Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1887-04-25
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 avril 1887 25 avril 1887
Description : 1887/04/25 (Numéro 7071). 1887/04/25 (Numéro 7071).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 25 Avril 1887
N* 7071. — Edition eruotidiennu
Lundi 25 Avril 1887
M8HB0SMÏ
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI -QUOTIDIENNE
Un an.' . .
Six mois. .
Trois mois.
PARIS
ÏT DHPAKTfiMBNTfl
. . 55 »
. . 23 50
. . 15 »
ÉTRANGES
(union postal^
66 »
34 »
18 »
les abonnements partent dc« i« et lâ de chaque moM
UN NUMÉRO { Départements". 20°-''
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
Qn s'abonuo à Rome, place du Gesù, 8
PARIS
XT département*
Un an. .... 30 , »
Six mois. .... 16 k
Trois moiâ. . . 8 50
ÉTRANGER
(union postale}
36 »
' 19 »
10 »
V-
liM abonnement» partent des 1" et 18 de chaque mol*
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressé?
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C i0 , 6, place de là Bourse
fRAÎICE
PARIS, 24 AVRIL 1887
Ôn n'a pria SA«0f9 de solution pour
l'affaire Schnœbelé; les ?é£fQÇi&tîon|
sont engagées entre le gouvernerïlëîÏJ
français et le gouvernement allemand.
Gopamunication a été donnée à BéF-
lin de l'enquête française, dontla con
clusion est que l'arrestation a été faite
sur le territoire français, et par suite
test diié violation flagrante dii droitdes
gens. Il y a une enquête allemande,
dont les conclusions seraient absolu
ment contraires. Il faut donc atten
dre.
En général, la presse étrangère se
mqntre peu favorable dans la circons
tance à l'Allemagne; elle ne veut pas
croire que la paix se rompe sur un
incident semblable.
Les murs de Paris commencent à
se couvrir d'affiches pour lés élections
municipales du 8 mai ; la lutte s'an
nonce très vive, surtout dans certains
quartiers où il y aura multiplicité de
candidats; des autonomistes se trou
vent combattus par d'autres autono-
mistes de nuances différentes.
On remarquera plus loin une note
de la Germania signalant une lettre
qu'a reçue de Rome M. de Windthorst;
dans cette lettre, le Centre est félicité
de son attitude dans le passé et invité
à continuer à défendre l'Eglise.
. D'après le Nord, dont on connaît les
attaches avec la chancellerie russe,
l'accord entre l'Angleterre et la Russie
ne serait pas en Afghanistan aussi
Complet qu'on pourrait le désirer ; il
n'y aurait guère qu'une trêve de fait,
que le prèmier incident pourrait çom-
• promettre.
L'as deux sanctuaires
Le sanctuaire de la justice est de
puis quelque temps traité comme le
lieu le plus vulgaire. Les assistants y
causent, y riont, y applaudissent, y
Sifflent xnème. Les malheureux huis
siers s'enrouent et s'époumonnent à
réclamer le silence qu'on leur refuse.
Le président est obligé de menacer de
faire évacuer la salle, et, parfois, de
passer de la menace à l'exécution. Il y
a alors des murmures, des grogne
ments, des bousculades tout à fait
indignes d'un sanctuaire.
Mai3 c'est l'accusé qu'il faut voir et
entendre. Que sont devenus ces bons
accusés d'autrefois qui avaient figure
humaine, qui gardaient le silence, ré
pondaient poliment, s'excusaient, pleu
raient, méritaient par leur attitude la
pitié de l'auditoire et l'indulgence du
jury et de la cour ? C'est le vieux jeu
tout cela. Les accusés d'aujourd'hui se
posent non seulement en innocents —
o'n leur passerait cette prétention —
mais en victimes. C'est la société quia
tort; Est-ce leur faute à eux s'ils sont
sans sans feu ni lieu et s'ils sont obli
gés de voler et d'assassiner pour vi
vre ? Que ne leur faisait-on des rentes?
Ils seraient allés les toucher à l'é
chéance et auraient laissé tout le mon
de tranquille. Mais voilà ! la société
s'est conduite envers eux en marâtre.
Elle les a obligés au travail, pour le
quel ils n'avaient ni goût, ni attitude,
ni vocation. Si encore ce travail eût
été rémunérateur! Peut-être se fussent-
ils résignés à . engraisser de leurs
sueurs les bourgeois, les patrons, les
capitalistes. Malheureusement le tra
vail n'était pas rémunérateur. Que
veut-on que fasse de A fr., de 5 fr., de;
6 fr. par jour un homme avec ou sans
famille naturelle ou légitime? Force
leur » biën été de prendre de l'argent
où ils en trouvaient. Encore une fois,
c'est la société qui est mal organisée
.et qui a tort.Au lieu de châtiment,elle
leur devrait des excuses et une répa
ration.
Plusieurs ne sa contentent pas de
cette apologie : ils insultent les té
moins, le jury, les juges, le président,
surtout .le président. On en a vu passer
des injures et des insultes aux me
naces et jurer sur leur honneur qu'ils;
colleront au mur les bourgeois et les
magistrats à l'époque prochaine, ils
l'espèrent, de la nouvelle Commune.
Ces menaces ne sont pas si vaines
qu'on pourrait le croire, et plus d'un
bon juré, en entendant ces gaillards-
là, a souhaité d'être ailleurs.
Après les menaces, il y a les voies:
de fait. Peu d'accusés vont jusque-là.
Ce n'est pas l'intention et l'envie, ce
sont les moyens qui leur manquent.
Que faire entre deux gendarmes, sans
revolver, sans un simple couteau de:
poche, sans instrument tranchant ou ;
contendant ? Il faut rester à sa place
et ajourner les règlements de compte.
Nous conseillons beaucoup aux gen
darmes de veiller de > près à la chaus
sure de leurs prisonniers. Pas de sa
bots. même en province, pas de sou
liers ferrés. On a vu des accusés se
baisser comme pour se gratter le mol
let et envoyer leur sabot ou leur sou
lier ferré à la tête du président ou au
nez du ministère public.
Injures, menaces, voies de fait sont
sévèrement et promptement punies.
Les pauvres diables paient cher un
moment d'oubli et un accès de colère.
Deux, trois, cinq ans da prison pour
avoir appelé le président «tête d'âne »,
ou l'avocat général « menteur et im
bécile ». La condamnation est pro
noncée . sans désemparer, séance te
nante, et la jugement a soin de. dire
qu'elle ne se confondra pas avec là
peine encourue ou à encourir pour- le
délit ou le crime qui a, conduit l'ac-
-ousé dans le sanctuaire de la justice.
C'est à peine si le code militaire,
pourtant si draconien, est plus sévère
' ^ lois qui punissent les insultes
que -Juges d'un prétoire et
adressées au A
fonctions. A
dans l'exercice de Jeu». -ons ex-
Dieu ne plaise que nous troimw...
cessiVe cette sévérité et que nous vou
lions nous en plaindre ! Que devien
draient l'ordre social et les honnêtes
gens si, sous prétexte qu'ils sont com
munistes et anarchistes, les escarpes,
les voleurs, les incendiaires, les assas
sins pouvaient impunément ou à peu
dé frais venir parader et étaler leur
cynisme jusque sur le banc d'infa
mie? Le sanctuaire de là justice doit
être à tout prix respecté. Il faut qu'à
défaut de sens moral et de pudeur, la
crainte d'une peine subite et sévère
force l'accusé à une attitude au moins
déoente.
Il est un autre sanctuaire plus au
guste encore que celui de la justice :
c'est celui du Dieu vivant et person
nel, du Dieu des chrétiens, c'est le
temple que Jésus-Christ remplit de sa
présence invisible, mais véritable et
réelle, c'est l'église catholique. Long
temps, les croyances, les mœurs, les
lois préservèrent nos églises de la plus
légère profanation. On n'y venait que
pour adorer ou prier. Il y régnait un
silence religieux, interrompu seule
ment par la voix du prêtre annonçant
l'évangile ou chantant les louanges de
Dieu» Celui-là eût été fou ou aurait
passé pour tel qui eût osé troubler la
paix du sanctuaire. Depuis quelques
années, il n'en est plus ainsi. Nos
églises sont-témoins ou victimes d'in
jures, de menaces, de voies de fait.
On ne peut pas ouvrir un journal sans
y trouver la nouvelle de vols sacrilè
ges, sans y lire qu'un sectaire est en
tré dans "l'assemblée des fidèles, le
chapeau sur la tête et le cigare aux
lèvres; D'autres fois, c'est un libre-
penseur mal-appris qui a interrompu
le prédicateur et qui, rappelé à l'ordre,
a éclaté en blasphèmes, en injures, en
menaces de mort. Des énergumènes
sont allés jusqu'à frapper ou essayer
de frapper le prêtre à l'autel.
Sans doute ces délits ou ces crimes
sont punis, mais ils sont loin de l'être
promptement et sévèrement ; la ré
pression est pour ainsi dire timide ; il
est rare que le ministère public prenne
l'initiative des poursuites ; la police
n'est pas heureuse dans ses recher
ches ; lorsqu'il est découvert,le coupa
ble en est quitte pour une peine insuf
fisante lorsqu'elle n'est pas dérisoire.
Le juge de paix, dans son modeste pré
toire, est mieux protégé par la loi que
le cardinal sur son trône et dans sa ca
thédrale.
Nous savons bien l'objectidn : la foi
ne s'impose pas. Pardon ! elle s'impose
extérieurement du moins,et la preuve,
c'est que vous l'imppsez dans le sanc
tuaire de la justice. Il ferait beau voir
comment serait reçu l'accusé qui,
ayant insulté le président des assises,
donnerait pour excuse qu'à ses yeux
ce monsieur est un laïque comme un
autre !
A notre avis, il y a quelque chose à
'aire pour la défense de nos églises. Le
Dieu de qui émane toute justice et qui
« juge les justices elles-mêmes » ne
3eut pas être insulté impunément
ou presque impunément dans ses
temples , dans "la personne de ses
ministres et jusqu'au pied des au-
els. Autrement nous allons à la ruine
irrémédiable de. toute espèce de res-
sect. Encore quelques années du ré
gime actuel,et il faudra non plus quel
ques gendarmes, mais des compagnies
et des régiments pour garder ce sanc-
uaire de la justice humaine, qui a cru
Douvoir traiter légèrement les outra
ges adressés au sanctuaire de la divi
nité-
Jean Grange.
Lettres politiques
L'incident de Pagny-sur-Moselle est
'ait pour caœsej,une légitime émotion,
jes détails-^ffianquent (pour moi du
moins) jusqu'à présent ; il ne faut rien
préjuger, mais on peut utilement se
jlacer dans l'hypothèse la plusfàcheu-
se, pour se demander ce qu'il y aurait
à faire.
Il me semble en effet que, même si
es chçses sont au pire, c'est-à-dire si
'arrestation a eu lieu sur le territoire
'rançais; si elle est injustifiable ou in
suffisamment motivée; si enfin, même
dans ces conditions, M. de Bismarck
refuse les désaveux et les réparations
convenables, on pourrait tirer un parti
utile, et précieux de cette nouvelle in
solence.
Il est évident que nous aurions af-
'aire., en ce cas, à un acte plus grave,
mais du même ordre que tout ce qui
émeut tant l'Europe depuis quelques
mois : ce serait une provocation di
recte, dans le but de nous pousser à
une réponse quelconque qui serait
alors présentée au monde comme un
commencement d'agression de notre
part. — M. de Bismarck ne cesse, en
effet, de nous accuser plus ou moins
ouvertement de vouloir la guerre, de
no"us y préparer et d'être les seuls en
Europe qui mettent la paix en danger.
Aussi crie-t-il sur les toits que ses al
liances et sous-alliânces ont pour uni
que objet de garantir la paix menacée
par ces brouillons de Français ;- elles
sont défensives , dit-il, et jamais il ne
parle des périls extérieurs sans pleurer
en même temps de tendresse.
Son jeu est à peine dissimulé, mais
on le redoute ; les uns par peur, les
autres par perfidie font semblant de
CEoire qu'il y a quelques chose au fond
de toutes ces inventions ; les An
glais chauffent le feu sans vergogne;
°,t se réjouissent d'avance des mal-
X ""'■'ils nous souhaitent ; les alar-
heurs uu_. ^ s'en mêlent ; les ma
rnes de Bourse .. ' : ^s de la pressé
nœuyr'es oii les ssotw „ situation
brochent sdr 1 le'iotft, et un&. ; '--r e _
qui devrait être claire'* feut par de,,
nir confuse, même pour de» esprits
honnêtes et droits.
Est-ce que, si l'hypothèse de tout â
l'heure se réalisait, l'oecasion ne serait
pas admirable pour mettre directe
ment, ouvertement et sans détours
d'aucune sorte les pièces de ce procès
sous les yeux de toutes les chancelle
ries ? Je dis toutes , pour ne pas én ex-'
cepter celles des pays alliés de la
Prusse. — C'est pour la paix, disent-ils,
qu'ils ont conclu leurs traités; c'est la
paix que veut le chancelier prussien...
« Veuillez prendre la peine de regar-
« der ce qui se passé; veuillez vous
« assembler et vous faire juges sans
« appel de ce dernier incident. » Un
fait notoire, indéniable est un argu
ment brutal et "embarrasse même les
gens les plus prévenus.
Pourquoi ne 'pas inviter les puis
sances à envoyer chacune un attaché
militaire pour constater l'état de pré
sence des troupes des: deux côtés de la
frontière? Pourquoi ne pas les prier de
faire à leur gré une enquête sur l'inci
dent de Pagny-sur-Moselle? Pourquoi
ne les mettrait-on pas ainsi en de
meure, non de nous aider (elles n'en
auraient pas le cœur), mais de consta
ter que nous sommes, non pas agres
seurs, mais prudents et patients jus
qu'aux dernières limites du possible?
Cela éviterait-il la guerre ? Je n'en
sais rien; mais il ne serait indifférent;
à aucun point de vue, pas même à
celui de l'effet produit sur le peuple
allemand, d'établir les responsabilités
de façon à ce qu'aucun doute ne
puisse subsister. Peut-être l'Europe
aurait-elle la lâcheté de refuser un
arrêt si le coupable était M. de Bis-
marck;mais rimpr'ession serait bonne,
salutaire, et nous pourrions ensuite
aborder avec plus de confiance les
événements, quels qu'ils soient. En ce
sens, la dernière provocation servirait
à éclairer celles qui ont précédé, et ni
les peureux ni les malveillants ne.
conserveraient l'exeuse de la bonne'
foi. ' : ■
B. d'Agreval.
Une dépêche de Rome dément le
bruit d'après lequel le cheval de la sta
tue équestre de Victor-Emmanuel,
qu'on doit inaugurer à Venise le 1 er .
mai prochain, foulerait aux pieds la
tiare et les clefs pontificales.
Cependant les journaux italiens qui
avaient dénoncé le fait dont nous en
tretient aussi notre correspondant
romain,! avaient donné les indications
fort précises. Faut-il croire qu'ils se
sont trompés, ou que, pour éviter le
gros scandale qui en résulterait, on a
fait opportunément disparaître de la
base du monument à inaugurer ce
symbole trop significatif de la monar
chie révolutionnaire sacrilègement
installée à Rome?
Quoi qu'il en soit et en tenant pour
exact le démenti dont il s'agit, le seul
fait qu'on ait pu vraisemblablement
attribuer une telle pensée à l'inspira
teur de la statue de Victor-Emma
nuel, que le roi Humbert et la reine
Marguerite inaugureront dans huit
jours, ce seul fait indique bien où en
sont les choses dans cette Italie avec
laquelle certains conciliateurs vou
draient que se réconciliât la Pa
pauté.
Pour que la paix se fasse, il rie suf
fit pas, en effet, d'indiquer*les raisons
de convenance qui la conseillent ; il
faut avant tout que l'Italie révolution
naire fasse amende honorable et répa
ration. Or, tous les projets dont on
s'entretient depuis quelque temps en
Italie, et dont nous parlerons plus
longuement un de ces jours en résu
mant la polémique engagée dans la
presse italienne à ce sujet, tous ces
projets ont le tort de prendre pour
base les faits accomplis, ce qui écarle
de soi toute possibilité que le Pape se
prête jamais à de pareils pourparlers:.
En attendant, voici ce que nous li
sons dans le Moniteur de Rome , â pro
pos d'un autre fait, très authentique
celui-là, que relate, dans tous ses dé
tails, la correspondance de Rome pu
bliée plus loin :
Un nouvel outrage à la Papauté a été
commis, au nom de la municipalité romaine,
en ce jour-anniversaire de la fondation de
Rome. C'est le monument à Galilée, élevé,
sur le Monte Pincio, près de la Trinité^du-
Mont, qui en a fait les frais. Ce monument,
inauguré ce matin v en présence des délé
gués municipaux et d'un public très clair
semé, porte sur . la base de la colonne l'ins
cription suivante, aussi inepte et absurde
qu'outrageante pour la vérité historique :
Il prozsimo palazzo — già de' Medici — fu pri-
gione a Galileo Galilei ■— reo d'aver veduto (sic)
la terra volgersi inlorno al Sole — S. P.Q. II. —
MDCCCLXXXV1I.
Il est étrange qu'aucune voix autorisée
n'ait blâmé au conseil du Capitole cette
insinuation contre la papauté. Les histo
riens, qui viendront à Rome, s'amuseront
beaucoup.de la naïveté insultante de cette;
épigraphe.
Nous ne savons si les historiens s'a-
museroni; de cette inscription insul
tante, mais il est certain que les ca
tholiques doivent s'en indigner comme
d'un nouvel outrage —le Moniteur de
Rome a bien raison de le dire —
adressé au Pape dans sa propre ville.
Ce n'est pas le seul. La presse plus ou
moins officieuse se plaît de temps à
autre à répandre des bruits comme
celui-ci, par exemple,.imaginé l'autre
jour par le Secolo de Milan : que le
Pape aurait touché un semestre de là
liste civile qui lui est allouée par la
, : des garanties.
L'inve es ^ odieuse quo le mi
nistère itaW lui-même a cru devoir
dégager sa respons^ 11 ^ ei } adressant
au Secolo le démenti su*. vant •
Rome, 18 avril, 2 h. de l'apL> tis " m ' c1 '•
La nouvelle que le Pape ait touché iZ n
semestre de sa liste civile est dénuée de
fondement.
. Ministère de Vintérieur.
Sur quoi l'Italie de dire ;
Si ce télégramme émane réellement du
miîiistère de l'intérieur, .le ministère nous
semble s'engager dans une voie qui pourra
le mener loin. Il est menacé, en effet, de
passer son temps à démentir les fausses
nouvelles qu'il plaira aux journaux de lan
cer. Et comme il lui sera évidemment im
possible de les connaître toutes, celles qu'il
n'aura pas démenties seront, pas une con
séquence naturelle, considérées -comme
exactes et môme officielles.
Ces réflexions sont justes. Mais d'où
vient que. tant de nouvelles fausses et
injurieuses pour le Pape sont quoti
diennement lancées dans la presse,
sinon de ce que la fameuse loi des ga
ranties ne garantit en aucune façon
le respect du au Saint-Siège et à la
personne du Souverain-Pontife ?
Auguste Roussel.
La Germania de Berlin publie la note
suivante :
Nous recevons de Rome un télégramme
privé, daté du 21 avril, relatif à la nouvelle
déjà mentionnée il plusieurs reprises (la
nouvelle des lettres adressées par le Vati
can en Allemagne). Voici ce télégramme :
■ Le Vatican a adressé à M. le députe de
Windthorst une lettre où l'on rend hommage
aux mérites du Centre et où l'on exprime ae
nouveau le désir de le voir subsister comme
gardien de l'avenir.
Les mêmes pensées et les mômes désirs
ont déjà été exprimés dans la seconde let
tre du cardinal Jacobini et dans une.lettre
ultérieure.
On voit par là ce que devient l'allé
gation d'une foule de journaux libé-,
raux allemands, français, autrichiens
et italiens, disant que la fin du cultur-
kampf signifiait la fin du Centre.
Voici la conclusion d'un article de
la Volzeitung de Cologne :
Rien ne serait plus insensé quo do se
laisser aller au découragement, et do pous
ser le cri pessimiste : Tout a été en vain \
Non, ce n'est pas en vain qu'on a lutté
jusqu'à présent, et ce serait sacrifier l'ave
nir que de s'abandonner soi-même en ce
moment. Le projet laisso subsister uni-
foule de choses que M. de Bismarck a ap
pelé des brimborions.; mais nous en som
mes à- la cinquième loi dérogatoire, pour
quoi n'arriverions-nous pas à la demi-dou-
zaine?
La lettre papale dit, que le projet n'est
qu 'un acheminement vers la paix, et l'ex
hortation de se tranquilliser sur les réso^
luttons du Saint-Siège, n'est pas un conseil
de se croiser les bras. Que le clergé et ,1e
peuple restent en constante harmonie avec
les évôques, que tous conservent au Saint-
Père leur vénération, et nous pourrons
continuer à. travailler, et nous arriverons
plus loin.
Massage royal
Il n'y a, décidément, plus ds foin
dans le râtelier des Naundorff!
On nous le disait et nous ne refu
sions pas de le croire; ce qui arrive,
les querelles intestines qui partagent
en trois camps cette honorable famille,
et dont le public reçoit la confidence,
nous prouvent que nous n'avions pas
tort de prêter 1 oreille à ces propos.
Les Naundorff se battent! Lutte héroï-
burlesque (surtout burlesque) et spec
tacle bien fait pour divertir-
Mais avant d'aller plus loin, de don-
der les détails, de marquer les coups,
il nous faut remercier les Naundorff.
C'est notre devoir. Dès qu'il s'élève
entre eux une contestation, dès qu'il
se passe dans leur famille un événe
ment qui peut épaissir encore la cou
che de ridicule dont elle est couverte,
ils s'empressent de nous en prévenir.
Chacun des trois partis nous déclare,
et nous démontre au besoin, que les
deux autres sont composés de sottes
ou malhonnêtes gens. Toujours à la
disposition de ces frères ennemis,nous
ne manquons pas d'avertir le public
et de le renseigner une fois de plus
sur leur compte. Echange de bons
procédés.
Ainsi, nous avons reçu,dès le jeudi
21, le numéro du Réveil national por
tant la date du 23 avril 1887. Qu'est-
ce donc, s'il vous plaît, que le Réveil
national ? C'est une feuille hebdoma
daire, qui paraît, — sauf les intermit
tences, — tous les samedis à Courbe-,
voie (Seine), 37, avenue Gambetta ;
M. Lucien Tison la dirige et M. le
comte' de Ilaultmont la rédige. Elle
serait, pour dix centimes, « en vente
dans les kiosques et dans les gares »,
si les kiosques et lés gares voulaient
bien y consentir; seulement il ne
semble point qu'ils y soient disposés.
Elle contient des éctios, des nouvelles,
et même une petite correspondance
dont voici un bref échantillon :
A Mme de P... — Boulanger (le général)
est venu en bourgeois et est resté à peine
cinq minutes. Pas lo temps de l'admirer.
En «politique»,le Réveil national sou
tient la cause de « Charles XI » contre
les prétentions d' « Adelberth l ur »,
son frère, et de « Jean III », son neveu.
Nous avons raconté, il y a dix ou
dou?e semaines, qu'un parti de Naun-
dorffistes se formait, qui tenant l'abdi
cation de Charles pour valable, mais
déclarant qu'elle n'avait pu être signée
au profit d'Adelberth, proposait à la
l^ince le neveu de Charles, son « hé-
ritier "^itiiri e », « Jean III ». Ce grave
parti est définitivement, et la
princesse Amêu,e-/* pardon ! et Mme
Laprade marche â Sa- tete, ontraînant
à sa suite, croyons-noùs, J e farouçhé
abbé Dupuy, et son journal 1 a
mité , si toutefois cet organe existe eu"
core. La cause de « Charles I" » nous
parait en bien fâcheux état. Charles,
cependant, n'a point perdu courage;
il lutte avec l'appui An. Réveil, qu'il
daigne parfois honorer de ses royales
communications.
Et,dans le numéro du 23 avril, nous
avons le plaisir d'en trouver une :
A Monsieur Tison, directeur du Réveil
national
•
Mon cher directeur,...
(Tison dirigerait-il aussi le prince
Charles?)
J'apprends de sources certaines qu'il y a
en ce moment, à Paris, une dame qui se fait
passer pour la princesse Amélie de Bour
bon,...
. (Sire, vous êtes bien dur! Oubliez-
vous que Mme Laprade est votre
sœur?)
et qui, sous le patronage d'un aventurier,...
(Sire, vous êtes trop dur! Oubliez-
vous quels longs et ardents combats
celui que vous traitez ■ ainsi a livrés
pour vous?)
et qui, sous le patronage d'un aventurier,
essaye de faire dans la capitale ce qui se
fait à Bordeaux, c'est-à-dire une vigou
reuse propagande en faveur du prince Au
guste, mon neveu, qu'ils appellent Jean III,
vi ls légitime héritier!...
(Tiens! Jean se nomme Auguste!)
Je n'ai pas besoin de vous dire quo cos
intrigants...
(« Intrigants » ! Ah ! surtout lorsqu'il
vient d'un frère, ce mot
Est un coup bien rude,
Rude à recevoir,
Malgré l'habitude
Qu'on en peut avoir!)
que ces intrigants sont ce que vous traduisez
si énergîquement en français des faiseurs
de dupes...
(Oh! par exemple, ce dernier mem
bre de phrase est, dans son genre, un
chef-d'œuvre, tout simplement! Vous
avez bien lu : « ce que vous TRADUISEZ
en français... »Non, Charles Naundorff
fils de Prussien et Prussien lui-môme,
ne pouvait démontrer plus clairement
qu'il est, d'origine étrangère, que la
langue française n'est pas sa langue
maternelle, n'est pas la langue dans
laquelle il a été élevé, la langue dans
laquelle il pense, la langue dont il se
sert en famille! Le témoignage qu'il
vient de porter là contre lui-même est
écrasant. N'insistons pas, ce serait
inutile, et continuons notre lec
ture.)
. Ces intrigants, donc,— le roi l'a
dit, — sont des faiseurs de dupes :
1° Parce que le titre do princesse Amélie
de Bourbon n'existe plus....
(Voilà pour vous apprendre,Madame
Laprade, à commettre la folie de jeu
nesse, vers soixante-cinq ans, d'accor
der votre main royale à un simple
bourgeois. Vous pensiez, sans doute,
l'élever au rang de prince-consort, et
c'est vous qui êtes descendue au rang
de roturière qu'on renie. Lauzun, ma
dame, était, lui du moins, un bon
gentilhomme ! )
Go sont aussi des faiseurs de dupes,
ajoute le prince :
2" Parce que, moi vivant, Jean III avec
ou sans régence est un leurre... '
(Et ce serait encore la même chose,
sire, vous défunt ! ) . .
3° Parce que ni prêtre ni laïque n'a reçu
de moi la mission de semer l'erreur et do
récolter l'argent...
(Surtout au profit d'un rival !)
Ils nuisent à ma cause autant qu'à leurs
dupes.
(C'est vrai!)
Il v a dix-liuit mois, dans une circulaire
que l'on ne devrait cependant pas oublier,
je flétrissais ces manœuvres dans certains
commis que j'avais chassés,avec honte, de
mon service ; aujourd'hui, je me servirai de
la publicité respectable....
(Hum!)
du ftbpeil National, mon organe, pour pour
suivre sans merci leurs imitateurs, quels
que soient h?s rangs dans lesquels je les
rencontrerai.
Moins d'argent, Pt plus d honneur !...
(« Moins d'argeni,, et plus d'hon
neur! » Voilà qui bien, et qui
donne exactement l'idée de la situa
tion des. Naundorff,.... poïirvu, toute
fois, quQ le prince attache le même
sens que nous à l'adverbe « pli^S » !•)■■_
Sur ce, que Dieu vous garde.
L. C. de B ourhqn*.
. Véritablement,il n'est pas contesta
ble que cette manière de clore un mes
sage soit tout à fait royal bon genre-
N'importe, malgré l'allure si princièreu
de cette salutation, nous sommes d'avis
que « Charles XI », en écrivant et li
vrant à la publicité une lettre à ce
point ridicule, où il montre nettement
que la zizanie règne à l'état aigu entre
les naundorffistes, même entre les
Naundorff, et où il prouve clairement,
par ses façons de parler, .qu'il est
bien d'origine allemande, a commis
ce que nous « traduisons » ainsi en
« français », nous autres : un fameux
impair !
Pierre Veuijxot.
L'Affaire Schnœbelé
L'Agence Ilavas publie les dépêches
quo voici :
Nancy, 23 avril.
Le préfet a fait un inventaire des papiers
de M. Schnœbelrt dans son bureau, m pré
sence de M. Cathalu, commissaire c&itral
de Nancy. ,
Ces pièces seront envoyées au minisf-re
des affaires étrangères. , ,
Mme Schnœbelé était présente à la levé®
des scellés.
Les autorités allemandes ont donné avis
à Mme Schnœbelé qu'elle pourrait visiter
son mari à Metz; elle vient de partir pour
cette ville. • «
Le parquet de Metz a fait photographier
le terrain où a eu lieu l'agression.
De nombreux expulsés sont arrivés d'Al
sace-Lorraine.
Meiz, 23 avril.
L'interrogatoire que M. Schnœbelé a subi
hier soir a duré plus d'une heure. On croit
que le commissaire; français ne sera pas
transféré à Strasbourg avant quelques
jours. . .
La presse d'Alsace-Lorraine a été invitée
par communication ofïicielle à se dispenser
de tout commentaire sur l'arrestation de
M. Schnœbelé.
Pagny -sur-Moselle, 23 avril.
M. Laur, député, est arrivé ici ce matin
à trois heures et demie ; il est parti à six
heures pour la frontière.
Hier soir les scellés ont été apposés sur
le bureau de M. Schnœbelé'.
Pagny-sur-Moselle, 23 avril, soir.
Mme Schnœbelé est revenue de Metz.
Elle a î>u communiquer avec son mari h
travers deux grilles, séparées par un cou
loir, en présence d'un agent allemand qui
l'a invitée à parler en allemand, au moment
où elle commençait à s'entretenir en fran
çais.
M. et Mme Schnœbelé n'ont pu causer
que nouvelles relatives àleurs santés, à leur
famille et à des faits personnels.M. Schnœ
belé ayant prononcé .le mot « territoire
français » a été invité immédiatement- à
changer de sujet de conversation.
Sou 111s âgé" do dix-huit ans, qui accompa
gnait sa mère, n'a pas été admis à voir son
père, la permission ne portant pas son nom.
L'entretien a duré vingt-cinq minutes. ,
Les autorités allemandes ont remis à
Mme Schnœbelé les objets et les papiers
dont son "mari a été trouvé porteur, parmi
lesquels un seul papier de service sans im
portance, un trousseau de clefs, et un petit
canif do poche : c'est sans doute ce que les
Allemands appellent son poignard.
Pagny-sui'-Mjsellc, 23 avril. •
D'après une information venant de Metz,
M. Schnœbelé serait transféré lundi àStras-
bourg.
La République française publie le ré
sumé suivant du rapport que le pro
cureur général de Nancy a dressé sur
l'affaire :
Le rapporL du procureur général établit
d'une manière formelle que 1 arrestation da
M. Schnœbelé a eu lieu sur 1e territoire
français.
Il y a uno dizaine de jdurs, M. Schnœ
belé avait été invité par M. Gautsch, com
missaire allemand à Novéant, avec lequel
il était en relations très suivies, à so ren
dre au pateau-frontière pour conférer avec
lui.
M. Schnœbelé se rendit une preminre
fois, la semaine dernière, au rendez-vous
donné par M. Gautsch. U ne trouva point
le commissaire allemand. Prévenu depuis
quelque temps déjà du danger auquel il
s'exposerait en quittant le- territoire fran
çais, il ne s'avança point ce jour-là sur le
territoire allemand.
M. Gautsch s'excusa par lettre auprès de
M. Schnœbelé d'avoir manqué à ce rendez-
vous et lui donna un second rendez-voue
pour mercredi dernier 20 avril. Le commis
saire français alla, saus défiance et sans ar
mes, à ce rendez-vous.
Quand M. Schnœbelé arriva au poteau
français, qui se trouve à droite de la route
lorsqu'on se rend à Metz, il ne trouva per-
sonno. Deux ouvriers français, MM. Gau
tier frères, travaillaient dans les vignes, du
côté français, à 30 ou 35 uiblres.
M. Schnœbelé- se' promena u»i. instant-,
puis franchit, sans doute par distraction,
peut-ôiro pour voir- venir son collègue
d'Ars-sur-Moselle,. la ligne, frontière .et la
dépassa d'environ 6-mètres, A ce moment,
un individu, vêtu d'une blouse grise, sortit •
du fossé qui borde les vignes allemandes et
N* 7071. — Edition eruotidiennu
Lundi 25 Avril 1887
M8HB0SMÏ
ÉDITION QUOTIDIENNE
ÉDITION SEMI -QUOTIDIENNE
Un an.' . .
Six mois. .
Trois mois.
PARIS
ÏT DHPAKTfiMBNTfl
. . 55 »
. . 23 50
. . 15 »
ÉTRANGES
(union postal^
66 »
34 »
18 »
les abonnements partent dc« i« et lâ de chaque moM
UN NUMÉRO { Départements". 20°-''
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
Qn s'abonuo à Rome, place du Gesù, 8
PARIS
XT département*
Un an. .... 30 , »
Six mois. .... 16 k
Trois moiâ. . . 8 50
ÉTRANGER
(union postale}
36 »
' 19 »
10 »
V-
liM abonnement» partent des 1" et 18 de chaque mol*
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressé?
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et C i0 , 6, place de là Bourse
fRAÎICE
PARIS, 24 AVRIL 1887
Ôn n'a pria SA«0f9 de solution pour
l'affaire Schnœbelé; les ?é£fQÇi&tîon|
sont engagées entre le gouvernerïlëîÏJ
français et le gouvernement allemand.
Gopamunication a été donnée à BéF-
lin de l'enquête française, dontla con
clusion est que l'arrestation a été faite
sur le territoire français, et par suite
test diié violation flagrante dii droitdes
gens. Il y a une enquête allemande,
dont les conclusions seraient absolu
ment contraires. Il faut donc atten
dre.
En général, la presse étrangère se
mqntre peu favorable dans la circons
tance à l'Allemagne; elle ne veut pas
croire que la paix se rompe sur un
incident semblable.
Les murs de Paris commencent à
se couvrir d'affiches pour lés élections
municipales du 8 mai ; la lutte s'an
nonce très vive, surtout dans certains
quartiers où il y aura multiplicité de
candidats; des autonomistes se trou
vent combattus par d'autres autono-
mistes de nuances différentes.
On remarquera plus loin une note
de la Germania signalant une lettre
qu'a reçue de Rome M. de Windthorst;
dans cette lettre, le Centre est félicité
de son attitude dans le passé et invité
à continuer à défendre l'Eglise.
. D'après le Nord, dont on connaît les
attaches avec la chancellerie russe,
l'accord entre l'Angleterre et la Russie
ne serait pas en Afghanistan aussi
Complet qu'on pourrait le désirer ; il
n'y aurait guère qu'une trêve de fait,
que le prèmier incident pourrait çom-
• promettre.
L'as deux sanctuaires
Le sanctuaire de la justice est de
puis quelque temps traité comme le
lieu le plus vulgaire. Les assistants y
causent, y riont, y applaudissent, y
Sifflent xnème. Les malheureux huis
siers s'enrouent et s'époumonnent à
réclamer le silence qu'on leur refuse.
Le président est obligé de menacer de
faire évacuer la salle, et, parfois, de
passer de la menace à l'exécution. Il y
a alors des murmures, des grogne
ments, des bousculades tout à fait
indignes d'un sanctuaire.
Mai3 c'est l'accusé qu'il faut voir et
entendre. Que sont devenus ces bons
accusés d'autrefois qui avaient figure
humaine, qui gardaient le silence, ré
pondaient poliment, s'excusaient, pleu
raient, méritaient par leur attitude la
pitié de l'auditoire et l'indulgence du
jury et de la cour ? C'est le vieux jeu
tout cela. Les accusés d'aujourd'hui se
posent non seulement en innocents —
o'n leur passerait cette prétention —
mais en victimes. C'est la société quia
tort; Est-ce leur faute à eux s'ils sont
sans sans feu ni lieu et s'ils sont obli
gés de voler et d'assassiner pour vi
vre ? Que ne leur faisait-on des rentes?
Ils seraient allés les toucher à l'é
chéance et auraient laissé tout le mon
de tranquille. Mais voilà ! la société
s'est conduite envers eux en marâtre.
Elle les a obligés au travail, pour le
quel ils n'avaient ni goût, ni attitude,
ni vocation. Si encore ce travail eût
été rémunérateur! Peut-être se fussent-
ils résignés à . engraisser de leurs
sueurs les bourgeois, les patrons, les
capitalistes. Malheureusement le tra
vail n'était pas rémunérateur. Que
veut-on que fasse de A fr., de 5 fr., de;
6 fr. par jour un homme avec ou sans
famille naturelle ou légitime? Force
leur » biën été de prendre de l'argent
où ils en trouvaient. Encore une fois,
c'est la société qui est mal organisée
.et qui a tort.Au lieu de châtiment,elle
leur devrait des excuses et une répa
ration.
Plusieurs ne sa contentent pas de
cette apologie : ils insultent les té
moins, le jury, les juges, le président,
surtout .le président. On en a vu passer
des injures et des insultes aux me
naces et jurer sur leur honneur qu'ils;
colleront au mur les bourgeois et les
magistrats à l'époque prochaine, ils
l'espèrent, de la nouvelle Commune.
Ces menaces ne sont pas si vaines
qu'on pourrait le croire, et plus d'un
bon juré, en entendant ces gaillards-
là, a souhaité d'être ailleurs.
Après les menaces, il y a les voies:
de fait. Peu d'accusés vont jusque-là.
Ce n'est pas l'intention et l'envie, ce
sont les moyens qui leur manquent.
Que faire entre deux gendarmes, sans
revolver, sans un simple couteau de:
poche, sans instrument tranchant ou ;
contendant ? Il faut rester à sa place
et ajourner les règlements de compte.
Nous conseillons beaucoup aux gen
darmes de veiller de > près à la chaus
sure de leurs prisonniers. Pas de sa
bots. même en province, pas de sou
liers ferrés. On a vu des accusés se
baisser comme pour se gratter le mol
let et envoyer leur sabot ou leur sou
lier ferré à la tête du président ou au
nez du ministère public.
Injures, menaces, voies de fait sont
sévèrement et promptement punies.
Les pauvres diables paient cher un
moment d'oubli et un accès de colère.
Deux, trois, cinq ans da prison pour
avoir appelé le président «tête d'âne »,
ou l'avocat général « menteur et im
bécile ». La condamnation est pro
noncée . sans désemparer, séance te
nante, et la jugement a soin de. dire
qu'elle ne se confondra pas avec là
peine encourue ou à encourir pour- le
délit ou le crime qui a, conduit l'ac-
-ousé dans le sanctuaire de la justice.
C'est à peine si le code militaire,
pourtant si draconien, est plus sévère
' ^ lois qui punissent les insultes
que -Juges d'un prétoire et
adressées au A
fonctions. A
dans l'exercice de Jeu». -ons ex-
Dieu ne plaise que nous troimw...
cessiVe cette sévérité et que nous vou
lions nous en plaindre ! Que devien
draient l'ordre social et les honnêtes
gens si, sous prétexte qu'ils sont com
munistes et anarchistes, les escarpes,
les voleurs, les incendiaires, les assas
sins pouvaient impunément ou à peu
dé frais venir parader et étaler leur
cynisme jusque sur le banc d'infa
mie? Le sanctuaire de là justice doit
être à tout prix respecté. Il faut qu'à
défaut de sens moral et de pudeur, la
crainte d'une peine subite et sévère
force l'accusé à une attitude au moins
déoente.
Il est un autre sanctuaire plus au
guste encore que celui de la justice :
c'est celui du Dieu vivant et person
nel, du Dieu des chrétiens, c'est le
temple que Jésus-Christ remplit de sa
présence invisible, mais véritable et
réelle, c'est l'église catholique. Long
temps, les croyances, les mœurs, les
lois préservèrent nos églises de la plus
légère profanation. On n'y venait que
pour adorer ou prier. Il y régnait un
silence religieux, interrompu seule
ment par la voix du prêtre annonçant
l'évangile ou chantant les louanges de
Dieu» Celui-là eût été fou ou aurait
passé pour tel qui eût osé troubler la
paix du sanctuaire. Depuis quelques
années, il n'en est plus ainsi. Nos
églises sont-témoins ou victimes d'in
jures, de menaces, de voies de fait.
On ne peut pas ouvrir un journal sans
y trouver la nouvelle de vols sacrilè
ges, sans y lire qu'un sectaire est en
tré dans "l'assemblée des fidèles, le
chapeau sur la tête et le cigare aux
lèvres; D'autres fois, c'est un libre-
penseur mal-appris qui a interrompu
le prédicateur et qui, rappelé à l'ordre,
a éclaté en blasphèmes, en injures, en
menaces de mort. Des énergumènes
sont allés jusqu'à frapper ou essayer
de frapper le prêtre à l'autel.
Sans doute ces délits ou ces crimes
sont punis, mais ils sont loin de l'être
promptement et sévèrement ; la ré
pression est pour ainsi dire timide ; il
est rare que le ministère public prenne
l'initiative des poursuites ; la police
n'est pas heureuse dans ses recher
ches ; lorsqu'il est découvert,le coupa
ble en est quitte pour une peine insuf
fisante lorsqu'elle n'est pas dérisoire.
Le juge de paix, dans son modeste pré
toire, est mieux protégé par la loi que
le cardinal sur son trône et dans sa ca
thédrale.
Nous savons bien l'objectidn : la foi
ne s'impose pas. Pardon ! elle s'impose
extérieurement du moins,et la preuve,
c'est que vous l'imppsez dans le sanc
tuaire de la justice. Il ferait beau voir
comment serait reçu l'accusé qui,
ayant insulté le président des assises,
donnerait pour excuse qu'à ses yeux
ce monsieur est un laïque comme un
autre !
A notre avis, il y a quelque chose à
'aire pour la défense de nos églises. Le
Dieu de qui émane toute justice et qui
« juge les justices elles-mêmes » ne
3eut pas être insulté impunément
ou presque impunément dans ses
temples , dans "la personne de ses
ministres et jusqu'au pied des au-
els. Autrement nous allons à la ruine
irrémédiable de. toute espèce de res-
sect. Encore quelques années du ré
gime actuel,et il faudra non plus quel
ques gendarmes, mais des compagnies
et des régiments pour garder ce sanc-
uaire de la justice humaine, qui a cru
Douvoir traiter légèrement les outra
ges adressés au sanctuaire de la divi
nité-
Jean Grange.
Lettres politiques
L'incident de Pagny-sur-Moselle est
'ait pour caœsej,une légitime émotion,
jes détails-^ffianquent (pour moi du
moins) jusqu'à présent ; il ne faut rien
préjuger, mais on peut utilement se
jlacer dans l'hypothèse la plusfàcheu-
se, pour se demander ce qu'il y aurait
à faire.
Il me semble en effet que, même si
es chçses sont au pire, c'est-à-dire si
'arrestation a eu lieu sur le territoire
'rançais; si elle est injustifiable ou in
suffisamment motivée; si enfin, même
dans ces conditions, M. de Bismarck
refuse les désaveux et les réparations
convenables, on pourrait tirer un parti
utile, et précieux de cette nouvelle in
solence.
Il est évident que nous aurions af-
'aire., en ce cas, à un acte plus grave,
mais du même ordre que tout ce qui
émeut tant l'Europe depuis quelques
mois : ce serait une provocation di
recte, dans le but de nous pousser à
une réponse quelconque qui serait
alors présentée au monde comme un
commencement d'agression de notre
part. — M. de Bismarck ne cesse, en
effet, de nous accuser plus ou moins
ouvertement de vouloir la guerre, de
no"us y préparer et d'être les seuls en
Europe qui mettent la paix en danger.
Aussi crie-t-il sur les toits que ses al
liances et sous-alliânces ont pour uni
que objet de garantir la paix menacée
par ces brouillons de Français ;- elles
sont défensives , dit-il, et jamais il ne
parle des périls extérieurs sans pleurer
en même temps de tendresse.
Son jeu est à peine dissimulé, mais
on le redoute ; les uns par peur, les
autres par perfidie font semblant de
CEoire qu'il y a quelques chose au fond
de toutes ces inventions ; les An
glais chauffent le feu sans vergogne;
°,t se réjouissent d'avance des mal-
X ""'■'ils nous souhaitent ; les alar-
heurs uu_. ^ s'en mêlent ; les ma
rnes de Bourse .. ' : ^s de la pressé
nœuyr'es oii les ssotw „ situation
brochent sdr 1 le'iotft, et un&. ; '--r e _
qui devrait être claire'* feut par de,,
nir confuse, même pour de» esprits
honnêtes et droits.
Est-ce que, si l'hypothèse de tout â
l'heure se réalisait, l'oecasion ne serait
pas admirable pour mettre directe
ment, ouvertement et sans détours
d'aucune sorte les pièces de ce procès
sous les yeux de toutes les chancelle
ries ? Je dis toutes , pour ne pas én ex-'
cepter celles des pays alliés de la
Prusse. — C'est pour la paix, disent-ils,
qu'ils ont conclu leurs traités; c'est la
paix que veut le chancelier prussien...
« Veuillez prendre la peine de regar-
« der ce qui se passé; veuillez vous
« assembler et vous faire juges sans
« appel de ce dernier incident. » Un
fait notoire, indéniable est un argu
ment brutal et "embarrasse même les
gens les plus prévenus.
Pourquoi ne 'pas inviter les puis
sances à envoyer chacune un attaché
militaire pour constater l'état de pré
sence des troupes des: deux côtés de la
frontière? Pourquoi ne pas les prier de
faire à leur gré une enquête sur l'inci
dent de Pagny-sur-Moselle? Pourquoi
ne les mettrait-on pas ainsi en de
meure, non de nous aider (elles n'en
auraient pas le cœur), mais de consta
ter que nous sommes, non pas agres
seurs, mais prudents et patients jus
qu'aux dernières limites du possible?
Cela éviterait-il la guerre ? Je n'en
sais rien; mais il ne serait indifférent;
à aucun point de vue, pas même à
celui de l'effet produit sur le peuple
allemand, d'établir les responsabilités
de façon à ce qu'aucun doute ne
puisse subsister. Peut-être l'Europe
aurait-elle la lâcheté de refuser un
arrêt si le coupable était M. de Bis-
marck;mais rimpr'ession serait bonne,
salutaire, et nous pourrions ensuite
aborder avec plus de confiance les
événements, quels qu'ils soient. En ce
sens, la dernière provocation servirait
à éclairer celles qui ont précédé, et ni
les peureux ni les malveillants ne.
conserveraient l'exeuse de la bonne'
foi. ' : ■
B. d'Agreval.
Une dépêche de Rome dément le
bruit d'après lequel le cheval de la sta
tue équestre de Victor-Emmanuel,
qu'on doit inaugurer à Venise le 1 er .
mai prochain, foulerait aux pieds la
tiare et les clefs pontificales.
Cependant les journaux italiens qui
avaient dénoncé le fait dont nous en
tretient aussi notre correspondant
romain,! avaient donné les indications
fort précises. Faut-il croire qu'ils se
sont trompés, ou que, pour éviter le
gros scandale qui en résulterait, on a
fait opportunément disparaître de la
base du monument à inaugurer ce
symbole trop significatif de la monar
chie révolutionnaire sacrilègement
installée à Rome?
Quoi qu'il en soit et en tenant pour
exact le démenti dont il s'agit, le seul
fait qu'on ait pu vraisemblablement
attribuer une telle pensée à l'inspira
teur de la statue de Victor-Emma
nuel, que le roi Humbert et la reine
Marguerite inaugureront dans huit
jours, ce seul fait indique bien où en
sont les choses dans cette Italie avec
laquelle certains conciliateurs vou
draient que se réconciliât la Pa
pauté.
Pour que la paix se fasse, il rie suf
fit pas, en effet, d'indiquer*les raisons
de convenance qui la conseillent ; il
faut avant tout que l'Italie révolution
naire fasse amende honorable et répa
ration. Or, tous les projets dont on
s'entretient depuis quelque temps en
Italie, et dont nous parlerons plus
longuement un de ces jours en résu
mant la polémique engagée dans la
presse italienne à ce sujet, tous ces
projets ont le tort de prendre pour
base les faits accomplis, ce qui écarle
de soi toute possibilité que le Pape se
prête jamais à de pareils pourparlers:.
En attendant, voici ce que nous li
sons dans le Moniteur de Rome , â pro
pos d'un autre fait, très authentique
celui-là, que relate, dans tous ses dé
tails, la correspondance de Rome pu
bliée plus loin :
Un nouvel outrage à la Papauté a été
commis, au nom de la municipalité romaine,
en ce jour-anniversaire de la fondation de
Rome. C'est le monument à Galilée, élevé,
sur le Monte Pincio, près de la Trinité^du-
Mont, qui en a fait les frais. Ce monument,
inauguré ce matin v en présence des délé
gués municipaux et d'un public très clair
semé, porte sur . la base de la colonne l'ins
cription suivante, aussi inepte et absurde
qu'outrageante pour la vérité historique :
Il prozsimo palazzo — già de' Medici — fu pri-
gione a Galileo Galilei ■— reo d'aver veduto (sic)
la terra volgersi inlorno al Sole — S. P.Q. II. —
MDCCCLXXXV1I.
Il est étrange qu'aucune voix autorisée
n'ait blâmé au conseil du Capitole cette
insinuation contre la papauté. Les histo
riens, qui viendront à Rome, s'amuseront
beaucoup.de la naïveté insultante de cette;
épigraphe.
Nous ne savons si les historiens s'a-
museroni; de cette inscription insul
tante, mais il est certain que les ca
tholiques doivent s'en indigner comme
d'un nouvel outrage —le Moniteur de
Rome a bien raison de le dire —
adressé au Pape dans sa propre ville.
Ce n'est pas le seul. La presse plus ou
moins officieuse se plaît de temps à
autre à répandre des bruits comme
celui-ci, par exemple,.imaginé l'autre
jour par le Secolo de Milan : que le
Pape aurait touché un semestre de là
liste civile qui lui est allouée par la
, : des garanties.
L'inve es ^ odieuse quo le mi
nistère itaW lui-même a cru devoir
dégager sa respons^ 11 ^ ei } adressant
au Secolo le démenti su*. vant •
Rome, 18 avril, 2 h. de l'apL> tis " m ' c1 '•
La nouvelle que le Pape ait touché iZ n
semestre de sa liste civile est dénuée de
fondement.
. Ministère de Vintérieur.
Sur quoi l'Italie de dire ;
Si ce télégramme émane réellement du
miîiistère de l'intérieur, .le ministère nous
semble s'engager dans une voie qui pourra
le mener loin. Il est menacé, en effet, de
passer son temps à démentir les fausses
nouvelles qu'il plaira aux journaux de lan
cer. Et comme il lui sera évidemment im
possible de les connaître toutes, celles qu'il
n'aura pas démenties seront, pas une con
séquence naturelle, considérées -comme
exactes et môme officielles.
Ces réflexions sont justes. Mais d'où
vient que. tant de nouvelles fausses et
injurieuses pour le Pape sont quoti
diennement lancées dans la presse,
sinon de ce que la fameuse loi des ga
ranties ne garantit en aucune façon
le respect du au Saint-Siège et à la
personne du Souverain-Pontife ?
Auguste Roussel.
La Germania de Berlin publie la note
suivante :
Nous recevons de Rome un télégramme
privé, daté du 21 avril, relatif à la nouvelle
déjà mentionnée il plusieurs reprises (la
nouvelle des lettres adressées par le Vati
can en Allemagne). Voici ce télégramme :
■ Le Vatican a adressé à M. le députe de
Windthorst une lettre où l'on rend hommage
aux mérites du Centre et où l'on exprime ae
nouveau le désir de le voir subsister comme
gardien de l'avenir.
Les mêmes pensées et les mômes désirs
ont déjà été exprimés dans la seconde let
tre du cardinal Jacobini et dans une.lettre
ultérieure.
On voit par là ce que devient l'allé
gation d'une foule de journaux libé-,
raux allemands, français, autrichiens
et italiens, disant que la fin du cultur-
kampf signifiait la fin du Centre.
Voici la conclusion d'un article de
la Volzeitung de Cologne :
Rien ne serait plus insensé quo do se
laisser aller au découragement, et do pous
ser le cri pessimiste : Tout a été en vain \
Non, ce n'est pas en vain qu'on a lutté
jusqu'à présent, et ce serait sacrifier l'ave
nir que de s'abandonner soi-même en ce
moment. Le projet laisso subsister uni-
foule de choses que M. de Bismarck a ap
pelé des brimborions.; mais nous en som
mes à- la cinquième loi dérogatoire, pour
quoi n'arriverions-nous pas à la demi-dou-
zaine?
La lettre papale dit, que le projet n'est
qu 'un acheminement vers la paix, et l'ex
hortation de se tranquilliser sur les réso^
luttons du Saint-Siège, n'est pas un conseil
de se croiser les bras. Que le clergé et ,1e
peuple restent en constante harmonie avec
les évôques, que tous conservent au Saint-
Père leur vénération, et nous pourrons
continuer à. travailler, et nous arriverons
plus loin.
Massage royal
Il n'y a, décidément, plus ds foin
dans le râtelier des Naundorff!
On nous le disait et nous ne refu
sions pas de le croire; ce qui arrive,
les querelles intestines qui partagent
en trois camps cette honorable famille,
et dont le public reçoit la confidence,
nous prouvent que nous n'avions pas
tort de prêter 1 oreille à ces propos.
Les Naundorff se battent! Lutte héroï-
burlesque (surtout burlesque) et spec
tacle bien fait pour divertir-
Mais avant d'aller plus loin, de don-
der les détails, de marquer les coups,
il nous faut remercier les Naundorff.
C'est notre devoir. Dès qu'il s'élève
entre eux une contestation, dès qu'il
se passe dans leur famille un événe
ment qui peut épaissir encore la cou
che de ridicule dont elle est couverte,
ils s'empressent de nous en prévenir.
Chacun des trois partis nous déclare,
et nous démontre au besoin, que les
deux autres sont composés de sottes
ou malhonnêtes gens. Toujours à la
disposition de ces frères ennemis,nous
ne manquons pas d'avertir le public
et de le renseigner une fois de plus
sur leur compte. Echange de bons
procédés.
Ainsi, nous avons reçu,dès le jeudi
21, le numéro du Réveil national por
tant la date du 23 avril 1887. Qu'est-
ce donc, s'il vous plaît, que le Réveil
national ? C'est une feuille hebdoma
daire, qui paraît, — sauf les intermit
tences, — tous les samedis à Courbe-,
voie (Seine), 37, avenue Gambetta ;
M. Lucien Tison la dirige et M. le
comte' de Ilaultmont la rédige. Elle
serait, pour dix centimes, « en vente
dans les kiosques et dans les gares »,
si les kiosques et lés gares voulaient
bien y consentir; seulement il ne
semble point qu'ils y soient disposés.
Elle contient des éctios, des nouvelles,
et même une petite correspondance
dont voici un bref échantillon :
A Mme de P... — Boulanger (le général)
est venu en bourgeois et est resté à peine
cinq minutes. Pas lo temps de l'admirer.
En «politique»,le Réveil national sou
tient la cause de « Charles XI » contre
les prétentions d' « Adelberth l ur »,
son frère, et de « Jean III », son neveu.
Nous avons raconté, il y a dix ou
dou?e semaines, qu'un parti de Naun-
dorffistes se formait, qui tenant l'abdi
cation de Charles pour valable, mais
déclarant qu'elle n'avait pu être signée
au profit d'Adelberth, proposait à la
l^ince le neveu de Charles, son « hé-
ritier "^itiiri e », « Jean III ». Ce grave
parti est définitivement, et la
princesse Amêu,e-/* pardon ! et Mme
Laprade marche â Sa- tete, ontraînant
à sa suite, croyons-noùs, J e farouçhé
abbé Dupuy, et son journal 1 a
mité , si toutefois cet organe existe eu"
core. La cause de « Charles I" » nous
parait en bien fâcheux état. Charles,
cependant, n'a point perdu courage;
il lutte avec l'appui An. Réveil, qu'il
daigne parfois honorer de ses royales
communications.
Et,dans le numéro du 23 avril, nous
avons le plaisir d'en trouver une :
A Monsieur Tison, directeur du Réveil
national
•
Mon cher directeur,...
(Tison dirigerait-il aussi le prince
Charles?)
J'apprends de sources certaines qu'il y a
en ce moment, à Paris, une dame qui se fait
passer pour la princesse Amélie de Bour
bon,...
. (Sire, vous êtes bien dur! Oubliez-
vous que Mme Laprade est votre
sœur?)
et qui, sous le patronage d'un aventurier,...
(Sire, vous êtes trop dur! Oubliez-
vous quels longs et ardents combats
celui que vous traitez ■ ainsi a livrés
pour vous?)
et qui, sous le patronage d'un aventurier,
essaye de faire dans la capitale ce qui se
fait à Bordeaux, c'est-à-dire une vigou
reuse propagande en faveur du prince Au
guste, mon neveu, qu'ils appellent Jean III,
vi ls légitime héritier!...
(Tiens! Jean se nomme Auguste!)
Je n'ai pas besoin de vous dire quo cos
intrigants...
(« Intrigants » ! Ah ! surtout lorsqu'il
vient d'un frère, ce mot
Est un coup bien rude,
Rude à recevoir,
Malgré l'habitude
Qu'on en peut avoir!)
que ces intrigants sont ce que vous traduisez
si énergîquement en français des faiseurs
de dupes...
(Oh! par exemple, ce dernier mem
bre de phrase est, dans son genre, un
chef-d'œuvre, tout simplement! Vous
avez bien lu : « ce que vous TRADUISEZ
en français... »Non, Charles Naundorff
fils de Prussien et Prussien lui-môme,
ne pouvait démontrer plus clairement
qu'il est, d'origine étrangère, que la
langue française n'est pas sa langue
maternelle, n'est pas la langue dans
laquelle il a été élevé, la langue dans
laquelle il pense, la langue dont il se
sert en famille! Le témoignage qu'il
vient de porter là contre lui-même est
écrasant. N'insistons pas, ce serait
inutile, et continuons notre lec
ture.)
. Ces intrigants, donc,— le roi l'a
dit, — sont des faiseurs de dupes :
1° Parce que le titre do princesse Amélie
de Bourbon n'existe plus....
(Voilà pour vous apprendre,Madame
Laprade, à commettre la folie de jeu
nesse, vers soixante-cinq ans, d'accor
der votre main royale à un simple
bourgeois. Vous pensiez, sans doute,
l'élever au rang de prince-consort, et
c'est vous qui êtes descendue au rang
de roturière qu'on renie. Lauzun, ma
dame, était, lui du moins, un bon
gentilhomme ! )
Go sont aussi des faiseurs de dupes,
ajoute le prince :
2" Parce que, moi vivant, Jean III avec
ou sans régence est un leurre... '
(Et ce serait encore la même chose,
sire, vous défunt ! ) . .
3° Parce que ni prêtre ni laïque n'a reçu
de moi la mission de semer l'erreur et do
récolter l'argent...
(Surtout au profit d'un rival !)
Ils nuisent à ma cause autant qu'à leurs
dupes.
(C'est vrai!)
Il v a dix-liuit mois, dans une circulaire
que l'on ne devrait cependant pas oublier,
je flétrissais ces manœuvres dans certains
commis que j'avais chassés,avec honte, de
mon service ; aujourd'hui, je me servirai de
la publicité respectable....
(Hum!)
du ftbpeil National, mon organe, pour pour
suivre sans merci leurs imitateurs, quels
que soient h?s rangs dans lesquels je les
rencontrerai.
Moins d'argent, Pt plus d honneur !...
(« Moins d'argeni,, et plus d'hon
neur! » Voilà qui bien, et qui
donne exactement l'idée de la situa
tion des. Naundorff,.... poïirvu, toute
fois, quQ le prince attache le même
sens que nous à l'adverbe « pli^S » !•)■■_
Sur ce, que Dieu vous garde.
L. C. de B ourhqn*.
. Véritablement,il n'est pas contesta
ble que cette manière de clore un mes
sage soit tout à fait royal bon genre-
N'importe, malgré l'allure si princièreu
de cette salutation, nous sommes d'avis
que « Charles XI », en écrivant et li
vrant à la publicité une lettre à ce
point ridicule, où il montre nettement
que la zizanie règne à l'état aigu entre
les naundorffistes, même entre les
Naundorff, et où il prouve clairement,
par ses façons de parler, .qu'il est
bien d'origine allemande, a commis
ce que nous « traduisons » ainsi en
« français », nous autres : un fameux
impair !
Pierre Veuijxot.
L'Affaire Schnœbelé
L'Agence Ilavas publie les dépêches
quo voici :
Nancy, 23 avril.
Le préfet a fait un inventaire des papiers
de M. Schnœbelrt dans son bureau, m pré
sence de M. Cathalu, commissaire c&itral
de Nancy. ,
Ces pièces seront envoyées au minisf-re
des affaires étrangères. , ,
Mme Schnœbelé était présente à la levé®
des scellés.
Les autorités allemandes ont donné avis
à Mme Schnœbelé qu'elle pourrait visiter
son mari à Metz; elle vient de partir pour
cette ville. • «
Le parquet de Metz a fait photographier
le terrain où a eu lieu l'agression.
De nombreux expulsés sont arrivés d'Al
sace-Lorraine.
Meiz, 23 avril.
L'interrogatoire que M. Schnœbelé a subi
hier soir a duré plus d'une heure. On croit
que le commissaire; français ne sera pas
transféré à Strasbourg avant quelques
jours. . .
La presse d'Alsace-Lorraine a été invitée
par communication ofïicielle à se dispenser
de tout commentaire sur l'arrestation de
M. Schnœbelé.
Pagny -sur-Moselle, 23 avril.
M. Laur, député, est arrivé ici ce matin
à trois heures et demie ; il est parti à six
heures pour la frontière.
Hier soir les scellés ont été apposés sur
le bureau de M. Schnœbelé'.
Pagny-sur-Moselle, 23 avril, soir.
Mme Schnœbelé est revenue de Metz.
Elle a î>u communiquer avec son mari h
travers deux grilles, séparées par un cou
loir, en présence d'un agent allemand qui
l'a invitée à parler en allemand, au moment
où elle commençait à s'entretenir en fran
çais.
M. et Mme Schnœbelé n'ont pu causer
que nouvelles relatives àleurs santés, à leur
famille et à des faits personnels.M. Schnœ
belé ayant prononcé .le mot « territoire
français » a été invité immédiatement- à
changer de sujet de conversation.
Sou 111s âgé" do dix-huit ans, qui accompa
gnait sa mère, n'a pas été admis à voir son
père, la permission ne portant pas son nom.
L'entretien a duré vingt-cinq minutes. ,
Les autorités allemandes ont remis à
Mme Schnœbelé les objets et les papiers
dont son "mari a été trouvé porteur, parmi
lesquels un seul papier de service sans im
portance, un trousseau de clefs, et un petit
canif do poche : c'est sans doute ce que les
Allemands appellent son poignard.
Pagny-sui'-Mjsellc, 23 avril. •
D'après une information venant de Metz,
M. Schnœbelé serait transféré lundi àStras-
bourg.
La République française publie le ré
sumé suivant du rapport que le pro
cureur général de Nancy a dressé sur
l'affaire :
Le rapporL du procureur général établit
d'une manière formelle que 1 arrestation da
M. Schnœbelé a eu lieu sur 1e territoire
français.
Il y a uno dizaine de jdurs, M. Schnœ
belé avait été invité par M. Gautsch, com
missaire allemand à Novéant, avec lequel
il était en relations très suivies, à so ren
dre au pateau-frontière pour conférer avec
lui.
M. Schnœbelé se rendit une preminre
fois, la semaine dernière, au rendez-vous
donné par M. Gautsch. U ne trouva point
le commissaire allemand. Prévenu depuis
quelque temps déjà du danger auquel il
s'exposerait en quittant le- territoire fran
çais, il ne s'avança point ce jour-là sur le
territoire allemand.
M. Gautsch s'excusa par lettre auprès de
M. Schnœbelé d'avoir manqué à ce rendez-
vous et lui donna un second rendez-voue
pour mercredi dernier 20 avril. Le commis
saire français alla, saus défiance et sans ar
mes, à ce rendez-vous.
Quand M. Schnœbelé arriva au poteau
français, qui se trouve à droite de la route
lorsqu'on se rend à Metz, il ne trouva per-
sonno. Deux ouvriers français, MM. Gau
tier frères, travaillaient dans les vignes, du
côté français, à 30 ou 35 uiblres.
M. Schnœbelé- se' promena u»i. instant-,
puis franchit, sans doute par distraction,
peut-ôiro pour voir- venir son collègue
d'Ars-sur-Moselle,. la ligne, frontière .et la
dépassa d'environ 6-mètres, A ce moment,
un individu, vêtu d'une blouse grise, sortit •
du fossé qui borde les vignes allemandes et
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