Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1879-07-03
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 70622 Nombre total de vues : 70622
Description : 03 juillet 1879 03 juillet 1879
Description : 1879/07/03 (Numéro 4272). 1879/07/03 (Numéro 4272).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7030800
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Jeudi 3 Juillet I87&
N° 4272 — Édition quotidienne.
PARIS
Un an.
Six mois.. 2f 50
Trois mois 15 ■
Un Numéro,.à Paris 15 cent.
— Départements. 20 —
BUREAUX
Paris, 10, Rue des Saints-Pères
On s'abonne, à Rome, place du Cesû, 8
Jeudi 3 Juillet 1879
■ D épartements" *
L n an 55 it • a
Six mois. ; 28 50
Trois mois %. . 4S »
FRANGE
PARIS, 2 JUILLET 1879
Nous cherchons parfois à nous faire
illusion sur la triste réalité qui nous
oppresse, en nous complaisant dans un
reve. hélas ! bien inoffensif. Nous
voyons la France telle qu elle serait
si, il y a six ans, les scrupules étran
ges de quelques douzaines de parle
mentaires et de catholiques libéraux
n'avaient fermé la porte de la France
à son roi, s'ils n'avaient voulu impo
ser au représentant de nos vieilles
traditions le drapeau dont les plis san
glants avaient couvert l'éehafaud de
Louis XVI, si en un mot ils n'avaient
voulu le contraindre à marier le prin
cipe de la révolution avec le principe
du droit; nous la voyons, cette patrie
humiliée, relevant son prestige aie-
tranger, et portant très haut son dra
peau, mais déposé dans d autres mains
que celles d'un ministre venu d'outre-
Manche. v •
Nous la voyons, à \ intérieur, livrée,
non à des préfets du hasard et à des
subordonnés étonnés de leur bonne
fortune, mais confiée à des hommes
dévoués à ses intérêts, rompus aux
rouages administratifs ; nous la voyons
marchant, dans le calme de la paix et
de la sécuiité vers le développement
de son agriculture, de son industrie
et de son commerce, suffisamment
protégés par des lois tutélaires contre
Venvahissement du cosmopolitisme
étranger; nous voyons la justice ren
dant des arrêts sans être sommée de
rendre des services, et les magistrats
qui la représentent n'étant point me
nacés dans leur indépendance profes
sionnelle. Nous voyons s'épanouir la
liberté d'enseignement qui couvre de
ses institutions chrétiennes la France
entière,'.et forme une jeunesse toute
prête à combattre pour établir le rè
gne social de Jésus-Christ suj la terre.
Nous voyons l'Eglise libre/ non pas
dans l'Etat libre, mais à côté de l'Etat,
respectant et sauvegardant les droits
des âmes. .
Nous voyons Dieu sortir de son tem
ple et tous les pouvoirs constitutifs de
la société venir incliner solennelle
ment la part d'autorité qui leur est
dévolue devant la première des auto
rités celle d'où découle la leur, celle
sans 'laqtielle la leur ne serait que l'ap
plication de la force brutale et pas
autre chose. . ,
• Mais M. Lepère est toujours fidele a
la messe de onze heures, M. Tirard n'a
pas quitté son atelier de bijouterie en
Taux, M. Jules Ferry apprend le pur
français auprès de M. Margue, le ge-
neral Gresley conserve la liberté de
„hari + «r la Marseillaise en chambre,
MM. Gambetta, Leroyer, Spuller, par
tis de latitudes différentes, sont reunis
sous les orangers de Saint-Sebastien
et savourent, en mangeant les restes
ou 'ils ont su se faire, un rçços quils
ont bmi gagné."Voilà ce que je vois en
^Mais le cauchemar de la réalité est
là. Les honnêtes gens, les conserva
teurs à-l'eau de rose qui ont travail e
de leur mieux à fonder la
nèîîvent se frapper la poitrine . s ils ont
quelque chose gous la mamelle gau
che qu'ils calculent tout le mal qui
S U et q» eût M-rtg
j an a son germe si, en 1873, ils avaient
S ahné la France mutilée pour
fouler aux pieds leurs préjugés, si, au
lieu de verser en public d.es larmes de
crocodiles et de sourire tn petto dans
le comité des amis en recevant la let-
tJ S belle si généreuse de Salzbourg,
comme cela, plus d'intermédmiws en-
tre la Francs et son roi •
Eh bien ! non Ils ont voulu sauver
le principe de la révolution. I s ont
caréné, Us ont n^rri cette larve,
qui s'est développée à
leur constitution et a produit £ e . q u ®
nous voyons. Si, il y a six ans ",,
eût dit à ces habiles fils de 89 .
« Dans six ans il ne restera plus
rien de votre œuvre, plus rien, saut
le mal que vous y aurez mis. Votre
république conservatrice se sera éva
nouie comme un songe; elle aura tait
place à l'autre, à celle qui ne veut
rien conserver, mais la, rien du tout,
excepté des places pour les amis atta-
jnés, qui se gaùdissent d une aubade
ou'ils n'attendaient pas. Vous etiez
tout -puissants alors, et auj ourd hux
vous êtes des suspects, et demain peut-
être vous serez des proscrits. Ah! que
nûg maîtres actuels ont mieux com-
nris aufi vous la puissance des mots,
Vous leur avez gracieusement con
cédé, sous le déguisement du provi
soire, le nom de république Du mot
on esfc d'abord passe à la ehop ano
dine à la république aimable, à. la
vôtre Vous espériez la diriger tout
doucettement dans l'orniere de vos pe
tit» intérêts. Mais la nature sauvage
de voire fille a pris vite le dessus, et
aujourd'hui la république, la vra^e,
vous enlace, vous etremt vous prend
k la gorge et menace de vous faire
l 'opération qu« >ous n'avez pas voulu
lui faire a elle. &
Tout ce qui s était fait de bien, à
travers beaucoup de difficultés depuis
.trente ans, tout eela est plus^que com-
nromis par les quelques années du ré
gime républicain que vous avez accla
mé, et mus ne sommes quaucom-
^ -V.70
mencemenl! Si la Providence n'arrête '
la rage des destructeurs, rien ne res
tera debout, non, rien. La France re
culera jusqu'à la Convention, et (peut-
être au delà. Les campagnes s'étaient
jusqu'à présent, en partie, préservées
du virus révolutionnaire ; mais, grâ
ce à la facilité des communications, à
la liberté illimitée du colportage, au
bon marché des mauvaises brochures,
■ elles sont aujourd'hui empoisonnées,
et le mal y est si profond, qu'il est
déjà peut-être plus difficile à déraciner
que dans les villes. L'homme va deve
nir la proie du mal au sortir du sein
de sa mère. La république, en enle
vant à l'enfant ses instituteurs chré
tiens, livre sa jeune âme qui a soif de
Dieu, à l'éducation sans Dieu, à l'édu
cation plus hideuse que celle du paga
nisme, à l'éducation athée. Toutes le3
lois qui assurent sinon la liberté en
tière, du moins la possibilité de l'en
seignement chrétien de l'enfance et
de la jeunesse, ces lois qui ne sont pas
pures de tout alliage, mais qui du
moins laissaient au bien une certaine
liberté d'allures, vont s'écrouler sous
les coups des hommes placés à la tête
du gouvernement de votre choix à
Édition semi-quotidienne
Un an. 30 fr. — Six mois, 16 fr. — Trois mois, 8 ir. 80
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sout adressés
ANNONCES
MM. Gli. LAGRANGE, CERF et C", 6, place de la Boiirae
vous, conservateurs.
Les religieux, les religieuses, les frè
res, les sœurs, tous ces hommes et
toutes ces femmes de dévouement yont
disparaître, parce que vous n'avez pas
voulu expulser l'ennemi de la maison
quand vous en aviez le pouvoir. Il est
le maître maintenant, et il use de la
férule. Tandis qu'il entreprend de
chasser Dieu de l'école, de proscrire les
instituteurs qui croient que d'appren
dre aux enfants la connaissance de
Dieu, de ses droits et de leurs devoirs,
cela ne gâte rien, Dieu est confiné
dans son temple.On permettra à quel
ques douzaines de libre-penseurs mys
tiques ou non d'organiser des prome
nades scandaleuses pour porter civile
ment en terre un cadavre ; mais les
catholiques ne pourront faire franchir,
à Dieu le seuil de l'Eglise, ils ne pour
ront lui rendre les hommages qui ne
lui sont pas refusés aujourd'hui à
Gonstantinople ni même au Japon, et
par respect pour là prétendue con
science de gens qui se vantent d'être
des fils dé singes, on ne craint pas de
froisser des millions de Catholiques.
On sait que les catholiques souffrent,
s'indignent... en paroles, et ne descen
dent jamais dans la rue le fusil sur
l'épaule, sauf pour sauver M. Jules
Ferry.
Le" retrait de la loi sur l'aumônerie
militaire chassera Dieu de l'armée, et
nos enfants iront mourir sur les con
fins de l'Afrique et ailleurs sans la pa
role de vie qui leur ouvrirait le ciel en
récompense du sacrifice qu'ils font
pour leur patrie terrestre. Le divorce
sera voté comme tout le reste, et Dieu
n'aurà même plus de place au foyer
de la famille. Plus de Dieu, ni à l'école,
ni à l'armée, ni dans la famille, ni dans
la rue : c'est la proscription de l'Evan
gile.
Et comme l'homme, quoi qu'il fasse,
ne peut détruire complètement sa na
ture, comme l'homme est un être reli
gieux, il ne se passera pas absolument
de religion, il ne sera jamais aussi
singe qu'on voudrait le faire, il tom
bera dans le paganisme, voiré même
dans le fétichisme.
Un journal se vantait, il y a quel
ques jours, de son paganisme, et hier
il déclarait que l'interdiction des pro
cessions à Marseille n'était que la
juste représaille du crime commis par
les vieux PhoGéens, qqi çivaient dé
moli le temple de Diane et interdit les
processions en l'honneur de la chaste
déesse. G'pgt le délire de la folie. Éh
bien ! tout cela est l'œuvre de la répu
blique. Et, on ne le rappelle pas assez
souvent, tout cela est la bête qui était
renfermée dans l'œuf qu'on a appelé
la Constitution, la fille de M. Wallon.
Mais Dieu déblaye le terrai!}; folies
républicaines aidant, il fera seul l'œu
vre pour laquelle il avait vainement
sollicité le CPWWS des conservateurs.
Dieu sauvera là France!
D'après M. le ministre de l'instruc
tion publique, l'Etat doit monter la
garde autour des consciences des jeu
nes enfants. Ce serait une belle et
bonne parole, si elle était sincère.
Pour M. Ferry, elle ne sert qu'à faire
valoir les droits exorbitants qu'il ré
clame pour l'Etat dans renseigne
ment. Quand il n'est plus question des
jésuites, M. Ferry ne connaît plus
cette mission protectrice de l'Etat.
Au lieu, d'examiner de si près l'en
seignement des maisons religieuses,
où il n'a même pas su voir qu'on ap
prend aux jeunes gens la piété, les
bonnes mceurs,la dignité de la vie, les
fortes vertus, le respect de l'autorité,
ce ministre myope ferait bien mieux
de regarder ce qui se passe dans la
Représentant de -l'Etat, gardien vi
gilant des jeunes consciences, M; Fepr
ry ne voit pas que les rues, les jardins,
les musées, les étalages publics avec
leurs statues indécentes, leurs peintu
res libres, le^rs gravures et photogra
phies graveleuses, sont des ecoles pu
bliques et permanentes d'immoralité
pour la jeunesse. M. Ferry ne voit pas
que la presse jette tous les jours en
oâture à des milliers de jeunes gens*
cies d'eu! sexes * es feuilletons les plus
licencieux, les roîH""- 3 les_plus^ déver-
vergondés, où garçons et tille»
nent le mal à aouge ans.
ii M. Ferry avait vraiment le souci de
l'enfance, quelle tâche pour un minis
tre de l'instruction publique que celle
de mettre les consciences des jeunes
gens à l'abri de toutes ces influences
corruptrices! quelle utile mission que
celle de surveiller ce livre de la rue
constamment ouvert sous les yeux de
la jeunesse, cette école de la vie ordi
naire infectée de si mauvais enseigne
ments! Mais il s'agit bien de sauve
garder l'âme candide de l'enfance, de
protéger la morale publique ! La mis
sion d'un ministre frîme-maçon n'est
pas de faire fleurir les bonnes mœurs
et de préparer des générations hon
nêtes : c'est d'expulser les jésuites.
La Lanterne avait réussi à mettre M.
le préfet de police sur la sellette, et
cette feuille, jusqu'ici heureuse, sem
blait devoir triompher de M. Andrieux
comme elle avait triomphé de MM.
Gigot et de Marcère. Mais le dénoue
ment n'a pas été ce qu'on attendait.
D'accusatrice, la Lanterne est devenue
accusée, et la voilà réduite à se défen
dre. M. Andrieux, parlant en préfet
de police, c'est-à-dire en homme qui
sur certains points doit être bien in
formé, a mis en cause les patrons de
cette feuille tapageuse, au point de
vue des finances. U a invoqué le té
moignage de M. Ghristophle, directeur
du Crédit foncier, et celui-ci l'a donné-
en termes désagréables pour les lan-
terniers. On trouvera ces propos au
compte rendu de la séance. Les
noms propres manquent, mais il sem
ble qu'en cherchant un peu on les
trouverait. On cherchera.
Cette affaire soulève, d'ailleurs, deux
questions. Une question de droit d'un
caractère général et une question per
sonnelle. Sur la première, M. le préfet
de police est dans son tort et s'est
mal défendu. Evidemment il a commis
un abus de pouvoir,' une illégalité en
faisant saisir la Lanterne. Les articles
8 et 10 du Code d'instruction crimi
nelle, qu'il a invoqués, le condamnent
formellement. Il faut que la majorité
soit décidée à se jouer de tous les prin
cipes pour ratifier de tels coups.
Quant au cas personnel, dont M. An
drieux a tiré une habile et heureuse
diversion, le directeur de la Lanterne,
qui le déclare des plus naturels et des
plus simples, se montre cependant
ennuyé d'avoir à l'expliquer. Ses ré
ponses laissent à désirer. Peut-être cela
tient-il à ce qu'il n'avait pas encore
sous les yeux le texte de l'accusation.
Il l'a maintenant et fera bien d'être-
plus net. Dans l'état de ses affaires,
il ne peut qu'y gagner. Il peut croire
que nous tiendrons compte de ses ob
servations. Nous l'invitons, en- outre,
à dire quels journaux ont eu leur
part du gâteau de deux millions que
le Crédit foncier aurait distribué à la
presse pour lui faire « soutenir les in
térêts des créanciers français contre
le khédive. »
M. Christophle doit, lui aussi, jdes
explications plus complètes et plus
loyales. Il affirme que l'institution
dont il est aujourd'hui le directeur a
fait disparaître, moyennant 30,000 fr.,
tous les exemplaires d'un livre écrit
contre elle par un associé du direc
teur de la Lanterne. Si ce livre était un
pamplet, s'il calomniait, pourquoi ne
l'a-t-on pas déféré à la justice au lieu
de l'acheter? Cela eût été plus digne,
moins coûteux et plus sûr que de le
faire disparaître.
En triomphant Mer h la Chambre,,
M. Andrieux ne paraît pas avoir con-
verti à sa cause la plupart des jour
naux républicains. Le XIX" Siècle l'a
vertit de ne plus recommencer, parce i
que la Chambre, qui a pardonné une j
première fois, ne serait plus aussi
complaisante à la seconde. Le Uapml
ne trouve pas que le prefet clp police
ait justifié son attitude et ses actes.
Quant au Petit Parisien, dont le direc
teur, M. Laisant, a pris hier directe
ment _à" partie M. Aiidripux, voici ses
•fiavinns :
JL v — -
Ce n'est pas de la. colère qu'on doit
éprouver à la suite d'une pareille séance,
mais plutôt une pitié sincère et une tris
tesse profonde.
Nous avons assisté hier au plus étrange
spectacle : celui d'une Chambre qui se
1 ignorance
la plus complète de ce que signifie le mot
de liberté.
Le Petit Parisien conclut par une
menace, « N°u s n'en avons pas fini,
dit-il, avec cet ancien républicain —-
pardon — avec cet ex-républicain,
voulons-nous dire. »
On nous écrit de Versailles (Sénat),
le 1" juillet :
Le -p&Fteïfiepterisffle est quelcpie p(3U p$-
rent de l'honorable M. Bridoison : il aime
la forme. Le fonds, il est vrai, lui importe
peu, tout comme à M. Bridoison.
Or la forme exige qu'un rapport soit dé
posé en séance publique avant ci être livré
à. l'impression, et le rapport de fyL J.ulp§
Simon sur pe que le ministère normale, avec
yqe ip'onie cruelle pqur le. centre gauche
s$ Ifli de gpaiîfje, était prêt, paraît-il, de
puis hier soir, Il ne tout pas que la posté
rité puisse dire qu'un rapport de M. Jules
gjgiçfl ft failli attendre ; ce serait d'un exem
ple déplorable pour les Jules de l'avenir.
C'est donc dans le seul fculde satisfaire
aux exigences bridoisonesques du règle
ment et des us parlementaires que les
membres du Sénat sont venus à Versailles
aujourd'hui. La plupart, il est vrai, se sont
égarés volontairement du côté de la Cham
bre, où les attirait l'affaire de la Lante?-ne,
mais il n'y en a pas moins eu séance .
— Sans exagération — il y avait là une cin
quantaine d'honorable fidèles au devoir, si
ennuyeux qu'il fût. Quant au ministère,
sauf M. de Freycinet, était resté, suivant
l'expression élégante de M. Martel, « dans
une enceinte voisine. »
La lecture du rapport a été demandée
par la gauche; ce n'est pas que cette lec
ture dût être intéressante, mais elle devait
permettre de discuter le projet dès jeudi
prochain, et tenir un peu de place dans la
séance, tout comme dans le potage le sou
lier du légèndaire compatriote de M. Bar-
doux.
Le rapport de M. Simon a été accueilli
par quelques « très bien » fort tranquilles;
il n'est point en effet de nature à soulever
les passions, mais plutôt à faire sourire
ceux qui, instruits par l'expérience, ne pro
fessent pas l'optimisme béat de nos maîtres
actuels. M. Simon voit tout en beau, ce qui
est excusable quand on est académicien et
sénateur inamovible; il dépeint le présent et
même prédit l'avenir sous les plus riantes
couleurs; il s'attendrit ser l'admirable sa
gesse du peuple parisien, « qui ne cherche
ra désormais à faire prévaloir ses aspira
tions que par la discussion et le vote. »
Mais si le vote était éclairé au pétrole, et si
la discussion avait lieu à coups de fusil?
L'aimable rapporteur n'admet pas cette
hypothèse : Les leçons de l'histoire sont
absolument inutiles aux républicains en
place.
M. Simon affirme que le palais du Lu
xembourg appartient de droit au Sénat. Le
préfet a réclamé au nom du conseil muni
cipal ; mais leîrapporteur a tenu ferme, re
poussé toutes les coînbinaisons et déclaré
qu'il ne sortirait du Luxembourg que par
la force des baïonnettes, ce qui, entre pa
renthèses, pourrait bien lui arriver plus .tôt
qu'il ne croit. L'article 5, celui dont nous
avons montré les périlleuses tendances, a
été remanié de fond en comble par la com
mission : M. Gambetta ne pourra plus s'of
frir un beau matin la fantaisie de s'improvi
ser général en chef de l'armée de Paris.S'il
veut avoir quatre hommes et un caporal en
dehors de la garde habituelle, il lui faudra
les demander au ministre de la guerre.
Voilà une changement de texte qui sera
d'autant plus sensible à l'ex-dictatëur qu'il
lui vient de M. Jules Simon, son vieil en
nemi intime. Le rapporteur a pris son air le
plus narquois pour expliquer que le droit
de réquisition directe des troupes était
incompatible avec le prestige et l'autorité
du ministre de la guerre; nous avons re
trouvé là le Jules Simon des beaux jours.
C'en est donc fait ! Il ne nous sera pas donné
de voir M. Gambetta en général, le sabre
d'une main, la sonnette dans l'autre, jouer
une de ces grandes scènes parlementaires
qui comptent dans la vie des peuples en dé
cadence. Le spectaôle eût été drôle : nous
en sommes presque à le regretter.
On nous écrit de Versailles (Cham
bre des députés), le 1" juillet :
Le citoyen Bouchet interpelle, non le
gouvernement, car il est entendu quçJe'
gouvernement n'a d'opinion sur rien,- mais
le citoyen Andrieux devenu, par une série
de mues, de rédacteur du journal l'Athée,
préfet de police. Il lui demande compte de
la saisie de la Lanterne, qu'il considère com
me un acte d'arbitraire et une sorte da
vengeance personnelle. A son avis, jamps
le' 10 maj, lequel a excité tant de colèjjra et
a'&at attii-â Uni de malédictions, na violé
d'une manière aussi scandale use \t liberté
de la presse. Et comme on jaurnu'*"
on/urn^ à
gauche et que le citoyen fait remar
quer an ^puté de Marseil/e qu'il exagère,
et que le gouvernement actuel ne l'emporte
pas sur le 10 mai en matière d'arbitraire
sur la presse, le citoyen Bouchet répond
ironiquement que si l'opportunisme ne sur-
passepasle 16 mai sous ce rapport, nul ne
peut méconnaître qu'il l'égale et qu'il se
Sept, plus brutalement, des mêmes procé
dés. Témoin la saisie violente de la Lanterné
ordonnée contrairement aux lois par M. le
préfet de police.
M. de Fourtou, qui est à son banc, rit de
tout son cœur de cette réhabilitation du
16 mai. Pour que cette réparation fût-com
plété', il ne manquait plus qu 'une chose :
un vote de flétrissure avec afficiage dans
toutes les communes de France contre les
républicains traîtres à la liberté. Le citoyen
Bouchet n'a pas songé à demander une
telle mesure ; il s'est borné à insinuer que
la destitution du préfet de, police aurait le
don de calmer ses susceptibilités libérales
et de montrer que les républicains ne sont,
Gomme ils paraissent l'être en ce moment,
ni des renégats ni des traîtres. En enten
dit un, tellangage, beaucoup de person
nes qui ne connaissent pas la Révolution et
sa profonde hypocrisie, ont peut-être cru
que le sieur Bouchet était un sincère ami
de la liberté. Qu'elles se détrompent, Le
député de Marseille yeut, PB effet, la li*
berté pour lui et pour les siens, mais il est
prêt à la' refuser à ses adversaires. Vous 1»
verrez demain voter des deu v ^ " ma { ns le g
lois Ferry.
A. iifâut du citoyen Lepère, qui atten
dait que la majorité eut manifesté son sen-
tinjent pour se foire une conviction, M. An
drieux a présenté lui-même sa défense. Il l'a
Mt avec habileté, parfois avec esprit, ne
craignant plus de découvrir les plaies de
son parti et d'initier le public à des mœurs
dont on soupçonnait déjà l'existence, sans
pouvoir l'établir d'une façon positive. Quit-
aat le terrain ïé|&i, qui était trop brûlant
et trop dangereux, M. Andrieux s'est atta
ché à prouver que s'il avait fait poursuivre et
saisir la Lanterne, objet ou prétexte de l'in-
pellation, ce n'était pas en tant que journal,
mais parce que ledit journal était devenu
un foyer de délation et de chantage. Non
contents d'avoir vendu leurs frères pour
entrer à la préfecture de police et s'y main
tenir, les agents républicains, voulant, à
1 exemple de leurs aînés de 93, élever la dé
lation à la hauteur d'une vertu, trahis
saient la préfecture eu faveur du journal la
Lanterne, qui devenait ainsi un centré très
actif de contre-police. Doublement délateurs
et traîtres, les. agents se faisaient payer
doublement leurs services.'
On ne se bornait pas à la Lanterne à
écrire des articles venimeux contre la mai
son rivale, à inventer des crimes qu'on
mettait à la charge de celle-ci; mais quand
les crimes menaçaient de manquer, quel
ques rédacteurs du journal démocratique se
chargaient d'effrayer les passants. Et comme
preuve à l'appui, M. le préfet raconte
qu'un rédacteur de la Lanterne eut une cer
taine nuitdes allures assez inquiétantes pour
les personnes attardées. Pour compléter le
tableau de ce personnel républicain, M. le
préfet ajoute que la Lanterne est soudoyée
par des personnages-qu'ilne veut pas nom
mer, mais sur lesquels M. Christophle
peut renseigner la Chambre.
Après une réplique du citoyen Laisant,
réplique subie plutôt qu écoutée par la
Chambre, M. Christophle, vivement inter
pellé par la droite d'avoir à s'expliquer,
finit, après de nombreuses hésitations et
contrairement aux conseils de M. Léon
Say, par s'exécuter ; mais si l'on rapproche
les termes dont il s'est servi des faits
qu'il a indiqués, on doit croire qu'il
n'a pas tout dit. D'ailleurs ces mes
sieurs se connaissent mieux que nous ne
les connaissons.
Nous devons reconnaître que M. le pré
fet de police a beaucoup gagné depuis que
nous l'avions entendu. Sa tenue est meil
leure, moins tourmentée, son langage plus
simple sans être moins animé, son geste
plus sobre, son action oratoire plus distin
guée. Il a eu un véritable succès en racon
tant l'affaire mystérieuse de Mlle Bernage,
affaire qui, grossie et envenimée par la
Lanterne, a donné lieu à l'interpellation qui
vient de nous apprendre dans quel état
d'indiscipline les républicains ont mis la pré
fecture de police. Ce qui n'était pas le moins
curieux dans tout ceci, c'était d'entendre
M. Andrieux parler comme M. Benjamin
Delessert et de voir quels changements
l'exercice du pouvoir avait opérés dans ses
idées.
M. Lepère, voyant que son préfet avait
gagné sa cause, est venu le couvrir coura
geusement de son approbation et lui donner
sa bénédiction.
Pendant que le citoyen Laisant répliquait
à M. le préfet de police, il s'est produit un
incident qu'il est bon de noter. Il prouve
l'existence de cette unité morale dont le ci
toyen Ferry est legardienjaloux. M.Laisant
qui menait, au nom des intransigeants, la
campagne contre M. Andrieux, n'étaitpoint
écouté. On causait et la sonnette du prési
dent, d'ordinaire si impatiente, restait im
mobile. Ce que voyant, le citoyen Perio
s'adresse au président et lui intime, d une
voix brève, l'injonction de réclamer le si
lence. Tant d'audace surprend et irrite le'
/citoyen Gai »Actta, qui répond sur le même
ton >son interlocuteur. Le dialogue a été
-c6urt, mais significatif. Clémenceau dardait
sur Gambetta ses petits yeux ronds et plus
pétillants que jamais. Sous ce regard, le ci-
toyenjGarqbettan'a pas^osé rappeler à l'or
dre le citoyen Perin.
L'ordre du jour pur et simple, voté à une
grande majorité, a donné un bill d'indem
nité à M. Andrieux, qui s'est retiré Irioni"
phant... pour quelques jours.
Malgré l'heure avancée, l'inh^-p^e ^ ^
Gasté a dévelonrvA CO ntre-projet sur les
lœ l\ erry. Le discours qu'a prononcé à ce
sujet le député contient d'excellents passa
ges, auxquels nous applaudirions volontiers
s'ils n'étaient un peu défigurés par le répu
eanisme de leur auteur.
Ferdinand Duval, ancien préfet de la
Seine;
Général baron de Chabaud -Latour, sé
nateur,
Lorois, député;
Comte de Saint-Aignan, ancien conseil
ler d'Etat;
Blavoyer, ancien député;
Coîtiélis de Witt, ancien député ;
v Paul Michot, député ;
Baron de Barante, sénateur ;
Lambert de Sainte-Croix, sénateur;
Barthélémy Saint-Marc Girardin.
N'ont pu signer la lettre au ministre, mais
ont adhéré au projet d'association :
MM.Clément, sénateur ;
Duc d'Harcourt, député ;
Truber, député;
. Prince d'Aremberg; député;
Ernest Gouin, régent de la Banque.
La réunion privée que nous avions
annoncée, dans laquelle M. Baragnon
devait porter la parole en faveur de
l'enseignement religieux et des droits
du père de famille, a eu lieu hier soir,
rue Saint-Antoine, 104, salle Rivoli,
sous^ la présidence de M. Ghesnelong.
Près de 1,500 personnes y assistaient.
Les orateurs ont été vivement ap
plaudis, et M. Baragnon a obtenu le
plus grand succès. Aussi a-t-il été ré
solu que son discours serait publié
pour la propagande.
Nous reparlerons, du reste, de cette
réunion, qui inaugure si bien la série
de conférences où se feront entendre
successivement, pour la défense^ de
l'enseignement religieux, les plus élo
quents des orateurs catholiques.
La lettre suivante a été adressée au
ministre de l'intérieur :
Paris, 28
- - jUlû.
Monsieur^ £ inisl
T A© *•'
soussignés ont l'honneur de s'adres
ser à vous pour vous demander de les au
toriser, aux termes de nos lois, à fonder
une association qui aura pour-but de sou
tenir et de développer l'enseignement pri
maire libre. Ils espèrent être utiles à leur
pays en servant à la fois l'instruction qui
élève les esprits etlaliberté qui rassure les
consciences. Ils osent croire que leur de
mande trouvera près de vous un favorable
accueil.
Ont signé cette lettre :
MM. le comte d 'Haussonville, sénateur;
Andral, ancien vice-président du conseil
d'Etat ;
A propos de la funeste loi sur l'en
seignement primaire qui vient d'être
votée par les Chambres belges, on lit
dans le Bien public de Gand :
En 1793, en France, la mort de Louis XVI
fut votée à la majorité d'une seule voix. Or,
parmi les conventionnels qui sanctionnè
rent ce crime, figure un B oyaval , député
du Nord.
En 1879, en Belgique, la loi de guerre et
de malheur , imposée au pays par la franc-
maçonnerie, passe également à la majorité
d'une seule voix, la voix d'un B oyaval I
Habent sua fata nominal
Si, à ces deux dates, les révolution
naires se retrouvent et se ressemblent,
il faut ajouter que les catholiques aussi
restent dignes d'eux-mêmes et de leur
passé. Rien n'égale, en effet, l'ardeur
et la décision avec lesquelles ils se sont
mis à l'œuvre en Belgique pour empê
cher par tous les moyens les détesta
bles effets de la loi.
Dans ce but on a résolu que, dans
les moindres communes , il serait fondé
une école libre destinée à faire échec
à l'école sans Dieu, et c'est à procurer
partout ce grand résultat que tendent
présentement tous les efforts des ca
tholiques belges. Depuis plusieurs se
maines, il n'est presque pas de jour où
l'on ne signale quelque réunion tenue
à cet effet et où se font entendre les
plus vaillants des orateurs catholiques.
Avant-hier c'était l'énergique directeur
du Bienpubliclm-même, M. Verspeyen,
dont les autres journaux catholiques
nous faisaient entendre les éloquentes
protestations. En même temps, ils nous
signalaient un grand acte d'initiative
pris par Mgr l'évêque de Gand, qui
s'est mis à la tête d'un vaste comité
diocésain spécialement constitué en vue
de créer les écoles dont nous parlons
ci-dessus.
Mais ce n'était pas assez, et c'est
d'une autre manière encore que les ca
tholiques ont marqué leur résolution
de pousser vivement la lutte contre le
régime d'oppression qui s'attaque à
l'éducation de leurs enfants et à leur
foi. Afin de se rattacher pour l'avenir
une opinion qu'ils savent révoltée con
tre eux, les libéraux au pouvoir son
geaient très habilement à tirer parti
des fêtes annoncées pour le .50° anni
versaire de la proclamation de l'indé
pendance. En temps ordinaire, les ca
tholiques n'auraient pas manqué de
prendre part à ces fêtes; mais, au lieu
de leur laisser un caractère national,
les libéraux, qui veulent forcer l'adhé
sion des catholiques, entendent néan
moins donner à ces fêtes un caractère
anticatholique, qui devient un outrage
pour toute une partie de la population
belge,
Dans oes conditions, les catholi
ques belges,* par l'organe de leurs
jour^'aux'et de leurs cercles, ont net
tement déclaré qu'ils s'abstiendraient
de participer aux fêtes. On préten
dait les enchaîner au char du libéra
lisme-, ils se retirent, n'ayant rien à
fêter dans un souvenir dont on veut
faire une arme contre eux. Pour sa
réjouir, ils attendront d'avoir rem
porté le triomphe qu'ils peuvent sè
promettre, dans la lutte engagée pour
la défense de leurs libertés et du droit.,
A uguste R oussel.
On lit dans le Siècle :
N'en déplaise à M. l 'évêque Freppel,
Mme Roland doit être présentée aux jeunes
filles comme une femme d'une grande in
telligence, d'une grande vertu et d'un grand
cœur. C'est le respect de l'histoire qui le veut
ainsi.
Nous relevons cet aveu, qui montre
de quelle façon le Siècle entend le res
pect de l'histoire. Pour ce qui est de la
vertu de Mme Roland, la thèse du
Siècle tendrait à nous prouver que,
d'après lui, la vertu consiste à profes
ser sur la fidélité conjugale et la mo
rale en général des principes assez
larges pour se soustraire aux devoirs
de l'une et de l'autre.
Ge seront, en yér^ti, de bell^ QOoïea,
celles ..où- i enseignement Mgieux
«.nt disparu, les maîtres qui >nt la
faveur du Siècle donneront de telles le
çons d'histoire et de tels exemples de
moralité !
On nous écrit d'Alger le 28 juin :
Pendant que l'athéisme brutal travaille
à la ruine de la France et de son antique
influence dans le monde par la guerre fé
roce qu'il déclare au catholicisme et parti
culièrement aux congrégations religieuses,
celles-ci continuent à donner les plus ad-,
mirables exemples de dévouement et d'ab
négation, et à se sacrifier, gon-seulement
pour Dieu, mais aussi pour4 àonueur et le
biea de la patrie.
N° 4272 — Édition quotidienne.
PARIS
Un an.
Six mois.. 2f 50
Trois mois 15 ■
Un Numéro,.à Paris 15 cent.
— Départements. 20 —
BUREAUX
Paris, 10, Rue des Saints-Pères
On s'abonne, à Rome, place du Cesû, 8
Jeudi 3 Juillet 1879
■ D épartements" *
L n an 55 it • a
Six mois. ; 28 50
Trois mois %. . 4S »
FRANGE
PARIS, 2 JUILLET 1879
Nous cherchons parfois à nous faire
illusion sur la triste réalité qui nous
oppresse, en nous complaisant dans un
reve. hélas ! bien inoffensif. Nous
voyons la France telle qu elle serait
si, il y a six ans, les scrupules étran
ges de quelques douzaines de parle
mentaires et de catholiques libéraux
n'avaient fermé la porte de la France
à son roi, s'ils n'avaient voulu impo
ser au représentant de nos vieilles
traditions le drapeau dont les plis san
glants avaient couvert l'éehafaud de
Louis XVI, si en un mot ils n'avaient
voulu le contraindre à marier le prin
cipe de la révolution avec le principe
du droit; nous la voyons, cette patrie
humiliée, relevant son prestige aie-
tranger, et portant très haut son dra
peau, mais déposé dans d autres mains
que celles d'un ministre venu d'outre-
Manche. v •
Nous la voyons, à \ intérieur, livrée,
non à des préfets du hasard et à des
subordonnés étonnés de leur bonne
fortune, mais confiée à des hommes
dévoués à ses intérêts, rompus aux
rouages administratifs ; nous la voyons
marchant, dans le calme de la paix et
de la sécuiité vers le développement
de son agriculture, de son industrie
et de son commerce, suffisamment
protégés par des lois tutélaires contre
Venvahissement du cosmopolitisme
étranger; nous voyons la justice ren
dant des arrêts sans être sommée de
rendre des services, et les magistrats
qui la représentent n'étant point me
nacés dans leur indépendance profes
sionnelle. Nous voyons s'épanouir la
liberté d'enseignement qui couvre de
ses institutions chrétiennes la France
entière,'.et forme une jeunesse toute
prête à combattre pour établir le rè
gne social de Jésus-Christ suj la terre.
Nous voyons l'Eglise libre/ non pas
dans l'Etat libre, mais à côté de l'Etat,
respectant et sauvegardant les droits
des âmes. .
Nous voyons Dieu sortir de son tem
ple et tous les pouvoirs constitutifs de
la société venir incliner solennelle
ment la part d'autorité qui leur est
dévolue devant la première des auto
rités celle d'où découle la leur, celle
sans 'laqtielle la leur ne serait que l'ap
plication de la force brutale et pas
autre chose. . ,
• Mais M. Lepère est toujours fidele a
la messe de onze heures, M. Tirard n'a
pas quitté son atelier de bijouterie en
Taux, M. Jules Ferry apprend le pur
français auprès de M. Margue, le ge-
neral Gresley conserve la liberté de
„hari + «r la Marseillaise en chambre,
MM. Gambetta, Leroyer, Spuller, par
tis de latitudes différentes, sont reunis
sous les orangers de Saint-Sebastien
et savourent, en mangeant les restes
ou 'ils ont su se faire, un rçços quils
ont bmi gagné."Voilà ce que je vois en
^Mais le cauchemar de la réalité est
là. Les honnêtes gens, les conserva
teurs à-l'eau de rose qui ont travail e
de leur mieux à fonder la
nèîîvent se frapper la poitrine . s ils ont
quelque chose gous la mamelle gau
che qu'ils calculent tout le mal qui
S U et q» eût M-rtg
j an a son germe si, en 1873, ils avaient
S ahné la France mutilée pour
fouler aux pieds leurs préjugés, si, au
lieu de verser en public d.es larmes de
crocodiles et de sourire tn petto dans
le comité des amis en recevant la let-
tJ S belle si généreuse de Salzbourg,
comme cela, plus d'intermédmiws en-
tre la Francs et son roi •
Eh bien ! non Ils ont voulu sauver
le principe de la révolution. I s ont
caréné, Us ont n^rri cette larve,
qui s'est développée à
leur constitution et a produit £ e . q u ®
nous voyons. Si, il y a six ans ",,
eût dit à ces habiles fils de 89 .
« Dans six ans il ne restera plus
rien de votre œuvre, plus rien, saut
le mal que vous y aurez mis. Votre
république conservatrice se sera éva
nouie comme un songe; elle aura tait
place à l'autre, à celle qui ne veut
rien conserver, mais la, rien du tout,
excepté des places pour les amis atta-
jnés, qui se gaùdissent d une aubade
ou'ils n'attendaient pas. Vous etiez
tout -puissants alors, et auj ourd hux
vous êtes des suspects, et demain peut-
être vous serez des proscrits. Ah! que
nûg maîtres actuels ont mieux com-
nris aufi vous la puissance des mots,
Vous leur avez gracieusement con
cédé, sous le déguisement du provi
soire, le nom de république Du mot
on esfc d'abord passe à la ehop ano
dine à la république aimable, à. la
vôtre Vous espériez la diriger tout
doucettement dans l'orniere de vos pe
tit» intérêts. Mais la nature sauvage
de voire fille a pris vite le dessus, et
aujourd'hui la république, la vra^e,
vous enlace, vous etremt vous prend
k la gorge et menace de vous faire
l 'opération qu« >ous n'avez pas voulu
lui faire a elle. &
Tout ce qui s était fait de bien, à
travers beaucoup de difficultés depuis
.trente ans, tout eela est plus^que com-
nromis par les quelques années du ré
gime républicain que vous avez accla
mé, et mus ne sommes quaucom-
^ -V.70
mencemenl! Si la Providence n'arrête '
la rage des destructeurs, rien ne res
tera debout, non, rien. La France re
culera jusqu'à la Convention, et (peut-
être au delà. Les campagnes s'étaient
jusqu'à présent, en partie, préservées
du virus révolutionnaire ; mais, grâ
ce à la facilité des communications, à
la liberté illimitée du colportage, au
bon marché des mauvaises brochures,
■ elles sont aujourd'hui empoisonnées,
et le mal y est si profond, qu'il est
déjà peut-être plus difficile à déraciner
que dans les villes. L'homme va deve
nir la proie du mal au sortir du sein
de sa mère. La république, en enle
vant à l'enfant ses instituteurs chré
tiens, livre sa jeune âme qui a soif de
Dieu, à l'éducation sans Dieu, à l'édu
cation plus hideuse que celle du paga
nisme, à l'éducation athée. Toutes le3
lois qui assurent sinon la liberté en
tière, du moins la possibilité de l'en
seignement chrétien de l'enfance et
de la jeunesse, ces lois qui ne sont pas
pures de tout alliage, mais qui du
moins laissaient au bien une certaine
liberté d'allures, vont s'écrouler sous
les coups des hommes placés à la tête
du gouvernement de votre choix à
Édition semi-quotidienne
Un an. 30 fr. — Six mois, 16 fr. — Trois mois, 8 ir. 80
L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits qui lui sout adressés
ANNONCES
MM. Gli. LAGRANGE, CERF et C", 6, place de la Boiirae
vous, conservateurs.
Les religieux, les religieuses, les frè
res, les sœurs, tous ces hommes et
toutes ces femmes de dévouement yont
disparaître, parce que vous n'avez pas
voulu expulser l'ennemi de la maison
quand vous en aviez le pouvoir. Il est
le maître maintenant, et il use de la
férule. Tandis qu'il entreprend de
chasser Dieu de l'école, de proscrire les
instituteurs qui croient que d'appren
dre aux enfants la connaissance de
Dieu, de ses droits et de leurs devoirs,
cela ne gâte rien, Dieu est confiné
dans son temple.On permettra à quel
ques douzaines de libre-penseurs mys
tiques ou non d'organiser des prome
nades scandaleuses pour porter civile
ment en terre un cadavre ; mais les
catholiques ne pourront faire franchir,
à Dieu le seuil de l'Eglise, ils ne pour
ront lui rendre les hommages qui ne
lui sont pas refusés aujourd'hui à
Gonstantinople ni même au Japon, et
par respect pour là prétendue con
science de gens qui se vantent d'être
des fils dé singes, on ne craint pas de
froisser des millions de Catholiques.
On sait que les catholiques souffrent,
s'indignent... en paroles, et ne descen
dent jamais dans la rue le fusil sur
l'épaule, sauf pour sauver M. Jules
Ferry.
Le" retrait de la loi sur l'aumônerie
militaire chassera Dieu de l'armée, et
nos enfants iront mourir sur les con
fins de l'Afrique et ailleurs sans la pa
role de vie qui leur ouvrirait le ciel en
récompense du sacrifice qu'ils font
pour leur patrie terrestre. Le divorce
sera voté comme tout le reste, et Dieu
n'aurà même plus de place au foyer
de la famille. Plus de Dieu, ni à l'école,
ni à l'armée, ni dans la famille, ni dans
la rue : c'est la proscription de l'Evan
gile.
Et comme l'homme, quoi qu'il fasse,
ne peut détruire complètement sa na
ture, comme l'homme est un être reli
gieux, il ne se passera pas absolument
de religion, il ne sera jamais aussi
singe qu'on voudrait le faire, il tom
bera dans le paganisme, voiré même
dans le fétichisme.
Un journal se vantait, il y a quel
ques jours, de son paganisme, et hier
il déclarait que l'interdiction des pro
cessions à Marseille n'était que la
juste représaille du crime commis par
les vieux PhoGéens, qqi çivaient dé
moli le temple de Diane et interdit les
processions en l'honneur de la chaste
déesse. G'pgt le délire de la folie. Éh
bien ! tout cela est l'œuvre de la répu
blique. Et, on ne le rappelle pas assez
souvent, tout cela est la bête qui était
renfermée dans l'œuf qu'on a appelé
la Constitution, la fille de M. Wallon.
Mais Dieu déblaye le terrai!}; folies
républicaines aidant, il fera seul l'œu
vre pour laquelle il avait vainement
sollicité le CPWWS des conservateurs.
Dieu sauvera là France!
D'après M. le ministre de l'instruc
tion publique, l'Etat doit monter la
garde autour des consciences des jeu
nes enfants. Ce serait une belle et
bonne parole, si elle était sincère.
Pour M. Ferry, elle ne sert qu'à faire
valoir les droits exorbitants qu'il ré
clame pour l'Etat dans renseigne
ment. Quand il n'est plus question des
jésuites, M. Ferry ne connaît plus
cette mission protectrice de l'Etat.
Au lieu, d'examiner de si près l'en
seignement des maisons religieuses,
où il n'a même pas su voir qu'on ap
prend aux jeunes gens la piété, les
bonnes mceurs,la dignité de la vie, les
fortes vertus, le respect de l'autorité,
ce ministre myope ferait bien mieux
de regarder ce qui se passe dans la
Représentant de -l'Etat, gardien vi
gilant des jeunes consciences, M; Fepr
ry ne voit pas que les rues, les jardins,
les musées, les étalages publics avec
leurs statues indécentes, leurs peintu
res libres, le^rs gravures et photogra
phies graveleuses, sont des ecoles pu
bliques et permanentes d'immoralité
pour la jeunesse. M. Ferry ne voit pas
que la presse jette tous les jours en
oâture à des milliers de jeunes gens*
cies d'eu! sexes * es feuilletons les plus
licencieux, les roîH""- 3 les_plus^ déver-
vergondés, où garçons et tille»
nent le mal à aouge ans.
ii M. Ferry avait vraiment le souci de
l'enfance, quelle tâche pour un minis
tre de l'instruction publique que celle
de mettre les consciences des jeunes
gens à l'abri de toutes ces influences
corruptrices! quelle utile mission que
celle de surveiller ce livre de la rue
constamment ouvert sous les yeux de
la jeunesse, cette école de la vie ordi
naire infectée de si mauvais enseigne
ments! Mais il s'agit bien de sauve
garder l'âme candide de l'enfance, de
protéger la morale publique ! La mis
sion d'un ministre frîme-maçon n'est
pas de faire fleurir les bonnes mœurs
et de préparer des générations hon
nêtes : c'est d'expulser les jésuites.
La Lanterne avait réussi à mettre M.
le préfet de police sur la sellette, et
cette feuille, jusqu'ici heureuse, sem
blait devoir triompher de M. Andrieux
comme elle avait triomphé de MM.
Gigot et de Marcère. Mais le dénoue
ment n'a pas été ce qu'on attendait.
D'accusatrice, la Lanterne est devenue
accusée, et la voilà réduite à se défen
dre. M. Andrieux, parlant en préfet
de police, c'est-à-dire en homme qui
sur certains points doit être bien in
formé, a mis en cause les patrons de
cette feuille tapageuse, au point de
vue des finances. U a invoqué le té
moignage de M. Ghristophle, directeur
du Crédit foncier, et celui-ci l'a donné-
en termes désagréables pour les lan-
terniers. On trouvera ces propos au
compte rendu de la séance. Les
noms propres manquent, mais il sem
ble qu'en cherchant un peu on les
trouverait. On cherchera.
Cette affaire soulève, d'ailleurs, deux
questions. Une question de droit d'un
caractère général et une question per
sonnelle. Sur la première, M. le préfet
de police est dans son tort et s'est
mal défendu. Evidemment il a commis
un abus de pouvoir,' une illégalité en
faisant saisir la Lanterne. Les articles
8 et 10 du Code d'instruction crimi
nelle, qu'il a invoqués, le condamnent
formellement. Il faut que la majorité
soit décidée à se jouer de tous les prin
cipes pour ratifier de tels coups.
Quant au cas personnel, dont M. An
drieux a tiré une habile et heureuse
diversion, le directeur de la Lanterne,
qui le déclare des plus naturels et des
plus simples, se montre cependant
ennuyé d'avoir à l'expliquer. Ses ré
ponses laissent à désirer. Peut-être cela
tient-il à ce qu'il n'avait pas encore
sous les yeux le texte de l'accusation.
Il l'a maintenant et fera bien d'être-
plus net. Dans l'état de ses affaires,
il ne peut qu'y gagner. Il peut croire
que nous tiendrons compte de ses ob
servations. Nous l'invitons, en- outre,
à dire quels journaux ont eu leur
part du gâteau de deux millions que
le Crédit foncier aurait distribué à la
presse pour lui faire « soutenir les in
térêts des créanciers français contre
le khédive. »
M. Christophle doit, lui aussi, jdes
explications plus complètes et plus
loyales. Il affirme que l'institution
dont il est aujourd'hui le directeur a
fait disparaître, moyennant 30,000 fr.,
tous les exemplaires d'un livre écrit
contre elle par un associé du direc
teur de la Lanterne. Si ce livre était un
pamplet, s'il calomniait, pourquoi ne
l'a-t-on pas déféré à la justice au lieu
de l'acheter? Cela eût été plus digne,
moins coûteux et plus sûr que de le
faire disparaître.
En triomphant Mer h la Chambre,,
M. Andrieux ne paraît pas avoir con-
verti à sa cause la plupart des jour
naux républicains. Le XIX" Siècle l'a
vertit de ne plus recommencer, parce i
que la Chambre, qui a pardonné une j
première fois, ne serait plus aussi
complaisante à la seconde. Le Uapml
ne trouve pas que le prefet clp police
ait justifié son attitude et ses actes.
Quant au Petit Parisien, dont le direc
teur, M. Laisant, a pris hier directe
ment _à" partie M. Aiidripux, voici ses
•fiavinns :
JL v — -
Ce n'est pas de la. colère qu'on doit
éprouver à la suite d'une pareille séance,
mais plutôt une pitié sincère et une tris
tesse profonde.
Nous avons assisté hier au plus étrange
spectacle : celui d'une Chambre qui se
1 ignorance
la plus complète de ce que signifie le mot
de liberté.
Le Petit Parisien conclut par une
menace, « N°u s n'en avons pas fini,
dit-il, avec cet ancien républicain —-
pardon — avec cet ex-républicain,
voulons-nous dire. »
On nous écrit de Versailles (Sénat),
le 1" juillet :
Le -p&Fteïfiepterisffle est quelcpie p(3U p$-
rent de l'honorable M. Bridoison : il aime
la forme. Le fonds, il est vrai, lui importe
peu, tout comme à M. Bridoison.
Or la forme exige qu'un rapport soit dé
posé en séance publique avant ci être livré
à. l'impression, et le rapport de fyL J.ulp§
Simon sur pe que le ministère normale, avec
yqe ip'onie cruelle pqur le. centre gauche
s$ Ifli de gpaiîfje, était prêt, paraît-il, de
puis hier soir, Il ne tout pas que la posté
rité puisse dire qu'un rapport de M. Jules
gjgiçfl ft failli attendre ; ce serait d'un exem
ple déplorable pour les Jules de l'avenir.
C'est donc dans le seul fculde satisfaire
aux exigences bridoisonesques du règle
ment et des us parlementaires que les
membres du Sénat sont venus à Versailles
aujourd'hui. La plupart, il est vrai, se sont
égarés volontairement du côté de la Cham
bre, où les attirait l'affaire de la Lante?-ne,
mais il n'y en a pas moins eu séance .
— Sans exagération — il y avait là une cin
quantaine d'honorable fidèles au devoir, si
ennuyeux qu'il fût. Quant au ministère,
sauf M. de Freycinet, était resté, suivant
l'expression élégante de M. Martel, « dans
une enceinte voisine. »
La lecture du rapport a été demandée
par la gauche; ce n'est pas que cette lec
ture dût être intéressante, mais elle devait
permettre de discuter le projet dès jeudi
prochain, et tenir un peu de place dans la
séance, tout comme dans le potage le sou
lier du légèndaire compatriote de M. Bar-
doux.
Le rapport de M. Simon a été accueilli
par quelques « très bien » fort tranquilles;
il n'est point en effet de nature à soulever
les passions, mais plutôt à faire sourire
ceux qui, instruits par l'expérience, ne pro
fessent pas l'optimisme béat de nos maîtres
actuels. M. Simon voit tout en beau, ce qui
est excusable quand on est académicien et
sénateur inamovible; il dépeint le présent et
même prédit l'avenir sous les plus riantes
couleurs; il s'attendrit ser l'admirable sa
gesse du peuple parisien, « qui ne cherche
ra désormais à faire prévaloir ses aspira
tions que par la discussion et le vote. »
Mais si le vote était éclairé au pétrole, et si
la discussion avait lieu à coups de fusil?
L'aimable rapporteur n'admet pas cette
hypothèse : Les leçons de l'histoire sont
absolument inutiles aux républicains en
place.
M. Simon affirme que le palais du Lu
xembourg appartient de droit au Sénat. Le
préfet a réclamé au nom du conseil muni
cipal ; mais leîrapporteur a tenu ferme, re
poussé toutes les coînbinaisons et déclaré
qu'il ne sortirait du Luxembourg que par
la force des baïonnettes, ce qui, entre pa
renthèses, pourrait bien lui arriver plus .tôt
qu'il ne croit. L'article 5, celui dont nous
avons montré les périlleuses tendances, a
été remanié de fond en comble par la com
mission : M. Gambetta ne pourra plus s'of
frir un beau matin la fantaisie de s'improvi
ser général en chef de l'armée de Paris.S'il
veut avoir quatre hommes et un caporal en
dehors de la garde habituelle, il lui faudra
les demander au ministre de la guerre.
Voilà une changement de texte qui sera
d'autant plus sensible à l'ex-dictatëur qu'il
lui vient de M. Jules Simon, son vieil en
nemi intime. Le rapporteur a pris son air le
plus narquois pour expliquer que le droit
de réquisition directe des troupes était
incompatible avec le prestige et l'autorité
du ministre de la guerre; nous avons re
trouvé là le Jules Simon des beaux jours.
C'en est donc fait ! Il ne nous sera pas donné
de voir M. Gambetta en général, le sabre
d'une main, la sonnette dans l'autre, jouer
une de ces grandes scènes parlementaires
qui comptent dans la vie des peuples en dé
cadence. Le spectaôle eût été drôle : nous
en sommes presque à le regretter.
On nous écrit de Versailles (Cham
bre des députés), le 1" juillet :
Le citoyen Bouchet interpelle, non le
gouvernement, car il est entendu quçJe'
gouvernement n'a d'opinion sur rien,- mais
le citoyen Andrieux devenu, par une série
de mues, de rédacteur du journal l'Athée,
préfet de police. Il lui demande compte de
la saisie de la Lanterne, qu'il considère com
me un acte d'arbitraire et une sorte da
vengeance personnelle. A son avis, jamps
le' 10 maj, lequel a excité tant de colèjjra et
a'&at attii-â Uni de malédictions, na violé
d'une manière aussi scandale use \t liberté
de la presse. Et comme on jaurnu'*"
on/urn^ à
gauche et que le citoyen fait remar
quer an ^puté de Marseil/e qu'il exagère,
et que le gouvernement actuel ne l'emporte
pas sur le 10 mai en matière d'arbitraire
sur la presse, le citoyen Bouchet répond
ironiquement que si l'opportunisme ne sur-
passepasle 16 mai sous ce rapport, nul ne
peut méconnaître qu'il l'égale et qu'il se
Sept, plus brutalement, des mêmes procé
dés. Témoin la saisie violente de la Lanterné
ordonnée contrairement aux lois par M. le
préfet de police.
M. de Fourtou, qui est à son banc, rit de
tout son cœur de cette réhabilitation du
16 mai. Pour que cette réparation fût-com
plété', il ne manquait plus qu 'une chose :
un vote de flétrissure avec afficiage dans
toutes les communes de France contre les
républicains traîtres à la liberté. Le citoyen
Bouchet n'a pas songé à demander une
telle mesure ; il s'est borné à insinuer que
la destitution du préfet de, police aurait le
don de calmer ses susceptibilités libérales
et de montrer que les républicains ne sont,
Gomme ils paraissent l'être en ce moment,
ni des renégats ni des traîtres. En enten
dit un, tellangage, beaucoup de person
nes qui ne connaissent pas la Révolution et
sa profonde hypocrisie, ont peut-être cru
que le sieur Bouchet était un sincère ami
de la liberté. Qu'elles se détrompent, Le
député de Marseille yeut, PB effet, la li*
berté pour lui et pour les siens, mais il est
prêt à la' refuser à ses adversaires. Vous 1»
verrez demain voter des deu v ^ " ma { ns le g
lois Ferry.
A. iifâut du citoyen Lepère, qui atten
dait que la majorité eut manifesté son sen-
tinjent pour se foire une conviction, M. An
drieux a présenté lui-même sa défense. Il l'a
Mt avec habileté, parfois avec esprit, ne
craignant plus de découvrir les plaies de
son parti et d'initier le public à des mœurs
dont on soupçonnait déjà l'existence, sans
pouvoir l'établir d'une façon positive. Quit-
aat le terrain ïé|&i, qui était trop brûlant
et trop dangereux, M. Andrieux s'est atta
ché à prouver que s'il avait fait poursuivre et
saisir la Lanterne, objet ou prétexte de l'in-
pellation, ce n'était pas en tant que journal,
mais parce que ledit journal était devenu
un foyer de délation et de chantage. Non
contents d'avoir vendu leurs frères pour
entrer à la préfecture de police et s'y main
tenir, les agents républicains, voulant, à
1 exemple de leurs aînés de 93, élever la dé
lation à la hauteur d'une vertu, trahis
saient la préfecture eu faveur du journal la
Lanterne, qui devenait ainsi un centré très
actif de contre-police. Doublement délateurs
et traîtres, les. agents se faisaient payer
doublement leurs services.'
On ne se bornait pas à la Lanterne à
écrire des articles venimeux contre la mai
son rivale, à inventer des crimes qu'on
mettait à la charge de celle-ci; mais quand
les crimes menaçaient de manquer, quel
ques rédacteurs du journal démocratique se
chargaient d'effrayer les passants. Et comme
preuve à l'appui, M. le préfet raconte
qu'un rédacteur de la Lanterne eut une cer
taine nuitdes allures assez inquiétantes pour
les personnes attardées. Pour compléter le
tableau de ce personnel républicain, M. le
préfet ajoute que la Lanterne est soudoyée
par des personnages-qu'ilne veut pas nom
mer, mais sur lesquels M. Christophle
peut renseigner la Chambre.
Après une réplique du citoyen Laisant,
réplique subie plutôt qu écoutée par la
Chambre, M. Christophle, vivement inter
pellé par la droite d'avoir à s'expliquer,
finit, après de nombreuses hésitations et
contrairement aux conseils de M. Léon
Say, par s'exécuter ; mais si l'on rapproche
les termes dont il s'est servi des faits
qu'il a indiqués, on doit croire qu'il
n'a pas tout dit. D'ailleurs ces mes
sieurs se connaissent mieux que nous ne
les connaissons.
Nous devons reconnaître que M. le pré
fet de police a beaucoup gagné depuis que
nous l'avions entendu. Sa tenue est meil
leure, moins tourmentée, son langage plus
simple sans être moins animé, son geste
plus sobre, son action oratoire plus distin
guée. Il a eu un véritable succès en racon
tant l'affaire mystérieuse de Mlle Bernage,
affaire qui, grossie et envenimée par la
Lanterne, a donné lieu à l'interpellation qui
vient de nous apprendre dans quel état
d'indiscipline les républicains ont mis la pré
fecture de police. Ce qui n'était pas le moins
curieux dans tout ceci, c'était d'entendre
M. Andrieux parler comme M. Benjamin
Delessert et de voir quels changements
l'exercice du pouvoir avait opérés dans ses
idées.
M. Lepère, voyant que son préfet avait
gagné sa cause, est venu le couvrir coura
geusement de son approbation et lui donner
sa bénédiction.
Pendant que le citoyen Laisant répliquait
à M. le préfet de police, il s'est produit un
incident qu'il est bon de noter. Il prouve
l'existence de cette unité morale dont le ci
toyen Ferry est legardienjaloux. M.Laisant
qui menait, au nom des intransigeants, la
campagne contre M. Andrieux, n'étaitpoint
écouté. On causait et la sonnette du prési
dent, d'ordinaire si impatiente, restait im
mobile. Ce que voyant, le citoyen Perio
s'adresse au président et lui intime, d une
voix brève, l'injonction de réclamer le si
lence. Tant d'audace surprend et irrite le'
/citoyen Gai »Actta, qui répond sur le même
ton >son interlocuteur. Le dialogue a été
-c6urt, mais significatif. Clémenceau dardait
sur Gambetta ses petits yeux ronds et plus
pétillants que jamais. Sous ce regard, le ci-
toyenjGarqbettan'a pas^osé rappeler à l'or
dre le citoyen Perin.
L'ordre du jour pur et simple, voté à une
grande majorité, a donné un bill d'indem
nité à M. Andrieux, qui s'est retiré Irioni"
phant... pour quelques jours.
Malgré l'heure avancée, l'inh^-p^e ^ ^
Gasté a dévelonrvA CO ntre-projet sur les
lœ l\ erry. Le discours qu'a prononcé à ce
sujet le député contient d'excellents passa
ges, auxquels nous applaudirions volontiers
s'ils n'étaient un peu défigurés par le répu
eanisme de leur auteur.
Ferdinand Duval, ancien préfet de la
Seine;
Général baron de Chabaud -Latour, sé
nateur,
Lorois, député;
Comte de Saint-Aignan, ancien conseil
ler d'Etat;
Blavoyer, ancien député;
Coîtiélis de Witt, ancien député ;
v Paul Michot, député ;
Baron de Barante, sénateur ;
Lambert de Sainte-Croix, sénateur;
Barthélémy Saint-Marc Girardin.
N'ont pu signer la lettre au ministre, mais
ont adhéré au projet d'association :
MM.Clément, sénateur ;
Duc d'Harcourt, député ;
Truber, député;
. Prince d'Aremberg; député;
Ernest Gouin, régent de la Banque.
La réunion privée que nous avions
annoncée, dans laquelle M. Baragnon
devait porter la parole en faveur de
l'enseignement religieux et des droits
du père de famille, a eu lieu hier soir,
rue Saint-Antoine, 104, salle Rivoli,
sous^ la présidence de M. Ghesnelong.
Près de 1,500 personnes y assistaient.
Les orateurs ont été vivement ap
plaudis, et M. Baragnon a obtenu le
plus grand succès. Aussi a-t-il été ré
solu que son discours serait publié
pour la propagande.
Nous reparlerons, du reste, de cette
réunion, qui inaugure si bien la série
de conférences où se feront entendre
successivement, pour la défense^ de
l'enseignement religieux, les plus élo
quents des orateurs catholiques.
La lettre suivante a été adressée au
ministre de l'intérieur :
Paris, 28
- - jUlû.
Monsieur^ £ inisl
T A© *•'
soussignés ont l'honneur de s'adres
ser à vous pour vous demander de les au
toriser, aux termes de nos lois, à fonder
une association qui aura pour-but de sou
tenir et de développer l'enseignement pri
maire libre. Ils espèrent être utiles à leur
pays en servant à la fois l'instruction qui
élève les esprits etlaliberté qui rassure les
consciences. Ils osent croire que leur de
mande trouvera près de vous un favorable
accueil.
Ont signé cette lettre :
MM. le comte d 'Haussonville, sénateur;
Andral, ancien vice-président du conseil
d'Etat ;
A propos de la funeste loi sur l'en
seignement primaire qui vient d'être
votée par les Chambres belges, on lit
dans le Bien public de Gand :
En 1793, en France, la mort de Louis XVI
fut votée à la majorité d'une seule voix. Or,
parmi les conventionnels qui sanctionnè
rent ce crime, figure un B oyaval , député
du Nord.
En 1879, en Belgique, la loi de guerre et
de malheur , imposée au pays par la franc-
maçonnerie, passe également à la majorité
d'une seule voix, la voix d'un B oyaval I
Habent sua fata nominal
Si, à ces deux dates, les révolution
naires se retrouvent et se ressemblent,
il faut ajouter que les catholiques aussi
restent dignes d'eux-mêmes et de leur
passé. Rien n'égale, en effet, l'ardeur
et la décision avec lesquelles ils se sont
mis à l'œuvre en Belgique pour empê
cher par tous les moyens les détesta
bles effets de la loi.
Dans ce but on a résolu que, dans
les moindres communes , il serait fondé
une école libre destinée à faire échec
à l'école sans Dieu, et c'est à procurer
partout ce grand résultat que tendent
présentement tous les efforts des ca
tholiques belges. Depuis plusieurs se
maines, il n'est presque pas de jour où
l'on ne signale quelque réunion tenue
à cet effet et où se font entendre les
plus vaillants des orateurs catholiques.
Avant-hier c'était l'énergique directeur
du Bienpubliclm-même, M. Verspeyen,
dont les autres journaux catholiques
nous faisaient entendre les éloquentes
protestations. En même temps, ils nous
signalaient un grand acte d'initiative
pris par Mgr l'évêque de Gand, qui
s'est mis à la tête d'un vaste comité
diocésain spécialement constitué en vue
de créer les écoles dont nous parlons
ci-dessus.
Mais ce n'était pas assez, et c'est
d'une autre manière encore que les ca
tholiques ont marqué leur résolution
de pousser vivement la lutte contre le
régime d'oppression qui s'attaque à
l'éducation de leurs enfants et à leur
foi. Afin de se rattacher pour l'avenir
une opinion qu'ils savent révoltée con
tre eux, les libéraux au pouvoir son
geaient très habilement à tirer parti
des fêtes annoncées pour le .50° anni
versaire de la proclamation de l'indé
pendance. En temps ordinaire, les ca
tholiques n'auraient pas manqué de
prendre part à ces fêtes; mais, au lieu
de leur laisser un caractère national,
les libéraux, qui veulent forcer l'adhé
sion des catholiques, entendent néan
moins donner à ces fêtes un caractère
anticatholique, qui devient un outrage
pour toute une partie de la population
belge,
Dans oes conditions, les catholi
ques belges,* par l'organe de leurs
jour^'aux'et de leurs cercles, ont net
tement déclaré qu'ils s'abstiendraient
de participer aux fêtes. On préten
dait les enchaîner au char du libéra
lisme-, ils se retirent, n'ayant rien à
fêter dans un souvenir dont on veut
faire une arme contre eux. Pour sa
réjouir, ils attendront d'avoir rem
porté le triomphe qu'ils peuvent sè
promettre, dans la lutte engagée pour
la défense de leurs libertés et du droit.,
A uguste R oussel.
On lit dans le Siècle :
N'en déplaise à M. l 'évêque Freppel,
Mme Roland doit être présentée aux jeunes
filles comme une femme d'une grande in
telligence, d'une grande vertu et d'un grand
cœur. C'est le respect de l'histoire qui le veut
ainsi.
Nous relevons cet aveu, qui montre
de quelle façon le Siècle entend le res
pect de l'histoire. Pour ce qui est de la
vertu de Mme Roland, la thèse du
Siècle tendrait à nous prouver que,
d'après lui, la vertu consiste à profes
ser sur la fidélité conjugale et la mo
rale en général des principes assez
larges pour se soustraire aux devoirs
de l'une et de l'autre.
Ge seront, en yér^ti, de bell^ QOoïea,
celles ..où- i enseignement Mgieux
«.nt disparu, les maîtres qui >nt la
faveur du Siècle donneront de telles le
çons d'histoire et de tels exemples de
moralité !
On nous écrit d'Alger le 28 juin :
Pendant que l'athéisme brutal travaille
à la ruine de la France et de son antique
influence dans le monde par la guerre fé
roce qu'il déclare au catholicisme et parti
culièrement aux congrégations religieuses,
celles-ci continuent à donner les plus ad-,
mirables exemples de dévouement et d'ab
négation, et à se sacrifier, gon-seulement
pour Dieu, mais aussi pour4 àonueur et le
biea de la patrie.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 83.25%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 83.25%.
- Collections numériques similaires Société française d'archéologie Société française d'archéologie /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Société française d'archéologie" or dc.contributor adj "Société française d'archéologie")Congrès archéologique de France : séances générales tenues ... par la Société française pour la conservation des monuments historiques /ark:/12148/bpt6k3210010q.highres Séances générales tenues en ... - Société française pour la conservation des monuments historiques /ark:/12148/bpt6k42251600.highresCaumont Arcisse de Caumont Arcisse de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Caumont Arcisse de" or dc.contributor adj "Caumont Arcisse de") Cougny Gustave de Cougny Gustave de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Cougny Gustave de" or dc.contributor adj "Cougny Gustave de") Palustre Léon Palustre Léon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Palustre Léon" or dc.contributor adj "Palustre Léon")
- Auteurs similaires Société française d'archéologie Société française d'archéologie /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Société française d'archéologie" or dc.contributor adj "Société française d'archéologie")Congrès archéologique de France : séances générales tenues ... par la Société française pour la conservation des monuments historiques /ark:/12148/bpt6k3210010q.highres Séances générales tenues en ... - Société française pour la conservation des monuments historiques /ark:/12148/bpt6k42251600.highresCaumont Arcisse de Caumont Arcisse de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Caumont Arcisse de" or dc.contributor adj "Caumont Arcisse de") Cougny Gustave de Cougny Gustave de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Cougny Gustave de" or dc.contributor adj "Cougny Gustave de") Palustre Léon Palustre Léon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Palustre Léon" or dc.contributor adj "Palustre Léon")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7030800/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7030800/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7030800/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7030800/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7030800
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7030800
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7030800/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest