Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1880-07-26
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 26 juillet 1880 26 juillet 1880
Description : 1880/07/26 (Numéro 4654). 1880/07/26 (Numéro 4654).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
* Lundi Jà6 Juillet
N* 465i — Édition .quotidienne.
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Trois mois . . ,15 »
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Lundi ÉO Juillet 1880
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FRANCE
PARIS, 25 JUILLET 188Q
Conférences de Mgr Isoard
sur le mariage et le divorce
Troisième article
La conception de la cité sans Dieu,
de l'Etat sans Dieu, comme, on dit à
présent, est purement une. insanité.
Autant, disaient les anciens^ bâtir une
ville sur les nuages. Dieu est le grand
antécédent. Tout établissement hu
main, toute association étendue ou
restreinte entre les hommes présuppo
sent, l'inébranlable foi en Dieu, en sa
présence, en sa loi souveraine. Imagi
nons le premier pacte intervenu entre
un homme et lin autre homme ; ce
pacte ne créait pas de soi un lien in
violable et infrangible ; ce pacte em
pruntait sa force obligatoire à quelque
chose de plus ancien, de plus primor
dial, de plus initial que lui-même et
que tous les contrats, à savoir au com
mandement de Dieu qui défend à
l'homme de fausser sa parole et de
trahir la foi promise : Tu ne mentiras
point, lu ne rendras point de faux témoi
gnage.
Toute fondation, toute construction
dans l'ordre moral repose sur cet
a priori de la loi et de la foi religieuse.
La famille y'est assise et, avec la fa
mille, la patrie. La" société est un
composé de familles, elle n'est point
faite d'individus désagrégés et disper
sés. Les individus sans lien, on l'a dit
vingt fois, sont semblables à une
poussière par l'instabilité et l'inconsis
tance. On ne saurait bàtir'avec de la
poussière; il y faut des blocs de pierre.,
c'est-à-dire une masse de molécules,
non point libres et désunies, mais so
lidement liées et cohérentes. Les fa
milles sont ces blocs, ces pierres vivan
tes dont est faite la cité. La famille, si
humble qu'en soit la condition, est un
objet de respect. Elle procède du ma
riage, source sacrée. Le respect dont
est entouré le mariage n'a rien de
convenu : il est spontané, universel
lement senti. Ce respect, où trouve-
t-il sa cause efficiente? Il la trouve
dans la sainteté du sacrement, sain
teté immanente dans le mariage.
Qui dit sacrement, dit un direct ou
vrage de Dieu opéré dans l'homme.
Là, en effet, réside la raison d'être de
tout sentiment et de toute marque de
respect entre les hommes,
Quelques moments encore, arrêtons-
nous avec Mgr Isoard sur cette capitale
question de respect. Creusez le respect,
vous allez trouver Dieu; Il y a du pros-
ternement dans le respect. Ce proster-
riement exclut l'égalité ; ce prostarne-
ment s'adresse, dans l'homme, à quel
que chose qui est supérieur à l'homme.
L'homme, ;c'est absolument clair, n'a
rien en lui qui le mette au-dessus de
lui-même, rien en conséquence qui
le mette au-dessus du reste des hom
mes. Le respect-qui s'empare de
l'ame est un avertissement que Dieu
est là. Quand, devant un homme, je
sens le tressaillement du respect, c'est
que, sur cet homme ou à l'environ de
cethomme, il y a la visible marque d'un
ouvrage de Dien, il y a le resplendisse
ment d'une parole de Dieu. Ainsi s'ex
plique la majesté inséparable de l'auto
rité. Cette majesté n'est point la pom
pe, n'est point l'apparat qui parle aux
yeux ; elle est la majesté, c'est-à-dire
un rehaussement, une grandeur sura
joutée, mettant l'homme hors de pair,
l'élevant au-dessus de la foule, en
d'autres termes, l'élevant au-dessus de
l'homme, attendu que la foule, c'est es
sentiellement l'homme, c'est l'homme
dans son impétuosité, dans son infir
mité , dans sa mobilité misérable,
l'homme non redressé, non travaillé,
l'homme à l'état brut, à l'état pur en
un sens.
Oui, l'autorité est accompagnée de
majesté ; si médiocre soit-il de sa per
sonne, le représentant de, l'autorité
impose ; quelque chose en lui dépasse
la foule. Il y a là un mystère, il y a
aussi une lumière vive. La lumière est
que l'autorité est un attribut étranger
et supérieur à l'humaine argile, un
attribut où notre nature ne se hausse
point par ses facultés et" sa vertu pro
pre. L'autorité est de droit divin, ce
qui exprime qu'elle est déléguée de
Dieu. Omnis potestas a Deo, ce dogme
est en même temps un axiome. Dieu,
au commencement, a institué la puis
sance des pères, rois des tentes. L'en
seignement du droit divin de l'autori
té est ainsi de toute primitivité dans
la loi et dans l'histoire, l'inculcation
en est inoubliable.
Sans chercher plus loin, rien que le
mot autorité atteste que la chose est
plus qu'humaine. Autorité, auctoritas,
vient de augere et signifie augmenta
tion. L'homme à qui est dévolue l'au
torité, cet homme est augmenté d'un
droit suréminent qu'il ne trouve pas
en lui-même, qu'il ne tire pas de son
fond. S'il tirait de soi ce haut attribut,
il n'y aurait là que le simple dévelop
pement, le complément si l'on veut de
la personne, il n'y aurait pas accrois
sement, augmentation, il n'y aurait
pas, au sens vrai, autorité. L'accroisse
ment, bien différent de la croissance,
survient à l'homme d'autre part que
de lui-même. Tel est au premier chef
le sacerdoce ; telle est l'autorité, dont
la divinité d'origine et de délégation
éclate aux yeux.
Mais il y a aussi une majesté des
affligés et des inlimes, il y a un res
pect des petits enseigné aux hommes
par l'Evangile. Ici, toute prééminence
sociale est absente; le caractère surna
turel, l'élément absolument divin du
respect se fait voir avec évidence. Les
saints, de tout temps, ont été particu
lièrement atteints de ce respect des
moindres. Saint François-de Sales
pratiqua suavement autant que persé-
véramment cette vertu d'être soumis
à toute créature pour Jésus-Christ. Un
témoin de sa vie nous fait voir l'admi
rable évêque « regardant comme su-
« périeures toutes personnes, se ren-
« dant serviteur de tous pour Notre-
« Seigneur. » Le pieux écrivain ajou
te : « Aussi ai-je pris garde que, quand
« quelqu'un l'abordait, jusqu'aux plus
« petits, il prenait la contenance d'un
« inférieur devant son supérieur, ne
« congédiant personne, ne refusant
« point de converser, ni de parler, ni
« d'écouter, et ne donnant le moindre
« signe d'ennui,d'impatience, nid'in-
« quiétude, quelque importunité qu'on
« lui fît et quelque temps qu'on lui fit
« perdre. »
De semblables exemples, mieux
qu'aucune dissertation, font connaître
ce qu'est le respect. La Vertu de res
pect consiste à considérer le prochain à
la lumière surnaturelle, autrement dit
à la lumière de la loi et de la parole
de Dieu. L'homme, que son état soit
élevé ou abject aux yeux du monde,
l'homme est un objet de vénération
pour le chrétien ; pourquoi? parce qu'il
est l'ouvrage du Créateur, racheté au
prix du sang de Jésus-Christ, sanctifié
et devenu par le baptême le tem ple du
Dieu vivant.' La vertu du respect, bien
plus efficacement que les lois, est. le
ciment de tous les légitimes et fertiles
modes d'union entre les hommes. Le
respect est le lien de la cité, le lien
qui fait une la famille, le lien des
époux dans le mariage. Les patries,
disions-nous tout à l'heure, sont un
composé de familles ; il est de l'essence
de la famille d'être respectable et res
pectée. La famille est rendue vénéra
ble par la sainteté du mariage d'où
elle procède ; l'entier édifice du respect
social à tous ses degrés a ainsi a sa
base le sacrement. Tel est le fait rigou
reusement exact ; il n'y a pas de res
pect laïc, il n'y a pas de respect civil.
Le respect est une vertu chrétienne,
une grâce attachée aux sacrements de
de l'Eglise.
Le divorce, sans contredit, est ce
qui se peut imaginer de plus attenta-
tatoire au respect du mariage. Le di
vorce fait entrer la souillure où la loi
de Dieu a établi la pureté, il met le
parjure où s'imposent les inviolables
fidélités; il introduit la promiscuité
où la primitive parole avait institué
l'unique amour, l'union en une seule
chair de l'homme et de l'épouse :
Duo in carne una. Qu'on ne suppose pas
que nous allons argumenter. Argu
menter, pourquoi ? Pour la France,
chrétienne, plus simplement pour la
vraie France, le mariage c'est le sacre
ment. Le divorce, cette turpitude, n'a
pas de prise sans doute et n'a pas la
prétention d'en avoir sur le sacrement.
On ne discute pas la loi Naquet, on
lui coupe le passage. Voilà tout.
Les catholiques se doivent surtout
à leur foi et à leur loi de ne pas met
tre en délibération le divorce. On
creuse entre soi et ces choses-là le
fossé du mépris. On fait le cordon sa
nitaire autour du foyer de purulence.
Toutefois, nous ne voulons pas aban
donner ce sujet sans dire un mot de
la question des mal mariés, texte fer
tile, où ces messieurs du divorce et de
la libre-pensée abondent particulière
ment en aperçus ineptes. L'expédient
renouvelé de 92, ou plutôt renouvelé
des Grecs par M. Naquet et consorts,
se borne à démarier les gens mal
mariés. Il sera plus qu'aisé de faire
voir que le remède est pire que le mal,
incompatiblement plus ravageur, plus
dégradant, plus salissant. Ce sera la
matière d'un dernier article.
Pn. Serret.
Lagarde et Labosse, ont entonné des
dithyrambes peu variés én l'honneur,
de l'héroïque, de la bien-aimée Com
mune et de ses vaillants défenseurs.
C'était lyrique, mais ennuyeux et long
laua'
que
Les applaudissements n'ont point man-
Rochefort a prononcé alors quelques
paroles d'encouragement et de félici-,
tations, a porté un toast à la jeunesse
française, puis s'est esquivé subrepti
cement, après avoir serré les mains
du grand Blanqui, modèle des héros
et première vieille barbe du monde.
Tout cela a été haché par des bravos
frénétiques, des cris de : Vive Roche-
fort! Vive Blanqui! Vive l'amnistie!
Un vrai delirium tremens.
Une allocution filandreuse du ci
toyen Olivier Pain, suivie d'une exhor
tation pâteuse du député Beauquier,
ont un peu diminué l'enthousias
me en provoquant quelques bâille
ments. Nous ne donnons aucun ex
trait de tous ces discours. Ce sont tou
jours les mêmes rengaines absurdes
et haineuses que nos lecteurs connais
sent de vieille date.
Blanqui a ranimé l'exaltation et les
hurralis en prononçant quelques pa
roles pour dire que° bien des choses
étaient encore à faire, etc... Le reste
comme toujours.
Après quoi, un tas de citoyens, étu
diants plus ou moins obscurs, mais
également en proie à une intense dé
mangeaison de parler, ont pris la pa
role et proposé un grand nombre de
toasts aux Calédoniens et aux défunts,
à Louise Michel, à Barbès, à Flou-
rens, etc.
Une quête, au profit des amnistiés,
a eu lieu pour terminer la soirée, qui
déjà était talonnée par l'aurore, mais
nous ne trouvons nulle part ce qu'elle
a produit.
Par exemple, ce qu'on saura bien
désormais, par de pareilles orgies que
des étudiants organisent et dirigent,
c'est ce que produit. l'enseignement
universitaire.
Veuillez agréer, monsieur et honoré ré
dacteur, l'hommage de ma haute et dévouée
considération.
E. de G avardie,
sénateur.
—
L'abbé GL. du « Soir »
L'enseignement universitaire
Le punch d'honneur offert par MM.
les étudiants aux citoyens Blanqui,
Rochefort, OJivier Pain, etc., avait
attiré hier soir, samedi, une foule
énorme aux abords de la salle de la
rue de Jussieu.
Rochefort, arrivé vers neuf heures,
a reçu une ovation enthousiaste, telle
ment enthousiaste même, qu'il a po
sitivement failli être étouffé. Après des
efforts multiples et persévérants, on
est parvenu à l'amener jusqu'à sa
place, entre les citoyens Blanqui, Oli
vier Pain, Beauquier, député, Lepelle-
tier, Amouroux, Verséjoux, etc.
Ensuite deux étudiants, les citoyens
M. de Gavardie nous adresse la let
tre suivante :
Paris, 23 juillet 1880.
Monsieur, -
La gravité de la question orientale"peut
faire • apprécier dès à présent l'utilité des
discussions de politique générale, à l'occa
sion du budget et des diverses parties de
ce budget.
J'avais à formuler sur le ministère des
a'ffaires étrangères des observations telles,
que la mission militaire, dont se préoccupe
si vivement l'opinion à cette heure, deve
nait moralement impossible,, ou n'aurait
pas, du moins, présenté les graves incon
vénients qu'on cherche vainement à atté
nuer aujourd'hui.
Plus que jamais,les événements prouvent
que la droiture et la loyauté sont l'art su
prême de la politique.,
Si M. le ministre des affaires étrangères
avait compris l'habile et loyale à la fois sug
gestion diplomatique de lord Salisbury, les
complications actuelles n'existeraient pas
Si la Turquie avait été admise avec voix dé-
Ubérative à la conférence de délimitation
des frontières turco-grecques, son juste or
gueil national n'eût pas été blessé, comme
le, pressentait très bien M. de Saint-Vallier
dans une dépêche du Livre jaune.
Sans doute notre ambassadeur à Berlin a
fini par partager la grave erreur de son
chef; mais il avait eu l'intuition des répon
ses décisives faites à cette banale objec
tion : Que la Turquie ne pouvait être juge et
partie dans sa propre cause. Quand même la
Turquie n'aurait pas accepté sa représenta
tion complète dans la conférence, la propo
sition devait lui on être faite. Mais rien
dans les pièces diplomatiques publiéôs, ne
fait entrevoir un semblable refus.
L'abbé faux teint du.SoiV continue
ses élucubrations comico-cléricales, et
'.e Soir les envoie au clergé. Les ar
ides de l'abbé et les expéditions
du journal ont le succès qu'ils mé
ritent. Il faut se faire une fsingu-
ière idée du clergé pour s'imaginer
qu'une entreprise de ce genre puisse
réussir. Si le Soir le croit, avouons
qu'il a une foi robuste, mais que ce
n'est pas sans raison qu'il s'appelle le
Soir ; car certainement il n'y voit pas
clair, et son abbé serait naïf s'il n'é
tait un farceur. Il se plaint que son
rôle ne soit pas toujours facile. Je com
prends son embarras. Il est dur, sous
prétexte de faire de la conciliation, de
dire aux gens que l'on dépouille qu'ils
pourraient bien faire quelques conces
sions. Or c'est à peu près ce que
prêche constamment l'abbé, qui se
flatte d'avoir une modération politique
qui ne peut être suspectée et une ortho
doxie religieuse qui n'a jamais défailli.
Nous verrons si sa politique est_si mo
dérée, et si son orthodoxie est si vierge
qu'il le prétend.
M. l'abbé commence par nous dire
solennellement qu'il n'y a pas incom
patibilité de principe entre l'Eglise et
la république. C'est là un thème sur
lequel il peut jouer des airs variés. Il
ne trouvera pas beaucoup de contra
dicteurs. Mais la question n'est pas
là. Ce que nous avons sous les yeux,
ce n'est pas autre chose qu'une nou
velle édition de la fable le Loup et
l Agneau. Vous m'avouerez qu'il y a
plus que de la naïveté à prêcher la
paix, la patience et la conciliation à
l'agneau qui est dévoré, et à~confesser
en minaudant que le loup est peut-être
un peu vorace, et qu'il ferait de la
bonne conciliation si, après avoir ar
raché à l'agneau rebelle un gigot, il
lui laissait le reste... jfrovisoirement.
— Oui, dit M. l'abbé, le gouvernement
républicain a eu tort de faire l'amnis
tie plénière, tort aussi de porter les
décrets du 29 mars. Ce n'est vraiment
pas joli d'ouvrir la porte toute grande
aux bourreaux en même .temps qu'on
poursuit les chrétiens; c'est là un
manque de tact, et M. Gambetta lui-
même n'est pas loin de le reconnaî
tre. —
Nous touchons ici à la modération
politique de l'abbé du Soir. Il est vrai
que M. Gambetta a fait une harangue
en faveur de l'amnistie plénière, ot
que la République française trouve su
perbes les deux mesures simultanées
qui nous représentent les jésuites traî
nés derrière le char triomphal des
communards, comme les rois vaincus
suivaient le char des généraux ro-
moins. Mais vous autres, ultramon-
tains, vous ne savez pas lire entre les
lignes. La République française n'est
point le journal de M. Gambetta, qui,
sans doute, l'a fondée et la protège pour
en être contrecarré, et le discours en
faveur de l'amnistie n'est pas le vrai
discours de M. Gambetta. L'esprit de
conservation s'empare nécessairement
de tout homme qui devient plus ou
moins un souverain officiel..
Voilà pourquoi M. Gambetta déplore
l'amnistie tju'il a demandée et re
grette les décrets du 29 mars, appli
cation partielle de son axiome chéri :
Le cléricalisme, voilà rennemi\
Sans être aussi avancé dans les se
crets de M. Gambetta que le susdit
• abbé, nous croyons volontiers qu'il n'a
pas vu sans appréhension la rentrée de
son collègue du 4 septembre, Roche
fort. Mais ce n'est pas pour le bon
motif. Quoi qu'il en aoit,^ la question
de l'amnistie est tranchée. Celle des
décrets du 29 mars ne fait que s'ou
vrir. Le loup, n'ayant encore arrache
qu'un gigot de l'agneau,-ferait bien de
s'en tenir là. Pourtant, il n'y a pas de
doute, il avait le droit de prendre le_gi-
got, et même de le manger. L'abbe G...
ne fait pas difficulté de reconnaître
que les congrégations non autorisées
jouissent d'un privilège et que, le pri
vilège n'étant dû à personne, sous le
régime des principes de 89, le gouver
nement républicain n'est pas sorti des
limites de son droit en exigeant que
ces congrégations demandent l'auto
risation. ti orthodoxie religieuse de l abbe
qui, grâce au Ciel, n'a jamais défailli,
risque fort ici de faire naufrage.
Il reconnaît, d'ailleurs, plus loin
que lea conditions que l'on met aux
demandes d'autorisation répugnent
à la conscience des religieux- Et après
cela, comme il ne se pique pas de lo
gique, il affirme, sur l'autorité d un ar
chevêque qui est probablement du
même diocèse que lui,' que, « somme
toute, les congrégations demanderaient
Vautorisation, si elles étaient sûres de
robtenir. » Sur ce, fabbé invite le gou
vernement à se tènir pour satisfait de
son expédition contre les jésuites, et a
offrir des sûretés aux congrégations
qui feront la demande de l'autorisation.
C'est facile à dire. Tous les billets de
M. de Freycinet ne vaudront pas
mUux que celui qu'avait Lachâtre, et
le moindre vote de la Chambre des dé
putés, présidée par M. Gambetta, con
trit des décrets du 29 mars, serait pré
férable à toutes les sûretés que- peut
offrir le gouvernement. M. l'abbe du
Soir veut-il se charger de l'obtenir?
Les jésuites immolés, les autres con
grégations dormant sous la protection
du billet de M. de Freycinet, en atten
dant le vote d'une loi qui n'arrivera
jamais, tout sera pour le mieux. La
suppression de l'aumônerie militaire,
la disparition des bourses pour cer
tains séminaires, la loi sur la sanctifi
cation diî dimanche arrachée de nos
codes, l'instruction gratuite, obliga
toire et laïque : ce? ne sont là que des
détails qui n'empêcheront pas l'Eglise
et le gouvernementrépubiîpainde s'em
brasser dans une douce étreinte sous
la bénédiction de l'abbé G., iïanqub de
son archevêque, aussi fort théologien
que lui. Vous pouvez, monsieur l'ab
bé, continuer à vanter dans le Soir vo
tre modération politique, et votre or
thodoxie religieuse. L'une^ et 1 autre
sont, je crois, assez indifférentes aux
lecteurs habituels de cette feuille.
Quant au Soir , s'il veut suivre un non
conseil, il ne laissera plus ses chime-
s'égarer dans les _ presbytères.
res o <_/a — — A - « .
Qu'il me permette un axiome qui est
de saison : Le pré nô vaudrait pas la
fauchure. Il doit déjà S en aperce
voir.
. ; »
Nous trouvons dans la Marseillaise,
sœur du Mot d'Ordre, un long article
justificatif et hargneux, toujours sur
le même sujet : les accusations formu
lées au congrès ouvrier contre _ les
journaux radicaux. Ce thème devient
vraiment inépuisable. L'auteur de ce
morceau, aussi lourd qu'étendu, nous
paraît trouver les réactionnaires désa
gréables presque au même degré que
les délégués socialistes. Quant aux op
portunistes, à son avis, ils sont char
mants et pleins d'esprit. Autant nous
sommes maladroits, autant ils sont
habiles.
Nous sommes des maladroits, nous,
parce que nous rions, parce que nous
nous moquons du Mot d'Ordre et de
la Justice , leur disant qu'ils sont dé-
FEUILLETON DE L'UNIVERS
do 26 juillet 1880
exploration géographique de la
palestine
par une société anglaise
La géographie et la chronologie, dit-on,
sont les deux yeux de l'histoire. Si nous
appliquons ces paroles à la Bible, il est
certain que la connaissance des lieux
où se sont accomplis les événements ra
contés par les livres nous en facilite singu
lièrement l'intelligence. On l'a compris de
tout temps; aussi, dès les premiers siècles
de l'Eglise, Eusèbe de Gésarée eomposa-
t-il sur place son Onomasticon des villes et
des lieux de la sainte Ecriture , ouvrage ines
timable, que saint Jérôme, après avoir
quitté nos pays d'Occident pour aller
vivre dans la Terre-Sainte, compléta et
rectifia, en le traduisant en latin (1).
(1) Un membre de l'expédition anglaise, M.
Condir ITentwork, I, XXIV-XXV), appelle l 'Ono
masticon « la première et Ja plus remarquable des
descriptions chrétiennes de la Palestine ». Il fait
cependant les restrictions suivantes: «Noussom
mes en état d'indiquer aujourd'hui, sur la carte,
à peu prés toutes les localités mentionnées dans
l 'Onomasticon, dont la position est clairement
Depuis, les ouvrages do ce genre se sont
multipliés à l'infini. Les moyen âge a vu
éclore un grand nombre de descriptions de
la Palestine, écrites par des pèlerins de
Terre-Sainte. On réédité aujourd'hui les
principales (2), mais c'est surtout depuis le
commencement de notre siècle que l'atten
tion s'est portée sur la géographie sa
crée.
« A l'heure actuelle, il existe déjà sur la
Terre-Sainte une masse de travaux d'une
haute valeur. Outre l'expédition française
de 1793, qui fut l'occasion d'un lové mili
taire de la Palestine sous la direction du co
lonel Jacotin, et qui donnala première carte
à peu près exacte qu'on ait eue (3), les in
génieurs français profitant plus récemment,
en 1860, d'une occurrence politique, ont
aussi rapporté des levés géodésiques qui
marquée par la distance ou par les rapports avec
les localités voisines, parce que, dans presque
tous les cas, leur nom existe encore; elles sont
au nombre d'environ 200. Il est donc hors de
doute que le pays était fort bien connu par Eusèbe
et saint Jérôme. Mais si nous passons des faits
qu'ils constatent aux hypothèses qu'ils imaginent,
nous tombons.dans une confusion inextricable.
Les localités qu'ils identifient avec les localités
bibliques sont loin de pouvoir être toujours con
sidérées comme exactement fixées. » Ce qu'ils
décrivent comme existant de leur temps est comr
plôtement juste, mais les rapprochements qu'ils
font et les conclusions qu'ils tirent sont quelque
fois mal fondés. « La position qu'ils assignent à
Sico et à Béthoun est celle qu'on leur assigne
aujourd'hui. Celle que saint Jérôme attribue à
Not et à Aïalon est inconciliable avec le texte
- sacré. »
(2) Itinera et Descriptiones Tenon Sanctm, lin-
gua latina, sœc. IV-XI, exarata, edidit T. Tobler.
(3) Elle parut à Paris en 18H. Malheureuse
ment le savant ingéniem-n'avait pas étudié lui-
même toute la Palestine, et il s'en rapporta à des
traditions vagues pour les parties qu'il n'avait
'•pas visitées.
ont été complétés en 1869... (par MM.
Derrien et Mieulet) (4). On connaît les ad
mirables résultats déposés (en 1840), par
Edward Robinson, dans ses Biblical Res-
carches, à la suite d'une longue exploration
topographique et archéologique, dans la
quelle le savant Américain s'était attaché à
reconnaître tous les anciens sites et à rele
ver les noms locaux usités par les habitants.
Beaucoup d'autres après lui ont suivi la
même voie, et ont enrichi de beaucoup de
détails nouveaux la carte ancienne et ac
tuelle.
Il suffit de rappeler les noms de M. de
Saulcy, de Victor Guérin (5), et du duc de
Luynes, sans oublier les travaux antérieurs
de Callier et du comte de Berton. Un ingé
nieur néerlandais, M. van dé Velde, a con
sacré plusieurs années à sillonner le même
champ en archéologie et en topographie,
et la belle carte (1/315.000") qu'il a publiée
de toute la Palestine, appuyée d'un ample
mémoire analytique, sans avoir la précision
rigoureuse que peut donner un véritable
,(4) Mieullet et Derrien, capitaines d'état-major.
Levés en Galilée, faisant suite à la carte du Liban.
« Il y a quelques années, à la suite des affaires
en Syrie, qui avaient déterminé l'envoi d'un corps
d'armée français, le Dépôt de la guerre publia
une carte du Liban (1/200,000°); l'œuvre de MM.
Mieulet et Derrien la prolonge vers le sud. Elle
repose sur une triangulation qui assure la juste
position des localités et des sommets. Les mouve
ments du sol sont rendus en courbes de niveau,
avec de nombreuses cotes d'altitude. Le terrain
représenté est compris entre Safed, au nord-
ouest du lac de Tibériade, Nazareth, Caïffa. et le
littoral. » (C. Maunoir et H. Duveyrier, l'Année
géographique, 1878, p. 330.)
(3) La Description géographique, historique et
archéologique de la Palestine, par M.Victor Gi^é-
rin, dont six volumes ont déjà paru, èst un ou
vrage d'une haute valeur, et dans lequel la foi et
la piété sont à la hauteut de la science.
levé géodésique, n'en est pas moins, à tous
les points do vue, un travail des plus re
marquables (6).
I
Une société anglaise a résolu de compléter
et d'achever, dans la mesure du possible,
les travaux faits par les savants dont nous
venons de parler. Elle a réuni, dans ce but,
des ressources considérables; elle a fait ap
pel, pour l'exécution, à des hommes capa
bles et distingués. Tous les résultats qu'ont
obtenus ses mandataires ne sont pas encore
publiés, mais leur œuvre en Orient est
achevée, et il ne sera pas sans intérêt ni
sans utilité de la faire connaitre à grands
traits, car, quoique entreprise par des hé
rétiques, elle tournera à la plus grande
gloire de nos saintes Ecritures.
C'est une dame anglaise qui, sans s'en
douter, a été la première promotrice de
l'exploration géographique de la Palestine.
Miss Burdett Coutts, désireuse de procu
rer, à Jérusalem l'eau dont elle était abon
damment pourvue autrefois et dont elle
manquait presque totalement de nos jours,
provoqua des études sur les moyens d'ap
provisionner la Ville Sainte d'eau pota
ble.
« Au commencement de 1864, l'état sa
nitaire de Jérusalem excita vivement l'at
tention, raconte M. Wilson. Cette ville, que
le Psalmiste décrivait comme belle par sa si-
titation, la joie de toute la terre, était deve
nue un des endroits les plus insalubres du
monde. Les causes principales de ce triste
changement, c'étaient la mauvaise qualité
de l'eau et l'accumulation d'une énorme
masse de décombres qui avait toujours été
(G) Vivien de Saint-Martin, L'Année géographi
que, onzième année. Paris, 1873, p. 86-87.
croissant pendant des siècles. Contre les
ruines, il n'y avait guère rien à i'airo,. mais
il paraissait plus facile d'améliorer la qua
lité de l'eau.
Plusieurs projets furent proposés à celte
fin ; ils consistaient, les uns à restaurer
l'ancien système d'approvisionnement, les
autres à créer de nouveaux réservoirs, des
citernes ou des aqueducs. Cependant, avant
de mettre un projet quelconque à exécution,
il éta,it nécessaire de posséder le plan exact
de la ville, afin qu'on pût le dresser. Miss
Burdett Coutts, personne toujours prête à
encourager les bonnes œuvres, donna ùne
somme de cinq ceiits livres (douze mille
cinq cents francs) au comité qui s'intéres
sait à la situation de Jérusalem. Le comité
pria lord Grey, alors secrétaire d'Etat au
département de la guerre, de permettre que
l'étude topographique fût faite par des
membres du corps des ingénieurs royaux
de l 'Ordnanee Survey, sous la direction de
sir James, et il en obtint une réponse favo
rable. Il fut stipulé néanmoins qu'un officier
accompagnerait les explorateurs et que le
gouvernement n'aurait aucune dépense à
faire. Cet officier fut le capitaine Wilson.
(TheRecovery of Jérusalem, p. 3, 4.)
Partis de Southampton le 12 septembre
1864 et arrivés à Jaffa le 30, les ingénieurs
anglais, chargés, sous la direction de sir
Henri James, de lever le plan de Jérusa
lem, entrèrent dans cette ville le 3 cictobre
et se mirent aussitôt à l'œuvre. Les plans
furent exécutés au 2500 e . Le major Wilson
releva en outre une ligne de niveaux de
puis la mer Méditerranée jusqu'à la mer
Morte (7) et détermina la dépression de
(7) Ces niveaux ont été donnés tout au long
dans Vivien de Saint-Martin, Année géographique,
t. V, 1860, p. 61-62.
cette dernière : il constata qu'elle était de
1,292 pieds anglais, c'est-à-dire do 393 mè
tres. L'expédition scientifique organisée
dans le même temps par le duc de Luynes
arrivait exactement au même résultat.
Le succès de ces recherches amena l'éta
blissement d'une société qui se constitua
en Angleterre, le 22 juin 1865, sous le
nom de Palestine Exploration Fund, dans le
but d'explorer scientifiquement la Terre-
Sainte et d'en dresser une carte aussi par
faite que possible.
Le comité du Palestine Exploration Fund
dressa, pour les savants qu'il se proposait
d'envoyer en Syrie les instructions sui
vantes :
1° Lever une carte du pays, sur laquelle
seront exactement indiqués, outre la confi
guration topographique, le site de toutes
les villes et villages, les ruines, les routes,
etc.;
2° Recueillir, autant que possible, les
noms en usage parmi les indigènes, ainsi
que les traditions qui se rattachent à cha
que place ;
3° Essayer de faire des fouilles partout
où il sera nécessaire ;
4° Instituer une série d'observations mé-
téréologiques ;
5° Recueillir autant de notes qu'il sera
possible sur la géologie du pays, sur la bo
tanique, la zoologie, etc. ;
6" Ne laisser échapper aucune occasion
de faire à Jérusalem des excavations pro- .
près à conduire à des résultats décisifs ;
7° Examiner tous les sites archéologi
ques que le pays renferme, en lever'des
plans et en l'aire des dessins (8).
La Palestine Exploration Fund envoya
(8) Le programme a été publié par l'Athenxum
du 29 avril 1863, n° 1,937, p. 387.
N* 465i — Édition .quotidienne.
cbbggg
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Six mois •*. . . T": 28 >60
Trois mois . . ,15 »
Un Numéro, à Paris. ...:.. 15 cent.
— Départemqp.ls.—420
BUREAUX
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" I -- ; j * A j. ' : .r 'f
On s'abonne, A Rome, fclaco dir èe-sû^îS/
Lundi ÉO Juillet 1880
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DÉPARTEMENTS
Un an. » •
Six mois.'.*. ' • 28 60
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Édition seiïii«çiu.t , tidiennë,
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L 'UNIVERS ne répond pas, dcS manuscrits qui lui sdilt adtessés
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doit être accompagnée d'une des dernières
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poste.
FRANCE
PARIS, 25 JUILLET 188Q
Conférences de Mgr Isoard
sur le mariage et le divorce
Troisième article
La conception de la cité sans Dieu,
de l'Etat sans Dieu, comme, on dit à
présent, est purement une. insanité.
Autant, disaient les anciens^ bâtir une
ville sur les nuages. Dieu est le grand
antécédent. Tout établissement hu
main, toute association étendue ou
restreinte entre les hommes présuppo
sent, l'inébranlable foi en Dieu, en sa
présence, en sa loi souveraine. Imagi
nons le premier pacte intervenu entre
un homme et lin autre homme ; ce
pacte ne créait pas de soi un lien in
violable et infrangible ; ce pacte em
pruntait sa force obligatoire à quelque
chose de plus ancien, de plus primor
dial, de plus initial que lui-même et
que tous les contrats, à savoir au com
mandement de Dieu qui défend à
l'homme de fausser sa parole et de
trahir la foi promise : Tu ne mentiras
point, lu ne rendras point de faux témoi
gnage.
Toute fondation, toute construction
dans l'ordre moral repose sur cet
a priori de la loi et de la foi religieuse.
La famille y'est assise et, avec la fa
mille, la patrie. La" société est un
composé de familles, elle n'est point
faite d'individus désagrégés et disper
sés. Les individus sans lien, on l'a dit
vingt fois, sont semblables à une
poussière par l'instabilité et l'inconsis
tance. On ne saurait bàtir'avec de la
poussière; il y faut des blocs de pierre.,
c'est-à-dire une masse de molécules,
non point libres et désunies, mais so
lidement liées et cohérentes. Les fa
milles sont ces blocs, ces pierres vivan
tes dont est faite la cité. La famille, si
humble qu'en soit la condition, est un
objet de respect. Elle procède du ma
riage, source sacrée. Le respect dont
est entouré le mariage n'a rien de
convenu : il est spontané, universel
lement senti. Ce respect, où trouve-
t-il sa cause efficiente? Il la trouve
dans la sainteté du sacrement, sain
teté immanente dans le mariage.
Qui dit sacrement, dit un direct ou
vrage de Dieu opéré dans l'homme.
Là, en effet, réside la raison d'être de
tout sentiment et de toute marque de
respect entre les hommes,
Quelques moments encore, arrêtons-
nous avec Mgr Isoard sur cette capitale
question de respect. Creusez le respect,
vous allez trouver Dieu; Il y a du pros-
ternement dans le respect. Ce proster-
riement exclut l'égalité ; ce prostarne-
ment s'adresse, dans l'homme, à quel
que chose qui est supérieur à l'homme.
L'homme, ;c'est absolument clair, n'a
rien en lui qui le mette au-dessus de
lui-même, rien en conséquence qui
le mette au-dessus du reste des hom
mes. Le respect-qui s'empare de
l'ame est un avertissement que Dieu
est là. Quand, devant un homme, je
sens le tressaillement du respect, c'est
que, sur cet homme ou à l'environ de
cethomme, il y a la visible marque d'un
ouvrage de Dien, il y a le resplendisse
ment d'une parole de Dieu. Ainsi s'ex
plique la majesté inséparable de l'auto
rité. Cette majesté n'est point la pom
pe, n'est point l'apparat qui parle aux
yeux ; elle est la majesté, c'est-à-dire
un rehaussement, une grandeur sura
joutée, mettant l'homme hors de pair,
l'élevant au-dessus de la foule, en
d'autres termes, l'élevant au-dessus de
l'homme, attendu que la foule, c'est es
sentiellement l'homme, c'est l'homme
dans son impétuosité, dans son infir
mité , dans sa mobilité misérable,
l'homme non redressé, non travaillé,
l'homme à l'état brut, à l'état pur en
un sens.
Oui, l'autorité est accompagnée de
majesté ; si médiocre soit-il de sa per
sonne, le représentant de, l'autorité
impose ; quelque chose en lui dépasse
la foule. Il y a là un mystère, il y a
aussi une lumière vive. La lumière est
que l'autorité est un attribut étranger
et supérieur à l'humaine argile, un
attribut où notre nature ne se hausse
point par ses facultés et" sa vertu pro
pre. L'autorité est de droit divin, ce
qui exprime qu'elle est déléguée de
Dieu. Omnis potestas a Deo, ce dogme
est en même temps un axiome. Dieu,
au commencement, a institué la puis
sance des pères, rois des tentes. L'en
seignement du droit divin de l'autori
té est ainsi de toute primitivité dans
la loi et dans l'histoire, l'inculcation
en est inoubliable.
Sans chercher plus loin, rien que le
mot autorité atteste que la chose est
plus qu'humaine. Autorité, auctoritas,
vient de augere et signifie augmenta
tion. L'homme à qui est dévolue l'au
torité, cet homme est augmenté d'un
droit suréminent qu'il ne trouve pas
en lui-même, qu'il ne tire pas de son
fond. S'il tirait de soi ce haut attribut,
il n'y aurait là que le simple dévelop
pement, le complément si l'on veut de
la personne, il n'y aurait pas accrois
sement, augmentation, il n'y aurait
pas, au sens vrai, autorité. L'accroisse
ment, bien différent de la croissance,
survient à l'homme d'autre part que
de lui-même. Tel est au premier chef
le sacerdoce ; telle est l'autorité, dont
la divinité d'origine et de délégation
éclate aux yeux.
Mais il y a aussi une majesté des
affligés et des inlimes, il y a un res
pect des petits enseigné aux hommes
par l'Evangile. Ici, toute prééminence
sociale est absente; le caractère surna
turel, l'élément absolument divin du
respect se fait voir avec évidence. Les
saints, de tout temps, ont été particu
lièrement atteints de ce respect des
moindres. Saint François-de Sales
pratiqua suavement autant que persé-
véramment cette vertu d'être soumis
à toute créature pour Jésus-Christ. Un
témoin de sa vie nous fait voir l'admi
rable évêque « regardant comme su-
« périeures toutes personnes, se ren-
« dant serviteur de tous pour Notre-
« Seigneur. » Le pieux écrivain ajou
te : « Aussi ai-je pris garde que, quand
« quelqu'un l'abordait, jusqu'aux plus
« petits, il prenait la contenance d'un
« inférieur devant son supérieur, ne
« congédiant personne, ne refusant
« point de converser, ni de parler, ni
« d'écouter, et ne donnant le moindre
« signe d'ennui,d'impatience, nid'in-
« quiétude, quelque importunité qu'on
« lui fît et quelque temps qu'on lui fit
« perdre. »
De semblables exemples, mieux
qu'aucune dissertation, font connaître
ce qu'est le respect. La Vertu de res
pect consiste à considérer le prochain à
la lumière surnaturelle, autrement dit
à la lumière de la loi et de la parole
de Dieu. L'homme, que son état soit
élevé ou abject aux yeux du monde,
l'homme est un objet de vénération
pour le chrétien ; pourquoi? parce qu'il
est l'ouvrage du Créateur, racheté au
prix du sang de Jésus-Christ, sanctifié
et devenu par le baptême le tem ple du
Dieu vivant.' La vertu du respect, bien
plus efficacement que les lois, est. le
ciment de tous les légitimes et fertiles
modes d'union entre les hommes. Le
respect est le lien de la cité, le lien
qui fait une la famille, le lien des
époux dans le mariage. Les patries,
disions-nous tout à l'heure, sont un
composé de familles ; il est de l'essence
de la famille d'être respectable et res
pectée. La famille est rendue vénéra
ble par la sainteté du mariage d'où
elle procède ; l'entier édifice du respect
social à tous ses degrés a ainsi a sa
base le sacrement. Tel est le fait rigou
reusement exact ; il n'y a pas de res
pect laïc, il n'y a pas de respect civil.
Le respect est une vertu chrétienne,
une grâce attachée aux sacrements de
de l'Eglise.
Le divorce, sans contredit, est ce
qui se peut imaginer de plus attenta-
tatoire au respect du mariage. Le di
vorce fait entrer la souillure où la loi
de Dieu a établi la pureté, il met le
parjure où s'imposent les inviolables
fidélités; il introduit la promiscuité
où la primitive parole avait institué
l'unique amour, l'union en une seule
chair de l'homme et de l'épouse :
Duo in carne una. Qu'on ne suppose pas
que nous allons argumenter. Argu
menter, pourquoi ? Pour la France,
chrétienne, plus simplement pour la
vraie France, le mariage c'est le sacre
ment. Le divorce, cette turpitude, n'a
pas de prise sans doute et n'a pas la
prétention d'en avoir sur le sacrement.
On ne discute pas la loi Naquet, on
lui coupe le passage. Voilà tout.
Les catholiques se doivent surtout
à leur foi et à leur loi de ne pas met
tre en délibération le divorce. On
creuse entre soi et ces choses-là le
fossé du mépris. On fait le cordon sa
nitaire autour du foyer de purulence.
Toutefois, nous ne voulons pas aban
donner ce sujet sans dire un mot de
la question des mal mariés, texte fer
tile, où ces messieurs du divorce et de
la libre-pensée abondent particulière
ment en aperçus ineptes. L'expédient
renouvelé de 92, ou plutôt renouvelé
des Grecs par M. Naquet et consorts,
se borne à démarier les gens mal
mariés. Il sera plus qu'aisé de faire
voir que le remède est pire que le mal,
incompatiblement plus ravageur, plus
dégradant, plus salissant. Ce sera la
matière d'un dernier article.
Pn. Serret.
Lagarde et Labosse, ont entonné des
dithyrambes peu variés én l'honneur,
de l'héroïque, de la bien-aimée Com
mune et de ses vaillants défenseurs.
C'était lyrique, mais ennuyeux et long
laua'
que
Les applaudissements n'ont point man-
Rochefort a prononcé alors quelques
paroles d'encouragement et de félici-,
tations, a porté un toast à la jeunesse
française, puis s'est esquivé subrepti
cement, après avoir serré les mains
du grand Blanqui, modèle des héros
et première vieille barbe du monde.
Tout cela a été haché par des bravos
frénétiques, des cris de : Vive Roche-
fort! Vive Blanqui! Vive l'amnistie!
Un vrai delirium tremens.
Une allocution filandreuse du ci
toyen Olivier Pain, suivie d'une exhor
tation pâteuse du député Beauquier,
ont un peu diminué l'enthousias
me en provoquant quelques bâille
ments. Nous ne donnons aucun ex
trait de tous ces discours. Ce sont tou
jours les mêmes rengaines absurdes
et haineuses que nos lecteurs connais
sent de vieille date.
Blanqui a ranimé l'exaltation et les
hurralis en prononçant quelques pa
roles pour dire que° bien des choses
étaient encore à faire, etc... Le reste
comme toujours.
Après quoi, un tas de citoyens, étu
diants plus ou moins obscurs, mais
également en proie à une intense dé
mangeaison de parler, ont pris la pa
role et proposé un grand nombre de
toasts aux Calédoniens et aux défunts,
à Louise Michel, à Barbès, à Flou-
rens, etc.
Une quête, au profit des amnistiés,
a eu lieu pour terminer la soirée, qui
déjà était talonnée par l'aurore, mais
nous ne trouvons nulle part ce qu'elle
a produit.
Par exemple, ce qu'on saura bien
désormais, par de pareilles orgies que
des étudiants organisent et dirigent,
c'est ce que produit. l'enseignement
universitaire.
Veuillez agréer, monsieur et honoré ré
dacteur, l'hommage de ma haute et dévouée
considération.
E. de G avardie,
sénateur.
—
L'abbé GL. du « Soir »
L'enseignement universitaire
Le punch d'honneur offert par MM.
les étudiants aux citoyens Blanqui,
Rochefort, OJivier Pain, etc., avait
attiré hier soir, samedi, une foule
énorme aux abords de la salle de la
rue de Jussieu.
Rochefort, arrivé vers neuf heures,
a reçu une ovation enthousiaste, telle
ment enthousiaste même, qu'il a po
sitivement failli être étouffé. Après des
efforts multiples et persévérants, on
est parvenu à l'amener jusqu'à sa
place, entre les citoyens Blanqui, Oli
vier Pain, Beauquier, député, Lepelle-
tier, Amouroux, Verséjoux, etc.
Ensuite deux étudiants, les citoyens
M. de Gavardie nous adresse la let
tre suivante :
Paris, 23 juillet 1880.
Monsieur, -
La gravité de la question orientale"peut
faire • apprécier dès à présent l'utilité des
discussions de politique générale, à l'occa
sion du budget et des diverses parties de
ce budget.
J'avais à formuler sur le ministère des
a'ffaires étrangères des observations telles,
que la mission militaire, dont se préoccupe
si vivement l'opinion à cette heure, deve
nait moralement impossible,, ou n'aurait
pas, du moins, présenté les graves incon
vénients qu'on cherche vainement à atté
nuer aujourd'hui.
Plus que jamais,les événements prouvent
que la droiture et la loyauté sont l'art su
prême de la politique.,
Si M. le ministre des affaires étrangères
avait compris l'habile et loyale à la fois sug
gestion diplomatique de lord Salisbury, les
complications actuelles n'existeraient pas
Si la Turquie avait été admise avec voix dé-
Ubérative à la conférence de délimitation
des frontières turco-grecques, son juste or
gueil national n'eût pas été blessé, comme
le, pressentait très bien M. de Saint-Vallier
dans une dépêche du Livre jaune.
Sans doute notre ambassadeur à Berlin a
fini par partager la grave erreur de son
chef; mais il avait eu l'intuition des répon
ses décisives faites à cette banale objec
tion : Que la Turquie ne pouvait être juge et
partie dans sa propre cause. Quand même la
Turquie n'aurait pas accepté sa représenta
tion complète dans la conférence, la propo
sition devait lui on être faite. Mais rien
dans les pièces diplomatiques publiéôs, ne
fait entrevoir un semblable refus.
L'abbé faux teint du.SoiV continue
ses élucubrations comico-cléricales, et
'.e Soir les envoie au clergé. Les ar
ides de l'abbé et les expéditions
du journal ont le succès qu'ils mé
ritent. Il faut se faire une fsingu-
ière idée du clergé pour s'imaginer
qu'une entreprise de ce genre puisse
réussir. Si le Soir le croit, avouons
qu'il a une foi robuste, mais que ce
n'est pas sans raison qu'il s'appelle le
Soir ; car certainement il n'y voit pas
clair, et son abbé serait naïf s'il n'é
tait un farceur. Il se plaint que son
rôle ne soit pas toujours facile. Je com
prends son embarras. Il est dur, sous
prétexte de faire de la conciliation, de
dire aux gens que l'on dépouille qu'ils
pourraient bien faire quelques conces
sions. Or c'est à peu près ce que
prêche constamment l'abbé, qui se
flatte d'avoir une modération politique
qui ne peut être suspectée et une ortho
doxie religieuse qui n'a jamais défailli.
Nous verrons si sa politique est_si mo
dérée, et si son orthodoxie est si vierge
qu'il le prétend.
M. l'abbé commence par nous dire
solennellement qu'il n'y a pas incom
patibilité de principe entre l'Eglise et
la république. C'est là un thème sur
lequel il peut jouer des airs variés. Il
ne trouvera pas beaucoup de contra
dicteurs. Mais la question n'est pas
là. Ce que nous avons sous les yeux,
ce n'est pas autre chose qu'une nou
velle édition de la fable le Loup et
l Agneau. Vous m'avouerez qu'il y a
plus que de la naïveté à prêcher la
paix, la patience et la conciliation à
l'agneau qui est dévoré, et à~confesser
en minaudant que le loup est peut-être
un peu vorace, et qu'il ferait de la
bonne conciliation si, après avoir ar
raché à l'agneau rebelle un gigot, il
lui laissait le reste... jfrovisoirement.
— Oui, dit M. l'abbé, le gouvernement
républicain a eu tort de faire l'amnis
tie plénière, tort aussi de porter les
décrets du 29 mars. Ce n'est vraiment
pas joli d'ouvrir la porte toute grande
aux bourreaux en même .temps qu'on
poursuit les chrétiens; c'est là un
manque de tact, et M. Gambetta lui-
même n'est pas loin de le reconnaî
tre. —
Nous touchons ici à la modération
politique de l'abbé du Soir. Il est vrai
que M. Gambetta a fait une harangue
en faveur de l'amnistie plénière, ot
que la République française trouve su
perbes les deux mesures simultanées
qui nous représentent les jésuites traî
nés derrière le char triomphal des
communards, comme les rois vaincus
suivaient le char des généraux ro-
moins. Mais vous autres, ultramon-
tains, vous ne savez pas lire entre les
lignes. La République française n'est
point le journal de M. Gambetta, qui,
sans doute, l'a fondée et la protège pour
en être contrecarré, et le discours en
faveur de l'amnistie n'est pas le vrai
discours de M. Gambetta. L'esprit de
conservation s'empare nécessairement
de tout homme qui devient plus ou
moins un souverain officiel..
Voilà pourquoi M. Gambetta déplore
l'amnistie tju'il a demandée et re
grette les décrets du 29 mars, appli
cation partielle de son axiome chéri :
Le cléricalisme, voilà rennemi\
Sans être aussi avancé dans les se
crets de M. Gambetta que le susdit
• abbé, nous croyons volontiers qu'il n'a
pas vu sans appréhension la rentrée de
son collègue du 4 septembre, Roche
fort. Mais ce n'est pas pour le bon
motif. Quoi qu'il en aoit,^ la question
de l'amnistie est tranchée. Celle des
décrets du 29 mars ne fait que s'ou
vrir. Le loup, n'ayant encore arrache
qu'un gigot de l'agneau,-ferait bien de
s'en tenir là. Pourtant, il n'y a pas de
doute, il avait le droit de prendre le_gi-
got, et même de le manger. L'abbe G...
ne fait pas difficulté de reconnaître
que les congrégations non autorisées
jouissent d'un privilège et que, le pri
vilège n'étant dû à personne, sous le
régime des principes de 89, le gouver
nement républicain n'est pas sorti des
limites de son droit en exigeant que
ces congrégations demandent l'auto
risation. ti orthodoxie religieuse de l abbe
qui, grâce au Ciel, n'a jamais défailli,
risque fort ici de faire naufrage.
Il reconnaît, d'ailleurs, plus loin
que lea conditions que l'on met aux
demandes d'autorisation répugnent
à la conscience des religieux- Et après
cela, comme il ne se pique pas de lo
gique, il affirme, sur l'autorité d un ar
chevêque qui est probablement du
même diocèse que lui,' que, « somme
toute, les congrégations demanderaient
Vautorisation, si elles étaient sûres de
robtenir. » Sur ce, fabbé invite le gou
vernement à se tènir pour satisfait de
son expédition contre les jésuites, et a
offrir des sûretés aux congrégations
qui feront la demande de l'autorisation.
C'est facile à dire. Tous les billets de
M. de Freycinet ne vaudront pas
mUux que celui qu'avait Lachâtre, et
le moindre vote de la Chambre des dé
putés, présidée par M. Gambetta, con
trit des décrets du 29 mars, serait pré
férable à toutes les sûretés que- peut
offrir le gouvernement. M. l'abbe du
Soir veut-il se charger de l'obtenir?
Les jésuites immolés, les autres con
grégations dormant sous la protection
du billet de M. de Freycinet, en atten
dant le vote d'une loi qui n'arrivera
jamais, tout sera pour le mieux. La
suppression de l'aumônerie militaire,
la disparition des bourses pour cer
tains séminaires, la loi sur la sanctifi
cation diî dimanche arrachée de nos
codes, l'instruction gratuite, obliga
toire et laïque : ce? ne sont là que des
détails qui n'empêcheront pas l'Eglise
et le gouvernementrépubiîpainde s'em
brasser dans une douce étreinte sous
la bénédiction de l'abbé G., iïanqub de
son archevêque, aussi fort théologien
que lui. Vous pouvez, monsieur l'ab
bé, continuer à vanter dans le Soir vo
tre modération politique, et votre or
thodoxie religieuse. L'une^ et 1 autre
sont, je crois, assez indifférentes aux
lecteurs habituels de cette feuille.
Quant au Soir , s'il veut suivre un non
conseil, il ne laissera plus ses chime-
s'égarer dans les _ presbytères.
res o <_/a — — A - « .
Qu'il me permette un axiome qui est
de saison : Le pré nô vaudrait pas la
fauchure. Il doit déjà S en aperce
voir.
. ; »
Nous trouvons dans la Marseillaise,
sœur du Mot d'Ordre, un long article
justificatif et hargneux, toujours sur
le même sujet : les accusations formu
lées au congrès ouvrier contre _ les
journaux radicaux. Ce thème devient
vraiment inépuisable. L'auteur de ce
morceau, aussi lourd qu'étendu, nous
paraît trouver les réactionnaires désa
gréables presque au même degré que
les délégués socialistes. Quant aux op
portunistes, à son avis, ils sont char
mants et pleins d'esprit. Autant nous
sommes maladroits, autant ils sont
habiles.
Nous sommes des maladroits, nous,
parce que nous rions, parce que nous
nous moquons du Mot d'Ordre et de
la Justice , leur disant qu'ils sont dé-
FEUILLETON DE L'UNIVERS
do 26 juillet 1880
exploration géographique de la
palestine
par une société anglaise
La géographie et la chronologie, dit-on,
sont les deux yeux de l'histoire. Si nous
appliquons ces paroles à la Bible, il est
certain que la connaissance des lieux
où se sont accomplis les événements ra
contés par les livres nous en facilite singu
lièrement l'intelligence. On l'a compris de
tout temps; aussi, dès les premiers siècles
de l'Eglise, Eusèbe de Gésarée eomposa-
t-il sur place son Onomasticon des villes et
des lieux de la sainte Ecriture , ouvrage ines
timable, que saint Jérôme, après avoir
quitté nos pays d'Occident pour aller
vivre dans la Terre-Sainte, compléta et
rectifia, en le traduisant en latin (1).
(1) Un membre de l'expédition anglaise, M.
Condir ITentwork, I, XXIV-XXV), appelle l 'Ono
masticon « la première et Ja plus remarquable des
descriptions chrétiennes de la Palestine ». Il fait
cependant les restrictions suivantes: «Noussom
mes en état d'indiquer aujourd'hui, sur la carte,
à peu prés toutes les localités mentionnées dans
l 'Onomasticon, dont la position est clairement
Depuis, les ouvrages do ce genre se sont
multipliés à l'infini. Les moyen âge a vu
éclore un grand nombre de descriptions de
la Palestine, écrites par des pèlerins de
Terre-Sainte. On réédité aujourd'hui les
principales (2), mais c'est surtout depuis le
commencement de notre siècle que l'atten
tion s'est portée sur la géographie sa
crée.
« A l'heure actuelle, il existe déjà sur la
Terre-Sainte une masse de travaux d'une
haute valeur. Outre l'expédition française
de 1793, qui fut l'occasion d'un lové mili
taire de la Palestine sous la direction du co
lonel Jacotin, et qui donnala première carte
à peu près exacte qu'on ait eue (3), les in
génieurs français profitant plus récemment,
en 1860, d'une occurrence politique, ont
aussi rapporté des levés géodésiques qui
marquée par la distance ou par les rapports avec
les localités voisines, parce que, dans presque
tous les cas, leur nom existe encore; elles sont
au nombre d'environ 200. Il est donc hors de
doute que le pays était fort bien connu par Eusèbe
et saint Jérôme. Mais si nous passons des faits
qu'ils constatent aux hypothèses qu'ils imaginent,
nous tombons.dans une confusion inextricable.
Les localités qu'ils identifient avec les localités
bibliques sont loin de pouvoir être toujours con
sidérées comme exactement fixées. » Ce qu'ils
décrivent comme existant de leur temps est comr
plôtement juste, mais les rapprochements qu'ils
font et les conclusions qu'ils tirent sont quelque
fois mal fondés. « La position qu'ils assignent à
Sico et à Béthoun est celle qu'on leur assigne
aujourd'hui. Celle que saint Jérôme attribue à
Not et à Aïalon est inconciliable avec le texte
- sacré. »
(2) Itinera et Descriptiones Tenon Sanctm, lin-
gua latina, sœc. IV-XI, exarata, edidit T. Tobler.
(3) Elle parut à Paris en 18H. Malheureuse
ment le savant ingéniem-n'avait pas étudié lui-
même toute la Palestine, et il s'en rapporta à des
traditions vagues pour les parties qu'il n'avait
'•pas visitées.
ont été complétés en 1869... (par MM.
Derrien et Mieulet) (4). On connaît les ad
mirables résultats déposés (en 1840), par
Edward Robinson, dans ses Biblical Res-
carches, à la suite d'une longue exploration
topographique et archéologique, dans la
quelle le savant Américain s'était attaché à
reconnaître tous les anciens sites et à rele
ver les noms locaux usités par les habitants.
Beaucoup d'autres après lui ont suivi la
même voie, et ont enrichi de beaucoup de
détails nouveaux la carte ancienne et ac
tuelle.
Il suffit de rappeler les noms de M. de
Saulcy, de Victor Guérin (5), et du duc de
Luynes, sans oublier les travaux antérieurs
de Callier et du comte de Berton. Un ingé
nieur néerlandais, M. van dé Velde, a con
sacré plusieurs années à sillonner le même
champ en archéologie et en topographie,
et la belle carte (1/315.000") qu'il a publiée
de toute la Palestine, appuyée d'un ample
mémoire analytique, sans avoir la précision
rigoureuse que peut donner un véritable
,(4) Mieullet et Derrien, capitaines d'état-major.
Levés en Galilée, faisant suite à la carte du Liban.
« Il y a quelques années, à la suite des affaires
en Syrie, qui avaient déterminé l'envoi d'un corps
d'armée français, le Dépôt de la guerre publia
une carte du Liban (1/200,000°); l'œuvre de MM.
Mieulet et Derrien la prolonge vers le sud. Elle
repose sur une triangulation qui assure la juste
position des localités et des sommets. Les mouve
ments du sol sont rendus en courbes de niveau,
avec de nombreuses cotes d'altitude. Le terrain
représenté est compris entre Safed, au nord-
ouest du lac de Tibériade, Nazareth, Caïffa. et le
littoral. » (C. Maunoir et H. Duveyrier, l'Année
géographique, 1878, p. 330.)
(3) La Description géographique, historique et
archéologique de la Palestine, par M.Victor Gi^é-
rin, dont six volumes ont déjà paru, èst un ou
vrage d'une haute valeur, et dans lequel la foi et
la piété sont à la hauteut de la science.
levé géodésique, n'en est pas moins, à tous
les points do vue, un travail des plus re
marquables (6).
I
Une société anglaise a résolu de compléter
et d'achever, dans la mesure du possible,
les travaux faits par les savants dont nous
venons de parler. Elle a réuni, dans ce but,
des ressources considérables; elle a fait ap
pel, pour l'exécution, à des hommes capa
bles et distingués. Tous les résultats qu'ont
obtenus ses mandataires ne sont pas encore
publiés, mais leur œuvre en Orient est
achevée, et il ne sera pas sans intérêt ni
sans utilité de la faire connaitre à grands
traits, car, quoique entreprise par des hé
rétiques, elle tournera à la plus grande
gloire de nos saintes Ecritures.
C'est une dame anglaise qui, sans s'en
douter, a été la première promotrice de
l'exploration géographique de la Palestine.
Miss Burdett Coutts, désireuse de procu
rer, à Jérusalem l'eau dont elle était abon
damment pourvue autrefois et dont elle
manquait presque totalement de nos jours,
provoqua des études sur les moyens d'ap
provisionner la Ville Sainte d'eau pota
ble.
« Au commencement de 1864, l'état sa
nitaire de Jérusalem excita vivement l'at
tention, raconte M. Wilson. Cette ville, que
le Psalmiste décrivait comme belle par sa si-
titation, la joie de toute la terre, était deve
nue un des endroits les plus insalubres du
monde. Les causes principales de ce triste
changement, c'étaient la mauvaise qualité
de l'eau et l'accumulation d'une énorme
masse de décombres qui avait toujours été
(G) Vivien de Saint-Martin, L'Année géographi
que, onzième année. Paris, 1873, p. 86-87.
croissant pendant des siècles. Contre les
ruines, il n'y avait guère rien à i'airo,. mais
il paraissait plus facile d'améliorer la qua
lité de l'eau.
Plusieurs projets furent proposés à celte
fin ; ils consistaient, les uns à restaurer
l'ancien système d'approvisionnement, les
autres à créer de nouveaux réservoirs, des
citernes ou des aqueducs. Cependant, avant
de mettre un projet quelconque à exécution,
il éta,it nécessaire de posséder le plan exact
de la ville, afin qu'on pût le dresser. Miss
Burdett Coutts, personne toujours prête à
encourager les bonnes œuvres, donna ùne
somme de cinq ceiits livres (douze mille
cinq cents francs) au comité qui s'intéres
sait à la situation de Jérusalem. Le comité
pria lord Grey, alors secrétaire d'Etat au
département de la guerre, de permettre que
l'étude topographique fût faite par des
membres du corps des ingénieurs royaux
de l 'Ordnanee Survey, sous la direction de
sir James, et il en obtint une réponse favo
rable. Il fut stipulé néanmoins qu'un officier
accompagnerait les explorateurs et que le
gouvernement n'aurait aucune dépense à
faire. Cet officier fut le capitaine Wilson.
(TheRecovery of Jérusalem, p. 3, 4.)
Partis de Southampton le 12 septembre
1864 et arrivés à Jaffa le 30, les ingénieurs
anglais, chargés, sous la direction de sir
Henri James, de lever le plan de Jérusa
lem, entrèrent dans cette ville le 3 cictobre
et se mirent aussitôt à l'œuvre. Les plans
furent exécutés au 2500 e . Le major Wilson
releva en outre une ligne de niveaux de
puis la mer Méditerranée jusqu'à la mer
Morte (7) et détermina la dépression de
(7) Ces niveaux ont été donnés tout au long
dans Vivien de Saint-Martin, Année géographique,
t. V, 1860, p. 61-62.
cette dernière : il constata qu'elle était de
1,292 pieds anglais, c'est-à-dire do 393 mè
tres. L'expédition scientifique organisée
dans le même temps par le duc de Luynes
arrivait exactement au même résultat.
Le succès de ces recherches amena l'éta
blissement d'une société qui se constitua
en Angleterre, le 22 juin 1865, sous le
nom de Palestine Exploration Fund, dans le
but d'explorer scientifiquement la Terre-
Sainte et d'en dresser une carte aussi par
faite que possible.
Le comité du Palestine Exploration Fund
dressa, pour les savants qu'il se proposait
d'envoyer en Syrie les instructions sui
vantes :
1° Lever une carte du pays, sur laquelle
seront exactement indiqués, outre la confi
guration topographique, le site de toutes
les villes et villages, les ruines, les routes,
etc.;
2° Recueillir, autant que possible, les
noms en usage parmi les indigènes, ainsi
que les traditions qui se rattachent à cha
que place ;
3° Essayer de faire des fouilles partout
où il sera nécessaire ;
4° Instituer une série d'observations mé-
téréologiques ;
5° Recueillir autant de notes qu'il sera
possible sur la géologie du pays, sur la bo
tanique, la zoologie, etc. ;
6" Ne laisser échapper aucune occasion
de faire à Jérusalem des excavations pro- .
près à conduire à des résultats décisifs ;
7° Examiner tous les sites archéologi
ques que le pays renferme, en lever'des
plans et en l'aire des dessins (8).
La Palestine Exploration Fund envoya
(8) Le programme a été publié par l'Athenxum
du 29 avril 1863, n° 1,937, p. 387.
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