Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1887-04-26
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 avril 1887 26 avril 1887
Description : 1887/04/26 (Numéro 7072). 1887/04/26 (Numéro 7072).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mardi 26 Avril 1887
tî* 7072. — Edition ouotidiefifife''
Mardi 26 Avril 1887
ÉDITION QUOTIDIENNE
tJn an.' , .
Sis mois. .
Trois mois.
paris
ET DÉPARTEMENTS
. . 55 »
. . 23 50
. . 15 »
ÉTRANGER
(union postale)
66 #
34 »
18 *
itea afesanements partent des S" et jEG do chaque mol*
UN NUMÉRO { ggi s rt - em - en ; 8 ; ^ c t nt -
BUREAUX: Paris, 10, rue des Saints-Pères
'On s'abonne & Rome, plaça du Gesù, S
ÉDITION SEMI-QUQTEDIENNE
ÉTRANGER
(0K10M POSTALE) " "
36 »
*9 » w,
10 » ' '
-, ■ paris
JST DÉPABTEMBSTS
ua an. , . •. 7 30, » :
Six mois. . ,
Trois mois. # . 8 i>0
Ces» abonnements partent des i« r ei ^® cUaque nioW )\
Ji'CIÎIYERS ne répond jas des manuscrits qui lui sont adressé? •
A -NNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C'°, 6, place dé ïaBoUrso
FRANCE
PARIS,' 25 AVRIL-4887--
Quelque légitimes que soient les
préoccupations soulevées par l'arresta
tion de M. Schnœbelé, il faut encore
patienter deux ou trois jours ; on ne
. çera pas fixé avant cette époque, si
même on l'est à ce moment. Dans une
nouvelle entrevue avec le ministre
Flourens, le chargé d'affaires allemand s
M. de Lyden, a déclaré que M. Schnœ
belé serait r^iàché si la violation de
territoire Citait établie. Mais comment
établiç tiette violation, si à l'enquête
française M.-de Bismarck oppose des
Contre-enquêtes faites par des fonc
tionnaires obéissants ? De plus, outre
Sa violation de territoire, il y a le guet-
apens, qui doit,ce semble, entrer en
compte.
Le langage de la presse officieuse
allemande,rassurant dans une certai
ne mesure en ce qui concerne lé
maintien de. la paix, l'est moins sur
le fait de l'arrestation; les journaux
officieux affirment déjà que l'arresta
tion est régulière. N'y a-t-il pas là un
de ces mots : d'ordre comme il'en est
souvent donné de l'autre côté du Rhin,
et auxquels . il est ponctuellement
obéi?-. ■■ - • . = - _
La presse étrangère se montre tou
jours défavorable à l'Allemagne dans
la circonstance, sauf peut-être en Ita
lie, où les journaux semblent ne pas
oser .se prononcer.
Est-ce que M. le ministre des finan
ces .Dauphin serait condamné? De
puis qu'il a quitté sa présidence ina-
. movible de' la cour d'Amiens pour le
{>ortefeuille éphémère des finances,
es incidents désagréables se multi
plient contre lui et le mettent en grand
hasard. Après son impôt de quotité,
après son projet de budget, pour les
quels on lui accorde un. répit plus ou
moins long, voici les bons sexennai-
res. Le ministre a été aussi mal dé
fendu que possible ; ce matin, c'est
une lettre de M. Boulan, après la note
de l'officieuse Agence Havas,qm est en
réalité un aveu: le silence aurait été
plus habile.
«
, Décidément le désaccord existe, non
seulement entre les -opportunistes et
-les autonomistes, mais même entre les
variétés nombreuses de l'autonomisme;
dans tous les quartiers où les autono
mistes sont ou se croient les maîtres,
il y a multiplicité de candidats fort
animés les uns contre les autres. Pour
être moins divisés en apparence, les
opportunistes ne sont pas sans em
barras ; ainsi ils n'ont pas pu se mettre
d'accord pour leurs candidats dans
certains quartiers, et ils ont dû ajour
ner toute décision à une prochains
réunion.
Comme Paris, la ville-lumière, est
dépassée! Déjà,le conseil municipal de
.Saint-Ouen, dédaigneux des équivo
ques où s'était complu celui de Paris,
lui avait donné une forte leçon de lo
gique révolutionnaire en protestant
contre la dissolution du conseil muni
cipal de Marseille,et en s'attirant ainsi
à son tour les honneurs de la dissolu
tion. Voici maintenant les électeurs de
Saiiit-Ouen qui répondent au décret
de dissolution en élisant un conseil
municipal du plus bel écarlate. C'est
grand. Aussi comme Y Intransigeant du
citoyen marquis de Rochefort-Luçay
triomphe ! S'il l'osait, il demanderait
FEUILLETON DE L'UNIVERS
. : du 26 avril 1887 -
La Bible et le Râmâyana
(Dernier article.)
i/insëi8nemekt de l'évangile et l'enseignement
du ramayana -
Nous avons vu comment, malgré tous les
efforts du poète pour faire de Râma l'idéal
achevé du héros, il n'avait pu réussir ce
pendant à le rendre parfait. La vanité, l'é-
goïsme ternissent l'éclat des vertus de
l'époux de Sîtâ et du vainqueur de Bâli et
de Râvana; de plus, il ne sait sauver les
hommes. que par la force de son bras et
au moyen des violences de la guerre. Ce
qu'il prêche donc aux hommes par son
exemple,, c'est surtout de chercher à. l'em
porter sur les autres, non par la vertu,
mais par la valeur. Autant la doctrine de
l'Evangile est admirable, autant celle du
■Râmâyana est incomplète et imparfaite.
Nous l'avons déjà montré en signalant les
défauts et les erreurs des dogmes et de la
morale-qu'il enseigne; nous devons ache
ver maintenant cette comparaison en disant
un mot de l'enseignement du Sauveur, qui
n'a rien d'analogue dans l'épopée de Val-
mîki. Jésus-Christ instruit les hommes par
ses paroles comme par sa conduite ; Râma
et son poète n'ont jamais songé à instruire
les hommes de la même manière.
I
; C'est par son enseignement, en même
C'ûe Paris soit découronjié de son titre
de capitale au profit de Saint-Ouen.
' Notre gouvernement a-t-il invité leà
puissances étrangères à l'exposition
projetée pour le centenaire de la Ré
volution de 1789? Oh dit que la Rus
sie, sans manifester de grief contre
nous,a déjà refusé ; et il ne paraît pas
3u'on doive compter sur l'acceptation
e l'Allemagne et de l'Autriche. Ce
qui nous étonne, c'est que rios minis-.
très aient pu croire que leur politesse
serait agréable aux trois' grands em
pires du Nord. Ignorent-ils ce qu'a été
la Révolution française? N'ont-ils au
cune idée des événements qui l'ont
suivie ? Les souverains qui en ont subi
le choc peuvent-ils ne pas voir en
elle un système de dépossession de
toutes les dynasties? L'Europe actuelle
pardonne volontiers à la Révolution la
guerre universelle qu'elle a déchaînée;
toutes les puissances en ont tiré des
accroissements de territoire : la France
seule s'en est trouvée amoindrie. Ce
n'est pas . une raison pour que l'Eu
rope glorifie une révulution qui a été,
en partie, faite contre elle. D'autant
plus que le parti révolutionnaire en
France affecte de considérer notre ré
volution comme une sorte de révéla
tion qui, loin de se borner à la France,
aurait apporté à tous lès hommes la
liberté et une nouvelle façon de con
cevoir la morale et la politique. Nos
journalistes, nos prosateurs, nos ver
sificateurs ne répètent-ils pas chaque
jour que notre Révolution inaugure
l'ère de l'affranchissement universel,
et que le peuple français, et plus spé
cialement le peuple parisien, est le
peuple initiateur au progrès ?
C est un thème que le Ronsard du
dix-neuvième siècle, M. Victor Hugo,
a ressassé mille fois en vers et en
pçose. Les éloges qu'on se donne à soi-
même sont toujours ridicules et cha
que peuple aime à se croire le premier
des peuples. Si l'Europe s'est d'abord,
plus ou moins, engouée de certains
principes de la Révolution française, il
faut avouer qu'elle en est bien revenue
et que sa répugnance à fêter la Révo
lution n'est que trop justifiée. .
Mais nous-mêmes avons-nous à
nous féliciter des bienfaits de la Révo
lution? Le plus clair, le plus visible ré
sultat d'un siècle de troubles, c'est que
la France est "à peu près, quant à
l'étendue de son territoire, ce qu'elle
était sous l'ancien régime, avec cette
différence' qu'elle était alors la pre
mière puissance de l'Europe. Jetez les
yeux sur une carte géographique,
voyez ce que sont devenues la Russie,
la Prusse, l'Autriche, l'Angleterre, Elles
ont marché, et nous sommes restés au
millésime de 1789. La- gageure de
l'empire contre l'Europe s'est terminée
parjes de'ùx invasions de 1814 et de
1815. Et si la France s'est relevée et
sVest rapidement replacée parmi les
grandes puissances, c'est grâce au
principe de stabilité sociale que nous
rapportait l!ancienne dynastie de nos
rois. Cela est si vrai que la Révolution
de 1830 nous a fait déchoir et nous a
aliéné l'Europe continentale. Nous
sommes retombés sous l'empire, issu,
comme le premier, des excès de la
démagogie, et acclamé par le peuple
français comme un remèdenécessaire.
Même guerre universelle, même ca
tastrophe finale. La guerre de 1870
était toute révolutionnaire. Louis-Na
poléon déployait dans son manifeste
« le drapeau de 1792 ». Ce sont ses
propres expressions ; et les républi
cains ont repris la suite de ses affaires
et se sont rendus solidaires de sa poli
tique. D'ailleurs, ils ne nieront pas
que la guerre d'Italie n'ait été voulue
par eux ; et cette guerre, par les prin
cipes qui l'ont dictée et les conséquen
ces qu'elle portait, a caractérisé toute
la politique impériale ; la guerre de
1870 en est issue. Un résultat, que les;
républicains d'alors n'ont pas prévu,
c'est l'hostilité de l'Italie contre la
France. Louis-Napoléon voulait, com
me son oncle, une espèce d'empire
d'Occident sous le nom d union des races
latines. Il ne délivrait pas seulement
l'Italie, il la conquérait. Il donnait Ve
nise au roi du Piémont.Et, après tout,
les événements qui ont unifié J'Italie
découlent de l'invasion française. Maz-
zini, Garibaldi, Victor-Emmanuel, Ca-
vour n'ont été que les exécuteurs de
la pensée napoléonienne. A quoi au
raient abouti leurs menées sans l'ar-"
mée française? La guerre de 1870 les
a délivrés de leur sauveur. Il reste une
Italie ennemie de la France. Nos répu
blicains se sont imaginés que deux
nations révolutionnaires devaientvivre
en bonne intelligence, par là commu
nauté même de leurs principes. Illu
sion! les principes révolutionnaires
sont des principes de haine et de divi
sion; et si l'Italie est en concurrence
avec nous, elle n'a aucune raison pour
être bien avec nous. Elle peut, d'ail
leurs, être révolutionnaire; sans l'être
au même diapason que nous.
" Toùtë" là " politique révolutionnaire
depuis un siècle a tourné contre nous,
et il est facile de voir qu'aujourd'hui
elle ligue les grandes puissances con
tre nous. On parle des bons rapports
de là Russie avec nous ; la Russie s'in
terdit une alliance positive pour ne
pas pactiser avec nos principes de ré
volution. Et nous allons fêter ces
principes, qui entravent notre déve
loppement politique et nous condam
nent à un état stationnaire qui jure
avec la situation des grandes puis
sances.
Y a-t-il moyen de se tromper sur la
signification de 1789? Les feuilles de
la démocratie ne nous ont-elles pas
dit à satiété que la république se con-
■fondait avec la Révolution ? N'est-ce
pas nier que la république soit un
gouvernement? Que la Révolution de
1789 soit non un gouvernement, mais
le renversement du trône et de la so
ciété, le gouvernement actuel l'a affir
mé en proclamant fête nationale le
14 juillet, jour de la "prise de la Bas
tille.
Il n'y a pas à s'y méprendre, c'est le
principe d'insurrection qui est glori
fié. Franchement, les puissances qui
font tant d'efforts pour se soutenir
ont-elles intérêt à se mêler à cette
glorification ? Et notez que notre gou
vernement, qui est toujours un gou
vernement de 14 Juillet, loin de répu
dier lesdits principes, s'en pavane et
ne craintpas d'en poursuivreen France
des applications qui étonnent l'Europe
non catholique.
Avons-nous réellement invité les
{missances à s'unir à nous pour cé-
ébrér la prise de la Bastille, symbole
de la chute de tous les trônes ? Tout
en désirant que le gouvernement ne
s'expose pas à des refus, nous consta
tons que ces refus seront sans préju
dice pour nous. L'exposition de 1889,
plus dangereuse qu'utile, ne fera que
faciliter la concurrence de l'étranger,
en le mettant davantage au courant
de nos procédés de fabrication et des
conditions du travail en France.
Coquille. -
Il y a quelques semaines, le Figaro
s'avisa de dire que « lamédiation ponti
ficale » entre la France et l'Allemagne
était à .l'ordre du jour, et queMgr Ga-
limberti réglerait cette question à Ber
lin. On sait que la feuille boulevardière
donnait à la médiation pour base le
désarmement et pour conclusion l'éta
blissement d'une confédération.d'Etats
comprenant la Belgique, la Suisse, la
Hollande, le Luxembourg et l'Alsace-
Lorraine. Naturellement il n'y avait là
rien de vrai,et les faits l'ont prouvé.
Mais Figaro ayant lancé cette préten
due information ne veut pas en avoir
le démenti. Voici ce qu'il dit aujour
d'hui pour se couvrir :
- Il n'y a plus d'inconvénient à le dire au
jourd'hui: la question de la médiation pon
tificale entre la France et l'Allemagné a
réellement été soulevée lors du récent
voyage de Mgr Galimberti à Berlin.
Mais M. de Bismarek a coupé court aux
pourparlers en déclarant que l'Allemagne
ne permettrait pas à son gouvernement de'
renoncer à l'Alsace, et que le gouvernement
français ne voudrait pas prendre, vis-à-vis
du pays, la responsabilité d'une nouvelle
affirmation des traités de 1871. Dans ces
conditions, il lui semblait impossible de
trouver un « terrain d'entente ».
C'est justement parce que l'on sa
vait à l'avance que telle serait la ré-
fonse de M. de Bismarck que la mé-
iation ne pouvait être proposée et ne
l'a pas été.
Les temps sont changés
C'est le titre de l'article publié par
l'Osservatore Romano, que signalait hier
le télégraphe. Eh voici la traduction :
La Révolution,quand ellerésolut, en 1870,
de couronner son œuvre par l'entière spo
liation du pouvoir temporel des Papes,
choisit'son moment avec plus d'avidité "que
de prudence ; elle n'a pas calculé combien,
en faisant un pas si grave et si audacieux,
elle accumulait de difficultés sur le j eune
royaume.
Celui qui conseillait spécialement de
faire ce pas, s'imaginait peut-être que le
trouble des esprits parmi les vicissitudes
de ce temps devait rester en permanence
dans les principaux Etats d'Europe ; que
l'esprit de rébellion et de guerre à l'Eglise
progresserait sans que rien pût l'arrêter.
En somme, on se confiait dans le désordre
et dans le progrès du désordre, sans ré
fléchir que les perturbations de l'ordre mo
ral ont, comme celles de l'ordre physique,
une limite au bout dé laquelle la. réaction
s'élève pour ramener le calme et rétablir
l'état normal.
Ces principes, qui avaient inspiréla guerre
au< Souverain-Pontife,- étaient les mêmes,
au fond, qui inspiraient la rébellion contre
toutes les autorités, et qui ont poussé leurs
dernières conséquences jusqu'aux incendies
de la Commune de Paris, jusqu'aux exé
crables attentats des Hœdel et des Nobi-
ling, des Moncasi et des Passanante, jus-
qu aux excès des nihilistes et des socialis
tes. On persécutait le Pape parce qu'il
condamnait ces principes; on conspirait
contre l'autorité des gouvernants, parce
qu'ils s'opposaient aux conséquences rui
neuses de ces principes. On a commencé
par la guerre au Souverain-Pontife, pour
enlever aux monarques leur appui moral.
Mais ceux-ci s'irritèrent contre lui, et pen
dant qu'on voulait en finir avec les rois et
les empereurs, on exhortait ceux-ci à se dé
fendre contre les soi-disant usurpations de
l'Eglise.
Mais, comme nous le disions, les enne
mis de la Papauté ne pouvaient cacher
longtemps le but qu'ils poursuivaient" on
persécutant l'Eglise. Les hommes d'Etat les
plus avisés le comprirent, et le moment vint
où ils se demandèrent si, du moment que
les ennemis de l'ordre avaient le Pape pour
principal ennemi, on' ne devait pas en dé
duire que le Pape était donc le plus ferme
boulevard de l'ordre. De là ce.vent d idées
conservatrices .qui, de l'aveu des journaux
libéraux eux-mêmes, souffle aujourd'hui
dans les hautes sphères de l'Europe; de là
cette tendance des gouvernements à s'accor
der avec l'Eglise. Puisse Dieu seconder
leurs -efforts et leur faire finalement com
prendre que les doctrines des athées et des
libre-penseurs creusent un abîme entre les
autorités et les peuples, et que l'Eglise res
serre et fortifie le lien de toutes les rela
tions sociales ! _•
Même en notre Italie où la ■ Révolution
s'est livrée à de si déplorables excès contre
l'Eglise, on commence à comprendre qu'on
n'a rien gagné.
En Italie, par une indéniable volonté de .
la Providence, le Souverain-Pontificat est
uni de telle sorte à la vie de la nation que
l'abaissement de celui-ci a toujours été un
dommage pour, celle-là, de même que la
glorification de l'Eglise a toujours valu
d'immenses avantages à l'Italie. Nombre de
prétendushistoriens,inspiréset soudoyés par
les sectes, ont cherché, par le mensonge et
la calomnie, à tra\estir la vérité; mais les
faits sont là, et ceux qui se passent sous nos
yeux confirment cette vérité.
Nous ne voulons pas discuter sur le point
de savoir si la proclamation de Rome comme
capitale a fait accroître la puissance, la li
berté, le crédit de l'Italie ; mais nous vou
lons seulement rappeler brièvement com
ment la spoliation des biens ecclésiastiques
a plutôt appauvri qu'enrichi la nation ;
comment la suppression des ordres religieux
a diminué son influence; comment l'ensei
gnement athée a corrompu son peuple;
commenjt le génie des-beaux-arts et des let
tres,soustrait à l'influence de la religion, sa
mère, sa nourrice et sa protectrice, va se
transformant monstrueusement.; comment
au défaut de savoir on prétend suppléer par
des méthodes empruntées aux nations
étrangères, au mépris de cette patrie, la
nôtre, qui fut do tout temps pour tous une
maîtresse de vertus, de science et de civili
sation. En résumé, de la guerre à l'Eglise
on n'a retiré que pauvreté, affaiblissement,
déchéance des mœurs, ignorance. Si l'on
s'obstine dans cette voie, il est certain qu'on
marchera vers la ruine.
Et qu'on n'accuse pas le Souverain-Pon
tife de vouloir la ruine de l'Italie ; non, la
ruine de l'Italie ne viendra jamais de celui
qui no veut s'asseoir sur les ruines
d'aucune nation, et moins encore sur celles
de sa patrie très chère ; au contraire, à cette
patrie il ouvre spécialement les bras, et il
l'invite, pour son bien, à s'entendre avec
lui. Rien ne lui paraîtrait meilleur que
de voir le gouvernement italien, préve
nant les événements et les ingérences
étrangères, travailler spontanément à s'en
tendre avec l'Eglise. Il n'est pas difficile
d'atteindre ce but louable et utile, pourvu
qu'on le veuille. Un peu de bonne volonté,
et l'Italie sera soustraite à la domination
des sectes, qui s'imposent aujourd'hui avec
un si grand dommage et un si grand péril
pour l'Etat; elle sera rendue à elle-même.
La nouvelle loi municipale dispense
les communes de l'obligation de sub
venir aux frais du culte, dans le cas
d'insuffisance des ressources des fa
briques paroissiales. Néanmoins, la
moitié environ des communes conti
nue à contribuer volontairement aux
dépenses des églises. C'est ce qui res
sort d'une stàtistiquà dressée par les
soins du ministre de l'intérieur, à la
demande de M. Yves Guyot, auteur
d'une proposition de loi sur la sépara
tion de l'Eglise et de l'Etat.
Il résulte des chiffres officiels que
15,935 communes allouent une som
me totale de 3,854,192 francs aux fa
briques. On constate qu'un grand
nombre de départements, représentés
à la Chambre par des radicaux avan
cés, contribuent pour une large part
aux dépenses du culte. Dans leDoubs,
par exemple, sur 638 communes, 111
votent une subvention totale de
258,000 francs pour le complément de
traitement des curés. Dans la Seine,
46 communes sur 73 votent une sub
vention dg 17,795 francs. Sur les 688
communes composant le département
de Sëine-et-Oise, 344-contribuent pour
une; somme de 77,343 francs aux dé-,
penses du culte.
Par' contre., plusieurs des départe
ments qui ont envoyé à la Chambre
les représentants les plus autorisés
des idées religieuses se font remar
quer par lamodicité de leurs subsides.
Dans le Finistère, 5 communes seule
ment sur 292 figurent sur le tableau
pour un total de 6,273 francs. En Ven
dée, on n'en compte que 28 sur oOOî:
dans le Morbihan, 72 sur 250; dans
l'Aveyron, 65 sur 302.
Ces derniers chiffres demandent
quelque explication. Les départements
du Finistère, delà Vendée, du Morbi
han, de l'Ave7ron, notés comme des
plus religieux, comptent aussi parmi
les moins, riches, i) s'y trouye beau
coup de communes pauvres qui se
raient incapables de venir àu aidé aux
fabriques. Mais, d'autre par J,la piété
et la générosité des fidèles permet
plus facilement à l'église de se p.asser
du concours de la commune. Ces dé-
parlements doivent compter, dans 1&
grande majorité de leurs communes,
parmi ceux qui sont le plus opposés à.
fa séparation de l'Eglise et de 1 Etat.
En outre, la statistique des commu
nes qui votent les dépenses facultati
ves des cultes doit être accrue de toutes
celles dont l'autorité préfectorale an
nule les votes. Nous avons déjà signalé
ce mauvais vouloir des préfets, qui re
fusent souvent d'approuver lesbudgets
communaux où sont inscrits des crédits
pour le culte, sous prétexte que la
commune est trop pauvre pour subve
nir aux frais du culte, ou pour l'obli
ger à appliquer ses ressources à d'au
tres dépenses.
Au total, si l'on compte à la fois les
communes auxquelles les fabriques
n'ont pas besoin de recourir,et qui se
raient néanmoins disposées à leur ve
nir en aide, et celles dont les votes
pour lesfrais du culte sont annulés, on
trouve que les seize mille communes
qui continuent, selon la nouvelle loï
municipale, à contribuer aux dépen
ses ecclésiastiques, représentent 'le
voeu à peu près unanime des popi^Ia-
tions en faveur de la continuation de
l'ancien état de choses. Autrement
dit, la France catholique, en. dépit de
son gouvernement républicain,_ est
opposée à la séparation de l'Eglise et
de l'Etat et veut le maintien du bud-
get,des cultes. Nous n'avons cessé de
le dire, mais ici les chiffres parlent
d'eux-mêmes. La statistique confond,
les partisans de la sécularisation de
l'Etat. Elle proteste plus haut quetou£
les programmes et tous les scrutins
républicains ; c'est la politique ._ qui
fait les élections ; dans la statistique
dressée par les soins du ministre de
l'intérieur. C'est le sentiment reli
gieux des populations et de leurs re
présentants qui se manifeste seul. Le
suffrage universel s'est prononcé;on y
a le verdict du peuple catholique. La
France ne veut pas rompre avec l'E
glise.
A rthur £
Deux votes significatifs
Parmi lés notes de l'Agence HavaS
communiquées aux journaux pour si
gnaler tel ou tel incident de la der
nière session des conseils généraux,
nous n'avons pas trouvé trace d'un
double fait qui avait pourtant bien sa
valeur. Heureusement l'excellent jour
nal le Pas-de-Calais vient de suppléer
à ce silence calculé de l'Agence Havas t
temps que. par ses vertus et par sa grâce,
que Jésus-Christ a changé la" face du mon
de. Il a résumé toute la loi en. deux pré
ceptes : Vous aimerez Dieu par-dessus
toutes choses ; ,c'est là le premier, et le plus
grand des commandements. Le second est
semblable au premier : Vous aimerez le
prochain comme vous-même.
Le commandement de l'amour de Dieu
repose sur cette vérité que Dieu est notre
créateur et notre père, et que nous devons
avoir par, conséquent pour lui un amour
filial et une obéissance affectueuse. L'amour
du prochain est fondé sur- le grand dogme
de la fraternité humaine et sur cette vérité
que Dieu regardera comme fait à lui-même
ce que nous aurons fait en faveur du moin
dre de nos frères. Voilà le fond de l'ensei
gnement du Sauveur, qu'il a exposé de la
manière la plus simple et la plus saisissante
pendant sa vie mortelle, et qui nous a été
conservé dans les Evangiles. Ses exemples
ont été le commentaire vivant de'sa doc
trine et comme l'aiguillon qui a poussé les
hommes à marcher sur ses traces.
Nous ne'rencontrons rien de pareil dans le
héros idéal de l'épopée indienne. Râma
n'enseigne pas les hommes par sa doctrine;
ses exemples eux-mêmes ne sont pas pour
la plupart un enseignement approprié aux
besoins de l'humanité. Il n'est pas sembla
ble à nous,il se fait surtout remarquer par
sa force et par son pouvoir divin: comment
pourrioB$-nous l'imiter? Un héros qui ac
complit les prouesses de Râma. peut exciter
l'émulation du soldat, mais il ne peut ser
vir de modèle au commun des hommes.
Jésus-Christ, au contraire, en modifiant ce
qu'il y a de plus ordinaire dans l'existenee,
se met à la'portée de tous et devient véri
tablement, comme l'avait prophétisé Isaïe,
Emmanuel, Dieu avec nous.
Dans les innombrables discours qui rem
plissent le long poème du Râmâyana, il y a
bien," disséminées çà et là, placées dans la:
bouche de divers personnages, des discus
sions philosophiques et quelques belles
maximes, comme nous l'avons remarqué;
mais c'est l'exception, et elles ne forment
en aucune manière un corps d'enseigne
ment.
Les maximes qui se rapprochent le plus
des idées chrétiennes sont celles qui ont
trait au repentir et à la purifîcaiion de
l'homme par la souffrance.
Le repentir purifie : « Cesse de t'affliger'
dit Râma. à Bâli qu'il vient de blesser mor
tellement. Ma flèche t'a rendu pur en même
temps qu'elle t'a frappé. Va dans le ciel, et
pardonne-moi. En effet, devenu ce que tu
es, ô le meilleur des singes, n'est-ce pas à
à toi maintenant que sont dus nos homma
ges ? » -
« Les hommes entachés de crimes,'dit
Sîtâ, sont lavés de leurs souillures dans le
châtiment; et le supplice même leur sert à
monter dans la Swarga (le paradis), comme
les gens de bien y montent portés sur des
bonnes œuvres. »
Le supplice ne purifie pas par lui-même;
mais s'il est accompagné de repentir et ac
cepté en expiation des fautes qu'on a com-'
mises, avec résignation et soumission à la
volonté de Dieu, il aide à obtenir le pardon
divin. .
Nous avons cité à peu près tous les traits
de ce genre qu'on peut relever dans les
longs volumes du Râmâyana, tandis qu'ils
sont sans nombre dans les courtes pages
des Evangiles. Il est impossible, de ne pas
reconnaître là, d'un côté, l'œuvre da génie
humain; de l'autre, l'œuvre divine.
. ' 11
Un autre point dans lequel éclate aussi
d'une manière très sensible la différence
qui existe entre le divin réel et le divin tel
qu'il peut éclore dans l'imagination de
l'homme, c'est dans la peinture des actes
par lesquels s.e rnayifeste la divinité duSau-
veur dans nos Evangiles et le pouvoir de
Râma dans le poème de Valmîki. Jésus-
Christ manifeste sa divinité parjdesjmiracles,
mais tous ces miraclès sont des bienfaits
pour l'homme : il passe en faisant le bien,
et quand on lui demande des signes dans le
ciel, il refuse de les accomplir.
Les actions de Râma sont aussi souvent
merveilleuses, mais elles n'ont pas pour but
de faire du bien aux hommes; il ne guérit
pas les maladies, il ne soulage pas infirmes ;
il fait seulement des choses propres à lui
attirer l'admiration de la foule. A la fin de
l'épopée, le poète, il est vrai, nous décrit
un âge d'or pendant lequel tous les maux de
la terre disparaissent : « Réuni à ses frères,
le noble rejeton de Raghon fait tomber
sous les ciseaux sa chevelure d'anachorète,
et, maître de Sita recouvrée, il .obtient une
seconde fois le royaume. Après qu'il eut
tué l'ennemi du monde, il célébra diffé
rents sacrifices, et, joyeux, entouré de
plaisirs,- caressé de la fortune, il savoura le
bonheur dans la compagnie de Sîtâ. Le fils
du grand Daçaratha, lé fortuné Râma, ce
roi d'Ayodhya, gouverna comme un père
ses peuples heureux ; et le monde content,
charmé, joyeux, rassasié, bien attaché à la
justice, vécut sans maladies, exempt de
chagrins, affranchi du travail et ne connais
sant pas l'indigence. Nulle part, les hommes
ne voyaient rien qui fût affligé par la mort
d'un fils; et toujours les femmes, ignorant
le veuvage, se complaisaient dans l'obéis
sance à leur époux. Aucun danger causé
parle vent; point d'eau qui pût submerger
les êtres animés ; nul péril du feu, ainsi que
dans l'âge Krita (ou l'âge d'or). Dans son
royaume, on n'eût trouvé ni veuves, ni
femmes sans appui, ni idiots; les hommes
n'étaient là ni indigents, ni malheureux, ni
tourmentés de maladies. Quand il aura plu
sieurs centaines de.fois célébré le sacrifice
du cheval, en prodiguant les • parfums, le
Raghonide donnera aux brahmes des-va
ches par fnaintes centaines de milliers; il
conduira son royaume de nombreuses
années; il affermira dans ce monde le fais
ceau des quatre ordres sur l'assiette de ses
devoirs; puis, ayant occupé le trône dix
milliers et dix centaines d'années, il s'en ira
dans le monde de Brahma. <> (I, i, 91-100.)
Si Râma, dans cette conclusion, fait du
bien aux hommes, il ne le fait pas delà
même manière que le Sauveur, parce que,
dans l'Evangile, nous sommes dans la réa
lité, tandis que dans le Râmâyana nous
n'avons qu'un tableau fantastique, qui est
juxtaposé au poème, mais qui ne ressort en
rien de tout ce qui précède. Rien, en effet,
dans ce qu'a fait Râma jusqu'au dernier
moment, ne nous prépare à le voir changer
la face du monde, supprimer la maladie et
la mort, la souffrance et la misère ; c'est là
un placage, une pièce de rapport, sans lien
avec le reste du poème. Au contraire, Nb-
tre-Seigneur en mourant lui-même ne sup
prime pas la mort, mais il nous apprend à
la subir avec patience et il réforme morale
ment l'homme, conséquemment aux ensei
gnements et aux exemples de Sa vie tout en
tière. •
III
Une dtes choses les plus étranges dans le
Râmâyana, c'est la scène capitale du dé
nouement. Elle révolte le lecteur européen,
quoique le poète l'ait averti à l'avance. La
figure la plus attachante du poème est cer
tainement Sîtâ, l'épouse de Râma, cette
Pénélope indienne, d'une pureté sans tache,
d'une fidélité à toute épreuve, bien plus in
téressante que la reine d'Ithaque par l'en
semble de.ses qualités et par ses malheurs
beaucoup plus grands et non moins immé-
mérités. Elle a volontairement accompagné
son mari dans.son exil au milieu des bois;
quand elle a été violemment enlevée par le
roi de Lanka, elle a résisté inébranlable-
ment à toutes les séductions. Le lecteur
du poème connaît son héroïsme, dont tous
les traits ont été mis sous ses yeux. Râma
le connaît ausssi,carHanoûmat lui en a fait
un rapport fidèle ;il l'aime tendrement,cpm-
me elle le mérite; il a entrepris une longue
etpérilleuse guerre pour la recouvrer,. et
après avoir accompli tant d'exploits afin da
punir le ravisseur et de se réunir à elle,
comment l'accueille-t-il ? Il la repousse. Cette
conduite est si injuste qu'elle choque et dé
concerte tous" nos sentiments d'équité et
nous semble en contradiction avec tout l'en
semble del'épopée.Râmanous a été présenté
pendant plus de quarante mille vers comme
le type idéal du devoir et maintenant, tout
d'un coup, il se montre infidèle à tout c©
qu'il doit à Sîtâ. Comme l'a très bien re
marqué M. Jules Girard : ,.
« L'époux tendre et passionné a disparu ;
nous trouvons à la place un juge soupçon
neux et dur. La fidélité de Sîitâ a résiste
aux tentations, aux ruses, aux menaces,
aux supplicës, et cependant le prix de sa
constance lui est. refusé... Lorsque,mandée
comme Pénélope par son époux vainqueur,
elle arrive heureuse et empressée, c'est
pour subir la plus cruelle de toutes ses
épreuves, c'est pour être traitée avec mé
pris en présence de toute l'armée. En vain
elle répond par des protestations et par les
signes de douleur les plus touchants. Tout
le monde est ému ; Râma lui-même,en la
voyant, a eu peine d'abord à retenir ses
larmes ; paais la colère et l'orgueil ont le
dessus. Il ne lui adresse que des paroles
insultantes, où l'on ne distingue aucune
trace de pitié ni aucun souvenir de sa coiv*
fiance d'autrefois. Le seul de ses anciens
sentiments .qu'il laisse percer, c'est celui do
l'admiration qu'il éprouve encore pour sa
beauté ; mais il n'en ressent que mieux l'af
front qu'il a reçu, et, après l'avoir vengé
sur le ravisseur, il le venge encore sur la
victime. Enfin, impassible, il la laisse s'é
lancer dans les flammes du bûcher, où le
tî* 7072. — Edition ouotidiefifife''
Mardi 26 Avril 1887
ÉDITION QUOTIDIENNE
tJn an.' , .
Sis mois. .
Trois mois.
paris
ET DÉPARTEMENTS
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. . 23 50
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ÉTRANGER
(union postale)
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itea afesanements partent des S" et jEG do chaque mol*
UN NUMÉRO { ggi s rt - em - en ; 8 ; ^ c t nt -
BUREAUX: Paris, 10, rue des Saints-Pères
'On s'abonne & Rome, plaça du Gesù, S
ÉDITION SEMI-QUQTEDIENNE
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JST DÉPABTEMBSTS
ua an. , . •. 7 30, » :
Six mois. . ,
Trois mois. # . 8 i>0
Ces» abonnements partent des i« r ei ^® cUaque nioW )\
Ji'CIÎIYERS ne répond jas des manuscrits qui lui sont adressé? •
A -NNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C'°, 6, place dé ïaBoUrso
FRANCE
PARIS,' 25 AVRIL-4887--
Quelque légitimes que soient les
préoccupations soulevées par l'arresta
tion de M. Schnœbelé, il faut encore
patienter deux ou trois jours ; on ne
. çera pas fixé avant cette époque, si
même on l'est à ce moment. Dans une
nouvelle entrevue avec le ministre
Flourens, le chargé d'affaires allemand s
M. de Lyden, a déclaré que M. Schnœ
belé serait r^iàché si la violation de
territoire Citait établie. Mais comment
établiç tiette violation, si à l'enquête
française M.-de Bismarck oppose des
Contre-enquêtes faites par des fonc
tionnaires obéissants ? De plus, outre
Sa violation de territoire, il y a le guet-
apens, qui doit,ce semble, entrer en
compte.
Le langage de la presse officieuse
allemande,rassurant dans une certai
ne mesure en ce qui concerne lé
maintien de. la paix, l'est moins sur
le fait de l'arrestation; les journaux
officieux affirment déjà que l'arresta
tion est régulière. N'y a-t-il pas là un
de ces mots : d'ordre comme il'en est
souvent donné de l'autre côté du Rhin,
et auxquels . il est ponctuellement
obéi?-. ■■ - • . = - _
La presse étrangère se montre tou
jours défavorable à l'Allemagne dans
la circonstance, sauf peut-être en Ita
lie, où les journaux semblent ne pas
oser .se prononcer.
Est-ce que M. le ministre des finan
ces .Dauphin serait condamné? De
puis qu'il a quitté sa présidence ina-
. movible de' la cour d'Amiens pour le
{>ortefeuille éphémère des finances,
es incidents désagréables se multi
plient contre lui et le mettent en grand
hasard. Après son impôt de quotité,
après son projet de budget, pour les
quels on lui accorde un. répit plus ou
moins long, voici les bons sexennai-
res. Le ministre a été aussi mal dé
fendu que possible ; ce matin, c'est
une lettre de M. Boulan, après la note
de l'officieuse Agence Havas,qm est en
réalité un aveu: le silence aurait été
plus habile.
«
, Décidément le désaccord existe, non
seulement entre les -opportunistes et
-les autonomistes, mais même entre les
variétés nombreuses de l'autonomisme;
dans tous les quartiers où les autono
mistes sont ou se croient les maîtres,
il y a multiplicité de candidats fort
animés les uns contre les autres. Pour
être moins divisés en apparence, les
opportunistes ne sont pas sans em
barras ; ainsi ils n'ont pas pu se mettre
d'accord pour leurs candidats dans
certains quartiers, et ils ont dû ajour
ner toute décision à une prochains
réunion.
Comme Paris, la ville-lumière, est
dépassée! Déjà,le conseil municipal de
.Saint-Ouen, dédaigneux des équivo
ques où s'était complu celui de Paris,
lui avait donné une forte leçon de lo
gique révolutionnaire en protestant
contre la dissolution du conseil muni
cipal de Marseille,et en s'attirant ainsi
à son tour les honneurs de la dissolu
tion. Voici maintenant les électeurs de
Saiiit-Ouen qui répondent au décret
de dissolution en élisant un conseil
municipal du plus bel écarlate. C'est
grand. Aussi comme Y Intransigeant du
citoyen marquis de Rochefort-Luçay
triomphe ! S'il l'osait, il demanderait
FEUILLETON DE L'UNIVERS
. : du 26 avril 1887 -
La Bible et le Râmâyana
(Dernier article.)
i/insëi8nemekt de l'évangile et l'enseignement
du ramayana -
Nous avons vu comment, malgré tous les
efforts du poète pour faire de Râma l'idéal
achevé du héros, il n'avait pu réussir ce
pendant à le rendre parfait. La vanité, l'é-
goïsme ternissent l'éclat des vertus de
l'époux de Sîtâ et du vainqueur de Bâli et
de Râvana; de plus, il ne sait sauver les
hommes. que par la force de son bras et
au moyen des violences de la guerre. Ce
qu'il prêche donc aux hommes par son
exemple,, c'est surtout de chercher à. l'em
porter sur les autres, non par la vertu,
mais par la valeur. Autant la doctrine de
l'Evangile est admirable, autant celle du
■Râmâyana est incomplète et imparfaite.
Nous l'avons déjà montré en signalant les
défauts et les erreurs des dogmes et de la
morale-qu'il enseigne; nous devons ache
ver maintenant cette comparaison en disant
un mot de l'enseignement du Sauveur, qui
n'a rien d'analogue dans l'épopée de Val-
mîki. Jésus-Christ instruit les hommes par
ses paroles comme par sa conduite ; Râma
et son poète n'ont jamais songé à instruire
les hommes de la même manière.
I
; C'est par son enseignement, en même
C'ûe Paris soit découronjié de son titre
de capitale au profit de Saint-Ouen.
' Notre gouvernement a-t-il invité leà
puissances étrangères à l'exposition
projetée pour le centenaire de la Ré
volution de 1789? Oh dit que la Rus
sie, sans manifester de grief contre
nous,a déjà refusé ; et il ne paraît pas
3u'on doive compter sur l'acceptation
e l'Allemagne et de l'Autriche. Ce
qui nous étonne, c'est que rios minis-.
très aient pu croire que leur politesse
serait agréable aux trois' grands em
pires du Nord. Ignorent-ils ce qu'a été
la Révolution française? N'ont-ils au
cune idée des événements qui l'ont
suivie ? Les souverains qui en ont subi
le choc peuvent-ils ne pas voir en
elle un système de dépossession de
toutes les dynasties? L'Europe actuelle
pardonne volontiers à la Révolution la
guerre universelle qu'elle a déchaînée;
toutes les puissances en ont tiré des
accroissements de territoire : la France
seule s'en est trouvée amoindrie. Ce
n'est pas . une raison pour que l'Eu
rope glorifie une révulution qui a été,
en partie, faite contre elle. D'autant
plus que le parti révolutionnaire en
France affecte de considérer notre ré
volution comme une sorte de révéla
tion qui, loin de se borner à la France,
aurait apporté à tous lès hommes la
liberté et une nouvelle façon de con
cevoir la morale et la politique. Nos
journalistes, nos prosateurs, nos ver
sificateurs ne répètent-ils pas chaque
jour que notre Révolution inaugure
l'ère de l'affranchissement universel,
et que le peuple français, et plus spé
cialement le peuple parisien, est le
peuple initiateur au progrès ?
C est un thème que le Ronsard du
dix-neuvième siècle, M. Victor Hugo,
a ressassé mille fois en vers et en
pçose. Les éloges qu'on se donne à soi-
même sont toujours ridicules et cha
que peuple aime à se croire le premier
des peuples. Si l'Europe s'est d'abord,
plus ou moins, engouée de certains
principes de la Révolution française, il
faut avouer qu'elle en est bien revenue
et que sa répugnance à fêter la Révo
lution n'est que trop justifiée. .
Mais nous-mêmes avons-nous à
nous féliciter des bienfaits de la Révo
lution? Le plus clair, le plus visible ré
sultat d'un siècle de troubles, c'est que
la France est "à peu près, quant à
l'étendue de son territoire, ce qu'elle
était sous l'ancien régime, avec cette
différence' qu'elle était alors la pre
mière puissance de l'Europe. Jetez les
yeux sur une carte géographique,
voyez ce que sont devenues la Russie,
la Prusse, l'Autriche, l'Angleterre, Elles
ont marché, et nous sommes restés au
millésime de 1789. La- gageure de
l'empire contre l'Europe s'est terminée
parjes de'ùx invasions de 1814 et de
1815. Et si la France s'est relevée et
sVest rapidement replacée parmi les
grandes puissances, c'est grâce au
principe de stabilité sociale que nous
rapportait l!ancienne dynastie de nos
rois. Cela est si vrai que la Révolution
de 1830 nous a fait déchoir et nous a
aliéné l'Europe continentale. Nous
sommes retombés sous l'empire, issu,
comme le premier, des excès de la
démagogie, et acclamé par le peuple
français comme un remèdenécessaire.
Même guerre universelle, même ca
tastrophe finale. La guerre de 1870
était toute révolutionnaire. Louis-Na
poléon déployait dans son manifeste
« le drapeau de 1792 ». Ce sont ses
propres expressions ; et les républi
cains ont repris la suite de ses affaires
et se sont rendus solidaires de sa poli
tique. D'ailleurs, ils ne nieront pas
que la guerre d'Italie n'ait été voulue
par eux ; et cette guerre, par les prin
cipes qui l'ont dictée et les conséquen
ces qu'elle portait, a caractérisé toute
la politique impériale ; la guerre de
1870 en est issue. Un résultat, que les;
républicains d'alors n'ont pas prévu,
c'est l'hostilité de l'Italie contre la
France. Louis-Napoléon voulait, com
me son oncle, une espèce d'empire
d'Occident sous le nom d union des races
latines. Il ne délivrait pas seulement
l'Italie, il la conquérait. Il donnait Ve
nise au roi du Piémont.Et, après tout,
les événements qui ont unifié J'Italie
découlent de l'invasion française. Maz-
zini, Garibaldi, Victor-Emmanuel, Ca-
vour n'ont été que les exécuteurs de
la pensée napoléonienne. A quoi au
raient abouti leurs menées sans l'ar-"
mée française? La guerre de 1870 les
a délivrés de leur sauveur. Il reste une
Italie ennemie de la France. Nos répu
blicains se sont imaginés que deux
nations révolutionnaires devaientvivre
en bonne intelligence, par là commu
nauté même de leurs principes. Illu
sion! les principes révolutionnaires
sont des principes de haine et de divi
sion; et si l'Italie est en concurrence
avec nous, elle n'a aucune raison pour
être bien avec nous. Elle peut, d'ail
leurs, être révolutionnaire; sans l'être
au même diapason que nous.
" Toùtë" là " politique révolutionnaire
depuis un siècle a tourné contre nous,
et il est facile de voir qu'aujourd'hui
elle ligue les grandes puissances con
tre nous. On parle des bons rapports
de là Russie avec nous ; la Russie s'in
terdit une alliance positive pour ne
pas pactiser avec nos principes de ré
volution. Et nous allons fêter ces
principes, qui entravent notre déve
loppement politique et nous condam
nent à un état stationnaire qui jure
avec la situation des grandes puis
sances.
Y a-t-il moyen de se tromper sur la
signification de 1789? Les feuilles de
la démocratie ne nous ont-elles pas
dit à satiété que la république se con-
■fondait avec la Révolution ? N'est-ce
pas nier que la république soit un
gouvernement? Que la Révolution de
1789 soit non un gouvernement, mais
le renversement du trône et de la so
ciété, le gouvernement actuel l'a affir
mé en proclamant fête nationale le
14 juillet, jour de la "prise de la Bas
tille.
Il n'y a pas à s'y méprendre, c'est le
principe d'insurrection qui est glori
fié. Franchement, les puissances qui
font tant d'efforts pour se soutenir
ont-elles intérêt à se mêler à cette
glorification ? Et notez que notre gou
vernement, qui est toujours un gou
vernement de 14 Juillet, loin de répu
dier lesdits principes, s'en pavane et
ne craintpas d'en poursuivreen France
des applications qui étonnent l'Europe
non catholique.
Avons-nous réellement invité les
{missances à s'unir à nous pour cé-
ébrér la prise de la Bastille, symbole
de la chute de tous les trônes ? Tout
en désirant que le gouvernement ne
s'expose pas à des refus, nous consta
tons que ces refus seront sans préju
dice pour nous. L'exposition de 1889,
plus dangereuse qu'utile, ne fera que
faciliter la concurrence de l'étranger,
en le mettant davantage au courant
de nos procédés de fabrication et des
conditions du travail en France.
Coquille. -
Il y a quelques semaines, le Figaro
s'avisa de dire que « lamédiation ponti
ficale » entre la France et l'Allemagne
était à .l'ordre du jour, et queMgr Ga-
limberti réglerait cette question à Ber
lin. On sait que la feuille boulevardière
donnait à la médiation pour base le
désarmement et pour conclusion l'éta
blissement d'une confédération.d'Etats
comprenant la Belgique, la Suisse, la
Hollande, le Luxembourg et l'Alsace-
Lorraine. Naturellement il n'y avait là
rien de vrai,et les faits l'ont prouvé.
Mais Figaro ayant lancé cette préten
due information ne veut pas en avoir
le démenti. Voici ce qu'il dit aujour
d'hui pour se couvrir :
- Il n'y a plus d'inconvénient à le dire au
jourd'hui: la question de la médiation pon
tificale entre la France et l'Allemagné a
réellement été soulevée lors du récent
voyage de Mgr Galimberti à Berlin.
Mais M. de Bismarek a coupé court aux
pourparlers en déclarant que l'Allemagne
ne permettrait pas à son gouvernement de'
renoncer à l'Alsace, et que le gouvernement
français ne voudrait pas prendre, vis-à-vis
du pays, la responsabilité d'une nouvelle
affirmation des traités de 1871. Dans ces
conditions, il lui semblait impossible de
trouver un « terrain d'entente ».
C'est justement parce que l'on sa
vait à l'avance que telle serait la ré-
fonse de M. de Bismarck que la mé-
iation ne pouvait être proposée et ne
l'a pas été.
Les temps sont changés
C'est le titre de l'article publié par
l'Osservatore Romano, que signalait hier
le télégraphe. Eh voici la traduction :
La Révolution,quand ellerésolut, en 1870,
de couronner son œuvre par l'entière spo
liation du pouvoir temporel des Papes,
choisit'son moment avec plus d'avidité "que
de prudence ; elle n'a pas calculé combien,
en faisant un pas si grave et si audacieux,
elle accumulait de difficultés sur le j eune
royaume.
Celui qui conseillait spécialement de
faire ce pas, s'imaginait peut-être que le
trouble des esprits parmi les vicissitudes
de ce temps devait rester en permanence
dans les principaux Etats d'Europe ; que
l'esprit de rébellion et de guerre à l'Eglise
progresserait sans que rien pût l'arrêter.
En somme, on se confiait dans le désordre
et dans le progrès du désordre, sans ré
fléchir que les perturbations de l'ordre mo
ral ont, comme celles de l'ordre physique,
une limite au bout dé laquelle la. réaction
s'élève pour ramener le calme et rétablir
l'état normal.
Ces principes, qui avaient inspiréla guerre
au< Souverain-Pontife,- étaient les mêmes,
au fond, qui inspiraient la rébellion contre
toutes les autorités, et qui ont poussé leurs
dernières conséquences jusqu'aux incendies
de la Commune de Paris, jusqu'aux exé
crables attentats des Hœdel et des Nobi-
ling, des Moncasi et des Passanante, jus-
qu aux excès des nihilistes et des socialis
tes. On persécutait le Pape parce qu'il
condamnait ces principes; on conspirait
contre l'autorité des gouvernants, parce
qu'ils s'opposaient aux conséquences rui
neuses de ces principes. On a commencé
par la guerre au Souverain-Pontife, pour
enlever aux monarques leur appui moral.
Mais ceux-ci s'irritèrent contre lui, et pen
dant qu'on voulait en finir avec les rois et
les empereurs, on exhortait ceux-ci à se dé
fendre contre les soi-disant usurpations de
l'Eglise.
Mais, comme nous le disions, les enne
mis de la Papauté ne pouvaient cacher
longtemps le but qu'ils poursuivaient" on
persécutant l'Eglise. Les hommes d'Etat les
plus avisés le comprirent, et le moment vint
où ils se demandèrent si, du moment que
les ennemis de l'ordre avaient le Pape pour
principal ennemi, on' ne devait pas en dé
duire que le Pape était donc le plus ferme
boulevard de l'ordre. De là ce.vent d idées
conservatrices .qui, de l'aveu des journaux
libéraux eux-mêmes, souffle aujourd'hui
dans les hautes sphères de l'Europe; de là
cette tendance des gouvernements à s'accor
der avec l'Eglise. Puisse Dieu seconder
leurs -efforts et leur faire finalement com
prendre que les doctrines des athées et des
libre-penseurs creusent un abîme entre les
autorités et les peuples, et que l'Eglise res
serre et fortifie le lien de toutes les rela
tions sociales ! _•
Même en notre Italie où la ■ Révolution
s'est livrée à de si déplorables excès contre
l'Eglise, on commence à comprendre qu'on
n'a rien gagné.
En Italie, par une indéniable volonté de .
la Providence, le Souverain-Pontificat est
uni de telle sorte à la vie de la nation que
l'abaissement de celui-ci a toujours été un
dommage pour, celle-là, de même que la
glorification de l'Eglise a toujours valu
d'immenses avantages à l'Italie. Nombre de
prétendushistoriens,inspiréset soudoyés par
les sectes, ont cherché, par le mensonge et
la calomnie, à tra\estir la vérité; mais les
faits sont là, et ceux qui se passent sous nos
yeux confirment cette vérité.
Nous ne voulons pas discuter sur le point
de savoir si la proclamation de Rome comme
capitale a fait accroître la puissance, la li
berté, le crédit de l'Italie ; mais nous vou
lons seulement rappeler brièvement com
ment la spoliation des biens ecclésiastiques
a plutôt appauvri qu'enrichi la nation ;
comment la suppression des ordres religieux
a diminué son influence; comment l'ensei
gnement athée a corrompu son peuple;
commenjt le génie des-beaux-arts et des let
tres,soustrait à l'influence de la religion, sa
mère, sa nourrice et sa protectrice, va se
transformant monstrueusement.; comment
au défaut de savoir on prétend suppléer par
des méthodes empruntées aux nations
étrangères, au mépris de cette patrie, la
nôtre, qui fut do tout temps pour tous une
maîtresse de vertus, de science et de civili
sation. En résumé, de la guerre à l'Eglise
on n'a retiré que pauvreté, affaiblissement,
déchéance des mœurs, ignorance. Si l'on
s'obstine dans cette voie, il est certain qu'on
marchera vers la ruine.
Et qu'on n'accuse pas le Souverain-Pon
tife de vouloir la ruine de l'Italie ; non, la
ruine de l'Italie ne viendra jamais de celui
qui no veut s'asseoir sur les ruines
d'aucune nation, et moins encore sur celles
de sa patrie très chère ; au contraire, à cette
patrie il ouvre spécialement les bras, et il
l'invite, pour son bien, à s'entendre avec
lui. Rien ne lui paraîtrait meilleur que
de voir le gouvernement italien, préve
nant les événements et les ingérences
étrangères, travailler spontanément à s'en
tendre avec l'Eglise. Il n'est pas difficile
d'atteindre ce but louable et utile, pourvu
qu'on le veuille. Un peu de bonne volonté,
et l'Italie sera soustraite à la domination
des sectes, qui s'imposent aujourd'hui avec
un si grand dommage et un si grand péril
pour l'Etat; elle sera rendue à elle-même.
La nouvelle loi municipale dispense
les communes de l'obligation de sub
venir aux frais du culte, dans le cas
d'insuffisance des ressources des fa
briques paroissiales. Néanmoins, la
moitié environ des communes conti
nue à contribuer volontairement aux
dépenses des églises. C'est ce qui res
sort d'une stàtistiquà dressée par les
soins du ministre de l'intérieur, à la
demande de M. Yves Guyot, auteur
d'une proposition de loi sur la sépara
tion de l'Eglise et de l'Etat.
Il résulte des chiffres officiels que
15,935 communes allouent une som
me totale de 3,854,192 francs aux fa
briques. On constate qu'un grand
nombre de départements, représentés
à la Chambre par des radicaux avan
cés, contribuent pour une large part
aux dépenses du culte. Dans leDoubs,
par exemple, sur 638 communes, 111
votent une subvention totale de
258,000 francs pour le complément de
traitement des curés. Dans la Seine,
46 communes sur 73 votent une sub
vention dg 17,795 francs. Sur les 688
communes composant le département
de Sëine-et-Oise, 344-contribuent pour
une; somme de 77,343 francs aux dé-,
penses du culte.
Par' contre., plusieurs des départe
ments qui ont envoyé à la Chambre
les représentants les plus autorisés
des idées religieuses se font remar
quer par lamodicité de leurs subsides.
Dans le Finistère, 5 communes seule
ment sur 292 figurent sur le tableau
pour un total de 6,273 francs. En Ven
dée, on n'en compte que 28 sur oOOî:
dans le Morbihan, 72 sur 250; dans
l'Aveyron, 65 sur 302.
Ces derniers chiffres demandent
quelque explication. Les départements
du Finistère, delà Vendée, du Morbi
han, de l'Ave7ron, notés comme des
plus religieux, comptent aussi parmi
les moins, riches, i) s'y trouye beau
coup de communes pauvres qui se
raient incapables de venir àu aidé aux
fabriques. Mais, d'autre par J,la piété
et la générosité des fidèles permet
plus facilement à l'église de se p.asser
du concours de la commune. Ces dé-
parlements doivent compter, dans 1&
grande majorité de leurs communes,
parmi ceux qui sont le plus opposés à.
fa séparation de l'Eglise et de 1 Etat.
En outre, la statistique des commu
nes qui votent les dépenses facultati
ves des cultes doit être accrue de toutes
celles dont l'autorité préfectorale an
nule les votes. Nous avons déjà signalé
ce mauvais vouloir des préfets, qui re
fusent souvent d'approuver lesbudgets
communaux où sont inscrits des crédits
pour le culte, sous prétexte que la
commune est trop pauvre pour subve
nir aux frais du culte, ou pour l'obli
ger à appliquer ses ressources à d'au
tres dépenses.
Au total, si l'on compte à la fois les
communes auxquelles les fabriques
n'ont pas besoin de recourir,et qui se
raient néanmoins disposées à leur ve
nir en aide, et celles dont les votes
pour lesfrais du culte sont annulés, on
trouve que les seize mille communes
qui continuent, selon la nouvelle loï
municipale, à contribuer aux dépen
ses ecclésiastiques, représentent 'le
voeu à peu près unanime des popi^Ia-
tions en faveur de la continuation de
l'ancien état de choses. Autrement
dit, la France catholique, en. dépit de
son gouvernement républicain,_ est
opposée à la séparation de l'Eglise et
de l'Etat et veut le maintien du bud-
get,des cultes. Nous n'avons cessé de
le dire, mais ici les chiffres parlent
d'eux-mêmes. La statistique confond,
les partisans de la sécularisation de
l'Etat. Elle proteste plus haut quetou£
les programmes et tous les scrutins
républicains ; c'est la politique ._ qui
fait les élections ; dans la statistique
dressée par les soins du ministre de
l'intérieur. C'est le sentiment reli
gieux des populations et de leurs re
présentants qui se manifeste seul. Le
suffrage universel s'est prononcé;on y
a le verdict du peuple catholique. La
France ne veut pas rompre avec l'E
glise.
A rthur £
Deux votes significatifs
Parmi lés notes de l'Agence HavaS
communiquées aux journaux pour si
gnaler tel ou tel incident de la der
nière session des conseils généraux,
nous n'avons pas trouvé trace d'un
double fait qui avait pourtant bien sa
valeur. Heureusement l'excellent jour
nal le Pas-de-Calais vient de suppléer
à ce silence calculé de l'Agence Havas t
temps que. par ses vertus et par sa grâce,
que Jésus-Christ a changé la" face du mon
de. Il a résumé toute la loi en. deux pré
ceptes : Vous aimerez Dieu par-dessus
toutes choses ; ,c'est là le premier, et le plus
grand des commandements. Le second est
semblable au premier : Vous aimerez le
prochain comme vous-même.
Le commandement de l'amour de Dieu
repose sur cette vérité que Dieu est notre
créateur et notre père, et que nous devons
avoir par, conséquent pour lui un amour
filial et une obéissance affectueuse. L'amour
du prochain est fondé sur- le grand dogme
de la fraternité humaine et sur cette vérité
que Dieu regardera comme fait à lui-même
ce que nous aurons fait en faveur du moin
dre de nos frères. Voilà le fond de l'ensei
gnement du Sauveur, qu'il a exposé de la
manière la plus simple et la plus saisissante
pendant sa vie mortelle, et qui nous a été
conservé dans les Evangiles. Ses exemples
ont été le commentaire vivant de'sa doc
trine et comme l'aiguillon qui a poussé les
hommes à marcher sur ses traces.
Nous ne'rencontrons rien de pareil dans le
héros idéal de l'épopée indienne. Râma
n'enseigne pas les hommes par sa doctrine;
ses exemples eux-mêmes ne sont pas pour
la plupart un enseignement approprié aux
besoins de l'humanité. Il n'est pas sembla
ble à nous,il se fait surtout remarquer par
sa force et par son pouvoir divin: comment
pourrioB$-nous l'imiter? Un héros qui ac
complit les prouesses de Râma. peut exciter
l'émulation du soldat, mais il ne peut ser
vir de modèle au commun des hommes.
Jésus-Christ, au contraire, en modifiant ce
qu'il y a de plus ordinaire dans l'existenee,
se met à la'portée de tous et devient véri
tablement, comme l'avait prophétisé Isaïe,
Emmanuel, Dieu avec nous.
Dans les innombrables discours qui rem
plissent le long poème du Râmâyana, il y a
bien," disséminées çà et là, placées dans la:
bouche de divers personnages, des discus
sions philosophiques et quelques belles
maximes, comme nous l'avons remarqué;
mais c'est l'exception, et elles ne forment
en aucune manière un corps d'enseigne
ment.
Les maximes qui se rapprochent le plus
des idées chrétiennes sont celles qui ont
trait au repentir et à la purifîcaiion de
l'homme par la souffrance.
Le repentir purifie : « Cesse de t'affliger'
dit Râma. à Bâli qu'il vient de blesser mor
tellement. Ma flèche t'a rendu pur en même
temps qu'elle t'a frappé. Va dans le ciel, et
pardonne-moi. En effet, devenu ce que tu
es, ô le meilleur des singes, n'est-ce pas à
à toi maintenant que sont dus nos homma
ges ? » -
« Les hommes entachés de crimes,'dit
Sîtâ, sont lavés de leurs souillures dans le
châtiment; et le supplice même leur sert à
monter dans la Swarga (le paradis), comme
les gens de bien y montent portés sur des
bonnes œuvres. »
Le supplice ne purifie pas par lui-même;
mais s'il est accompagné de repentir et ac
cepté en expiation des fautes qu'on a com-'
mises, avec résignation et soumission à la
volonté de Dieu, il aide à obtenir le pardon
divin. .
Nous avons cité à peu près tous les traits
de ce genre qu'on peut relever dans les
longs volumes du Râmâyana, tandis qu'ils
sont sans nombre dans les courtes pages
des Evangiles. Il est impossible, de ne pas
reconnaître là, d'un côté, l'œuvre da génie
humain; de l'autre, l'œuvre divine.
. ' 11
Un autre point dans lequel éclate aussi
d'une manière très sensible la différence
qui existe entre le divin réel et le divin tel
qu'il peut éclore dans l'imagination de
l'homme, c'est dans la peinture des actes
par lesquels s.e rnayifeste la divinité duSau-
veur dans nos Evangiles et le pouvoir de
Râma dans le poème de Valmîki. Jésus-
Christ manifeste sa divinité parjdesjmiracles,
mais tous ces miraclès sont des bienfaits
pour l'homme : il passe en faisant le bien,
et quand on lui demande des signes dans le
ciel, il refuse de les accomplir.
Les actions de Râma sont aussi souvent
merveilleuses, mais elles n'ont pas pour but
de faire du bien aux hommes; il ne guérit
pas les maladies, il ne soulage pas infirmes ;
il fait seulement des choses propres à lui
attirer l'admiration de la foule. A la fin de
l'épopée, le poète, il est vrai, nous décrit
un âge d'or pendant lequel tous les maux de
la terre disparaissent : « Réuni à ses frères,
le noble rejeton de Raghon fait tomber
sous les ciseaux sa chevelure d'anachorète,
et, maître de Sita recouvrée, il .obtient une
seconde fois le royaume. Après qu'il eut
tué l'ennemi du monde, il célébra diffé
rents sacrifices, et, joyeux, entouré de
plaisirs,- caressé de la fortune, il savoura le
bonheur dans la compagnie de Sîtâ. Le fils
du grand Daçaratha, lé fortuné Râma, ce
roi d'Ayodhya, gouverna comme un père
ses peuples heureux ; et le monde content,
charmé, joyeux, rassasié, bien attaché à la
justice, vécut sans maladies, exempt de
chagrins, affranchi du travail et ne connais
sant pas l'indigence. Nulle part, les hommes
ne voyaient rien qui fût affligé par la mort
d'un fils; et toujours les femmes, ignorant
le veuvage, se complaisaient dans l'obéis
sance à leur époux. Aucun danger causé
parle vent; point d'eau qui pût submerger
les êtres animés ; nul péril du feu, ainsi que
dans l'âge Krita (ou l'âge d'or). Dans son
royaume, on n'eût trouvé ni veuves, ni
femmes sans appui, ni idiots; les hommes
n'étaient là ni indigents, ni malheureux, ni
tourmentés de maladies. Quand il aura plu
sieurs centaines de.fois célébré le sacrifice
du cheval, en prodiguant les • parfums, le
Raghonide donnera aux brahmes des-va
ches par fnaintes centaines de milliers; il
conduira son royaume de nombreuses
années; il affermira dans ce monde le fais
ceau des quatre ordres sur l'assiette de ses
devoirs; puis, ayant occupé le trône dix
milliers et dix centaines d'années, il s'en ira
dans le monde de Brahma. <> (I, i, 91-100.)
Si Râma, dans cette conclusion, fait du
bien aux hommes, il ne le fait pas delà
même manière que le Sauveur, parce que,
dans l'Evangile, nous sommes dans la réa
lité, tandis que dans le Râmâyana nous
n'avons qu'un tableau fantastique, qui est
juxtaposé au poème, mais qui ne ressort en
rien de tout ce qui précède. Rien, en effet,
dans ce qu'a fait Râma jusqu'au dernier
moment, ne nous prépare à le voir changer
la face du monde, supprimer la maladie et
la mort, la souffrance et la misère ; c'est là
un placage, une pièce de rapport, sans lien
avec le reste du poème. Au contraire, Nb-
tre-Seigneur en mourant lui-même ne sup
prime pas la mort, mais il nous apprend à
la subir avec patience et il réforme morale
ment l'homme, conséquemment aux ensei
gnements et aux exemples de Sa vie tout en
tière. •
III
Une dtes choses les plus étranges dans le
Râmâyana, c'est la scène capitale du dé
nouement. Elle révolte le lecteur européen,
quoique le poète l'ait averti à l'avance. La
figure la plus attachante du poème est cer
tainement Sîtâ, l'épouse de Râma, cette
Pénélope indienne, d'une pureté sans tache,
d'une fidélité à toute épreuve, bien plus in
téressante que la reine d'Ithaque par l'en
semble de.ses qualités et par ses malheurs
beaucoup plus grands et non moins immé-
mérités. Elle a volontairement accompagné
son mari dans.son exil au milieu des bois;
quand elle a été violemment enlevée par le
roi de Lanka, elle a résisté inébranlable-
ment à toutes les séductions. Le lecteur
du poème connaît son héroïsme, dont tous
les traits ont été mis sous ses yeux. Râma
le connaît ausssi,carHanoûmat lui en a fait
un rapport fidèle ;il l'aime tendrement,cpm-
me elle le mérite; il a entrepris une longue
etpérilleuse guerre pour la recouvrer,. et
après avoir accompli tant d'exploits afin da
punir le ravisseur et de se réunir à elle,
comment l'accueille-t-il ? Il la repousse. Cette
conduite est si injuste qu'elle choque et dé
concerte tous" nos sentiments d'équité et
nous semble en contradiction avec tout l'en
semble del'épopée.Râmanous a été présenté
pendant plus de quarante mille vers comme
le type idéal du devoir et maintenant, tout
d'un coup, il se montre infidèle à tout c©
qu'il doit à Sîtâ. Comme l'a très bien re
marqué M. Jules Girard : ,.
« L'époux tendre et passionné a disparu ;
nous trouvons à la place un juge soupçon
neux et dur. La fidélité de Sîitâ a résiste
aux tentations, aux ruses, aux menaces,
aux supplicës, et cependant le prix de sa
constance lui est. refusé... Lorsque,mandée
comme Pénélope par son époux vainqueur,
elle arrive heureuse et empressée, c'est
pour subir la plus cruelle de toutes ses
épreuves, c'est pour être traitée avec mé
pris en présence de toute l'armée. En vain
elle répond par des protestations et par les
signes de douleur les plus touchants. Tout
le monde est ému ; Râma lui-même,en la
voyant, a eu peine d'abord à retenir ses
larmes ; paais la colère et l'orgueil ont le
dessus. Il ne lui adresse que des paroles
insultantes, où l'on ne distingue aucune
trace de pitié ni aucun souvenir de sa coiv*
fiance d'autrefois. Le seul de ses anciens
sentiments .qu'il laisse percer, c'est celui do
l'admiration qu'il éprouve encore pour sa
beauté ; mais il n'en ressent que mieux l'af
front qu'il a reçu, et, après l'avoir vengé
sur le ravisseur, il le venge encore sur la
victime. Enfin, impassible, il la laisse s'é
lancer dans les flammes du bûcher, où le
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