Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1887-02-22
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 février 1887 22 février 1887
Description : 1887/02/22 (Numéro 7010). 1887/02/22 (Numéro 7010).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mardi 22 Février 1887
N* 7010, — Edition etuotidienne;
Mardi 22 Février 1887
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
^ ST DÉPARTEMENT» (ONION rOSTAUî}
Un an." . ... 55 » 66 »
Six mois. ... 28 50 34
Trois mois. . . 15 ». 18 »
i,es abonnements partent des 4" et tO do chaque mol»
UN NUMÉX^O { gépartemenis: 20 ^ '
BUREAUX : Paris, 10, rue des Saints-Pères
, On s'abonne i Rome, place du Gesù, 8
ÉDITION SEMI-QUOTIDIENNE
PARIS
ET DÉPARTEMENT»
Un an. , . 30 »
Six mois. . ■/. 16 »
Trois mpis. . . 8'50
ÉTRANGER
{coton postalb)
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Les abonnement» partent des 1 er et 16 de chaque mois
L'UNIVERS no répond pas des manusorits qui lui sont adressés
•' ANNONCES
MM. Ch. LA GRANGE, CERF et C i0 , 6, place de la Bourse
FRANGE
PARIS, 21 FEVRIER 18S7
Quel' sera le résultat des élections
qui ont lieu aujourd'hui en Allema
gne ? M. de Bismarck triomphera-t-il ?
Aura-t-il une majorité pour son sep
tennat militaire ? Telle est la grande
question du moment ; tout le reste
disparaît devant ces élections, qui
semblent pouvoir exercer une si
■grande influence sur le maintien
de la paix européenne. A la der
nière heure, ' les journaux officieux
de M. de. Bismarck ont encore af
firmé que l'élection d'une majorité
favorable au septennat serait une ga
rantie de paix; toutefois certaines
feuilles, moins officieuses, ont fait
quelques réserves, donnant à entendre
que la paix, môme avec un succès du
gouvernement allemand, serait moins
solide qu'il y a quelques semaines.
Pendant que les députés se reposent
à l'occasion du carnaval, singulière
ment déchu de sa grandeur passée, les
sénateurs tiennent séance à cause du
budget. Les complaisants du ministère
voudraient que la discussion générale
se termine aujourd'hui, de manière à
permettre de commencer demain à ex
pédier les divers chapitres; on irait au
pas de course,' et encore n'est-il pas
certain qu'on arrive à temps,. surtout
, si le budget, comme cela paraît pro
bable, doit retourner'à la Chambre des
-députés.
Parmi les orateurs qui doivent pren
dre la parole aujourd'hui se trouve'
M. Ghesnelong.
Hier, ,une élection a eu lieu dans
l'Aube ; il s'agissait de remplacer M.
de Roys, un républicain fort modéré.
Les conservateurs n'avaient pas de
candidat, et seul un opportuniste, M.
Couturat, et un radical, M. Charonnat,
se trouvaient en présence. Le bruit
' courait'que le radical pourrait bien pas
ser à cause du mécontentement géné^
ral qu'ont soulevé dans l'Aube les pro
cédés de M. Jean-Casimir Perier, le
.chef du clan opportuniste. Cela s'est
réalisé en effet : le citoyen Charonnat
. est élu, battant d'environ 7,000 voix
M. Couturat. Aux élection^ d'octobre,
au premier tour de scrutin, les oppor
tunistes avaient sur les radicaux une
avance de 8,000 voix environ, ils n'ont
,pas gagné de terrain.
On trouvera plus loin le texte d'une
lettre de Saint-Pétersbourg que publie
le Nord et qui est fort commentée. La
conclusion de. cette lettre est que la
Russie, dans les circonstances présen
tes, doit -réserver toute sa liberté d'ac
tion, lui fallût-il, en apparence, se
désintéresser même de la question bul
gare.
Nous n'avons pas encore la notifica
tion officielle de la constitution du ca
binet Depretis-Robilant; cela ne va pas
tout seui.
Rome et l'Italie
Depuis quelque temps nous avons
reçu , de Rome diverses lettres où l'on
nous disait : « Quelque chose se prépa
re au sujet du pouvoir temporel. Il ne
s'agit certainement pas de rendre au
Pape ses Etats, ni même Rome : le
gouvernement italien ne le veut, ni ne
le.peut. Mais on cherche un modus
vivendi qui améliorerait 1& situation
du chef de l'Eglise. L'Italie, poussée
par l'Allemagne, comprend qu'elle
doit entrer dans cette voie ; d'autre
part, bon nombre de personnages ec
clésiastiques déclarent tout'haut que
le pouvoir temporel ne" pouvant être
rétabli dans ses conditions anciennes,
il y a lieu de se prêter enfin- à un ar
rangement. »
- Ce n'est pas la première fois que de
tels bruits ont cours, car il y a depuis
longtemps à Rome, du côté des catho
liques comme du côté des spoliateurs,
"un groupe qui veut tout arranger;
c'est le groupe des « transigeants ».
Seulement, jusqu'ici, la transaction
nous a toujours paru devoir aboutir à
l'acceptation, plus ou moins déguisée,
des faits accomplis. Aussi, nous en te
nant aux déclarations pontificales, n'a
vons-nous jamais accordé grande im
portance à ces rumeurs. Dans- les
« transigeants » nous avons surtout vu
des agités, voulant faire figure de per
sonnages. .
En est-il autrement aujourd'hui?
Nous en doutons encore, bien que,
d'après les apparences, on puisse croire
que les chercheurs de transactions
ont M. de Bismarck dans leur jeu, ce
qui serait un gros atout. Aussi,tout en
conservant nos doutes, devons-nous
faire connaître à nos lecteurs, sous
les plus expresses réserves, ce qui se
dit.
Voici d'abord un livre qui pourrait
bien être la source « dû beaucoup de
ceux qui se prétendent bien informés
ont, sans le dire, puisé l'idée de leurs
informations : le Conclave de Léon XIII,
par Raphaël'de Cesare (Simmaco). Ce
Simmaco est un anonyme qui écrivait
à sa manière, dans la Ra$segna_ sur les
choses du Vatican ; maintenant il pré
tend se montrer, mais il garde son
masque, car Raphaël de Cesare est un
pseudonyme.
Son livre, où il y a plus à reprendre
qu'à prendre, a été publié à Rome.et
est écrit à peu près en français. Avant
de parler réellement du Conclave, ce
qu'il fait en anecdotier rationaliste
et,non . en historien, il prétend trai
ter la question du pouvoir temporel
et définir la politique de Léon XIII.
Ce. travail est faible. Le caractère
fondamental du pouvoir temporel
semble ignoré de l'anonyme, et ses
jugements sur la politique du Sou
verain-Pontife manquent de gran
deur et de netteté. En revanche, on y
voit très bien percer le projet et l'es
poir d'un accord entre le Pape et la
royauté italienne. Et si les. patrons de
l'anonyme demandent que l'accord se
fasse sur le terrain de la loi des ga
ranties,on sent bien qu'ils achèteraient
volontiers la paix par quelques conces
sions. .
De là, sans doute, les bruits de
négociation qui nous ont été signalés
et dont nous hésitions à parler ne
pouvant y attacher une grande impor
tance. Une correspondance adressée
au Journal des Débats et une lettre de
Rome que publie le Monde nous font
changer d'avis. Sans croire qu'il y ait
des négociations sérieuses, nous de
vons, au moins, rapporter ce qui se
dit. Voici d'abord la lettre qu'a reçue
le Monde ; il la donne eh ayant soin
d'en laisser « l'entière responsabilité
à son auteur : »
Rome, 16 février.
Le prince de Bismarck, en sollicitant
l'appui du Saint-Siège dans une question
qui, de prime abord, paraît être exclusive
ment politique et intérieure, a rendu sans
doute un éclatant hommage aussi bien à,
l'influence de la Papauté qu'à l'importance
de cet admirable parti catholique du Centre,
seul capable de tenir tête à toute la force
du plus puissant gouvernement. Mais Léon
XIII ne pouvait se laisser induire h une in
tervention de ce genre sans les plus graves
motifs et sans les plus formelles garanties
de résultats :3finr ordre supérieur. Ces ga
ranties, M. de Bismarck a dû les lui don
ner, d'abord quant au rétablissement de la
paix religieuse en Allemagne, de la manière
sérieuse et durable qu'a toujours désirée
Léon XI'II; en second lieu, pour ce qui
concerne la paix de l'Europe, si gravement
menacée au moment de la discussion du
septennat; enfin, relativement à la situation
du Saint-Siège.
Sur ce dernier point, les engagements
pris par l'Allemagne ressortent clairement
dû texte môme- des deux lettres de la ee-
crétairerie d'Etat qui ont été publiées. Je
puis ajouter, d'après plus d'un indice, voire
des informations fondées, que ces engage
ments fixent aussi l'époque où ils seront réa
lisés, comme pourrait le permettre, par
exemple, l'occasion propice du prochain ju
bilé pontifical. Parmi les indices dout je
parle, je me borne à rappeler l'émoi qu'ont
ressenti les organes libéraux d'Italie à la pu
blication des documents de la secrétairerie
d'Etat et l'embarras visible où se trouve le
Quirinal pour reconstituer nn cabinet viable
et pouvant faire front aux événements qui
s'annoncent.
Au reste, il ne faut pas tomber dans
l'exagération contraire et dans un optimisme
qui pourrait aboutir à des déceptions-On
no doit pas s'attendre à une intervention
matérielle de la part de l'Allemagne contre
l'Italie, soit à cause des liens étroits et
presque indissolubles qui unissent bon gré
mal gré le gouvernement du Quirinal à
celui de Berlin, soit aussi, il faut qu'on le
sache, parce qu'il eût répugné aux senti
ments de Léon XIII — plusieurs fois mani
festés — de prendre l'initiative d'un appel
aux armes contre l'Italie. Il s'agit donc d'une
intervention diplomatique, facilitée par le
prestige même de la Papauté, chaque jour
grandissant, et dans le but sinon de résou
dre immédiatement la question romaine, au
moins d'améliorer la situation présente du
Saint-Siège.
, La solution radicale exigerait, en effet, Ja
rétrocession de Rome au Pape. Or, cela ré-
pugne encore tellement à l'Italie officielle
qu'elle se suiciderait plutôt que d'y con
sentir. D'autre part, il n'est pas moins cer
tain que le Pape ne consentira jamais à
consacrer les faits accomplis et que son
Non possumus restera la plus noble, la plus
salutaire expression du droit opprimé par
la force. La question ainsi posée reste donc
insoluble sur le terrain des principes..
Mais on se demande s'il n'y a pas moyen,
en attendant mieux, de rendre moins in
supportable la situation du Pape et de
l'entourer de garanties plus ' sérieuses que
celles dont le caractère unilatéral a t'ait
quelque chose de si vain et illusoire. Cette
question ressemble fort, paraît-il, à celle
de la thèse et de Y hypothèse sur le terrain
des principes catholiques opposés au libé
ralisme. Ainsi, c'est un principe immuable,
que seule l'Eglise catholique, c'est-à-dire la
vraie religion, a le droit d'exister et de se
propager. Néanmoins, dans l'application
pratique, ce principe n'exclut pas la néces
saire tolérance envers les autres cultes, en
vue d'un plus grand bien ou d'un moindre
mal, comme l'a enseigné en propres termes
N. T. S. P. le Pape dans son encyclique
Immort aie Bel.
De même, dans la question romaine, le
droit du Pape à la pleine indépendance
constitue un principe absolu, et la meilleure
garantie de cette indépendance, voire la
seule vraiment satisfaisante et stable, est
sans contredit le pouvoir temporel. Mais,
tout en no cessant point de le réclamer, le
Pape et les catholiques peuvent-ils vouloir
et désirer, comme un moindre mal, que la
situation du Saint-Siège devienne moins
insupportable? Voilà la nouvelle question
qui se pose devant lintervention diplomati
que, espèce d'arbitrage que l'Allemagne —
à défaut, hélas ! de puissances catholiques
— exercerait en faveur du Pape, en retour
de celui qui a été exercé en sa faveur par
l'action pontificale ; ce qui, d'ailleurs, n'em
pêcherait pas lès autres puissances de s'y
associer à leur tour.
Pratiquement, et le principe du droit du
Pape au pouvoir temporel restant sauf, il
pourrait advenir, par exemple, que, sur l'i
nitiative dos puissances et avec le concours
des catholiques, on fit au Pape le don
de la zone libre de territoire allant du Vati
can jusqu'à la mer, par Ostie ou par Civi-
ta-Vecchia, laquelle zone serait achetée en
autant de lots ou propriétés sur lesquelles
le Souverain-Pontife, comme sur un patri
moine à lui, jouirait non-seulement du droit
commun de propriété, mais aussi du droit
d'extra-territorialité. Il pourrait se faire
aussi que le gouvernement italien fût amené
à contribuer à l'achat et à la cession de ce
territoire, comme un commencement de ré
paration, en employant à cet usage les cin
quante millions accumulés depuis qu'une
dotation (inacceptable sous la forme ac
tuelle) a été assignée au Pape par la loi des
garanties.
Bien plus, et toujours à titre de commen
cement d'une réparation due, la dotation
dont il s'agit serait versée pour l'avenir,
comme capital perpétuel (et non plus com
me une rente à mendier) entre les mains
de telle puissance, qui prierait le Pape de
l'accepter et d'en faire l'usage qu'il voudrait.
! Enfin, toute la partie actuelle de la loi des
.garanties qui concerne le respect et les hon
neurs dus à la personne du Souverain-Pon
tife et la liberté de ses rapports avec le
..monde catholique. serait convertie en loi
'internationale, par l'engagement formel du
gouvernement italien de ne plus en permet
tre la discussion, encore moins la violation,
comme cela a eu lieu jusqu'ici. Ces points
fondamentaux seraient sauvegardés à leur
tour par la présence à Rome des ambassa
deurs accrédités près le Saint-Siège, et qui
pourraient même concentrer leurs résiden
ces dans la partie de la .Ville-Eternelle que
l'on a appelée cité Léonine et qui va do la
rive droite du Tibre au Vatican, de telle
sorte que ce territoire jouirait, avec celui
du Vatican jusqu'à la mer, du droit d'oxtra-
territorialité inhérent à la dignité souveraine
du Pape.
. Ce premier arrangement provisoire se
rait destiné de soi à s'améliorer, et par
l'influence grandissante de la Papauté, et
par le droit absolu qu'elle se réserverait de
réclamer, selon les circonstances, ce qui lui
resterait dû. Il ne s'ensuivrait' donc ni une
conciliation hybride avec les spoliateurs,
ni un péril de voir la politique pontificale
soumise aux fluctuations ou aux exigences
de la politique italienne.
D'autre part, les puissances seraient inté-
ressées à améliorer de plus en plus cette
position, en raison des services éminents
que la Papauté, constituée en suprême tri
bunal d'arbitrage pour les différends inter-
nationaux, serait appelée à rendre à la civi
lisation.
Cet arbitrage, compensation providen
tielle de ce qui continuerait de manquer
sous le rapport du pouvoir temporel, ne
serait naturellement imposé à'qui que ce
soit ; mais les puissances, libres d'y recou
rir, en confirmeraient, par cetie liberté
même, l'indépendance, le prestige et les
bienfaits salutaires.
Enfin, pour amener l'Italie officielle à ne
pas se contenter d'une amélioration quel
conque de la situation du Pape, mais à
tendre à une réparation durable et com
plète, le Souverain-Pontife tiendrait en ré
serve un moyen des plus efficaces: celui
d'autoriser un jourlescatholiques d'Italie à
prendre part à la vie politique de leur pays
et à lui infuser ainsi ce qui lui manque en
fait de principes vraiment conservateurs.
Telles sont les lignes générales de l'amé
lioration dont j'ai voulu parler, — trop
lente sans douté au gré de nos désirs, mais
la seule peut-être qu'il soit possible de réa
liser en ce moment. Je ne prétends point af
firmer que le Saint-Siège en ait déjà accep
té le plan ; mais, alors même qu'il se borne
rait à tolérer provisoirement cet expédient
comme un moindre mal, et en gardant sur
ce point, une attitude passive, je puis dire
d'ores et déjà qu'on en parle ouvertement
dans les cercles les plus sérieux comme
d'une éventualité, sinon très probable, au
moins possible, et dont il peut être utile et
opportun de saisir l'opinion publique par le
moyen de la bonne presse.
Il y aurait beaucoup à dire sur
toute cette lettre, mais il sera temps
de le faire si le débat prend de la con
sistance.
Voici maintenant les passages les
plus importants de la note du Journal
des Débats , On nous excusera d'y lais
ser des paroles qui se ressentent du
lieu où elles ont paru; c'est une
pièce que nous donnons, et il faut en
montrer tout le caractère :
Rome, 19 février.
Vous avez vu que la fameuse lettre du
cardinal Jacobini a été fort mal prise par
les libéraux, qui y ont vu un appel très direct
à l'intervention étrangère. Cette colère des
libéraux a fait grand'peur au monde du Va
tican, qui redoute les représailles. On s'ef
force de démontrer, dans les feuilles cléri
cales, qu'il s'agit non d'une interven
tion armée, mais d'une simple intervention
diplomatique. Au fond, c'est bien à peu
près la même chose, puisque l'une conduit
presque fatalement à l'autre; mais l'appa
rence est sauvée.
Ce n'est pas tout. Les projets de concilia
tion ont reparu plus que jamais. On m'a
fait voir un l'actum qui a été distribué seu
lement aux hommes politiques et aux cardi
naux. C'est une simple feuille de très beau
papier, sans nom d'imprimeur, et on m'a
assuré; que cette pièce curieuse sortait des
imprimeries du Vatican.
Le projet d'accord est formulé en quatre
articles : 1° l'Italie cède au Pape, en toute
souveraineté, la cité Léonine et" une bande
de terrain aboutissant à la mer; 2° l'Italie,
en cas de guerre, pourra occuper le do
maine pontifical; 3° le gouvernement italien
donnera à sa politique un caractère plus fa
vorable à la religion ; 4° la subvention ac
cordée au Pape sera doublée et portée à
500,000 fr. par mois.
Go dernier article indique suffisamment
d"où sort le projet, qui est l'œuvre d'un ou
plusieurs prélats. On ne saurait croire à
quel degré le monde moyen ou subalterne
duVatican est préoccupé dos intérêts d'ar
gent.
On a fait paraître aussi une brochure
contenant un dialogue entre Léon XIII et
son successeur présumé, qui serait le cardia
nal San Pelice. Le Pape dit qu'il ne peut
faire lui-même la conciliation avec l'Italie,
mais qu'il prépare le terrain pour son suc
cesseur, qui n'aura qu'à accepter la loi des
garanties. Le Moniteur de Rome, de son
côté, fait comprendre qu'il est très disposé
à faire bon marché du pouvoir temporel.
Nous n'avons pas vu que le Moniteur
de Rome fût « très disposé à faire bon
marché du pouvoir temporel ». Ce
journal montrera lui-même au Journal
des Débats que son correspondant l'a
trompé sur ce point et sur d'autres.
On voit du reste que, sauf le ton et en
dehors de la question d'argent, si mi
sérablement présentée par le corres
pondant des Débats^ il y a de grands
rapports entre la version de cette der
nière feuille et celle dont le Monde a
reçu communication.
Que faut il penser de ces bruits?
Lais-sons le dire au Journal des Débats
lui-même. Après avoir constaté que
le Pape, s'il acceptait cet arrangement,
n'abandonnerait néanmoins aucune
de ses revendications, il dit :
C'est précisément ce qui rendra ces pro
jets — à supposer qu'ils soient sérieuser
'ment discutés — justement suspects à la
grande majorité de la nation italienne, si
ombrageuse et si facilement émue dès que
l'œuvre accomplie en 1870 lui paraiL me
nacée.
En admettant que lo Pape Léon XIII soit
tenté de se mettre sous la protection et en
même temps sous la dépendance d'une
puissance protestante, et qu'il ait la pen
sée de vivre à Rome snr un pied do bon
accord et d'amitié avec un gouvernement
qu'il a toujours traité d'usurpateur ; en ad
mettant qu'il oublie les couvents fermés,
les moines expulsés, leurs biens séculari
sés, les campagnes anticléricales encore
toutes récentes, et qu'il consente à sanc
tionner au moins implicitement des me
sures contre lesquelles il n'a cessé de pro
tester, il rencontrerait dans ses tentatives
de rapprochement l'invincible défiance des
Italiens, les appréhensions du parti libéral,
inquiet de l'influence renaissante des cléri
caux revenant au voté et peut-être aux
affaires.
Il semble qu'un grand changement de
vrait se produire dans l'opinion publique,
en Italie, pour qu'un cabinet pût avoir la
pensée de lui faire accepter la restauration
d'une sorte de ponvoir temporel — n'en se-
raiL-ce môme que l'ombre — et cela sous la
pression d'un gouvernement étranger, se
rait-ce celui de Berlin.
Il fallait parler de ces projets, puisque le
bruit en circule et que les circonstances
peuvent leur donner quelque crédit; mais
il est permis de penser qu'ils ne sont pas
près d'aboutir.
Nous n'ajouterons qu'un mot : la
question du pouvoir temporel ne peut
se résoudre par l'agrandissement de la
prison du Pape. Dans la cité Léonine,
même prolongée par une route, plus
ou moins large, jusqu'à Civita-Vec-
chia, le chef de l'Eglise resterait,
comme au Vatican, le prisonnier de
l'Italie. Ce qu'il revendique, et, par
conséquent ce que nous revendiquons
pour lui, c'est la vraie souveraineté,
gage de sa liberté. Il faut que le Pape
soit libre et qu'il le paraisse.
Notre rôle à nous, simples fidèles, est
-n <5© pas de chercher une transaction ou
.d'appuyer des projets en l'air dont
Léon XIII seul peut être juge, mais
de demander que tout ce qui a été
pris au Saint-Siège lui soit rendu.
Eugène Veuillot.
Le Figaro publie la note suivante,
que nous'reproduisons sous toutes ré
serves :
L'ambassadeur de France auprès du Va
tican, .M. Lefebvre de Béhaine, a, au nom
de son gouvernement, porté au Saint-Pèra
des assurances pacifiques sur la question
religieuse, et a, en même temps, exprima
la satisfaction que la lettre du cardinal Ja
cobini avait causée en France, parce qu'on
y avait vu une assurance de paix.
Notre représentant près du Saint-Siège a,
de plus, offert à Sa Sainteté, de la part de
M. Jul&s Grévy, un jpagnifique vase de
Sèvres et une plume d'or.
Mgr Galimberti et Mgr Moceni ont reçu
le grand cordon de la Légion d'honneur.
Le rapprochement entre la France et la
Vatican est d'une importance considérable.
M. Lefebvre de Béhaine se rendra pro
bablement aujourd'hui même au Vatican,
Léon XIII lui ayant fait exprimer le désir-
de lui parler immédiatement.
L'ambassade de France avait déjà reçu
antérieurement communication de la décla
ration adressée au nonce de Munich et
avait eu l'assurance que : cette déclaration
était faite dans l'intérêt de la France, parce
que des dépêches confidentielles de Berlin
avaient convaincu le pape que M. de Bis
marck ne veut le septennat que pour empê
cher l'Allemagne d'être attaquée.
Une troisième lettre explicative a été en
voyée au nonce de Munich, expliquant quo
l'intérêt général de l'Eglise tout autant que
l'intérêt particulier du Pape est lié au vote
du septennat.
Cette lettre a dû être communiquée aux
évêques et aux chefs du Centre.
S. Exc. Mgr di Rende, nonce apos
tolique, est arrivé ce matin à sept
heures, venant de Rome, où il avait été
appelé par le Saint-Père, qui désirait
entretenir son représentant avant son
retour à Paris. Mgr Averardi,auditeur,
et Mgr Vico, secrétaire de la noncia
ture, attendaient Son Excellence à la
gare de Lyon.
Mgr le nonce apostolique est tou
jours sous l'impression du coup terri
ble qui l'a frappé en enlevant à son
affection sa vénérée mère-. Mais sa
grande foi le soutient, avec le souvenir
des sentiments admirables dont Mme la
marquise di Rende a fait preuve jus
qu'à son dernier moment.
Nous recevons de Rome la dépêche
suivante :
Rome, 20 février, midi 50 m.
A l'occasion du neuvième anniversaire
de son élection au Souverain-Pontificat, le
Pape a reçu aujourd'hui les hommages et
félicitations des cardinaux, des prélats et
des divers personnages de la cour.
Le Saint-Père a tenu ensuite une réunion
intime dans sa bibliothèque privée. On y
remarquait la présence des cardinaux Tas-
chereau et Gilbons, archevêques de Québec
et de Baltimore, Mgr Azarian, patriarche
arménien, les évêques de Saint-Brieuc, de
Clermont et de Blois.
Les processions
La chambre criminelle de la cour
de cassation, présidée par M. Loew,
a rendu, samedi, un étrange arrêt,que
la Gazette des Tribunaux résume com
me il suit :
CULTE. — HEP0S0IR.— ARRÊTÉ MUNICIPAL.
REJET.
Un arrêté municipal portant :
« Les processions et toutes autres mani
festations extérieures du culte, à l'excep
tion des enterrements, sont ^rmellement
interdites dans la commune de »
a pu valablement être pris par le maire,
en vertu des pouvoirs qu'il tenait autrefois
des lois de 1790, et que lui continue la loi
du 5 avril 1884 sur l'organisation munici
pale, en vue des mesures à prendre pour la
sûreté générale.
Le fait d'avoir installé sous le porche ou-
FEUILLETON DE L 'UNIVERS
BU 22 FÉVRIER 1887
CAUSERIES LITTÉRAIRES
Un héros de la première République (1)
" • ■■■ I'
M. Albert Duruy est un esprit distingué,
un écrivain de talent, un historien sincère.
Son ouvrage sur l'Instruction publique pen
dant la Révolution (2) et son récent volume
sur Y Instruction -publique et la dûmocralie{3),
sont deux bons livres, qni ne se lisent ni
sans agrément ni sans profit. L'Académie
française a donc été bien inspirée lors
qu'elle lui a décerné, en 1882, l'une de ses
principales récompenses. J'imagine pour
tant que cette'médaille, dont les éloges de
M. Camille Doucet relevaient encore le
prix, n'a pas dû faire autant de plaisir à
M. Duruy que la médaillé militaire reçue
par lui sur le champ de bataille des mains
(1) Hoche et Marceau, par M. Albert Duruy ;
Hachette et C°, éditeurs. Bibliothèque des écoles
et des familles. — Le brigadier Muscar, histoire
des guerres de la Révolution, par le môme. ( Revue
des Deux-Mondes, 15 novembre 1885).
(2) Un volume in-8°. 1882.
. (3) Revue des Deux-Mondes, 1886.
de son colonel. Il n'est „pas de ceux, en
effet, qui, en 1870, ont cherché un refuge
dans les bureaux, à l'exemple de M. Paul
Bert et de tant d'autres, devenus des fou
dres de guerre — une fois la guerre
terminée. Engagé volontaire, dès le dé
but da la campagne, dans le 3' régi
ment de tirailleurs algériens, il a pris
part aux combats de Reichsoffen et de
Gravelotte, a été blessé à Sedan, em
mené en Allemagne et interné à Mavence.
Gomme il est de ceux qui savent que le
bruit ne fait pas de bien, il n'a eu garde,
depuis cotte époque, de s'enrôler dans les
rangs do la Ligue des Patriotes ; on ne l'a vu
figurer dans aucune société de gymnasti
que, et il me semble qu'il n'a point pour
coutume de parader dans les banquets où
l'on porte des toasts à M. le général Bou
langer. Il n'oublie point pour cela qu'il a été
soldat, au contraire, et de temps en temps
il publie des biographies militaires, desti
nées surtout à la jeunesse, et qui respirent
le plus noble, le plus généreux patriotisme.
C'est ainsi qu'il nous a déjà donné Hoche,
Marceau et le Rrigadier Muscar. D'un style
net, clair, alerte, ces biographies sont d'un
homme qui s'est assis aa bivouac èt qui a
porté le chassepot. « Mon pauvre Horace,
disait un jour le .vieux David à M. Horace
Vernet, tu fais des épaulettes parce que tu
ne sais pas faire des épaules. » Je crois
bien qu 'en effet Horace Vernet n 'aurait pas
été capable de dessiner lo Romulus et le
Tatius du tableau des Sabines ; mais il a
peint au naturel, sans poses théâtrales, avec
leur véritable physionomie et leurs vrais
uniformes, les grognards de 1810 et nos
Africains de 1840. De môme, M. Albert
Duruy, dans ses petites toiles, a fait revi
vre, avec un sentiment très vif de la réalité,
sans solennité, sans phrases, les soldats de
la Révolution. Il m'a paru que ces intéres
sants et ' modestes volumes méritaient de
ne point passer inaperçus. .Je voudrais
en dire un mot aujourd'hui, signaler leurs
mérites, et, en même temps, prémunir
leur auteur contre un écueil dont il ne se
défie peut-être pas assez.
II
Que M. Aibert Duruy ait choisi pour hé
ros de ses trois premières biographies trois
soldats de la république, rien de mieux ;
c'est là, de sa part, un acte do bon goût,
puisque, lui-môme n'est rien moins que ré
publicain, ainsi que mes lecteurs doivent
déjà s'en douter, puisque je leur ai dit tout
à l'heure qu'il s'était engagé lors de la
guerre de 1870 et s'était vaillamment
battu. Seulemeut, il eût été bon qu'il pré'
vînt les jeunes gens auxquels s'adressent
ses petits livres que l'héroïsme de nos ar
mées, de 1702 à 1800, doit être porté non
à l'actif de la république, mais à l'actif de
la France. Si la république a pu vaincre,
elle l'a dû d'abord àcette armée de 271,000
hommes que la monarchie, en tombant, lui
avait laissée,et qui était si peu républicaine
qu'elle protesta, presque tout entière, au
lendemain du 10 août, contre le renverse
ment de la royauté ; elle l'a dû, en second
lieu, à ces nouvelles recrues volontaires ou
jeunes hommes de la levée en masse, dont
plusieurs étaient do misérables bandits (et
ceux-là, sans exception, étaient tous répu
blicains), mais dont, les autres, et en grand
nombre, étaient d'honnêtes gens, de bons
citoyens, devenus bien vite de bons sol
dats (et de ceux-là beaucoup étaient roya
listes : ils cherchaient sous les drapeaux,
ainsi .que nous l'apprend Lacretelle dans
ses Souvenirs, un refuge contre les sicaires
et les assassins de la Terreur). Ce qu'il eût
fallu dire encore, c'est que le gouvernement
de la république, bien loin qu'il .puisse ré
clamer pour lui l'honneur de nos victoires,
avait tout fait pour démoraliser l'armée et
pour l'avilir. Ici, les faits, les textes, les
preuves irréfragables abondent ; on en rem
plirait des volumes.
Les ordres, les nominations, les exem
ples, tout partait dos bureaux de la guerre.
Voici lo tableau que nous en a laissé un
témoin oculaire ; il se rapporte à la fin de
1792 et aux premiers mois de 1793 : « L'hô
tel de la guerre était devenu une caverne
indécente, où quatre cents commis, parmi
lesquels plusieurs femmes, affectant la toi--
lette la plus sale et le cynisme le plus im
pudent, n'expédiaient rien, et volaient sur
toutes les parties... On n'y travaillait qu'en
bonnet rouge, on y tutoyait tout le monde,
même le ministre, qui, affectant l'extérieur
le plus négligé, faisait sa cour à la canaille
de Paris en s'assimilant à elle. On voyait
le même tableau dégoûtant dans les bu
reaux de la marine, d'où l'on avait chassé
tous les honnêtes gens et les commis ins
truits pour les remplacer par des jacobins
ignorants et furieux qui, au travers de cette
grossièreté iroquoise, ont fait de grandes
fortunes... Pache (le ministre de la guerre),
homme d'esprit, très malhonnête homme,
très ignorant, et aveuglément livré au parti
des jacobins... s'était associé un jacobin
ridicule par sa rusticité autant que par sa
coquinorie, nommé Hassenfratz, sobriquot
qu'il s'était donné pour déguiser le nom de
Lelièvre, sous lequel il avait été ignomi
nieusement connu, et un nommé Audouin,
vicaire de Saint-Eustache, qui a épousé la
fille du ministre. On chassa tout ce qui res
tait des anciens bureaux de la guerre, qu'on
remplit de ceux qui s'étaient distingués dans
les massacres des six premiers jours de
Septembre (4) ».
Les fouilles les plus immondes étaient
distribuées aux soldats, par les soins du mi
nistère de la guerre et par les ordres.du
comité de Salut public. Le Père Duchêne
d'Hébert, le Journal delà Montagne, le Jour
nal des hommes libres, le Journal universel,
recevaient à cet effet de larges subventions;
en cinq mois, le citoyen Hébert, l'éditeur
du Père Duchêne, ne toucha pas moins de
205,000 livres sur les fonds de la trésore
rie pour envois de son journal aux armées.
Il prêchait l'insubordination, le mépris et la
haine des chefs, et c'était justement pour
cela qu'on tenait à le faire lire aux soldats.
« Le but de ces envois, écrit à Robespierre
le ministre de la guerre Bouchotte, était
d'empêcher les soldats de s'engouer de leurs
généraux (5). » •
De telles leçons, une si odieuse propa
gande ne pouvaient manquer de produire
leurs fruits. Dans un grand nombre de ré-
(4) Mémoires du général Dumouriez, t. III, p.
286,309,355.
(5) Papiers trouvés chez Robespierre, n° XXVI.
giments.le brigandage et la débauche étaient
à l'ordre du jour. « Il y a à la suite des ba
taillons, écrit au comité de Salut public un
commissaire près l'armée de l'Ouest, une
fourmilière de femmes qui corrompent ou
amollissent le soldat, le portent au pillage
et désorganisent l'armée (6). » Garnot écrit
de son côté, de l'armée du Nord: « Un
fléau terrible détruit nos armées. C'est le.
troupeau de femmes et de filles qui sont à
leur suite. Il faut compter qu'il y en a au
tant que de soldats. Les casernes et les
cantonnements en sont engorgés, et la dis
solution des mœurs y. est à son comble.
Elles énervent les troupes et détruisent,
par les maladies qu'elles - y apportent, dix
fois plus de monde que l'ennemi. A Douai,
où nous avons vu dans un temps la garni
son réduite à 350 hommes, il y avait près
de 3,000 femmes dans les casernes (7), »
Les généraux étaient souvent aussi cra
puleux que les soldats; tout leur était par
donné, du moment qu'ils étaient de vrais
sans culotte. Un misérable comme Lé-
chelle, un voleur comme Ronsin, devenait
de soldat, général en chef en quelques
mois ; par contre, le talent était souvent un
motif de suspicion. Le ministre de la guerre
Bouchotte écrivait au général Ilouchard :
« Les renseignements qui ont été donnés
sur l'adjudant-général Jarry ne permetten
pas de l'employer. Songez que la machine
ira beaucoup mieux avec de véritables
sans-culottes qu'avec ces prétendus homme
à talent, qui, ayant sans cesse la république
(6) Correspondance inédite du Comité de salu
public, 1.1. p. 427. ,
,{7) Ibid. t. II, p. 10. '
\
N* 7010, — Edition etuotidienne;
Mardi 22 Février 1887
ÉDITION QUOTIDIENNE
PARIS ÉTRANGER
^ ST DÉPARTEMENT» (ONION rOSTAUî}
Un an." . ... 55 » 66 »
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i,es abonnements partent des 4" et tO do chaque mol»
UN NUMÉX^O { gépartemenis: 20 ^ '
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, On s'abonne i Rome, place du Gesù, 8
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L'UNIVERS no répond pas des manusorits qui lui sont adressés
•' ANNONCES
MM. Ch. LA GRANGE, CERF et C i0 , 6, place de la Bourse
FRANGE
PARIS, 21 FEVRIER 18S7
Quel' sera le résultat des élections
qui ont lieu aujourd'hui en Allema
gne ? M. de Bismarck triomphera-t-il ?
Aura-t-il une majorité pour son sep
tennat militaire ? Telle est la grande
question du moment ; tout le reste
disparaît devant ces élections, qui
semblent pouvoir exercer une si
■grande influence sur le maintien
de la paix européenne. A la der
nière heure, ' les journaux officieux
de M. de. Bismarck ont encore af
firmé que l'élection d'une majorité
favorable au septennat serait une ga
rantie de paix; toutefois certaines
feuilles, moins officieuses, ont fait
quelques réserves, donnant à entendre
que la paix, môme avec un succès du
gouvernement allemand, serait moins
solide qu'il y a quelques semaines.
Pendant que les députés se reposent
à l'occasion du carnaval, singulière
ment déchu de sa grandeur passée, les
sénateurs tiennent séance à cause du
budget. Les complaisants du ministère
voudraient que la discussion générale
se termine aujourd'hui, de manière à
permettre de commencer demain à ex
pédier les divers chapitres; on irait au
pas de course,' et encore n'est-il pas
certain qu'on arrive à temps,. surtout
, si le budget, comme cela paraît pro
bable, doit retourner'à la Chambre des
-députés.
Parmi les orateurs qui doivent pren
dre la parole aujourd'hui se trouve'
M. Ghesnelong.
Hier, ,une élection a eu lieu dans
l'Aube ; il s'agissait de remplacer M.
de Roys, un républicain fort modéré.
Les conservateurs n'avaient pas de
candidat, et seul un opportuniste, M.
Couturat, et un radical, M. Charonnat,
se trouvaient en présence. Le bruit
' courait'que le radical pourrait bien pas
ser à cause du mécontentement géné^
ral qu'ont soulevé dans l'Aube les pro
cédés de M. Jean-Casimir Perier, le
.chef du clan opportuniste. Cela s'est
réalisé en effet : le citoyen Charonnat
. est élu, battant d'environ 7,000 voix
M. Couturat. Aux élection^ d'octobre,
au premier tour de scrutin, les oppor
tunistes avaient sur les radicaux une
avance de 8,000 voix environ, ils n'ont
,pas gagné de terrain.
On trouvera plus loin le texte d'une
lettre de Saint-Pétersbourg que publie
le Nord et qui est fort commentée. La
conclusion de. cette lettre est que la
Russie, dans les circonstances présen
tes, doit -réserver toute sa liberté d'ac
tion, lui fallût-il, en apparence, se
désintéresser même de la question bul
gare.
Nous n'avons pas encore la notifica
tion officielle de la constitution du ca
binet Depretis-Robilant; cela ne va pas
tout seui.
Rome et l'Italie
Depuis quelque temps nous avons
reçu , de Rome diverses lettres où l'on
nous disait : « Quelque chose se prépa
re au sujet du pouvoir temporel. Il ne
s'agit certainement pas de rendre au
Pape ses Etats, ni même Rome : le
gouvernement italien ne le veut, ni ne
le.peut. Mais on cherche un modus
vivendi qui améliorerait 1& situation
du chef de l'Eglise. L'Italie, poussée
par l'Allemagne, comprend qu'elle
doit entrer dans cette voie ; d'autre
part, bon nombre de personnages ec
clésiastiques déclarent tout'haut que
le pouvoir temporel ne" pouvant être
rétabli dans ses conditions anciennes,
il y a lieu de se prêter enfin- à un ar
rangement. »
- Ce n'est pas la première fois que de
tels bruits ont cours, car il y a depuis
longtemps à Rome, du côté des catho
liques comme du côté des spoliateurs,
"un groupe qui veut tout arranger;
c'est le groupe des « transigeants ».
Seulement, jusqu'ici, la transaction
nous a toujours paru devoir aboutir à
l'acceptation, plus ou moins déguisée,
des faits accomplis. Aussi, nous en te
nant aux déclarations pontificales, n'a
vons-nous jamais accordé grande im
portance à ces rumeurs. Dans- les
« transigeants » nous avons surtout vu
des agités, voulant faire figure de per
sonnages. .
En est-il autrement aujourd'hui?
Nous en doutons encore, bien que,
d'après les apparences, on puisse croire
que les chercheurs de transactions
ont M. de Bismarck dans leur jeu, ce
qui serait un gros atout. Aussi,tout en
conservant nos doutes, devons-nous
faire connaître à nos lecteurs, sous
les plus expresses réserves, ce qui se
dit.
Voici d'abord un livre qui pourrait
bien être la source « dû beaucoup de
ceux qui se prétendent bien informés
ont, sans le dire, puisé l'idée de leurs
informations : le Conclave de Léon XIII,
par Raphaël'de Cesare (Simmaco). Ce
Simmaco est un anonyme qui écrivait
à sa manière, dans la Ra$segna_ sur les
choses du Vatican ; maintenant il pré
tend se montrer, mais il garde son
masque, car Raphaël de Cesare est un
pseudonyme.
Son livre, où il y a plus à reprendre
qu'à prendre, a été publié à Rome.et
est écrit à peu près en français. Avant
de parler réellement du Conclave, ce
qu'il fait en anecdotier rationaliste
et,non . en historien, il prétend trai
ter la question du pouvoir temporel
et définir la politique de Léon XIII.
Ce. travail est faible. Le caractère
fondamental du pouvoir temporel
semble ignoré de l'anonyme, et ses
jugements sur la politique du Sou
verain-Pontife manquent de gran
deur et de netteté. En revanche, on y
voit très bien percer le projet et l'es
poir d'un accord entre le Pape et la
royauté italienne. Et si les. patrons de
l'anonyme demandent que l'accord se
fasse sur le terrain de la loi des ga
ranties,on sent bien qu'ils achèteraient
volontiers la paix par quelques conces
sions. .
De là, sans doute, les bruits de
négociation qui nous ont été signalés
et dont nous hésitions à parler ne
pouvant y attacher une grande impor
tance. Une correspondance adressée
au Journal des Débats et une lettre de
Rome que publie le Monde nous font
changer d'avis. Sans croire qu'il y ait
des négociations sérieuses, nous de
vons, au moins, rapporter ce qui se
dit. Voici d'abord la lettre qu'a reçue
le Monde ; il la donne eh ayant soin
d'en laisser « l'entière responsabilité
à son auteur : »
Rome, 16 février.
Le prince de Bismarck, en sollicitant
l'appui du Saint-Siège dans une question
qui, de prime abord, paraît être exclusive
ment politique et intérieure, a rendu sans
doute un éclatant hommage aussi bien à,
l'influence de la Papauté qu'à l'importance
de cet admirable parti catholique du Centre,
seul capable de tenir tête à toute la force
du plus puissant gouvernement. Mais Léon
XIII ne pouvait se laisser induire h une in
tervention de ce genre sans les plus graves
motifs et sans les plus formelles garanties
de résultats :3finr ordre supérieur. Ces ga
ranties, M. de Bismarck a dû les lui don
ner, d'abord quant au rétablissement de la
paix religieuse en Allemagne, de la manière
sérieuse et durable qu'a toujours désirée
Léon XI'II; en second lieu, pour ce qui
concerne la paix de l'Europe, si gravement
menacée au moment de la discussion du
septennat; enfin, relativement à la situation
du Saint-Siège.
Sur ce dernier point, les engagements
pris par l'Allemagne ressortent clairement
dû texte môme- des deux lettres de la ee-
crétairerie d'Etat qui ont été publiées. Je
puis ajouter, d'après plus d'un indice, voire
des informations fondées, que ces engage
ments fixent aussi l'époque où ils seront réa
lisés, comme pourrait le permettre, par
exemple, l'occasion propice du prochain ju
bilé pontifical. Parmi les indices dout je
parle, je me borne à rappeler l'émoi qu'ont
ressenti les organes libéraux d'Italie à la pu
blication des documents de la secrétairerie
d'Etat et l'embarras visible où se trouve le
Quirinal pour reconstituer nn cabinet viable
et pouvant faire front aux événements qui
s'annoncent.
Au reste, il ne faut pas tomber dans
l'exagération contraire et dans un optimisme
qui pourrait aboutir à des déceptions-On
no doit pas s'attendre à une intervention
matérielle de la part de l'Allemagne contre
l'Italie, soit à cause des liens étroits et
presque indissolubles qui unissent bon gré
mal gré le gouvernement du Quirinal à
celui de Berlin, soit aussi, il faut qu'on le
sache, parce qu'il eût répugné aux senti
ments de Léon XIII — plusieurs fois mani
festés — de prendre l'initiative d'un appel
aux armes contre l'Italie. Il s'agit donc d'une
intervention diplomatique, facilitée par le
prestige même de la Papauté, chaque jour
grandissant, et dans le but sinon de résou
dre immédiatement la question romaine, au
moins d'améliorer la situation présente du
Saint-Siège.
, La solution radicale exigerait, en effet, Ja
rétrocession de Rome au Pape. Or, cela ré-
pugne encore tellement à l'Italie officielle
qu'elle se suiciderait plutôt que d'y con
sentir. D'autre part, il n'est pas moins cer
tain que le Pape ne consentira jamais à
consacrer les faits accomplis et que son
Non possumus restera la plus noble, la plus
salutaire expression du droit opprimé par
la force. La question ainsi posée reste donc
insoluble sur le terrain des principes..
Mais on se demande s'il n'y a pas moyen,
en attendant mieux, de rendre moins in
supportable la situation du Pape et de
l'entourer de garanties plus ' sérieuses que
celles dont le caractère unilatéral a t'ait
quelque chose de si vain et illusoire. Cette
question ressemble fort, paraît-il, à celle
de la thèse et de Y hypothèse sur le terrain
des principes catholiques opposés au libé
ralisme. Ainsi, c'est un principe immuable,
que seule l'Eglise catholique, c'est-à-dire la
vraie religion, a le droit d'exister et de se
propager. Néanmoins, dans l'application
pratique, ce principe n'exclut pas la néces
saire tolérance envers les autres cultes, en
vue d'un plus grand bien ou d'un moindre
mal, comme l'a enseigné en propres termes
N. T. S. P. le Pape dans son encyclique
Immort aie Bel.
De même, dans la question romaine, le
droit du Pape à la pleine indépendance
constitue un principe absolu, et la meilleure
garantie de cette indépendance, voire la
seule vraiment satisfaisante et stable, est
sans contredit le pouvoir temporel. Mais,
tout en no cessant point de le réclamer, le
Pape et les catholiques peuvent-ils vouloir
et désirer, comme un moindre mal, que la
situation du Saint-Siège devienne moins
insupportable? Voilà la nouvelle question
qui se pose devant lintervention diplomati
que, espèce d'arbitrage que l'Allemagne —
à défaut, hélas ! de puissances catholiques
— exercerait en faveur du Pape, en retour
de celui qui a été exercé en sa faveur par
l'action pontificale ; ce qui, d'ailleurs, n'em
pêcherait pas lès autres puissances de s'y
associer à leur tour.
Pratiquement, et le principe du droit du
Pape au pouvoir temporel restant sauf, il
pourrait advenir, par exemple, que, sur l'i
nitiative dos puissances et avec le concours
des catholiques, on fit au Pape le don
de la zone libre de territoire allant du Vati
can jusqu'à la mer, par Ostie ou par Civi-
ta-Vecchia, laquelle zone serait achetée en
autant de lots ou propriétés sur lesquelles
le Souverain-Pontife, comme sur un patri
moine à lui, jouirait non-seulement du droit
commun de propriété, mais aussi du droit
d'extra-territorialité. Il pourrait se faire
aussi que le gouvernement italien fût amené
à contribuer à l'achat et à la cession de ce
territoire, comme un commencement de ré
paration, en employant à cet usage les cin
quante millions accumulés depuis qu'une
dotation (inacceptable sous la forme ac
tuelle) a été assignée au Pape par la loi des
garanties.
Bien plus, et toujours à titre de commen
cement d'une réparation due, la dotation
dont il s'agit serait versée pour l'avenir,
comme capital perpétuel (et non plus com
me une rente à mendier) entre les mains
de telle puissance, qui prierait le Pape de
l'accepter et d'en faire l'usage qu'il voudrait.
! Enfin, toute la partie actuelle de la loi des
.garanties qui concerne le respect et les hon
neurs dus à la personne du Souverain-Pon
tife et la liberté de ses rapports avec le
..monde catholique. serait convertie en loi
'internationale, par l'engagement formel du
gouvernement italien de ne plus en permet
tre la discussion, encore moins la violation,
comme cela a eu lieu jusqu'ici. Ces points
fondamentaux seraient sauvegardés à leur
tour par la présence à Rome des ambassa
deurs accrédités près le Saint-Siège, et qui
pourraient même concentrer leurs résiden
ces dans la partie de la .Ville-Eternelle que
l'on a appelée cité Léonine et qui va do la
rive droite du Tibre au Vatican, de telle
sorte que ce territoire jouirait, avec celui
du Vatican jusqu'à la mer, du droit d'oxtra-
territorialité inhérent à la dignité souveraine
du Pape.
. Ce premier arrangement provisoire se
rait destiné de soi à s'améliorer, et par
l'influence grandissante de la Papauté, et
par le droit absolu qu'elle se réserverait de
réclamer, selon les circonstances, ce qui lui
resterait dû. Il ne s'ensuivrait' donc ni une
conciliation hybride avec les spoliateurs,
ni un péril de voir la politique pontificale
soumise aux fluctuations ou aux exigences
de la politique italienne.
D'autre part, les puissances seraient inté-
ressées à améliorer de plus en plus cette
position, en raison des services éminents
que la Papauté, constituée en suprême tri
bunal d'arbitrage pour les différends inter-
nationaux, serait appelée à rendre à la civi
lisation.
Cet arbitrage, compensation providen
tielle de ce qui continuerait de manquer
sous le rapport du pouvoir temporel, ne
serait naturellement imposé à'qui que ce
soit ; mais les puissances, libres d'y recou
rir, en confirmeraient, par cetie liberté
même, l'indépendance, le prestige et les
bienfaits salutaires.
Enfin, pour amener l'Italie officielle à ne
pas se contenter d'une amélioration quel
conque de la situation du Pape, mais à
tendre à une réparation durable et com
plète, le Souverain-Pontife tiendrait en ré
serve un moyen des plus efficaces: celui
d'autoriser un jourlescatholiques d'Italie à
prendre part à la vie politique de leur pays
et à lui infuser ainsi ce qui lui manque en
fait de principes vraiment conservateurs.
Telles sont les lignes générales de l'amé
lioration dont j'ai voulu parler, — trop
lente sans douté au gré de nos désirs, mais
la seule peut-être qu'il soit possible de réa
liser en ce moment. Je ne prétends point af
firmer que le Saint-Siège en ait déjà accep
té le plan ; mais, alors même qu'il se borne
rait à tolérer provisoirement cet expédient
comme un moindre mal, et en gardant sur
ce point, une attitude passive, je puis dire
d'ores et déjà qu'on en parle ouvertement
dans les cercles les plus sérieux comme
d'une éventualité, sinon très probable, au
moins possible, et dont il peut être utile et
opportun de saisir l'opinion publique par le
moyen de la bonne presse.
Il y aurait beaucoup à dire sur
toute cette lettre, mais il sera temps
de le faire si le débat prend de la con
sistance.
Voici maintenant les passages les
plus importants de la note du Journal
des Débats , On nous excusera d'y lais
ser des paroles qui se ressentent du
lieu où elles ont paru; c'est une
pièce que nous donnons, et il faut en
montrer tout le caractère :
Rome, 19 février.
Vous avez vu que la fameuse lettre du
cardinal Jacobini a été fort mal prise par
les libéraux, qui y ont vu un appel très direct
à l'intervention étrangère. Cette colère des
libéraux a fait grand'peur au monde du Va
tican, qui redoute les représailles. On s'ef
force de démontrer, dans les feuilles cléri
cales, qu'il s'agit non d'une interven
tion armée, mais d'une simple intervention
diplomatique. Au fond, c'est bien à peu
près la même chose, puisque l'une conduit
presque fatalement à l'autre; mais l'appa
rence est sauvée.
Ce n'est pas tout. Les projets de concilia
tion ont reparu plus que jamais. On m'a
fait voir un l'actum qui a été distribué seu
lement aux hommes politiques et aux cardi
naux. C'est une simple feuille de très beau
papier, sans nom d'imprimeur, et on m'a
assuré; que cette pièce curieuse sortait des
imprimeries du Vatican.
Le projet d'accord est formulé en quatre
articles : 1° l'Italie cède au Pape, en toute
souveraineté, la cité Léonine et" une bande
de terrain aboutissant à la mer; 2° l'Italie,
en cas de guerre, pourra occuper le do
maine pontifical; 3° le gouvernement italien
donnera à sa politique un caractère plus fa
vorable à la religion ; 4° la subvention ac
cordée au Pape sera doublée et portée à
500,000 fr. par mois.
Go dernier article indique suffisamment
d"où sort le projet, qui est l'œuvre d'un ou
plusieurs prélats. On ne saurait croire à
quel degré le monde moyen ou subalterne
duVatican est préoccupé dos intérêts d'ar
gent.
On a fait paraître aussi une brochure
contenant un dialogue entre Léon XIII et
son successeur présumé, qui serait le cardia
nal San Pelice. Le Pape dit qu'il ne peut
faire lui-même la conciliation avec l'Italie,
mais qu'il prépare le terrain pour son suc
cesseur, qui n'aura qu'à accepter la loi des
garanties. Le Moniteur de Rome, de son
côté, fait comprendre qu'il est très disposé
à faire bon marché du pouvoir temporel.
Nous n'avons pas vu que le Moniteur
de Rome fût « très disposé à faire bon
marché du pouvoir temporel ». Ce
journal montrera lui-même au Journal
des Débats que son correspondant l'a
trompé sur ce point et sur d'autres.
On voit du reste que, sauf le ton et en
dehors de la question d'argent, si mi
sérablement présentée par le corres
pondant des Débats^ il y a de grands
rapports entre la version de cette der
nière feuille et celle dont le Monde a
reçu communication.
Que faut il penser de ces bruits?
Lais-sons le dire au Journal des Débats
lui-même. Après avoir constaté que
le Pape, s'il acceptait cet arrangement,
n'abandonnerait néanmoins aucune
de ses revendications, il dit :
C'est précisément ce qui rendra ces pro
jets — à supposer qu'ils soient sérieuser
'ment discutés — justement suspects à la
grande majorité de la nation italienne, si
ombrageuse et si facilement émue dès que
l'œuvre accomplie en 1870 lui paraiL me
nacée.
En admettant que lo Pape Léon XIII soit
tenté de se mettre sous la protection et en
même temps sous la dépendance d'une
puissance protestante, et qu'il ait la pen
sée de vivre à Rome snr un pied do bon
accord et d'amitié avec un gouvernement
qu'il a toujours traité d'usurpateur ; en ad
mettant qu'il oublie les couvents fermés,
les moines expulsés, leurs biens séculari
sés, les campagnes anticléricales encore
toutes récentes, et qu'il consente à sanc
tionner au moins implicitement des me
sures contre lesquelles il n'a cessé de pro
tester, il rencontrerait dans ses tentatives
de rapprochement l'invincible défiance des
Italiens, les appréhensions du parti libéral,
inquiet de l'influence renaissante des cléri
caux revenant au voté et peut-être aux
affaires.
Il semble qu'un grand changement de
vrait se produire dans l'opinion publique,
en Italie, pour qu'un cabinet pût avoir la
pensée de lui faire accepter la restauration
d'une sorte de ponvoir temporel — n'en se-
raiL-ce môme que l'ombre — et cela sous la
pression d'un gouvernement étranger, se
rait-ce celui de Berlin.
Il fallait parler de ces projets, puisque le
bruit en circule et que les circonstances
peuvent leur donner quelque crédit; mais
il est permis de penser qu'ils ne sont pas
près d'aboutir.
Nous n'ajouterons qu'un mot : la
question du pouvoir temporel ne peut
se résoudre par l'agrandissement de la
prison du Pape. Dans la cité Léonine,
même prolongée par une route, plus
ou moins large, jusqu'à Civita-Vec-
chia, le chef de l'Eglise resterait,
comme au Vatican, le prisonnier de
l'Italie. Ce qu'il revendique, et, par
conséquent ce que nous revendiquons
pour lui, c'est la vraie souveraineté,
gage de sa liberté. Il faut que le Pape
soit libre et qu'il le paraisse.
Notre rôle à nous, simples fidèles, est
-n <5© pas de chercher une transaction ou
.d'appuyer des projets en l'air dont
Léon XIII seul peut être juge, mais
de demander que tout ce qui a été
pris au Saint-Siège lui soit rendu.
Eugène Veuillot.
Le Figaro publie la note suivante,
que nous'reproduisons sous toutes ré
serves :
L'ambassadeur de France auprès du Va
tican, .M. Lefebvre de Béhaine, a, au nom
de son gouvernement, porté au Saint-Pèra
des assurances pacifiques sur la question
religieuse, et a, en même temps, exprima
la satisfaction que la lettre du cardinal Ja
cobini avait causée en France, parce qu'on
y avait vu une assurance de paix.
Notre représentant près du Saint-Siège a,
de plus, offert à Sa Sainteté, de la part de
M. Jul&s Grévy, un jpagnifique vase de
Sèvres et une plume d'or.
Mgr Galimberti et Mgr Moceni ont reçu
le grand cordon de la Légion d'honneur.
Le rapprochement entre la France et la
Vatican est d'une importance considérable.
M. Lefebvre de Béhaine se rendra pro
bablement aujourd'hui même au Vatican,
Léon XIII lui ayant fait exprimer le désir-
de lui parler immédiatement.
L'ambassade de France avait déjà reçu
antérieurement communication de la décla
ration adressée au nonce de Munich et
avait eu l'assurance que : cette déclaration
était faite dans l'intérêt de la France, parce
que des dépêches confidentielles de Berlin
avaient convaincu le pape que M. de Bis
marck ne veut le septennat que pour empê
cher l'Allemagne d'être attaquée.
Une troisième lettre explicative a été en
voyée au nonce de Munich, expliquant quo
l'intérêt général de l'Eglise tout autant que
l'intérêt particulier du Pape est lié au vote
du septennat.
Cette lettre a dû être communiquée aux
évêques et aux chefs du Centre.
S. Exc. Mgr di Rende, nonce apos
tolique, est arrivé ce matin à sept
heures, venant de Rome, où il avait été
appelé par le Saint-Père, qui désirait
entretenir son représentant avant son
retour à Paris. Mgr Averardi,auditeur,
et Mgr Vico, secrétaire de la noncia
ture, attendaient Son Excellence à la
gare de Lyon.
Mgr le nonce apostolique est tou
jours sous l'impression du coup terri
ble qui l'a frappé en enlevant à son
affection sa vénérée mère-. Mais sa
grande foi le soutient, avec le souvenir
des sentiments admirables dont Mme la
marquise di Rende a fait preuve jus
qu'à son dernier moment.
Nous recevons de Rome la dépêche
suivante :
Rome, 20 février, midi 50 m.
A l'occasion du neuvième anniversaire
de son élection au Souverain-Pontificat, le
Pape a reçu aujourd'hui les hommages et
félicitations des cardinaux, des prélats et
des divers personnages de la cour.
Le Saint-Père a tenu ensuite une réunion
intime dans sa bibliothèque privée. On y
remarquait la présence des cardinaux Tas-
chereau et Gilbons, archevêques de Québec
et de Baltimore, Mgr Azarian, patriarche
arménien, les évêques de Saint-Brieuc, de
Clermont et de Blois.
Les processions
La chambre criminelle de la cour
de cassation, présidée par M. Loew,
a rendu, samedi, un étrange arrêt,que
la Gazette des Tribunaux résume com
me il suit :
CULTE. — HEP0S0IR.— ARRÊTÉ MUNICIPAL.
REJET.
Un arrêté municipal portant :
« Les processions et toutes autres mani
festations extérieures du culte, à l'excep
tion des enterrements, sont ^rmellement
interdites dans la commune de »
a pu valablement être pris par le maire,
en vertu des pouvoirs qu'il tenait autrefois
des lois de 1790, et que lui continue la loi
du 5 avril 1884 sur l'organisation munici
pale, en vue des mesures à prendre pour la
sûreté générale.
Le fait d'avoir installé sous le porche ou-
FEUILLETON DE L 'UNIVERS
BU 22 FÉVRIER 1887
CAUSERIES LITTÉRAIRES
Un héros de la première République (1)
" • ■■■ I'
M. Albert Duruy est un esprit distingué,
un écrivain de talent, un historien sincère.
Son ouvrage sur l'Instruction publique pen
dant la Révolution (2) et son récent volume
sur Y Instruction -publique et la dûmocralie{3),
sont deux bons livres, qni ne se lisent ni
sans agrément ni sans profit. L'Académie
française a donc été bien inspirée lors
qu'elle lui a décerné, en 1882, l'une de ses
principales récompenses. J'imagine pour
tant que cette'médaille, dont les éloges de
M. Camille Doucet relevaient encore le
prix, n'a pas dû faire autant de plaisir à
M. Duruy que la médaillé militaire reçue
par lui sur le champ de bataille des mains
(1) Hoche et Marceau, par M. Albert Duruy ;
Hachette et C°, éditeurs. Bibliothèque des écoles
et des familles. — Le brigadier Muscar, histoire
des guerres de la Révolution, par le môme. ( Revue
des Deux-Mondes, 15 novembre 1885).
(2) Un volume in-8°. 1882.
. (3) Revue des Deux-Mondes, 1886.
de son colonel. Il n'est „pas de ceux, en
effet, qui, en 1870, ont cherché un refuge
dans les bureaux, à l'exemple de M. Paul
Bert et de tant d'autres, devenus des fou
dres de guerre — une fois la guerre
terminée. Engagé volontaire, dès le dé
but da la campagne, dans le 3' régi
ment de tirailleurs algériens, il a pris
part aux combats de Reichsoffen et de
Gravelotte, a été blessé à Sedan, em
mené en Allemagne et interné à Mavence.
Gomme il est de ceux qui savent que le
bruit ne fait pas de bien, il n'a eu garde,
depuis cotte époque, de s'enrôler dans les
rangs do la Ligue des Patriotes ; on ne l'a vu
figurer dans aucune société de gymnasti
que, et il me semble qu'il n'a point pour
coutume de parader dans les banquets où
l'on porte des toasts à M. le général Bou
langer. Il n'oublie point pour cela qu'il a été
soldat, au contraire, et de temps en temps
il publie des biographies militaires, desti
nées surtout à la jeunesse, et qui respirent
le plus noble, le plus généreux patriotisme.
C'est ainsi qu'il nous a déjà donné Hoche,
Marceau et le Rrigadier Muscar. D'un style
net, clair, alerte, ces biographies sont d'un
homme qui s'est assis aa bivouac èt qui a
porté le chassepot. « Mon pauvre Horace,
disait un jour le .vieux David à M. Horace
Vernet, tu fais des épaulettes parce que tu
ne sais pas faire des épaules. » Je crois
bien qu 'en effet Horace Vernet n 'aurait pas
été capable de dessiner lo Romulus et le
Tatius du tableau des Sabines ; mais il a
peint au naturel, sans poses théâtrales, avec
leur véritable physionomie et leurs vrais
uniformes, les grognards de 1810 et nos
Africains de 1840. De môme, M. Albert
Duruy, dans ses petites toiles, a fait revi
vre, avec un sentiment très vif de la réalité,
sans solennité, sans phrases, les soldats de
la Révolution. Il m'a paru que ces intéres
sants et ' modestes volumes méritaient de
ne point passer inaperçus. .Je voudrais
en dire un mot aujourd'hui, signaler leurs
mérites, et, en même temps, prémunir
leur auteur contre un écueil dont il ne se
défie peut-être pas assez.
II
Que M. Aibert Duruy ait choisi pour hé
ros de ses trois premières biographies trois
soldats de la république, rien de mieux ;
c'est là, de sa part, un acte do bon goût,
puisque, lui-môme n'est rien moins que ré
publicain, ainsi que mes lecteurs doivent
déjà s'en douter, puisque je leur ai dit tout
à l'heure qu'il s'était engagé lors de la
guerre de 1870 et s'était vaillamment
battu. Seulemeut, il eût été bon qu'il pré'
vînt les jeunes gens auxquels s'adressent
ses petits livres que l'héroïsme de nos ar
mées, de 1702 à 1800, doit être porté non
à l'actif de la république, mais à l'actif de
la France. Si la république a pu vaincre,
elle l'a dû d'abord àcette armée de 271,000
hommes que la monarchie, en tombant, lui
avait laissée,et qui était si peu républicaine
qu'elle protesta, presque tout entière, au
lendemain du 10 août, contre le renverse
ment de la royauté ; elle l'a dû, en second
lieu, à ces nouvelles recrues volontaires ou
jeunes hommes de la levée en masse, dont
plusieurs étaient do misérables bandits (et
ceux-là, sans exception, étaient tous répu
blicains), mais dont, les autres, et en grand
nombre, étaient d'honnêtes gens, de bons
citoyens, devenus bien vite de bons sol
dats (et de ceux-là beaucoup étaient roya
listes : ils cherchaient sous les drapeaux,
ainsi .que nous l'apprend Lacretelle dans
ses Souvenirs, un refuge contre les sicaires
et les assassins de la Terreur). Ce qu'il eût
fallu dire encore, c'est que le gouvernement
de la république, bien loin qu'il .puisse ré
clamer pour lui l'honneur de nos victoires,
avait tout fait pour démoraliser l'armée et
pour l'avilir. Ici, les faits, les textes, les
preuves irréfragables abondent ; on en rem
plirait des volumes.
Les ordres, les nominations, les exem
ples, tout partait dos bureaux de la guerre.
Voici lo tableau que nous en a laissé un
témoin oculaire ; il se rapporte à la fin de
1792 et aux premiers mois de 1793 : « L'hô
tel de la guerre était devenu une caverne
indécente, où quatre cents commis, parmi
lesquels plusieurs femmes, affectant la toi--
lette la plus sale et le cynisme le plus im
pudent, n'expédiaient rien, et volaient sur
toutes les parties... On n'y travaillait qu'en
bonnet rouge, on y tutoyait tout le monde,
même le ministre, qui, affectant l'extérieur
le plus négligé, faisait sa cour à la canaille
de Paris en s'assimilant à elle. On voyait
le même tableau dégoûtant dans les bu
reaux de la marine, d'où l'on avait chassé
tous les honnêtes gens et les commis ins
truits pour les remplacer par des jacobins
ignorants et furieux qui, au travers de cette
grossièreté iroquoise, ont fait de grandes
fortunes... Pache (le ministre de la guerre),
homme d'esprit, très malhonnête homme,
très ignorant, et aveuglément livré au parti
des jacobins... s'était associé un jacobin
ridicule par sa rusticité autant que par sa
coquinorie, nommé Hassenfratz, sobriquot
qu'il s'était donné pour déguiser le nom de
Lelièvre, sous lequel il avait été ignomi
nieusement connu, et un nommé Audouin,
vicaire de Saint-Eustache, qui a épousé la
fille du ministre. On chassa tout ce qui res
tait des anciens bureaux de la guerre, qu'on
remplit de ceux qui s'étaient distingués dans
les massacres des six premiers jours de
Septembre (4) ».
Les fouilles les plus immondes étaient
distribuées aux soldats, par les soins du mi
nistère de la guerre et par les ordres.du
comité de Salut public. Le Père Duchêne
d'Hébert, le Journal delà Montagne, le Jour
nal des hommes libres, le Journal universel,
recevaient à cet effet de larges subventions;
en cinq mois, le citoyen Hébert, l'éditeur
du Père Duchêne, ne toucha pas moins de
205,000 livres sur les fonds de la trésore
rie pour envois de son journal aux armées.
Il prêchait l'insubordination, le mépris et la
haine des chefs, et c'était justement pour
cela qu'on tenait à le faire lire aux soldats.
« Le but de ces envois, écrit à Robespierre
le ministre de la guerre Bouchotte, était
d'empêcher les soldats de s'engouer de leurs
généraux (5). » •
De telles leçons, une si odieuse propa
gande ne pouvaient manquer de produire
leurs fruits. Dans un grand nombre de ré-
(4) Mémoires du général Dumouriez, t. III, p.
286,309,355.
(5) Papiers trouvés chez Robespierre, n° XXVI.
giments.le brigandage et la débauche étaient
à l'ordre du jour. « Il y a à la suite des ba
taillons, écrit au comité de Salut public un
commissaire près l'armée de l'Ouest, une
fourmilière de femmes qui corrompent ou
amollissent le soldat, le portent au pillage
et désorganisent l'armée (6). » Garnot écrit
de son côté, de l'armée du Nord: « Un
fléau terrible détruit nos armées. C'est le.
troupeau de femmes et de filles qui sont à
leur suite. Il faut compter qu'il y en a au
tant que de soldats. Les casernes et les
cantonnements en sont engorgés, et la dis
solution des mœurs y. est à son comble.
Elles énervent les troupes et détruisent,
par les maladies qu'elles - y apportent, dix
fois plus de monde que l'ennemi. A Douai,
où nous avons vu dans un temps la garni
son réduite à 350 hommes, il y avait près
de 3,000 femmes dans les casernes (7), »
Les généraux étaient souvent aussi cra
puleux que les soldats; tout leur était par
donné, du moment qu'ils étaient de vrais
sans culotte. Un misérable comme Lé-
chelle, un voleur comme Ronsin, devenait
de soldat, général en chef en quelques
mois ; par contre, le talent était souvent un
motif de suspicion. Le ministre de la guerre
Bouchotte écrivait au général Ilouchard :
« Les renseignements qui ont été donnés
sur l'adjudant-général Jarry ne permetten
pas de l'employer. Songez que la machine
ira beaucoup mieux avec de véritables
sans-culottes qu'avec ces prétendus homme
à talent, qui, ayant sans cesse la république
(6) Correspondance inédite du Comité de salu
public, 1.1. p. 427. ,
,{7) Ibid. t. II, p. 10. '
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