Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1885-01-13
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 janvier 1885 13 janvier 1885
Description : 1885/01/13 (Numéro 6254). 1885/01/13 (Numéro 6254).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mardi 13 Janvier 18â5
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Un Numéro, à Paris. . . .
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: ' I. Édition semi-quotidienne
Un an, 30 !r. — Six tnois, 16 fr. Trois mois, 8 fr. KO
IVOMYEl^ ;?» répond-pas des manuscrits qui lui sont Adressai ;;
FRANGE
PARIS, 12 JANVIER 1885
Demain se réunissent les Chambres;
La discussion continue au sujet de ce
qu'elles doivent faire, non seulement
entre radicaux et opportunistes, mais
même entre opportunistes. ' Pendant
que les uns veulent que la Chambre
des députés se mette résolûment à la
besogne sans attendre le renouvelle
ment du Sénat, les autres disent qu'il
n'y a pas péril en la demeure. Peut-
être les derniers ne seraient-ils pas
fâchés d'attendre le résultat des élec
tions, pour voir d'où souffle le vent.
L'opinion est changeante comme la
mer...
Un journal se montre encore plus
préssé: il voudrait que le Sénat nomme
immédiatement son président, alors
que quatre-vingts sénateurs doivent
être remplacés à bref délai, et par le
fait ne sont plus sénateurs. Le pro
cédé ne serait guère correct au point
de vue parlementaire. C'est cependant
la Paix qui insiste pour qu'on agisse
ainsi. Faudrait^ croire que, M. Le
Royer se retirant,.M. Léon Say pose sa
candidature avec l'appui secret de M.
Grévy? Le langage de la feuille de
l'Elysée le confirmerait. Actuelle
ment, M. Léon Say a des chances^
que les élections du 25 peuvent lui en 7
lever. Mais la candidature de M. Léon
Say sera-t-elle agréable à M. Jules
Ferry, auquel le Journal des Débats
fait une opposition assez accentuée?
On avait parlé un moment d'une
déclaration de M. Jules Ferry à la, re
prise des séances. L'idée, dont nous
ne voyons pas l'utilité, est abandonnée,
si jamais elle a existé ailleurs que dans
l'imagination de quelque nouvelliste.
Un bruit plus sérieux et fort répan
du prête à M. le président du conseil
l'intention d'avancer les élections gé
nérales par un coup de surprise. Il fe-r
rait voter le projet Gonstans sur le
scrutin de liste, sans prévenir les dé
putés de ce qui les attend; puis, brus
quement, lorsque le Sénat aurait ac-?
•cepté la loi, il signifierait à laCham-
lire qu'elle ne peut plus rester. De cette
façon il pourrait empêcher ses adver-
sairesde gauche comme de droite de
s'organiser en vue du scrutin de liste.
Le calcul peut être habile, mais M.
Jules Ferry se heurte ici au sentiment
de la conservation. Nombre de dépu
tés, peu sûrs de revenir, ne voudront
pas perdre plusieurs mois de pouvoir
et de traitement. C'est déjà devant une
résistance de cette nature que s'est
brisé M. Gambetta.
On discute fort dans la presse à
propos de demandes de volontaires
pour le Tonkin qui se feraient actuel
lement dans les régiments de France,
Les uns contestent, les autres affir
ment, en tirant des conséquences qui
nous paraissent quelque peu forcées;
Il faudrait, pour apprécier ce fait,
savoir dans quelle mesure sont faites
ces demandes; mais nous pouvons rap?
peler pertinemment que toujours, lors
qu'il y a eu "des expéditions lointaines
pour lesquelles ir fallait combler des
vides, on a fait appel à des volontaires,
et toujours on en a trouvé plus qu'il
n'en fallait. Y a-t-il plus cette fois ?
Rien ne le prouve.
Le Journal de Rome vient encore
d'être saisi ; c'est pour la troisième
fois. Il s'est permis de reproduire à
Rome des articles qui ont paru à Paris
et à Turin sur « l'indépendance du
Pape. » Voilà qui en dit long sur la
situation faite au Pape et à l'Eglise
par le gouvernement piémontais.
Nous donnons plus longuement les
explications de M. de Bismarek relati
ves à sa « politique coloniale » ; elles
sont d'autant plus intéressantes qu'il y
est question de la France comme de
l'Angleterre.
Nous donnons également une dépê
che du Gaulois, sur la politique colo
niale de l'Italie. Est-ce que l'Angle
terre, trop prudente pour attaquer de
face l'Allemagne et la France, lance
rait sa nouvelle alliée?
La discussion engagée au Parlement
espagnol -entre le ministère Canovas
et ses adversaires de toutes nuances
est chaude; mais, jusqu'à présent, la
victoire paraît devoir rester à M. Ca
novas, malgré la défection de M. Si!-
vela.
La loi des recettes pour l'exercice
de 1885 a fait aux congrégations reli
gieuses une situation à part. Elle viole,
à l'égard des congrégations non re
connues, tous les principes connus du
droit. Les congrégations non autori
sées sont aussi légales que les autres.
Elles n'ont pas la personnalité civile,
voilà tout. Au point de vue civil, elles
restent à l'état d'individus. La loi des
recettes les assimile aux congrégations
autorisées et leur en impose les char
ges sans leur en attribuer le bénéfice.
Le législateur pénètre ainsi dans la vie
privée, dans le domaine de la con
science ; il en modifie, par une fiction
de droit, les conditions d'existence,
pour y appliquer des lois qui, selon
les règles ordinaires de la logique, se
raient inapplicables. Y a-t-il des con
grégations de fait qui ne soient pas
des congrégations de droit? Le législa
teur qui les frappe d'un impôt les re
connaît-il sérieusement? -Il poursuit
des ennemis plutôt qu'il ne protège
des justiciables ou des contribuables.
Il est cependant forcé, pour atteindre
les congrégations non autorisées, de
reconnaître leur existence, d'admettre
ce fait comme ayant un caractère de
légitimité.
Les religieux non autorisés" ne sont
que des individus; et leur3 arrange
ments pour la gestion de leurs inté
rêts matériels restent sous la loi ordi
naire des contrats ou obligations. La
loi de finances reconnaît qu'ils sont
propriétaires, en frappant d un impôt
spécial leurs biens collectifs. Cette pro
priété collective, contre laquelle s'é
levaient tant de préjugés, rentre donc
daij:s le droit commun, et se régit par
la volonté' des associés, comme toutes
les associations civiles. Ce n'est pas
un être moral qui ait droit d'ester en
justice. L'association formée par des
religieux pour vivre, demeure ainsi
.valable et non contraire aux lois. On
n'alléguait jusqu'ici contre les congré
gations que des décrets de bon pla isir
ou des arrêts de proscription. Aucune
loi n'était invoquée. En justice et en
logique, les associations pour vivre
appartiennent donc au droit commun!
Cela ressort de la loi de finances qui
attribue aux propriétés des congréga
tions non autorisées un caractère lé*
gaï, en les frappant d'un impôt qui
n'aurait pas de sens s'il ne reposait
pas sur un droit de propriété constaté;
A-t-on renoncé à ce système de per-r
sécution incessante qui mettait hors
la loi les Français qui appartenaient
ou étaient censés appartenir à des
congrégations religieuses? Comment
empêcher des hommes qui concordent
par les idées, les sentiments,, le genre
dé vie, de se joindre, de s'unir, d'avoir
des intérêts commune? L'association
civile tend alors nécessairement à se
produire ; elle est dans la nature des
choses. Et le législateur qui essaye de
l'entraver, s'impose une tâche impos
sible.
Par cela seul que des hommes ont
le droit de vivre, ils ont le droit de vi-?
vre en s'unissant. Le fait de cette
union est si multiple qu'il éclate de
toutes parts, et malgré tout.
Mais la loi de finances ne se borne
pas à reconnaître la propriété collec
tive des congrégations ; elle frappe
d'un impôt tout, particulier cette pro
priété collective. Le législateur a-t-il
cru qu'il pouvait frapper extraordi-
nairement cette propriété collective,
au momentgalité ? A-t-il voulu lui faire payer le
droit qu'il lui reconnaissait à la léga
lité ?
Pour asseoir l'impôt sur les congré
gations reconnues ou non reconnues,
la loi décide que leurs biens, meubles
ou immeubles, seront censés produire
un revenu.de cinq pour cent de la va
leur en capital. La supposition est
étrange. Beaucoup de biens meubles,
comme les objets d'art; sont sans pro-r
duit. Un Raphaël estimé un million
sera donc taxé comme un bien qui
produirait cinquante mille francs. Est-
ce juste? est-ce même sérieux? Une
église œuvre d'art d'un prix incompa
rable sera taxée sur un revenu fictif
de cinq cent mille francs ou d'un milr
lion, quand elle ne produit rien que des
frais d'entretien. Ce système conduit
à la destruction ou à l'abandon de tous
nos monuments. Il frappe le capital;
Et aucun économiste n'a encore osé
soutenir que l'impôt devait peser sur
le capital. L'impôt sur le capital res
semble trop à une confiscation.
Un journaliste, M. Emile de Girar-
din, fit autrefois une longue série d'ar
ticles pour développer la thèse de l'im
pôt unique. Il remplaçait tous les im
pôts par l'impôt d'un pour cent sur le
capital. C'était plus simple que prati
cable. On remarqua çue les biens fon
ciers rapportent à peine deux et demi
pour cent au propriétaire. L'Etat au
rait donc partagé avec lui. On com
prit aussi que M. de Girardin nous me
nait à la barbarie en forçant les déten
teurs de valeurs artistiques à s'en dé-
bassasser, à les vendre en pays étran
ger. L'idée de faire payer un impôt
aux choses qui ne donnent pas de re
venus conduit à cette extrémité. C'est
le-côté social de la question. Il en est
un autre et qui touche directement au
droit. Comment la loi peut-elle autori
ser la confiscation ? Les tribunaux ne
sauraient s'y prêter. Il seront forcés
d'interpréter la pensée du législateur
dans un autre sens que celui d'une
confiscation, puisque ce mot de con
fiscation n'est pas prononcé.
Dira-t-on que de telles questions con
cernent le conseil d'Etat et ne sont pas
du ressort des tribunaux ordinaires?
T1 s'agit de la propriété : elle est de
temps immémorial -, dans notre pays,
sous la protection de la justice et non
de l'administration. Si la Chambre
des députés a voulu écraser, ruiner
certains hommes, .les sacrifier plus
spécialement-au flsc> elle ; s'est trompée
en prenant pour une loi cet acte de
prost>i ; >ptioB. Il- est faeile-de voir que
la confiscation deviendrait bientôt le
droit commun de la Frence.
La législature se met dans une sin
gulière position. Elle veut confisquer
les biens de certaines associations : et
pour cela, elle est obligée de recon
naître l'existence de ces biens. Mais
si l'existence de ces biens est recon
nue, il s'ensuit qu'ils ne peuvent plus
être confisqués, puisque chez nous la
confiscation est abolie. Le gouverne
ment passera-t-il outre? Récusera-t-if
l'intervention de la magistrature ? Ce
sera le dernier coup porté à nos insti
tutions judiciaires. Elles semblent crou
ler de toutes parts. Elles se. relève
raient en protégeant le droit de pro
priété. Mais le gouvernement qui a
l'arme de l'amovibilité,- le permettra-t-
il? D'un autre côté, que gagnera-t-il
comme impôt? Et pour un si mince
résultat, est-ce la peine de rétablir le'
principe de la confiscation ? Ou bien
la persécution religieuse doit-elle don-^
ner plus d'amis à la république? Par
des chemins détournés on arrive à la
confiscation. C'est ce qui apparaît de
plus clair aux yeux du public. L'im
pôt sur le capital'dont on fait l'essai
sur de-prétendus ennemis de la répu
blique est la base du socialisme pra
tique. Vous en usez modérément, à
votre avis, parce que vous ne dépouil
lez pas tout le monde. Qui vous em
pêchera d'être plus hardis, à mesure
que l'appétit vous viendra ? S'est-on
arrêté en 1789? Que la propriété soit
collective ou individuelle, c'est toujours
la même propriété ; elle ne change pas
de nature. La collectivité rentre dans
l'individualisme puisqu'elle est formée
par des individus. Le principe juridi
que posé par la Chambre, s'il n'était
pas en opposition avec d'autres prin
cipes , suffirait à nous conduire en
peu de temps au régime du socialisme
le plus avancé.
Coquille.
que l'on ne peut écarter d'un seul
coup, indiqué ;la_voie où il faut entrer
et comment il y : faut marcher, a
M. Dufay est monarchiste et c'est à
MonsieurJe Comte • de Paris qu'il : de
mande la monarchie. Sans songer à
Les brochures politiques, autrefois
en faveur, sont maintenant tenues en
suspicion. C'est assez juste. Le brochu-
rier, généralement, n'offre au public
que des redites. Ce qu'il raconte d'un
air important, comme choses nouvel
les, les journaux l'ont déjà ressassé.
Aussi se garde-t-on de le lire. Cepen
dant la brochure a toujours sa raison
d'être. Ce petit écrit, plus développé,
plus étudié, plus complet que l'article,
plus abordable que le volume, peut, en
quelques pages, exposer toute une
question, tout un système, et dissiper
bien des préventions. Mais pour don
ner ce résultat il faut que l'auteur soit
maître de son idée et sache la présenter
avec force, autorité et jplarté. Voilà le
difficile.
Cette difficulté, M; L. Dufay, ancien
sous-préfet, vient de la vaincre dans
une brochure intitulée : Le Comte de
Paris et la monarchie représentative (1).
Rien de plus net et de plus convain
cant n'a été dit sur cette grave ques
tion. L'auteur ne fait pas de grandes
théories et ne cherche point les pro
fondeurs. Esprit réfléchi et précis, il
expose avec calme des vues où l'on re
connaît à la fois l'homme d'étude - et
l'homme politique. U y a là, en 25 ou
30 pages, tout un plan de reconstruction
politique et sociale, qui, sans mécon
naître ni, les besoins du temps, ni
même des exigences et des préventions
- (l) Dentu, éditeur, Palais-Royal.
réconnaït. elle-inême cohstitùervlaibjfit
*de. la Ligue,*n'est préoccupée que du
respect extraordinaire pour la ■. per
sonne du prince qui l'anime, depuis
la. -mort de Monsieur le comte- de
Chàmbord: l' Union sé contenté dé blâ-
jairaNM^prinett-dM eonditieite,-41^1 ■ v tîës'me'mljrés ctè'ta'
~"" A "—* -* AAUUA "' *■ Ligue;«e déclararitëngàgés;«à se pro-
« noncer, enyue du lendemain,par l6s
« , que leçi*
« càuseiit; je langage et l'attitude jdes
amis du prince, tandis quelle prili-
« -ce lui-même garde le silenae? » w
; Nous demeurons, nous, : préoccupés,
autant pour l'aVenir guè pôur le pre-
sent; de ^l'unidn ^a^wè « sûr lès ba
ses nécessaires du Syllabus ». L'intérêt
pour tout le. monde, .encore une «fois,
est de savoir si f Union de^V Ouesf ; fit
ses semblables entendent, autrement
l'union entre les catholiques t et ; coiq-
ment ces journaux Fentendr^ient. f
La parlant dans son prepiiër
article âç samedi derpier de la .circu
laire de : la Ligue, s'exprimail :
if. ;,.. I^e docuinent offre un, in|§ret,jaf-
ticulièf ement intéressant pour -les, ca»
tholiques, et ii est de nfituvé bie^%p4i|3
,à les diviser qu'à l'es réunir, cap on
sait qpe l'éçole libérale a toujours prp-
dit très posément et très délibérément
dans quelles conditions il devra exer
cer l'autorité pour sauver la France
de l'anarchie et relever le pouvoir.
Dès la première page de sa brochure il
marque ainsi son but :
L'accord parfait de la liberté -et de l'au:
torité est-il possible et réalisable dans la 1
monarchie française? Je réponds oui, et
j'ai la prétention de le prouver.
Mais toute forme de monarchie ne réa
lise point par elle-môme cet accord. ^
Avec la monarchie absolue, la liberté est
en péril.
Avec la monarchie parlementaire, l'auto-;
rilé disparaît.
Seule la monarchie représentative unit,
pour le bien de tous et la prospérité dn
pays, l'autorité et la liberté. ■
Nous ne suivrons pas M. Dufay dans
tous les développements de sa thèse.
Si nous le faisions, nous aurions çà et
Jà quelques éclaircissements à lui de^
mander. Au total, nous sommes .d'ac
cord avec lui sur le fond des choses.
Sa monarchie représentative serait la
monarchie chrétienne telle que le temps
actuel la comporte, telle que l'in
diquent les promoteurs de la Ligue
contre-révolutionnaire. L'auteur, bien
qu'étranger^ nous le savons, à la Dé
claration et au programme qui ont
constitué cette Ligue, en a, pour ainsi
dire, fait l'exposé des motifs. De plus,
par ses déductions, appuyées tout à la
fois sur l'histoire, l'état des esprits et
les principes, il montre combien il se-^
rait facile de passer de la théorie à
l'application.
Nous craignons cependant que M;
Dufay ne puisse se. faire écouter des
politiques ou politiciens, même catho
liques, qui entourent Monsieur le
comte de Paris et semblent parler en
son nom. Ces habiles gens croient fer
mement que, pour raviver en France
l'esprit monarchique, il faut se taire
sur les conditions de la monarchie.
Un programme, à leurs yeux, ne peut
être bon que s'il est nul. C'est par le
lieu commun, et non par la vérité;
qu'ils veulent combattre et espèrent
vaincre.Nousverrons où cette habileté;
qui a déjà tant servi l'ennemi, les
mènera. En attendant, nous recom
mandons la brochure.de M. Dufay à
quiconque croit que, pour combattre
efficacement la Révolution, il faut lui
opposer un programme contre-révolu
tionnaire.
Eugène Veujllot.
L'Union de l'Ouest, citant la lettre'
circulaire du 3 janvier adressée par le
comité central de la Ligue de la Contre-
Révolution à ses correspondants, consr
tate que la Ligue « définit de nouveau
et précise son but », qui est, selon les
termes delà circulaire, « l'union, non-
« seulement en théorie ou tacitement,
« mai3 bien en pratique et explicite-
« ment, sur les bases nécessaires du
« Syllabus rappelées par Léon XIII. »
« Toute la questionestlà, — ajoutait la
« circulaire signée par M. Hyrvoix, -
« et c'est la question qui a été malheu-
« reusement éludée » par .l 'Union de
l'Ouest et les journaux de mémo nuan
ce, comme l'ont remarqué avec regret
tous eeux qui sont avec nous; et avec
une ironie assez malicieuse, mais trop
justifiée, tous les journaux révolution
naires.
La question se trouve encore éludée
aujourd'hui par l'Union de l'Ouest , qui,
loin de se prononcer sur ce qu'elle
FEUILLETON DE L'UNIVERS
du 13 janvier 1884
ÉTKMPTROimBlBLiPl
La Bible est-elle un livre païen?
Le livre dont nous allons parler ne mé
rite assurément pas qu'on s'occupe de lui.
Le parti-pris, l'ignorance, une sorte de
monomanie irréligieuse s'y manifestent à
chaque page. Il ne pourra donc faire de
mal qu'à des hommes aussi ignorants que
l'auteur, pour qui le plus mauvais argu
ment est bon, dès lors .qu'il attaque la re
ligion révélée. Les hommes sensés et tant
soit peu instruits de Jeur catéchisme, qui y
j etteront les yeux, hausseront les épaules
et souriront de pitié. Malgré sa nullité
scientifique et son innocuité relative, nous
pensons néanmoins qu'il est à propos d'en
dire quelques mots, de même qu'on signale
les théories et les propositions extrava
gantes qui -se débitent dans certaines réu-
, nions publiques, afin de. faire connaître le
mal qui ronge une. partie de la société
contemporaine.
Il paraît bien du reste que les ouvrages
de ce genre trouvent des acheteurs, puis
que o'est une librairie assez achalandée qui
s'en est fait l'éditeur, comme de beaucoup
d'autres du môme acabit. C'est un triste si
gne des temps que cette multiplication des
publications antichrétiennes, et il faut bien
qu'on sache combien les ennemis augmen
tent en nombre, afin de redoubler de zèle
pour défendre le dépôt sacré de la foi.
Le livre dont nous voulons parler a pour
titre : Paganisme des Hébreux jusqu'à la
captivité de Babylone. Il a pour auteur M.
Ferrièra. M. Emile Ferrière est naturelle
ment libre-penseur, matérialiste et trans
formiste. On lui doit, outre le Paganisme
des Hébreux, plusieurs autres écrits dont le
titre seul fait connaître les doctrines : Les
Apôtres, essai d'histoire religieuse d'après la
méthode des sciences naturelles ; l'Ame est
la fonction du cerveau ; le Darwinisme. Vous
voyez que ce grand ennemi du catholicis
me attaque la religion, pour ainsi dire, par
tous les bouts, et toujours soi-disant d'a-
près la méthode des sciences naturelles.
Si le Paganisme des Hébreux n'est pas
scientifique, ce n'est pas faute de l'entou
rer d'un grand appareil d'érudition et d'af
firmer avec fracas qu'il est écrit d'après la
méthode la plus rigoureuse, c'est-à-dire
d'après les principes du transformisme.
« Tout dans la nature physique, nous dit
l'auteur, est soumis à la loi d'évolution ; il
en est de même dans l'ordre intellectuel et
moral. » Prouver que le monothéisme hé
breu est un fruit de l'évolution, tel est donc
le but de M. Ferrière. Il le prouve, comme
tant d'autres choses que prétendent dé
montrer les transformistes, en l'affirmant.
Je ne sais quelle est sa compétence en his
toire naturelle; ce qui est certain, c'est
qu'il est fort ignorant en théologie et en
exégèse, et que c'est sa haine seule pour
tout ce qui touche à la religion qui a pu le
pousser à écrire.
Ne connaissant pas les questions dont il
voulait traiter, il a été obligé de recourir
à la science d'autrui. Il s'est presque tou
jours mal adressé et a surtout mis à con
tribution des incroyants.
. Nous disions, il n'y a pas longtemps,
que la Bible annotée du docteur Reuss,
allait devenir l'arsenal où iraient puiser
tous les ennemis de la Sainte Ecriture. M.
Ferrière nous fournit une preuve de ce que
nous avancions. Il ne sait guère, en fait de
science biblique, que ce qu'il a* pris à M.
Reuss. Du reste, il l'a quelquefois compris
de travers. Il a demandé aussi des rensei
gnements à M. Ernest Havet, l'auteur du
Judaïsme, dont nous avons signalé autrefois
l'incapacité aux lecteurs de Y Univers. Les
Origines de l'histoire, de M. François Le-
normant, sont également assez souvent oi-
tées. Mentionnons aussi, parmi les écrits
auxquels il fait des emprunts, les suivants,
( qui permettent d'apprécier combien ce pré
tendu critique manque de toute critique. Il
allègue comme autorités Dupin de Saint-
André '. Taxes de la pénitencerie apostoli
que, et les trois pamphlets de M* Paul
Parfait : L 'Arsenal de la dévotion, le Dossier
des pèlerinages, et la Foire aux reliques.
Ii est facile de préjuger par là quel sera
le ton de l'auteur. Voici en quels termes il
parle de ce qu'il y a de plus sacré et de
plus respectable au oiel et sur la terre :
« La cause suprême est une vérité ; elle
n'est pas une réalité. Ce qui est réel a les
trois dimensions, longueur, largeur, épais
seur, subit des changements ou modifica
tions... La cause suprême n'a pas de di
mensions... La pensée étant le produit de
la fonction, du cerveau, il s'ensuit que, pour
penser, la cause suprême devrait avoir un
cerveau. D'autre part, un cerveau implique
nécessairement un système circulatoire, un
système de nutrition, une enveloppe pro
tectrice; bref, et pour simplifier, la forme
humaine : ce qui est la négation même de
la cause suprême... Les théoriciens ad
mettent que la pensée peut exister sans
oerveau. Fantaisie gratuite, hypothèse en
contradiction absolue avec ce qui est. »
(P. 58-61.) Ainsi il n'y a pas de Dieu réel,
parce qu'il faudrait, pour qu'il existât, qu'il
fût long, large et épais, qu'il eût un cer
veau, un estomac, des intestins, etc. 1
- Il n'y a point de révélation pour les mê
mes motifs. « Ecrite la révélation (exige
rait) du révélateur un organe tel que la
main pour l'écrire. Parlée, elle (exigerait)
un organe tel que la glotte et l'appareil
laryngien pour la parler. » (P. 63.) Le rér
vélateur, Dieu, n'ayant pas, ne pouvant
pas avoir de main ni de glotte, il s'ensuit
qu'il ne peut y avoir non plus de révéla
tion. Par conséquent, les religions qui pré
tendent s'appuyer" sur des révélations, ne
sont que des rêveries. « La croyance à la
révélation est l'indice certain, irrécusable,
que les liens de la gorillité originelle ne
sont pas encore entièrement rompus, »
On distingue trois groupes religieux : le
type monothéiste, qui n'admet qu'un Dieu
unique; le type polythéiste, qui en admet
plusieurs, et le type fétichiste, qui rend un
culte à des objets animés ou inanimés, se
lon le caprice du moment.
Le catholicisme a trouvé le moyen de
tout confondre ensemble et d'être tout à la
fois monothéiste, polythéiste et même féti
chiste. On a peine à en croire ses yeux
quand on lit des monstruosités comme
celle-ci : « Par sa Trinité des trois grands
dieux, Jéhova, Jésus et le Pigeon-Saint-
Esprit; par sa grande déesse, la Mère di
vine, celle que les Latins appelaient Vénus ;
les Grecs, Aphrodite ; les Assyriens, Bilithj
les Chanariéens, Aschéra ; les Chinois,
Kouanin, etc. ; par sa légion de demi-dieux
nommés les saints; le catholicisme appar
tient au polythéisme.
« Par ses gris-gris et ses amulettes : cha
pelets, médaiile3, scapulaires, eaux miracu
leuses, etc. ; par son adoration d'objets
inanimés: morceaux de bois delà croix,
chemise (la sainte chemise de Chartres...;
chandelle (la sainte chandelle d'Arras,
apportée par la Vierge) ; lait (lait de
la sainte Vierge à Evron), etc. ; par son
culte pour des objets obscènes..., par
toutes ces superstitions, le catholieisme
se rattache étroitement au fétichisme des
Esquimaux et à celui des nègres du Gabon.
Ce mélange de polythéisme et de fétichisme
constitue ce qu'on appelle le paganisme. »
(P. 64-65.)
Nous voilà donc bel et bien païens. Si
nous n'en sommes pas convaincus, ce ne
sera point la faute de-M; Ferrière, qui nè
se lasse point de le répéter. « Sous nos
yeux, au sein même des peuples européens
qui se vantent d'être civilisés, l'Eglise ro
maine, dit-il, a consacré le fétichisme avec
un zèle qui ne le cède en rien à celui des
Esquimaux ou des nègres du Gabon. Com
me ceux ci, elle a ses gris-gris, morceaux
de flanelle décorés du nom de scapulaires,
chemise de la Vierge (à Chartres), cordon
de saint Joseph, préservatif de la chasteté,
clefs de saint Hubert qui guérissent de la
rage, vieux bas.de Pie IX, qui guérissent
de tous les maux, etc., médailles, suspen
dues sur la poitrine, analogues aux dents
d'animaux ou aux grains percés dont les
sauvages ornent leur cou ; toutes supersti
tions qui remontent jusqu'aux temps où les
hommes se mangeaient entre eux. Quand
aux idoles, soit en bois, soit en cire qu en
plâtre, soit efc pierre, ea marbre ou en
b'r'onse, elles sont innombrables, toutes
douées de propriétés thérapeutiques;'
moyennant finance, elles .procurent même
testé contre ces rétrogradations du
Vatican. » : , '
Nous .pensons que l'heure est venue
.où, pour l'honneur du parti catholi
que, il doit , éclater à tous les yeux que
de pareilles insinuations n'ont plus de
raison de se produire, Une déclaration,
formelle de l'Union de l'Ouest , et d®
ses alliés parisiens sur le fond du pro
gramme de la Ligue pourrait aider fort
heureusement à obtenir ce résultat.
Une nouvelle saisie
du JOURNAL DE HOME
Nous avons reçu hier; trop tard pour
pouvoir la publier, la dépêche sui
vante :
Rome, il janvier, 3 h. 40 soir.
Le Journal de Rome vient encore d'être
saisi ce matin dimanche pour, la reproduc
tion d'articles de l'Univers et de l'Unitâ catp
lolica sur « l'indépendance du Pape ». >
Le Saint-Père recevra demain une dépu
tai) on des diocèses du nord de l'Italie, ap
portant une riche offrande recueillie à l'oc
casion dij troisième centenaire de saint
Charles Borromée. ,
Evidemment le gouyerneinent spo
liateur veut tuer un journal -dont la
fermeté dérange ses misérables caU
culs.
Les unitaires italiens. et leurs. amis
de tous pays ne cessent, de répéter
que l'Eglise et le Pape sont libres dans
Rome, et un journal catholique ne
peut pas même; reproduire des,, arti
cles publiés sur 1 indépendance du
Pape à. Paris èt à... Turin. Ce qui ëst
permis à Turin est défendu/à liome.
Voilà qui est significatif. ' 1
A l'occasion de cette nouvelle saisie,
nous adressons à notre confrère nos
meilleures félicitations. Nous savons,
par l'expérience du passé,fque, loin de
s'effrayer de ces mesures de rigueur,
il continuera à défendre avec lé mê
me courage la cause de « l'indépen
dance du-Pape ». . .
On accuse souvent les joiirnaux
« réactionnaires » de pousser à-la
peur. Le Journal des Débats a donné trop
ué preuves d'amitié à la république
pour être suspect'dé la moindre mal
veillance à-son égard. Voici pourtant
comme il apprécie la situation, dans
un article où il montre la prépondé-*
rance de plus en plus grande du con
seil municipal de Paris et l'effacement
complet des deux représentants- de
le salut. » (P. 220.) Voilà comment on dé-
nature et travestit le catholicisme dans un
livre qui. a la prétention d'être sérieux et
que certains gobe-mouches prendront pour
tel! ■;-, ' . '
Le catholicisme n'étaut qu'une espèce da
paganisme, que peut être son Dieu? M^
Ferrière veut prouver que le Dieu de Moïse
n'est « rien qu'un homme» (p; 117); Voici
sa démonstration : « Abraham lui lave les
pieds ainsi qu'à ses compagnons ; il les fiait
asseoir à l'ombre de l'arbre pendant qu'on
prépare le déjeuner. Le repas se -composa
de beurre, de lait, d'une galette de pain
frais et d ? un moroeau de veau," tendre et
bon; le récit est muet sur la salade. Q.yoi
qu'il en soit, l'Eternel et ses deux amis
déjeunèrent aveo appétit. La cause suprê-*
me de l'univers qui grignote des tartines de
beurre et mange du veau rôti !... Si en
pleine académie -des sciences un membre
de l'illustre compagnie sa levait et disait ï
« Messieurs, le triangle géométrique m'est
« apparu, hier soir, aux Tuileries, sous ua
« marronnier, où il prenait le frais; je i'a!
« invité à déjeuner pour aujourd'hui »;.si
un tel fait -se produisait,, tous les savants
académiciens s'éorieraiënt: « Malheur! notre
« confrère est atteint d'aliénation mentale. »
Et cependant le triangle géométrique îi une
dimension, la longueur, tandis que la cause
suprême de l'univers n'en a pas. une seule.
Or, le concile de Trente, 8 avril i'SAQ, «
formellement décrété que quiconque ne
croit pas que la cause suprême se promène,
à.; la brune, sous les grands arbres et dé^
jeune avec des côtelettes de veau, celui-là
est damné » (p. 115). . Voilà une interpréta
tion bien inattendue des décrets du concile
de Trente. . *'
. M. Emile Perrière soutient qye nous ad*
mettons plusieurs saintes vierges, comme
plusieurs dieux. « Le dédoublement d'uÀ
\
H* 6254. — Iditkm sa'otlflisa^â
tfttcli 13 Janvier 1885; - !
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Six mois. /» • »
Trois mois * • «
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B5 fr. »
28 50
15 »
Un Numéro, à Paris. . . .
— Départements,
BUREAUX
Paris, 10, Rw des Saints-Pères
Ceux de nos souscripteurs dont l'abon
nement expire le 15 janvier «ont priés de
le renouveler dès à présent pour éviter
toute interruption dons 1& réception dn
journal.— ' - !
Ls meilleur mode de renouvellement est
i. l'onvoi d'un, mandat sur la poste-on d'sa
- chèque à vue, à l'ordre de l'administrateur
du journal. Y joindre l'une des dernières
h&ndes du Journal.
Les abonnements datent des l Bî et iS da
saaque mois.
Toute demande de changement d'adressa
doit être accompagnée d'une des dernières
bandes et de 60 centimes es timbres-
■ peste.
• ! j DÉPARTEMENTS t
Un àn » ;9 . « «'« • . **t B . • • • • > G5fir. f ®
Six mois. « • «s* »... •• «.»«..» 28 60. ■
Trois.mois #. » «■. .#.» « « • • e • • » .. ( 15, ,® ,
> •; •' -"<■ ■; ;• "î '-. ; i.> rTTT** *' • - /'.v ' . « j >-6
: ' I. Édition semi-quotidienne
Un an, 30 !r. — Six tnois, 16 fr. Trois mois, 8 fr. KO
IVOMYEl^ ;?» répond-pas des manuscrits qui lui sont Adressai ;;
FRANGE
PARIS, 12 JANVIER 1885
Demain se réunissent les Chambres;
La discussion continue au sujet de ce
qu'elles doivent faire, non seulement
entre radicaux et opportunistes, mais
même entre opportunistes. ' Pendant
que les uns veulent que la Chambre
des députés se mette résolûment à la
besogne sans attendre le renouvelle
ment du Sénat, les autres disent qu'il
n'y a pas péril en la demeure. Peut-
être les derniers ne seraient-ils pas
fâchés d'attendre le résultat des élec
tions, pour voir d'où souffle le vent.
L'opinion est changeante comme la
mer...
Un journal se montre encore plus
préssé: il voudrait que le Sénat nomme
immédiatement son président, alors
que quatre-vingts sénateurs doivent
être remplacés à bref délai, et par le
fait ne sont plus sénateurs. Le pro
cédé ne serait guère correct au point
de vue parlementaire. C'est cependant
la Paix qui insiste pour qu'on agisse
ainsi. Faudrait^ croire que, M. Le
Royer se retirant,.M. Léon Say pose sa
candidature avec l'appui secret de M.
Grévy? Le langage de la feuille de
l'Elysée le confirmerait. Actuelle
ment, M. Léon Say a des chances^
que les élections du 25 peuvent lui en 7
lever. Mais la candidature de M. Léon
Say sera-t-elle agréable à M. Jules
Ferry, auquel le Journal des Débats
fait une opposition assez accentuée?
On avait parlé un moment d'une
déclaration de M. Jules Ferry à la, re
prise des séances. L'idée, dont nous
ne voyons pas l'utilité, est abandonnée,
si jamais elle a existé ailleurs que dans
l'imagination de quelque nouvelliste.
Un bruit plus sérieux et fort répan
du prête à M. le président du conseil
l'intention d'avancer les élections gé
nérales par un coup de surprise. Il fe-r
rait voter le projet Gonstans sur le
scrutin de liste, sans prévenir les dé
putés de ce qui les attend; puis, brus
quement, lorsque le Sénat aurait ac-?
•cepté la loi, il signifierait à laCham-
lire qu'elle ne peut plus rester. De cette
façon il pourrait empêcher ses adver-
sairesde gauche comme de droite de
s'organiser en vue du scrutin de liste.
Le calcul peut être habile, mais M.
Jules Ferry se heurte ici au sentiment
de la conservation. Nombre de dépu
tés, peu sûrs de revenir, ne voudront
pas perdre plusieurs mois de pouvoir
et de traitement. C'est déjà devant une
résistance de cette nature que s'est
brisé M. Gambetta.
On discute fort dans la presse à
propos de demandes de volontaires
pour le Tonkin qui se feraient actuel
lement dans les régiments de France,
Les uns contestent, les autres affir
ment, en tirant des conséquences qui
nous paraissent quelque peu forcées;
Il faudrait, pour apprécier ce fait,
savoir dans quelle mesure sont faites
ces demandes; mais nous pouvons rap?
peler pertinemment que toujours, lors
qu'il y a eu "des expéditions lointaines
pour lesquelles ir fallait combler des
vides, on a fait appel à des volontaires,
et toujours on en a trouvé plus qu'il
n'en fallait. Y a-t-il plus cette fois ?
Rien ne le prouve.
Le Journal de Rome vient encore
d'être saisi ; c'est pour la troisième
fois. Il s'est permis de reproduire à
Rome des articles qui ont paru à Paris
et à Turin sur « l'indépendance du
Pape. » Voilà qui en dit long sur la
situation faite au Pape et à l'Eglise
par le gouvernement piémontais.
Nous donnons plus longuement les
explications de M. de Bismarek relati
ves à sa « politique coloniale » ; elles
sont d'autant plus intéressantes qu'il y
est question de la France comme de
l'Angleterre.
Nous donnons également une dépê
che du Gaulois, sur la politique colo
niale de l'Italie. Est-ce que l'Angle
terre, trop prudente pour attaquer de
face l'Allemagne et la France, lance
rait sa nouvelle alliée?
La discussion engagée au Parlement
espagnol -entre le ministère Canovas
et ses adversaires de toutes nuances
est chaude; mais, jusqu'à présent, la
victoire paraît devoir rester à M. Ca
novas, malgré la défection de M. Si!-
vela.
La loi des recettes pour l'exercice
de 1885 a fait aux congrégations reli
gieuses une situation à part. Elle viole,
à l'égard des congrégations non re
connues, tous les principes connus du
droit. Les congrégations non autori
sées sont aussi légales que les autres.
Elles n'ont pas la personnalité civile,
voilà tout. Au point de vue civil, elles
restent à l'état d'individus. La loi des
recettes les assimile aux congrégations
autorisées et leur en impose les char
ges sans leur en attribuer le bénéfice.
Le législateur pénètre ainsi dans la vie
privée, dans le domaine de la con
science ; il en modifie, par une fiction
de droit, les conditions d'existence,
pour y appliquer des lois qui, selon
les règles ordinaires de la logique, se
raient inapplicables. Y a-t-il des con
grégations de fait qui ne soient pas
des congrégations de droit? Le législa
teur qui les frappe d'un impôt les re
connaît-il sérieusement? -Il poursuit
des ennemis plutôt qu'il ne protège
des justiciables ou des contribuables.
Il est cependant forcé, pour atteindre
les congrégations non autorisées, de
reconnaître leur existence, d'admettre
ce fait comme ayant un caractère de
légitimité.
Les religieux non autorisés" ne sont
que des individus; et leur3 arrange
ments pour la gestion de leurs inté
rêts matériels restent sous la loi ordi
naire des contrats ou obligations. La
loi de finances reconnaît qu'ils sont
propriétaires, en frappant d un impôt
spécial leurs biens collectifs. Cette pro
priété collective, contre laquelle s'é
levaient tant de préjugés, rentre donc
daij:s le droit commun, et se régit par
la volonté' des associés, comme toutes
les associations civiles. Ce n'est pas
un être moral qui ait droit d'ester en
justice. L'association formée par des
religieux pour vivre, demeure ainsi
.valable et non contraire aux lois. On
n'alléguait jusqu'ici contre les congré
gations que des décrets de bon pla isir
ou des arrêts de proscription. Aucune
loi n'était invoquée. En justice et en
logique, les associations pour vivre
appartiennent donc au droit commun!
Cela ressort de la loi de finances qui
attribue aux propriétés des congréga
tions non autorisées un caractère lé*
gaï, en les frappant d'un impôt qui
n'aurait pas de sens s'il ne reposait
pas sur un droit de propriété constaté;
A-t-on renoncé à ce système de per-r
sécution incessante qui mettait hors
la loi les Français qui appartenaient
ou étaient censés appartenir à des
congrégations religieuses? Comment
empêcher des hommes qui concordent
par les idées, les sentiments,, le genre
dé vie, de se joindre, de s'unir, d'avoir
des intérêts commune? L'association
civile tend alors nécessairement à se
produire ; elle est dans la nature des
choses. Et le législateur qui essaye de
l'entraver, s'impose une tâche impos
sible.
Par cela seul que des hommes ont
le droit de vivre, ils ont le droit de vi-?
vre en s'unissant. Le fait de cette
union est si multiple qu'il éclate de
toutes parts, et malgré tout.
Mais la loi de finances ne se borne
pas à reconnaître la propriété collec
tive des congrégations ; elle frappe
d'un impôt tout, particulier cette pro
priété collective. Le législateur a-t-il
cru qu'il pouvait frapper extraordi-
nairement cette propriété collective,
au moment
droit qu'il lui reconnaissait à la léga
lité ?
Pour asseoir l'impôt sur les congré
gations reconnues ou non reconnues,
la loi décide que leurs biens, meubles
ou immeubles, seront censés produire
un revenu.de cinq pour cent de la va
leur en capital. La supposition est
étrange. Beaucoup de biens meubles,
comme les objets d'art; sont sans pro-r
duit. Un Raphaël estimé un million
sera donc taxé comme un bien qui
produirait cinquante mille francs. Est-
ce juste? est-ce même sérieux? Une
église œuvre d'art d'un prix incompa
rable sera taxée sur un revenu fictif
de cinq cent mille francs ou d'un milr
lion, quand elle ne produit rien que des
frais d'entretien. Ce système conduit
à la destruction ou à l'abandon de tous
nos monuments. Il frappe le capital;
Et aucun économiste n'a encore osé
soutenir que l'impôt devait peser sur
le capital. L'impôt sur le capital res
semble trop à une confiscation.
Un journaliste, M. Emile de Girar-
din, fit autrefois une longue série d'ar
ticles pour développer la thèse de l'im
pôt unique. Il remplaçait tous les im
pôts par l'impôt d'un pour cent sur le
capital. C'était plus simple que prati
cable. On remarqua çue les biens fon
ciers rapportent à peine deux et demi
pour cent au propriétaire. L'Etat au
rait donc partagé avec lui. On com
prit aussi que M. de Girardin nous me
nait à la barbarie en forçant les déten
teurs de valeurs artistiques à s'en dé-
bassasser, à les vendre en pays étran
ger. L'idée de faire payer un impôt
aux choses qui ne donnent pas de re
venus conduit à cette extrémité. C'est
le-côté social de la question. Il en est
un autre et qui touche directement au
droit. Comment la loi peut-elle autori
ser la confiscation ? Les tribunaux ne
sauraient s'y prêter. Il seront forcés
d'interpréter la pensée du législateur
dans un autre sens que celui d'une
confiscation, puisque ce mot de con
fiscation n'est pas prononcé.
Dira-t-on que de telles questions con
cernent le conseil d'Etat et ne sont pas
du ressort des tribunaux ordinaires?
T1 s'agit de la propriété : elle est de
temps immémorial -, dans notre pays,
sous la protection de la justice et non
de l'administration. Si la Chambre
des députés a voulu écraser, ruiner
certains hommes, .les sacrifier plus
spécialement-au flsc> elle ; s'est trompée
en prenant pour une loi cet acte de
prost>i ; >ptioB. Il- est faeile-de voir que
la confiscation deviendrait bientôt le
droit commun de la Frence.
La législature se met dans une sin
gulière position. Elle veut confisquer
les biens de certaines associations : et
pour cela, elle est obligée de recon
naître l'existence de ces biens. Mais
si l'existence de ces biens est recon
nue, il s'ensuit qu'ils ne peuvent plus
être confisqués, puisque chez nous la
confiscation est abolie. Le gouverne
ment passera-t-il outre? Récusera-t-if
l'intervention de la magistrature ? Ce
sera le dernier coup porté à nos insti
tutions judiciaires. Elles semblent crou
ler de toutes parts. Elles se. relève
raient en protégeant le droit de pro
priété. Mais le gouvernement qui a
l'arme de l'amovibilité,- le permettra-t-
il? D'un autre côté, que gagnera-t-il
comme impôt? Et pour un si mince
résultat, est-ce la peine de rétablir le'
principe de la confiscation ? Ou bien
la persécution religieuse doit-elle don-^
ner plus d'amis à la république? Par
des chemins détournés on arrive à la
confiscation. C'est ce qui apparaît de
plus clair aux yeux du public. L'im
pôt sur le capital'dont on fait l'essai
sur de-prétendus ennemis de la répu
blique est la base du socialisme pra
tique. Vous en usez modérément, à
votre avis, parce que vous ne dépouil
lez pas tout le monde. Qui vous em
pêchera d'être plus hardis, à mesure
que l'appétit vous viendra ? S'est-on
arrêté en 1789? Que la propriété soit
collective ou individuelle, c'est toujours
la même propriété ; elle ne change pas
de nature. La collectivité rentre dans
l'individualisme puisqu'elle est formée
par des individus. Le principe juridi
que posé par la Chambre, s'il n'était
pas en opposition avec d'autres prin
cipes , suffirait à nous conduire en
peu de temps au régime du socialisme
le plus avancé.
Coquille.
que l'on ne peut écarter d'un seul
coup, indiqué ;la_voie où il faut entrer
et comment il y : faut marcher, a
M. Dufay est monarchiste et c'est à
MonsieurJe Comte • de Paris qu'il : de
mande la monarchie. Sans songer à
Les brochures politiques, autrefois
en faveur, sont maintenant tenues en
suspicion. C'est assez juste. Le brochu-
rier, généralement, n'offre au public
que des redites. Ce qu'il raconte d'un
air important, comme choses nouvel
les, les journaux l'ont déjà ressassé.
Aussi se garde-t-on de le lire. Cepen
dant la brochure a toujours sa raison
d'être. Ce petit écrit, plus développé,
plus étudié, plus complet que l'article,
plus abordable que le volume, peut, en
quelques pages, exposer toute une
question, tout un système, et dissiper
bien des préventions. Mais pour don
ner ce résultat il faut que l'auteur soit
maître de son idée et sache la présenter
avec force, autorité et jplarté. Voilà le
difficile.
Cette difficulté, M; L. Dufay, ancien
sous-préfet, vient de la vaincre dans
une brochure intitulée : Le Comte de
Paris et la monarchie représentative (1).
Rien de plus net et de plus convain
cant n'a été dit sur cette grave ques
tion. L'auteur ne fait pas de grandes
théories et ne cherche point les pro
fondeurs. Esprit réfléchi et précis, il
expose avec calme des vues où l'on re
connaît à la fois l'homme d'étude - et
l'homme politique. U y a là, en 25 ou
30 pages, tout un plan de reconstruction
politique et sociale, qui, sans mécon
naître ni, les besoins du temps, ni
même des exigences et des préventions
- (l) Dentu, éditeur, Palais-Royal.
réconnaït. elle-inême cohstitùervlaibjfit
*de. la Ligue,*n'est préoccupée que du
respect extraordinaire pour la ■. per
sonne du prince qui l'anime, depuis
la. -mort de Monsieur le comte- de
Chàmbord: l' Union sé contenté dé blâ-
jairaNM^prinett-dM eonditieite,-41^1 ■ v tîës'me'mljrés ctè'ta'
~"" A "—* -* AAUUA "' *■ Ligue;«e déclararitëngàgés;«à se pro-
« noncer, enyue du lendemain,par l6s
« , que leçi*
« càuseiit; je langage et l'attitude jdes
amis du prince, tandis quelle prili-
« -ce lui-même garde le silenae? » w
; Nous demeurons, nous, : préoccupés,
autant pour l'aVenir guè pôur le pre-
sent; de ^l'unidn ^a^wè « sûr lès ba
ses nécessaires du Syllabus ». L'intérêt
pour tout le. monde, .encore une «fois,
est de savoir si f Union de^V Ouesf ; fit
ses semblables entendent, autrement
l'union entre les catholiques t et ; coiq-
ment ces journaux Fentendr^ient. f
La parlant dans son prepiiër
article âç samedi derpier de la .circu
laire de : la Ligue, s'exprimail :
if. ;,.. I^e docuinent offre un, in|§ret,jaf-
ticulièf ement intéressant pour -les, ca»
tholiques, et ii est de nfituvé bie^%p4i|3
,à les diviser qu'à l'es réunir, cap on
sait qpe l'éçole libérale a toujours prp-
dit très posément et très délibérément
dans quelles conditions il devra exer
cer l'autorité pour sauver la France
de l'anarchie et relever le pouvoir.
Dès la première page de sa brochure il
marque ainsi son but :
L'accord parfait de la liberté -et de l'au:
torité est-il possible et réalisable dans la 1
monarchie française? Je réponds oui, et
j'ai la prétention de le prouver.
Mais toute forme de monarchie ne réa
lise point par elle-môme cet accord. ^
Avec la monarchie absolue, la liberté est
en péril.
Avec la monarchie parlementaire, l'auto-;
rilé disparaît.
Seule la monarchie représentative unit,
pour le bien de tous et la prospérité dn
pays, l'autorité et la liberté. ■
Nous ne suivrons pas M. Dufay dans
tous les développements de sa thèse.
Si nous le faisions, nous aurions çà et
Jà quelques éclaircissements à lui de^
mander. Au total, nous sommes .d'ac
cord avec lui sur le fond des choses.
Sa monarchie représentative serait la
monarchie chrétienne telle que le temps
actuel la comporte, telle que l'in
diquent les promoteurs de la Ligue
contre-révolutionnaire. L'auteur, bien
qu'étranger^ nous le savons, à la Dé
claration et au programme qui ont
constitué cette Ligue, en a, pour ainsi
dire, fait l'exposé des motifs. De plus,
par ses déductions, appuyées tout à la
fois sur l'histoire, l'état des esprits et
les principes, il montre combien il se-^
rait facile de passer de la théorie à
l'application.
Nous craignons cependant que M;
Dufay ne puisse se. faire écouter des
politiques ou politiciens, même catho
liques, qui entourent Monsieur le
comte de Paris et semblent parler en
son nom. Ces habiles gens croient fer
mement que, pour raviver en France
l'esprit monarchique, il faut se taire
sur les conditions de la monarchie.
Un programme, à leurs yeux, ne peut
être bon que s'il est nul. C'est par le
lieu commun, et non par la vérité;
qu'ils veulent combattre et espèrent
vaincre.Nousverrons où cette habileté;
qui a déjà tant servi l'ennemi, les
mènera. En attendant, nous recom
mandons la brochure.de M. Dufay à
quiconque croit que, pour combattre
efficacement la Révolution, il faut lui
opposer un programme contre-révolu
tionnaire.
Eugène Veujllot.
L'Union de l'Ouest, citant la lettre'
circulaire du 3 janvier adressée par le
comité central de la Ligue de la Contre-
Révolution à ses correspondants, consr
tate que la Ligue « définit de nouveau
et précise son but », qui est, selon les
termes delà circulaire, « l'union, non-
« seulement en théorie ou tacitement,
« mai3 bien en pratique et explicite-
« ment, sur les bases nécessaires du
« Syllabus rappelées par Léon XIII. »
« Toute la questionestlà, — ajoutait la
« circulaire signée par M. Hyrvoix, -
« et c'est la question qui a été malheu-
« reusement éludée » par .l 'Union de
l'Ouest et les journaux de mémo nuan
ce, comme l'ont remarqué avec regret
tous eeux qui sont avec nous; et avec
une ironie assez malicieuse, mais trop
justifiée, tous les journaux révolution
naires.
La question se trouve encore éludée
aujourd'hui par l'Union de l'Ouest , qui,
loin de se prononcer sur ce qu'elle
FEUILLETON DE L'UNIVERS
du 13 janvier 1884
ÉTKMPTROimBlBLiPl
La Bible est-elle un livre païen?
Le livre dont nous allons parler ne mé
rite assurément pas qu'on s'occupe de lui.
Le parti-pris, l'ignorance, une sorte de
monomanie irréligieuse s'y manifestent à
chaque page. Il ne pourra donc faire de
mal qu'à des hommes aussi ignorants que
l'auteur, pour qui le plus mauvais argu
ment est bon, dès lors .qu'il attaque la re
ligion révélée. Les hommes sensés et tant
soit peu instruits de Jeur catéchisme, qui y
j etteront les yeux, hausseront les épaules
et souriront de pitié. Malgré sa nullité
scientifique et son innocuité relative, nous
pensons néanmoins qu'il est à propos d'en
dire quelques mots, de même qu'on signale
les théories et les propositions extrava
gantes qui -se débitent dans certaines réu-
, nions publiques, afin de. faire connaître le
mal qui ronge une. partie de la société
contemporaine.
Il paraît bien du reste que les ouvrages
de ce genre trouvent des acheteurs, puis
que o'est une librairie assez achalandée qui
s'en est fait l'éditeur, comme de beaucoup
d'autres du môme acabit. C'est un triste si
gne des temps que cette multiplication des
publications antichrétiennes, et il faut bien
qu'on sache combien les ennemis augmen
tent en nombre, afin de redoubler de zèle
pour défendre le dépôt sacré de la foi.
Le livre dont nous voulons parler a pour
titre : Paganisme des Hébreux jusqu'à la
captivité de Babylone. Il a pour auteur M.
Ferrièra. M. Emile Ferrière est naturelle
ment libre-penseur, matérialiste et trans
formiste. On lui doit, outre le Paganisme
des Hébreux, plusieurs autres écrits dont le
titre seul fait connaître les doctrines : Les
Apôtres, essai d'histoire religieuse d'après la
méthode des sciences naturelles ; l'Ame est
la fonction du cerveau ; le Darwinisme. Vous
voyez que ce grand ennemi du catholicis
me attaque la religion, pour ainsi dire, par
tous les bouts, et toujours soi-disant d'a-
près la méthode des sciences naturelles.
Si le Paganisme des Hébreux n'est pas
scientifique, ce n'est pas faute de l'entou
rer d'un grand appareil d'érudition et d'af
firmer avec fracas qu'il est écrit d'après la
méthode la plus rigoureuse, c'est-à-dire
d'après les principes du transformisme.
« Tout dans la nature physique, nous dit
l'auteur, est soumis à la loi d'évolution ; il
en est de même dans l'ordre intellectuel et
moral. » Prouver que le monothéisme hé
breu est un fruit de l'évolution, tel est donc
le but de M. Ferrière. Il le prouve, comme
tant d'autres choses que prétendent dé
montrer les transformistes, en l'affirmant.
Je ne sais quelle est sa compétence en his
toire naturelle; ce qui est certain, c'est
qu'il est fort ignorant en théologie et en
exégèse, et que c'est sa haine seule pour
tout ce qui touche à la religion qui a pu le
pousser à écrire.
Ne connaissant pas les questions dont il
voulait traiter, il a été obligé de recourir
à la science d'autrui. Il s'est presque tou
jours mal adressé et a surtout mis à con
tribution des incroyants.
. Nous disions, il n'y a pas longtemps,
que la Bible annotée du docteur Reuss,
allait devenir l'arsenal où iraient puiser
tous les ennemis de la Sainte Ecriture. M.
Ferrière nous fournit une preuve de ce que
nous avancions. Il ne sait guère, en fait de
science biblique, que ce qu'il a* pris à M.
Reuss. Du reste, il l'a quelquefois compris
de travers. Il a demandé aussi des rensei
gnements à M. Ernest Havet, l'auteur du
Judaïsme, dont nous avons signalé autrefois
l'incapacité aux lecteurs de Y Univers. Les
Origines de l'histoire, de M. François Le-
normant, sont également assez souvent oi-
tées. Mentionnons aussi, parmi les écrits
auxquels il fait des emprunts, les suivants,
( qui permettent d'apprécier combien ce pré
tendu critique manque de toute critique. Il
allègue comme autorités Dupin de Saint-
André '. Taxes de la pénitencerie apostoli
que, et les trois pamphlets de M* Paul
Parfait : L 'Arsenal de la dévotion, le Dossier
des pèlerinages, et la Foire aux reliques.
Ii est facile de préjuger par là quel sera
le ton de l'auteur. Voici en quels termes il
parle de ce qu'il y a de plus sacré et de
plus respectable au oiel et sur la terre :
« La cause suprême est une vérité ; elle
n'est pas une réalité. Ce qui est réel a les
trois dimensions, longueur, largeur, épais
seur, subit des changements ou modifica
tions... La cause suprême n'a pas de di
mensions... La pensée étant le produit de
la fonction, du cerveau, il s'ensuit que, pour
penser, la cause suprême devrait avoir un
cerveau. D'autre part, un cerveau implique
nécessairement un système circulatoire, un
système de nutrition, une enveloppe pro
tectrice; bref, et pour simplifier, la forme
humaine : ce qui est la négation même de
la cause suprême... Les théoriciens ad
mettent que la pensée peut exister sans
oerveau. Fantaisie gratuite, hypothèse en
contradiction absolue avec ce qui est. »
(P. 58-61.) Ainsi il n'y a pas de Dieu réel,
parce qu'il faudrait, pour qu'il existât, qu'il
fût long, large et épais, qu'il eût un cer
veau, un estomac, des intestins, etc. 1
- Il n'y a point de révélation pour les mê
mes motifs. « Ecrite la révélation (exige
rait) du révélateur un organe tel que la
main pour l'écrire. Parlée, elle (exigerait)
un organe tel que la glotte et l'appareil
laryngien pour la parler. » (P. 63.) Le rér
vélateur, Dieu, n'ayant pas, ne pouvant
pas avoir de main ni de glotte, il s'ensuit
qu'il ne peut y avoir non plus de révéla
tion. Par conséquent, les religions qui pré
tendent s'appuyer" sur des révélations, ne
sont que des rêveries. « La croyance à la
révélation est l'indice certain, irrécusable,
que les liens de la gorillité originelle ne
sont pas encore entièrement rompus, »
On distingue trois groupes religieux : le
type monothéiste, qui n'admet qu'un Dieu
unique; le type polythéiste, qui en admet
plusieurs, et le type fétichiste, qui rend un
culte à des objets animés ou inanimés, se
lon le caprice du moment.
Le catholicisme a trouvé le moyen de
tout confondre ensemble et d'être tout à la
fois monothéiste, polythéiste et même féti
chiste. On a peine à en croire ses yeux
quand on lit des monstruosités comme
celle-ci : « Par sa Trinité des trois grands
dieux, Jéhova, Jésus et le Pigeon-Saint-
Esprit; par sa grande déesse, la Mère di
vine, celle que les Latins appelaient Vénus ;
les Grecs, Aphrodite ; les Assyriens, Bilithj
les Chanariéens, Aschéra ; les Chinois,
Kouanin, etc. ; par sa légion de demi-dieux
nommés les saints; le catholicisme appar
tient au polythéisme.
« Par ses gris-gris et ses amulettes : cha
pelets, médaiile3, scapulaires, eaux miracu
leuses, etc. ; par son adoration d'objets
inanimés: morceaux de bois delà croix,
chemise (la sainte chemise de Chartres...;
chandelle (la sainte chandelle d'Arras,
apportée par la Vierge) ; lait (lait de
la sainte Vierge à Evron), etc. ; par son
culte pour des objets obscènes..., par
toutes ces superstitions, le catholieisme
se rattache étroitement au fétichisme des
Esquimaux et à celui des nègres du Gabon.
Ce mélange de polythéisme et de fétichisme
constitue ce qu'on appelle le paganisme. »
(P. 64-65.)
Nous voilà donc bel et bien païens. Si
nous n'en sommes pas convaincus, ce ne
sera point la faute de-M; Ferrière, qui nè
se lasse point de le répéter. « Sous nos
yeux, au sein même des peuples européens
qui se vantent d'être civilisés, l'Eglise ro
maine, dit-il, a consacré le fétichisme avec
un zèle qui ne le cède en rien à celui des
Esquimaux ou des nègres du Gabon. Com
me ceux ci, elle a ses gris-gris, morceaux
de flanelle décorés du nom de scapulaires,
chemise de la Vierge (à Chartres), cordon
de saint Joseph, préservatif de la chasteté,
clefs de saint Hubert qui guérissent de la
rage, vieux bas.de Pie IX, qui guérissent
de tous les maux, etc., médailles, suspen
dues sur la poitrine, analogues aux dents
d'animaux ou aux grains percés dont les
sauvages ornent leur cou ; toutes supersti
tions qui remontent jusqu'aux temps où les
hommes se mangeaient entre eux. Quand
aux idoles, soit en bois, soit en cire qu en
plâtre, soit efc pierre, ea marbre ou en
b'r'onse, elles sont innombrables, toutes
douées de propriétés thérapeutiques;'
moyennant finance, elles .procurent même
testé contre ces rétrogradations du
Vatican. » : , '
Nous .pensons que l'heure est venue
.où, pour l'honneur du parti catholi
que, il doit , éclater à tous les yeux que
de pareilles insinuations n'ont plus de
raison de se produire, Une déclaration,
formelle de l'Union de l'Ouest , et d®
ses alliés parisiens sur le fond du pro
gramme de la Ligue pourrait aider fort
heureusement à obtenir ce résultat.
Une nouvelle saisie
du JOURNAL DE HOME
Nous avons reçu hier; trop tard pour
pouvoir la publier, la dépêche sui
vante :
Rome, il janvier, 3 h. 40 soir.
Le Journal de Rome vient encore d'être
saisi ce matin dimanche pour, la reproduc
tion d'articles de l'Univers et de l'Unitâ catp
lolica sur « l'indépendance du Pape ». >
Le Saint-Père recevra demain une dépu
tai) on des diocèses du nord de l'Italie, ap
portant une riche offrande recueillie à l'oc
casion dij troisième centenaire de saint
Charles Borromée. ,
Evidemment le gouyerneinent spo
liateur veut tuer un journal -dont la
fermeté dérange ses misérables caU
culs.
Les unitaires italiens. et leurs. amis
de tous pays ne cessent, de répéter
que l'Eglise et le Pape sont libres dans
Rome, et un journal catholique ne
peut pas même; reproduire des,, arti
cles publiés sur 1 indépendance du
Pape à. Paris èt à... Turin. Ce qui ëst
permis à Turin est défendu/à liome.
Voilà qui est significatif. ' 1
A l'occasion de cette nouvelle saisie,
nous adressons à notre confrère nos
meilleures félicitations. Nous savons,
par l'expérience du passé,fque, loin de
s'effrayer de ces mesures de rigueur,
il continuera à défendre avec lé mê
me courage la cause de « l'indépen
dance du-Pape ». . .
On accuse souvent les joiirnaux
« réactionnaires » de pousser à-la
peur. Le Journal des Débats a donné trop
ué preuves d'amitié à la république
pour être suspect'dé la moindre mal
veillance à-son égard. Voici pourtant
comme il apprécie la situation, dans
un article où il montre la prépondé-*
rance de plus en plus grande du con
seil municipal de Paris et l'effacement
complet des deux représentants- de
le salut. » (P. 220.) Voilà comment on dé-
nature et travestit le catholicisme dans un
livre qui. a la prétention d'être sérieux et
que certains gobe-mouches prendront pour
tel! ■;-, ' . '
Le catholicisme n'étaut qu'une espèce da
paganisme, que peut être son Dieu? M^
Ferrière veut prouver que le Dieu de Moïse
n'est « rien qu'un homme» (p; 117); Voici
sa démonstration : « Abraham lui lave les
pieds ainsi qu'à ses compagnons ; il les fiait
asseoir à l'ombre de l'arbre pendant qu'on
prépare le déjeuner. Le repas se -composa
de beurre, de lait, d'une galette de pain
frais et d ? un moroeau de veau," tendre et
bon; le récit est muet sur la salade. Q.yoi
qu'il en soit, l'Eternel et ses deux amis
déjeunèrent aveo appétit. La cause suprê-*
me de l'univers qui grignote des tartines de
beurre et mange du veau rôti !... Si en
pleine académie -des sciences un membre
de l'illustre compagnie sa levait et disait ï
« Messieurs, le triangle géométrique m'est
« apparu, hier soir, aux Tuileries, sous ua
« marronnier, où il prenait le frais; je i'a!
« invité à déjeuner pour aujourd'hui »;.si
un tel fait -se produisait,, tous les savants
académiciens s'éorieraiënt: « Malheur! notre
« confrère est atteint d'aliénation mentale. »
Et cependant le triangle géométrique îi une
dimension, la longueur, tandis que la cause
suprême de l'univers n'en a pas. une seule.
Or, le concile de Trente, 8 avril i'SAQ, «
formellement décrété que quiconque ne
croit pas que la cause suprême se promène,
à.; la brune, sous les grands arbres et dé^
jeune avec des côtelettes de veau, celui-là
est damné » (p. 115). . Voilà une interpréta
tion bien inattendue des décrets du concile
de Trente. . *'
. M. Emile Perrière soutient qye nous ad*
mettons plusieurs saintes vierges, comme
plusieurs dieux. « Le dédoublement d'uÀ
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