 'fir
mes (Journal de Tien-Tsin) que nous avons
cité, peut être considérée comme un trai
tent Jwneus et tyrannique, dirigé tont
spécialement conipala famille LA, parce que,
ses membres sqnt chrétiens, ■ Le père Bq«
dinier porte Je c&s Rêvant M: mini»'-"'
distractions
reçues.,4®-J- ..o, s entremit pour obtenir
justice et pardon en faveur du malheureux
condamné,
î^e Tscuig-li-Yamen, auquel le cas fut
soumis par le ministre de France, au lieu
de s'en occuper, le traita avec son indiffé
rence habituelle, sans guère se soucier, en
apparence, de l'effet que sa conduite pour
rait avoir sur les nations vers lesquelles la
Chine porte ses regards, dans l'espoir de se
débarrasser des réclamations de la France
gur le protectorat des catholiques.
Selon l'expression de notre collègue du
Nord, « le gouvernement chinois, par le
moyen de ses représentants dans les pays
étrangers, n'a cessé de proclamer sa réso
lution de ne permettre aucun protectorat
des çtir${.iep9, sauf le sien propre ; et pour
tant, quand se présente un cas manifeste
d'exercer cette prérogative, les ministres
responsables inclinent à permettre de porter
contre eijx un jugement par défaut.
En s'empressantde traiter le cas du chré
tien Lô,le Tsong-li-Yamen eût résolu à tout
jamais la question du'protectorat étranger
sur les chrétiens. En s'en .moquant, il met
tout son jeu entre les mains de la France,
et démolit d'un eoup l'édifice que ses émis
saires s'étaient efforcés de bâtir à l'étran
ger.
Le résultat est raconté dans une lettre
publiée hier, 7 mars, dans le journal chi
nois Cheng-Pao : Lô a été exécuté le31 jan
vier et sa tête a été envoyée à Tchong-
King (1).
(1) Le chrétien chinois Lô-Pao-Che, qui était
mêlé dans les troubles de Tchong-King. a été
décapité le 31 janvier par ordre de S. E. Lieou,
gouverneur du Se-Tchouan : sa tête a été (ixée
à un pieu et exposée au public, pour servir 'd'a-
vsrtissement aux autres.
• (Extrait du Shang-hai Courrier , traduisant le
Cheng-Pao),
On à souvent fait cette remarque que lés,
diplomates chinois les plus éminents, juste
au moment où leur pays approchait d'une
crise ,ont toujours été incapables de voir ou
dé suivre la" route convenable. La Chine d
eu maintes fois à payer cher cet aveugle-
ment ou cette apathie de ses hauts fonction
naires. Dans le cas actuel, il est fort possi
ble que sa punition soit, de la part du gou
vernement français un refus catégorique
(flat) de continuer toute négociation relative
au protectorat des catholiques en Chine.
Certes, en suivant cette voie, la France
sera assurée de la sympathie de bien des
gens qui, l'an dernier, aidaient la Chine
dans ses efforts à se défaire du protectorat
français sur les Missions catholiques. Sans
do\ite le Souverain-Pontife peut se croire
obligé à prendre une attitude toute diffé
rente de celle de l'année passée. Bref,
l'exécution de cet homme sera regardée
généralement en Europe comme la preuve
qu'on ne peut accorder au gouvernement
chinois aucune confiance dans la question
du protectorat. '
C'est là un acte propre à soulever des
sentiments bien vifs en Occident, et à dé
courager ceux qui avaient soutenu la Chine
dans ses prétentions contre les droits de la
France. Le gouvernement de Pékin ne peut
aucunement s'excuser en rejetant l'exécu
tion de Lô sur un juge provincial : la ma
tière a été portée devant lui, il y atbien du
temps, et il est entièrement responsable
devant la loi pour avoir autorisé cette ma
nière de faire.;.
Le Yamen commit d'abord.une faute sé
rieuse en laissant l'affaire tomber aux
mains du ministre de France. L'ayant com
mise, il en fit une autre en se contentant
de se croiser les bras sans riën faire. Et ce,
en un temps où ces mêmes ministres vou
draient que tout le monde se persuadât que
les-Chinois, catholiques où non, sont aussi
bien en sûreté sous les autorités et sous ce
qu'ils s'amusent à appeler la loi de Chine!
que sous la protection d'une puissance oc
cidentale !
; Pour ceux qui, comme nous, désirent voir
tout prétexte • enlevé à tout pouvoir étran-
yer de s'immiscer : dans les affaires inté
rieures de ce pays, l'action ou plutôt l'inac
tion récente du Tsong-li.Yamen est cause
d'un profond désappointement. Nous espé
rions mieux à l'époque où le gouvernement
satisfit si promptement aux réclamations
des ministres protestants au sujet de ces
mêmes troubles de Tchong-King, et bien
plus quand il envoya dernièrement à tout
le peuple une proclamation par laquelle il
prena.it les missions sous saprotectjon.
Notons que ces aveux, si importants
an point de nos droits, sont arrachés
à une feuille anglaise et protestante,
qui, comme elle l'avoue elle-même, a
chaudement poussé à la suppression
du protectorat de la France.
LE JUBILÉ SACERDOTAL
de
SA SAINTETÉ LÉON XIII (l)
Selon notre promesse, nous don
nons aujourd'hui la traduction de la
lettre que le Souverain-Pontife adres
sait récemment à S. Em. le cardinal
Schiaffino, président de la commis
sion centrale du jubilé pontifical :
A Notre cher fils Placide-Marie, cardinal-
prêtre Schiaffino, du titre des saints Jean
et Paul. ■
LÉON XIII, PAPE
Notre cher Fils, Salut et Bénédiction
Apostolique.
Vous savez combien grande et diligente
est la sollioitude avec laquelle un grand
nombre de catholiques s'appliquent de toutes
manières à multiplier les manifestations de
respect propres à témoigner de leur affec-
tionpour le Souverain-Pontifie. En ce genre,
la commission bolonaise, dont vous Nous
avez fivjt dernièrement le rapport, mérite,
certainement de Notre part un grand éloge,
puisqu'elle a pris l'initiative de promouvoir
les hommages qui Nous seront adrçssf>
pour l'époque dn cinquantième ^
de Notre ordination sa^ olale< - versa
< n e et, da* piété filiale, elle a trou-
vo.rî'"' f . • • j,
" -o moyens nombreux et varies d expri
mer l'amour et le respect, spécialement
lorsque, ayant résolu de venir en aide au
Denier de Saint-Pierre; elle a cherché une.
manière de recueillir les offrandes qui ne
fût onéreuse, pour personne, ni 4 charge
même aux plus humbles parmi le peuple ,
et cela en publiant et répandant partout des
formules préparées dans ce but. Or, ces
témoignages s'àdressant surtout et princi
palement àla, dignité delà charge que Nous
occupons, vous pourrez facilement com
prendre combien ils Nous sont agréables.
C'est pourquoi Nous vous mandons de
faire savoir au président et à tous les mem
bres de la commission que Nous apprécions
grandement ce qu'ils font et ce qu'ils se
proposent,en même temps que Nous som
mes heureux de vous exprimer, à vous,
leur président honoraire, toute Notre satis
faction.
En attendant, comme présage des faveurs
célestes et comme gage de Notre bienveil
lance spéciale, Nous vous donnons très, ten
drement dans le Seigneur la bénédiction
apostolique, à vous, Notre cher fils, et à
tous et chapun des membres qui composent
ladite commission. ■ ...,
Donné, à Rome, près de Saint-Pierre, le
25. avril de l'année 1887, la dixième de
Notre Pontificat. ■
-LÉON XHI, PAPE
A Notre vénérable frère Gaspard, êvêque de
Lausanne 'et de Genève, à. Fribourg, en'
Suisse. ■ ■
LÉON XIII, PAPE
Vénérable Frère,
Salut et bénédiction apostolique.
Votre récent éloge du cardinal Louis Ca-
verot, archevêque de Lyon, a ravivé en
Nous le souvenir et le regret de cet homme
excellent. Son image,que vous avez repré
sentée si exactement se montre dans toute
sa vérité et brille pour ainsi dire aux yeux
de vos lecteurs ; si bien que ceux à qui il
n'a pas été donné d'être les témoins de ses'
.vertus au cours de sa vie, peuvent les con- .
templer dans votre discours. \
Il faut remarquer en outre— et, Nous
avons confiance que vous ne l'aurez pas lait ; '
inutilement — comment, tout en exposant
les sentiments dont le cardinal était animé
à l'égard de ce Siège apostolique, vous sa- ;
vez mettre en relief de diverses manières,
avec opportunité et sagesse, la nature, la
force et l'action bienfaisante du Pontificat «
romain; et cela, vous le faites avec un zèle
si ardent, que vous seinblez rivaliser de
piété envers la sainte Eglise avec celui que
vous louez.
Nous vous félicitons donc, Vénérable
Frère, de cette œuvre nouvelle de votre ta
lent et de votre cœur; en même temps,
comme gage des faveurs célestes et comme
témoignage de Notre particulière bienveil
lance, Nous vous accordons très affectueu
sement dans le Seigneur, à. vous, à votre
clergé et à tout votre peuple la bénédiction;
apostolique.
Donné à Rome,près Saint-Pierre,le XXX*
jour d'avril de l'année MDCCCLXXXVÏI,
la dixième de Notre Pontificat.
LÉON XIII, PAPE.
Mgr Mermillod vient derecevoir, à
l'occasion de la belle oraison funèbre
de S. Em.' le cardinal Caverot qu'il a
prononcée naguère dans la primatiale
de Lyon, un bref dont voici la traduc
tion :
(1) Voir l 'Univers du 28 avrili
Le quinzième centenaire de la con
version de saint Augustin est fêté au
jourd'hui par de grandes, fêtes en Italie,
et spécialement à Pavie, qui conserve
son corps. Mgr l'évêque de Pavie a mê
me voulu qu'il y eût à ce prppos une oc
tave de fêtes qui, commencées le l' B
mai, ne finiront que le 8 du présont
mois. Plusieurs évêques sont invités à
rehausser de leur présence la clôture de
ces imposantes cérémonies. Le Saint-
Père a daigné agréer l'hommage d'une
très belle médaille frappée spéciale
ment pour célébrer ce quinze-cen
tième anniversaire. ;
C'est de tout cœu.c ipie nous noçis
associons de loin a ces manifestations
de la piéU • Catholique en l'honneur du
doi.teur qui a tracé dans l'his
toire de l'Eglise un sillon si lumineux
que l'éclat n'en saurait être égalé. De,
notre temps plus que jamais, les
hautes leçons que contiennent pour la
société les écrits de l'illustre converti,
spécialement son incomparable Cité
de Dieu, mériteraient d'être connues,
méditées et goûtées; Or, combien en
est-il qui aient entrepris cette lectura
féconde, laquelle est en même temps
d'un si puissant intérêt ?
Puisse, à l'occasion du quinzième
centenaire, de sa conversion, le fils
immortel de Monique, l'enfant des
larmes de cette chrétienne héroïque
qui fut en son temps et reste le modèle
des mères, faire descendre aussi des
grâces de conversion sur tous ceux
qui, même après avoir reçu l'inesti
mable don de la foi catholique, sont
trop.peu soucieux de le faire valoir,
en eux et autour d'eux, pour eux et
,pour la société!
A uguste R otjs^l.
DISCOURS
- DF.
M. LE COMTE ALBERT DE MUN
prononcé i
a.u banquet de l'association, catholique
de la jeunesse française a angers ' ?.
lf. 2 mai 1887
Nous avons annoncé qu'au banquet
qui a clôturé le brillant et solide con
grès de l'association catholique de là
Jeunesse de France, M. le comte A. de
Mun avait fait, en termes éloquents,,
un vigoureux appel à cette jeuness.es
pour les combats à venir, en vue de la
restauration du règne de Dieu dans la
société....
UAnjou nous apporte le texte 4e ce
discours. Après les toasts de M. de Ro-
quefeuil « au Pape-Père, au Pape-Roi,
au Pape-Pontife» ; de M. Larère à Mgr
Freppel, « l'émule des Irénée, des OriT
gène, des Tertullien, » et à.l'université;
d'Angers relevée par,ses soins; de M.
Guaysàla France; de M.Goupil à M.de
Roquefeuil et aux membres du comité
de Paris; de M. Lejeune à rinstitut;
catholique, à Mgr Maricourt et au
R. ,P. Poulain ; de M. le oomio.'dé' Mais-,
cellus aux association? . catholiques
étrangères; de M. d.s Saint-Ferréol. a
M. le comte A. de Mun, « au bon ser
gent et à,la bonne armée de Monsei
gneur Jésus-Christ, rov de . France et
ae Navarre », M. de Mun a pris la pa
role. . ■ • '-f
Il a commencé par exprimer sa re
connaissance à celui qui Venait de lui
adresser des remerciements comme
fondateur de l'association catholique
de la Jeunesse française., : f
« Je vous remercie, mon lieutenant,
dit-il, de ce que vous avez fait appel àt
mes sentiments de soldat. »'
; L'orateur reconnaît que le caractère
militaire est le cachet spécial de toute
association de jeunes gens. On vient d&
le saluer comme chef-de l'association,
delà Jeunesse française; il voudrait
•l'être en réalité, car cela prouverait.
\ qu'il est encore un jeune homme. En
N* 7082. — Edition auotidienn*'
Vendredi 6 Mai 1887
ÉSXTION QUOTIDIENNE
/ . "" PARIS ÉTRANGER
■ XruiPAnrssiENTj 1 (SNIOIT POSTALE}
On an.' «... 55 » 66 »
Six mois. ... 28. 50 . 34 »
Trois mois. . . 15 » 18 » •
tu abonnements partent des f et 16 de chaque mois
a ( Paris ...... 15 cent..
UN NUMÉRO, j Départements. 20 —
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS
ET DÉPARTÈMBNT8
Un an. . . . . 30 *
Six mois.' ...••■ 16 »
Trois mois. . . 8 50
ÉTRANGER'
(UNION POSTALE)
36 »
19 »
10 »
les abonnements partent des 1" et te de-chaque moi*
On s'gbonne à Rome, place du Gesù, 8
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qni lui sont adressés
AN-NONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C 1 ?, 6„place de la Bourse
FRANCE
PARIS, 5 MAI i887
L'accord ne s'est pas fait séan
ce tenante entre la . commission du
budget et M. le ministre des finances;
il ne paraît même pas devoir se faire.
Les économies réalisées par M. Dau
phin et ses collègues n'arrivent pas a
équilibrer le budget, et la commission
affecte de vouloir se conformer au vote
de la Chambre, qui demandait l'équi
libre sans impôts nouveaux ni em
prunt. En fait, elle ne croit guère
elle-même qu'il soit possible de réali
ser ce vote, qui n'est que pour la ga
lerie. ' -
Quoi qu'il en soit, la commission,
après avoir entendu M. Dauphin, s'est
ajournée à aujourd'hui pour prendre
une décision. Dans le cours de ses ex
plications, le ministre des finances a
été amené à s'expliquer au sujet des ;
bons sexennaires et de la lettre Bou
lant. On trouvera plus loin un résumé
dâ ses explications.
Discatera-t-on, dès le début de la
session, comme l'a décidé la Chambre
avant de partir, la nouvelle loi mili
taire ? On commence à, en douter. M.
le ministre de la guerre doit avoir une
entrevue avec la commission militaire
3ui est convoquée pour lundi, veille
e la rentrée. Il paraît certain qu'on
réclamera la priorité pour diverses •
lois, notamment pour celle des sucres.^
De plus, il y a les difficultés de M.
Dauphin avec la commission du bud
get, qu 'on pourrait bien ne pas ren
voyer à la session extraordinaire d'au
tomne.
Quand les Anglais évacueront-ils
l'Egypte, et même l'évacueront-ils ja
mais de leur plein gré ? La discussion
est engagée entre la Porte, et l'Angle
terre ; la première, voudrait hâter l'é
vacuation, la seconde la retarder. La
Porte demande l'évacuation : totale
dans un délai dé trois ans ; les Anglais
promettront-ils, quitte à ne pas, tenir?
Pour nous, les Anglais n'évaoueront
que lorsqu'ils y seront absolument
forcés. Mais par qui? «
Nous donnons aujourd'hui la tra
duction de la loi politico-ecclésiastique
.récemment votée par les deux Cham
bres du Landtag prussien. La loi est
assez importante pour qu'il y ait be
soin d'en connaître le' texte exact.
Une communication de l'ambassade
ottomane, que nous reproduisons, re
connaît l'existence de troubles en
Crète; naturellement la communica
tion est optimiste et annonce que tout
sera bientôt terminé.
P. S. —- On nous écrit de Lyon
qu'une dépêche de Mgr Puginier an^
nonce de nouveaux massacres au
Tonkin.
Napoléon
La Revue des Deux-Mondes a récem
ment publié sur Napoléon deux arti
cles de M. Taine, qui ont fait du bruit
' et suscité de vives oppositions. L'école
bonapartiste a jeté les hauts cris ; il'
lui a paru que son héros était diminué
ou dénaturé et la légende impériale
entamée. M. Taine a sondé le carac
tère de Napoléon à d'intimes profon
deurs; il est remonté aux origines de
race et de climat, nous représentant
Bonaparte comme un condottiere du
quatorzième siècle, sans foi. ni loi,
méprisant les hommes, les sacrifiant à
son.ambition, et du reste étranger à
la France, n'ayant rien de la civilisa
tion moderne. En un mot, d'après M.
Taine, c'est un bandit du quatorzième
siècle italien, jeté dans notre société
française-de la fin du dix-huitième siè
cle, avec des facultés prodigieuses dé
mesurées de volonté et d'intèlligence.
Ce portrait est-il complet? caracté-
rise-t-il Bonaparte ? Le contraste avec
ses contemporains est-il dans sa qua
lité de condottiere du quatorzième siè
cle? Nous croyons que M. Taine n'a
pas achevé son étude. Les bona-
Êartistes ont essayé d'enjoliver le
éros; ils se sont efforcés, à l'en-
contre. de M. Taine, d'y trouver du
«doux et de l'agréable. Ils n'ont pas
manqué, non plus, d'anecdotes. La
querelle s'engage de nouveau par une
lettre du prince Victor, qui est un
manifeste au parti et qui renouvelle la
légende impériale en l'accommodant
à la Révolution
« Napoléon a créé la France mo
derne... Tout date de lui, tout vient de
lui... il a assuré en France le triomphe
définitif des principes de 89 et les a
fait pénétrer, dans la société euro-
fœenne... Cette œuvre dé paix sociale,
'empereur Napoléon III 1 a reprise ».
CVest îa légende dans toute sa pureté ;
Napoléon est le fils de la Révolution,
il est l'incarnation des principes de 89,
il. est l'âme de la France. En envahis
sant l'Eiirope, il lui imposait la paix
sociale, c'est-à-dire les principes de 89;
et Louis-Napoléon est justifié pour
avoir suivi la même politique au de
dans et au dehors de la France. Ce
qui frappe tout d'abord, c'est que cette
politique repose sur le système de la
guerre universelle. Ainsi les Romains,
pour faire régner ce qu'ils appelaient
«la majesté de la paix romaine» re
couraient à la guerre universelle. Cette
paix romaine était une façon de prin
cipe de 89, un argument toujours ou-
vert pour pilleï* et asservir les nations.
« La paix sociale » des Napoléons est
du même genre. Certes, si elle règne
en Europe depuis un siècle, on ne
s'en aperçoit guère; et les nations
étrangères semblent fort loin de révé
rer les souvenirs qu'a laissés Napoléon
dans l'Europe continentale.
L'empire a valu à la France les deux
invasions que l'on sait ; contre-temps
fâcheux assurément et dont le prince
Victor n'a pas l'air de se préoccuper.
Le second empire n'a pas péri autre
ment.
Il fallait s'y attendre, du moment où
il suivait la tradition du premier em
pire. L'invasion est, en effet, le résultat
de la guerre universelle ; ou les nations
seront domptées par nous, ou elles se
coaliseront pour nous écraser. Napo
léon a fait la guerre à tous les peuples
européens, sans en excepter un seul.
Le neveu était en voie de s'attaquer à
toutes les puissances. Ce système xle
guerre universelle n'a jamais été renié
par le parti bonapartiste, ni même par
la bourgeoisie plus ou moins révolu
tionnaire. A quoi tient ce besoin de do
mination; de conquêtes^ d'annexions,si
contraire à la civilisation chrétienne ?
Napoléon s'est emparé de la France
au 18 brumaire. Il fut certainement
roi de France ; mais cette royauté
qn'il héritait « de son pauvre oncle
Louis XVI » ne tenait dans son ambi
tion qu'une place secondaire. Quand,
vaincu par l'Europe, obligé d'abandon
ner ses conquêtes extérieures, il se vit
réduit à ce dernier titre, se résigna-t-
il à le garder? Accepta-t-il de ses
vainqueurs l'invitation de se contenter
d'une France plus grande que celle de
l'ancien régime ? Non, il joua le tout
pour le tout: l'empire du monde ou
rien. Songea-t-il à établir en France
un gouvernement ? Il la laissa, sans
avoir rien prévu, aux mains de ses
ennemis
Louis-Napoléon vaincu, abandonna
Paris à la Révolution. Et il demanda
un asile à l'Allemagne plutôt que de
tout braver pour revenir dans sa ca
pitale. Il gardait les visées cosmopo
lites que lui avait léguées son on
cle. Sa manie de restaurer la race
latine, en s'en attribuant l'hégé
monie, son intervention dans toutes
les affaires européennes au point de
vue de la Révolution, n'attestent-elles
pas une pensée qui, au lieu de se bor
ner à la France, s'étendait au loin?
La vie de César, qu'il écrivit en se pla
çant du côté de César et en trahissant
les Gaulois, indique bien le tour et la
direction de sa pensée. Il, est à remar
quer qu'il ne succédait pas à son on
cle, il se retrempa dans le suffrage
universel,et ne fut en définitive qu'un
roi électif comme un empereur ro
main. Il était le représentant du peuple,
et c'est au nom de la souveraineté du
peuple qu'il voulait exercer le pouvoir
et l'influence. Ceci ne ressemble guère,
à un roi de France, ni même à un roi
des Français, Louis-Napoléon se crut
la mission de régner sur la race la-
L v; ne. Cette utopie le conduisit jusqu'au
Mexique nous apprîmes alors que les
Mexicains apprenaient à la race la-
Ces idées de cosmopolitisiuî? révolu
tionnaire sont bien le fond de la pôJ"
tique napoléonienne. Napoléon ne se
trouva-t-il pas; par la force des armes,
roi d'Italie, de Naples, d'Espagne, de
Hollande et d'autres petits pays? L'em
pire d'Occident fut formé dès le début.
Suffisait-il à l'ambition impériale ? La
campagne de Russie développait le
plan de l'empire universel. C'est à
cette pensée qu'il s'arrêtait; il rêvait
même de jouer le rôle de Mahomet, de
fonder une religion. Ces faits sont cons
tants,et,sans recourir à des anecdotes,
à des conversations particulières, à
des jugements de familiers, ils don
nent une idée complète de l'homme :
Napoléon a été parmi nous et dans ce
siècle un empereur romain. Législa
teur comme Justinien, il ramenait
tout à la loi de l'Etat. Ses institutions
si vantées ne sont que l'asservisse
ment universel.
Comment, tout d'un coup', après
tant de siècles de christianisme, som
mes-nous retombés en plein empire
romain ? Napoléon a-t-il, par un effort
d'imagination, ressuscité ces lointains
souvenirs, ou leur a-t-il rendu la vie
par l'énergie de sa volonté ? Il a com
pris son temps. La Révolution a été
un retour au passé ; les lettrés y ont
participé au nom de Sparte, d'Athè
nes, de Rome ; les discours, les écrits
de cette époque ne nous entretiennent
que de l'antiquité païenne. Il faut dire
que la monarchie elle-même, par la
classe nombreuse de ses légistes, nour
rissait un idéal païen. On était habitué
à glorifier les lois du Digeste, quati-
fiées souvent de divines, par la raison
toute simple que les empereurs mon
taient, après leur mort, au rang des
dieux. Les notions de pouvoir absolu,
développées par les légis tes, tournaient
les esprits vers la doctrine césarienne.
Cette idée de ltf'souveraineté du peu
ple est essentiellement païenne. La
Révolution réalisa tout d abord le rè
gne du plus fort, des majorités ; elle
renouvela les proscriptions de l'an
cienne Rome, en se décimq-nt elle-
même. Ces dénominations de consuls,
de tribuns, desénatus consultes, etc.,
répondaient d r une certaine façon à I
l'état des eprits. Napoléon en emprunta
d'autres à Byzance, les archi-cha'nce- i
liers, les arehi-trésoriers, etc. ; Louis-
Napoléon nous a dotés des plébiscites.
En sa qualité d'Italien, Napoléon avait
déjà sucé le lait césarien. Vivant au
milieu d'une société, ou plutôt d'une
anarchie qui, en haine de l'Eglise ca
tholique, reculait jusqu'à l'empire ro
main, et par horreur de tout ce qui
était|ancien régime, s'asservissait à
toutes les utopies, Napoléon n'eut
q_u'à suivre le cours des événements.
Il trouva l'idée de la guerre uni
verselle* installée dans la cervelle de
tous ces fous qui voulaient, par la for
ce , régénérer l'espèce humaine,
affranchir les peuples,, propager des
principes nouveaux. Il mit la main sur
tous ces moyens d'action. '
La Révolution, comme l'islamisme,
s'est développée par la propagande ar
mée. Louis-Napoléon disait à propos
de la guerre d'Italie : Le peuple fran
çais est le seul qui combatte pour une
idée ; ce qui signifie, en langage vul
gaire, que le peuple français est un
peuple révolutionnaire. Qu'est-ce que
l'idée? Nous connaissons les idées na
poléoniennes ; nous les avons payées
cher.
Personne, en Europe, au temps
même des triomphes ' du " premier
empire ne doutait de la catastro
phe finale. Le général Dumouriez,
dans ses pamphlets, appelait Napoléon
« le fou furieux ». Beaucoup de dé
magogues ont pu mériter cette quali
fication, et le petit Thiers l'a appli
quée au minuscule Gambetta. Cette
fatalité da l'empire, les bonapartistes
ne se la dissimulent pas ; seulement,
ils disent : Si la France est condamnée
à la révolution, mieux vaut pour elle
que la révolution revête la forme im
périale. Et, d'un autre côté, les répu
blicains dévoués à la révolution préfè
rent l'empire à tout gouvernement
conservateur. C'est là en effet qu'est
l'espérance du prince Victor. Il compte
sur le plébiscite. Peut-être les temps
sont-ils changés.
L'Europe, autrefois désunie, tend à
se rallier à une politique commune.
Et contre qui s'est-elle unie? Contre
la France et contre la politique napo
léonienne. Au fond, ce n'est pas la
France qu'elle a combattue, mais la
politique napoléonienne et l'esprit de
révolution, qui par elle se résout en
guerre universelle. C'est là le côté
pratique de cette civilisation napoléo
nienne, dont le prince Victor espère
le retour. Dans ses Mémoires, le prince
de Metternich qualifie les Romains
« de bonapartistes de l'antiquité ». Il
est clair que dans sa pensée l'empire
napoléonien apparaît comme une ré
surrection de l'empire romain, c'est-
à-dire d'un système indéfini de con
quêtes et d'annexions. La fidélité de
Napoléon aux fictions des légistes,
sa prétention d'exercer le Souverain-
Pontificat], l'autorité tribunitienne
qu'il s'attribue comme unique repré
sentant du peuple, signalent plus que
de simples analogies et nous reportent
à quinze siècle en arrière. Ce carac
tère démocratique de l'absolutisme
impérial est justement ce qui le rend
populaire. Aussi Napoléon se targuait-
il d'être le promoteur de l'égalité par
mi les hommes. Mais l'égalité uni
verselle devant un maître absolu res
semble fort à l'esclavage universel.
Au Pape Pie VII, Napoléon répète sans
cesse : Je suis César, obéissez à César.
Aujourd'hui la coexistènce de plu
sieurs grands Etats rend absurde la
prétention d'un César universel, et
un César local §gji une contradiction
dans les terme»,
; ■ C oquille,
Le premier projet inscrit à l'ordre
du jour de la Chambre pour la rentrée
qui s'approche, c'est le projet de loi
militaire. Est-ce le moment de discu
ter un pareil projet de loi, qui va
bouleverser notre armée de fond en
comble ? Evidemment non. On ne
doit pas plus, quand on est penfcetî^
à la veille d'une lutte terrible et décir
sive, modifier profondément les insti
tutions militaires d'un pays, .ce qui ne
peut s'opérer sans quelque trouble et
quelque désordre, qu'on ne doit, en
campagne, risquer . urne marche de
flanc devant l'ennemi C'est élépaea-
taire. Si nos députés pensaient avant
tout aux intérêts de la France, au lieu
de n'avoir que des préoccupations
électorales et de ne songer qu à l'as
souvissement de leurs haines de sec
taires, ils ajourneraient la discussion
de cette loi. Ils s'«n garderont bien.
C'est vainement qu'on les priera d'y
réfléchir et que les Débats, par exem
ple, auront tenu le judicieux kingnge
que voici :
Il était réservé à la représentation natio
nale du pays qui a le plus de chances de se
trouver directement engagé dans les com
plications possibles, et qui y risque certai
nement le plus gros enjeu, de songer
à reprendre 1' « éaifipe <■ prç sous-ceuvre,
alors que tout porte à craindre qu'il ne soit
battu en brèche. On a généralement admiré
en Europe, en même, temps qu'on s'en éton
nait un peu, le calme et 1$ patience aveo
lesquels la France a traversé coup sur coup
deux crises l'épreuve et la contre-
épreuve —- dont la première, tout au moins,
pouvait devenir singulièrement dangereuse.
Il y a eu pourtant quelque chose de plus
admirable ; c'est le sang-îroid avec lequel,
dans le môme temps, une douzaine de mé
decins et d'^YOMts, insuffisamment cau
tionnés par quelques personnes ayant ap
partenu pins ou moins longtemps à l'armée,
poursuivaient, dans une arrièrè-salle du
Palais-Bourbon, leur petit travail de désor
ganisation militaire.. J1 y. a quelque chose
dé plus étonnant encore : c'est l'impertur
bable assurance avec laquelle une assem
blée aveugle et sourde, mais non muette,
hélas ! poursuit la:, réalisation des utopies
les plus pernicieuses, comme si c'était une
occupation innocente, par le temps qui
court, comme si la chair et le sang de la
France se prêtaient aux expérimentations
in anima vili. Une semblable inconscience
épouvante, en vérité.
Conclusion du Journal des Débats :
Nous savons bien que tout n'est pas dit$
ni surtout fait; que le. Sériât, d'où les hom
mes compétents ne sont pas encore exclus,
sîinterposera, s'il ne se met résolûment en
travers; que peut-être la Chambre elle-
même, éclairée enfin par un ministre de la
guerre digne de ce nom, aura un retour de
bons sens et de franchise; que, en tous cas,
la loi de dissolution de l'armée ne sera pas
appliquée de si tôt. Mais ce nous est une
consolation bien maigre. Comment, sachant
tout cela, nos « législateurs » ne commen
cent-ils pas bravement par- la fin, c'est-à-
dire par un aveu méritoire do leur inapti
tude à faire œuvre qui vaille et qui dure?
Que ne laissent-ils une bonne fois l'arméo
tranquille, — l'armée, lentement et labo
rieusement reconstituée, en dépit d'erreurs
et de lacunes incontestables, qui n'a besoin,
de rien tant que d'un peu de fixité,et que
toutes ces fluctuations, toutes ces « écoles »
.agitent, inquiètent, énervent et démoralise-
Tont à la longue ! Et tout cela pour aboutir
sûrement à une manifestation stérile; pour
prouver une fois de plus qu'une assemblée
parlementaire, flottante dans son opinion,
mobile dans ses impressious, n'a ni la suite
dans les idées, ni la connaissance des dé
tails, ni la puissance d'attention et de tra
vail nécessaires pour mener à bien une
œuvre aussi délicate et aussi complexe , que
la réorganisation militaire ; pour donner, en
lin de compte, une nouvelle confirmation à
l'opinion crûment émise en plein parlement
allemand par le général von Stosch : « S'il
est une chose que. j'ai apprise, c'est l'impuis
sance absolue des majorités en matière
d'organisation ! »
C'est le langage du bon sens même,
et c'est justement pourquoi il a si peu
de chances d'être écouté !
L'exécution d'un chrétien
EN CHINE
Dans un soulèvement qui eut lieu
dernièrement à Tchong-King parmi
les païens contre leurs compatriotes
chrétiens et contre les missionnaires,
plusieurs établissements de ces der
niers furent pillés et les maisons de
riches chrétiens attaquées. Les habi
tants de l'une d'elles eurent le courage
de se défendre, et plusieurs des pil
lards payèrent de la vie leur criminelle
entreprise. L'article suivant fera con
naître la conclusion de l'affaire et
la conduite que le Tsong-li-Yamen.a
jugé à propos de tenir en cette occa
sion. .
' C'est l'article de fond du North-China
Daily News, feuille protestante la plus
influente de Chang-hai et probable
ment de la Chine entière. Il éclaire la
question du protectorat des chrétiens :
Chang-hai, 8 mars 1887.
Il y a peu de jours, nous faisions men-'
tion du cas d'un converti chinois du nom
de Lô, en faveur duquel le R. P. Bodinier
se rendit dernièrement à Pékin. Cet homme
était chef d'une riche et respectable fa
mille. L'an dernier, durant l'émeute de
Tchong-King, sa demeure fut attaquée par
la populace. Quelques-uns des assaillants*
furent tués dans l'action, et là-dessus les
magistrats, qui par paresse au par peur
s'étaient abstenus d'intervenir dans l'affaire
et lui çv^ient laissé atteindre un point aussi
critique,-tombèrent sur Lô, le jetèrent en
ppispn et le condamnèrent ^ niopt, .
Cette ipanièpe d'agir, dit le Qhinese 'fir
mes (Journal de Tien-Tsin) que nous avons
cité, peut être considérée comme un trai
tent Jwneus et tyrannique, dirigé tont
spécialement conipala famille LA, parce que,
ses membres sqnt chrétiens, ■ Le père Bq«
dinier porte Je c&s Rêvant M: mini»'-"'
distractions
reçues.,4®-J- ..o, s entremit pour obtenir
justice et pardon en faveur du malheureux
condamné,
î^e Tscuig-li-Yamen, auquel le cas fut
soumis par le ministre de France, au lieu
de s'en occuper, le traita avec son indiffé
rence habituelle, sans guère se soucier, en
apparence, de l'effet que sa conduite pour
rait avoir sur les nations vers lesquelles la
Chine porte ses regards, dans l'espoir de se
débarrasser des réclamations de la France
gur le protectorat des catholiques.
Selon l'expression de notre collègue du
Nord, « le gouvernement chinois, par le
moyen de ses représentants dans les pays
étrangers, n'a cessé de proclamer sa réso
lution de ne permettre aucun protectorat
des çtir${.iep9, sauf le sien propre ; et pour
tant, quand se présente un cas manifeste
d'exercer cette prérogative, les ministres
responsables inclinent à permettre de porter
contre eijx un jugement par défaut.
En s'empressantde traiter le cas du chré
tien Lô,le Tsong-li-Yamen eût résolu à tout
jamais la question du'protectorat étranger
sur les chrétiens. En s'en .moquant, il met
tout son jeu entre les mains de la France,
et démolit d'un eoup l'édifice que ses émis
saires s'étaient efforcés de bâtir à l'étran
ger.
Le résultat est raconté dans une lettre
publiée hier, 7 mars, dans le journal chi
nois Cheng-Pao : Lô a été exécuté le31 jan
vier et sa tête a été envoyée à Tchong-
King (1).
(1) Le chrétien chinois Lô-Pao-Che, qui était
mêlé dans les troubles de Tchong-King. a été
décapité le 31 janvier par ordre de S. E. Lieou,
gouverneur du Se-Tchouan : sa tête a été (ixée
à un pieu et exposée au public, pour servir 'd'a-
vsrtissement aux autres.
• (Extrait du Shang-hai Courrier , traduisant le
Cheng-Pao),
On à souvent fait cette remarque que lés,
diplomates chinois les plus éminents, juste
au moment où leur pays approchait d'une
crise ,ont toujours été incapables de voir ou
dé suivre la" route convenable. La Chine d
eu maintes fois à payer cher cet aveugle-
ment ou cette apathie de ses hauts fonction
naires. Dans le cas actuel, il est fort possi
ble que sa punition soit, de la part du gou
vernement français un refus catégorique
(flat) de continuer toute négociation relative
au protectorat des catholiques en Chine.
Certes, en suivant cette voie, la France
sera assurée de la sympathie de bien des
gens qui, l'an dernier, aidaient la Chine
dans ses efforts à se défaire du protectorat
français sur les Missions catholiques. Sans
do\ite le Souverain-Pontife peut se croire
obligé à prendre une attitude toute diffé
rente de celle de l'année passée. Bref,
l'exécution de cet homme sera regardée
généralement en Europe comme la preuve
qu'on ne peut accorder au gouvernement
chinois aucune confiance dans la question
du protectorat. '
C'est là un acte propre à soulever des
sentiments bien vifs en Occident, et à dé
courager ceux qui avaient soutenu la Chine
dans ses prétentions contre les droits de la
France. Le gouvernement de Pékin ne peut
aucunement s'excuser en rejetant l'exécu
tion de Lô sur un juge provincial : la ma
tière a été portée devant lui, il y atbien du
temps, et il est entièrement responsable
devant la loi pour avoir autorisé cette ma
nière de faire.;.
Le Yamen commit d'abord.une faute sé
rieuse en laissant l'affaire tomber aux
mains du ministre de France. L'ayant com
mise, il en fit une autre en se contentant
de se croiser les bras sans riën faire. Et ce,
en un temps où ces mêmes ministres vou
draient que tout le monde se persuadât que
les-Chinois, catholiques où non, sont aussi
bien en sûreté sous les autorités et sous ce
qu'ils s'amusent à appeler la loi de Chine!
que sous la protection d'une puissance oc
cidentale !
; Pour ceux qui, comme nous, désirent voir
tout prétexte • enlevé à tout pouvoir étran-
yer de s'immiscer : dans les affaires inté
rieures de ce pays, l'action ou plutôt l'inac
tion récente du Tsong-li.Yamen est cause
d'un profond désappointement. Nous espé
rions mieux à l'époque où le gouvernement
satisfit si promptement aux réclamations
des ministres protestants au sujet de ces
mêmes troubles de Tchong-King, et bien
plus quand il envoya dernièrement à tout
le peuple une proclamation par laquelle il
prena.it les missions sous saprotectjon.
Notons que ces aveux, si importants
an point de nos droits, sont arrachés
à une feuille anglaise et protestante,
qui, comme elle l'avoue elle-même, a
chaudement poussé à la suppression
du protectorat de la France.
LE JUBILÉ SACERDOTAL
de
SA SAINTETÉ LÉON XIII (l)
Selon notre promesse, nous don
nons aujourd'hui la traduction de la
lettre que le Souverain-Pontife adres
sait récemment à S. Em. le cardinal
Schiaffino, président de la commis
sion centrale du jubilé pontifical :
A Notre cher fils Placide-Marie, cardinal-
prêtre Schiaffino, du titre des saints Jean
et Paul. ■
LÉON XIII, PAPE
Notre cher Fils, Salut et Bénédiction
Apostolique.
Vous savez combien grande et diligente
est la sollioitude avec laquelle un grand
nombre de catholiques s'appliquent de toutes
manières à multiplier les manifestations de
respect propres à témoigner de leur affec-
tionpour le Souverain-Pontifie. En ce genre,
la commission bolonaise, dont vous Nous
avez fivjt dernièrement le rapport, mérite,
certainement de Notre part un grand éloge,
puisqu'elle a pris l'initiative de promouvoir
les hommages qui Nous seront adrçssf>
pour l'époque dn cinquantième ^
de Notre ordination sa^ olale< - versa
< n e et, da* piété filiale, elle a trou-
vo.rî'"' f . • • j,
" -o moyens nombreux et varies d expri
mer l'amour et le respect, spécialement
lorsque, ayant résolu de venir en aide au
Denier de Saint-Pierre; elle a cherché une.
manière de recueillir les offrandes qui ne
fût onéreuse, pour personne, ni 4 charge
même aux plus humbles parmi le peuple ,
et cela en publiant et répandant partout des
formules préparées dans ce but. Or, ces
témoignages s'àdressant surtout et princi
palement àla, dignité delà charge que Nous
occupons, vous pourrez facilement com
prendre combien ils Nous sont agréables.
C'est pourquoi Nous vous mandons de
faire savoir au président et à tous les mem
bres de la commission que Nous apprécions
grandement ce qu'ils font et ce qu'ils se
proposent,en même temps que Nous som
mes heureux de vous exprimer, à vous,
leur président honoraire, toute Notre satis
faction.
En attendant, comme présage des faveurs
célestes et comme gage de Notre bienveil
lance spéciale, Nous vous donnons très, ten
drement dans le Seigneur la bénédiction
apostolique, à vous, Notre cher fils, et à
tous et chapun des membres qui composent
ladite commission. ■ ...,
Donné, à Rome, près de Saint-Pierre, le
25. avril de l'année 1887, la dixième de
Notre Pontificat. ■
-LÉON XHI, PAPE
A Notre vénérable frère Gaspard, êvêque de
Lausanne 'et de Genève, à. Fribourg, en'
Suisse. ■ ■
LÉON XIII, PAPE
Vénérable Frère,
Salut et bénédiction apostolique.
Votre récent éloge du cardinal Louis Ca-
verot, archevêque de Lyon, a ravivé en
Nous le souvenir et le regret de cet homme
excellent. Son image,que vous avez repré
sentée si exactement se montre dans toute
sa vérité et brille pour ainsi dire aux yeux
de vos lecteurs ; si bien que ceux à qui il
n'a pas été donné d'être les témoins de ses'
.vertus au cours de sa vie, peuvent les con- .
templer dans votre discours. \
Il faut remarquer en outre— et, Nous
avons confiance que vous ne l'aurez pas lait ; '
inutilement — comment, tout en exposant
les sentiments dont le cardinal était animé
à l'égard de ce Siège apostolique, vous sa- ;
vez mettre en relief de diverses manières,
avec opportunité et sagesse, la nature, la
force et l'action bienfaisante du Pontificat «
romain; et cela, vous le faites avec un zèle
si ardent, que vous seinblez rivaliser de
piété envers la sainte Eglise avec celui que
vous louez.
Nous vous félicitons donc, Vénérable
Frère, de cette œuvre nouvelle de votre ta
lent et de votre cœur; en même temps,
comme gage des faveurs célestes et comme
témoignage de Notre particulière bienveil
lance, Nous vous accordons très affectueu
sement dans le Seigneur, à. vous, à votre
clergé et à tout votre peuple la bénédiction;
apostolique.
Donné à Rome,près Saint-Pierre,le XXX*
jour d'avril de l'année MDCCCLXXXVÏI,
la dixième de Notre Pontificat.
LÉON XIII, PAPE.
Mgr Mermillod vient derecevoir, à
l'occasion de la belle oraison funèbre
de S. Em.' le cardinal Caverot qu'il a
prononcée naguère dans la primatiale
de Lyon, un bref dont voici la traduc
tion :
(1) Voir l 'Univers du 28 avrili
Le quinzième centenaire de la con
version de saint Augustin est fêté au
jourd'hui par de grandes, fêtes en Italie,
et spécialement à Pavie, qui conserve
son corps. Mgr l'évêque de Pavie a mê
me voulu qu'il y eût à ce prppos une oc
tave de fêtes qui, commencées le l' B
mai, ne finiront que le 8 du présont
mois. Plusieurs évêques sont invités à
rehausser de leur présence la clôture de
ces imposantes cérémonies. Le Saint-
Père a daigné agréer l'hommage d'une
très belle médaille frappée spéciale
ment pour célébrer ce quinze-cen
tième anniversaire. ;
C'est de tout cœu.c ipie nous noçis
associons de loin a ces manifestations
de la piéU • Catholique en l'honneur du
doi.teur qui a tracé dans l'his
toire de l'Eglise un sillon si lumineux
que l'éclat n'en saurait être égalé. De,
notre temps plus que jamais, les
hautes leçons que contiennent pour la
société les écrits de l'illustre converti,
spécialement son incomparable Cité
de Dieu, mériteraient d'être connues,
méditées et goûtées; Or, combien en
est-il qui aient entrepris cette lectura
féconde, laquelle est en même temps
d'un si puissant intérêt ?
Puisse, à l'occasion du quinzième
centenaire, de sa conversion, le fils
immortel de Monique, l'enfant des
larmes de cette chrétienne héroïque
qui fut en son temps et reste le modèle
des mères, faire descendre aussi des
grâces de conversion sur tous ceux
qui, même après avoir reçu l'inesti
mable don de la foi catholique, sont
trop.peu soucieux de le faire valoir,
en eux et autour d'eux, pour eux et
,pour la société!
A uguste R otjs^l.
DISCOURS
- DF.
M. LE COMTE ALBERT DE MUN
prononcé i
a.u banquet de l'association, catholique
de la jeunesse française a angers ' ?.
lf. 2 mai 1887
Nous avons annoncé qu'au banquet
qui a clôturé le brillant et solide con
grès de l'association catholique de là
Jeunesse de France, M. le comte A. de
Mun avait fait, en termes éloquents,,
un vigoureux appel à cette jeuness.es
pour les combats à venir, en vue de la
restauration du règne de Dieu dans la
société....
UAnjou nous apporte le texte 4e ce
discours. Après les toasts de M. de Ro-
quefeuil « au Pape-Père, au Pape-Roi,
au Pape-Pontife» ; de M. Larère à Mgr
Freppel, « l'émule des Irénée, des OriT
gène, des Tertullien, » et à.l'université;
d'Angers relevée par,ses soins; de M.
Guaysàla France; de M.Goupil à M.de
Roquefeuil et aux membres du comité
de Paris; de M. Lejeune à rinstitut;
catholique, à Mgr Maricourt et au
R. ,P. Poulain ; de M. le oomio.'dé' Mais-,
cellus aux association? . catholiques
étrangères; de M. d.s Saint-Ferréol. a
M. le comte A. de Mun, « au bon ser
gent et à,la bonne armée de Monsei
gneur Jésus-Christ, rov de . France et
ae Navarre », M. de Mun a pris la pa
role. . ■ • '-f
Il a commencé par exprimer sa re
connaissance à celui qui Venait de lui
adresser des remerciements comme
fondateur de l'association catholique
de la Jeunesse française., : f
« Je vous remercie, mon lieutenant,
dit-il, de ce que vous avez fait appel àt
mes sentiments de soldat. »'
; L'orateur reconnaît que le caractère
militaire est le cachet spécial de toute
association de jeunes gens. On vient d&
le saluer comme chef-de l'association,
delà Jeunesse française; il voudrait
•l'être en réalité, car cela prouverait.
\ qu'il est encore un jeune homme. En
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