Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1879-10-16
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 octobre 1879 16 octobre 1879
Description : 1879/10/16 (Numéro 4376). 1879/10/16 (Numéro 4376).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 16 Octobre 1879
N* 4376 — Édition' quotidienne;
Jeudi 16 Octobre 1879
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PARIS
Un an 55 fr. »
Six mois. i 28 50
Trois mois 15 »
Un Numéro, à Paris. .....
— Départements.
BUREAUX
Paris, 10, Rue des Saints-Pères
On s'abonne, à Rome, place âa Ces
15 cent.
20
/•
DÉPARTEMENTS'
Un an 55fr.»
Six mois 28 ' 60
Trois mois. 15 »
Édition semi-quotidienne
On an. 30 fr. — Six mois, 16 fr. — Trois mois, 8 fr. 50
• L 'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et G", 6, place de la Bourse
FRANGE
PARIS, 15 OCTOBRE 1879
Les feuilles ministérielles ne peuven^
se remettre du coup que leur a porté
l'élection de Javel. Avant le scrutin,
elles dénonçaient la candidature de
M. Humbert'comme un scandale et af
firmaient que nulle part une majorité
électorale ne voudrait réhabiliter la
Commune. Le lendemain elles ont,
tout à la fois, affecté le dédain et
fait entendre des murmures. Aujour
d'hui elles cherchent à se consoler en
déclarant que le succès de l'ancien ré
dacteur du Père Duchêne a tué la cau
se de l'amnistie plénière.
Qui donc, disent-elles, peut prendre
au sérieux cette folle et misérable
équipée d'un quartier excentrique de
Paris? Quel homme politique, quel
homme d'Etat, quel républicain sin
cère et éclairé voudrait donner gffin
de cause à la poignée de braillards, de
sots et de forcenés qui croient recom
mander l'amnistie en ratifiant les cri
mes hideux dont M. Humbert fut l'un
des instigateurs et reste l'apologiste
éhonté? La misérable manifestation
des sept cents hébertistes et terroristes
de Javel ne serait grave que si le gou
vernement et le parti républicain,
manquant de courage et de clair
voyance, avaient la faiblesse d'y voir
un mouvement de l'opinion. Pour en
finir avec cette tempête dans un verre
d'eau, il suffit d'être calme et ferme.
Les journaux qui parlent. ainsi joi
gnent au tort de se tromper sur la si
tuation, celui de méconnaître les con
ditions du régime actuel.
L'élection de Javel n'est pas « un
petit fait » qui, ne s'appuyant sur rien,
étant sans racine, ne se reproduira
pas. C'est le fruit légitime et obliga
toire des doctrines auxquelles les hom
mes du jour doivent le pouvoir et
qu'ils font marcher, même quand ils
tentent par une diversion de les en
rayer. C'est ainsi que M. Ferry, en
excitant les passions révolutionnaires
par son article 7 et tout son projet de
loi contre l'enseignement religieux, a
développé partout l'esprit démagogi
que. Les mêmes citoyens auxquels il
fait vilainement hurler : A bas les jé
suites ! A bas les cléricaux ! acclament
ensuite MM. Blanqui et Louis Blanc,
crient vive l'amnistie plénière et élisent
M. Humbert", — ce qui revient à crier :
A bas Ferry! K bas Gambetta! Tout
cela est logique ; il faut manquer de
sens politique comme de sens moral
pour en être surpris.
Et ces tristes sires parlent d'être
calmes, d'être fermes, de faire respec
ter la loi, de protéger l'ordre social !
Aucun des articles de ce programme
n'est à leur portée. Ils ne sauront pas
même se défendre. Déjà, pour se don
ner un peu de résolution, ils ont be
soin de se dissimuler le danger. Ils re
présentent l'affaire de Javel comme un
incident sans portée, une aventure qui
ne répond à rien, ne s'appuie sur
rien, ne produira rien.
Parce qu'ils ferment les yeux,croient-
ils donc que personne ne verra clair?
Mais cette question de l'amnistie
plénière vous déborde, vous écrase.
Elle est posée partout. Vos candidats
eux-mêmes parlent sur ce point com
me les représentants attitrés du radi
calisme. M. Ferry peut-il oublier que,
{lans son voyage de propagande con
tré îC.s droits des pères de famille et la
liberté de conscience, les cris en l'hon
neur de l'amnistie l'ont souvent salué
et troublé ? Et qu'a-t-il fait alors ? lui
ministre, lui qui se croit homme d'Etat,
lui qui promet d'être ferme, a-t-il dé
claré à ces braillards que le gouver
nement résisterait aux exigences dé
magogiques? Pas le moins du monde ;
il s'est tu, il a filé. Par cette conduite,
il a prouvé que, même pour sauver son
portefeuille, il ne saurait résister aux
exigences de la démagogie. Il rêve
peut-être de le faire, il ne l'osera ças. De
même qu'il a platement gardé le si
lence quand il fallait répondre, il tom
bera platement. Ses collègues le sui
vront en cela comme ils l'ont suivi sur
le terrain de l'article 7.
Du reste, si, par grand hasard, une
majorité de résistance se formait au
début de la session contre l'amnistie,
elle serait bientôt dissoute. La logique
x'évoîutionnaire aura raison du tiers-
parti républicain que gouverne M.
Gambetta, comme elle a eu raison du
tiers parti libéral et constitutionnel
que gouvernaient MM. Thiers et Du-
faure. Il faut descendre toute la pente,
il faut aller jusqu'au fond.
E ugène Y euiixot.
+
M. Paul Bert a péroré dans un ban
quet à Bagnères-de-Bigorre, et les
journaux radicaux lui rendent le
mauvais service de publier son dis
cours. Sans nous attarder plus que
cela n'en vaut la peine aux propos de
M. Paul Bert, nous tenons à faire ap-
E' pépier une fois de plus le style, la
onnô foi et l'érudition de l'homme
que l'on nous présente et qui se pose
comme le ministre de l'instruction
publique de l'avenir.
Voici d'abord pour le style :
Je ne puis, a-t-il dit, parler des ministres
actuels qu'avec un profond sentiment d'es
time ; mais qu'il me soit permis de le dire
sans les froisser, ils ont trop pris au sé
rieux la théorie du bon-garçonisme gouver
nemental.
Pour un futur ministre de l'instruc
tion publique, bon garçonisme paraîtra
risqué même après boire. De plus, ce
bon garçonisme ne se montre guère à
l'égard des catholiques, s'il donne
toute licence aux communards.
Passons à la bonne foi : M. Paul
Bert, parlant de l'article 7, nie que ce
soit « une déclaration de guerre à la
religion ». Ce n'est, prétend-il-, qu'une
« déclaration de principes». Il est fâ
cheux que bien des paroles précéden
tes de l'orateur, notamment son toast
de goujat contre le phylloxéra, aillent
contre son affirmation de Bagnères.
D'ailleurs « la déclaration de princi
pes » a été largement suivie de mesu
res d'application qui montrent que
c'est bien la religion catholique qu'on
vise, tout en essayant de le nier.
Est-ce que M. Paul Bert n'aurait pas
entendu parler de l'expulsion illégale
d'instituteurs et d'institutrices congré-
nanistes qui n'appartiennent certai
nement pas à la compagnie de Jésus
et qui ne tombent même pas sous les
coups de l'article 7 ? N'aurait-il pins
souvenir de certaine loi sur l'ensei
gnement primaire obligatoire, gratuit
et laïque , dont le but est de chasser
Dieu de l'école? Il serait étrange que
M. Paul Bert ait oublié un projet éla
boré par une commission dont il a
été l'âme. Aussi, lorsqu'il nie que l'ar
ticle 7 soit le début d'autres mesures,
il fausse sciemment la vérité, avec au
tant d'impudence qu'à la tribune, lors
qu'il calomniait, non-seulement les jé
suites, mais tout l'enseignement ca
tholique.
D'ailleurs, M. Paul Bert se con
damne et se réfute lui-même lorsqu'il
dit qu'il faut « refouler l'envahisseur
(c'est-à-dire le clergé) jusqu'aux limi
tes de son domaine ». On sait ce que
signifie cette phrase, avec laquelle on
peut justifier toute persécution. Pour
les radicaux, le « domaine » de l'Eglise
n'existe pas, et un député avec lequel
M. Paul Bert s'entend, le citoyen
Lockroy, contestait ces jours derniers
au clergé même les églises.
Terminons par un singulier témoi
gnage de l'érudition du futur ministre
de l'instruction publique :
Un jour que Porsenna assiégeait Rome,
un maître d'école s'avisa de lui amener ses
élèves afin qu'il en fit à son bon plaisir.
Porsenna fit attacher le traître les mains
derrière le dos et le lit ramener dans Rome
par ses propres élèves, armés de bâtons
vengeurs.
En passant, signalons la perfidie de
ce souvenir historique, qui essaye d'as
similer à un traître des prêtres qui ont
élevé pour la France tant d'héroïques
défenseurs et qu'on a vus aux premiers
rangs dans nos batailles, assistant et
soignant les blessés ; mais on est blasé
sur ces gentillesses de M. Paul Bert.
■ Nous serions curieux de savoir où le
savant radical a vu Porsenna ren
voyant un maître d'école romain ;
tiendrait-il ce souvenir du même co
piste qui lui avait fourni de si étran
ges citations? Pour l'instruction de M.
Paul Bert, nous lui apprendrons que
le maître d'école qui voulait livrer ses
élèves à l'ennemi étaitde Faléries, qu'il
conduisit ses élèves au camp romain,
où Camille le fit traiter selon ses méri
tes. Cette histoire figure dans une
masse de recueils, ce qui rend moins
excusable l'ignorance de l'orateur ra
dical.
On le voit, chez le futur ministre de
l'instruction publique, style, érudition,
bonne foi, tout est à l'avenant, et M.
Jules Ferry aura là un digne suces-
seur.
A. R astoul.
La loi de malheur, promulguée en
Belgique par un ministère de «gueux»
et de francs-maçons contre l'enseigne
ment catholique°,-ne porte pas bonheur
au parti. Nous avons déjà noté dans
Y Univers l'admirable élan de résistance
qu'ont suscité dans les catholiques
populations belges les projets odieux
de la secte libérale.
Disons aujourd'hui que cette résis
tance vient de s'affirmer avec éclat
aux élections de Bruges, où les catho
liques ont remporté un triomphe si
gnificatif. Il s'agissait, on le sait, du
remplacement de M. Boyaval, mort
réconcilié avec l'Eglise, après avoir
fourni la voix qui a donne la majo
rité à la loi du Ferry belge, M. van
Humbeeck. M. Léon van Ockerhout, le
candidat catholique, a obtenu 1360
voix contre 1287, données au candi
dat des gueux, le baron Arthur Pecs-
teen.
Avons-nous besoin de dire que la
victoire des catholiques de Bruges jette
toute la gueuserie belge dans un véri
table accès d'épilepsie libérale ? Les
journaux républicains de Paris,et parmi
eux le Temps , reproduisent avec com
plaisance les articles dolents que l'élec
tion de Bruges inspire aux feuilles
gueuses. Il paraît que les catholiques
brugeois ont méconnu toutes les lois
et prodigué la violence pour mettre à
mal le candidat libéral et ses doux
partisans. C'est du moins ce que ra
conte Y Echo du Parlement, auquel nos
feuilles républicaines empruntent un
réquisitoire en règle contre les catho
liques de Bruges.
Pour en faire justice, nous nous
contenterons de reproduire quelques
lignes de l'article que le Journal de
Biuxelles consacre à l'élection de Bru
ges:
-Toute hi sollicitude du parti libéral s'é
tait concentrée depuis trois semaines sur
le district de Bruges : depuis le gouverne
ment, dont les promesses brillantes tour
naient devant les électeurs comme un mi
roir à alouettes, jusqu'au plus mince jour
nal libéral du pays, toutes les influences
dont disposent les libéraux avaient été mi
ses en mouvement. Mais en vain : les élec
teurs brugeois ont répondu comme la con
science nationale. Aussi est-ce sans surpri
se que nous venons de lire sur la vitrine
d'un journal libéral de la capitale : « Nos
amis sont dans la consternation!»
Ajoutons comme conclusion qu'il faut
saluer peut-être dans l'élection de Bru
ges l'heureux présage de la victoire
définitive des catholiques, et un témoi
gnage de l'indignation publique sous
laquelle la gueuserie belge et ses pro
jets odieux seront avant longtemps
écrasés.
, ^
Nous disions dernièrement aux fau
teurs de la séparation de l'Eglise et de
l'Etat de s'inspirer de l'exemple de Ge
nève, où cette question, depuis si long
temps agitée, n'a pu être résolue que
par un ajournement.
■ Que les partisans de l'enseignement
laïque considèrent maintenant ce qui
se passe en Belgique.
Il y a quelques mois, le Parlement
belge adoptait, une loi, analogue à
celle des Jules Ferry et des Paul Bert.
sur la sécularisation de l'enseigne
ment. Au Sénat, la loi que la cons
cience publique a appelé.e « la loi de
malheur » fut votée à une voix de ma
jorité. Cette voix était celle de M. Boya
val, sénateur de Bruges, qui s'était fait
porter mourant à la Chambre pour
voter avec le parti gueux et franc-
maçonnique.
M. Boyaval est mort. Eu réponse au
vote de ce libéral, Bruges vient d'élire
pour nouveau sénateur un catholique,
l'honorable M. van Ockerhout.
C'est l'effet de la loi. Un autre effet,
plus général, a été la démission d'un
grand nombre d'instituteurs publics,
la désertion des écoles communales,
la création d'une multitude d'écoles
libres. Le clergé, qu'on prétendait
exclure de l'école, y est plus maître
que jamais; la religion, qu'on voulait
proscrire, préside plus souverainement
à l'instruction. Le gouvernement n'a
plus d'autre ressource pour soutenir
ses écoles que de se faire hypocrite
en annulant sa loi par des circulaires,
et comme il ne réussira pas dans son
entreprise, il en viendra bientôt à se
faire persécuteur. La conscience pu
blique protestera, le pays se soulèvera,
et de nouvelles élections viendront
renverser M. van Humbeck avec sa
majorité et ramener les catholiques au
pouvoir.
Est-ce cela que le gouvernement de
MM. Ferry et Gambetta veut pour lui-
même? Qu'il persévère dans sa politi
que, qu'il continue à détruire une à
une les écoles des frères et des sœurs,
qu'il se mette à fermer les établisse
ments religieux, à proscrire leurs
maîtres, qu'il étouffe par la persécu
tion toute liberté d'enseignement, et
bientôt l'opinion sur laquelle il pré
tend s'appuyer se tournera contre lui
et lui vaudra le sort des Boyaval et des
van Humbeeck.
: p ••
On lit dans le Courrier de Bruxelles :
Les journaux de Liège publient une sta
tistique de laquelle il résulte que les écoles
communales ont perdu cette année 1200
élèves.
Il faut avouer que les gueux de Liège sont
plus avisés que ceux de Gand. Ils ne persis
tent pas à prétendre que, malgré l'accrois
sement de la population des éûoîes catholi
ques, les établissements officiels ont gagné
des élèves.
C'est une prudence que l'administration
communale de Gand devrait bien imiter.
Cela vaudrait mieux que de laisser publier
par le Journal de Gand des relevés dont le
premier curieux venu peut constater la
fausseté.
—,—$
Le Télégraphe , qui est ou du moins
pose en officieux du premier degré,
publie les détails suivants sur le con
seil des ministres tenu lundi :
Le conseil des ministres s'est occupé des
questions que soulèvent l'élection Humbert
et la campagne entreprise par quelques
journaux en faveur de l'amnistie plénière.
Sans se montrer le moins du monde in
quiet de ces manifestations partielles de
l'opinion, le président de la République a
témoigné la volonté que le gouvernement
applique très fermement les lois. La répu
blique est avant tout le régime de la légalité,
aurait dit M. Jules Grévy, et non pas celui
du laisser-faire absolu.
Le conseil a invité, en conséquence, M.
Lepère, ministre de l'intérieur, à donner à -
son subordonné, le préfet de la Seine, des
instructions, afin de demander au conseil
di préfecture l'annulation de l'élection de
Humbert. Il a été reconnu que cette élec
tion est entachée d'illégalité, parce que
l'élu ne remplit pas les conditions de rési
dence prescrites par la loi du 7 juillet 1874.
Toutefois, M. Hérold a eu avec M. le pré
sident de la République une longue entre
vue, à la suite de laquelle il a été décidé
que la question sera do nouveau discutée
au conseil de jeudi prochain.
Il a été question ensuite des mesures à
prendre par chaque ministre dans le ressort
de son département, pour assurer l'obser
vation des lois existantes.
M. Le Royer, garde des sceaux, a an
noncé qu'il prépare une circulaire pour in
viter les procureurs généraux 5 ne pas lais
ser sans poursuites, à l'avenir, les délits
ou les contraventions de presse du genre
de ceux qui ont été commis assez souvent
depuis que les amnistiés sont rentrés en
France. L'agitation superficielle produite
dans quelques centres par le passage des
rapatriés a pu, dans une certaine mesure,
expliquer ces infractions et justifier la tolé
rance des parquets; mais iï.ne saurait en
être do même à présent.
Si certaines manifestations se multi
pliaient, il y aurait lieu de rappeler aux
manifestants que le respect des lois s'im
pose à tous, dans la rue, dans les cimetiè
res comme ailleurs.
M. Lepère doit envoyer aux préfets une
circulaire analrgue. Le ministre de l'inté
rieur avait fait, au préalable, quelques ob
jections, soit sur la nullité de l'élection
Humbert, soit sur les procès de presse ;
mais, à la suite du débat, qui a duré jus
qu'à cinq heures, il a été décidé que les
deux circulaires de M. Leroyer et do M. Le
père seront envoyées simultanément.
«
Est-ce que l'indiscrétion de Ylndé-
pendance belge que nous avons repro
duite hier n'aurait pas produit les ré
sultats qu'espéraient les ministres?
Nous lisons dans le Temps :
Nous avons reproduit, d'après la corres
pondance parisienne de Y Indépendance belge,
le compte rendu d'une conversation prêtée
à M. Cochery, ministre des postes et des
télégraphes. Nous croyons savoir que ce
récit est purement imaginaire.
Nous prévenons M. Cochery, s'il a
été l'inspirateur de cette note du
Temps, qu'elle rencontrera beaucoup
d'incrédules qui demanderont un dé
menti plus net. Il y aura même des
gens qui croiront à un désaccord dans
le cabinet; ils se figureront qu'un mi
nistre faisait raconter dans Y Indépen
dance belge ce qu'un autre ministre
fait nier par le Temps.
—-—-e
On lit dans la France :
Les poursuites intentées à la Marseillaise
et à M. Humbert ont été décidées en con
seil des ministres jeudi dernier. M. Lepère,
ministre de l'intérieur, était opposé à ces
poursuites. Il objectait qu'on ne pouvait
user de répression à l'égard des intransi
geants, lorsqu'on tolérait des attaques au
dacieuses et jusqu'à des insultes de la part
des monarchistes. Il fut alors convenu qu'on
userait de la même sévérité à l'éga-d des
uns et- des autres. Les poursuites nouvel
les intentées au Pays sont la conséquence
de ce compromis de cabinet.
Cette misérable politique de bascu
le, bien digne de nos ministres, ne les
mènera pas loin, et M. Lepère lui-
même, qui ne consent à poursuivre la
Marseillaise qu'autant que, pour faire
compensation, le Pays sera poursuivi
à l'occasion d'un terme un peu vif qui
était provoqué, ne trouvera pas grâce,
le moment venu, devant les commu
nards triomphants.
On lit dans les Tablettes d'un Spec
tateur :
Dimanche et lundi, des généraux se sont
faits les interprètes des officiers des corps
placés sous leur commandement, pour pro
tester auprès du ministre de la guerre, con
tre la proclamation belliqueuse du citoyen
Rochefort, qualifiant « d'assassins en épau-
lettes » les officiers des conseils de guerre
qui ont condamné les bandits de la Com
mune. Ces injures grossières paraissent
beaucoup irriter les officiers de noire ar
mée, qui prétendent qu'il est humiliant pour
eux que le gouvernement ne les défende
pas contre les invectives d'une « canaille »
comme Rochefort. Le mot « canaille » joint
à d'autres épithètes encore plus caractéris
tiques pour le lanternier, a été prononcé
par un officier général qui a un commande
ment actif dans l'armée de Paris.
$ : —
Voici la lettre du chef du cabinet
de M. le préfet Herbette, que nous ré
sumait hier Y Agence Havas :
Nantes, 13 octobre 1879,
Dans son numéro du 13 octobre courant,
le journal la France a cru devoir parler
d'une audience qui aurait été accordée par
M. le ministre de l'intérieur à M. Herbette,
préfet de la Loire-Inférieure, et dans la
quelle M. le préfet aurait donné certains
renseignements.
M. le préfet, en ce moment à Paris, me
charge de déclarer officiellement, en son
nom, que' la fin du récit de la France est
incomplète et inexacte.
Le chef du cabinet du préfsf,
Cu. L utaud.
Nous n'avons rien à changer à ce
que fious disions hier : « Tout aveu
imprudent est bon à atténuer. »
Nous disons plus haut qu'un ami
politique de M. Paul Bert, le citoyen
Lockroy, a proposé de retirer les Egli
ses au clergé, sans doute pour le reje
ter dans les « limites extrêmes de son
domaine.» Nous tenons à montrer avec
quelle haute convenance est faite cette
proposition :
Quand viendra le temps où les communes
et l'Etat pourront louer leurs immeubles à
qui ils voudront et comme ils voudront : au
clergé le matin, si le clergé offre un loyer
suffisant; le soir à des entrepreneurs de
bals, de spectacle ou de concerts? Nos com
munes cherchent partout des ressources, et
bien souvent sans en trouver. Elles inven
tent de mauvais impôts. La location des
édifices religieux aiderait à les tirer d'affai
re. Il est bien peu de villages où, à un mo
ment donné, les habitants n'aient besoin
d'une salle de réunion. Tantôt c'est un syn
dicat de propriétaires qui se forme, une
chambre syndicale d'ouvriers ou d'agricul
teurs qui se crée; tantôt on désire s'enten
dre sur un candidat aux élections munici
pales ou générales; tantôt enfin on voudrait
voir jouer la comédie. Si l'église était à
louer, tout j^onde y trouverait son compte.
Les citoyens auraient une salle de réunion
communale et se prêtant à tout; les com
munes se feraient un revenu dont elles ont
besoin.
Nous nous bornerons à rappeler que
toutes ces églises ont été construites
par les catholiques pour le service du
culte, et non pour les représentations
de cabotins de passage, ni pour les
boniments de candidats comme le ci
toyen Lockroy.
♦
Nous rappelons à nos leeteurs que
le 16 octobre, anniversaire de la mort
de Sa Majesté la reine Marie-Antoi
nette, des messes seront célébrées à la
Chapelle expiatoire de la rue d'Anjou,
de sept heures à midi.
Des places seront réservées pour les
membres de la famille de Bourbon,
aux messes de huit heures et demie et
de onze heures.
;
Pendant son séjour à Rome, S. Em.
le cardinal de Bonnechose, archevêque
de Rouen, a adressé à M. Legros, vi
caire général, une lettre que la Se
maine religieuse du diocèse vient de
publier.
De cette lettre, où l'éminent prélat
exprime éloquemment ses impressions
de voyage, nous extrayons les passa
ges suivants, qui ont trait aux événe
ments du moment :
J'avais quitté Rouen, après la messe cé
lébrée à Saint-Godard pour l'inauguration
du bel autel dû à la générosité d'une âme
fidèle. Je me rendis b Paris pour la réunion
du conseil directeur de l'université catho
lique. Là, nous avons examiné la situation
nouvelle faite à nos établissements d'ensei
gnement supérieur; et, comme le Sénat ne
s'était pas encore prononcé sur les lois Fer
ry, nous avons résolu de maintenir le statu
quo, et nous avons adopté des mesures né
cessaires en prévision de la reprise des
cours au mois* de novembre. Après quel
ques jours passés à Paris pour l'expédition
d'autres affaires, j'ai vu M. le président de
la république et M. le prés ; dent du conseil
des ministres, et leur ai annoncé mon dé
part pour Rome. L'un et l'autre m'ont prié
de renouveler au Saint-Père l'assurance de
leur vif désir de maintenir de bons rapports
avec.Sa Sainteté. J'ai répondu que ceci dé
pendait entièrement du gouvernement fran
çais, puisque Léon XIII est dans les dispo
sitions les plus bienveillantes pour la
France.
Mgr de Bonnechose raconte ainsi sa
visite à S. S. Léon XIII :
En le voyant, je voulus me mettre à ge
noux et baiser sa main. Il ne me le permit
pas et voulut m'embrasser en me serrant
contre sa poitrine. Je ne puis ni ne dois ré-
péter„.les expressions affectueuses dont il
se servit pour me témoigner sa satisfaction
du peu que j'avais fait dans ces deroiers
temps, afin de m'acquitter des commissions
dont il m'avait chargé. Ensuite, je le priai
de me permettre de déposer à ses pieds les
offrandes de mes chers fidèles, qui se mon
taient à une somme très considérable. J'a
vais plusieurs questions à exposer au
Saint-Père. Lui-même avait des renseigne
ments à me demander. Mais il était tard,
je craignais que le Pape ne fût fatigué : il
avait donné le matin près de cinq heures
d'audience ; il avait encore à recevoir six
évêques pour le consistoire du lendemain.
Je sentis donc qu'il fallait abréger les mo
ments qu'il daignait m'accorder. Je lui pro
posai de remettre le reste de l'entretien à
un autre jour. Il m'en parut satisfait, et il
me dit spontanément qu'il m'indiquerait
lui-même un jour et une heure où il se ren
drait libre pour me donner tout le temps
nécessaire. Je le quittai ainsi plein d'émo
tion, et après avoir reçu ses plus tendres
bénédictions.
Je vais attendre maintenant ce jour et
cette heure ; car mon voyage à Rome, en
ce moment, n'avait pas d'autre but que de
renouveler mon hommage au vicaire de
Jésus-Christ-, en lui offrant les dons des fi
dèles, recevoir -ses instructions dans les
circonstances difficiles où nous sommes, et
en même temps répondre à ses questions
sur les intérêts sacrés qui nous préoccu
pent si vivement en France, et qui sont
l'objet de sa paternelle sollicitude.
Aujourd'hui, à deux heures précises,
S. Exc. Mgr Czacki, nonce apostolique,
a présenté ses lettres de créance à M.
le président de la République.
Nous avons pu remarquer une lé
gère modification dans le cérémonial
de la réception. Le secrétaire à la con
duite des ambassadeurs a fait compléte-
ment défaut : M. de Tanlay n'ayant pas
été remplacé.
M. Mollard, introducteur des ambas
sadeurs, s'est rendu à l'hôtel de Lon
dres pour y chercher Mgr le nonce et
sa suite, composée de Mgr Ferrata, au
diteur de la nonciature, et de Mgr Ton-
di, secrétaire. Le cortège se compo
sait de deux voitures de 1a. présidence
et d'une voiture de grande remise.
Par une erreur inexplicable, Mgr
Ferrata et Mgr Tondi, au lieu de mon
ter dans la voiture de la présidence,
qui leur était réservée, sont montés
dans la voiturede grande remise, de
sorte que la voiture de la présidence
est revenue à vide à l'Elysée. Cette con
fusion n'aurait pas été faite si la
charge de secrétaire à la conduite des
ambassadeurs n'avait pas été suppri
mée.
La voiture de S. Exc. Mgr le nonce
était précédée et suivie d'un peloton de
cuirassiers. Quatre compagnies du 39 e
de ligne, commandées par M. le colo
nel Vignaux, faisaient le service d'hon
neur. Des gardes de Paris en grande
tenue se tenaient sur les marches du
perron.
Xa musique du régiment était pla
cée sous la galerie vitrée du palais, et
non dans la cour d'honneur, comme
cela se pratiquait ordinairement.
Un officier de la maison militaire de
M. Grévy et le conservateur du palais
se tenaient sur le haut du perron pour
complimenter Son Excellence à la
descente de voiture.
MM. Waddington, président du con
seil, et Lepère, ministre des cultes,
assistaient à la réception.
En sortant des appartements prési
dentiels, M. le général Pittié et les of
ficiers de la maison militaire du pré
sident ont accompagné Son Excellence
jusqu'à la dernière marche du perron.
Au retour, Mgr Ferrata et Mgr Tondi
sont montés dans la voiture présiden
tielle qui leur était réservée.
Le rapprochement entre l'Allemagne
et l'Autriche, aux conditions où il s'o
père entre les deux pays, paraît être
le couronnement de la politique de
M. de Bismarck, la consécration de cet
empire allemand créé par la diploma
tie et la victoire.
On en fera honneur à M. de Bis
marck comme de tous les succès obte
nus sous son ministère. Toutefois, il
n'est pas l'inventeur de cette com
binaison, qui assure à l'Allemagne le
fruit de ses conquêtes en dédomma
geant l'Autriche du côté de l'Orient et
én fondant la paix européenne sur la
communauté d'intérêts des deux em
pires voisins. Le tout-puissant chan
celier, qu'il l'ait su ou non, n'a fait
que reprendre, en l'appliquant autre
ment, un projet étudié sous le premier
empire par Talleyrand et qui i'ut sou
mis à Napoléon 1" après la prise
d'Ulm.
Voici, d'après le Siècle , les détails
que M. Mignet donne dans sa note his
torique sur le plan du célèbre diplo
mate :
Talleyrand se demandait quel était le
nouveau système de rapports qui, suppri
mant tout principe de mésintelligence entre
la France et l'Autriche, séparerait les inté
rêts de l'Autriche de ceux de l'Angleterre,
les mettrait en opposition avec ceux de la
Russie, et par cette opposition garantirait
l'empire ottoman et fonderait un nouvel
équilibre européen. Telle était la position
du problème. Voici quelle en était la solu
tion. Il proposait d'éloigner l'Autriche de
l'Italie en lui étant l'Etat vénitien, de la
Suisse en lui ôtantle Tyrol, de l'Allemagne
méridionale en lui ôtant ses possessions de
Souabe. De cette manière, elle cesserait
d'être en contact avec les Etats fondés ou
protégés par la France, et ne resterait plus
en hostilité naturelle avec elle. Pour sur
croît de précaution, l'Etat vénitien ne de
vait pas être incorporé au royaume d'Italie,
mais être interposé, comme Etat républi
cain et indépendant, entre ce royaume et
l'Autriche. Après avoir dépouillé celle-ci
sur un point, il l'agrandissait sur un autre
et lui donnait des compensations territoria
les proportionnées à ses pertes, afin que,
n'éprouvant aucun regret, elle ne fit aucune
tentative pour recouvrer ce qui lui aurait
été enlevé. Où étaient placées ces compen
sations? Dans la vallée même du Danube,
qui est le grand fleuve autrichien. Elles
consistaient dans la Valachie, la Moldavie,
la Bessarabie et la partie la plus septentrio
nale de la Bulgarie.
Par là, disait-il en concluant, les Alle
mands seraient pour toujours exclus de
l'Italie, et les guerres que leurs prétentions
sur ce beau pays avaient entretenues pen
dant tant de siècles se trouveraient à ja
mais éteintes ; l'Autriche possédant tout le
cours du Danube et une partie des côtes de
la mer Noire, serait voisine de la Russie et
dès lors sa rivale, serait éloignée de la
France et dès lors son alliée ; l'empire ot
toman achèterait, parle sacrifice utile de
provinces que les Russes avaient déjà en
vahies, sa sûreté et un long avenir;' l'An
gleterre ne trouverait plus d'alliés sur la
continent ou n'en trouverait que d'inutiles •
les Russes, comprimés dans leurs déserts,'
porteraient leurs inquiétudes et leurs ef
forts vers le midi de l'Asie, et le cours des
événements les mettrait en présence des
Anglais, transformant en futurs adversai
res ces confédérés d'aujourd'hui.
Ce beau projet, M. de Talleyrand lie se
contenta pas de le soumettre à l'empereur
apres le succès d Olm. Le jour même où il
reçut-, à Vienne, la grande nouvelle de la
victoire d'Austerlitz,il écrivit à l'empereur:
« Votre Majesté peut maintenant briser la
monarchie autrichienne ou la relever,
L existence de cette monarchie, dans sa
masse, est indispensable au salut futur des
nations civilisées. Je supplie Votre Majesté
de relire le projet que j'eus l'honneur de
lui adresser de Strasbourg. J'ose, aujour-
d hui plus que jamais, le regarder comme,
le meilleur et le plus salutaire. Vos vie-'
toires le rendent lacile, et je serai heureux
si vous m'autorisez à faire un arrangement
qui, j'en ai la conviction, assurerait la paix
du continent pour plus d'un siècle. »
♦
Hy a quelques jours, la Marseillaise
publiait une série d'articles sur « le
ministère de la guerre pendant la
Commune ». C'était naturellement une
apologie de la Commune en général,
et, en particulier de « Louis-Naihaniel
Rossel, ce jeune homme de vingt-sept
ans, tombé au début d'une carrière
qui promettait d'être si belle. » Cela était
signé : Séguin, ancien chef d'état-
major de Rossel.
Ce Séguin n'y allait pas de main
morte ; iï glorifiait de son mieux le ré
gime qui avait su le distinguer et faire
de lui un chef d'état-major. Il préten
dait même que le général russe Totle-
bçn soutenait la Commune de ses con-.
seils stratégiques. En somme; l'apo-
N* 4376 — Édition' quotidienne;
Jeudi 16 Octobre 1879
CMWBBKaiiaWBWWH
!asmms^asefmKf>iaiF*aSii^mn '■»
PARIS
Un an 55 fr. »
Six mois. i 28 50
Trois mois 15 »
Un Numéro, à Paris. .....
— Départements.
BUREAUX
Paris, 10, Rue des Saints-Pères
On s'abonne, à Rome, place âa Ces
15 cent.
20
/•
DÉPARTEMENTS'
Un an 55fr.»
Six mois 28 ' 60
Trois mois. 15 »
Édition semi-quotidienne
On an. 30 fr. — Six mois, 16 fr. — Trois mois, 8 fr. 50
• L 'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sont adressés
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et G", 6, place de la Bourse
FRANGE
PARIS, 15 OCTOBRE 1879
Les feuilles ministérielles ne peuven^
se remettre du coup que leur a porté
l'élection de Javel. Avant le scrutin,
elles dénonçaient la candidature de
M. Humbert'comme un scandale et af
firmaient que nulle part une majorité
électorale ne voudrait réhabiliter la
Commune. Le lendemain elles ont,
tout à la fois, affecté le dédain et
fait entendre des murmures. Aujour
d'hui elles cherchent à se consoler en
déclarant que le succès de l'ancien ré
dacteur du Père Duchêne a tué la cau
se de l'amnistie plénière.
Qui donc, disent-elles, peut prendre
au sérieux cette folle et misérable
équipée d'un quartier excentrique de
Paris? Quel homme politique, quel
homme d'Etat, quel républicain sin
cère et éclairé voudrait donner gffin
de cause à la poignée de braillards, de
sots et de forcenés qui croient recom
mander l'amnistie en ratifiant les cri
mes hideux dont M. Humbert fut l'un
des instigateurs et reste l'apologiste
éhonté? La misérable manifestation
des sept cents hébertistes et terroristes
de Javel ne serait grave que si le gou
vernement et le parti républicain,
manquant de courage et de clair
voyance, avaient la faiblesse d'y voir
un mouvement de l'opinion. Pour en
finir avec cette tempête dans un verre
d'eau, il suffit d'être calme et ferme.
Les journaux qui parlent. ainsi joi
gnent au tort de se tromper sur la si
tuation, celui de méconnaître les con
ditions du régime actuel.
L'élection de Javel n'est pas « un
petit fait » qui, ne s'appuyant sur rien,
étant sans racine, ne se reproduira
pas. C'est le fruit légitime et obliga
toire des doctrines auxquelles les hom
mes du jour doivent le pouvoir et
qu'ils font marcher, même quand ils
tentent par une diversion de les en
rayer. C'est ainsi que M. Ferry, en
excitant les passions révolutionnaires
par son article 7 et tout son projet de
loi contre l'enseignement religieux, a
développé partout l'esprit démagogi
que. Les mêmes citoyens auxquels il
fait vilainement hurler : A bas les jé
suites ! A bas les cléricaux ! acclament
ensuite MM. Blanqui et Louis Blanc,
crient vive l'amnistie plénière et élisent
M. Humbert", — ce qui revient à crier :
A bas Ferry! K bas Gambetta! Tout
cela est logique ; il faut manquer de
sens politique comme de sens moral
pour en être surpris.
Et ces tristes sires parlent d'être
calmes, d'être fermes, de faire respec
ter la loi, de protéger l'ordre social !
Aucun des articles de ce programme
n'est à leur portée. Ils ne sauront pas
même se défendre. Déjà, pour se don
ner un peu de résolution, ils ont be
soin de se dissimuler le danger. Ils re
présentent l'affaire de Javel comme un
incident sans portée, une aventure qui
ne répond à rien, ne s'appuie sur
rien, ne produira rien.
Parce qu'ils ferment les yeux,croient-
ils donc que personne ne verra clair?
Mais cette question de l'amnistie
plénière vous déborde, vous écrase.
Elle est posée partout. Vos candidats
eux-mêmes parlent sur ce point com
me les représentants attitrés du radi
calisme. M. Ferry peut-il oublier que,
{lans son voyage de propagande con
tré îC.s droits des pères de famille et la
liberté de conscience, les cris en l'hon
neur de l'amnistie l'ont souvent salué
et troublé ? Et qu'a-t-il fait alors ? lui
ministre, lui qui se croit homme d'Etat,
lui qui promet d'être ferme, a-t-il dé
claré à ces braillards que le gouver
nement résisterait aux exigences dé
magogiques? Pas le moins du monde ;
il s'est tu, il a filé. Par cette conduite,
il a prouvé que, même pour sauver son
portefeuille, il ne saurait résister aux
exigences de la démagogie. Il rêve
peut-être de le faire, il ne l'osera ças. De
même qu'il a platement gardé le si
lence quand il fallait répondre, il tom
bera platement. Ses collègues le sui
vront en cela comme ils l'ont suivi sur
le terrain de l'article 7.
Du reste, si, par grand hasard, une
majorité de résistance se formait au
début de la session contre l'amnistie,
elle serait bientôt dissoute. La logique
x'évoîutionnaire aura raison du tiers-
parti républicain que gouverne M.
Gambetta, comme elle a eu raison du
tiers parti libéral et constitutionnel
que gouvernaient MM. Thiers et Du-
faure. Il faut descendre toute la pente,
il faut aller jusqu'au fond.
E ugène Y euiixot.
+
M. Paul Bert a péroré dans un ban
quet à Bagnères-de-Bigorre, et les
journaux radicaux lui rendent le
mauvais service de publier son dis
cours. Sans nous attarder plus que
cela n'en vaut la peine aux propos de
M. Paul Bert, nous tenons à faire ap-
E' pépier une fois de plus le style, la
onnô foi et l'érudition de l'homme
que l'on nous présente et qui se pose
comme le ministre de l'instruction
publique de l'avenir.
Voici d'abord pour le style :
Je ne puis, a-t-il dit, parler des ministres
actuels qu'avec un profond sentiment d'es
time ; mais qu'il me soit permis de le dire
sans les froisser, ils ont trop pris au sé
rieux la théorie du bon-garçonisme gouver
nemental.
Pour un futur ministre de l'instruc
tion publique, bon garçonisme paraîtra
risqué même après boire. De plus, ce
bon garçonisme ne se montre guère à
l'égard des catholiques, s'il donne
toute licence aux communards.
Passons à la bonne foi : M. Paul
Bert, parlant de l'article 7, nie que ce
soit « une déclaration de guerre à la
religion ». Ce n'est, prétend-il-, qu'une
« déclaration de principes». Il est fâ
cheux que bien des paroles précéden
tes de l'orateur, notamment son toast
de goujat contre le phylloxéra, aillent
contre son affirmation de Bagnères.
D'ailleurs « la déclaration de princi
pes » a été largement suivie de mesu
res d'application qui montrent que
c'est bien la religion catholique qu'on
vise, tout en essayant de le nier.
Est-ce que M. Paul Bert n'aurait pas
entendu parler de l'expulsion illégale
d'instituteurs et d'institutrices congré-
nanistes qui n'appartiennent certai
nement pas à la compagnie de Jésus
et qui ne tombent même pas sous les
coups de l'article 7 ? N'aurait-il pins
souvenir de certaine loi sur l'ensei
gnement primaire obligatoire, gratuit
et laïque , dont le but est de chasser
Dieu de l'école? Il serait étrange que
M. Paul Bert ait oublié un projet éla
boré par une commission dont il a
été l'âme. Aussi, lorsqu'il nie que l'ar
ticle 7 soit le début d'autres mesures,
il fausse sciemment la vérité, avec au
tant d'impudence qu'à la tribune, lors
qu'il calomniait, non-seulement les jé
suites, mais tout l'enseignement ca
tholique.
D'ailleurs, M. Paul Bert se con
damne et se réfute lui-même lorsqu'il
dit qu'il faut « refouler l'envahisseur
(c'est-à-dire le clergé) jusqu'aux limi
tes de son domaine ». On sait ce que
signifie cette phrase, avec laquelle on
peut justifier toute persécution. Pour
les radicaux, le « domaine » de l'Eglise
n'existe pas, et un député avec lequel
M. Paul Bert s'entend, le citoyen
Lockroy, contestait ces jours derniers
au clergé même les églises.
Terminons par un singulier témoi
gnage de l'érudition du futur ministre
de l'instruction publique :
Un jour que Porsenna assiégeait Rome,
un maître d'école s'avisa de lui amener ses
élèves afin qu'il en fit à son bon plaisir.
Porsenna fit attacher le traître les mains
derrière le dos et le lit ramener dans Rome
par ses propres élèves, armés de bâtons
vengeurs.
En passant, signalons la perfidie de
ce souvenir historique, qui essaye d'as
similer à un traître des prêtres qui ont
élevé pour la France tant d'héroïques
défenseurs et qu'on a vus aux premiers
rangs dans nos batailles, assistant et
soignant les blessés ; mais on est blasé
sur ces gentillesses de M. Paul Bert.
■ Nous serions curieux de savoir où le
savant radical a vu Porsenna ren
voyant un maître d'école romain ;
tiendrait-il ce souvenir du même co
piste qui lui avait fourni de si étran
ges citations? Pour l'instruction de M.
Paul Bert, nous lui apprendrons que
le maître d'école qui voulait livrer ses
élèves à l'ennemi étaitde Faléries, qu'il
conduisit ses élèves au camp romain,
où Camille le fit traiter selon ses méri
tes. Cette histoire figure dans une
masse de recueils, ce qui rend moins
excusable l'ignorance de l'orateur ra
dical.
On le voit, chez le futur ministre de
l'instruction publique, style, érudition,
bonne foi, tout est à l'avenant, et M.
Jules Ferry aura là un digne suces-
seur.
A. R astoul.
La loi de malheur, promulguée en
Belgique par un ministère de «gueux»
et de francs-maçons contre l'enseigne
ment catholique°,-ne porte pas bonheur
au parti. Nous avons déjà noté dans
Y Univers l'admirable élan de résistance
qu'ont suscité dans les catholiques
populations belges les projets odieux
de la secte libérale.
Disons aujourd'hui que cette résis
tance vient de s'affirmer avec éclat
aux élections de Bruges, où les catho
liques ont remporté un triomphe si
gnificatif. Il s'agissait, on le sait, du
remplacement de M. Boyaval, mort
réconcilié avec l'Eglise, après avoir
fourni la voix qui a donne la majo
rité à la loi du Ferry belge, M. van
Humbeeck. M. Léon van Ockerhout, le
candidat catholique, a obtenu 1360
voix contre 1287, données au candi
dat des gueux, le baron Arthur Pecs-
teen.
Avons-nous besoin de dire que la
victoire des catholiques de Bruges jette
toute la gueuserie belge dans un véri
table accès d'épilepsie libérale ? Les
journaux républicains de Paris,et parmi
eux le Temps , reproduisent avec com
plaisance les articles dolents que l'élec
tion de Bruges inspire aux feuilles
gueuses. Il paraît que les catholiques
brugeois ont méconnu toutes les lois
et prodigué la violence pour mettre à
mal le candidat libéral et ses doux
partisans. C'est du moins ce que ra
conte Y Echo du Parlement, auquel nos
feuilles républicaines empruntent un
réquisitoire en règle contre les catho
liques de Bruges.
Pour en faire justice, nous nous
contenterons de reproduire quelques
lignes de l'article que le Journal de
Biuxelles consacre à l'élection de Bru
ges:
-Toute hi sollicitude du parti libéral s'é
tait concentrée depuis trois semaines sur
le district de Bruges : depuis le gouverne
ment, dont les promesses brillantes tour
naient devant les électeurs comme un mi
roir à alouettes, jusqu'au plus mince jour
nal libéral du pays, toutes les influences
dont disposent les libéraux avaient été mi
ses en mouvement. Mais en vain : les élec
teurs brugeois ont répondu comme la con
science nationale. Aussi est-ce sans surpri
se que nous venons de lire sur la vitrine
d'un journal libéral de la capitale : « Nos
amis sont dans la consternation!»
Ajoutons comme conclusion qu'il faut
saluer peut-être dans l'élection de Bru
ges l'heureux présage de la victoire
définitive des catholiques, et un témoi
gnage de l'indignation publique sous
laquelle la gueuserie belge et ses pro
jets odieux seront avant longtemps
écrasés.
, ^
Nous disions dernièrement aux fau
teurs de la séparation de l'Eglise et de
l'Etat de s'inspirer de l'exemple de Ge
nève, où cette question, depuis si long
temps agitée, n'a pu être résolue que
par un ajournement.
■ Que les partisans de l'enseignement
laïque considèrent maintenant ce qui
se passe en Belgique.
Il y a quelques mois, le Parlement
belge adoptait, une loi, analogue à
celle des Jules Ferry et des Paul Bert.
sur la sécularisation de l'enseigne
ment. Au Sénat, la loi que la cons
cience publique a appelé.e « la loi de
malheur » fut votée à une voix de ma
jorité. Cette voix était celle de M. Boya
val, sénateur de Bruges, qui s'était fait
porter mourant à la Chambre pour
voter avec le parti gueux et franc-
maçonnique.
M. Boyaval est mort. Eu réponse au
vote de ce libéral, Bruges vient d'élire
pour nouveau sénateur un catholique,
l'honorable M. van Ockerhout.
C'est l'effet de la loi. Un autre effet,
plus général, a été la démission d'un
grand nombre d'instituteurs publics,
la désertion des écoles communales,
la création d'une multitude d'écoles
libres. Le clergé, qu'on prétendait
exclure de l'école, y est plus maître
que jamais; la religion, qu'on voulait
proscrire, préside plus souverainement
à l'instruction. Le gouvernement n'a
plus d'autre ressource pour soutenir
ses écoles que de se faire hypocrite
en annulant sa loi par des circulaires,
et comme il ne réussira pas dans son
entreprise, il en viendra bientôt à se
faire persécuteur. La conscience pu
blique protestera, le pays se soulèvera,
et de nouvelles élections viendront
renverser M. van Humbeck avec sa
majorité et ramener les catholiques au
pouvoir.
Est-ce cela que le gouvernement de
MM. Ferry et Gambetta veut pour lui-
même? Qu'il persévère dans sa politi
que, qu'il continue à détruire une à
une les écoles des frères et des sœurs,
qu'il se mette à fermer les établisse
ments religieux, à proscrire leurs
maîtres, qu'il étouffe par la persécu
tion toute liberté d'enseignement, et
bientôt l'opinion sur laquelle il pré
tend s'appuyer se tournera contre lui
et lui vaudra le sort des Boyaval et des
van Humbeeck.
: p ••
On lit dans le Courrier de Bruxelles :
Les journaux de Liège publient une sta
tistique de laquelle il résulte que les écoles
communales ont perdu cette année 1200
élèves.
Il faut avouer que les gueux de Liège sont
plus avisés que ceux de Gand. Ils ne persis
tent pas à prétendre que, malgré l'accrois
sement de la population des éûoîes catholi
ques, les établissements officiels ont gagné
des élèves.
C'est une prudence que l'administration
communale de Gand devrait bien imiter.
Cela vaudrait mieux que de laisser publier
par le Journal de Gand des relevés dont le
premier curieux venu peut constater la
fausseté.
—,—$
Le Télégraphe , qui est ou du moins
pose en officieux du premier degré,
publie les détails suivants sur le con
seil des ministres tenu lundi :
Le conseil des ministres s'est occupé des
questions que soulèvent l'élection Humbert
et la campagne entreprise par quelques
journaux en faveur de l'amnistie plénière.
Sans se montrer le moins du monde in
quiet de ces manifestations partielles de
l'opinion, le président de la République a
témoigné la volonté que le gouvernement
applique très fermement les lois. La répu
blique est avant tout le régime de la légalité,
aurait dit M. Jules Grévy, et non pas celui
du laisser-faire absolu.
Le conseil a invité, en conséquence, M.
Lepère, ministre de l'intérieur, à donner à -
son subordonné, le préfet de la Seine, des
instructions, afin de demander au conseil
di préfecture l'annulation de l'élection de
Humbert. Il a été reconnu que cette élec
tion est entachée d'illégalité, parce que
l'élu ne remplit pas les conditions de rési
dence prescrites par la loi du 7 juillet 1874.
Toutefois, M. Hérold a eu avec M. le pré
sident de la République une longue entre
vue, à la suite de laquelle il a été décidé
que la question sera do nouveau discutée
au conseil de jeudi prochain.
Il a été question ensuite des mesures à
prendre par chaque ministre dans le ressort
de son département, pour assurer l'obser
vation des lois existantes.
M. Le Royer, garde des sceaux, a an
noncé qu'il prépare une circulaire pour in
viter les procureurs généraux 5 ne pas lais
ser sans poursuites, à l'avenir, les délits
ou les contraventions de presse du genre
de ceux qui ont été commis assez souvent
depuis que les amnistiés sont rentrés en
France. L'agitation superficielle produite
dans quelques centres par le passage des
rapatriés a pu, dans une certaine mesure,
expliquer ces infractions et justifier la tolé
rance des parquets; mais iï.ne saurait en
être do même à présent.
Si certaines manifestations se multi
pliaient, il y aurait lieu de rappeler aux
manifestants que le respect des lois s'im
pose à tous, dans la rue, dans les cimetiè
res comme ailleurs.
M. Lepère doit envoyer aux préfets une
circulaire analrgue. Le ministre de l'inté
rieur avait fait, au préalable, quelques ob
jections, soit sur la nullité de l'élection
Humbert, soit sur les procès de presse ;
mais, à la suite du débat, qui a duré jus
qu'à cinq heures, il a été décidé que les
deux circulaires de M. Leroyer et do M. Le
père seront envoyées simultanément.
«
Est-ce que l'indiscrétion de Ylndé-
pendance belge que nous avons repro
duite hier n'aurait pas produit les ré
sultats qu'espéraient les ministres?
Nous lisons dans le Temps :
Nous avons reproduit, d'après la corres
pondance parisienne de Y Indépendance belge,
le compte rendu d'une conversation prêtée
à M. Cochery, ministre des postes et des
télégraphes. Nous croyons savoir que ce
récit est purement imaginaire.
Nous prévenons M. Cochery, s'il a
été l'inspirateur de cette note du
Temps, qu'elle rencontrera beaucoup
d'incrédules qui demanderont un dé
menti plus net. Il y aura même des
gens qui croiront à un désaccord dans
le cabinet; ils se figureront qu'un mi
nistre faisait raconter dans Y Indépen
dance belge ce qu'un autre ministre
fait nier par le Temps.
—-—-e
On lit dans la France :
Les poursuites intentées à la Marseillaise
et à M. Humbert ont été décidées en con
seil des ministres jeudi dernier. M. Lepère,
ministre de l'intérieur, était opposé à ces
poursuites. Il objectait qu'on ne pouvait
user de répression à l'égard des intransi
geants, lorsqu'on tolérait des attaques au
dacieuses et jusqu'à des insultes de la part
des monarchistes. Il fut alors convenu qu'on
userait de la même sévérité à l'éga-d des
uns et- des autres. Les poursuites nouvel
les intentées au Pays sont la conséquence
de ce compromis de cabinet.
Cette misérable politique de bascu
le, bien digne de nos ministres, ne les
mènera pas loin, et M. Lepère lui-
même, qui ne consent à poursuivre la
Marseillaise qu'autant que, pour faire
compensation, le Pays sera poursuivi
à l'occasion d'un terme un peu vif qui
était provoqué, ne trouvera pas grâce,
le moment venu, devant les commu
nards triomphants.
On lit dans les Tablettes d'un Spec
tateur :
Dimanche et lundi, des généraux se sont
faits les interprètes des officiers des corps
placés sous leur commandement, pour pro
tester auprès du ministre de la guerre, con
tre la proclamation belliqueuse du citoyen
Rochefort, qualifiant « d'assassins en épau-
lettes » les officiers des conseils de guerre
qui ont condamné les bandits de la Com
mune. Ces injures grossières paraissent
beaucoup irriter les officiers de noire ar
mée, qui prétendent qu'il est humiliant pour
eux que le gouvernement ne les défende
pas contre les invectives d'une « canaille »
comme Rochefort. Le mot « canaille » joint
à d'autres épithètes encore plus caractéris
tiques pour le lanternier, a été prononcé
par un officier général qui a un commande
ment actif dans l'armée de Paris.
$ : —
Voici la lettre du chef du cabinet
de M. le préfet Herbette, que nous ré
sumait hier Y Agence Havas :
Nantes, 13 octobre 1879,
Dans son numéro du 13 octobre courant,
le journal la France a cru devoir parler
d'une audience qui aurait été accordée par
M. le ministre de l'intérieur à M. Herbette,
préfet de la Loire-Inférieure, et dans la
quelle M. le préfet aurait donné certains
renseignements.
M. le préfet, en ce moment à Paris, me
charge de déclarer officiellement, en son
nom, que' la fin du récit de la France est
incomplète et inexacte.
Le chef du cabinet du préfsf,
Cu. L utaud.
Nous n'avons rien à changer à ce
que fious disions hier : « Tout aveu
imprudent est bon à atténuer. »
Nous disons plus haut qu'un ami
politique de M. Paul Bert, le citoyen
Lockroy, a proposé de retirer les Egli
ses au clergé, sans doute pour le reje
ter dans les « limites extrêmes de son
domaine.» Nous tenons à montrer avec
quelle haute convenance est faite cette
proposition :
Quand viendra le temps où les communes
et l'Etat pourront louer leurs immeubles à
qui ils voudront et comme ils voudront : au
clergé le matin, si le clergé offre un loyer
suffisant; le soir à des entrepreneurs de
bals, de spectacle ou de concerts? Nos com
munes cherchent partout des ressources, et
bien souvent sans en trouver. Elles inven
tent de mauvais impôts. La location des
édifices religieux aiderait à les tirer d'affai
re. Il est bien peu de villages où, à un mo
ment donné, les habitants n'aient besoin
d'une salle de réunion. Tantôt c'est un syn
dicat de propriétaires qui se forme, une
chambre syndicale d'ouvriers ou d'agricul
teurs qui se crée; tantôt on désire s'enten
dre sur un candidat aux élections munici
pales ou générales; tantôt enfin on voudrait
voir jouer la comédie. Si l'église était à
louer, tout j^onde y trouverait son compte.
Les citoyens auraient une salle de réunion
communale et se prêtant à tout; les com
munes se feraient un revenu dont elles ont
besoin.
Nous nous bornerons à rappeler que
toutes ces églises ont été construites
par les catholiques pour le service du
culte, et non pour les représentations
de cabotins de passage, ni pour les
boniments de candidats comme le ci
toyen Lockroy.
♦
Nous rappelons à nos leeteurs que
le 16 octobre, anniversaire de la mort
de Sa Majesté la reine Marie-Antoi
nette, des messes seront célébrées à la
Chapelle expiatoire de la rue d'Anjou,
de sept heures à midi.
Des places seront réservées pour les
membres de la famille de Bourbon,
aux messes de huit heures et demie et
de onze heures.
;
Pendant son séjour à Rome, S. Em.
le cardinal de Bonnechose, archevêque
de Rouen, a adressé à M. Legros, vi
caire général, une lettre que la Se
maine religieuse du diocèse vient de
publier.
De cette lettre, où l'éminent prélat
exprime éloquemment ses impressions
de voyage, nous extrayons les passa
ges suivants, qui ont trait aux événe
ments du moment :
J'avais quitté Rouen, après la messe cé
lébrée à Saint-Godard pour l'inauguration
du bel autel dû à la générosité d'une âme
fidèle. Je me rendis b Paris pour la réunion
du conseil directeur de l'université catho
lique. Là, nous avons examiné la situation
nouvelle faite à nos établissements d'ensei
gnement supérieur; et, comme le Sénat ne
s'était pas encore prononcé sur les lois Fer
ry, nous avons résolu de maintenir le statu
quo, et nous avons adopté des mesures né
cessaires en prévision de la reprise des
cours au mois* de novembre. Après quel
ques jours passés à Paris pour l'expédition
d'autres affaires, j'ai vu M. le président de
la république et M. le prés ; dent du conseil
des ministres, et leur ai annoncé mon dé
part pour Rome. L'un et l'autre m'ont prié
de renouveler au Saint-Père l'assurance de
leur vif désir de maintenir de bons rapports
avec.Sa Sainteté. J'ai répondu que ceci dé
pendait entièrement du gouvernement fran
çais, puisque Léon XIII est dans les dispo
sitions les plus bienveillantes pour la
France.
Mgr de Bonnechose raconte ainsi sa
visite à S. S. Léon XIII :
En le voyant, je voulus me mettre à ge
noux et baiser sa main. Il ne me le permit
pas et voulut m'embrasser en me serrant
contre sa poitrine. Je ne puis ni ne dois ré-
péter„.les expressions affectueuses dont il
se servit pour me témoigner sa satisfaction
du peu que j'avais fait dans ces deroiers
temps, afin de m'acquitter des commissions
dont il m'avait chargé. Ensuite, je le priai
de me permettre de déposer à ses pieds les
offrandes de mes chers fidèles, qui se mon
taient à une somme très considérable. J'a
vais plusieurs questions à exposer au
Saint-Père. Lui-même avait des renseigne
ments à me demander. Mais il était tard,
je craignais que le Pape ne fût fatigué : il
avait donné le matin près de cinq heures
d'audience ; il avait encore à recevoir six
évêques pour le consistoire du lendemain.
Je sentis donc qu'il fallait abréger les mo
ments qu'il daignait m'accorder. Je lui pro
posai de remettre le reste de l'entretien à
un autre jour. Il m'en parut satisfait, et il
me dit spontanément qu'il m'indiquerait
lui-même un jour et une heure où il se ren
drait libre pour me donner tout le temps
nécessaire. Je le quittai ainsi plein d'émo
tion, et après avoir reçu ses plus tendres
bénédictions.
Je vais attendre maintenant ce jour et
cette heure ; car mon voyage à Rome, en
ce moment, n'avait pas d'autre but que de
renouveler mon hommage au vicaire de
Jésus-Christ-, en lui offrant les dons des fi
dèles, recevoir -ses instructions dans les
circonstances difficiles où nous sommes, et
en même temps répondre à ses questions
sur les intérêts sacrés qui nous préoccu
pent si vivement en France, et qui sont
l'objet de sa paternelle sollicitude.
Aujourd'hui, à deux heures précises,
S. Exc. Mgr Czacki, nonce apostolique,
a présenté ses lettres de créance à M.
le président de la République.
Nous avons pu remarquer une lé
gère modification dans le cérémonial
de la réception. Le secrétaire à la con
duite des ambassadeurs a fait compléte-
ment défaut : M. de Tanlay n'ayant pas
été remplacé.
M. Mollard, introducteur des ambas
sadeurs, s'est rendu à l'hôtel de Lon
dres pour y chercher Mgr le nonce et
sa suite, composée de Mgr Ferrata, au
diteur de la nonciature, et de Mgr Ton-
di, secrétaire. Le cortège se compo
sait de deux voitures de 1a. présidence
et d'une voiture de grande remise.
Par une erreur inexplicable, Mgr
Ferrata et Mgr Tondi, au lieu de mon
ter dans la voiture de la présidence,
qui leur était réservée, sont montés
dans la voiturede grande remise, de
sorte que la voiture de la présidence
est revenue à vide à l'Elysée. Cette con
fusion n'aurait pas été faite si la
charge de secrétaire à la conduite des
ambassadeurs n'avait pas été suppri
mée.
La voiture de S. Exc. Mgr le nonce
était précédée et suivie d'un peloton de
cuirassiers. Quatre compagnies du 39 e
de ligne, commandées par M. le colo
nel Vignaux, faisaient le service d'hon
neur. Des gardes de Paris en grande
tenue se tenaient sur les marches du
perron.
Xa musique du régiment était pla
cée sous la galerie vitrée du palais, et
non dans la cour d'honneur, comme
cela se pratiquait ordinairement.
Un officier de la maison militaire de
M. Grévy et le conservateur du palais
se tenaient sur le haut du perron pour
complimenter Son Excellence à la
descente de voiture.
MM. Waddington, président du con
seil, et Lepère, ministre des cultes,
assistaient à la réception.
En sortant des appartements prési
dentiels, M. le général Pittié et les of
ficiers de la maison militaire du pré
sident ont accompagné Son Excellence
jusqu'à la dernière marche du perron.
Au retour, Mgr Ferrata et Mgr Tondi
sont montés dans la voiture présiden
tielle qui leur était réservée.
Le rapprochement entre l'Allemagne
et l'Autriche, aux conditions où il s'o
père entre les deux pays, paraît être
le couronnement de la politique de
M. de Bismarck, la consécration de cet
empire allemand créé par la diploma
tie et la victoire.
On en fera honneur à M. de Bis
marck comme de tous les succès obte
nus sous son ministère. Toutefois, il
n'est pas l'inventeur de cette com
binaison, qui assure à l'Allemagne le
fruit de ses conquêtes en dédomma
geant l'Autriche du côté de l'Orient et
én fondant la paix européenne sur la
communauté d'intérêts des deux em
pires voisins. Le tout-puissant chan
celier, qu'il l'ait su ou non, n'a fait
que reprendre, en l'appliquant autre
ment, un projet étudié sous le premier
empire par Talleyrand et qui i'ut sou
mis à Napoléon 1" après la prise
d'Ulm.
Voici, d'après le Siècle , les détails
que M. Mignet donne dans sa note his
torique sur le plan du célèbre diplo
mate :
Talleyrand se demandait quel était le
nouveau système de rapports qui, suppri
mant tout principe de mésintelligence entre
la France et l'Autriche, séparerait les inté
rêts de l'Autriche de ceux de l'Angleterre,
les mettrait en opposition avec ceux de la
Russie, et par cette opposition garantirait
l'empire ottoman et fonderait un nouvel
équilibre européen. Telle était la position
du problème. Voici quelle en était la solu
tion. Il proposait d'éloigner l'Autriche de
l'Italie en lui étant l'Etat vénitien, de la
Suisse en lui ôtantle Tyrol, de l'Allemagne
méridionale en lui ôtant ses possessions de
Souabe. De cette manière, elle cesserait
d'être en contact avec les Etats fondés ou
protégés par la France, et ne resterait plus
en hostilité naturelle avec elle. Pour sur
croît de précaution, l'Etat vénitien ne de
vait pas être incorporé au royaume d'Italie,
mais être interposé, comme Etat républi
cain et indépendant, entre ce royaume et
l'Autriche. Après avoir dépouillé celle-ci
sur un point, il l'agrandissait sur un autre
et lui donnait des compensations territoria
les proportionnées à ses pertes, afin que,
n'éprouvant aucun regret, elle ne fit aucune
tentative pour recouvrer ce qui lui aurait
été enlevé. Où étaient placées ces compen
sations? Dans la vallée même du Danube,
qui est le grand fleuve autrichien. Elles
consistaient dans la Valachie, la Moldavie,
la Bessarabie et la partie la plus septentrio
nale de la Bulgarie.
Par là, disait-il en concluant, les Alle
mands seraient pour toujours exclus de
l'Italie, et les guerres que leurs prétentions
sur ce beau pays avaient entretenues pen
dant tant de siècles se trouveraient à ja
mais éteintes ; l'Autriche possédant tout le
cours du Danube et une partie des côtes de
la mer Noire, serait voisine de la Russie et
dès lors sa rivale, serait éloignée de la
France et dès lors son alliée ; l'empire ot
toman achèterait, parle sacrifice utile de
provinces que les Russes avaient déjà en
vahies, sa sûreté et un long avenir;' l'An
gleterre ne trouverait plus d'alliés sur la
continent ou n'en trouverait que d'inutiles •
les Russes, comprimés dans leurs déserts,'
porteraient leurs inquiétudes et leurs ef
forts vers le midi de l'Asie, et le cours des
événements les mettrait en présence des
Anglais, transformant en futurs adversai
res ces confédérés d'aujourd'hui.
Ce beau projet, M. de Talleyrand lie se
contenta pas de le soumettre à l'empereur
apres le succès d Olm. Le jour même où il
reçut-, à Vienne, la grande nouvelle de la
victoire d'Austerlitz,il écrivit à l'empereur:
« Votre Majesté peut maintenant briser la
monarchie autrichienne ou la relever,
L existence de cette monarchie, dans sa
masse, est indispensable au salut futur des
nations civilisées. Je supplie Votre Majesté
de relire le projet que j'eus l'honneur de
lui adresser de Strasbourg. J'ose, aujour-
d hui plus que jamais, le regarder comme,
le meilleur et le plus salutaire. Vos vie-'
toires le rendent lacile, et je serai heureux
si vous m'autorisez à faire un arrangement
qui, j'en ai la conviction, assurerait la paix
du continent pour plus d'un siècle. »
♦
Hy a quelques jours, la Marseillaise
publiait une série d'articles sur « le
ministère de la guerre pendant la
Commune ». C'était naturellement une
apologie de la Commune en général,
et, en particulier de « Louis-Naihaniel
Rossel, ce jeune homme de vingt-sept
ans, tombé au début d'une carrière
qui promettait d'être si belle. » Cela était
signé : Séguin, ancien chef d'état-
major de Rossel.
Ce Séguin n'y allait pas de main
morte ; iï glorifiait de son mieux le ré
gime qui avait su le distinguer et faire
de lui un chef d'état-major. Il préten
dait même que le général russe Totle-
bçn soutenait la Commune de ses con-.
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