Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1880-10-09
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 octobre 1880 09 octobre 1880
Description : 1880/10/09 (Numéro 4728). 1880/10/09 (Numéro 4728).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Samedi 9 Octobre 1880
PARIS
Un an. .....t.-.......;. B5fr. »
Six mois....... . .. .... . .. . . 28 60
Trois mois . . . . . . . * 15 ,»
N* 4728 — Édition quotidienne.'
Un Numéro, à Paris.cent
■—•■ Dêpart^mèïlts. '
—r- "*v
BUREAUX^ î y __
Paris, 10, Rue deH-'SaintkPerM, ^
On s'&bonne, & Rome, placftdu Gt 8
sais
Samedi 9 Octobre 1880
•DÉPARTEMENTS
fin an 65 fr. »
' Six mois. . . . . . ... . . . : . . . . . 23 60
■ Troià mois 15 •
Édition semi-quotidienne
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FRANCE
PARIS, 8 OCTOBRE 1880
Le conseil des ministres qu'on an
nonçait pour demain, a eu lieu ce
matin. M. Constans, de retour à Paris
depuis hier, y assistait. L'Agence Eavas
est très sobre de renseignements sur
ce conseil : elle dit simplement qu'il a
été avancé « d'un jour.»f e- qu'il.« a
été consacré à la question de l'exécu
tion des décrets. » L'officieuse Agence
ne dit pas ce qui a été. décidé sur cette
question. , .
Le conseil des ministres se- serait-il
réuni sans s'occuper de la question
d'Orient? Ce serait extraordinaire. Du
reste, XAgence Eavas nous paraît indi
quer discrètement que les ministres
ont au moins causé des affaires d'O
rient, lorsqu'elle dit que « les propo
sitions anglaises ne seront probable
ment l'objet d'unerésolution définitive
que dans le prochain conseil des mi
nistres, qui sera tenu la semaine pro
chaine, sous la présidence de M.
Grévy. »
De cette dernière phrase de VAgence
Bavas, on peut conclure que le retour
de M. Grévy est décidé.
Nous donnons aux dépêches un ré
sumé des « propositions anglaises »
relatives à la Turquie. En somme, le
gouvernement anglais demande la
" ^nisé. en état de blocus de la Turquie
et la confiscation du produit de ses
douanes, le plus clair de ses revenus.
Autant vaudrait une attaque ouverte.
Peut-être, il est vrai, M. Gladstone es-
père-t-il tromper les puissances et les
entraîner où elles ne voudraient pas
aller. Nous doutons que cela lui réus-
sise, sauf peut-être auprès de M. Bar
thélémy Saint-Hilaire, MM. Gambetta
et Challemel-Lacour aidant.
De la dépêche résumant les propo
sitions anglaises, on peut rapprocher
celle qui résume un article de la
Gazette de l'Allemagne, du Nord^ où les
prescriptions du traité dé Berlin sont
rappelées. Si le résumé télégraphique
est exact, l'article de l'organe officieux
de M. de Bismarck est plutôt favorable
qu'hostile à la Turquie. Il y aurait là
un symptôme grave.
Ijes nouvelles qui nous arrivent de
tous les points de la province confir
ment ce que nous avons dit hier au
su ;et de la rentrée des établissements
tenus I® 3 jésuites. Partout le* élè
ves reviennent aussi nombreux, sinon
plus nombreux, l'année dernière.
Pendant que les pères de famille
donnent ce témoignage peu suspect
4 D LUailiJ. V kiujjii » —' — — —
de l'Etat est obligé de se faire défendre
contre les attaques, même dés jour
naux républicains. On trouvera plus
loin l'officieuse défense que publie
Y Agence Eavas. Dans cette défense, une
question importante est évitée, celle
des modifications introduites tardive
ment par M. Ferry et qui ont tout bou
leverse au dernier moment dans ren
seignement officiel. Sur ce terrain, le
ministre renonce à se défendre.
Le conseil municipal est réuni en
session extraordinaire; dans la réu
nion d'hier, on s'est occupé de la laï
cisation de l'enseignement, de la con
fiscation de l'église votive du Sacré-
Cœur et des odeurs de Paris.
Malgré les démentis contraires, la
Voce délia Verità maintient qu'à Rome
le gouvernement italien travaille acti
vement ^our établir sinon une al
liance formel; a ", A mo / n t s un , c %~
tain accord entre î Angleterre et II-
talie. Les dépêches écu5ngees dans
ce but, entre Londres et le cabinet ita
lien, auraient été très fréquenté^; dans
les derniers jours surtout. L'avenu
nous dira bientôt peut-être ce qu'il y
a au fond de cette nouvelle qui, après
tout, n'a rien d'invraisemblable, étant
donné l'imbroglio des affaires d'O
rient.
pendant qu'à Rome lé gouverne
ment italien cherche des alliances en
dehors de la France, M. Barthélémy
Saint-Hilaire adresse à son ami Guber-
natis, une lettre dont le télégraphe
nous envoie un résumé, et dans la
quelle le ministre proteste de son af
fection pour l'Italie. M. Barthélémy
Saint-Hilaire écrit trop et choisit mal
son temps.
Les conservateurs et bon nombre de
catholiques trop pressés de s'arran
ger, sont gens de facile composition,
prompts à l'oubli, prompts à la con
fiance, prompts à voir des auxiliaires
et même des sauveurs dans des politi
ciens sans consistance, ou des enne
mis de race, dont le concours, quand
on l'a obtenu, a toujours été payé trop
cher.
Ces sages ont cru fermement à M.
Thiers et à d'autres de sa suite, sans
que les .résultats obtenus les aient gué
ris. Tout au contraire, ils s'entêtent
dans cette politique, et nous les voyons
depuis quinze jours s'attendrir sur le
sort de M. de Freycinet, mécham
ment mis à mort par M. Gambetta;
ils se persuadent et veulent nous per
suader qu'en le perdant nous avons
perdu quelque chose. Ce triste person
nage s'est, disent-ils, bien conduit à
propos de la Déclaration, et ils le
louent d'avoir su quitter avec honneur
le pouvoir.
Ce n'est pas au moment où les an
ciens collègues de M. de Freyci
net complètent son œuvre que ces
appréciations devraient se produire.
Dans d'autres circonstances peut-être
seraient-elles simplement fausses et
un peu simples; aujourd'hui elles sont
dangereuses- Ne laissons pas croire
aux persécuteurs qu'il leur suffit de ne
pas aller jusqu'au bout de leur crimi
nelle besogne pour mériter le pardon
ou l'oubli, où 1 éloge.
Dans la crise encore mal connue
et de grotesque apparence où il a
perdu son portefeuille, qu'a donc fait
M. de Freycinet pour la cause de la
justice, de la liberté et de la religion?
Quel droit a-t-il soutenu ? Quel mal a-
t-il voulu empêcher? Nous cherchons
avec bonne volonté, et nous ne trou
vons rien, absolument rien.
On le loue d'avoir renoncé au pou
voir. Autant louer M. Grévy d'être resté
huit jours à Paris au lieu d'aller tuer
des lapins à Mont-sous-Vaudrey. De
même que M. Grévy, dont la fonction
est de signer, restait parce qu'il ne
pouvait partir, M. de Freycinet a quitté
la place parce qu'elle n'était plus tr -
nable. La retraite de. MM. Cazot, Farre
et Constans le forçait au départ, car il
lui était absolument impossible^ de
former un nouveau cabinet. Ni lui, ni
M. Grévy n'étaient d'humeur et de
taille à chercher des ministres en de
hors d^,la majorité, laquelle ne lui en
eût pas donné. Toute démarche eut
montré son impuissance. Il l'a si bien
compris, qu'il a voulu se réconcilier
avec les fidèles de M. Gambetta; mais
ceux-ci, ayant mandat de le mettre
dehors, lui ont tout de suite fait sentir
qu'il ne pouvait garder le portefeuille
qu'à la condition de perdre à la fois
l'autorité et l'honneur. Même à ce
prix, M. de Freycinet ne pouvait se
sauver,cardèsla rentrée des Chambres
un vote de la majorité l'eût dédai
gneusement chassé. Une telle pers
pective ne lui laissait pas l'embarras
du choix : il n'avait qu'à prendre con
gé. Il a su le faire avec une certaine
habileté et en cherchant visiblement
à se ménager l'avenir. Nous le recon
naissons volontiers, mais nous ne
comprenons pas que des catholiques
ou des conservateurs soient touchés
de ce.tte sortie.
Nous ne devons, non plus, à l'ancien
président du conseil aucune recon
naissance pour les hésitations tardi
ves qu'on lui prête quant à l'applica
tion du second décret. S'il a vraiment
hésité, c'était à cause de sa situation
personnelle, et non par respect pour
nos droits. Outre que son rôle dans
l'affaire de la Déclaration n'est pas
net, les incidents de la crise ministé
rielle ont prouvé qu'il n'a jamais re
fusé de porter de nouveaux coups aux
congrégations religieuses. Il lui ré
pugnait d'aller vite et de sé montrer
brutal, mais il promettait de marcher
et d J arriver au but. Sa grande affaire
était, tout en servant les athées et les
radicaux, ses maîtres, de garder la si
tuation d'un, homme modéré et de
bonne compagnie, hurlant avec les
loups sans être loup lui-même.
Que l'on examine de près toute sa
conduite, et l'on verra son double jeu.
Il disait aux révolutionnaires ; — Ayez
confiance en moi; ne suis-je pas pro
testant et libre-penseur ? Voyez mes ac
tes, ils sont pour voua, Après avoir
dispersé les jésuites, je pousse leg au
tres congrég&mstes à se séparer d'eux,
non pas ouvertement et de propos dé
libéré, mais en fait, et, qu'ils pgdent
ou résistent, je finirai par vous les 11-
des délais, puisque je m puis ni ne
veux retirer les décrets, qui sont mon
œuvre? N'êtss-vous pas les maîtres, et
gj 2?a diplomatie qui veut diviser les
congrêgùîj° ns ) * es affaiblir, leg ame
ner à se rendre, échoue, ne vous resie-
t-il pas la force? — . ,
Ce langage, nous ne l'inventons
pas, ciest en substance celui qu'om
tenu au début de la crise les journaux
fidèles à M. de Freycinet.
Quant aux catholiques, l'habile hom
me cherchait à les capter en protes
tant de ses regrets au sujet des mesu
res déjà prises et de son désir d'en
rayer le mouvement antireligieux.
Sans prendre- des engagements défi
nis, il parlait en chef de cabinet assez
fort pour sauver en partie les congré
gations, si on voulait se fier à lui et
faire de suffisantes concessions, Qu'on
lui permît de gagner du temps, en. ac
cordant quelque satisfaction au gou
vernement et au parti' révolutionnaire,
et la future loi sur les associations
pourrait tout arranger. Il s'y emploie
rait de son mieux. Pourquoi les con
grégations, en vue d'éviter un mal très
certain et prochain, ne renouvelle
raient-elles, pas sous une forme nou
velle, et avec une solennité particu
lière, des déclarations qui n'enga
geaient en rien les principes ?
Ces appels faits par le chef du cabi
net, l'homme àla fois de M. Grévy et
de M. Gambetta, avaient une incon
testable portée. Le texte des dé
crets, l'esprit de la majorité et le ca
ractère de M. de freycinet s'élevaient,
il est vrai, contre les promesses du
ministre; cependant il y avait lieu de
les entendre, sauf à les repousser si
des exigences inacceptables se produi
saient.
Qui M. de Freycinet voulait-il jouer?
Peut-être ne voulait-il jouer personne.
Plein de confiance en lui-même,^ il
croyait arriver à un compromis qui
l'eût constitué habile diplomate et
grand homme d'Etat. Sa diplomatie
vaut aujourd'hui ce que valait il y a
dix ans sa tactique. Ce finassier a
prouvé, en somme, qu'il ne comprenait
la situation ni au point de vue reli
gieux,ni au point de vue politique. Il
attendait, du côté catholique, des con
cessions qu'on ne pouvait lui faire, et
il croyait au parti républicain une sa
gesse qu'il ne peut avoir.
Rien dans son aventure ne nous
commande les regrets ou la compas
sion. Ennuyé d'être un simple, instru
ment et voulant se créer une situation
personnelle, il a engagé une grosse
partie qu'il a perdue. Les républicains
qu'il a platement servis jusque dans
leurs plus mauvaises passions, le sif
flent, et c'est leur droit. Pourquoi l'ai-
derions-nous à se relever? Rappelons-
nous, au contraire, qu'il a défendu
l'article ,7 tout en le trouvant inique
et bête, qu'il a fait les décrets pour se
venger d'un premier échec, et qu'après
avoir promis des juges à ses victimes,
il veut qu'elles soient livrées à des Cas-
tagnary et autres gens de service.
Si cet homme, devenu persécuteur
sans aucun appétit de persécution et
simplement pour rester ministre, re
nonçait à la vie publique, nous
pourrions lui accorder l'oubli; mais
puisqu'il vise à reparaître, attendons
qu'il ait publiquement confessé et re
gretté ses iniquités pour lui accorder
le pardon.
. Eugène Veuillot.
Le conseil municipal, qui a repris de
puis hier le cours de ses exercices au
milieu de sa bonne ville de Paris, sa
trouve en face de diverses questions
dont le public attend la solution avec
une certaine impatience.
Il y a d'abord l'empoisonnement de
Paris. Les premiers froids de l'automne
ont, à la vérité, diminué ou même
dissipé les dangers dont la santé des
Parisiens était menacée par les abo
minables exhalaisons qui ont fait de la
ville-lumière, l'été dernier, la ville la
plus empestée de l'univers.
- Mais les Parisiens n'ont point ou
blié la « plaie nouvelle » que leur ont
procurée la négligence et l'incurie de
îeurs municipaux et de leurs adminis
trateurs. Ils savent que les odeurs pesti
lentielles, qui ont fait presque doubler
subitement le chiffre de la mortalité,
et qui d'ailleurs n'ont sans doute point
perdu toute action sur leur santé, n'at
tendent pour revenir que l'occasion
des prochaines chaleurs. Ils deman
dent donc que des mesures énergiques
soient prises pour conjurer le retour
du fléau."
On verra par le compte rendu de la
séance municipale^ publié plus loin,
que nos édiles ont daigné s'occuper
des réclamations unanimes de la po
pulation parisienne. M. Andrieux, qui
revient d'une villégiature assez lon
gue et n'a point, par conséquent, souf
fert de l'empoisonnement, s'est sur
tout attaché à dégager son adminis
tration de toute responsabilité à l'é
gard de l'état de choses actuel. M. An
drieux n'a aucun faible pour les dépo
toirs," et il assure que depuis son ins
tallation à la préfecture de police il
n'a été accordé qu'une seule autorisa
tion pout» un établissement de ce
genre.
Les Parisiens ne demandent pas
mieux que de croire à l'innocence de
M- Andrieux et de nos municipaux;
mais le fait brutal est là. Il y a dix
ans, Paris avait une réputation de sa
lubrité et de propreté qui n'est plus
qu'un souvenir, comme beaucoup de
choses d'autrefois. Dix ans, moins que
gela encore (car les préfets du maré
chal de Mac-Mahon ne sont devenus
républicains qu'après sa chute), trois
ans de 'préfectoral républicain et deux
ans de radicalisme municipal ont suffi
pour amener l'empoisonnement de
Paris. Qu'en conclueront les contri
buable», sinon que nos préfets sont
trop occupés à faire la guerre aux jé
suites et nos municipaux trop absor
bés par leur « cléricophobie » pour
bien administrer Paris?
Voyons cette séance- d'hier elle-mê
me ! Tout Paris attend des promesses
et surtout des actes de nos administra
teurs, pour être rassuré sur cette ques
tion des dépotoirs et des égouts. En
bien, Paris attendra encore ; la ques*
tiçn est référée à une commission
Y étudiera et fera son rapport, d'ici à
l'année prochaine,—-si elle a le temps.
Mais, quelle compensation ! M. Hé-
rold a fourni au conseil les renseigne
ments les plus satisfaisants. sur la
laïcisation des écoles; puis un cer
tain M. Lafont a proposé de persécu
ter un peu les « cléricaux » en éri?
géant sur la butte Montmartre, de
vant la façade de l'église du Sacré-
Cœur, « une statue colossale de la Li
berté ».
C'est en quelques lignes le résumé
de la politique de tous les hommes
d'Etat, législatifs et municipaux, de la
République. Les réformes sérieuses,les
questions d'intérêt public, le repos
même et la santé de la France peu
vent attendre. La haine de ces petits
pachas du suffrage populaire n'attend
point. Chasser la dernière sœur, le der
nier frère des écoles, à la bonne heure!
C'est cela qui presse. Ils tiennent à af
firmer qu'ils sont maîtres d'outrager
la croyance et la gloire de la France
en cherchant à déshonorer le temple
du « Christ qui aime les Francs »,
Pourtant la laïcisation et les sta
tues les plus colossales de la liberté
importent moins à l'intérêt et au bon
renom des Français que la salubrité de
leur capitale,voire la moindre enquête
sur le cas de M. Harant et de ses com
plaisants collègues.
L. N. G.
C'est peu pour les feuilles radicales
de pousser à l'expulsion des religieux;
en attendant cette mesure illégale,
elles s'acharnent à déverser les insul
tes les plus grossières contre les mem
bres des congrégations les plus admi
rablement dévouées à la classe popu
laire. C'est ainsi que dans la Petite Ré
publique , dans le Petit Parisien et dans
d'autres journaux encore, les capucins
désignés, paraît-il, pour être les pre
miers atteints, par l'arbitraire admi
nistratif, sont l'objet d'attaques sans
nom. Afin de les calomnier plus à
l'aise, les. scribes du jour n'ont rien
trouvé de mieux que de rééditer les
mensonges de l'infâme Dulaure, dont
aucun écrivain honnête ne saurait
invoquer l'autorité sans rougir. Mais
aux nommes oustèrr s de la Petite Ré
publique et du Petit Parisien , de pareils
témoins sont au contraire tout ce qu'il
faut pour ameuter l'opinion contre les
admirables religieux dont on ose dire
que ce sont « des bêtes grises et pesti-
lentes. »
C'est assurément un grand honneur
aux capucins d'être l'objet de pareils
outrages, et si nous protestons, ce
n'est pas qu'ils puissent être atteints,
par des injures qui ne salissent que
ceux qui les emploient; mais il est
bon de montrer à quels bandits de let
tres on remet, dans la république
athénienne, le soin d'éclairer le peu
ple sur les victimes désignées à sa co
lère. Et néanmoins ces malfaiteurs de
la plume en seront pour leur peine.
Ils peuvent entasser les calomnies sur
les injures, jls ne viendront pas à bout
de tromper le vrai peuple sur les reli
gieux, qu'on voudrait lui faire haïr et
qu'il apprend tous les jours à vénérer
comme les meilleurs de ses amis.
Si les capucins sont tels qu'on les
dépeint an Petit Parisien ou à la Petite
République , comment se fait-il que ces
amis des pauvres s'installont toujours
dans les quartiers les plus dénués des
villes où ils ont des fondations? Com
ment se fait-il que dans ces quartiers
où ils sont entourés de pauvres, ceux-
ci leur soient si dévoués? S'ils pre
naient la peine, et s'ils avaient la vo
lonté de se renseigner exactement à
cet égard, les folliculaires qui jettent
l'insulte aux capucins sauraient qu'à
Paris, à Toulouse, à Lille, au Mans, à
Angers, partout, en un mot, où les fils
de saint François évangélisent, la po
pularité la plus grande s'attache à
leurs pas dans les rangs de cette foule
qu'on prétend fatiguée de leur pré
sence.
Sait-on combien de misères sont
soulagées par eux ? Les insulteurs
dont nous parlons n'ont donc
jamais vu, à la porte des couvents
des capucins, les malheureux à- qui
on distribue des vivres et des aumô
nes ? Ils n'ont donc jamais assisté aux
offices qui s'y chantent, et où l'on
remarque en si grand nombre les
ouvriers attirés par les vertus des re
ligieux dont ils ont reçu les bienfaits.
Savent-ils, enfin, ces jouisseurs de
l'opportunisme, que la première idée
des banques populaires en France est
venue naguère à un capucin qui, dans
la ville d'Angers, en a fait, le premier,
au profit des pauvres, une heureuse et
féconde application ?
Voilà, entre combien d'autres, quel
ques-uns des services rendus par les
capucins à la classe ouvrière. Nous
demandons aux scribes bien rentés de
M. Gambetta si eux ou leur maître
ont jamais tenté rien de pareil. Nous
demandons à compter les pauvres
qu'ils nourrissent des restes delà table
plantureuse où s'étalent les savants
froduits de Trompette. Mais on ne se
Iti --a pas de sat'sfaire une curiosité
pourtant bien légitimé, et dès lors ne
sommes-nous pas fondés à dire que si
l'on expulse les capucins et les reli
gieux leurs frères, c'est que le specta
cle de leur renoncement, de leurs ver
tus austères et de leur vrai dévoue
ment au peuple forme un trop frap
pant contraste avec les hypocrisies de
l'opportunisme.
A uousts R oussel.
Etant donné que nous avons le bon
heur de vivre sous un régime de li
berté et d'égalité — du moins c'est
écrit sur les murs de nos édifices
publics —le certificat d'études doit in
évitablement être rétabli dans un in
tervalle prochain. On en parle dans
lesjournaux opportunistes depuis un
certain temps déjà, les cafards minis
tériels sont unanimes à réclamer cette
odieuse mesure, trop bien d'accord
avec les agissements arbitraires et
brutaux de nos maîtres, pour qu'on
puisie douter de la bonne volonté de
ceux-ci à satisfaire bientôt leur
meu'e.
La chose se prépare donc, et ce ma
tin le Siècle nous apprend que M. le
ministre de l'instruction publique a
l'intention de déposer à la rentrée des
Chambres un projet de loi rétablissant
l'ancien certificat d'études, abrogé
par l'article 63 de la loi de 1850.
Nos lecteurs s'imaginent peut-être
que le Siècle en est fort content. Point :
le Siècle accueille ce projet par un ar
ticle maussade et déclare nettejnent à
M. Ferry qu'il fait fausse route. Tant
d'indépendance peut-elle entrer dans
le cœur d'un officieux?
Il ne faudrait pas croire pourtant que
c'est un sentiment de justice qui fait
parler ainsi le rédacteur du journal
de M. Magnin. L'erreur serait complète.
Mais nous estimons que personne ne se
trompera de cette façon. Nul n'ira sup
poser que ce soit un sentiment de jus
tice qui puisse donner au Siècle l'au
dace de critiquer un acte d'un minis
tre soumis à M. Gambetta. Non, le
Siècle est, au contraire, tout à fait fa
vorable au rétablissement du certificat
d'études. Il prend même la peine de
rappeler,-^il a raison, on ne s'en sou
venait^ plus,—que c'est lui qui, le pre
mier, il y a deux ans, a conçu cette
noble et libérale idée : Adsum qui f- i,
•dit-il. Seulement il n'entend point" du
tout la chose de la même manière
que M. Ferry.
M. Ferry propose en effet le rétablis
sement du certificat d'études, non-seu
lement pour l'entrée aux écoles publi
ques, comme l'avait demandé le Siècle,
mais encore pour le baccalauréat. Pour
le baccalauréat, cela va directement
contre la loi de 1850 : il faudra donc une
nouvelle loi annulant .les dispositions
de celle où collabora M. Thiers. C'est
ce que le Siècle ne voudrait point. Qui
sait si la nouvelle loi passera? N'a
vons-nous point le Sénat, l'énergique
Sénat, qui peut empêcher cette utile
réforme? Le rétablissement du cer
tificat d'études pour l'entrée aux éco
les publiques ne nécessiterait qu'un
simple décret, du moins le Siècle le
pense ainsi. On pourrait donc conti
nuer à se moquer-du Sénat, ce qui se
rait bien agréable et très commode.
Plus tard, on verrait ce qu'il y aurait
à faire pour le baccalauréat.
Voilà pourquoi le Siècle n'est point
d'accord avec M. Ferry. M. Ferry n'est
pas encore assez arbitraire, au goût du
journal de M. Magnin. A quoi bon une
loi? Des décrets, toujours des dé
crets.
Et cela s'appelle un régime de li
berté!
Lesjournaux officieux nous tiennent
au courant des embarras que le gou
vernement éprouve dans l'exécution
des décrets contre les congrégations,
en. nous renseignant de temps à autre
sur les divers projets auxquels il s'ar
rête un instant pour les abandonner
ensuite. Nous connaissons ainsi une
douzaine de systèmes auxquels le gou
vernement a successivement songé.
Le Temps en indiquait avant-hier un
nouveau, qui ne sera pas le dernier, à
en juger par les objections que le Na
tional y trouve à faire :
Si nous en croyons, dit ce journal,-cer
tains renseignements dont le Temps s'est
fait l'écho, il n'est pas impossible que l'on
s'arrête provisoirement à la méthede sui
vante : d'une part plus do décrets, plus
d'intervention directe de l'autorité minis té-
rielle, mais do simples arrêtés préfecto
raux; d'autre part, plus de mesure géné
rale atteignant en bloc tout un groupe de
congrégations ou même tout l'ensemble
d'une seule congrégation, mais une série
de mesures particulières frappant tel ou tel
établissement isolé. Ainsi l'on va procéder,
h moins que l'on ne change d'avis, par ar
rêté préfectoral et par établissement.
Toute méthode ayant ses inconvénients,
celle-ci n'en est pas dépourvue. Nous trou
vons même, avec le Temps, qu'elle en pré
sente d'assez graves. Est-il sûr que les pré
fets puissent prononcer la dissolution d'une
congrégation ? Ne serait-ce point, de leur
part, empiéter sur une attribution réservée
au chef do l'Etat? Ne serait-oe point s'ex
poser à un recours pour incompétence et
exoès de pouvoir devant le conseil d'Etat?
loi, le journal que nous oitons plus haut
rappelle ave infiniment d'à-propos la juris
prudence do ce tribunal, attestée par nom
bre d'exemples, et fait observer au gou
vernement que la olause comminatoire ren
fermée dans le déoret du 29 mars ne sau
rait être assimilée à une dissolution effec
tive, et que, les préfets ne paurraient s'en
prévaloir. Telle a foujours été, du moins,
la doctrine du conseil d Etat, dans tous les
oas analogues.
Autre question : La fermeture d'un éta
blissement déterminé peut-elle être opérée
sans que la congrégation soit dissoute? Car
l'établissement ne saurait être plus coupa
ble que la oongrégation elle-même. Ces
mesures isolées ne passeraient-elles pas,
aux yeux du public, pour une manière non
pas d'appliquer la loi, mais de la tourner?
L'expulsion ainsi pratiquée provoquerait-
olle autre çhose qu'un simple déménage
ment do moines d'un couvent à l'autre
Quelle en serait alors l'efficacité réelle
Queî'cn serait l'effet sur l'opinion?. :.
Ail risque donc do prolonger enore ses
hésitations, n'ost-co point rendre service au;
gouvernement que de lui montrer les in
convénients du projet qu'on lui prête à l'é
gard des congrégations? LodéJai ne sera
pas perdu, si le ministère de l'intérieur et
des cuites en profite pour prendre une ré
solution plus nette, moins timide-et moins
provisoire que -toutes celles dont nous
avons été jusqu'ici les témoins étonnés.
Le National n'indique pas quelle
doit être cette résolution, mais il est
probable que le gouvernement n'a pas
été sans la trouver de lui : même, et
qu'il n'y a renoncé qu'à cause de la
difficulté de la mett"e à exécution.
Le Figaro publie de temos à autres
des lettrés de, Rome signées Innomi-
nalo. Cet anonyme est, en même
temps, si nous no nous trompons, cor
respondant de la Défense et se nomme
M. le comte Conestabile. Il a, dans le
Figaro . la prétention de tout savoir et
joue au personnage. C'est une prér-
tention assez innocente et qu'on
peut lui passer. En réalité, M. Co
nestabile est un correspondant com
me un autre, " et qui cherche trop
à se faire valoir. Nous le savons
de bonne source, et c'est pourquoi
nous avons dédaigné certaines allu
sions qui, dans sa dernière lettre figa-
resque, semblaient viser Y Univers. Ce
pendant, comme notre amour de la
paix, même avec les collaborateurs
du Figaro, r e saurait aller jusqu'à to
lérer indéfiniment d'insidieuses atta
ques, nous invitons M. Conestabile à
cesser ce petit jeu ou à comprendre,
s'il veut le continuer, que le devoir
d'un assaillant est de se démasquer.
La finesse italienne, qu'il vante fort,
peut ne pas comprendre cela ; mais
puisqu'il écrit en français, dans des
journaux de Paris, il ferait bien de se
conformer à la loyauté française.
Cela dit pour ce qui nous concerne,
nous citons les observations de la
1 oce délia Verità sur la partie politi
que ou politicienne de la dernière let
tre figaresque du jeune comte Cones
tabile :
Eugène Veuillot.
Le Figara de Pai is a un correspondant
qui, sous la signature de Ylnnominato, lui
envoie do temps en temps des articles où
ledit correspondant ne cesse de .ioter do
l'eau do rose sur l'état de nos affaires spi
rituelles et temporelles. Dernièrement, la
Figaro nous est arrivé avec une longue
coi.-esnondanco do YIr lominato, qui, avec
assez d'habileté, nous aoprend que les re
lations entre l'Eglise et 1 Italie, particulière
ment à Rome, vont comme dans le meilleur
des mondes possibles. Quelques nuages
troublent, il est vrai, la sérénité du ciel; il
y a bien peut-être, dr is le fond, quelques
gros dissentiments, mais la forme remédia
à tout, on trouve pour tout des expédients,
des accommodements, à la satisfaction ré
ciproque des deux parties, et tout marcha
à souhait. Soit !
Mais alors que Ylnnominato ait la bon(.3
de nous dire ce que signifie la nouvelle sui
vante, donnée ici hier au soir par un jour
nal qui se montre d'ordinaire bien infor
mé : ■
Par décret en date d'hier, le garde des sceaux,
ministre de la justice et des cultes, a suspendu le
payement du traitement de l'évêque de Castc.l-
lamare, qui a quitté sa résidence épiscopale le
jour du lancement de Yltalia, à seule fin de se
r"spenser de prenf^ part à la cérémonie du
baptême.
Eh bien? Obliger un évêque, sous P/dïne
de se voir couper les vivres, à as^stèr au
lancement d'un ne vire, serait une preuve
de la bonne intelligence entrô l'Eglise et
l'Etat?
Que Ylnnominato, qui, s'il n'est pas à
Rome, n en est pas bien loin, nous ré
ponde ; au besoin, le Conservatore, qui est
avec lui on bons termes, lui prêtera gra
cieusement ses colonnes.
A la vérité, si nous devons dire toute
notre pensée, la nouvelle nous parait con
tenir une telle énormité, que nous avons
peine à y croire. Dans tous lesxas, le tnit
qu'elle soit si facilement accueillie et ré
pandue par les journaux qui s'intéressent
le plus au maintien de l'ordre do choses
actuel, montre quelle est leur opinion sur
les dispositions du gouvernement à l'égard
do l'Eglise, opinion bien diffé^nte de cella
quo Ylnnominato a exposée.
Nous avons annoncé que lo ministre
de la guerre, profondément irrité de
la lettre du capitaine Lavergne de Cer-
val, qui, il faut le reconnaître, frappait
juste, avait traduit cet officier devant
un conseil de réforme. Non content
de lui avoir infligé 60 jours de prison,
M. le général Farre voulait faire dé
clarer que M. Lavergne de Cerval de
vait être mis en réforme pour faute
grave contre la discipline. Il espérait
obtenir d'un jury d'officiers un ver
dict qui lui permettrait de chasser de
l'armée l'officier auquel on pouvait tout
au plus reprocher un mouvement d'in
dignation trop vif, mais certainement
légitime, alors que le sieur Matusze-
wiez, capitaine en non-activité, peut
au premier jour être pourvu d'un em
ploi. Les calculs du vindicatif minis
tre ont été déjoués; Y Union nationale.
nous annonce que le conseil d'enquête
a acquitté le capitaine Lavergne de
Cerval. C'est une nouvelle et verte le
çon que reçoit le général Farre.
La Commune tient parois { elle ou
vre dès aujourd'hui une souscription
pour offrir à Bérézowski un revolver
d'honneur ;
PARIS
Un an. .....t.-.......;. B5fr. »
Six mois....... . .. .... . .. . . 28 60
Trois mois . . . . . . . * 15 ,»
N* 4728 — Édition quotidienne.'
Un Numéro, à Paris.cent
■—•■ Dêpart^mèïlts. '
—r- "*v
BUREAUX^ î y __
Paris, 10, Rue deH-'SaintkPerM, ^
On s'&bonne, & Rome, placftdu Gt 8
sais
Samedi 9 Octobre 1880
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Édition semi-quotidienne
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L'UfiiVEKS ne répond pas des manuscrits q«i Ici sont adressés
.ANNONCES
MM, Ch. LAGIUSGE, CRRF et C'% 6, place do {a Boum
Ceux de nos souscripteurs dont l'abon
nement expire le 15 octobre sont priés de
le renouvoler dès à présç^t pour^viier
toute" interruption dans la r réception du
Journal.
Lemeilleur mode de renouvellement de
l'envoi d'un mandat sur la poste ou d'un
chèque à vue, à l'ordre de l'a dm inistrateur
du journal. Y joindre l'une des dernières
bandes du Journal.
Les abonnements datent des 1" et i6 do
chaque mois.
Toute demande de changement d'adresse
doit être accompagnée d'une des dernières
bandes et de 50 centimes en timbres-
poste.
FRANCE
PARIS, 8 OCTOBRE 1880
Le conseil des ministres qu'on an
nonçait pour demain, a eu lieu ce
matin. M. Constans, de retour à Paris
depuis hier, y assistait. L'Agence Eavas
est très sobre de renseignements sur
ce conseil : elle dit simplement qu'il a
été avancé « d'un jour.»f e- qu'il.« a
été consacré à la question de l'exécu
tion des décrets. » L'officieuse Agence
ne dit pas ce qui a été. décidé sur cette
question. , .
Le conseil des ministres se- serait-il
réuni sans s'occuper de la question
d'Orient? Ce serait extraordinaire. Du
reste, XAgence Eavas nous paraît indi
quer discrètement que les ministres
ont au moins causé des affaires d'O
rient, lorsqu'elle dit que « les propo
sitions anglaises ne seront probable
ment l'objet d'unerésolution définitive
que dans le prochain conseil des mi
nistres, qui sera tenu la semaine pro
chaine, sous la présidence de M.
Grévy. »
De cette dernière phrase de VAgence
Bavas, on peut conclure que le retour
de M. Grévy est décidé.
Nous donnons aux dépêches un ré
sumé des « propositions anglaises »
relatives à la Turquie. En somme, le
gouvernement anglais demande la
" ^nisé. en état de blocus de la Turquie
et la confiscation du produit de ses
douanes, le plus clair de ses revenus.
Autant vaudrait une attaque ouverte.
Peut-être, il est vrai, M. Gladstone es-
père-t-il tromper les puissances et les
entraîner où elles ne voudraient pas
aller. Nous doutons que cela lui réus-
sise, sauf peut-être auprès de M. Bar
thélémy Saint-Hilaire, MM. Gambetta
et Challemel-Lacour aidant.
De la dépêche résumant les propo
sitions anglaises, on peut rapprocher
celle qui résume un article de la
Gazette de l'Allemagne, du Nord^ où les
prescriptions du traité dé Berlin sont
rappelées. Si le résumé télégraphique
est exact, l'article de l'organe officieux
de M. de Bismarck est plutôt favorable
qu'hostile à la Turquie. Il y aurait là
un symptôme grave.
Ijes nouvelles qui nous arrivent de
tous les points de la province confir
ment ce que nous avons dit hier au
su ;et de la rentrée des établissements
tenus I® 3 jésuites. Partout le* élè
ves reviennent aussi nombreux, sinon
plus nombreux, l'année dernière.
Pendant que les pères de famille
donnent ce témoignage peu suspect
4 D LUailiJ. V kiujjii » —' — — —
de l'Etat est obligé de se faire défendre
contre les attaques, même dés jour
naux républicains. On trouvera plus
loin l'officieuse défense que publie
Y Agence Eavas. Dans cette défense, une
question importante est évitée, celle
des modifications introduites tardive
ment par M. Ferry et qui ont tout bou
leverse au dernier moment dans ren
seignement officiel. Sur ce terrain, le
ministre renonce à se défendre.
Le conseil municipal est réuni en
session extraordinaire; dans la réu
nion d'hier, on s'est occupé de la laï
cisation de l'enseignement, de la con
fiscation de l'église votive du Sacré-
Cœur et des odeurs de Paris.
Malgré les démentis contraires, la
Voce délia Verità maintient qu'à Rome
le gouvernement italien travaille acti
vement ^our établir sinon une al
liance formel; a ", A mo / n t s un , c %~
tain accord entre î Angleterre et II-
talie. Les dépêches écu5ngees dans
ce but, entre Londres et le cabinet ita
lien, auraient été très fréquenté^; dans
les derniers jours surtout. L'avenu
nous dira bientôt peut-être ce qu'il y
a au fond de cette nouvelle qui, après
tout, n'a rien d'invraisemblable, étant
donné l'imbroglio des affaires d'O
rient.
pendant qu'à Rome lé gouverne
ment italien cherche des alliances en
dehors de la France, M. Barthélémy
Saint-Hilaire adresse à son ami Guber-
natis, une lettre dont le télégraphe
nous envoie un résumé, et dans la
quelle le ministre proteste de son af
fection pour l'Italie. M. Barthélémy
Saint-Hilaire écrit trop et choisit mal
son temps.
Les conservateurs et bon nombre de
catholiques trop pressés de s'arran
ger, sont gens de facile composition,
prompts à l'oubli, prompts à la con
fiance, prompts à voir des auxiliaires
et même des sauveurs dans des politi
ciens sans consistance, ou des enne
mis de race, dont le concours, quand
on l'a obtenu, a toujours été payé trop
cher.
Ces sages ont cru fermement à M.
Thiers et à d'autres de sa suite, sans
que les .résultats obtenus les aient gué
ris. Tout au contraire, ils s'entêtent
dans cette politique, et nous les voyons
depuis quinze jours s'attendrir sur le
sort de M. de Freycinet, mécham
ment mis à mort par M. Gambetta;
ils se persuadent et veulent nous per
suader qu'en le perdant nous avons
perdu quelque chose. Ce triste person
nage s'est, disent-ils, bien conduit à
propos de la Déclaration, et ils le
louent d'avoir su quitter avec honneur
le pouvoir.
Ce n'est pas au moment où les an
ciens collègues de M. de Freyci
net complètent son œuvre que ces
appréciations devraient se produire.
Dans d'autres circonstances peut-être
seraient-elles simplement fausses et
un peu simples; aujourd'hui elles sont
dangereuses- Ne laissons pas croire
aux persécuteurs qu'il leur suffit de ne
pas aller jusqu'au bout de leur crimi
nelle besogne pour mériter le pardon
ou l'oubli, où 1 éloge.
Dans la crise encore mal connue
et de grotesque apparence où il a
perdu son portefeuille, qu'a donc fait
M. de Freycinet pour la cause de la
justice, de la liberté et de la religion?
Quel droit a-t-il soutenu ? Quel mal a-
t-il voulu empêcher? Nous cherchons
avec bonne volonté, et nous ne trou
vons rien, absolument rien.
On le loue d'avoir renoncé au pou
voir. Autant louer M. Grévy d'être resté
huit jours à Paris au lieu d'aller tuer
des lapins à Mont-sous-Vaudrey. De
même que M. Grévy, dont la fonction
est de signer, restait parce qu'il ne
pouvait partir, M. de Freycinet a quitté
la place parce qu'elle n'était plus tr -
nable. La retraite de. MM. Cazot, Farre
et Constans le forçait au départ, car il
lui était absolument impossible^ de
former un nouveau cabinet. Ni lui, ni
M. Grévy n'étaient d'humeur et de
taille à chercher des ministres en de
hors d^,la majorité, laquelle ne lui en
eût pas donné. Toute démarche eut
montré son impuissance. Il l'a si bien
compris, qu'il a voulu se réconcilier
avec les fidèles de M. Gambetta; mais
ceux-ci, ayant mandat de le mettre
dehors, lui ont tout de suite fait sentir
qu'il ne pouvait garder le portefeuille
qu'à la condition de perdre à la fois
l'autorité et l'honneur. Même à ce
prix, M. de Freycinet ne pouvait se
sauver,cardèsla rentrée des Chambres
un vote de la majorité l'eût dédai
gneusement chassé. Une telle pers
pective ne lui laissait pas l'embarras
du choix : il n'avait qu'à prendre con
gé. Il a su le faire avec une certaine
habileté et en cherchant visiblement
à se ménager l'avenir. Nous le recon
naissons volontiers, mais nous ne
comprenons pas que des catholiques
ou des conservateurs soient touchés
de ce.tte sortie.
Nous ne devons, non plus, à l'ancien
président du conseil aucune recon
naissance pour les hésitations tardi
ves qu'on lui prête quant à l'applica
tion du second décret. S'il a vraiment
hésité, c'était à cause de sa situation
personnelle, et non par respect pour
nos droits. Outre que son rôle dans
l'affaire de la Déclaration n'est pas
net, les incidents de la crise ministé
rielle ont prouvé qu'il n'a jamais re
fusé de porter de nouveaux coups aux
congrégations religieuses. Il lui ré
pugnait d'aller vite et de sé montrer
brutal, mais il promettait de marcher
et d J arriver au but. Sa grande affaire
était, tout en servant les athées et les
radicaux, ses maîtres, de garder la si
tuation d'un, homme modéré et de
bonne compagnie, hurlant avec les
loups sans être loup lui-même.
Que l'on examine de près toute sa
conduite, et l'on verra son double jeu.
Il disait aux révolutionnaires ; — Ayez
confiance en moi; ne suis-je pas pro
testant et libre-penseur ? Voyez mes ac
tes, ils sont pour voua, Après avoir
dispersé les jésuites, je pousse leg au
tres congrég&mstes à se séparer d'eux,
non pas ouvertement et de propos dé
libéré, mais en fait, et, qu'ils pgdent
ou résistent, je finirai par vous les 11-
des délais, puisque je m puis ni ne
veux retirer les décrets, qui sont mon
œuvre? N'êtss-vous pas les maîtres, et
gj 2?a diplomatie qui veut diviser les
congrêgùîj° ns ) * es affaiblir, leg ame
ner à se rendre, échoue, ne vous resie-
t-il pas la force? — . ,
Ce langage, nous ne l'inventons
pas, ciest en substance celui qu'om
tenu au début de la crise les journaux
fidèles à M. de Freycinet.
Quant aux catholiques, l'habile hom
me cherchait à les capter en protes
tant de ses regrets au sujet des mesu
res déjà prises et de son désir d'en
rayer le mouvement antireligieux.
Sans prendre- des engagements défi
nis, il parlait en chef de cabinet assez
fort pour sauver en partie les congré
gations, si on voulait se fier à lui et
faire de suffisantes concessions, Qu'on
lui permît de gagner du temps, en. ac
cordant quelque satisfaction au gou
vernement et au parti' révolutionnaire,
et la future loi sur les associations
pourrait tout arranger. Il s'y emploie
rait de son mieux. Pourquoi les con
grégations, en vue d'éviter un mal très
certain et prochain, ne renouvelle
raient-elles, pas sous une forme nou
velle, et avec une solennité particu
lière, des déclarations qui n'enga
geaient en rien les principes ?
Ces appels faits par le chef du cabi
net, l'homme àla fois de M. Grévy et
de M. Gambetta, avaient une incon
testable portée. Le texte des dé
crets, l'esprit de la majorité et le ca
ractère de M. de freycinet s'élevaient,
il est vrai, contre les promesses du
ministre; cependant il y avait lieu de
les entendre, sauf à les repousser si
des exigences inacceptables se produi
saient.
Qui M. de Freycinet voulait-il jouer?
Peut-être ne voulait-il jouer personne.
Plein de confiance en lui-même,^ il
croyait arriver à un compromis qui
l'eût constitué habile diplomate et
grand homme d'Etat. Sa diplomatie
vaut aujourd'hui ce que valait il y a
dix ans sa tactique. Ce finassier a
prouvé, en somme, qu'il ne comprenait
la situation ni au point de vue reli
gieux,ni au point de vue politique. Il
attendait, du côté catholique, des con
cessions qu'on ne pouvait lui faire, et
il croyait au parti républicain une sa
gesse qu'il ne peut avoir.
Rien dans son aventure ne nous
commande les regrets ou la compas
sion. Ennuyé d'être un simple, instru
ment et voulant se créer une situation
personnelle, il a engagé une grosse
partie qu'il a perdue. Les républicains
qu'il a platement servis jusque dans
leurs plus mauvaises passions, le sif
flent, et c'est leur droit. Pourquoi l'ai-
derions-nous à se relever? Rappelons-
nous, au contraire, qu'il a défendu
l'article ,7 tout en le trouvant inique
et bête, qu'il a fait les décrets pour se
venger d'un premier échec, et qu'après
avoir promis des juges à ses victimes,
il veut qu'elles soient livrées à des Cas-
tagnary et autres gens de service.
Si cet homme, devenu persécuteur
sans aucun appétit de persécution et
simplement pour rester ministre, re
nonçait à la vie publique, nous
pourrions lui accorder l'oubli; mais
puisqu'il vise à reparaître, attendons
qu'il ait publiquement confessé et re
gretté ses iniquités pour lui accorder
le pardon.
. Eugène Veuillot.
Le conseil municipal, qui a repris de
puis hier le cours de ses exercices au
milieu de sa bonne ville de Paris, sa
trouve en face de diverses questions
dont le public attend la solution avec
une certaine impatience.
Il y a d'abord l'empoisonnement de
Paris. Les premiers froids de l'automne
ont, à la vérité, diminué ou même
dissipé les dangers dont la santé des
Parisiens était menacée par les abo
minables exhalaisons qui ont fait de la
ville-lumière, l'été dernier, la ville la
plus empestée de l'univers.
- Mais les Parisiens n'ont point ou
blié la « plaie nouvelle » que leur ont
procurée la négligence et l'incurie de
îeurs municipaux et de leurs adminis
trateurs. Ils savent que les odeurs pesti
lentielles, qui ont fait presque doubler
subitement le chiffre de la mortalité,
et qui d'ailleurs n'ont sans doute point
perdu toute action sur leur santé, n'at
tendent pour revenir que l'occasion
des prochaines chaleurs. Ils deman
dent donc que des mesures énergiques
soient prises pour conjurer le retour
du fléau."
On verra par le compte rendu de la
séance municipale^ publié plus loin,
que nos édiles ont daigné s'occuper
des réclamations unanimes de la po
pulation parisienne. M. Andrieux, qui
revient d'une villégiature assez lon
gue et n'a point, par conséquent, souf
fert de l'empoisonnement, s'est sur
tout attaché à dégager son adminis
tration de toute responsabilité à l'é
gard de l'état de choses actuel. M. An
drieux n'a aucun faible pour les dépo
toirs," et il assure que depuis son ins
tallation à la préfecture de police il
n'a été accordé qu'une seule autorisa
tion pout» un établissement de ce
genre.
Les Parisiens ne demandent pas
mieux que de croire à l'innocence de
M- Andrieux et de nos municipaux;
mais le fait brutal est là. Il y a dix
ans, Paris avait une réputation de sa
lubrité et de propreté qui n'est plus
qu'un souvenir, comme beaucoup de
choses d'autrefois. Dix ans, moins que
gela encore (car les préfets du maré
chal de Mac-Mahon ne sont devenus
républicains qu'après sa chute), trois
ans de 'préfectoral républicain et deux
ans de radicalisme municipal ont suffi
pour amener l'empoisonnement de
Paris. Qu'en conclueront les contri
buable», sinon que nos préfets sont
trop occupés à faire la guerre aux jé
suites et nos municipaux trop absor
bés par leur « cléricophobie » pour
bien administrer Paris?
Voyons cette séance- d'hier elle-mê
me ! Tout Paris attend des promesses
et surtout des actes de nos administra
teurs, pour être rassuré sur cette ques
tion des dépotoirs et des égouts. En
bien, Paris attendra encore ; la ques*
tiçn est référée à une commission
Y étudiera et fera son rapport, d'ici à
l'année prochaine,—-si elle a le temps.
Mais, quelle compensation ! M. Hé-
rold a fourni au conseil les renseigne
ments les plus satisfaisants. sur la
laïcisation des écoles; puis un cer
tain M. Lafont a proposé de persécu
ter un peu les « cléricaux » en éri?
géant sur la butte Montmartre, de
vant la façade de l'église du Sacré-
Cœur, « une statue colossale de la Li
berté ».
C'est en quelques lignes le résumé
de la politique de tous les hommes
d'Etat, législatifs et municipaux, de la
République. Les réformes sérieuses,les
questions d'intérêt public, le repos
même et la santé de la France peu
vent attendre. La haine de ces petits
pachas du suffrage populaire n'attend
point. Chasser la dernière sœur, le der
nier frère des écoles, à la bonne heure!
C'est cela qui presse. Ils tiennent à af
firmer qu'ils sont maîtres d'outrager
la croyance et la gloire de la France
en cherchant à déshonorer le temple
du « Christ qui aime les Francs »,
Pourtant la laïcisation et les sta
tues les plus colossales de la liberté
importent moins à l'intérêt et au bon
renom des Français que la salubrité de
leur capitale,voire la moindre enquête
sur le cas de M. Harant et de ses com
plaisants collègues.
L. N. G.
C'est peu pour les feuilles radicales
de pousser à l'expulsion des religieux;
en attendant cette mesure illégale,
elles s'acharnent à déverser les insul
tes les plus grossières contre les mem
bres des congrégations les plus admi
rablement dévouées à la classe popu
laire. C'est ainsi que dans la Petite Ré
publique , dans le Petit Parisien et dans
d'autres journaux encore, les capucins
désignés, paraît-il, pour être les pre
miers atteints, par l'arbitraire admi
nistratif, sont l'objet d'attaques sans
nom. Afin de les calomnier plus à
l'aise, les. scribes du jour n'ont rien
trouvé de mieux que de rééditer les
mensonges de l'infâme Dulaure, dont
aucun écrivain honnête ne saurait
invoquer l'autorité sans rougir. Mais
aux nommes oustèrr s de la Petite Ré
publique et du Petit Parisien , de pareils
témoins sont au contraire tout ce qu'il
faut pour ameuter l'opinion contre les
admirables religieux dont on ose dire
que ce sont « des bêtes grises et pesti-
lentes. »
C'est assurément un grand honneur
aux capucins d'être l'objet de pareils
outrages, et si nous protestons, ce
n'est pas qu'ils puissent être atteints,
par des injures qui ne salissent que
ceux qui les emploient; mais il est
bon de montrer à quels bandits de let
tres on remet, dans la république
athénienne, le soin d'éclairer le peu
ple sur les victimes désignées à sa co
lère. Et néanmoins ces malfaiteurs de
la plume en seront pour leur peine.
Ils peuvent entasser les calomnies sur
les injures, jls ne viendront pas à bout
de tromper le vrai peuple sur les reli
gieux, qu'on voudrait lui faire haïr et
qu'il apprend tous les jours à vénérer
comme les meilleurs de ses amis.
Si les capucins sont tels qu'on les
dépeint an Petit Parisien ou à la Petite
République , comment se fait-il que ces
amis des pauvres s'installont toujours
dans les quartiers les plus dénués des
villes où ils ont des fondations? Com
ment se fait-il que dans ces quartiers
où ils sont entourés de pauvres, ceux-
ci leur soient si dévoués? S'ils pre
naient la peine, et s'ils avaient la vo
lonté de se renseigner exactement à
cet égard, les folliculaires qui jettent
l'insulte aux capucins sauraient qu'à
Paris, à Toulouse, à Lille, au Mans, à
Angers, partout, en un mot, où les fils
de saint François évangélisent, la po
pularité la plus grande s'attache à
leurs pas dans les rangs de cette foule
qu'on prétend fatiguée de leur pré
sence.
Sait-on combien de misères sont
soulagées par eux ? Les insulteurs
dont nous parlons n'ont donc
jamais vu, à la porte des couvents
des capucins, les malheureux à- qui
on distribue des vivres et des aumô
nes ? Ils n'ont donc jamais assisté aux
offices qui s'y chantent, et où l'on
remarque en si grand nombre les
ouvriers attirés par les vertus des re
ligieux dont ils ont reçu les bienfaits.
Savent-ils, enfin, ces jouisseurs de
l'opportunisme, que la première idée
des banques populaires en France est
venue naguère à un capucin qui, dans
la ville d'Angers, en a fait, le premier,
au profit des pauvres, une heureuse et
féconde application ?
Voilà, entre combien d'autres, quel
ques-uns des services rendus par les
capucins à la classe ouvrière. Nous
demandons aux scribes bien rentés de
M. Gambetta si eux ou leur maître
ont jamais tenté rien de pareil. Nous
demandons à compter les pauvres
qu'ils nourrissent des restes delà table
plantureuse où s'étalent les savants
froduits de Trompette. Mais on ne se
Iti --a pas de sat'sfaire une curiosité
pourtant bien légitimé, et dès lors ne
sommes-nous pas fondés à dire que si
l'on expulse les capucins et les reli
gieux leurs frères, c'est que le specta
cle de leur renoncement, de leurs ver
tus austères et de leur vrai dévoue
ment au peuple forme un trop frap
pant contraste avec les hypocrisies de
l'opportunisme.
A uousts R oussel.
Etant donné que nous avons le bon
heur de vivre sous un régime de li
berté et d'égalité — du moins c'est
écrit sur les murs de nos édifices
publics —le certificat d'études doit in
évitablement être rétabli dans un in
tervalle prochain. On en parle dans
lesjournaux opportunistes depuis un
certain temps déjà, les cafards minis
tériels sont unanimes à réclamer cette
odieuse mesure, trop bien d'accord
avec les agissements arbitraires et
brutaux de nos maîtres, pour qu'on
puisie douter de la bonne volonté de
ceux-ci à satisfaire bientôt leur
meu'e.
La chose se prépare donc, et ce ma
tin le Siècle nous apprend que M. le
ministre de l'instruction publique a
l'intention de déposer à la rentrée des
Chambres un projet de loi rétablissant
l'ancien certificat d'études, abrogé
par l'article 63 de la loi de 1850.
Nos lecteurs s'imaginent peut-être
que le Siècle en est fort content. Point :
le Siècle accueille ce projet par un ar
ticle maussade et déclare nettejnent à
M. Ferry qu'il fait fausse route. Tant
d'indépendance peut-elle entrer dans
le cœur d'un officieux?
Il ne faudrait pas croire pourtant que
c'est un sentiment de justice qui fait
parler ainsi le rédacteur du journal
de M. Magnin. L'erreur serait complète.
Mais nous estimons que personne ne se
trompera de cette façon. Nul n'ira sup
poser que ce soit un sentiment de jus
tice qui puisse donner au Siècle l'au
dace de critiquer un acte d'un minis
tre soumis à M. Gambetta. Non, le
Siècle est, au contraire, tout à fait fa
vorable au rétablissement du certificat
d'études. Il prend même la peine de
rappeler,-^il a raison, on ne s'en sou
venait^ plus,—que c'est lui qui, le pre
mier, il y a deux ans, a conçu cette
noble et libérale idée : Adsum qui f- i,
•dit-il. Seulement il n'entend point" du
tout la chose de la même manière
que M. Ferry.
M. Ferry propose en effet le rétablis
sement du certificat d'études, non-seu
lement pour l'entrée aux écoles publi
ques, comme l'avait demandé le Siècle,
mais encore pour le baccalauréat. Pour
le baccalauréat, cela va directement
contre la loi de 1850 : il faudra donc une
nouvelle loi annulant .les dispositions
de celle où collabora M. Thiers. C'est
ce que le Siècle ne voudrait point. Qui
sait si la nouvelle loi passera? N'a
vons-nous point le Sénat, l'énergique
Sénat, qui peut empêcher cette utile
réforme? Le rétablissement du cer
tificat d'études pour l'entrée aux éco
les publiques ne nécessiterait qu'un
simple décret, du moins le Siècle le
pense ainsi. On pourrait donc conti
nuer à se moquer-du Sénat, ce qui se
rait bien agréable et très commode.
Plus tard, on verrait ce qu'il y aurait
à faire pour le baccalauréat.
Voilà pourquoi le Siècle n'est point
d'accord avec M. Ferry. M. Ferry n'est
pas encore assez arbitraire, au goût du
journal de M. Magnin. A quoi bon une
loi? Des décrets, toujours des dé
crets.
Et cela s'appelle un régime de li
berté!
Lesjournaux officieux nous tiennent
au courant des embarras que le gou
vernement éprouve dans l'exécution
des décrets contre les congrégations,
en. nous renseignant de temps à autre
sur les divers projets auxquels il s'ar
rête un instant pour les abandonner
ensuite. Nous connaissons ainsi une
douzaine de systèmes auxquels le gou
vernement a successivement songé.
Le Temps en indiquait avant-hier un
nouveau, qui ne sera pas le dernier, à
en juger par les objections que le Na
tional y trouve à faire :
Si nous en croyons, dit ce journal,-cer
tains renseignements dont le Temps s'est
fait l'écho, il n'est pas impossible que l'on
s'arrête provisoirement à la méthede sui
vante : d'une part plus do décrets, plus
d'intervention directe de l'autorité minis té-
rielle, mais do simples arrêtés préfecto
raux; d'autre part, plus de mesure géné
rale atteignant en bloc tout un groupe de
congrégations ou même tout l'ensemble
d'une seule congrégation, mais une série
de mesures particulières frappant tel ou tel
établissement isolé. Ainsi l'on va procéder,
h moins que l'on ne change d'avis, par ar
rêté préfectoral et par établissement.
Toute méthode ayant ses inconvénients,
celle-ci n'en est pas dépourvue. Nous trou
vons même, avec le Temps, qu'elle en pré
sente d'assez graves. Est-il sûr que les pré
fets puissent prononcer la dissolution d'une
congrégation ? Ne serait-ce point, de leur
part, empiéter sur une attribution réservée
au chef do l'Etat? Ne serait-oe point s'ex
poser à un recours pour incompétence et
exoès de pouvoir devant le conseil d'Etat?
loi, le journal que nous oitons plus haut
rappelle ave infiniment d'à-propos la juris
prudence do ce tribunal, attestée par nom
bre d'exemples, et fait observer au gou
vernement que la olause comminatoire ren
fermée dans le déoret du 29 mars ne sau
rait être assimilée à une dissolution effec
tive, et que, les préfets ne paurraient s'en
prévaloir. Telle a foujours été, du moins,
la doctrine du conseil d Etat, dans tous les
oas analogues.
Autre question : La fermeture d'un éta
blissement déterminé peut-elle être opérée
sans que la congrégation soit dissoute? Car
l'établissement ne saurait être plus coupa
ble que la oongrégation elle-même. Ces
mesures isolées ne passeraient-elles pas,
aux yeux du public, pour une manière non
pas d'appliquer la loi, mais de la tourner?
L'expulsion ainsi pratiquée provoquerait-
olle autre çhose qu'un simple déménage
ment do moines d'un couvent à l'autre
Quelle en serait alors l'efficacité réelle
Queî'cn serait l'effet sur l'opinion?. :.
Ail risque donc do prolonger enore ses
hésitations, n'ost-co point rendre service au;
gouvernement que de lui montrer les in
convénients du projet qu'on lui prête à l'é
gard des congrégations? LodéJai ne sera
pas perdu, si le ministère de l'intérieur et
des cuites en profite pour prendre une ré
solution plus nette, moins timide-et moins
provisoire que -toutes celles dont nous
avons été jusqu'ici les témoins étonnés.
Le National n'indique pas quelle
doit être cette résolution, mais il est
probable que le gouvernement n'a pas
été sans la trouver de lui : même, et
qu'il n'y a renoncé qu'à cause de la
difficulté de la mett"e à exécution.
Le Figaro publie de temos à autres
des lettrés de, Rome signées Innomi-
nalo. Cet anonyme est, en même
temps, si nous no nous trompons, cor
respondant de la Défense et se nomme
M. le comte Conestabile. Il a, dans le
Figaro . la prétention de tout savoir et
joue au personnage. C'est une prér-
tention assez innocente et qu'on
peut lui passer. En réalité, M. Co
nestabile est un correspondant com
me un autre, " et qui cherche trop
à se faire valoir. Nous le savons
de bonne source, et c'est pourquoi
nous avons dédaigné certaines allu
sions qui, dans sa dernière lettre figa-
resque, semblaient viser Y Univers. Ce
pendant, comme notre amour de la
paix, même avec les collaborateurs
du Figaro, r e saurait aller jusqu'à to
lérer indéfiniment d'insidieuses atta
ques, nous invitons M. Conestabile à
cesser ce petit jeu ou à comprendre,
s'il veut le continuer, que le devoir
d'un assaillant est de se démasquer.
La finesse italienne, qu'il vante fort,
peut ne pas comprendre cela ; mais
puisqu'il écrit en français, dans des
journaux de Paris, il ferait bien de se
conformer à la loyauté française.
Cela dit pour ce qui nous concerne,
nous citons les observations de la
1 oce délia Verità sur la partie politi
que ou politicienne de la dernière let
tre figaresque du jeune comte Cones
tabile :
Eugène Veuillot.
Le Figara de Pai is a un correspondant
qui, sous la signature de Ylnnominato, lui
envoie do temps en temps des articles où
ledit correspondant ne cesse de .ioter do
l'eau do rose sur l'état de nos affaires spi
rituelles et temporelles. Dernièrement, la
Figaro nous est arrivé avec une longue
coi.-esnondanco do YIr lominato, qui, avec
assez d'habileté, nous aoprend que les re
lations entre l'Eglise et 1 Italie, particulière
ment à Rome, vont comme dans le meilleur
des mondes possibles. Quelques nuages
troublent, il est vrai, la sérénité du ciel; il
y a bien peut-être, dr is le fond, quelques
gros dissentiments, mais la forme remédia
à tout, on trouve pour tout des expédients,
des accommodements, à la satisfaction ré
ciproque des deux parties, et tout marcha
à souhait. Soit !
Mais alors que Ylnnominato ait la bon(.3
de nous dire ce que signifie la nouvelle sui
vante, donnée ici hier au soir par un jour
nal qui se montre d'ordinaire bien infor
mé : ■
Par décret en date d'hier, le garde des sceaux,
ministre de la justice et des cultes, a suspendu le
payement du traitement de l'évêque de Castc.l-
lamare, qui a quitté sa résidence épiscopale le
jour du lancement de Yltalia, à seule fin de se
r"spenser de prenf^ part à la cérémonie du
baptême.
Eh bien? Obliger un évêque, sous P/dïne
de se voir couper les vivres, à as^stèr au
lancement d'un ne vire, serait une preuve
de la bonne intelligence entrô l'Eglise et
l'Etat?
Que Ylnnominato, qui, s'il n'est pas à
Rome, n en est pas bien loin, nous ré
ponde ; au besoin, le Conservatore, qui est
avec lui on bons termes, lui prêtera gra
cieusement ses colonnes.
A la vérité, si nous devons dire toute
notre pensée, la nouvelle nous parait con
tenir une telle énormité, que nous avons
peine à y croire. Dans tous lesxas, le tnit
qu'elle soit si facilement accueillie et ré
pandue par les journaux qui s'intéressent
le plus au maintien de l'ordre do choses
actuel, montre quelle est leur opinion sur
les dispositions du gouvernement à l'égard
do l'Eglise, opinion bien diffé^nte de cella
quo Ylnnominato a exposée.
Nous avons annoncé que lo ministre
de la guerre, profondément irrité de
la lettre du capitaine Lavergne de Cer-
val, qui, il faut le reconnaître, frappait
juste, avait traduit cet officier devant
un conseil de réforme. Non content
de lui avoir infligé 60 jours de prison,
M. le général Farre voulait faire dé
clarer que M. Lavergne de Cerval de
vait être mis en réforme pour faute
grave contre la discipline. Il espérait
obtenir d'un jury d'officiers un ver
dict qui lui permettrait de chasser de
l'armée l'officier auquel on pouvait tout
au plus reprocher un mouvement d'in
dignation trop vif, mais certainement
légitime, alors que le sieur Matusze-
wiez, capitaine en non-activité, peut
au premier jour être pourvu d'un em
ploi. Les calculs du vindicatif minis
tre ont été déjoués; Y Union nationale.
nous annonce que le conseil d'enquête
a acquitté le capitaine Lavergne de
Cerval. C'est une nouvelle et verte le
çon que reçoit le général Farre.
La Commune tient parois { elle ou
vre dès aujourd'hui une souscription
pour offrir à Bérézowski un revolver
d'honneur ;
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