Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1879-07-07
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 juillet 1879 07 juillet 1879
Description : 1879/07/07 (Numéro 4276). 1879/07/07 (Numéro 4276).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 7 Juillet 187Ô
N° 4276 — Édition quotidienne.
Lundi 7 Juillet ?87fc
PARIS
Un an. . , , 55 fr. »
Six mois ^ . 28 50
Trois mois 15 »
Un N&méro* à Paris
*» i)éparteiïiôiits;
DÉPARTEMENTS
Un an. ....... . . . . . .'. . ■; . 55fr. »
Six mais. 28 ' 80
Trois mois 15 »
Édition semi-quotidienne
Un an. 30 fr. — Six mois, 16 fr. — Trois mois, 8 fr. 50
L'UNIVBRS ne rép»id pas des manuscrite qui lai sont adressés
FRANGE
PARIS, 6 JUILLET 1879
Mauvaise foi 'ou. im&îe&i4é«? e'-esHe
thot qui contient .à la séance d'hifèr
poiir 8àfàctëriser l'orateur, les applau
dissements et les admirateurs. La ca
lomnie en a eu tous les honneurs et la
crédulité haineuse tous les profits. Si
les détracteurs des jésuites croient tout
ce qui a été dit & lii tribune contfe
feux, iis ne méritent que la pitié et un
traitement mental; s'ils ne le croient
Eas,cesont de malhonnêtes gens. Deux
eures durant, la compagnie de Jésus
a été vilipendée avec une traîtrise ré
voltante. C'est Une honte pour la tri
bune française que d'avoir produit un
pareil discours. De tels procédés de
discussion sont au-dessous de tout
mépris.
Si la république voulait faire lé
procès aux jésuites, au moins devait-
elle en agir avec eux selon les règles
de la justice ordinaire. Est-ce la doc
trine des jésuites qui est en cause?
Mais leur doctrine, sauf quelques
points particuliers, éet Celle de l'uni
versalité des théologiens et des mora
listes. Un calomniateur sans théologie,
sans dialectique, peut ramasser par ci
par là, dans des pamphlets misérables
ou dans des ouvrages qu'il est même
- incapable de comprendre, des bouts
de phrases équivoques, des mots sca
breux. Quel livre, quel corps de doc
trine résisterait aune pareille méthode
de falsification ? L'Evangile lui-même
ne se ferait pas absoudre. La doctrine
des jésuites, elle est dans cent ouvra
ges fameux de théologie et de droit
naturel, dont on peut croire que leurs
accusateurs ne savent même pas les
noms. Les ont-ils lus ou feuilletés seu
lement, pour les condamner? Qu'est-ce
que M. Paul Bert a à dire de Bellar-
..min, de Suarez, et de Bourdaloue?
Voilà les docteurs des jésuites.
Sont-ee leurs œuvres qu'on accuse?
ils ont servi l'Eglise par leur zèle dans
l'apostolat et honore l'esprit humain
par leurs grands travaux. Les jésuites
ont porté l'Evangile et la civilisation
dans les contrées les plus reculées en
même temps qu'ils illustraientles lettres
et les sciences. Leurs œuvres, ce sont des
multitudes d'ouvrages d'éducation, de
science, d'histoire, de philosophie, ap
préciés de tous ceux qui n ont pas,
comme les Paul Bert, pour tout baga
ge intellectuel quelques notions de
physiologie et la pratique du scalpel.
Est-ce à leur enseignement enfin
u'on en veut? Mais il a produit le
dix-septième siècle^ et il a plus que
jamais la confiance des familles.
M. Paul Bert n'a rien dit de tout '
cela. Il n'a point parlé des services
rendus par les jésuites à la civilisation
fet aux lettres, il n'a" examiné aucun
de leurs travaux, ni compté aucun de
leurs hommes. Des accusations misé
rables, ineptes, indignes même d'une
réfutation, voilà tout ce qu'il a pu
trouverl
Quelles accusations! Ce sont des ré
volutionnaires par principe, des sup
pôts de sociétés secrètes, des francs-
maçons qui accusent les jésuites d'être
un danger pour l'Etat, eux qui pro
clament l'insurrection le plus saint
des devoirs, eux qui ont déjà renversé
pendant leur vie trois ou quatre gou
vernements, et dont les théories com
me les actes tendent à détruire tout
pouvoir, à nier toute autorité! Ce sont
des libre-penseurs, sans foi, ni mo
rale, des matérialistes abrutis par les
plus dégradantes doctrines, des pro
fesseurs de scepticisme qui osent re
procher aux jésuites d'enseigner des
doctrines fausses et immorales. Ce sont
des hommes dont le plus souvent la
vie privée est un scandale, des habi
tués de théâtre et de boulevard, des li
bertins, des oisifs, des admirateurs ou
des complaisants de toutes les débau
ches de la civilisation moderne et de
toutes les turpitudes de Paris, qui ont
l'audace d'accuser les jésuites de. cor
rompre la jeunesse !
Si les jésuites sont coupables, pour
quoi ne les traduit-on pas devant les
tribunaux ordinaires? Ils ne demande
raient que des juges; mais on ne
leur donne jamais que des accusa
teurs. Leurs livres, leurs œuvres, leurs
hommes sont là : si vous connaissez
des crimes, déférez-les donc à la jus
tice. Soumettez aux magistrats ces
prétendues doctrines immorales, li
vrez à la censure ces livres dange
reux qui vous scandalisent. Voyons,
républicains, vous êtes les maîtres;
si vous croyez vraiment que les jésui
tes sont passibles de la loi, traduisez-
les devant les tribunaux! Mais nous
"vous en défions, parce que nous vous
défions de trouver un procureur qui
puisse refaire sérieusement et de bon
ne foi le discours de M. Paul Bert
un tribunal régulier qui puisse pro
noncer la sentence que vous allez
rendre. Cette épreuve judiciaire que
nous vous demandons, elle n'a jamais
été faite, elle ne le sera jamais : c'est
la justification des jésuites.
pour produire à la tribune toutes les
infamies que colporte quotidiennement
contre la religion et les religieux', y ne
presse immonde et déshonorée? Le
XfX" Siècle vailie lô talent de M. Paul
Bert et le Journal des Débats , rërichéi'is-
sant encore, n'a point assez d'admi
ration pour « ce beau discours si déci
sif. » A "ce compte, les dilettantes qui
goûtent une pareille éloquence ont le
devoir de donner ieâ héros du roman
naturaliste pour modèle du genre orâ-
toire, car il est vrai de dire que l'élo
quence de M. Paul Bert provoque le
dégoût; à l'égal d'un vomissement. Au
i-esie, nous sommes presque tentés de
)réféi'er ces brutalités révoltantes aux
ierfidiesdes délicats qui distillent dans
es Débats leurs venimeux commen-
aires. Qu'on en juge ;
QuVn p3nsent M. Paul Bert et les ca
suistes de la gauche?
On nous écrit de Versailles (Sénat),
le 5 juillet :
Séance d'affaires. Les affaires sont cho
ses sérieuses et intéressantes, mais il faut
voir comment elles sont traitées sous le ré
gime parlementaire I Aujourd'hui, par
exemple, il s'agissait des chemins de fer
d'intérêt général en Algérie; c'est une
grave question. Le ministre des travaux
publics demande l'établissement d'une
trentaine de lignes, et bien, c'est h peine si
l'on était en nombre et si, parmi les hono
rables présents à leur poste, une dizaine
suivaient Sut 1 la carte les tracés qu'ils
î
Arthur Loth.
S'agit-il bien de discuter une loi
^ ... . . .......... _
sur l'enseignement supérieur, ou la
discussion n'est-elle plus qu'un pré
texte aux discoureurs de la gauche
vous, les .jésuites ne dirigent pas des éta
blissement de ûlles ; ils n'instruisent que
les hommes. Oui ; mais leur action sur l'é
ducation des filles) pour être indirecte, n'est
pas ffioifis puissante et envahissante. Là
aussi souffle l'esprit étrange et pernicieux
de la compagnie. A l'éducation simple,
saine et raisonnable, que jadis les congré
gations de femmes donnaient à des filles
destinées h vivre dans le monde, les con-:
grégations nouvelles, inspirées par les jé
suites, imbues de leur esprit et appliquant,
avec leurs doctrines, leurs méthodes et
leurs procédés de discipline psychologique,
ont substitué je ne sais quelle éducation
romantique et mystique qui fait appel aux
sens et surexcite les imaginations. Suivant
le célèbre procédé d'Ignace de Loyola, on
soumet ces jeunes filles, qui doivent être,
notez-le, non des religieuses, mais^des mè
res de famille; on les soumet aux pratiques
de la méditation solitaire, intense, prolon
gée, capable de conduire l'esprit à l'extase :
c'est « l'hallucination organisée ». Et sur
quels sujets do méditation! Nous touchons
à la partie du discours qui a le plus frappé
la. Chambre, lorsque l'orateur a indiqué
quelques-uns de ces sujets bizarres, sca
breux, où l'esprit de l'élève est concentré
sur des détails qu'il importerait le plus de
laisser dans l'ombre. Faut-il le dire ? ces
détails sont tels, que M. Paul Bert a pu
à peine les mentionner. Les textes mêmes,
il n'a point osé les lire, et ce qu'il en laissait
entrevoir no justifiait que trop ses réticen
ces et ses hésitations.
— Lisez \ criaient les curieux. — M. Paul
Bert ne le pouvait. Il y a, dit-il, des dameS
et des jeunes personnes dans les tribunes.
Et dè cette situation singulière tirant la
moralité, avec un rare bonheur d'expres
sion il ajoutait : «Situation étrange, n'est-
il pas vrai? qu'un orateur à cette tribune,
deva.nt une assemblée d'hommes, ne puisse
donner lecture des sujets proposés aux mé
ditations des jeunes filles élevées dans les
établissements congréganistes... » Anti
thèse accablante pour ces Congrégations.
La gauche entière a éclaté en de longs ap
plaudissements répétés à plusieurs repri
ses. C'est la condamnation de cette éduca
tion jésuitique.
Ainsi, voilà qui est-entendu. A en
croire M. Paul Bert et ses interprètes,
plus odieux que lui-même, c'est à dé
florer, c'est à salir, c'est à corrompre
l'imagination et le cœur des jeunes
filles que s'applique l'éducation reli
gieuse dans les couvents. Et non-seu
lement tel est le but, mais il y a pour
cela des livres tout faits et des métho
des savamment préparées !
Ah ! l'on voit bien que les miséra
bles qui osent ainsi jeter l'insulte à
toutes les jeunes filles, à toutes les
femmes, à toutes les mères chrétien
nes, ignorent eux-mêmes toutes les
délicatesses et la pureté d'un ensei
gnement qui n'a pas, au contraire, de
sollicitude plus instante que de gar
der et de préserver l'innocence! «C'est
une chenille qui veut ternir une fleur»,
a dit le poëte, à propos de ces calom
niateurs apharnés après la vertu. Ja
mais parole ne fut plus vraie. Lors
que M. Paul Bert et ses pareils, à des
sein de provoquer les rires grossiers
d'un auaitoire sans pudeur,entrepren
nent ainsi de travestir nos saints
mystères, lorsqu'aux méditations pro
posées sur ces mystères divins, ils vien
nent substituer leurs propres médi
tations, fruit infect d'une imagination
pervertie, que font-ils, sinon montrer
leur propre turpitude?
On l'a dit encore. « Il n'est mot si
chaste dont ne puisse tirer quelque
indécences l'esprit corrompu d'un li
bertin». Jamais cette réflexion n'aura
paru plus vraie que dans la séance
d'hier, et, à ce point de vue, la dé
monstration de M. Paul Bert est en
effet très concluante. Combien, dira-
t-on, faut-il que l'enseignement maté
rialiste ruine dans l'âme toute simpli
cité et toute fraîcheur pour que ses
adeptes viennent ainsi, publiquement,
faire étalage des ignominies qu'ils
tirtent, de leur propre cerveau, pour
les glisser dans les maisons virgina
les, qui sont les asiles de l'innocence
et de la vertu !
A uguste R oussel.
Dans le discours de M. Paul Bert
comme dans celui de la plupart des
orateurs de gauche, on retrouve natu
rellement la vieille calomnie des
« deux morales », imputées aux jésui
tes comme à tous les casuistes catholi
ques, Or, aujourd'hui nous lisons dans
le Siècle, à propos des principes qu'il
convient de suivre en politique :
Les vues, la conception de la politique
qui sont justes et efficaces dans l'opposition
sont fausses et impraticables lorsqu'un parti
est au pouvoir.
Voilà bien, ici, pris en flagrant de-
lit, l'enseignement des deux morales.
allaient, \o
- 1 ' 1 nrojet ont été
Plusieurs disposition?
critiquéës par M; le générâl Robert, *i
M. Cailidiix dui; étfet de k droite, fl'ofit
pas obtenu gain de causé. M. de Freycinet
a pris deux ou trois fois la parole et a eu lê
plaisir de voir voter en première lecture le
classement qu'il proposait.
Mentionnons pour mémoire le vote sans
discussion d'un projet qui modifie l'impôt
perçu sur les voitures en service régulier,
une collection d'emprunts locaux, la modi
fication des articles 656 et 672 du code de
procédure civile, enfin la liquidation des
caisses départementales et municipales
d'Alsace-Lorraine.
Tous ces projets, entremêlés de la céré
monie ordinaire des scrutins, ont fait pas
ser aux sénateurs une après-midi des plus
monotones qu'est venue cependant égayer
un moment la présence de M. Dauphin.
M. le procureur général près la cour de
Paris pe fait rare à Versailles depuis qu'il
est dans les honneurs, mais il a su que M.
de Cassagnac, trop souffrant pour venir
hier à la Chambre, y ferait aujourd'hui une
rentrée triomphante, et il n'a pas voulu
sans doute avoir l'air de s'éclipser.
M. Dauphin, lui, ne triomphant pas, il a
reçu d'un air déconfit quelques compli
ments de condoléances et, avant de dispa
raître, a causé de ses mésaventures avec
M. Bertauld. La conversation des deux
honorables magistrats ne semblait pas très
gaie :
— Bertauld, qui l'eût dit?
— Dauphin, qui l'eût cru?
On nous écrit de Versailles (Cham
bre des députés) le 5 juillet :
La première révolution inventa l'assassi
nat juridique. La troisième, marchant sur
les traces de son aïeule, et comme elle pro
fessant la justice, est sur le point de décré
ter la proscription juridique. Tel est l'objet
du fameux article 7 du projet Ferry, pré
sentement en discussion.
L'honorable M. Relier, se faisant en cela
l'organe de l'opinion publique indignée,
s'est levé contre cette tentative révolution
naire; dans un discours nerveux et éloquent,
il a fait justice de tous les prétextes et de
toutes Les calomnies dont les Ferry, les
Spuller et les Paul Bert l'avaient envelop
pée pour fausser la conscience du peuple
et pousser celle-ci à tourner contre des inno
cents les colères qu'elle réserve aux scé
lérats.
Toutes les accusations et insinuations
venimeuses dirigées avec une perfidie con
sommée contre l'enseignement, l'esprit, le
patriotisme et les statuts des jésuites, l'o-
raleur catholique, par ses explications lu
mineuses, n'en a rien laissé subsister. Ces
maisons des jésuites, que le citoyen Ferry
trouve tantôt trop sombres, tantôt confor
tables ou'trop riantes, suivant les besoins
de sa cause, M.-Relier #n a ouvert les por
tes tout au large et a convié tout le mon
de à voir ce qui s'y passe. On croyait y
voir l'ignoble légende inventée ppar tous
les ennemis de l'Eglise réunis, mais la bête
avait disparu, ua simple rayon de lumière
l'avait fait fuir. Cela ne faisait par le comp
te des Jacobins. Aussi leur colère a-t-elle
bientôt passé toutes les bornes.
A chaque instant ils se livraient à des
interruptions, qui en même temps qu'elles
nous révélaient l'intensité de leur haine,
nous permettaient encore d'apprécier la
distinction de leur éducation. 11 suffisait
d'entendre leurs cris, tantôt aigus, tantôt
rauques, et de voir leurs mouvements épi-
leptiques, pour conclure qu'ils ne sortaient
pas des collèges des jésuites. Si cependant
quelqu'un pouvait encore conserver quel
ques doutes sur ce point, l'interruption ob
scène d'un député do la gauche, que je ne
veux pas nommer, a dû les lever entière
ment, M. Margue s'était contenté d'être
puant, celui-ci a été infect.
Une autre interruption, celle-ci digne de
Raoul Rigault, manifeste d'une manière
trop énergique et trop soudaine les nobles
sentiments qui animent le citoyen Bert, son
auteur, pour que nous ne le signalions pas
au public. M. Relier, parlait des divers ac
cès dé fièvre anticongréganistes, c'est-à-
dire des persécutions diverses que les jé
suites avaient eu à subir et se demandait
ce qui pourrait leur advenir dans l'avenir:
Le citoyen Peul Bert a répondu de son
banc cette facétie lugubre : « Les jésuites
ont inventé le quinquina; c'est le moment
pour eux, de s'en servir contre les accès de
de fièvre dont vous parlez. » La gauche a
accantué cela par dss rires et des applau
dissements. Et le sang des martyrs de la
rue Haxo n'est pas encore sec !
Et c'est l'auteur de cette belle plaisante
rie, c'est le citoyen Paul Bert, qui, pour ré
pondre à la belle apologie des jésuites de M.
Relier, vient dans une longue, fastidieuse
et indigeste compilation accuser l'enseigne
ment des jésuites d'immoralité !'
Nous soutenons que le citoyen Paul
Bert ne pouvait point parler de morale, et
cela pour plusieurs raisons, dont la princi
pale est qu'il est matérialiste, ce qui impli
que la négation radicale de l'âme, du libre
arbitre, de la liberté, de la volonté, delà
conscience et de la responsabilité, bases et
conditions de la morale.
Le discours par lequel le citoyen vient de
couvrir d'une sympathique amnistie ceux
qui, pour nous servir d'une expression de
son digne ami Ferry, ont étonné le monde
par, les crimes qu'ils ont commis, ce dis
cours à lui seul en est la preuve. Quand un
homme est assez dénué do sens moral pouj
se montrer sympathique au citoyen Amou-
roux et à ses aides sous la Commune, il n'a
pas le droit de parler au nom de la morale,
à moins que ce ne soit la morale de la
Commune. Alors qu'il le dise.
Que si maintenant j'examine sa compila
tion en elle-même, j'y vois que c'est une
sorte d'égoût collecteur où sont venues
confluer toutes les calomnies qui traînent
1 ""is les loges maçonniques, dans les li-
, " '- f »set dans les libelles de la
fres jâîisis»»»c. 'n S le citoyen Paul
libre peiïsée; Ua peu o uant à
Bert nôtis ci'ait les Mottîta secretu. „
ee qu'il peut y avoir dë ffetî dêaé le s, cita
tions qu'il a faites, s'il avait quelque iiortion
philosophique, s'il s'élevait un peu plus
haut que les maîtres d'étude des maisons
universitaires, au lieu de les critiquer, il
lest eût admirées et glorifiées, notamment
celle qui pose la question éminemment mi
séricordieuse pour le pauvre, de savoir si
un homme placé entre le devoir de conser
ver sa vie et celui de voler Un morceau de
pain, est autorisé, sans faute grave, à pren
dre ce dernier parti.
Mais enfin, puisque le citoyen Paul Bert
blâme la morale des jésuites, c'est qu'il en
a une supérieure. Nous serions heureux
qu'il voulût bien nous la faire connaître.
En attendant, nous persistons à croire que
la morale qui découle logiquement du ma
térialiste est Celle qu'a pratiquée la com
mune.
On lit dans le Globe , journal peu
suspect de favoriser les jésuites et les
catholiques :
M: Paul Bert, dans sa réponse, s'est at
taché d'abord à démontrer qu'il étaitnéccs-
saire de voter l'article 7, et à tenté de prou
ver qu'il ne portait aucune atteinte à la li
berté de l'enseignement. La thèse est quel
que peu paradoxale, et on pourrait tout aussi
bien prétendre que la liberté d'association
n'est nullement lésée.
On lit dans les Nouvelles de l er-
sailles :
La réunion hebdomadaire des bureaux
des droites royalistes du Sénat et de la
Chambre, qui se tient ordinairement le ven
dredi, n'a eu lieu que samedi. On a cons
taté dans cette réunion l'excellent résultat
des conférences populaires, et décidé que
les sénateurs et les 'députés useraient de
toute leur influence pour les propager tant
à Paris que dans les départements.
Vojci comment le Constitutionnel ap
précie le hideux discours de M. Paul
Bert :
M. Paul Bert refait son discours; il nous
lit sans rire des passages des Monita sé
créta, et il apprend à la gauche terrifiée que
les jésuites enseignent aux élèves « à se
réjouir de la mort de leur père », à tuer
«si l'action est justifiée par une intention
secrète», à voler les riches, car voler un
homme riche n'est point un péché.
Et la gauche feint de croire à toutes ces
infamies 1 Elle profère des cris d'indigna
tion; elle approuve M. Paul Bert lorsqu'il
blâme les jésuites « de trop parler à la jeu
nesse de l'Annonciation et de ses consé
quences. »,
Mais, à ce compte, M. Paul Bert devrait
ausSi exclure tous les prêtres,- tous, sans
exception ; car eux aussi croient au mys
tère de l'incarnation et le recommandent au
respect des fidèles.
Un catholique qui lui du moins croit ce
qu'il dit, M. de la Bassetière, s'écrie que
l'orateur a calomnie les catholiques, et M.
Gambetta rappelle à l'ordre le député de la
droite.
M. de Maillé, qui n'hésite pas devant un
rappel à l'ordre, maintient que M. Paul
Bert vient de calomnier la France catholi
que, et lui aussi est rappelé à l'ordre par
M. Gambetta.
Ces catholiques seront toujours incorri
gibles 1 Ce sont eux qui troublent l'ordre',
même lorsque leurs adversaires, abusant
de leur force, les accablent d'outrages et
insultent à leurs croyance.
On disàit jadis : A l'Abbaye ! On dit au
jourd'hui : A l'ordre !
D'autre part, nous lisons dans Paris-
Journal : ' .
Remarquez que M. Paul Bert n'a pas
même le mérite de ces trouvailles. Il a pillé
Génin. Supposant d'ailleurs que ces cita
tions un, peu antiques ne produiraient
qu'une impression médiocre sur son audi
toire, il a essayé de déterrer quelques
maximes contestables dans les catéchismes
contempprains.il s'est montré extrêmement
jaloux, plus jaloux que les mères de famille,
de la pudeur des jeunes filles qui étudient
dans les couvents. Il veut préserver leur
organicisme (sic). Laissons cela. Sur ce ter
rain, M. Paul Bert a été absolument répu
gnant. Dans tous les cas, il ne s'agit plus
ici de jésuites; mais du clergé séculier, des
curés et desservants, dont le catéchisme est
le domaine. Il faut donc aussi les proscrire,
ceux-là? La conclusion naturelle, la conclu
sion logique du réquisitoire insensé de M.
Bert serait l'expulsion immédiate et en
masse du clergé français. Ou sa diatribe ne
signifie rien, ou elle signifie cela. C'est à M.
Ferry de voir s'il veut tenter l'entreprise. ,
La commission u». mme , e Cham
bre des députés pour la loi P^e de ga
rantie, s'est prononcée â l'unanimité
pour le rétablissement de l'article 5
du projet gouvernemental qui donnait
aux présidents des deux Chambres le
droit de réquisition directe de la force
militaire, m. Gambetta ne veut pas
être obligé .de faire passer ses réquisi
tions par l'intermédiaire du ministre
de la guerre.
Voilà un conflit en perspective entre
le Sénat et la Chambre des députés;
nous pourrons y revenir.
La commission a nommé président,
M. Louis Blanc; secrétaire, M.Ménard-
Dorian, rapporteur, M- Floquet.
National affecte de ne pas être
trop mécontent de l'acquittement de
M. Paul de Cassagnac. Cependant il
reproche aigrement aux fonctionnai
res chargés de former la liste du jury
de n'avoir pas su ^choisir des jurés de-"
cidés à juger, non pas en conscience,
mais en bons républicains, c'est-à-dire
à condamner tout adversaire politique
du gouvernement.
Il est probable que ce conseil sera
pour l'avenir entendu et suivi. La ré
publique ne doit pas permettre, en ef
fet, que des jurés acquittent ceux dent
MM. Leroyer, Lepère et Dauphin éprou
vent le besoin de se débarrasser.
On lit dans l'Ordre ;
Cette grande bataille entre les jésuites et
M. Ferry commence à devenir insipide; le
Pombal français est véritablement trop mé-
dioce pour nous intéresser. Jeudi, comme
M. Relier lui remettait sous les yeux quel
ques insanités tombées naguère de ses lè
vres dans une réunion franc-maçonnique,
il a répondu ingénûment : « Avec deux
mots de l'écriture d'un homme, on peut le
faire pendre ! » C'est précisément le cas de
M" Ferry : il veut pendre les jésuites avec
deux mots de leur écriture.
Pardon ! Ce n'est pas même avec deux
mots de leur écriture que M. Ferry veut
pendre les jésuites, c'est avec l'écriture
de prêtres étrangers à la compagnie
de Jésus ou mêmes de laïques. En ef
fet, sur les quatre écrivains que le mi
nistre franc-maçon a cités pouf éta
blir que les jésuites, ne pensant comme
lui, doivent être pendus, deux sont
laïques et un troisième appartient au
clergé séculier.
On lit dans la République française :
Notre ami M. JeanMacé vient d'adresser
la lettre suivante à Ja rédaction du Soleil :
Monsieur lejédacteur,
Dans l'article Catholieisme ou Sêcialisme, que
vous publiez aujourd'hui, il est question d'une
conversation que j'ai eue en 1849 avec un père
de famille catholique.
Il m'est impossible, à cette distance, de me
rappeler ce que j'ai pu dire, ni en quels termes,
ni comment cela est venu. Mais des paroles que
l'on m'attribue il n'y en a qu'une dont je veuille
eudosser la responsabilité; c'est qu'à mes yeux
le seul ennemi sérieux, je ne dirai plus du so
cialisme — on a changé- Je sens que ce mot-là
avait alors pour moi — mais de la république,
c'est le catholicisme, j'entends le cléricalisme.
Cela, je suis très fier de l'avoir déjà dit il y a
trente ans.
Le reste, je le désavoue, et comme forme et
comme fond.
Il n'est pas question d'ailleurs, aujourd'hui, de
forcer aucun « père sincèrement catholique » de
« nous livrer son enfant pour le faire instruire ».
Cela se faisait aux beaux joura de la révocation
de l'édit de Nantes : la loi Ferry n'en parle pas.
Recevez, monsieur le rédacteur, toutes mes sa
lutations.
Jean Macé.
Jadis, le F.-. Jean Macé, ayant be
soin de faire accepter sa ligue de l'en
seignement, jurait qu'il ne poursuivait
d'autre but que l'extension de l'ins
truction primaire, et qu'il ne faisait la
guerre qu'à l'ignorance. Aujourd'hui,
se sentant fort de l'appui des EF.\
Ferry, Le Royer, Tirard, etc., le F.\
Mace jette le masque et déclare que
« le seul ennemi serieux de la répu
blique, c'est le catholicisme ». Donc,
il faut faire une guerre acharnée au
catholicisme. Cela va de soi, et le F. - .
Macé ne prend même pas la peine de
l'ajouter. Il va de soi également, étant
donnée l'absence de scrupules des ré
publicains, " que la guerre sera dé
loyale.
Du reste, ,frère Macé donne la me
sure de sa loyauté, lorsqu'il soutient
« qu'il n'est pas question aujourd'hui
de forcer aucun père sincèrement ca
tholique à livrer son enfant aux radi
caux pour le faire instruire ». Est-ce
qu'il ignorerait que le projet de M.
Ferry frappe les congrégations
non autorisées, uniquement pour met
tre la plupart des pères de famille sin
cèrement catholiques dans l'obligation
de livrer leurs enfants à l'université
pour les faire instruire? N'a-t-il pas
entendu parler des amendements des
citoyens Madier de Montjau, Marcou et
autres, qui frappent non-seulement
les congrégations non autorisées, mais
le clergé tout entier, et qui, repoussés
aujourd'hui comme inopportuns, re
viendront demain peut-être sur la
proposition du ministre Ferry ?
Enfin, n'a-t-il pas entendu parler du
pçpjet de loi sur l'enseignement pri
maire laïque et obligatoire , dont le ci
toyen Paul Bert vient d'être nommé
rapporteur? Est-ce que ee projet de loi
ne force pas les pères sincèrement ca
tholiques, dans la plus la grande par
tie des communes, à livrer leurs en
fants pour les faire instruire ?
En présence de faits semblables, il
faut toute la mauvaise foi maçonnique
pour nier la tyrannie. D'ailleurs, cette
tyrannie est la conséquence logique
des doctrines développées à la tribune
de la Chambre des députés par les ci
toyens Ferry, Paul Bert, Spuller et
Deschanel, doctrines contre lesquelles
des républicains comme MM. Bardoux,
Ribot et Lamy ont vainement pro
testé.
Du reste, la République française elle-
même semble trouver l'assertion du
F.'. Macé un peu trop forte, car elle
rejette fort loin la lettre de son
« ami ».
On lit dans le Journal du Loiret :
Le gouvernement, appelé à prévoir le
cas où les électeurs de Bordeaux persiste
raient à porter Blanqui aux prochaines élec
tions de la Gironde, vient de prendre une
décision énergique, et nous aimons à croire
qu'il la tiendra. Il a donc décidé qu'un avis
préalable porterait à la connaissance des
électeurs sa résolution de ne tenir aucun
compte des voix qui se grouperaient sur le
nom du trop célèbre agitateur, et qu'au be--
soin il provoquerait les sévérités de la loi
contre ceux qui entendraient passer outie
à sa volonté dictée parle souci de la légali
té. Il reste en outre entendu que, si Blanqui
obtenait la majorité, c'est le candidat qui
aurait recueilli le plus de voix après" lui qui
serait proclamé instantanément députe.
Que le gouvernement prévienne les
électeurs bordelais qu'ils ne doivent
pas voter pour M. Blanqui, qui, ayant
été gracie, mais après le délai fatal,
ne recouvre pas ses droits politiques et
n'est pas éligible, c'est possible; mais
cela n'aura vraisemblablement d'au
tre résultat que de faire obtenir un
plus grand nombre de voix au vieux
démagogue.
Que le gouvernement, faisant main
tenant ce qu'il devait, mais n'a pas
osé faire il y a quelques semaines, re
garde comme nulles les voix données
à M. Blanqui et proclame député son
concurrent, cela n'est pas impossible,
mais nous croyons peu à cette fermeté
tardive. Notre gouvernement, qui aime
à se procl amer fort, est essentiellement
faible, et il y regardera à deux fois
avant de se heurter aux intransigeants,
qui ne lui pardonneraient pas dedédai-
gner ainsi le suffrage universel. D'ail
leurs on annonce que M. Raoul Duvâl
pose sa candidature à Bordeaux sur le
terrain du libre-échange : ce serait s ans
doute à,lui que profiterait l'annulation
des voix de Blanqui. Cette perspective
fera hésiter encore davantage le gou
vernement.
Quant à la menace de « provoquer
les sévérités de la loi contre ceux qui
entendraient passer outre à la volonté
du gouvernement dictée par le souci
(tardif) de la légalité», nous ne la
comprenons pas bien. Veut-on dire
que si les électeurs de Blanqui protes
tent par une émeute, on ne leur per
mettra pas de porter le désordre dans
la rue? C'est inutile, car cela va de soi.
Si avancés que nous soyons dans la
voie qUi nous mène à la république ra
dicale, nous n'en sommes pas encore
au point où l'émeute deviendra le plus
sacré des droits et le plus saint des de
voirs. Aurait-on l'intention de pour
suivre les électeurs de Blanqui ? Il y
aurait â cela deux difficultés ; le yote
est libre et secret.
En résumé, la note du Journal du
Loiret ne prouve bien quune chose:,
c'est que le gouvernement est aussi
embarrassé actuellement de Blanqui
en liberté que jadis de Blanqui à
Clairvaux^, Avec leurs demi-mesures,
les ministres n'ont fait que compli
quer la situation, et nous doutons
qu'ils en sortent à leur honneur. La
perspective de leur défaite nous laisse,
du reste, parfaitement indifférents.
A. R astoul.
Comme les années précédentes, une
messe sera dite en l'eglise Saint-Ger
main des Prés, le 15 juillet prochain,
à neuf heures précises du matin, à
l'occasion de la fête du chef de la mai
son de France.
Une quête sera faite au profit des
écoles congréganistes du département
de la Seine.
On lit dans le Petit Caporal :
Une dépêche de Chislehurst nous an
nonce que les obsèques du prince impérial
auront lieu le samedi 12 juillet.
Nouvelles politiques
On lit dans les Tablettes d'un Specta
teur :
Le bruit court qu'un très haut fonctionnaire de
l'un de nos plus importants départements méri
dionaux serait accusé de malversations dans la
gestion dés finances départementales. On assure
que l'affaire sera évoquée à la prochaine session
du'conseil général.
Cette affaire'cause une très vive émotion dans
les hautes régions administratives.
M. I-Iérold, préfet de la Seine, vient de
prendre un arrêté convoquant les électeurs
du quartier d'Europe (8 e arrondissement
de Paris), pour le dimanche 3 août pro
chain. •
Les journaux radicaux annoncent qu'à la
suite d'une altercation avec M. Tassin, dé
puté de Loir-et-Cher, M. Corbin, juge au
N° 4276 — Édition quotidienne.
Lundi 7 Juillet ?87fc
PARIS
Un an. . , , 55 fr. »
Six mois ^ . 28 50
Trois mois 15 »
Un N&méro* à Paris
*» i)éparteiïiôiits;
DÉPARTEMENTS
Un an. ....... . . . . . .'. . ■; . 55fr. »
Six mais. 28 ' 80
Trois mois 15 »
Édition semi-quotidienne
Un an. 30 fr. — Six mois, 16 fr. — Trois mois, 8 fr. 50
L'UNIVBRS ne rép»id pas des manuscrite qui lai sont adressés
FRANGE
PARIS, 6 JUILLET 1879
Mauvaise foi 'ou. im&îe&i4é«? e'-esHe
thot qui contient .à la séance d'hifèr
poiir 8àfàctëriser l'orateur, les applau
dissements et les admirateurs. La ca
lomnie en a eu tous les honneurs et la
crédulité haineuse tous les profits. Si
les détracteurs des jésuites croient tout
ce qui a été dit & lii tribune contfe
feux, iis ne méritent que la pitié et un
traitement mental; s'ils ne le croient
Eas,cesont de malhonnêtes gens. Deux
eures durant, la compagnie de Jésus
a été vilipendée avec une traîtrise ré
voltante. C'est Une honte pour la tri
bune française que d'avoir produit un
pareil discours. De tels procédés de
discussion sont au-dessous de tout
mépris.
Si la république voulait faire lé
procès aux jésuites, au moins devait-
elle en agir avec eux selon les règles
de la justice ordinaire. Est-ce la doc
trine des jésuites qui est en cause?
Mais leur doctrine, sauf quelques
points particuliers, éet Celle de l'uni
versalité des théologiens et des mora
listes. Un calomniateur sans théologie,
sans dialectique, peut ramasser par ci
par là, dans des pamphlets misérables
ou dans des ouvrages qu'il est même
- incapable de comprendre, des bouts
de phrases équivoques, des mots sca
breux. Quel livre, quel corps de doc
trine résisterait aune pareille méthode
de falsification ? L'Evangile lui-même
ne se ferait pas absoudre. La doctrine
des jésuites, elle est dans cent ouvra
ges fameux de théologie et de droit
naturel, dont on peut croire que leurs
accusateurs ne savent même pas les
noms. Les ont-ils lus ou feuilletés seu
lement, pour les condamner? Qu'est-ce
que M. Paul Bert a à dire de Bellar-
..min, de Suarez, et de Bourdaloue?
Voilà les docteurs des jésuites.
Sont-ee leurs œuvres qu'on accuse?
ils ont servi l'Eglise par leur zèle dans
l'apostolat et honore l'esprit humain
par leurs grands travaux. Les jésuites
ont porté l'Evangile et la civilisation
dans les contrées les plus reculées en
même temps qu'ils illustraientles lettres
et les sciences. Leurs œuvres, ce sont des
multitudes d'ouvrages d'éducation, de
science, d'histoire, de philosophie, ap
préciés de tous ceux qui n ont pas,
comme les Paul Bert, pour tout baga
ge intellectuel quelques notions de
physiologie et la pratique du scalpel.
Est-ce à leur enseignement enfin
u'on en veut? Mais il a produit le
dix-septième siècle^ et il a plus que
jamais la confiance des familles.
M. Paul Bert n'a rien dit de tout '
cela. Il n'a point parlé des services
rendus par les jésuites à la civilisation
fet aux lettres, il n'a" examiné aucun
de leurs travaux, ni compté aucun de
leurs hommes. Des accusations misé
rables, ineptes, indignes même d'une
réfutation, voilà tout ce qu'il a pu
trouverl
Quelles accusations! Ce sont des ré
volutionnaires par principe, des sup
pôts de sociétés secrètes, des francs-
maçons qui accusent les jésuites d'être
un danger pour l'Etat, eux qui pro
clament l'insurrection le plus saint
des devoirs, eux qui ont déjà renversé
pendant leur vie trois ou quatre gou
vernements, et dont les théories com
me les actes tendent à détruire tout
pouvoir, à nier toute autorité! Ce sont
des libre-penseurs, sans foi, ni mo
rale, des matérialistes abrutis par les
plus dégradantes doctrines, des pro
fesseurs de scepticisme qui osent re
procher aux jésuites d'enseigner des
doctrines fausses et immorales. Ce sont
des hommes dont le plus souvent la
vie privée est un scandale, des habi
tués de théâtre et de boulevard, des li
bertins, des oisifs, des admirateurs ou
des complaisants de toutes les débau
ches de la civilisation moderne et de
toutes les turpitudes de Paris, qui ont
l'audace d'accuser les jésuites de. cor
rompre la jeunesse !
Si les jésuites sont coupables, pour
quoi ne les traduit-on pas devant les
tribunaux ordinaires? Ils ne demande
raient que des juges; mais on ne
leur donne jamais que des accusa
teurs. Leurs livres, leurs œuvres, leurs
hommes sont là : si vous connaissez
des crimes, déférez-les donc à la jus
tice. Soumettez aux magistrats ces
prétendues doctrines immorales, li
vrez à la censure ces livres dange
reux qui vous scandalisent. Voyons,
républicains, vous êtes les maîtres;
si vous croyez vraiment que les jésui
tes sont passibles de la loi, traduisez-
les devant les tribunaux! Mais nous
"vous en défions, parce que nous vous
défions de trouver un procureur qui
puisse refaire sérieusement et de bon
ne foi le discours de M. Paul Bert
un tribunal régulier qui puisse pro
noncer la sentence que vous allez
rendre. Cette épreuve judiciaire que
nous vous demandons, elle n'a jamais
été faite, elle ne le sera jamais : c'est
la justification des jésuites.
pour produire à la tribune toutes les
infamies que colporte quotidiennement
contre la religion et les religieux', y ne
presse immonde et déshonorée? Le
XfX" Siècle vailie lô talent de M. Paul
Bert et le Journal des Débats , rërichéi'is-
sant encore, n'a point assez d'admi
ration pour « ce beau discours si déci
sif. » A "ce compte, les dilettantes qui
goûtent une pareille éloquence ont le
devoir de donner ieâ héros du roman
naturaliste pour modèle du genre orâ-
toire, car il est vrai de dire que l'élo
quence de M. Paul Bert provoque le
dégoût; à l'égal d'un vomissement. Au
i-esie, nous sommes presque tentés de
)réféi'er ces brutalités révoltantes aux
ierfidiesdes délicats qui distillent dans
es Débats leurs venimeux commen-
aires. Qu'on en juge ;
QuVn p3nsent M. Paul Bert et les ca
suistes de la gauche?
On nous écrit de Versailles (Sénat),
le 5 juillet :
Séance d'affaires. Les affaires sont cho
ses sérieuses et intéressantes, mais il faut
voir comment elles sont traitées sous le ré
gime parlementaire I Aujourd'hui, par
exemple, il s'agissait des chemins de fer
d'intérêt général en Algérie; c'est une
grave question. Le ministre des travaux
publics demande l'établissement d'une
trentaine de lignes, et bien, c'est h peine si
l'on était en nombre et si, parmi les hono
rables présents à leur poste, une dizaine
suivaient Sut 1 la carte les tracés qu'ils
î
Arthur Loth.
S'agit-il bien de discuter une loi
^ ... . . .......... _
sur l'enseignement supérieur, ou la
discussion n'est-elle plus qu'un pré
texte aux discoureurs de la gauche
vous, les .jésuites ne dirigent pas des éta
blissement de ûlles ; ils n'instruisent que
les hommes. Oui ; mais leur action sur l'é
ducation des filles) pour être indirecte, n'est
pas ffioifis puissante et envahissante. Là
aussi souffle l'esprit étrange et pernicieux
de la compagnie. A l'éducation simple,
saine et raisonnable, que jadis les congré
gations de femmes donnaient à des filles
destinées h vivre dans le monde, les con-:
grégations nouvelles, inspirées par les jé
suites, imbues de leur esprit et appliquant,
avec leurs doctrines, leurs méthodes et
leurs procédés de discipline psychologique,
ont substitué je ne sais quelle éducation
romantique et mystique qui fait appel aux
sens et surexcite les imaginations. Suivant
le célèbre procédé d'Ignace de Loyola, on
soumet ces jeunes filles, qui doivent être,
notez-le, non des religieuses, mais^des mè
res de famille; on les soumet aux pratiques
de la méditation solitaire, intense, prolon
gée, capable de conduire l'esprit à l'extase :
c'est « l'hallucination organisée ». Et sur
quels sujets do méditation! Nous touchons
à la partie du discours qui a le plus frappé
la. Chambre, lorsque l'orateur a indiqué
quelques-uns de ces sujets bizarres, sca
breux, où l'esprit de l'élève est concentré
sur des détails qu'il importerait le plus de
laisser dans l'ombre. Faut-il le dire ? ces
détails sont tels, que M. Paul Bert a pu
à peine les mentionner. Les textes mêmes,
il n'a point osé les lire, et ce qu'il en laissait
entrevoir no justifiait que trop ses réticen
ces et ses hésitations.
— Lisez \ criaient les curieux. — M. Paul
Bert ne le pouvait. Il y a, dit-il, des dameS
et des jeunes personnes dans les tribunes.
Et dè cette situation singulière tirant la
moralité, avec un rare bonheur d'expres
sion il ajoutait : «Situation étrange, n'est-
il pas vrai? qu'un orateur à cette tribune,
deva.nt une assemblée d'hommes, ne puisse
donner lecture des sujets proposés aux mé
ditations des jeunes filles élevées dans les
établissements congréganistes... » Anti
thèse accablante pour ces Congrégations.
La gauche entière a éclaté en de longs ap
plaudissements répétés à plusieurs repri
ses. C'est la condamnation de cette éduca
tion jésuitique.
Ainsi, voilà qui est-entendu. A en
croire M. Paul Bert et ses interprètes,
plus odieux que lui-même, c'est à dé
florer, c'est à salir, c'est à corrompre
l'imagination et le cœur des jeunes
filles que s'applique l'éducation reli
gieuse dans les couvents. Et non-seu
lement tel est le but, mais il y a pour
cela des livres tout faits et des métho
des savamment préparées !
Ah ! l'on voit bien que les miséra
bles qui osent ainsi jeter l'insulte à
toutes les jeunes filles, à toutes les
femmes, à toutes les mères chrétien
nes, ignorent eux-mêmes toutes les
délicatesses et la pureté d'un ensei
gnement qui n'a pas, au contraire, de
sollicitude plus instante que de gar
der et de préserver l'innocence! «C'est
une chenille qui veut ternir une fleur»,
a dit le poëte, à propos de ces calom
niateurs apharnés après la vertu. Ja
mais parole ne fut plus vraie. Lors
que M. Paul Bert et ses pareils, à des
sein de provoquer les rires grossiers
d'un auaitoire sans pudeur,entrepren
nent ainsi de travestir nos saints
mystères, lorsqu'aux méditations pro
posées sur ces mystères divins, ils vien
nent substituer leurs propres médi
tations, fruit infect d'une imagination
pervertie, que font-ils, sinon montrer
leur propre turpitude?
On l'a dit encore. « Il n'est mot si
chaste dont ne puisse tirer quelque
indécences l'esprit corrompu d'un li
bertin». Jamais cette réflexion n'aura
paru plus vraie que dans la séance
d'hier, et, à ce point de vue, la dé
monstration de M. Paul Bert est en
effet très concluante. Combien, dira-
t-on, faut-il que l'enseignement maté
rialiste ruine dans l'âme toute simpli
cité et toute fraîcheur pour que ses
adeptes viennent ainsi, publiquement,
faire étalage des ignominies qu'ils
tirtent, de leur propre cerveau, pour
les glisser dans les maisons virgina
les, qui sont les asiles de l'innocence
et de la vertu !
A uguste R oussel.
Dans le discours de M. Paul Bert
comme dans celui de la plupart des
orateurs de gauche, on retrouve natu
rellement la vieille calomnie des
« deux morales », imputées aux jésui
tes comme à tous les casuistes catholi
ques, Or, aujourd'hui nous lisons dans
le Siècle, à propos des principes qu'il
convient de suivre en politique :
Les vues, la conception de la politique
qui sont justes et efficaces dans l'opposition
sont fausses et impraticables lorsqu'un parti
est au pouvoir.
Voilà bien, ici, pris en flagrant de-
lit, l'enseignement des deux morales.
allaient, \o
- 1 ' 1 nrojet ont été
Plusieurs disposition?
critiquéës par M; le générâl Robert, *i
M. Cailidiix dui; étfet de k droite, fl'ofit
pas obtenu gain de causé. M. de Freycinet
a pris deux ou trois fois la parole et a eu lê
plaisir de voir voter en première lecture le
classement qu'il proposait.
Mentionnons pour mémoire le vote sans
discussion d'un projet qui modifie l'impôt
perçu sur les voitures en service régulier,
une collection d'emprunts locaux, la modi
fication des articles 656 et 672 du code de
procédure civile, enfin la liquidation des
caisses départementales et municipales
d'Alsace-Lorraine.
Tous ces projets, entremêlés de la céré
monie ordinaire des scrutins, ont fait pas
ser aux sénateurs une après-midi des plus
monotones qu'est venue cependant égayer
un moment la présence de M. Dauphin.
M. le procureur général près la cour de
Paris pe fait rare à Versailles depuis qu'il
est dans les honneurs, mais il a su que M.
de Cassagnac, trop souffrant pour venir
hier à la Chambre, y ferait aujourd'hui une
rentrée triomphante, et il n'a pas voulu
sans doute avoir l'air de s'éclipser.
M. Dauphin, lui, ne triomphant pas, il a
reçu d'un air déconfit quelques compli
ments de condoléances et, avant de dispa
raître, a causé de ses mésaventures avec
M. Bertauld. La conversation des deux
honorables magistrats ne semblait pas très
gaie :
— Bertauld, qui l'eût dit?
— Dauphin, qui l'eût cru?
On nous écrit de Versailles (Cham
bre des députés) le 5 juillet :
La première révolution inventa l'assassi
nat juridique. La troisième, marchant sur
les traces de son aïeule, et comme elle pro
fessant la justice, est sur le point de décré
ter la proscription juridique. Tel est l'objet
du fameux article 7 du projet Ferry, pré
sentement en discussion.
L'honorable M. Relier, se faisant en cela
l'organe de l'opinion publique indignée,
s'est levé contre cette tentative révolution
naire; dans un discours nerveux et éloquent,
il a fait justice de tous les prétextes et de
toutes Les calomnies dont les Ferry, les
Spuller et les Paul Bert l'avaient envelop
pée pour fausser la conscience du peuple
et pousser celle-ci à tourner contre des inno
cents les colères qu'elle réserve aux scé
lérats.
Toutes les accusations et insinuations
venimeuses dirigées avec une perfidie con
sommée contre l'enseignement, l'esprit, le
patriotisme et les statuts des jésuites, l'o-
raleur catholique, par ses explications lu
mineuses, n'en a rien laissé subsister. Ces
maisons des jésuites, que le citoyen Ferry
trouve tantôt trop sombres, tantôt confor
tables ou'trop riantes, suivant les besoins
de sa cause, M.-Relier #n a ouvert les por
tes tout au large et a convié tout le mon
de à voir ce qui s'y passe. On croyait y
voir l'ignoble légende inventée ppar tous
les ennemis de l'Eglise réunis, mais la bête
avait disparu, ua simple rayon de lumière
l'avait fait fuir. Cela ne faisait par le comp
te des Jacobins. Aussi leur colère a-t-elle
bientôt passé toutes les bornes.
A chaque instant ils se livraient à des
interruptions, qui en même temps qu'elles
nous révélaient l'intensité de leur haine,
nous permettaient encore d'apprécier la
distinction de leur éducation. 11 suffisait
d'entendre leurs cris, tantôt aigus, tantôt
rauques, et de voir leurs mouvements épi-
leptiques, pour conclure qu'ils ne sortaient
pas des collèges des jésuites. Si cependant
quelqu'un pouvait encore conserver quel
ques doutes sur ce point, l'interruption ob
scène d'un député do la gauche, que je ne
veux pas nommer, a dû les lever entière
ment, M. Margue s'était contenté d'être
puant, celui-ci a été infect.
Une autre interruption, celle-ci digne de
Raoul Rigault, manifeste d'une manière
trop énergique et trop soudaine les nobles
sentiments qui animent le citoyen Bert, son
auteur, pour que nous ne le signalions pas
au public. M. Relier, parlait des divers ac
cès dé fièvre anticongréganistes, c'est-à-
dire des persécutions diverses que les jé
suites avaient eu à subir et se demandait
ce qui pourrait leur advenir dans l'avenir:
Le citoyen Peul Bert a répondu de son
banc cette facétie lugubre : « Les jésuites
ont inventé le quinquina; c'est le moment
pour eux, de s'en servir contre les accès de
de fièvre dont vous parlez. » La gauche a
accantué cela par dss rires et des applau
dissements. Et le sang des martyrs de la
rue Haxo n'est pas encore sec !
Et c'est l'auteur de cette belle plaisante
rie, c'est le citoyen Paul Bert, qui, pour ré
pondre à la belle apologie des jésuites de M.
Relier, vient dans une longue, fastidieuse
et indigeste compilation accuser l'enseigne
ment des jésuites d'immoralité !'
Nous soutenons que le citoyen Paul
Bert ne pouvait point parler de morale, et
cela pour plusieurs raisons, dont la princi
pale est qu'il est matérialiste, ce qui impli
que la négation radicale de l'âme, du libre
arbitre, de la liberté, de la volonté, delà
conscience et de la responsabilité, bases et
conditions de la morale.
Le discours par lequel le citoyen vient de
couvrir d'une sympathique amnistie ceux
qui, pour nous servir d'une expression de
son digne ami Ferry, ont étonné le monde
par, les crimes qu'ils ont commis, ce dis
cours à lui seul en est la preuve. Quand un
homme est assez dénué do sens moral pouj
se montrer sympathique au citoyen Amou-
roux et à ses aides sous la Commune, il n'a
pas le droit de parler au nom de la morale,
à moins que ce ne soit la morale de la
Commune. Alors qu'il le dise.
Que si maintenant j'examine sa compila
tion en elle-même, j'y vois que c'est une
sorte d'égoût collecteur où sont venues
confluer toutes les calomnies qui traînent
1 ""is les loges maçonniques, dans les li-
, " '- f »set dans les libelles de la
fres jâîisis»»»c. 'n S le citoyen Paul
libre peiïsée; Ua peu o uant à
Bert nôtis ci'ait les Mottîta secretu. „
ee qu'il peut y avoir dë ffetî dêaé le s, cita
tions qu'il a faites, s'il avait quelque iiortion
philosophique, s'il s'élevait un peu plus
haut que les maîtres d'étude des maisons
universitaires, au lieu de les critiquer, il
lest eût admirées et glorifiées, notamment
celle qui pose la question éminemment mi
séricordieuse pour le pauvre, de savoir si
un homme placé entre le devoir de conser
ver sa vie et celui de voler Un morceau de
pain, est autorisé, sans faute grave, à pren
dre ce dernier parti.
Mais enfin, puisque le citoyen Paul Bert
blâme la morale des jésuites, c'est qu'il en
a une supérieure. Nous serions heureux
qu'il voulût bien nous la faire connaître.
En attendant, nous persistons à croire que
la morale qui découle logiquement du ma
térialiste est Celle qu'a pratiquée la com
mune.
On lit dans le Globe , journal peu
suspect de favoriser les jésuites et les
catholiques :
M: Paul Bert, dans sa réponse, s'est at
taché d'abord à démontrer qu'il étaitnéccs-
saire de voter l'article 7, et à tenté de prou
ver qu'il ne portait aucune atteinte à la li
berté de l'enseignement. La thèse est quel
que peu paradoxale, et on pourrait tout aussi
bien prétendre que la liberté d'association
n'est nullement lésée.
On lit dans les Nouvelles de l er-
sailles :
La réunion hebdomadaire des bureaux
des droites royalistes du Sénat et de la
Chambre, qui se tient ordinairement le ven
dredi, n'a eu lieu que samedi. On a cons
taté dans cette réunion l'excellent résultat
des conférences populaires, et décidé que
les sénateurs et les 'députés useraient de
toute leur influence pour les propager tant
à Paris que dans les départements.
Vojci comment le Constitutionnel ap
précie le hideux discours de M. Paul
Bert :
M. Paul Bert refait son discours; il nous
lit sans rire des passages des Monita sé
créta, et il apprend à la gauche terrifiée que
les jésuites enseignent aux élèves « à se
réjouir de la mort de leur père », à tuer
«si l'action est justifiée par une intention
secrète», à voler les riches, car voler un
homme riche n'est point un péché.
Et la gauche feint de croire à toutes ces
infamies 1 Elle profère des cris d'indigna
tion; elle approuve M. Paul Bert lorsqu'il
blâme les jésuites « de trop parler à la jeu
nesse de l'Annonciation et de ses consé
quences. »,
Mais, à ce compte, M. Paul Bert devrait
ausSi exclure tous les prêtres,- tous, sans
exception ; car eux aussi croient au mys
tère de l'incarnation et le recommandent au
respect des fidèles.
Un catholique qui lui du moins croit ce
qu'il dit, M. de la Bassetière, s'écrie que
l'orateur a calomnie les catholiques, et M.
Gambetta rappelle à l'ordre le député de la
droite.
M. de Maillé, qui n'hésite pas devant un
rappel à l'ordre, maintient que M. Paul
Bert vient de calomnier la France catholi
que, et lui aussi est rappelé à l'ordre par
M. Gambetta.
Ces catholiques seront toujours incorri
gibles 1 Ce sont eux qui troublent l'ordre',
même lorsque leurs adversaires, abusant
de leur force, les accablent d'outrages et
insultent à leurs croyance.
On disàit jadis : A l'Abbaye ! On dit au
jourd'hui : A l'ordre !
D'autre part, nous lisons dans Paris-
Journal : ' .
Remarquez que M. Paul Bert n'a pas
même le mérite de ces trouvailles. Il a pillé
Génin. Supposant d'ailleurs que ces cita
tions un, peu antiques ne produiraient
qu'une impression médiocre sur son audi
toire, il a essayé de déterrer quelques
maximes contestables dans les catéchismes
contempprains.il s'est montré extrêmement
jaloux, plus jaloux que les mères de famille,
de la pudeur des jeunes filles qui étudient
dans les couvents. Il veut préserver leur
organicisme (sic). Laissons cela. Sur ce ter
rain, M. Paul Bert a été absolument répu
gnant. Dans tous les cas, il ne s'agit plus
ici de jésuites; mais du clergé séculier, des
curés et desservants, dont le catéchisme est
le domaine. Il faut donc aussi les proscrire,
ceux-là? La conclusion naturelle, la conclu
sion logique du réquisitoire insensé de M.
Bert serait l'expulsion immédiate et en
masse du clergé français. Ou sa diatribe ne
signifie rien, ou elle signifie cela. C'est à M.
Ferry de voir s'il veut tenter l'entreprise. ,
La commission u». mme , e Cham
bre des députés pour la loi P^e de ga
rantie, s'est prononcée â l'unanimité
pour le rétablissement de l'article 5
du projet gouvernemental qui donnait
aux présidents des deux Chambres le
droit de réquisition directe de la force
militaire, m. Gambetta ne veut pas
être obligé .de faire passer ses réquisi
tions par l'intermédiaire du ministre
de la guerre.
Voilà un conflit en perspective entre
le Sénat et la Chambre des députés;
nous pourrons y revenir.
La commission a nommé président,
M. Louis Blanc; secrétaire, M.Ménard-
Dorian, rapporteur, M- Floquet.
National affecte de ne pas être
trop mécontent de l'acquittement de
M. Paul de Cassagnac. Cependant il
reproche aigrement aux fonctionnai
res chargés de former la liste du jury
de n'avoir pas su ^choisir des jurés de-"
cidés à juger, non pas en conscience,
mais en bons républicains, c'est-à-dire
à condamner tout adversaire politique
du gouvernement.
Il est probable que ce conseil sera
pour l'avenir entendu et suivi. La ré
publique ne doit pas permettre, en ef
fet, que des jurés acquittent ceux dent
MM. Leroyer, Lepère et Dauphin éprou
vent le besoin de se débarrasser.
On lit dans l'Ordre ;
Cette grande bataille entre les jésuites et
M. Ferry commence à devenir insipide; le
Pombal français est véritablement trop mé-
dioce pour nous intéresser. Jeudi, comme
M. Relier lui remettait sous les yeux quel
ques insanités tombées naguère de ses lè
vres dans une réunion franc-maçonnique,
il a répondu ingénûment : « Avec deux
mots de l'écriture d'un homme, on peut le
faire pendre ! » C'est précisément le cas de
M" Ferry : il veut pendre les jésuites avec
deux mots de leur écriture.
Pardon ! Ce n'est pas même avec deux
mots de leur écriture que M. Ferry veut
pendre les jésuites, c'est avec l'écriture
de prêtres étrangers à la compagnie
de Jésus ou mêmes de laïques. En ef
fet, sur les quatre écrivains que le mi
nistre franc-maçon a cités pouf éta
blir que les jésuites, ne pensant comme
lui, doivent être pendus, deux sont
laïques et un troisième appartient au
clergé séculier.
On lit dans la République française :
Notre ami M. JeanMacé vient d'adresser
la lettre suivante à Ja rédaction du Soleil :
Monsieur lejédacteur,
Dans l'article Catholieisme ou Sêcialisme, que
vous publiez aujourd'hui, il est question d'une
conversation que j'ai eue en 1849 avec un père
de famille catholique.
Il m'est impossible, à cette distance, de me
rappeler ce que j'ai pu dire, ni en quels termes,
ni comment cela est venu. Mais des paroles que
l'on m'attribue il n'y en a qu'une dont je veuille
eudosser la responsabilité; c'est qu'à mes yeux
le seul ennemi sérieux, je ne dirai plus du so
cialisme — on a changé- Je sens que ce mot-là
avait alors pour moi — mais de la république,
c'est le catholicisme, j'entends le cléricalisme.
Cela, je suis très fier de l'avoir déjà dit il y a
trente ans.
Le reste, je le désavoue, et comme forme et
comme fond.
Il n'est pas question d'ailleurs, aujourd'hui, de
forcer aucun « père sincèrement catholique » de
« nous livrer son enfant pour le faire instruire ».
Cela se faisait aux beaux joura de la révocation
de l'édit de Nantes : la loi Ferry n'en parle pas.
Recevez, monsieur le rédacteur, toutes mes sa
lutations.
Jean Macé.
Jadis, le F.-. Jean Macé, ayant be
soin de faire accepter sa ligue de l'en
seignement, jurait qu'il ne poursuivait
d'autre but que l'extension de l'ins
truction primaire, et qu'il ne faisait la
guerre qu'à l'ignorance. Aujourd'hui,
se sentant fort de l'appui des EF.\
Ferry, Le Royer, Tirard, etc., le F.\
Mace jette le masque et déclare que
« le seul ennemi serieux de la répu
blique, c'est le catholicisme ». Donc,
il faut faire une guerre acharnée au
catholicisme. Cela va de soi, et le F. - .
Macé ne prend même pas la peine de
l'ajouter. Il va de soi également, étant
donnée l'absence de scrupules des ré
publicains, " que la guerre sera dé
loyale.
Du reste, ,frère Macé donne la me
sure de sa loyauté, lorsqu'il soutient
« qu'il n'est pas question aujourd'hui
de forcer aucun père sincèrement ca
tholique à livrer son enfant aux radi
caux pour le faire instruire ». Est-ce
qu'il ignorerait que le projet de M.
Ferry frappe les congrégations
non autorisées, uniquement pour met
tre la plupart des pères de famille sin
cèrement catholiques dans l'obligation
de livrer leurs enfants à l'université
pour les faire instruire? N'a-t-il pas
entendu parler des amendements des
citoyens Madier de Montjau, Marcou et
autres, qui frappent non-seulement
les congrégations non autorisées, mais
le clergé tout entier, et qui, repoussés
aujourd'hui comme inopportuns, re
viendront demain peut-être sur la
proposition du ministre Ferry ?
Enfin, n'a-t-il pas entendu parler du
pçpjet de loi sur l'enseignement pri
maire laïque et obligatoire , dont le ci
toyen Paul Bert vient d'être nommé
rapporteur? Est-ce que ee projet de loi
ne force pas les pères sincèrement ca
tholiques, dans la plus la grande par
tie des communes, à livrer leurs en
fants pour les faire instruire ?
En présence de faits semblables, il
faut toute la mauvaise foi maçonnique
pour nier la tyrannie. D'ailleurs, cette
tyrannie est la conséquence logique
des doctrines développées à la tribune
de la Chambre des députés par les ci
toyens Ferry, Paul Bert, Spuller et
Deschanel, doctrines contre lesquelles
des républicains comme MM. Bardoux,
Ribot et Lamy ont vainement pro
testé.
Du reste, la République française elle-
même semble trouver l'assertion du
F.'. Macé un peu trop forte, car elle
rejette fort loin la lettre de son
« ami ».
On lit dans le Journal du Loiret :
Le gouvernement, appelé à prévoir le
cas où les électeurs de Bordeaux persiste
raient à porter Blanqui aux prochaines élec
tions de la Gironde, vient de prendre une
décision énergique, et nous aimons à croire
qu'il la tiendra. Il a donc décidé qu'un avis
préalable porterait à la connaissance des
électeurs sa résolution de ne tenir aucun
compte des voix qui se grouperaient sur le
nom du trop célèbre agitateur, et qu'au be--
soin il provoquerait les sévérités de la loi
contre ceux qui entendraient passer outie
à sa volonté dictée parle souci de la légali
té. Il reste en outre entendu que, si Blanqui
obtenait la majorité, c'est le candidat qui
aurait recueilli le plus de voix après" lui qui
serait proclamé instantanément députe.
Que le gouvernement prévienne les
électeurs bordelais qu'ils ne doivent
pas voter pour M. Blanqui, qui, ayant
été gracie, mais après le délai fatal,
ne recouvre pas ses droits politiques et
n'est pas éligible, c'est possible; mais
cela n'aura vraisemblablement d'au
tre résultat que de faire obtenir un
plus grand nombre de voix au vieux
démagogue.
Que le gouvernement, faisant main
tenant ce qu'il devait, mais n'a pas
osé faire il y a quelques semaines, re
garde comme nulles les voix données
à M. Blanqui et proclame député son
concurrent, cela n'est pas impossible,
mais nous croyons peu à cette fermeté
tardive. Notre gouvernement, qui aime
à se procl amer fort, est essentiellement
faible, et il y regardera à deux fois
avant de se heurter aux intransigeants,
qui ne lui pardonneraient pas dedédai-
gner ainsi le suffrage universel. D'ail
leurs on annonce que M. Raoul Duvâl
pose sa candidature à Bordeaux sur le
terrain du libre-échange : ce serait s ans
doute à,lui que profiterait l'annulation
des voix de Blanqui. Cette perspective
fera hésiter encore davantage le gou
vernement.
Quant à la menace de « provoquer
les sévérités de la loi contre ceux qui
entendraient passer outre à la volonté
du gouvernement dictée par le souci
(tardif) de la légalité», nous ne la
comprenons pas bien. Veut-on dire
que si les électeurs de Blanqui protes
tent par une émeute, on ne leur per
mettra pas de porter le désordre dans
la rue? C'est inutile, car cela va de soi.
Si avancés que nous soyons dans la
voie qUi nous mène à la république ra
dicale, nous n'en sommes pas encore
au point où l'émeute deviendra le plus
sacré des droits et le plus saint des de
voirs. Aurait-on l'intention de pour
suivre les électeurs de Blanqui ? Il y
aurait â cela deux difficultés ; le yote
est libre et secret.
En résumé, la note du Journal du
Loiret ne prouve bien quune chose:,
c'est que le gouvernement est aussi
embarrassé actuellement de Blanqui
en liberté que jadis de Blanqui à
Clairvaux^, Avec leurs demi-mesures,
les ministres n'ont fait que compli
quer la situation, et nous doutons
qu'ils en sortent à leur honneur. La
perspective de leur défaite nous laisse,
du reste, parfaitement indifférents.
A. R astoul.
Comme les années précédentes, une
messe sera dite en l'eglise Saint-Ger
main des Prés, le 15 juillet prochain,
à neuf heures précises du matin, à
l'occasion de la fête du chef de la mai
son de France.
Une quête sera faite au profit des
écoles congréganistes du département
de la Seine.
On lit dans le Petit Caporal :
Une dépêche de Chislehurst nous an
nonce que les obsèques du prince impérial
auront lieu le samedi 12 juillet.
Nouvelles politiques
On lit dans les Tablettes d'un Specta
teur :
Le bruit court qu'un très haut fonctionnaire de
l'un de nos plus importants départements méri
dionaux serait accusé de malversations dans la
gestion dés finances départementales. On assure
que l'affaire sera évoquée à la prochaine session
du'conseil général.
Cette affaire'cause une très vive émotion dans
les hautes régions administratives.
M. I-Iérold, préfet de la Seine, vient de
prendre un arrêté convoquant les électeurs
du quartier d'Europe (8 e arrondissement
de Paris), pour le dimanche 3 août pro
chain. •
Les journaux radicaux annoncent qu'à la
suite d'une altercation avec M. Tassin, dé
puté de Loir-et-Cher, M. Corbin, juge au
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