Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1879-07-08
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 juillet 1879 08 juillet 1879
Description : 1879/07/08 (Numéro 4277). 1879/07/08 (Numéro 4277).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mardi 8 Juillet 187*
PARIS
Un an 55 fr. »
Six mois . . 28 50
Trois mois 45 »
N°
4277
Édition quotidienne.
Mardi 8 Juillet Î879
45 cent.
19 c
20/
Un Numéro, à Paris
— Départements.
BUREAUX
Paris, 10," Rue des Saints-Pères
On s 'abonne. h Rome, place du Gesù, 8\
DÉPARTEMENTS
Un an 55 fr. »
Six mais, 28 BO
Trois mois............... 15 »
Édition semi-quotidienne
Un an. 30 fr. — Six mois,16 fr7— Wois mols, 8 fr. 50
L'UWVBRS ne réçwë pas des manuscrite qui lui sont adressés
ANNONCES
Ch. LAGRÀNGE, ŒRFét G i0 , 6, place de la Bourse
FRANGE
PARIS, 7 JUILLET 1879
Il est acquis, par le discours de M.
Paul Bert, que les jésuites' sont des
professeurs de vol, de luxure, d'incen
die, d'assassinat et de parricide. Pour
sa part, le Journal des Débats en est
convaincu, et M. John Lemoinne le
jure. Quant au Siècle et au Rappel , il y
a longtemps qu'ils le savaient, et le
XIX" Siècle n'avait cessé de le dire.
Voilà maintenant la preuve faite pour
tous. Le Journal des Débats déclare mê
me que « M. Bert a mis dans sa dé
monstration toute la rigueur des mé
thodes scientifiques. » La science mo
derne, dont M. Paul Bert est déclaré
pour la circonstance l'un des hommes
les plus considérables, nous oblige
donc à croire toutes les infamies que
la haine la plus inepte, la passion la
plus acharnée, peuvent inventer. C'est
plus de foi que n'en demande l'Eglise
pour ses mystères, et cependant l'on
dit que la foi est incompatible avec la
raison. Ici, il y paraît bien. Ah! que
le Journal des Débats serait un excel-.
lent croyant! En fait de preuves, il
n'est pas difficile; pour lui, le premier
venu qui puise dans deux ou trois mi
sérables pamphlets, que tout le monde
connaît, qui ressasse des articles de
journaux cent fois lus, cent fois réfu
tés, en use avec « toute la rigueur des
méthodes scientifiques ». Voilà une
science bien commode!
L'indignation nous manque contré
ces ennemis de mauvaise foi. Une
chose est pi us affligeante peut-être que
la persécution dont les jésuites sont
l'objet. Après tout, les jésuites survi
vront aux Paul Bert et à la république,
et le bien qu'on les empêchera de faire
ici, ils le feront ailleurs d'une autre
manière. Mais l'état d'esprit que celte
haine stupide révèle chez un grand
nombre de nos concitoyens est déso-
lanté.Au fond de cette mauvaise foi, il
y à une immense sottise. Depuis que
les journaux.vont partout, depuis que
toutes les tètes sont agitées de passions
politiques et religieuses, il s'est produit
un affaiblissement considérable de la
raison. Avec la diffusion d'une instruc-
tioq^jtoute superficielle et d'un journa
lisme touche-à-tout, le bon sens dis
paraître plus en plus.
Il y a aujourd'hui un public pour
tout croire. Les plus fortes absurdités,
comme les plus odieuses calomnies,
peuvent être produites parce qu'elles
seront crues. Il n'y a rien en ce genre
qu'un Paul Bert à la tribune, un John
Lemoinne ou un Sarcey dans leur ga
zette, ne puissent oser.
Pour qu'un si grand nombre de
gens soient capables de croire, sans
autres preuves que celles qui leur
sont fournies, tout ce qui est débité de
puis dix jours contre les jésuites, il
faut non-seulement une profonde per
version du sens moral, mais une perte
énorme de sens commun dans la
masse de la nation. Calomnies, mysti
fications, inepties, absurdités, men
songes, tout y passe. Le discours de
M. Paul Bert et les articles du Journal
des Débats en sont la preuve. Quand
un académicien, dont on ne signale
pas, d'ailleurs, la démence, peut s'é
crier sur un pareil discours : « Mais
oui, tout cela est vrai ! C'est ainsi qu'on
élève les enfants des deux sexes. C'est
cela qu'on leur dit et qu'on leur en
seigne, c'est avec cela qu'on en fait
des hommes et des femmes ! » quand,
devant la publicité et les résultats de
l'enseignemant des jésuites, devant
des milliers de familles et d'élèves qui
sont autant de démentis aux accusa
tions portées contre les maîtres, un
orateur, un écrivain, peuvent parler
de la sorte, c'est que le terrain est
propice à toutes les absurdités et à
toutes les calomnies.
Cette déplorable situation d'esprit
annonce la décadence et fait crain
dre, plus que tout le reste, pour l'ave
nir de notre pauvre patrie. 11 est
manifeste que le vrai et le faux, le bien
et le mal se confondent dans les in
telligences, qu'un grand nombre de
Français ont perdu tout discernement
de la vérité, toute règle de justice, tout
jugement et tout sens commun. L'o
pinion est livrée sans défense aux
charlatans, aux menteurs, aux mé
chants, Plus de justice, ni même de
logique. Ah! comme les jésuites, si
stupidement attaqués, donneraient vo
lontiers leur vie à la république, s'ils
croyaient que leur sang pût rendre
quelque raison à leurs ennemis, et ré
tablir un peu l'empire de la vérité
dans les âmes ! Martyrs pour le bon
sens, ils le seraient aussi volontiers
qu'ils l'ont été pour la foi sous la Com
mune, parce que l'Eglise enseigne que
la raison est le commencement de la
foi, et que la France républicaine
manque autant de l'une que de l'autre.
Arthur Loth.
Lorsque M. Gambetta, contre les
usages, les convenances et la justice,
a enlevé, au milieu de la discussion,
un vote d'urgence sur la loi Ferry, on
n'a vu dans cette manœuvre que le désir
d'en finir au plus vite. Ce coup de force
cachait un autre calcul. Il ne s'agis
sait pas seulement d'écourter le débat,
qui tournait mal pour les jacobins, on
voulait aussi mettre les adversaires du
projet de loi dans l'impossibilité de
répondre avec toute la maturité né
cessaire aux indignités dont on se ré
servait d'écraser l'enseignement chré
tien. Il fallait, en écartant la seconde
délibération, assurer l'effet sur la
Chambre et plus encore sur le public
du discours longuement préparé de
M. Paul Bert. Ce tissu de ^citations
faussées et calomnieuses, œuvre intel
lectuelle de tout le parti, devait cou
ronner l'édifice. L'opinion restërait
sous ce coup. On terminerait le débat
en appliquant le conseil de Quinet :
« il faut écraser le catholicisme dans
la boue ! »
Le beau discours de M. Relier, ce
discours si ferme, si élevé, sLprobant,
a manifestement dérangé les plans de
l'cnnemL II importait d'en détruire au
plus vite l'effet. MM. Spuller et Ferry
•n'étant pas de taille à tenter l'aven
ture, M. Paul Bert, qui depuis trois
mois préparait son répugnant pam
phlet, a dû le produire avant le mo
ment convenu. La manœuvre de la fin
est devenue une diversion. M. Gam
betta et les siens ont pensé, d'ailleurs,
qu'une réfutation nécessairement hâ
tive ne pourrait avoir raison de cet
amas de calomnies. Il en resterait tou
jours quelque chose.
. M. de la Bassetière, bien que le
temps de tout vérifier lui ait manqué,
déjouera en partie ce calcul. Sa parole
loyale, où l'on sent toujours l'homme
d'honneur et le chrétien, portera la
lumière sur les points essentiels, et
pour tout esprit droit il sera fait jus
tice des calomnies de M. Bert. Mais il
est évident que, pour montrer à quel
point la vérité et la justice ont été
faussées par ce matérialiste qui juge
la religion et paraît ignorer la con
science, les délais d'une seconde déli
bération eussent été nécessaires. Grâce
à M. Gambetta, il n'en sera pas ainsi
et les journaux révolutionnaires sou
tiendront que si le discours de M. Bert
a été çà et là égratigné, il n'a pu dans
son ensemble être entamé. Voilà pour
quoi l'urgence a été votée, et voilà
comment une majorité républicaine
comprend la liberté. Ce n'est plus
la discussion, ce n'est pas même la
guerre, c'est le guet-apens.
Eugène Veuillot.
La République française s'est agsociée,
comme il était naturel, à l'entreprise
de diffamation dirigée contre les jé
suites par M. Paul Bert, mais elle ne
s'attache pas aux compliments plato
niques. Gomme s'il redoutait de voir,
à la suite de ces ignobles attaques,
l'opinion se détourner avec dégoût du
diffamateur pour se retourner avec
plus de confiance encore vers les reli-
j gieux calomniés, l'organe gambettiste
s'applique à exciter le zèle des répu-
; blicains pour le vote de l'article 7. Or,
il en est, de ces républicains, qui se
montrent disposés à repousser l'article
comme inefficace et à réclamer, par
! l'application immédiate des lois qu'ils
supposent leur donner ce droit, l'ex
pulsion immédiate des jésuites.
Dans ce cas, en effet, il est certain
que l'article 7 devient parfaitement
inutile. Mais ce n'est pas l'avis de la
République française , et voici en quels
termes elle s'efforce de ramener les ré
calcitrants :
La législation actuelle, dit-elle, permet
certainement au gouvernement de dissou
dre par voie administrative les congréga
tions non autorisées. Elle lui yevrapipeut-
être d'en poursuivre les membres devant
les tribunaux correctionnels, qui prononce
ront la dissolution de la communauté et en
condamneront les chefs à une amende de
16 à 200 francs. Nous ne disons point qu'il ne
faille pas recourir, et très prochainement, à
l'un ou à l'autre dé ces moyens, en particulier
contre l'ordre des jésuites , mais c'est bien
une pareille mesure qui serait absolument
insuffisante ! Dissous et même condamnés, les
jésuites resteraient tous en France si bon leur
semblait, et rien ne les empêcherait de se pla
cer comme professeurs dans n'importe quelle
école. Si l'on veut obtenir un résultat sé
rieux, il faut donc en outre voter l'article 7.
Il y aurait, il est vrai, une autre modification
encore à introduire dans la législation exis
tante : ce serait de rédiger l'article 21 du Code
civil en ces termes, où nous soulignons les
mots qu'il s'agirait d'y introduire : « Le
Français qui, sans autorisation du gouver
nement, prendrait du service militaire
chez l'étranger ou s'affilierait à une corpo
ration militaire étrangère ou à une corpora
tion religieuse non reconnue en France, per
dra sa qualité de Français... »
Avec cet article ainsi amendé, les jésuites
pourraient être expulsés individuellement
en qualité d'étrangers. Nous serions heureux
de voir se produire dans la Chambre ou au
Sénat une proposition de ce genre, à la con
dition quelle émanât d'un groupe .considé
rable. Mais qu'on ne se fasse pas illusion :
pour éloigner de l'enseignement les jésuites
et leurs congénères, cette addition à l'arti
cle 21 du code civil ne vaudrait toujours
pas l'article 7 de la loi Ferry. Par l'article
7, nous venons de le dire, le gouvernement
fait de tout chef d'institution un allié invo
lontaire : il le prend pour garant qu'aucun
jésuite ne se faufilera dans son école, et il
obtient ainsi Ce résultat bien plus sûrement
que s'il se faisait attribuer le droit de me
ner à la frontière les membres des ordres
prohibés. Il faut donc voter l'article 7.
On pourra, si cela se trouve nécessaire, le
compléter plus tard; mais aucune mesure
administrative, aucun arrêt d'une cour
de justice, aucune modification aux lois
existantes ne saurait atteindre le but spé
cial qu'il poursuit et qu'il atteindra rapide
ment et certainement.
La citation est un peu longue ; néan
moins, nous n'avons point voulu l'a
bréger, parce qu'à travers les tortuo-
sités d'un texte qui s'accommode très
bien avec la tortueuse politique de l'op
portunisme, on y peut voir, avec le
dessein poursuivi par le vote de l'arti
cle 7, les projets nouveaux de persécu
tion qui ne tarderont pas à suivre. A
cet égard, on remarquera tout parti
culièrement ce que propose la Répu
blique au sujet de l'article 21 du code
civil, qui, dans une rédaction plus
éiendue, devrait s'appliquer doréna
vant à quiconque, usant d'une liberté
que personne n'a le droit de lui ravir,
entrerait dans un ordre religieux non
reconnu par le gouvernement. De là à
déclarer également hors la loi tout ca
tholique, uniquement à cause de ses
convictions religieuses, il n'y a qu'un
pas à faire, et l'on peut être sûr qu'il
serait bientôt franchi.
Du reste, la République elle-même
prend soin de nous en convaincre, en
ajoutant à l'adresse des intransigeants
les raisons qui font que l'on n'applique
pour le moment qu'aux congrégations
rton autorisées les dispositions de l'ar
ticle 7. Pourquoi, dit-elle, ne pas faire
"ce que propose M. Madier de Montjau,
pourquoi ne pas y ajouter les membres
des autres congrégations et le clergé
.tout entier, puisque « les doctrines des
jésuites en morale et en politique sont
désormais celles de l'Eglise elle-même?»
La réponse est à noter, car elle est ins
tructive pour tout le monde. Non, dit
la République, on ne doit pas faire cela,
car ce serait imprudent.
Imprudent, parce que, en ces matières déli
cates qui touchent à la liberté de conscien
ce, il n'est pas toujours bon que l'Etat aille
jusqu'à la dernière limite de son droit. Un
gouvernement qui ne marcherait pas d'ac
cord avec l'opinion publique ne pourrait
rien contre les usurpations des religieux
ou des prêtres. Si l'on venait à croire que
la loi Ferry ne vise pas les congrégations
seulement, auxquelles le peuple ne porte
aucune espèce d'intérêt, mais l'Eglise telle
qu'il la connaît, l'Eglise qui bénit ses ma
riages, baptise ses enfants, prie pour ses
morts; si nos adversaires pouvaient lui
persuader avec une app'arence de raison
que son curé est persécuté, nous verrions
succéder à la très faible et très factice agi
tation du pétitionnement un ébranlement,
général dans certaines régions, des popu
lations des campagnes, qu'il serait bien
difficile de calmer, fût-ce par des conces
sions. L'amendement de M. Madier de
Montjati nous paraît donc dangereux pour
la sécurité de la république.
Nous prenons acte de ces déclara
tions. D'une part, en effet, elles éta
blissent que les gens de la République
reconnaissent à l'Etatle droit de suppri
mer toutes les congrégations et le clergé
tout entier. D'autre part, ils confessent
qui si on pouvait persuader au peuple
que la religion est directement mena
cée par les œuvres de la majorité radi
cale, il y aurait un tel soulèvement
que c'en serait bientôt fait de la Répu
blique. Or, quoi qu'en dise l'organe
gambettiste, cette démonstration n'est
plus à faire.
Par la voix de ses évêques, le peuple
catholique de France sait aujourd'hui,
et il reconnaîtra bientôt mieux encore
que, si l'on commence maintenant par
les jésuites, on s'attaquera bientôt et lo-
giquementà l'Eglise,«qui bénit ses ma
riages, baptise ses enfants, prie pour
ses morts. » Et c'est pourquoi, si nous
combattons selon notre devoir la per
sécution qui s'adresse aux religieux et
au clergé, cette persécution ne nous
fait pas peur. Car ce n'est pas seule
ment l'amendement Madier-Montjau,
c'est tout ce qui se fait présentement,
dont la République française pourrait
dire non moins justement, que cela
est « dangereux pour la sécurité de la
République. »
àucuste Roussel.
la.
Casuistique des Sociétés secrètes
Depuis plusieurs mois, les^ jour
naux allemands entregistrent les en
quêtes faites par ordre supérieur dans
les établissements d'instruction supé
rieure pour y découvrir les traces de
sociétés secrètes et affiliations qui s'é
tendent à toute l'Allemagne.
L'autorité a vu aboutir ses recher
ches, surtout dans l'Allemagne méri
dionale. On a saisi les statuts, qui pa
raissent être partout les mêmes. Un
paragraphe mérite d'être mentionné
spécialement. Le voici :
Tout membre impliqué dans une enquête
administrative ou judiciaire, devient ipso
facto démissionnaire. En conséquence,il est
tenu à affirmer à l'autorité, sous la foi du
serment, qu'il ne fait partie d'aucune société
ou affiliation secrètes.
Nous recommandons ce texte à M'
Paul Bert.
Malgré leurs dénégations hypocri
tes, il n'est pas douteux qu'en poursui
vant ce qu'ils nomment « le clérica
lisme », les gens de là gauche visent
la destruction du catholicisme. A ce
sujet, on lit dans la Défense :
Gomme on pourrait s'étonner d'entendre
émettre ces temps-ci à la tribune des idées
religieuses, ou plutôt antireligieuses, aussi
singulières, par des membres de la gauche,
il est bon de savoir qu'il y a aujourd'hui
autour du gouvernement des illuminés qui
s'imaginent être de grands prophètes char
gés de fonder une religion nouvelle.
M. Paul Bert est de ceux-là.
Et dernièrement il écrivait à un de ses
confidents que c'était le moment d'en finir
non pas avec « le cléricalisme », — c'est
là un trompe-l'œil de tribune, — mais « avec
le catholicisme. » .
Nous poumons citer le nom du confi
dent.
On lit dans la Défense :
Nous recevons de plusieurs représentants
des observations très-justes sur les absen
ces regrettables de membres de la droite
au Sénat et même à la Chambre des dé
putés.
Il est aisé de comprendre qu'avec une ma
jorité toute-puissante, aussi violente et
aussi intolérante, le découragement et le
dégoût puisse souvent s'emparer de nos
amis. Mais ils n'en doivent pas moins res
ter à leur poste. Parfois d'ailleurs leur pré
sence suffirait pour empêcher certaines
décisions.
Ainsi avant-hier, il est presque certain
que, si les bancs de la droite n'avaient pas
été presque vides au Sénat, l'amendement
de l'honorable M. Buffet aurait été pris en
considération.
Le fait signalé, par la Défense n'est
malheureusement que trop exact. Aussi
devons-nous nous associer à ses obser
vations.
On lit dans le Soleil :
L'iniquité n'est pas encore consommée.
L'article 7 n'est pas encore voté. Mais l'at
titude de la Chambre et la tournure du dé
bat ne nous laissent plus guère d'espé
rance". Le jacobinisme triomphera.
Autrefois, sous le règne des Néron et des
Dioctétien, on livrait les chrétiens aux bê
tes. C'était terrible, mais du moins on ne
les déshonorait pas.
Les persécuteurs madernes du catho
licisme ont des mœur- plus douces et aussi
des vengeances plus raffinées. Ils décrètent
d'indignité les instituteurs congréganistes.
Les jésuites et, avec les jésuites, les ora-
toriens, les dominicains, sont frappés d'os
tracisme, ils sont chassés de toutes les
écoles publiques et privées, comme on en
chasserait des malfaiteurs en rupture de
ban qui s'y seraient frauduleusement intro
duits sous de faux noms et avec de faux
actes.
Voilà ce que l'on fait, et M. Paul Bert a
eu l'audace de dire hier à la Chambre que
l'article 7 ne met pas en cause la liberté de
l'enseignement, le droit des père$ de fa
mille, la liberté de conscience.
C'est ajouter l'hypocrisie du langage à
l'odieux de la conduite. Quoi ! ce n'est pas
restreindre dans la pratique le droit des
pères de famille que de leur défendre de
confier leurs enfants aux congréganistes
dont ils préfèrent, à tort ou à raison, l'en
seignement à celui des laïques !
De quel droit vient-on voler à un père son
jeune fils, en lui disant : Il ne sera pas éle
vé par l'instituteur que tu veux, mais par
l'instituteur que nous voulons; il ne sera
pas enseigné par l'instituteur qui a ta con
fiance, parce qu'il a ta foi; il sera enseigné
par l'instituteur qui est de notre choix,
parce que, comme nous, il est sans croyan
ce, sans culte, sans Dieu.
On préteud qu'il s'agit de conserver par
l'unité de l'enseignement l'unité de la na
tion. Ah ! vraiment l'entreprise est belle,
et cette unité dans l'athéisme est bien en
viable !
A propos des infamies de M. Paul
Bert, on lit dans le Pelit Moniteur :
Ah! prenez garde! dirons-nous au gou
vernement, ce n'est pas en déshonorant
vos adversaires que vous vous honorerez
vous-même ; ce n'est pas en flétrissant une
partie de la jeunesse française dans la per
sonne de ses maîtres que vous lui incul
querez les principes sans lesquels il n'y a
dans un pays ni honneur, ni liberté, ni
vertu.
Ce qui nous manque aujourd'hui, ce
qui va disparaissant de plus en plus, c'est
le respect.
Mais comment réapprendrions-nous le
respect quand c'est précisément la tribune
officielle qui nous le désapprend, et que
voulez-vous que nous devenions, à quel
critérium, à quelle boussole voulez-vous
que nous ayons recours, lorsque ces mêmes
maîtres que nous étions accoutumés à re
garder comme des types de science et
de vertu, vous les représentez comme en
courageant le mensonge, la débauche et
le vol ?
Encore une fois, nous n'exagérons rien ;
que le lecteur relise le discours de M. Paul
Bert : il verra si nous faisons autre
ebose que ^le résumer, qu'en donner la
substance.
Les jésuites auraient, été au bague que
cela ne nous étonnerait plus maintenant !
M. Paul Bert leur'a fait leur compte, et
ce compte est clair.
Nous craignons seulement qu'à force de
les avoir faits si noirs, il ne les ait rendus
tout blancs aux yeux de cette partie éclai
rée et sage du public qui ne se décide que
sur des preuves et que révoltent l'injustice
et l'erreur.
Jésuites pour jésuites, nous aimons
mieux après tout, ajoutons-le en finissant,
ceux du catholicisme que ceux du radica
lisme.
Les premiers ne mènent leurs élèves
qu'aux premiers rangs des carrières so
ciales ; les autres sont tout bonnement en
train, par leur manière d'écrire l'histoire,
de nous mener au ridicule et à l'odieux !
Est-ce cela qu'ils ont voulu?
Qu'ils soient contents, alors.
Leur snccès, depuis hier, est complet.
On lit dans la Civilisation :
M. Paul Bert a obtenu un certain succès
à gauche, avec une histoire extraite de la
Vie des Saints, qui se trouve dans un livre
de prix. C'est l'histoire de Théodore, vierge
et martyre.
Corneille en a fait une tragédie, qui se
trouve dans toutes les salles d'études des
lycées.
♦
Sous ce titre : Une application pré
ventive de la loi Ferry , nous lisons dans
le Nouvelliste de Lyon:
Nous avons entendu raconter, par une
personne des plus honorables de notre
ville, que M. le recteur de l'académie de
Lyon aurait fait injonction à tous les pro
fesseurs des lycées de son rectorat et dont
les enfants seraient élèves de collèges "ou
d'institutions tenus par des prêtres séculiers
ou congréganistes, autorisés ou non auto
risés, — d'avoir à les retirer de ces mai
sons, — sous peine de mise en disponibi
lité.
Déjà? !!!
— Un démenti, S. V. P.
Nous publions plus loin la partie
importante du compte rendu de la der
nière séance du conseil municipal de
Paris. Deux nouvelles propositions ont
été déposées par les citoyens Rey et
Hovelacque, pour demander le rem
placement des instituteurs congréga
nistes par des instituteurs laïques, con
tre le vœu des populations. On ne
prend même plus la peine de donner
un prétexte. Toutefois le citoyen Rey
veut bien qu'on conserve les religieu
ses jusqu'à ce qu'on ait suffisamment
d'institutrices laïques pour les rempla
cer; mais le farouche citoyen Hovelac
que ne fait même pas cette réserve. Il
lui faut partout des institutrices laïques,
n'y en eût-il pas. Son ardeur pour
l'enseignement laïque va si loin qu'il
préférerait sans doute la fermeture
des écoles au maintien des institutri
ces congréganistes.
Nous signalons une curieuse ré
ponse du préfet Hérold à une interpel
lation idiote du citoyen Rigault. Cet
étrange préfet trouve qu'on porte at
teinte à la « liberté de penser », en ne
frappant pas d'une amende les mem
bres d'une société de secours mutuels
qui, chrétiens, se refusent par cons
cience à assister à un enterrement ci
vil. La « liberté de penser » consiste,
d'après lui, à forcer, sous peine d'a
mende, des chrétiens à assister à une
manifestation contre leur foi.
Décidément, le citoyen préfet se
montre de plus en plus digne du con
seil municipal,
4 Avec une fidélité aux principes con
servateurs qui vaut mieux qu'un atta
chement obstiné à une dynastie sans
chef, M. Paul de Cassagnac déclare
dans le Pays qu'il se ralliera au prince
Jérôme Napoléon, si le prince Jérôme
Napoléon se rallie à la cause conser
vatrice. Il préférerait la dispersion dé
finitive du parti impérialiste à sa com
promission avec des 'doctrines inac
ceptables. « Plutôt pas d'empire, dit-
il, que certain empire. »
On télégraphie de Simon's Bay au Stan
dard de Londres, à la date du 16 juin:
La Boadicea de la marine de Sa Majesté est
arrivée aujourd'hui à une heure trente avec les
restes du prince impérial. Le cercueil a été trans
féré à l 'Orontes à trois heures de J'après-midi.
Une imposante cérémonie, présidée par Mgr l'é-
vêque de Simon's Bay a eu fieu à bord. Sir Bar-
tle et lady Bartte Frère, ainsi que toutes les au
torités religieuses, militaires, maritimes et civiles
y ont assisté. Durant la cérémonie des coups de
canon ont été tirés de minute en minute.
Le Times annonce que beaucoup de mem
bres de l'aristocratie espagnole vont se
rendre à Chislehurst, pour assister aux fu
nérailles.
L'Agence Havas nous communique les
dépêches suivantes :
Londres, 7 juillet.
Le programme de la cérémonie pour la récep
tion des dépouilles du prince Louis-Napoléon
vient d'être publié.
Le prince Murât, MM. de Turenne et Aguado
accompagneront le corps du prince, dans le yacht
de l'amirauté l 'Enchanteresse, jusqu'à Wo.wich
où, en présence de monseigneur l'évêque de
Southwark et de l'abbé Goddard, l'identité sera
constatée.
La bière sera placée sur un affût de canon, en
veloppée de drapaux français et anglais.
Le prince de Galles, les ducs de Connaught
et de Cambridge et les autres membres de la la-
mille royale recevront le corps sur la jetée de
Woohvich.
Le duc de Cambridge commandera en per
sonne l'escorte d'honneur du cercueil ; cette es
corte se composera de deux batteries d'artillerie
et de 200 cadets de l'Ecole militaire de Wool-
wich.
La route jusqu'à Chislehurst sera bordée de
soldats pris dans la garnison de Woolwicli.
Londres, 7 juillet.
On mande du quartier général d'Erzunga-
Yankill,*14 juin, au Times :
Le lieutenant Carey est accusé, devant la cour
martiale présidée par le colonel Harrisson, d'a
voir abandonné le prince Louis-Napoléon.
Le lieutenant, dans son interrogatoire, a ré
pondu qu'il n'avait jamais été donné l'ordre de
traiter le prince comme un personnage royal,
mais comme un officier ordinaire.
Exemple de foi
DONNÉ PAR LE PRINCE IMPÉRIAL
On lit dans le Journal officiel :
Le président de la Chambre des députés
recevra au palais Bourbon MM. les séna
teurs et les députés, le lundi 14 juillet.
M. Gambetta inaugure donc ses
splendides réceptions le 14 juillet, et
les journaux radicaux font remarquer
que ce jour a été choisi intentionnel
lement, parce que c'est l'anniversaire
de la prise de la Bastille ; or, comme
ce premier exploit de la révolution se
résume dans un triomphe sans gloire
sur quelques invalides qui ne se sont
pas défendus et par de lâches massa
cres, on est en droit d'en conclure que
M. Gambetta et ses amis approuvent et
même glorifient les massacres. Le fait
était connu, mais il n'est pas inutile
d'enregistrer cet aveu.
Sous ce titre la Semaine religieuse
du diocèse d'Arras publie ies intéres
sants détails que voici :
La Semaine religieâsé n'arbore aucun dra
peau politique. Elle est exclusivement l'or
gane dès intérêts religieux ; et, sans s'in
féoder à aucun parti, elle se fait un devoir
de recueillir et d'offrir à ses lecteurs tout
ce qui peut être pour eux un utile exemple
et un objet d'édification. C'est à ce titre
qu'elle insère les détails qui suivent sur un
acte de religion accompli par le prince la
veille du jour où il s'est embarqué pour le
Zululand. Ils sont extraits d'une lettre que
M. le chanoine Toursel, desservant de la
Chapelle française à Londres, vient d'é
crire à Sa Grandeur Mgr l'Evêque d'Ar
ras.
M. l'abbé Toursel reçut, un jour de ca
rême, dans l'après-midi, la visite d'un
jeune homme, qui, sans dire son nom, se
présenta au prêtre, comme à ain compa
triote qui l'aiderait, à la veille d'un grand
voyage, à se mettre en règle avec Dieu et
à remplir le devoir pascal (1). Le vénéra
ble chanoine avait cru reconnaître son pé
nitent ; mais respectant l'incognito que le
prince avait voulu garder, il se contenta
de le confesser, dans le salon où il l'a
vait reçu, sans lui faire extérieurement
d'autre accueil qu'aux pénitents ordinaires
qui viennent le trouver chez lui. A son dé
part il se borna même à l'accompagner
jusqu'à la porte du salon, pour laisser à
cette visite le caractère de discrétion dont
on avait voulu l'entourer, et aussi pour
laisser à la foi et à la piété du jeune
prince la faculté de se maifester en toute
liberté.
Ici nous cédons la parole au pieux cor
respondant :
« En descendant, le jeune prince entra à
« la Chapelle, où il devait se croire seul et
« non observé. Il récita dévotement une
« courte prière. Puis se levant, il jeta ses
« regards autour de la chapelle; et on le
« vit s'arrêter pensif et soucieux devant un
« tableau représentant la sépulture de No-
« tre-Seigneur. Déposé plutôt qu'enveloppé
« dans un linceul, incliné, affaissé, Jésus
« n'est, pour ainsi dire, recouvert que de
« son ombre, qui rend presque noire la
« moitié de son corps. Le prince avait-il le
« pressentiment qu'à quelques mois delà,
« son corps entièrement dépouillé et percé
« serait porté dans un linceul fait d'une
« couverture de laine enroulée et affermie
« sur quatre lances de soldats africains ?
« Le prince plia le genou, dit une prière
« et passa à l'autel de la sainte Vierge. La
« statue est une Notre-Dame des Victoires.
« —Là, à deux genoux sur le plancher, on
« le vit élever les mains jointes à la hau-
« teur des yeux et adresser à la sainte
«Vierge une fervente prière. Le.mouvo-
« ment des lèvres était sensible. Mais que
« disait-il? C'est le secret de Dieu. — Ce
« que l'on sait, c'est que le barbare Zou-
« lou, qui après sa mort le dépouilla de
« tout, respecta le médaillon de la Vierge
« qu'il avait au cou et qui était la preuve
« de sa consécration à Marie, dont il por-
« tait les livrées, et de sa confiance filiale
« en sa maternelle protection.
« Le prince se releva, fit une génuflexion,
« prit de l'eau bénite et se signa. La per-
« sonne qui l'avait observé, sans le connaî-
« tre, lui ouvrit la porte sur la rue, et il
« sortit, dirigeant ses pas sur Windsor. Il
« avait voulu prendre congé de la Reine
'« du ciel avant d'aller prendre congé d'une
« reine de la terre, S. M. Victoria, qu'il
« aimait et qui lui rendait son affection. »
En apprenant la fin si tragique du jeune
prince, M. le chanoine Toursel fut touché d'u-,.
ne respectueuse et vive compassion pour sa
mère infortunée,qui désormais, abîmée dans
sa douleur, ne trouverait d'autres consola
tions que celles qui lui offraient la religion
et les espérances chrétiennes. Il s'était fait
un devoir d'adresser à Mme Le Breton,
sœur du général Bourbaki, attachée à la
personne de l'impératrice, une lettre de
respectueuse condoléance pour cette mère
désolée, et avait porté à sa connaissance,
comme dernière et précieuse consolation
chère à sa piété, les détails si édifiants rap
portés plus haut.
Il reçut de Mme Le Breton la réponse
suivante :
« Camden-House,Chislehurst, 25juin 1879.
L'impératrice a été profondément touchée des
sentiments que vous lui exprimez, et Sa Ma
jesté vous remercie des priôres que vous of
frez à Dieu pour le prince impérial. C'est le
seul adoucissement qu'on puisse apporter à son
immense douleur et à son malheur irrépa
rable.
Votre pressentiment ne vous a pas trompé, re
jeune Français que vous avez reçu et qui vous
avait tant frappé, c'était notre cher prince impé
rial. Il revint bien heureux, ce jour-là, de sa vi
site et des encouragements religieux qu'il trouva
auprès de vous.
Le prince a eu le bonheur de commimiei 1 avant
son départ, de grand matin.
Veuillez, monsieur, transmettre les remercie
ments de S. M. l'impératrice à tout le clergé de
la chapelle française.
Recevez, monsieur le chanoine, l'assurance de
mes sentiments les plus respectueux.
G. Le Breton-Bouhbaki.
Le Constitutionnel se dit en mesure
d'annoncer Jormellement que le prin
ce Napoléon se rendra à Chislehurst
pour les obsèques du prince impérial
et conduira le deuil.
On lit dans les Tablettes d'un
Spectateur :
Une chose très curieuse se produit en ce
moment, à propos du prince Napoléon.
Le Palais-Bourbon demanderait son ban
nissement de France, et l'Elysée s'y oppo
serait, par toutes sortes de raisons juridi
ques et politiques. M. Grévy a horreur des
mesures dictatoriales.
D'un côté, on ne raisonne pas; le ressen
timent et la crainte tiennent lieu de tout ;
mais, de l'autre côté, on s'appuie sur le
droit, la légalité et la justice. Néanmoins la
(1) En Angleterre, on peut remplir le devoir
pascal à partir dii mercredi des Cendres;'
PARIS
Un an 55 fr. »
Six mois . . 28 50
Trois mois 45 »
N°
4277
Édition quotidienne.
Mardi 8 Juillet Î879
45 cent.
19 c
20/
Un Numéro, à Paris
— Départements.
BUREAUX
Paris, 10," Rue des Saints-Pères
On s 'abonne. h Rome, place du Gesù, 8\
DÉPARTEMENTS
Un an 55 fr. »
Six mais, 28 BO
Trois mois............... 15 »
Édition semi-quotidienne
Un an. 30 fr. — Six mois,16 fr7— Wois mols, 8 fr. 50
L'UWVBRS ne réçwë pas des manuscrite qui lui sont adressés
ANNONCES
Ch. LAGRÀNGE, ŒRFét G i0 , 6, place de la Bourse
FRANGE
PARIS, 7 JUILLET 1879
Il est acquis, par le discours de M.
Paul Bert, que les jésuites' sont des
professeurs de vol, de luxure, d'incen
die, d'assassinat et de parricide. Pour
sa part, le Journal des Débats en est
convaincu, et M. John Lemoinne le
jure. Quant au Siècle et au Rappel , il y
a longtemps qu'ils le savaient, et le
XIX" Siècle n'avait cessé de le dire.
Voilà maintenant la preuve faite pour
tous. Le Journal des Débats déclare mê
me que « M. Bert a mis dans sa dé
monstration toute la rigueur des mé
thodes scientifiques. » La science mo
derne, dont M. Paul Bert est déclaré
pour la circonstance l'un des hommes
les plus considérables, nous oblige
donc à croire toutes les infamies que
la haine la plus inepte, la passion la
plus acharnée, peuvent inventer. C'est
plus de foi que n'en demande l'Eglise
pour ses mystères, et cependant l'on
dit que la foi est incompatible avec la
raison. Ici, il y paraît bien. Ah! que
le Journal des Débats serait un excel-.
lent croyant! En fait de preuves, il
n'est pas difficile; pour lui, le premier
venu qui puise dans deux ou trois mi
sérables pamphlets, que tout le monde
connaît, qui ressasse des articles de
journaux cent fois lus, cent fois réfu
tés, en use avec « toute la rigueur des
méthodes scientifiques ». Voilà une
science bien commode!
L'indignation nous manque contré
ces ennemis de mauvaise foi. Une
chose est pi us affligeante peut-être que
la persécution dont les jésuites sont
l'objet. Après tout, les jésuites survi
vront aux Paul Bert et à la république,
et le bien qu'on les empêchera de faire
ici, ils le feront ailleurs d'une autre
manière. Mais l'état d'esprit que celte
haine stupide révèle chez un grand
nombre de nos concitoyens est déso-
lanté.Au fond de cette mauvaise foi, il
y à une immense sottise. Depuis que
les journaux.vont partout, depuis que
toutes les tètes sont agitées de passions
politiques et religieuses, il s'est produit
un affaiblissement considérable de la
raison. Avec la diffusion d'une instruc-
tioq^jtoute superficielle et d'un journa
lisme touche-à-tout, le bon sens dis
paraître plus en plus.
Il y a aujourd'hui un public pour
tout croire. Les plus fortes absurdités,
comme les plus odieuses calomnies,
peuvent être produites parce qu'elles
seront crues. Il n'y a rien en ce genre
qu'un Paul Bert à la tribune, un John
Lemoinne ou un Sarcey dans leur ga
zette, ne puissent oser.
Pour qu'un si grand nombre de
gens soient capables de croire, sans
autres preuves que celles qui leur
sont fournies, tout ce qui est débité de
puis dix jours contre les jésuites, il
faut non-seulement une profonde per
version du sens moral, mais une perte
énorme de sens commun dans la
masse de la nation. Calomnies, mysti
fications, inepties, absurdités, men
songes, tout y passe. Le discours de
M. Paul Bert et les articles du Journal
des Débats en sont la preuve. Quand
un académicien, dont on ne signale
pas, d'ailleurs, la démence, peut s'é
crier sur un pareil discours : « Mais
oui, tout cela est vrai ! C'est ainsi qu'on
élève les enfants des deux sexes. C'est
cela qu'on leur dit et qu'on leur en
seigne, c'est avec cela qu'on en fait
des hommes et des femmes ! » quand,
devant la publicité et les résultats de
l'enseignemant des jésuites, devant
des milliers de familles et d'élèves qui
sont autant de démentis aux accusa
tions portées contre les maîtres, un
orateur, un écrivain, peuvent parler
de la sorte, c'est que le terrain est
propice à toutes les absurdités et à
toutes les calomnies.
Cette déplorable situation d'esprit
annonce la décadence et fait crain
dre, plus que tout le reste, pour l'ave
nir de notre pauvre patrie. 11 est
manifeste que le vrai et le faux, le bien
et le mal se confondent dans les in
telligences, qu'un grand nombre de
Français ont perdu tout discernement
de la vérité, toute règle de justice, tout
jugement et tout sens commun. L'o
pinion est livrée sans défense aux
charlatans, aux menteurs, aux mé
chants, Plus de justice, ni même de
logique. Ah! comme les jésuites, si
stupidement attaqués, donneraient vo
lontiers leur vie à la république, s'ils
croyaient que leur sang pût rendre
quelque raison à leurs ennemis, et ré
tablir un peu l'empire de la vérité
dans les âmes ! Martyrs pour le bon
sens, ils le seraient aussi volontiers
qu'ils l'ont été pour la foi sous la Com
mune, parce que l'Eglise enseigne que
la raison est le commencement de la
foi, et que la France républicaine
manque autant de l'une que de l'autre.
Arthur Loth.
Lorsque M. Gambetta, contre les
usages, les convenances et la justice,
a enlevé, au milieu de la discussion,
un vote d'urgence sur la loi Ferry, on
n'a vu dans cette manœuvre que le désir
d'en finir au plus vite. Ce coup de force
cachait un autre calcul. Il ne s'agis
sait pas seulement d'écourter le débat,
qui tournait mal pour les jacobins, on
voulait aussi mettre les adversaires du
projet de loi dans l'impossibilité de
répondre avec toute la maturité né
cessaire aux indignités dont on se ré
servait d'écraser l'enseignement chré
tien. Il fallait, en écartant la seconde
délibération, assurer l'effet sur la
Chambre et plus encore sur le public
du discours longuement préparé de
M. Paul Bert. Ce tissu de ^citations
faussées et calomnieuses, œuvre intel
lectuelle de tout le parti, devait cou
ronner l'édifice. L'opinion restërait
sous ce coup. On terminerait le débat
en appliquant le conseil de Quinet :
« il faut écraser le catholicisme dans
la boue ! »
Le beau discours de M. Relier, ce
discours si ferme, si élevé, sLprobant,
a manifestement dérangé les plans de
l'cnnemL II importait d'en détruire au
plus vite l'effet. MM. Spuller et Ferry
•n'étant pas de taille à tenter l'aven
ture, M. Paul Bert, qui depuis trois
mois préparait son répugnant pam
phlet, a dû le produire avant le mo
ment convenu. La manœuvre de la fin
est devenue une diversion. M. Gam
betta et les siens ont pensé, d'ailleurs,
qu'une réfutation nécessairement hâ
tive ne pourrait avoir raison de cet
amas de calomnies. Il en resterait tou
jours quelque chose.
. M. de la Bassetière, bien que le
temps de tout vérifier lui ait manqué,
déjouera en partie ce calcul. Sa parole
loyale, où l'on sent toujours l'homme
d'honneur et le chrétien, portera la
lumière sur les points essentiels, et
pour tout esprit droit il sera fait jus
tice des calomnies de M. Bert. Mais il
est évident que, pour montrer à quel
point la vérité et la justice ont été
faussées par ce matérialiste qui juge
la religion et paraît ignorer la con
science, les délais d'une seconde déli
bération eussent été nécessaires. Grâce
à M. Gambetta, il n'en sera pas ainsi
et les journaux révolutionnaires sou
tiendront que si le discours de M. Bert
a été çà et là égratigné, il n'a pu dans
son ensemble être entamé. Voilà pour
quoi l'urgence a été votée, et voilà
comment une majorité républicaine
comprend la liberté. Ce n'est plus
la discussion, ce n'est pas même la
guerre, c'est le guet-apens.
Eugène Veuillot.
La République française s'est agsociée,
comme il était naturel, à l'entreprise
de diffamation dirigée contre les jé
suites par M. Paul Bert, mais elle ne
s'attache pas aux compliments plato
niques. Gomme s'il redoutait de voir,
à la suite de ces ignobles attaques,
l'opinion se détourner avec dégoût du
diffamateur pour se retourner avec
plus de confiance encore vers les reli-
j gieux calomniés, l'organe gambettiste
s'applique à exciter le zèle des répu-
; blicains pour le vote de l'article 7. Or,
il en est, de ces républicains, qui se
montrent disposés à repousser l'article
comme inefficace et à réclamer, par
! l'application immédiate des lois qu'ils
supposent leur donner ce droit, l'ex
pulsion immédiate des jésuites.
Dans ce cas, en effet, il est certain
que l'article 7 devient parfaitement
inutile. Mais ce n'est pas l'avis de la
République française , et voici en quels
termes elle s'efforce de ramener les ré
calcitrants :
La législation actuelle, dit-elle, permet
certainement au gouvernement de dissou
dre par voie administrative les congréga
tions non autorisées. Elle lui yevrapipeut-
être d'en poursuivre les membres devant
les tribunaux correctionnels, qui prononce
ront la dissolution de la communauté et en
condamneront les chefs à une amende de
16 à 200 francs. Nous ne disons point qu'il ne
faille pas recourir, et très prochainement, à
l'un ou à l'autre dé ces moyens, en particulier
contre l'ordre des jésuites , mais c'est bien
une pareille mesure qui serait absolument
insuffisante ! Dissous et même condamnés, les
jésuites resteraient tous en France si bon leur
semblait, et rien ne les empêcherait de se pla
cer comme professeurs dans n'importe quelle
école. Si l'on veut obtenir un résultat sé
rieux, il faut donc en outre voter l'article 7.
Il y aurait, il est vrai, une autre modification
encore à introduire dans la législation exis
tante : ce serait de rédiger l'article 21 du Code
civil en ces termes, où nous soulignons les
mots qu'il s'agirait d'y introduire : « Le
Français qui, sans autorisation du gouver
nement, prendrait du service militaire
chez l'étranger ou s'affilierait à une corpo
ration militaire étrangère ou à une corpora
tion religieuse non reconnue en France, per
dra sa qualité de Français... »
Avec cet article ainsi amendé, les jésuites
pourraient être expulsés individuellement
en qualité d'étrangers. Nous serions heureux
de voir se produire dans la Chambre ou au
Sénat une proposition de ce genre, à la con
dition quelle émanât d'un groupe .considé
rable. Mais qu'on ne se fasse pas illusion :
pour éloigner de l'enseignement les jésuites
et leurs congénères, cette addition à l'arti
cle 21 du code civil ne vaudrait toujours
pas l'article 7 de la loi Ferry. Par l'article
7, nous venons de le dire, le gouvernement
fait de tout chef d'institution un allié invo
lontaire : il le prend pour garant qu'aucun
jésuite ne se faufilera dans son école, et il
obtient ainsi Ce résultat bien plus sûrement
que s'il se faisait attribuer le droit de me
ner à la frontière les membres des ordres
prohibés. Il faut donc voter l'article 7.
On pourra, si cela se trouve nécessaire, le
compléter plus tard; mais aucune mesure
administrative, aucun arrêt d'une cour
de justice, aucune modification aux lois
existantes ne saurait atteindre le but spé
cial qu'il poursuit et qu'il atteindra rapide
ment et certainement.
La citation est un peu longue ; néan
moins, nous n'avons point voulu l'a
bréger, parce qu'à travers les tortuo-
sités d'un texte qui s'accommode très
bien avec la tortueuse politique de l'op
portunisme, on y peut voir, avec le
dessein poursuivi par le vote de l'arti
cle 7, les projets nouveaux de persécu
tion qui ne tarderont pas à suivre. A
cet égard, on remarquera tout parti
culièrement ce que propose la Répu
blique au sujet de l'article 21 du code
civil, qui, dans une rédaction plus
éiendue, devrait s'appliquer doréna
vant à quiconque, usant d'une liberté
que personne n'a le droit de lui ravir,
entrerait dans un ordre religieux non
reconnu par le gouvernement. De là à
déclarer également hors la loi tout ca
tholique, uniquement à cause de ses
convictions religieuses, il n'y a qu'un
pas à faire, et l'on peut être sûr qu'il
serait bientôt franchi.
Du reste, la République elle-même
prend soin de nous en convaincre, en
ajoutant à l'adresse des intransigeants
les raisons qui font que l'on n'applique
pour le moment qu'aux congrégations
rton autorisées les dispositions de l'ar
ticle 7. Pourquoi, dit-elle, ne pas faire
"ce que propose M. Madier de Montjau,
pourquoi ne pas y ajouter les membres
des autres congrégations et le clergé
.tout entier, puisque « les doctrines des
jésuites en morale et en politique sont
désormais celles de l'Eglise elle-même?»
La réponse est à noter, car elle est ins
tructive pour tout le monde. Non, dit
la République, on ne doit pas faire cela,
car ce serait imprudent.
Imprudent, parce que, en ces matières déli
cates qui touchent à la liberté de conscien
ce, il n'est pas toujours bon que l'Etat aille
jusqu'à la dernière limite de son droit. Un
gouvernement qui ne marcherait pas d'ac
cord avec l'opinion publique ne pourrait
rien contre les usurpations des religieux
ou des prêtres. Si l'on venait à croire que
la loi Ferry ne vise pas les congrégations
seulement, auxquelles le peuple ne porte
aucune espèce d'intérêt, mais l'Eglise telle
qu'il la connaît, l'Eglise qui bénit ses ma
riages, baptise ses enfants, prie pour ses
morts; si nos adversaires pouvaient lui
persuader avec une app'arence de raison
que son curé est persécuté, nous verrions
succéder à la très faible et très factice agi
tation du pétitionnement un ébranlement,
général dans certaines régions, des popu
lations des campagnes, qu'il serait bien
difficile de calmer, fût-ce par des conces
sions. L'amendement de M. Madier de
Montjati nous paraît donc dangereux pour
la sécurité de la république.
Nous prenons acte de ces déclara
tions. D'une part, en effet, elles éta
blissent que les gens de la République
reconnaissent à l'Etatle droit de suppri
mer toutes les congrégations et le clergé
tout entier. D'autre part, ils confessent
qui si on pouvait persuader au peuple
que la religion est directement mena
cée par les œuvres de la majorité radi
cale, il y aurait un tel soulèvement
que c'en serait bientôt fait de la Répu
blique. Or, quoi qu'en dise l'organe
gambettiste, cette démonstration n'est
plus à faire.
Par la voix de ses évêques, le peuple
catholique de France sait aujourd'hui,
et il reconnaîtra bientôt mieux encore
que, si l'on commence maintenant par
les jésuites, on s'attaquera bientôt et lo-
giquementà l'Eglise,«qui bénit ses ma
riages, baptise ses enfants, prie pour
ses morts. » Et c'est pourquoi, si nous
combattons selon notre devoir la per
sécution qui s'adresse aux religieux et
au clergé, cette persécution ne nous
fait pas peur. Car ce n'est pas seule
ment l'amendement Madier-Montjau,
c'est tout ce qui se fait présentement,
dont la République française pourrait
dire non moins justement, que cela
est « dangereux pour la sécurité de la
République. »
àucuste Roussel.
la.
Casuistique des Sociétés secrètes
Depuis plusieurs mois, les^ jour
naux allemands entregistrent les en
quêtes faites par ordre supérieur dans
les établissements d'instruction supé
rieure pour y découvrir les traces de
sociétés secrètes et affiliations qui s'é
tendent à toute l'Allemagne.
L'autorité a vu aboutir ses recher
ches, surtout dans l'Allemagne méri
dionale. On a saisi les statuts, qui pa
raissent être partout les mêmes. Un
paragraphe mérite d'être mentionné
spécialement. Le voici :
Tout membre impliqué dans une enquête
administrative ou judiciaire, devient ipso
facto démissionnaire. En conséquence,il est
tenu à affirmer à l'autorité, sous la foi du
serment, qu'il ne fait partie d'aucune société
ou affiliation secrètes.
Nous recommandons ce texte à M'
Paul Bert.
Malgré leurs dénégations hypocri
tes, il n'est pas douteux qu'en poursui
vant ce qu'ils nomment « le clérica
lisme », les gens de là gauche visent
la destruction du catholicisme. A ce
sujet, on lit dans la Défense :
Gomme on pourrait s'étonner d'entendre
émettre ces temps-ci à la tribune des idées
religieuses, ou plutôt antireligieuses, aussi
singulières, par des membres de la gauche,
il est bon de savoir qu'il y a aujourd'hui
autour du gouvernement des illuminés qui
s'imaginent être de grands prophètes char
gés de fonder une religion nouvelle.
M. Paul Bert est de ceux-là.
Et dernièrement il écrivait à un de ses
confidents que c'était le moment d'en finir
non pas avec « le cléricalisme », — c'est
là un trompe-l'œil de tribune, — mais « avec
le catholicisme. » .
Nous poumons citer le nom du confi
dent.
On lit dans la Défense :
Nous recevons de plusieurs représentants
des observations très-justes sur les absen
ces regrettables de membres de la droite
au Sénat et même à la Chambre des dé
putés.
Il est aisé de comprendre qu'avec une ma
jorité toute-puissante, aussi violente et
aussi intolérante, le découragement et le
dégoût puisse souvent s'emparer de nos
amis. Mais ils n'en doivent pas moins res
ter à leur poste. Parfois d'ailleurs leur pré
sence suffirait pour empêcher certaines
décisions.
Ainsi avant-hier, il est presque certain
que, si les bancs de la droite n'avaient pas
été presque vides au Sénat, l'amendement
de l'honorable M. Buffet aurait été pris en
considération.
Le fait signalé, par la Défense n'est
malheureusement que trop exact. Aussi
devons-nous nous associer à ses obser
vations.
On lit dans le Soleil :
L'iniquité n'est pas encore consommée.
L'article 7 n'est pas encore voté. Mais l'at
titude de la Chambre et la tournure du dé
bat ne nous laissent plus guère d'espé
rance". Le jacobinisme triomphera.
Autrefois, sous le règne des Néron et des
Dioctétien, on livrait les chrétiens aux bê
tes. C'était terrible, mais du moins on ne
les déshonorait pas.
Les persécuteurs madernes du catho
licisme ont des mœur- plus douces et aussi
des vengeances plus raffinées. Ils décrètent
d'indignité les instituteurs congréganistes.
Les jésuites et, avec les jésuites, les ora-
toriens, les dominicains, sont frappés d'os
tracisme, ils sont chassés de toutes les
écoles publiques et privées, comme on en
chasserait des malfaiteurs en rupture de
ban qui s'y seraient frauduleusement intro
duits sous de faux noms et avec de faux
actes.
Voilà ce que l'on fait, et M. Paul Bert a
eu l'audace de dire hier à la Chambre que
l'article 7 ne met pas en cause la liberté de
l'enseignement, le droit des père$ de fa
mille, la liberté de conscience.
C'est ajouter l'hypocrisie du langage à
l'odieux de la conduite. Quoi ! ce n'est pas
restreindre dans la pratique le droit des
pères de famille que de leur défendre de
confier leurs enfants aux congréganistes
dont ils préfèrent, à tort ou à raison, l'en
seignement à celui des laïques !
De quel droit vient-on voler à un père son
jeune fils, en lui disant : Il ne sera pas éle
vé par l'instituteur que tu veux, mais par
l'instituteur que nous voulons; il ne sera
pas enseigné par l'instituteur qui a ta con
fiance, parce qu'il a ta foi; il sera enseigné
par l'instituteur qui est de notre choix,
parce que, comme nous, il est sans croyan
ce, sans culte, sans Dieu.
On préteud qu'il s'agit de conserver par
l'unité de l'enseignement l'unité de la na
tion. Ah ! vraiment l'entreprise est belle,
et cette unité dans l'athéisme est bien en
viable !
A propos des infamies de M. Paul
Bert, on lit dans le Pelit Moniteur :
Ah! prenez garde! dirons-nous au gou
vernement, ce n'est pas en déshonorant
vos adversaires que vous vous honorerez
vous-même ; ce n'est pas en flétrissant une
partie de la jeunesse française dans la per
sonne de ses maîtres que vous lui incul
querez les principes sans lesquels il n'y a
dans un pays ni honneur, ni liberté, ni
vertu.
Ce qui nous manque aujourd'hui, ce
qui va disparaissant de plus en plus, c'est
le respect.
Mais comment réapprendrions-nous le
respect quand c'est précisément la tribune
officielle qui nous le désapprend, et que
voulez-vous que nous devenions, à quel
critérium, à quelle boussole voulez-vous
que nous ayons recours, lorsque ces mêmes
maîtres que nous étions accoutumés à re
garder comme des types de science et
de vertu, vous les représentez comme en
courageant le mensonge, la débauche et
le vol ?
Encore une fois, nous n'exagérons rien ;
que le lecteur relise le discours de M. Paul
Bert : il verra si nous faisons autre
ebose que ^le résumer, qu'en donner la
substance.
Les jésuites auraient, été au bague que
cela ne nous étonnerait plus maintenant !
M. Paul Bert leur'a fait leur compte, et
ce compte est clair.
Nous craignons seulement qu'à force de
les avoir faits si noirs, il ne les ait rendus
tout blancs aux yeux de cette partie éclai
rée et sage du public qui ne se décide que
sur des preuves et que révoltent l'injustice
et l'erreur.
Jésuites pour jésuites, nous aimons
mieux après tout, ajoutons-le en finissant,
ceux du catholicisme que ceux du radica
lisme.
Les premiers ne mènent leurs élèves
qu'aux premiers rangs des carrières so
ciales ; les autres sont tout bonnement en
train, par leur manière d'écrire l'histoire,
de nous mener au ridicule et à l'odieux !
Est-ce cela qu'ils ont voulu?
Qu'ils soient contents, alors.
Leur snccès, depuis hier, est complet.
On lit dans la Civilisation :
M. Paul Bert a obtenu un certain succès
à gauche, avec une histoire extraite de la
Vie des Saints, qui se trouve dans un livre
de prix. C'est l'histoire de Théodore, vierge
et martyre.
Corneille en a fait une tragédie, qui se
trouve dans toutes les salles d'études des
lycées.
♦
Sous ce titre : Une application pré
ventive de la loi Ferry , nous lisons dans
le Nouvelliste de Lyon:
Nous avons entendu raconter, par une
personne des plus honorables de notre
ville, que M. le recteur de l'académie de
Lyon aurait fait injonction à tous les pro
fesseurs des lycées de son rectorat et dont
les enfants seraient élèves de collèges "ou
d'institutions tenus par des prêtres séculiers
ou congréganistes, autorisés ou non auto
risés, — d'avoir à les retirer de ces mai
sons, — sous peine de mise en disponibi
lité.
Déjà? !!!
— Un démenti, S. V. P.
Nous publions plus loin la partie
importante du compte rendu de la der
nière séance du conseil municipal de
Paris. Deux nouvelles propositions ont
été déposées par les citoyens Rey et
Hovelacque, pour demander le rem
placement des instituteurs congréga
nistes par des instituteurs laïques, con
tre le vœu des populations. On ne
prend même plus la peine de donner
un prétexte. Toutefois le citoyen Rey
veut bien qu'on conserve les religieu
ses jusqu'à ce qu'on ait suffisamment
d'institutrices laïques pour les rempla
cer; mais le farouche citoyen Hovelac
que ne fait même pas cette réserve. Il
lui faut partout des institutrices laïques,
n'y en eût-il pas. Son ardeur pour
l'enseignement laïque va si loin qu'il
préférerait sans doute la fermeture
des écoles au maintien des institutri
ces congréganistes.
Nous signalons une curieuse ré
ponse du préfet Hérold à une interpel
lation idiote du citoyen Rigault. Cet
étrange préfet trouve qu'on porte at
teinte à la « liberté de penser », en ne
frappant pas d'une amende les mem
bres d'une société de secours mutuels
qui, chrétiens, se refusent par cons
cience à assister à un enterrement ci
vil. La « liberté de penser » consiste,
d'après lui, à forcer, sous peine d'a
mende, des chrétiens à assister à une
manifestation contre leur foi.
Décidément, le citoyen préfet se
montre de plus en plus digne du con
seil municipal,
4 Avec une fidélité aux principes con
servateurs qui vaut mieux qu'un atta
chement obstiné à une dynastie sans
chef, M. Paul de Cassagnac déclare
dans le Pays qu'il se ralliera au prince
Jérôme Napoléon, si le prince Jérôme
Napoléon se rallie à la cause conser
vatrice. Il préférerait la dispersion dé
finitive du parti impérialiste à sa com
promission avec des 'doctrines inac
ceptables. « Plutôt pas d'empire, dit-
il, que certain empire. »
On télégraphie de Simon's Bay au Stan
dard de Londres, à la date du 16 juin:
La Boadicea de la marine de Sa Majesté est
arrivée aujourd'hui à une heure trente avec les
restes du prince impérial. Le cercueil a été trans
féré à l 'Orontes à trois heures de J'après-midi.
Une imposante cérémonie, présidée par Mgr l'é-
vêque de Simon's Bay a eu fieu à bord. Sir Bar-
tle et lady Bartte Frère, ainsi que toutes les au
torités religieuses, militaires, maritimes et civiles
y ont assisté. Durant la cérémonie des coups de
canon ont été tirés de minute en minute.
Le Times annonce que beaucoup de mem
bres de l'aristocratie espagnole vont se
rendre à Chislehurst, pour assister aux fu
nérailles.
L'Agence Havas nous communique les
dépêches suivantes :
Londres, 7 juillet.
Le programme de la cérémonie pour la récep
tion des dépouilles du prince Louis-Napoléon
vient d'être publié.
Le prince Murât, MM. de Turenne et Aguado
accompagneront le corps du prince, dans le yacht
de l'amirauté l 'Enchanteresse, jusqu'à Wo.wich
où, en présence de monseigneur l'évêque de
Southwark et de l'abbé Goddard, l'identité sera
constatée.
La bière sera placée sur un affût de canon, en
veloppée de drapaux français et anglais.
Le prince de Galles, les ducs de Connaught
et de Cambridge et les autres membres de la la-
mille royale recevront le corps sur la jetée de
Woohvich.
Le duc de Cambridge commandera en per
sonne l'escorte d'honneur du cercueil ; cette es
corte se composera de deux batteries d'artillerie
et de 200 cadets de l'Ecole militaire de Wool-
wich.
La route jusqu'à Chislehurst sera bordée de
soldats pris dans la garnison de Woolwicli.
Londres, 7 juillet.
On mande du quartier général d'Erzunga-
Yankill,*14 juin, au Times :
Le lieutenant Carey est accusé, devant la cour
martiale présidée par le colonel Harrisson, d'a
voir abandonné le prince Louis-Napoléon.
Le lieutenant, dans son interrogatoire, a ré
pondu qu'il n'avait jamais été donné l'ordre de
traiter le prince comme un personnage royal,
mais comme un officier ordinaire.
Exemple de foi
DONNÉ PAR LE PRINCE IMPÉRIAL
On lit dans le Journal officiel :
Le président de la Chambre des députés
recevra au palais Bourbon MM. les séna
teurs et les députés, le lundi 14 juillet.
M. Gambetta inaugure donc ses
splendides réceptions le 14 juillet, et
les journaux radicaux font remarquer
que ce jour a été choisi intentionnel
lement, parce que c'est l'anniversaire
de la prise de la Bastille ; or, comme
ce premier exploit de la révolution se
résume dans un triomphe sans gloire
sur quelques invalides qui ne se sont
pas défendus et par de lâches massa
cres, on est en droit d'en conclure que
M. Gambetta et ses amis approuvent et
même glorifient les massacres. Le fait
était connu, mais il n'est pas inutile
d'enregistrer cet aveu.
Sous ce titre la Semaine religieuse
du diocèse d'Arras publie ies intéres
sants détails que voici :
La Semaine religieâsé n'arbore aucun dra
peau politique. Elle est exclusivement l'or
gane dès intérêts religieux ; et, sans s'in
féoder à aucun parti, elle se fait un devoir
de recueillir et d'offrir à ses lecteurs tout
ce qui peut être pour eux un utile exemple
et un objet d'édification. C'est à ce titre
qu'elle insère les détails qui suivent sur un
acte de religion accompli par le prince la
veille du jour où il s'est embarqué pour le
Zululand. Ils sont extraits d'une lettre que
M. le chanoine Toursel, desservant de la
Chapelle française à Londres, vient d'é
crire à Sa Grandeur Mgr l'Evêque d'Ar
ras.
M. l'abbé Toursel reçut, un jour de ca
rême, dans l'après-midi, la visite d'un
jeune homme, qui, sans dire son nom, se
présenta au prêtre, comme à ain compa
triote qui l'aiderait, à la veille d'un grand
voyage, à se mettre en règle avec Dieu et
à remplir le devoir pascal (1). Le vénéra
ble chanoine avait cru reconnaître son pé
nitent ; mais respectant l'incognito que le
prince avait voulu garder, il se contenta
de le confesser, dans le salon où il l'a
vait reçu, sans lui faire extérieurement
d'autre accueil qu'aux pénitents ordinaires
qui viennent le trouver chez lui. A son dé
part il se borna même à l'accompagner
jusqu'à la porte du salon, pour laisser à
cette visite le caractère de discrétion dont
on avait voulu l'entourer, et aussi pour
laisser à la foi et à la piété du jeune
prince la faculté de se maifester en toute
liberté.
Ici nous cédons la parole au pieux cor
respondant :
« En descendant, le jeune prince entra à
« la Chapelle, où il devait se croire seul et
« non observé. Il récita dévotement une
« courte prière. Puis se levant, il jeta ses
« regards autour de la chapelle; et on le
« vit s'arrêter pensif et soucieux devant un
« tableau représentant la sépulture de No-
« tre-Seigneur. Déposé plutôt qu'enveloppé
« dans un linceul, incliné, affaissé, Jésus
« n'est, pour ainsi dire, recouvert que de
« son ombre, qui rend presque noire la
« moitié de son corps. Le prince avait-il le
« pressentiment qu'à quelques mois delà,
« son corps entièrement dépouillé et percé
« serait porté dans un linceul fait d'une
« couverture de laine enroulée et affermie
« sur quatre lances de soldats africains ?
« Le prince plia le genou, dit une prière
« et passa à l'autel de la sainte Vierge. La
« statue est une Notre-Dame des Victoires.
« —Là, à deux genoux sur le plancher, on
« le vit élever les mains jointes à la hau-
« teur des yeux et adresser à la sainte
«Vierge une fervente prière. Le.mouvo-
« ment des lèvres était sensible. Mais que
« disait-il? C'est le secret de Dieu. — Ce
« que l'on sait, c'est que le barbare Zou-
« lou, qui après sa mort le dépouilla de
« tout, respecta le médaillon de la Vierge
« qu'il avait au cou et qui était la preuve
« de sa consécration à Marie, dont il por-
« tait les livrées, et de sa confiance filiale
« en sa maternelle protection.
« Le prince se releva, fit une génuflexion,
« prit de l'eau bénite et se signa. La per-
« sonne qui l'avait observé, sans le connaî-
« tre, lui ouvrit la porte sur la rue, et il
« sortit, dirigeant ses pas sur Windsor. Il
« avait voulu prendre congé de la Reine
'« du ciel avant d'aller prendre congé d'une
« reine de la terre, S. M. Victoria, qu'il
« aimait et qui lui rendait son affection. »
En apprenant la fin si tragique du jeune
prince, M. le chanoine Toursel fut touché d'u-,.
ne respectueuse et vive compassion pour sa
mère infortunée,qui désormais, abîmée dans
sa douleur, ne trouverait d'autres consola
tions que celles qui lui offraient la religion
et les espérances chrétiennes. Il s'était fait
un devoir d'adresser à Mme Le Breton,
sœur du général Bourbaki, attachée à la
personne de l'impératrice, une lettre de
respectueuse condoléance pour cette mère
désolée, et avait porté à sa connaissance,
comme dernière et précieuse consolation
chère à sa piété, les détails si édifiants rap
portés plus haut.
Il reçut de Mme Le Breton la réponse
suivante :
« Camden-House,Chislehurst, 25juin 1879.
L'impératrice a été profondément touchée des
sentiments que vous lui exprimez, et Sa Ma
jesté vous remercie des priôres que vous of
frez à Dieu pour le prince impérial. C'est le
seul adoucissement qu'on puisse apporter à son
immense douleur et à son malheur irrépa
rable.
Votre pressentiment ne vous a pas trompé, re
jeune Français que vous avez reçu et qui vous
avait tant frappé, c'était notre cher prince impé
rial. Il revint bien heureux, ce jour-là, de sa vi
site et des encouragements religieux qu'il trouva
auprès de vous.
Le prince a eu le bonheur de commimiei 1 avant
son départ, de grand matin.
Veuillez, monsieur, transmettre les remercie
ments de S. M. l'impératrice à tout le clergé de
la chapelle française.
Recevez, monsieur le chanoine, l'assurance de
mes sentiments les plus respectueux.
G. Le Breton-Bouhbaki.
Le Constitutionnel se dit en mesure
d'annoncer Jormellement que le prin
ce Napoléon se rendra à Chislehurst
pour les obsèques du prince impérial
et conduira le deuil.
On lit dans les Tablettes d'un
Spectateur :
Une chose très curieuse se produit en ce
moment, à propos du prince Napoléon.
Le Palais-Bourbon demanderait son ban
nissement de France, et l'Elysée s'y oppo
serait, par toutes sortes de raisons juridi
ques et politiques. M. Grévy a horreur des
mesures dictatoriales.
D'un côté, on ne raisonne pas; le ressen
timent et la crainte tiennent lieu de tout ;
mais, de l'autre côté, on s'appuie sur le
droit, la légalité et la justice. Néanmoins la
(1) En Angleterre, on peut remplir le devoir
pascal à partir dii mercredi des Cendres;'
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