Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1882-09-09
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 septembre 1882 09 septembre 1882
Description : 1882/09/09 (Numéro 5414). 1882/09/09 (Numéro 5414).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi 9 Septembre 1882
(?• 6414. — Edition quotidienne
Samedi 9 Septembre 1882
PARIS
Un an. ... 55fr. »
Six mois. 28 50
Trois meisf. . 15 »
Un Numéro, à Paris 15 /îerifi ; '''
—*• Départements. 2Q\*>— /.>
Départements.
BUREAUX
Paris, 10, Rue des Saints-Pères
On s'abonne» à Rome» place du Gesti,
M . /
DÉPARTEMENTS
tin an. . . i . , 55fr.$k
. Six mois. . ... r . ; 28 50
Trois mois 15 ■
Édition semi-quotidietina
Un an, 30 fr. — Six mois, 16 fr. — Trois mois, 8 fr. 50
. L 'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
i
ANNONCES
US. Ch. LA6RÀNQE, CgRF et G'% 6, place de la Bourse
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nement expire le 15 septembre sont priés de
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doit être accompagnée d'une des dernières
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poste.
FRANGE
PARIS, 8 SEPTEMBRE 1882
l'Egypte. On annonce une grande at
taque pour mardi prochain.
Une feuille russe, le Novosti, publie
sur les projets de l'Angleterre un ar
ticle curieux, qu'on trouvera plus loin.
-En dépit de leur dédain affecté, les
journaux républicains de toute nuance
sont obligés de reconnaître qu'il faut
compter avec la parole du Pape. La
lettre de Sa Sainteté à S. Em. le cardi
nal Guibert, dont ils voulaient ne pas
paraître s'occuper, les gêne visible
ment. Les uns sont furieux ; les autres
jouent la modération et prodiguent les
conseils à l'Eglise ; les uns comme les
autres sentent que la loi de malheur
est atteinte. Les plus habiles, décou
pant et faussant certaines lettres épis-
copales, essayent d'en opposer la man
suétude à la rigueur pontificale. Mais
ils ne se font pas illusion sur l'inanité
de cette tactique puérile. En somme,
les difficultés soulevées par la loi de
l'athéisme obligatoire ne font que
s'accroître à mesure qu'on avance de
la mise en pratique.
Un correspondant du peu suspect
Journal de Genève constate ces difficul
tés avec une franchise qui n'est pas
dans les traditions républicaines. Il se
demande anxieusement comment on
procédera vis-à-vis des familles qui
opposeront la force d'inertie, et il
n'envisage pas sans une certaine
préoccupation les conséquences de
l'enseignement obligatoire. La conclu
sion logique serait de renoncera un
système op'presseur et dangereux à la
fois, et nos gouvernants le feraient
s'ils se souciaient réellement d'une
diffusion rationnelle et utile de l'en
seignement; mais ils n'ont garde d'a
bandonner, si dangereuse qu'elle
puisse être pour eux-mêmes, une ma
chine de guerre dont ils espèrent
merveille contre l'Eglise.
Nous avons une nouvelle conversa
tion de M. Duclerc, qui cette fois s'est
expliqué avec le coirespondant pari
sien du Times. Le ministère n'est pas
et ne veut pas être un ministère de
vacances; avec la France, il veut « ré-
solûment la paix»; il ne formulera
pas de programme, et il évitera toute
" lutte inutile, mais il n'hésitera pas à
engager la bataille dès qu'il le faudra;
s'il échoue, il « se retirera, et après
lui ce sera la dissolution ».
Tous les ministres ne partagent pas
la confiance de MM. Duclerc, Fallières
et Baïhaut dans la durée du ministère.
Voilà un officieux, le Temps , qui, se
faisant l'historiographe des excursions
de M. de Mahy dans les Alpes, déclare
que ce ministre profitera des lumières
que lui apporte ce voyage sur les
questions agricoles, qu'il connaissait
peu, s'il en a le temps.
Est-ce que le ministère, pour se dé
barrasser de la mairie centrale de Pa
ris, songerait à faire rapporter la loi
qui dota Lyon d'une mairie centrale?
Certes, la seconde ville de France n'y
perdrait pas, et le Journal des Débats.o.
raison lorsqu'il énumère les motifs qui
militent contre cette mairie. Mais quel
est celui des collègues de M. Duclerc
qui aurait le courage d'attacher le
grelot?
On commence à faire courir le bruit
que la réunion des Chambres serait
avancée à cause des nombreuses et
graves questions pendantes. Les Cham
bres seraient convoquées dans la pre
mière quinzaine d'octobre. Certaine
ment, il y a à faire pour des députés
et sénateurs soucieux de leur mandat ;
mais comme ni la Chambre, ni le Sé
nat ne feraient rien de bon, nous te
nons peu à cette réunion anticipée,
à laquelle nous ne croyons pas du
tout.
Le sixième congrès socialiste tient
ses assises à Bordeaux ; on s'en occu
pe médiocrement, quoique nous soyons
en vacances. Les opportunistes le trou
vent trop avancé, pendant que les me
neurs du mouvement parisien lui re
prochent sa timidité.
Une note du journal -officieux le
Temps donne une assez grande impor
tance à la comparution, devant un
conseil de guerre a Tunis, d un Italien
qui a frappé un soldat français. Ce se
rait le début d'une nouvelle politique.
Comme nous sommes en état de guer
re, les faits de rébellion commis par
des Européens seraient désormais spu-
2T3,is, non à leurs consuls, forcément in
dulgents, mais à nos conseils de
guerre.
Pas de nouvelles importantes de
La Paix, organe de M. le président
de la République, ne le cede a aucune
des pires feuilles révolutionnaires
quand il s'agit ae servir ia libre-
pensée., de combattre l'Eglise et de
persécuter l'enseignement chrétien.
Cependant, snr cette question même de '
l'enseignement, elle est présentement
satisfaite des catholiques et trouve à
propos de leur adresser quelques féli
citations, dont l'Univers est excepté, et
aussi le Pape, — ce qui nous console
et nous rassure.
C'est le zèle qu'apporteraient les ca
tholiques à faire la déclaration pres
crite par la loi scélérate qui met en
joie la Paix. Son article, assez ridi
culement intitulé : la Défaite de M.
Veuïllot , reproche d'abord à la presse
religieuse de parler encore de la loi
du 28 mars, loi « si démocratique,
dit-elle, et si sincèrement libérale » ;
puis elle ajoute, avec une certaine iro
nie, que les paroles en ces matières
important moins que les actes, c'est
à ceux-ci qu'il faut s'arrêter. Qr, si les
paroles lui déplaisent, les actes répon
dent au contraire à ses désirs comme
à ses prévisions. Pour le prouver, elle
rappelle en ces termes les dissenti
ments qui dès le début-, quant à la
question de conduite, éclatèrent parmi
les catholiques :
On sait que les journaux religieux se
sont divisés en deux camps bien distincts :
les uns, à la tête desquels se trouve l'Uni
vers, ont l'ait une campagne très active,
pour ne pas dire très violente, dans le but
de décider les « parents chrétiens » à ré
sister purement et simplement à toutes les
prescriptions de la loi, et notamment à
celles qui sont édictées par l'article 7. Cet
article exige, on s'en souvient, que les per
sonnes qui ont charge d'enfants âgés de
six à treize ans fassent au maire de la
commune qu'elles habitent, et quinze jours
avant la rentrée des classes, une déclara
tion prescrivant quelesenfantsrecevront l'in
struction primaire dans leur famille, ou bien
dans une école publique ou privée ; dans
ces deux derniers cas, le déclaranL doit
faire connaître exactement quelle est l'é
cole dont il a fait choix.
D'autres journaux, entre autres le Monde
et le Français , qui ont moins de répugnance
que l'Univers à faire des concessions aux
nécessités, du siècle, se sont catégorique
ment refusés à suivre les ultra-cléricaux
dans la voie dangereuse où l'on prétendait
les conduire ; ils ont affirmé que les pères
de famille pouvaient, sans manquer à leur
devoir, se borner à surveiller l'enseigne
ment qui serait donné dans les écoles pu
bliques, et que, pour le reste, il leur était
loisible de se conformer aux prescriptions-
de la loi.
Que la Paix ait tort ou raison de
dire que le Français et le Monde n'ont
jamais, en fait, voulu autre chose que
la simple surveillance , nous ne voulons
pas le rechercher ici ; mais cette feuille
aurait du reconnaître que nos deux
confrères, malgré l'esprit de conces
sion dont elle les loue, ont toujours
parlé de résister. Cela prouve, au moins,
que la résistance était le vœu comme
le besoin, le droit et le devoir des
catholiques.
Arrivant à la question du jour, la
Paix se fait un plaisir de nous donner
des renseignements qu'elle ne croit
pas de nature à nous satisfaire :
Nous croyons savoir, dit-elle, que, dans
un assez grand nombre de diocèses, des
instructions ont été envoyées, la semaine
dernière, aux curés et desservants pour
leur recommander d'engager les « parents
chrétiens » à se soumettre à la loi. Cela
est si vrai que, depuis deux jours, les dé
clarations qui concernent les enfants de
vant fréquenter des écoles congréganistes
commencent à arriver dans les mairies
avant môme que les administrations mu
nicipales aient pu inviter les familles à
fournir les renseignements, indiqués dans
l'article 7.
Il est possible que l 'Univers n'ait point
encore connaissance de ces faits ; nous ne
croyons pas pouvoir les lui laisser ignorer;
ils sont de nature, en effet, à l'éclairer sur
le succès de la violente campagne qu'il
avait entreprise ; ils lui inspireront peut-
être un peu plus de déférence àl'égard des
journaux qui, comme le Monde et le Fran
çais, n'ont jamais cessé de résister aux
'objurgations passionnées et dangereuses
des irréconciliables de l'ultramontanisme...
Le triomphe des jurisconsultes du Fran
çais et des catholiques du Monde est d'ail
leurs complet. Non-seulement ils ont réussi
à convaincre leurs amis de l'inopportunité
d'une résistance inutile et périlleuse ; mais
ils les ont décidés à prendre toutes les pré
cautions nécessaires pour que les choses
se passent régulièrement. C'est ainsi qu'un
certain nombre de congrégations ensei
gnantes ont fait imprimer des types de dé
clarations qu'elles remettent aux parents
de leurs élèves ; les personnes qui sont
responsables des enfants n'ont plus qu'à
remplir les blancs de ces imprimés, qu'el
les signent ensuite et font remettre au
maire de leur arrondissement ou de leur
commune. Dans d'autres établissements,
le chef d'institution ou la directrice ont
préparé un modèle que l'on a remis aux
familles, qui n'ont plus eu qu'à le recopier
pour se mettre en règle avec la loi. On y
apporte même une sorte d'empressement,
afin de bien marquer sans doute qu'on n'a
que faire des avis de M. Veuillot et de ses
fougueux collaborateurs.
Nos renseignements ne concordent
pa§ absolument avec ceux de la Paix.
Sans doute, des (directeurs et directri
ces d'écoles libres, obéissant à la pres
sion de la Société générale d'enseigne
ment, ont en beaucoup d'endroits, no
tamment à Paris, adressé aux parents
de leurs élèves un modèle de déclara
tion ; mais on ne se presse pas autant
que le croit la Paix de signer ce pa
pier. Nous sommes loin d'en conclure
que le refus de signer l'emportera ;
mais nous avons lieu de croire
que les résistances ne seront pas iso
lées. C'est l'essentiel. Le principe sera
posé, et Ja suite nous çlonnera raison.
La Paix a donc tort de nous croire
abattus et désolés ; ntius comptons sur
le lendemain, et elle nous y aide en
ajoutant à son chant de triomphe l'ob
servation suivante :
Il est vrai que Y Univers pourra se con
soler en lisant quelques phrases échappées
récemment à la plume du Saint-Père, et
dans lesquelles Léon XIII a vigoureuse
ment félicité « les laïques éminents et les
pères de famille qu'indignaient, les entrepri
ses criminelles » de nos législateurs. Mais
celte consolation sera peut-être insuffisante
à des hommes qui préféreraient, sans
doute, voir les « parents chrétiens » s'in
surger contre la loi de leur pays plutôt que
d'entendre d'éloquentes invectives contre
l'impiété du siècle.
Sans croire nécessaire de relever le
ton inconvenant de la Paix, nous lui
rappellerons que rien ri échappe à la
plume du Saint-Père. Il ne dit jamais
que ce qu'il veut dire, gue ce qu'il
faut dire, et c'est pourquoi tout ce qu'il
dit reste et porte coup. Les catho
liques français savent donc mainte
nant qu'il ne suffit pas de surveiller
l'application de la loi, que le devoir
est d'y résister. La Paix ferait bien
d'en conclure qu'ils finiront par s'en
tendre sur les conditions de la vraie
résistance.
E ugène V euillot.
On lit dans la Patrie :
n'obéissez pas!
N'obéissez pas ! Voilà le conseil que nous
donnons aujourd'hui aux parents, auxquels
on veut arracher leurs énfants pour leur
leur faire subir la honte et le poison de
l'enseignement athée.
Et voici pourquoi : La loi du 28 mars est
odieuse. Mais c'est la loi, et vous devez
vous y soumettre, quand vous ne pouvez
faire autrement, mais à la condition qu'elle
sera appliquée légalement. Or, que ce pas-
se-t-il?
Depuis quelques jours, les municipalités
s'évertuent à faire placarder dans les vil
les et les communes des affiches invitant,
les parents d'enfants de six à treize ans à
l'aire aux mairies les déclarations prescri
tes par la loi de 1882 sur l'enseignement
obligatoire.
Ces affiches visent l'article 7 de ladite
loi, qui est ainsi conçu :
Le père, le tuteur, la personne qui a la garde
de l'enfant, le patron chez qui l'enfant est placé,
devra, quinze jours au moins avant l'époque de
la rentrée des classes, faire savoir au maire de
la commune s'il entend faire donner à l'enfant
l'instruction dans la famille ou dans une école
publique ou privée ; dans ces deux derniers cas,
il indiquera l'école choisie.
On oublie, en prodiguant l'exhibition de
cet article 7 qui concerne l'obligation des
parents, et en rappelant à ceux-ci les moyens
coercitifs énoncés dans les articles 10,11,
12, 13 et 14, — on oublie, disons-nous,
qu'il y a dans la loi un certain article 8,
dont le premier paragraphe est ainsi
conçu :
Chaque année, le maire dresse, d'accord avec
la commission scolaire, la liste de tous les en
fants âgés de 6 à 13 ans, et avise les personnes
qui ont charge de ces enfants de l'époque de la
rentrée des classes.
Il résulte à l'évidence que les personnes
qui ont charge d'enfants de six à treize ans
doivent avoir élé personnellement avisées,
par les soins du maire, de l'époque de la
rentrée des classes. C'est à la suite de cet
avertissement que ces personnes sont te
nues de faire leur déclaration, pas avant.
La formalité de l'avertissement personnel
aux parents doit préc- der la déclaration de
ceux-ci. Voilà qui est hors de discussion.
Eh bien! cette année, l'avertissement
préalable en question, formalité rigou
reusement prescrite par la loi, n'a pas eu
lieu.
Donc la loi n'est pas exécutée légale
ment, les mesures qu'elle contient n'ont
pas revêtu le caractère de l'obligation lé
gale, et nous avons le droit de dire aux pa
rents : N'obéissez pas !
Les Prêtres fonctionnaires
C'est surtout quand il s'agit de défi
nir ses droits que l'on montre les bi
zarreries de la république. Pour aban
donner l'Eglise aux haines" impies, ce
gouvernement se flatte d'une neutra
lité absolue à l'égard de la religion ;
mais afin de se livrer contre le clergé
à des tracasseries du genre le plus
bas, la-même république se prévaut
d'une autorité en faveur de laquelle
témoignerait, paraît-il, le budget des
cultes. Les républicains ont concilié
ces deux systèmes en décidant ingé
nieusement que tout est légitime con
tre l'Eglise et que les mesures dirigées
contre elle n'ont pas même besoin d'ê
tre expliquées; mais, néanmoins, ils
condescendent parifois à joindre aux
décrets de proscription un exposé de
motifs, lesquels, il faut le reconnaître,
sont aussi déraisonnables qi)e les-dé
crets sont iniques.
Les conseillers municipaux d'Autun,
qui viennent d'être témoins du zèle
des catholiques à garantir les droits
des ouvriers, qnt résolu de priver ceux-
ci de tout le bien que peut procurer la
religion. Ces dignes echevms se pro
pose^ dp rpcJuipe les catholiques au
silence, en invoquant te systçj^ç çfô
l'autorité de la république Sur Te clergé-
et de la sanction pécuniaire des lois
républicaines. Une délibération a été
prise par laquelle le conseil munici
pal prie le gouvernement"de « retirera
« Févêquë d'Autun la jouissance de la
« propriété nationale occupée par le
« petit séminaire de - cette ville ». C'est
dans ce local, on le sait, que. s'est
tenu dernièrement le congrès des as--
sociafeions -ouvrières, présidé par S. G.
Mgr Pérraud. Au dire des conseillers
municipaux, le vénérable prélat et les
ecclésiastiques qui Ont paru dans les
assemblées du congrès sont très cou
pables, puisqu'ils ont pris part à des
manifestations hostiles à la république,
eux qui sont « des fonctionnaires sa-
« lariés par l'Etat, appartenant à l'or-
« dre religieux »
Qui se doutait que la république
franc-maçonnique possédât des fonc
tionnaires appartenant, non pas à un
ordre religieux, mais àl' ordre religieux,
comme d'autres salariés sont compris
dans l'ordre civil et dans l'ordre mili
taire? En lisant la délibération des
conseillers d'Autun, l'astucieux Jules
Ferry a dû être jaloux de n'avoir pas
découvert ce merveilleux argument
pour innocenter la République du re
proche d'hostilité persécutrice. L'ordre
religieux est demeuré une des bases-
de la République. Qui pourra dire
qu'elle nourrit de mauvais desseins
contre la religion? De même le per
cepteur représente la fortune publi
que très florissante bien qu'elle soit
à la veille d'être dévorée par une ban
queroute gigantesque ; de même le pré
fet, toujours prêt pour les arrêtés de
conflit, incarne la justice républicaine,
qui, de progrès en progrès, réalisera
bientôt la perfection de la justice du
Grand Turc ; de même le soldat at
teste la force de la République, bien
que les républicains détestent l'armée,
la soupçonnent, la dénoncent et s'ef
forcent de la désorganiser; ainsi le
prêtre, salarié par le gouvernement,
personnifie là sollicitude que témoi
gne généreusement au culte la Répu
blique occupée exclusivement à com
battre l'enseignement religieux.
Il est possible que l'argument tiré
du budget des cultes soit concluant ;
mais il est à craindre que les conseil
lers municipaux d'Autun n'aient pas
aperçu les conséquences de cette théo
rie peu en rapport, n'est-ce pas ? avec
les actes du gouvernement républi
cain. En établissant le budget des
cultes, qui constitue une très insuffi
sante indemnité de la spoliation dont
le clergé fut victime aux beaux jours
de 1789, les membres de l'Assemblée
constituante reconnaissaient le rôle
social de la religion. Mirabeau, pour
justifier la confiscation des biens de
l'Eglise, affirmait qu'on pouvait, sans
causer aucun dommage à l'Eglise,
supprimer le clergé organisé en corps ;
car, selon Mirabeau, « le service des
autels » étant « une fonction publi-.
que », l'Etat saurait" toujours veiller à
ce que cette imnortante fonction s'exer
çât d'une manière ou d'une autre. Le
même orateur était d'avis que « le
« clergé n'a pu acquérir des biens
« qu'à la décharge de l'Etat, ,puis-
« qu'en les donnant, les fondateurs
« ont fait ce qu'à leur place, à leur clé-
« faut, la nation aurait dû faire. »
Ainsi, la nation a le devoir d'assurer
le service du culte ; et ce devoir est si
impérieux que, si la charité particu
lière fait défaut, la munificence offi
cielle doit intervenir. D'après Mira
beau, si l'Etat peut réduire les prêtres
à la condition de fonctionnaires sala
riés, c'est uniquement parce que l'Etat
est le grand prêtre de la nation, le
protecteur naturel du culte; parce que
l'Etat est essentiellement religieux.
Evidemment, la thèse soutenue par
Mirabeau et adoptée par l'Assemblée
constituante offre prise aux critiques
des catholiques ; mais elle suffit à faire
juger l'incartade des conseillers mu
nicipaux, maîtres ès sciences libérales
et laïques. Avant de se donner le ma
lin plaisir d'infliger au prêtre le titre
de fonctionnaire de l'Etat républicain,
il faut démontrer que la république
reconnaît le caractère social de la
religion, considère comme un devoir
de protéger les institutions religieuses
et s'efforce sincèrement de remplir
cette auguste mission.
C'est Mirabeau qui l'enseigne ; pour
que les prêtres puissent être appelés
fonctionnaires, il faut qu'il existe une
religion d'Etat. Le conseil municipal
d'Autun, encore qu'il ne s'embarrasse
pas de beaucoup, ne saurait se dispen
ser de cette condition.
Une religion d'Etat, est-ce donc l'ob
jet des désirs, des sottes et abomina
bles manœuvres de lafranc-maçonnerie
gouvernementale? Non, pas "précisé-
ment. En conséquence, les conseillers
municipaux d'Autun .ou d'ailleurs ont
à s'abstenir d'appeler lès prêtres « fonc
tionnaires de la république », qualifica.
tion fausse et infiniment humiliante.
Eugène T avernier.
Le Siècle estime que le clergé est
trop heureux de se trouver iogé et
subventionné par l'Etat, et qu'avec
cela tout devrait lui paraître pour le
mieux du monde ! Aussi ne tolère-t-il
de sa part aucune plainte, aucune re
présentation au sujet des actes du
gouvernement. Mgr l'évêcjqe d'Autun
s'était perrrui de présider dar>« son
petH séminaim congrès catholique
û " voue ce qui a été dit n'était pas à
l'éloge de la république, le conseil mu^
nicipal de cette ville, inféodé aux Lo
ges, a pris aussitôt, comme l'on sait,
une délibération pour demander au
gouvernement de reprendre le sémi
naire. Rien de plus légitime pour le
Siècle, qui trouve fort mauvais que
nous n'auprouvions pas la conduite
du conseil municipal. Le petit sémi
naire n'est-il pas propriété netionale
et n'y aurait-il pas intérêt à y rempla
cer 1 enseignement clérical par len-'
seignement laïque ?
D'ailleurs, le Siècle diclare qu' « on
commence à être las des attaques du
clergé contre le gouvernement natio
nal, » et c'est là une raison suffisante
à ses yeux pour que tous les autres
conseils municipaux imitent la con
duite de celui d'Autun et pour que le
gouvernement défère à un vœu una
nime.
Il ne vient pas à l'idée du Siècle que
le clergé, de son côté, pourrait bien
être las des attaques du gouvernement
« national » contre lui.
Etre payé d'une dette ne suffit pas
pour que l'on doive être toujours et
quand même seûisfait de la conduite
de son créancier. Le clergé peut savoir
gré au gouvernement de n'avoir pas
manqué, jusqu'ici à ses obligations ;
mais il ne faut rien lui demander de
plus, quand son créancier ne semble
chercher que des prétextes pour se
décharger de sa dette. Le gouverne
ment laisse tout dire et faire contre le
clergé, lui-même se conduit en enne
mi à son égard. Peut-il trouver éton
nant que le clergé n'ait, ni affection
ni sympathie pour lui? La persécution
est ouverte ; veut-on que les prêtres et
les fidèles n'aient que des actions de
grâces pour le régime qui a expulsé les
congrégations, détruit l'enseignement
religieux, crocheté les portes des cha
pelles et décroché les crucifix, qui. a
prohibé l'instruction religieuse et les
prières dans les écoles, qui a décrété
l'instruction laïque obligatoire, qui
méprise toutes les lois de l'Eglise, qui
viole à plaisir le repos du dimanche,
qui lèse et opprime de toute manière
les consciences catholiques ?
En vérité, nous dirions que nous
aimons la république, que pas un ré
publicain ne nous croirait.
M. Rogat, du Pays, et M. Magnard,
du Figaro, font la leçon à l'autorité
ecclésiastique du diocèse, laquelle a
cru devoir interdire l'entrée de l'église
aux porteurs du corps de M. de Mas
sas, le journaliste tue en duel il y a
deux jours.
Au Pays on a besoin d'indulgence
pour les duellistes, et au Figaro on a
des traditions de tolérance, de sorte
que ce réquisitoire inconvenant dirigé
par ces deux journaux conservateurs
contre l'autorité diocésaine est en som
me un plaidoyer pro domo. Mais, voici
ce qu'à l'encontre des deux journalis
tes parisiens un journal protestant de
Londres,,1a Pall Mail Gazette , écrit au
sujet du pénible incident de Massas:
Il y a eu beaucoup d'indignation dans
une certaine section de la société parisienne
par suite du refus de l'archevêque de per
mettre qu'on fît entrer le corps de M. de
Massas dans l'Eglise pour y être honoré
des prières funèbres. Aux yeux des Anglais,
l'Eglise catholique paraîtra cette fois au
moins avoir la raison de son côté. Elle
peut difficilement employer mieux la crainte
spirituelle qu'elle inspire, qu'en s'en ser
vant contra la mode du duel. Les duellis
tes ne doivent pas se plaindre s'ils s'expo
sent à souffrir le sort qui jadis était iné
vitable pour les acteurs, et auquel les ra
tionalistes sont encore exposés.
Nous soumettons ces courtes ré
flexions d'un journal protestant à l'or
thodoxe rédacteur du Figaro ; qui se
figure d'ailleurs qu'en fermant la porte
de l'église au corps du suicidé, les
évêques condamnent sans rémission
l'âme du malheureux au feu éternel.
L'Eglise n'usurpe point un si terrible
pouvoir; elle se contente d'appliquer
tes peines de sa discipline à ceux qui
violent ses lois. Il tombe sous le sens
qu'un duelliste ayant délibérément
violé une prescription de l'Eglise et
s'étant mis volontairement en dehors
de la communion catholique, a accepté
toutes les conséquences de ce scan
dale,
Nos bons amis du Standard, la bou
che pleine « des oignons d'Egypte »,
s'inquiètent de la gourmandise fran
çaise qui menace Madagascar. Il pa-r
raît, en effet, que la fameuse ambas-
sade de la reine Ranavalo. dont toutes
les nouvelles du dernier courrier
(comme notre lettre venue d'ailleurs
d'un point un peu éloigné) annon
çaient le départ, n'est point partie. Au
dernier moment, le commandant fran
çais Le Timbre a empêché l'embarque
ment ppup l'Europe du personnel de
cette ambassade. Cet acte d'énergie
paraît intolérable au Standard, qui
veut y voir une preuve de l'impétuo
sité étourdie d'un officier français, et
qui es pèpe que cet excès de licence
sera blâmé par le gouvernement de la
République. Le Standard a probable
ment entendu dire que le ministère
Duclerc était composé de doublures
du grand ministère, et qu'en consé
quences les alliés anglais n'avaient
(jju'à dire un mot pour être compris et
écoutés,
Le Standard profite de l'occasion
pôur- refaire à son idée l'historique de
la question de Madagascar, et natu
rellement il l'arrange à sa fantaisie.
Nous ne relèverons que deux erreurs
de conséquence. Le. Standard assure
que les droits de la France sur Mada
gascar, en admettant qu'ils aient ja
mais existé, n'existent plus depuis la
conquête par les Anglais des colonies
françaises de la mer des Indes sous
le premier empire. Or, par le traité de
rétrocession de 1814, l'Angleterre ren
dit à la France toutes ses possessions
"dcTa" ffiëî 8 fiëS IttaësT 'saùrcëlles dont
la mention suivait dans l'article spé
cial du traité. Il n'y était pas question
de Madagascar, et quand, un peu, plus
tard, le gouverneur anglais, sir R. Far-
.quhar, voulut se prévaloir du traité
pour contester les droits de la France
à Madagascar, il fut formellement dé
savoué par son gouvernement.
L'autre point soulevé parle Standard
est encore plus facile à éclairer. Le
journal anglais prétend qu'en recon
naissant, vers 1866, la reina Rasohe-
rina comme reine de l'île entière, la
France a fait abandon de tous ses
droits. Les droits dont veut parler le
Standard avaient été cédés par la
France au roi Radama II moyennant
des avantages territoriaux, commer
ciaux et industriels dans la' « grande
île ». Il paraît même qu'au gré des An
glais, Radama II en céda trop, puis
que, d'après une tradition assez connue
dans les colonies de la mer des Indes,
« ce fut la politique anglaise qui ame
na l'assassinat de Radama, l'avène
ment de sa veuve, convertie au protes
tantisme, et tout un système de persé
cutions et de vexations contre les mis
sions françaises». Il est bon de rap
peler aussi'que la reine Ranavalo II a
déclaré nui et non avenu le traité in
tervenu entre feu son mari et le gou
vernement français-. Que la France
doiverester liée par un marché qui n'a
pas été tenu, c'est émettre évidemment
une raison de fort mauvais aloi.
Bref, le Standard se figure sans
doute que ses arguments historiques
ne toucheront pas suffisamment le
gouvernement français, car il ajoute
que, non-seulement toute tentative de
la France du côté de Madagascar mé
contenterait l'Angleterre, mais encore
qu'elle rencontrerait des difficultés et
des dangers d'une extrême gravité. H
y a, en effet, autour de la capitale
malgache, vingt mille hommes de
troupes régulières, dressées et instrui
tes par des « officiers anglais» ,et le Stan
dard nous indique le danger qu'il y
aurait pour la République à s'aventu
rer contre de pareils ennemis à unes
telle distance.
Hélas! si nous avions un gouverne
ment, il profiterait du canal de Suez,
libre encore aujourd'hui, pour envoyer
dans les eaux de Madagascar une ex
pédition sérieuse, et il rappellerait, les
Hovas au respect de la France, et nous
ne verrions pas les Anglais prendre
peu à peu notre place dans la plus
grande et la plus riche des colonies
de l'avenir.
On lit dans le Temps :
Une dépêche de Tunis, que nous avons
publiée hier aux dernières nouvelles, an
nonçait qu'un Italien qui s'était livré à un
acte d'agression contre un soldat français
avait élé arrêté et déféré au conseil de
guerre.
Nous croyons savoir que le conseil de
guerre a dû se réunir aujourd'hui même à
Tunis pour juger cette affaire.
A ce propos, nous rappellerons que la
commission de la Chambre chargée d'exa
miner le projet d'organisation de la Tuni
sie s'était préoccupée, avant les vacances
de la Chambre, de la procédure à suivre
dans des cas d'agression semblables à ce
lui d'aujourd'hui.
Jusqu'ici, et surtout au début de l'expé
dition en Tunisie, les étrangers auteurs
d'agressions contre l'armée française avaient
été déférés à leurs consuls respectifs, eh
vertu des capitulations. Mais la plupart
du temps ils étaient condamnés à des pei
nes dérisoires.
En déférant aujourd'hui l'agresseur ita
lien au conseil de guerre français, on ne
fait que rentrer dans l'application du droit
international. Le droit d'une armée expé
ditionnaire de se faire justice est reconnu
par toutes les puissances, et en particulier
par 1 Italie. C'est en vertu de ce droit que
le conseil de guerre a dû se réunir au jour-
d'hui à Tunis.
L'Agence Eavas nous communique
la dépêche suivante :
Le Times publie une longue relation sur une
entrevue que son correspondant parisien a eue
avec M. Duclerc.
Répondant aux demandes de ce correspon*
dant, le président du conseil aurait en substance
parlé de la manière suivante :
« On dit que nous sommes un cabinet de va
cances. Non, nous ne sommes pas ou du moins
nous ne pensons pas être un cabinet de vacan
ces ; 'et la preuve, c'est que nous préparons des
lois que nous nous proposons de soumettre aux
Chambres.
« Nos relations avec les puissances étrangères
sont excellentes, toutefois je ne cherche pas
d'alliance parce que je ne poursuis pas une po
litique qui rend des alliances nécessaires.
« En ce qui me concerne, vous pouvez être
certain que je ne m'éca rterai jamais des désir
de la nation, qui veut la paix. J'agis suivant ce
principe. Voilà pourquoi je n'ai pas à rechercher
les alliances, mais je veux rester fidèle, aux
amitiés de la France.
. « J'ai la conviction absolue que la France veut
rêsolûment la paix,
« Je n'ai pas formulé de programme et je n'en
formulerai pas. Je prépare des mesures que je
souvuetlrai Parlement. Mais je ne m'engagerai
pas dar/s ces luttes incessantes qui énervent et
tyai irritent, et je ne me laisserai pas renverser
pour des questions d'amour-propre blessé.
« Je ne livrerai qu'une bataille réelle: qu'ellfe
soit gagnée on perdue, je n'en livrerai pas d'au
tres. Je ne soumettrai aux Chambres que des
mesures que je croirai utiles et nécessaires au
pays, que celui-ci pourra accepter et sur lesquels
(?• 6414. — Edition quotidienne
Samedi 9 Septembre 1882
PARIS
Un an. ... 55fr. »
Six mois. 28 50
Trois meisf. . 15 »
Un Numéro, à Paris 15 /îerifi ; '''
—*• Départements. 2Q\*>— /.>
Départements.
BUREAUX
Paris, 10, Rue des Saints-Pères
On s'abonne» à Rome» place du Gesti,
M . /
DÉPARTEMENTS
tin an. . . i . , 55fr.$k
. Six mois. . ... r . ; 28 50
Trois mois 15 ■
Édition semi-quotidietina
Un an, 30 fr. — Six mois, 16 fr. — Trois mois, 8 fr. 50
. L 'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
i
ANNONCES
US. Ch. LA6RÀNQE, CgRF et G'% 6, place de la Bourse
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du journal. Y joindre l'une des dernières
bandes du journal.
Les abonnements datent des 1" et 16 de
chaque mois.
Toute demande de changement d'adresse
doit être accompagnée d'une des dernières
bandes et de 50 centimes en timbres-
poste.
FRANGE
PARIS, 8 SEPTEMBRE 1882
l'Egypte. On annonce une grande at
taque pour mardi prochain.
Une feuille russe, le Novosti, publie
sur les projets de l'Angleterre un ar
ticle curieux, qu'on trouvera plus loin.
-En dépit de leur dédain affecté, les
journaux républicains de toute nuance
sont obligés de reconnaître qu'il faut
compter avec la parole du Pape. La
lettre de Sa Sainteté à S. Em. le cardi
nal Guibert, dont ils voulaient ne pas
paraître s'occuper, les gêne visible
ment. Les uns sont furieux ; les autres
jouent la modération et prodiguent les
conseils à l'Eglise ; les uns comme les
autres sentent que la loi de malheur
est atteinte. Les plus habiles, décou
pant et faussant certaines lettres épis-
copales, essayent d'en opposer la man
suétude à la rigueur pontificale. Mais
ils ne se font pas illusion sur l'inanité
de cette tactique puérile. En somme,
les difficultés soulevées par la loi de
l'athéisme obligatoire ne font que
s'accroître à mesure qu'on avance de
la mise en pratique.
Un correspondant du peu suspect
Journal de Genève constate ces difficul
tés avec une franchise qui n'est pas
dans les traditions républicaines. Il se
demande anxieusement comment on
procédera vis-à-vis des familles qui
opposeront la force d'inertie, et il
n'envisage pas sans une certaine
préoccupation les conséquences de
l'enseignement obligatoire. La conclu
sion logique serait de renoncera un
système op'presseur et dangereux à la
fois, et nos gouvernants le feraient
s'ils se souciaient réellement d'une
diffusion rationnelle et utile de l'en
seignement; mais ils n'ont garde d'a
bandonner, si dangereuse qu'elle
puisse être pour eux-mêmes, une ma
chine de guerre dont ils espèrent
merveille contre l'Eglise.
Nous avons une nouvelle conversa
tion de M. Duclerc, qui cette fois s'est
expliqué avec le coirespondant pari
sien du Times. Le ministère n'est pas
et ne veut pas être un ministère de
vacances; avec la France, il veut « ré-
solûment la paix»; il ne formulera
pas de programme, et il évitera toute
" lutte inutile, mais il n'hésitera pas à
engager la bataille dès qu'il le faudra;
s'il échoue, il « se retirera, et après
lui ce sera la dissolution ».
Tous les ministres ne partagent pas
la confiance de MM. Duclerc, Fallières
et Baïhaut dans la durée du ministère.
Voilà un officieux, le Temps , qui, se
faisant l'historiographe des excursions
de M. de Mahy dans les Alpes, déclare
que ce ministre profitera des lumières
que lui apporte ce voyage sur les
questions agricoles, qu'il connaissait
peu, s'il en a le temps.
Est-ce que le ministère, pour se dé
barrasser de la mairie centrale de Pa
ris, songerait à faire rapporter la loi
qui dota Lyon d'une mairie centrale?
Certes, la seconde ville de France n'y
perdrait pas, et le Journal des Débats.o.
raison lorsqu'il énumère les motifs qui
militent contre cette mairie. Mais quel
est celui des collègues de M. Duclerc
qui aurait le courage d'attacher le
grelot?
On commence à faire courir le bruit
que la réunion des Chambres serait
avancée à cause des nombreuses et
graves questions pendantes. Les Cham
bres seraient convoquées dans la pre
mière quinzaine d'octobre. Certaine
ment, il y a à faire pour des députés
et sénateurs soucieux de leur mandat ;
mais comme ni la Chambre, ni le Sé
nat ne feraient rien de bon, nous te
nons peu à cette réunion anticipée,
à laquelle nous ne croyons pas du
tout.
Le sixième congrès socialiste tient
ses assises à Bordeaux ; on s'en occu
pe médiocrement, quoique nous soyons
en vacances. Les opportunistes le trou
vent trop avancé, pendant que les me
neurs du mouvement parisien lui re
prochent sa timidité.
Une note du journal -officieux le
Temps donne une assez grande impor
tance à la comparution, devant un
conseil de guerre a Tunis, d un Italien
qui a frappé un soldat français. Ce se
rait le début d'une nouvelle politique.
Comme nous sommes en état de guer
re, les faits de rébellion commis par
des Européens seraient désormais spu-
2T3,is, non à leurs consuls, forcément in
dulgents, mais à nos conseils de
guerre.
Pas de nouvelles importantes de
La Paix, organe de M. le président
de la République, ne le cede a aucune
des pires feuilles révolutionnaires
quand il s'agit ae servir ia libre-
pensée., de combattre l'Eglise et de
persécuter l'enseignement chrétien.
Cependant, snr cette question même de '
l'enseignement, elle est présentement
satisfaite des catholiques et trouve à
propos de leur adresser quelques féli
citations, dont l'Univers est excepté, et
aussi le Pape, — ce qui nous console
et nous rassure.
C'est le zèle qu'apporteraient les ca
tholiques à faire la déclaration pres
crite par la loi scélérate qui met en
joie la Paix. Son article, assez ridi
culement intitulé : la Défaite de M.
Veuïllot , reproche d'abord à la presse
religieuse de parler encore de la loi
du 28 mars, loi « si démocratique,
dit-elle, et si sincèrement libérale » ;
puis elle ajoute, avec une certaine iro
nie, que les paroles en ces matières
important moins que les actes, c'est
à ceux-ci qu'il faut s'arrêter. Qr, si les
paroles lui déplaisent, les actes répon
dent au contraire à ses désirs comme
à ses prévisions. Pour le prouver, elle
rappelle en ces termes les dissenti
ments qui dès le début-, quant à la
question de conduite, éclatèrent parmi
les catholiques :
On sait que les journaux religieux se
sont divisés en deux camps bien distincts :
les uns, à la tête desquels se trouve l'Uni
vers, ont l'ait une campagne très active,
pour ne pas dire très violente, dans le but
de décider les « parents chrétiens » à ré
sister purement et simplement à toutes les
prescriptions de la loi, et notamment à
celles qui sont édictées par l'article 7. Cet
article exige, on s'en souvient, que les per
sonnes qui ont charge d'enfants âgés de
six à treize ans fassent au maire de la
commune qu'elles habitent, et quinze jours
avant la rentrée des classes, une déclara
tion prescrivant quelesenfantsrecevront l'in
struction primaire dans leur famille, ou bien
dans une école publique ou privée ; dans
ces deux derniers cas, le déclaranL doit
faire connaître exactement quelle est l'é
cole dont il a fait choix.
D'autres journaux, entre autres le Monde
et le Français , qui ont moins de répugnance
que l'Univers à faire des concessions aux
nécessités, du siècle, se sont catégorique
ment refusés à suivre les ultra-cléricaux
dans la voie dangereuse où l'on prétendait
les conduire ; ils ont affirmé que les pères
de famille pouvaient, sans manquer à leur
devoir, se borner à surveiller l'enseigne
ment qui serait donné dans les écoles pu
bliques, et que, pour le reste, il leur était
loisible de se conformer aux prescriptions-
de la loi.
Que la Paix ait tort ou raison de
dire que le Français et le Monde n'ont
jamais, en fait, voulu autre chose que
la simple surveillance , nous ne voulons
pas le rechercher ici ; mais cette feuille
aurait du reconnaître que nos deux
confrères, malgré l'esprit de conces
sion dont elle les loue, ont toujours
parlé de résister. Cela prouve, au moins,
que la résistance était le vœu comme
le besoin, le droit et le devoir des
catholiques.
Arrivant à la question du jour, la
Paix se fait un plaisir de nous donner
des renseignements qu'elle ne croit
pas de nature à nous satisfaire :
Nous croyons savoir, dit-elle, que, dans
un assez grand nombre de diocèses, des
instructions ont été envoyées, la semaine
dernière, aux curés et desservants pour
leur recommander d'engager les « parents
chrétiens » à se soumettre à la loi. Cela
est si vrai que, depuis deux jours, les dé
clarations qui concernent les enfants de
vant fréquenter des écoles congréganistes
commencent à arriver dans les mairies
avant môme que les administrations mu
nicipales aient pu inviter les familles à
fournir les renseignements, indiqués dans
l'article 7.
Il est possible que l 'Univers n'ait point
encore connaissance de ces faits ; nous ne
croyons pas pouvoir les lui laisser ignorer;
ils sont de nature, en effet, à l'éclairer sur
le succès de la violente campagne qu'il
avait entreprise ; ils lui inspireront peut-
être un peu plus de déférence àl'égard des
journaux qui, comme le Monde et le Fran
çais, n'ont jamais cessé de résister aux
'objurgations passionnées et dangereuses
des irréconciliables de l'ultramontanisme...
Le triomphe des jurisconsultes du Fran
çais et des catholiques du Monde est d'ail
leurs complet. Non-seulement ils ont réussi
à convaincre leurs amis de l'inopportunité
d'une résistance inutile et périlleuse ; mais
ils les ont décidés à prendre toutes les pré
cautions nécessaires pour que les choses
se passent régulièrement. C'est ainsi qu'un
certain nombre de congrégations ensei
gnantes ont fait imprimer des types de dé
clarations qu'elles remettent aux parents
de leurs élèves ; les personnes qui sont
responsables des enfants n'ont plus qu'à
remplir les blancs de ces imprimés, qu'el
les signent ensuite et font remettre au
maire de leur arrondissement ou de leur
commune. Dans d'autres établissements,
le chef d'institution ou la directrice ont
préparé un modèle que l'on a remis aux
familles, qui n'ont plus eu qu'à le recopier
pour se mettre en règle avec la loi. On y
apporte même une sorte d'empressement,
afin de bien marquer sans doute qu'on n'a
que faire des avis de M. Veuillot et de ses
fougueux collaborateurs.
Nos renseignements ne concordent
pa§ absolument avec ceux de la Paix.
Sans doute, des (directeurs et directri
ces d'écoles libres, obéissant à la pres
sion de la Société générale d'enseigne
ment, ont en beaucoup d'endroits, no
tamment à Paris, adressé aux parents
de leurs élèves un modèle de déclara
tion ; mais on ne se presse pas autant
que le croit la Paix de signer ce pa
pier. Nous sommes loin d'en conclure
que le refus de signer l'emportera ;
mais nous avons lieu de croire
que les résistances ne seront pas iso
lées. C'est l'essentiel. Le principe sera
posé, et Ja suite nous çlonnera raison.
La Paix a donc tort de nous croire
abattus et désolés ; ntius comptons sur
le lendemain, et elle nous y aide en
ajoutant à son chant de triomphe l'ob
servation suivante :
Il est vrai que Y Univers pourra se con
soler en lisant quelques phrases échappées
récemment à la plume du Saint-Père, et
dans lesquelles Léon XIII a vigoureuse
ment félicité « les laïques éminents et les
pères de famille qu'indignaient, les entrepri
ses criminelles » de nos législateurs. Mais
celte consolation sera peut-être insuffisante
à des hommes qui préféreraient, sans
doute, voir les « parents chrétiens » s'in
surger contre la loi de leur pays plutôt que
d'entendre d'éloquentes invectives contre
l'impiété du siècle.
Sans croire nécessaire de relever le
ton inconvenant de la Paix, nous lui
rappellerons que rien ri échappe à la
plume du Saint-Père. Il ne dit jamais
que ce qu'il veut dire, gue ce qu'il
faut dire, et c'est pourquoi tout ce qu'il
dit reste et porte coup. Les catho
liques français savent donc mainte
nant qu'il ne suffit pas de surveiller
l'application de la loi, que le devoir
est d'y résister. La Paix ferait bien
d'en conclure qu'ils finiront par s'en
tendre sur les conditions de la vraie
résistance.
E ugène V euillot.
On lit dans la Patrie :
n'obéissez pas!
N'obéissez pas ! Voilà le conseil que nous
donnons aujourd'hui aux parents, auxquels
on veut arracher leurs énfants pour leur
leur faire subir la honte et le poison de
l'enseignement athée.
Et voici pourquoi : La loi du 28 mars est
odieuse. Mais c'est la loi, et vous devez
vous y soumettre, quand vous ne pouvez
faire autrement, mais à la condition qu'elle
sera appliquée légalement. Or, que ce pas-
se-t-il?
Depuis quelques jours, les municipalités
s'évertuent à faire placarder dans les vil
les et les communes des affiches invitant,
les parents d'enfants de six à treize ans à
l'aire aux mairies les déclarations prescri
tes par la loi de 1882 sur l'enseignement
obligatoire.
Ces affiches visent l'article 7 de ladite
loi, qui est ainsi conçu :
Le père, le tuteur, la personne qui a la garde
de l'enfant, le patron chez qui l'enfant est placé,
devra, quinze jours au moins avant l'époque de
la rentrée des classes, faire savoir au maire de
la commune s'il entend faire donner à l'enfant
l'instruction dans la famille ou dans une école
publique ou privée ; dans ces deux derniers cas,
il indiquera l'école choisie.
On oublie, en prodiguant l'exhibition de
cet article 7 qui concerne l'obligation des
parents, et en rappelant à ceux-ci les moyens
coercitifs énoncés dans les articles 10,11,
12, 13 et 14, — on oublie, disons-nous,
qu'il y a dans la loi un certain article 8,
dont le premier paragraphe est ainsi
conçu :
Chaque année, le maire dresse, d'accord avec
la commission scolaire, la liste de tous les en
fants âgés de 6 à 13 ans, et avise les personnes
qui ont charge de ces enfants de l'époque de la
rentrée des classes.
Il résulte à l'évidence que les personnes
qui ont charge d'enfants de six à treize ans
doivent avoir élé personnellement avisées,
par les soins du maire, de l'époque de la
rentrée des classes. C'est à la suite de cet
avertissement que ces personnes sont te
nues de faire leur déclaration, pas avant.
La formalité de l'avertissement personnel
aux parents doit préc- der la déclaration de
ceux-ci. Voilà qui est hors de discussion.
Eh bien! cette année, l'avertissement
préalable en question, formalité rigou
reusement prescrite par la loi, n'a pas eu
lieu.
Donc la loi n'est pas exécutée légale
ment, les mesures qu'elle contient n'ont
pas revêtu le caractère de l'obligation lé
gale, et nous avons le droit de dire aux pa
rents : N'obéissez pas !
Les Prêtres fonctionnaires
C'est surtout quand il s'agit de défi
nir ses droits que l'on montre les bi
zarreries de la république. Pour aban
donner l'Eglise aux haines" impies, ce
gouvernement se flatte d'une neutra
lité absolue à l'égard de la religion ;
mais afin de se livrer contre le clergé
à des tracasseries du genre le plus
bas, la-même république se prévaut
d'une autorité en faveur de laquelle
témoignerait, paraît-il, le budget des
cultes. Les républicains ont concilié
ces deux systèmes en décidant ingé
nieusement que tout est légitime con
tre l'Eglise et que les mesures dirigées
contre elle n'ont pas même besoin d'ê
tre expliquées; mais, néanmoins, ils
condescendent parifois à joindre aux
décrets de proscription un exposé de
motifs, lesquels, il faut le reconnaître,
sont aussi déraisonnables qi)e les-dé
crets sont iniques.
Les conseillers municipaux d'Autun,
qui viennent d'être témoins du zèle
des catholiques à garantir les droits
des ouvriers, qnt résolu de priver ceux-
ci de tout le bien que peut procurer la
religion. Ces dignes echevms se pro
pose^ dp rpcJuipe les catholiques au
silence, en invoquant te systçj^ç çfô
l'autorité de la république Sur Te clergé-
et de la sanction pécuniaire des lois
républicaines. Une délibération a été
prise par laquelle le conseil munici
pal prie le gouvernement"de « retirera
« Févêquë d'Autun la jouissance de la
« propriété nationale occupée par le
« petit séminaire de - cette ville ». C'est
dans ce local, on le sait, que. s'est
tenu dernièrement le congrès des as--
sociafeions -ouvrières, présidé par S. G.
Mgr Pérraud. Au dire des conseillers
municipaux, le vénérable prélat et les
ecclésiastiques qui Ont paru dans les
assemblées du congrès sont très cou
pables, puisqu'ils ont pris part à des
manifestations hostiles à la république,
eux qui sont « des fonctionnaires sa-
« lariés par l'Etat, appartenant à l'or-
« dre religieux »
Qui se doutait que la république
franc-maçonnique possédât des fonc
tionnaires appartenant, non pas à un
ordre religieux, mais àl' ordre religieux,
comme d'autres salariés sont compris
dans l'ordre civil et dans l'ordre mili
taire? En lisant la délibération des
conseillers d'Autun, l'astucieux Jules
Ferry a dû être jaloux de n'avoir pas
découvert ce merveilleux argument
pour innocenter la République du re
proche d'hostilité persécutrice. L'ordre
religieux est demeuré une des bases-
de la République. Qui pourra dire
qu'elle nourrit de mauvais desseins
contre la religion? De même le per
cepteur représente la fortune publi
que très florissante bien qu'elle soit
à la veille d'être dévorée par une ban
queroute gigantesque ; de même le pré
fet, toujours prêt pour les arrêtés de
conflit, incarne la justice républicaine,
qui, de progrès en progrès, réalisera
bientôt la perfection de la justice du
Grand Turc ; de même le soldat at
teste la force de la République, bien
que les républicains détestent l'armée,
la soupçonnent, la dénoncent et s'ef
forcent de la désorganiser; ainsi le
prêtre, salarié par le gouvernement,
personnifie là sollicitude que témoi
gne généreusement au culte la Répu
blique occupée exclusivement à com
battre l'enseignement religieux.
Il est possible que l'argument tiré
du budget des cultes soit concluant ;
mais il est à craindre que les conseil
lers municipaux d'Autun n'aient pas
aperçu les conséquences de cette théo
rie peu en rapport, n'est-ce pas ? avec
les actes du gouvernement républi
cain. En établissant le budget des
cultes, qui constitue une très insuffi
sante indemnité de la spoliation dont
le clergé fut victime aux beaux jours
de 1789, les membres de l'Assemblée
constituante reconnaissaient le rôle
social de la religion. Mirabeau, pour
justifier la confiscation des biens de
l'Eglise, affirmait qu'on pouvait, sans
causer aucun dommage à l'Eglise,
supprimer le clergé organisé en corps ;
car, selon Mirabeau, « le service des
autels » étant « une fonction publi-.
que », l'Etat saurait" toujours veiller à
ce que cette imnortante fonction s'exer
çât d'une manière ou d'une autre. Le
même orateur était d'avis que « le
« clergé n'a pu acquérir des biens
« qu'à la décharge de l'Etat, ,puis-
« qu'en les donnant, les fondateurs
« ont fait ce qu'à leur place, à leur clé-
« faut, la nation aurait dû faire. »
Ainsi, la nation a le devoir d'assurer
le service du culte ; et ce devoir est si
impérieux que, si la charité particu
lière fait défaut, la munificence offi
cielle doit intervenir. D'après Mira
beau, si l'Etat peut réduire les prêtres
à la condition de fonctionnaires sala
riés, c'est uniquement parce que l'Etat
est le grand prêtre de la nation, le
protecteur naturel du culte; parce que
l'Etat est essentiellement religieux.
Evidemment, la thèse soutenue par
Mirabeau et adoptée par l'Assemblée
constituante offre prise aux critiques
des catholiques ; mais elle suffit à faire
juger l'incartade des conseillers mu
nicipaux, maîtres ès sciences libérales
et laïques. Avant de se donner le ma
lin plaisir d'infliger au prêtre le titre
de fonctionnaire de l'Etat républicain,
il faut démontrer que la république
reconnaît le caractère social de la
religion, considère comme un devoir
de protéger les institutions religieuses
et s'efforce sincèrement de remplir
cette auguste mission.
C'est Mirabeau qui l'enseigne ; pour
que les prêtres puissent être appelés
fonctionnaires, il faut qu'il existe une
religion d'Etat. Le conseil municipal
d'Autun, encore qu'il ne s'embarrasse
pas de beaucoup, ne saurait se dispen
ser de cette condition.
Une religion d'Etat, est-ce donc l'ob
jet des désirs, des sottes et abomina
bles manœuvres de lafranc-maçonnerie
gouvernementale? Non, pas "précisé-
ment. En conséquence, les conseillers
municipaux d'Autun .ou d'ailleurs ont
à s'abstenir d'appeler lès prêtres « fonc
tionnaires de la république », qualifica.
tion fausse et infiniment humiliante.
Eugène T avernier.
Le Siècle estime que le clergé est
trop heureux de se trouver iogé et
subventionné par l'Etat, et qu'avec
cela tout devrait lui paraître pour le
mieux du monde ! Aussi ne tolère-t-il
de sa part aucune plainte, aucune re
présentation au sujet des actes du
gouvernement. Mgr l'évêcjqe d'Autun
s'était perrrui de présider dar>« son
petH séminaim congrès catholique
û " voue ce qui a été dit n'était pas à
l'éloge de la république, le conseil mu^
nicipal de cette ville, inféodé aux Lo
ges, a pris aussitôt, comme l'on sait,
une délibération pour demander au
gouvernement de reprendre le sémi
naire. Rien de plus légitime pour le
Siècle, qui trouve fort mauvais que
nous n'auprouvions pas la conduite
du conseil municipal. Le petit sémi
naire n'est-il pas propriété netionale
et n'y aurait-il pas intérêt à y rempla
cer 1 enseignement clérical par len-'
seignement laïque ?
D'ailleurs, le Siècle diclare qu' « on
commence à être las des attaques du
clergé contre le gouvernement natio
nal, » et c'est là une raison suffisante
à ses yeux pour que tous les autres
conseils municipaux imitent la con
duite de celui d'Autun et pour que le
gouvernement défère à un vœu una
nime.
Il ne vient pas à l'idée du Siècle que
le clergé, de son côté, pourrait bien
être las des attaques du gouvernement
« national » contre lui.
Etre payé d'une dette ne suffit pas
pour que l'on doive être toujours et
quand même seûisfait de la conduite
de son créancier. Le clergé peut savoir
gré au gouvernement de n'avoir pas
manqué, jusqu'ici à ses obligations ;
mais il ne faut rien lui demander de
plus, quand son créancier ne semble
chercher que des prétextes pour se
décharger de sa dette. Le gouverne
ment laisse tout dire et faire contre le
clergé, lui-même se conduit en enne
mi à son égard. Peut-il trouver éton
nant que le clergé n'ait, ni affection
ni sympathie pour lui? La persécution
est ouverte ; veut-on que les prêtres et
les fidèles n'aient que des actions de
grâces pour le régime qui a expulsé les
congrégations, détruit l'enseignement
religieux, crocheté les portes des cha
pelles et décroché les crucifix, qui. a
prohibé l'instruction religieuse et les
prières dans les écoles, qui a décrété
l'instruction laïque obligatoire, qui
méprise toutes les lois de l'Eglise, qui
viole à plaisir le repos du dimanche,
qui lèse et opprime de toute manière
les consciences catholiques ?
En vérité, nous dirions que nous
aimons la république, que pas un ré
publicain ne nous croirait.
M. Rogat, du Pays, et M. Magnard,
du Figaro, font la leçon à l'autorité
ecclésiastique du diocèse, laquelle a
cru devoir interdire l'entrée de l'église
aux porteurs du corps de M. de Mas
sas, le journaliste tue en duel il y a
deux jours.
Au Pays on a besoin d'indulgence
pour les duellistes, et au Figaro on a
des traditions de tolérance, de sorte
que ce réquisitoire inconvenant dirigé
par ces deux journaux conservateurs
contre l'autorité diocésaine est en som
me un plaidoyer pro domo. Mais, voici
ce qu'à l'encontre des deux journalis
tes parisiens un journal protestant de
Londres,,1a Pall Mail Gazette , écrit au
sujet du pénible incident de Massas:
Il y a eu beaucoup d'indignation dans
une certaine section de la société parisienne
par suite du refus de l'archevêque de per
mettre qu'on fît entrer le corps de M. de
Massas dans l'Eglise pour y être honoré
des prières funèbres. Aux yeux des Anglais,
l'Eglise catholique paraîtra cette fois au
moins avoir la raison de son côté. Elle
peut difficilement employer mieux la crainte
spirituelle qu'elle inspire, qu'en s'en ser
vant contra la mode du duel. Les duellis
tes ne doivent pas se plaindre s'ils s'expo
sent à souffrir le sort qui jadis était iné
vitable pour les acteurs, et auquel les ra
tionalistes sont encore exposés.
Nous soumettons ces courtes ré
flexions d'un journal protestant à l'or
thodoxe rédacteur du Figaro ; qui se
figure d'ailleurs qu'en fermant la porte
de l'église au corps du suicidé, les
évêques condamnent sans rémission
l'âme du malheureux au feu éternel.
L'Eglise n'usurpe point un si terrible
pouvoir; elle se contente d'appliquer
tes peines de sa discipline à ceux qui
violent ses lois. Il tombe sous le sens
qu'un duelliste ayant délibérément
violé une prescription de l'Eglise et
s'étant mis volontairement en dehors
de la communion catholique, a accepté
toutes les conséquences de ce scan
dale,
Nos bons amis du Standard, la bou
che pleine « des oignons d'Egypte »,
s'inquiètent de la gourmandise fran
çaise qui menace Madagascar. Il pa-r
raît, en effet, que la fameuse ambas-
sade de la reine Ranavalo. dont toutes
les nouvelles du dernier courrier
(comme notre lettre venue d'ailleurs
d'un point un peu éloigné) annon
çaient le départ, n'est point partie. Au
dernier moment, le commandant fran
çais Le Timbre a empêché l'embarque
ment ppup l'Europe du personnel de
cette ambassade. Cet acte d'énergie
paraît intolérable au Standard, qui
veut y voir une preuve de l'impétuo
sité étourdie d'un officier français, et
qui es pèpe que cet excès de licence
sera blâmé par le gouvernement de la
République. Le Standard a probable
ment entendu dire que le ministère
Duclerc était composé de doublures
du grand ministère, et qu'en consé
quences les alliés anglais n'avaient
(jju'à dire un mot pour être compris et
écoutés,
Le Standard profite de l'occasion
pôur- refaire à son idée l'historique de
la question de Madagascar, et natu
rellement il l'arrange à sa fantaisie.
Nous ne relèverons que deux erreurs
de conséquence. Le. Standard assure
que les droits de la France sur Mada
gascar, en admettant qu'ils aient ja
mais existé, n'existent plus depuis la
conquête par les Anglais des colonies
françaises de la mer des Indes sous
le premier empire. Or, par le traité de
rétrocession de 1814, l'Angleterre ren
dit à la France toutes ses possessions
"dcTa" ffiëî 8 fiëS IttaësT 'saùrcëlles dont
la mention suivait dans l'article spé
cial du traité. Il n'y était pas question
de Madagascar, et quand, un peu, plus
tard, le gouverneur anglais, sir R. Far-
.quhar, voulut se prévaloir du traité
pour contester les droits de la France
à Madagascar, il fut formellement dé
savoué par son gouvernement.
L'autre point soulevé parle Standard
est encore plus facile à éclairer. Le
journal anglais prétend qu'en recon
naissant, vers 1866, la reina Rasohe-
rina comme reine de l'île entière, la
France a fait abandon de tous ses
droits. Les droits dont veut parler le
Standard avaient été cédés par la
France au roi Radama II moyennant
des avantages territoriaux, commer
ciaux et industriels dans la' « grande
île ». Il paraît même qu'au gré des An
glais, Radama II en céda trop, puis
que, d'après une tradition assez connue
dans les colonies de la mer des Indes,
« ce fut la politique anglaise qui ame
na l'assassinat de Radama, l'avène
ment de sa veuve, convertie au protes
tantisme, et tout un système de persé
cutions et de vexations contre les mis
sions françaises». Il est bon de rap
peler aussi'que la reine Ranavalo II a
déclaré nui et non avenu le traité in
tervenu entre feu son mari et le gou
vernement français-. Que la France
doiverester liée par un marché qui n'a
pas été tenu, c'est émettre évidemment
une raison de fort mauvais aloi.
Bref, le Standard se figure sans
doute que ses arguments historiques
ne toucheront pas suffisamment le
gouvernement français, car il ajoute
que, non-seulement toute tentative de
la France du côté de Madagascar mé
contenterait l'Angleterre, mais encore
qu'elle rencontrerait des difficultés et
des dangers d'une extrême gravité. H
y a, en effet, autour de la capitale
malgache, vingt mille hommes de
troupes régulières, dressées et instrui
tes par des « officiers anglais» ,et le Stan
dard nous indique le danger qu'il y
aurait pour la République à s'aventu
rer contre de pareils ennemis à unes
telle distance.
Hélas! si nous avions un gouverne
ment, il profiterait du canal de Suez,
libre encore aujourd'hui, pour envoyer
dans les eaux de Madagascar une ex
pédition sérieuse, et il rappellerait, les
Hovas au respect de la France, et nous
ne verrions pas les Anglais prendre
peu à peu notre place dans la plus
grande et la plus riche des colonies
de l'avenir.
On lit dans le Temps :
Une dépêche de Tunis, que nous avons
publiée hier aux dernières nouvelles, an
nonçait qu'un Italien qui s'était livré à un
acte d'agression contre un soldat français
avait élé arrêté et déféré au conseil de
guerre.
Nous croyons savoir que le conseil de
guerre a dû se réunir aujourd'hui même à
Tunis pour juger cette affaire.
A ce propos, nous rappellerons que la
commission de la Chambre chargée d'exa
miner le projet d'organisation de la Tuni
sie s'était préoccupée, avant les vacances
de la Chambre, de la procédure à suivre
dans des cas d'agression semblables à ce
lui d'aujourd'hui.
Jusqu'ici, et surtout au début de l'expé
dition en Tunisie, les étrangers auteurs
d'agressions contre l'armée française avaient
été déférés à leurs consuls respectifs, eh
vertu des capitulations. Mais la plupart
du temps ils étaient condamnés à des pei
nes dérisoires.
En déférant aujourd'hui l'agresseur ita
lien au conseil de guerre français, on ne
fait que rentrer dans l'application du droit
international. Le droit d'une armée expé
ditionnaire de se faire justice est reconnu
par toutes les puissances, et en particulier
par 1 Italie. C'est en vertu de ce droit que
le conseil de guerre a dû se réunir au jour-
d'hui à Tunis.
L'Agence Eavas nous communique
la dépêche suivante :
Le Times publie une longue relation sur une
entrevue que son correspondant parisien a eue
avec M. Duclerc.
Répondant aux demandes de ce correspon*
dant, le président du conseil aurait en substance
parlé de la manière suivante :
« On dit que nous sommes un cabinet de va
cances. Non, nous ne sommes pas ou du moins
nous ne pensons pas être un cabinet de vacan
ces ; 'et la preuve, c'est que nous préparons des
lois que nous nous proposons de soumettre aux
Chambres.
« Nos relations avec les puissances étrangères
sont excellentes, toutefois je ne cherche pas
d'alliance parce que je ne poursuis pas une po
litique qui rend des alliances nécessaires.
« En ce qui me concerne, vous pouvez être
certain que je ne m'éca rterai jamais des désir
de la nation, qui veut la paix. J'agis suivant ce
principe. Voilà pourquoi je n'ai pas à rechercher
les alliances, mais je veux rester fidèle, aux
amitiés de la France.
. « J'ai la conviction absolue que la France veut
rêsolûment la paix,
« Je n'ai pas formulé de programme et je n'en
formulerai pas. Je prépare des mesures que je
souvuetlrai Parlement. Mais je ne m'engagerai
pas dar/s ces luttes incessantes qui énervent et
tyai irritent, et je ne me laisserai pas renverser
pour des questions d'amour-propre blessé.
« Je ne livrerai qu'une bataille réelle: qu'ellfe
soit gagnée on perdue, je n'en livrerai pas d'au
tres. Je ne soumettrai aux Chambres que des
mesures que je croirai utiles et nécessaires au
pays, que celui-ci pourra accepter et sur lesquels
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