Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1879-05-14
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 mai 1879 14 mai 1879
Description : 1879/05/14 (Numéro 4224). 1879/05/14 (Numéro 4224).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mercredi i 4 Mai 1819
N* 4224 ÊdilWi"qtîOîïd!êttRS. v
Mercredi 14 Mai 1879
PARIS
On an. 55 fr. »
Six mois. 28 50
Trois mois 15 »
Un Numéro, à Paris
— Départements.
15 .-cent.
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BUREAUX !
Paris, 10; Rue des Saints-Pères l
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DÉPARTEMENTS
Ull un 55iïi ®
Six mois 28 50
Trois mois 45 »
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits
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poste.
FRANGE
PARIS, 13 MAI 1879
11 y a longtemps que l'Ecriture l'a
dit : Corruptio optimi pessima. Quand
line nation qui a reçu le baptême mé :
prise les droits qu'il lui confère et foule
aux pieds les devoirs qui en résultent,
elle arrive à pas de géants à cette cor
ruption, la pire de toutes, la corrup
tion du meilleur. Cet axiome des livres
saints a une réalité écrasante dans les
projets de loi Ferry, qui dépassent
certainement en impiété tout ce qui
s'est fait chez aucun peuple en matière
d'enseignement, et laissent loin der
rière eux les lois du culturkampf, qui
ont fait, en trois ans, tant de mal a
l'Allemagne. Un journal, qui ne passe
pas pour dévot, remarque avec esprit
qu'en comparant les lois Ferry aux
ordonnances de Julien l'Apostat con
tre les chrétiens, on fait beaucoup
d'honneur à l'avocat de 6 e ordre et
Men peu à cet empereur,qui,du moins,
était un soldat et fut tué à la tête de
son armée. Le Constitutionnel a raisûn;
la loi Ferry, si elle devient un règle
ment du droit public de cette chose
qui s'appelle la république, dépasse de
beaucoup les visées de Julien. Celui-ci
voulait bien interdire aux chrétiens
l'accès de la chaire et des hautes éco
les du paganisme, mais il ne forçait
pas les chrétiens à subir son enseigne
ment et il ne leur défendait pas d'ap
prendre à lire sous un maître qui
n'eût pas reçu l'estampille de l'Etat.
Xiuc et Jean pouvaient enseigner les
disciples du Christ, et ce n étaient pas
des maîtres à dédaigner. Et certes, les
écoles, même celles de Julien l'Apos
tat, n'étaient pas des écoles athées.
^L'école athée, absolument athée, n'a
encore jamais existé. De plus, chez
tous fes peuples, le sacerdoce a été
revêtu du droit d'enseigner; nulle
part, un enseignement à un degré
quelconque ne s'est donné sans le con
cours du prêtre. Ce que l'on entend
par enseignement laïque, c'est-à-dire
par enseignement anti-Dteu, est une
invention maçonnique, une mons
truosité inconnue jusqu'à nos jours;
Et cette tentative inouïe se fait dans
la nation éminemment catholique,
auprès de la fille aînée de l'Eglise,
C'.est bien la corruption du meilleur,
de renversé. Les projets de lois Ferry
n'anéantissent pas seulement les
droits les plus sacrés de l'homme et du
père de famille, mais ils se dressent
surtout contre les droits de Dieu. Dieu
est Je premier pédagogue qui ait en
seigné l'homme, et je pense qu'il en
ayait le droit, le projet de loi Ferry
n'existant pas. Cette intervention di
vine dans "la formation de l'intelli
gence du premier homme nous expli
que le grand rôle nue la religion a
toujours eu dans l'éducation.
Mais, il faut bien le dire, en face de
cet enseignement divin un autre ne
tarda pas de se produire. Et «8 double
enseignement forma une double socié
té separee par un abîme, pour me ser
vir de i expression de saint Augustin.
L'une s'appelle la cité de Dieu, l'autre
la cité de Satan. Ce mot fait sourire
tous nos prétendus libre-penseurs. Ils
s 'imaginent qu'ils sont indépendants
et libres parce qu'ils se passent la fan
taisie d'insulter et même de nier Dieu,
et ils ne se doutent pas qu'ils sont,
non pas les sujets, mais les esclave?
d'un tyran, et qu'ils sont d'autant plus
serfs que le grand menteur leur fait
croire qu'ils sont libres. Ils refusent
d'adorer le vrai Dieu, mais ils en .ado
rent un aijtre. Ils prétendent bien ne
croire pas pUis à l'un qu'à ï'ftutrç.
Mais si Dieu est nié, le grand menteur
ne demande pas mieux que d'être nié
lui-même, car cette double négation
fait son affaire. Qu'on l'adore sous le
nom de l'Etat ou sous un autre titre,
cela lui est bien égal, car pour lui le
résultat est le même.
Aujourd'hui, ce premier des révolu?
tionnaires s'incarne dans la républi
que, fit il a pour temple tous les an
tres de la franc-maçonnerie. C'est là
qu'on lui rend un "culte ; bien plus,
c'est là que se tient le parlement qui
décide tout ce dont nous sommes vic
times, nous qui appartenons à l'autre
côté. Mais, pour exécuter ses décisions,
d'une audace jusqu'à présent inouïe,
la franc-maçonnerie avait besoin d'un
homme qui pût offrir de solides garan
ties dans son passé de libre-penseur.
Pouvait-on' trouver mieux que M.
Ferry qui, par son mariage purement
civil., a froissé, blessé l'humanité dans
une de ses croyances les plus sacrées,
la sainteté du mariage. C'est donc lui
qui a été choisi pour être l'exécuteur
des hautes œuvres décrétées dans les
sociétés secrètes. M. Jules F.erry n'est
donc qu'un valet, et on le dit très apte
à l'emploi. Cet avocat de sizième ordre
est fait pour servir, mais pour servir
une serviette sous le bras. Il y a des
services qui relèvent : le Pape se pro
clame le serviteur des serviteurs de
Dieu, par le fait il l'est; et pourtant,
prisonnier ou libre, il n'en est pas
moins le personnage le plus grand, le
plus digne de respect'qui soit dans le
monde. Tous ceux qui ont maculé leur
baptême du sceau de l'apostasie, vous
les trouverez toujours, et partout, dans
l'attitude d'esclaves ; regardez, vous
verrez la trace du collier. Ils peuvent
être puissants et insolents: n'importe,
ils sont valets, et ils sont toujours
forcés de baisser la tête devant l'hom
me loyal et ferme, qui est vraiment
libre parce qu'il défend la vérité.
M. Jules Ferry n'a pu se soustraire
à cette humiliation, pas même dans
les Vosges, pas même dans ce conseil
général où il a eu le rare et insigne
courage de se voter à lui-même des
félicitations. Là pourtant s'est levé un
homme de cœur, qui a hautement dé
fendu les droits de Dieu, et Qiaître Ju
les, qui tout à l'heure avait si longue
ment péroré, a courbé la tète, sans
répondre un mot, devant l'énergique
protestation ; il n'a répondu que par
son vote : c'est une conduite de valet.
Eh bien ! c'est ce plat garçon que les
loges ont jeté en avant comme cham
pion du dieu-Etat, du dieu-république,
contre les- droits les plus sacrés du
père de famille, de l'Eglise, contre les
droits mêmes de Dieu: De M. Jules Fer
ry on veut faire le prophète du nou
veau culte. Il n'y a qu'un mot à chan
ger à l'adage du Coran : Dieu est Dieu
et Mahomet est son prophète , et nous
aurons le dogme du jour : La Répu
blique est dieu et Jules Ferry est son pro
phète.
Voilà où nous en sommes! Voilà, du
moins, où en est la portion de la France
qui a abdiqué son baptême. Mais heu
reusement toute la France n'en est pas
là. Et, pour l'honneur de la fille de
l'Eglise, nous,devons dire que le sang
français est de bien fraîche date, s'il
existe, dans les veines de ceux qui
marchent à la tête de cette croisade
contre Dieu. La vraie et vieille France
s'est levée, la France baptisée sur le
champ de bataille de Tolbiac, la
France de Charlemagne et de saint
Louis n'est pas morte ; elle s'est levée,
et des Pyrénées àT0çéan ? de Calais à
Marseille, c'est une avalanche de ré
probations qui écrasera, nous devons
l'espérer, cette tentative faite pour im
planter officiellement l'athéisme dans
la France catholique. Ces étrangers
ne savent pas quels liens forts et, in
times attachent la France à l'Eglise.
Depuis le baptême de Clovis, leurs des
tinées sont communes; la vie de la
France tient à la vie de l'Eglise. Etl'E-
glise! Des hommes autrement ferrés
que le ministre de hasard qui a nom
Jules Ferry ont essayé de lui tailler ce
cercueil tant de fois prédit, et qui n'a
jamais servi qu'à*enfermer le cadavre
des manœuvres qui s'étaient chargés
de cette besogne. Ce n'est pas M. Jnles
Ferry, fût-il appuyé de tous les Jules,qui
donnera encore cette fois un démenti
à l'histoire. Son échauffourée ferait
rire, si, malgré son échec certain, elle
ne pouvait momentanément faire tant
de ruines, qui ne se relèvent pas en un
jour!
—
Nous recevons de bonne source une
information qu'il nous paraît utile de
faire connaître. ,
Des républicains notables et plus ou
moins modérés, voulant gagner aux
projets de loi de M. Ferry les sénateurs
du centre gauche, parient à ceux-ci
d'une transaction.
Cette transaction consisterait, non
pas à modifier le texte des lois propo
sées, mais à l'accepter tel quel, sous la
tion. Cela pourrait être dit à la tribune
en termes suffisamment clairs, sans
être cependant'très formels.
Et puis jl y aurait des conditions se
crètes. Il serait entendu que les écoles
des jésuites seules, ou à peu près seules,
seraient supprimées. Quant aux au
tres maisons gpngréganistes d'ensei
gnement secondaire, pour les sauver,
on doterait de l'autorisation légale les
pongrégations auxquelles appartien
nent leurs directeurs et professeurs.Na-
tureileîftent cet engagement p r e serait
pas pris tout haut, oaril faut rué na
ger les radicaux et les intransigeants,
mais des promesses confidentielles se
raient faites. On aurait la parole de
M. Jules Ferry! Qn ajoute que, parmi
les collègues du ministre de l'inçt^jjc-
tion publique, les uns applaudiraient
à cet arrangement, tandis que les au
tres, ceux ""qui g,e jnontrent les plus
hostiles au cléricalisme, auraient dej?
yeux pour ne pas voir, des oreilles
pou? ne pas entendre.
Non-seulement ces propositions sont
faites par des gens que l'on perçt croire
autorisés, mais, chose plus- étrange,
quelles politiques du centre gauche
paraissent les prendre ai} serieux.
Ceux qui écoutent de telles ouvertu
res ne peuvent certainement en être
dupsç. Ils savent très bien qu'avoir la
parole de M. Ferry ne serait rien avoir
du tout. D'abord, parce que M. Ferry
n'est pas domine 4 se tenir poùf 1
par une promesse ; ensuite, fût-il sin
cère, il n'engagerait ni ses successeurs
ni même ses collègues. Donc, accorder
une valeur quelconque aux impuden
tes ouvertures que nous signalons,
c'est se résigner à paraître niais, afin
de pouvoir, le jour du vote, être traitres
et lâches.
Cette conclusion est trop évidente
pour qu'il soit nécessaire de la justi
fier. Il est absolument inutile, en effet,
d'établir que, par le nombre de leurs
collèges et les attaques dont ils sont
l'objet, les jésuites représentent plus que
toute autre congrégation la liberté de
l'enseignement secondaire. Les décla
rations de tout l'épiscopat ne permet
tent, d'ailleurs, à personne, pas même
aux plus ignorants, de croire qu'on peut
proscrire la compagnie de Jésus et
supprimer ses écoles sans frapper en
plein l'Eglise elle-même.
D'autre part, il serait puéril et pres
que ridicule de démontrer que le' mi
nistère ne s'en tiendra, pas à une
application atténuée et restrictive des
lois d'oppression et de .spoliation dont
M. Ferry prétend l'armer. Il le vou
drait qu'il ne le pourrait pas. Il est
loin, d'ailleurs, de le vouloir. Son but
visible et avoué, sinon officiellement,
au moins très clairement, est d'en
finir avec l'enseignement religieux,
afin d'en finir ensuite avec l'Eglise.
« Le cléricalisme c%st l'ennemi.» Tous
ceux donc qui voteront les projets de
loi Ferry feront," s'ils sont libre-pen
seurs, acte de persécuteurs, et, s'ils se
prétendent chrétiens, acte d'apostats.
E ugène Y euillot.
Voici les dépêches que publie Y Agence
Bavas , au sujet de la nomination des
cardinaux et de l'allocution du Pape :
Rome, 12 mai.
Un consistoire secret a été tenu aujour
d'hui.
Le Papc, après avoir prononcé'une allo
cution, a nommé les cardinaux suivants :
Dans l'ordre des prêtres : NN. SS.Furs-
tenberg, Desprez, Haynald, Pie,. Santos
Silva et Alimonda.
Dans l'ordre des diacres : NN. SS. Her-
genrother, Newman'et Zigliara.
Le cardinal Pitra a été nommé évêque de
Frascati; le cardinal de Hohenlohe, évêque
d'Albano.
Le Pape a encore nommé neuf évêques
en Italie et en Autriche.
Le docteur Maccabe a été nommé arche
vêque de Dublin et le docteur Woodlock
évêque d'Ardagh.
En Turquie, Mgr Timoni, actuellement
évêque de Smyrne, et Mgr Czarew, arche
vêque de Scopia.
En outre, six évêques ont été nommés
in nariibus infidelium.
Les nouveaux cardinaux ont prêté ser
ment.
Rome, 12 mai, soir.
Le Pape a désigné comme courriers por
teurs de la calotte et du billet cardinalice
aux nouveaux cardinaux étrangers :
Le comte Giannuzy, à Mgr Americo Fer-
reira dos Santos Silva, évêque de Porto ;
le comte Carpegna, à Mgr Desprez, arche
vêque de Toulouse ; le comte de Serafini,
à Mgr de Furstenberg, archevêque d'Ol-
mutz; le comte Soderini, à Mgr Pie, évêque
de Poitiers ; le marquis Assoli, à Mgr Lu
dovic Haynald, archevêque de Kolokza.
Le Pape a désigné également comme
ablégats porteurs de la barrette, Mgr Tri-
pepi, à Mgr Ferreira dos Santos Silva; Mgr
Cataldi, à Mgr Desprez; Mgr Caputo, à
Mgr de Furstenberg ; Mgr English, à Mgr
Pie, et Mgr Zichy, à Mgr Haynald.
Rome, 12 mai, soir.
Le Pape a prononcé, aujourd'hui, une
allocution dans laquelle il a parlé de la no
mination du patriarche chaldéen de Baby-
lone, de la reconnaissance de ce prélat par
la Porte et enfin de la soumission du patri
arche illégitime et de ses adeptes.
Le Pape a parlé, en oulre, de la solution
du différend soulevé entre les hérétiques et
les catholiques syriens à Mossoul ; solution
intervenue grâce à l'arbitrage des ambassa
deurs de France et d'Angleterre h Gonstan-
tinople, qui ont donné raison aux catholi
ques.
Le Pape s'est félicité de la cessation du
schisme arniénien. pt de la soumission de
Mgr Kupelian. Il a manifesté l'espoir que
tous ceux qui ont suivi ce dernier dans ses
erreurs reviendront dans le sein de l'E
glise.
Jl a loué le gouvernement turc d'avoir re
connu les droits des Arméniens catholiques,
et constaté les bonnes dispositions de la
Porte à observer les conditions établies
l'année dernière par les puissances pour le
libre exercice du culte catholique en Tur
quie. Enfin, ij q. témoigné sa satisfaction des
heureux résultats obtenus en Orient.
Le Pape a annoncé ensuite les nomina
tions des nouveaux cardinaux en faisant
l'éloge de chacun d'eux.
Nous avons le regret d'apprendre,
par l' Qsservatore cattolico , qu'à peine
arrivé à Rome Tun des nouveaux car
dinaux, Mgr Alimonda, évêque d'Al-
benga, a été pris d'une fièvre très vio
lente qui donne de vives inquiétudes.
On a cependant constaté une légère
amélioration d,< f ns l'état de l'Eminen-
tissime cardinal, qui reviendra bien
tôt, il faut l'espérer, à une entière
ganté.
Mgr Desprez, cardinal
Chaque population a sa manière de
témoigner sa joie. Naturellement celle
fles Méridionaux est plus précipitée et
plus bruyante. Aussi, dèg que Ig/por
motion au cardinalat de Mgr l'arche
vêque fut connue à Toulouse, la nou
velle, au lieu de circuler tacitement,
a-{-e}îe éclaté sans incubation, en
'mille manières. Adresses, discours,
sérénades, fous les signes cle l'enthou
siasme, de l'amour envers le premier
pasteur, et de la reconnaissance en
vers le Saint-Père, ont convergé en
un clin d'œil vers l'archevêché. Mgr
Desprez était bien digne de ces ova
tions spontanées, par la sympathie
que son caractère inspire, comme il
était digne de la pourpre par une
longue vie de labeurs et de vertus.
Ajoutez que Toulouse était à son
tour aussi digne de ces honneurs.
L'antique métropole du Midi, avec ses
traditions qui tiennent une si grande
place dans l'histoire de la France et
de l'Eglise, avec ses habitudes inébran
lables de foi et de piété que ses gran
des familles entretiennent chez le peu
ple par l'ascendant de l'instruction et
de l'exemple, avec un clergé qui n'a
pas connu jusqu'ici le péril de se re
cruter sans abondance ou sans choix,
la métropole toulousaine est par sa
prédestination comme une espèce de
titre cardinalice français, et elle a
contracté à ce point l'habitude de la
pourpre, qu'il semble lui manquer
quelque chose, tant que son archevêque
n'est pas cardinal. En le fêtant aujour
d'hui, elle se fête elle-même.
»' -Combien cette récompense est méri
tée, un coup d'œil jeté sur la carrière
de Mgr Desprez va nous le dire ; car
rière qui s'étend dans l'espace non
moins que le temps.
Prêtre de cet immense diocèse de
Cambrai, qui est au Nord ce que Tou
louse est au Sud, il venait de fonder
une paroisse nouvelle dans une ville
nouvelle , -Notre-Dame de Roubaix,
cette ruche d'innombrables ouvriers.
C'est là qu'il a appris pour la première
fois à quel point il était aimable en
voyant à quel point il était aimé.
Quand il fut nommé évêque de Saint-
Denis de la Réunion, ce furent des
sanglots universels de la part de ces
braves gens, qui ne voulurent pas dé
sespérer de garder leur trésor. Une
députation vint aux Tuileries disputer
à l'empereur le sujet qu'il voulait éle
ver à l'épiscopat. Mais leurs raisons et
leurs plaintes avaient un tort, celui de
montrer combien leur curé était fait
pour d'autres destinées. Au moins,
voulurent-ils se dédommager de le per
dre, par la solennité de son sacre, à
laquelle ils donnèrent une telle splen
deur, que le. souvenir en reste ineffa
çable jusqu'à présent. L'archevêque de
Cambrai vint au milieu de cette popu-
tion, qui essuyait ses larmes avec ses
tendresses, entouré de tout un cortè
ge d'évêques. Mgr Régnier, alors dans
la force de l'âge, éleva à son rang
épiscopal le prêtre dont il admirait le
zèle et la popularité, et aujourd'hui,
auguste . et saint veillard, il retrouve
de nouveau en lui un collègue, à la
grande satisfaction de son cœur.
Qu'a fait Mgr Desprez à l'île de la
Réunion? Il faut d'abord raconter
comment la divine Providence l'y a
fait aborder. Car c'est bien elle qui a
conduit dé sa main plus que de celle
du pilote la corvette le Cassini, disons
mieux, l'arche qui portait dans ses
flancs le premier évêque de notre co
lonie africaine, plus, M. Du Platz, capi
taine de fré'gate, qui n'a pas senti im
punément un pareil contact et.qui est
aujourd'hui jésuite, plus encore M.
Clerc, lieutenant de vaisseau, jésuite à
sen tour, et martyr de la Commune, le
seul des trois qui soit maintenant ar
rivé au port de l'éternité, et lui, avec
une gloire supérieure au cardinalat,
puisqu'il a teint sa soutane dans son
propre sang.
Quand les pieds si beaux de l'évêque
missionnaire touchèrent enfin la por
tion de son héritage, il se mit à l'œu
vre avec l'ardeur de saint François
Xavier et du bienheureux Claver. La
république venait d'émanciper 97,000
noirs. Il était bien plus facile de leur
rendre la liberté que de leur apprendre
à en user. Monseigneur se présenta à
cette fourmilière travailleuse, si diffé
rente de ses intelligents Roubaisiens.
Son Dieu n'est-il pas toujours le même
et fait-il acception de couleur parmi
ses créatures? De sa propre main, que
ceux qui l'approchent doivent baiser
comme une relique, l'évêque de la
Réunion a baptisé à lui seul dix mille
nègres. Commesnt lui a été donnée une
fécondité d'apostolat telle, qu'on ne la
rencontre que* dans la vie des gaints ?
-Ah ! voilà i il avait commencé par
baptiser dix-neuf lépreux dans une lé
proserie où personne n'avait voulu l'in
troduire. Leg prraifts et Ips marraines
durent êtré pris parmi les infortunés
atteints de la maladie..
Il fallait aussi pourvoir à la partie
riche et cultivée de la colonie. Monsei
gneur fonda un séminaire-collège, ins
talla des religieuses, et bâtit, avec le
concours de M. Hubert de Lisle, un
gouverneur digne d'un tel évêque,
une belle cathédrale. De plus, il a pré
sidé quatre synodes et donné à son
clérgé des statuts qui ont reçu les com
pliments du Pape.
Jtfals, dirait-on, ftfgr Desprez a donc
une santé de fer? llélas non ! le climat
de feu de la Réunion est funeste à la
race blanche, à plus forte raison est-il
inhospitalier pour un blond fils de la
Flandre française, La sauté du prékt
dépérissait à vue d'œil ; il fallut céder
aux prescriptions des* médecins, Mon
seigneur dtft quittes une population
bien-aimée, quï n'avait plus à attendre
de lui qu'un cercueil. Le départ de la
Réunion ressembla à celui de Roubaix,
et tous les deux ressemblent aux adieux
des Milésiens à saint Paul.
Transféré à Limoges, Monseigneur
ne fit que passer sur ce siège. Mais il
ne lui fallut pas longtemps pour laisser
derrière lui des regrets. Son mérite
arrivait à trop d'éclat pour que ses
diocésains pussent espérer le garder.
Toulouse devint vacant sur les entre
faites, et les deux puissances ne trou
vèrent personne dans l'épiscopat plus
capable que lui d'occuper ce poste il
lustre par son ancienneté et sa posi
tion, et difficile par son illustration
même.
Nous ne nous étendrons pas autant
sur les œuvres de Mgr Desprez à Tou
louse, parce qu'elles sont de mémoire
toute fraîche dans les esprits non-seu
lement de ses diocésains, mais de là
France entière. Cependant nous ne
pouvons pas hésiter à dire, ou, si l'on
veut, à rappeler qu'il a été aux côtés
de Pie IX et parmi les prélats qui
l'approchaient de plus près dans trois
grandes circonstances de son incom
parable pontificat : la promulgation de
l'Immaculée-Conception, la canonisa
tion de sainte Germaine Cousin, dont
le culte, parti du pied des Pyrénées,
couvre déjà de ses sanctuaires et de
ses pèlerinages jusqu'au nord-est de
la France, et enfin la définition de
l'infaillibilité.
Dans cette dernière action, l'ancien
élève du collège de Douai s'est montré
l'héritier -«légitime des traditions de
cette unique université de France qui
n'ait pas fléchi sous le despotisme de
1682. Glorieuse et vraiment libre fa
culté flamande de théologie, deve
nue française sans devenir galli
cane, tes souvenirs étaient bien enra
cinés dans ton sol ; car a deux siècles
de distance ils ont eu la vertu de
préparer un évêque ultramontain dans
un enfant qui les respirait sans les
comprendre, et ils ont eu encore la
vertu de compléter la science et l'inté
grité doctrinale d'un métropolitain
qui venait achever auprès de tes rui
nes vénérables une vie sans tache et
sans repos.
Tes souvenirs ont été plus puissants
encore, car ils ont relevé tes ruines,
ils t'ont ressuscitée de la mort, ils ont
même doublé ton existence.
Tu vas revivre aux deux frontières
de la patrie, à Toulouse et à Lille. Oui,
les nouvelles universités lilloise et tou
lousaine seront dignes de l'immaculée
réputation des docteurs de Douai; Les
cardinaux Régnier et Desprez y ont dé
posé l'esprit des ancêtres, ils veillent
à son développement, et, du haut du
Vatican, l'âme si profondément tho
miste de Léon XIII plane sur ces fon
dations scientifiques qui assurent l'a
venir de l'Eglise.
Ces réflexions, auqUelles le sujet nous
a conduits, "nous font - penser qu'au
jourd'hui il n'y a plus que des cardi
naux parmi les évêques qui sont à la
tête des universités et des facultés
libres en France, comme il n'y a plus
que des cardinaux parmi les membres
qui représentent l'épiscopat au conseil
supérieur de l'instruction publique, un
seul excepté, Mgr Freppel. C'est un
grand honneur pour son âge, relati
vement jeune, et peut-être un pré
sage.
L'abbé J uies M orel.
Mgr Pie, cardinal
Disons-le à l'honneur du clergé
français, cette dignité ne pouvait tom
ber sur la tête d'un évêque plus grand.
Mgr l'évêque de Poitiers, encore dans
la force de l'âge, touche à sa trentième
année d'épiscopat. Et quel épiscopat
saint et fécond ! On ne peut rappeler
son nom sans rappeler celui de saint
Hilaire. Cette comparaison se trouve
partout, au loin comme auprès, dans
les pièces pontificales comme dans leg
compliments des orateurs. Et combien
cette comparaison est pleine de vérité
et dénuée de flatterie ! Les monuments
existent et parlent eux-mêmes.
Ce sont d'abord et déjà huit volumes
d'œuvres complètes, ainsi appelées,
non qu'elles doivent contenir tout,
mais tout ce qui est destiné à être
connu avant la mort. Et ces œuvres,
splendides d'éloquence et4e doctrine,
sont plus que Ips dictes d'une Eglise
particulière,' seras un Pontife aimé de
Dieu, orné de ses dons et paré de l'étole
glorieuse. Elles seront la manne in
1 histoire contemporaine de l'Eglise en
France. Tout événement qui importe
a là son écho, et tout problème venant
au jour y trouve sa solution. Eloquence
qui n'appartient pas à l'auteur, person
nellement, parce 4 qu'il l'a butinée dans
les Ecritures, dont il a fait sa langue
maternelle ; dans les volume^ des Pè
res, quïl a étudiés tous les jours, et
dont il aura bientôt achevé le cycle,
et clans la Vie des Saint*, qui sont les
Pères et la B,ible mis en action. Doc
trine légitime, pure, universelle, com
me la veut Vincent de Lérins, et com
me on la puise à Rome, quant on vient
consulter Rome, au lieu de lui porter
des conseils.
Rorn^ payait bien quel ami éclairé
elle avait dans l'évêque de Poitiers. Au
concile du Vatican, elle le prévint de
se | confiance et le combla de ses
honneurs. La première congrégation
était la congrégation de fide. Les évê
ques du monde catholique, d'aoeord
avec les ycgujf de Bie IX, y ont placé
Ivjjgr Pie, et jeune encore, ils lui Qut
donné presque le premier rang, qui
revenait de droit à un archevêque, à
un vétéran de cette catholique Espa
gne, qui est le pays théologique par
excellence, parce que les théologiens
y ont toujours repoussé les servitudes
qui s'offrent sous le nom de libertés.
Du reste, Mgr de Poitiers avait été
préparé aux travaux d'un concile œcu^
ménique par ceux des conciles parti
culiers. Grâce à ses inspirations, et
avant tout grâce au zèle d infatigable
du cardinal Donnet, la province ec
clésiastique de Bordeaux a eu cinq
conciles provinciaux, presque autant
que la métropole de Milan sous saint
Charles Borromée. Et comme les actes
de l'Eglise de Milan peuvent servir de
modèle à toute l'Italie, les actes de l'E
glise de Bordeaux, sous le populaire
doyen de notre épiscopat, seront con
sultés et imités par tous les diocèses
français.
Nous ne voulons pas parler ici des
œuvres sans nombre et sans prix dont
Monseigneur a doté son épouse, l'é
glise de Poitiers. Chacune de ces œu
vres, en apprenant la parole créatrice
de Léon XIII, va chanter des hymnes
gui retentiront plus haut que nos
eloges"etqui ^jouirontl'heureuse terre
du Poitou d'une sainte allégresse.
Mais nous ne finirons pas sans par
ler d'une œuvre d'un autre genre dans
la carrière de Mgr Pie, et qui égale
peut-être toutes les .autres. Pour lui,
pas de peut-être, il le croit fermement,
et il est le premier à le dire. Depuis
plus de trente ans Mgr Pie a décou
vert M, l'abbé Gay. Ces deux âmes se
sont collées l'une à l'autre comme
celles de David et de Jonathas, comme
celles de saint Pierre et de saint Paul,
comme celles de saint Grégoire et de
saint Basile.
L'évêque de Poitiers s'est réservé le
champ de bataille de la polémique
chrétienne et des affaires ecclésiasti
ques, et il a fait auprès de lui à son
ami une retraite inaccèssible aux trou
bles du monde. L'abbé Gay s'est ren
fermé dans cette cellule morale, il y
a composé les Conférenees aux. mères
chrétiennes , et les Vertus chrétiennes dans
l'état religieux. Si ce grand maître de
la vie spirituelle, devenu évêque d'An-
thédon, complète sa trilogie par Les
vertus chrétiennes dans F état ecclésiasti-
que, lè monde catholique possédera
une Somme de théologie mystique,
qui soutiendra la comparaison avec
1 autre Somme de saint Thomas d'A-
quin. L'abbé Gay en restera l'auteur ;
mais sans Mgr Pie, on peut prédire
qu'il ne l'aurait jamais été.
Tels sont,^ si un croquis pouvait,
prétendre à être un dessin, les princi
paux traits de la tête que le Pape
Léon XIII, dans son discernement des
esprits, vient de recouvrir du chapeau
cardinalice. Il âvait déjà jugé l'évêque
dans ses écrits, et il venait de le juger»
dans sa personne ; car la création du
nouveau oardinal a suivi de bien près
le séjour qu'il a fait en novembre au
près de Sa Sainteté. Cependant, si la
chef de l'Eglise seul, dans la plénitude
de ses droits, pouvait faire un cardi
nal français, il y a déjà longtemps
que Pie IX aurait prélevé cet honneur
sur les mérites de son successeur. Mais
il fallait aussi le concours de l'Etat. En
le prêtant, les hauts représentants de
l'autorité civile ont fait un acte de
justice et d'intelligence, dont ils rece
vront les çlus loyales félicitations,
sans acception de parti.
Nous ne craignons pas de trop nous
avancer en disant que la France et
son clergé accueilleront la nouvelle de
« Mgr Fie, cardinal, » avec des ap
plaudissements unanimes, comme une
gloire sérénité sur notre chère patrie, in
quiète de ses destinées.
L 'abbé J ules M orel.
La République française garde le si
lence le plus absolu sur le discours de
M. Clémenceau et la réunion où il %
été prononcé. Mais la Petite. Républi
que consacre tout son premier arti
cle à morigéner ceux qui se permet
tent d'applaudir à M. Clémenceau
gourrnant M. Gambetta.
Vous voulez d'autres ministres, dites-
vous. Soit, mais lesquels, lesquels? Citez-
nous des noms, dites-nous les noms des
mortels, des heureux mortels qui jouiront
de cette faveur inappréciable d'avoir votre
confiance et de ne pas être exposés à vos
attaques, journalières.
S'il est dans le Parlement des hommes
politiques qui aient l'oreille de la majorité
du Parlement, obtenez qu'on leur donne
des portefeuilles, afin qu'ils obtiennent de
vous la satisfaction de pouvoir gouverner
en paix.
Mais tant que vous ne trouverez personne
qui, dans les conditions parlementaires où
nous sommes, puisse satisfaire immédiate
ment votre soif ardente de réformes, accor
dez donc un : peu de patience à ces infor
tunés ministres et ne leur faites pas cette
guerre à coups de couteau qui afflige les
bons patriotes.
La Petite République est vràiment par
trop naïve de croire que M. Clémenceau
serait embarrassé de nommer les mi
nistres tout prêts à prendre la suc
cession de ceux qui détiennent aujour
d'hui le pouvoir.
On lit dans la République française :
Il n'y a pas .la moindre exagération dans
le discours que M. le ministre du commerce
vient de prononcer à Marseille et dans le-,
cjuol il a rappelé brièvement, et nos mal-
N* 4224 ÊdilWi"qtîOîïd!êttRS. v
Mercredi 14 Mai 1879
PARIS
On an. 55 fr. »
Six mois. 28 50
Trois mois 15 »
Un Numéro, à Paris
— Départements.
15 .-cent.
■
BUREAUX !
Paris, 10; Rue des Saints-Pères l
:\
i
DÉPARTEMENTS
Ull un 55iïi ®
Six mois 28 50
Trois mois 45 »
Édition semi-quotidienne
Un an. 30 fr. — Six mois, 16 fr. — Trois mois, 8 Ir. 50
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L'UNIVERS ne répond pas des manuscrits
ta s'abonne, & Corne, place du UeiÀ, 8,
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MM. CL LAGSASuE, CERF et L'", ô, j,iae- de L l'ourse
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doit être accompagnée d'une des dernières
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poste.
FRANGE
PARIS, 13 MAI 1879
11 y a longtemps que l'Ecriture l'a
dit : Corruptio optimi pessima. Quand
line nation qui a reçu le baptême mé :
prise les droits qu'il lui confère et foule
aux pieds les devoirs qui en résultent,
elle arrive à pas de géants à cette cor
ruption, la pire de toutes, la corrup
tion du meilleur. Cet axiome des livres
saints a une réalité écrasante dans les
projets de loi Ferry, qui dépassent
certainement en impiété tout ce qui
s'est fait chez aucun peuple en matière
d'enseignement, et laissent loin der
rière eux les lois du culturkampf, qui
ont fait, en trois ans, tant de mal a
l'Allemagne. Un journal, qui ne passe
pas pour dévot, remarque avec esprit
qu'en comparant les lois Ferry aux
ordonnances de Julien l'Apostat con
tre les chrétiens, on fait beaucoup
d'honneur à l'avocat de 6 e ordre et
Men peu à cet empereur,qui,du moins,
était un soldat et fut tué à la tête de
son armée. Le Constitutionnel a raisûn;
la loi Ferry, si elle devient un règle
ment du droit public de cette chose
qui s'appelle la république, dépasse de
beaucoup les visées de Julien. Celui-ci
voulait bien interdire aux chrétiens
l'accès de la chaire et des hautes éco
les du paganisme, mais il ne forçait
pas les chrétiens à subir son enseigne
ment et il ne leur défendait pas d'ap
prendre à lire sous un maître qui
n'eût pas reçu l'estampille de l'Etat.
Xiuc et Jean pouvaient enseigner les
disciples du Christ, et ce n étaient pas
des maîtres à dédaigner. Et certes, les
écoles, même celles de Julien l'Apos
tat, n'étaient pas des écoles athées.
^L'école athée, absolument athée, n'a
encore jamais existé. De plus, chez
tous fes peuples, le sacerdoce a été
revêtu du droit d'enseigner; nulle
part, un enseignement à un degré
quelconque ne s'est donné sans le con
cours du prêtre. Ce que l'on entend
par enseignement laïque, c'est-à-dire
par enseignement anti-Dteu, est une
invention maçonnique, une mons
truosité inconnue jusqu'à nos jours;
Et cette tentative inouïe se fait dans
la nation éminemment catholique,
auprès de la fille aînée de l'Eglise,
C'.est bien la corruption du meilleur,
n'anéantissent pas seulement les
droits les plus sacrés de l'homme et du
père de famille, mais ils se dressent
surtout contre les droits de Dieu. Dieu
est Je premier pédagogue qui ait en
seigné l'homme, et je pense qu'il en
ayait le droit, le projet de loi Ferry
n'existant pas. Cette intervention di
vine dans "la formation de l'intelli
gence du premier homme nous expli
que le grand rôle nue la religion a
toujours eu dans l'éducation.
Mais, il faut bien le dire, en face de
cet enseignement divin un autre ne
tarda pas de se produire. Et «8 double
enseignement forma une double socié
té separee par un abîme, pour me ser
vir de i expression de saint Augustin.
L'une s'appelle la cité de Dieu, l'autre
la cité de Satan. Ce mot fait sourire
tous nos prétendus libre-penseurs. Ils
s 'imaginent qu'ils sont indépendants
et libres parce qu'ils se passent la fan
taisie d'insulter et même de nier Dieu,
et ils ne se doutent pas qu'ils sont,
non pas les sujets, mais les esclave?
d'un tyran, et qu'ils sont d'autant plus
serfs que le grand menteur leur fait
croire qu'ils sont libres. Ils refusent
d'adorer le vrai Dieu, mais ils en .ado
rent un aijtre. Ils prétendent bien ne
croire pas pUis à l'un qu'à ï'ftutrç.
Mais si Dieu est nié, le grand menteur
ne demande pas mieux que d'être nié
lui-même, car cette double négation
fait son affaire. Qu'on l'adore sous le
nom de l'Etat ou sous un autre titre,
cela lui est bien égal, car pour lui le
résultat est le même.
Aujourd'hui, ce premier des révolu?
tionnaires s'incarne dans la républi
que, fit il a pour temple tous les an
tres de la franc-maçonnerie. C'est là
qu'on lui rend un "culte ; bien plus,
c'est là que se tient le parlement qui
décide tout ce dont nous sommes vic
times, nous qui appartenons à l'autre
côté. Mais, pour exécuter ses décisions,
d'une audace jusqu'à présent inouïe,
la franc-maçonnerie avait besoin d'un
homme qui pût offrir de solides garan
ties dans son passé de libre-penseur.
Pouvait-on' trouver mieux que M.
Ferry qui, par son mariage purement
civil., a froissé, blessé l'humanité dans
une de ses croyances les plus sacrées,
la sainteté du mariage. C'est donc lui
qui a été choisi pour être l'exécuteur
des hautes œuvres décrétées dans les
sociétés secrètes. M. Jules F.erry n'est
donc qu'un valet, et on le dit très apte
à l'emploi. Cet avocat de sizième ordre
est fait pour servir, mais pour servir
une serviette sous le bras. Il y a des
services qui relèvent : le Pape se pro
clame le serviteur des serviteurs de
Dieu, par le fait il l'est; et pourtant,
prisonnier ou libre, il n'en est pas
moins le personnage le plus grand, le
plus digne de respect'qui soit dans le
monde. Tous ceux qui ont maculé leur
baptême du sceau de l'apostasie, vous
les trouverez toujours, et partout, dans
l'attitude d'esclaves ; regardez, vous
verrez la trace du collier. Ils peuvent
être puissants et insolents: n'importe,
ils sont valets, et ils sont toujours
forcés de baisser la tête devant l'hom
me loyal et ferme, qui est vraiment
libre parce qu'il défend la vérité.
M. Jules Ferry n'a pu se soustraire
à cette humiliation, pas même dans
les Vosges, pas même dans ce conseil
général où il a eu le rare et insigne
courage de se voter à lui-même des
félicitations. Là pourtant s'est levé un
homme de cœur, qui a hautement dé
fendu les droits de Dieu, et Qiaître Ju
les, qui tout à l'heure avait si longue
ment péroré, a courbé la tète, sans
répondre un mot, devant l'énergique
protestation ; il n'a répondu que par
son vote : c'est une conduite de valet.
Eh bien ! c'est ce plat garçon que les
loges ont jeté en avant comme cham
pion du dieu-Etat, du dieu-république,
contre les- droits les plus sacrés du
père de famille, de l'Eglise, contre les
droits mêmes de Dieu: De M. Jules Fer
ry on veut faire le prophète du nou
veau culte. Il n'y a qu'un mot à chan
ger à l'adage du Coran : Dieu est Dieu
et Mahomet est son prophète , et nous
aurons le dogme du jour : La Répu
blique est dieu et Jules Ferry est son pro
phète.
Voilà où nous en sommes! Voilà, du
moins, où en est la portion de la France
qui a abdiqué son baptême. Mais heu
reusement toute la France n'en est pas
là. Et, pour l'honneur de la fille de
l'Eglise, nous,devons dire que le sang
français est de bien fraîche date, s'il
existe, dans les veines de ceux qui
marchent à la tête de cette croisade
contre Dieu. La vraie et vieille France
s'est levée, la France baptisée sur le
champ de bataille de Tolbiac, la
France de Charlemagne et de saint
Louis n'est pas morte ; elle s'est levée,
et des Pyrénées àT0çéan ? de Calais à
Marseille, c'est une avalanche de ré
probations qui écrasera, nous devons
l'espérer, cette tentative faite pour im
planter officiellement l'athéisme dans
la France catholique. Ces étrangers
ne savent pas quels liens forts et, in
times attachent la France à l'Eglise.
Depuis le baptême de Clovis, leurs des
tinées sont communes; la vie de la
France tient à la vie de l'Eglise. Etl'E-
glise! Des hommes autrement ferrés
que le ministre de hasard qui a nom
Jules Ferry ont essayé de lui tailler ce
cercueil tant de fois prédit, et qui n'a
jamais servi qu'à*enfermer le cadavre
des manœuvres qui s'étaient chargés
de cette besogne. Ce n'est pas M. Jnles
Ferry, fût-il appuyé de tous les Jules,qui
donnera encore cette fois un démenti
à l'histoire. Son échauffourée ferait
rire, si, malgré son échec certain, elle
ne pouvait momentanément faire tant
de ruines, qui ne se relèvent pas en un
jour!
—
Nous recevons de bonne source une
information qu'il nous paraît utile de
faire connaître. ,
Des républicains notables et plus ou
moins modérés, voulant gagner aux
projets de loi de M. Ferry les sénateurs
du centre gauche, parient à ceux-ci
d'une transaction.
Cette transaction consisterait, non
pas à modifier le texte des lois propo
sées, mais à l'accepter tel quel, sous la
tion. Cela pourrait être dit à la tribune
en termes suffisamment clairs, sans
être cependant'très formels.
Et puis jl y aurait des conditions se
crètes. Il serait entendu que les écoles
des jésuites seules, ou à peu près seules,
seraient supprimées. Quant aux au
tres maisons gpngréganistes d'ensei
gnement secondaire, pour les sauver,
on doterait de l'autorisation légale les
pongrégations auxquelles appartien
nent leurs directeurs et professeurs.Na-
tureileîftent cet engagement p r e serait
pas pris tout haut, oaril faut rué na
ger les radicaux et les intransigeants,
mais des promesses confidentielles se
raient faites. On aurait la parole de
M. Jules Ferry! Qn ajoute que, parmi
les collègues du ministre de l'inçt^jjc-
tion publique, les uns applaudiraient
à cet arrangement, tandis que les au
tres, ceux ""qui g,e jnontrent les plus
hostiles au cléricalisme, auraient dej?
yeux pour ne pas voir, des oreilles
pou? ne pas entendre.
Non-seulement ces propositions sont
faites par des gens que l'on perçt croire
autorisés, mais, chose plus- étrange,
quelles politiques du centre gauche
paraissent les prendre ai} serieux.
Ceux qui écoutent de telles ouvertu
res ne peuvent certainement en être
dupsç. Ils savent très bien qu'avoir la
parole de M. Ferry ne serait rien avoir
du tout. D'abord, parce que M. Ferry
n'est pas domine 4 se tenir poùf 1
par une promesse ; ensuite, fût-il sin
cère, il n'engagerait ni ses successeurs
ni même ses collègues. Donc, accorder
une valeur quelconque aux impuden
tes ouvertures que nous signalons,
c'est se résigner à paraître niais, afin
de pouvoir, le jour du vote, être traitres
et lâches.
Cette conclusion est trop évidente
pour qu'il soit nécessaire de la justi
fier. Il est absolument inutile, en effet,
d'établir que, par le nombre de leurs
collèges et les attaques dont ils sont
l'objet, les jésuites représentent plus que
toute autre congrégation la liberté de
l'enseignement secondaire. Les décla
rations de tout l'épiscopat ne permet
tent, d'ailleurs, à personne, pas même
aux plus ignorants, de croire qu'on peut
proscrire la compagnie de Jésus et
supprimer ses écoles sans frapper en
plein l'Eglise elle-même.
D'autre part, il serait puéril et pres
que ridicule de démontrer que le' mi
nistère ne s'en tiendra, pas à une
application atténuée et restrictive des
lois d'oppression et de .spoliation dont
M. Ferry prétend l'armer. Il le vou
drait qu'il ne le pourrait pas. Il est
loin, d'ailleurs, de le vouloir. Son but
visible et avoué, sinon officiellement,
au moins très clairement, est d'en
finir avec l'enseignement religieux,
afin d'en finir ensuite avec l'Eglise.
« Le cléricalisme c%st l'ennemi.» Tous
ceux donc qui voteront les projets de
loi Ferry feront," s'ils sont libre-pen
seurs, acte de persécuteurs, et, s'ils se
prétendent chrétiens, acte d'apostats.
E ugène Y euillot.
Voici les dépêches que publie Y Agence
Bavas , au sujet de la nomination des
cardinaux et de l'allocution du Pape :
Rome, 12 mai.
Un consistoire secret a été tenu aujour
d'hui.
Le Papc, après avoir prononcé'une allo
cution, a nommé les cardinaux suivants :
Dans l'ordre des prêtres : NN. SS.Furs-
tenberg, Desprez, Haynald, Pie,. Santos
Silva et Alimonda.
Dans l'ordre des diacres : NN. SS. Her-
genrother, Newman'et Zigliara.
Le cardinal Pitra a été nommé évêque de
Frascati; le cardinal de Hohenlohe, évêque
d'Albano.
Le Pape a encore nommé neuf évêques
en Italie et en Autriche.
Le docteur Maccabe a été nommé arche
vêque de Dublin et le docteur Woodlock
évêque d'Ardagh.
En Turquie, Mgr Timoni, actuellement
évêque de Smyrne, et Mgr Czarew, arche
vêque de Scopia.
En outre, six évêques ont été nommés
in nariibus infidelium.
Les nouveaux cardinaux ont prêté ser
ment.
Rome, 12 mai, soir.
Le Pape a désigné comme courriers por
teurs de la calotte et du billet cardinalice
aux nouveaux cardinaux étrangers :
Le comte Giannuzy, à Mgr Americo Fer-
reira dos Santos Silva, évêque de Porto ;
le comte Carpegna, à Mgr Desprez, arche
vêque de Toulouse ; le comte de Serafini,
à Mgr de Furstenberg, archevêque d'Ol-
mutz; le comte Soderini, à Mgr Pie, évêque
de Poitiers ; le marquis Assoli, à Mgr Lu
dovic Haynald, archevêque de Kolokza.
Le Pape a désigné également comme
ablégats porteurs de la barrette, Mgr Tri-
pepi, à Mgr Ferreira dos Santos Silva; Mgr
Cataldi, à Mgr Desprez; Mgr Caputo, à
Mgr de Furstenberg ; Mgr English, à Mgr
Pie, et Mgr Zichy, à Mgr Haynald.
Rome, 12 mai, soir.
Le Pape a prononcé, aujourd'hui, une
allocution dans laquelle il a parlé de la no
mination du patriarche chaldéen de Baby-
lone, de la reconnaissance de ce prélat par
la Porte et enfin de la soumission du patri
arche illégitime et de ses adeptes.
Le Pape a parlé, en oulre, de la solution
du différend soulevé entre les hérétiques et
les catholiques syriens à Mossoul ; solution
intervenue grâce à l'arbitrage des ambassa
deurs de France et d'Angleterre h Gonstan-
tinople, qui ont donné raison aux catholi
ques.
Le Pape s'est félicité de la cessation du
schisme arniénien. pt de la soumission de
Mgr Kupelian. Il a manifesté l'espoir que
tous ceux qui ont suivi ce dernier dans ses
erreurs reviendront dans le sein de l'E
glise.
Jl a loué le gouvernement turc d'avoir re
connu les droits des Arméniens catholiques,
et constaté les bonnes dispositions de la
Porte à observer les conditions établies
l'année dernière par les puissances pour le
libre exercice du culte catholique en Tur
quie. Enfin, ij q. témoigné sa satisfaction des
heureux résultats obtenus en Orient.
Le Pape a annoncé ensuite les nomina
tions des nouveaux cardinaux en faisant
l'éloge de chacun d'eux.
Nous avons le regret d'apprendre,
par l' Qsservatore cattolico , qu'à peine
arrivé à Rome Tun des nouveaux car
dinaux, Mgr Alimonda, évêque d'Al-
benga, a été pris d'une fièvre très vio
lente qui donne de vives inquiétudes.
On a cependant constaté une légère
amélioration d,< f ns l'état de l'Eminen-
tissime cardinal, qui reviendra bien
tôt, il faut l'espérer, à une entière
ganté.
Mgr Desprez, cardinal
Chaque population a sa manière de
témoigner sa joie. Naturellement celle
fles Méridionaux est plus précipitée et
plus bruyante. Aussi, dèg que Ig/por
motion au cardinalat de Mgr l'arche
vêque fut connue à Toulouse, la nou
velle, au lieu de circuler tacitement,
a-{-e}îe éclaté sans incubation, en
'mille manières. Adresses, discours,
sérénades, fous les signes cle l'enthou
siasme, de l'amour envers le premier
pasteur, et de la reconnaissance en
vers le Saint-Père, ont convergé en
un clin d'œil vers l'archevêché. Mgr
Desprez était bien digne de ces ova
tions spontanées, par la sympathie
que son caractère inspire, comme il
était digne de la pourpre par une
longue vie de labeurs et de vertus.
Ajoutez que Toulouse était à son
tour aussi digne de ces honneurs.
L'antique métropole du Midi, avec ses
traditions qui tiennent une si grande
place dans l'histoire de la France et
de l'Eglise, avec ses habitudes inébran
lables de foi et de piété que ses gran
des familles entretiennent chez le peu
ple par l'ascendant de l'instruction et
de l'exemple, avec un clergé qui n'a
pas connu jusqu'ici le péril de se re
cruter sans abondance ou sans choix,
la métropole toulousaine est par sa
prédestination comme une espèce de
titre cardinalice français, et elle a
contracté à ce point l'habitude de la
pourpre, qu'il semble lui manquer
quelque chose, tant que son archevêque
n'est pas cardinal. En le fêtant aujour
d'hui, elle se fête elle-même.
»' -Combien cette récompense est méri
tée, un coup d'œil jeté sur la carrière
de Mgr Desprez va nous le dire ; car
rière qui s'étend dans l'espace non
moins que le temps.
Prêtre de cet immense diocèse de
Cambrai, qui est au Nord ce que Tou
louse est au Sud, il venait de fonder
une paroisse nouvelle dans une ville
nouvelle , -Notre-Dame de Roubaix,
cette ruche d'innombrables ouvriers.
C'est là qu'il a appris pour la première
fois à quel point il était aimable en
voyant à quel point il était aimé.
Quand il fut nommé évêque de Saint-
Denis de la Réunion, ce furent des
sanglots universels de la part de ces
braves gens, qui ne voulurent pas dé
sespérer de garder leur trésor. Une
députation vint aux Tuileries disputer
à l'empereur le sujet qu'il voulait éle
ver à l'épiscopat. Mais leurs raisons et
leurs plaintes avaient un tort, celui de
montrer combien leur curé était fait
pour d'autres destinées. Au moins,
voulurent-ils se dédommager de le per
dre, par la solennité de son sacre, à
laquelle ils donnèrent une telle splen
deur, que le. souvenir en reste ineffa
çable jusqu'à présent. L'archevêque de
Cambrai vint au milieu de cette popu-
tion, qui essuyait ses larmes avec ses
tendresses, entouré de tout un cortè
ge d'évêques. Mgr Régnier, alors dans
la force de l'âge, éleva à son rang
épiscopal le prêtre dont il admirait le
zèle et la popularité, et aujourd'hui,
auguste . et saint veillard, il retrouve
de nouveau en lui un collègue, à la
grande satisfaction de son cœur.
Qu'a fait Mgr Desprez à l'île de la
Réunion? Il faut d'abord raconter
comment la divine Providence l'y a
fait aborder. Car c'est bien elle qui a
conduit dé sa main plus que de celle
du pilote la corvette le Cassini, disons
mieux, l'arche qui portait dans ses
flancs le premier évêque de notre co
lonie africaine, plus, M. Du Platz, capi
taine de fré'gate, qui n'a pas senti im
punément un pareil contact et.qui est
aujourd'hui jésuite, plus encore M.
Clerc, lieutenant de vaisseau, jésuite à
sen tour, et martyr de la Commune, le
seul des trois qui soit maintenant ar
rivé au port de l'éternité, et lui, avec
une gloire supérieure au cardinalat,
puisqu'il a teint sa soutane dans son
propre sang.
Quand les pieds si beaux de l'évêque
missionnaire touchèrent enfin la por
tion de son héritage, il se mit à l'œu
vre avec l'ardeur de saint François
Xavier et du bienheureux Claver. La
république venait d'émanciper 97,000
noirs. Il était bien plus facile de leur
rendre la liberté que de leur apprendre
à en user. Monseigneur se présenta à
cette fourmilière travailleuse, si diffé
rente de ses intelligents Roubaisiens.
Son Dieu n'est-il pas toujours le même
et fait-il acception de couleur parmi
ses créatures? De sa propre main, que
ceux qui l'approchent doivent baiser
comme une relique, l'évêque de la
Réunion a baptisé à lui seul dix mille
nègres. Commesnt lui a été donnée une
fécondité d'apostolat telle, qu'on ne la
rencontre que* dans la vie des gaints ?
-Ah ! voilà i il avait commencé par
baptiser dix-neuf lépreux dans une lé
proserie où personne n'avait voulu l'in
troduire. Leg prraifts et Ips marraines
durent êtré pris parmi les infortunés
atteints de la maladie..
Il fallait aussi pourvoir à la partie
riche et cultivée de la colonie. Monsei
gneur fonda un séminaire-collège, ins
talla des religieuses, et bâtit, avec le
concours de M. Hubert de Lisle, un
gouverneur digne d'un tel évêque,
une belle cathédrale. De plus, il a pré
sidé quatre synodes et donné à son
clérgé des statuts qui ont reçu les com
pliments du Pape.
Jtfals, dirait-on, ftfgr Desprez a donc
une santé de fer? llélas non ! le climat
de feu de la Réunion est funeste à la
race blanche, à plus forte raison est-il
inhospitalier pour un blond fils de la
Flandre française, La sauté du prékt
dépérissait à vue d'œil ; il fallut céder
aux prescriptions des* médecins, Mon
seigneur dtft quittes une population
bien-aimée, quï n'avait plus à attendre
de lui qu'un cercueil. Le départ de la
Réunion ressembla à celui de Roubaix,
et tous les deux ressemblent aux adieux
des Milésiens à saint Paul.
Transféré à Limoges, Monseigneur
ne fit que passer sur ce siège. Mais il
ne lui fallut pas longtemps pour laisser
derrière lui des regrets. Son mérite
arrivait à trop d'éclat pour que ses
diocésains pussent espérer le garder.
Toulouse devint vacant sur les entre
faites, et les deux puissances ne trou
vèrent personne dans l'épiscopat plus
capable que lui d'occuper ce poste il
lustre par son ancienneté et sa posi
tion, et difficile par son illustration
même.
Nous ne nous étendrons pas autant
sur les œuvres de Mgr Desprez à Tou
louse, parce qu'elles sont de mémoire
toute fraîche dans les esprits non-seu
lement de ses diocésains, mais de là
France entière. Cependant nous ne
pouvons pas hésiter à dire, ou, si l'on
veut, à rappeler qu'il a été aux côtés
de Pie IX et parmi les prélats qui
l'approchaient de plus près dans trois
grandes circonstances de son incom
parable pontificat : la promulgation de
l'Immaculée-Conception, la canonisa
tion de sainte Germaine Cousin, dont
le culte, parti du pied des Pyrénées,
couvre déjà de ses sanctuaires et de
ses pèlerinages jusqu'au nord-est de
la France, et enfin la définition de
l'infaillibilité.
Dans cette dernière action, l'ancien
élève du collège de Douai s'est montré
l'héritier -«légitime des traditions de
cette unique université de France qui
n'ait pas fléchi sous le despotisme de
1682. Glorieuse et vraiment libre fa
culté flamande de théologie, deve
nue française sans devenir galli
cane, tes souvenirs étaient bien enra
cinés dans ton sol ; car a deux siècles
de distance ils ont eu la vertu de
préparer un évêque ultramontain dans
un enfant qui les respirait sans les
comprendre, et ils ont eu encore la
vertu de compléter la science et l'inté
grité doctrinale d'un métropolitain
qui venait achever auprès de tes rui
nes vénérables une vie sans tache et
sans repos.
Tes souvenirs ont été plus puissants
encore, car ils ont relevé tes ruines,
ils t'ont ressuscitée de la mort, ils ont
même doublé ton existence.
Tu vas revivre aux deux frontières
de la patrie, à Toulouse et à Lille. Oui,
les nouvelles universités lilloise et tou
lousaine seront dignes de l'immaculée
réputation des docteurs de Douai; Les
cardinaux Régnier et Desprez y ont dé
posé l'esprit des ancêtres, ils veillent
à son développement, et, du haut du
Vatican, l'âme si profondément tho
miste de Léon XIII plane sur ces fon
dations scientifiques qui assurent l'a
venir de l'Eglise.
Ces réflexions, auqUelles le sujet nous
a conduits, "nous font - penser qu'au
jourd'hui il n'y a plus que des cardi
naux parmi les évêques qui sont à la
tête des universités et des facultés
libres en France, comme il n'y a plus
que des cardinaux parmi les membres
qui représentent l'épiscopat au conseil
supérieur de l'instruction publique, un
seul excepté, Mgr Freppel. C'est un
grand honneur pour son âge, relati
vement jeune, et peut-être un pré
sage.
L'abbé J uies M orel.
Mgr Pie, cardinal
Disons-le à l'honneur du clergé
français, cette dignité ne pouvait tom
ber sur la tête d'un évêque plus grand.
Mgr l'évêque de Poitiers, encore dans
la force de l'âge, touche à sa trentième
année d'épiscopat. Et quel épiscopat
saint et fécond ! On ne peut rappeler
son nom sans rappeler celui de saint
Hilaire. Cette comparaison se trouve
partout, au loin comme auprès, dans
les pièces pontificales comme dans leg
compliments des orateurs. Et combien
cette comparaison est pleine de vérité
et dénuée de flatterie ! Les monuments
existent et parlent eux-mêmes.
Ce sont d'abord et déjà huit volumes
d'œuvres complètes, ainsi appelées,
non qu'elles doivent contenir tout,
mais tout ce qui est destiné à être
connu avant la mort. Et ces œuvres,
splendides d'éloquence et4e doctrine,
sont plus que Ips dictes d'une Eglise
particulière,' seras un Pontife aimé de
Dieu, orné de ses dons et paré de l'étole
glorieuse. Elles seront la manne in
1 histoire contemporaine de l'Eglise en
France. Tout événement qui importe
a là son écho, et tout problème venant
au jour y trouve sa solution. Eloquence
qui n'appartient pas à l'auteur, person
nellement, parce 4 qu'il l'a butinée dans
les Ecritures, dont il a fait sa langue
maternelle ; dans les volume^ des Pè
res, quïl a étudiés tous les jours, et
dont il aura bientôt achevé le cycle,
et clans la Vie des Saint*, qui sont les
Pères et la B,ible mis en action. Doc
trine légitime, pure, universelle, com
me la veut Vincent de Lérins, et com
me on la puise à Rome, quant on vient
consulter Rome, au lieu de lui porter
des conseils.
Rorn^ payait bien quel ami éclairé
elle avait dans l'évêque de Poitiers. Au
concile du Vatican, elle le prévint de
se | confiance et le combla de ses
honneurs. La première congrégation
était la congrégation de fide. Les évê
ques du monde catholique, d'aoeord
avec les ycgujf de Bie IX, y ont placé
Ivjjgr Pie, et jeune encore, ils lui Qut
donné presque le premier rang, qui
revenait de droit à un archevêque, à
un vétéran de cette catholique Espa
gne, qui est le pays théologique par
excellence, parce que les théologiens
y ont toujours repoussé les servitudes
qui s'offrent sous le nom de libertés.
Du reste, Mgr de Poitiers avait été
préparé aux travaux d'un concile œcu^
ménique par ceux des conciles parti
culiers. Grâce à ses inspirations, et
avant tout grâce au zèle d infatigable
du cardinal Donnet, la province ec
clésiastique de Bordeaux a eu cinq
conciles provinciaux, presque autant
que la métropole de Milan sous saint
Charles Borromée. Et comme les actes
de l'Eglise de Milan peuvent servir de
modèle à toute l'Italie, les actes de l'E
glise de Bordeaux, sous le populaire
doyen de notre épiscopat, seront con
sultés et imités par tous les diocèses
français.
Nous ne voulons pas parler ici des
œuvres sans nombre et sans prix dont
Monseigneur a doté son épouse, l'é
glise de Poitiers. Chacune de ces œu
vres, en apprenant la parole créatrice
de Léon XIII, va chanter des hymnes
gui retentiront plus haut que nos
eloges"etqui ^jouirontl'heureuse terre
du Poitou d'une sainte allégresse.
Mais nous ne finirons pas sans par
ler d'une œuvre d'un autre genre dans
la carrière de Mgr Pie, et qui égale
peut-être toutes les .autres. Pour lui,
pas de peut-être, il le croit fermement,
et il est le premier à le dire. Depuis
plus de trente ans Mgr Pie a décou
vert M, l'abbé Gay. Ces deux âmes se
sont collées l'une à l'autre comme
celles de David et de Jonathas, comme
celles de saint Pierre et de saint Paul,
comme celles de saint Grégoire et de
saint Basile.
L'évêque de Poitiers s'est réservé le
champ de bataille de la polémique
chrétienne et des affaires ecclésiasti
ques, et il a fait auprès de lui à son
ami une retraite inaccèssible aux trou
bles du monde. L'abbé Gay s'est ren
fermé dans cette cellule morale, il y
a composé les Conférenees aux. mères
chrétiennes , et les Vertus chrétiennes dans
l'état religieux. Si ce grand maître de
la vie spirituelle, devenu évêque d'An-
thédon, complète sa trilogie par Les
vertus chrétiennes dans F état ecclésiasti-
que, lè monde catholique possédera
une Somme de théologie mystique,
qui soutiendra la comparaison avec
1 autre Somme de saint Thomas d'A-
quin. L'abbé Gay en restera l'auteur ;
mais sans Mgr Pie, on peut prédire
qu'il ne l'aurait jamais été.
Tels sont,^ si un croquis pouvait,
prétendre à être un dessin, les princi
paux traits de la tête que le Pape
Léon XIII, dans son discernement des
esprits, vient de recouvrir du chapeau
cardinalice. Il âvait déjà jugé l'évêque
dans ses écrits, et il venait de le juger»
dans sa personne ; car la création du
nouveau oardinal a suivi de bien près
le séjour qu'il a fait en novembre au
près de Sa Sainteté. Cependant, si la
chef de l'Eglise seul, dans la plénitude
de ses droits, pouvait faire un cardi
nal français, il y a déjà longtemps
que Pie IX aurait prélevé cet honneur
sur les mérites de son successeur. Mais
il fallait aussi le concours de l'Etat. En
le prêtant, les hauts représentants de
l'autorité civile ont fait un acte de
justice et d'intelligence, dont ils rece
vront les çlus loyales félicitations,
sans acception de parti.
Nous ne craignons pas de trop nous
avancer en disant que la France et
son clergé accueilleront la nouvelle de
« Mgr Fie, cardinal, » avec des ap
plaudissements unanimes, comme une
gloire
quiète de ses destinées.
L 'abbé J ules M orel.
La République française garde le si
lence le plus absolu sur le discours de
M. Clémenceau et la réunion où il %
été prononcé. Mais la Petite. Républi
que consacre tout son premier arti
cle à morigéner ceux qui se permet
tent d'applaudir à M. Clémenceau
gourrnant M. Gambetta.
Vous voulez d'autres ministres, dites-
vous. Soit, mais lesquels, lesquels? Citez-
nous des noms, dites-nous les noms des
mortels, des heureux mortels qui jouiront
de cette faveur inappréciable d'avoir votre
confiance et de ne pas être exposés à vos
attaques, journalières.
S'il est dans le Parlement des hommes
politiques qui aient l'oreille de la majorité
du Parlement, obtenez qu'on leur donne
des portefeuilles, afin qu'ils obtiennent de
vous la satisfaction de pouvoir gouverner
en paix.
Mais tant que vous ne trouverez personne
qui, dans les conditions parlementaires où
nous sommes, puisse satisfaire immédiate
ment votre soif ardente de réformes, accor
dez donc un : peu de patience à ces infor
tunés ministres et ne leur faites pas cette
guerre à coups de couteau qui afflige les
bons patriotes.
La Petite République est vràiment par
trop naïve de croire que M. Clémenceau
serait embarrassé de nommer les mi
nistres tout prêts à prendre la suc
cession de ceux qui détiennent aujour
d'hui le pouvoir.
On lit dans la République française :
Il n'y a pas .la moindre exagération dans
le discours que M. le ministre du commerce
vient de prononcer à Marseille et dans le-,
cjuol il a rappelé brièvement, et nos mal-
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