Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1880-09-16
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 septembre 1880 16 septembre 1880
Description : 1880/09/16 (Numéro 4705). 1880/09/16 (Numéro 4705).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 16 Septembre 1880
N* 4705 — Édition quotidienne.
Jeudi 16 Septembre 1880
PARIS
Un an.
Six mois
Trois mois
55 fr. »
28 50
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DÉPARTEMENTS
Un Numéro, à Paris. ..... 15_cent.
: Départements. .^"20- — %
BUREAUX
Paris, 10, Rue des Saints-
On s'abonne, a Borne; place d% Gesû, 8
/* -, , A 11
>nts-jpères ; > > v |
• « . . *• I
<« d'à S . -■■■-" f
J55 fr • n
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Un an T :. .
Six mois ^
Trois mois ; . 15 ■
Édition semi-quotidienil?
Un an. 30 fr. — Six mois,-16 fr. — Trois mois, 8 fr. 80
L'DNIVERS ne répond'pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM, On. MQRANGE, CERF et G ie , 6, place de la Bourse
FRANGE
PARIS, 15 SEPTEMBRE 1880
C'est décidément demain que se
tient le grand conseil des ministres.
Un officieux du premier degré, la
Paix, le déclare en termes formels. M.
Grévy arrivera aujourd'hui même de
Mont-sous-Vaudrey. Quant à M. Gam
betta, il s'éloignerait de Paris pour ne
pas paraître exercer de pression sur le
conseil, qui lui obéira aussi bien de
loin que de près.
- La discussion portera surtout sur les
congrégations religieuses non autori
ses, dont on déterminera le mode
d'exécution. _ Personne ne doute que
tous les ministres ne s'accordent pour
frapper les congrégations ; M. de Frey
cinet fera comme les autres, si même
il n'essaye de racheter ses velléités de
modération en se montrant le plus ar
dent. Quoi qu'il fasse, du reste, il est
condamné, et ses officieux le consta
tent *en le proclamant nécessaire.
Quant aux mesures d'exécution qui
seront arrêtées, on verra plus loin les
renseignements, plus ou moins auto
risés, de la République , du Siècle et du
Télégraphe.
M. Andrieux a péroré dans le Rhône;
il paraît 'qu'il aurait obtenu quelques
maigres applaudissements en promet
tant l'execution des décrets. Gela
le sauvera-t-il plus que M. de Frey-
cinet? - i j
Le député Guichard n'a pas voulu
rester sous le coup de la réponse de
M. Devès; il a fait une réplique assez
piteuse. Cette réplique se trouve ce
matin dans la Petite République ; mais
la grande ne la donne pas. C'est bien
dédaigneux.
Le pauvre vieux démagogue devra
avaler ce « crapaud » servi par le pa
tron qui l'avait lancé.
Dans une lettre au Petit Parisien,
M. Waechter oxplique son affaire et
déclare qu'il exige toujours l'enquête
promise. L'obtiendra-t-il ?
Le Gaulois publie le récit d'une en
trevue d'un de ses rédacteurs avec le
général Gaillard, au sujet de l'affaire
Marcerou. Nous donnons intégalement
la pièce, qui est curieuse, sans en ga
rantir la teneur.
y Estafette croit savoir que les deux
ministres des travaux publics et de la
guerre se seraient , mis d'accord pour
faire poursuivre les « juges » de M.
Marcerou. Nous doutons de cette réso
lution hardie.
D'après le Courrier du Soir, le con
seil des ministres n'aurait pas à s'occu
per du départ des bâtiments français
pour Dulcigno, l'intervention étant de
puis longtemps décidée à la suite d'ar
rangements conclus entre MM. Dilke et
Challemel-Lacour. L'assertion est très
grave et elle engage directement le
patron de M. Challemel, c'est-à-dire
M. Gambetta.
Les révélations diplomatiques con
tinuent : voici un journal allemand
qui publie, d'après un député alle
mand, un long récit des propositions
d'alliance faites par M. de Bismarck
à M. de Saint-Vallier. On lira la pièce.
M. le conseiller municipal Cadet est
de ces gens qui ne font rien à demi.
Chargé l'autre jour par ses collègues
de l'hôtel de ville de les représenter
aux funérailles du regretté docteur
Delpech, il trouva le moyen de causer
un véritable scandale. Nous ne savons
si M. Cadet, délégué par ses collègues
aux obsèques chrétiennes dé M. Del
pech, avait été par surcroît chargé de
prononcer un discours. Mais le fait est
qu'il en prononça un. C'était déjà pour
la famille une dure épreuve que d'en
tendre sur la tombe de ce chrétien in
trépide la parole d'un des membres de
cette odieuse majorité municipale qui,
tous les jours, insulte l'Eglise et op
prime les écoles catholiques.
Et pourtant il n'a pas suffi à M. Ca
det d'imposer à une famille chrétienne
cette épreuve, et^on pourrait dire ce
supplice : il a encore voulu aggraver
son cas en se permettant d'insulter
sur son cercueil le collègue qui avait,
de son vivant, si vigoureusement lutté
contre les projets et les actes de la
majorité dont M. Cadet est l'un des
ornements. C'en était trop pour la fa
mille, et on sait que la propre fille de
M. Delpech fit courageusement vio
lence à sa douleur pour rappeler au
sentiment de la convenance et de la
vérité l'inepte discoureur. Mlle Del
pech, que son père, fort loin de comp
ter sur les éloges de M. Cadet et des
autres municipaux, faisait élever au
couvent des Oiseaux, est une toute
jeune fille, une enfant de 14 ans.
Il faut donc que l'indignation causée
par la lugubre algarade de M. Cadet
ait été bien vive chez cette enfant pour
que, malgré la timidité si naturelle à
son âge, elle ait osé jeter ce cri que
les assistants ont entendu et qui dé
ferra un instant le citoyen Cadet : « Ce
n'est pas vrai ! ce n'est pas vrai ! Vous
calomniez mon père ! »
Le scandale causé par l'impudence
de M. Cadet a naturellement fait du
bruit. ltia is comme M. Cadet se taisait,
on pouvait croire qu'il comprenait l'é-
normité de l'adte dont il s'était rendu
coupable. Et on n'était pas loin d'attri
buer à une faute d'improvisation, à
un accès inopportun de républica
nisme la sotte déclaration de M. Cadet.
Mais M. Cadet est municipal bon teint.
Il ne veut pas qu'on puisse attribuer
son malencontreux exploit à un oubli
des conVehaïices ou à une forte dis
traction. Et il vient d'écrire au Rappel
pour donnersa version de l'incident pé
nible que nous avoftâ rapporté. A sa let
tre, M. Cadet a joint le texte écrit de son
« oraison funèbre » que publie le Rap
pel, et où nous trouvons les phrases sui
vantes :
Homme de science et de progrès, Del
pech, bien qu'il siégeât au sein de la mino
rité du conseil, avait un esprit libéral.
Sauf dans quelques questions, où les idées
qui lui avaient été inculquées pendant sa jeu
nesse dominaient encore, il votait avec la ma
jorité du conseil.
Nous sommes convaincu que, frappé des
sentiments presque unanimes sï souvent
manifestés par la population, .ramené par
rétudc consciencieuse des faits passés et
l'examen attentif et impartial du pré
sent, Delpech riaurait pas tardé à venir à
nous.
Avec le temps, l'expérience approfondie
des hommes et des choses, les nuances qui
nous séparaient eussent disparu.
Voilà le texte, certifié conforme, des
inepties grossières débitées par M. Ca
det sur" la tombe du docteur Delpech.
Qui ne comprendra, en les lisant,
la légitime indignation de la famille
en entendant un tel langage sur la
tombe du cher mort qu'elle pleurait ?
Qui n'admirerait cette courageuse
enfant, faisant violence à ses scru
pules, à sa douleur, et se levant pour
protester au nom de son père, de sa
mémoire, de sa foi, contre cette vile
nie de municipal en gaieté ?
La cause est désormais entendue;
M. Cadet s'est chargé de nous fournir
la pièce importante du procès. Ce fait,
qu'il avait médité à l'avance et rédigé
la formule de l'insulte destinée à la
mémoire de son collègue et à une fa
mille en deuil, met en pleine lumière
la valeur de ce triste personnage.
Et dire que ce grand citoyen est un
des membres de l'assemblée qui admi
nistre la Ville-Lumière ! Il donne une
belle idée de ses collègues de la ma
jorité.
L. N. G.
La République française publie la no
te ci-dessous au sujet des congréga
tions religieuses :
Demain ou vendredi au plus tard, le con
seil des ministres examinera la question de
l'application des décrets aux congrégations
non autorisées. Nous avons tout lieu d'es
pérer que les résolutions prises seront con
formes au vœu clairement exprimé de l'opi
nion. Personne ne soutient plus dans la
presse républicaine que « la Déclaration »
puisse tenir lieu de la demande d'autorisa
tion et de la communication de statuts qui
ont été exigées par les décrets. Les congré
gations, avant comme après, sont à l'état
de rébellion. Elles refusent de se soumettre
à la loi. Elles n'ont qu'à s'en prendre à
elles-mêmes des mesures qui vont être dé
cidées dans deux ou trois jours. On n'a ja
mais pensé que le gouvernement dût pro
céder à la dispersion simultanée de toutes
les congrégations. Mais on lui demande de
commencer immédiatement l'exécution et
de la poursuivre sans désemparer.
En même temps que la République
française nous signifie, avec l'autorité
qui lui appartient, que la Déclaration,
est non avenue pour elle ét par consé
quent pour le gouvernement (ce à
quoi il fallait bien s'attendre), le pré
fet de police Andrieux nous apprend
de loin qu'il est toujours là pour l'exé
cution des décrets. Voici, d'après
l'Agence Bavas, le résumé du discours
tenu à Lyon, devant ses électeurs, par
cet exécuteur des hautes œuvres du
gouvernement :
Un électeur demande à M. Andrieux ce
qu'il pense de l'exécution des décrets. M.
le député de la quatrième circonscription
fait l'histoire de la lutte des pouvoirs pu
blies contre les congrégations non autori
sées ; il rappelle le rejet par le Sénat de
l'article 7, les décrets pris par le gouverne
ment pour obéir au sentiment incontesta
ble de la Chambre des députés, l'exécution
de ces décrets en ce qui concerne la plus
puissante de ces congrégations, celle des*
jésuites.
Il indique comment il a été amené à pren
dre lui-même une part directe et person
nelle dans l'exécution des décrets. Absent
de Paris depuis huit jours, il ignore quel
les sont les dernières résolutions des mi
nistres, et, en admettant qu'il les connaisse,
il n'est point autorisé à révéler ce qui a pu
lui être confié. Mais il est certain de ne pas
être désavoué en affirmant que les décrets
n'ont point été rendus pour rester lettre
morte,, que la question n'est point de sa
voir . s'ils seront exécutés, mais quand et
sous quelle forme ils recevront leur entière
exécution.
On a lu plus haut les informations
de la République française sur le con
seil des ministres annoncé pour de
main. Celles du Siècle concordent,
comme il convient à un journal dont
le patron est un des ministres aux or
dres de M. Gambetta.
La France, dit le journal de M. Magnin,
ne demande point de persécution contre
l'idée religieuse ; mais elle veut que la li
berté de conscience soit entière et qu'au
cune religion ne jouisse de privilèges con
traires à l'esprit et aux textes de nos lois.
Pour atteindre ce but, le gouvernement a
eru avec raison qu'il fallait faire rentrer
stjus.le joug de la loi .méconnue un certain
nombre de congrégations catholiques, ha
bituées par la faiblesse des régimes précé
dents à éluder toutes les prescriptions lé
gales qui les concernent. Le parlement et
I Spinion piibliqtië Ont fait connaître par
leurs délibérations et par le scrutin du 1"
août qu'ils approuvaient cette conduite et
qu ils attendaient l'application des décrété
du 29 mars.
Le gouvernement a commencé le 29 juin
et le 31 août l'p >plication de ces décrets.
II doit étendre cette mesure aux Congréga
tions insoumises et montrer, par leur
prompte dissolution, que personne ne peat
espérer de violer impunément les, lois fran
çaises, Surtout lorsque les prescriptions en
ont été solennellement rappelées et ren
dues pressantes dans un acte public et
légal.
Nous lè répétôfis, nous avons confiance
dans le ministère. Nous sommes convain
cus qu'il saura avant la fin de la semaine
dissiper toutes les incertitudes qu'a fait
naître le discours de Montauban, incertitu
des^ qui ont péniblement ému l'opinion et
qu'il y aurait péril à laisser planer plus
longtemps.
Cette note du Siècle montre que
M. de Freycinet aura à renier son dis
cours de Montauban et ses acte3 anté
rieurs, polir se mettre d'accord avec
la majorité de ses collègues ; mais le
président du conseil n'est pas homme
à reculer devant cette nécessité.
On lit dans le Télégraphe :
Le projet de M. Constans, en ce qui con
cerne l'application des décrets, consiste
à diviser les congrégations en trois catégo
ries :
1° Les révoltées, celles qui se refusent
absolument à reconnaître l'autorité de la
loi civile ;
2° Les résignées, celles qui sont de meil
leure composition, et ont spontanément
contresigné la Déclaration ;
3° Les inoffensives, qui s'occupent -sur
tout de productions commerciales, li
queurs, fromages.
. C'est dans cet ordre que les congréga
tions seront soumises à l'exécution des dé
crets.
Sans pouvoir encore rien affirmer, on
pense que l'accord se fera au conseil sur
cette base, d'autant plus que les événe
ments extérieurs rendraient une crise mi
nistérielle particulièrement inopportune en
ce moment. On estime qu'il importe que la
direction des affaires étrangères se continue
entre les mains de M. do Freycinet.
L'accord se fera certainement par la
soumission de M. de Freycinet, mais
cela ne sauvera pas pour longtemps
celui-ci, qui est bien malade, car le
voilà déclaré nécessaire par un offi
cieux maladroit. On sait que c'est la
dernière ressource pour sauver un
ministre compromis. Nous ajouterons
qu'il sied mal à l'officieux d'un mi
nistre aux abois de faire ainsi l'inso
lent, alors qu'il s'aplatit si souvent par
métier.
On lit dans les Tablettes d'un Specta
teur , et nous reproduisons le rensei
gnement sous toutes réserves :
L'archevêque de Paris aura avec M. Gré
vy une entrevue avant le conseil des minis
tres. Le vénérable prélat veut exposer au
président de la République les inconvé
nients qui résulteraient du rejet par le gou
vernement de la déclaration des congréga
tions.
On lit dans le Moniteur universel :
M. Gambetta ayant fait prévenir M. De
vès qu'il serait heureux de le voir hier ma
tin au palais Bourben, le président de la
gauche républicaine s'est rendu auprès du
président de la Chambre, qui l'a retenu à
déjeuner. Naturellement l'entretien a roulé
sur la politique intérieure, et principalement
sur la question des décrets. M. Gambetta
s'est défendu du reproche qu'on lui a
adressé d'avoir inspiré la lettre de M. Gui
chard. Il a déclaré approuver la réponse de
M. Devès et reconnaître qu'une crise mi
nistérielle devait être évitée. Abordant le
sujet brûlant de l'application des décrets, le
chef de l'opportunisme n'a pas nié les diffi
cultés qu'une exécution intégrale occasion
nerait au ministère, tout en exprimant l'o
pinion qu'il y avait à tenir compte dans une
certaine mesure des désirs manifestés par
les partisans de l'application des décrets.
En résumé, les explications de M. Gam
betta sur ce point ont paru manquer de
précision.
Le président de la Chambre a quitté Pâ
tis à deux heures cinquante-cinq, par la
gare de Lyon. Il s'est rendu à Forges, près
Montereau, où il va chasser aujourd'hui et
demain dans les propriétés de M. Guichard,
fils du député, on compagnie de son secré
taire intime, M. Arnaud de l'Ariège. Ce dé
part, dans les circonstances actuelles, a
tout l'air d'une tugue. Nous avons vu hier
quelques députés qu'il a surpris. Il leur a
paru que M. Gambetta cherchait par là à
désintéresser sa responsabilité des résolu
tions qui pourront être prises demain au
conseil des ministres. Il espère peut-être
que, n'étant pas sur leâ lieux ou dans le
voisinage, on ne pourra pas lui reprocher
d'avoir dicté ou inspiré ces résolutions,
quelles qu'elles soient.
On lit dans le Courrier du soir :
Au conseil des ministres de jeudi, M. de
Freycinet établirait, dit-on, documents di
plomatiques à la main, que notre participa
tion à la démonstration navale résulté
d'engagements antérieurs, et que lors
qu'elle s'est réalisée, il n'était déjà plus
temps de donner satisfaction à l'opinion
publique.
Nous croyons savoir que c'est avec le
cabinet britannique principalement que.
nous nous trouverions liés par le fait d'un
accord entre M. Challemel-Lacour et sir
Charles Dflke.
La nouvelle est grave et témoigne
rait du peu de souci de M. Gambetta,
dont certainement M. Challemel-La
cour a été l'agent, pour les Chambres
et le président.
M. Andrieux a reparu dans le Rhô
ne. Voici, d ! aprés un journal opportu
niste de Lyon, le récit de son appari
tion peu triomphale :
M- Andrieux, préfet de police, député
du Rhône; a présidé dimanche la distribu
tion des prix aux élèves des écoles com
munales de Saint-Cyr au Mont-Dore
(Rhône).
S'adressant particulièrement à son jeune
auditoire, M. Andrieux a fait plutôt une al
locution qu'un discours. Il a cherché à dé
velopper par des exemples, bien plus qîie
par des théories, tous les avantages de l'in
struction primaire. Il a parlé des hommes
célèbres qui, d'humble condition, comme
Hoche, Jacquard, Claude Bernard, sont, à
force de courage, de travail, d'étudeSj par
venus à devenir l'un un grand soldat, l'au
tre un fameux inventeur, et le dernier un
savant qui compte dans l'Institut.
L'orateur a donné ces célébrités comme
modèles aux enfants. Puis il a terminé son
allocution en disant que nous devions tous
travailler pour la République, qui fait tant
pour l'instruction populaire.
La distribution des prix a ensuite com
mencé. Aux élèves les plus méritants, M.
Andrieux a offert un splendide portrait du
président de la République.
Le soir, on s'est réuni dans un banquet,
où M. Andrieux a été de nouveau invité à
prendre la parole.
L'honorable député do la circonscription,
désirant ne pas prononcer un discours,
s'est mis à la disposition de ses électeurs
pour les questions qu'ils voudraient bien
lui adresser.
Nous avons donné plus haut sa ré
ponse au sujet des congrégations, la
seule intéressante.
Tout est de bonne guerre en ce mo
ment contre les jésuites, et surtout le
meiisonge. Le XIX" Siècle , cela va sans
dire, n'est pas en reste avec les victi
mes de la passion et de l'imbécillité
républicaines. Pour son compte, afin
de décrier l'enseignement des maîtres
que la république vient de chasser, il
entretient depuis huit jours ses lecteurs
des procédés mécaniques à l'aide des
quels les jésuites, sans rien apprendre
à leurs élèves, leur feraient passer le
plus facilement du monde les examens
au baccalauréat. M. Sarcey aurait
achevé ses classes à Fribourg qu'il ne
saurait pas mieux les choses. Pour la
composition latine, par exemple, rien
de plus simple. Les jesuites ont un dic
tionnaire de phrases toutes faites
qu'ils font apprendre d'avance par
cœur aux candidats, quand ceux-ei ne
l'emportent pas tout bonnement à
l'examen pour le copier à l'aise sous
le nez des surveillants. C'est, en effet,
ce qui arriva dernièrement à l'un
d'eux, qui se fit pincer son indiscret
volume.
Le bruit de l'aventure est venu natu
rellement jusqu'au XIX" Siècle. Mais
comment se procurer le dictionnaire,
le fameux dictionnaire, le diction
naire mystérieux qui devait four
nir la preuve convaincante de la
fraude jésuitique, révéler le secret
de cette éducation artificielle faite
en vue des seuls examens? M. Sarcey
fit appel à tous ses limiers et le dic
tionnaire introuvable lui arriva aussi
facilement que le dictionnaire de Lit-
tré. Le tenant, il l'a scruté au plus
{irofond de ses arcanes, et il a pu revé-
er enfin au public le mystère d'ini
quité. Et voici sa conclusion :
L'Université a enfin senti le vide d'exa
mens ainsi conduits. Elle vient de suppri
mer du baccalauréat cette épreuve de la
composition latine qui ne prouvait rien et
donnait lieu à d'indignes escamotages.
Elle s'occupe d'avoir des programmes
moins précis, qui laisseront plus de jeu
aux interrogateurs et ne feront plus de
l'examen oral un pur exercice de mémoire.
Si la conviction de nos professeurs sur
l'urgence de ces réformes n'avait pas été
déjà faite depuis longtemps, la découverte
du lexicon latinum eût ouvert les yeux des
plus réoalcitrants.
Il est certain que ce livre, qui serait en
core inconnu de nous si un professeur ne
l'eût, par hasard, confisqué à un candidat,
a dû servir à des générations de petits jé
suites qui, depuis tantôt trente années, se
moquent de nos examinateurs.
Mais voilà que c'est fini de rire ; à moins
qu'ils ne trouvent encore quelque autre
truc, car ils ont le diable au corps.
Avec son étourderie habituelle de
calomniateur, M. Sarcey, ayant exa
miné à loisir le fameux dictionnaire,
n'y a même pas su lire qu'on venait
'de le réimprimer parce qu'il n'exis
tait plus. Compose au dix-septième
siècle par un de ces jésuites latinisants
qui savaient un peu mieux leur Cicé-
ron que les normaliens d'aujourd'hui,
il n'avait plus cours depuis cent ans (1).
La nouvelle édition est de, 1878 (2).
Comment donc le dictionnaire a-t-il
pu servir « à des générations de petite
jésuites qui, depuis tantôt trente ans,
se moquent de nos examinateurs? »
(1) La dernière édition, publiée à Ratisbonne,
remonte à 1758.
(2) Lexicon latinum, seu a Frano.Wagner socie-
tatis Jesu univers» phraseologiœ corpus conges-
tum... Nova editio. Accuratissime recognita... a
P. Aug. Borgnet, ejusdem societatis. — Brugis.
Sumptibus et typis societatis sancti Augustini.
Desclée, de Brouwer et sociorum. An. Dom.
1878.
Comment l'aurais-je fait, si je n'étais pas né?
Parle fait, avant 1878, ce [dictionnai
re, qui certes n'avait pas été composé
au dix-septième siècle pour les besoins
du baccalauréat, était aussi inconnu
aux élèves des jésuites et à la plu
part de leurs maîtres qu'à M. Sarcey.
S'il est entré depuis dans les maisons
de la compagnie de Jésus, il n'y a pas
eu certainement d'autre usage que ce
lui qui est indiqué dans la Prœfatio
ad humaniorum scholarum prof essores,
usage qui serait très profitable aussi à
l'Université, et que M. Sarcey contri-
bùtr2- nous souhaitons, à recom
mander auprC^ d'elle.
Arthur Loth.
w
Le Figaro avait raconté que vingt-
six jésuites ayant reçu l'hospitalité
danâ tin château du département de
la Sarthe, le préfet en avait partir sept,
sous prétexte que la loi interdisait
toute réunion de plus de vingt person-
nes4 Le Temps a nié le fait, mais le Fi
garo revient à la charge avec les dé
tails suivants :
Ainsi que nous l'avons déjà dit, c est au
bourg de Vallon que ic fait s'est passé.
Vingt -six jésuites, venant àe l'établisse
ment de la rue de Madrid, avaient^ u.ouvé
asile au château de La Grange, situé au
centre du bourg et appartenant à Mme la
marquise Roger do Montesson. Or, il y a
une douzaine de jours environ, à la suite
de démarches faites par le maire, ils fu
rent administrativement invités à se con
former à la loi qui défend les réunions de
plus de vingt personnes.
On sait qu'une telle invitation équivaut à
un ordre. Les pères obéirent donc sans
protester. Sept d'entre eux partirent le
même jour, réduisant ainsi à dix-neuf le
nombre des jésuites réfugiés uu château
de La Grange.
Quant aux sept autres, ils ont, nous dit-
on, trouvé asile à Janvry, dans le départe
ment de Seine-et-Oise, chez M. le marquis
de Talhouet.
Nous recevons de Grenoble la dé
pêche suivante :
14 septembre, 7 h. 1 E> soir.
Nous avons eu ce soir une assemblée gé
nérale.
M. Léon Harmel a prononcé un magnifi
que discours sur l'union des principes et de
la pratique dans l'industrie chrétieii£ e -
Il a insisté sur la nécessité de l'inlervôn-
tion du surnaturel dans la conduite indivi
duelle et dans les œuvres de l'usine.
Son discours est un remarquable exposé
de tout ce qui a été dit et fait sur la corpo
ration chrétienne, en tant qu'eue est ap
plicable aux temps modernes.
Le Salut
Monsieur lé rédacteur,
Il m'est tombé hier sous la main un petit
opuscule intitulé : Petit appel à tous les prê
tres catholiques. C'est un opuscule tout petit,
sans nom d'auteur, bien humble comme
tous les instruments dont Dieu se sert pour
faire de grandes choses. Il est minime, mais
il renferme une pensée de salut qu'il est ur
gent, selon moi, de faire connaître, et je
crois que vous ferez une bonne action si
vous me permettez de le recommander dans
les colonnes de votre journal si catholique
et si français. Nous lisons dans l'Univers
d'excellentes choses ; néanmoins, je ne crois
pas qu'aucun article puisse contribuer au
salut du pays, à la délivrance et au triomphe
de l'Eglise, autant que cet appel aux prê
tres catholiques, si, comme je l'espère, il
st entendu de tous.
Le mal s'aggrave chaque jour dans la
société; des iniquités monstrueuses ont été
commises; des iniquités plus monstrueuses
encore semblent se préparer. Il est comme
impossible que la justice de Dieu tarde
beaucoup à s'exercer; car les iniquités ar
ment le bras de Dieu. La très sainte Vierge
disait sur, la montagne de la Salette, en
parlant du bras de son fils appesanti par
les péchés du monde : « Il est € si lourd, i
est si pesant que je ne puis plus le mainte
nir. » Que dirait-elle aujourd'hui que tant
d'iniquités se consomment! Des iniquités
sont commises, il faut une réparation, il
faut une expiation. Il y a sans doute long
temps que la justice aurait eu son cours, si
un grand nombre d'âmes chrétiennes n'a
vaient déjà beaucoup prié, beaucoup fai
pénitence et beaucoup expié.
Nous aurons des épreuves, et il y aura
des victimes ; toutefois si l'appel fait à tous
les prêtres par l'auteur de l'opuscule dont
je parle est entendu, il y en aura beaucoup
moins. En effet, à la place de toutes ces
victimes, il propose aux prêtres de substi
tuer la grande victime du Calvaire : « Prê
tres du Seigneur, leur dit-il, c'est vous qui
t enez entre vos mains le salut de la société
en péril. Sur le point d'être submergée,
e^e vous tend les bras et vous crie : « Salva
nos, perimus .» L'offrande de l'hostie sainte,
de la victime auguste immolée sur le Cal
vaire, voilà la grande satisfaction, l'expia
tion souveraine. » Telle est la pensée do
minante de l'Appel aux prêtres ; ce sont
des messes réparatrices qu'il leur demande.
Il les supplie d'offrir le saint sacrifice de la
messe dans l'intention d'expier et de répa
rer.
Ces pages ont été écrites à Paray-le-Mo-
nial ; elles se ressentent de la source d'où
elles sortent ; on voit qu'elles ont été pui
sées dans le cœur de Jésus, qui veut encore
sauver le monde.
Puisse ce pressant appel être entendu de
tous les prêtres catholiques; je dis de tous
les prêtres catholiques, car il s'agit non-seu
lement du salut de la France, mais du sa
lut du monde entier ; partout à l'heure ac
tuelle la société est en péril.
L'auteur de l'opuscule leur demande à
chacun deux ou trois messes. Que chacun
de nous en dise deux, trois et même da
vantage, rien de mieux. Il y a en France,
sans parler des autres pays, de 40 à
50,000 prêtres : que chacun d'eux "offre
seulement une fois le saint sacrifice à cette
intention, et je suis convaincu que, dans les
épreuves que nous redoutons, il y aura
moins d'âmes à périr et moins de victimes
prises parmi les enfants de Dieu.
Eh bien, oui, je l'espère, cet appel qui me
semble venir du ciel sera entendu. Tous
nous dirons la sainte messe le jgiur de la
fête des Sept-Douleurs ou dans les dix jours
qui séparent cette fête de la fête de saint
Michel, un des patrons delà France. Nous
la dirons en l'honneur de la sainte Vierge,
priant Marie-Immaculée de présenter le
sang de son fils pour le salut du monde,
car à ce titre d 'Immaculée Dieu ne peut
rien lui refuser. Que tous les prêtres fassent
cela, et, ajoute l'auteur de l'opuscule,
« l'heure de la miséricorde ne saurait tar
der de sonner, et à la voix suppliante du
sacerdoce entier, se mêlant en complète
harmonie à la voix du sang de Jésus-Christ
sur l'autel, la réponse désirée descendrait
bientôt du ciel, portée par les anges en
chœur et chantant de nouveau : Gloria in
excelsis Dca, et in terra pax hominibus bonœ
voluntatis. » " „ ...
J. Or prêtre.
Lettres de Rome
Rome, 12 septembre.'
Parmi les mots d'ordre que les mi-_
nistres, durant la courte apparition
qu'ils viennent de faire à Rome, ont
laissé tomber dans la fange où grouille
la presse soldée, il en est un que je
crois devoir vous signaler.
Il vient du calais de la Consulta, et
dément absolument que les divers
commandants qui prennent part à la
démonstration navale sur les côtes
d'Albanie aient pour instruction d'évi
ter tout acte qui pourrait donner lieu
à des complications.
L'insistance de M. Cairoli à démentir
ce bruit me semble bien digne de^ re
marque, surtout au lendemain de l'en
trevue entre M. de Bismarck et M. de
Haymerlé et à la veille de la démons
tration. On dirait que M, le ministre
des affaires étrangères prévoit que des
complications vont surgir, et ne veut
pas paraître surpris par les événe
ments. ,
On ne saurai, trouver d autre raison;
je crois, à l eiftprea^^ent qu on met
à la Consulta à démento line nouvelle
qui ne pouvait nuire en rle3 ni à la
réputation du cabinet, ni au crédit
public, bien au contraire. Nous avoïjs
vu mainte fois un gouvernement dé
mentir les bruits de guerre, à la veille
même de la guerre ; mais il ne s'est
jamais vu, que je sache, des ministres
démentir des bruit» de paix et décla
rer que des complications pourront
surgir, qu'elles sont même tellement
prévues qu'on a déjà donné des or-"
dres en conséquence aux comman
dants des flottes. . . ,
Un au,tre fait, fort gr^ve aussi, vient
de nous être révélé, noil plus seule
ment par la presse officieuse, mais par
l'organe même du gouvernement, te.
Gazzetta uffîciale. Ce journal nous ait
que le conseil des ministres a été una
nime pour maintenir le préfet Fas-
ciolli à Naples.
Pour qui sait lire entre les lignes, le
court entrefilet de là Gazzetta signifie
que le ministère ouvre les bras à M» le
duc de San Donato et à la camorra de
Naples, et lui offre des portefeuilles.-
Déjà des bruits de modifications mi
nistérielles circulent depuis quelque
temps. MM. Cairoli et Deprétis, en ha
biles commissaires pnseurs, pous
saient à l'enchère de certains porte
feuilles : il paraît que c'est M. de San
Donato et la camorra qui, ayant su y
mettre le prix, les auront.
Ce sera le signal de la démoralisa
tion complète dans les régions gou
vernementales; les bons n ^auront plus
qu'à trembler et les méchants se
ront complètement rassurés. C'est
là que les révolutions aboutissent tou
jours, et la révolution italienne ne pou
vait pas manquer d'y arriver. Seule
ment dans le cas présent, il y a peut-
être un grain de cynisme de plus; les
honnêtes gens de Naples viennent de
se compter aux récentes élections mu
nicipales ; une majorité écrasante de
trois mille voix a battu les sandona-
tistes. Après une si éclatante défaite,
prier M. de San Donato et ses amis de
la camorra de s'asseoir au conseil des
ministres, c'est de l'impudence.
La Wiener Alle'gemeine Zeitung dit avoir
reçu d'un membre du Parlement allemand
les renseignements suivants touchant l'en
trevue que M. le comte de Saint-Vallier a
eue l'an dernier, à Varzin, avec le prince
de Bismarck. Nous reproduisons ces ren
seignements sous toutes réserves, et à
titre de simple curiosité :
Les pourparlers qui ont eu lieu entrfe le prince
de Bismarck et M. le comte de Saint-Vallier se
rattachaient, comme l'assurent des personnes qui
peuvent le savoir, à une alliance entre les gran
des puissances de l'Europe centrale, à une al
liance qui aurait été plus intime et plus impor
tante que toutes les alliances conclues jusqu'à
présent, qui aurait transféré la rivalité des peu
ples sur un terrain beaucoup plus large et plus
facile, et aurait inauguré une nouvelle ère en
Europe.
Voici quel était l'ordre d'idées dans lequel se
plaçait le gouvernement allemand
N* 4705 — Édition quotidienne.
Jeudi 16 Septembre 1880
PARIS
Un an.
Six mois
Trois mois
55 fr. »
28 50
15 »
DÉPARTEMENTS
Un Numéro, à Paris. ..... 15_cent.
: Départements. .^"20- — %
BUREAUX
Paris, 10, Rue des Saints-
On s'abonne, a Borne; place d% Gesû, 8
/* -, , A 11
>nts-jpères ; > > v |
• « . . *• I
<« d'à S . -■■■-" f
J55 fr • n
. . 28 BO
Un an T :. .
Six mois ^
Trois mois ; . 15 ■
Édition semi-quotidienil?
Un an. 30 fr. — Six mois,-16 fr. — Trois mois, 8 fr. 80
L'DNIVERS ne répond'pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM, On. MQRANGE, CERF et G ie , 6, place de la Bourse
FRANGE
PARIS, 15 SEPTEMBRE 1880
C'est décidément demain que se
tient le grand conseil des ministres.
Un officieux du premier degré, la
Paix, le déclare en termes formels. M.
Grévy arrivera aujourd'hui même de
Mont-sous-Vaudrey. Quant à M. Gam
betta, il s'éloignerait de Paris pour ne
pas paraître exercer de pression sur le
conseil, qui lui obéira aussi bien de
loin que de près.
- La discussion portera surtout sur les
congrégations religieuses non autori
ses, dont on déterminera le mode
d'exécution. _ Personne ne doute que
tous les ministres ne s'accordent pour
frapper les congrégations ; M. de Frey
cinet fera comme les autres, si même
il n'essaye de racheter ses velléités de
modération en se montrant le plus ar
dent. Quoi qu'il fasse, du reste, il est
condamné, et ses officieux le consta
tent *en le proclamant nécessaire.
Quant aux mesures d'exécution qui
seront arrêtées, on verra plus loin les
renseignements, plus ou moins auto
risés, de la République , du Siècle et du
Télégraphe.
M. Andrieux a péroré dans le Rhône;
il paraît 'qu'il aurait obtenu quelques
maigres applaudissements en promet
tant l'execution des décrets. Gela
le sauvera-t-il plus que M. de Frey-
cinet? - i j
Le député Guichard n'a pas voulu
rester sous le coup de la réponse de
M. Devès; il a fait une réplique assez
piteuse. Cette réplique se trouve ce
matin dans la Petite République ; mais
la grande ne la donne pas. C'est bien
dédaigneux.
Le pauvre vieux démagogue devra
avaler ce « crapaud » servi par le pa
tron qui l'avait lancé.
Dans une lettre au Petit Parisien,
M. Waechter oxplique son affaire et
déclare qu'il exige toujours l'enquête
promise. L'obtiendra-t-il ?
Le Gaulois publie le récit d'une en
trevue d'un de ses rédacteurs avec le
général Gaillard, au sujet de l'affaire
Marcerou. Nous donnons intégalement
la pièce, qui est curieuse, sans en ga
rantir la teneur.
y Estafette croit savoir que les deux
ministres des travaux publics et de la
guerre se seraient , mis d'accord pour
faire poursuivre les « juges » de M.
Marcerou. Nous doutons de cette réso
lution hardie.
D'après le Courrier du Soir, le con
seil des ministres n'aurait pas à s'occu
per du départ des bâtiments français
pour Dulcigno, l'intervention étant de
puis longtemps décidée à la suite d'ar
rangements conclus entre MM. Dilke et
Challemel-Lacour. L'assertion est très
grave et elle engage directement le
patron de M. Challemel, c'est-à-dire
M. Gambetta.
Les révélations diplomatiques con
tinuent : voici un journal allemand
qui publie, d'après un député alle
mand, un long récit des propositions
d'alliance faites par M. de Bismarck
à M. de Saint-Vallier. On lira la pièce.
M. le conseiller municipal Cadet est
de ces gens qui ne font rien à demi.
Chargé l'autre jour par ses collègues
de l'hôtel de ville de les représenter
aux funérailles du regretté docteur
Delpech, il trouva le moyen de causer
un véritable scandale. Nous ne savons
si M. Cadet, délégué par ses collègues
aux obsèques chrétiennes dé M. Del
pech, avait été par surcroît chargé de
prononcer un discours. Mais le fait est
qu'il en prononça un. C'était déjà pour
la famille une dure épreuve que d'en
tendre sur la tombe de ce chrétien in
trépide la parole d'un des membres de
cette odieuse majorité municipale qui,
tous les jours, insulte l'Eglise et op
prime les écoles catholiques.
Et pourtant il n'a pas suffi à M. Ca
det d'imposer à une famille chrétienne
cette épreuve, et^on pourrait dire ce
supplice : il a encore voulu aggraver
son cas en se permettant d'insulter
sur son cercueil le collègue qui avait,
de son vivant, si vigoureusement lutté
contre les projets et les actes de la
majorité dont M. Cadet est l'un des
ornements. C'en était trop pour la fa
mille, et on sait que la propre fille de
M. Delpech fit courageusement vio
lence à sa douleur pour rappeler au
sentiment de la convenance et de la
vérité l'inepte discoureur. Mlle Del
pech, que son père, fort loin de comp
ter sur les éloges de M. Cadet et des
autres municipaux, faisait élever au
couvent des Oiseaux, est une toute
jeune fille, une enfant de 14 ans.
Il faut donc que l'indignation causée
par la lugubre algarade de M. Cadet
ait été bien vive chez cette enfant pour
que, malgré la timidité si naturelle à
son âge, elle ait osé jeter ce cri que
les assistants ont entendu et qui dé
ferra un instant le citoyen Cadet : « Ce
n'est pas vrai ! ce n'est pas vrai ! Vous
calomniez mon père ! »
Le scandale causé par l'impudence
de M. Cadet a naturellement fait du
bruit. ltia is comme M. Cadet se taisait,
on pouvait croire qu'il comprenait l'é-
normité de l'adte dont il s'était rendu
coupable. Et on n'était pas loin d'attri
buer à une faute d'improvisation, à
un accès inopportun de républica
nisme la sotte déclaration de M. Cadet.
Mais M. Cadet est municipal bon teint.
Il ne veut pas qu'on puisse attribuer
son malencontreux exploit à un oubli
des conVehaïices ou à une forte dis
traction. Et il vient d'écrire au Rappel
pour donnersa version de l'incident pé
nible que nous avoftâ rapporté. A sa let
tre, M. Cadet a joint le texte écrit de son
« oraison funèbre » que publie le Rap
pel, et où nous trouvons les phrases sui
vantes :
Homme de science et de progrès, Del
pech, bien qu'il siégeât au sein de la mino
rité du conseil, avait un esprit libéral.
Sauf dans quelques questions, où les idées
qui lui avaient été inculquées pendant sa jeu
nesse dominaient encore, il votait avec la ma
jorité du conseil.
Nous sommes convaincu que, frappé des
sentiments presque unanimes sï souvent
manifestés par la population, .ramené par
rétudc consciencieuse des faits passés et
l'examen attentif et impartial du pré
sent, Delpech riaurait pas tardé à venir à
nous.
Avec le temps, l'expérience approfondie
des hommes et des choses, les nuances qui
nous séparaient eussent disparu.
Voilà le texte, certifié conforme, des
inepties grossières débitées par M. Ca
det sur" la tombe du docteur Delpech.
Qui ne comprendra, en les lisant,
la légitime indignation de la famille
en entendant un tel langage sur la
tombe du cher mort qu'elle pleurait ?
Qui n'admirerait cette courageuse
enfant, faisant violence à ses scru
pules, à sa douleur, et se levant pour
protester au nom de son père, de sa
mémoire, de sa foi, contre cette vile
nie de municipal en gaieté ?
La cause est désormais entendue;
M. Cadet s'est chargé de nous fournir
la pièce importante du procès. Ce fait,
qu'il avait médité à l'avance et rédigé
la formule de l'insulte destinée à la
mémoire de son collègue et à une fa
mille en deuil, met en pleine lumière
la valeur de ce triste personnage.
Et dire que ce grand citoyen est un
des membres de l'assemblée qui admi
nistre la Ville-Lumière ! Il donne une
belle idée de ses collègues de la ma
jorité.
L. N. G.
La République française publie la no
te ci-dessous au sujet des congréga
tions religieuses :
Demain ou vendredi au plus tard, le con
seil des ministres examinera la question de
l'application des décrets aux congrégations
non autorisées. Nous avons tout lieu d'es
pérer que les résolutions prises seront con
formes au vœu clairement exprimé de l'opi
nion. Personne ne soutient plus dans la
presse républicaine que « la Déclaration »
puisse tenir lieu de la demande d'autorisa
tion et de la communication de statuts qui
ont été exigées par les décrets. Les congré
gations, avant comme après, sont à l'état
de rébellion. Elles refusent de se soumettre
à la loi. Elles n'ont qu'à s'en prendre à
elles-mêmes des mesures qui vont être dé
cidées dans deux ou trois jours. On n'a ja
mais pensé que le gouvernement dût pro
céder à la dispersion simultanée de toutes
les congrégations. Mais on lui demande de
commencer immédiatement l'exécution et
de la poursuivre sans désemparer.
En même temps que la République
française nous signifie, avec l'autorité
qui lui appartient, que la Déclaration,
est non avenue pour elle ét par consé
quent pour le gouvernement (ce à
quoi il fallait bien s'attendre), le pré
fet de police Andrieux nous apprend
de loin qu'il est toujours là pour l'exé
cution des décrets. Voici, d'après
l'Agence Bavas, le résumé du discours
tenu à Lyon, devant ses électeurs, par
cet exécuteur des hautes œuvres du
gouvernement :
Un électeur demande à M. Andrieux ce
qu'il pense de l'exécution des décrets. M.
le député de la quatrième circonscription
fait l'histoire de la lutte des pouvoirs pu
blies contre les congrégations non autori
sées ; il rappelle le rejet par le Sénat de
l'article 7, les décrets pris par le gouverne
ment pour obéir au sentiment incontesta
ble de la Chambre des députés, l'exécution
de ces décrets en ce qui concerne la plus
puissante de ces congrégations, celle des*
jésuites.
Il indique comment il a été amené à pren
dre lui-même une part directe et person
nelle dans l'exécution des décrets. Absent
de Paris depuis huit jours, il ignore quel
les sont les dernières résolutions des mi
nistres, et, en admettant qu'il les connaisse,
il n'est point autorisé à révéler ce qui a pu
lui être confié. Mais il est certain de ne pas
être désavoué en affirmant que les décrets
n'ont point été rendus pour rester lettre
morte,, que la question n'est point de sa
voir . s'ils seront exécutés, mais quand et
sous quelle forme ils recevront leur entière
exécution.
On a lu plus haut les informations
de la République française sur le con
seil des ministres annoncé pour de
main. Celles du Siècle concordent,
comme il convient à un journal dont
le patron est un des ministres aux or
dres de M. Gambetta.
La France, dit le journal de M. Magnin,
ne demande point de persécution contre
l'idée religieuse ; mais elle veut que la li
berté de conscience soit entière et qu'au
cune religion ne jouisse de privilèges con
traires à l'esprit et aux textes de nos lois.
Pour atteindre ce but, le gouvernement a
eru avec raison qu'il fallait faire rentrer
stjus.le joug de la loi .méconnue un certain
nombre de congrégations catholiques, ha
bituées par la faiblesse des régimes précé
dents à éluder toutes les prescriptions lé
gales qui les concernent. Le parlement et
I Spinion piibliqtië Ont fait connaître par
leurs délibérations et par le scrutin du 1"
août qu'ils approuvaient cette conduite et
qu ils attendaient l'application des décrété
du 29 mars.
Le gouvernement a commencé le 29 juin
et le 31 août l'p >plication de ces décrets.
II doit étendre cette mesure aux Congréga
tions insoumises et montrer, par leur
prompte dissolution, que personne ne peat
espérer de violer impunément les, lois fran
çaises, Surtout lorsque les prescriptions en
ont été solennellement rappelées et ren
dues pressantes dans un acte public et
légal.
Nous lè répétôfis, nous avons confiance
dans le ministère. Nous sommes convain
cus qu'il saura avant la fin de la semaine
dissiper toutes les incertitudes qu'a fait
naître le discours de Montauban, incertitu
des^ qui ont péniblement ému l'opinion et
qu'il y aurait péril à laisser planer plus
longtemps.
Cette note du Siècle montre que
M. de Freycinet aura à renier son dis
cours de Montauban et ses acte3 anté
rieurs, polir se mettre d'accord avec
la majorité de ses collègues ; mais le
président du conseil n'est pas homme
à reculer devant cette nécessité.
On lit dans le Télégraphe :
Le projet de M. Constans, en ce qui con
cerne l'application des décrets, consiste
à diviser les congrégations en trois catégo
ries :
1° Les révoltées, celles qui se refusent
absolument à reconnaître l'autorité de la
loi civile ;
2° Les résignées, celles qui sont de meil
leure composition, et ont spontanément
contresigné la Déclaration ;
3° Les inoffensives, qui s'occupent -sur
tout de productions commerciales, li
queurs, fromages.
. C'est dans cet ordre que les congréga
tions seront soumises à l'exécution des dé
crets.
Sans pouvoir encore rien affirmer, on
pense que l'accord se fera au conseil sur
cette base, d'autant plus que les événe
ments extérieurs rendraient une crise mi
nistérielle particulièrement inopportune en
ce moment. On estime qu'il importe que la
direction des affaires étrangères se continue
entre les mains de M. do Freycinet.
L'accord se fera certainement par la
soumission de M. de Freycinet, mais
cela ne sauvera pas pour longtemps
celui-ci, qui est bien malade, car le
voilà déclaré nécessaire par un offi
cieux maladroit. On sait que c'est la
dernière ressource pour sauver un
ministre compromis. Nous ajouterons
qu'il sied mal à l'officieux d'un mi
nistre aux abois de faire ainsi l'inso
lent, alors qu'il s'aplatit si souvent par
métier.
On lit dans les Tablettes d'un Specta
teur , et nous reproduisons le rensei
gnement sous toutes réserves :
L'archevêque de Paris aura avec M. Gré
vy une entrevue avant le conseil des minis
tres. Le vénérable prélat veut exposer au
président de la République les inconvé
nients qui résulteraient du rejet par le gou
vernement de la déclaration des congréga
tions.
On lit dans le Moniteur universel :
M. Gambetta ayant fait prévenir M. De
vès qu'il serait heureux de le voir hier ma
tin au palais Bourben, le président de la
gauche républicaine s'est rendu auprès du
président de la Chambre, qui l'a retenu à
déjeuner. Naturellement l'entretien a roulé
sur la politique intérieure, et principalement
sur la question des décrets. M. Gambetta
s'est défendu du reproche qu'on lui a
adressé d'avoir inspiré la lettre de M. Gui
chard. Il a déclaré approuver la réponse de
M. Devès et reconnaître qu'une crise mi
nistérielle devait être évitée. Abordant le
sujet brûlant de l'application des décrets, le
chef de l'opportunisme n'a pas nié les diffi
cultés qu'une exécution intégrale occasion
nerait au ministère, tout en exprimant l'o
pinion qu'il y avait à tenir compte dans une
certaine mesure des désirs manifestés par
les partisans de l'application des décrets.
En résumé, les explications de M. Gam
betta sur ce point ont paru manquer de
précision.
Le président de la Chambre a quitté Pâ
tis à deux heures cinquante-cinq, par la
gare de Lyon. Il s'est rendu à Forges, près
Montereau, où il va chasser aujourd'hui et
demain dans les propriétés de M. Guichard,
fils du député, on compagnie de son secré
taire intime, M. Arnaud de l'Ariège. Ce dé
part, dans les circonstances actuelles, a
tout l'air d'une tugue. Nous avons vu hier
quelques députés qu'il a surpris. Il leur a
paru que M. Gambetta cherchait par là à
désintéresser sa responsabilité des résolu
tions qui pourront être prises demain au
conseil des ministres. Il espère peut-être
que, n'étant pas sur leâ lieux ou dans le
voisinage, on ne pourra pas lui reprocher
d'avoir dicté ou inspiré ces résolutions,
quelles qu'elles soient.
On lit dans le Courrier du soir :
Au conseil des ministres de jeudi, M. de
Freycinet établirait, dit-on, documents di
plomatiques à la main, que notre participa
tion à la démonstration navale résulté
d'engagements antérieurs, et que lors
qu'elle s'est réalisée, il n'était déjà plus
temps de donner satisfaction à l'opinion
publique.
Nous croyons savoir que c'est avec le
cabinet britannique principalement que.
nous nous trouverions liés par le fait d'un
accord entre M. Challemel-Lacour et sir
Charles Dflke.
La nouvelle est grave et témoigne
rait du peu de souci de M. Gambetta,
dont certainement M. Challemel-La
cour a été l'agent, pour les Chambres
et le président.
M. Andrieux a reparu dans le Rhô
ne. Voici, d ! aprés un journal opportu
niste de Lyon, le récit de son appari
tion peu triomphale :
M- Andrieux, préfet de police, député
du Rhône; a présidé dimanche la distribu
tion des prix aux élèves des écoles com
munales de Saint-Cyr au Mont-Dore
(Rhône).
S'adressant particulièrement à son jeune
auditoire, M. Andrieux a fait plutôt une al
locution qu'un discours. Il a cherché à dé
velopper par des exemples, bien plus qîie
par des théories, tous les avantages de l'in
struction primaire. Il a parlé des hommes
célèbres qui, d'humble condition, comme
Hoche, Jacquard, Claude Bernard, sont, à
force de courage, de travail, d'étudeSj par
venus à devenir l'un un grand soldat, l'au
tre un fameux inventeur, et le dernier un
savant qui compte dans l'Institut.
L'orateur a donné ces célébrités comme
modèles aux enfants. Puis il a terminé son
allocution en disant que nous devions tous
travailler pour la République, qui fait tant
pour l'instruction populaire.
La distribution des prix a ensuite com
mencé. Aux élèves les plus méritants, M.
Andrieux a offert un splendide portrait du
président de la République.
Le soir, on s'est réuni dans un banquet,
où M. Andrieux a été de nouveau invité à
prendre la parole.
L'honorable député do la circonscription,
désirant ne pas prononcer un discours,
s'est mis à la disposition de ses électeurs
pour les questions qu'ils voudraient bien
lui adresser.
Nous avons donné plus haut sa ré
ponse au sujet des congrégations, la
seule intéressante.
Tout est de bonne guerre en ce mo
ment contre les jésuites, et surtout le
meiisonge. Le XIX" Siècle , cela va sans
dire, n'est pas en reste avec les victi
mes de la passion et de l'imbécillité
républicaines. Pour son compte, afin
de décrier l'enseignement des maîtres
que la république vient de chasser, il
entretient depuis huit jours ses lecteurs
des procédés mécaniques à l'aide des
quels les jésuites, sans rien apprendre
à leurs élèves, leur feraient passer le
plus facilement du monde les examens
au baccalauréat. M. Sarcey aurait
achevé ses classes à Fribourg qu'il ne
saurait pas mieux les choses. Pour la
composition latine, par exemple, rien
de plus simple. Les jesuites ont un dic
tionnaire de phrases toutes faites
qu'ils font apprendre d'avance par
cœur aux candidats, quand ceux-ei ne
l'emportent pas tout bonnement à
l'examen pour le copier à l'aise sous
le nez des surveillants. C'est, en effet,
ce qui arriva dernièrement à l'un
d'eux, qui se fit pincer son indiscret
volume.
Le bruit de l'aventure est venu natu
rellement jusqu'au XIX" Siècle. Mais
comment se procurer le dictionnaire,
le fameux dictionnaire, le diction
naire mystérieux qui devait four
nir la preuve convaincante de la
fraude jésuitique, révéler le secret
de cette éducation artificielle faite
en vue des seuls examens? M. Sarcey
fit appel à tous ses limiers et le dic
tionnaire introuvable lui arriva aussi
facilement que le dictionnaire de Lit-
tré. Le tenant, il l'a scruté au plus
{irofond de ses arcanes, et il a pu revé-
er enfin au public le mystère d'ini
quité. Et voici sa conclusion :
L'Université a enfin senti le vide d'exa
mens ainsi conduits. Elle vient de suppri
mer du baccalauréat cette épreuve de la
composition latine qui ne prouvait rien et
donnait lieu à d'indignes escamotages.
Elle s'occupe d'avoir des programmes
moins précis, qui laisseront plus de jeu
aux interrogateurs et ne feront plus de
l'examen oral un pur exercice de mémoire.
Si la conviction de nos professeurs sur
l'urgence de ces réformes n'avait pas été
déjà faite depuis longtemps, la découverte
du lexicon latinum eût ouvert les yeux des
plus réoalcitrants.
Il est certain que ce livre, qui serait en
core inconnu de nous si un professeur ne
l'eût, par hasard, confisqué à un candidat,
a dû servir à des générations de petits jé
suites qui, depuis tantôt trente années, se
moquent de nos examinateurs.
Mais voilà que c'est fini de rire ; à moins
qu'ils ne trouvent encore quelque autre
truc, car ils ont le diable au corps.
Avec son étourderie habituelle de
calomniateur, M. Sarcey, ayant exa
miné à loisir le fameux dictionnaire,
n'y a même pas su lire qu'on venait
'de le réimprimer parce qu'il n'exis
tait plus. Compose au dix-septième
siècle par un de ces jésuites latinisants
qui savaient un peu mieux leur Cicé-
ron que les normaliens d'aujourd'hui,
il n'avait plus cours depuis cent ans (1).
La nouvelle édition est de, 1878 (2).
Comment donc le dictionnaire a-t-il
pu servir « à des générations de petite
jésuites qui, depuis tantôt trente ans,
se moquent de nos examinateurs? »
(1) La dernière édition, publiée à Ratisbonne,
remonte à 1758.
(2) Lexicon latinum, seu a Frano.Wagner socie-
tatis Jesu univers» phraseologiœ corpus conges-
tum... Nova editio. Accuratissime recognita... a
P. Aug. Borgnet, ejusdem societatis. — Brugis.
Sumptibus et typis societatis sancti Augustini.
Desclée, de Brouwer et sociorum. An. Dom.
1878.
Comment l'aurais-je fait, si je n'étais pas né?
Parle fait, avant 1878, ce [dictionnai
re, qui certes n'avait pas été composé
au dix-septième siècle pour les besoins
du baccalauréat, était aussi inconnu
aux élèves des jésuites et à la plu
part de leurs maîtres qu'à M. Sarcey.
S'il est entré depuis dans les maisons
de la compagnie de Jésus, il n'y a pas
eu certainement d'autre usage que ce
lui qui est indiqué dans la Prœfatio
ad humaniorum scholarum prof essores,
usage qui serait très profitable aussi à
l'Université, et que M. Sarcey contri-
bùtr2- nous souhaitons, à recom
mander auprC^ d'elle.
Arthur Loth.
w
Le Figaro avait raconté que vingt-
six jésuites ayant reçu l'hospitalité
danâ tin château du département de
la Sarthe, le préfet en avait partir sept,
sous prétexte que la loi interdisait
toute réunion de plus de vingt person-
nes4 Le Temps a nié le fait, mais le Fi
garo revient à la charge avec les dé
tails suivants :
Ainsi que nous l'avons déjà dit, c est au
bourg de Vallon que ic fait s'est passé.
Vingt -six jésuites, venant àe l'établisse
ment de la rue de Madrid, avaient^ u.ouvé
asile au château de La Grange, situé au
centre du bourg et appartenant à Mme la
marquise Roger do Montesson. Or, il y a
une douzaine de jours environ, à la suite
de démarches faites par le maire, ils fu
rent administrativement invités à se con
former à la loi qui défend les réunions de
plus de vingt personnes.
On sait qu'une telle invitation équivaut à
un ordre. Les pères obéirent donc sans
protester. Sept d'entre eux partirent le
même jour, réduisant ainsi à dix-neuf le
nombre des jésuites réfugiés uu château
de La Grange.
Quant aux sept autres, ils ont, nous dit-
on, trouvé asile à Janvry, dans le départe
ment de Seine-et-Oise, chez M. le marquis
de Talhouet.
Nous recevons de Grenoble la dé
pêche suivante :
14 septembre, 7 h. 1 E> soir.
Nous avons eu ce soir une assemblée gé
nérale.
M. Léon Harmel a prononcé un magnifi
que discours sur l'union des principes et de
la pratique dans l'industrie chrétieii£ e -
Il a insisté sur la nécessité de l'inlervôn-
tion du surnaturel dans la conduite indivi
duelle et dans les œuvres de l'usine.
Son discours est un remarquable exposé
de tout ce qui a été dit et fait sur la corpo
ration chrétienne, en tant qu'eue est ap
plicable aux temps modernes.
Le Salut
Monsieur lé rédacteur,
Il m'est tombé hier sous la main un petit
opuscule intitulé : Petit appel à tous les prê
tres catholiques. C'est un opuscule tout petit,
sans nom d'auteur, bien humble comme
tous les instruments dont Dieu se sert pour
faire de grandes choses. Il est minime, mais
il renferme une pensée de salut qu'il est ur
gent, selon moi, de faire connaître, et je
crois que vous ferez une bonne action si
vous me permettez de le recommander dans
les colonnes de votre journal si catholique
et si français. Nous lisons dans l'Univers
d'excellentes choses ; néanmoins, je ne crois
pas qu'aucun article puisse contribuer au
salut du pays, à la délivrance et au triomphe
de l'Eglise, autant que cet appel aux prê
tres catholiques, si, comme je l'espère, il
st entendu de tous.
Le mal s'aggrave chaque jour dans la
société; des iniquités monstrueuses ont été
commises; des iniquités plus monstrueuses
encore semblent se préparer. Il est comme
impossible que la justice de Dieu tarde
beaucoup à s'exercer; car les iniquités ar
ment le bras de Dieu. La très sainte Vierge
disait sur, la montagne de la Salette, en
parlant du bras de son fils appesanti par
les péchés du monde : « Il est € si lourd, i
est si pesant que je ne puis plus le mainte
nir. » Que dirait-elle aujourd'hui que tant
d'iniquités se consomment! Des iniquités
sont commises, il faut une réparation, il
faut une expiation. Il y a sans doute long
temps que la justice aurait eu son cours, si
un grand nombre d'âmes chrétiennes n'a
vaient déjà beaucoup prié, beaucoup fai
pénitence et beaucoup expié.
Nous aurons des épreuves, et il y aura
des victimes ; toutefois si l'appel fait à tous
les prêtres par l'auteur de l'opuscule dont
je parle est entendu, il y en aura beaucoup
moins. En effet, à la place de toutes ces
victimes, il propose aux prêtres de substi
tuer la grande victime du Calvaire : « Prê
tres du Seigneur, leur dit-il, c'est vous qui
t enez entre vos mains le salut de la société
en péril. Sur le point d'être submergée,
e^e vous tend les bras et vous crie : « Salva
nos, perimus .» L'offrande de l'hostie sainte,
de la victime auguste immolée sur le Cal
vaire, voilà la grande satisfaction, l'expia
tion souveraine. » Telle est la pensée do
minante de l'Appel aux prêtres ; ce sont
des messes réparatrices qu'il leur demande.
Il les supplie d'offrir le saint sacrifice de la
messe dans l'intention d'expier et de répa
rer.
Ces pages ont été écrites à Paray-le-Mo-
nial ; elles se ressentent de la source d'où
elles sortent ; on voit qu'elles ont été pui
sées dans le cœur de Jésus, qui veut encore
sauver le monde.
Puisse ce pressant appel être entendu de
tous les prêtres catholiques; je dis de tous
les prêtres catholiques, car il s'agit non-seu
lement du salut de la France, mais du sa
lut du monde entier ; partout à l'heure ac
tuelle la société est en péril.
L'auteur de l'opuscule leur demande à
chacun deux ou trois messes. Que chacun
de nous en dise deux, trois et même da
vantage, rien de mieux. Il y a en France,
sans parler des autres pays, de 40 à
50,000 prêtres : que chacun d'eux "offre
seulement une fois le saint sacrifice à cette
intention, et je suis convaincu que, dans les
épreuves que nous redoutons, il y aura
moins d'âmes à périr et moins de victimes
prises parmi les enfants de Dieu.
Eh bien, oui, je l'espère, cet appel qui me
semble venir du ciel sera entendu. Tous
nous dirons la sainte messe le jgiur de la
fête des Sept-Douleurs ou dans les dix jours
qui séparent cette fête de la fête de saint
Michel, un des patrons delà France. Nous
la dirons en l'honneur de la sainte Vierge,
priant Marie-Immaculée de présenter le
sang de son fils pour le salut du monde,
car à ce titre d 'Immaculée Dieu ne peut
rien lui refuser. Que tous les prêtres fassent
cela, et, ajoute l'auteur de l'opuscule,
« l'heure de la miséricorde ne saurait tar
der de sonner, et à la voix suppliante du
sacerdoce entier, se mêlant en complète
harmonie à la voix du sang de Jésus-Christ
sur l'autel, la réponse désirée descendrait
bientôt du ciel, portée par les anges en
chœur et chantant de nouveau : Gloria in
excelsis Dca, et in terra pax hominibus bonœ
voluntatis. » " „ ...
J. Or prêtre.
Lettres de Rome
Rome, 12 septembre.'
Parmi les mots d'ordre que les mi-_
nistres, durant la courte apparition
qu'ils viennent de faire à Rome, ont
laissé tomber dans la fange où grouille
la presse soldée, il en est un que je
crois devoir vous signaler.
Il vient du calais de la Consulta, et
dément absolument que les divers
commandants qui prennent part à la
démonstration navale sur les côtes
d'Albanie aient pour instruction d'évi
ter tout acte qui pourrait donner lieu
à des complications.
L'insistance de M. Cairoli à démentir
ce bruit me semble bien digne de^ re
marque, surtout au lendemain de l'en
trevue entre M. de Bismarck et M. de
Haymerlé et à la veille de la démons
tration. On dirait que M, le ministre
des affaires étrangères prévoit que des
complications vont surgir, et ne veut
pas paraître surpris par les événe
ments. ,
On ne saurai, trouver d autre raison;
je crois, à l eiftprea^^ent qu on met
à la Consulta à démento line nouvelle
qui ne pouvait nuire en rle3 ni à la
réputation du cabinet, ni au crédit
public, bien au contraire. Nous avoïjs
vu mainte fois un gouvernement dé
mentir les bruits de guerre, à la veille
même de la guerre ; mais il ne s'est
jamais vu, que je sache, des ministres
démentir des bruit» de paix et décla
rer que des complications pourront
surgir, qu'elles sont même tellement
prévues qu'on a déjà donné des or-"
dres en conséquence aux comman
dants des flottes. . . ,
Un au,tre fait, fort gr^ve aussi, vient
de nous être révélé, noil plus seule
ment par la presse officieuse, mais par
l'organe même du gouvernement, te.
Gazzetta uffîciale. Ce journal nous ait
que le conseil des ministres a été una
nime pour maintenir le préfet Fas-
ciolli à Naples.
Pour qui sait lire entre les lignes, le
court entrefilet de là Gazzetta signifie
que le ministère ouvre les bras à M» le
duc de San Donato et à la camorra de
Naples, et lui offre des portefeuilles.-
Déjà des bruits de modifications mi
nistérielles circulent depuis quelque
temps. MM. Cairoli et Deprétis, en ha
biles commissaires pnseurs, pous
saient à l'enchère de certains porte
feuilles : il paraît que c'est M. de San
Donato et la camorra qui, ayant su y
mettre le prix, les auront.
Ce sera le signal de la démoralisa
tion complète dans les régions gou
vernementales; les bons n ^auront plus
qu'à trembler et les méchants se
ront complètement rassurés. C'est
là que les révolutions aboutissent tou
jours, et la révolution italienne ne pou
vait pas manquer d'y arriver. Seule
ment dans le cas présent, il y a peut-
être un grain de cynisme de plus; les
honnêtes gens de Naples viennent de
se compter aux récentes élections mu
nicipales ; une majorité écrasante de
trois mille voix a battu les sandona-
tistes. Après une si éclatante défaite,
prier M. de San Donato et ses amis de
la camorra de s'asseoir au conseil des
ministres, c'est de l'impudence.
La Wiener Alle'gemeine Zeitung dit avoir
reçu d'un membre du Parlement allemand
les renseignements suivants touchant l'en
trevue que M. le comte de Saint-Vallier a
eue l'an dernier, à Varzin, avec le prince
de Bismarck. Nous reproduisons ces ren
seignements sous toutes réserves, et à
titre de simple curiosité :
Les pourparlers qui ont eu lieu entrfe le prince
de Bismarck et M. le comte de Saint-Vallier se
rattachaient, comme l'assurent des personnes qui
peuvent le savoir, à une alliance entre les gran
des puissances de l'Europe centrale, à une al
liance qui aurait été plus intime et plus impor
tante que toutes les alliances conclues jusqu'à
présent, qui aurait transféré la rivalité des peu
ples sur un terrain beaucoup plus large et plus
facile, et aurait inauguré une nouvelle ère en
Europe.
Voici quel était l'ordre d'idées dans lequel se
plaçait le gouvernement allemand
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