Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1886-01-13
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 janvier 1886 13 janvier 1886
Description : 1886/01/13 (Numéro 6612). 1886/01/13 (Numéro 6612).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi 13 Janvier 1886
N° 6612. — Edition quotidienne-
Mercredi 13 Janvier 1886
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PARIS
Six mois.; i . b o « . »
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Un Numéro, à Paris.
— Départements.
BUREAUX
Paris, 10, Rue des Saints-Pères
4M ■'abonne, à B*me, place dn dertt S
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Six mois, » o o 0 9 o ,o *» o o d • e 0 o « S8 RQ
T?ôlê JQQOiS •Dfl^ep»e«oo^a&ooQ i ^
Édition semi-quotidienne
Un an, 30 fr. — Six mois, 15 fr. — Trois mois, 8 tr. 60
L'UNIVERS ae.répond pas des manuscrits qui lui sont adressât
ANNONCES
MM. Gk. LAâRAN3E, CERF et ff% 6, plaça dt 1» Boorst
Ceux de nos souscripteurs.'dont l'ahon-;
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chaque mois.
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doit être accompagnée d'une des dernières
bandes et de 50 centimes en timbres-
poste. .<■■■•
FRANGE
PARIS, iâ JANVIER 1886
Que vont faire les Chambres ? Déjà
le bruit court que le gouvernement va
leur demander de" s'ajourner du 14 au
28 janvier, sous prétexte que, le budget
n'étant pas prêt, ' elles n'ont rien à
faire. Les journaux radicaux se récrient
à l'avançe jconlre cette demande; ils
rappellent que les Chambres sont sai
sies de lois importantes et de graves
questions pour lesquelles il serait au
moins utile, sinon urgent, d'avoir
enfin une solution. Certainement leurs
observations sont fondées; mais ils
oublient que, pour que le nouveau mi
nistère fasse longue durée, il est né
cessaire que la majorité écarte toutes les
questions qui divisent les républicains,
c'est-à-dire en fait toutes les questions
importantes. M. de Freycinet le com
prend fort bien, et c'est pour cela sans
doute qu'il voudrait que les Chambres
s'ajournent jusquà ce qu'on puisse les
occuper du budget.
Il y a trois jours, des indiscrétions
officieuses indiquaient déjà le sens de
la déclaration du ministère; mainte
nant les journaux officieux se mon
trent beaucoup plus réservés. Il de
vait y avoir conseil de cabinet diman
che pour préparer la déclaration, et
conseil des ministres lundi pour l'ac
cepter ; or, nous sommes au mardi, et
rien n'est fait. Ce n'est même qu'au
jourd'hui que les ministres s'occupe
ront de leur fameuse déclaration, dont,
à croire certains optimistes, le fond
était comme arrêté d'avance entre les
membres si unis du cabinet formé par
M. de Freycinet. ,
Certainement, il n'y a pas encore
de retard, puisque les deux Chambres
ne doivent entendre qu'après-demain
la lecture du programme ministériel ;
mais on n'en conclura pas moins de
ces ajournements et du silence des offi
cieux que l'accord ne sejait pas faci
lement dans le ministère, fidèle image, •
du reste, de la majorité républicaine.
Décidément, M. Henri Brisson n'est
pas candidat à la présidence de la
Chambre des députés; il ne.retrouvera
pas immédiatement cette grasse siné
cure, qu'il doit vivement regretter et
pour laquelle il ne peut espérer aucu
ne compensation. La majorité républi
caine a résolu de réélire le bureau ; on
remplacera seulement le vice-président
Develle, devenu ministre. Il paraît que
le candidat des opportunistes, auxquels
appartient le choix, est M. Casimir-Pe-
rier, l'ex-sous-secrétaire d'Etat civil à
la guerre ; il est bien jeune, mais il
rachète sa jeunesse par tant d'outre
cuidance 1 Cependant quelques répu
blicains mécontents songeraient à por
ter le normalien et académicien Mé-
zières.
Au Sénat, l'élection du bureau n'aura
lieu que jeudi ; il paraît qu'un article
du. règlement de cette assemblée ne
permet pas de faire l'élection à la
séance, de rentrée.
Nous pourrions presque reprendre
les innombrables adjectifs de Mme de
Sévigné annonçant à sa fille l'incroya
ble nouvelle au mariage de Lauzun
avec la grande Mademoiselle. On an
nonce que M. de Freycinet a choisi son
« résident général » pour le Tonkin et
l'Annam, et l'heureux élu serait....
M. Paul Bert. Quoique tout arrive en
république, la nouvelle nous semble
tellement invraisemblable que nous
aurions hésité à la donner si elle n'é
tait publiée par plusieurs journaux
en position d'etre bien informée.
M. Paul Bert résident général en
Annam et au Tonkin ? Est-ce que M.
de Freycinet voudrait préparer l'éva
cuation en augmentant les difficultés
de l'occupation ?
On annonce le prochain retour én
France du général de Courcy. Ce re
tour, en effet, s'impose : le général de
Courcy, alors même que le nouveau
ministère ne songerait pas à le rappe
ler, ne pourrait rester au Tonkin avec
une situation diminuée au point de vue
des troupes comme au point de vue de
l 'autorité. Un commandant en chef
n'accepte pas le commandement d'une
division sous l'autorité d'un résident
'général civil, surtout lorsque ledit ré
sident s'appelle Paul Bert. Un danger
urgent pourrait seul le faire rester,
mais alors le résident général civil
trouverait moyen de ne pas se rendre
au Tonkin. Sa grandeur l'attacherait
au rivage de France.
lia mouvement républicain fefy
produit, à. Car thagjèn&j le gouverneur
militaire, le général Fajardo,. a été
grièvement blessé,* les insurgés s'é
taient emparés par surprise du fort
San Julian, où ils n'ont pu se mainte
nir. On trouvera plus loin les détails
un peu confus que donne ,l 'Agence
Bavas, ■
N'y a-t-il là qu'un mouvement isolé ?
Est-ce le commencement d'une série
de pronunciamientos?En Espagne, sou
vent des révolutions ont commencé
par des mouvements qui paraissaient
des actes de folie.
Une note de là Gazette de l'Allemagne
du Nord dit que, les négociations au
sujet des Carolines étant arrêtées à
cause de la suspension des Cortès et le
règlement de la question ajourné,
probablement on ajournera également
la publication des renseignements re
latifs à ces négociations. N'y a-t-il pas
dans cette note de la feuille officieuse
allemande un blâme discret de3 indis
crétions faites à Madrid ?
■ En attendant la "solution de l'af
faire des Carolines, M. de Bismarck
poursuit sa politique coloniale; des
dépêches que nous publions annon
cent qu'un détachement de marins -al
lemands a débarqué à Samoa et y a
arboré le drapeau allemand. Les con-
suis anglais et américain, ont pro
testé, d'autant que, par une conven-.
tion remontant seulement à quelques
années, l'Allemagne, l'Angleterre et
les Etats-Unis se sont engagés à ne
pas occuper ces îles.
La lutte continue en Danemark en
tre le gouvernement royal et le Fol-
kething. Le président de cette assem
blée avait été condamné à six mois de
prison pour un acte de violence contre
un commissaire de police; la cour
suprême à confirmé le jugement.
Mais sera-t-il mis à exécution ?
Le premier septennat de M. Grévy
Le septennat présidentiel de M. Grévy
(Judith-Jules) a donc été renouvelé.
Les sénateurs et les députés, réunis en
Congrès, ont réélu pour sept ans le
premier magistrat de la République,
ce qui donne amplement à l'éco
nome vieillard le moyen d'augmen
ter le nombre de ses locataires et
l'honnête aisance des enfants Wilson.
C'est le moment de voir ce qu'a été son
premier septennat.
Que l'on compare donc avec l'état
actuel de la France sa situation au
moment où, il y a sept ans, une
Chambre de haine appela M. Jules
Grévy à remplacer le maréchal, qui
s'était soumis, puis démis. La France
était occupée à cicatriser tout doucement
ses plaies; elle ne se ressentait pas
trop de la saignée des cinq milliards,
et toutes les institutions dont l'en
semble assure là marche régulière
d'un peuple étaient intactes, n'eût
été le nom de la république que l'on
venait d'inscrire en tête de la Cons
titution-. La liberté de l'enseignement
venait de s'élargir par la loi sur l'en
seignement Supérieur, la magistrature
n'était point entamée, l'armée conser
vait son prestige; l'administration, déjà
quelque peu mêlée, avait encore de
1 honorabilité et un certain décorum ;
les rapports de l'Eglise avec l'Etat,
grâce au Concordat, étaient réguliers ;
le citoyen jouissait des libertés essen
tielles.
Aujourd'hui, pas une de ces institu
tions qui n'ait reçu de blessures gra
ves, mortelles peut-être pour plu
sieurs. La France est en train de se
ruiner, et au milieu de l'appauvrisse
ment général, le soliveau de l'Elysée,
et avec, lui les. hommes qui, sous sa
bienveillante égide, ont manipulé les
portefeuilles et tripoté les affaires, ont
très bien su faire fortune.
La propriété privée et la liberté per
sonnelle du citoyen ont été dédaigneu
sement foulées aux pieds lors du bru
tal et honteux coup, de force qui a
privé du droit de domicile en commun
toute une classe de citoyens, leur en
levant du même coup leur liberté in
dividuelle, mettant l'interdit sur leurs
propriétés privées, dont on leur défend
l'entrée à l'aide de la gendarmerie,
comme àSolesmes. Et le légiste Grévy
a laissé carte blanche aux Mandrins
qui appelaient exécution des lois exis
tantes le concours qu'ils sollicitaient
des serruriers, des charpentiers, des
maçons et même de la force armée
régulière, comme à Frigolet, pour
escalader des murs, briser des portes
et des fenêtres, et chasser de chez eux,
pour les jeter sur la voie publique, des
citoyens français auxquels on ne pou
vait reprocher que de servir Dieu en
commun.
Après cela, c'est la liberté d'ensei
gnement, c'est le droit naturel des fa
milles à l'éducation dé leurs enfants,
qui ont reçu les. plu? violentes attein
tes. L'enseignement supérieur a reçu
les premiers coups, et puis sont ve
nues les lois maudites et scélérates qui
livrent l'enfance comme une bête à
des dresseurs gâns. Dieu, .violentent les
consciences et. saignent la bourse des
familles chrétiennes, lesquelles sont for
cées de- payer l'enseignement athée
donné au nom de l'Etat, et puis de se
payer le-luxe nécessaire d'un enseigne
ment privé et religieux, • si elles veu
lent soustraire l'âme - de lejirs en
fants au phylloxéra dé l'athéisme. Et
la mairi du président Grévy a si^né
sans trembler la prpmvl^ation de ces
lois, qui sont une déclaration de guerre
à Dieu.
L'armée, qui était en train de se re
lever de défaites qui toutes n'avaient
pas été sans gloire, est désorganisée
par les politiciens, qui la redoutent,
et on veut la remplacer parles batail
lons scolaires, la garde civique, et, aux
heures du danger, par la levée en masse
conformément à la légende, ' aujour
d'hui ridicule, de 92; il est un fait que,
sous prétexte de faire des soldats de
tout le monde, et surtout des sémina
ristes, on finira par n'en faire de per
sonne. Quand on va se faire battre en
Chine par petits paquets, on se de
mande si, en face d'une menace de
guerre en Europe, et surtout à la vue
d'un casque prussien, on aurait une
autre alternative que celle de se sou
mettre ou de se démettre, et peut-être
subirait-on les deux à la fois. Et alors !
alors ce serait de nouveaux .lambeaux
arrachés au sol dé la patrie ; ce serait
une nouvelle saignée faite à la bourse
épuisée. Or, qui a présidé à cette dé
composition de ce grand ,élément d'or
dre qu'on appelle l'armée? M. Grévy
(Judith-Jules). .
Depuis la Restauration, et grâce à
elle, la magistrature avait traversé à
peu près intacte nos diverses révolu
tions ; 1830, 1848, .1852, et même
1870, n'avaient pas porté de sérieuses
atteintes à l'indépendance, à la di
gnité que la magistrature assise tirait
de son inamovibilité. Aujourd'hui
qu'est-elle devenue? La république
avait besoin d'une justice républi
caine, et une loi a livré la magistra
ture à l'erbitraire d'un ministre de
passage. On a expulsé du prétoire les
hommes qui voulaient se borner à
rendre des arrêts et non pas des ser
vices, et on les a remplacés par les
cancres des écoles de droit, par des
hommes dont on attend qu'ils ser
vent les passions républicaines. Tous
les jeunes stagiaires qui se respec
tent se réfugient dans le barreau.
Qui a sanctionné cette loi désorgani-
satrice de la justice ? M. Grévy, le ju
risconsulte.
Le mariage civil avait déjà blessé la
dignité et compromis ]a solidité de la
famille, en tendant à enlever au ma
riage son caractère sacré. Mais les
mœurs avaient eu généralement rai
son de ce vice, et les fiancés qui se
contentaient de la lecture de quelques
articles du code, faite par un homme
sanglé de l'écharpe tricolore, étaient
rares. Or, la |loi jqui |vient |de faire du
mariage un contrat temporaire com
me le contrat de louage jette dans la
famille tous les éléments de désordre
et de désorganisation. C'est la femme
avilie, ce sont les enfants dispersés,
c'est la dissolution de la famille, cette
base première de la société. Qui a si
gné la promulgation de cette loi anti
sociale du divorce ? Toujours le prési
dent Grévy (Judith-Jules).
Et l'administration, où en est-elle
sous le régime présidentiel du sire de
Mont-sous-Vaudrey? Elle est ouverte à
tous les déclassés, à tous les cancres
des écoles, à tous les blackboulés du bac
calauréat ; si on collectionnait tous les
préfets, sous-préfets, ministres, gardes
champêtres et autres agents de tout
calibre, . jusqu'à Cazot et ses copains
exclusivement, on ferait une jolie mo
saïque. Du bas en haut de l'échelle,
deux titres constituent des droits à
toutes les fonctions : d'abord d'être
républicain, puis d'être athée, et
d'être athée non-seulement dans sa
personne, mais dans sa famille. Il n'y
a de la liberté de conscience ni pour
la femme ni pour les enfants, ni mê
me pour les parents du fonctionnaire
rivé au budget. Malheur à lui s'il pé
nètre dans une église pour autre chose
que pour faire l'inventaire du mobi
lier, et malheur à lui s'il ne se con
tente pas pour son enfant de l'école
athée I C'est la mort, et la mort sans
phrase. Eh bien, cette armée d'élite de
la franc-maçonnerie, elle s'est consti
tuée sous le regard bienveillant et pré
sidentiel de M. Grévy (Judith-Jules).
Mais l'institution qui a reçu les at
teintes les plus graves, parce qu'on la
regarde comme incompatible avec
l'existence même de la république,
c'est la religion, c'est l'Eglise, c'est
Dieu. On' veut positivement chasser
Dieu de la société par-tous les moyens.
Plus d'Eglise, plus de religion, plus de \
Dieu: c'est la devise de la république
présidée par M. Grévy. Depuis 1801,
une convention passée entre le Saint-
Siège et la république du temps ré
glait les rapports entre- l'Eglise et l'E
tat,et fixait le droit à l'indemnité, pour
le dédommagement de la prise de
possession des biens de l'Eglise, Le
Concordat est le point de mire de tou
tes les attaques, on veut le déchirer
pour opprimer plus facilement l'Eglise,
et surtout pour la voler. Et, en atten
dant, on s'essaye par . des vols de dé
tails, et le vol administrativement pra
tiqué prend droit de bourgeoisie en
France. 0n aura violé le droit de' pro
priété dan3 son titre le plus saeré, on
aura réduit le prêtre, à la mendicité!
et peut-être proscrit tout culte public :
c'est là ce qui importe. Or, qui pré
side depuis plus de sept ans à tou
tes ces'iniquités? qui sacrifie aux
passions haineuses de la république
tant de millions de consciences? qui
consent à tout, accepte, tout, signe
tout? Toujours M. Grévy (Judith-
Jules).
Et pourtant, l ? pn a dit et l'on a y?i des
conservateurs tenir eux-mêmes ce lan
gage, (ju'il n'y avait rien de mieu*
que ; .4®ïVs]gaer un nouveau" 4 pour
conférer à cet homme néfaste la. pre
mière magistrature de la république!
Autant dire qu'on ne voit rien de mieux
que la fin de la France. C'est ce qu'ont
compris, au vote, tous les membres de
la droite, et c'est ce qui fait qu'il n'y
a eu que les seuls républicains pour
renommer l'homme qui est entré dans
la vie publique en renversant des croix,
et qui, peut-être par un juste et terri
ble jugement de Dieu, n'en sortira
qu'après avoir fermé les. églises.
Si étrange que puisse paraître la
nouvelle, on parle de l'envoi au Ton
kin de M. Paul Bert, qui en devien
drait le « protecteur » civil pour le
compte du gouvernement. Nous ne
rions pas, et il semble que déjà M.
Paul Bert se prépare à ses graves
fonctions, car il publie aujourd'hui
dans le Voltaire une étude dont lès
derniers paragraphes trahissent à cet
endroit quelque préoccupation.
Toutefois, cet ennemi du clergé, qui
reproche si souvent à ses adversaires,
spécialement aux jésuites, ce . qu'il
nomme-la tortuosité de leurs voies,
lui-iftêtne ne-va pas très droit au but.
Son point de départ, pour cette fois,
est Monaco. Il raconte à son tour l'his
toire que colportent depuis plusieurs
jours des journaux mal informés sur le
décret d'expulsion qu'aurait pris le
prince de Monaoo contre les jésuites;
puis, en vertu de l'association des idées,
il en vient à ses anciens discours con
tre ces dignes religieux, ce qui l'amène
à rééditer sur le Compendium du P.
Gury la quintessence des insanités dont
le Irop fameux vivisecteur avait jadis
parsemé tous ses discours et rap
ports contre les congrégations.
Cela fait, M. Paul Bert se reprend
encore au libelle, sur le faux exposé
duquel fut rendu le fameux arrêt du
Parlement de 1764, expulsant les jé
suites; puis, à propos d'un des soi-
disant griefs abondamment dévelop
pés .dans ledit Extrait des assenions
dangereuses et pernicieuses en tout genre,
à savoir celui d'« idolâtrie chinoise et
malabare », M. Paul Bert, refaisant à
sa façon l'histoire de la question des
rites chinois, n'hésite pas à conclure
qu'en Chine et chez les Indous, les jé
suites,sacrifièrent alors résolument la
foi catholique pour se faire accepter
par les populations de ces pays.
C'est à l'aide de ce travestissement
de faits, qui eurent d'ailleurs, on ne
l'ignore pas, leur caractère de gravité,
que M. Paul Bert, touchant enfin son
but après tant de circuits, en vient à
dire :
Il y a 16, ce me semble, un enseigne-
• ment dont la politique de nos jours doit
profiter. Si les jésuites n'ont pas hésité à
faire plier l'immuable religion catholique
aux nécessités des temps, des lieux, des
races, des coutumes, ceux qui seront char
gés d'administrer no3 nouvelles posses
sions d'Indo-Chin.e devront s'inspirer de
cette souplesse. On peut changer la mai
son, mais à condition de conserver la fa
çade.
Ainsi avaient fait ces maîtres politiciens.
Etjetrouve assez piquant de leur rendre
moi-môme un hommage sincère,et d'appeler
sur leur méthode prudente l'attention de
ceux qui seront chargés de porter là-bas
non la religion, mais la science et la justice
de l'Occident.Paul Bert.
La conclusion ne manque pas d'au
dace, si l'hommage aux jésuites a du
piquant. M. Paul Bert, qui a la mémoire
courte, oublie que MM. Sivel et Crocé-
Spinelli sont morts victimes de sa
« science occidentale » ; et quant à la jus
tice, on sait aussi bien que nul ne fut
plus acharné à contester aux expulsés
le droit sacré de recourir aux tribu
naux ordinaires. Dans toutes les con
cessions que M. Paul Bert prête aux
jésuites exerçant leur ministère chez
les Chinois, M. Paul Bert serait sans
doute fort empêché d'en trouver une
qui, de près ou de loin, ressemblât à
ces iniquités.
Aussi espérons-nous que la nouvelle
donnée par les journaux n'est qu'une
moquerie, et qu'on n'usera pas des ser
vices de M. Paul Bert en Indo-Chine.
Si le Tonkin, comme nous le souhai
tons, devient une terre française, à
coup sûr ce ne sera pas grâce à la
science ou à la justice entendues selon
le mode du vivisecteur. Ses agisse
ments ont déchaîné la guerre en France;
croit-on qu'ils soient propres à paci
fier le Tonkin? -
. A uguste R oussel.
Le Siècle , dans son numéro du 10
jany ier fait une charge à fond contre
notre situation économique ; il se
plaint amèrement et même avec iro
nie que notre colonisation ne marche
pas, que notre commerce et nos capi
taux ne "se montrent pas à l'étran
ger, tandis que le commerce et les ca
pitaux anglais et allemands envahis
sent toutes les parties du monde. Il de
mande que nos capitalistes se remuent
et soutiennent la concurrence.
Si, dit-il en terminant, la France devait
subir un Sedan économique, si nous de
vions être écrasés par l'Allemagne sup le
terrain de la production et de l'échange,
c'en serait bien, fini de nous, et cette fois ce
n'est plus notre diplomate ou nos ministres
qui seraient responsables, mais nos finan
ciers, nos négociants et nos industriels. A
eux d'aviser à leur devoir.
On ne saurait constater d'une façon
plus" claire l'incompatibilité de ngtrg
régime éeonomi^ue ' aveç les intérêts
de ragriculture, de l'industrie, et du
commerce. Le Siècle n'a pas l'air de
-comprendre, le phénomène qu'il si
gnale. Il feint d'ignorer que les mêmes
lois ne règlent pas la propriété com
merciale. en France et à Londres ou à
Berlin. Les commerçants étrangers
disposent de leur fortune, règlent leurs
affaires de famille en toute liberté.
Leur initiative est entière et l'avenir
leur appartient. Le négociant français
ne dispose pas de l'avenir ; la loi le
soumet à un système de liquidation
forcée, qui lui rend impossible toute
entreprise à long terme. Il est désarmé
par la loi de son pays et ne se présente
pas dans une lutte où il faut être armé
de toutes pièces pour avoir quelque
chance de succès.
On sait que, par bénéfice d'âge, M.
Iiolb-Bernard devait présider aujour
d'hui la séance du Sénat.
Empêché au dernier moment parla
maladie, M. Kolb-Bernard nous fait
communiquer le texte du discours
qu'en état de santé eût voulu pronon
cer le vénérable sénateur.
Après un éloge aux braves soldats,
qui sont morts ou qui luttent ail loin
pour la France, après l'expression des
regrets à l'adresse des sénateurs de la
droite morts ou non réélus, après
avoir éloquemment revendiqué les
droits de la vérité intégrale centre la
négation intégrale et flétri • toutes les
entreprises de la Révolution contre les
institutions •chrétiennes de la France,
M. Kolb-Bernard conclut ainsi :
Il serait digne du Sénat de rendre : à
une politique de réparation sa place néces
saire.
Le pays nous y oonvie, messieurs.
Pour qui veut discerner la véritable si
gnification des scrutins d'octobre, le pays
vient de faire connaître avec une imposante
autorité les revendications des consciences
blôsséôs.
Sur 8,700,000 votants, 4,000.000 de voix
ont dit aux promoteurs de la persécution
religieuse : « Nous protestons ».
Et parmi les électeurs qui, craignant de
faire échec à la république, ne se sont pas
associés à cette protestatipn, combien n'en
est il pas qui désireraient voir se réaliser la
pacification religieuse par le respect sincère
du droit, des croyances et de la liberté des
consciences? - :
Cette pacification, vous la désirez ' aussi,
mes chers collègues, je n'en doute pas.
Souffrez donc que je vous adjure d'y coo
pérer en vous rattachant, dans le senti-,
ment élevé d'équité qui vous appartient, à
la politique honnête et intelligente qui, au
lieu de l'aire sortir du Concordat un instru
ment d'oppression et de persécution reli
gieuse, lui conserve son caractère et son
but historique, en maintenant loyalement' à
l'Eglise catholique la plénitude des garan
ties que ce grand acte de justice et, selon
son expression môme, de concorde sociale a
voulu lui assurer 1
Un dernier mot, et je finis. La vieille so
ciété française ne s'effondra, dans le siècle
dernier, que parce que Dieu en était sorti ;
la sociéié nouvelle ne trouvera ses assises
que lorsque Dieu y sera rentré. Avec Dieu,
ce sera le relèvement; hors de Dieu, ce serait
le précipice et l'abîme.
La Persécution
Quatre-vingt-quatre vicariats vien
nent d'être supprimés dans le diocèse
de Bordeaux, savoir :
14 comme étant situés dans des
villes de plus de 5,000 habitants ;
56 comme étant laissés inoccupés
par l'autorité diocésaine depuis environ
cinq ans;
Et 14 comme ne répondant plus aux
vœux du conseil municipal.
Dans une lettre à son clergé, Mgr
l'archevêque dit à ce sujet :
Cette mesure déplorable, vous ne l'igno
rez pas, messieurs, est la conséquence fa
tale du vote des députés de la dernière
Chambre législative, qui a considérable
ment diminué le crédit budgétaire destiné
aux vicariats, et qui met le gouvernement,
faute de fonds, dans l'impossibilité de payer
l'indemnité annuelle qui leur était ■ allouée
précédemment.
- Nous n'avon3 pas besoin de vous dire
combien cette notification, qui nous est ar
rivée le 31 décembre, nous a profondément
attristé.
D'abord nous savons que, parmi les pa
roisses dont la population dépasse 5,000
habitants, plusieurs ne sont pas riches, ont
même beaucoup de pauvres, et qu'il de
vient difficile d'y assurer un traitement aux
vicaires.
En second lieu, parmi les paroisses ac
tuellement privées de vicaire, plusieurs en
ont un besoin réel, que nous avions le vif
regret do ne pouvoir : satisfaire, faute de
prôires. D'ailleurs, le litre vicarfal dans cës
paroisses nous était très précieux pour pro
curer un aide au curé en cas de vieillesse
ou d'infirmités.
Quant à la troisième catégorie de vica
riats supprimés, tous sont attachés à des
paroisses importantes qui ne peuvent s'en
passer. Mais ce qui nous étonne par-dessus
tout, c'est la compétence attribuée, en pa
reille matière, à MM. les membres du con
seil municipal,' à qui du reste spus en lais
sons toutes leg responsabilités.
Cependant vous comprenez, messieurs et
chers coopérateurs, que nous sommes forcé,
en cette circonstance, de prendre les me
sures nécessaires pour assurer- l'exercice du
oulte et du saiat ministère dans les parois
ses en question, .
Nous avons donc arrêté ce qui suit :
Article i". — Dana toutes les paroisses où les
traitements de l'Etat sont supprimés, nous ne
laisserons de vicaires qu'autant 1 qu'un traitement
ïfg'sïlie? ieur serai alloué par ia fabrique, ou par
le conseil municipal, ou par tout autre moyen de
ré-sources fixes et certaines.
Art. %. E^ns les paroisses privées de vicaire,
manque de traitement assuré, comme il est évi
demment impossible à lift curé seul pourvoir
•à tout, nous, le dispanserons- de chanter aucun '
ofiiceles jours de dimanches et de fêtes.
- Il pourra ne dire- qu'une saule messe basse,
car le binage lui aérait une trop lourde charge
avec tous ses autres devoirs. Une heure sera fixée
le matin pour distribuer la sainte communion en
dehors de la messe. ■ .«
■ Le soir, à l'heure ordinaire, au lieu de chanter
les; vêpres et compiles, on pourra les psalmodie?
et les faire suivre de la bénédiction du très Saint.
Sacrement. ,
Egalement la messe des inhumations et des
services funèbres pourra être remplacée par la
messe basse.
Mais ce que nous vous recommandons
p ar-dessus Iout, messieurs, c'est l'instruc
tion = religieuse pour vos paroissiens et le
catéchisme pour les enfants. Nous ne crai
gnons pas déplacer ce devoir avant tous
les autres.
C'est en effet par l'enseignement sacré
que la foi s'entretient dans les âmes, et le
besoin n'en fut jamais plus grand qu'au
jourd'hui. N'est-ce pas par ce moyen que
nos missionnaires, chez les infidèles et dans
les pays sauvages, réussissent à propager
la foi chrétinne et à l'affermir? S'il nous
faut revenir à l-'élat de mission, souvenons-
nous qu'il a fait notre France et ne déses
pérons pas de l'avenir.
En recommandant de lire cette lettre
en chaire dans lès paroisses dont les
vicariats seraient suqprimés, Mgr Guil-
bert interdit qu'il en soit fait aucun
commentaire.
Au sujet de la suppression de traite
ment de M. lecurédeBannans (Doubs),
accusé, on s'en souvient, d'avoir fait
de la propagande électorale à Arçon,
où le vénérable prêtre octogénaire n'é
tait jamais allé, obligé lui-même de se
faire suppléer dans sa paroisse par un
vicaire à sa charge, Y Union franc-com
toise publie une lettre d'un électeur de
Bannans, dont nous extrayons ce qui
suit :
Le 16 décembre, M. le préfet recevait-
une délégation, et dèslorala restitution du
traitement de M. le curé était réglée principe pour être signifiée peu de jours
après. Comment se fait-il encore qu'on n'ait
pas dit au public, qu'une pareille démarcha,
était faite à Paris, et que le ministre et
préfet étaient mis en demeure, le 20 dé
cembre,, par une double délibération du
conseil municipal, d'exécuter cette répara
tion urgeate?
On nous a fait toutes les promesses,,
donné toutes les assurances possibles qué,.
môme avant la ehute du ministère, une dé
cision avait été rendue par M. Goblct pour
annuler la premiè e et rétablir le traite
ment de M. Cannelle, curé de Bannans :
or nous sommes au 6 janvier, et nous n'a
vons encore rien vu \
Les habitants de Bannans, qui, par
leur énergique défense, ont pu arriver,
à obtenir la promesse de restitution;
ne doivent pas se décourager.; Qu'ils
persévèrent dans la revendication de
leurs droits, et la promesse aura, es-
pérons-le, ça réalisation complète.
Si le Parlement anglais se réunit de
main pour procéder à la nomination
du speaker et permettre aux nouveaux
députés de prêter le serment constitu
tionnel, la session ne commencera vé
ritablement que le 21. C'est'alors seu
lement qu'on procédera à la lecture du
discours du trône ;. il sera lu cette fois
en présence de la reine Victoria qui,
pour faire au ministère Salisbury la
faveur qu'elle accordait à lord Bea-
consfield et qu'elle refusait à M.
Gladstone, ouvrira en personne son
Parlement.
Le cabinet tory a besoin de l'appui
de la souveraine, car il comparaît de
vant le Parlement nouveau dans des
conditions moins brillantes que les
promesses de ses débuts. Comme nous
l'avons dit, les affaires de Birmanie né
marchent plus toutes seules ; la fa
meuse convention anglo-turque,qui de
vait rétablir l'harmonie entre la Su
blime-Porte et la cour de Saint-James
sur la question d'Egypte, ne rapporte
jusqu'ici aucun résultat appréciable,et
les Arabes du désert apparaissent me*,
naçants et indomptés sur les frontières
de-la basse Egypte. En outre, les to
ries, tout, en déclarant qu'ils sont , le
groupe le plus fort et le plus homo
gène du Parlement, ne peuvent son
ger à gouverner avec la minorité, et ils
se trouvent en mauvaise situation
pour résoudre le problème irlandais^
plus menaçant que jamais.
C'est, à l'heure qu'il est, le cauclie-
mar des hommes d'Etat de l'Angle
terre, que cette question irlandaises
Elle fait couler depuis un mois des
flots d'encre dans la presse d'outre*
Manche, et jusqu'ici on ne connaît
pas avec.certitude les limites précises
dans lesquelles les chefs des partis
anglais prétendent enfermer leurs con
cessions. On sait que M. Gladstone est
partisan d'une façon de Parlement ijv.
landais contenu par dea restrictions
sérieuses, tandis que lord Salisbirry et
ses collègues veulent se contenter dé
développer* e"n Irlande l'autonomie des
municipalités. Voilà tout, et les tories
aussi bien que les wbigs attendent
évidemment de la marche des événe
ments et des hasards de la politique»,
l'occasion d'augmenter ou de dimi
nuer la mesure de leurs conces
sions.
Eli "attendant que le Parlement sta
tue sur la matière, la question irlan
daise, ainsi que nous venons de le
dire, fait. couler dans la presse des
flots d'encre. C'est dire qu'elle obtient
d'une foule de réformateurs et d'hom
mes d'Etat improvisés les honneurs
d'une discussion passionnée.On trerave
pour la résoudre les solutions les plus
bigarres. Pour n'en citer que deux,
N° 6612. — Edition quotidienne-
Mercredi 13 Janvier 1886
ùn &a. .
PARIS
Six mois.; i . b o « . »
ïroia moi» • o i i h »-4 s-° v « ; • «
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15 cent
20 —
Un Numéro, à Paris.
— Départements.
BUREAUX
Paris, 10, Rue des Saints-Pères
4M ■'abonne, à B*me, place dn dertt S
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Siai,. B5flr.»
Six mois, » o o 0 9 o ,o *» o o d • e 0 o « S8 RQ
T?ôlê JQQOiS •Dfl^ep»e«oo^a&ooQ i ^
Édition semi-quotidienne
Un an, 30 fr. — Six mois, 15 fr. — Trois mois, 8 tr. 60
L'UNIVERS ae.répond pas des manuscrits qui lui sont adressât
ANNONCES
MM. Gk. LAâRAN3E, CERF et ff% 6, plaça dt 1» Boorst
Ceux de nos souscripteurs.'dont l'ahon-;
Dement expire lp.15. janvier, .sont, priés de
le renouveler dès à présent pour éviter
toute interruption dans la réception du
journal. ,
Le meilleur mode de renouvellement est
l 'envoi d'un mandat sur Ja poste ou d'un
chèque à vue, à l'ordre dé l'administrateur
du journal. Y joindre l'une des dernières
bandes du journal.
Les abonnements. datent des 1" et 16 do
chaque mois.
Toute demande de changement d'adresse
doit être accompagnée d'une des dernières
bandes et de 50 centimes en timbres-
poste. .<■■■•
FRANGE
PARIS, iâ JANVIER 1886
Que vont faire les Chambres ? Déjà
le bruit court que le gouvernement va
leur demander de" s'ajourner du 14 au
28 janvier, sous prétexte que, le budget
n'étant pas prêt, ' elles n'ont rien à
faire. Les journaux radicaux se récrient
à l'avançe jconlre cette demande; ils
rappellent que les Chambres sont sai
sies de lois importantes et de graves
questions pour lesquelles il serait au
moins utile, sinon urgent, d'avoir
enfin une solution. Certainement leurs
observations sont fondées; mais ils
oublient que, pour que le nouveau mi
nistère fasse longue durée, il est né
cessaire que la majorité écarte toutes les
questions qui divisent les républicains,
c'est-à-dire en fait toutes les questions
importantes. M. de Freycinet le com
prend fort bien, et c'est pour cela sans
doute qu'il voudrait que les Chambres
s'ajournent jusquà ce qu'on puisse les
occuper du budget.
Il y a trois jours, des indiscrétions
officieuses indiquaient déjà le sens de
la déclaration du ministère; mainte
nant les journaux officieux se mon
trent beaucoup plus réservés. Il de
vait y avoir conseil de cabinet diman
che pour préparer la déclaration, et
conseil des ministres lundi pour l'ac
cepter ; or, nous sommes au mardi, et
rien n'est fait. Ce n'est même qu'au
jourd'hui que les ministres s'occupe
ront de leur fameuse déclaration, dont,
à croire certains optimistes, le fond
était comme arrêté d'avance entre les
membres si unis du cabinet formé par
M. de Freycinet. ,
Certainement, il n'y a pas encore
de retard, puisque les deux Chambres
ne doivent entendre qu'après-demain
la lecture du programme ministériel ;
mais on n'en conclura pas moins de
ces ajournements et du silence des offi
cieux que l'accord ne sejait pas faci
lement dans le ministère, fidèle image, •
du reste, de la majorité républicaine.
Décidément, M. Henri Brisson n'est
pas candidat à la présidence de la
Chambre des députés; il ne.retrouvera
pas immédiatement cette grasse siné
cure, qu'il doit vivement regretter et
pour laquelle il ne peut espérer aucu
ne compensation. La majorité républi
caine a résolu de réélire le bureau ; on
remplacera seulement le vice-président
Develle, devenu ministre. Il paraît que
le candidat des opportunistes, auxquels
appartient le choix, est M. Casimir-Pe-
rier, l'ex-sous-secrétaire d'Etat civil à
la guerre ; il est bien jeune, mais il
rachète sa jeunesse par tant d'outre
cuidance 1 Cependant quelques répu
blicains mécontents songeraient à por
ter le normalien et académicien Mé-
zières.
Au Sénat, l'élection du bureau n'aura
lieu que jeudi ; il paraît qu'un article
du. règlement de cette assemblée ne
permet pas de faire l'élection à la
séance, de rentrée.
Nous pourrions presque reprendre
les innombrables adjectifs de Mme de
Sévigné annonçant à sa fille l'incroya
ble nouvelle au mariage de Lauzun
avec la grande Mademoiselle. On an
nonce que M. de Freycinet a choisi son
« résident général » pour le Tonkin et
l'Annam, et l'heureux élu serait....
M. Paul Bert. Quoique tout arrive en
république, la nouvelle nous semble
tellement invraisemblable que nous
aurions hésité à la donner si elle n'é
tait publiée par plusieurs journaux
en position d'etre bien informée.
M. Paul Bert résident général en
Annam et au Tonkin ? Est-ce que M.
de Freycinet voudrait préparer l'éva
cuation en augmentant les difficultés
de l'occupation ?
On annonce le prochain retour én
France du général de Courcy. Ce re
tour, en effet, s'impose : le général de
Courcy, alors même que le nouveau
ministère ne songerait pas à le rappe
ler, ne pourrait rester au Tonkin avec
une situation diminuée au point de vue
des troupes comme au point de vue de
l 'autorité. Un commandant en chef
n'accepte pas le commandement d'une
division sous l'autorité d'un résident
'général civil, surtout lorsque ledit ré
sident s'appelle Paul Bert. Un danger
urgent pourrait seul le faire rester,
mais alors le résident général civil
trouverait moyen de ne pas se rendre
au Tonkin. Sa grandeur l'attacherait
au rivage de France.
lia mouvement républicain fefy
produit, à. Car thagjèn&j le gouverneur
militaire, le général Fajardo,. a été
grièvement blessé,* les insurgés s'é
taient emparés par surprise du fort
San Julian, où ils n'ont pu se mainte
nir. On trouvera plus loin les détails
un peu confus que donne ,l 'Agence
Bavas, ■
N'y a-t-il là qu'un mouvement isolé ?
Est-ce le commencement d'une série
de pronunciamientos?En Espagne, sou
vent des révolutions ont commencé
par des mouvements qui paraissaient
des actes de folie.
Une note de là Gazette de l'Allemagne
du Nord dit que, les négociations au
sujet des Carolines étant arrêtées à
cause de la suspension des Cortès et le
règlement de la question ajourné,
probablement on ajournera également
la publication des renseignements re
latifs à ces négociations. N'y a-t-il pas
dans cette note de la feuille officieuse
allemande un blâme discret de3 indis
crétions faites à Madrid ?
■ En attendant la "solution de l'af
faire des Carolines, M. de Bismarck
poursuit sa politique coloniale; des
dépêches que nous publions annon
cent qu'un détachement de marins -al
lemands a débarqué à Samoa et y a
arboré le drapeau allemand. Les con-
suis anglais et américain, ont pro
testé, d'autant que, par une conven-.
tion remontant seulement à quelques
années, l'Allemagne, l'Angleterre et
les Etats-Unis se sont engagés à ne
pas occuper ces îles.
La lutte continue en Danemark en
tre le gouvernement royal et le Fol-
kething. Le président de cette assem
blée avait été condamné à six mois de
prison pour un acte de violence contre
un commissaire de police; la cour
suprême à confirmé le jugement.
Mais sera-t-il mis à exécution ?
Le premier septennat de M. Grévy
Le septennat présidentiel de M. Grévy
(Judith-Jules) a donc été renouvelé.
Les sénateurs et les députés, réunis en
Congrès, ont réélu pour sept ans le
premier magistrat de la République,
ce qui donne amplement à l'éco
nome vieillard le moyen d'augmen
ter le nombre de ses locataires et
l'honnête aisance des enfants Wilson.
C'est le moment de voir ce qu'a été son
premier septennat.
Que l'on compare donc avec l'état
actuel de la France sa situation au
moment où, il y a sept ans, une
Chambre de haine appela M. Jules
Grévy à remplacer le maréchal, qui
s'était soumis, puis démis. La France
était occupée à cicatriser tout doucement
ses plaies; elle ne se ressentait pas
trop de la saignée des cinq milliards,
et toutes les institutions dont l'en
semble assure là marche régulière
d'un peuple étaient intactes, n'eût
été le nom de la république que l'on
venait d'inscrire en tête de la Cons
titution-. La liberté de l'enseignement
venait de s'élargir par la loi sur l'en
seignement Supérieur, la magistrature
n'était point entamée, l'armée conser
vait son prestige; l'administration, déjà
quelque peu mêlée, avait encore de
1 honorabilité et un certain décorum ;
les rapports de l'Eglise avec l'Etat,
grâce au Concordat, étaient réguliers ;
le citoyen jouissait des libertés essen
tielles.
Aujourd'hui, pas une de ces institu
tions qui n'ait reçu de blessures gra
ves, mortelles peut-être pour plu
sieurs. La France est en train de se
ruiner, et au milieu de l'appauvrisse
ment général, le soliveau de l'Elysée,
et avec, lui les. hommes qui, sous sa
bienveillante égide, ont manipulé les
portefeuilles et tripoté les affaires, ont
très bien su faire fortune.
La propriété privée et la liberté per
sonnelle du citoyen ont été dédaigneu
sement foulées aux pieds lors du bru
tal et honteux coup, de force qui a
privé du droit de domicile en commun
toute une classe de citoyens, leur en
levant du même coup leur liberté in
dividuelle, mettant l'interdit sur leurs
propriétés privées, dont on leur défend
l'entrée à l'aide de la gendarmerie,
comme àSolesmes. Et le légiste Grévy
a laissé carte blanche aux Mandrins
qui appelaient exécution des lois exis
tantes le concours qu'ils sollicitaient
des serruriers, des charpentiers, des
maçons et même de la force armée
régulière, comme à Frigolet, pour
escalader des murs, briser des portes
et des fenêtres, et chasser de chez eux,
pour les jeter sur la voie publique, des
citoyens français auxquels on ne pou
vait reprocher que de servir Dieu en
commun.
Après cela, c'est la liberté d'ensei
gnement, c'est le droit naturel des fa
milles à l'éducation dé leurs enfants,
qui ont reçu les. plu? violentes attein
tes. L'enseignement supérieur a reçu
les premiers coups, et puis sont ve
nues les lois maudites et scélérates qui
livrent l'enfance comme une bête à
des dresseurs gâns. Dieu, .violentent les
consciences et. saignent la bourse des
familles chrétiennes, lesquelles sont for
cées de- payer l'enseignement athée
donné au nom de l'Etat, et puis de se
payer le-luxe nécessaire d'un enseigne
ment privé et religieux, • si elles veu
lent soustraire l'âme - de lejirs en
fants au phylloxéra dé l'athéisme. Et
la mairi du président Grévy a si^né
sans trembler la prpmvl^ation de ces
lois, qui sont une déclaration de guerre
à Dieu.
L'armée, qui était en train de se re
lever de défaites qui toutes n'avaient
pas été sans gloire, est désorganisée
par les politiciens, qui la redoutent,
et on veut la remplacer parles batail
lons scolaires, la garde civique, et, aux
heures du danger, par la levée en masse
conformément à la légende, ' aujour
d'hui ridicule, de 92; il est un fait que,
sous prétexte de faire des soldats de
tout le monde, et surtout des sémina
ristes, on finira par n'en faire de per
sonne. Quand on va se faire battre en
Chine par petits paquets, on se de
mande si, en face d'une menace de
guerre en Europe, et surtout à la vue
d'un casque prussien, on aurait une
autre alternative que celle de se sou
mettre ou de se démettre, et peut-être
subirait-on les deux à la fois. Et alors !
alors ce serait de nouveaux .lambeaux
arrachés au sol dé la patrie ; ce serait
une nouvelle saignée faite à la bourse
épuisée. Or, qui a présidé à cette dé
composition de ce grand ,élément d'or
dre qu'on appelle l'armée? M. Grévy
(Judith-Jules). .
Depuis la Restauration, et grâce à
elle, la magistrature avait traversé à
peu près intacte nos diverses révolu
tions ; 1830, 1848, .1852, et même
1870, n'avaient pas porté de sérieuses
atteintes à l'indépendance, à la di
gnité que la magistrature assise tirait
de son inamovibilité. Aujourd'hui
qu'est-elle devenue? La république
avait besoin d'une justice républi
caine, et une loi a livré la magistra
ture à l'erbitraire d'un ministre de
passage. On a expulsé du prétoire les
hommes qui voulaient se borner à
rendre des arrêts et non pas des ser
vices, et on les a remplacés par les
cancres des écoles de droit, par des
hommes dont on attend qu'ils ser
vent les passions républicaines. Tous
les jeunes stagiaires qui se respec
tent se réfugient dans le barreau.
Qui a sanctionné cette loi désorgani-
satrice de la justice ? M. Grévy, le ju
risconsulte.
Le mariage civil avait déjà blessé la
dignité et compromis ]a solidité de la
famille, en tendant à enlever au ma
riage son caractère sacré. Mais les
mœurs avaient eu généralement rai
son de ce vice, et les fiancés qui se
contentaient de la lecture de quelques
articles du code, faite par un homme
sanglé de l'écharpe tricolore, étaient
rares. Or, la |loi jqui |vient |de faire du
mariage un contrat temporaire com
me le contrat de louage jette dans la
famille tous les éléments de désordre
et de désorganisation. C'est la femme
avilie, ce sont les enfants dispersés,
c'est la dissolution de la famille, cette
base première de la société. Qui a si
gné la promulgation de cette loi anti
sociale du divorce ? Toujours le prési
dent Grévy (Judith-Jules).
Et l'administration, où en est-elle
sous le régime présidentiel du sire de
Mont-sous-Vaudrey? Elle est ouverte à
tous les déclassés, à tous les cancres
des écoles, à tous les blackboulés du bac
calauréat ; si on collectionnait tous les
préfets, sous-préfets, ministres, gardes
champêtres et autres agents de tout
calibre, . jusqu'à Cazot et ses copains
exclusivement, on ferait une jolie mo
saïque. Du bas en haut de l'échelle,
deux titres constituent des droits à
toutes les fonctions : d'abord d'être
républicain, puis d'être athée, et
d'être athée non-seulement dans sa
personne, mais dans sa famille. Il n'y
a de la liberté de conscience ni pour
la femme ni pour les enfants, ni mê
me pour les parents du fonctionnaire
rivé au budget. Malheur à lui s'il pé
nètre dans une église pour autre chose
que pour faire l'inventaire du mobi
lier, et malheur à lui s'il ne se con
tente pas pour son enfant de l'école
athée I C'est la mort, et la mort sans
phrase. Eh bien, cette armée d'élite de
la franc-maçonnerie, elle s'est consti
tuée sous le regard bienveillant et pré
sidentiel de M. Grévy (Judith-Jules).
Mais l'institution qui a reçu les at
teintes les plus graves, parce qu'on la
regarde comme incompatible avec
l'existence même de la république,
c'est la religion, c'est l'Eglise, c'est
Dieu. On' veut positivement chasser
Dieu de la société par-tous les moyens.
Plus d'Eglise, plus de religion, plus de \
Dieu: c'est la devise de la république
présidée par M. Grévy. Depuis 1801,
une convention passée entre le Saint-
Siège et la république du temps ré
glait les rapports entre- l'Eglise et l'E
tat,et fixait le droit à l'indemnité, pour
le dédommagement de la prise de
possession des biens de l'Eglise, Le
Concordat est le point de mire de tou
tes les attaques, on veut le déchirer
pour opprimer plus facilement l'Eglise,
et surtout pour la voler. Et, en atten
dant, on s'essaye par . des vols de dé
tails, et le vol administrativement pra
tiqué prend droit de bourgeoisie en
France. 0n aura violé le droit de' pro
priété dan3 son titre le plus saeré, on
aura réduit le prêtre, à la mendicité!
et peut-être proscrit tout culte public :
c'est là ce qui importe. Or, qui pré
side depuis plus de sept ans à tou
tes ces'iniquités? qui sacrifie aux
passions haineuses de la république
tant de millions de consciences? qui
consent à tout, accepte, tout, signe
tout? Toujours M. Grévy (Judith-
Jules).
Et pourtant, l ? pn a dit et l'on a y?i des
conservateurs tenir eux-mêmes ce lan
gage, (ju'il n'y avait rien de mieu*
que ; .4®ïVs]gaer un nouveau" 4 pour
conférer à cet homme néfaste la. pre
mière magistrature de la république!
Autant dire qu'on ne voit rien de mieux
que la fin de la France. C'est ce qu'ont
compris, au vote, tous les membres de
la droite, et c'est ce qui fait qu'il n'y
a eu que les seuls républicains pour
renommer l'homme qui est entré dans
la vie publique en renversant des croix,
et qui, peut-être par un juste et terri
ble jugement de Dieu, n'en sortira
qu'après avoir fermé les. églises.
Si étrange que puisse paraître la
nouvelle, on parle de l'envoi au Ton
kin de M. Paul Bert, qui en devien
drait le « protecteur » civil pour le
compte du gouvernement. Nous ne
rions pas, et il semble que déjà M.
Paul Bert se prépare à ses graves
fonctions, car il publie aujourd'hui
dans le Voltaire une étude dont lès
derniers paragraphes trahissent à cet
endroit quelque préoccupation.
Toutefois, cet ennemi du clergé, qui
reproche si souvent à ses adversaires,
spécialement aux jésuites, ce . qu'il
nomme-la tortuosité de leurs voies,
lui-iftêtne ne-va pas très droit au but.
Son point de départ, pour cette fois,
est Monaco. Il raconte à son tour l'his
toire que colportent depuis plusieurs
jours des journaux mal informés sur le
décret d'expulsion qu'aurait pris le
prince de Monaoo contre les jésuites;
puis, en vertu de l'association des idées,
il en vient à ses anciens discours con
tre ces dignes religieux, ce qui l'amène
à rééditer sur le Compendium du P.
Gury la quintessence des insanités dont
le Irop fameux vivisecteur avait jadis
parsemé tous ses discours et rap
ports contre les congrégations.
Cela fait, M. Paul Bert se reprend
encore au libelle, sur le faux exposé
duquel fut rendu le fameux arrêt du
Parlement de 1764, expulsant les jé
suites; puis, à propos d'un des soi-
disant griefs abondamment dévelop
pés .dans ledit Extrait des assenions
dangereuses et pernicieuses en tout genre,
à savoir celui d'« idolâtrie chinoise et
malabare », M. Paul Bert, refaisant à
sa façon l'histoire de la question des
rites chinois, n'hésite pas à conclure
qu'en Chine et chez les Indous, les jé
suites,sacrifièrent alors résolument la
foi catholique pour se faire accepter
par les populations de ces pays.
C'est à l'aide de ce travestissement
de faits, qui eurent d'ailleurs, on ne
l'ignore pas, leur caractère de gravité,
que M. Paul Bert, touchant enfin son
but après tant de circuits, en vient à
dire :
Il y a 16, ce me semble, un enseigne-
• ment dont la politique de nos jours doit
profiter. Si les jésuites n'ont pas hésité à
faire plier l'immuable religion catholique
aux nécessités des temps, des lieux, des
races, des coutumes, ceux qui seront char
gés d'administrer no3 nouvelles posses
sions d'Indo-Chin.e devront s'inspirer de
cette souplesse. On peut changer la mai
son, mais à condition de conserver la fa
çade.
Ainsi avaient fait ces maîtres politiciens.
Etjetrouve assez piquant de leur rendre
moi-môme un hommage sincère,et d'appeler
sur leur méthode prudente l'attention de
ceux qui seront chargés de porter là-bas
non la religion, mais la science et la justice
de l'Occident.Paul Bert.
La conclusion ne manque pas d'au
dace, si l'hommage aux jésuites a du
piquant. M. Paul Bert, qui a la mémoire
courte, oublie que MM. Sivel et Crocé-
Spinelli sont morts victimes de sa
« science occidentale » ; et quant à la jus
tice, on sait aussi bien que nul ne fut
plus acharné à contester aux expulsés
le droit sacré de recourir aux tribu
naux ordinaires. Dans toutes les con
cessions que M. Paul Bert prête aux
jésuites exerçant leur ministère chez
les Chinois, M. Paul Bert serait sans
doute fort empêché d'en trouver une
qui, de près ou de loin, ressemblât à
ces iniquités.
Aussi espérons-nous que la nouvelle
donnée par les journaux n'est qu'une
moquerie, et qu'on n'usera pas des ser
vices de M. Paul Bert en Indo-Chine.
Si le Tonkin, comme nous le souhai
tons, devient une terre française, à
coup sûr ce ne sera pas grâce à la
science ou à la justice entendues selon
le mode du vivisecteur. Ses agisse
ments ont déchaîné la guerre en France;
croit-on qu'ils soient propres à paci
fier le Tonkin? -
. A uguste R oussel.
Le Siècle , dans son numéro du 10
jany ier fait une charge à fond contre
notre situation économique ; il se
plaint amèrement et même avec iro
nie que notre colonisation ne marche
pas, que notre commerce et nos capi
taux ne "se montrent pas à l'étran
ger, tandis que le commerce et les ca
pitaux anglais et allemands envahis
sent toutes les parties du monde. Il de
mande que nos capitalistes se remuent
et soutiennent la concurrence.
Si, dit-il en terminant, la France devait
subir un Sedan économique, si nous de
vions être écrasés par l'Allemagne sup le
terrain de la production et de l'échange,
c'en serait bien, fini de nous, et cette fois ce
n'est plus notre diplomate ou nos ministres
qui seraient responsables, mais nos finan
ciers, nos négociants et nos industriels. A
eux d'aviser à leur devoir.
On ne saurait constater d'une façon
plus" claire l'incompatibilité de ngtrg
régime éeonomi^ue ' aveç les intérêts
de ragriculture, de l'industrie, et du
commerce. Le Siècle n'a pas l'air de
-comprendre, le phénomène qu'il si
gnale. Il feint d'ignorer que les mêmes
lois ne règlent pas la propriété com
merciale. en France et à Londres ou à
Berlin. Les commerçants étrangers
disposent de leur fortune, règlent leurs
affaires de famille en toute liberté.
Leur initiative est entière et l'avenir
leur appartient. Le négociant français
ne dispose pas de l'avenir ; la loi le
soumet à un système de liquidation
forcée, qui lui rend impossible toute
entreprise à long terme. Il est désarmé
par la loi de son pays et ne se présente
pas dans une lutte où il faut être armé
de toutes pièces pour avoir quelque
chance de succès.
On sait que, par bénéfice d'âge, M.
Iiolb-Bernard devait présider aujour
d'hui la séance du Sénat.
Empêché au dernier moment parla
maladie, M. Kolb-Bernard nous fait
communiquer le texte du discours
qu'en état de santé eût voulu pronon
cer le vénérable sénateur.
Après un éloge aux braves soldats,
qui sont morts ou qui luttent ail loin
pour la France, après l'expression des
regrets à l'adresse des sénateurs de la
droite morts ou non réélus, après
avoir éloquemment revendiqué les
droits de la vérité intégrale centre la
négation intégrale et flétri • toutes les
entreprises de la Révolution contre les
institutions •chrétiennes de la France,
M. Kolb-Bernard conclut ainsi :
Il serait digne du Sénat de rendre : à
une politique de réparation sa place néces
saire.
Le pays nous y oonvie, messieurs.
Pour qui veut discerner la véritable si
gnification des scrutins d'octobre, le pays
vient de faire connaître avec une imposante
autorité les revendications des consciences
blôsséôs.
Sur 8,700,000 votants, 4,000.000 de voix
ont dit aux promoteurs de la persécution
religieuse : « Nous protestons ».
Et parmi les électeurs qui, craignant de
faire échec à la république, ne se sont pas
associés à cette protestatipn, combien n'en
est il pas qui désireraient voir se réaliser la
pacification religieuse par le respect sincère
du droit, des croyances et de la liberté des
consciences? - :
Cette pacification, vous la désirez ' aussi,
mes chers collègues, je n'en doute pas.
Souffrez donc que je vous adjure d'y coo
pérer en vous rattachant, dans le senti-,
ment élevé d'équité qui vous appartient, à
la politique honnête et intelligente qui, au
lieu de l'aire sortir du Concordat un instru
ment d'oppression et de persécution reli
gieuse, lui conserve son caractère et son
but historique, en maintenant loyalement' à
l'Eglise catholique la plénitude des garan
ties que ce grand acte de justice et, selon
son expression môme, de concorde sociale a
voulu lui assurer 1
Un dernier mot, et je finis. La vieille so
ciété française ne s'effondra, dans le siècle
dernier, que parce que Dieu en était sorti ;
la sociéié nouvelle ne trouvera ses assises
que lorsque Dieu y sera rentré. Avec Dieu,
ce sera le relèvement; hors de Dieu, ce serait
le précipice et l'abîme.
La Persécution
Quatre-vingt-quatre vicariats vien
nent d'être supprimés dans le diocèse
de Bordeaux, savoir :
14 comme étant situés dans des
villes de plus de 5,000 habitants ;
56 comme étant laissés inoccupés
par l'autorité diocésaine depuis environ
cinq ans;
Et 14 comme ne répondant plus aux
vœux du conseil municipal.
Dans une lettre à son clergé, Mgr
l'archevêque dit à ce sujet :
Cette mesure déplorable, vous ne l'igno
rez pas, messieurs, est la conséquence fa
tale du vote des députés de la dernière
Chambre législative, qui a considérable
ment diminué le crédit budgétaire destiné
aux vicariats, et qui met le gouvernement,
faute de fonds, dans l'impossibilité de payer
l'indemnité annuelle qui leur était ■ allouée
précédemment.
- Nous n'avon3 pas besoin de vous dire
combien cette notification, qui nous est ar
rivée le 31 décembre, nous a profondément
attristé.
D'abord nous savons que, parmi les pa
roisses dont la population dépasse 5,000
habitants, plusieurs ne sont pas riches, ont
même beaucoup de pauvres, et qu'il de
vient difficile d'y assurer un traitement aux
vicaires.
En second lieu, parmi les paroisses ac
tuellement privées de vicaire, plusieurs en
ont un besoin réel, que nous avions le vif
regret do ne pouvoir : satisfaire, faute de
prôires. D'ailleurs, le litre vicarfal dans cës
paroisses nous était très précieux pour pro
curer un aide au curé en cas de vieillesse
ou d'infirmités.
Quant à la troisième catégorie de vica
riats supprimés, tous sont attachés à des
paroisses importantes qui ne peuvent s'en
passer. Mais ce qui nous étonne par-dessus
tout, c'est la compétence attribuée, en pa
reille matière, à MM. les membres du con
seil municipal,' à qui du reste spus en lais
sons toutes leg responsabilités.
Cependant vous comprenez, messieurs et
chers coopérateurs, que nous sommes forcé,
en cette circonstance, de prendre les me
sures nécessaires pour assurer- l'exercice du
oulte et du saiat ministère dans les parois
ses en question, .
Nous avons donc arrêté ce qui suit :
Article i". — Dana toutes les paroisses où les
traitements de l'Etat sont supprimés, nous ne
laisserons de vicaires qu'autant 1 qu'un traitement
ïfg'sïlie? ieur serai alloué par ia fabrique, ou par
le conseil municipal, ou par tout autre moyen de
ré-sources fixes et certaines.
Art. %. E^ns les paroisses privées de vicaire,
manque de traitement assuré, comme il est évi
demment impossible à lift curé seul pourvoir
•à tout, nous, le dispanserons- de chanter aucun '
ofiiceles jours de dimanches et de fêtes.
- Il pourra ne dire- qu'une saule messe basse,
car le binage lui aérait une trop lourde charge
avec tous ses autres devoirs. Une heure sera fixée
le matin pour distribuer la sainte communion en
dehors de la messe. ■ .«
■ Le soir, à l'heure ordinaire, au lieu de chanter
les; vêpres et compiles, on pourra les psalmodie?
et les faire suivre de la bénédiction du très Saint.
Sacrement. ,
Egalement la messe des inhumations et des
services funèbres pourra être remplacée par la
messe basse.
Mais ce que nous vous recommandons
p ar-dessus Iout, messieurs, c'est l'instruc
tion = religieuse pour vos paroissiens et le
catéchisme pour les enfants. Nous ne crai
gnons pas déplacer ce devoir avant tous
les autres.
C'est en effet par l'enseignement sacré
que la foi s'entretient dans les âmes, et le
besoin n'en fut jamais plus grand qu'au
jourd'hui. N'est-ce pas par ce moyen que
nos missionnaires, chez les infidèles et dans
les pays sauvages, réussissent à propager
la foi chrétinne et à l'affermir? S'il nous
faut revenir à l-'élat de mission, souvenons-
nous qu'il a fait notre France et ne déses
pérons pas de l'avenir.
En recommandant de lire cette lettre
en chaire dans lès paroisses dont les
vicariats seraient suqprimés, Mgr Guil-
bert interdit qu'il en soit fait aucun
commentaire.
Au sujet de la suppression de traite
ment de M. lecurédeBannans (Doubs),
accusé, on s'en souvient, d'avoir fait
de la propagande électorale à Arçon,
où le vénérable prêtre octogénaire n'é
tait jamais allé, obligé lui-même de se
faire suppléer dans sa paroisse par un
vicaire à sa charge, Y Union franc-com
toise publie une lettre d'un électeur de
Bannans, dont nous extrayons ce qui
suit :
Le 16 décembre, M. le préfet recevait-
une délégation, et dèslorala restitution du
traitement de M. le curé était réglée
après. Comment se fait-il encore qu'on n'ait
pas dit au public, qu'une pareille démarcha,
était faite à Paris, et que le ministre et
préfet étaient mis en demeure, le 20 dé
cembre,, par une double délibération du
conseil municipal, d'exécuter cette répara
tion urgeate?
On nous a fait toutes les promesses,,
donné toutes les assurances possibles qué,.
môme avant la ehute du ministère, une dé
cision avait été rendue par M. Goblct pour
annuler la premiè e et rétablir le traite
ment de M. Cannelle, curé de Bannans :
or nous sommes au 6 janvier, et nous n'a
vons encore rien vu \
Les habitants de Bannans, qui, par
leur énergique défense, ont pu arriver,
à obtenir la promesse de restitution;
ne doivent pas se décourager.; Qu'ils
persévèrent dans la revendication de
leurs droits, et la promesse aura, es-
pérons-le, ça réalisation complète.
Si le Parlement anglais se réunit de
main pour procéder à la nomination
du speaker et permettre aux nouveaux
députés de prêter le serment constitu
tionnel, la session ne commencera vé
ritablement que le 21. C'est'alors seu
lement qu'on procédera à la lecture du
discours du trône ;. il sera lu cette fois
en présence de la reine Victoria qui,
pour faire au ministère Salisbury la
faveur qu'elle accordait à lord Bea-
consfield et qu'elle refusait à M.
Gladstone, ouvrira en personne son
Parlement.
Le cabinet tory a besoin de l'appui
de la souveraine, car il comparaît de
vant le Parlement nouveau dans des
conditions moins brillantes que les
promesses de ses débuts. Comme nous
l'avons dit, les affaires de Birmanie né
marchent plus toutes seules ; la fa
meuse convention anglo-turque,qui de
vait rétablir l'harmonie entre la Su
blime-Porte et la cour de Saint-James
sur la question d'Egypte, ne rapporte
jusqu'ici aucun résultat appréciable,et
les Arabes du désert apparaissent me*,
naçants et indomptés sur les frontières
de-la basse Egypte. En outre, les to
ries, tout, en déclarant qu'ils sont , le
groupe le plus fort et le plus homo
gène du Parlement, ne peuvent son
ger à gouverner avec la minorité, et ils
se trouvent en mauvaise situation
pour résoudre le problème irlandais^
plus menaçant que jamais.
C'est, à l'heure qu'il est, le cauclie-
mar des hommes d'Etat de l'Angle
terre, que cette question irlandaises
Elle fait couler depuis un mois des
flots d'encre dans la presse d'outre*
Manche, et jusqu'ici on ne connaît
pas avec.certitude les limites précises
dans lesquelles les chefs des partis
anglais prétendent enfermer leurs con
cessions. On sait que M. Gladstone est
partisan d'une façon de Parlement ijv.
landais contenu par dea restrictions
sérieuses, tandis que lord Salisbirry et
ses collègues veulent se contenter dé
développer* e"n Irlande l'autonomie des
municipalités. Voilà tout, et les tories
aussi bien que les wbigs attendent
évidemment de la marche des événe
ments et des hasards de la politique»,
l'occasion d'augmenter ou de dimi
nuer la mesure de leurs conces
sions.
Eli "attendant que le Parlement sta
tue sur la matière, la question irlan
daise, ainsi que nous venons de le
dire, fait. couler dans la presse des
flots d'encre. C'est dire qu'elle obtient
d'une foule de réformateurs et d'hom
mes d'Etat improvisés les honneurs
d'une discussion passionnée.On trerave
pour la résoudre les solutions les plus
bigarres. Pour n'en citer que deux,
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